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RÉFLEXIONS PRATIQUES sur les PSAUMES

 

 

Livre 1 : Psaumes 1 à 41Livre 2 : Psaumes 42 à 72Livre 3 : Psaumes 73 à 89Livre 4 : Psaumes 90 à 106 — Livre 5 : Psaumes 107 à 150

 

par J.-N. Darby

 

Tables des matières :

1     PRÉFACE

2     LIVRE 5 — Psaumes 107-150

2.1      Psaume 107

2.2      Psaume 108

2.3      Psaume 109

2.4      Psaume 110

2.5      Psaume 111

2.6      Psaume 112

2.7      Psaume 113

2.8      Psaume 114

2.9      Psaume 115

2.10    Psaume 116

2.11    Psaume 117

2.12    Psaume 118

2.13    Psaume 119

2.13.1     Versets 1-8

2.13.2     Versets 9-16

2.13.3     Versets 17-24

2.13.4     Versets 25-32

2.13.5     Versets 33-40

2.13.6     Versets 41-48

2.13.7     Versets 49-56

2.13.8     Versets 57-64

2.13.9     Versets 65-72

2.13.10      Versets 73-80

2.13.11      Versets 81-88

2.13.12      Versets 89-96

2.13.13      Versets 97-104

2.13.14      Versets 105-112

2.13.15      Versets 113-120

2.13.16      Versets 121-128

2.13.17      Versets 129-136

2.13.18      Versets 137-144

2.13.19      Versets 145-152

2.13.20      Versets 153-160

2.13.21      Versets 161-168

2.13.22      Versets 169-176

3     Cantiques des degrés : Psaumes 120 à 134

3.1      Psaume 120

3.2      Psaume 121

3.3      Psaume 122

3.4      Psaume 123

3.5      Psaume 124

3.6      Psaume 125

3.7      Psaume 126

3.8      Psaume 127

3.9      Psaume 128

3.10    Psaume 129

3.11    Psaume 130

3.12    Psaume 131

3.13    Psaume 132

3.14    Psaume 133

3.15    Psaume 134

4     Psaumes 135 à 145

4.1      Psaume 135

4.2      Psaume 136

4.3      Psaume 137

4.4      Psaume 138

4.5      Psaume 139

4.6      Psaume 140

4.7      Psaume 141

4.8      Psaume 142

4.9      Psaume 143

4.10    Psaume 144

4.11    Psaume 145

5     Psaumes 146 à 150

5.1      Psaume 146

5.2      Psaume 147

5.3      Psaume 148

5.4      Psaume 149

5.5      Psaume 150

 

 

 

1                    PRÉFACE

Le livre des Psaumes est une des portions de l’Écriture dont l’application et l’interprétation ont été généralement peu comprises ; et néanmoins, il a servi de tout temps à la consolation des saints, en prêtant une voix à l’exercice de leurs âmes devant Dieu.

Depuis quelques années, avec l’intelligence de l’appel et des espérances de l’Église, une connaissance plus approfondie des espérances d’Israël s’est aussi réveillée parmi les chrétiens. Ils ont mieux compris la portée des plaintes touchantes sorties de la plume et du coeur du Roi-Berger d’Israël et d’autres écrivains inspirés des Psaumes.

«David et toute son affliction» a plus de prise sur les affections de nos coeurs que «Salomon et toute sa gloire». Un plus grand que David était en esprit dans toutes les circonstances du roi-prophète, et donnait des accents à ces chants précieux et divins. L’écrivain inspiré de l’épître aux Hébreux ne dit pas, en citant le Psaume 8 à propos des gloires du Fils de l’homme : «David a rendu ce témoignage »; mais : «Quelqu’un a rendu ce témoignage quelque part». L’apôtre savait qu’il y avait là quelqu’un de plus grand que David.

Nous lisons au chapitre 63 d’Ésaïe : «Dans toutes leurs détresses, Il a été en détresse», et nous connaissons l’approche rapide de «cette journée» qui sera «le temps de la détresse pour Jacob» (Jérém. 30:7), mais dont «il sera pourtant sauvé», en contraste avec ses autres afflictions. Israël devra traverser les angoisses de la grande tribulation sous le gouvernement de Dieu en la terre, et les divins gémissements des Psaumes trouveront un écho dans son coeur, lorsqu’il passera par la fournaise. Mais les fidèles apprendront que Celui qui dans toute leur angoisse avait été en angoisse, les avait devancés dans ce chemin. Le résidu d’Israël apprendra ainsi à connaître moralement le coeur et les affections de Jéhovah-Messie, avant que leurs yeux le voient et qu’ils regardent vers Celui qu’ils auront percé et mènent deuil comme quand on mène deuil d’un fils unique. Alors ils lui diront : Quelles sont ces blessures à tes mains ? Et il répondra : Ce sont celles dont j’ai été blessé dans la maison de mes amis (Zach. 12:13).

L’auteur des pages qu’on va lire a déjà traité ce grand sujet du côté de l’interprétation prophétique (*) ; il va le considérer dans ses rapports avec l’enseignement et le bien moral de l’âme des fidèles.

(*) Études sur la Parole, par J.N. Darby, Les Psaumes

Il est bon toutefois de faire remarquer que les Psaumes ne contiennent pas proprement la vraie expérience des chrétiens, ceux-ci étant introduits dans une relation, dont le Saint Esprit envoyé du ciel leur donne la connaissance et la puissance. Ce livre ne présente cette expérience que dans la mesure de notre participation aux souffrances de Christ. Les chrétiens possèdent quatre choses que l’on ne rencontre jamais dans les Psaumes : une conscience purifiée par le moyen de l’oeuvre accomplie à la croix ; l’habitation du Saint Esprit en eux ; la connaissance du Père, par l’Esprit du Fils ; enfin la justice de Dieu, manifestée par l’Évangile comme leur position, en contraste avec «le support des péchés précédents dans la patience de Dieu», qui caractérisait devant Dieu les saints de l’Ancien Testament (Rom. 3:25, 26).

Lorsque le coeur a trouvé dans les Épîtres le déploiement de l’oeuvre de Christ, et tout ce qui est nécessaire pour lui faire connaître le repos et la paix avec Dieu ; il remonte en arrière et considère les Évangiles pour y apprendre les voies, les pensées, les actes de Celui qui nous a aimés et qui s’est livré Lui-même pour nous. Puis, remontant encore le courant des Saintes Écritures, s’il a quelque intelligence de la vraie signification des Psaumes, il y fait connaissance avec le coeur de Christ ; il l’y trouve, entrant en sympathie dans les exercices du coeur de son peuple et lui donnant Sa voix pour les exprimer devant Dieu. Le Seigneur a «appris» toutes ces choses, lorsque, en grâce divine, surtout vers la fin de son ministère, il entra dans cette catégorie de souffrances, afin de pouvoir assaisonner la Parole à celui qui est accablé de maux. — Enfin c’est là, dans les Psaumes, que nous trouvons la plainte de son propre coeur, alors que nul coeur humain ne pouvait sonder la profondeur des flots de l’angoisse qui passaient sur son âme sainte.

Puissiez-vous, cher lecteur, si vous avez trouvé la paix avec Dieu, discerner, par son Esprit de grâce, «les choses excellentes» ; puissiez-vous apprendre de chaque ligne des Écritures ces leçons qui élargissent le coeur dans la connaissance de Jésus. S’il est nécessaire pour vous de faire l’application vraie et directe des Psaumes selon l’intention de Dieu, vous y trouverez aussi une nourriture savoureuse pour votre âme, des encouragements et des consolations pour toutes les épreuves du pèlerinage. Vous y apprendrez en outre ce que sont les voies et le gouvernement immuables de Dieu, applicables à tous les temps, mais manifestés d’une manière éclatante dans l’histoire de son ancien peuple d’Israël. Cette nation, rejetée pour un temps, sera restaurée plus tard et deviendra le centre du gouvernement manifeste et public de Dieu sur la terre.

L’Éditeur

 

2                    LIVRE 5 — Psaumes 107-150

2.1   Psaume 107

Le dernier livre des Psaumes nous présente, outre les nombreux cantiques de louanges qu’il contient, toutes les circonstances morales d’Israël, lors de son retour à la bénédiction. Le premier de ces Psaumes imprime son caractère au livre tout entier. Il considère les fidèles comme rassemblés et de retour, tout en retraçant les scènes diverses qu’ils peuvent avoir traversées, même depuis leur entrée dans le pays, et montrant les voies de Dieu qui se sont exercées là envers eux. C’est la description d’angoisses et d’épreuves, au milieu desquelles les misérables ont crié à l’Éternel qui a répondu et qui est intervenu en faveur de l’âme exercée et ballottée par l’orage ; aussi les hommes sont-ils exhortés à reconnaître et à louer l’Éternel.

Au premier plan nous rencontrons cette précieuse vérité : «Sa bonté demeure à toujours». L’amour et la bonté immuables de Dieu sont célébrés tout le long de l’histoire d’Israël, depuis la première chute, évidente et démontrée, de ce peuple. L’homme a manqué, la grâce de Dieu envers son peuple ne manque jamais. Les rachetés et ceux qu’il a rassemblés sont appelés à rendre témoignage de cette vérité. Étrangers et pèlerins, sans lieu de repos, sans patrie, assaillis par la soif et la faim, leur âme défaillant en eux, ils ont crié à l’Éternel qui les a conduits dans un chemin droit là où leurs pieds et leur coeur ont trouvé du repos.

Deux caractères sont attribués à l’âme qui se trouve dans cette condition (v.9) : Elle est altérée et affamée. C’est le désir et le besoin, mais tous deux apportés devant le Seigneur : et dès lors la miséricorde. Il ne s’agit pas ici de saints désirs, mais c’est Dieu répondant aux besoins. L’âme fatiguée et défaillante a des besoins, mais ceux-ci se changent en un cri au Seigneur. Certainement la miséricorde se trouve par-devers lui. Il en serait ainsi, quand même l’affliction et la détresse seraient le châtiment des affligés et le fruit de leur rébellion ; mais ici, quand le coeur se tourne vers le Seigneur, la grâce le rencontre et la délivrance en est la suite. Les portes d’airain, les barres de fer qui retenaient ces hommes captifs, sont brisées, alors que l’iniquité et la folie par lesquelles ils avaient abandonné le Seigneur avaient amené tout cela sur eux. Il envoie sa parole afin de les guérir et ainsi de les délivrer. Lorsque les hommes, aventureux, bravant les dangers, étaient à bout de ressources au milieu de la mer tempétueuse qui ne leur offrait pas où prendre pied, le Seigneur intervient en leur faveur, apaise les flots, et les conduit au port qu’ils désiraient (v. 30).

Dans l’endroit même de l’habitation de son peuple, dans l’endroit des promesses, son gouvernement direct intervient. Par le jugement, les fleuves sont changés en déserts, la terre fertile en terre salée ; mais il change le désert en un étang d’eau ; il juge l’iniquité et fait voir sa bonté à l’âme en détresse ; il rassasie les affamés qui comptent sur lui. Mais insoucieux et enorgueillis dans cette position même, il faut qu’ils soient humiliés. Il verse le mépris sur les nobles, mais il relève le pauvre de l’affliction (v. 40). Ce n’est pas l’ordre d’un monde béni de Dieu, dans lequel il n’y a pas de mal ; c’est le gouvernement de Dieu là où le mal se trouve ; d’un Dieu qui domine le mal pour accomplir les desseins de son propre gouvernement, pour cacher l’orgueil à l’homme [Job 33:17], pour consoler et encourager les pauvres en esprit qui regardent à lui, ne se confiant ni dans l’orgueil ni dans la force de l’homme, et ne voulant s’appuyer que sur le Seigneur. Même dans tous les chemins où leur volonté, et jusqu’à leurs péchés, les ont conduits, du moment qu’on regarde à Lui, on rencontre sa gratuité et sa bonté.

Dieu s’occupe ainsi du coeur, employant l’état des choses et les voies de l’homme comme moyens pour se faire connaître Lui-même à l’âme. Les hommes droits s’en réjouissent. Oh ! que cela est vrai ! et combien plus encore lorsqu’on verra le fruit de la bonté du Seigneur envers l’humble coeur dans l’attente, qui avait placé sa confiance en Lui ! À la fin le mal sera réprimé, mais dans l’intervalle, pendant le voyage, le Seigneur nous rencontre et nous console, justifiant ainsi le chemin d’un humble coeur ; et quiconque est sage et prend garde à ces choses, verra, comprendra les bontés de l’Éternel ; elles rempliront son coeur de joie et d’allégresse, malgré l’activité, les prétentions, les succès apparents de la volonté de l’homme. Que le Seigneur nous enseigne à marcher humblement et sans bruit devant lui, laissant à sa bonne main le soin des résultats. C’est difficile parfois, mais sage toujours. Il est pénible sans doute de voir prospérer le méchant et l’iniquité ; le monde est rempli de mal ; mais Dieu travaille au milieu de cet état de choses et ses voies produiront enfin la bénédiction, ainsi que le fruit de sa bonté et de sa juste puissance.

 

2.2   Psaume 108

Ce Psaume ne me fournira qu’une ou deux courtes remarques, mais sur un sujet d’une grande beauté. Nous trouvons ici une grande confiance, et, comme toujours, de la miséricorde pour l’âme qui se connaît elle-même et qui se présente avec vérité devant Dieu. Mais le moyen de sa délivrance et de sa bénédiction, c’est que Dieu soit exalté. Cette exaltation sera donc nécessairement sainte et juste. «Élève-toi, ô Dieu ! au-dessus des cieux, et que ta gloire soit au-dessus de toute la terre, afin que tes bien-aimés soient délivrés» (v. 5-6). C’est une pensée bénie, et une vérité que la foi doit saisir maintenant, même dans le temps de l’épreuve, que notre bénédiction et la gloire de Dieu ne font qu’un tout ; seulement il nous faut mettre sa gloire en première ligne. C’est le principe même de l’intégrité de l’âme, et la bénédiction la plus élevée. «Celui qui cherche la gloire de celui qui l’a envoyé», dit le Seigneur, «celui-là est vrai, et il n’y a point d’injustice en lui» (Jean 7:18). Et autre part encore : «Que dirai-je ? Père, délivre-moi de cette heure... Père, glorifie ton nom» (Jean 12:27). Puis viennent ces paroles : «Moi, si je suis élevé de la terre, j’attirerai tous les hommes à moi-même» (Jean 12:32). Ainsi, au milieu de l’épreuve et même du mal, la foi identifie la gloire de Dieu avec son peuple. «Les Cananéens l’entendront... Que feras-tu pour ton grand nom ?» (Jos. 7:9).

Par la même raison le mal ne peut pas être épargné quand nous sommes au milieu du peuple de Dieu, et lorsque Dieu a été publiquement déshonoré, cette injonction en est la conséquence : «Que chacun de vous tue son frère, et chacun son compagnon, et chacun son intime ami» (Ex. 32:27). En un mot, la foi identifie la gloire et l’exaltation de Dieu avec son peuple, mais elle donne à Dieu le premier rang. Dans notre Psaume, c’est en bénédiction, aussi nous y trouvons cette remarquable réponse de Dieu : «Je me réjouirai» (v. 7). Il trouve sa joie et ses délices dans la bénédiction de son peuple. Il se réjouit en leur faisant du bien, en délivrant ses bien-aimés, en usant de sa puissance pour écarter le mal qui les oppressait, et pour les mettre en possession de ce qui leur appartient comme don de sa grâce. Quelle que soit la force de leurs adversaires, il accomplira la bénédiction des siens. La ville forte ne peut pas tenir devant lui. Et quand même, par leur propre faute, son secours leur avait été refusé (Israël, comme nous le savons, avait été rejeté pour longtemps), lorsque viendra le temps déterminé pour la bénédiction des humbles, il déploiera la puissance nécessaire pour tout accomplir. Il donne force à son peuple, et son propre pouvoir les délivre. Ils ont appris que sa puissance seule a de la valeur et de l’efficace.

 

2.3   Psaume 109

Ce Psaume nous présente le jugement de Juda, et celui des Juifs compagnons de l’Antichrist aux derniers jours : si l’enseignement qu’il renferme ne traite pas beaucoup d’expériences, nous y trouvons cependant un témoignage de la plus grande solennité. Et d’abord le motif pour être secouru : «Agis pour moi à cause de ton nom» (v. 21). La nature et la gloire de Dieu sont à la source de toutes ses voies, et lorsque le coeur s’est emparé de cette vérité, il voit la délivrance comme réponse, car Dieu ne peut être en désaccord avec Lui-même. Mais, pour trouver cette réponse, il faut que le coeur soit amené à une condition qui corresponde à ce nom, c’est-à-dire à l’humilité, au jugement du mal en nous, et ainsi à l’intégrité et à la dépendance. Il se peut que Dieu nous éprouve à fond pour manifester le brisement de la volonté et le produire, et pour que le coeur, entièrement soumis, s’en remette à Lui de toutes choses. Quant à Christ, toutes ces épreuves n’eurent pour résultat que de faire ressortir son entière perfection ; en nous, elles produisent l’intégrité et la dépendance. En Lui, toute cette affliction venait absolument de la main de Dieu, c’est-à-dire qu’elle ne trouvait aucun motif en Lui-même. Or ce privilège de recevoir tout de sa main nous est aussi accordé par grâce ; et même si nous avons donné occasion à l’affliction par notre propre volonté ou par le mal, Dieu s’en sert en discipline ; puis, lorsqu’il a accompli son oeuvre, il établit ses saints dans la bénédiction, à la confusion des adversaires, forcés ainsi de reconnaître sa main, alors que, triomphants dans le mal, ils ne pensaient qu’à triompher du juste. Mais, contre leur attente, ils se sont rencontrés avec Dieu, car l’affliction faisait partie de ses voies envers son peuple ; et ce gouvernement de Dieu peut continuer ainsi à notre égard, parce que la rédemption est complète. Cette affliction, dans le cas de Christ, n’était que la pure haine de l’homme contre le bien parfait, et il la subissait pour nous. «Pour son amour ils ont été ses adversaires» (v. 4). Mais ces hommes qui aiment le mal sont «continuellement devant l’Éternel» (v. 15) ; le moment de manifester cela lui appartient : pour nous, ce sera lorsque son oeuvre pour subjuguer notre volonté et nous enseigner une sainte dépendance sera complète ; cela eut lieu en Christ, lorsque, sa dépendance ayant été pleinement manifestée, Dieu fut pleinement glorifié.

 

2.4   Psaume 110

Je n’ai qu’une remarque à faire sur ce Psaume qui traite de la glorification du Christ à la droite de Dieu. Le dernier verset nous montre la perfection du Seigneur dans cet esprit de dépendance qui a caractérisé sa course terrestre, et c’est aussi le chemin où ceux qui marchent selon le nouvel homme ont à le suivre. Heureux des rafraîchissements que Dieu fournit, n’en ayant pas d’autres, et les recevant comme nous les trouvons, c’est-à-dire comme Dieu Lui-même les donne le long du chemin, — tel est l’esprit de l’humble dépendance.

 

2.5   Psaume 111

Dans la plupart des Psaumes de ce dernier livre, il est tellement question de l’intervention du jugement et de la puissance, que les instructions en vue des épreuves du voyage sont un peu reportées à l’arrière plan. C’est ce que nous trouvons dans ce Psaume-ci. Il entonne, par anticipation sans doute, son Alléluia sur les oeuvres de Dieu. Seulement il faut remarquer que ces oeuvres de délivrance sont toujours conformes à la vérité du caractère de Dieu, qu’elles sont fondées sur cette vérité et la confirment. Les oeuvres de ses mains sont vérité et jugement. En elles tous ses commandements sont démontrés sûrs et véritables. Ils restent debout à perpétuité et pour toujours, étant faits avec vérité et droiture (v. 7, 8). Aussi, pour jouir du fruit de ses oeuvres, il nous faut marcher selon les voies du Seigneur, comptant sur la certitude de sa promesse, et, s’il tarde, nous attendre à Lui. Mais, comme nous l’avons toujours vu, dans ses oeuvres sont trouvées et senties la miséricorde et la compassion envers nous. Notre délivrance est le fruit de la bonté souveraine. C’est pourquoi la crainte de l’Éternel est le commencement de la sagesse ; l’obéissance nous conduit à l’intelligence. Étant dans le chemin de Dieu, la lumière, c’est la vérité dans ce chemin, c’est d’être en accord avec ce dernier.

Vous ne pouvez séparer la vraie connaissance des choses divines d’avec la piété. La nouvelle nature pieuse, obéissante, qui par grâce dépend de Dieu, peut seule désirer ou comprendre ces choses. «Si quelqu’un veut faire sa volonté, il connaîtra de la doctrine si elle est de Dieu» (Jean 7:17). C’est pourquoi, dans le chemin de l’obéissance, on trouve toujours davantage, à mesure qu’on réalise la lumière en étant soumis à Dieu et dépendant de Lui, car la lumière et le chemin de la nouvelle nature ne sont qu’un ; aussi est-il dit : «La vérité selon qu’elle est en Jésus, c’est-à-dire d’avoir dépouillé le vieil homme, et d’avoir revêtu le nouvel homme, créé selon Dieu en justice et sainteté de la vérité» (Éph. 4:21-24), et encore : «Nous sommes renouvelés en connaissance selon l’image de Celui qui nous a créés» (Col. 3:10). Dans ce chemin nous avons à marcher par la foi, jusqu’à ce que la puissance intervienne. Pour Israël, ce chemin de l’obéissance a plutôt un caractère légal, mais le principe reste toujours vrai, parce que la vraie connaissance est la connaissance de Dieu. Il est impossible de séparer la vraie connaissance d’un état qui reconnaît Dieu pour ce qu’il est, c’est-à-dire de l’obéissance et de la dépendance.

 

2.6   Psaume 112

J’omets intentionnellement les promesses de bénédiction temporelle ; elles s’appliquent directement au peuple et au système juifs, et si ces derniers Psaumes en font une mention spéciale, c’est qu’ils nous présentent la bénédiction comme venant d’être introduite par le jugement. Néanmoins nous y trouvons quelques principes dignes d’attention, car ces Psaumes insistent en particulier sur la sagesse qui consiste à agir dans l’obéissance à travers le chemin de l’épreuve. Il y avait bien des raisons, et il y en a toujours, pour dire que la fidélité était tout simplement une folie et la ruine pour les fidèles ; mais Dieu les avertit, et le chemin de la sagesse consiste à l’écouter. Les résultats de ce chemin demeurent, alors que les méchants disparaissent. La génération des hommes droits sera bénie. Sa justice demeure à perpétuité. Sans doute les ténèbres semblent envelopper le juste, mais là même, la lumière se lève pour lui. Il nous faut apprendre à nous confier en Dieu : la bénédiction est assurée à celui qui obéit. Mais cette marche avec Dieu, la paix du coeur et l’intelligence de la bonté, rendent l’âme miséricordieuse, pleine de compassion pour d’autres, et en même temps intègre à leur égard. La recherche de soi-même n’est pas le principe qui gouverne le fidèle. Il est miséricordieux, libéral, il n’y a pas chez lui la promptitude de la propre volonté. Il conduit et maintient ses affaires dans la crainte de Dieu avec sobre bon sens ; il n’use pas de légèreté, en sorte que son «oui» soit «non». Guidé par Dieu dans ses entreprises, il poursuit son chemin jusqu’au bout, parce que telle est la volonté du Seigneur, et il le fait avec la force et la fermeté que donne la conscience d’accomplir cette volonté. Or cela est important pour le chemin des saints, car c’est un témoignage que Dieu s’y trouve et que sa pensée est le guide de notre marche. Dieu demeure ; celui qui fait la volonté de Dieu demeure aussi.

De plus, lorsque la puissance du mal se déploie, le croyant n’est pas ébranlé. Au milieu d’exercices de coeur, et du mal moral, il était avec Dieu. Pour lui la volonté de Dieu était suprême. Il regardait à Lui comme à Celui dont la volonté a tout ordonné, et considérait Dieu Lui-même comme son tout. Il lui suffisait que Dieu fût satisfait. En tant que motifs, les circonstances avaient perdu leur influence sur lui, et Dieu avait, pour ainsi dire, pris leur place dans son coeur et dans son esprit. Aussi quand les difficultés s’élèvent, elles rencontrent un coeur qui connaît Dieu et se confie en Lui : «Son coeur est ferme, se confiant en l’Éternel» (v. 7).

