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SPIRITUALITÉ
Paul Fuzier
Les sous-titres ont été ajoutés par Bibliquest ; ME 1957 p. 253
Tables des matières :
1 La position céleste du croyant associé à Christ ressuscité
1.1 L’évangile de Paul amène à comprendre cette position céleste
1.2 La spiritualité fait la liaison entre la marche et la position
2 Le Saint Esprit et l’épître aux Éphésiens
2.3 La prière d’Éphésiens 3. Hommes charnels et spirituels (1 Cor. 3)
3 L’Esprit de Dieu dans l’évangile selon Jean
4 Spiritualité dans la marche individuelle et dans la vie de l’assemblée
4.1 Colossiens : sagesse et intelligence spirituelles
4.2 Ps. 73 et 77 — Comprendre ce que Dieu se propose pour nous et pour le monde
4.3 Discernement spirituel dans la marche en relation avec les autres
4.4 Dangers du manque de spiritualité et de la sentimentalité
5.1 Le culte peut souffrir du manque de spiritualité
5.2 « Dans la maison de Dieu comme un olivier vert » Ps. 52:8
6 Livre des Actes — Être rempli de l’Esprit
6.1 Place importante de l’Esprit Saint dans les Actes
6.2 Exemples d’Actes 2, 4, 6, 7 ,11, 13
L’apôtre Paul emploie à différentes reprises l’expression « mon évangile » (Rom. 16:25 ; 2 Tim. 2:8 par exemple). « Son évangile » a, en effet, un caractère très particulier : il dépeint l’état de l’homme, pécheur, « coupable devant Dieu » et incapable d’atteindre « à la gloire de Dieu » , plus encore, moralement « mort » (Rom. 3:19, 23 ; Éph. 2:1) ; il révèle ensuite la miséricorde de Dieu, le « grand amour dont il nous a aimés », amour qu’Il a constaté envers nous « en ce que, lorsque nous étions encore pécheurs, Christ est mort pour nous » (Éph. 2:4 ; Rom. 5:8). Mais l’évangile de Paul ne laisse pas le chrétien au pied de la croix, il ouvre ses yeux sur la condition nouvelle dans laquelle il est placé du fait qu’il est mort et ressuscité avec Christ, assis en Lui « dans les lieux célestes » (Rom. 6:4 à 6 ; Éph. 2:5, 6) ; il présente Christ aux croyants, Christ mort et ressuscité, Christ à la droite de Dieu, les saints en Lui, le Saint Esprit envoyé ici-bas pour habiter dans le croyant et dans l’Assemblée. Car « cette grâce a été donnée » à l’apôtre Paul de mettre en lumière « l’administration du mystère caché dès les siècles en Dieu », afin que « la sagesse si diverse de Dieu soit maintenant donnée à connaître aux principautés et aux autorités, dans les lieux célestes, par l’assemblée » (Éph. 3:8 à 10). Sur le chemin de Damas, Saul de Tarse a vu un Christ dans la gloire, entendu ces paroles : « Je suis Jésus, que tu persécutes », et il devait être « témoin, auprès de tous les hommes, des choses vues et entendues » (Actes 9:3-5 ; 22:14, 15) ; aussi, le caractère essentiel du ministère de l’apôtre Paul est-il la présentation d’un Christ glorieux, chef ou tête du corps dont les croyants sont les membres.
Comprendre la véritable position du croyant en Christ est, au point de vue de la marche pratique, d’une extrême importance. La vie d’un chrétien ne dépassera guère la mise en application de préceptes moraux si elle n’est pas effectivement la manifestation ici-bas de la position céleste dans laquelle il est établi par grâce ; peut-être y aura-t-il de la piété, la spiritualité manquera. La spiritualité conduit à une vie de piété, alors qu’un chrétien peut vivre une vie très pieuse sans jouir cependant de sa position céleste, peut-être même sans la connaître. Quelle perte pour lui ! Que peut-il goûter du privilège si élevé des adorateurs, appelés à « offrir des sacrifices spirituels, agréables à Dieu par Jésus Christ » (1 Pierre 2:5), ou encore des faveurs et des joies qui ne peuvent être connues et appréciées en dehors du sanctuaire ?
Comme tout devient simple dans les principes de la marche chrétienne lorsque le croyant a compris le caractère céleste et la grandeur de la position dans laquelle la grâce de Dieu l’a placé ! De multiples questions — le seul fait de les poser révèle généralement un état d’âme — tombent d’un seul coup si la position céleste du croyant « en Christ » est saisie par la foi. Aussi, n’y a-t-il pas lieu d’être surpris que l’ennemi déploie tous ses efforts pour s’opposer à ce que les âmes soient éclairées, affermies dans la connaissance et la jouissance de telles vérités ; il les occupera de tout autre chose, même de certaines vérités chrétiennes s’il s’agit de croyants qui désirent marcher fidèlement, plutôt que de les voir entrer dans l’intelligence et la réalisation pratique de leur position céleste. Dieu veuille nous faire sentir notre responsabilité dans la présentation de la Parole afin que soit mise en lumière l’importance et la valeur de la position céleste du croyant. Que, par dessus tout, Il nous accorde à chacun d’en jouir pratiquement pour nous-mêmes, d’être ainsi en vérité des « hommes spirituels » !
Il nous paraît nécessaire de rappeler ici les enseignements de base que nous donnent sur ce sujet, l’Épître aux Éphésiens d’abord, l’Évangile selon Jean ensuite.
Parmi les écrits de l’apôtre Paul, c’est l’Épître aux Éphésiens qui, plus particulièrement, nous présente la position céleste des croyants et de l’Assemblée, position qui est liée à celle de Christ Lui-même, ressuscité d’entre les morts par la puissance de Dieu qui « l’a fait asseoir à sa droite dans les lieux célestes » (Éph. 1:20). Dieu n’a pas voulu que l’homme fût seul dans la première création, Il lui a fait « une aide qui lui corresponde » (Gen. 2:18) ; de même, Il n’a pas voulu que l’homme, le second homme, soit seul dans la gloire de la nouvelle création, aussi Il « l’a donné pour être chef sur toutes choses à l’assemblée, qui est son corps » (Éph. 1:22, 23). Ce n’est pas ici Christ « chef du corps, de l’assemblée », comme dans l’Épître aux Colossiens (1:18), mais Christ « chef sur toutes choses » et donné comme tel à l’Assemblée qui, étant « son corps », partage la gloire qui est la sienne comme homme. Fils de Dieu, rien ne saurait être ajouté à sa gloire mais, comme Fils de l’homme, Il ne serait pas « complet » dans sa gloire de résurrection sans l’Église, pas plus qu’Adam ne l’eût été sans Ève. L’Assemblée est donc ce qui « complète » Christ, comme homme ressuscité d’entre les morts et assis à la droite de Dieu dans les lieux célestes.
Christ est mort pour nos péchés ; nous, nous étions « morts dans nos fautes et dans nos péchés ». C’est son obéissance parfaite qui l’a conduit à la mort de la croix : « étant trouvé en figure comme un homme, il s’est abaissé lui-même, étant devenu obéissant jusqu’à la mort, et à la mort de la croix », tandis que la mort est pour le premier homme la conséquence de sa désobéissance. Jusqu’ici, tout est contraste mais, l’œuvre de Christ parfaitement accomplie, Dieu l’a ressuscité d’entre les morts et « nous a vivifiés ensemble avec le Christ... nous a ressuscités ensemble » ; puis, l’ayant « fait asseoir à sa droite dans les lieux célestes », Il « nous a fait asseoir ensemble dans les lieux célestes dans le christ Jésus » (Éph. 2:1 ; Phil. 2:8 ; Éph. 1:20 et 2:4-6). Notre position céleste est donc nettement établie, le fondement sur lequel elle repose est sûr, inébranlable, rien ne saurait y porter atteinte. Dans la mesure où nous la saisirons et où nous en jouirons, nous pourrons vivre un christianisme pratique répondant à la pensée de Dieu. Notre vie chrétienne est vécue sur la terre, au milieu d’un monde ennemi, mais sur une telle scène elle doit manifester que notre portion est « dans les lieux célestes » et non pas ici-bas.
