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RÉFLEXIONS PRATIQUES sur les PSAUMES

 

 

Livre 1 : Psaumes 1 à 41 — Livre 2 : Psaumes 42 à 72 — Livre 3 : Psaumes 73 à 89Livre 4 : Psaumes 90 à 106Livre 5 : Psaumes 107 à 150

 

 

par J.-N. Darby

 

Tables des matières :

1     PRÉFACE

2     LIVRE 2 — Psaumes 42-72

2.1      Psaume 42

2.2      Psaume 43

2.3      Psaume 44

2.4      Psaume 45

2.5      Psaume 46

2.6      Psaume 47

2.7      Psaume 48

2.8      Psaume 49

2.9      Psaume 50

2.10    Psaume 51

2.11    Psaume 52

2.12    Psaume 53

2.13    Psaume 54

2.14    Psaume 55

2.15    Psaume 56

2.16    Psaume 57

2.17    Psaume 58

2.18    Psaume 59

2.19    Psaume 60

2.20    Psaume 61

2.21    Psaume 62

2.22    Psaume 63

2.23    Psaume 64

2.24    Psaume 65

2.25    Psaume 66

2.26    Psaume 67

2.27    Psaume 68

2.28    Psaume 69

2.29    Psaume 70

2.30    Psaume 71

2.31    Psaume 72

 

 

 

1                    PRÉFACE

Le livre des Psaumes est une des portions de l’Écriture dont l’application et l’interprétation ont été généralement peu comprises ; et néanmoins, il a servi de tout temps à la consolation des saints, en prêtant une voix à l’exercice de leurs âmes devant Dieu.

Depuis quelques années, avec l’intelligence de l’appel et des espérances de l’Église, une connaissance plus approfondie des espérances d’Israël s’est aussi réveillée parmi les chrétiens. Ils ont mieux compris la portée des plaintes touchantes sorties de la plume et du coeur du Roi-Berger d’Israël et d’autres écrivains inspirés des Psaumes.

«David et toute son affliction» a plus de prise sur les affections de nos coeurs que «Salomon et toute sa gloire». Un plus grand que David était en esprit dans toutes les circonstances du roi-prophète, et donnait des accents à ces chants précieux et divins. L’écrivain inspiré de l’épître aux Hébreux ne dit pas, en citant le Psaume 8 à propos des gloires du Fils de l’homme : «David a rendu ce témoignage »; mais : «Quelqu’un a rendu ce témoignage quelque part». L’apôtre savait qu’il y avait là quelqu’un de plus grand que David.

Nous lisons au chapitre 63 d’Ésaïe : «Dans toutes leurs détresses, Il a été en détresse», et nous connaissons l’approche rapide de «cette journée» qui sera «le temps de la détresse pour Jacob» (Jérém. 30:7), mais dont «il sera pourtant sauvé», en contraste avec ses autres afflictions. Israël devra traverser les angoisses de la grande tribulation sous le gouvernement de Dieu en la terre, et les divins gémissements des Psaumes trouveront un écho dans son coeur, lorsqu’il passera par la fournaise. Mais les fidèles apprendront que Celui qui dans toute leur angoisse avait été en angoisse, les avait devancés dans ce chemin. Le résidu d’Israël apprendra ainsi à connaître moralement le coeur et les affections de Jéhovah-Messie, avant que leurs yeux le voient et qu’ils regardent vers Celui qu’ils auront percé et mènent deuil comme quand on mène deuil d’un fils unique. Alors ils lui diront : Quelles sont ces blessures à tes mains ? Et il répondra : Ce sont celles dont j’ai été blessé dans la maison de mes amis (Zach. 12:13).

L’auteur des pages qu’on va lire a déjà traité ce grand sujet du côté de l’interprétation prophétique (*) ; il va le considérer dans ses rapports avec l’enseignement et le bien moral de l’âme des fidèles.

(*) Études sur la Parole, par J.N. Darby, Les Psaumes

Il est bon toutefois de faire remarquer que les Psaumes ne contiennent pas proprement la vraie expérience des chrétiens, ceux-ci étant introduits dans une relation, dont le Saint Esprit envoyé du ciel leur donne la connaissance et la puissance. Ce livre ne présente cette expérience que dans la mesure de notre participation aux souffrances de Christ. Les chrétiens possèdent quatre choses que l’on ne rencontre jamais dans les Psaumes : une conscience purifiée par le moyen de l’oeuvre accomplie à la croix ; l’habitation du Saint Esprit en eux ; la connaissance du Père, par l’Esprit du Fils ; enfin la justice de Dieu, manifestée par l’Évangile comme leur position, en contraste avec «le support des péchés précédents dans la patience de Dieu», qui caractérisait devant Dieu les saints de l’Ancien Testament (Rom. 3:25, 26).

Lorsque le coeur a trouvé dans les Épîtres le déploiement de l’oeuvre de Christ, et tout ce qui est nécessaire pour lui faire connaître le repos et la paix avec Dieu ; il remonte en arrière et considère les Évangiles pour y apprendre les voies, les pensées, les actes de Celui qui nous a aimés et qui s’est livré Lui-même pour nous. Puis, remontant encore le courant des Saintes Écritures, s’il a quelque intelligence de la vraie signification des Psaumes, il y fait connaissance avec le coeur de Christ ; il l’y trouve, entrant en sympathie dans les exercices du coeur de son peuple et lui donnant Sa voix pour les exprimer devant Dieu. Le Seigneur a «appris» toutes ces choses, lorsque, en grâce divine, surtout vers la fin de son ministère, il entra dans cette catégorie de souffrances, afin de pouvoir assaisonner la Parole à celui qui est accablé de maux. — Enfin c’est là, dans les Psaumes, que nous trouvons la plainte de son propre coeur, alors que nul coeur humain ne pouvait sonder la profondeur des flots de l’angoisse qui passaient sur son âme sainte.

Puissiez-vous, cher lecteur, si vous avez trouvé la paix avec Dieu, discerner, par son Esprit de grâce, «les choses excellentes» ; puissiez-vous apprendre de chaque ligne des Écritures ces leçons qui élargissent le coeur dans la connaissance de Jésus. S’il est nécessaire pour vous de faire l’application vraie et directe des Psaumes selon l’intention de Dieu, vous y trouverez aussi une nourriture savoureuse pour votre âme, des encouragements et des consolations pour toutes les épreuves du pèlerinage. Vous y apprendrez en outre ce que sont les voies et le gouvernement immuables de Dieu, applicables à tous les temps, mais manifestés d’une manière éclatante dans l’histoire de son ancien peuple d’Israël. Cette nation, rejetée pour un temps, sera restaurée plus tard et deviendra le centre du gouvernement manifeste et public de Dieu sur la terre.

L’Éditeur

 

2                    LIVRE 2 — Psaumes 42-72

Les Psaumes 42 à 45, qui ouvrent le deuxième livre, offrent un détail qui donne un caractère tout particulier à la portée spirituelle aussi bien que prophétique de ce livre : c’est l’absence du nom que Dieu prend en rapport avec l’alliance. Au Psaume 46, nous trouvons la transition du nom de Dieu à celui de l’Éternel. Quelles que fussent les détresses et les afflictions décrites dans les quarante et un premiers Psaumes, du sein de l’angoisse le coeur du psalmiste regardait toujours librement vers l’Éternel ; il était en pleine relation avec Lui et jouissait du culte public dans lequel son nom était célébré. Mais ici, chassé dehors, il n’a que le souvenir de ces choses ; il est rejeté et ne peut plus que regarder, dans le secret de son âme et au milieu des circonstances du désert, à la nature et à l’essence même de Dieu.

N’oublions pas la différence qui existe entre la nature des relations avec Dieu comme Père et comme l’Éternel, ni que le fidèle attend ici une délivrance extérieure et le jugement qui doit l’amener. Toutefois ce changement nous fournira d’importantes instructions.

Le Psaume 22 exprime cette différence d’une manière frappante. Là, Christ lui-même, ayant été fait péché pour nous, était séparé de la jouissance de sa relation personnelle avec le Père, car il était fait péché pour nous ; au milieu de souffrances humaines, il ne trouve pas, cette unique fois, le soulagement divin. Quant à la colère actuelle de Dieu, il va sans dire qu’aucune âme pieuse n’a jamais à la subir ; mais, quant à l’affliction, la face de Dieu est cachée à Israël, et lorsque ce peuple est réveillé, il sent que Dieu lui cache sa face à cause du péché, quoique sa foi soit alors à l’oeuvre ; or, telle est précisément la situation décrite par ces Psaumes. Nous y voyons la foi qui regarde à Dieu, lorsque toutes les circonstances sont contre celui qui la possède et l’exerce, et lorsque les fidèles sont exclus de la jouissance d’une communion publique et d’une relation avec Dieu, basée sur son alliance. C’est la situation dans laquelle Dieu place son peuple, lorsque la relation de l’alliance faite avec Israël est brisée (comme elle le sera et l’est déjà) ou qu’elle n’est pas connue. La foi reconnaissant la justice de cette situation, regarde, à travers toutes les épreuves, à la fidélité dé Dieu comme telle. C’est, pour ainsi dire, une foi dénuée de tout, n’ayant, pour la soutenir, aucune des choses que Dieu donne à son peuple comme témoignage de sa faveur. Il en résulte que l’âme est pleinement mise à l’épreuve.

Ce qui est en question ici pour l’âme, n’est pas de savoir dans quelle mesure elle jouit des dons de Dieu, mais dans quelle mesure son état peut se rattacher à ce que Dieu est en Lui-même, et compter là-dessus. L’âme est ainsi mise à l’épreuve jusque dans ses profondeurs, parce que tout ce qui est de la chair est complètement jugé, et qu’il ne saurait y avoir aucune relation entre cette dernière et Dieu. Cela, à coup sur, ne sera jamais compris que par une nouvelle nature, capable de saisir ce que Dieu est, et de s’attacher aux promesses par grâce et par l’oeuvre du Saint Esprit. Mais, de cette manière, la chair est complètement jugée ; on connaît, on discerne toute la différence qui existe entre elle et le nouvel homme, toutefois on ignore encore la rédemption. En conséquence de la nouvelle nature, on a la conscience d’avoir le désir de faire le bien, et qu’il y a une faveur divine, mais on n’a point de paix. Le coeur est mis à l’épreuve, pour que nous nous abandonnions à la grâce dans une dépendance absolue. C’est en pratique le même principe que nous trouvons au chapitre 7 de l’épître aux Romains.

 

2.1   Psaume 42

En parlant du Psaume 42, nous ne pouvons nous attacher qu’au principe général qu’il renferme (à moins qu’il ne s’agisse d’un cas tout particulier d’expérience chrétienne) : parce que ce Psaume suppose que l’on se souvient des bénédictions qu’on a autrefois goûtées en commun.

Voici le cas spécial dont je parle : Lorsqu’une âme a cru au pardon, qu’elle a reconnu, il est vrai, son état de péché, mais sans avoir été réellement sondée, ou sans avoir découvert la nature toute pécheresse de la chair, il se peut que cette âme vienne à perdre sa première joie, et qu’elle connaisse Dieu juste assez pour éprouver l’angoisse de ne pas avoir la lumière de sa face ; mais alors ce sentiment même lui inspire un désir sincère d’en jouir. Un cas semblable a lieu quand une âme s’est crue chrétienne, et que, par l’opération de l’Esprit de Dieu, elle découvre qu’elle s’est trompée. Dans les deux cas, l’effet réel et bienheureux de la position dans laquelle nous sommes placés par la rédemption, est ignoré.

Ce Psaume ne dépasse pas l’espérance, mais celle-ci est rendue plus profonde et plus vraie par l’épreuve ; il exprime plutôt le résultat de l’épreuve que l’épreuve elle-même par laquelle l’âme a dû passer ; c’est pourquoi, toute abattue qu’elle soit, nous trouvons ici une expression si bénie de son état. Elle a soif de Dieu Lui-même ; différant en cela de l’âme du chrétien, qui peut se réjouir en Dieu (Rom 5) ; toutefois cette soif de Dieu est, sous certains rapports, quelque chose de plus profond que la première joie, parce que la joie n’est que partiellement réalisée, tandis que la soif est complète et que Dieu Lui-même, en Lui-même, est l’objet que l’on désire. Le Psaume fait, sans doute, allusion aux circonstances, et c’est la perte qu’elle a faite de Dieu en rapport avec des circonstances heureuses qui la soutenaient plus ou moins, c’est cette perte qui oblige l’âme à s’appuyer plus absolument sur Dieu même, à le vouloir lui seul ; et, comme nous le verrons plus loin, qui lui fait chercher sa joie auprès de Dieu. C’est cette soif de Dieu que l’âme spirituelle doit surtout rechercher dans ce Psaume. Celui qui parle ici a perdu la joie de la multitude (v. 4), mais maintenant il soupire ardemment après Dieu Lui-même. Pour lui, le contraste est sensible, mais c’est de Dieu même qu’il ressent la perte pour son coeur. Voilà ce après quoi il crie. Les personnes et les circonstances heureuses disparaissent de son esprit, comme elles ont disparu de la scène, bien qu’il en ait joui avec Dieu. Individuellement, le coeur a besoin de Dieu pour soi. La nature divine en nous soupire après sa joie en Dieu, seul objet dont la plénitude la satisfasse, parce que cette nature est divine ; elle a une soif ardente de cet objet unique, grand et précieux, le seul qui remplisse tous les désirs et qui exclue tout autre objet.

Auparavant l’âme avait joui des bénédictions de la part de Dieu, et de Dieu Lui-même en elles. Maintenant c’est Dieu qui devient nécessairement, et d’une manière consciente, la bénédiction tout entière. L’épreuve a jugé tout ce qui est de la chair quant à l’état subjectif de l’âme, elle a mis fin à cette jouissance médiate de Dieu, qui n’avait lieu qu’au moyen des circonstances. Alors la vie divine, pour goûter son entière bénédiction et la conscience de ce qu’est cette bénédiction, trouve sa joie parfaite en Dieu Lui-même, en Dieu seul.

Cet exercice de l’âme est remarquable par sa profondeur. Ce n’est pas que l’âme doive renoncer à la joie ; mais la source de la joie, la pure bénédiction morale, prend une beaucoup plus grande place dans le coeur, et, comme nous allons le voir, le caractérise désormais. Vous rencontrerez des chrétiens qui, lorsqu’ils sont profondément éprouvés par la perte de bénédictions précédemment accordées par Dieu, deviennent bien plus calmes et ont un sentiment bien plus intime que le Seigneur est leur portion ; libérés désormais de l’influence des circonstances, ils jouissent davantage de ce précieux centre de repos.

Bien que d’une manière douloureuse, — et il en est ainsi même dans la discipline du Seigneur, — l’ennemi contribue au progrès de l’âme dans cette direction. Les adversaires disent : Où est ton Dieu ? (v. 10). En chassant le fidèle, ils l’avaient exclu de la jouissance publique des bénédictions accordées par Dieu et qui, pour Israël, se rattachaient à son alliance. Job nous offre l’exemple d’une épreuve semblable. Où était désormais le signe que les fidèles eussent des bénédictions de la part de Dieu ? Ils les Lui avaient attribuées, ils avaient proclamé la fidélité et la puissance de Dieu pour protéger ; et maintenant leurs adversaires les raillent, et leur disent : «Où est ton Dieu ?» comme plus tard les malheureux Juifs l’ont dit à Christ ; mais ces paroles ont pour seul effet de rejeter l’âme vers Dieu, car elle n’a aucune ressource sauf ce que Dieu est Lui-même. Les adversaires lui avaient enlevé toute autre chose, en l’excluant des bénédictions dont l’abus tendait à mettre Dieu de côté. Ils avaient réussi à la priver de tout, ils ne lui avaient laissé que Dieu ; elle espère en Lui ; mais quelle est la conséquence ? Implorera-t-elle des bénédictions ? Nullement. Souvent l’âme, parce qu’elle cherche la joie, ne réussit pas à la trouver, car ce n’est pas cela qui purifie et qui bénit ; or, pour bénir, il faut que Dieu purifie ; tandis qu’une fois dépouillés de nous-mêmes et cherchant Dieu, nous trouvons la joie. De même ici, tout en se souvenant de la joie passée, l’âme s’écrie : «Je le célébrerai encore ; sa face est le salut» (v. 5).