 

2.7   Psaume 113

Un seul principe se présente à nous, dans ce Psaume, mais il ne peut nous être rappelé trop souvent, car nous avons une tendance constante à l’oublier. Dieu choisit des choses faibles, afin qu’il soit évident que le bien et la bénédiction proviennent de sa puissance et de son amour. Dieu se sert de moyens ; mais quand l’homme parle de moyens il n’entend généralement pas par là cette dépendance du coeur qui s’en remet à Dieu, la prière, la Parole, etc., mais plutôt l’appui que l’on cherche dans l’influence et la force de l’homme. Cela est très mal. Souvenons-nous bien que Dieu choisit les choses folles de ce monde pour confondre les sages, et les choses faibles, et celles qui ne sont pas, pour annuler celles qui sont, afin que nulle chair ne se glorifie devant Dieu ! S’il en était autrement, la bénédiction ne serait pas une bénédiction divine. Mais dans cette puissance divine nous trouvons la grâce et pouvons compter sur elle. «Il a placé sa demeure en haut ; il s’abaisse pour regarder dans les cieux et sur la terre ; de la poussière il fait lever le misérable, de dessus le fumier il élève le pauvre, pour les faire asseoir avec les nobles, avec les nobles de son peuple ; il fait habiter la femme stérile dans une maison, joyeuse mère de fils». Telles sont les voies de Dieu ; le coeur y trouve ses délices. À lui la puissance et la bonté, mais quelle leçon que celle-là au milieu du monde et pour le coeur de l’homme !

 

2.8   Psaume 114

On trouve dans ce beau petit Psaume la même pensée sur la puissance de Dieu que dans le Psaume précédent. De la pierre dure il a fait sortir des eaux. Sa présence fait trembler cette terre qui l’avait oublié, mais sa puissance et sa grâce apportent à son peuple dans le désert, le rafraîchissement et la vie qu’elles font sortir de ce qui est aux yeux de l’homme sans espoir et tout à fait contraire. La dépendance et la confiance en Lui, tel est le paisible chemin de la foi.

 

2.9   Psaume 115

Le premier principe que nous rencontrons ici, principe simple mais puissant, est exprimé par ces mots : «Non point à nous, ô Éternel ! non point à nous, mais à ton nom, donne gloire» ; c’est-à-dire que l’âme donne à la gloire du Seigneur le premier rang ; et c’est ce que Christ à réalisé en perfection. Mais le principe que l’on trouve ensuite, c’est la relation qui existe entre cette gloire et le peuple de Dieu. Le premier principe donne la pureté des motifs, le second le courage et l’espérance de la foi. Remarquez en outre une chose particulièrement précieuse : le nom de Dieu, c’est-à-dire la révélation de son caractère, est spécialement approprié aux bénédictions de son peuple. Il avait parlé pour donner la promesse, mais, pour leur part, ils ont manqué de se l’approprier dans le chemin de la justice. Toutefois Dieu a promis, et c’est ici que son nom est introduit en rapport avec son gouvernement en grâce : «À ton nom donne gloire, à cause de ta bonté», qui est une partie de son nom ; «à cause de ta vérité», en voici une autre. Or c’est en ceci que se montre sa gloire : s’il n’avait pas le premier de ces caractères, le second ne pourrait être maintenu. Un jugement juste aurait retranché les coupables, mais alors, où aurait été l’accomplissement de sa promesse ? Mais la miséricorde se glorifie vis-à-vis du jugement (Jacq. 2:13). Ce que Dieu est dans sa nature — il est amour — se manifeste et se fait connaître dans ses voies de grâce envers les errants, et en miséricorde, en les conduisant sans doute à la repentance, mais afin qu’ils soient en mesure de jouir de leurs relations avec Dieu d’une manière qui convienne moralement à ces relations ; ensuite il accomplit sa promesse selon sa vérité. Mais la gloire divine est en premier rang et l’âme y compte.

Dieu s’était fait le Dieu de son peuple pour manifester ses voies. «Pourquoi les nations diraient-elles : Où donc est leur Dieu ?» (v. 2). C’est ce que mettaient autrefois en avant Moïse et Josué quand ils plaidaient avec Dieu. De plus, cela est dit en contraste avec les idoles des païens. Lorsque c’est la gloire de Dieu qui est recherchée en premier lieu par la foi, la conséquence en est non seulement que le peuple est béni selon cette gloire, mais que le coeur des fidèles reçoit par là l’intelligence et la perception de cette gloire en elle-même. C’est une grande bénédiction. Ils se réjouissent sans doute du salut, mais ils se réjouissent en Dieu. Pour que leur salut soit complètement manifesté il faut que Dieu se montre en jugement. Il n’en est pas de même quand il s’agit de notre bénédiction, car il nous a donné des choses célestes, là où est sa propre demeure, se révélant à nous dans ce qu’il est en Lui-même, et non pas seulement dans ses voies. Car nous pouvons remarquer ici que cette terre est la sphère, et que cette vie présente l’énergie dans laquelle Dieu est connu et confessé. «Les morts ne louent pas Jah» ; «il a donné la terre aux fils des hommes» ; tandis que nous nous réjouissons d’être morts et d’avoir, avec Christ, notre place en résurrection dans les lieux célestes. Nous ne pouvons assez insister là-dessus, quoique l’on trouve dans ces Psaumes de l’instruction quant aux voies de Dieu sur la terre. Dans les derniers Psaumes spécialement, c’est le gouvernement terrestre qui est en vue, parce que le jugement final est sur le point d’intervenir. Quelle bénédiction pour nous de posséder le ciel au lieu de cette perspective, et d’avoir notre Dieu, tel qu’il est, c’est-à-dire comme notre Père !

 

2.10                   Psaume 116

Ce Psaume nous montre les supplications du fidèle exaucées, aussi y est-il peu question du gouvernement de Dieu. L’âme est délivrée, après avoir été plongée dans les angoisses de la mort. Nous trouvons ici l’histoire du Résidu de la fin, histoire dans laquelle le Seigneur est entré en grâce d’une manière si merveilleuse, quoiqu’il ne soit pas le sujet de cette prophétie, comme on le voit d’après la citation qu’en fait l’Apôtre (v. 10 ; cf. 2 Cor. 4:13), citation applicable à tous ceux qui souffrent de la même manière. La délivrance a trait à ce monde-ci. Ce Psaume a pour pensée fondamentale la grâce et la fidélité de l’Éternel pour délivrer. Ce qui caractérise le fidèle, c’est la simplicité, qualité précieuse, mais, pour quelques-uns, difficile à réaliser. Elle est produite chez ceux qui s’en rapportent en simplicité de coeur aux pensées de Dieu et vivent en elles, puis s’attendent à Celui qui accomplit toujours ses propres pensées et qui se souvient de ceux qui se confient en Lui. L’opposé de cela, c’est l’activité des pensées de l’homme, auxquelles viennent se mêler sa volonté et ses projets. Ces derniers s’évanouissent et l’on est désappointé. L’esprit d’humilité ne pense pas tant ; il reçoit les pensées de Dieu, et ces pensées ont un caractère moral. Il demeure en elles ; il obéit, il s’attend à Dieu. Tel était Éliézer au chap. 24 de la Genèse.

La délivrance divine, survenant comme une faveur et comme une réponse au cri de l’âme, est pleine de douceur. Nous éprouvons la fidélité de Dieu à l’égard de notre état et de notre attente. Aussi la bénédiction reçue, plutôt que de produire simplement la jouissance de la bénédiction, a-t-elle pour fruit la reconnaissance et ces mots : «J’ai aimé l’Éternel». Alors l’âme entre plus avant dans la jouissance de ce qu’elle possède. Elle sent que le Seigneur a agi miséricordieusement. Elle retourne en son repos, sa foi ayant été en activité auparavant. Elle avait cru, elle avait parlé comme se confiant en Dieu, mais elle avait été fort affligée ; maintenant elle trouve le Dieu en qui elle s’est confiée, comme source de joie et de bénédiction, et non pas, remarquez-le, la bénédiction comme source de joie. Au temps de l’épreuve, l’âme se tournait vers Dieu et non vers la consolation ; c’est encore Lui qu’elle cherche maintenant, au temps de la joie. Le Seigneur Lui-même est devant l’âme, source pour elle de tout bien.

Remarquez encore, dans ce Psaume, la conviction que tous les hommes ont entièrement failli. Le sens n’est pas proprement : «Je disais en ma précipitation» (v. 11), mais : «dans mon agitation», c’est-à-dire sous la pression de l’anxiété qui pousse l’homme à fuir en toute hâte. Cette agitation donnait la conscience que l’on ne pouvait nullement se fier à l’homme. Sans doute, ce n’était ni la simple foi, ni un jugement sain, mais il y a des moments où Dieu nous fait sentir que nous ne pouvons-nous reposer sur l’homme et que Lui seul nous reste. Nous recevons souvent des consolations par les hommes. Paul dit : «Dieu qui console ceux qui sont abattus, m’a consolé par l’arrivée de Tite», mais nous ne devons pas nous fier à l’homme ; aussi y a-t-il des moments où nous devons nous écrier : «Tout homme est menteur», en nous en remettant entièrement au Seigneur. Je n’ai pas besoin de faire remarquer combien il en fut ainsi pour Christ ; et cependant il pouvait, en grâce, dire à ses disciples : «Vous êtes ceux qui avez persévéré avec moi dans mes tentations». Mais il y eut une heure où il dut dire et sentir ces paroles : «L’un d’entre vous me trahira», et : «Vous serez tous scandalisés en moi cette nuit», et : «Vous me laisserez seul». Ceci mettait en lumière sa perfection, et nous y apprenons à nous appuyer sur le Seigneur seul, sans que cette connaissance de l’homme diminue en rien chez nous la confiance et l’ouverture de coeur, mais enseignés que nous sommes à ne dépendre que de Dieu. Une joie sans obstacle viendra ensuite, mais maintenant, dans toutes nos difficultés, le Seigneur pense à nous.

 

2.11                   Psaume 117

La conscience de la grâce et de la faveur divines élargit le coeur. Alors qu’il était sous la loi, le peuple d’Israël n’avait jamais pensé à inviter les nations à la louange ; il le fait quand la grâce lui a apporté la bénédiction. Le sentiment de ce que Dieu est pour nous, la jouissance reconnaissante des choses que nous possédons comme étant de Dieu, ouvrent, par la connaissance que nous avons de Lui, nos bouches et nos coeurs pour la louange. Cette jouissance nous engage à inviter d’autres encore à jouir de sa bonté. On trouve ici, dans la connaissance de l’amour, une assimilation à la nature divine et à sa prérogative ; seulement nous connaissons l’amour, lorsque nous apprenons comment il s’exerce envers nous-mêmes.

 

2.12                   Psaume 118

Ici nous sommes de nouveau sur le terrain de la bénédiction finale ; aussi, quand il s’agit dans ce Psaume du gouvernement de Dieu au milieu de l’épreuve, il n’y est fait allusion qu’au passé. Nous assistons à la reconnaissance par Israël, des voies de Dieu, et de la personne de Christ, après que la bénédiction a été introduite ; ils célèbrent cette grâce de l’Éternel qui a dépassé en durée toutes leurs voies, cette bonté qui demeure éternellement. Je ne fais que noter ici l’aspect sous lequel les circonstances de ce Psaume peuvent nous être appliquées en tout temps. Dieu est pour son peuple, pour les siens ; mais les hommes, peut-être tous les hommes, sont contre eux. Il n’y a qu’à se confier au Seigneur, et la victoire reste à la foi. Mais au milieu de circonstances où le gouvernement de Dieu est à l’oeuvre pour corriger le mal, Satan cherche et trouve sa part. Combien cela fut vrai lorsqu’il conduisit tous les hommes contre Christ ! Ai-je besoin de dire combien cela se réalisera aux derniers jours de la puissance de l’Antichrist ! Mais, comme nous le montre le livre de Job, il en est de même dans les divers châtiments de Dieu. Le mal dans la conscience, ou même le mal inconscient dans le coeur, donne prise à Satan, souvent une prise terrible sur l’âme, même quand cette âme est intègre. On ne trouve du repos que dans le jugement de soi-même et dans la confession de ce qui a donné prise à l’ennemi. Ce dernier voudrait nous faire tomber ainsi, mais, comme dans le cas de Job, derrière tous ces châtiments la main de Dieu peut être vue. «Jah m’a sévèrement châtié, mais il ne m’a pas livré à la mort» (v. 18). Oui, car l’Éternel voulait bénir. Un seul a pu dire : «Le chef du monde vient, et il n’a rien en moi» (Jean 14:30) ; mais, pour ce qui nous concerne, tout est amour et bénédiction (comp. Deut. 8), pour que nous reconnaissions pleinement à la fin ce que Christ est dans les conseils de Dieu selon sa victoire et selon sa gloire. Il nous faut être ainsi exercés ; il faut que le sol soit labouré par la charrue et par la herse, mais ce travail a pour résultat : «C’est ici le jour que l’Éternel a fait» (v. 24). Sans doute il s’agit ici de la bénédiction finale de la terre lors de l’apparition de Christ, mais le même principe se réalise pour l’âme, chaque fois que par l’épreuve elle est amenée à être manifestée et purifiée devant Dieu. Les portes de la justice qui introduisent, pour ainsi dire, dans la joie de la communion sont ouvertes. Nous reconnaissons comme étant l’oeuvre du Seigneur la grâce à laquelle nous n’avions aucun droit, et tout est lumière. Il est évident que ce Psaume ne s’applique directement qu’au Résidu, mais je cherche à relier cette grande manifestation du gouvernement de Dieu, aux détails dans lesquels ce gouvernement s’applique à nous.

 

2.13                   Psaume 119

Ici nous trouvons exprimé l’effet de la loi écrite dans le coeur d’Israël, lorsque ce peuple, après avoir erré longtemps loin des sentiers de Dieu, affligera son âme sous les conséquences de sa faute. Ce Psaume est l’un de ceux qui prononcent la béatitude.

2.13.1    Versets 1-8

Nous allons examiner quelques-uns des éléments de cette oeuvre dans le coeur. La béatitude est prononcée sur ceux qui sont «intègres dans leur voie». Le monde est plein de souillure. Il n’y a qu’un seul chemin dans le monde (le nôtre est hors du monde, et nous sommes étrangers et pèlerins à la suite d’un Christ monté en haut), mais un seul qui puisse être sans souillure, et c’est la loi de Dieu. Il ne s’agit pas ici de ce qui est céleste, formé au-dedans de nous, des pensées fixées sur les choses qui sont en haut, d’une marche selon la puissance de l’Esprit ; sans doute des fruits sont produits par là, qu’aucune loi divine ne condamnera ; mais il s’agit d’un chemin entièrement formé par la volonté de Dieu, exprimée par Lui pour la marche de l’homme au milieu de ce monde. «Ils marchent dans la loi de l’Éternel» ; ils trouvent leur bonheur dans ce qui est droit, dans ce que le péché ni le monde n’ont souillé, et qui consiste à marcher dans la loi. C’est une règle parfaite, selon Dieu, pour un homme vivant dans ce monde. Mais le coeur va plus loin que cela ; il regarde à la source. Dieu a témoigné sa volonté ; il a montré qu’il voulait que l’homme y marchât et le coeur recherche cette volonté, non seulement parce qu’elle est sans souillure et parfaite, mais parce que ce sont «ses témoignages».

À cela se rattache le désir qui a Dieu Lui-même pour objet. Ils «le cherchent de tout leur coeur» (v. 2). Tel est le caractère général des effets de la loi écrite dans le coeur. L’effet pratique est évident : ils «ne font pas d’iniquité». Non seulement le coeur est mis en ordre, moralement, dans la sainteté, mais le mal relatif, l’iniquité n’est pas commise. Au lieu de faire leur propre volonté, gonflés du sentiment de leur importance vis-à-vis de Dieu, ils «marchent dans ses voies» (v. 3). L’autorité de Dieu est reconnue dans le coeur, on s’empresse de s’y soumettre, et les désirs du coeur se portent vers elle.

«Oh ! que mes voies fussent dressées pour garder tes statuts !» (v. 5). Il ne s’agit plus seulement de la connaissance des voies de Dieu, ou de ce que le coeur approuve au-dedans de lui-même, mais du désir que tout le cours présent de la vie soit ordonné de manière à garder les statuts de l’Éternel, qu’il ne soit pas dirigé vers la satisfaction de notre volonté, ou bien que notre volonté ne soit pas simplement inclinée vers celle de Dieu. Ici le fidèle sent sa dépendance quant au cours tout entier de sa vie et exprime le désir d’être dirigé. La conscience et le discernement spirituel vont ensemble. La honte ne découle pas de la désapprobation de l’homme, mais du fait d’une conscience en désaccord avec la volonté révélée de Dieu. Or ce chemin est unique dans sa perfection. Tout ce qui est en dehors de lui n’est pas parfait, mais est du monde qui est une abomination pour Dieu. Il faut que, de vouloir, de coeur et de marche, nous soyons dans ce chemin, ou que nous soyons dehors, et alors nous serons confus, si, du reste, notre coeur est droit. Si mon esprit et mon âme ont discerné moralement l’excellence du chemin de Dieu, ma conscience me rend honteux lorsque je suis en quelque manière hors de ce chemin. Le coeur qui est en règle prend garde à «tous les commandements» de Dieu. Or quand cela a lieu, non seulement la conscience est à l’aise et paisible, mais le coeur est mis en liberté. «Je te célébrerai d’un coeur droit, quand j’aurai appris les ordonnances de ta justice» (v. 7). Dieu est connu par ses voies, et le coeur restauré et ayant appris ses pensées (non plus ses commandements, mais ses jugements (*)), est capable de le célébrer non seulement pour ses bienfaits, mais parce qu’il est en association avec Dieu Lui-même.

(*) Note Bibliquest : la traduction JND de la Bible a traduit, ici, ordonnance, avec une note disant que le mot original a les deux sens

Un autre élément de cet état (v. 8) est la pleine volonté et la résolution du coeur d’obéir à ce que Dieu a ordonné et établi, et de le garder ; de garder ce qui a pour soi l’autorité de Dieu, et non pas simplement ce qui est moralement bien ou mal. Mais c’était un temps où Israël s’était éloigné de l’Éternel c’est pourquoi nous trouvons ici une invocation spéciale à Dieu pour qu’il ne les délaisse pas entièrement. Nous voyons ainsi que la forme de ce Psaume ne peut s’appliquer au chrétien. Ce dernier ne s’attend jamais à être complètement délaissé, et il ne pourrait s’appliquer ce passage que lorsque, dans une marche particulière, il a la conscience d’avoir suivi sa propre volonté. Mais le principe général est pour nous une source abondante d’enseignements, car il s’agit de ce qui est produit dans le coeur quant à sa disposition morale.

2.13.2    Versets 9-16

Mais il est encore d’autres points d’une importance pratique. La tendance de l’énergie humaine, comme telle, est de suivre sa propre volonté. C’est maintenant une chose naturelle, mais il en était autrement avant la chute. Alors l’homme jouissait, rendait grâces et bénissait ; il suivait tout naturellement le chemin, chemin très simple, prescrit par Dieu. Maintenant, par une première défiance à l’égard de Dieu, la propre volonté a été introduite. Or ici nous trouvons un contraste d’une importance capitale entre l’obéissance chrétienne et la loi. La loi s’adresse, comme telle, à l’homme responsable ici-bas, sans introduire la question d’une nouvelle nature et sans même la supposer, quoiqu’elle nous fasse découvrir le besoin de cette nature nouvelle, lorsque nous reconnaissons que la loi est spirituelle. La loi suppose une volonté et des convoitises qui doivent être tenues en bride et comprimées. L’Ancien Testament ne parle pas de chair et d’esprit, mais d’hommes responsables et de leurs voies. L’obéissance chrétienne est comme celle de Christ ; la volonté de Dieu est non seulement la règle, mais aussi le motif de l’activité : «Je viens pour faire ta volonté !» Il va sans dire que cette volonté sera aussi une règle pour nous guider. Christ étant notre vie, l’obéissance en nous est le fruit d’une nouvelle nature. Nous ne trouvons pas dans l’Ancien Testament ces mots : «Il ne peut pécher, parce qu’il est né de Dieu». Ce n’est pas que, sous l’ancienne alliance, il n’y eût pas chez les âmes renouvelées le désir d’obéir ; tel était le cas, en effet, et il ne pouvait en être autrement ; mais la relation entre les hommes et Dieu reposait sur une loi en dehors d’eux-mêmes, pour gouverner leurs voies en tant qu’hommes dans la chair, et non pas sur une nouvelle nature connue, basée sur les résultats de la rédemption, nature dont le seul mobile était la volonté de Dieu. Les prophètes ont parlé de Christ comme ayant ce caractère (voir Ps. 40), et les docteurs d’Israël auraient dû connaître ces choses ; pour entrer dans leurs futurs privilèges, il fallait qu’ils fussent nés d’eau et de l’Esprit (cf. Ézéch. 36). Mais l’obéissance sous la loi était une règle s’appliquant à des hommes qui avaient une volonté dont les manifestations devaient être jugées par la loi, et non pas à des hommes avec une nature dont le seul mobile était la volonté de Dieu, nature basée de telle sorte sur la puissance de la rédemption, qu’elle a le droit de tenir pour mort le vieil homme, mis à découvert, après que Dieu l’a déclaré mort par Christ. Aussi les héritiers ne différaient-ils sous la loi en rien des esclaves, quand il s’agissait de faire ceci on cela, quoique leur volonté pût différer.

Ce qui était donc en question, c’étaient, les voies et non la nature, alors même que le coeur était renouvelé sous la loi. C’est pourquoi le jeune homme, chez lequel on trouve l’énergie de la volonté devait «rendre pure sa voie» (v. 9). Les convoitises tendaient à conduire ailleurs sa volonté ; comment trouverait-il le moyen de maintenir ses voies pures devant Dieu ? Par la vigilance, par la crainte de Dieu selon la parole de Dieu, et non par sa volonté. La parole de Dieu ! Qu’il est précieux de l’avoir, au milieu d’un monde de ténèbres et de propre volonté, pour conduire nos pas dans un chemin qui réponde à la pensée de Dieu ! Le coeur est mis en règle par elle. Ce n’est pas, il est vrai, la douce jouissance de l’amour dans une âme réconciliée, l’amour versé dans nos coeurs par le Saint Esprit qui nous a été donné, mais, ce qui est d’une importance vitale, c’est le coeur mis en règle en la présence de Dieu. Cela suppose un homme éloigné de Dieu, mais intègre quant à ses désirs. Les deux choses sont vraies du chrétien. Il est réconcilié, il a des affections paisibles dans une relation parfaite, chose inconnue sous la loi ; et tous ses désirs sont pour Celui qui l’a aimé, tel qu’il le connaît et le voit dans sa gloire ; il ne le cherche plus, il le connaît. Ici (v. 10) il le «recherche de tout son coeur» ; il n’y a pas de fraude ; c’est un coeur vrai qui désire Dieu. Alors ce coeur vrai, auquel les commandements de Dieu sont précieux, parce qu’ils lui font connaître Sa volonté, demande à l’Éternel qu’il ne le laisse pas s’égarer loin d’eux. Il a confiance en la bonté de Dieu, car, lorsqu’on le cherche en vérité, il y a toujours en quelque mesure le sentiment de sa bonté : ces deux choses distinguent la conversion du travail d’une conscience effrayée.

Nous trouvons ensuite un autre principe. Le coeur qui cherche Dieu de cette manière, avec le désir de faire sa volonté, ne cherche pas seulement d’être en règle quant à sa conduite extérieure, lorsque l’occasion s’en présente, mais il garde la Parole au centre, pour ainsi dire, et à la source de son activité (v. 11). Il la cache dans son propre coeur, comme ce qu’il aime ; «car du coeur (où cette Parole est cachée) sont les sources de la vie» (Prov. 4:23). Combien grande est la place que la Parole occupe ici ! Remarquez aussi que l’appréciation de notre conduite par les hommes disparaît. Tout se passe entre Dieu et l’âme, et c’est là l’intégrité du coeur. Il ne s’agit pas d’un oeil simple qui n’a qu’un objet, mais la simplicité consiste ici à le chercher de tout son coeur. C’est l’intégrité qui, en vertu du désir qui porte l’âme vers Dieu, voit dans sa volonté ce qui gouverne les sources de la vie. Ce principe est important et précieux. La Parole cachée dans le coeur nous garde de pécher contre Lui.

