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Quelques réflexions sur Jean 13:1-17
Paul Fuzier
ME 1948 p. 57. Les sous-titres ont été ajoutés par Bibliquest
Table des matières :
1 Le Seigneur aime les Siens qui sont dans le monde
3 Obstacles au lavage des pieds mutuel
4 Le Seigneur restaurant Pierre
À partir du chapitre 13 de l’évangile selon Jean, et jusqu’à la fin du chapitre 16, le Seigneur, rejeté par son peuple, ne s’adresse plus qu’à ses disciples. Il va les quitter, son heure est venue « pour passer de ce monde au Père ». Il a devant Lui son départ, non pas comme étant la mort dans laquelle il va entrer, mais comme son introduction dans la position qui sera la sienne auprès du Père. Tandis qu’Il va « passer de ce monde au Père », Il laisse « les siens... dans le monde ».
Deux domaines distincts : « … au Père » et « dans le monde ». Comme autrefois les disciples, nous sommes « dans le monde » où le Seigneur nous laisse un peu de temps. Mais Il veut nous donner une part avec Lui, déjà maintenant, dans le lieu où Il est entré, auprès du Père.
Ce sont « les siens » qui sont dans le monde. Alors que nous traversons ce désert aride, ce monde où il devient de plus en plus difficile de vivre pieusement et dans lequel épreuves et combats sont multipliés, combien il est réconfortant et consolant de nous redire que nous sommes « les siens » ! Ceux qui sont chers à son cœur, d’abord parce qu’Il les a reçus comme un don du Père (Jean 17:6), ensuite, parce qu’Il a mis sa vie pour eux (Jean 10:11). Quel prix Il a dû les payer ! Combien Il a dû souffrir pour les rendre tels qu’ils puissent être introduits dans la maison du Père ! Il les lui présentera bientôt comme fruits de sa victoire, lorsqu’il dira : « Me voici, moi et les enfants que Dieu m’a donnés » (Héb. 2:13). Il nous considère et nous suit, chacun dans nos circonstances au milieu de ce monde où Il nous a laissés, et nous sommes « les siens » ! Que cette pensée nous encourage tous !
« Ayant aimé les siens qui étaient dans le monde ». Son amour reste le même et s’exerce sans cesse en faveur des siens ! Il s’occupe de nous parce qu’Il nous aime « jusqu’à la fin ». Jusqu’à la fin, cela embrasse tout le temps pendant lequel « les siens » sont séparés de Lui, Lui étant passé « de ce monde au Père », eux étant encore « dans le monde ». Notre réunion avec le Seigneur, lorsque nous le verrons paraître sur la nue et partirons à sa rencontre en l’air pour être toujours avec Lui constituera pour nous « la fin ». Jusqu’à ce moment-là, le service d’amour qui nous est présenté dans la première partie de Jean 13 s’exercera en faveur des siens. Le Seigneur remplira ensuite le service de Luc 12:37, car Il est « serviteur à toujours » et son amour, s’exprimant dans son service, n’a pas de fin.
Satan avait déjà mis dans le cœur de Judas de livrer son maître et Jésus le savait (v. 2 et 11). Il savait aussi que le Père lui avait mis toutes choses entre les mains, et qu’Il était venu de Dieu et s’en allait à Dieu (v. 3). Quel saisissant contraste ! C’est alors qu’Il va prendre la place d’un serviteur et se mettre aux pieds de ses disciples. Venu de Dieu ! Ce qu’Il a quitté et le monde dans lequel Il est venu. Sujet de méditations pour nos âmes ! Maintenant, Il s’en allait à Dieu. Il allait être glorifié auprès du Père de la gloire qu’Il avait auprès de Lui avant que le monde fût (Jean 17:5). Venu seul ici-bas pour accomplir l’œuvre que le Père lui avait donnée à faire, Il s’en allait maintenant comme le précurseur des rachetés dans la gloire, comme le Chef d’une lignée nouvelle, tous ceux qui ont été constitués justes par son obéissance parfaite et qui sont « les siens ». Il « s’en allait à Dieu » et Il laissait « les siens... dans le monde » ; mais son amour était en activité et sera sans cesse en activité pour les amener à jouir de tout ce qui est en dehors du monde, dans le lieu où Il est maintenant, alors qu’Il est passé « de ce monde au Père ».
