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Les dangers de l’après-Corona

Manuel Seibel

Bibelpraxis.de du 24 avril 2020

Table des matières :

1        Une communion à deux classes ou assemblées à deux vitesses

2        Le danger d’une division

3        Plusieurs (beaucoup de) membres — un seul corps

4        Les croyants qu’on est en train de perdre

5        Indépendance et sécession des « maison »

6        De plus grands rassemblements dans les épitres

7        En route vers l’indépendance ?

 

 

Ces derniers temps, nous nous sommes occupés de nombreuses fois des défis auxquels nous sommes confrontés à cause de l’interdiction de nombreux contacts sociaux. Nous ne devons cependant pas perdre de vue les dangers pour le temps qui suivra, le temps de l’après-confinement.

 

1         Une communion à deux classes ou assemblées à deux vitesses

Dans certaines localités, les croyants sont d’accord pour dire qu’on peut se réunir en petit nombre. Mais en règle générale, tous, et de loin, ne le font pas. Certains suivent leur conscience personnelle et s’abstiennent de se réunir parce qu’ils y voient une désobéissance à l’État, ou parce qu’ils croient que ce serait manquer à l’objectif important de ne pas propager l’infection ; ou parce que...

Ailleurs, il y en a qui voudraient se réunir, mais il n’y a pas l’unanimité pour le faire, car la masse des frères et sœurs pense que ce n’est pas une bonne voie. Ou bien on ne pense pas que ce soit juste d’accepter ainsi devant le Seigneur la conscience de chaque individu, ou bien on a du mal à reconnaître les petits rassemblements dans les maisons comme des réunions en tant qu’assemblée selon le fondement de l’Écriture.

 

2         Le danger d’une division

Quelle peut en être la conséquence ? Une communion à deux classes ou assemblées à deux vitesses. C’est ce que l’Écriture appelle «division» ou «déchirure» (cf. 1 Cor. 1:10 ; 11:18 ; 12:25 ; Matt. 9:16). Il pourrait aussi y avoir le danger que les uns s’estiment plus spirituels et que les autres s’estiment plus obéissants ; ou encore que l’on pense par groupe.

Indépendamment de la question de savoir si on a agi différemment ou non, on a eu en tous cas des convictions différentes sur la manière dont on devait agir localement. Cela fait qu’on a beaucoup à craindre qu’il subsiste des fissures dans les pensées et dans les cœurs. Cela peut être le cas localement ou entre localités, entre frères et sœurs, ou entre amis.

Combien il est important de se rapprocher les uns des autres ; de refermer ces fissures ; que personne ne pense qu’il est celui qui est plus spirituel, celui qui est plus obéissant, celui qui est plus mûr parmi les croyants ; parce que cela conduit à accroître les divisions. Avec tous les croyants, nous appartenons ensemble au seul corps de Christ, et nous formons ensemble ce seul corps.

 

3         Plusieurs (beaucoup de) membres — un seul corps

Ce que l’apôtre écrivait déjà aux Corinthiens s’applique aussi pour nous aujourd’hui : « Mais maintenant les membres sont plusieurs (nombreux), mais le corps est un. L’œil ne peut pas dire à la main : Je n’ai pas besoin de toi ; ou bien encore la tête, aux pieds : Je n’ai pas besoin de vous ; — mais bien plutôt les membres du corps qui paraissent être les plus faibles, sont nécessaires ; et les membres du corps que nous estimons être les moins honorables, nous les environnons d’un honneur plus grand ; et nos membres qui ne sont pas décents sont les plus parés, tandis que nos membres décents n’en ont pas besoin. Mais Dieu a composé le corps en donnant un plus grand honneur à ce qui en manquait, afin qu’il n’y ait point de division dans le corps, mais que les membres aient un égal soin les uns des autres. Et si un membre souffre, tous les membres souffrent avec lui ; si un membre est glorifié, tous les membres se réjouissent avec lui. Or vous êtes le corps de Christ, et [ses] membres chacun en particulier » (1 Corinthiens 12:20-27).

 

Pour notre situation, voilà ce qui est particulièrement important :

1. Le corps est un — et nous devons donc faire tout notre possible pour ne pas laisser faire ou laisser subsister de fissures dans le corps (ici localement).

2. personne ne peut dire à d’autres : je n’ai pas besoin de toi ou je n’ai pas besoin de vous. Au contraire : nous avons besoin les uns des autres. Si des fissures sont apparues, même si elles sont encore fines, il est extrêmement important de tout faire dans nos relations mutuelles pour qu’elles disparaissent.

Il est très frappant que le fossé entre Juda et Israël, entre les royaumes du sud et du nord, existait déjà quand il n’était pas encore question de séparation entre ces deux parties ni entre Roboam et Jéroboam. Ces différences existaient déjà du temps de Saül et David. Si nous ne veillons pas, nous allons vivre la même chose. Il est de notre responsabilité, de la responsabilité de nous tous, de l’empêcher. Personne ne peut y échapper.

3. Même les membres qui semblent plus faibles sont nécessaires. Nous avons tous besoin les uns des autres, chacun de l’autre. Dieu nous a rassemblés dans le corps de Christ justement pour que nous soyons dépendants les uns des autres et que nous ayons besoin les uns des autres. Aucun d’entre nous ne doit l’ignorer. Tout croyant, même le plus doué, a besoin de ses frères et sœurs. Et surtout, que personne ne pense que l’autre est «plus faible»...