Mais l’âme va plus loin (v. 12). Elle reconnaît que l’Éternel Lui-même est béni, tel qu’il est connu dans ses voies, dans sa bonté, dans sa grâce qui demeure éternellement. Au milieu de ses tribulations, c’est là que le coeur renouvelé trouve sa ressource et son repos. «Éternel, tu es béni !» Cela pousse le coeur à s’occuper de ce que l’Éternel a décrété et ordonné, et à y chercher l’enseignement divin. Regarder à Dieu donne du courage ainsi que la conscience de l’intégrité et de la fidélité ; il en est toujours ainsi quand le coeur est droit. Quelque humble que l’on soit, quand on marche dans l’intégrité on en a conscience devant Dieu. On verra de la faiblesse et de l’infirmité dans ses voies, des manquements dont on jugera la cause ; mais, vis-à-vis de Dieu, l’on aura la conscience de n’avoir aucune fraude et d’être pur dans ses intentions. «Je fais une chose». «Pour moi vivre c’est Christ». Cela n’entrave pas l’humilité ; quoique, en fin de compte, quand nous aurions fait toutes les choses qui nous ont été commandées, nous serions encore des serviteurs inutiles, nous sentons notre entière dépendance de la grâce et la force divine pour vouloir et pour faire, et cette dépendance est notre devoir et notre bonheur ; mais nous avons la joyeuse assurance, auprès de Dieu et de sa part, que notre coeur est intègre.

Le service (v. 13) découle de la confiance en Dieu, jointe à la connaissance de la bénédiction qui est en Lui, et à l’appréciation de ce qu’il a donné. Au Psaume 40, Christ exprime cela en perfection ; ici l’esprit du fidèle est le même. L’intelligence des choses divines selon leur puissance et la valeur qu’elles ont pour nous, nous engage à les déclarer, et par là nous glorifions Dieu. L’amour envers les autres peut accompagner cette déclaration, mais c’est un autre point. Nous devons à Dieu de déclarer ce qu’Il est. Nous devons le connaître Lui, et ensuite confesser ce qu’Il est. La louange diffère de cette confession en ce que le sentiment de ce qu’Il est s’adresse à lui-même. La perfection se trouve là où il est pleinement connu, en sorte qu’il n’est pas nécessaire de le déclarer à d’autres. En raison de cette connaissance, tous ensemble l’adorent d’un même coeur. Alors nous ne réservons rien : «J’ai raconté de mes lèvres toutes les ordonnances de ta bouche». Nous sommes remplis de ce que Dieu est, de son excellence, et nous l’exprimons. Nous pouvons avoir à nous retenir pour le bien des autres, mais nous estimons Dieu suffisamment pour l’annoncer dans sa plénitude. Les témoignages de Dieu deviennent la richesse de nos âmes (v. 14). La possession du ciel modifie cela en quelque manière, cependant le chemin des témoignages de Dieu nous prépare ici-bas une joie morale, comme les richesses préparent de la joie aux hommes de ce monde. Mais à côté de l’activité extérieure du devoir, il y a une vie intérieure qui s’occupe de ces choses. Quelle nourriture, combien de choses à digérer, à apprendre, dans les témoignages de Dieu ! Nous les méditons (v. 15) ; nous y trouvons la pensée de Dieu, l’intention du Saint Esprit. Ainsi l’âme est rassasiée de joie, mais les voies de Dieu sont considérées avec respect comme autorité pour notre coeur, et ce dernier s’en occupe aussi. Non seulement les témoignages de Dieu réjouissent l’âme, mais il y a aussi l’activité du nouvel homme. Il y prend plaisir (v. 16), il en fait son occupation, ses délices et les garde en sa mémoire (hélas, combien cela nous manque !), ce qui est la vraie preuve d’affection.

2.13.3    Versets 17-24

Avec la troisième division, un nouveau principe est introduit. Cette division a trait littéralement aux afflictions d’Israël dans les derniers jours, mais en principe elle s’applique à tous les temps, c’est-à-dire aux afflictions et aux épreuves qui accompagnent la piété. Dans un monde où elle est étrangère, l’âme s’attend à la miséricorde de Celui qui est au-dessus de tout. Pour garder la loi, elle a besoin de cette miséricorde. Sans doute elle peut être fortifiée de telle manière qu’elle aille courageusement au-devant du martyre, mais en général elle implore la miséricorde pour être rendue capable de marcher. Le fidèle la proclame, comme serviteur de l’Éternel, et compte être gardé par elle afin de marcher en vérité. C’est un des grands éléments du retour de l’âme de Dieu. Par ce fait, Dieu a désormais sa vraie place et l’autorité qui lui appartient. Quelle que soit la grandeur du mal qu’il permet (voir Ps. 94), Dieu, notre Dieu est au-dessus de tout, et, de plus, la bonté lui appartient nécessairement toujours (v. 17).

Mais il y a plus : l’âme qui connaît Dieu de cette manière désire connaître Sa pensée, non pas seulement comme règle de conduite, mais afin de «voir les merveilles qui sont dans sa loi» (v. 18). Or tout cela nous donne la conscience d’être des étrangers dans le pays (v. 19). Un Dieu bon, dont nous sommes les serviteurs, et un monde méchant, font de l’homme «un étranger» ; et combien plus encore nous le sommes avec Christ ! Nous avons besoin de ces commandements de Dieu qui font moralement nos délices, mais nous chrétiens, nous y ajoutons la plénitude de Christ. «Ils ne sont pas du monde, comme moi je ne suis pas du monde». «Sanctifie-les par la vérité ; ta Parole est la vérité». Ici le coeur est entièrement absorbé et rempli de l’objet de son désir : «Mon âme est brisée par le désir» (v. 20), car la nouvelle nature trouve une jouissance infinie dans la plénitude des révélations de Dieu. Mais la jouissance de la Parole donne une juste estimation de ce qu’est l’homme dans le monde, l’homme «orgueilleux», agissant selon sa propre volonté et s’exaltant lui-même (v. 21). Il peut paraître réussir en jetant son défi à Dieu ; mais il est sous une malédiction ; il s’égare du seul vrai chemin de l’homme qui est le chemin de Dieu. L’exaltation de la volonté humaine a pour conséquence nécessaire la malédiction ; car nous sommes ainsi éloignés de Dieu, en rébellion contre Lui, et toute activité de la volonté humaine a ce même caractère. Mais la piété ne fait pas seulement de nous des étrangers (position pénible pour le coeur), elle nous attire de cruelles moqueries (v. 22), car l’homme orgueilleux ne tolère pas la soumission à Dieu, qui est pour lui une chose méprisable. Le déiste s’exalte lui-même ; l’homme ne méprise pas cela, car la volonté propre y est en jeu ; mais en présence de Dieu il faut que l’homme se soumette, et c’est ce que les hommes volontaires méprisent, bien que leur conscience soit souvent mal à l’aise.

Le fidèle, tout en souffrant patiemment, souhaite d’être délivré de ces choses ; il désire que Dieu revendique ses droits, qu’il ne supporte pas que les siens soient écrasés par le mal. Mais, en attendant, le coeur peut se retirer dans ce qui fait ses délices ; il médite les statuts de Dieu (v. 23), abrité là de l’orgueil de l’homme. Les témoignages divins sont ses délices et aussi les hommes de son conseil (v. 24).

2.13.4    Versets 25-32

Celui qui cherche à marcher dans les voies de Dieu aura souvent à traverser de mauvais jours, jours où la puissance du mal a le dessus et exerce sa pression sur l’esprit du fidèle. Ce qui caractérise alors la fidélité, c’est que le coeur ne se détourne pas vers un chemin plus facile ou vers d’autres consolations, mais compte sur Dieu pour qu’il le relève sa Parole (v. 25). Là est le coeur du fidèle ; il préfère l’affliction avec la Parole plutôt que d’abandonner celle-ci ; mais il a appris à se fier en Dieu et compte être secouru au milieu de l’affliction, selon cette révélation qu’Il a faite de Lui-même ; or on peut compter sur Lui pour ce secours. Le coeur avait été vrai à l’égard de Dieu ; non seulement il savait que Dieu connaissait toutes ses voies, mais il avait encore le désir d’être sincère devant sa face et se confiait en Dieu même en de telles circonstances : il Lui avait déclaré ses voies (v. 26).

Cette intégrité du coeur au temps de la tribulation, quand on n’a pas encore la joie de la délivrance de Dieu, est très importante. On est capable de dire : «Quand mon esprit était accablé en moi, toi tu as connu mon sentier» (Ps. 142:3). Toutefois il y a confiance dans le résultat, en sorte que l’âme s’attache aux voies de Dieu, et le coeur qui compte sur sa fidélité est certain de pouvoir annoncer bientôt ses merveilles, s’il est conduit par lui dans une marche fidèle (v. 27). L’âme n’avait pas seulement pris une place abaissée et humiliée, n’ayant aucun courage quant aux choses extérieures, mais elle sentait aussi sa faiblesse intérieure : de tristesse elle s’était fondue en larmes (v. 28). Cependant la force qu’elle attend est selon la parole de Dieu. Elle ne cherche pas autre chose. Elle demande que la voie du mensonge qui l’entoure soit éloignée de son propre coeur (v. 29). Cette voie était pour elle une cause d’abattement, mais il vaut mieux être abattu par le mal que de trouver son plaisir en y marchant. Une foi plus énergique pourrait élever l’âme au-dessus du mal ; il est bon toutefois d’avoir le sentiment du mal et de la dépendance. Le fidèle s’était engagé délibérément dans ce chemin ; il connaissait toutes les difficultés, mais il avait choisi la voie de la fidélité (v. 30). «Seigneur, vers qui irions-nous ?» Combien simple dès lors est notre chemin ! L’âme était demeurée ferme, et une autre chose en découle : elle voit que ses joies et ses douleurs sont en la main de Dieu. Dût-elle être honteuse (v. 31), cela viendrait de Lui, mais comment aurait-il la pensée de nous rendre honteux, parce que nous gardons ses propres témoignages ? «Être honteux» ne signifie pas ici : porter l’opprobre sous les moqueries des hommes, mais : être couvert de honte comme ayant à venir en jugement. Après, tout (v. 32), on ne court librement dans la voie de Dieu, que lorsque le coeur est mis au large et jouit en liberté de la joie de sa présence.

2.13.5    Versets 33-40

Les versets dont nous venons de parler, expriment le désir de comprendre la voie des commandements de Dieu, afin que le coeur reçoive de l’enseignement au milieu de l’affliction ; tandis qu’ici il est plutôt question de garder et d’observer ces commandements dans le chemin de Dieu. Dans les trois divisions précédentes, il s’agissait des résolutions du coeur ; nous trouvons ici la demande d’être enseigné de Dieu, car le coeur, intègre dans ses résolutions, se tourne alors vers Lui, en premier lieu peut-être, à cause de ses afflictions, mais ensuite pour être guidé et pour dépendre de Lui. Quand notre volonté est droite, nous avons encore besoin de son enseignement (v. 33), de l’intelligence qui vient de Lui (v. 34), et aussi de son aide (v. 35). «Fais-moi marcher». Le coeur désire aussi être incliné au bien, mais l’avarice, cette racine de tout mal, le détourne ; il en est de même de la vanité, seulement cette dernière nous entoure et ne constitue pas l’inclination du coeur proprement dite, mais plutôt la distraction qui éloigne le coeur de la présence de Dieu pour l’occuper de folies. Aussi le fidèle demande-t-il à être doué d’énergie et de vie pour chercher de coeur et avec un oeil simple le Seigneur et sa volonté (v. 36, 37). Il désire aussi que la Parole soit confirmée à son âme, et cela peut avoir lieu intérieurement par le Saint Esprit qui lui donne de la puissance, ou même par les voies de Dieu selon cette Parole. Le coeur suit Dieu et Lui obéit sans hésitation, mais il désire être fortifié et confirmé dans cette voie. L’opprobre qu’il craint (v. 39) a lieu quand Dieu permet que les siens soient humiliés pour la justice, sans intervenir pour les protéger ou les en délivrer. C’est comme s’il abandonnait son serviteur aux moqueries de l’ennemi auquel tout réussit, ou du moins, comme s’il laissait le fidèle dans un état tel que ses adversaires doivent triompher de lui. Christ a dit aussi : «L’opprobre m’a brisé le coeur» ; et le monde pouvait dire : «Il s’est confié en Dieu ; qu’il le délivre».

Mais après tout, les choses ordonnées de Dieu, dans lesquelles le fidèle avait à marcher, étaient bonnes (v. 39). Pourquoi serait-il abandonné à l’opprobre qu’il craignait ? Son coeur était en règle ; il désirait ardemment les préceptes de Dieu, et comptait sur le Seigneur pour être vivifié et doué de l’énergie d’une volonté renouvelée, pour être gardé de toute distraction par la fidélité divine, c’est-à-dire par un Dieu qui est en accord parfait avec sa propre bonté et sa propre faveur sur lesquelles nous pouvons compter. «Fais-moi vivre dans ta justice». Cette demande suppose une connaissance croissante de Dieu, en sorte que nous pouvons compter sur Lui, et il en est de même des appels du fidèle à être secouru et enseigné. La droiture et l’intégrité mènent à la confiance en Lui pour être conduits dans le chemin de la justice, chemin, nous en avons la certitude, qu’il doit aimer. La communion avec Lui, par grâce, donne cette confiance ; mais les derniers mots du v. 40 dénotent une intimité de foi plus profonde, qui compte sur ce que Dieu est nécessairement.

2.13.6    Versets 41-48

Remarquez ici que nulle part la pensée ne surgit de regarder à autre chose qu’à Dieu, au milieu de la difficulté ou de l’épreuve. Le fidèle cherche aide pour garder la loi, il cherche la délivrance de l’épreuve qui lui est survenue à cause de sa fidélité, mais il n’a pas la moindre idée de chercher du secours autre part ; la chose ne se présente pas même à sa pensée ; et c’est la vraie intégrité du coeur. Il cherche Dieu en vérité, sa volonté, Dieu en grâce, Dieu Lui-même comme objet, mais il ne cherche que Dieu, rien hors de Lui, rien à part de Lui. Il s’attend à ses miséricordes, et cela doit être ; à la délivrance qu’il accorde, et cela selon sa Parole ; car Dieu s’est parfaitement révélé et il ne nous faut rien de moins que Lui. Quelle réponse il y a dans sa délivrance, à l’ennemi qui nous charge d’opprobre ! Sa Parole qu’il nous avait envoyée a trouvé dans le coeur la confiance aussi bien que l’obéissance (v. 41-42).

Ce point est important ; il ne s’agit pas seulement de l’autorité de la Parole, mais nous avons «scellé que Dieu est vrai» (Jean 3:33) ; nous recevons cette Parole comme celle de Dieu, et Dieu, nous le savons, doit être vrai, car nous le connaissons. L’âme est intéressée à la vérité de la Parole ; elle l’a reçue comme étant de Dieu et venant de Lui ; elle en a fait ses délices, y a mis sa confiance, l’a tenue en face des méchants comme ce qu’elle avait reçu de Dieu, comme ce qui était aussi parfait que Lui et le révélait ; elle l’a identifiée, pour ainsi dire, avec Dieu. Aussi, quand il y avait délivrance selon cette Parole (et le coeur ne voulait pas la chercher autrement), c’était la réponse même que le fidèle désirait faire à ceux qui le chargeaient d’opprobre. La Parole de Dieu a une place immense dans le coeur : elle est ce qui révèle Dieu : non seulement elle fait cela, mais elle est ce qui le fait (Jean 5:39). Si Dieu avait abandonné le fidèle, comme la crainte le portait à le penser, la Parole aurait été «ôtée de sa bouche». Toutefois il n’exprime pas ici un doute quant à la vérité de la Parole ; il ne met nullement en question si elle est le témoignage de Dieu ; mais il craint qu’il ne lui soit plus permis de l’accréditer par la foi. Cela le préoccupe, parce qu’il a la connaissance de la valeur de cette Parole. Telle a été l’épreuve de Christ et la perfection de la croix : s’agissait-il là de son désir, il disait : «Comment donc seraient accomplies les Écritures ?» (Matt. 26:46). S’agissait-il de sa confiance, il s’exprimait ainsi : «Et toi, tu es saint» (Ps. 22:3).

Dans notre Psaume, le fidèle s’est attendu aux jugements de Dieu, à ce que Dieu agisse selon ce qui est sorti de sa bouche, selon la révélation qu’il a faite de Lui-même dans sa Parole et il a été ainsi rendu capable de garder cette Parole à toujours et à perpétuité. Il en sera ainsi d’Israël lorsqu’il sera délivré de l’oppresseur à la fin, la loi ayant été écrite dans son coeur. Dans sa vie, Christ n’a reçu aucune des promesses, mais une gloire plus élevée l’attendait comme homme, en réponse à une fidélité plus haute, infinie envers Dieu, fidélité à révéler la nature de Dieu, à en être la preuve, lorsque Lui était abandonné, au seul moment où Christ pût l’être, c’est-à-dire à cause du péché. Israël marchera au large lorsque les jugements de Dieu seront accomplis, car son désir était d’être libre pour les garder dans le bonheur et dans la joie.

Par grâce, nous pouvons l’apprendre aussi en certaines occasions, mais notre chemin est plus élevé que cela : il consiste à suivre Christ et à souffrir avec Lui. Le fidèle, lui, a été encouragé par ces pensées ; la Parole a pris pour lui sa valeur et Dieu sa place, pour ainsi dire, quoiqu’invisible ; il parle de ses témoignages devant les rois et n’est pas honteux (v. 46). Tel est le caractère de la foi : elle a le sentiment de l’importance du témoignage de Dieu et en est remplie. Elle donne aux hommes leur place, et le respect qui leur est dû ; mais Dieu remplit et gouverne la pensée sans effort, et, pour ainsi dire, naturellement. Les commandements de Dieu deviennent ainsi les délices du coeur, au lieu d’exercer une pression sur la conscience (v. 47). On les confesse ouvertement et l’on s’y voue ; telle est, je suppose, la signification «de lever ses mains» (v. 48). C’est un aveu solennel, une affirmation du coeur. Le fidèle ne les a pas seulement aimés, mais il déclare ouvertement qu’il reconnaît leur vérité et leur autorité ; il dit : Voilà ce que je reconnais. Et comme il reconnaît ouvertement la confiance en ses commandements, il s’en entretient, il les médite pour sa propre joie (v. 48).

2.13.7    Versets 49-56

Le fidèle a compté sur la parole de Dieu ; Dieu l’a enseigné en faisant que son âme s’y attendît ; elle attend maintenant que Dieu ajoute son amen à sa Parole, comme elle-même l’a fait de son côté par grâce (v. 49). Cette confiance de foi en la parole de Dieu avait été sa consolation dans son affliction. Elle y trouvait ce qui rendait son espérance ferme et inébranlable, et ce qui apportait à l’âme la fidélité et le témoignage de Dieu, Dieu Lui-même comme espérance, lorsque le fidèle était entouré de circonstances adverses et n’avait rien sur quoi il pût s’appuyer. Or c’est là sa vraie consolation dans l’affliction ; mais il compte sur Dieu pour qu’il accomplisse sa Parole ; il sait que Dieu ne peut faire autrement. La Parole elle-même avait fait vivre l’âme pour en attendre l’accomplissement. Cette obéissance humble et patiente qui accepte l’opprobre avec soumission, avait été pour les orgueilleux un sujet d’outrages et de moqueries ; mais la foi en la Parole avait empêché l’âme de dévier (v. 51) ; elle était restée ferme dans l’affliction. Elle se souvenait des voies de Dieu, telles qu’elles avaient été jadis, lorsque son bras avait été étendu. Ce qui la rendait obéissante lui inspirait aussi la confiance, c’est-à-dire qu’elle regardait à Dieu, et cela conservait leur clarté à la vision et à la mémoire de la foi. L’âme comptait sur la fidélité de Dieu et se souvenait de ses ordonnances, car le gouvernement de Dieu comprend ces deux choses. Les voies de jadis sont la pensée constante d’Israël dans les Psaumes, et nous pouvons aussi y penser à l’occasion, quoique notre espérance soit autre part, semblable à celle de Christ, en faveur duquel rien ne se réalisa, lorsqu’il eut été entièrement mis à l’épreuve ; mais la meilleure part, la résurrection, fut la réponse pour nous.

Cependant la pensée des jugements de Dieu, ne fait point éprouver de crainte à contempler leur résultat pour les méchants qui courent volontairement à leur rencontre. Toutefois ce passage nous présente encore autre chose que la fin des méchants. La méchanceté elle-même donne à l’âme du fidèle un sentiment de tristesse poignante. L’âme séjourne en Méshec (Ps. 120:5), et ce qu’elle voit autour d’elle la remplit de douleur, car son bonheur est dans la fraîche atmosphère de la sainte volonté divine. L’haleine empestée et fétide du péché n’est pour elle qu’angoisse et souffrance ; elle voit le péché, non seulement comme tel et dans son caractère intrinsèque, mais dans l’orgueil de la perversité. En dépit de cela elle connaît la joie : les statuts de l’Éternel sont ses cantiques dans la maison de son pèlerinage (v. 54).

Comme cela est vrai ! Comme le coeur, oppressé par le mal qui l’entoure, est soulagé et rafraîchi par la Parole et les témoignages de Dieu Lui-même ! Ses statuts sont nos cantiques dans la maison de notre pèlerinage ; et l’isolement dans lequel se trouve le coeur au milieu d’un monde méchant (car il veut et doit être isolé, s’il est fidèle, quelque douce que soit la communion pendant le voyage) sera compensé par le nom du Seigneur (par le nom de l’Éternel pour le Résidu, et pour nous par celui de Christ et du Père en lui). Et lorsque nous sommes seuls avec nos pensées (v. 55), elles sont remplies de leurs noms ; tout est paix, et les résolutions du coeur, dans l’obéissance et la communion, sont établies et affermies. Or tel est le fruit de l’obéissance, car la sainteté et la communion — le sentiment de la présence de Dieu — sont le fruit de l’obéissance. L’épître aux Romains (6:22) dit : «Vous avez votre fruit en sainteté, et pour fin la vie éternelle». L’obéissance signifie ici l’observation diligente des préceptes divins, chose qu’il ne faut pas oublier.

2.13.8    Versets 57-64

Cette division du Psaume nous présente plutôt les affections en rapport avec la Parole écrite dans le coeur : «Ma part, ô Éternel, c’est de garder tes paroles» (v. 57). Le coeur le possède, Lui, comme source de joie et de bénédiction. À cela se joint nécessairement la résolution du coeur envers Dieu : «Je l’ai dit». Il est impossible de considérer le Seigneur comme sa portion sans avoir le dessein de faire sa volonté, autrement ce ne serait pas le reconnaître. Et cela implique aussi nécessairement le désir de sa faveur, puisqu’il est Dieu. Toutefois la Parole qui a éveillé ce désir et cette confiance a sa place ici, car d’une part, elle certifie la grâce, et de l’autre, elle révèle les principes sur lesquels la faveur et la grâce reposent. Nous trouvons le même désir au v. 59, non pas simplement l’obéissance (quoique ce désir la produise), mais la méditation du coeur : «J’ai pensé à mes voies» ; ce sont les exercices intérieurs du coeur, chose nécessaire et importante pour nous, — «et j’ai tourné mes pieds vers tes témoignages».

Il se peut que nous obéissions instinctivement, presque indifféremment, avec une bonne intention, sans doute, mais de manière à montrer que le coeur n’est pas avec Dieu, qu’il n’est pas exercé, ni désireux de lui plaire, et c’est la preuve, même si notre chemin n’est pas mauvais, d’un bien pauvre état d’âme. Mais le fidèle, qui est en bon état devant Dieu, repasse le but de ses voies, leur direction, dans quelle mesure elles répondent au but vers lequel nous conduit la lumière qui nous est donnée, et, si notre but correspond à cette lumière, dans quelle mesure nous y répondons en le poursuivant sérieusement en pratique, et en réalisant son caractère. Car nous pouvons être extérieurement sans reproche, aimables même en apparence, mais infidèles à l’appel de Dieu. Dans ce cas, il nous faut, cela va sans dire, retourner aux témoignages de Dieu, qui sont capables de rendre «l’homme de Dieu accompli, et parfaitement accompli pour toute bonne oeuvre» (2 Tim. 3:17). Nous voyons comment la source de tout cela, c’est d’avoir le Seigneur pour notre portion ; mais il faut que nous ayons un coeur qui fasse le compte de ses voies.