Ce n’est que dans la puissance de l’Esprit Saint que nous pouvons jouir de notre position et de nos bénédictions célestes, vivre comme des « hommes spirituels », des hommes célestes. Il n’est donc pas surprenant que dans l’Épître aux Éphésiens, où il est parlé des « lieux célestes » plus que dans aucune autre épître, il soit fait mention aussi très fréquemment du Saint Esprit. Pour les lieux célestes : 1:3 et 20 ; 2:6 ; 3:10 et 6:12 ; pour le Saint Esprit : 1:13 ; 2:18 et 22 ; 3:5 et 16 ; 4:3, 4 et 30 ; 5:18 ; 6:17-18.
« Ayant, cru, vous avez été scellés du Saint Esprit de la promesse, qui est les arrhes de notre héritage » (Éph. 1:13). — Le sceau du Saint Esprit nous donne l’assurance de la position et de la relation dans lesquelles la grâce de Dieu a voulu nous établir, tandis que les arrhes nous permettent de jouir à l’avance de la gloire à venir. Le Saint Esprit, considéré comme sceau et arrhes, nous donne donc, pour le présent déjà, l’assurance de notre position céleste et nous fait jouir, par la foi, de ce que nous aurons bientôt en plénitude. Les arrhes, ce n’est pas seulement une garantie de pleine possession future, c’est aussi une partie, déjà reçue, de ce que l’on aura plus tard dans son entier. Nous pouvons donc dès maintenant, par l’Esprit de Dieu, jouir dans une mesure de ce que sera notre part éternelle lorsque ce qui est de la foi sera changé en vue. Christ est héritier, nous hériterons avec Lui, en attendant nous avons déjà « les arrhes de notre héritage ».
« Que le Dieu de notre seigneur Jésus Christ, le Père de gloire, vous donne l’esprit de sagesse et de révélation dans sa connaissance, les yeux de votre cœur étant éclairés, pour que vous sachiez quelle est l’espérance de son appel, et quelles sont les richesses de la gloire de son héritage dans les saints, et quelle est l’excellente grandeur de sa puissance envers nous qui croyons, selon l’opération de la puissance de sa force, qu’il a opérée dans le Christ, en le ressuscitant d’entre les morts ; — (et il l’a fait asseoir à sa droite dans les lieux célestes… » (Éph. 1:17 à 20). Le Saint Esprit est ici caractérisé par ce qu’il donne et ce qu’il opère. La prière de l’apôtre est adressée au « Dieu de notre seigneur Jésus Christ », Christ est donc considéré comme homme et la suite du passage nous le confirme. Il est Celui sur qui, comme le prophète l’a annoncé, doit reposer « l’Esprit de l’Éternel », « l’esprit de sagesse et d’intelligence, l’esprit de conseil et de force, l’esprit de connaissance et de crainte de l’Éternel » (Ésaïe 11:2), Celui en qui Dieu « réunira en un toutes choses » ; alors seront manifestées toutes « les richesses de la gloire de son héritage dans les saints » (Éph. 1:10, 11, 18). Quelle gloire pour Dieu de voir enfin l’héritage entre les mains de son Christ, et ses cohéritiers avec Lui ! De cet héritage, l’adversaire s’était emparé ; Dieu aurait pu, tout aussitôt, exercer ses jugements et détruire tout ce qui s’était opposé à sa volonté, mais au contraire, « mystère » et « conseil de sa volonté » (Éph. 1:9, 11), Il a voulu, donnant à Christ la suprématie sur toutes choses, sur la terre et dans les cieux, nous associer à Lui dans cette position de gloire suprême. De tels résultats seront manifestés à la gloire et à la louange de Celui qui a opéré l’œuvre de la rédemption, permettant ainsi l’accomplissement du bon plaisir, du mystère et du conseil de la volonté de Dieu.
L’apôtre demande au « Dieu de notre seigneur Jésus Christ », Père ou, en d’autres termes, auteur de toute gloire pour Christ et pour les siens, qu’Il nous accorde la grâce de connaître « l’espérance de son appel » cet « appel » embrasse notre position céleste en Christ et notre relation d’enfants avec le Père, il nous introduit dans la jouissance d’une espérance glorieuse — « les richesses de la gloire de son héritage dans les saints » et « l’excellente grandeur de sa puissance envers nous qui croyons », puissance déjà manifestée dans le fait que Dieu a ressuscité Christ et « l’a fait asseoir à sa droite dans les lieux célestes ». Le désir de l’apôtre, exprimé dans cette prière, c’est que nous puissions entrer davantage dans tout ce que Dieu s’est proposé pour la gloire de Christ, dans tout ce que Christ a fait pour que le bon plaisir, le mystère et le conseil de la volonté de son Dieu puissent être accomplis. L’opération de l’Esprit dans nos cœurs nous y conduira, « esprit de sagesse et de révélation » agissant en nous pour « éclairer » ce que l’apôtre appelle « les yeux de notre cœur ». Les affections du cœur liées à un Christ céleste, tout ce qui le concerne dans sa gloire présente et dans la gloire future à laquelle Il veut associer les siens occupant les pensées, le croyant peut réaliser sur la terre qu’il est un homme céleste, un homme spirituel.
À la fin du chapitre 2 de cette épître, l’apôtre nous enseigne que nous avons « accès auprès du Père par un seul Esprit » et, d’autre part, que nous constituons une « maison » dans laquelle Dieu se plaît à habiter par son Esprit (v. 18 et 22). Par l’Esprit de Dieu, nous jouissons de notre relation avec le Père, de la faveur qui est la nôtre d’avoir été faits « enfants de Dieu », « nés, non pas de sang, ni de la volonté de la chair, ni de la volonté de l’homme, mais de Dieu », « adoptés pour lui par Jésus Christ », car tel a été « le bon plaisir de sa volonté » (cf. Rom. 8:15 à 17 ; Jean 1:12, 13 ; Éph. 1:5). Enfants de Dieu, nous sommes aussi des « pierres vivantes » de sa maison, « maison spirituelle », « édifiés ensemble, pour être une habitation de Dieu par l’Esprit » (cf. 1 Pierre 2:5 ; Éph. 2:22). Cela doit marquer de son empreinte notre caractère d’hommes célestes, spirituels, afin que toute notre vie pratique corresponde à notre relation avec Dieu et à notre position devant Lui. Demandons-nous dans quelle mesure elle y correspond vraiment.
La prière du premier chapitre est adressée au « Dieu de notre seigneur Jésus Christ », celle du chapitre 3 au « Père de notre seigneur Jésus Christ ». Dans la première, l’apôtre demande que les saints puissent connaître ce qu’ils possèdent : l’appel de Dieu, l’héritage de Dieu, l’excellente grandeur de sa puissance ; dans la seconde, il désire davantage pour eux : il voudrait qu’ils prennent possession, par la foi, de tout ce qu’ils ont en Christ. Dans la première, il s’agit des opérations de l’Esprit dans nos intelligences et dans nos cœurs pour que nous « sachions » ; dans la deuxième, de l’habitation de Christ dans nos cœurs, résultat du travail de l’Esprit nous « fortifiant en puissance », afin que nous soyons « capables de comprendre… ».
Si « les yeux de notre cœur » étaient « éclairés » pour considérer « les richesses de la gloire de son héritage », pour contempler « les richesses de sa gloire », tout ce qui nous entoure ici-bas ne nous arrêterait pas beaucoup et nous serions vraiment des croyants célestes, des hommes spirituels. Cela nous conduirait à réaliser ce que l’apôtre demande dans cette prière du chapitre 3, nous serions effectivement « fortifiés en puissance par son Esprit, quant à l’homme intérieur ». Mais, que cherchons-nous et de quoi nos cœurs sont-ils occupés ? Et que nourrissons-nous, le vieil homme ou le nouvel homme ? Les Corinthiens nourrissaient le vieil homme, ils étaient des « hommes charnels », c’est-à-dire non pas des hommes encore « dans la chair » mais des croyants ayant toujours la chair en eux — ce qui est, il est vrai, le cas de tous les croyants — et lui donnant l’aliment qu’elle désire — ce que ne devrait jamais faire aucun croyant. Aussi, les Corinthiens ne se développaient pas spirituellement et l’apôtre doit leur écrire : « Et moi, frères, je n’ai pas pu vous parler comme à des hommes spirituels, mais comme à des hommes charnels, comme à de petits enfants en Christ. Je vous ai donné du lait à boire, non pas de la viande, car vous ne pouviez pas encore la supporter, et même maintenant encore vous ne le pouvez pas, car vous êtes encore charnels » (1 Cor. 3:1, 2). Combien peu ils savaient ce que c’est qu’être « fortifiés en puissance par son Esprit, quant à l’homme intérieur » ! Et nous dans quelle mesure le savons-nous ?