Certes, nous sentons notre misère et tant de choses nous paraissent un obstacle insurmontable à la jouissance de cette part avec Lui. Mais le Seigneur aime les siens qui sont dans le monde, et nos infirmités, nos chutes même, ne peuvent arrêter le déploiement de son amour merveilleux. Il savait que Pierre le renierait, que Judas avait décidé de le livrer, que tous l’abandonneraient. Cela a-t-il empêché la manifestation de tout l’amour de son cœur ? Son amour pour « les siens » lui fait prendre la position d’un serviteur et Il s’abaisse ainsi, « sachant que le Père lui avait mis toutes choses entre les mains, et qu’Il était venu de Dieu et s’en allait à Dieu ».
Il met de côté ses vêtements, la gloire qu’Il avait comme « maître et seigneur », gloire qui avait brillé dans son chemin sur la terre, au travers de son humiliation, et Il prend les vêtements de l’esclave pour laver les pieds de ses disciples.
Ce service se lie à son office d’avocat ; il diffère de son intercession comme souverain sacrificateur. Dans ce dernier cas, Il nous aide dans nos infirmités, Il intercède pour que nous soyons préservés de chutes, tandis qu’en Jean 13, Il remplit le service par le moyen duquel Il nous restaure et nous ramène à la jouissance de la communion avec Lui quand, après avoir péché, nous l’avons perdue ou lorsqu’un nuage nous a privés de la douceur d’une si précieuse part. Ce n’est pas seulement, en effet, lorsque nous avons gravement péché que le Seigneur exerce à notre égard son service d’avocat. Nous sommes constamment affectés par les choses d’ici-bas ; elles ont tendance à occuper nos cœurs et à nous ôter la jouissance des choses célestes qui sont notre part. Non seulement l’activité de la chair en nous, qui nous conduit à pécher, mais encore « le monde et les choses qui sont dans le monde » sont autant d’entraves à la communion avec le Seigneur. Les chrétiens les plus spirituels sont généralement ceux qui ont le sentiment le plus profond de la nécessité du lavage des pieds et qui apprécient le mieux tout ce qu’est le Seigneur dans l’office qu’Il remplit ainsi. C’est donc parce que la souillure dont nous avons besoin d’être purifiés n’est pas toujours un péché réel ; elle peut n’être qu’un nuage qui nous voile la beauté du Christ et interrompt notre communion avec Lui.
Comme dans la scène de Jean 13, le Seigneur intervient alors pour laver nos pieds. Il opère en nous par le moyen de la Parole dont l’eau est la figure dans ce passage. Le Saint Esprit applique ensuite la Parole à notre conscience pour la purifier. La Parole nous présente Christ. Christ présenté à nos âmes, c’est cela le lavage des pieds. Sa Personne, son humanité parfaite, son amour insondable sont placés devant nous, de telle façon que notre cœur est remué et notre conscience atteinte. Nous sommes ainsi amenés au jugement de nous-mêmes. Le Saint Esprit agissant en nous coopère à ce travail qui est le résultat du service rempli par le Seigneur lui-même comme avocat auprès du Père. La poussière du chemin est alors ôtée de nos pieds et nous pouvons ainsi avoir « part avec Lui » qui est dans le ciel. Notre place y est préparée, nous allons bientôt l’occuper, mais notre part avec Lui c’est une part présente.
Encore dans le monde où le Seigneur nous a laissés, Il nous accorde le privilège de goûter une part avec Lui qui a pris place auprès du Père. Pierre avait peu compris ce qu’est ce service d’amour de notre divin Avocat, et cela l’a conduit à une double erreur. Tout d’abord, il ne veut pas que le Seigneur s’abaisse jusqu’à lui laver les pieds et il doit apprendre que jouir de la part avec Lui est impossible sans cela. Ensuite, il désire être lavé complètement, tant il aimerait posséder cette part dont le Seigneur vient de lui parler. C’est alors que lui est donné l’enseignement si important du verset 10. Le lavage des pieds correspond à celui de la cuve d’airain pour les sacrificateurs (Ex. 30:17-19), complètement différent du lavage initial d’Exode 29 (v. 4).