Or cela nous rend diligents lorsque notre coeur est en règle. Nous ne prenons alors conseil ni de la chair, ni du sang, n’ayant en vue que la faveur de Dieu et le but qui nous est assigné : «Je me suis hâté, et je n’ai point différé à garder tes commandements» (v. 60). Il est à peine besoin de dire combien cela est caractéristique et de toute importance. Ce sont les prémices essentielles, c’est le ressort d’une vie de fidélité envers Dieu, comme nous le voyons d’une manière remarquable chez l’apôtre Paul. On trouvera, dans ce chemin, la souffrance, l’opposition des instruments de Satan, de ceux qui haïssent le Seigneur, mais la vie intérieure reste ferme et bien dirigée, et n’a pas d’indécision quant à l’appréciation du chemin à suivre : «Je n’ai pas oublié ta loi» (v. 61). On peut être occupé de résistance et du mal, en sorte que l’état du coeur, quoiqu’il s’oppose aux méchants, soit formé par ces choses. Dans ce cas, c’est combattre la chair par la chair ; tandis que le caractère du chemin de celui qui regarde au Seigneur, au milieu de la scène d’iniquité qu’il traverse, est formé par la parole de Dieu que le coeur n’a pas oubliée, et cela conduit à reconnaître que c’est Dieu qui s’occupe de ces choses. On s’attend à la perfection des voies de Dieu à l’égard du mal.

C’est une consolation ; car un esprit intègre voudrait parfois s’élever avec indignation contre le mal qui se manifeste publiquement ; mais la colère de l’homme n’accomplit pas la justice de Dieu (Jacq. 1:20). Il est souvent difficile à un esprit actif et énergique de prendre une position d’humilité et de ne pas faire descendre le feu du ciel, ou de ne pas vouloir frapper de son épée, lorsque Christ et sa vérité sont attaqués et insultés, mais lorsque nous regardons en haut, nous avons des cantiques pour l’heure de minuit (v. 62). Un coeur simple, conduit par le Seigneur dans ses voies, possède des sources de joie qui le raniment et le réveillent dans les mauvais jours et lorsqu’il est seul avec Dieu. La tristesse l’entoure, mais la joie est avec lui. Il se lève, son coeur vibre de louange ; il est non seulement consolé dans l’affliction, mais délivré des liens du mal, et actif dans la louange de Celui qu’il connaît et qui est sa portion. Car le jugement et la délivrance arriveront selon sa Parole, et le coeur s’élevant à Dieu s’en remet dès lors à Lui pour les accomplir. Mais si nous sommes et devons être seuls, lorsqu’il s’agit de foi et non pas de communion, et que le Seigneur est notre portion, nous sommes, d’autre part, les compagnons de ceux qui le craignent et qui marchent dans ses voies (v. 63). Ici le fidèle peut regarder autour de lui et voir la bonté de Dieu malgré tout le mal qui pesait sur l’âme. Il en est toujours ainsi ; le mal peut enfler ses flots, mais le Seigneur est toujours au-dessus du mal ; et lorsque le coeur réalise cela par la foi, et que la volonté est soumise à l’égard de toutes ces choses, si l’âme avait été autrefois consolée par la pensée des jugements de Dieu, elle trouve maintenant les preuves constantes de sa grâce, et cherche en paix à être conduite dans ses voies. Ainsi se termine cette partie intéressante de l’expérience de l’âme sous l’influence de la parole de Dieu.

2.13.9    Versets 65-72

Avec le sentiment des bénédictions qui viennent de Dieu, le coeur le considérant désormais comme sa portion, et la volonté étant brisée, nous trouvons maintenant la conscience que l’on est son serviteur. Mais dans sa perfection immuable, la Parole, le grand sujet de ce Psaume, a toujours sa place. La Parole est le chemin de l’Éternel selon sa bonté ; elle nous donne l’assurance de cette bonté en nous le révélant Lui-même ainsi que ses voies, et elle est le guide de notre chemin. C’est une chose très précieuse, car cette Parole nous enseigne que nous pouvons et comment nous pouvons compter sur elle. Ici (v. 67), c’est par l’expérience que le fidèle a pu l’apprendre ; il avait été affligé ; il peut maintenant se rendre compte du pourquoi ; mais telle qu’a été la parole de l’Éternel, telles ont été ses voies. Nous aussi, et c’est d’un prix inestimable, nous pouvons compter sur elle en tout temps ; nous pouvons encore avoir davantage ; mais nous avons cela. Maintenant le fidèle désire posséder le discernement, fruit de l’enseignement divin ; il demande le bon sens et la connaissance que Dieu donne, car il a mis son sceau aux commandements de Dieu, le mot : «ajouter foi» étant ici ajouter l’amen de son coeur. Comme lui, nous aussi nous pouvons avoir pleine confiance que nous serons guidés en cela. Sa volonté avait été brisée ; l’affliction était survenue ; auparavant la volonté avait eu son cours, on avait oublié Dieu, suivi son propre chemin. Maintenant on comprend le but de l’affliction et l’obéissance est produite.

Quelle grâce dans les voies de Dieu envers nous, bien que ses voies en gouvernement soient selon sa justice et qu’il reste en toute occasion nécessairement juste ! Car parfois, quand nous nous sommes éloignés de Lui, il brise le coeur par sa faveur, comme Lui seul sait le faire. Aussi voyons-nous le coeur humilié et soumis connaître Dieu selon sa bonté : «Tu es bon et bienfaisant» (v. 68). Il recherche les voies de Dieu : Maintenant, dit-il, «enseigne-moi tes statuts» ; c’est là cette bonté qu’il désire. Il est beau de considérer comment la volonté est brisée et le coeur mis en règle. L’orgueil d’adversaires impies est sous les yeux du fidèle ; ils forgent des mensonges contre lui, et cela est naturel, puisqu’il a abandonné leurs voies et l’orgueil de sa propre volonté, mais l’expérience lui a donné la décision du coeur. C’était assez de s’être égaré ; maintenant il s’attache avec décision à ce qu’il possède, et la différence morale est grande. D’un côté, la propre volonté et le moi et peut-être le succès ; de l’autre, un coeur qui trouve ses délices dans la loi de l’Éternel, de Celui auquel nous appartenons, dans la volonté de Jésus Christ en toutes choses.

Mais on trouve encore autre chose qu’une volonté brisée et le retour à Dieu : par la grâce infinie il y a, dans cette expérience, un progrès positif. Le brisement de la volonté met les éléments du coeur en contact direct avec la Parole. Le moi est jugé selon les différentes formes qu’il revêt au dedans de nous ; on discerne ce qu’est la chair dans ses voies, quelque trompeuses qu’en soient les apparences. Ainsi le coeur, délivré du moi, reçoit l’enseignement, et, la lumière de la Parole le pénétrant et l’exerçant, il apprend à en connaître la portée et la puissance ; car, bien qu’elle soit, ou plutôt parce qu’elle est la parole de Dieu, elle s’adresse et s’adapte au coeur de l’homme ; mais elle ne l’atteint, de manière à être comprise, que lorsque la volonté est brisée et la conscience réveillée. Voyez la parabole du semeur et le quatrième chapitre de l’évangile de Jean. Mais alors la loi de la bouche de Dieu (v. 72), l’expression de sa pensée et de sa volonté parfaites, de sa volonté à notre égard, cette loi nous est plus précieuse que toutes choses. Nous vivons par elle et nous vivons d’elle ; elle fait nos délices, comme venant de Lui et comme répondant parfaitement à nos besoins.

2.13.10   Versets 73-80

L’âme s’adresse maintenant à Dieu, comme dépendant de Lui pour l’existence même de l’homme, afin d’être dirigée sûrement et guidée par Lui. Cette pensée est exprimée par l’apôtre Pierre quand il dit : «Remettant leurs âmes, en faisant le bien, à un fidèle Créateur» (1 Pierre 4:19). Seul le coeur qui le connaît en grâce peut faire cela ; sinon nous cherchons notre propre volonté dans la résistance à la sienne. Mais du moment que nous le connaissons, c’est dans tout ce qu’Il est, selon la vérité de sa nature en grâce ; ainsi notre connaissance de Dieu s’élargit et nous pouvons l’appliquer à tout. Elle justifie ainsi le désir fondé sur elle. Ici (v. 73), cette connaissance s’applique à l’enseignement de la Parole, parce que l’âme marche et doit marcher dans l’ancienne création. Mais nous pouvons aussi, comme étant actuellement ici-bas, compter sur la vérité de la nature de Dieu, lorsque, comme je l’ai dit plus haut, nous le connaissons ; et nous pouvons compter sur Lui de cette manière, parce qu’ainsi, dans le sens le plus complet et le plus absolu, s’exprime notre dépendance de Lui, aussi bien que le désir d’un coeur renouvelé. Je n’existe que par toi : fais-moi donc marcher sous ta conduite et dans les dispositions de coeur que tu donnes.

Celui qui m’a fait peut me donner de l’intelligence. Mais cette confiance en Dieu devient un lien commun, formé chez d’autres par la même disposition du coeur, qui trouve son plaisir à voir Dieu reconnu et honoré, et est affectionné à ceux qui font de même au milieu d’un monde méchant (v. 74). Ils deviennent compagnons, comme il est dit : «Ceux qui craignent l’Éternel ont parlé l’un à l’autre» (Mal. 3:16), et comme nous le voyons aussi dans cette délicieuse peinture du résidu caché, au commencement de Luc.

Un autre trait de cette oeuvre divine dans l’âme, c’est que, ayant une vraie connaissance de Dieu, elle arrive à le justifier dans ses voies, quelque pénibles qu’elles lui soient. Le coeur reconnaît de deux manières que ses jugements sont justice (v. 75). D’abord ce sont ses jugements, et nous savons ce qu’Il est. Il ne peut agir qu’avec justice, et de plus, avec justice à notre égard ; il est fidèle envers nous en grâce. Mais, en second lieu, nous reconnaissons moralement la justesse de ses jugements. Dieu ne peut tolérer le mal, et surtout quand il s’agit de son peuple. Pour leur bien, il ne le peut pas. Ainsi le bien et le mal sont connus et jugés, et l’on comprend que la sollicitude de Dieu pour les siens l’oblige à surveiller leurs voies. Mais la certitude que le châtiment vient de Dieu, tout en produisant la soumission, donne aussi le désir de sa faveur, lorsque la soumission est complète. Sans doute on souhaite du soulagement ; mais un coeur humilié, avec le désir naturel d’être soulagé, cherche dans cet allégement à sa souffrance et non pas dans la propre volonté, la faveur divine, la consolation de la part de Dieu. «Que ta bonté, je te prie, soit ma consolation» (v. 76). «Dieu qui console ceux qui sont abaissés», dit l’apôtre (2 Cor. 7:6), et cette consolation dépend de la fidèle parole de Dieu. Le croyant compte sur cette bonté, s’y attend, et il a raison.

Désirer simplement d’être soulagé, n’est pas autre chose que la propre volonté, et pourrait devenir, si ce désir nous était accordé, le moyen d’afflictions nouvelles ; mais une volonté soumise et brisée dans le châtiment, a raison de désirer qu’il lui soit fait miséricorde. Le croyant connaît ce caractère du Dieu de miséricorde (v. 77) ; il désire que Dieu l’exerce si possible ; il peut, dans ce cas, mettre en avant son intégrité, car ce désir est légitime lorsque la soumission est complète et quand on sent que la bonté est en Dieu. Aussi dit-il ici : «Car ta loi fait mes délices», et le jugement, ajoute-t-il, est la portion des orgueilleux (v. 78). Il a le sentiment que la volonté orgueilleuse est la cause du jugement. Pendant la période actuelle de la grâce, le chrétien désire que cette volonté de l’homme puisse être changée. Il sait néanmoins que «la foi n’est pas de tous» (2 Thess. 3:2). Ici, le désir que les orgueilleux soient rendus honteux est selon le caractère d’un Dieu juste. Le fidèle se tient à part et médite la volonté révélée de Dieu. Mais il ne cherche pas seulement la faveur de Dieu ; il demande que ceux qui craignent Dieu se tournent vers celui qui est affligé (v. 79). Les rapports avec eux ont un caractère spécial. Ce n’est pas qu’il les recherche, bien que la chose soit bonne ; mais on trouve ici cette énergie de confiance en Dieu qui fait qu’on ne cherche que Lui, qu’on ne s’appuie pas sur d’autres, mais qu’on trouve plaisir à leur association. Ce n’est pas que le fidèle ne soit pas le compagnon de ceux qui craignent Dieu (v. 63), mais ici il ne cherche sa consolation qu’en Dieu. Il en est de même pour les amis de Job qui revinrent à lui lorsque le témoignage de Dieu fut avec lui. Seulement, quelles que soient les consolations données, le désir du fidèle est d’être maintenu dans l’intégrité (v. 80). Il ne lui vient pas à la pensée de pouvoir être béni en dehors du chemin de la parole de Dieu. De cette manière le serviteur de Dieu ne sera pas rendu honteux.

2.13.11   Versets 81-88

Ces versets vont encore plus loin. La pression de la puissance du mal est plus grande, le cri du fidèle plus pressant, mais sa confiance en la Parole est complète. Cette précieuse révélation de Dieu, de sa volonté et de sa faveur (choses dans lesquelles il ne peut mentir), maintient le coeur à travers tout. Quelle bénédiction d’avoir une révélation de Lui, aussi sûre que Lui-même ! Ensuite le fidèle présente deux motifs pour être exaucé : d’abord l’extrémité de sa détresse : il est devenu comme une outre mise à la fumée (v. 83), mais il n’oublie pas les statuts de l’Éternel. En second lieu, il était une pauvre créature, d’une existence éphémère ; il était temps, s’il devait jouir de la bonté de Dieu, que celui-ci étendît sa main pour le secourir. Or l’affliction qu’il traversait était d’une part le produit de l’orgueil de l’homme, de l’autre, elle n’était pas selon la Parole que Dieu avait confirmée et reconnue (v. 85). Toutefois cette Parole tout entière n’était que fidélité, et la persécution était injuste (v. 86) et avait atteint ses dernières limites. Le fidèle était presque consumé sur la terre, dans le lieu même de la promesse et de la puissance de Dieu ; mais il n’avait point abandonné ses commandements. Il s’attend aussi à la miséricorde comme moyen de le faire vivre (v. 88). La consolation venant du dehors ne lui suffit pas ; il désire que son âme elle-même soit restaurée, et qu’il puisse ainsi garder fermement, avec bon courage et confiance, le témoignage de la bouche de Dieu. Ainsi l’affliction et la détresse deviennent, quand le coeur est intègre, une raison que nous présentons à Dieu pour être exaucés.

2.13.12   Versets 89-96

Un autre aspect de la Parole est maintenant placé devant l’âme. Cette Parole est devant Dieu, dans les cieux mêmes ; elle y est établie pour toujours. Là où Dieu est, elle demeure avec le caractère qui lui est propre, comme étant l’expression du propos arrêté de Dieu. Mais, quoique son conseil soit arrêté dans le ciel, c’est hors du ciel qu’il a agi. Sa fidélité, sa manière invariable de s’en tenir à ce qu’il dit et à ce qu’il est, restent les mêmes à travers les générations changeantes des hommes. Aussi, quand nous avons sa Parole, nous pouvons y compter aussi sûrement que sur ce qui est dans le ciel ; elle ne change pas davantage que Dieu Lui-même. Il a établi la terre et elle demeure ferme (v. 90). Tout subsiste comme Dieu l’a ordonné ; car, autre vérité importante, toutes les choses qui existent servent Dieu (v. 91). Si même il leur a donné des lois déterminées, pourquoi n’en sortent-elles pas ? Parce qu’elles dépendent de Lui : «Toutes choses le servent». Or l’âme trouve sa force dans cette Parole. Ici nous trouvons une obéissance morale volontaire dans un coeur renouvelé ; lorsque toutes les circonstances étaient contraires, il aurait été difficile de tenir bon, si le côté moral de la loi n’avait exercé sa puissance sur l’âme (v. 92). Dieu semblait être en dehors des circonstances, mais le plaisir que le coeur trouvait à la loi de Dieu le faisait tenir ferme.

Comme chrétiens, nous avons, je le pense, quelque chose de plus, quoique ceci mérite notre attention comme témoignage d’un coeur renouvelé, et par conséquent s’applique à nous. Nous nous glorifions dans les tribulations, sachant ce qu’elles produisent en nous, et l’amour de Dieu est versé dans nos coeurs par le Saint Esprit qui nous a été donné, amour qui nous est témoigné par le don de son Fils. «Toutes choses travaillent ensemble pour le bien de ceux qui aiment Dieu» (Rom. 8:28). Combien, dans le sens le plus élevé, Christ fut attaché à la volonté de Dieu au milieu des circonstances les plus contraires — même en face de la colère ! Cette puissance de la Parole pour soutenir le coeur dans l’affliction, pour restaurer la force du nouvel homme et vivifier l’homme intérieur, affermit le coeur dans la conscience de la valeur divine de cette Parole (v. 93). Et ceci nous amène à Dieu avec la conscience que nous sommes à Lui (v. 94). Je ne dis pas que cela produise en nous cette pensée, mais cela conduit nos coeurs à en avoir conscience et, par conséquent, à regarder vers Celui qui est fidèle pour sauver et délivrer.

Comme toujours dans ce Psaume, cela a lieu dans la conscience de notre intégrité : «J’ai recherché tes préceptes» (v. 94). Cette intégrité est nécessaire ; si elle manque, la confiance est affaiblie, quoique Dieu puisse faire grâce.

Nous voyons ici l’âme mise continuellement en présence de ses ennemis qui l’oppriment ; il en sera ainsi du Résidu d’Israël aux derniers jours. Dans un sens, il en est toujours de même pour nous, mais cela s’applique plus particulièrement aux mauvais jours. «Les méchants m’attendent pour me faire périr» (v. 95). Mais l’âme attend en paix, attentive aux témoignages de Dieu. Ils lui donnent la paix et la rendent capable de remettre tout à Dieu.

Une autre cause de tristesse pour l’âme est la ruine générale (v. 96). Non que l’intégrité n’existe pas, mais, dans son accablement, le coeur serait disposé à le croire. Car il n’y a pas de perfection ou d’accomplissement (telle est la force du mot) de la volonté de Dieu, même dans ceux qui entreprennent d’y marcher. Mais si le coeur se tourne vers la Parole, l’effet en est bien différent. Cette ruine même, quoiqu’elle ne puisse être justifiée, nous amène à voir combien le commandement de Dieu est parfait, complet, d’une grande étendue ; combien il touche à toutes les circonstances de l’homme, à tout ce qui tient aux relations entre Dieu et sa créature, à toutes ses relations morales.

2.13.13   Versets 97-104

Ces versets nous montrent l’affection que le fidèle a pour la loi et la valeur qu’il y attache, connaissant cette valeur par expérience. Il aime la loi de Dieu en elle-même. Elle lui est donnée de Dieu comme la révélation de sa volonté. Il en fait l’objet de sa méditation tout le jour (v. 97), non pour le fruit qu’il en retire, ou la sagesse dont elle le pare, vis-à-vis des autres, mais il l’aime pour elle-même. C’est ce qui caractérise le nouvel homme. Or l’effet de la loi, lorsqu’elle est aimée pour elle-même, est de rendre l’homme plus sage que ses ennemis, quelque subtils et rusés qu’ils puissent être (v. 98). Il y a un sentier que l’oeil du vautour ne connaît pas — «sages quant au bien, et simples quant au mal» (Rom. 16:19) — sentier qui surmonte et déjoue les adversaires de Dieu et du juste. Ils ne peuvent se former aucune appréciation des principes de ceux qui craignent Dieu, si ces derniers restent attachés à ces principes et conséquents avec eux. «Tes commandements... sont toujours avec moi» (v. 98). Telle est la sagesse divine, sagesse sans intermédiaire, en sorte qu’elle donne le discernement (car, parfaite sous tous les rapports, elle agit sur l’âme et la forme), ce que ne peut aucun enseignement humain, quelque pieux qu’il puisse être. Celui-ci peut être fort utile en tant qu’il est tiré de la Parole et qu’il y mène ; mais même lorsqu’il s’agit du don le plus élevé, rien de ce qu’on peut apprendre par ce moyen ne fait partie du trésor de la foi dans l’âme, tant qu’elle ne l’a pas appris dans la Parole. On peut nous l’avoir montré du doigt, cela peut intéresser l’esprit et le coeur, mais pour le posséder, il faut l’avoir appris avec Dieu. «Ils seront tous enseignés de Dieu» (Jean 6:45).

Rien n’enseigne comme la parole de Dieu, recherchée et sondée dans une soumission sainte et reçue avec la simplicité d’un petit enfant. Elle nous donne alors l’intelligence, — la sagesse divine, — pour notre esprit et notre marche ; et ainsi, quand les préceptes de Dieu sont observés, elle nous donne plus de sagesse que n’en apporte l’expérience humaine (v. 99-100). Elle devient un motif positif ; nous la préférons aux mauvaises voies que nous quittons toutes pour la seule qui soit celle de Dieu, parce que c’est en celle-là que le coeur a appris à trouver ses délices (v. 101). Nous voyons aussi combien l’âme est ici en relation directe avec Dieu en grâce, et combien la conscience qu’elle est de Dieu, donne de l’autorité à Sa parole. «Je ne me suis point détourné de tes ordonnances, car c’est toi qui m’as instruit» (v. 102). Ceci est d’un grand poids pour l’âme, lorsque la puissance de la parole de Dieu a été réalisée. Ce qui est enseigné par l’homme pourra être abandonné pour l’homme ; mais ce qui est enseigné par Dieu, nous ne pourrons jamais l’abandonner pour Dieu ; pour qui d’autre le laisserions-nous ? Cet enseignement engage l’âme par la foi et par l’autorité divine. Il vient de Dieu et mène à Lui. Maintenant l’âme revient à la pensée de la douceur de la Parole (v. 103). Ces communications divines sont ses délices. Elles ne sont pas seulement un devoir, quoiqu’il soit reconnu aussi, mais elles sont plus douces que le miel à la bouche. C’est par les préceptes de Dieu que le coeur est formé et qu’il apprend à discerner le mal d’avec le bien. Il ne s’en tient pas à l’obéissance à une loi, mais le discernement moral se développe dans le coeur et dans la volonté. Le coeur étant attaché à la parole de Dieu, par le fait de l’habitude, les sens sont exercés à discerner le bien et le mal, et l’on hait toute voie de mensonge.

2.13.14   Versets 105-112

Il est remarquable de voir à combien de choses la Parole s’applique. Dans la dernière section, le coeur et les affections s’occupaient de la Parole pour elle-même, comme conduisant à la sagesse. Maintenant elle nous est montrée comme un guide pour notre chemin, à travers le monde dans lequel nous marchons — ce qui est un but bien différent du premier. «Elle est une lampe à mon pied, et une lumière à mon sentier» (v. 105). Elle est le moyen de produire une marche droite, non seulement parce qu’elle place le coeur dans la droiture, mais parce qu’elle jette la lumière sur ce monde, et non seulement sur ce monde tel qu’il est, mais aussi sur notre chemin qui le traverse. De même aussi Christ ne se borne pas à faire ressortir par sa justice pratique ce qu’est le monde, mais il donne à celui qui le suit la lumière de la vie. La Parole montre le chemin de la loi (pour nous le chemin de la vie divine) à travers le monde. Mais le caractère d’obéissance ne se perd jamais. Ici il prend la forme juive, cela va sans dire : «J’ai juré, et je le tiendrai, de garder les ordonnances de ta justice» (v. 106). Cependant je crois que nous trouvons ici une estimation morale bien marquée du caractère de ces jugements en contraste avec l’homme et le monde. Il n’est point parlé ici de témoignages ; ceux-là sont pour le fidèle ; mais «les ordonnances de ta justice» indiquent le contraste entre les voies de Dieu et celles de l’homme.