Pourtant c’est aux Corinthiens, et dans le même chapitre, que l’apôtre écrit aussi : « Ne savez-vous pas que vous êtes le temple de Dieu et que l’Esprit de Dieu habite en vous ? » et encore : « Ne savez-vous pas que votre corps est le temple du Saint Esprit qui est en vous, et que vous avez de Dieu ? » (3:16 ; 6:19). Ce n’est donc pas parce qu’un croyant possède le Saint Esprit qu’il est un « homme spirituel » ; il peut fort bien, hélas ! tout en ayant le Saint Esprit en lui, être un « homme charnel ». Un « homme spirituel » c’est celui qui laisse agir en lui le Saint Esprit et se laisse diriger par lui dans ses pensées, ses paroles, ses actions ; il est alors occupé et nourri de Christ, il « cherche les choses qui sont en haut, où le Christ est assis à la droite de Dieu », il « pense aux choses qui sont en haut, non pas à celles qui sont sur la terre », il réalise qu’il est « mort » et « ressuscité avec le Christ » et que « sa vie est cachée avec le Christ en Dieu » (Col. 3:1 à 3). Avant de les quitter, le Seigneur a dit aux siens : « Mais quand celui-là, l’Esprit de vérité, sera venu, il vous conduira dans toute la vérité : car il ne parlera pas de par lui-même ; nais il dira tout ce qu’il aura entendu, et il vous annoncera les choses qui vont arriver. Celui-là me glorifiera ; car il prendra de ce qui est à moi, et vous l’annoncera » (Jean 16:12 à 15). N’est-il pas vrai que nous entravons souvent cette action de l’Esprit dans nos cœurs, le contraignant à exercer un service de répréhension devenu nécessaire pour nous amener à juger tout ce qui est de la chair en nous ?
Nous savons plus ou moins que notre position, notre part, nos bénédictions sont « dans les lieux célestes en Christ », nous connaissons la plupart des vérités présentées dans les différents passages de l’Épître aux Éphésiens sur lesquels nous nous sommes arrêtés, mais nous y entrons peu et nous n’en jouissons pas comme Dieu désirerait que nous le fassions ; nous jugeons ces vérités un peu abstraites, trop élevées, par conséquent au-dessus de notre portée. À cet égard, il semblerait que nous ne manquions pas d’humilité ; or, ce n’est pas là de l’humilité mais un mauvais prétexte pour délaisser les choses excellentes et nous tourner vers celles qui plaisent à nos cœurs naturels, de sorte que nous ne faisons guère de progrès spirituels. Paresseux à écouter » comme autrefois les croyants hébreux, auxquels cependant l’apôtre avait « beaucoup de choses à dire » au sujet de la personne glorieuse de Christ, d’un Christ céleste, nous ne pouvons prendre la « nourriture solide », celle qui est « pour les hommes faits », connaissant leur position en Christ et en jouissant pratiquement (Hébr. 5:11 à 14). Par conséquent, plus un croyant nourrit chez lui le vieil homme, moins il est capable d’entrer dans la jouissance des choses célestes et même, dans certains cas, de les comprendre ; de ce fait, il ne peut rien goûter de ce qui appartient à des « hommes spirituels ». Et lorsque ce croyant veut prendre quelque nourriture dans la Parole, il ne peut aller au-delà du « lait », incapable qu’il est de « supporter » la « viande ». La nourriture prise dans les Écritures, ou dans les ouvrages qui nous en occupent, donne la mesure de notre spiritualité.
Puissions-nous laisser agir l’Esprit de Dieu en nous ! Il nous occupera de Christ, d’un Christ céleste, selon les expressions de Jean 16:12 à 15, nous fera jouir de tout ce que nous avons en Lui « dans les lieux célestes » et ainsi, nos âmes prospéreront et nous nous développerons spirituellement, fortifiés en puissance quant à l’homme intérieur. L’activité de l’Esprit, tout à la fois, nous conduira à habiter le sanctuaire, nous plaçant à l’abri des influences qui nuisent à la vie spirituelle, et placera Christ dans nos cœurs, l’y faisant habiter par la foi. Bienheureuse et bienfaisante communion, vie spirituelle enrichie, avec tous les fruits produits dont nous parlent les versets 18 et 19 de ce chapitre 3 de l’Épître aux Éphésiens. Tout à la gloire de Dieu !
Garder l’unité de l’Esprit ! Faveur désirable entre toutes et cependant si peu goûtée. Ce n’est pas par chacun séparément qu’elle peut être connue mais par chacun avec d’autres croyants et toujours par le « lien de la paix » (Éph. 4:3). Écouter « ce que l’Esprit dit aux assemblées » — et cette expression est employée dans chacune des lettres adressées aux sept assemblées (Apoc. 2 et 3), l’exhortation est donc pour tous ceux qui font partie de l’Église, dans tous les temps de son histoire sur la terre — conduira les saints à réaliser une vraie paix, inséparable de la sainteté, de la vérité et de l’amour (cf. Hébr. 12:14 ; Zach. 8:16, 19). L’Esprit de Dieu qui est tout à la fois Esprit Saint, Esprit de vérité, Esprit d’amour, agissant librement en chacun des croyants, y produira les caractères d’Éphésiens 4:1, 2 et conduira les saints à goûter la valeur et la douceur du « lien de la paix ». L’unité de l’Esprit sera alors « gardée ». La paix est souvent acquise au prix de concessions faites aux dépens de nos droits — si tant est que nous puissions parler de « nos droits » — et c’est à cela que nous exhorte le début du chapitre 4 de l’Épître aux Éphésiens ; elle ne le sera jamais au détriment des droits de Dieu, sauf à perdre entièrement son véritable caractère. « Lien de la paix » et « unité de l’Esprit » impliquent, d’une part, l’abandon de nos prétentions, de nos exigences, de ce que nous croyons être nos droits, au fond et en un mot : la mise de côté du moi, de la chair, — et, d’autre part, le maintien des droits de Dieu et de la gloire de Christ que l’Esprit revendique et exalte toujours. Si chaque croyant était spirituel, dans le vrai sens et toute la force du terme, le lien de la paix serait maintenu, l’unité de l’Esprit gardée. C’est notre manque de spiritualité qui nous conduit à d’humiliantes défaillances dans la pratique de la sainteté, dans le maintien de la vérité, dans l’exercice de l’amour et, par conséquent, nous fait perdre ce que nous devons nous appliquer à garder, « l’unité de l’Esprit par le lien de la paix ».