Il y a encore d’autres points à observer dans ce Psaume. La fierté, la résistance stoïque contre l’épreuve, ne poussent pas l’âme vers Dieu ; au contraire, elles la tiennent tout spécialement loin de Lui, lui apprennent, ou prétendent lui apprendre à se passer de Dieu. C’est ainsi que les Stoïciens enseignaient que l’homme de courage était l’égal de Dieu. Ici, l’âme a passé par l’affliction et elle sent sa dépendance, aussi peut-elle être à l’aise avec Dieu, à cause de sa bonté et de sa fidélité. Quand l’affliction est complète, sans ressources et sans secours, elle donne de l’intimité avec Celui qui a la volonté et le pouvoir de secourir. On est avec Dieu, on lui dit son affliction (v. 5). Auparavant le coeur raisonnait avec lui-même ; maintenant il dit : «Mon Dieu ! mon âme est abattue au dedans de moi ; c’est pourquoi il me souvient de toi».

Ceci nous amène à un autre point. Les afflictions elles-mêmes viennent de Dieu. Le jugement intérieur de soi-même et l’espoir en Dieu, l’introduisent Lui seul en toutes choses. Les ennemis ont disparu en même temps que les bénédictions : «Tes vagues et tes flots ont passé sur moi» (v. 7). C’est Dieu qui commença à s’occuper de Job, sans confier son dessein ni à Job, ni à Satan ; il se servit de la malice aveugle de l’Adversaire pour briser la nature insoumise de son serviteur, dont ce dernier lui-même ne se doutait pas, et pour amener une bénédiction. «Un abîme appelait un autre abîme», mais c’était «à la voix des cataractes de Dieu».

Lorsqu’on voit ainsi la main de Dieu dirigeant toutes choses dès l’origine afin d’accomplir son dessein, on est amené à la conscience d’une relation d’alliance avec Lui selon son caractère de l’Éternel (pour nous c’est avec le Père) ; et, selon cette relation, on s’attend à Lui pour l’avenir : «De jour, l’Éternel commandera à sa bonté ; et de nuit, son cantique sera avec moi, ma prière au Dieu de ma vie». On acquiert ainsi de la confiance, de la hardiesse vis-à-vis d’un Dieu fidèle : «Je dirai à Dieu, mon rocher : Pourquoi m’as-tu oublié ?» Le mot abandonné n’est pas employé ici. Christ seul a été abandonné ; la foi sait qu’elle ne le sera jamais. Mais, en vertu de cette confiance dans l’amour infaillible de Dieu, le psalmiste demande à Celui qui est son rocher pourquoi il l’a laissé au pouvoir de ses ennemis. Chose digne de remarque ! Du moment que nous voyons la main de Dieu dans nos afflictions, nous pouvons attendre la délivrance, parce que c’est Dieu, et que sa main est sur nous en amour.

Et maintenant les outrages des adversaires deviennent une occasion de requête à Dieu (v. 10), car lorsqu’ils disent : «Où est ton Dieu ?» la seule réponse c’est que Dieu se manifeste Lui-même. En attendant l’âme a soupiré plus profondément après Dieu Lui-même. Toute légèreté de coeur ayant disparu, cette manifestation a infiniment plus de valeur. Ici les assurances de bénédiction sont augmentées, avant que l’âme angoissée n’ait dit qu’elle était assurée du salut de sa face et qu’elle en ferait le thème de ses louanges ; mais nous avons vu que le coeur purifié et exercé a été amené à se confier dans la parfaite fidélité de Dieu, selon la relation qu’il sait exister entre Dieu et lui. Le coeur, sans être encore délivré extérieurement, s’attache à Dieu comme à l’objet de ses désirs et de sa confiance. Aussi s’écrie-t-il maintenant : «Il est le salut de ma face et mon Dieu». Sa face reflète en joie le resplendissement de la face de Dieu en amour. La détresse, la privation de toutes les bénédictions, même religieuses, qui lui avaient été données, ont fait que le coeur s’est rejeté sur Dieu et regarde à Lui comme à l’unique source de joie, avec cette confiance qui s’établit dès que l’âme est près de Dieu et qu’elle reconnaît, par la foi, la relation qui existe entre elle et Lui. Il ne peut en être autrement. Peut-être la paix complète, la pleine jouissance du coeur, se feront-elles attendre, si le Seigneur juge nécessaire de purifier encore et d’éprouver ; mais on s’appuiera cependant sur lui avec confiance et l’âme sera amenée de cette façon à avoir réellement soif de lui. «Mon âme a soif de Dieu». Elle s’adresse à Lui ; nous ne trouvons pas ici la réponse, mais nous voyons l’état de l’âme amenée à espérer simplement en Dieu Lui-même, assurée que la lumière de sa face brillera sur elle et qu’elle y trouvera la joie et la santé.

Encore un détail : c’est quand l’âme a été brisée, c’est quand la résistance de son orgueil a cédé, qu’elle se souvient de Dieu (v. 6). Quand elle voit la main de Dieu dans ses épreuves (v. 7), elle voit aussi que l’Éternel (Dieu connu dans sa relation avec elle) «commandera à sa bonté» ; or Dieu est le Dieu de sa vie et Il est son rocher.

 

2.2   Psaume 43

Dans le Psaume 42, nous venons de voir l’âme restaurée intérieurement et amenée à avoir véritablement soif de Dieu Lui-même ; cherchant toute sa joie en Lui. Arrivée là, nous la voyons au Psaume 43 demander une délivrance qui la rende capable de jouir pleinement de Dieu en toute liberté. Dieu est devenu «l’allégresse de sa joie» et, ainsi restaurée, elle sera appelée de nouveau à l’adorer librement, à pouvoir exprimer la plénitude de sa joie et de sa reconnaissance. Dieu n’est pas nommé ici le Dieu de sa vie, mais le Dieu de sa force (v. 2). Jusqu’à ce que l’âme fût arrivée à considérer Dieu Lui-même comme sa joie, ce cri de délivrance, cri naturel sans être mauvais, s’il était soumis à la volonté de Dieu (au fond, la soumission fait plutôt désirer d’être purifié, que délivré de l’épreuve), ce cri exprimait un certain désir de soulagement et de tranquillité, choses qui, cependant, ne sont pas à mépriser lorsque c’est Dieu qui les accorde. Mais maintenant que l’âme est purifiée, le cri de délivrance se lie au désir de louer et de glorifier Dieu.

Notez ce changement qui s’opère dans une âme, traversant l’épreuve dispensée justement et en amour de la part de Dieu, quoiqu’injustement peut-être de la part des hommes. Il est naturel que le coeur désire d’être mis en liberté ; mais, comme Élihu le dit à Job, si ce n’est pas en étant soumis aux voies de grâce de Dieu, alors c’est préférer l’iniquité à l’affliction (Job 36:21) ; on manque ainsi à la fois de droiture et de soumission. Dès que le coeur est complètement restauré, le désir de la délivrance est parfaitement à sa place ; ensuite, si notre conscience est droite, nous savons très bien et Dieu sait parfaitement que, si nous Lui sommes soumis et désirons avoir un coeur parfait, la délivrance arrivera sûrement au moment convenable. Tout notre désir est d’être manifestement en paix avec Dieu, ou de le glorifier et de le louer publiquement.

Au Ps. 42, les ennemis extérieurs outrageaient le fidèle ; ils étaient, à ses yeux, les vagues et les flots de Dieu (v. 7) ; mais la chose terrible, c’était leur question : «Où est ton Dieu ?» Alors l’âme eut soif de Lui ; maintenant elle désire qu’il lui soit fait justice et implore la délivrance (v. 1). Il y avait une épreuve plus sensible que l’oppression extérieure, quoique celle-ci existât encore ; c’était la méchanceté directe des iniques : «Délivre-moi de l’homme trompeur et inique». Le fidèle désire que la lumière et la vérité de Dieu apparaissent, pour le conduire et l’amener à la montagne sainte de Dieu. Ce n’est plus seulement la conscience que Dieu est la joie secrète de son âme, mais que ce Dieu qui est sa joie l’amènera maintenant, par sa puissance, à le louer, à l’adorer publiquement. Le Dieu qui est sa force l’amènera là, et le fidèle sera en présence de Celui qui est l’allégresse de sa joie (v. 4).

Cet espoir encourage son coeur et le ramène aussi à ce qui était le secret et la plénitude de sa joie ; à son espérance que Dieu serait le salut de sa face. Moralement, Dieu était l’allégresse de sa joie ; et cette allégresse éclatait dans une adoration pleine de joie et se reflétait sur la face radieuse de celui qui en jouissait.

Dans le Psaume précédent, le résultat de l’épreuve est la soif de l’âme après Dieu, quoiqu’elle désire la bénédiction. Ici, ce dernier point est réalisé dans l’âme, mais quoiqu’elle ne soit pas encore rétablie dans les bénédictions extérieures et publiques, Dieu est son allégresse, son Dieu, et cette restauration extérieure est attendue prochainement.

 

2.3   Psaume 44

Le second livre des Psaumes présente à coup sûr un développement d’exercices moraux plus complet, plus profond, que le premier livre. L’âme y est mise en rapport direct avec Dieu ; mais l’application de ces Psaumes à l’état du chrétien n’en est pas plus facile, par la simple raison, que ce livre n’a pas pour sujet les exercices qui découlent de la relation avec Dieu lorsqu’on est sous le poids de l’épreuve, mais les exercices de l’âme avec Dieu lorsqu’elle a perdu la jouissance de sa relation.

Pour appliquer au chrétien le contenu du premier livre, il suffisait de saisir la différence entre la relation de l’Éternel et celle de Père. Mais la relation du chrétien avec Dieu étant fondée sur la destruction de tout ce qui est dans la chair, quiconque a cette relation est placé, par cela même, au-delà de la position tout entière, exprimée dans le second livre des Psaumes. La condition chrétienne est céleste ainsi que les exercices qui en découlent ; aussi l’état chrétien proprement dit se trouve-t-il encore moins ici que dans le premier livre. Cependant, la relation avec Dieu d’une âme exercée y est mise en relief.

Dans le Psaume 44, les fidèles reconnaissent que c’est uniquement en vertu de la grâce et de la puissance divines qu’ils ont joui des bénédictions, des signes de la faveur de Dieu, dont ils sont maintenant privés. Le gouvernement direct de Dieu est reconnu : «C’est toi qui est mon roi, ô Dieu !» C’est le langage d’Israël, toujours vrai pour nous, quoique l’autorité de Dieu, sans être moins absolue, soit infiniment plus intime dans nos relations actuelles ; car Il est notre Seigneur par la rédemption.

Nous ne renions pas le Seigneur qui nous a achetés ; telle est aussi la confiance des fidèles dans ce Psaume : ils se glorifieront en Élohim et célébreront son nom à toujours ; quoiqu’Israël fût rejeté et que ses ennemis eussent le dessus, ils restaient fermes, n’ayant point oublié Dieu, ni violé son alliance.

Deux grands principes sont en jeu ici : d’une part, la fidélité qui s’attache à la volonté et à l’autorité de Dieu, malgré la ruine et l’apparence du plus complet abandon ; d’autre part, la confiance qui ne cherche pas d’autre secours que Dieu Lui-même, alors qu’Il semble avoir abandonné les fidèles. L’intégrité et la foi personnelle sont ainsi mises complètement à l’épreuve ; or, c’est précisément ce dont l’âme a besoin pour pouvoir être introduite de nouveau dans la pleine jouissance de bénédictions positives. Le fait que Dieu éprouve ainsi son peuple, est d’une haute importance (aujourd’hui c’est spirituellement qu’Il l’éprouve avant de lui faire trouver la paix). L’épreuve produit cette confiance absolue en Dieu Lui-même, qui caractérise le second livre des Psaumes ; elle montre aussi, que le coeur fidèle préfère l’intégrité avec Dieu à toute espèce d’aise ou de confort ; car, même si la confiance et la droiture ne leur rapportent rien, les fidèles tiennent à Dieu pour l’amour de Lui ; Lui-même est leur objet, à la fois moralement et dans ses droits sur eux. Dès lors, le coeur ne peut se tourner vers autre chose, car c’est Dieu qu’il lui faut ; ni chercher aucun secours qui le ferait sortir des voies de Dieu.

Cette réflexion introduit un autre sujet, auquel ce Psaume nous conduit : Les épreuves qui accompagnent l’abandon apparent dans lequel le fidèle se trouve, il les attribue à la propre main de Dieu. «Tu nous as fait retourner en arrière... tu nous as livrés comme des brebis destinées à être mangées, etc».

Outre l’application individuelle, je voudrais faire encore une observation qui se rattache à notre Psaume. Lorsque Dieu châtie et couvre de confusion son peuple, engagé dans une lutte publique avec la puissance du mal ; lorsque, dans l’exercice de son gouvernement, il permet que le pouvoir de l’ennemi ait le dessus, c’est là, pour les siens, une épreuve immense, non seulement à cause de leur propre affliction, mais parce que le nom de Dieu est déshonoré. En cela l’ennemi triomphe, mais c’est là aussi que le gouvernement de Dieu se montre.

Nous apprenons dans ce Psaume, quelles sont les méditations de l’âme intègre au milieu de ces circonstances douloureuses ; quoiqu’elle eût été froissée dans le lieu des chacals et couverte de l’ombre de la mort, elle n’avait pas oublié Dieu, ni violé son alliance. Au contraire ; s’il fallait que le gouvernement public de Dieu s’exerçât vis-à-vis de ce qui professait son nom et afin de séparer les fidèles qui pouvaient se trouver au milieu d’un peuple professant, — toutefois, quant aux fidèles eux-mêmes, ils souffraient réellement pour le nom de Dieu. Je crois qu’il faut distinguer ici entre le nom de Dieu et le nom de l’Éternel ; sans doute, Dieu était l’Éternel, comme il est pour nous le Père ; mais il s’agit ici de ce que Dieu est comme tel. Ce n’est pas seulement la fidélité à ne point renier le nom révélé, mais les souffrances avaient lieu à cause de ce que Dieu est ; on ne se tournait pas, dans son coeur, vers les idoles ; on préférait souffrir tout au monde plutôt que renier le vrai Dieu. Les fidèles agissaient ainsi pour l’amour de Lui, à cause de ce qu’Il était, quoique les bénédictions leur fissent défaut, et parce que le Dieu qui était en alliance avec son peuple était le vrai Dieu. Ils ne voulaient pas être éprouvés seulement en vue des bénédictions de l’alliance, mais pour l’attachement de leur coeur à ce que Dieu était dans sa nature. En principe, il en est de même quant a nous. C’est de la joie, parce que l’amour de l’intégrité, la participation à la nature divine, — par laquelle nous nous réjouissons en ce qui est bien, en ce qui est de Dieu, — donne la conscience d’elle-même, c’est-à-dire la joie consciente propre à cette nature qui se réjouit de ce qui est juste et bon.

Ce n’est pas de la propre justice, mais la joie consciente de la nature divine dans ce qui est bon ; la propre joie divine selon sa nature. Seulement, pour ce qui nous concerne, il faut que cette joie ait un objet : Dieu lui-même ; alors cette joie est manifestée en nous, lorsque nous souffrons pour Lui. C’est pourquoi il est dit ici (car les ennemis haïssaient Dieu) «À cause de toi, nous sommes mis à mort tous les jours, nous sommes estimés comme des brebis de tuerie». Afin que les affections du coeur soient mises en pleine lumière et que les souffrances soient réellement pour l’amour de Dieu, il faut qu’il y ait absence des bénédictions qui appartiennent à sa puissance. Les fidèles sont donc abandonnés, pour un temps, à l’oppression de l’ennemi ; et cette dispensation, tout en scrutant leur coeur pour reconnaître s’il n’y a point de voie de mensonge, les amène à souffrir à cause de ce que Dieu est. Ensuite, au temps convenable, leur cri d’angoisse trouvera de sa part une réponse, car il ne peut sans motif laisser au pouvoir du mal ce qui répond à sa nature : l’intégrité envers Lui. Il en est toujours ainsi : bien que les sources de notre joie soient toutes dans un autre monde, néanmoins, comme règle, Dieu, conformément à son alliance, délivre dans ce monde-ci. Par rapport à la terre, ce cri des fidèles introduit le Messie.