Ensuite (v. 107) le fidèle considère les épreuves au milieu desquelles doit passer son chemin. L’affliction est regardée ici simplement comme une affliction, non comme venant de la main de Dieu. Le croyant avait eu à l’apprendre sous ce dernier caractère, sa volonté étant brisée (voy. v. 67, 71, 75), ce qui détruisait toute force humaine (v. 81-83). Le v. 107, au contraire, nous présente l’affliction dans un chemin qui est éclairé par la Parole, et le fidèle cherche, pour y marcher, la force et la vigueur que la Parole donne à l’âme. Le désir du coeur n’est pas ici la délivrance, quelque douce qu’elle puisse être, mais que les offrandes volontaires de sa bouche soient agréées, parce qu’il se tourne vers Dieu dans ce chemin de justice où, gardé par Dieu et possédant ses pensées, il peut lui offrir des louanges volontaires. Ces dernières n’avaient point été interrompues par l’affliction (v. 108). Il avait été extrêmement affligé, il avait erré ; mais, marchant maintenant dans la droiture du coeur, il désire que les louanges qui en sortent, fruits de la puissance de la Parole, soient agréées. Ceci est juste, mais ce n’est pas la joie du salut actuel. La conscience d’avoir erré se montre ici partout, quoique le coeur soit rétabli. La Parole a de l’empire sur ses voies ; il sent qu’elle est une lumière sur le chemin où il vient d’entrer, et quoiqu’il soit encore, dans un certain sens, sous les conséquences de son ancienne marche, son coeur redressé peut éclater en louanges ; pourront-elles être acceptées ? Son désir est qu’elles le soient et certainement elles le seront.

L’humilité de ce désir est juste, comme le désir lui-même est le fruit de la grâce. Ce n’est pas la louange pleine de simplicité d’une âme en relation connue avec Dieu, louange qui coule sans hésitation, comme fruit naturel et nécessaire de la bénédiction ; au contraire, tout en louant, il désire être enseigné dans les voies de Dieu, en contraste avec le mal. La décision du coeur caractérise alors sa marche. Son affliction et son danger étaient grands, son âme était continuellement exposée à la mort, mais cela ne change pas sa détermination, il n’oublie pas la loi de Dieu. Le danger ne l’absorbait pas au point de la lui faire perdre de vue. Ceci est une preuve bénie de la puissance qu’ont les liens établis, par la grâce, entre nous et Dieu ; et combien, lorsque la foi est exercée, ce que nous connaissons de Dieu est supérieur à la puissance de Satan et aux plus grands effets des circonstances ! En dépit d’eux, l’âme garde la mémoire de ce que Dieu lui donne. L’astuce et les ruses subtiles étaient semées sur son passage ; pour un esprit droit cela est éprouvant et pénible, mais ses pieds restent dans le bon chemin. Des obstacles y avaient été placés pour jeter le fidèle dans le découragement, mais la Parole exerçait son influence sur l’homme intérieur. Le secret de ceci, c’est qu’il avait pris les témoignages de Dieu pour son héritage à toujours (v. 111). Ce n’était pas une jouissance présente, sentiment qui peut exercer une influence immédiate sur l’esprit et se perdre en un instant, mais c’était l’estimation donnée de Dieu, de la vérité bonne et divine contenue dans ces témoignages. Aussi, quand cette pensée est réellement retenue par grâce, elle demeure et n’est point affectée par les circonstances. Les terreurs et les ruses de l’ennemi poussent l’âme à s’attacher plus solidement à la vérité de Dieu et à tout ce qui vient de Lui. Ses témoignages ont été et seront la jouissance du coeur. Seulement nous, nous disons encore davantage : «Rien ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu qui est dans le Christ Jésus, notre Seigneur». L’obéissance, dans sa pratique continuelle, était le but du coeur — c’était un engagement à perpétuité. Ainsi en est-il de nous. Cependant nous dirons plutôt : «Ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, il les aima jusqu’à la fin» (Jean 13:1). Or ceci nous engage aussi à une obéissance perpétuelle, qui doit être notre élément et notre état comme hommes.

2.13.15   Versets 113-120

La section suivante est d’un caractère simple. L’âme rend compte de son propre état, puis s’attend à l’intervention de Dieu selon la Parole (v. 116) ; elle espère la voir, mais en même temps elle appréhende les jugements de Dieu sur les désobéissants (v. 118-120). «J’ai eu en haine ceux qui sont doubles de coeur, mais j’aime ta loi» (v. 113). Ainsi l’âme se détourne des hommes et s’attache à la parole de Dieu. Dieu seul est son asile et son bouclier ; elle s’est attendue à sa Parole (v. 114). Puis, regardant du côté des hommes, elle se retire d’avec les méchants (v. 115) ; son parti est pris, elle s’attend à être soutenue jusqu’à la fin, et à n’être pas désappointée dans cette espérance fondée sur la Parole.

Mais le désir du fidèle a plus de précision encore ; c’est-à-dire qu’il regarde au Seigneur afin qu’il le soutienne dans le chemin, et alors il sera en sûreté. Il n’a pas seulement besoin d’être gardé, mais d’être tenu moralement dans la droiture ; il a besoin de la grâce et de la force de Dieu pour le soutenir. Autrement l’ennemi aurait l’avantage sur lui, mais, gardé ainsi, il regardera continuellement aux statuts de Dieu (v. 117). Mais il voit ses jugements sur ceux qui s’égarent de ses statuts. Ce par quoi ils avaient cherché à séduire les hommes se trouve n’être que vanité et vide (v. 118). La tromperie est, vis-à-vis des hommes, de la fausseté, c’est-à-dire ce qui est vain et faux en soi-même. Dieu rejette les méchants (v. 119), et les traite comme n’étant que néant, comme des scories, et cela encourage le fidèle dans les témoignages de Dieu, dont il a gardé les voies en dépit du méchant qui les raillait. Mais il est rempli de frayeur, d’une juste frayeur à la vue de ces jugements. Quant à nous, nous serons au-dessus d’eux, gardés hors de l’heure de la tentation qui viendra sur toute la terre, mais nous sommes encouragés par la Parole et par le jugement même à regarder à Celui dont il émane, et il en est toujours ainsi dans ce Psaume.

Rien ne peut être plus naturel, ni mieux à sa place que cette juste frayeur. L’expression de l’apôtre (combien l’Écriture est toujours parfaite !) en vue de jugements plus profonds, quoique extérieurement moins terribles, montre que, lors même que lui n’y serait pas directement engagé du tout, il n’y était point insensible. Il dit : «Connaissant donc combien le Seigneur doit être craint, nous persuadons les hommes» (2 Cor. 5:11). Cette crainte n’éveillait en lui que l’amour (car lui-même ne viendrait point en jugement), mais il en connaissait la solennité et la terreur. Cette pensée agissait en puissance sanctifiante en le manifestant actuellement à Dieu ; mais chez celui qui, comme dans le Psaume précédent, passait à travers ce jugement, quoique sans en être atteint, la crainte était juste. C’est ainsi que, «par la foi, Noé étant averti divinement des choses qui ne se voyaient pas encore, craignit, et bâtit une arche pour la conservation de sa maison» (Hébr. 11:7).

2.13.16   Versets 121-128

Il y a trois points dans cette section. Le croyant est en pleine présence de la puissance du mal, et il regarde à l’Éternel Lui-même. L’énergie du mal, dans son caractère moral, ne fait que l’attacher toujours davantage à la parole de Dieu et à ses témoignages. Tel est l’effet de la proximité de Dieu, parce que sa présence garde le coeur libre et confiant, et maintient le sentiment de la valeur des choses contenues dans la parole de Dieu. Je pense qu’il y a progrès ici.

Au v. 82, il dit : «Quand me consoleras-tu ?» Ici il n’en est pas de même, quoiqu’il recherche sérieusement la faveur de l’Éternel. Il en appelle à la protection de Dieu, sur le principe de la justice ; avec cela, il me semble que, lors même qu’il éprouve un ardent désir de délivrance, il y compte plus à cause de la parole de la justice de Dieu, qu’à cause de la fidélité à sa promesse de le délivrer, comme le montre le v. 123. Il sent que, lorsqu’il sera délivré, son coeur sera en liberté pour obéir. Mais il demandait encore plus que la délivrance et faisait encore mieux que de mesurer celle-ci au mal sous lequel il gémissait. Son coeur était venu à Dieu et il désirait être traité selon sa bonté.

Ceci est aussi un progrès et montre, je le crois, la conscience d’une intégrité sur laquelle Dieu a mis son sceau dans le coeur. Lorsque nous sommes dans les souffrances sous la main de Dieu en châtiment, nous cherchons la miséricorde pour être délivrés : la grâce et le désir de sa faveur nous y portent. Mais sa délivrance dépend de Lui — elle est imméritée. L’oppression de la puissance du mal est sentie comme étant méritée, et la délivrance est une preuve suffisante de la miséricorde. Mais lorsque cette épreuve a eu son effet, lorsque le coeur purifié est rendu capable de penser davantage à Dieu, à sa sainteté, à sa volonté, moins à l’affliction et au mal extérieur sous lequel il ne reste plus affaissé — en un mot, lorsque le cœur est rétabli moralement — (or la place que Dieu y occupe, en contraste avec la place qu’y prend l’affliction, est la pierre de touche de ce rétablissement moral), il mesure par Dieu ce qu’il cherche, car il est, pour ainsi dire, rentré dans sa connaissance intérieurement révélée. C’est pourquoi nous voyons, dans ce qui suit, le fruit de cette réconciliation avec Dieu, ou de ce retour à Lui. Le coeur rentré dans l’intégrité dit : «Je suis ton serviteur» (v. 125). Nous n’avons pas encore rencontré ceci. Nous avons vu de saints désirs, de la confiance, une confession sincère et l’expression générale : «Tu as fait du bien à ton serviteur» (v. 65 ; cf. 49 et 76). Mais ceci est autre chose. Le fidèle se présente directement à Dieu comme étant dans cette relation et cette position. «Je suis ton serviteur». C’est la soumission parfaite de quelqu’un qui a cette position, sachant, comme cela est vrai, que Dieu l’y reconnaît. C’est beaucoup dire. Quel fondement pour demander à Dieu l’intelligence nécessaire pour le servir ! Quelle chose sérieuse, en effet, que des êtres tels que nous soient appelés à servir Dieu d’une manière qui Lui plaise ! Sans nul doute, il y a un grand encouragement à pouvoir dire : «Je suis ton serviteur». Il en est ainsi dans la parabole des talents, où la confiance en Celui qui les avait rendus capables de le servir était pour les serviteurs le ressort du service. Mais là tout était heureux et en règle, tandis qu’ici, dans ce Psaume, l’âme arrive seulement à dire : «Je suis ton serviteur», après de longs châtiments pour ses errements.

Le v. 126 nous montre la confiance qui s’accroît, et qui prend le langage béni de quelqu’un qui est libre devant Dieu. La loi de Dieu est précieuse à Dieu Lui-même ; pas un iota n’en passera sans être accompli. Lorsque le croyant a appris à regarder en dehors de lui, le mépris général de la loi ne fait que l’enhardir auprès de Dieu. Il est temps pour toi d’agir : «ils ont annulé ta loi» (v. 126). Quel principe que celui-ci ! L’autorité de Dieu doit toujours être maintenue ; en sorte que le comble du mal donne l’assurance de la délivrance. Cela rend la loi de Dieu excessivement précieuse à l’âme. L’amour pour la loi (ici elle est l’expression de la volonté de Dieu) grandit avec l’agrandissement de la puissance du mal. Nous sentons davantage combien elle est précieuse, sûre, combien elle procède de Dieu ; et ce qui rend l’intervention de Dieu précieuse contre la puissance du mal, rend sa Parole précieuse aussi contre le développement de ce mal. Ceci est éprouvé de deux manières : d’abord les commandements de Dieu sont aimés au-dessus de tout ce que l’homme apprécie, ensuite il y a décision dans notre jugement moral. Tous les commandements de Dieu sont estimés comme absolument droits (v. 128) et comme étant l’ensemble de ce qui est bon, et toute voie de mensonge est haïe. La distinction entre le bien et le mal se fait uniquement par la Parole.

2.13.17   Versets 129-136

L’âme en est arrivée maintenant au point d’estimer la valeur de la loi en elle-même, après y avoir obéi et en avoir compris l’excellence. C’est de l’intelligence. «Tes témoignages sont merveilleux, c’est pourquoi mon âme les observe». Les paroles de Dieu, entrant dans le coeur, illuminent ; elles donnent de l’intelligence même aux simples (v. 129, 130). Ainsi, elles deviennent pour le coeur le sujet d’un sérieux désir ; l’âme est occupée de leur excellence. Elles produisent une soif ; elles n’ont pas encore rempli le coeur, quoiqu’elles aient engendré le désir. Il peut y avoir intelligence, obéissance quant à la voie que nous suivons ici-bas, faim et soif de justice, une appropriation morale au besoin et à sa satisfaction ; mais ce désir ne sera pleinement satisfait que lors de l’accomplissement des promesses, et lorsque Dieu prendra sa place, Lui qui révèle sa pensée par ses témoignages. Ainsi en est-il de nous, quoique d’une manière plus élevée, car Christ Lui-même et les choses célestes sont le but de nos désirs.

Ce que le fidèle demande ici, c’est la grâce pour affermir ses pas, et pour le racheter de l’oppression (v. 133-134). On voit qu’il est au milieu du mal et cherche la face de Dieu pour être éclairé et enseigné (v. 135). Il éprouve une profonde tristesse, parce que la loi n’est point observée. Mais cela semble découler plutôt du sentiment de l’excellence de la loi, que de l’amour pour les personnes qui ont failli.

2.13.18   Versets 137-144

Mais la justice de la loi de Dieu et la clef qu’elle nous donne de ses voies, mènent à la connaissance de ce qu’est l’Éternel qui la donna. «Tu es juste, ô Éternel ! et droit dans tes jugements» (v. 137). C’est la manière dont l’Éternel agit dans un cas donné, ou la décision morale qu’il exprime à ce sujet. Il a commandé la justice de ses témoignages et la fidélité (v. 138). C’est ce qui les caractérise. Le mépris des paroles de l’Éternel avait excité le zèle du fidèle, de manière à le dévorer (v. 139) ; il devenait comme un combattant sérieux en collision avec le mal dans sa puissance, comme Christ dans le temple. Mais quel que soit le mal autour de lui, il y a un repos et une consolation pour le coeur, lorsque la parole de Dieu est connue et aimée. «Ta Parole est bien affinée» (v. 140) ; plus vous la mettez à l’épreuve, plus elle se montre être la pureté même ; le coeur l’aime comme son refuge et sa joie. Elle donne de la grandeur et du courage à l’âme. Il se peut qu’on soit petit et méprisé, cependant on à le courage de garder les préceptes de Dieu, en dépit de la puissance du monde ou de son mépris (v. 141), car ce sont les paroles de Dieu — ce que Dieu est lorsqu’il juge le mal et le bien ; il est éternel. Sa justice est à toujours, et sa loi, vérité (v. 142).

Il n’est pas question ici de la vérité qui vint avec la grâce par Jésus Christ. Mais en présence de toutes les choses de la terre, qui ne sont que mensonge, la loi est la vérité, la vraie religion, la pensée de Dieu sur toute chose, en contraste avec les pensées de l’homme et tout ce qu’il prétend être. Et Dieu établira à jamais son jugement révélé dans la loi (cf. Ésaïe 42:3). La loi n’est pas la révélation absolue de Dieu, tel qu’Il est ; nous avons cette révélation en Christ. Mais elle est la révélation du jugement de Dieu quant à l’homme, quant au bien et au mal ; ce jugement sera établi à toujours. Le jugement exécuté sera ratifié. Ceux qui ont péché contre la loi seront jugés par la loi ; exactement comme ceux qui auront entendu la parole de Christ, seront jugés par elle. La puissance du mal jettera la tribulation sur le résidu ; mais il aura pour consolation les commandements qui seront pour lui les délices de l’homme intérieur. Il en est de même pour nous dans toutes les afflictions, au mauvais jour, et cela d’une manière plus élevée. Maintenant il en arrive au point que nous avons déjà touché : «La justice de tes témoignages est à toujours» (v. 144). Ils viennent de Dieu, ils sont sa volonté et sa pensée à l’égard de l’homme ; et celles-ci seront établies à toujours. Ce que le croyant doit rechercher, c’est de l’intelligence. Alors il vivra, guidé dans le chemin où l’on trouve la vie, où on la trouve, alors même que les méchants sont retranchés ; et jamais ici-bas autant qu’alors. Ceci est vrai du gouvernement de Dieu envers nous et même de Christ : «Comme moi j’ai gardé les commandements de mon Père, et je demeure dans son amour» (Jean 15:10). Quant à la vie, elle était en Lui, mais nous l’avons par Lui, ainsi que tous ceux qui vivent ; mais cela ne fut mis en lumière que par l’Évangile. Ce qui était présenté alors comme le chemin gouvernemental de la vie et le sera littéralement aussi à la fin, est le chemin gouvernemental de bénédiction pour nous ici-bas.

2.13.19   Versets 145-152

Ici l’âme exprime à Dieu le sentiment de sa dépendance. Ceci est un point important. Nous sommes dépendants, nous savons que nous le sommes, mais nous restons ainsi sans chercher du secours. Cela montre véritablement un manque d’intérêt à ce pour quoi nous sommes dépendants, et un manque de confiance en l’amour fidèle de Dieu. S’il en était autrement, nous crierions à Lui. «Si tu connaissais le don de Dieu et... celui qui te dit : Donne-moi à boire, toi, tu lui eusses demandé, et il t’eût donné» (Jean 4:10). Ici, il crie de tout son coeur et déclare sa ferme intention d’obéir aux statuts de l’Éternel.

Ensuite il cherche la délivrance, afin que, ayant les témoignages, il puisse les garder sans empêchement et d’un coeur bien disposé (v. 146). Il y avait du zèle dans ce cri, car le coeur dirigé par la Parole avait confiance en elle, — cependant le zèle ne s’applique pas seulement à la délivrance, mais aussi au désir de méditer la parole même de l’Éternel. Certainement la délivrance était recherchée, mais la Parole elle-même était aimée. Tout cela se lie nécessairement dans l’âme. La délivrance, c’est d’être avec Dieu à l’abri de ceux qui transgressent sa loi, des oppresseurs rebelles. La méditation de la loi (c’est aussi être avec Dieu), et la Parole qui nous donne espérance, ce sont les témoignages dont nous faisons nos délices. De plus, le fidèle dans la détresse s’attendait avec sincérité de coeur à ce que l’Éternel le fît revivre selon sa bonté, — il en est ainsi pour nous et il en fut ainsi de Christ, — mais avec le désir que l’oeuvre de la puissance fût accomplie en lui ; il s’attendait à recevoir la vie selon la pensée de Dieu (c’est-à-dire avec une nature et des désirs conformes à la pensée de Dieu. Le fidèle ne parle point comme étant mort, mais il parle d’une vivification morale). Nous savons qu’il nous faut une vie nouvelle.

Le sentiment de la puissance actuelle du mal pesait sur l’âme du fidèle. L’Éternel seul était le refuge où il pût se retirer. Ceci est très beau, la seule vraie ressource qui repose sur un principe parfait. «J’ai attendu patiemment l’Éternel» (Ps. 40:1). C’est une soumission parfaite à sa volonté ; aucune délivrance n’est recherchée avant que sa volonté, ne la donne ; mais la foi savait que l’Éternel était près, et que le chemin était uni. Tous ses commandements étaient le seul chemin véritable de sécurité, le seul chemin selon Dieu. Les témoignages de l’Éternel étaient fondés pour toujours (v. 152) ; ils ne pouvaient changer et seront justifiés. Seulement, il faut que Dieu intervienne, et telle est ici la demande et le cri de l’âme. Ces versets sont un appel à être délivré. Pour être véritable et venir de Dieu, cette délivrance doit être selon sa Parole, elle doit confirmer à jamais la vérité de cette Parole dans ses témoignages moraux et comme fondement de l’espérance.

2.13.20   Versets 153-160

L’âme de celui qui ouvre son coeur à Dieu est maintenant beaucoup plus en présence de ses persécuteurs et de ses ennemis, de la délivrance de Dieu et du besoin de son secours, qu’elle ne l’était au commencement. Là, en effet, le coeur avait plus en vue ce que la loi était pour lui. Il en est toujours ainsi. Christ a commencé avec la parole de bénédiction ; à la fin il est en présence des ennemis et demande la délivrance. Paul commence aussi par présenter la bénédiction, puis à la fin de sa carrière il souffre la persécution et l’abandon. Il en est toujours ainsi lorsqu’on persévère dans le bien, parce que le témoignage de Dieu sous toutes ses faces et la fidélité attirent l’opposition, et que la place de la Parole dans le monde (non dans nos propres coeurs) se fait sentir plus distinctement. Malgré cela le coeur ne ressent aucune incertitude. On a besoin de salut, c’est-à-dire de délivrance actuelle, mais ce salut est loin des méchants (v. 155). Quand il y a droiture de coeur et de marche, l’affliction est une raison pour supplier Dieu.

Avec la délivrance, l’âme demande aussi d’être vivifiée ; elle recherche la puissance pratique d’une vie selon la Parole et les jugements révélés de Dieu. On recherche la justice en liberté et en puissance, lorsqu’elle est aimée dans le coeur. On recherche la sécurité extérieure dans la Parole, mais aussi la puissance intérieure, tout en pensant aux tendres miséricordes de l’Éternel ; on cherche encore à être vivifié selon les jugements de Dieu. Le sentiment de la bonté de Dieu nous porte toujours à désirer sa volonté. Lorsque nous pensons avec délices à la pureté et a la bénédiction de la Parole, nous pensons à Sa bonté comme au moyen de nous vivifier. Sa Parole est si précieuse ! nous regardons à la grâce pour nous former complètement d’après elle. La vérité et la perpétuité caractérisent cette Parole (v. 160).

2.13.21   Versets 161-168

Dans cette partie du Psaume, l’âme va un peu plus loin. Le coeur a peur en présence de la parole de Dieu ; c’est un sentiment selon Lui (v. 161). Elle se présente avec l’autorité de Dieu ; et néanmoins il se réjouit en elle, comme un homme qui aurait trouvé un grand butin (v. 162). La connexion de ces deux choses caractérise la pleine compréhension de la Parole. Elle est de Dieu, — chose solennelle, — l’âme tremble, est-il dit, à sa Parole (És. 66:2, 5). Elle vient à nous avec une autorité divine, absolue ; mais comme elle est la parole de Dieu et que nous avons une nouvelle nature, et sommes enseignés de Dieu, nous nous réjouissons d’une manière indicible en ce qui est de Lui, en ce qui le révèle. La loi est reçue comme la vérité elle-même, c’est-à-dire comme vraie mesure de ce qui est bien, et cette mesure s’applique indifféremment à tout, soit au bien, soit au mal. Le fidèle hait et il aime ; il hait le mensonge, il aime la loi ; il n’aime pas seulement ce qui est juste, mais ce qui en est l’expression selon l’autorité de Dieu (v. 163). Tout ceci engendre la louange, parce que le coeur s’élève jusqu’à la source de toutes ces choses (v. 164).

Non seulement nous possédons ce qui est bon, mais nous l’avons de Dieu. L’âme le loue selon ses relations avec Lui. Ce sont les voies de l’Éternel avec son peuple. Mais la volonté exprimée de Dieu possède encore un autre pouvoir, lorsqu’elle est reçue réellement ; le coeur est en paix (v. 165). Il connaît une communication parfaite de Dieu dont il est satisfait, et, s’il se confie en Dieu, les circonstances ne peuvent le faire broncher, parce qu’il possède la pensée de Dieu qu’aucune circonstance ne peut affecter. Rien ne peut donc le renverser. Je possède ce qui est parfait, de la part de Dieu, j’en connais la perfection, et j’en jouis avec une nature nouvelle. Tout cela ne peut être ébranlé par rien d’extérieur.

