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SUR LES SOUFFRANCES DE CHRIST
par Paul Fuzier
Les sous-titres ont été ajoutés par Bibliquest
Table des matières :
1 Importance de considérer les souffrances de Christ
2 Souffrances de la part des hommes, de la part de Dieu
3 Ne pas isoler les uns des autres les différents aspects des souffrances
6 Souffrances dans Son âme sainte
7 Être touché par ces souffrances
ME 1970 p. 141
Considérer quelque chose des souffrances de Christ — et nous ne pourrons jamais le faire qu’avec une très grande faiblesse et beaucoup d’imperfection — nous conduit à méditer l’un des sujets les plus sérieux et les plus difficiles qui soient. Nous comprenons bien que nous pénétrons là sur une terre sainte et que nous ne pouvons y avancer qu’avec révérence et avec crainte, ayant les pieds déchaussés [Ex. 3:5]. Et pourtant, c’est un sujet dont il est à désirer que nous soyons souvent occupés. Puisqu’il sera l’un des thèmes de la louange des rachetés dans le ciel, louange qui s’élèvera quand ils verront l’Agneau se tenant «au milieu du trône», «comme immolé», ne convient-il pas qu’il soit déjà présentement le thème central de notre louange, alors que nous anticipons ce moment où nous chanterons le cantique nouveau, à la gloire de Celui qui «a été immolé» (Apoc. 5:6, 9) ? — D’une part, une âme qui a été nourrie de Christ, occupée de Lui dans le chemin de souffrances qu’il a connu ici-bas, sera conduite à adorer. D’autre part, rien ne nous amènera à vivre dans une vraie séparation pour Christ, rien ne nous élèvera au-dessus des misères et des tristesses sur lesquelles nous gémissons, rien ne nous permettra de réaliser un riche et vivant christianisme, comme le rappel de ce que Christ a souffert et la méditation de ce sujet. Nous ne citerons qu’un seul exemple à l’appui, parmi ceux qui abondent dans l’Écriture : ce que l’apôtre Pierre écrit dans les versets 18 à 21 (v. 19 tout spécialement) du premier chapitre de sa première Épître, constitue le motif le plus puissant à la mise en pratique des exhortations des versets 13 à 17.
L’Écriture nous présente différents aspects des souffrances de Christ : celles qu’il a endurées de la part des hommes et celles qu’il a endurées de la part de Dieu. Objet de la haine des hommes, il a souffert pour la justice ; mais aussi, tout au long de son chemin, considérant la misère de l’homme, ses oeuvres mauvaises, il a souffert parce qu’il était la lumière et, d’autre part, constatant les douloureuses conséquences du péché, il a souffert en sympathie. De même qu’il a également souffert en sympathie, tandis qu’à l’avance il entrait dans la détresse profonde que connaîtra le résidu d’Israël aux jours de la fin. Mais il a connu, sur la croix, des souffrances d’un caractère bien différent : là, il a été «fait péché pour nous» et «a souffert une fois pour les péchés, le juste pour les injustes» (2 Cor. 5:21 ; 1 Pierre 3:18). À cette heure suprême, Dieu a dû détourner sa face de Lui et l’abandonner ! Les souffrances des trois heures sombres étaient nécessaires pour que fût réglée la question du péché, pour que fût posée la base sur laquelle repose l’accomplissement de tous les conseils de Dieu, pour que Dieu fût pleinement glorifié dans un monde où il avait été déshonoré par la désobéissance du premier homme.
Cependant, sans perdre de vue le caractère très particulier, unique, des souffrances endurées par Christ en tant que Victime expiatoire, on ne saurait isoler les uns des autres les différents aspects de ses souffrances. De même que dans l’Ancien Testament nous sont présentés divers types d’un seul et unique sacrifice, nous avons aussi, placées devant nous dans l’Écriture, des souffrances de caractères divers, sur lesquelles nous sommes appelés à méditer en ne perdant jamais de vue qu’elles constituent dans leur ensemble la souffrance que Christ a connue comme homme ici-bas, Lui qui a été par excellence «l’homme de douleurs» (És. 53:3). Il a souffert dans son être tout entier, dans son corps, dans son coeur et dans son âme ; il est évident que l’on ne peut séparer les unes des autres ces diverses souffrances : Christ ne les a pas traversées séparément, les unes après les autres, bien qu’il y ait eu sans doute des moments où il a ressenti plus intensément les unes que les autres, bien que — nous y insistons encore, tellement ce point est important — ses souffrances expiatoires présentent un caractère absolument unique. Nous nous tromperions si nous pensions que les souffrances endurées de la part des hommes ont pris fin, pour Christ, à la sixième heure : sans doute depuis ce moment-là et jusqu’à la neuvième heure, les hommes ne pouvaient rien manifester de leur haine contre Dieu et contre son Christ, mais Lui ne souffrait-il pas, peut-être plus douloureusement encore, de tout ce qu’ils avaient fait jusqu’à la sixième heure ?