Je crois voir, dans le Psaume 44, un progrès sur les deux Psaumes précédents. Ceux-ci représentaient le fidèle délaissé ; il recherchait la lumière de la face de Dieu ; alors tout allait bien. Ici le fidèle, en dépit de tout, s’attache à Dieu lui-même, dans l’intégrité de son coeur. En principe, c’est la même chose dans ces trois Psaumes, mais d’une manière plus absolue dans le dernier ; et c’est ce dont on a besoin. C’est précisément cet attachement à Dieu même, en dépit de tout, qu’il faut apprendre ; car c’est là que l’on peut voir si le coeur est absolument pour Dieu.

 

2.4   Psaume 45

Ce Psaume a évidemment pour objet de célébrer le Messie, le Roi. Le coeur sent qu’il bouillonne d’une bonne parole. Lorsque Christ est devant l’âme, il la ranime, il la réveille. Ici, c’est en sa qualité de Roi victorieux, en sorte que nous trouvons ici plus exclusivement son triomphe humain, et moins l’appréciation chrétienne proprement dite de sa personne. La puissance du mal sera alors terrassée et le coeur s’en réjouira avec chants de triomphe. Pour nous, maintenant, la joie est plus profonde, plus divine. Collectivement, nous attendons l’Époux ; individuellement, le Sauveur qui n’a pas honte de nous appeler ses frères. En pensant à Lui comme à une personne divine, nous sentons la profondeur de cette oeuvre divine, insondable, dans laquelle Dieu a rencontré le péché et l’a aboli pour nous ; nous contemplons la gloire dans laquelle Christ est entré, et dont il est digne à la fois dans sa personne et par son oeuvre. Toutefois, nous pouvons comprendre la joie triomphante des Juifs délivrés, ou du moins celle que produit l’anticipation de leur délivrance par le Messie.

Mais à côté de cette joie, le Psaume 45 contient un principe d’une grande importance : La fille est appelée à oublier son peuple et la maison de son père, et le roi désirera sa beauté ; alors, au lieu d’être bénie en ses pères elle sera bénie en ses fils (v. 16). L’association avec Christ rompt les anciens liens naturels et en forme de tout nouveaux. Ce principe est évidemment d’un caractère absolu et décisif ; mais le v. 11 l’établit de la manière la plus forte : «Oublie ton peuple, et la maison de ton père ; et le roi désirera ta beauté !» Pour le chrétien, s’il veut pouvoir marcher de manière à faire les délices du Seigneur, il faut donc qu’il y ait une rupture complète d’avec tout ce à quoi la nature se rattache. Les doctrines qui forment la base de ce principe, ne sont pas exposées ici ; cela ne conviendrait pas aux Psaumes. Il s’agit ici de l’état de l’âme, elle doit oublier tout ce qui, selon la nature, avait un droit sur elle ; c’est l’introduction de Christ qui rend cela nécessaire. Christ lui-même aussi, en a fini avec le monde par la mort, et il est entré par la résurrection dans un monde nouveau. Son droit est absolu, en contraste avec tous les autres. En tout ce qui est selon la nature, il n’y a point de lien, point d’association avec les bénédictions dans lesquelles Il introduit ; c’est un ordre de relations tout différent. Les relations anciennes, à leur place, revendiquaient naturellement leur droit sur le coeur ; mais Christ, en nous amenant à Lui-même, en fonde de nouvelles dont il est le centre et il possède un droit divin. On entre dans les nouvelles relations, en abandonnant les anciennes, par la rédemption qui nous en délivre. Il faut que Christ, de droit divin, possède le coeur tout entier, Lui qui, en se donnant pour nous et à nous, nous introduit dans une scène toute nouvelle en relation avec lui. Lui seul peut prétendre à notre coeur ; accepter d’autres prétendants, c’est renier ses droits ; c’est abandonner notre nature divine et notre position en lui ; c’est retourner aux choses anciennes. Être à lui, voilà tout notre être, et, comme la Parole l’exprime, «Christ est tout». Nous renions cette vérité si nous acceptons la concurrence d’autres droits que les siens.

Ceci peut se dire de la religion comme d’autre chose. Lors du règne de Christ, il faudra que le Juif cesse de se glorifier dans ses pères pour se glorifier en Lui ; et, quant à nous, quelque religion légale ou charnelle que nous ayons eue, tout est mis de côté ; tout ce qui était gain est devenu perte ; les choses anciennes sont passées ; nous en avons été sortis. Christ et l’avenir qu’il donne, sont notre tout. Christ peut nous placer au milieu de devoirs actuels en rapport avec des relations humaines, et il le fait ; mais quiconque regarde en arrière n’est pas propre pour le royaume de Dieu. Auparavant tout avait failli ; Christ est joie et bonheur, et cela d’une manière stable et en puissance. On trouvera cette vérité pleinement établie comme doctrine et comme expérience en 2 Corinthiens 5 : «Si même nous avons connu Christ selon la chair, toutefois maintenant nous ne le connaissons plus ainsi. En sorte que, si quelqu’un est en Christ, c’est une nouvelle création ; les choses vieilles sont passées ; voici, toutes choses sont faites nouvelles».

 

2.5   Psaume 46

Le Psaume 46 nous présente une vérité très simple, mais bien solennelle et importante ; une vérité dont les chrétiens ont besoin pour traverser les souffrances de ce monde, et pour se garder de la disposition à chercher du secours dans les efforts humains. «Tenez-vous tranquilles et sachez que je suis Dieu» (v. 10). Voilà l’exhortation ; l’encouragement, le voici : «Dieu est notre refuge et notre force, un secours dans les détresses, toujours facile à trouver». Si tel est le caractère de DIEU, lorsque les eaux viendraient à bruire et à écumer et que les montagnes seraient ébranlées à cause de l’emportement de la mer, nous pouvons être tranquilles. Qu’importe le tumulte et la puissance des eaux, si Dieu, notre refuge, est présent. Seulement il nous faut attendre qu’Il intervienne, et c’est là l’épreuve de la foi ; aussi il ajoute : «Sachez que je suis Dieu». On peut être mis à l’épreuve, soit comme exercice de patience, soit en résistant à l’envie de se délivrer par des efforts humains ; mais la vérité que nous trouvons dans ce Psaume est un encouragement précieux et béni, qu’aucune affliction quelconque ne saurait diminuer ; car c’est de la créature que vient la détresse, tandis que Dieu est Dieu. Toutefois, cela suppose que l’on ne cherche pas d’autre refuge ; c’est la confiance parfaite, même lorsque tout est contre nous.

Le point capital, c’est que Dieu, comme tel, est notre refuge et notre force. Il ne dit pas : «l’Éternel» (Jéhovah) et ne parle, plus bas, de l’Éternel que lorsqu’il est question de relations. Il s’agit ici de Dieu dans sa nature, en contraste avec l’homme et même avec toute puissance quelconque ; car si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ? La foi saisit cette vérité. Dieu est un refuge où nous pouvons trouver un abri sûr, et Il est la force, de sorte qu’aucune puissance adverse ne peut réussir à nous atteindre. L’angoisse est à son comble, un pouvoir insolent s’élève contre nous ; Lui est notre secours facile à trouver, notre abri infaillible ; mais ce secours peut ne pas toujours paraître facile à trouver. Aussi l’on regarde à Dieu Lui-même, et le fait que nous sommes absolument rejetés sur Lui seul et qu’il n’y a pas d’autre ressource, rend indifférente à nos yeux toute la puissance du mal, puisqu’il ne peut absolument rien contre Dieu. «Quelle est cette confiance que tu as ?» disait le roi d’Assyrie à Ézéchias. S’il s’agissait d’autres secours, nous pourrions les comparer ensemble, en peser la valeur ; pour celui-ci, il ne faut que la foi : «Vous croyez en Dieu» [Jean 14 :1].

Tout effort est vain qui s’oppose à ce qu’Il nous aide ; mais il faut savoir attendre le secours. Les moyens humains l’excluent, car alors c’est une autre espèce de ressource qui n’est pas la foi. Dieu peut nous demander d’agir, alors la foi le fait avec confiance ; mais ce n’est jamais selon les voies humaines, et quand l’affaire est entre les mains de Dieu, dès qu’il ne s’agit point d’un devoir, notre rôle est d’être tranquilles et nous connaîtrons bientôt qu’il est Dieu. Les efforts de l’homme gâtent tout ; les plans humains ne valent jamais rien. Dieu interviendra à sa manière et à son heure. Certes, il y a des devoirs ; en avez-vous, accomplissez-les ; mais quand il n’y a pas de devoirs et que la puissance du mal est à l’oeuvre contre nous, notre devoir est de rester tranquilles. Les efforts humains prouvent le manque de foi et de quiétude ; les plans ne sont autre chose que la chair.

Nous avons vu ailleurs que l’intégrité est nécessaire pour se confier en Dieu, parce que c’est en la sainte nature de Dieu qu’on se confie. Cette confiance absolue est requise lorsque la puissance du mal va en grandissant ; et le sentier du saint est caractérisé par la patience jusqu’au moment de la délivrance.

Nous trouvons encore ici une autre pensée. Dieu, le Très-Haut sur toute la terre, a une demeure où les fleuves de sa grâce rafraîchissent ; cette demeure qui était la ville de Dieu, Sion et le temple, est maintenant l’Église. C’est là que coulent les ruisseaux rafraîchissants ; il la préservera (il le fera pour l’Église d’une manière encore meilleure que pour Sion, la cité de ses fêtes solennelles), et c’est là qu’il entre dans le caractère particulier de sa propre relation. C’est là qu’il donne la paix, ayant détruit toute la puissance de l’ennemi. Alors, quiconque aura attendu saura qui est Dieu ; nous, nous le saurons au milieu de scènes encore plus saintes et plus radieuses.

 

2.6   Psaume 47

Je n’ai que peu de mots à dire sur ce Psaume. C’est l’annonce prophétique du triomphe du peuple de Dieu, lorsque la délivrance est intervenue. Ce qu’il est utile d’observer, c’est combien le gouvernement du monde est en rapport étroit avec Israël. Dieu, le Très-Haut, est un grand roi sur toute la terre. Puis les peuples et les nations sont assujettis à Israël, et Dieu choisit l’héritage pour le résidu de son peuple, — Jacob lequel il aime. Tout cela aboutit aux louanges de Dieu Lui-même, en réveillant l’adoration de son peuple : quelles que soient les bénédictions et la gloire du peuple de Dieu, son bonheur est dans la gloire de Dieu Lui-même. D’abord sa puissance est célébrée, et ceux d’entre les peuples qui sont en relation avec Israël sont invités à s’en réjouir avec une voix de triomphe, parce que cette puissance est aussi leur délivrance et leur bénédiction ; Israël sait cela et le leur annonce. Là ce peuple trouve enfin sa place ; mais il en résulte que Dieu domine dans sa pensée. C’est ce qui arrive toujours quand l’âme connaît réellement la bénédiction ; elle se tourne vers Celui qui bénit.

Alors, ce ne sont pas seulement des actions de grâces, mais l’âme célèbre tout ce que Dieu est en tant que connu des siens sous le caractère d’un Dieu qui les bénit. Sa propre gloire à Lui, est leur joie ; ils ne le connaissent pas simplement à cause de ses bénédictions, mais dans sa propre gloire qui se fait connaître en bénissant. Ainsi les versets 5-8 célèbrent ce que Dieu est, manifesté et connu de cette manière. De même en Rom. 5:11, non seulement le salut est constaté, mais il est dit : «Nous nous glorifions en Dieu... par lequel nous avons obtenu la réconciliation».

Ensuite, au v. 7, on est appelé à célébrer ses louanges avec intelligence. Les relations de Dieu sont établies au v. 8 ; et c’est un point que nous négligeons facilement, car nous sommes appelés à vivre et à louer Dieu conformément à ses relations avec nous. Il est pour nous «le Père», Christ est «le Seigneur» ; tandis qu’ici, dans le royaume, il «est assis sur le trône de sa sainteté», et il «règne sur les nations», caractères qui n’ont affaire qu’au déploiement de sa puissance sur la terre. Ceux d’entre les peuples qui sont de bonne volonté se réunissent, s’associant à une nation particulière, qu’ils reconnaissent comme le peuple de la promesse, celui du Dieu d’Abraham. «Les boucliers de la terre sont à Dieu ; il est fort exalté» ; telle doit être la dernière pensée qui domine dans le coeur des saints.

J’ajoute, en terminant, que ce Psaume s’occupe du règne de Dieu à son point de vue le plus général, en rapport avec l’exaltation divine, mais en connexion avec Israël qui la célèbre.

 

2.7   Psaume 48

Le Psaume 48 contient des détails locaux et les jugements par lesquels le trône de Dieu est établi en Sion. Ce que les fidèles avaient entendu (Ps. 44) ils le voient maintenant (v. 8). Ainsi se termine le tableau historique de cette période. Elle commençait avec le rejet du résidu, tandis que le méchant était assis en puissance sur le trône ; elle se termine par l’établissement du trône de justice en jugement. Les événements des derniers jours passent devant les yeux des fidèles.

 

2.8   Psaume 49

Le Psaume 49 est un commentaire détaillé de tout ce qui précède, et nous montre la place que l’homme occupe dans ce tableau. Ce Psaume met en lumière la vanité du monde, et ses rapports avec le jugement de Dieu à la fin, mais ce qui est dit ici s’applique à tous les temps, bien que cela ne doive être publiquement réalisé qu’alors. La mort prouve la folie de toute sagesse, de toute prévoyance et de toute grandeur humaines : observation générale d’après laquelle on se dirige rarement, mais qui est toujours vraie. Il est dit de la sagesse (Job 28:22) : «La destruction et la mort disent : De nos oreilles nous en avons entendu la rumeur». Elles ne peuvent pas donner la sagesse positive, mais elles peuvent montrer d’une manière négative que cela seul a quelque valeur, qui n’appartient pas à l’homme mortel. L’homme établit sa famille, perpétue son nom : il disparaît ; rien n’arrête la main de la mort. Il n’est pas au pouvoir de l’homme de racheter de la mort (v. 7). Il vient un matin (v. 14), où les justes auront le dessus sur ceux qui paraissent sages quant à ce monde. La mort se repaît d’eux ; ou bien, comme ayant négligé Dieu, ils sont assujettis aux justes lorsque le jugement de Dieu arrive. Mais la puissance de Dieu, en laquelle les justes se confient, est au-dessus de la puissance de la mort ; Il rachètera de la mort le résidu (v. 15). De même aussi ceux qui seront vivants à la venue de Christ pour l’Église, ne mourront point ; ceux qui seront morts ressusciteront. Telle est la confiance du croyant : la mort ne l’alarme pas, car il se confie en quelqu’un qui est au-dessus de la mort, qui rachète (qui délivre entièrement de sa puissance), ou qui ressuscite.

Toutefois le chrétien va plus loin, quoique cela soit vrai aussi à son égard. Il peut dire : «Afin que nous n’eussions pas confiance en nous-mêmes, mais en Dieu qui ressuscite les morts», mais, de plus, il dit : «Nous avions en nous-mêmes la sentence de mort» (2 Cor. 1:9). Il ne prend nullement, comme le Résidu, sa part de ce côté-ci de la mort, en sorte que l’objet de son âme soit la délivrance de la mort pour vivre ici-bas. Christ étant mort, les rapports du chrétien avec ce monde ont cessé, sauf pour le traverser comme pèlerin. Il a la sentence de mort en lui-même ; il ne connaît personne selon la chair, pas même Christ. Ses associations avec le monde sont terminées, il n’est plus qu’un serviteur de Christ dans le monde. Il se tient lui-même pour mort ; il est crucifié avec Christ ; toutefois il vit, mais c’est Christ qui vit en lui ; et ce qu’il vit en la chair, il le vit dans la foi au Fils de Dieu qui l’a aimé et s’est livré Lui-même pour lui, en sorte qu’il est délivré de ce présent siècle. Ainsi, bien que le chrétien soit placé sur le terrain de ce Psaume, quant au principe général, il est dans une position toute différente. Il n’est nullement question pour lui d’échapper à la mort (quoique extérieurement cela puisse avoir lieu, puisque nous ne mourrons pas tous), car la mort est un gain pour lui ; de plus, il se considère comme mort, sa vie étant cachée avec Christ en Dieu ; et Christ étant sa vie. Mais cela n’en montre que mieux la folie — sur laquelle le Psaume insiste — d’accumuler des biens, de s’élever soi-même et de compter sur l’avenir, dans un monde où règne la mort ; de compter sur les choses auxquelles s’applique le pouvoir de la mort. «L’homme qui est en honneur ne dure pas».