Outre l’obéissance, nous trouvons ici un autre élément d’une marche selon Dieu. «Toutes mes voies sont devant toi» (v. 168). Cela mène naturellement à l’obéissance, mais le coeur et la conscience sont entièrement devant Dieu. C’est un principe des plus importants. Paul dit : «Nous sommes manifestés à Dieu» ; seulement il va plus loin. Il regardait au jugement final et complet des hommes, et en vue de cela il connaissait la justice de Dieu. Ce n’étaient pas seulement ses voies devant Dieu, quant à son gouvernement terrestre. Il était manifesté lui-même, comme les hommes le seraient, devant le tribunal de Christ, — qui jugera parfaitement comme Fils de l’homme, manifestant le coeur tout entier avec ses pensées les plus secrètes.

2.13.22   Versets 169-176

Lorsque les hommes se sont égarés, les cris et les supplications viennent en premier lieu, la louange et le témoignage ensuite. Cependant le cri et la supplication sont selon Dieu, lors même qu’ils sont produits par le besoin. Le croyant cherche la sagesse, l’intelligence, non pas précisément celle de la Parole elle-même, mais celle qui est selon cette Parole. C’est là cette sagesse en discernement que possèdent ceux qui sont instruits dans la parole de Dieu. Ils pénètrent clairement ce qui est devant eux. Sans doute c’est la pensée de Dieu et sa volonté qu’ils discernent, mais ils les discernent dans les circonstances. Ils ne marchent pas comme des fous, mais comme des sages. La Parole a formé leur jugement. Ensuite l’âme désire être exaucée et délivrée. Cependant la volonté révélée de Dieu reste toujours ses délices. Elle louera Dieu lorsqu’il le lui aura réellement enseigné. La reconnaissance vient en premier lieu, puisque notre part est toujours de recevoir d’abord de Dieu, ensuite nous avons la liberté d’en parler à d’autres (v. 171-172).

Ce principe est important. Aucun témoignage, aucune prédication, aucun enseignement, même lorsque le sujet en est parfaitement légitime, n’est véritablement un bon enseignement lorsque l’âme n’a pas été d’abord nourrie pour elle-même. Il nous faut boire nous-mêmes, afin que des sources d’eau vive puissent découler de nous. Toute autre chose en effet dessèche l’âme. «Afin que tes progrès soient évidents à tous», dit l’apôtre. L’enseignement n’est frais, bon, puissant que quand il a été d’abord la part de l’âme avec Dieu. Le secours de la main de Dieu (v. 173), le désir de Son salut (v. 174), n’est pas uniquement le désir d’être délivré. Si l’on ne cherche que cela, c’est chercher la délivrance par un chemin de traverse et non pas dans le chemin de Dieu. Mais lorsque le coeur vit dans les préceptes de Dieu, il ne recherche que la délivrance de Dieu.

Tel fut le Christ : «J’ai attendu patiemment l’Éternel». C’était la soumission à la volonté de Dieu. Dieu ne pouvait intervenir avant que sa volonté fût accomplie, de manière à ce que sa gloire fût établie dans son intervention — avant que ses conseils fussent accomplis et que le jugement parfait fût produit par son intervention. L’âme avait appris, quoique souvent au moyen de la souffrance, à désirer la seule délivrance selon Dieu. Là était la perfection de Christ sous ce rapport ; tel doit être aussi notre sentier dans l’intégrité de notre soumission. Alors l’âme loue Dieu, Dieu Lui-même dans ses voies, et ses ordonnances lui sont en aide (v. 175). C’est un principe de grande bénédiction et d’une grande perfection. Cependant, bien qu’il ait été amené jusque-là, ou plus exactement parce qu’il en est venu là, le peuple (et à l’occasion nous aussi) reconnaît qu’il a été «égaré comme la brebis perdue», car dans tout ce Psaume la condition du peuple est qu’ils avaient été égarés, mais qu’enfin la loi est écrite dans leurs coeurs, au moins en tant que désir. Le Résidu humble et repentant (et nous aussi, je le répète, lorsque nous nous sommes éloignés de Dieu) désire que Dieu le recherche, car il est droit de coeur, attentif à ses commandements.

Telle est la clef de tout ce Psaume : Israël s’était égaré, mais il a dans le coeur le désir et l’amour de la loi de Dieu ; sa condition et ses circonstances ne sont pas encore rétablies par la délivrance de l’Éternel, mais son coeur est rétabli, en sorte que Dieu peut intervenir, sa Parole et sa délivrance étant leur désir, et cette Parole étant le fondement de leur espérance. Dans le relèvement de toute âme, nous voyons un procédé analogue, spécialement lorsque cette âme est sous le châtiment. On ne cherche pas la consolation sans relèvement, lorsqu’on est droit de coeur. Seulement, si nous connaissons le Seigneur, nous nous tenons en Lui, comme étant notre justice. Israël ne pouvait pas parler de cela comme d’une chose établie, comme d’une position connue ; il ne s’attendait à posséder ce privilège que lorsqu’il aurait obtenu la délivrance ; la prophétie avait annoncé que l’Éternel serait leur justice. Quelque vrai, quelque miséricordieux que cela soit pour eux, notre place à nous est infiniment plus élevée.

Je termine ici ces notes courantes sur le Psaume 119, et je sens vivement combien elles sont restées au-dessous du sujet. Mais je sens aussi chaque jour davantage que, quoique cela soit vrai et puisse s’appliquer au gouvernement de nos coeurs, nous nous trouvons ici fort loin du terrain chrétien. Rien ne rend la chose plus sensible que les Psaumes. Ni le Père, ni la justice divine n’y sont connus, ni cette classe entière de sentiments précieux et saints qui en découlent pour nous. Puissions-nous nous souvenir que nous sommes des chrétiens !

 

3                    Cantiques des degrés : Psaumes 120 à 134

3.1   Psaume 120

Ces Psaumes des degrés (120-134) traitent tous des circonstances du Résidu restauré, mais non encore délivré ; nous chercherons ici à pénétrer leur portée morale. Le premier Psaume déclare l’état du Résidu et sa ressource. «À l’Éternel, en ma détresse, j’ai crié ; et il m’a répondu» (v. 1). Il parle du caractère du mal : c’est la tromperie et la puissance hostile. Il était pénible pour le coeur d’avoir toujours à les rencontrer. Mais telle était la position du fidèle ; il habitait au milieu du mal ; c’était là sa souffrance et sa détresse. Lorsqu’il cherche la paix, eux sont pour la guerre. C’est aussi l’esprit et le caractère du chrétien au milieu de la puissance du mal, qui se montre telle lorsqu’elle est provoquée par la présence du bien. Cependant le jugement tombera sur la langue trompeuse. Ce Psaume est la simple expression de l’affliction d’une âme qui aime la paix, qui la procure et se trouve en présence de la tromperie inique de l’homme. Sa ressource est d’en appeler à Dieu, qui entend.

 

3.2   Psaume 121

Où l’âme doit-elle se tourner ? vers les montagnes ? (comp. Jér 3:23). Le secours se trouvera dans le Seigneur. Mon secours est en l’Éternel, et l’Éternel me gardera sûrement ; il ne sommeille ni ne dort. La pensée capitale est celle-ci : Éloigne de moi toute espérance fausse et vaine, et place devant moi le seul véritable objet et la seule vraie ressource sur laquelle on puisse compter, afin de tenir tout mal à l’écart. Seulement nous devons remarquer que l’application littérale de ce Psaume ne peut être faite maintenant. Christ a été compté parmi les transgresseurs, et nous devons poursuivre notre route sans attendre une délivrance absolue ; cependant nous sommes assurés que tous les cheveux de notre tête sont comptés. Dieu ne retire pas maintenant ses yeux de dessus le juste, mais, en somme, nous ne nous attendons pas à être réservés pour cette terre, comme le Juif le sera de droit s’il marche dans le sentier de la fidélité. Cependant notre Père veille sur nous avec une vigilance incessante. Nous pouvons reposer en paix sous l’ombre de ses ailes. L’instruction que nous pouvons tirer de ce Psaume est que, au milieu de tout mal, nous devons regarder seulement au Seigneur.

 

3.3   Psaume 122

La maison de Dieu, c’est-à-dire sa présence et son adoration dans le lieu de son repos, est notre désir (pour nous c’est le ciel). Mais l’amour pour ce lieu où Dieu habite est accompagné du sentiment que sa présence et l’adoration des saints sont liées ensemble en bénédiction. Cette demeure nous est chère, non seulement pour l’amour du Seigneur, centre de tout, mais pour l’amour de tous les saints, de nos frères et de nos compagnons. Ce n’est pas notre premier objet, mais c’est le premier cercle autour du vrai centre, c’est l’amour pour tous les saints. Nous aimons le ciel, mais nous l’aimons parce qu’il est la demeure de Celui avec qui nous avons à faire — c’est la maison de notre Père. Si le ciel m’est cher, c’est précisément parce qu’Il y habite. Nous désirons même le bien de l’Église maintenant, pour la même raison. Nous prenons notre place dans les lieux célestes ; ils sont glorieux et saints, et nous en jouissons ; mais la maison de Dieu en est le centre pour nos coeurs.

 

3.4   Psaume 123

Le coeur s’attend à Dieu pour la délivrance. Ainsi en est-il de nous. Nous sommes oppressés par la présence de la puissance du mal. Nous nous attendons continuellement à Dieu pour qu’il envoie le Sauveur bien-aimé qui ôtera tout ce mal. Le mépris des orgueilleux cessera, et tout sera complètement changé pour le repos de nos âmes.

 

3.5   Psaume 124

Dieu seul garde son peuple. Le grand point de tous ces Psaumes est de regarder à Lui seul. Et c’est là notre portion tout le long du chemin, et tout particulièrement dans ces derniers jours. Tous les autres refuges donneront, d’une manière ou de l’autre, une direction fausse à l’âme, l’entraîneront dans un faux chemin, la rendront moins sainte dans ses motifs, moins pure et moins sage dans sa marche. Dieu peut faire usage de chaque chose, parce que son motif pour nous bénir est toujours en Lui-même et qu’il dispose de toutes choses ; tandis que nous sommes formés dans nos coeurs par les objets que nous avons devant les yeux, et que nous nous conformons nécessairement à ce que nous avons pris pour appui.

 

3.6   Psaume 125

Or la confiance dans le Seigneur est parfaitement sûre. Une main divine et puissante nous garantit. Nous savons, d’après plusieurs passages de l’Écriture, que le Seigneur peut trouver bon de nous laisser souffrir, mais pas un cheveu de notre tête ne périra. Quand son temps sera venu, le bâton de la méchanceté ne reposera pas sur le lot des justes. Il peut nous laisser souffrir pour notre Dieu ou pour l’amour de son Nom ; mais, même alors, ce n’est pas selon la volonté et la puissance du méchant, mais selon sa propre volonté. Seulement cela suppose que l’on marche dans ses voies.

 

3.7   Psaume 126

Nous trouvons ici une restauration partielle qui nous fait espérer la pleine bénédiction. Dieu peut avoir délivré l’âme de l’éloignement et de l’affliction des jours mauvais, où elle s’était égarée et détournée, sans cependant qu’il l’ait tout à fait restaurée. Dieu intervient en bonté lorsqu’il y a repentance, nous encourage, nous apporte des bénédictions que nous n’aurions jamais osé espérer, rétablit l’âme dans le lieu de la bénédiction et manifeste sa faveur dans une certaine mesure, de manière à ce que nous sentions avec grande joie qu’Il est pour nous. Cependant ce n’est point le courant paisible de sa faveur, en communion avec lui, comme s’il n’y avait rien que sa faveur, goûtée naturellement dans la place où nous sommes. Il en fut ainsi de Jacob à Péniel ; Dieu le bénit, mais ne voulut point révéler son Nom — il bénissait, sans se révéler Lui-même. L’âme reçoit cette bénédiction de Dieu, et, dans cette mesure, trouve sa faveur ; mais ce n’est pas la communion ; elle ne reçoit pas non plus la communication de ce qu’Il est, de manière à être capable, étant envoyée de sa part dans ce monde, d’y être un de ses témoins. C’est là notre véritable place. Sans aucun doute, c’est une grande grâce d’être bénis et restaurés lorsque nous nous étions éloignés de lui, mais notre lot est d’être paisiblement en communion, là où Dieu nous a placés, avec Lui-même, étant ainsi des vaisseaux de sa révélation de Lui-même à d’autres hommes. Notre Psaume exprime cela sous une forme juive.

Mais il y a encore un autre principe. Dans un monde où règne la puissance du mal, le temps des semailles, pendant lequel, en possession de la Parole, nous combattons le mal, est un temps de larmes. «Je leur ai donné ta Parole et le monde les a haïs» (Jean 17:14). Le christianisme a été semé dans les larmes du Fils de Dieu. C’est le fruit du travail de son âme qu’il verra en ce jour-là. Ainsi, dans chaque service (et nous devons nous y attendre) où il doit y avoir une bénédiction réelle, nous rencontrerons la tristesse produite par l’opposition du monde, et même dans l’Église, l’affliction plus grande encore des épreuves, des manquements et des fautes, là où nous voudrions voir Christ pleinement représenté. Mais, en allant en avant avec la précieuse Parole, nous pouvons être certains de rapporter nos gerbes.

 

3.8   Psaume 127

Ce Psaume nous dit que Dieu seul donne l’accroissement. Tout travail, toute fatigue, sont inutiles à moins que Dieu Lui-même ne soit là pour agir et bénir ; comme le peuple avait dit de Jonathan : «Il a opéré avec Dieu aujourd’hui». Ainsi les efforts diligents des méchants n’aboutissent à rien et, béni soit son Nom, il donne le repos et la paix à ses bien-aimés sans la fatigue et le travail par lesquels les hommes de ce monde cherchent en vain la paix et le repos.

 

3.9   Psaume 128

Mais si la bénédiction du Seigneur seule peut nous garder ou nous donner le succès, ceux qui craignent l’Éternel peuvent compter sur elle. Cela n’exclut pas la persécution, ni la discipline et l’exercice de la foi ; mais lorsque nous marchons dans la crainte de Dieu, même dans ces épreuves, nous sommes dans le chemin de la paix. «Qui est-ce qui vous fera du mal, si vous êtes devenus les imitateurs de celui qui est bon ?» (1 Pierre 3:13). Cela ne signifie pas que nous aurons une prospérité qui consiste à satisfaire nos convoitises, mais la jouissance paisible ici-bas de la faveur divine. Mais il y a une joie au-dessus de toutes les autres, — et ce Psaume en parle comme étant alors le fruit de la piété, — c’est de voir le peuple de Dieu et son habitation dans la prospérité et dans la paix, bénis de Dieu d’une manière manifeste. C’est, pour ce monde, le désir le plus élevé, le plus constant du coeur. La bénédiction découlera sur nous de l’habitation de Dieu, qui est le lieu de la foi sur la terre, avant que le temple final de gloire soit bâti et que nous voyions la bénédiction reposer sur lui.

Les détails naturellement en sont juifs ; ils présentent des bénédictions extérieures, la promesse d’une bénédiction finale qui remplacera la tribulation ; et la foi s’appuie sur cette promesse aux jours mauvais et dans le temps de la détresse. Heureux d’en recevoir quelque anticipation maintenant dans l’Église de Dieu (car ce détail de la demeure de Dieu s’applique maintenant à l’Église), nous savons que la paix sera parfaite lorsque Dieu aura accompli ses conseils. Nous regardons d’avance à cette paix, et nous sommes certains de l’atteindre, car il veut la bénédiction de l’Église. Sion est le lieu de la foi ; ce n’est pas le temple de Morija, mais c’est là où David a placé l’arche lorsqu’il l’eut ramenée. Le Seigneur est reconnu là. Ainsi en est-il de nous ; nous avons déjà la bénédiction au lieu où la grâce se déploie en puissance ; nous aurons un repos parfait.

 

3.10                   Psaume 129

L’âme regarde en arrière et découvre les voies fidèles de Dieu tout le long de la route — précieuse pensée ! Combien il est doux de se retourner, pour voir, pendant que nous étions obligés de marcher par la foi et lorsqu’il nous semblait qu’Il ne regardait pas, qu’au contraire l’oeil du Seigneur veillait sans cesse sur nous et ordonnait toutes choses ! C’est l’intégrité qui nous rend capables de faire cela. Il est vrai que celui qui pouvait dire : «Les jours des années de mon pèlerinage ont été courts et mauvais» (Gen. 47:9), put aussi dire : «L’ange qui m’a délivré de tout mal» (48:16). Et il est précieux de voir sa fidélité, même lorsque nous avons manqué, lorsque notre injustice recommande la justice de Dieu. Cependant c’est encore autre chose, quand, dans le sentier de Dieu, à travers des difficultés et des épreuves (peut-être aussi des doutes et des craintes quant à la réussite de notre service et de nos efforts pour faire valoir ce qui nous a été confié), nous pouvons reconnaître partout la bonne main de Dieu. Ici le chagrin et l’épreuve sont considérés comme étant l’hostilité des ennemis de Dieu contre son peuple, mais leur inimitié est déjouée. Dieu, même en châtiant, s’est montré fidèle, et maintenant il manifeste sa justice, sa fidélité à ses propres voies et à ses promesses. Il répond à l’attente et à la confiance qu’il a Lui-même produites. Il a coupé les cordes des méchants. Nous aussi, nous pouvons nous y attendre. Il châtie, si cela est nécessaire, quoiqu’il n’afflige pas volontiers ; mais il répondra à l’attente de la foi ; il veut délivrer, il veut bénir, et l’attente des orgueilleux sera comme l’herbe des toits.

 

3.11                   Psaume 130

Le Psaume précédent considère l’affliction et les souffrances de ceux qui sont au Seigneur, et le plaisir des méchants à les opprimer ; ce Psaume-ci parle du châtiment et du mal, auxquels j’ai fait allusion en commentant le Psaume 129. Ce qui caractérise ici les souffrances de l’âme, ce n’est pas l’oppression du méchant, mais la conscience du péché devant Dieu. L’oppression est injuste, elle est le plaisir du méchant ; mais, bien qu’après avoir été restaurés nous puissions reconnaître cela, cependant notre relèvement vient de Dieu quand nous regardons à sa miséricorde. Malgré ce que nous avons mérité, et tout en le reconnaissant, nous attendons sa délivrance avec des coeurs qui ont le sentiment de leur péché. Car ici ce n’est pas le pardon dans le sens de justification, quoiqu’il s’y rattache, mais en gouvernement. Il est question d’un Dieu qui prend garde à l’iniquité, et il ne s’agit pas de l’oppression, quoique cette dernière soit la verge extérieure de la main de Dieu qui amène l’âme à reconnaître son péché. Mais elle invoque le Seigneur. Ce n’est pas à l’oppresseur qu’elle s’adresse pour obtenir du relâche ; car ce serait le caractère de l’apostasie, d’accepter la puissance du mal, de faire un compromis avec elle. L’âme est dans les lieux profonds, mais intègre ; elle en attribue la cause à son péché ; elle crie au Seigneur par la foi, comme à Celui qui pardonne ; elle s’attend à ce que le Seigneur intervienne lorsqu’il Lui plaira, en sorte que sa délivrance aussi bien que sa faveur soient justes, et elle se confie en sa Parole. «Israël, attends-toi à l’Éternel» (v. 7), telle est sa conclusion, et cela glorifie son caractère comme étant au-dessus du mal, et le glorifie Lui-même comme étant bon ; et tant que la délivrance n’a pas ce caractère on ne la recherche pas. «Auprès de l’Éternel est la bonté, et il y a rédemption en abondance auprès de lui» : miséricorde pour l’âme qui a péché, et rédemption en abondance. Ainsi la vérité est dans l’homme intérieur, le véritable caractère de Dieu est connu, ainsi que sa puissance active en complète délivrance. Combien cela ne vaut-il pas mieux que de faire un compromis avec le mal !

 

3.12                   Psaume 131

Ce Psaume nous donne un autre caractère de l’âme restaurée ; elle est en règle avec Dieu. Elle ne s’enfle point, elle ne raisonne pas. Elle marche humblement comme un enfant sevré et attend la délivrance : elle s’attend à l’Éternel. L’activité de l’esprit quant à ce qui devrait être, et pour arranger les choses qui sont en réalité dans la main de Dieu, ne peut aller de pair avec la vraie espérance en Lui, dans l’humilité de coeur. Or c’est là souvent une grande épreuve pour notre foi, lorsque nous sommes témoins de la puissance du mal.

 

3.13                   Psaume 132

Ce Psaume est important, car il nous montre la position qu’occupent tous ces Psaumes des degrés. Nous avons ici, en effet, la maison, comme dans les Ps. 122 et 127, dont le premier semble se rapporter au temple, sans que, selon moi, il soit encore accepté et construit par Dieu, comme le fait voir le Psaume 127. Le Résidu se réjouit à la pensée d’aller à la maison et à Jérusalem, et orne cette maison des pensées de la foi, mais le Seigneur ne l’a pas encore bâtie. Tous les chants des degrés sont l’expression des pensées et des sentiments des saints entre leur restauration extérieure, lorsque «la fleur devient un raisin vert qui mûrit» (Ésaïe 18), et l’entière restauration pour la jouissance des bénédictions du Seigneur, lorsque leurs ennemis auront été retranchés par le jugement. C’est la position du Résidu, telle qu’Ésaïe 18 la décrit : mais nous avons en outre Sion et David — l’intervention de la puissance en grâce, liant les coeurs du Résidu avec l’Éternel, comme une chose présente, et donnant le témoignage actuel que sa miséricorde demeure à toujours. Car David plaça l’arche sur le mont de Sion, et fit chanter ce cantique pour la première fois, lorsque l’arche eut été délivrée de la main des Philistins et rapportée de la maison d’Obed-Édom. Israël responsable avait failli, et Dieu avait livré à la captivité sa force, et sa magnificence en la main de l’ennemi (Ps. 78:61). Enfin l’arche fut ramenée, et la grâce souveraine, pour l’amour de son Nom (premièrement par un prophète, et ensuite réellement par la puissance en grâce, par un roi), agit alors en faveur d’Israël et donna un nouveau lien, un nouveau fondement de relation, par la présence de l’arche sur le mont de Sion. Ce n’était pas le temple, le lieu de paix et de prospérités assurées, mais c’était une relation avec Dieu renouvelée pour la foi, David en étant le centre. Le fils de David, le vrai Salomon, devait donner plus tard la pleine bénédiction ; car, après tout, ce n’est pas David qui bâtit la maison. Ici donc le lieu du repos est dans le coeur et en espérance, et ce que nous avons, c’est la personne sur laquelle la bénédiction est fondée (comp. 2 Sam. 7 et 1 Chron. 17).

David nous est présenté comme la véritable racine des dispensations, comme caractérisant la bénédiction dans sa personne, mais la maison de Dieu est le sujet principal : des demeures pour le Puissant de Jacob. Il ne s’agit donc pas non plus des bénédictions du désert. Ce n’est pas : «Lève-toi, ô Éternel, et que tes ennemis soient dispersés», et : «Reviens, ô Éternel, aux dix mille milliers d’Israël» (Nomb. 10:35-36) ; mais c’est : «Lève-toi, Éternel ! pour entrer dans ton repos, toi et l’arche de ta force !» (v. 8). C’est Sion qui est le repos de Dieu à perpétuité. C’est elle qu’il a choisie ; là il fera germer la corne de David. La personne du fils de David, la grâce royale en Sion, voilà ce qui caractérise la bénédiction. Quelle que soit la maison qui est bâtie, c’est David et ses afflictions qui sont rappelés, non pas Salomon, le fils typique de David, et sa maison. En réalité la foi de Salomon fut, personnellement, en tout point inférieure. Il alla à Gabaon, non pas à Sion ; au tabernacle vide, et non pas à l’arche, si ce n’est plus tard. Le coeur de David était attaché à la maison, et il devait en être ainsi. Mais Dieu bâtit une maison à David, comme il le lui dit. C’est la grâce personnelle de Christ qui est le centre de tout, et la foi formait le véritable lien avec Dieu, alors que la bénédiction extérieure n’était pas encore introduite en paix.

Quelle bénédiction pour le résidu d’alors ; et c’est en principe notre cas maintenant, surtout dans ces derniers jours ! Ses demeures et son marchepied sont plus que son temple. C’est pourquoi, dans l’épître aux Hébreux, le tabernacle, non pas le temple, est pris comme figure et comme ombre (mais non comme véritable image) des bénédictions de la foi. Cependant nous désirons le repos de Dieu, c’est-à-dire qu’Il se repose, et ainsi nous adorons dans sa maison.