Le support mutuel auquel nous exhorte le début d’Éphésiens 4 ne doit sans doute jamais être perdu de vue mais il ne doit pas nous conduire à prendre notre parti de la faiblesse ou de l’ignorance. Christ veut fortifier et instruire les siens et, dans ce but, Il déploie sa puissance par le moyen des serviteurs qu’Il doue de son Esprit afin que l’exercice des dons de grâce amène en tout premier lieu « la perfection des saints ». Cet exercice des dons doit produire la croissance spirituelle nécessaire pour atteindre « l’état d’homme fait », c’est-à-dire pour que le croyant connaisse sa position en Christ et en jouisse pratiquement. Ce développement spirituel permettra l’accomplissement des divers services qui doivent être remplis dans le corps de Christ : « pour l’œuvre du service », et c’est ainsi qu’il y aura de l’édification ; « pour l’édification du corps de Christ ». Tel est l’objet du ministère et il s’exercera jusqu’à ce que tous les membres du corps soient amenés à la foi qui a un seul Objet, le Fils de Dieu, à la connaissance de leur position en Christ et de leur union avec Lui, le terme de la croissance étant la pleine conformité à Christ, en gloire : « à la mesure de la stature de la plénitude du Christ ». Quel saisissant contraste avec ce qui caractérise les « petits enfants » ! Loin de se développer, ils sont « ballottés et emportés çà et là par tout vent de doctrine dans la tromperie des hommes, dans leur habileté à user de voies détournées pour égarer ». Les Corinthiens étaient tels, c’est pourquoi l’apôtre n’avait pu leur parler « comme à des hommes spirituels » et n’avait pu leur donner « de la viande » ; au contraire, il avait dû leur parler « comme à des hommes charnels », « comme à de petits enfants en Christ » et leur donner « du lait à boire » (1 Cor. 3:1, 2). Le manque de spiritualité est donc une perte pour le croyant en ce sens qu’il ne peut aller au delà de la nourriture des petits enfants ; c’est aussi pour lui un danger, car il risque de se laisser « emporter çà et là par tout vent de doctrine » ; enfin, c’est une perte pour l’ensemble du corps : les versets 15 et 16 du chapitre 4 de l’Épître aux Éphésiens nous montrent en effet que l’accroissement du corps est lié au développement spirituel de chacun de ses membres et en dépend étroitement. « Croître en toutes choses jusqu’à lui qui est le chef, le Christ » ; voilà ce qui est proposé au fidèle et ce qu’il doit normalement réaliser : alors, « selon l’opération de chaque partie dans sa mesure », il y aura « accroissement du corps pour l’édification de lui-même en amour » (Éph. 4:7 à 16). Combien grand est le contraste entre les conséquences d’un manque de spiritualité et les fruits du développement spirituel !
Nous avons ensuite, dans cette Épître aux Éphésiens, des exhortations pratiques. En rapport avec le Saint Esprit : ne l’attristez pas ; plus encore, soyez-en remplis (4:30 ; 5:18). Quand le Saint Esprit est-il attristé ? Chaque fois que nous cédons à la chair, les fruits en sont alors manifestés, nous sommes des « hommes charnels ». Or, le Saint Esprit est le divin Ouvrier qui veut opérer en nous, occupant nos cœurs d’un Christ céleste afin que, nos âmes en étant nourries, nous puissions refléter ici-bas quelques-uns de ses caractères ; il est « attristé » si nous manifestons les traits du vieil homme.
Ce n’est pas, nous l’avons vu, par le seul fait que le Saint Esprit habite en nous que nous sommes des « hommes spirituels », nous ne pouvons l’être que dans la mesure où nous réalisons l’exhortation d’Éphésiens 5:18 : « Soyez remplis de l’Esprit ». « Ne vous enivrez pas de vin », écrit d’abord l’apôtre ; en d’autres termes : ne donnez pas d’aliment à la chair, le vin la stimule, l’excite et tout discernement spirituel est ainsi ôté, selon qu’il est écrit : « La fornication, et le vin, et le moût, ôtent le sens » (Osée 4:11). Aaron et ses fils ne devaient boire ni vin ni boisson forte quand ils entraient dans la tente d’assignation, c’était une condition nécessaire pour pouvoir « discerner entre ce qui est saint et ce qui est profane, et entre ce qui est impur et ce qui est pur » (Lévit. 10:8-11). Un « homme charnel » ne peut donc goûter les joies du sanctuaire et n’a aucun discernement de ce qui est selon Dieu et de ce qu’Il réprouve, aucun discernement du bien et du mal (cf. Hébr. 5:14). — « Soyez remplis de l’Esprit », qu’il prenne entièrement possession de vos pensées, de vos affections, qu’en vous il agisse seul et librement, vous serez alors des « hommes spirituels », connaissant et réalisant pratiquement votre position, jouissant de vos bénédictions dans les lieux célestes, de votre association avec un Christ glorieux que Dieu « a fait asseoir à sa droite dans les lieux célestes », de votre union avec Lui, tête du corps, et vous pourrez « vous entretenir par des psaumes et des hymnes et des cantiques spirituels, chantant et psalmodiant de votre cœur au Seigneur ; rendant toujours grâces pour toutes choses, au nom de notre Seigneur Jésus Christ, à Dieu le Père ; étant soumis les uns aux autres dans la crainte de Christ » (Éph. 5:18-21).
Enfin, l’homme céleste, revêtu de « l’armure complète de Dieu », pourra livrer le véritable combat chrétien « contre les principautés, contre les autorités, contre les dominateurs de ces ténèbres, contre la puissance spirituelle de méchanceté qui est dans les lieux célestes ». Imitant le parfait modèle, Celui qui a été ici-bas le vrai homme céleste, il se servira de « l’épée de l’Esprit, qui est la parole de Dieu », triomphant de l’adversaire au moyen de cette arme : « Il est écrit » (cf. Matt. 4:1-11 et, plus particulièrement, Luc 4:1-13, le récit de Luc nous montrant Jésus, homme céleste, « plein de l’Esprit Saint », « mené par l’Esprit dans le désert » et ensuite, « s’en retournant en Galilée, dans la puissance de l’Esprit »). L’emploi de « l’épée de l’Esprit » n’exclut pas la dépendance de Dieu, bien au contraire : « priant par toutes sortes de prières et de supplications, en tout temps, par l’Esprit, et veillant à cela avec toute persévérance » (Éph. 6:10 à 18). Ces ex-pressions soulignent assez l’importance de l’action de l’Esprit, d’une part pour être à même de se servir de la Parole avec à propos et puissance, d’autre part pour faire monter vers Dieu les seules prières qu’Il peut exaucer.
Les écrits de l’apôtre Paul, nous l’avons vu, présentent l’Esprit de Dieu comme onction, sceau, arrhes, lien unissant les enfants de Dieu en un seul corps dont Christ est la tête glorifiée dans le ciel. C’est surtout dans les écrits de Jean qu’il est aussi considéré comme Personne divine.
L’Évangile selon Jean est, de tous les évangiles, celui qui nous occupe le plus souvent du Saint Esprit — plus encore que l’évangile selon Luc à propos duquel nous avons déjà rappelé plusieurs expressions du chapitre 4 dépeignant le caractère du vrai homme céleste ici-bas, plein de l’Esprit Saint, conduit par l’Esprit, allant dans toute la puissance de l’Esprit ; c’est aussi dans cet évangile selon Luc qu’est souligné le développement spirituel du second homme, dont l’histoire commence à son premier stade, celui du petit enfant : « Et Jésus avançait en sagesse et en stature, et en faveur auprès de Dieu et des hommes » (2:52). L’évangile selon Jean étant celui qui nous occupe le plus souvent du Saint Esprit, il est aussi celui qui généralement met en évidence le côté spirituel.