Qu’il est difficile, même lorsqu’on est heureux en Christ, avec des pensées et des joies célestes, de ne pas regarder aux choses visibles, de penser que la sagesse, les talents, les succès et l’approbation des hommes, ne sont absolument rien que la pâture de la mort ! Que le saint veille donc ; qu’il ne s’effraie point lorsque le succès accompagne ceux qui n’acceptent pas la croix. Nous attendons le jugement de Dieu sur tout ce qui est puissant et élevé ; nous exerçons ce jugement dans notre conscience. Il n’y a aucune intelligence divine dans l’homme dont le coeur est attaché à la gloire de ce monde. Les hommes le loueront : il a réussi ; il a établi ses enfants ; il a relevé sa position. On louera cela en termes pompeux, mais cet homme n’a point d’intelligence ! Son coeur est lié aux choses dont la mort se repaît et dont la mort est la mesure ! Tous les motifs du monde sont pesés par la mort. Après tout, l’homme avec ses motifs est semblable aux bêtes brutes qui périssent — seulement il a plus de soucis.

 

2.9   Psaume 50

Cet enseignement que la mort nous donne, n’est pas tout ; il y a encore l’exécution du jugement divin. Ce sujet introduit des considérations nouvelles : le contraste entre la religion cérémonielle que Dieu peut avoir ordonnée dans sa bonté envers l’homme, et cette justice pratique qui est nécessaire pour que Dieu puisse reconnaître l’homme. Mais on ne la trouvera que dans une relation avec Dieu, et selon le moyen qu’Il a ordonné pour cela. Les saints sont assemblés par le sacrifice. La grâce qui rachète et le sentiment qu’elle est nécessaire doivent intervenir pour que les saints soient reconnus de Dieu comme tels ; mais c’est à Dieu qu’ils sont assemblés (v 5). Le jugement a lieu selon le terrain sur lequel l’homme est placé. S’il a des privilèges, il est jugé pour en avoir abusé, mais c’est toujours selon le terrain moral sur lequel sa conscience se trouve. De même ici, quant à Israël, Dieu ne se plaint pas du manque de sacrifices. Il ne s’agit nullement d’une religion cérémonielle, mais de la méchanceté. Dieu ayant gardé le silence dans le temps de sa longue patience, le monde pourrait s’imaginer qu’on peut le satisfaire comme un homme, avec des formes extérieures, des sacrifices, des cérémonies, et pas de conscience ; et que Dieu ne regarde pas plus loin. Mais Dieu met sous les yeux de l’homme ce qu’il a fait (v. 21).

Celui qui connaît Dieu de manière à pouvoir le louer, qui reconnaît ce que Dieu est, qui le bénit pour ce qu’Il est, et règle sa voie, celui-là jouira de la bénédiction gouvernementale de Dieu (v. 23). Celui qui offre des sacrifices comme s’il pouvait ainsi apaiser Dieu, puis qui continue sans prendre garde à Lui dans sa conscience, celui-là Dieu le reprendra et mettra devant ses yeux tout ce qu’il a fait. Si la chose a lieu ici-bas, c’est pour le salut ; si elle a lieu en jugement il n’y aura personne qui délivre (v. 21, 22).

 

2.10                   Psaume 51

Ce Psaume nous enseigne que, là où il y a une oeuvre de Dieu, elle dépasse encore de beaucoup en profondeur le contenu du Psaume précédent. Dieu avait annoncé le jugement ; mais ici, l’âme, sous l’impulsion divine, espère en la grâce. Elle désire que Celui qui seul peut le faire, la purifie d’une manière digne de Lui ; car l’âme, ainsi enseignée, sent qu’elle a affaire avec Dieu, et recherche une purification appropriée à une telle rencontre. C’est ainsi que, en Jean 13, le Seigneur qui était venu de Dieu, qui s’en allait à Dieu, et entre les mains duquel le Père avait mis toutes choses, dit à Pierre : «Si je ne le lave, tu n’as pas de part avec moi». Le péché aussi est confessé. Ce qui caractérise ce Psaume, c’est le fait d’avoir affaire à Dieu Lui-même et, en outre, le sentiment de celui qui est intéressé à cela. Or, comme je l’ai dit, ce que nous trouvons ici s’étend beaucoup au-delà de l’objet dont le jugement s’occupe. C’est pourquoi, à partir du v. 5, nous trouvons des principes intérieurs, car il est question d’avoir affaire avec Dieu et non pas seulement du jugement des actes commis.

Il y a le sentiment du péché dans la nature, et dans l’origine de notre être ; on sent que Dieu veut la vérité dans l’homme intérieur ; mais il y a, de plus, cette confiance en Dieu qu’Il enseignera la sagesse divine dans le secret du coeur, cette sagesse que l’oeil du vautour n’a point vue. Ceci est précieux à comprendre. L’âme envisage l’humiliation avec joie, comme étant le moyen de briser une volonté profane ; car, puisqu’elle la hait, elle désire la voir brisée. En ce sens, l’amertume de l’humiliation est douce. Il y a la conscience bénie que, lorsque le Seigneur nous lave, nous sommes tout nets, plus blancs que la neige. Précieuse pensée, que celle d’être nets devant Ses yeux ! On y croit si peu, parce qu’on ne croit pas que c’est Lui qui purifie.

Jusqu’ici nous trouvons plutôt la valeur intrinsèque de la purification : ce que c’est qu’être net pour Dieu ; ce qui, pour Lui, est nécessaire et ce en quoi le coeur prend son plaisir. Maintenant on recherche la joie, mais une joie qui vienne de Dieu. Le châtiment, l’humiliation et tout le reste, étant considérés comme dispensés par la main de Dieu, on est autorisé dès lors, à désirer la joie, la faveur, la face de Dieu. Un tel désir n’aurait été auparavant qu’une jouissance égoïste quoique bien naturelle ; mais Dieu ne donne pas la joie tant que le coeur n’est pas en règle. Pour jouir ici-bas de la faveur et de la joie, il faut que le coeur soit vrai, réellement purifié, en accord avec Dieu. D’autre part, on ne peut séparer le désir que Dieu cache sa face de nos péchés et qu’Il efface toutes nos iniquités, du besoin d’avoir un coeur net ; mais, avec cette différence que maintenant ce désir s’exprime en face de la bonté de Dieu. Ce n’est plus seulement une chose requise par la sainteté de Dieu et à laquelle le coeur donne son assentiment, mais c’est l’oeuvre de sa grâce, une chose qui vient de Lui : «Crée-moi un coeur pur, ô Dieu !» Donne-le-moi, «et renouvelle au-dedans de moi un esprit droit» — un esprit recueilli, fixé calmement, invariablement, sur Dieu, seul objet du coeur ; un esprit qui compte paisiblement sur Lui et s’attend à Lui. L’âme ainsi enseignée ne peut se passer de la présence de Dieu ; sa frayeur est d’en être bannie. Elle n’a pas encore la pleine intelligence de la grâce et de la sûreté de la faveur divine, mais elle ne peut se passer de sa présence ; en être éloignée serait pour elle une misère immense ; elle le sent d’autant plus que son oeil est davantage fixé sur Lui. C’est pourquoi l’âme supplie avant tout de ne pas être renvoyée de devant sa face, car elle l’a connue en vérité, comme répondant à ses désirs, comme lui étant nécessaire. En dehors de la présence de Dieu, il ne peut y avoir pour elle aucune joie.

L’action du Saint Esprit est connue ici comme la puissance de la joie ; mais son habitation en nous n’est pas connue. L’âme demande de n’être pas privée de l’action du Saint Esprit. Il faut remarquer ici que le cas diffère de celui d’un chrétien ; que nous le considérions au début de sa conversion ou lorsqu’il est restauré et qu’il rentre en communion. Jusqu’ici nous avons pu appliquer au chrétien les grands principes essentiels de la communion de l’âme avec Dieu ; mais ces versets nous donnent l’occasion de constater la différence dont nous venons de parler. Un chrétien intelligent ne pourrait pas dire littéralement : «Ne m’ôte pas l’Esprit de ta sainteté» ; il considère les effets de son péché d’une toute autre manière. Il a contristé l’Esprit, il a péché contre l’amour, mais il ne croit pas que Dieu lui ôte jamais son Saint Esprit. Lorsque le châtiment est extrême et que le bouclier de la foi est à terre, peut-être le chrétien doutera-t-il qu’il ait le Saint Esprit ou même qu’il l’ait jamais eu ; mais jamais il ne demandera qu’il ne lui soit pas ôté. Il est presque au désespoir ; il se croit réprouvé, et s’il pense qu’il avait le Saint Esprit d’une manière extérieure, comme en Hébreux 6, il juge impossible, puisqu’il l’a perdu, qu’il puisse être renouvelé encore à repentance. Mais, sauf dans ce cas extrême, ou bien, lorsqu’on fait usage d’Hébr. 6 pour sa propre condamnation (usage fréquent, tant que l’on n’a pas obtenu une paix réelle), il n’y a aucune pensée pareille chez un chrétien. Un homme peut douter qu’il ait le Saint Esprit, mais un chrétien intelligent ne pense pas que Dieu le retire. Il sera peut-être dans un état qui touche au désespoir ; il sera profondément affligé, parce qu’il a contristé l’Esprit qui est en lui. Le résidu peut demander que l’Esprit agisse présentement en Israël, vu que Dieu reconnaît cette nation, chose que, du moins, le résidu espère (comparez Aggée 2:15).

David de même, ayant péché, pouvait parler ainsi ; un chrétien ne le pourrait pas. À la rigueur, ce cri pourrait être celui d’un chrétien inexpérimenté qui n’a pas trouvé la paix, et ne sait pas que Dieu n’ôte pas son Esprit au chrétien. Un chrétien connaissant la vérité, mais ayant failli dans sa marche et assailli par l’ennemi, pourrait demander de ne pas perdre pratiquement cette action de l’Esprit qui seule nous maintient dans la communion, et qui tient élevé le bouclier de la foi ; et la chose serait à sa place. Celui qui se trouverait ainsi privé de cette action, pourrait dire : «Rends-moi la joie de ton salut» ; il faudrait pour cela qu’il en fût à l’extrémité ; et encore ne s’agit-il pas là de l’état de l’âme ; mais seulement du point auquel elle revient. Dans le cas extrême, on va jusqu’à croire que l’on est perdu, quoique, après tout, l’espoir ne soit jamais tout à fait abandonné. Mais lorsqu’une telle âme vient à se repentir, les versets 11 et 12 sont d’un usage pratique, quoiqu’elle n’ait jamais lieu de dire : «Ne m’ôte pas l’Esprit de ta sainteté».

Il y a une action constante du Saint Esprit pour conserver la foi vivante ; cette action peut être la source d’une grande joie lorsque nous marchons avec Dieu ; mais lorsque nous n’avons pas de joie, elle empêche l’ennemi d’introduire le doute dans notre âme devant Dieu. Elle conserve, comme je l’ai dit, la foi vivante. L’ennemi n’est pas, comme puissance des ténèbres, entre nos âmes et Dieu. Voilà, pratiquement, ce que l’âme désire dans ce Psaume ; elle demande que la joie sensible du salut de Dieu soit rendue, mais elle n’a pas la connaissance de l’habitation de l’Esprit, fondée sur la rédemption.

Il se peut que nous ayons à exprimer aussi, comme le v. 12, le désir que la joie du salut nous soit rendue et que notre coeur soit soutenu par le libre Esprit de Dieu ; qu’il ait cette liberté devant Dieu et dans son service, dont jouit par l’Esprit (quand ce dernier n’est pas contristé), l’âme qui connaît la rédemption et la lumière précieuse de la face de Dieu. En David il y avait l’incertitude que le pardon pût être répété, incertitude aggravée par la grandeur de son péché. Alors, en effet, l’acceptation définitive et permanente du croyant était encore inconnue. En Israël, dans les derniers jours, il y aura la connaissance de relations longtemps goûtées — maintenant toutes mises en question — quoiqu’il y ait de la confiance en Dieu à cet égard. Mais tel n’est point l’état du chrétien. S’il sait que le Saint Esprit habite en lui, il sait aussi qu’il y demeure.

L’âme en laquelle l’Esprit de Dieu agit, peut, à cet égard, se trouver dans les états suivants : Premièrement, exercée mais ignorante, ayant une idée générale de la miséricorde, elle s’appliquera à elle-même toutes ces conséquences du péché, vaguement peut-être, mais avec terreur. Secondement, lorsque le pardon est connu (mais surtout quand la conviction du péché qui accompagne cette connaissance n’est que superficielle), sans que la justice de Dieu soit connue, l’âme qui a perdu le sentiment du pardon par une chute ou par insouciance, voit le jugement devant elle, sans avoir la justice ; alors, toute joie précédente devient amertume ; elle s’applique la réprobation prononcée en Hébr. 6, ainsi que tous les autres passages qui parlent soit de la persévérance comme d’une condition, soit de l’apostasie. Dans ce cas, l’âme n’était pas réellement affranchie. Elle a connu le pardon, non pas la justice ; elle a connu le sang sur les linteaux des portes, mais non pas la Mer Rouge. Elle est en voie d’apprendre la justice divine et la paix durable devant Dieu en Christ ressuscité. Troisièmement, il y a le cas dont j’ai parlé plus haut, où la vérité étant connue, on a traité légèrement le péché ; alors on se trouve sous la puissance de l’ennemi ; il n’y a point de force pour appliquer la Parole ou les promesses, et l’on s’applique à soi-même chaque sentence amère. La justice de Dieu en jugement étant reconnue comme juste, c’est, pour ainsi dire, non pas Dieu, mais Satan qui est l’interprète de la Parole. Cependant Dieu se sert de tout cela comme d’un châtiment pour remettre l’âme en règle, et celle-ci, par grâce, s’attache à Dieu, en dépit de tout.

En parlant de ces versets j’ai peut-être dépassé les limites habituelles, mais la chose m’a paru nécessaire, parce qu’on en abuse si souvent pour placer les chrétiens sur le terrain de l’Ancien Testament, et pour leur enlever la vérité de la demeure constante de l’Esprit en eux ; tout cela est une fausse application de notre passage.

Je terminerai par quelques remarques sur les derniers versets. L’âme n’est pas encore restaurée ni libre devant Dieu, elle désire l’être. Une fois restaurée, elle peut librement enseigner les autres. Mais, tandis qu’elle désire un coeur pur, il est un autre caractère du péché, le fardeau d’une âme qui a rejeté Christ : «la coulpe du sang». «Délivre-moi de la coulpe du sang» (v. 14). Il va sans dire que nous ne pouvons mettre Christ à mort ; mais le péché est le même. Ainsi, dans le péché, il n’y a pas seulement la souillure, mais les sentiments sont mauvais ; il y a de la haine contre Dieu, manifestée par l’inimitié envers les saints et surtout envers Christ. Nous pouvons comprendre comment Israël pourra faire une telle demande ; car ils ont dit : «Que Son sang soit sur nous et sur nos enfants !» Mais, en pratique, nos coeurs aussi l’ont rejeté et n’ont pas voulu de Lui. Toutefois, l’âme qui a été approchée de Dieu par sa grâce, peut demander d’être aussi purifiée de cela ; bien plus, en recevant le pardon de ce péché, elle voit que Dieu est en effet le Dieu de son salut ; qu’il n’est pas le Dieu de jugement, mais que, dans le cas du péché le plus extrême, Dieu est un Sauveur — qu’il sauve en amour. Alors l’âme chante hautement la justice de Dieu (v. 14). Dans sa vraie relation avec Dieu, il n’y avait que le péché ; la croix, c’était Dieu rencontrant le péché et le péché rencontrant Dieu dans l’homme. L’homme (c’est-à-dire le pécheur) n’avait que le péché. Par la croix, il a montré qu’il n’était que haine et violence contre Dieu présent en amour. Mais là même Dieu devint, non pas un restaurateur, mais un Sauveur, un Sauveur parfait ; et Il montra sa justice en ce qui concerne l’oeuvre de Christ, en plaçant l’homme, Christ comme homme, à sa droite. Alors seulement la justice de Dieu est connue ; et, cette justice ayant triomphé dans le salut, l’âme la chante hautement. Telle est la vraie liberté ; le Saint Esprit donné en est la puissance. La conséquence nécessaire c’est que les sacrifices n’ont plus de place ; où seraient-ils ? Comment reconnaîtraient-ils Dieu ? Un esprit brisé, voilà ce qui s’accorde avec la croix, avec le corps donné de Christ et les péchés pardonnés. Dieu ne méprise pas cet esprit. Cela répond à sa pensée dans la croix, à sa grâce envers le pécheur. Alors suivent la paix, la bénédiction et le service. Ici, naturellement, la chose a lieu selon l’ordre millénaire juif, mais elle est réalisée en esprit dans le chrétien.