Étudions un peu les détails de ce qui nous est présenté. La réponse de Dieu va en toutes choses au-delà de notre désir. Il y a trois requêtes. La première est que l’Éternel entre dans son repos, et que ses sacrificateurs soient revêtus de justice. C’est ce qui convient pour eux ; c’est le désir du juste. «L’Éternel juste aime la justice ; sa face regarde l’homme droit» (Ps. 11:7). Combien souvent ils avaient été le contraire ! La seconde requête est que la faveur et la bénédiction de l’Éternel puissent être telles que les saints chantent de joie. La troisième est que, à cause de David, l’Éternel ne repousse pas la face de son Oint. Quant à David, il y a une promesse positive et une promesse conditionnelle. Puis voici la réponse : Sion sera son repos à perpétuité ; il l’a désirée et choisie ; ses sacrificateurs seront revêtus de salut, et ses saints exulteront en chantant de joie. La corne de David germera ; sa couronne fleurira sur lui, le vrai David, le Fils de David, le Bien-aimé !

Et maintenant remarquez les principes. Les afflictions de la foi sont le vrai chemin de la bénédiction. Un lieu de repos pour Dieu, voilà le désir de la nouvelle nature ; car le péché, le désordre seulement, a troublé ce repos ; et remarquez que c’est le repos qui a sa place dans ses relations avec ses créatures, car il se repose toujours en Lui-même ; mais il doit se reposer en sainteté et en amour, dans l’état des créatures avec lesquelles il a affaire, et qui sera alors selon ses intentions, selon son amour. Voilà ce que le coeur désire. C’est le repos de Dieu, et le coeur ne se reposera qu’alors. Mais ce repos a un caractère différent, selon la manière dont Dieu s’est révélé en Israël : c’est l’accomplissement de l’alliance promise et la gloire gouvernementale ; pour nous, c’est la maison de notre Père, le repos de Dieu selon sa propre nature, saints et irrépréhensibles devant lui en amour, et en gloire. Cela a lieu dans le Bien-aimé, le vrai David, l’Oint, le Christ ; assurant la bénédiction en Lui, avec Lui, et comme Lui, et lui donnant son vrai caractère.

Remarquez, toutefois, que la simplicité de la foi, sa propre énergie, ne s’appuyant point sur le passé qui est ruiné ou qui doit être oublié, mais sur ce qui est devant nous comme objet de la foi, sur notre entière dépendance, sur la conduite divine, — cette simplicité de foi, opérée par Dieu lui-même, nous conduit dans le lieu que Dieu a choisi et désiré. David conduisit l’arche en Sion, mais Dieu avait choisi Sion, l’avait désirée pour être son habitation. En nous, cela est identifié avec la nouvelle création, étant faits participants de la nature divine. C’est en elle que la foi vit, agit et juge ; elle est dans le croyant une nature nouvelle, vivant de Christ comme de son objet et de sa nourriture, et elle apprend à connaître en Lui le lieu du repos de Dieu. Car David et Sion sont réellement identifiés, chacun à sa manière, l’un avec l’autre. Ainsi donc notre nouvelle nature, le désir de Dieu, l’élection de Dieu, le repos de Dieu et Christ Lui-même, tous coïncident.

Mais le lieu de la gloire de Christ, qui est le repos de Dieu, où il demeure, Dieu le reconnaît comme Lui appartenant pour toujours : «C’est ici mon repos à perpétuité», et la foi regarde toutes choses comme liées à ce repos : les sacrificateurs de Dieu, les saints de Dieu, — «tes sacrificateurs, tes saints». Mais Dieu, de son côté, prenant Christ pour lieu de repos de sa gloire, et contemplant Sion, le lieu de sa demeure, de son repos, de son habitation (pour nous c’est l’Église qui est son habitation, son tabernacle, la nouvelle Jérusalem, la sainte cité), Dieu, dis-je, s’étant ainsi associé avec elle (comp. Éphés. 3:21 ; Apoc. 21:3), regarde les sacrificateurs et les saints comme les sacrificateurs et les saints de Sion, montrant ainsi tout spécialement ses délices en elle, son identification avec elle. Ses sacrificateurs et ses saints sont aussi en Sion ; ils appartiennent à Sion. Alors c’est Lui qui établira la gloire de la corne de David, la gloire de la puissance de son Bien-aimé et son règne. Or le sujet du Psaume (David en étant le fondement, sa gloire éternelle le résultat) c’est Sion — pour nous l’Église, la Jérusalem céleste. C’est là son repos, sa demeure éternelle, son désir, le lieu qu’il a choisi. Et s’il glorifie pleinement son Oint, ainsi qu’il veut et doit le faire, c’est là qu’il le fera. Quoique son Nom fleurisse en Lui-même (car sa personne doit être le fondement et le centre de la gloire), cependant ce Nom demeurera dans la cité de la grâce et de la gloire. Les sacrificateurs, les saints de Sion, auront le salut et une abondance de joie. On ne pourrait dire de Sion : son David et son Christ, — ce serait hors de place ; mais la dignité de Christ est notre gloire personnelle ; cette dignité demeure là, dans le lieu auquel elle est associée ; et tout le reste peut être considéré comme appartenant à ce lieu. La gloire est à Lui, le lieu de cette gloire est la cité choisie de Dieu — pour nous c’est l’Église, la Jérusalem céleste.

 

3.14                   Psaume 133

Ici encore nous trouvons la bénédiction et l’unité, mais d’après l’analogie d’Aaron ; le bord de ses vêtements a part à l’onction de la tête, et un seul Esprit produit l’unité, selon laquelle (Éphés. 4:3) les saints doivent demeurer ensemble. La bénédiction aussi se trouve là. La rosée abondante de Hermon, c’est-à-dire abondante comme sur la montagne de Hermon, descend sur la montagne de Sion. Cette communion est riche en bénédictions d’en haut, comme le rafraîchissement désiré d’une rosée abondante tombe sur les collines éternelles ; car l’Éternel a commandé la bénédiction en Sion. L’onction du Seigneur, le Saint Esprit, et le rafraîchissement abondant des bénédictions célestes, accompagneront l’unité d’Israël en Sion. Combien cela a été plus profondément réalisé pour l’Église, lorsque l’onction du Saint Esprit et sa pleine administration de grâce, par la Parole qui révélait les choses célestes, ont enrichi et rendu précieuse l’unité en Christ, que cet Esprit avait formée ! Hélas ! où est-elle maintenant ? Cependant elle reste notre privilège.

 

3.15                   Psaume 134

Ces Psaumes des degrés se terminent par un appel à bénir l’Éternel. C’est dans le lieu saint que les saints doivent adorer. D’autre part, la bénédiction est prononcée de Sion sur celui qui a traversé l’affliction et l’a supportée. Ce sont les bénédictions de Melchisédec, seulement elles sont dans le lieu saint de l’Éternel, et sortent de Sion où sa grâce a établi la puissance pour bénir. Ce Psaume est l’expression complète, et comme le couronnement de ceux qui précèdent ; on y trouve ces deux points : les fidèles capables de bénir l’Éternel dans son propre sanctuaire, et l’homme pieux béni de Sion, désolée depuis si longtemps, mais où l’Éternel demeure désormais. La cité sur laquelle Jésus a pu pleurer, dont les serviteurs de l’Éternel n’ont pas oublié la poussière, est maintenant le siège du sanctuaire de l’Éternel, et, qui plus est, le siège de sa présence. Pour nous, cela ne sera accompli en plénitude que lorsque nous serons dans la maison du Père. Mais alors, quoique la louange sans doute retentisse sans cesse, nous n’aurons pas besoin de faire appel à d’autres pour adorer. Nous sommes rois et sacrificateurs, et, comme tels, en effet, nous bénissons maintenant en Esprit ; bien plus encore, comme de chers enfants, saints et bien-aimés. C’est dans le lieu très saint, où le sacrificateur juif ne pouvait pas entrer pour adorer, même en figure, que nous sommes en réalité, et que nous bénissons Celui dans la présence et la lumière duquel nous nous trouvons. Nous ne pourrons donc pas dire «durant les nuits», car «il n’y aura plus de nuit» ; mais, ici-bas, nous louons maintenant en Esprit disant : «La nuit est fort avancée». Et, quant à nos âmes, «les ténèbres s’en vont, et la vraie lumière luit déjà».

Mais c’est dans les lieux saints que nous bénissons, dans la propre présence de Dieu, et par conséquent dans le ciel. Nous pouvons bien dire qu’il nous a fait entrer en un lieu spacieux (Ps. 66:12). Et, tandis qu’alors sur la terre ce sera l’Éternel, le Créateur, qui bénira du lieu choisi de la grâce en puissance, pour nous, maintenant, c’est Celui qui donne la vie éternelle et dans la connaissance duquel nous la possédons, qui nous bénit, comme introduits, en possession de cette vie, dans le lieu même où elle est connue sans nuages, et où ce qu’Il est comme puissance et source de cette vie est pleinement manifesté. Connaître le Père et Jésus Christ qu’Il a envoyé, c’est la. vie éternelle. Le Père a la vie en Lui-même et, dans le Fils, l’homme ici-bas possède la vie. Il était la vie avec le Père avant que le monde fût. Nous l’avons en Lui, et là-haut, en accord avec cette vie, avec ce dont elle jouit, nous posséderons en Dieu la plénitude de ce qui fait nos délices, comme un être saint jouit de la sainteté, comme un être aimant jouit de l’amour. Il est pour nous le Dieu de l’amour rédempteur, le Père et le Fils, non pas simplement le Créateur du ciel et de la terre. Telle est notre place. Nous en jouissons maintenant par l’Esprit Saint, mais seulement dans des vases de terre. Toutefois nous sommes appelés à être «saints et irrépréhensibles devant lui en amour», enfants du Père, et notre communion est avec le Père et avec son Fils Jésus Christ. L’accomplissement des promesses en grâce est une grande chose, la jouissance de la communion est une chose plus grande encore. Les Psaumes des degrés sont la marche d’Israël en avant dans le pays, hors de l’affliction, et par l’affliction, jusqu’à la pleine bénédiction en Sion qui en est le couronnement et le résultat, l’Éternel habitant là.

 

4                    Psaumes 135 à 145

4.1   Psaume 135

Ce Psaume nous décrit moins la louange des sacrificateurs que la louange plus générale d’Israël ; c’est pourquoi aussi il nous parle de la place occupée par le peuple devant Dieu. Ils sont dans les parvis de Dieu comme son peuple, le louant, car il est bon, et c’est une chose agréable. Nous le louons comme sacrificateurs dans le sanctuaire. Mais nous le louons aussi sur la terre dans le sentiment de sa bonté, et cette louange est agréable. Son Nom nous est connu, c’est-à-dire la révélation qu’il a donnée de Lui-même, de manière à se faire connaître à nous. Mais il y a plus : nous chantons, comme nous faisons tout le reste, en qualité d’élus de Dieu, saints et bien-aimés — immense privilège ! Non seulement Dieu est bon, — il l’est dans sa nature — mais nous sommes les objets spéciaux de sa faveur et de ses délices, et, lorsque nous connaissons cette vérité, elle est pour nous une source immense de jouissance. Comme peuple de Dieu, nous le savons, et pour nous-mêmes comme faisant partie de ce peuple ; mais, quand nous nous en faisons l’application personnelle, nous trouvons des délices divines à savoir que nous sommes le trésor particulier de Dieu, les objets personnels de son bon plaisir, et cela, non en vertu d’une élection nationale, mais selon sa propre nature. Il est clair que cette relation est pour nous l’effet de la pure grâce de Dieu ; et c’est ce qui lui donne son prix. On reconnaît ce fait comme vrai et on s’y repose ; c’est une doctrine de l’Écriture ; c’est «la foi» (Jude 3) ; mais c’est une immense bénédiction de la réaliser dans nos relations avec Dieu. Mais nous savons, en outre, qu’Il est grand, et, quoique nous le connaissions comme Père, nous le connaissons et réalisons sa présence comme étant excessivement grand, et nos coeurs y trouvent leurs délices. Notre Seigneur est au-dessus de tout. Ceci est plus général pour nous que pour Israël qui pouvait parler d’autres dieux, mais la suprématie de Dieu et le fait qu’il est seul Dieu restent vrais pour le coeur. Il est souverain dans ses actions partout, et c’est une consolation pour nous pendant que nous traversons en faiblesse un monde de méchanceté. Il dispose de toutes choses ; il a frappé la puissance du mal et fait sortir son peuple ; il l’a amené dans un héritage céleste d’où les puissances des ténèbres ont été exclues. Ceci est vrai pour nous maintenant, comme dans Éphés. 4 et Col. 2, quoique nous ne possédions pas encore l’héritage. Nous comptons pleinement sur le résultat final, et nous l’anticipons, quoique ignorant le jour et l’heure.

Quant à Israël, cette vérité nous est présentée ici dans un passage remarquable. Au v. 13, la mention de son nom, de son mémorial qui est de génération en génération nous reporte à la promesse primitive en Exode 3:15, par laquelle Dieu se manifesta à Moïse comme Celui qui recevait Israël en grâce pour toujours. Ensuite (v. 14), nous avons la même déclaration prophétique qu’en Deut. 32:36, de ce qu’Il ferait lorsqu’Israël serait complètement tombé : il jugerait son peuple et se repentirait en faveur de ses serviteurs. Les idoles ne sont rien. C’est dans le lieu du repos royal que la louange se fait entendre, dans Jérusalem où l’Éternel demeure. Ainsi en est-il de nous. L’Église (et même le saint individuellement), sait qu’elle est l’habitation céleste de Dieu, l’Épouse, et maintenant que nous demeurons en lui et lui en nous, comme nous le savons par l’Esprit, et collectivement aussi, nous sommes édifiés ensemble pour être une habitation de Dieu par l’Esprit. Mais cette habitation est une chose nouvelle, céleste ; elle porte le caractère de ce qui est céleste, de ce qui demeure éternellement.

 

4.2   Psaume 136

Ce Psaume célèbre un principe important en rapport avec Sion, lieu de la grâce souveraine en puissance : c’est que notre partage — la louange et les actions de grâces — dépend du fait que sa bonté demeure à toujours. Icabod avait été écrit sur Israël. L’arche, où le sang devait être placé au jour des propitiations, afin qu’Israël pût se tenir devant Dieu, cette arche fut prise et même perdue quant à ce qui concernait Israël. Mais la bonté de Dieu demeure à toujours, et David, aussitôt qu’il a placé l’arche en Sion, y établit aussi ce cantique, célébrant l’Éternel, seul Dieu, le Créateur, Celui qui fait des merveilles en faveur de son peuple. Pour nous aussi sa bonté demeure à toujours. Christ et l’amour du Père gardent notre bénédiction de toutes manières et nous conservent pour elle. Mais tandis que la gloire nous attend et qu’il nous affermira jusqu’à la fin, nous possédons ce en quoi il nous affermit, c’est-à-dire la vie éternelle en qualité d’enfants de Dieu. Nous avons la vie et nous le savons ; nous ne possédons rien encore de l’héritage, mais nous en sommes assurés et nous sommes gardés en vue de l’héritage. Dans ce désert, nous avons occasion de répéter sans cesse : «Sa bonté demeure à toujours». Mais ce n’est qu’en chemin que nous pouvons le dire, parce que nous possédons la vie éternelle. Seulement, lorsqu’une âme, s’étant éloignée de Lui, a été restaurée, elle peut dire en se l’appliquant spécialement : «Sa bonté demeure à toujours».

 

4.3   Psaume 137

Il y a une double application de ce Psaume à nos âmes. Rien ne peut nous faire oublier la Jérusalem céleste, la cité dont Dieu et l’Agneau sont le temple, la cité où ils demeurent. Toute la gloire du monde n’est rien, comparée avec cette demeure céleste. Mais l’Église sur la terre, qui plus tard sera cette demeure en gloire, occupe nos coeurs. Nous la voyons désolée, ses murs renversés, ses enfants dispersés ou menés en captivité ; malgré cela le coeur du fidèle y reste attaché. La gloire extérieure et mondaine de Babylone ne peut détruire l’attachement et l’amour du coeur pour l’Église, telle que Dieu l’a fondée sur la terre. Le chrétien anticipe même avec joie le jugement de ceux qui l’ont corrompue, mais il ne peut avoir ce sentiment-là envers les individus pris isolément, — ce serait de la vengeance, — il n’est permis que quand il s’agit de la puissance du mal, considérée dans son ensemble.

 

4.4   Psaume 138

La durée éternelle de la bonté de Dieu apporte au coeur la précieuse intelligence de plusieurs autres vérités qui lui révèlent le caractère de Dieu, et lui rendent chère et certaine la Parole qui révèle ce caractère, en sorte que le fidèle est rempli de louanges. C’est un élément de toute importance ; il ne s’agit pas ici d’actions de grâces à cause d’une bénédiction, ni même de reconnaissance pour ce qu’on désire, alors que le principal courant du coeur est autre part qu’auprès de Dieu ; mais il s’agit d’avoir appris à connaître Dieu d’une telle manière que le coeur en est rempli de louanges ; et ceci a toujours lieu dans des circonstances, dans lesquelles le coeur entier le désire. Il en sera de même pour Israël au dernier jour. Cela s’apprend graduellement par le dépouillement du moi, ou en des temps de profonde affliction, lorsque le secours nous manque et qu’ainsi la propre volonté est brisée intérieurement. Il en résulte que l’âme, connaissant Dieu de cette manière, le bénit en face de toute la puissance prétentieuse de ce monde, puissance qui semblait enrichir et rendre heureux ceux qui s’appuyaient sur elle. Nous le louons de tout notre coeur, nous le louons devant les dieux (v. 1). Tout ce qui est au-dedans et tout ce qui est hors de nous, a cédé la place à Dieu, connu et révélé dans sa Parole.

La bonté et la vérité sont les grands traits par lesquels il est connu, exactement comme la grâce (mot plus étendu) et la vérité sont venues par Jésus Christ qui est la Parole vivante. C’est en Lui qu’elles sont venues et c’est en Lui que nous connaissons leur plénitude et leur perfection. Dans notre Psaume, la bonté et la vérité sont connues par l’expérience ; c’est l’amour dans la création et dans les circonstances, non pas la grâce infinie et parfaite en elle-même. Ici Dieu avait accompli sa Parole. Sa fidélité s’était magnifiée elle-même et avait montré au croyant combien il avait raison de se confier en Dieu, lorsque tout semblait contraire. Mais cela impliquait aussi sa bonté qui prend soin de nous et sa persévérance à nous aimer, malgré nos manquements. Sa Parole nous enseignait à nous confier en Lui, elle était dans sa nature un appel à cette confiance ; elle nous révélait dans ce but sa bonté envers les pécheurs, mais elle nous exhortait aussi à nous attendre à Lui, à nous confier en Lui, quoiqu’elle nous eût mis dans une position d’humiliation, éloignés en apparence de tout ce que nous désirions, et laissés en butte à la puissance du mal pour éprouver notre foi. Il en fut ainsi de Christ et de ceux qui le suivaient.

Mais voici un autre point. Le fidèle, guidé par cette Parole, et dirigé par elle dans ses pensées, cria, fut exaucé, et, avant que la réponse publique lui fût accordée en puissance, Dieu le fortifia en puissance dans son âme. Combien cela est vrai du chrétien, de Christ Lui-même ! Et nous avons ainsi l’assurance que tous, un jour, devront reconnaître cette puissance en laquelle nous nous sommes confiés au temps de l’obscurité. Nous avons eu la pensée de Dieu en suivant Jésus ; nous avons accompli la volonté de Dieu par sa puissance, avant que cette même puissance intervînt pour délivrer et pour exécuter publiquement cette volonté. Alors tout genou, forcément, se ploiera devant Celui devant lequel les nôtres se sont ployés joyeusement. Ceux qui reconnaîtront franchement sa puissance dans ce jour-là (car ce sont ceux dont il s’agit ici) loueront et béniront le nom du Seigneur.

C’est ainsi que la Parole révèle Dieu comme l’objet de la confiance du cœur ; ensuite Dieu dans sa fidélité vient effectuer tout ce qu’Il avait conduit le coeur à attendre de Lui. La Parole fait les deux choses : elle révèle Dieu, et elle place devant l’espérance ce en quoi la Parole sera accomplie. Ceci fait ressortir un autre caractère de la bonté de Dieu. Le Seigneur, quelque haut élevé qu’il soit, voit ceux qui sont en bas état. Il est trop élevé pour que l’exaltation de l’homme fasse aucune différence pour Lui ; car à qui regarde des cieux, tout paraît plat sur la terre. Mais ici-bas, il y a des choses élevées et des choses basses ; or Dieu pense à ceux qui sont en bas état. La détresse atteint le fidèle lui-même ; mais la bonté et la promesse donnent la délivrance selon la Parole. Il y a plus encore. Dieu achèvera ce qui nous concerne ; il accomplira en bénédiction en nous et pour nous — cela selon notre relation avec Lui et dans la communion avec Lui-même — ce qu’il s’est proposé de faire et ce qu’il a révélé dans sa Parole. Par dessus tout à travers toutes les difficultés et au-delà de toute limite «sa bonté demeure à toujours».

 

4.5   Psaume 139

Or cela ne peut avoir lieu sans que tout ce que nous sommes soit sondé à fond et c’est une grande grâce quand il y a confiance en Lui ; car Celui qui seul peut le faire, et qui le fait selon sa propre perfection, nous sonde pour nous purifier de tout ce qui est incompatible avec Lui-même, avec ses pensées, et par conséquent avec notre bonheur, qu’on ne trouve qu’en communion avec Lui.

Je ne crois pas que ce Psaume aille au-delà de la création, de l’oeuvre de Dieu qu’Il connaît parfaitement, quoiqu’il puisse s’y trouver une allusion bien connue à l’Église. C’est la conscience amenée à apprendre que Dieu sait parfaitement tout ce qui est en nous. Toute chose est découverte à ses yeux ; actuellement il voit tout — mais, plus encore, il sonde tout. Même offensé par nous, il est avec nous dans toutes nos voies, et cela produit du malaise. Adam innocent ne pouvait en avoir l’idée. Il n’y avait point en lui d’acte de réflexion pour juger sa conduite et, par conséquent, aucune idée de ce que Dieu avait à considérer. Il pouvait jouir et bénir. Mais là où il y a une connaissance du bien et du mal, un acte de réflexion sur ce qui se passe dans nos coeurs, l’oeil de Dieu qui en atteint tous les replis, qui connaît tout, nous inquiète, met mal à l’aise la conscience troublée. Dieu est partout, et aussi dans chaque recoin de mon coeur ; les ténèbres et la lumière n’y changent rien. Ce fait nous inquiète même maintenant dans notre état naturel ; car la crainte, la crainte morale est entrée, et fait désormais partie de notre nature. Cependant, lorsque Dieu est connu, il y a confiance, et ici l’intégrité du coeur donne confiance. Dans ce Psaume, nous ne trouvons pas la confiance paisible d’une rédemption connue, ou d’une vie dans une nature dont Christ est Lui-même la plénitude ; mais nous trouvons l’état du coeur qui donne confiance, parce que cet état est l’intégrité de la nouvelle nature. Or cette connaissance de Dieu qui sonde la conscience, est considérée ici comme résultat de la puissance créatrice.

Nous sommes l’ouvrage de ses mains. Ici nous voyons l’homme comme tel, et la terre de laquelle il a été façonné au commencement est, pour ainsi dire, le ventre qui l’a enfanté. Dieu nous a formés ; que ce soit dans le ventre de la poussière ou de notre mère il nous a tirés d’un lieu où, avant notre existence, nous n’étions rien. Ce même Dieu a toujours pensé à nous tout le long de la route, et la confiance a été acquise, une confiance qui atteint jusqu’à la connaissance et à la puissance créatrices de Dieu. S’il voit dans les ténèbres, il nous garde dans les ténèbres. Lorsque nous nous réveillons, et il en sera de même en la résurrection, nous sommes avec Lui. Il connaît nos pensées, mais il pense à nous lorsque nous ne le savons pas. Ainsi, si Dieu connaît toutes nos pensées longtemps avant que les siennes nous deviennent précieuses, l’abolition du mal est pour nous une attente certaine, comme aussi l’annonce du jugement sur les ennemis du Seigneur que nous haïssons pour cette cause.