Jean rend témoignage ainsi : « J’ai vu l’Esprit descendant du ciel comme une colombe, et il demeura sur lui » (Jean 1:32). L’Esprit pouvait demeurer sur Lui en vertu de ses propres perfections comme homme, attestant de la part de Dieu que cette Personne excellente, en qui Il trouvait tout son bon plaisir, était son Fils bien-aimé. Mais encore, Dieu avait déclaré à Jean : « Celui sur qui tu verras l’Esprit descendre, et demeurer sur lui, c’est celui-là qui baptise de l’Esprit Saint. Et moi, j’ai vu et j’ai rendu témoignage que celui-ci est le Fils de Dieu » (Jean 1:33, 34). Christ est non seulement « l’agneau de Dieu qui ôte le péché du monde » mais encore Celui « qui baptise de l’Esprit Saint » ; tels sont les deux côtés de son œuvre. — Au chapitre 3 de cet évangile, le Seigneur enseigne à Nicodème ce qu’est la nouvelle naissance, produite par l’action de la Parole et de l’Esprit de Dieu (v. 3 à 8) ; au chapitre 4, Il se révèle à la femme samaritaine et c’est à elle, pauvre pécheresse, qu’Il parle des vérités si élevées concernant le culte « en esprit et en vérité », lui présentant le Saint Esprit dans le croyant comme « une fontaine d’eau jaillissant en vie éternelle » (v. 14) — c’est ainsi que l’adoration monte vers Dieu, que « les vrais adorateurs » adorent « le Père » ; au chapitre 6, nous voyons le peu d’intelligence spirituelle des disciples, incapables d’entrer dans ce que le Seigneur leur a présenté : « Cette parole est dure ; qui peut l’ouïr ? », aussi leur montre-t-Il que ses paroles ont une portée spirituelle : « C’est l’Esprit qui vivifie ; la chair ne profite de rien : les paroles que moi je vous ai dites sont esprit et sont vie » (v. 60 à 63). L’oeuvre de Christ a eu pour but, par-dessus tout, d’introduire l’homme, pour la satisfaction du cœur de Dieu et pour sa gloire, dans la connaissance et la jouissance des choses célestes ; or, elles ne peuvent être saisies et goûtées que par l’Esprit de Dieu (cf. 1 Cor. 2:10 à 16). Révélées alors par les paroles de Christ, elles le sont maintenant dans la Parole de Dieu ; il faut le Saint Esprit pour recevoir et comprendre ces paroles, cette Parole. Les choses spirituelles nous sont ainsi communiquées et deviennent, par la puissante opération de l’Esprit de Dieu, des réalités vivantes pour nos âmes. C’est par l’Esprit que la vie est donnée au croyant, c’est par l’Esprit aussi qu’elle est entretenue en lui, l’action de la Parole étant liée à celle du Saint Esprit dans ces deux aspects de l’oeuvre de Dieu. — Au chapitre 7, le Seigneur monte à la fête des tabernacles, « non pas publiquement, mais comme en secret », car le temps dont parlait cette fête, prophétiquement, n’était pas encore venu. Celui qui allait être rejeté et crucifié présente ce qui allait caractériser la période de temps devant suivre sa crucifixion, sa résurrection, son ascension glorieuse, et précéder le jour où la véritable fête des tabernacles pourra être célébrée. Pendant cette période de temps, celle dans laquelle nous sommes présentement, celui qui a soif sera désaltéré s’il vient à Jésus, mais encore il sera un moyen de rafraîchissement pour d’autres : « Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi, et qu’il boive. Celui qui croit en moi, selon ce qu’a dit l’écriture, des fleuves d’eau vive couleront de son ventre. (Or il disait cela de l’Esprit qu’allaient recevoir ceux qui croyaient en lui ; car l’Esprit n’était pas encore, parce que Jésus n’avait pas encore été glorifié) » (v. 37 à 39).
Nous avons donc, dans ces chapitres 3 à 7, trois opérations différentes de l’Esprit de Dieu : au chapitre 3, c’est le travail de l’Esprit dans l’œuvre de la nouvelle naissance ; au chapitre 4, l’Esprit, « fontaine d’eau jaillissant en vie éternelle », fait du croyant un vrai adorateur ; aux chapitres 6 et 7, par l’Esprit, le croyant entre dans la jouissance des choses célestes et éternelles, de Christ Lui-même, de sorte que son cœur est rempli jusqu’à déborder et qu’il devient un instrument entre les mains de Dieu pour rafraîchir des âmes altérées. — Au chapitre 4, le Saint Esprit est une puissance intérieure donnée pour la communion et le culte ; au chapitre 7, les fleuves d’eau vive coulent au dehors, un témoignage est rendu ici-bas, par la puissance du Saint Esprit, à un Christ rejeté par le monde mais ressuscité et glorifié, à la droite de Dieu dans les lieux célestes.
Dans les chapitres 14, 15 et 16, le Seigneur s’adressant aux siens leur présente le Saint Esprit comme Personne divine, devant venir ici-bas après que Lui les aura quittés et aura été glorifié dans le ciel. Jusqu’alors, Il avait été pour eux un « consolateur » : Il avait pris leur cause en mains et cela devait le conduire à mettre sa vie pour eux ; « un autre consolateur » viendrait, envoyé par le Père, à la prière du Fils. Cet « autre consolateur » ne vient pas dans l’incarnation car il ne vient pas pour le monde, qui ne peut pas le recevoir : il est donné aux croyants et ne les quittera jamais ; Jésus avait été avec eux, le Saint Esprit sera avec eux et en eux (14:16, 17). Quel service précieux il remplira pour eux : « Le Consolateur, l’Esprit Saint, que le Père enverra en mon nom, lui, vous enseignera toutes choses, et vous rappellera toutes les choses que je vous ai dites » (14:26). Au chapitre 15, c’est le Fils Lui-même qui l’envoie car, comme homme glorifié, Il l’a reçu pour en faire part à ses rachetés : « Ayant donc été exalté par la droite de Dieu, et ayant reçu de la part du Père l’Esprit Saint promis, il a répandu ce que vous voyez et entendez » (Actes 2:33 — cf. Ps. 68:18). L’Esprit vient ici-bas pour rendre témoignage de Christ ; les hommes ont rejeté le Fils de Dieu et, l’ayant crucifié, pensent en avoir fini avec Lui, mais Il enverra « d’auprès du Père, l’Esprit de vérité, qui procède du Père » et le but de son activité, dans ce passage, est celui-ci : « Celui-là rendra témoignage de moi » (Jean 15:26, 27). Les disciples, qui avaient été avec Jésus « dès le commencement », pourraient, par la puissance de 1’Esprit, rendre témoignage de ce qu’avait été Christ sur la terre, le Saint Esprit rendant témoignage de ce qu’Il est maintenant, glorifié dans le ciel. — Au chapitre 16, le Seigneur déclare à ses disciples qu’il est « avantageux » pour eux qu’Il s’en aille, précisément parce que son ascension en gloire permettra l’envoi du Saint Esprit ici-bas et c’est seulement par l’Esprit qu’ils pourront jouir de toutes les conséquences célestes et éternelles de son œuvre. Il présente, en premier lieu, ce que le Saint Esprit sera pour le monde (v. 8 à 11), ensuite, ce qu’il fera pour les rachetés (v. 13 à 15). Maintenant ici-bas comme Personne divine, le Saint Esprit amène les croyants à la jouissance de leur position en Christ, un Christ ressuscité et glorifié ; il les « conduit dans toute la vérité » ; il dit « tout ce qu’il a entendu » car il a été témoin de la résurrection et de la glorification de Christ ; il « annonce les choses qui vont arriver » en rapport avec la gloire de Christ et l’établissement de son règne. Tandis que le monde a méprisé et méprise encore Jésus, le Fils de Dieu, le Saint Esprit le glorifie : il prend « de ce qui est à lui », ses gloires et ses perfections infinies, pour nous Le révérer. Pendant le temps de l’absence du Seigneur, le Saint Esprit fait brûler nos cœurs en nous parlant de Lui et il remplira ce précieux service jusqu’au moment où nos veux contempleront Celui dont il nous aura ainsi occupés et nourris durant le voyage !
Le message qu’après sa résurrection le Seigneur fait annoncer aux siens, tout à la fois leur dit qu’ils lui sont désormais associés dans sa position comme homme devant Dieu, dans sa relation de Fils avec le Père, et dirige leurs regards vers le lieu où Il veut les introduire : « Je monte vers mon Père et votre Père, et vers mon Dieu et votre Dieu » (Jean 20:17). « Je monte… », dit-Il ; là-haut, dans le sanctuaire, nous pouvons jouir de notre position en Lui devant Dieu et de notre relation avec Lui et avec le Père. C’est « dans les lieux célestes » que Dieu « l’a fait asseoir à sa droite », nous l’y contemplons comme Celui qui y est monté, après le triomphe remporté à la croix. « Or, qu’il soit monté, qu’est-ce, sinon qu’il est aussi descendu dans les parties inférieures de la terre ? Celui qui est descendu est le même que celui qui est aussi monté au-dessus de tous les cieux, afin qu’il remplît toutes choses ; et lui a donné… » (Éph. 4:8 et suivants).