L’amour pour « les siens » avait été — et est toujours — le mobile du service du Seigneur, tel que nous le présente le début du chap. 13 de Jean. C’est aussi l’amour pour nos frères qui nous conduira à être ses imitateurs, comme nous y sommes exhortés (v. 14-15). « Vous aussi, vous devez vous laver les pieds les uns aux autres ». Combien peu nous savons le faire ! Pourquoi cela ?
En tout premier lieu, parce que nous manquons d’amour pour nos frères, d’un amour vrai qui s’oublie soi-même pour ne penser qu’au bien des autres. Nous sommes souvent indifférents aux manquements de nos frères et sœurs ; cette indifférence est un manque d’amour selon Dieu — et, cependant, nous la considérons généralement comme la manifestation d’un esprit de grâce ! À combien plus forte raison nous sera-t-il impossible de réaliser l’exhortation de Jean 13:14-15, s’il y a dans nos cœurs de mauvaises pensées à l’égard de nos frères !
Une seconde raison pour laquelle nous répondons si peu à ce que le Seigneur nous demande : nous ne sommes pas toujours dans un état convenable pour le faire. Si nous n’avons pas laissé le Seigneur laver nos pieds, nos cœurs demeurent plus ou moins sous l’influence des choses d’ici-bas ; il nous est alors impossible d’aller laver les pieds de notre frère. Si, étant dans un tel état nous-mêmes, nous voulions essayer de le faire, nous ne pourrions qu’ajouter un peu de poussière à celle qui est déjà sur les pieds qui auraient besoin d’être lavés.
Il faut aimer comme le Seigneur aime et jouir pour soi-même de la part avec Lui, afin d’être dans un état moral qui nous permette d’imiter l’exemple qu’Il nous a laissé. Nous pourrons alors nous mettre aux pieds de notre frère, lui parler de Christ et de son amour. Ses pieds seront ainsi lavés. Ce n’est pas en lui rappelant ses fautes, encore bien moins en le jugeant pour sa conduite, que nous pourrons laver ses pieds. C’est là une manière d’agir trop communément employée, hélas ! et qui ne peut conduire à de bons résultats. Le lavage des pieds est tout autre chose ! C’est se mettre plus bas que son frère, toucher son cœur en lui présentant Christ, afin que sa conscience soit atteinte. Une leçon de morale aboutira à un résultat différent de celui que l’on voudrait obtenir : elle irritera ou, en tout cas, elle découragera. Le cœur sera toujours le vrai chemin pour aller à la conscience et le cœur du racheté pourrait-il demeurer insensible quand Christ lui est présenté, dans l’excellence de sa Personne, la perfection de son œuvre, la grandeur de son amour ?
Le Seigneur n’adresse aucun reproche à Pierre (Jean 21:15-19). Il ne lui dit rien de toutes les circonstances qu’Il aurait cependant pu lui rappeler pour labourer sa conscience. Pas un mot de sa chute, de son reniement... Mais avec quel amour Il parle à son cœur ! Et la conscience du disciple est atteinte, son manquement si grave est profondément jugé, Pierre est restauré. À nouveau, il jouira de la communion avec le Seigneur, de la part avec Lui. Ce que le Seigneur avait fait dans la scène de Jean 13, Pierre ne le savait pas, mais il devait le savoir dans la suite. Lors de sa restauration, Pierre a compris la grandeur de l’amour du Seigneur manifesté dans son service d’avocat.
« Si je ne te lave, tu n’as pas de part avec moi » (v. 8).
« Vous aussi, vous devez vous laver les pieds les uns aux autres. Car je vous ai donné un exemple, afin que comme je vous ai fait, moi, vous aussi vous fassiez » (v. 14-15).
« Si vous savez ces choses, vous êtes bienheureux si vous les faites » (v. 17).