Les chrétiens ne désirent pas la ruine des méchants comme âmes, ni Dieu non plus ; mais, en tant que méchants, ennemis du Seigneur, on désire qu’ils soient écartés par le jugement — on les abhorre comme ennemis du Seigneur et l’on se réjouit qu’ils soient retranchés pour ne plus corrompre et détruire la terre. Mais si le désir de leur jugement est selon la sainteté et la justice, non selon notre propre volonté, nous désirerons aussi que le mal en nous-mêmes soit complètement sondé et manifesté. C’est la haine du mal, lorsque nous sommes sous l’oeil d’un Dieu dont le regard pénètre toutes choses.

Mais il est excessivement beau de voir cette intégrité du coeur amené dans la pleine lumière de la présence de Dieu, devant laquelle on tremblait autrefois parce qu’elle sondait toutes choses. Maintenant ce même coeur désire être sondé et connu de Dieu, pour être débarrassé du mal qu’il hait. Remarquez encore que la simple intégrité sans Dieu ne suffit pas pour découvrir le mal. L’homme naturel, honnête, peut se servir de sa conscience, mais comme l’oeil naturel a besoin de la lumière pour sonder les objets, nous avons besoin de la présence de Celui qui est lumière. Celui qui avait gardé les commandements depuis sa jeunesse pour sa propre conscience, se retira devant ce qui sondait son coeur et ses motifs. Ainsi, même si nous désirons connaître le mal de nos coeurs, nous introduisons Dieu dans cette oeuvre, et nous le cherchons afin qu’il travaille à cet effet ; sinon, il n’y a pas d’intégrité.

 

4.6   Psaume 140

Ce Psaume enseigne, au milieu de la malice incessante et des ruses du méchant, à s’appuyer entièrement sur le Seigneur. Le fidèle ne peut rivaliser avec le monde en ruse et en complots, mais il y en a un au-dessus de tous qui connaît la fin depuis le commencement, — nous devons regarder à Lui. Considérez le caractère du peuple de Dieu en présence de cette méchanceté ; ils sont les affligés, les pauvres, les justes, les hommes droits, et ils peuvent compter sur le Seigneur contre celui qui fait le mal et contre le méchant. L’Éternel est reconnu comme leur Dieu. Ainsi nous reconnaissons Dieu pleinement comme nôtre, dans la révélation du Père et de Jésus notre Seigneur. Il est reconnu comme tel en face du monde.

 

4.7   Psaume 141

Ce Psaume désire la délivrance, mais plutôt encore la droiture du coeur au milieu de l’épreuve. Il désire d’être avec Dieu, près de lui, afin que Dieu s’approche de lui. Le coeur est avec Dieu — intègre vis-à-vis de Lui. Son premier désir n’est pas : «délivre, mais prête l’oreille à ma voix» ; afin que sa requête soit comme l’encens, l’élévation de ses mains comme l’offrande du soir. De plus il désire, et combien cela est nécessaire, que dans la calamité Dieu veuille mettre une garde à sa bouche et veiller sur la porte de ses lèvres. En principe, nous pouvons être vrais et tenir fermement le parti du Seigneur ; mais combien un seul mot impatient ou prétentieux, un mot de reproche, peut ternir le témoignage, donner prise à l’ennemi et, dans cette mesure, mettre l’âme mal avec Dieu.

Aucun point n’est plus important que celui-ci pour le fidèle. Celui qui peut tenir sa langue en bride est un homme parfait. Il prend garde de n’être en aucune façon entraîné dans les sentiers ou dans la société des méchants. Ce dont il a besoin, c’est d’être gardé dans l’intégrité. S’il est nécessaire que le juste soit battu, il s’en réjouira comme d’une huile d’onction excellente, et il honorera, comme un ami, le juste qui en agit ainsi envers lui. La grâce accompagne cela. Si les calamités tombent sur ceux qui sont extérieurement le peuple de Dieu (car c’est de ceux-là qu’il est parlé dans ce Psaume), sur ceux qui ont été les ennemis de celui qui essayait de marcher pieusement et de se garder du mal, le coeur du juste pleurera sur eux ; il ne se réjouit ni ne triomphe sur eux ; sa requête monte à Dieu pour eux. Il attend le renversement de ceux qui avaient pouvoir sur le peuple ; il les voit battus par l’ennemi en sorte que leur orgueil soit abaissé pour tout de bon, et qu’ils écoutent les paroles du juste ; et lui, il connaît la douceur de ces paroles, quelles que soient les peines qu’il traverse. La détresse était profonde, le mal dominait, mais son regard était fixé sur Dieu.

Nous trouvons encore ici que l’objet des désirs du fidèle c’est la proximité de son âme avec Dieu. «N’abandonne pas mon âme» (v. 8). C’est une marque certaine d’un coeur renouvelé. Ainsi, le brigand sur la croix ne songe pas même à ses souffrances, mais il demande à Christ de se souvenir de lui dans son royaume. C’est un tableau frappant d’intégrité de coeur, dans une âme qui, ayant été éloignée de Dieu, est moralement restaurée, bien qu’elle soif encore sous l’épreuve.

 

4.8   Psaume 142

Ici le fidèle exprime une détresse extrême ; tout refuge lui manque — aucun homme ne s’inquiète de son âme. De sa voix, il crie à l’Éternel. Comme nous l’avons vu, c’est plus que de se confier en Lui. Dieu est connu selon la révélation de Lui-même ; et ainsi nous regardons au Seigneur et à l’amour d’un Père. Mais en criant de sa voix à Dieu, il y a confession de son Nom ; le fidèle reconnaît pleinement sa dépendance et se confie dans le Seigneur. Au lieu d’être inquiet, son coeur peut s’ouvrir devant le Seigneur et lui présenter ses requêtes. C’est un signe certain de confiance lorsque nous lui communiquons nos peines — c’est une grande chose que de les laisser à Dieu. Mais ici nous trouvons une autre consolation ; le fidèle est dans le chemin de Dieu, et de là découle un sentiment d’une immense importance dans les temps d’épreuve, c’est que Dieu sait, reconnaît, et observe de son regard pour l’approuver, le chemin de l’homme fidèle. C’est une source de force et de consolation. Cela suppose de la foi ; il nous suffit de réaliser que notre chemin plaît à Dieu. L’esprit peut être accablé sous le poids de l’inimitié et de l’abandon, mais l’âme est en paix, se reposant sur l’approbation de Dieu.

 

4.9   Psaume 143

Je ne mentionne pas ici le désir du jugement, nous en avons déjà souvent parlé comme ayant trait à la dispensation judaïque. Dans ce Psaume, nous voyons une âme fléchissant sous l’angoisse, mais cependant, en principe, une âme en règle avec Dieu ; une âme châtiée pour le péché, quoique entourée d’hostilité, mais amenée à être intègre devant Dieu. Elle désire le pardon, afin de ne pas être sous le jugement de la part de Dieu et afin que Dieu soit son libérateur ; le fidèle désire cela comme appartenant de coeur à Dieu et étant son serviteur. Le coeur est brisé par l’affliction, mais se confie en Dieu et cherche Son chemin. Il transporte, pour ainsi dire, ses maux de la part de Dieu sur les adversaires, s’associant avec Dieu et demandant qu’il le reconnaisse et défende sa cause contre la puissance du mal dont Il s’était servi comme d’une verge. Nous faisons nous-mêmes cette expérience, lorsque nous avons souffert de la malignité de nos ennemis, mais par notre propre faute. Lorsque le coeur est vrai avec Dieu et qu’il s’est complètement soumis, qu’il est restauré, acceptant le châtiment de son iniquité au lieu de s’excuser, il peut alors demander à Dieu d’intervenir en sa faveur contre la méchanceté, mais ceci n’arrive que lorsqu’il a mis la gloire de Dieu au-dessus du moi. L’âme alors s’attache à la jouissance de la bonté de Dieu avec un esprit soumis et adouci, ses motifs (non pas seulement ses voies) sont purifiés, ce qui est le vrai but de la discipline, et elle trouve ainsi la puissance de la communion qui est en relation directe avec nos motifs et l’état de notre coeur.

Les liens du coeur avec Dieu sont fortifiés et, parce qu’il en est ainsi, nous cherchons sa volonté. «Ton bon Esprit», dit-il. Le coeur vit dans le sentiment de ce que l’Esprit opère en nous ; son influence sur le coeur est bonne. L’âme a trouvé où est le bien. L’accord est établi entre le coeur et les choses de l’Esprit, cet accord est senti et l’âme y trouve de vraies délices. Alors nous disons, comme au Psaume 147, que la louange est bonne ; elle est bienséante, agréable, on sent qu’elle est agréable ; agréable, parce qu’elle est juste. De plus, nous avons la conscience de la faveur divine qui repose sur nous. Mais en même temps l’âme désire en jouir là où tout sera en harmonie avec cette faveur ; là où son exercice et ses fruits seront naturels, car le fidèle est encore au milieu de la souillure des ennemis. Pour nous, cela n’aura lieu que dans le ciel. Par l’épreuve le coeur est sanctifié pour Dieu, par grâce, et confesse en intégrité qu’il ne peut pas soutenir le jugement et s’attend à la faveur et à la délivrance divines.

 

4.10                   Psaume 144

Je n’ai qu’une remarque à faire ici. Tous ces exercices nous font connaître ce qu’est l’homme et toute la portée du bien et du mal. Lorsque nous connaissons l’homme, que nous le voyons, que nous le jugeons, et qu’il est cependant délivré, nous avons alors une connaissance de toute la scène qui fait ressortir la patience de Dieu, sa bonté et ses voies, et rend toutes ces choses parfaites à nos yeux. «L’homme ressemble à la vanité» (v. 4), mais nous chantons un cantique nouveau ; heureux le peuple duquel il en est ainsi ! Nous avons naturellement une connaissance beaucoup plus profonde de toutes ces choses qui ont été établies par un seul acte à la croix, et nous nous tenons pour morts et vivants à Dieu par Celui qui est ressuscité. C’est une nouvelle création et nous sommes enfants du Père. Cependant chacun ne l’apprend pas comme Paul et, dans chaque cas particulier, il faut l’apprendre par expérience. Un esprit simple, saisi par Christ, et qui ne prend pas conseil de la chair ni du sang, l’apprend plus facilement, et marche dans la puissance de la nouvelle création, mais hélas ! combien de chrétiens aiment à être Juifs et vivent seulement pour mourir à la fin, n’apprenant la mort que de cette manière, au lieu de mourir d’abord pour vivre ensuite comme vivants à Dieu, et d’être trouvés en Christ selon la puissance de cette vie, soit qu’ils veillent, soit qu’ils dorment.

 

4.11                   Psaume 145

Ce cantique regarde en arrière et montre l’âme (car je ne parle pas ici de dispensation ; sous cet aspect c’est l’Esprit de Christ montrant ce qui se passe au millénium) racontant avec louanges et actions de grâces les oeuvres et les voies de Dieu qu’elle considère dans le passé, et célébrant la grandeur de Dieu. Dans ces voies, le caractère de Dieu s’est entièrement manifesté, et l’âme a appris cette leçon bénie et connaît ce qu’il est (voir v. 8, 9, 14-20).

C’est une grande bénédiction. Tout ce que nous avons traversé nous exerce, brise notre volonté, nous fait connaître ce que nous sommes, et, par cette préparation de nos coeurs, nous apprenons ce que Dieu est. Israël avait appris à se connaître dans le désert, mais ici les fidèles apprennent à connaître Dieu, s’ils ont des coeurs pour comprendre : premièrement ce qu’Il est, et ensuite de quelle manière il se montre tel à d’autres. Ce n’est pas seulement sa grandeur : elle a été démontrée en faisant tout concourir à ses propres fins ; mais il est plein de grâce, de bonté, rempli d’amour pour les autres et plein de compassion. Il est lent à la colère, — peut-être le coeur s’en est-il plaint quelquefois quand nous étions dans l’épreuve, mais elle nous était nécessaire, — et grand en bonté. Oui, souvent nous sommes des Jonas, quoique nous ayons, ou que nous ayons eu besoin d’autant de compassion que Ninive.

Mais que n’aurions-nous pas perdu, sans parler de nous être perdus nous-mêmes, si notre Dieu n’avait pas été tout cela ? Tel est le Dieu auquel nous avons affaire, et lorsque nous sommes délivrés, nous nous réjouissons en Lui, tel qu’Il est. Par la foi, sans doute, nous nous réjouissons qu’Il soit tel, mais il faut que nos volontés soient brisées, que nos coeurs soient intègres dans leurs désirs, leurs pensées, dans tout leur état, pour qu’ils puissent se réjouir pleinement en Dieu, qui supporte si longtemps le mal que nous haïssons et les méchants qui contrecarrent notre désir de faire le bien, désir auquel se mêle peut-être notre volonté, quand elle revêt sa forme la plus subtile. «Vous ne savez de quel esprit vous êtes animés» (Luc 9:55). «Car je ne suis pas venu afin de juger le monde, mais afin de sauver le monde» (Jean 12:47). Il était la manifestation de Dieu en amour et en long support, et nous devons marcher dans l’amour comme Lui a marché, s’offrant Lui-même à Dieu, ne cherchant en rien sa propre volonté, s’en remettant à Celui qui juge justement.

Finalement, dans la paix, nous nous réjouirons de tout notre coeur en Dieu comme tel. C’est sa nature, son caractère, d’être bon envers tous, ses compassions étant sur toutes ses oeuvres (comp. les épîtres de Pierre, l’apôtre du gouvernement de Dieu et de ses jugements, par exemple : 2 Pierre 3:9, l’épître qui applique le jugement au méchant. Il est aussi le fidèle Créateur, 1 Pierre 4:9. On voit dans ce passage, comme autre part, que les épîtres de Pierre traitent du gouvernement de Dieu comme les Psaumes, sauf qu’elles introduisent la Rédemption).

Premièrement donc, nous trouvons la compassion. Le Seigneur est occupé des besoins des hommes, de tous ceux qui tombent (c’est la faiblesse), de tous ceux qui sont courbés (c’est l’oppression). Puis, comme il dit en Jonas : «Et aussi beaucoup de bétail». C’est Lui qui prend soin de l’homme et de la bête. De plus, il y a un caractère moral et des relations dans lesquelles il a affaire avec l’homme. Il est juste en toutes ses voies, il tient compte de tout ce qui est dû à autrui et aussi à Lui-même. Il pense aux autres, car cela fait aussi partie de sa justice et il y a un dessein plein de grâce, sans aucun mal, dans ses oeuvres. Son oreille est ouverte au cri de ceux qui le cherchent. Il accomplit le souhait de ceux qui le craignent. Il garde ceux qui l’aiment ; ainsi il s’intéresse à chaque besoin et tient compte de toutes nos voies. Nous voyons donc que les exercices de nos coeurs nous amènent à le connaître.

 

5                    Psaumes 146 à 150

Les Psaumes suivants sont les alléluias d’un peuple délivré. On peut toutefois y trouver quelques principes des voies de Dieu en général, parce que Dieu dans la délivrance a montré à qui il pensait et comment il avait soin de nous.

 

5.1   Psaume 146

Nous trouvons ici cette sagesse qui consiste à se confier dans le Seigneur qui endure tout, qui vit à toujours. Ne vous confiez pas en l’homme, dit le psalmiste ; son esprit sort, tous ses desseins périssent. Il n’en est pas ainsi de Dieu. Non seulement il a la puissance mais il est fidèle, il garde la vérité à toujours. De plus sa tendre miséricorde est à l’oeuvre pour secourir les affligés. L’opprimé, celui qui a faim, les prisonniers, sont devant ses yeux, les objets de sa sollicitude et de sa puissance ; il ouvre les yeux des aveugles, relève ceux qui sont courbés. Tout cela est une consolation pour le coeur de ceux qui sont dans la souffrance, dans l’épreuve, qui sont opprimés. Mais, de plus, il aime les justes, en sorte que, quoi qu’il leur arrive, ils peuvent se confier en Lui. Il garde et affermit l’étranger dont le coeur peut souffrir loin de sa patrie, l’orphelin ou la veuve dont les soutiens naturels ont été enlevés. Le coeur du juste a une confiance assurée, le coeur de ceux qui sont courbés, de ceux qui sont privés de soutiens terrestres, a la main fidèle d’un Dieu qui a soin d’eux, parce qu’ils sont dans de telles circonstances. Voilà ce que Dieu est toujours.

 

5.2   Psaume 147

Le grand principe de tous ces Psaumes, c’est que le seul vrai Dieu, le Créateur, Celui qui prend soin de toutes les créatures, est spécialement connu comme le Dieu de son peuple, est connu comme juste, plein de compassion et de bonté, par son peuple qu’il a délivré. Ses voies et son caractère se sont manifestés à ceux qui ont été délivrés ; mais il est le Dieu d’Israël, tandis que nous disons : Notre Père, ou : Le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus Christ.

Tout ceci est largement développé dans ce Psaume ; nous y trouvons le motif pour se confier en Lui dans chaque épreuve, mais aussi pour le chercher et marcher dans la justice pratique, car il prend plaisir en ceux qui le craignent. Il est encore question d’une autre bénédiction qui appartient à son peuple, et à nous aussi, c’est-à-dire sa Parole. C’est la première des bénédictions. Il a donné sa Parole à son peuple, il n’en a pas fait de même pour les autres nations. Il y a ici une différence entre nous et Israël. En soi-même cela est vrai pour tous deux ; mais le Juif était renfermé dans son propre système. Le temple était un lieu de rassemblement pour toutes les nations, mais, même pour les Juifs, il n’y avait aucun accès jusqu’à Dieu, aucune connaissance de Lui par la révélation de Lui-même. La loi leur enseignait ce que l’homme devait être, les voies de Dieu leur enseignaient bien des leçons, s’ils voulaient les apprendre comme ils le font ici ; mais le chemin des lieux saints n’était pas manifesté, et le témoignage que Dieu est amour ne pouvait encore être publié. Ils étaient enseignés par ses voies sur la terre, mais ils ne le connaissaient pas dans le ciel ; ils ne le connaîtront pas même dans le millénium comme nous le connaissons, seulement sa grâce et sa rédemption leur seront plus claires alors ; tandis que nous le connaissons comme lumière et comme amour. Nous serons alors dans la maison du Père. C’est pourquoi, tandis que nous avons la Parole qui nous révèle Celui qui s’est sanctifié Lui-même, comme homme dans le ciel, à part du monde, nous avons aussi connu l’amour de Dieu se révélant dans la puissance de la vie éternelle. Nous connaissons le Père dans le Fils, et ainsi Dieu comme amour ; et, de plus, nous sommes en Lui et Lui en nous. Nous avons par conséquent un ministère de l’évangile, et chacun de nous est un témoin de l’amour divin et de la justice céleste.

Nous n’avons point de sacrificature ici-bas, sauf ce que nous sommes tous, mais nous entrons avec pleine liberté dans les lieux saints, notre grand Souverain Sacrificateur y étant pour toujours. La Parole est dans ce sens autre chose pour nous que pour les Juifs, quoiqu’elle soit toujours la parole de Dieu. Nous avons la Parole pour d’autres, parce qu’elle est la véritable connaissance de Dieu Lui-même en grâce, une Parole céleste.

Quelques autres éléments de sa bonté sont mentionnés dans ce Psaume, quoique le contenu général en soit le même. Il guérit ceux qui ont le coeur brisé, et il bande leurs plaies. Il n’a pas seulement de tendres compassions en grâce, mais un remède, et de plus en plus il établit sûrement, il rend fortes les barres des portes de la cité de Dieu, et bénit ses fils au milieu d’elle. Ainsi nous avons dans ce Psaume un déploiement plus complet, plus riche de la grâce. Le principe général est le même : les voies de Dieu révélant ce qu’Il est dans sa bonté et son juste gouvernement, et la connaissance de Dieu par le moyen de ses statuts et de ses jugements ; mais non pas la révélation de Lui-même et l’introduction dans sa présence tel qu’il est, ni la connaissance de son caractère de Père. C’en est plutôt le contraste (voir Éphés. 1:3-5, où nous trouvons la position du chrétien, comme aux v. 19-23, notre relation avec Christ ; comparez encore chap. 5:25-30).

 

5.3   Psaume 148

Une remarque suffira pour noter le caractère de ce Psaume. Toute la création est appelée à louer Dieu, mais avec le mot additionnel : «Il exaltera la corne de son peuple». C’est plus que la délivrance et la miséricorde. Il exaltera Israël dans la création comme le peuple de sa faveur sur la terre. Il est le sujet de louanges de ses saints, du peuple qui est près de Lui — pensée bénie ! mais bien plus encore pour nous qui serons près de Lui, sans voile, dans sa maison et en sa présence. Israël est près du Créateur comme son peuple sur la terre ; mais nous, avec Dieu notre Père dans le ciel, semblables au Seigneur Jésus, son Fils unique. Dans ce Psaume, comme dans le suivant, il n’est pas parlé de délivrance, parce qu’ils indiquent un progrès : d’abord la miséricorde et la délivrance, ainsi que la faveur divine sur le juste éprouvé au milieu de Sion, puis la corne de son peuple exaltée ; Israël, un peuple qui est près de Lui ; et maintenant viennent la joie et le triomphe.

 

5.4   Psaume 149

Dieu prend plaisir en ses bien-aimés, et ils sont son arme contre ses ennemis ; les louanges du Dieu fort sont dans leurs bouches, dans leurs mains une épée à deux tranchants, pour exécuter le jugement qui est écrit. Nous voyons aussitôt que nous sommes sur le terrain juif du jugement dans ce monde. Il y a du bonheur, même pour le chrétien, à voir le mal aboli par la puissance : «Ô ciel ! Réjouis-toi sur elle, et vous les saints, et les apôtres, et les prophètes». Mais cela n’a lieu pour l’Église que lorsqu’elle est sur le terrain prophétique et non pas sur son propre terrain. C’est pourquoi aussi, le Père n’est pas mentionné dans l’Apocalypse plus que dans les Psaumes. Lorsqu’il est question de relation avec le Père, elle se manifeste en amour, et cette différence que nous avons notée si souvent, est aussi distincte, aussi simple que possible pour un coeur spirituel ; elle est de toute importance pour rendre les Psaumes intelligibles et pour placer le christianisme sur son terrain propre et véritable. Le chrétien n’est pas un Juif ; Dieu ne se révèle pas à lui sous le nom de l’Éternel, mais sous celui de Père, comme Christ l’établit d’une manière si frappante.

 

5.5   Psaume 150

Ce Psaume donne la pleine louange à l’Éternel de deux manières : dans le sanctuaire et dans le firmament de sa force, car ses voies qui viennent du firmament de sa puissance ont toujours été d’accord avec le sanctuaire d’où il gouvernait Israël, et elles confirmaient la révélation qu’il avait faite de Lui-même dans le sanctuaire. Il en est de même pour nous : il fait concourir toutes choses ensemble au bien de ceux qui l’aiment, mais c’est en accord avec la place céleste à laquelle ils appartiennent et vers laquelle il les conduit. Christ est maintenant dans le firmament de sa puissance. Il est loué pour ses actes, loué pour sa grandeur qu’il a manifestée dans ses actes. L’Éternel est l’objet de la louange — l’Éternel le Dieu d’Israël, mais aussi l’Éternel le Créateur et le Conservateur de toutes choses — le juste Juge. Mais ici c’est l’Éternel, Dieu dans son sanctuaire. Nous aussi, après tout ce que nous avons reçu dans un sens plus élevé qu’Israël, nous nous glorifions dans les tribulations et finalement en Dieu Lui-même — non pas dans ce que nous avons reçu. On ne trouve pas ici, comme auparavant : «Louez notre Dieu», mais le Psaume s’élève plus haut : «Louez Dieu dans son saint lieu». Le sentiment profond de ce qu’est Dieu s’élève au-delà de la relation dans laquelle nous sommes, quoique ce soit aussi pour nous une relation avec Lui dans le sens le plus élevé. L’amour de notre Père, de Celui qui est notre Père et le Père de Christ, est doux, mais nous nous réjouissons en Dieu. Loué soit son Nom !