Ce message annoncé aux disciples par Marie de Magdala à qui Il l’avait confié, le Seigneur vient « au milieu d’eux » le premier jour de la semaine. « Et il leur dit : Paix vous soit ! ». La dernière parole qu’Il leur a laissée, tout à la fin de son dernier message avant d’aller à la croix : « Je vous ai dit ces choses, afin qu’en moi vous ayez la paix », la première qu’Il leur adresse, après sa mort et sa résurrection : « Paix vous soit ! » (Jean 16:33 ; 20:19), nous disent assez combien Il désire que les siens soient gardés dans sa paix. Ils sont précieux à son cœur, quel prix Il a payé pour les avoir ! « Et ayant dit cela, il leur montra ses mains et son côté ». Joie profonde pour les disciples, jusqu’alors dans la tristesse. Puis, le Seigneur va les envoyer, leur donnant une mission à remplir ; mais auparavant, Il leur dit encore : « Paix vous soit ! ». La paix qui est la source de leur joie est aussi le point de départ du service que le Seigneur leur confie. « Comme le Père m’a envoyé, moi aussi je vous envoie. Et ayant dit cela, il souffla en eux, et leur dit : Recevez l’Esprit Saint ». Ce n’est pas encore le Saint Esprit venant ici-bas comme Personne divine, cette venue n’aura lieu qu’après l’ascension glorieuse du Sauveur ressuscité ; c’est ici sa propre vie comme homme ressuscité, vie spirituelle qu’il leur communique afin qu’ils aient l’énergie et la capacité spirituelles nécessaires pour remplir leur mission.
Pour « marcher d’une manière digne du Seigneur », pour le servir, « portant du fruit en toute bonne oeuvre », il faut la puissante action de l’Esprit, nous instruisant dans la connaissance de la volonté de Dieu, produisant en nous une vraie spiritualité. « Remplis de la connaissance de sa volonté, en toute sagesse et intelligence spirituelle », tel est le secret d’une marche dans laquelle nous pourrons « plaire à tous égards » à notre Seigneur et Sauveur Jésus Christ, « portant du fruit en toute bonne œuvre, et croissant par la connaissance de Dieu » (Col. 1:9, 10). Il y faut, soulignons-le, « sagesse et intelligence spirituelle » et cela conduit à l’accroissement spirituel. Retenons les enseignements de cette Épître aux Colossiens qui nous montre le croyant, ressuscité avec Christ mais encore sur la terre, ayant à y vivre dans toute la puissance de la vie de résurrection, cherchant « les choses qui sont en haut, où le Christ est assis à la droite de Dieu », pensant « aux choses qui sont en haut, non pas à celles qui sont sur la terre » (cf. Col. 3:1 à 3).
La spiritualité est utile dans toute la vie du croyant, elle est indispensable si nous désirons vraiment vivre cette vie à la gloire de Dieu et avancer en paix, au milieu des circonstances les plus difficiles. Seule, elle nous permettra de comprendre, dans une mesure au moins, ce que Dieu se propose à notre égard et à l’égard de ce monde. Asaph, « voyant la prospérité des méchants », alors que lui était « battu tout le jour » et que « son châtiment revenait chaque matin », avait « porté envie aux arrogants » ; il s’en était « fallu de peu que ses pieds ne lui aient manqué, — d’un rien que ses pas n’aient glissé ». Mais, lorsqu’il est « entré dans les sanctuaires de Dieu », il a « compris » quelle devait être la « fin » des méchants ; désormais, il peut avancer en paix, sans crainte de broncher : « je suis toujours avec toi : tu m’as tenu par la main droite... Qui ai-je dans les cieux ? Et je n’ai eu de plaisir sur la terre qu’en toi... Car voici, ceux qui sont loin de toi périront... Mais, pour moi, m’approcher de Dieu est mon bien ; j’ai mis ma confiance dans le Seigneur, l’Éternel, pour raconter tous tes faits ». Telle est la conclusion de ce Psaume 73, tel est 1e résultat de l’expérience faite par un croyant qui, bien que traversant les circonstances difficiles du désert, goûte la paix du sanctuaire. — « Ô Dieu ! ta voie est dans le lieu saint » dit encore Asaph (Ps. 77:13)., Ici, le psalmiste est dans une grande détresse, mais ce n’est pas la prospérité des méchants qu’il envie, il « pense aux jours d’autrefois, aux années des siècles passés » et il en vient ainsi aux questions des versets 7 à 9 de ce Psaume : il se demande si la bonté de Dieu a « cessé pour toujours », s’Il a « oublié d’user de grâce », « enfermé ses miséricordes dans la colère » ; et c’est là « son infirmité ». Mais quel changement quand il comprend que la voie de Dieu est dans le lieu saint » ! Ce que Dieu fait restera toujours incompréhensible pour le croyant tant qu’il demeurera en dehors du sanctuaire. « Sa voie est dans la mer », comment la discerner ? « Ses traces ne sont pas connues », mais la confiance du fidèle c’est de savoir que tout est dirigé par Celui qui habite le saint lieu, que tout est en accord avec ce qu’Il est, Lumière et Amour, avec ses caractères de justice, de sainteté, de vérité, de bonté, de grâce, de fidélité à ses promesses. Il « conduit son peuple connue un troupeau » : heureux sommes-nous de nous sentir aux soins d’un Berger fidèle et tendre, vrai Moïse et vrai Aaron, Médiateur et Sacrificateur, qui conduira son troupeau jusqu’au terme du voyage ! (Ps. 77:19 et 20). Dans le sanctuaire, nous le comprenons quelque peu et, comme Asaph autrefois, nous pouvons dire : « Ô Dieu ! ta voie est dans le lieu saint. Où y a-t-il un dieu grand comme Dieu ? Toi, tu es le Dieu qui fais des merveilles… ». Comme elle est heureuse et paisible, pleine de confiance en Dieu, même dans les jours les plus sombres, la vie d’un croyant spirituel !
Mais le croyant ne vit pas dans ce monde pour lui seul, en égoïste ; il est appelé à penser aux autres. Seule, la spiritualité lui permettra de discerner ce que Dieu lui demande dans chaque cas particulier. Que de heurts, que de difficultés entre frères ou sœurs, parce que, manquant de spiritualité, l’on a agi quand il valait mieux ne rien faire ou bien, parce que l’on est resté passif au lieu d’intervenir ; ou encore, parce que ce qui a été fait ne l’a pas été selon la pensée de Dieu. Peut-être a-t-on voulu se conformer à tel ou tel enseignement des Écritures, oubliant que pour mettre la Parole en pratique il faut du discernement spirituel. Colossiens 1 nous le dit, « pour marcher d’une manière digne du Seigneur », la connaissance de la volonté de Dieu est nécessaire, il convient même d’en être « rempli », mais ce doit être en toute sagesse et intelligence spirituelle » (v. 9, 10).
Comment, par exemple, aller « redresser » celui qui « s’est laissé surprendre par quelque faute » ? Qui pourra remplir ce service, délicat entre tous ? Des frères « spirituels », agissant « dans un esprit de douceur » (Gal. 6:1). Des frères vivant assez près du Seigneur, dans le sanctuaire, pour être préservés des influences charnelles d’une part et pour avoir, d’autre part, la sagesse nécessaire, l’intelligence spirituelle indispensable, pour discerner le caractère de la « faute » et pour agir de telle manière que celui qui « s’est laissé surprendre » soit amené à juger ce en quoi il a manqué. Si un tel service est si peu ou si mal rempli, n’est-ce pas parce que font trop souvent défaut les frères spirituels qualifiés pour cela ? Que de choses humiliantes seraient sans doute évitées, que de douleurs nous seraient épargnées si les frères avaient à cœur d’être des « hommes spirituels » !