 

2.11                   Psaume 52

Le Psaume 52 n’exige que peu de remarques. Il s’occupe du jugement en Israël, mais il contient quelques principes qui s’appliquent directement, à toute époque, au croyant qui ne regarde pas aux circonstances, lorsque prévaut la puissance du mal. Le mal se vante lui-même ainsi que sa puissance, mais la foi voit autre chose. La bonté de Dieu, devant lequel les hommes sont comme des sauterelles, dure de jour en jour (v. 1), bien que le mal ait continuellement le dessus. Il n’y a pas de moment où cette bonté ne se trouve pleinement en Lui ; pas de jour où quelque chose Lui échappe, ou bien se trouve hors de sa portée. Il ne s’agit pas seulement de la puissance de Dieu, mais de sa bonté. C’est une grande vérité générale ; mais nous, chrétiens, nous disons : Notre Père ! «Pas un passereau ne tombe en terre sans votre Père». D’un autre côté, il y a ici une pensée particulièrement précieuse ; il ne s’agit pas de la bonté de l’Éternel dans sa relation avec Israël, mais de ce qui est dans la nature de Dieu. La bonté de Dieu, quelle ressource contre le mal ! Comme telle, elle ne peut ni cesser, ni être interrompue. La fin de l’orgueil, c’est la ruine, mais celui qui s’assure dans le Seigneur et dans son amour fidèle, sera, lorsque tout le reste se flétrit, comme un olivier vert planté dans les parvis de la maison de Dieu.

 

2.12                   Psaume 53

Ce Psaume, comme nous le savons, apporte la conviction de leur état de péché irrémédiable, à ceux qui possèdent les plus grands privilèges. Le secret de leur conduite n’est pas nouveau ; j’en dirai quelques mots. La voie du méchant tout entière a pour point de départ ceci : Pour lui Dieu n’est pas. La foi n’existe pas et Dieu n’est pas vu ; tel est le secret de toute erreur, soit en pratique, soit dans le raisonnement humain. Plus nous examinons dans son ensemble le cours de l’activité humaine, nos fautes à nous, chrétiens, les errements divers de la philosophie, plus nous trouvons aussi que «Il n’y a point de Dieu» est à la racine de tout cela. Il s’agit ici d’une conscience qui ne tient aucun compte de Dieu. Le coeur n’a aucun désir de Lui, et la volonté est à l’oeuvre comme s’il n’y avait point de Dieu. C’est ainsi que l’insensé dit en son coeur : «Il n’y a point de Dieu». Pourquoi donc le dit-il ? Parce que sa conscience lui dit qu’il y a un Dieu. Sa volonté voudrait qu’il n’y en eût point ; et comme cet insensé ne voit pas Dieu dans ses oeuvres, sa volonté ne voit que ce qu’elle veut. Dieu est mis de côté et toute la conduite de l’insensé est sous l’influence de sa propre volonté, comme s’il n’y avait point de Dieu. S’il réfléchit, il s’efforce de prouver que Dieu n’est pas, parce qu’autrement il ne pourrait pas continuer à faire ce qu’il veut. S’exaltant lui-même et se décevant lui-même, il en vient, quant à sa condition pratique, à vouloir que Dieu n’existe pas. Ce n’est pas qu’il le pense, mais il agit comme s’il le pensait, soit dans ses intentions, soit dans ses actes. Dans un certain sens, on peut dire que même il pense ainsi ; car exclusivement occupé des choses présentes, aveuglé parce qu’il est devenu étranger à Dieu, mort quant au sentiment moral, jugeant d’après les choses présentes, il en tire des conclusions, et ne croit pas qu’il y ait un Dieu. Il vit dans ses pensées ainsi formées, et s’exprime, de cette manière, en son coeur. Lorsque sa conscience s’éveille, il sait bien qu’il y a un Dieu ; mais il vit dans sa volonté et dans les pensées de cette volonté et, pour lui, il n’y a point de Dieu.

Il est étonnant de voir combien le raisonnement humain fait habituellement abstraction de l’existence de Dieu. Impossible qu’on regarde autour de soi, sans se rendre compte que la somme du mal est fort grande. Si l’on n’accepte pas la chute et le salut, que doit-on penser quand on ne voit pas Dieu intervenir, d’une manière immédiate, comme en Israël ? On laisse Dieu de côté, et l’on explique tout comme s’il n’existait pas. Les hommes ne veulent pas placer toutes choses sur le terrain de la vérité ; par conséquent, ils ne peuvent aucunement introduire Dieu dans ces choses, et ils expliquent tout sans Lui. Voilà ce qu’on appelle la philosophie. Or cela mène nécessairement sous la puissance du mal, car le mal existe et par conséquent sa puissance. Si Dieu n’est pas introduit, il faut, dans ce cas, que la puissance du mal ait le dessus, car où est celui qui l’en empêcherait ? Toutefois Dieu retient, jusqu’à ce que son temps soit venu, le temps où il n’y a plus de bien à faire par la patience. Alors le mal arrive à son comble, comme nous le voyons dans ce Psaume, et le résultat c’est le jugement dont il est parlé au v. 5. Mais remarquons que les principes du monde sont les mêmes à toute époque. Dès que j’agis comme si Dieu n’existait pas (c’est-à-dire sans m’inquiéter de Sa volonté), c’est comme si je disais dans mon coeur : «Il n’y a point de Dieu».

Si la peur dont il est parlé au v. 5 est celle de la congrégation des justes, comme je le pense, nous voyons combien les justes ont peu de raison de s’effrayer au jour de la puissance du mal ; car plus le mal grandit, plus c’est Dieu que cela concerne. Le mal a-t-il atteint son extrême limite, Dieu seul est en cause, et, par conséquent, il n’y a plus aucune raison de craindre. C’est lorsque les méchants triomphent que Dieu les méprise. Le psalmiste, comme Juif, désire ardemment cette époque qui sera celle de la restauration d’Israël. Dans un certain sens, nous la désirons aussi, parce que nous désirons la disparition du mal et le repos de la terre ; mais ce n’est pas la bénédiction la plus élevée.

 

2.13                   Psaume 54

Ce Psaume contient un seul principe, mais des plus importants pour la pratique : Dieu seul et son nom ; c’est-à-dire que la révélation de Lui-même est la ressource de l’âme. Les étrangers n’ont pas mis Dieu devant leurs yeux ; il n’en est pas ainsi du croyant, et, pour lui, tout dépend du nom de Dieu. Le fidèle exprime sa dépendance et recherche Dieu selon son nom. Ce nom tient la première place dans le Psaume. Il faut remarquer que Dieu n’est pas connu ici dans une relation d’alliance qui subsiste. Il ne s’agit pas de l’Éternel, sauf à la fin du Psaume, mais de Dieu, comme tel, en contraste avec les hommes et tout le reste ; de Dieu connu en ce qu’Il est : comme source de miséricorde et de bonté, de laquelle nous dépendons. Mais Dieu s’est révélé Lui-même ; il s’est fait connaître aux hommes ; son nom qui exprime ce qu’Il est, ce nom est connu, et le coeur se confie en cela. Que cette confiance est douce ! C’est la joie et le repos. Que pourrait faire l’homme, si Dieu est pour nous ? Il se peut que je ne sache pas ce que Dieu fera ; mais j’ai confiance en Lui. Dieu dit qu’Il est mon secours. Une fois que l’âme est délivrée ou qu’elle pense à la délivrance, tout ce que Dieu est en relation avec son peuple, devient pour elle un sujet de louange. Mais ce que Dieu est, comme Dieu, voilà sa ressource.

 

2.14                   Psaume 55

Le Psaume 55 est l’expression d’une extrême détresse d’esprit. Il y avait là des ennemis du dehors ; mais ce qui pesait avant tout sur l’esprit du fidèle, c’était la haine de ceux qui étaient dans la plus intime relation avec lui. Ceci l’amène en présence de la mort et du jugement divin, parce que, comme instruments de Satan, ses ennemis voudraient charger son âme de la culpabilité devant Dieu. Le Seigneur Lui-même (quoique ce Psaume ne soit pas proprement une prophétie qui s’applique à Lui) a entièrement passé par là, je n’ai pas besoin de le dire. Ils cherchèrent à faire de Lui un coupable ; ils triomphèrent lorsque Jésus fut abandonné de Dieu, et ils estimèrent qu’étant ainsi frappé, il était battu de Dieu et affligé. Ce Psaume a trait directement au Résidu des derniers jours ; mais, comme nous l’avons vu, dans toutes leurs détresses, le Christ a été en détresse.

C’est une chose très solennelle que de voir une âme chargée de l’iniquité par des hommes méchants, instruments de Satan. Le Seigneur a éprouvé cela plus profondément que personne, parce qu’Il s’est chargé de notre iniquité. Il ne s’agit pas proprement de la colère que Christ a portée, et que nous ne porterons jamais, mais du fait, que la puissance de Satan, par le moyen des méchants, veut mettre le poids de la colère sur l’âme du juste. Le Seigneur peut juger cette épreuve nécessaire, mais ce ne sera jamais qu’un cas exceptionnel pour les chrétiens.

On trouve ici de la confiance en Dieu, l’espoir que son oreille est attentive au cri du coeur qui se confie en Lui. Mais, jusqu’à ce qu’on ait regardé au Seigneur, la puissance de l’iniquité et l’iniquité elle-même épouvantent et écrasent l’âme. L’existence et la puissance du mal — de ce qui est opposé à Dieu — pèsent sur l’âme ; et à cela se joint le fait que la confiance du juste en l’homme a été outrageusement trompée, car ce n’est pas un ennemi avoué, mais c’est un ami qui a fait ces choses. Comment compter sur quoi que ce soit qui vienne de l’homme, si nos plus proches nous trahissent ? Aussi le coeur éprouve-t-il ce que c’est que l’isolement ; il ne peut compter sur rien. Le Seigneur a traversé et éprouvé cette puissance du mal : nous ne la sentons que lorsque la chair n’est pas brisée et qu’elle a besoin de l’être. Sans doute, le mal existe, mais, pour la foi, Christ a brisé sa puissance ; toutefois, en tant que nous sommes pécheurs, cet effort de la puissance de Satan contre nous, aura nécessairement un caractère de jugement. Par grâce, nous pouvons être au-dessus de cela et avoir confiance. C’est pour cela aussi que Christ a prié pour Pierre ; et, bien qu’ayant failli sous la puissance de Satan, il fut préservé de douter de l’amour du Seigneur et de descendre jusqu’au désespoir. La chose la plus terrible, dans ce Psaume, c’est que la méchanceté se présente comme la puissance du mal. L’esprit du fidèle recule d’épouvante devant ce manque de coeur ; il voudrait fuir ; car un esprit de grâce aimerait à se reposer en paix lorsque de tous côtés le mal l’environne. Toutefois le coeur a la conscience de n’avoir aucune association avec le mal ; il ne demande qu’à fuir, pour être seul, en repos, car il est dans une position où il n’a personne en qui se confier. Ceci le rejette entièrement sur le Seigneur, car, après tout, il n’a pas, dans ce monde, des ailes de colombe.

Le résultat est que la méchanceté est présentée devant le Seigneur, c’est-à-dire en pleine lumière ; ce qui introduit naturellement le point de vue sous lequel tout est considéré dans les Psaumes : la patience en présence du mal, la justice qui doit envisager le mal sous son vrai caractère ; et enfin la pensée du jugement. Sans doute, les Psaumes nous parlent aussi des souffrances de Christ sous le péché, même jusqu’à subir la colère, ainsi que de la grâce qui ressort d’un jugement déjà exécuté ; mais, en général, les Psaumes présentent l’aspect du gouvernement de Dieu ; car le jugement du mal et la délivrance de l’opprimé sont dans la nature de Dieu en tant qu’il gouverne et qu’il voit toutes choses. Jusqu’ici, le coeur gémissait sous l’oppression et dans la souffrance, en pensant avec horreur et affliction d’esprit au mal qu’on cherchait à lui imputer ; mais maintenant, il peut, regardant au Seigneur, considérer le mal plus calmement quant à son caractère propre, et quant au jugement qui va suivre. De là, une pleine confiance en l’Éternel, connu comme le Dieu de l’alliance. Aussi, depuis le v. 19, le fidèle, en toute liberté d’esprit, envisage calmement toutes choses et en considère la fin. La conclusion ne se fait pas attendre. Elle est parfaite, elle est précieuse malgré le sentiment le plus profond d’un mal arrivé à son comble : «Rejette ton fardeau sur l’Éternel et Il te soutiendra ; Il ne permettra jamais que le juste soit ébranlé». Ici se terminent tous les exercices qui sont en rapport avec le fondement de notre foi ; et, bien que ce Psaume exprime le désir du jugement, lorsque l’on considère le principe du v. 22, on y trouve le précieux soutien de la foi dans toutes les épreuves. Il y a deux points à remarquer ici : «Rejette ton fardeau sur l’Éternel». Quelle que soit l’épreuve ou la difficulté, rejette-la sur le Seigneur. Cela ne signifie pas que l’épreuve soit toujours retirée ; dans ce cas-ci la chose n’aura lieu qu’à l’arrivée du jugement ; mais «Il te soutiendra». Cela vaut mieux que si les épreuves étaient retirées ; car c’est Dieu venant directement se mettre en rapport avec nous, avec nos âmes ; c’est le sentiment de son intérêt pour nous, c’est sa faveur, sa proximité ; Il vient pour nous aider dans nos besoins. C’est un état divin de l’âme, meilleur même que l’absence du mal. Dieu est un secours assuré pour nous soutenir.

Le second point est la fidélité infaillible de Dieu. «Il ne permettra jamais que le juste soit ébranlé». Peut-être sera-t-il éprouvé ; mais Dieu ne peut ni ne veut permettre que le mal dans le monde ait le dessus. Par le moyen du mal nous pouvons apprendre à avoir confiance, et, en ayant confiance, nous savons que le Seigneur nous gardera. Le caractère du mal rend l’intervention de Dieu nécessaire ; — montre d’autant plus clairement qu’il faut que Dieu intervienne.

 

2.15                   Psaume 56

L’âme est sortie des profondeurs de la détresse intérieure, dans laquelle elle se trouvait au Ps. 55. En effet, bien que les ennemis du fidèle se tiennent aux aguets pour surprendre son âme, il ne s’agit plus ici de l’infidélité et de la trahison de ses amis ; ce sont des ennemis qui cherchent à lui faire du tort. Il est effrayé plutôt que désolé, et regarde à Dieu à travers les difficultés. Aussitôt la foi est en activité. Dans le Psaume précédent, l’esprit du fidèle était profondément abattu au-dedans de lui ; ici, il est seulement éprouvé ; aussi peut-il bien vite se confier en Dieu, dont la Parole est, pour lui, le témoignage d’une délivrance certaine.

Dans le Ps. 55, c’est seulement au v. 19 et à la fin que le fidèle est capable d’introduire Dieu ; tandis qu’ici Dieu est aussitôt devant l’âme. En réalité, les épreuves extérieures sont peu de chose, comparées avec les déchirements intérieurs de l’esprit : «L’esprit d’un homme soutient son infirmité ; mais l’esprit abattu qui le supportera ?» (Prov. 18:14). La confiance du saint est donc en Dieu. Mais cette confiance en Dieu ne peut exister sans quelque révélation de sa part. Or, quand l’âme peut regarder à Lui et avoir confiance, le témoignage qu’Il nous a donné dans son amour, ce par quoi Il a révélé ses pensées, devient à la fois le guide et l’assurance de l’âme. Combien la possession de ce témoignage est précieuse ! Dieu ne peut faire autrement que de l’accomplir. Ces deux points — Dieu Lui-même et sa Parole — sont les pivots de la pensée dans ce Psaume. «En Dieu, je louerai sa Parole». Sa Parole nous donne le témoignage certain de ce qu’il sera, de ce qu’il est pour nous.