4. Dieu ne veut pas qu’il y ait de division dans le corps. Nous ne pouvons pas empêcher qu’à cause du mal, etc. des divisions et des partis ne soient déjà arrivés et qu’on ne puisse pas les éliminer. Surtout, nous ne devons pas faire comme si ces différences étaient sans importance. Mais en ce qui nous concerne, à l’égard des croyants avec lesquels nous avons directement à faire, nous devons faire tout notre possible pour que soit pris à cœur ce principe divin pour Son assemblée. Chacun doit prendre soin avec énergie et zèle, de chacun des autres frères, y compris les sœurs bien sûr.

5. Lorsqu’un membre souffre (spirituellement), alors tous les membres souffrent avec lui. Cela signifie que si nous découvrons qu’une personne souffre de la situation actuelle, nous aurons de la compassion. Sinon, nous renierions ce que signifie l’appartenance à un seul corps.

 

4         Les croyants qu’on est en train de perdre

C’est précisément dans les lieux où il n’y a actuellement pas de rassemblement qu’il existe un autre danger, bien qu’il soit également présent dans les lieux où se tiennent des réunions. Car il y a partout des croyants qui se tiennent en marge pour toutes sortes de raisons.

En un temps où il n’y a pas de rassemblement, c’est une «bonne» occasion de décamper. Peut-être parce que, de toute façon, on n’y est plus de cœur — ou parce que l’on remet en question ce qui est « le chemin » — ou parce qu’il y a eu des conflits entre les croyants — ou parce que le monde est attrayant — ou parce que, que et que... Il peut y avoir trente-six raisons.

Nous avons ici une responsabilité toute particulière d’aller auprès des isolés. Nous pouvons et devons le faire tout de suite si c’est possible. Mais c’est plus que jamais important quand on pourra de nouveau se réunir, d’aller avec un cœur de berger plein d’amour auprès de ceux qui sont en danger de « s’enfuir » ; ou ceux qui n’émergent plus. Quand une telle période sera passée, on ne se rendra plus guère compte de leur état. Avons-nous un regard et un cœur pour de telles personnes ?

 

5         Indépendance et sécession des « maison »

Dans certains endroits, durant le confinement, on s’est rencontré en petit nombre dans des maisons particulières. La base pour cela se trouve dans les « assemblées dans les maisons » qu’on trouve plusieurs fois dans le Nouveau Testament, dans les épîtres et dans les Actes.

Dès le début du confinement, on a entendu dire que ce serait en fait la forme originelle de rassemblement, et que ce serait une (mauvaise) tradition de se rassembler en plus grand nombre dans des salles de réunion. Cette idée n’est cependant pas conforme à l’Écriture.

Il est vrai que dans les Actes, on s’est rassemblé dans des maisons (Actes 2:46). Pourquoi était-ce le cas au tout début ? Parce que de nombreux Juifs étaient à Jérusalem pour la fête (de Pentecôte) et qu’il n’y avait pas d’autre moyen de tenir les réunions. On retrouve également plus tard des rassemblements dans des maisons (Actes 12 ; 20 ; etc.).

 

6         De plus grands rassemblements dans les épitres

Dans les épitres, nous avons aussi bien des assemblées dans des maisons, et de nombreuses localités où les frères et sœurs se retrouvaient manifestement dans un lieu « commun ». Dans les épitres aux Éphésiens, Corinthiens, Colossiens, Thessaloniciens, Philippiens, etc., il n’est pas question de rassemblements (seulement) dans les maisons. Il est donc erroné de penser que des réunions en tout petit nombre ou dans des maisons seraient préférables.

Au contraire. Nous vivons dans un environnement qui se caractérise par la formule emblématique de l’époque des Juges : « Chacun faisait ce qui était bon à ses yeux ». Et cela conduit souvent au fait de vouloir agir individuellement, et indépendamment des autres, — y compris de ceux avec lesquels on est (en fait) en communion pratique.

 

7         En route vers l’indépendance ?

Ce danger est également réel aujourd’hui. Quand on se réunit dans de nombreuses petites maisons, certains y prennent goût jusqu’à estimer qu’on devrait absolument continuer à le faire. Dans une maison, vous rencontrez des frères et sœurs qui, à bien des égards, ont les mêmes pensées que vous et agissent selon la même orientation. Tant que cela ne se fait pas indépendamment des autres, il n’y a rien à dire au niveau des principes. Mais les dangers augmentent...

C’est pourquoi il est si important que ce ne soit pas simplement des individus qui décident par eux-mêmes de se réunir dans des maisons. Il faut que ce soit un processus de l’ensemble des frères — et que, dès le départ, on regarde et pense au-delà de cette phase transitoire. La Parole de Dieu parle très clairement de l’unité du corps, et de la mission de garder l’unité de l’Esprit dans le lien de la paix. Nous devrions le reconnaître très clairement et agir en conséquence — surtout à une époque d’individualisme.

Dans ce contexte, il est très conseillé de ne pas susciter de nouveaux conflits sur ce sujet, mais de suivre un chemin commun vers un lieu commun. S’il est possible de se réunir en un seul lieu, s’il y a place pour que chaque frère puisse assumer sa responsabilité, il n’y a aucune raison, au temps de la normalisation (déconfinement), de faire autre chose que de se réunir en un seul lieu comme par le passé.