Lorsque des difficultés surviennent, où sont les ressources pour les régler ? Dans la Parole, dira-t-on, et l’on cherche et l’on cite des passages des Écritures, essayant surtout, si souvent, d’y trouver la justification de ses propres voies et de ses propres pensées. Sans doute les ressources sont dans la Parole, Dieu soit béni de nous l’avoir donnée et conservée ! Mais pour employer ces ressources, pour avoir et pour appliquer la parole qui convient dans tel ou tel cas, il faut de la spiritualité. Manquant de puissance spirituelle, nous serons désarmés en présence des difficultés, les situations dans lesquelles nous pourrons nous trouver placés demeureront sans issue... Expériences faites si souvent hélas ! et qui montrent notre pauvreté spirituelle. — Actes 9:36-43 nous donne un enseignement qu’il paraît utile de rappeler ici. Voilà une épreuve survenue à Joppé : Dorcas, femme pieuse entre toutes, « pleine de bonnes oeuvres et d’aumônes qu’elle faisait » tomba malade et son état empira jusqu’à ce qu’elle mourut. Où est la ressource dans ce cas extrême ? Dans la puissance spirituelle qui est chez Pierre. Non pas certes dans les sentiments manifestés par les veuves qui « vinrent auprès de lui en pleurant, et en montrant les robes et les vêtements, toutes les choses que Dorcas avait faites pendant qu’elle était avec elles ». En combien de circonstances, nous en tenons-nous à l’expression des sentiments de nos cœurs et nous laissons-nous guider par eux ? Peut-être sont-ils excellents en apparence mais ils sont inefficaces, ils n’apportent aucun secours, aucune délivrance. Prenons garde à la sentimentalité dans la vie chrétienne, dans la vie de l’assemblée, elle peut nous conduire aux pires égarements. Pierre en avait fait autrefois l’expérience : il était guidé par les sentiments de son cœur lorsqu’il répondait au Seigneur annonçant aux disciples qu’Il allait souffrir et être mis à mort : « Seigneur, Dieu t’en préserve, cela ne t’arrivera point ! » Excellents sentiments, dira celui qui juge selon les apparences ; Pierre prend la défense de son Maître, il ne veut ni le voir souffrir ni, à plus forte raison, le voir mourir. Mais le Seigneur doit lui dire : « Va arrière de moi, Satan, tu m’es en scandale ; car tes pensées ne sont pas aux choses de Dieu, mais à celles des hommes » (Matt. 16:21 à 23). La sentimentalité — au fond, c’est la chair sous un aspect très agréable, donc particulièrement dangereux — conduit nos pensées aux « choses des hommes » et non à « celles de Dieu » et elle peut même nous amener à être les instruments de l’adversaire ! Méfions-nous de nos pauvres cœurs et des meilleurs sentiments qu’ils peuvent éprouver ! — Nous avons en Actes 9, parmi bien d’autres, une circonstance qui nous montre que l’apôtre a tiré profit des expériences faites autrefois par le disciple. « Pierre, les ayant tous mis dehors… ». Même les veuves dont il est question au verset 39 ? Oui, la sentimentalité qui parait la plus acceptable et peut-être la plus souhaitable en apparence n’a aucune place là ou une difficulté est survenue qui manifeste la puissance de l'adversaire. Pierre est gardé de montrer quelque sentimentalité que ce soit ; tout au contraire, il va mettre en évidence la puissance d'une vraie spiritualité. Mais de quelle manière ? « Pierre, les ayant tous mis dehors, et s'étant mis à genoux, pria ». Tel est le secret de la manifestation de la puissance spirituelle : c'est à genoux, dans la prière, expression de la dépendance de Dieu, que se déploie la puissance qui découle de la spiritualité. La puissance est de Dieu seul, elle est réclamée par la prière de l'homme spirituel, rendu capable d'agir selon la pensée de Celui dans la communion duquel il demeure. Cette puissance va se déployer maintenant, en réponse à la prière : « se tournant vers le corps », Pierre dit : « Tabitha, lève-toi » et « elle ouvrit ses yeux, et voyant Pierre, elle se mit sur son séant, — et lui ayant donné la main, il la leva ». La puissance spirituelle donne le secours nécessaire pour la marche.
Le Livre de Josué nous dit, en figure, comment nous pouvons jouir des choses célestes. Il faut d’abord passer le Jourdain, c’est-à-dire réaliser d’une manière pratique notre mort et notre résurrection avec Christ ; il faut aussi nous laisser conduire par notre vrai Josué, l’Esprit de Christ en nous, et livrer les combats qui sont, pour nous, la lutte d’Éphésiens 6:12. Possédant et habitant le pays, nous pourrons en recueillir les fruits et nous serons ainsi à même de venir au lieu que Dieu a choisi pour y faire habiter son Nom, avec des corbeilles remplies (cf. Deut. 26:1 à 11) ; nous goûterons selon la pensée de Dieu le privilège des « vrais adorateurs », ceux qui « adorent le Père en esprit et en vérité » (cf. Jean 4:23:24). Car nous sommes « édifiés une maison spirituelle » et cela, « pour offrir des sacrifices spirituels, agréables à Dieu par Jésus Christ » (cf. 1 Pierre 2:5). Comme notre culte souffre souvent hélas de notre peu de spiritualité ! L’Esprit est alors contristé dans l’activité qu’il désire exercer pour que la louange s’élève vers notre Dieu et Père, comme aussi vers le Seigneur. Quand il en est ainsi, les actions exercées dans la réunion pour le culte pèsent sur l’assemblée réunie plutôt qu’elles n’expriment, comme elles le devraient, la louange des saints ; des « cantiques spirituels » peuvent être proposés, s’ils ne le sont pas avec spiritualité l’assemblée en souffrira, dans la mesure où elle est spirituelle ; en tous cas, la partie spirituelle de l’assemblée ressentira le manque de dépendance de l’Esprit. De même pour des portions de la Parole, si précieuses soient-elles, lues, méditées peut-être, alors qu’il est manifeste qu’il n’y a aucune opportunité dans leur présentation. Ce sont, ne l’oublions jamais, des « sacrifices spirituels » que, comme « maison spirituelle », nous sommes appelés à offrir ; un manque de spiritualité habituel évident chez un frère ne saurait le préparer à exprimer la louange de l’assemblée, que ce soit par une action de grâce, une lecture de la Parole, ou même la simple proposition d’un cantique qui paraît si facile — un numéro de cantique est vite indiqué — mais qui demande autant de spiritualité, de dépendance de l’Esprit, que n’importe quelle autre action.
Combien il serait à désirer que chaque croyant soit « dans la maison de Dieu comme un olivier vert » (Ps. 52:8) ! C’est l’olivier qui donne l’huile, figure de l’onction et de la puissance du Saint Esprit ; il est, avec le figuier et la vigne, l’un des arbres qui illustrent les caractères qu’aurait dû manifester le peuple s’il avait été fidèle. Il y aurait eu alors de la puissance spirituelle en Israël, du fruit pour Dieu et de la joie pour son cœur. Juges 9 nous enseigne que si nous nous laissons entraîner par les convoitises charnelles, cédant ainsi aux sollicitations du monde, nous perdons tout à la fois la puissance spirituelle et le privilège de porter du fruit pour Dieu en jouissant de sa communion. « S’agiter pour les arbres » conduit à laisser la graisse, ou l’huile de l’olivier « par laquelle on honore Dieu et les hommes », la « douceur » et le « bon fruit » du figuier, le moût de la vigne « qui réjouit Dieu et les hommes ». Un « olivier vert », c’est l’image d’un croyant qui, réalisant une vraie séparation pour Dieu de tout ce qui est du monde, n’aimant ni le monde ni les choses qui sont dans le monde — convoitise de la chair, convoitise des yeux, orgueil de la vie (cf. 1 Jean 2:15, 16) — progresse spirituellement ; il est « comme un arbre planté près des eaux », étendant « ses racines vers le courant », un arbre dont la feuille est « toujours verte » et qui, même « dans l’année de la sécheresse », « ne cessera de porter du fruit » (Jér. 17:7, 8 — cf. Ps. 1:1 à 3). Pas de signe de déclin, c’est un « olivier vert » ; il y a de la puissance spirituelle, du fruit pour Dieu. — Si l’apôtre pouvait dire aux Corinthiens, qui cependant étaient des « hommes charnels » et non des « hommes spirituels » : « Désirez avec ardeur des dons spirituels, mais surtout de prophétiser » (1 Cor. 3:1, 2 ; 14:1), afin qu’il y ait de l’édification dans l’assemblée, combien aussi nous pouvons désirer « avec ardeur » et demander à Dieu qu’Il nous accorde la grâce d’être chacun, dans sa Maison, « comme un olivier vert ». Quel déploiement de puissance spirituelle il y aurait dans les réunions de l’assemblée, s’il en était vraiment ainsi ! quelle joie pour nos cœurs, quelle édification pour les âmes, quelle gloire pour Dieu !