Christ a souffert dans son corps, éprouvant tout ce qui est inhérent à la condition de l’homme dans ce monde : il a connu la lassitude, la fatigue, alors qu’il n’avait pas «où reposer sa tête», la faim et la soif (Jean 4:6 ; Luc 9:58 ; 4:2 ; Jean 4:7). Mais aussi, il a enduré les terribles souffrances dont les prophètes avaient parlé : «Des laboureurs ont labouré mon dos, ils y ont tracé leurs longs sillons» — «J’ai donné mon dos à ceux qui frappaient, et mes joues à ceux qui arrachaient le poil ; je n’ai pas caché ma face à l’opprobre et aux crachats» (Ps. 129:3 ; És. 50:6). Et quelles souffrances furent les siennes, dans son corps, lorsqu’il a été «cloué à une croix... par la main d’hommes iniques» (Act. 2:23) ! Le supplice de la crucifixion entraînait des souffrances physiques dont nous n’avons qu’une très faible idée ; ses mains et ses pieds percés par les clous brutalement enfoncés par les soldats romains, les chairs déchirées et meurtries, notre bien-aimé Sauveur a voulu les traverser dans toute leur intensité, refusant le «vinaigre mêlé de fiel», ou le «vin mixtionné de myrrhe» qui avaient pour objet, dit-on, de procurer une certaine insensibilité aux suppliciés (Matt. 27:34 ; Marc 15:23). Mais si grandes qu’aient été ses souffrances physiques, celles qu’il a connues dans son coeur et dans son âme furent plus profondes encore.
Les affections de son coeur, déployées tout au long de son chemin d’une manière à la fois si touchante et si efficace, n’avaient trouvé aucun écho dans le coeur de l’homme, demeuré insensible. Aussi, objet de la haine et du mépris de sa créature, pouvait-il dire à son Dieu, par la bouche du psalmiste : «... les outrages de ceux qui t’outragent sont tombés sur moi... je leur suis devenu un proverbe. Ceux qui sont assis dans la porte parlent contre moi, et je sers de chanson aux buveurs... Toi, tu connais mon opprobre, et ma honte, et ma confusion : tous mes adversaires sont devant toi...» ; et combien il souffre dans son coeur en considérant que «pour son amour, ils ont été ses adversaires», en rappelant : «Et ils m’ont rendu le mal pour le bien, et la haine pour mon amour» (Ps. 69:9, 11, 12, 19 ; 109:4, 5) ! Nous comprenons que le coeur humain du Sauveur soit meurtri, brisé par une telle souffrance, ainsi qu’il l’exprime encore prophétiquement : «L’opprobre m’a brisé le coeur, et je suis accablé ; et j’ai attendu que quelqu’un eût compassion de moi, mais il n’y a eu personne,... et des consolateurs, mais je n’en ai pas trouvé» (Ps. 69:20). Et cependant, il devra connaître dans les profondeurs de son coeur une souffrance plus grande encore. Bien mieux que l’esclave hébreu, il avait pu dire tandis qu’il était ici-bas le parfait serviteur de l’Éternel : «J’aime mon maître, ma femme et mes enfants...» (Ex. 21:5) ; et maintenant, l’heure était venue où il était abandonné de tous ceux qu’il avait aimés, de tous, même de son Dieu ! Qui pourrait comprendre ce qu’il a souffert dans son coeur à cette heure suprême ? Traversant le feu du jugement, il s’écrie alors : «Mon coeur est comme de la cire, il est fondu au-dedans de mes entrailles», et encore : «Car des maux sans nombre m’ont entouré ; mes iniquités m’ont atteint, et je ne puis les regarder ; elles sont plus nombreuses que les cheveux de ma tête, et mon coeur m’a abandonné» (Ps. 22:14 ; 40:12).