Mais, lorsqu’il s’agit de Dieu, que peut faire la chair ? Telle est la conclusion à laquelle l’âme arrive. Elle a des ennemis, peut-être forts et puissants, et elle n’est pas insensible à cela. Ils se tiennent cachés et complotent contre le fidèle qui n’a aucune ressource en la chair. Tout cela lui est utile, en lui faisant connaître le monde dans lequel il se trouve, et en le sevrant de la chair. Que peut-il donc faire ? Rien du tout. Dieu devient sa seule ressource, et cela lui offre autant de bénédiction positive que d’utilité. En réalité, si Dieu est pour nous, que peut faire la chair ? Un homme du monde peut avoir des ressources charnelles contre la chair, mais un saint ne peut recourir à de telles armes : elles le détourneraient de Dieu, au moment même où Dieu l’amène complètement à Lui. Il ne peut pas dire «conjuration» de tout ce dont le peuple, faible en la foi, dit : «conjuration» ; d’autre part il ne doit pas non plus craindre leur crainte, ni s’en épouvanter, mais il doit sanctifier l’Éternel des armées Lui-même qui lui sera pour sanctuaire. Ici le fidèle est amené, par ce qui est pour lui une occasion de crainte, à regarder à Dieu. Dès lors, que peut faire la chair ? Dieu dispose de toutes choses, et il a ses plans qu’il exécutera certainement.

Une autre bénédiction, non moins profonde, accompagne celle-ci. L’âme est dans l’épreuve, les méchants complotent contre elle, mais Dieu est avec elle dans l’affliction et enregistre tout cela. Il compte les allées et venues du fidèle ; car ce dernier est considéré ici comme dépourvu des privilèges extérieurs qui appartiennent au peuple de Dieu et des bénédictions de sa maison. Dieu enregistre tout cela, et le fidèle peut être assuré, comme il l’exprime admirablement, que le Seigneur met chacune de ses larmes dans ses vaisseaux. Chaque affliction du fidèle est écrite dans son livre. Précieuse pensée ! Ainsi le coeur se confie en Lui, et il sait que, lorsqu’il crie à Lui, tous ses ennemis retourneront en arrière. Ensuite, comme il avait loué la Parole de Dieu avec foi, regardant à elle, soutenu par elle, comptant sur elle au milieu de ses frayeurs et de ses afflictions, (oh ! que les saints sachent mieux le faire !) il veut la louer encore en comptant sur la délivrance par l’intervention infaillible de Dieu.

Ce Psaume nous présente encore, naturellement sous une forme juive, un autre principe en rapport avec ces exercices du coeur, principe que l’on rencontre toujours dans ces exercices, et qui, en tant qu’ils viennent de Dieu, est, en effet, l’un de leurs objets principaux. Je veux parler du sentiment que l’on appartient, qu’on a été livré, consacré à Dieu. «Les voeux que je t’ai faits sont sur moi, ô Dieu !» Cela se manifeste dans le sentiment de la louange, sentiment qui se traduira en louanges, lors de la délivrance ; mais le coeur apprend dans ces épreuves, ce que nous sommes portés à oublier, que «nous ne nous appartenons pas à nous-mêmes». Ce sentiment, dans sa phase inférieure, se lie au besoin de la délivrance, dans sa phase la plus élevée, à la joie de savoir que Dieu nous reconnaît pour siens, en vertu de la rédemption qui, de fait, nous a rendus siens entièrement, comme ce fut le cas extérieurement pour Israël lors de la délivrance d’Égypte. C’est pourquoi les louanges sont déjà dans le coeur de l’opprimé ; il a, par la foi, les choses qu’il a demandées, mais ces gratuités et ces délivrances sont, pour lui, un motif pour obtenir encore davantage. Ayant été délivré de la mort, il compte que ses pieds seront gardés de broncher. Il était sous la puissance et l’oppression de l’ennemi, du diable qui avait le pouvoir de la mort. Il est mis en liberté ; désormais il lui faut marcher sans broncher et sans tomber en chemin, mais il a appris dans l’épreuve ce que c’est que la dépendance, et il regarde à Dieu pour être gardé. «Ne garderas-tu pas mes pieds de broncher ?»

L’âme a encore appris autre chose dans sa détresse ; elle connaît maintenant le bonheur de marcher devant Dieu dans la lumière de sa faveur et dans la sécurité de sa présence. Elle regarde à cela comme à l’objet en vue duquel elle doit être gardée. Elle désire sa propre paix et son bonheur, mais elle les désire devant Dieu. La «lumière des vivants» était la lumière de la faveur divine qui préservait Israël. Nous ne trouvons pas ici l’ordre le plus élevé de la joie, mais nous voyons une âme qui, du sein de la détresse et de l’oppression, s’attend à la fidèle bonté de Dieu, afin de pouvoir marcher devant Lui en paix et en sécurité.

 

2.16                   Psaume 57

Au Psaume 57, nous trouvons les mêmes épreuves, mais avec plus de confiance. L’oeil du fidèle qui voit briller plus distinctement la puissance de Dieu et son secours, voit aussi plus clairement combien de mal et d’iniquité il y a dans ses ennemis, et s’arrête moins à ses propres difficultés. La chose reste toujours vraie, et nous avons à la noter, car notre coeur est perfide. Quand il sort de ses propres craintes et de ce qui personnellement l’oppresse, il est en danger de trop s’appesantir sur la méchanceté de ses ennemis. Sans doute, il la verra toujours davantage, plus il regardera à Dieu. Le danger n’est pas là, mais dans le fait qu’on s’appesantit sur le mal. Il est dangereux de passer l’éponge sur le mal et de continuer tranquillement son chemin, mais il est aussi nuisible de s’y appesantir. Le mal ne nourrit pas l’âme — comment le pourrait-il ? — et il en résulte peu à peu un esprit contraire à l’Évangile. Nous verrons le mal, si nous sommes près de Dieu, mais nous nous occuperons aussitôt de Dieu et non pas du mal. Dieu est entièrement au-dessus du mal.

Ainsi il y a progression dans ces trois Psaumes. Le premier verset des Psaumes 56 et 57, nous montre ce qui les distingue. Dans l’un, il est dit : «Car l’homme voudrait m’engloutir, ... il m’opprime» ; dans l’autre : «Car en toi mon âme se réfugie». Au Psaume 56, le fidèle se confie en la parole de Dieu ; ici, il en attend l’accomplissement par la main de Dieu et se réfugie sous l’ombre de ses ailes, jusqu’à ce que les calamités soient passées. C’est de là qu’il peut considérer d’avance Dieu s’élevant au-dessus des cieux et sa gloire s’étendant au-dessus de toute la terre. Cela ne signifie certes pas que la puissance du mal existe moins qu’auparavant, car l’âme était courbée par elle (v. 6), mais les pensées se reposent davantage sur Dieu. Remarquez, de plus, qu’il n’y a aucune idée de résister au mal et de s’en débarrasser par sa propre force. L’âme s’attend à Dieu, et il le faut pour que son sentier soit parfait : c’est ce que Christ a fait.

Le Psaume précédent s’occupe davantage du sentiment que Dieu prend part à l’affliction du fidèle ; tandis que celui-ci considère plutôt le fait que l’âme désire y échapper, mais par la délivrance que Dieu accomplira et qu’il enverra des cieux. De plus, le fidèle voit les méchants pris dans leurs propres embûches ; mais il n’a pas la pensée de contre-miner leurs plans ; au contraire, s’abandonnant entièrement à Dieu, il voit que leurs plans deviennent leur propre ruine, et ainsi, le jugement est exécuté d’une manière frappante et la foi est hautement confirmée. Par la foi, il reçoit, pour ainsi dire, la louange préparée, et cela parmi les Ammim et les Leummim — les peuples et les peuplades : qui ne sont pas proprement des païens adversaires et ennemis. Les épreuves du fidèle sont au milieu du peuple, de la part d’hommes avec lesquels il était associé ; il ne s’agit pas de triompher de ses adversaires, mais d’être délivré là où il ne pouvait que courber son âme. Le résultat, c’est la louange parmi les hommes, dans une sphère plus vaste que celle au milieu de laquelle il avait été éprouvé ; et il en est toujours ainsi, car Celui qui délivre est grand. De fait, le psalmiste considère la gloire millénaire à venir, alors que, dans le Christ, toutes choses seront réunies en un ; mais je ne parle ici que de ce qui a trait aux voies de Dieu.

 

2.17                   Psaume 58

Peu de mots suffiront pour ce Psaume ; en voici le point capital : Pour les méchants, comme tels, il n’y a aucun espoir d’amendement ; mais Dieu les jugera, en sorte que les hommes verront qu’il y a une récompense pour le juste, et un Dieu qui juge la terre. Y a-t-il parmi les hommes un jugement intègre et juste ? Telle est la question. Il y a de la méchanceté dans leurs coeurs ; on y trouve des plans et des trames. La méchanceté appartient à leur nature et à leur volonté, et se caractérise par la fausseté. Elle vient du serpent, elle est diabolique de sa nature, et ils se refusent à toute puissance d’attraction, à toute influence, quelle qu’elle soit. Dieu intervient, et l’Éternel juge ; et, bien que leur puissance et leur force soient comme celles des lions, ils se fondent, ils se réduisent à rien, lorsque sa main se fait sentir. La vengeance intervient, mais de plus (ce qui explique la joie que le juste en ressent), elle justifie le juste, démontre qu’il avait raison malgré sa faiblesse apparente et l’ennemi qui l’écrase ; preuve enfin que Dieu est juste, et que, malgré l’opposition, il existe un Juge.

 

2.18                   Psaume 59

Le but que je me propose ici me permet d’être bref sur ce Psaume. Il a trait directement au jugement que le fidèle invoque sur les nations. J’indiquerai seulement que, lorsqu’il s’agit du Seigneur et de ses saints, il faut attendre du monde une absence complète de conscience et de coeur ; sentence terrible, mais confirmée par ces Psaumes aussi bien que par l’expérience. Le simple refuge du fidèle est en Dieu : «Dieu est ma haute retraite». On ne trouve ici ni plans, ni travaux de défense, ni recherche de moyens humains pour s’opposer à la puissance de l’ennemi. Avec ces moyens-là, nous pouvons réussir partiellement peut-être et pour un certain temps ; mais, en nous servant d’armes charnelles, nous perdons la dépendance de Dieu qui a pour conséquence son intervention ; nous perdons aussi la perfection de marche et de témoignage que l’on acquiert en s’attendant à Lui. Nous avons donné beau jeu à l’ennemi en reconnaissant la puissance du monde comme compétente, pour régler la question du bien et du mal ; puissance qui, après tout, restera entre les mains de ce dernier jusqu’à la venue de Christ, bien que Dieu la tienne sous sa direction souveraine. Le coeur du fidèle doit dire : «le Dieu qui use de bonté envers moi» (v. 17) ; il le connaît comme tel ; il tient à sa faveur et il a confiance en sa fidélité. Il prévoit la méchanceté qui n’a aucune crainte de Dieu. Les méchants reviendront, des gens sans coeur et impies (v. 14), mais le fidèle chantera la force de Dieu (v. 16). Et non seulement cela, mais, dans son affliction, il a fait l’expérience de la bonté, des soins tendres et miséricordieux de l’Éternel, lui qui a besoin même de miséricorde à cause de ses manquements. Il célébrera avec joie la bonté de Dieu, et cela lorsqu’apparaîtront des jours meilleurs, car cette bonté s’est manifestée au jour où il était dans la détresse. Dieu est aussi sa force, et c’est à Lui qu’il chantera. Étant ainsi encouragé, le fidèle ne chante pas seulement de Dieu, mais à Dieu. La méchanceté des adversaires est considérée ici comme pure méchanceté. Il se peut qu’entre Dieu et le fidèle il y ait occasion à discipline, mais, quand il s’agit du fidèle et du méchant, le premier n’a donné aucune occasion à la perfidie de son ennemi. Cependant, se tourne-t-il vers Dieu, dans le sentiment de la puissance du mal qui est contre lui, il s’attend à la bonté. Son coeur aime à se tourner de ce côté-là avec la conscience de sa propre faiblesse et de sa nullité. Pour lui Dieu est «le Dieu qui use de bonté envers lui».

 

2.19                   Psaume 60

Nous ne pouvons appliquer en principe le Psaume 60 qu’à nos combats extérieurs avec la puissance du mal. Dans ce conflit, Dieu peut trouver bon, selon son gouvernement, de nous laisser là vaincus et dispersés pour le moment ; et c’est bien le châtiment le plus sévère et le plus sensible en ces sortes de combats : car, servant la cause de Dieu, il nous faut la voir déshonorée sur la terre par notre faute ou par nos manquements. Sans doute, étant nous-mêmes au milieu du combat, il se peut qu’en nous l’orgueil ait aussi à être mortifié ; toutefois le sentiment de douleur et d’affliction est un sentiment naturel qui doit remplir le coeur du serviteur de Dieu. C’est une chose terrible que de voir ceux qui occupent la place du peuple de Dieu et de ses témoins, rendus confus devant leurs ennemis, tandis que la cause de Dieu semble pour le moment avoir subi un échec complet. Dieu a donné une bannière à ceux qui le craignent, pour la déployer à cause de la vérité. Il a mis son enseigne au milieu d’eux, et c’est une chose terrible, qu’avec elle, ils soient défaits et repoussés ; qu’en disant : Jéhovah Nissi (*), ils voient l’ennemi avoir le dessus. L’Éternel avait guerre avec Amalek ; mais lorsqu’un Acan se trouvait dans le camp, Il ne sortait pas ; car lorsque Dieu conteste, c’est afin d’exercer la conscience de son peuple : cependant, lorsqu’elle est ainsi abattue, la foi ne perd point courage quoiqu’elle boive le vin d’étourdissement. Elle regarde à Dieu, juge le mal s’il est là, ou reconnaît qu’il doit en exister, bien que, peut-être, elle ne le découvre pas encore. Mais Dieu a parlé dans sa sainteté. L’immutabilité même de sa nature, qui ne supporte pas le mal, donne la certitude qu’Il accomplira sa parole en leur faveur. C’est à cela que la foi regarde — sur cela qu’elle compte. Et lorsqu’elle est obligée de demander : «Qui me conduira dans la ville forte ?» elle répond : «Ne sera-ce pas toi, ô Dieu, qui nous as rejetés ?» — Alors tout est en règle. Celui qui avait ainsi discipliné son peuple, sera leur force, leur sûr et fidèle Libérateur. Par Lui, quoique d’abord dispersés, les saints feront des actions de valeur. C’est que la foi regarde à Dieu à travers tout, car Il est fidèle et sa faveur est meilleure que la vie. Cette confiance est pleinement mise en lumière dans le Psaume suivant.

(*) L’Éternel mon enseigne (Ex. 17:15)

 

2.20                   Psaume 61

Ici, le fidèle est encore tenu éloigné de la jouissance des bénédictions présentes. Il est au bout de la terre, mais il regarde à Dieu. Son coeur est accablé au-dedans de lui-même. Intérieurement il ne trouve aucune ressource contre les difficultés extérieures. L’orgueil défiera les difficultés et restera hautain même dans la destruction, mais tel n’est point le chemin du fidèle. Il faut ajouter que le courage naturel, qui se maintient au milieu de l’adversité, a toujours en vue quelque résultat qu’il espère ; mais nous n’en trouvons aucun dans les circonstances du fidèle qui nous sont présentées ici. Il est expulsé ; il n’a aucun sujet d’espérer une délivrance humaine, et l’orgueil est loin de lui. Il s’humilie sous la main de Dieu ; mais il a une ressource — Dieu le conduit sur un rocher qui est trop haut pour lui (v. 2). La foi atteint ce qui est au-dessus des circonstances, lorsque la nature est écrasée par elles. Et si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ? Dieu s’intéresse à nous ; nous le savons, il l’a montré. Le coeur peut s’attendre à Celui devant qui toutes les circonstances ne sont absolument rien ; il se confie en Dieu et le moi disparaît sous son accablement. Dieu est le gardien, il est la portion du croyant. Dès lors, tout le reste n’entre pas en ligne de compte. Il s’agit du contraste entre Dieu et les circonstances, et non pas entre les circonstances et nous. Dieu a entendu le cri du croyant en détresse, et, de même qu’il a confiance maintenant, il demeurera aussi à toujours dans la tente de Dieu. Le «rocher trop haut pour nous», tel est le secret de toute paix dans l’épreuve. Vis-à-vis des géants, les espions se comparent à des sauterelles. Dieu était-il ainsi ? Les murailles atteignaient jusqu’aux cieux — qu’importe, lorsqu’elles tombent sous elles-mêmes ?