Nous voudrions considérer, en terminant, certains traits du tableau si vivant et plein de fraîcheur que le Livre des Actes nous retrace des premiers jours de l’histoire de l’Église sur la terre. Sans doute arrivés au terme de cette histoire, alors que l’Esprit de Dieu est contristé de tant de manières par l’état de la chrétienté, ne pouvons-nous compter, au sein de l’Église, sur le déploiement de puissance de l’Esprit tel qu’il était au commencement, réprimant le mal, par exemple, de la manière qui nous est rapportée en Actes 5. Cependant, la responsabilité individuelle demeure et, comme aux premiers jours, chaque croyant est appelé à être « rempli de l’Esprit » et à vivre ainsi la vie d’un homme céleste. Considérons l’exemple de ceux dont nous parle le livre des Actes et imitons-les.
Pourrait-on lire ce livre avec quelque attention sans remarquer la place importante qu’y occupe l’activité de l’Esprit de Dieu, son action dans le croyant pour tout ce qui concerne sa marche individuelle, comme aussi dans la vie de l’assemblée ? Il y est rappelé que le Saint Esprit a parlé autrefois, par le moyen des prophètes (1:16 ; 28:25), que Christ, venu ici-bas « oint de l’Esprit Saint et de puissance » (10:38), maintenant ressuscité, agit et opère par l’Esprit : d’abord, avant son ascension glorieuse (1:2) ensuite, « exalté par la droite de Dieu, et ayant reçu de la part du Père l’Esprit Saint promis » (2:33). Dans ce livre est annoncé le baptême du Saint Esprit, baptême qui eut lieu, pour les Juifs, le jour de la Pentecôte — accomplissement partiel de la prophétie de Joël — puis pour les nations (1:5, 8 ; 2:1 à 4 et 17 ; 10:44 à 48). Le Saint Esprit y est aussi présenté comme Personne divine, appelant, envoyant les serviteurs, les établissant (10:19 ; 11:12 ; 13:2 et 4 ; 20:28) ou encore, les arrêtant (16:6, 7), — et comme témoin (5:32 ; 20:23 ; 21:11). Nous citons seulement quelques passages parmi bien d’autres, ils suffisent à montrer l’importance de l’activité spirituelle dans ces premiers jours, si remarquables à tant d’égards, de l’histoire de l’Assemblée de Dieu sur la terre. L’Esprit était comme associé aux serviteurs de Dieu (15:28) et combien c’était chose grave — le serait-ce moins aujourd’hui ? — de « mentir à l’Esprit Saint » ou de « tenter l’Esprit du Seigneur », ou encore de lui « résister » (5:3, 9 ; 7:51) ! Mais surtout, et c’est sur ce point que nous voulons insister, la puissance du témoignage, c’était la puissance spirituelle : « vous recevrez de la puissance, le Saint Esprit venant sur vous » (1:8). Il ne peut y avoir aucune puissance dans le témoignage en dehors de celle du Saint Esprit et, même dans les jours de ruine auxquels nous sommes parvenus, le Saint Esprit demeure un esprit « de puissance » (2 Tim. 1:7).
Que d’exemples à imiter parmi ceux qui furent, par l’Esprit, de puissants serviteurs de Dieu au commencement ! — Le jour de la Pentecôte, les disciples « furent tous remplis de l’Esprit Saint » (2:4) et c’est la première prédication de Pierre, avec trois mille âmes ajoutées à l’assemblée et tous les fruits produits dont le dernier paragraphe du chapitre nous donne un si touchant tableau. Comparaissant devant les « chefs du peuple et anciens d’Israël », c’est « rempli de l’Esprit Saint » (4:8) que Pierre s’adresse à eux pour proclamer — message répété tant de fois depuis lors, pour le salut de beaucoup d’âmes — : « Il n’y a de salut en aucun autre ; car aussi il n’y a point d’autre nom sous le ciel, qui soit donné parmi les hommes, par lequel il nous faille être sauvés » (4:12). — Quelle remarquable réunion de prières d’assemblée que celle dont il est question au verset 23 de ce même chapitre 4 ! Et quel en fut le résultat ? « Et comme ils faisaient leur supplication, le lieu où ils étaient assemblés fut ébranlé, et ils furent tous remplis du Saint Esprit, et annonçaient la parole de Dieu avec hardiesse » (verset 31). Puisse-t-il y avoir de telles réunions de prières encore aujourd’hui ! Et pourquoi n’y en aurait-il pas ? Du côté de Dieu les ressources nécessaires sont toujours à la disposition de la foi. — Pour « servir aux tables », il fallait des hommes « qui aient un bon témoignage, pleins de l’Esprit Saint et de sagesse » — et cela est nécessaire pour remplir un service de diacre, ou « serviteur » (cf. 1 Tim. 3:8 à 13), maintenant comme alors — ; sept furent choisis, parmi lesquels Etienne, « homme plein de foi et de l’Esprit Saint » (6:3 et 5), Etienne que nous voyons, achevant sa course, « étant plein de l’Esprit Saint, et ayant les yeux attachés sur le ciel » (7:55). « Plein de l’Esprit Saint » déjà avant de commencer son service, « plein de l’Esprit Saint » au moment où, l’ayant achevé, il va « s’endormir ». Quel exemple à imiter ! — Saul de Tarse, arrêté sur le chemin de Damas, devait lui aussi être « rempli de l’Esprit Saint » (9:17) pour « porter mon nom », dit le Seigneur, « devant les nations et les rois, et les fils d’Israël » et nous le voyons ensuite, « rempli de l’Esprit Saint », s’adresser à Élymas qui s’opposait à l’accomplissement de l’œuvre de Dieu (13:9 à 11). Une fois de plus l’adversaire aura fait « une œuvre trompeuse » : « Le proconsul, voyant ce qui était arrivé, crut, étant saisi par la doctrine du Seigneur » (vers. 12). — C’est encore de Barnabas qu’il est dit qu’il était « homme de bien et plein de l’Esprit Saint et de foi », aussi pouvait-il exhorter les chrétiens d’Antioche « à demeurer attachés au Seigneur de tout leur cœur », et c’est là « premièrement que les disciples furent nommés chrétiens » (11:22 à 26). — Les Juifs « remplis de jalousie » contredisaient les apôtres et blasphémaient ; Paul et Barnabas sont alors amenés à leur dire : « C’était à vous premièrement qu’il fallait annoncer la parole de Dieu ; mais puisque vous la rejetez, et que vous vous jugez vous-mêmes indignes de la vie éternelle, voici, nous nous tournons vers les nations, car le Seigneur nous a commandé ainsi : « Je t’ai établi pour être la lumière des nations, afin que tu sois en salut jusqu’au bout de la terre ». Et lorsque ceux des nations entendirent cela, ils s’en réjouirent, et ils glorifièrent la parole dit Seigneur ; et tous ceux qui étaient destinés à la vie éternelle crurent. Et la parole du Seigneur se répandait par tout le pays ». Les Juifs suscitent alors une persécution contre les apôtres et les chassent de leur territoire. Les disciples sont-ils découragés par cette opposition suscitée par l’ennemi ? Tout au contraire, « les disciples étaient remplis de joie et de l’Esprit Saint » (13:42 à 52).
Que d’exemples nous sont ainsi proposés ! Éphésiens 5:18, nous l’avons vu, nous exhorte à être « remplis de l’Esprit » ; bien des croyants du commencement, apôtres et disciples, l’ont été et ils n’avaient pourtant pas à leur disposition l’épître aux Éphésiens avec tous ses enseignements et ses exhortations. Ne sommes-nous pas beaucoup plus responsables qu’eux, nous qui la possédons et n’est-il pas humiliant que nous sachions si peu ce que c’est qu’être « rempli de l’Esprit » ?