Combien douloureuses furent aussi les souffrances connues par notre cher Sauveur dans son âme sainte ! Dans son chemin sur la terre, malgré tout ce qu’il pouvait rencontrer, il jouissait sans cesse d’une heureuse communion avec son Dieu et Père, ce qui l’amenait à dire, beaucoup mieux que David n’avait pu le faire en son jour : «C’est pourquoi mon coeur se réjouit, et mon âme s’égaie...» (Ps. 16:9). Mais ce chemin le conduisait à la croix et, en pensant à cette heure douloureuse, il s’adresse à son Père : «Maintenant mon âme est troublée ; et que dirai-je ? Père, délivre-moi de cette heure...». Le «trouble» pénètre son âme sainte, aux perfections insondables : Il ne peut pas désirer connaître cette «heure» terrible, celle de l’abandon... Cependant, il ajoute aussitôt : «mais c’est pour cela que je suis venu à cette heure. Père, glorifie ton nom» (Jean 12:27). C’est pour accomplir et achever l’oeuvre que le Père lui a donnée à faire qu’il est venu dans ce monde, c’est pour que le nom du Père soit glorifié ! Rien ne l’arrêtera dans ce chemin, il ira jusqu’au bout, quelles que soient les souffrances qu’il ait à y endurer !
Ensuite, il prend ses disciples et «s’en vient avec eux en un lieu appelé Gethsémané». S’adressant à Pierre, Jacques et Jean, il leur dit alors : «Mon âme est saisie de tristesse jusqu’à la mort...» (Matt. 26:36 à 46 ; Marc 14:32 à 42). En pensée, il est sous le poids de la mort, salaire du péché, puissance de Satan, jugement de Dieu ! Avant de subir l’épreuve sans égale que sera pour Lui l’heure de l’abandon, il la porte en esprit devant son Père, en communion avec Lui. Il ne pouvait aller à Golgotha sans passer d’abord par Gethsémané : là, la mort était devant Lui dans toute son horreur ; aussi, quelle profonde tristesse emplit son âme — une tristesse «jusqu’à la mort» — tandis que, «dans l’angoisse du combat», il entrevoit le moment où il devra, abandonné de Dieu, faire «l’abolition du péché par son sacrifice» (Héb. 9:26).
Puis, à la croix, alors qu’il entre «dans la profondeur des eaux», il exprime par l’Esprit prophétique ce que déjà, par anticipation, il avait éprouvé en Gethsémané : «Les cordeaux de la mort m’ont environné, et les torrents de Bélial m’ont fait peur» (Ps. 18:4). Combien est juste l’expression de l’un de nos cantiques : «À l’effroi de ton âme...» ! Mais écoutons encore ce cri de détresse profonde : «Sauve-moi, ô Dieu ! car les eaux me sont entrées jusque dans l’âme» (Ps. 69:1, 2). Et tandis qu’il connaissait la souffrance infinie et insondable des trois heures sombres — mais qui pourrait en parler ? — le moment était venu pour Lui où se trouvait accompli ce qu’avait annoncé le prophète : «Il livre son âme en sacrifice pour le péché». Oui, «il plut à l’Éternel de le meurtrir ; Il l’a soumis à la souffrance» (És. 53:10). Christ ayant fait l’offrande de son corps — aussi saint et pur qu’il l’avait reçu de Dieu en entrant dans le monde, ce qui était un témoignage à la perfection de la Victime — il a aussi livré son âme en sacrifice pour le péché. «Par l’Esprit éternel», il «s’est offert lui-même à Dieu sans tache» (Héb. 9:14).
Conduits par le Saint Esprit, méditons ces différentes portions de la Parole et entrons un peu, si imparfaitement que ce soit, dans ce que Christ a souffert. Nos coeurs profondément touchés, que cela nous conduise à une sainte horreur du péché — qui a coûté de telles souffrances à notre bien-aimé Sauveur — et à une vie d’obéissance, par laquelle nous pourrons témoigner de notre amour pour Celui qui nous a tant aimés ! Et que, saisis par Christ et par l’amour de Christ, nous soyons amenés à désirer avec plus d’ardeur le moment où nous Le verrons de nos propres yeux et où, Lui «verra du fruit du travail de son âme, et sera satisfait» (És. 53:11).
Gloire à l’Agneau de Dieu !
Force, honneur et puissance
À l’homme de douleur
Qui mourut sur la croix pour notre délivrance :
Nous t’adorons, Seigneur !