 

2.21                   Psaume 62

Ce Psaume a pour sujet le repos de l’âme qui s’attend à Dieu, repos qui implique la dépendance et la confiance ; et toutes deux sont telles que nous attendons le moment que Dieu juge convenable.

La dépendance suppose que nous ne pouvons et ne devons rien faire sans Lui, que l’âme ne désire que ce qu’Il fait, et qu’enfin, agir sans Lui, même pour nous défendre, est seulement l’action de notre propre volonté, partant l’indépendance de Dieu. Saül ne s’attendit pas à Dieu. Il attendit presque sept jours ; mais s’il avait compris la dépendance de Dieu, et que rien ne pouvait se faire sans Lui, il n’eût rien fait jusqu’à l’arrivée de Samuel. C’est ce qu’il ne fit pas ; il voulut agir de lui-même et perdit le royaume. La délivrance de Dieu est douce, elle est amour ; c’est une juste, une sainte délivrance, digne de la révélation de sa faveur et de sa grâce. Elle est parfaite en sa place, en sa manière et en son temps. Lorsque la volonté n’agit pas, l’âme qui attend la délivrance la rencontre et en jouit dans sa perfection, et ainsi nous sommes parfaits et accomplis dans la volonté de Dieu.

Nous avons dit que l’attente implique aussi la confiance. En effet, pourquoi attendrions-nous, si Dieu n’intervenait pas ? C’est ainsi que, dans l’intervalle, l’âme est soutenue, et la confiance est telle qu’on attend patiemment le moment du Seigneur. La patience a son oeuvre parfaite, en sorte que nous sommes parfaits et accomplis dans toute la volonté de Dieu. Sans doute, il y a aussi une manière active de compter sur Dieu, mais la confiance dont je parle laisse l’âme s’attendant à Lui d’une façon absolue et exclusive. Elle n’est pas d’elle-même active, elle s’attend à Dieu seul.

Les deux points qui sont en rapport avec cette attente, démontrent l’état de l’âme. «De Lui vient mon salut» (v. 1), et : «Mon attente est en Lui» (v. 5). Lui seul est le rocher et le salut ; aussi l’âme confiante s’attend à lui, ne cherche aucun autre refuge, ne regarde qu’à lui seul pour la délivrance. Le coeur est donc, en principe, (Christ l’était de fait) parfait dans sa confiance, et rencontre dans la dépendance la perfection de Dieu ; il n’accepte rien d’autre, parce qu’il a l’assurance que Dieu est parfait et agira selon sa perfection au moment convenable. Ainsi la foi correspond à la perfection de Dieu. D’un autre côté, il n’y a aucune activité quelconque de propre volonté ; on n’accepte, pour se délivrer soi-même, aucune intervention qui, dans sa nature, soit inférieure à Dieu Lui-même. C’est pourquoi l’attente patiente qui compte sur Dieu est un principe d’une immense importance, principe qui, dans les Psaumes, caractérise la foi et par conséquent Christ Lui-même.

Mais il reste encore quelques points à remarquer : «Confiez-vous en Lui en tout temps» (v. 8). La constance accompagne cette confiance en Dieu, et elle se montre dans toutes les circonstances. Si je regarde à Lui moralement, il est toujours suffisant, toujours le même, il ne change pas. Je ne puis agir sans Lui, si je crois que Lui seul est parfait dans toutes ses voies. Observez, toutefois, que ceci ne suppose pas qu’il n’y ait point d’exercices, ni d’épreuves du coeur ; autrement, l’on n’aurait pas besoin d’être exhorté à s’attendre à Dieu. Mais si Dieu est fidèle et s’il attend Lui-même que le moment réponde à la vérité et à son propre caractère, de manière à ce que ses voies soient parfaites, il est aussi plein de bonté et de tendre amour pour ceux qui s’attendent à Lui. Il les invite à répandre leurs coeurs devant Lui. Combien cela fut réalisé en Christ ! De quelle manière n’a-t-il pas, en Jean 12 et surtout en Gethsémané, répandu son coeur devant Dieu ! Dieu est toujours un refuge. Il agit au temps convenable. Il est toujours un refuge pour le coeur ; et le coeur réalise ce qu’Il est avant que la délivrance arrive. Sous certains rapports, c’est encore plus précieux que la délivrance elle-même ; mais cela suppose l’intégrité.

Encore un point. Cette attente de la délivrance de Dieu a pour effet de nous faire comprendre qu’elle sera complète et parfaite lorsqu’elle arrivera. «Je ne serai pas ébranlé». Le fidèle devait attendre, en effet, jusqu’à ce que Dieu intervînt en perfection ; mais alors sa puissance le met parfaitement à l’abri. L’homme peut penser qu’il y a du secours en l’homme, ou en ce que l’homme possède, ou bien encore dans la force de volonté humaine ; mais la foi sait que la puissance appartient à Dieu.

Le dernier verset montre que l’âme regarde à la parfaite et divine justice des voies de Dieu, mais avec la conscience de l’intégrité. L’intervention finale de Dieu, le jugement qu’il exécute, seront la délivrance du juste. Il s’est identifié dans son coeur avec les voies de Dieu sur la terre, et il a attendu jusqu’à ce que Dieu les accomplît parfaitement en puissance. Ce sera à la fois la fin du mal, et la miséricorde pour ceux qui ont cherché le bien et qui se sont attendus à Dieu, lui remettant la vengeance. Ce sera une juste récompense pour l’homme juste qui a attendu : son attente trouvera une réponse et la puissance du mal sera détruite. C’est dans ce chemin que nous sommes appelés à marcher. Dieu agit ainsi dans son gouvernement actuel, quoique l’accomplissement final manque encore, mais nous avons à compter sur Lui et à nous attendre à Lui de cette manière.

 

2.22                   Psaume 63

Le Psaume 63 suppose l’entière connaissance des bénédictions que renferment les relations avec Dieu, mais non pas la pleine jouissance de ces bénédictions ; bien au contraire, celui qui les connaît parfaitement se trouve ici dans une position qui est en contraste absolu avec leur jouissance. Or, dans ces conditions, ce n’est pas la bénédiction qu’il recherche et qu’il désire, mais c’est Dieu Lui-même et la révélation de sa gloire dans le lieu de sa demeure. L’être tout entier a soif de Lui. Le fait que le fidèle est dans ce monde, en une terre aride et altérée, sans eau, n’a pour conséquence ni des plaintes, ni la recherche de la délivrance, mais la soif : on a soif de Dieu. Ce sentiment d’une nature qui Le désire ardemment, nous donne aussi la conscience qu’Il est notre Dieu. Les délices que trouve en Lui la nature divine qui est en nous, nous donnent le sentiment de cette relation. Ces deux choses ne peuvent être séparées. Si nous avons quelque connaissance de Dieu et que nous ne le connaissions pas comme notre Dieu, c’est le désespoir ou quelque chose d’approchant ; et en tout cas Dieu n’est pas connu comme la source du bonheur, de manière à ce que nous le désirions. «Mon Dieu» et cette soif de Lui ne peuvent être séparés. Il ne s’agit pas de l’Éternel et des bénédictions, mais de la nature divine et de Dieu qui fait ses délices ; mais non pas sans le sentiment de dépendance qui s’approprie ce qui est exprimé par les mots : «Mon Dieu». L’âme qui a des désirs de même nature que Dieu et qui, en vertu de cela, le souhaite Lui-même, sent moralement et réellement qu’Il est son Dieu. Cela n’a été réalisé parfaitement qu’en Christ ; quant à nous, nous ne pouvons plus le réaliser dès que nous perdons le sentiment de notre relation. Or, la chose est tout aussi vraie quand il s’agit non plus de la relation, mais de la nature de la jouissance, c’est-à-dire lorsque cette jouissance ne découle pas d’une relation, comme lorsque je dis : «Père», mais de la nature divine, comme lorsque je dis : «Mon Dieu».

Ce besoin, cette soif de Dieu s’accompagne nécessairement du désir de le voir possédant en plein sa puissance et sa gloire. Nous ne pourrons pas aimer beaucoup Celui auquel nous regardons, sans désirer qu’il jouisse de toute la plénitude de la gloire qui Lui appartient et que nous le voyions dans cette gloire. La joie que nous trouvons en Lui vient de Lui et nous sentons que nous lui en sommes redevables : c’est pourquoi nous désirons le voir en possession de tout ce qui Lui est dû. Christ répond à ce sentiment lorsqu’il dit : «Père, je veux, quant à ceux que tu m’as donnés, que là où moi je suis, ils y soient aussi avec moi, afin qu’ils voient ma gloire, la gloire que tu m’as donnée ; car tu m’as aimé avant la fondation du monde». Mais le principe initial, la source de tout cela, c’est que Dieu Lui-même est désiré et connu comme notre Dieu, quoi qu’il en soit. Non seulement le coeur peut s’approprier cela, comme je l’ai dit, mais il veut avoir Dieu Lui-même et nul autre. La nature qui est de Dieu ne veut absolument que Lui seul. Lorsque Dieu est véritablement connu ainsi et que l’âme est identifiée avec Lui dans son désir, le fait qu’elle se trouve au milieu d’un monde où il n’y a pas même une goutte d’eau pour la rafraîchir, ne peut que rendre son désir plus intense. Mais cela dépend de ce qu’Il est connu, connu comme Il se révèle Lui-même dans l’intimité de sa propre nature, dans le sanctuaire où il se manifeste et où il se fait connaître.

Une autre pensée s’ajoute à celle-ci : Lorsque Dieu est ainsi connu, tel qu’Il est dans le sanctuaire, l’âme comprend son amour, sa grâce, sa faveur et sa bonté ; elle garde le sentiment de ces choses, qui sont meilleures que la vie. «La vie», c’est la vie ici-bas, la jouissance actuelle de la vie dans ce monde, et, sous ce rapport, cette vie n’offrait absolument rien au fidèle. De même aussi Paul dit : «Si, pour cette vie seulement, nous avons espérance en Christ, nous sommes plus misérables que tous les hommes». Chez Paul, à la vérité, il s’agit plutôt d’affliction extérieure — dans notre Psaume, du sentiment intime, résultant de la vie dans laquelle le fidèle sent et parle ici-bas, qu’il ne se trouve pas la plus petite chose dans le monde qui puisse correspondre à cette nature ou la rafraîchir. Ceci a été parfaitement réalisé en Christ, et remarquablement développé en Paul, bien que, pour lui, ce fût le résultat de l’épreuve. Il se réjouissait toujours dans le Seigneur, lorsque rien ne rafraîchissait son esprit.

Dans le sentiment de cette bonté, au milieu d’une terre aride et altérée, les lèvres du fidèle louent son Dieu. Ceci est très doux ; et, remarquez-le, c’est parfait dans sa nature, parce que c’est Dieu seul ; car il n’y a absolument rien dans la terre où se trouve le juste. Dieu, son Dieu, est aussi son désir ; la bonté de Dieu est le rafraîchissement de son âme. Or ceci est la vie divine et parfaite dans celui qui possède la nature divine, bien qu’il soit dans le lieu de la dépendance ; une vie connue seulement de l’âme née de Dieu, ou bien connue dans sa perfection céleste. Il en fut ainsi de Christ.

Voilà donc ce qui donne exclusivement sa couleur à la vie ici-bas. «Ainsi je te bénirai durant ma vie» ici-bas, dans cette terre aride et altérée. C’est là tout ce en quoi consiste la vie de l’âme du fidèle ici-bas. C’est pourquoi, dans cette vie, il bénit Dieu, son Dieu. Toute sa vie, dans cette terre déserte, est, en esprit, hors de ce lieu. Là rien absolument n’attire son âme. Il ne trouve son rafraîchissement qu’en Dieu seul, car cette terre n’est qu’un désert pour la nouvelle nature. Cependant il n’est pas encore dans la pleine et actuelle jouissance de Dieu que donne sa présence ; il est encore dans la terre aride, altérée et sans eau, mais il bénit durant sa vie, il confesse et adore le Dieu qu’il connaît. Ainsi, séparé du tourbillon du monde, on trouve un bonheur parfait, une parfaite satisfaction du coeur. De plus, lorsqu’il n’y a rien pour attirer l’attention de la chair (chose insupportable pour celle-ci, mais, pour l’esprit renouvelé, une véritable délivrance), alors l’âme peut méditer sur Dieu Lui-même. Elle trouve en Lui-même la plus complète et la plus riche nourriture ; elle est satisfaite ; elle n’a besoin de rien d’autre ; elle est rassasiée lorsqu’elle peut être ainsi seule avec Dieu, dans lequel est son plaisir.

Le Seigneur dit de ceux qui viennent à lui : «Celui qui vient à moi n’aura jamais faim, et celui qui croit en moi n’aura jamais soif» (Jean 6:35). Il présente la chose du côté négatif, parce qu’il s’agit dans ce passage de ce qu’il faut à la nature humaine ici-bas : Il n’y aura plus, dit-il, les besoins non satisfaits du coeur de l’homme dans ce monde. Notre Psaume, au contraire, présente le côté positif, parce qu’il parle des délices, de la complète satisfaction que la nature nouvelle trouve en Dieu. Les jouissances du coeur sont créées et satisfaites par la révélation de Dieu Lui-même. Dieu est l’objet exclusif de la joie et des délices du coeur ; l’âme étant rassasiée, les louanges débordent et de la bouche sort un chant de réjouissance. Aussi le psalmiste n’est-il pas obligé d’approfondir jusqu’à quel point nous sommes autorisés ou capables de louer dans notre état présent ; il n’est question que de la nouvelle nature trouvant ses propres délices en Dieu et ne pensant à rien d’autre. Parce qu’elle pense simplement à Lui, elle ne songe pas à elle-même, et elle loue parce qu’Il est une source de louanges. Voilà la vraie simplicité. Lorsque mon oeil n’est pas simple, la pensée de Dieu découvre cela, est obligée de protester et me force à penser à moi-même ; mais lorsqu’il s’agit simplement de la nouvelle nature, comme dans ce Psaume, tous ses plaisirs sont uniquement en Dieu, et la bouche le loue avec un chant de joie. Cette simplicité de coeur est très précieuse. Remarquez qu’en parlant de cela, notre Psaume suppose quelqu’un qui est exposé aux distractions du monde ; et c’est pourquoi il envisage la condition de l’âme solitaire, qui, au lieu de sentir sa solitude, est délivrée de la distraction pour se réjouir en Dieu.

Plus loin, le Psaume ne parle plus seulement des distractions, mais des circonstances adverses, de la force des ennemis. L’âme voit Dieu, son Dieu, comme ayant été son secours. Dieu était sa joie, et dans ce monde entièrement désert et sans eau, elle est rassasiée comme de moelle et de graisse. C’était sortir en esprit hors du monde pour se réjouir en Dieu ; mais, pour ce monde aussi, pour traverser ses combats et ses épreuves, l’âme du fidèle a besoin de l’Être béni, et la grâce de Dieu se déploie là richement. Nous nous réjouissons toujours dans le Seigneur en tant que nous regardons à la source de notre joie. Mais, si au dehors il y a des combats, et même au dedans des craintes, Il console ceux qui sont abattus ; «car tu as été mon secours». Nous trouvons ici la description d’une expérience déjà faite, tandis que Paul en parle comme étant lui-même en voie de la traverser. C’est pourquoi aussi ce Psaume nous présente une âme qui considère Dieu, qui veut chanter de joie à l’ombre de ses ailes. C’est là le lieu connu de refuge et de confiance ; c’est l’expression du bonheur de sentir en tout temps la faveur de Dieu, et la sécurité dans laquelle nous demeurons. Je ne sais ce qui peut arriver, mais Il sera là ; et de plus, le sentiment de sa bonté, de son intérêt actif pour l’âme est pour elle une source de douce joie. Elle est heureuse de posséder pour refuge cette divine faveur ; elle est activement occupée à la conserver. Voici donc la condition de l’âme dans son activité : elle s’attache à Dieu pour le suivre. Elle veut le suivre, venir à Lui, jouir de sa présence ; elle dit avec certitude : «Ta droite me soutient».

Les derniers versets traitent du jugement qui, selon le gouvernement de Dieu, tombera sur les ennemis des hommes justes, et particulièrement sur les ennemis de Christ. Nous n’avons en vue proprement que la première partie de ce Psaume ; toutefois remarquons ici, comme nous l’avons fait souvent, que Dieu gouverne. Nous pouvons compter sur son intervention, en tant qu’elle est nécessaire pour assurer la bénédiction de son peuple qui s’est attendu à Lui, bien que cette intervention n’ait peut-être pas lieu au moment où notre nature la désirerait.

En somme, ce Psaume nous montre une foi simple ; l’âme trouve sa joie en Dieu Lui-même et se réjouit dans les soins assurés du Seigneur, dont la faveur l’a protégée comme un bouclier. Si nous comparons ce Psaume avec le Psaume 84, qui lui ressemble en plusieurs points, nous verrons que dans ce dernier il est question de la jouissance présente des bénédictions de l’alliance, ainsi que du chemin par lequel on y arrive ; tandis qu’ici nous trouvons plutôt ce qu’est Dieu Lui-même, lorsqu’on est loin des bénédictions dans une terre altérée et sans eau ; puis encore ce que sont sa protection, ses soins au milieu des difficultés, des dangers qui nous entourent. Ce point de vue nous deviendra fort clair, si nous nous souvenons que le deuxième livre des Psaumes a pour caractère prophétique l’expulsion du résidu hors de son pays.

 

2.23                   Psaume 64

Le Psaume 64 décrit un état de choses qui caractérise ce monde et qui est familier à tout homme exercé au service de Dieu ici-bas ; je veux parler de la voie des méchants qui haïssent la justice, et cherchent à accuser de mal ceux qui sont droits de coeur. Cela montre combien la conscience est universelle et puissante, et une autre vérité en ressort aussi : c’est que l’on s’attend à ce que les principes de ceux qui se confient en Dieu et confessent son nom, ne produisent que ce qui est parfaitement bon. En réalité, c’est le plus fort témoignage qui puisse être rendu, soit aux principes de la foi, soit à l’incurable méchanceté du coeur humain. Les méchants reconnaissent que la foi doit produire et produit, comme le fruit qui lui est propre, ce qui est juste et parfait et qu’elle attend ce fruit de ceux qui marchent par la foi. D’autre part, ils montrent combien ils haïssent ce principe de la foi et ceux qui, par lui, s’attachent au Seigneur ; car ils cherchent à découvrir l’iniquité et l’inconséquence dans la marche des enfants de Dieu. Quelle preuve terrible de la méchanceté du monde ! Malgré cela, cette méchanceté est universelle, et on la trouve bien moins parmi les impies avoués, que parmi les honnêtes mondains. Il est vrai que nous avons ici, chez ceux qui s’adonnent volontairement à l’iniquité, non pas une immoralité évidente, mais, ce qui est pis, la méchanceté ; ils tiennent leurs conseils secrets. Toutefois l’esprit du mal dans l’homme n’est pas différent, bien que les conseils secrets appartiennent au caractère extrême du mal. Mais, s’ils ne vont pas toujours jusque-là, les hommes montrent bien qu’il y a chez eux communauté de sentiments, d’action et de pensée, parce qu’un même esprit les anime.

Ensuite, leurs langues sont des instruments d’attaque et d’injures. Le saint n’a ni défense, ni remèdes extérieurs ; mais en cela, aussi bien que par rapport à la violence, Dieu est son refuge. Remarquez-le : il parle de la crainte de l’ennemi, car la méchanceté de ce dernier a pour but de produire la frayeur. Le fidèle ne peut tenir tête à cette méchanceté, car il n’a aucune arme à lui opposer, mais il présente à Dieu la difficulté en la lui remettant. Dieu éprouve les siens, mais le résultat, c’est que les méchants attirent le jugement de Dieu sur leur propre tête ; la frayeur les saisira et ils verront et reconnaîtront l’oeuvre de Dieu. C’est ce que les fidèles doivent attendre pour que la joie soit complète ; car leur délivrance étant divine, ils doivent attendre que le temps du jugement divin soit arrivé. Abraham fut étranger, et ses descendants restèrent sous l’oppression, «car l’iniquité des Amoréens n’était pas encore venue à son comble» (Gen. 15:16). Peut-être aussi, pour nous, l’épreuve n’est-elle pas encore complète ; mais, en tout cas, lorsque Dieu interviendra, ce sera le moment parfait. Notre délivrance n’est pas le seul résultat ; comme elle arrive au moment fixé par Dieu, et ainsi selon la perfection de ses jugements, ce sont les voies de Dieu qui s’y manifestent. Les jugements de Dieu étant sur la terre, les habitants du monde apprennent ainsi la justice. Tel sera l’effet du plein accomplissement du jugement ; mais même en des cas particuliers, les hommes glorifient Dieu au jour de la visitation ; ils reconnaissent que ceux qui se sont confiés en Lui ont eu raison ; que ce Dieu qui paraissait ne pas intervenir attendait seulement dans sa sainte justice, et qu’Il a soin des justes. Ainsi ses voies sont parfaites et c’est un gain immense, car Dieu est glorifié.

 

2.24                   Psaume 65

Le Psaume 65 a trait à la bénédiction de la création actuelle, et parle de la louange et de la joie qui jailliront lorsque Dieu abolira la puissance du mal ; cependant il envisage l’effet actuel de sa bonté comme témoignant de cette bénédiction future. Ce qui est en vue dans ce Psaume, c’est la bénédiction du peuple de Dieu, afin qu’ait lieu la bénédiction universelle ; car la création qui soupire n’attend pas seulement, comme ici, la délivrance d’Israël, mais bien plus encore la révélation des enfants de Dieu, laquelle amènera son affranchissement ; mais le coeur est prêt, et ceci nous conduit à un principe général, instructif pour nous en tout temps ; c’est-à-dire la disposition du coeur à louer Dieu au milieu de l’épreuve et à se confier en la Toute-Puissance, dont la nature est de dispenser la bénédiction. Toutefois ce Psaume ne s’applique qu’aux circonstances du croyant. Le chrétien n’est jamais, selon l’Esprit, dans un état d’âme dans lequel il ne puisse louer. Son coeur peut s’être éloigné de Dieu, tellement qu’il faille que l’Esprit le reprenne et l’humilie ; dans ce cas, la louange n’est pas prête du tout. Ici, bien que le coeur soit prêt, les circonstances ne fournissent pas d’occasion à la louange. La louange est silencieuse, quoiqu’il y ait la conscience qu’elle appartient à Dieu ; le voeu sera payé. Ceci peut être le fait du chrétien. Il peut dire dans l’épreuve, et c’est une pensée légitime : Je suis sûr que je le louerai encore et Lui rendrai grâces pour sa délivrance. Il en est encore ainsi pour nous, maintenant, relativement à la louange la plus élevée. Dans les parvis célestes notre louange est encore silencieuse ; mais nous l’attendons et nous soupirons après elle. Le v. 4 montre clairement que notre Psaume est occupé de la forme juive de la louange. La pensée générale, c’est que nous attendons seulement l’accomplissement de la bénédiction pour que la louange éclate. La fidélité et la puissance de Dieu sont célébrées comme nous assurant cela, mais ici, c’est en jugement et pour des bénédictions terrestres ; tandis que le chrétien, quels que soient les empêchements et les puissances ennemies, compte sur cette fidélité et sur cette puissance de Dieu pour l’introduire dans la cité céleste. Les transgressions ne barreront pas le chemin ; par la grâce seule nous pouvons dire : «Tu as pardonné nos transgressions». Il entend nos prières et nous vient en aide.

De plus, il s’agit ici de la gloire du Seigneur, gloire nécessaire, même dans sa partie terrestre ; mais que nous trouvons ici en principe. — «Toute chair viendra à toi». Le Juif considérait cela comme une partie de la gloire. Les desseins de Dieu doivent être accomplis pour sa gloire, mais, dans sa grâce, il les a identifiés avec nous ; comme aussi Paul l’exprime par le Saint Esprit : «Autant il y a de promesses de Dieu, en lui (Christ) est le oui et en lui l’amen, à la gloire de Dieu par nous» (2 Cor. 1:20). Certaine donc, que Dieu doit être glorifié, la foi voit, dans ce fait, notre propre gloire et notre bénédiction. Ce qui caractérise la foi, ce n’est pas de croire que Dieu est glorieux, mais d’associer cette gloire avec la bénédiction de son peuple. Josué dit : «Que feras-tu pour ton grand nom ?» (Jos. 7:9). Moïse dit : «Les Égyptiens en entendront parler» (Nombr. 14:13), et il en est toujours ainsi lorsqu’il plaide avec Dieu. Quelle source de sécurité, quel sujet de louanges, que Dieu ait ainsi identifié sa gloire avec notre bénédiction et avec les promesses qu’il nous a faites en Christ !

 

2.25                   Psaume 66

Il y a, quant à la valeur morale de ce Psaume, un point qu’il est bien intéressant de noter : Je veux parler de la manière dont tout est attribué à Dieu lorsque vient la délivrance. On voit Dieu tout du long. Le Psaume remonte jusqu’à la rédemption originelle, source non équivoque de tout (v. 6), et va jusqu’à la bénédiction finale du peuple de Dieu qui sera la bénédiction du monde. Maintenant on découvre que, lorsque tout semblait être plongé dans l’obscurité, sa puissance était au-dessus de tout. «Il domine par sa puissance pour toujours ; ses yeux observent les nations». Malheur à celui qui s’élève lui-même.

Mais bien plus encore : Dieu est vu dans la tribulation même, reconnu comme en étant l’auteur, bien que nos fautes aient pu en être l’occasion. C’est la vraie pierre de touche qui fait connaître si le coeur est droit — ce que le Lévitique, parlant d’Israël, appelle : «accepter la punition de notre iniquité» (Lév. 26:41, 43). On voit ici deux choses : Dieu les avait mis dans la détresse et à travers la détresse il avait maintenu leur âme en vie. Il en fut de même pour Job quant à ces deux points. De plus, Dieu n’a pas permis que leurs pieds fussent ébranlés et détournés par la tribulation, du sentier divin de la foi.

Les v. 10 et 11 reconnaissent cela ; et si des instruments ont été employés dans ce but, ce n’étaient après tout que des instruments. L’épreuve était très grande ; ils le sentent et le voient, mais c’était l’oeuvre de Dieu. Ce n’est pas tout. Dieu a en cela un dessein positif qu’il accomplit ; il a un chemin, un lieu d’amour, et l’épreuve fait partie de son dessein, car il veut, par elle, préparer l’âme pour le lieu d’une si grande bénédiction. Tu nous as fait entrer «dans un lieu spacieux». Dieu envoie la détresse, préserve l’âme qui s’y trouve, se sert de l’épreuve pour affiner l’âme comme on affine l’argent, ranime son espérance, laquelle repose ainsi plus entièrement sur Lui, et peut, d’un regard plus pur, considérer ses promesses ; enfin, il la fait entrer dans un lieu spacieux.

Ce Psaume fait ressortir en même temps quelques autres points, touchant l’état de l’âme. L’affliction l’a poussée vers Dieu ; et quoique, pour nous, les voeux et autres choses semblables soient mauvais, cependant, bien que le fidèle soit sous le châtiment, l’espoir en Dieu produit dans son coeur le besoin de s’en rapporter à Lui et de se tourner vers Lui comme vers la source d’une meilleure espérance. Pour que nous puissions avoir confiance en Dieu et que notre attente soit en Lui au milieu de l’épreuve et du châtiment, il faut avant tout que notre volonté soit brisée ; lorsqu’elle est brisée, nous le pouvons, même en ayant conscience que l’affliction est le fruit de notre propre faute, mais il faut pour cela de l’intégrité ; alors des actions de grâces en sont le résultat. Dès lors, le coeur peut rendre témoignage pour Dieu à d’autres (v. 16) ; il a connu l’intervention du Seigneur en sa faveur. Le fidèle a crié, Dieu l’a écouté. «C’est ici», dit l’apôtre, «la confiance que nous avons en Lui» (1 Jean 5:14:15) ; car ce que l’on apprend ici par le moyen de l’affliction devrait être l’état constant de l’âme lorsqu’elle n’a pas à la traverser. Le sentiment dominant de l’âme est ici la reconnaissance, et il en sera toujours ainsi ; elle y retournera, c’est-à-dire à Dieu — au secret de sa propre reconnaissance envers Lui, et c’est la joie du coeur. Le point capital du Psaume, c’est que l’on reconnaît tout cela après la délivrance ; mais quand ce que Dieu est pour nous est reçu dans le coeur, le résultat c’est une foi qui y répond au milieu même de l’épreuve.

 

2.26                   Psaume 67

Je n’ai, qu’une remarque à faire sur le Psaume 67. Lorsque le coeur désire les bénédictions, même sur le peuple de Dieu, c’est la gloire de Dieu qui est le ressort de ce désir. Alors les bénédictions coulent en abondance et la louange monte à Dieu. Ce Psaume explique Rom. 11:15.

 

2.27                   Psaume 68

Quelque frappant et intéressant que soit ce Psaume, je n’ai, pour mon but actuel, que fort peu à en dire. Une on deux remarques me sont suggérées en passant. Il s’agit spécialement du caractère de Dieu en grâce ; mais dans sa propre grâce souveraine, en rapport avec les Juifs ; il ne se montre pas dans sa relation d’alliance, mais il les établit comme peuple, ainsi qu’il le fit autrefois en Sinaï, seulement il le fait maintenant en grâce et en puissance. Jah n’est point, j’en suis convaincu, le même nom que l’Éternel : c’est l’existence absolue de Dieu, et non pas son existence continue, qui fait que l’on peut compter sur la fidélité de Celui qui était, qui est, et qui vient. Il est ici, il vit à toujours et à perpétuité. Dans ce Psaume, il n’est appelé l’Éternel que lorsqu’il parle de son habitation et de sa demeure sur la montagne de Sion, parce que là il prend et sa position et son nom d’alliance. Nous avons Jah aux v. 4 et 18 ; dans le reste du Psaume, Adonaï est rendu par «Seigneur». Il me semble que ce dernier titre met Christ en rapport avec la restauration d’Israël, lui donnant la place de Seigneur, mais associant plus que le Psaume 110, ce titre avec son caractère de l’Éternel. Le v. 18 est naturellement le centre de cela, mais comme, suivant la promesse, il est l’Éternel en Sion, nous le voyons ici dans le caractère de celui qui, étant monté en haut après sa réjection, reçoit des dons comme homme. Il est au-delà de toutes les promesses juives. Toutefois, ce même passage parle des Juifs rebelles ; mais alors il n’est plus question de l’Éternel, mais de Jah Élohim. L’exaltation de Christ ramènera Dieu en souveraine grâce au milieu d’Israël.

 

2.28                   Psaume 69

Le Psaume 69 est une prophétie si complète de Christ que je n’en fais l’objet d’aucune remarque. C’est une description détaillée de ses afflictions dans la vie et dans la mort. J’en ai parlé longuement autre part.

 

2.29                   Psaume 70

Le Psaume 70 suggère une seule remarque. On consent à tout supporter, à être pauvre, nécessiteux, méprisé, pourvu que le peuple de Dieu soit heureux et dans un état qui le pousse à la louange. La bénédiction de l’Éternel n’est pas méprisée, mais pour la posséder on s’attend à Lui.

Le véritable esprit de foi dans le fidèle, c’est que son coeur soit attaché au bonheur et a la bénédiction du peuple de Dieu.

 

2.30                   Psaume 71

Le Psaume 71 ne nous retiendra pas longtemps. Il repose sur deux points : d’abord la justice de Dieu. — Le psalmiste ne réclame rien sur le pied de sa propre justice ; mais il sait que Dieu sera conséquent avec Lui-même, qu’il ne le délaissera, ni ne l’abandonnera. C’est pourquoi il compte en second lieu sur sa fidélité.

 

2.31                   Psaume 72

Le Psaume 72 nous montre la gloire de Christ comme Salomon ; il n’est donc pas nécessaire d’ajouter ici aucune remarque sur son contenu.