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SACRIFICES SPIRITUELS, AGRÉABLES À DIEU
Paul Fuzier
Les sous-titres ont été ajoutés par Bibliquest — ME 1956 p. 225
Table des matières :
1 Sacrifices dans l’Ancien Testament
1.2 Aspersion du sang et faire fumer la graisse
2 Le culte chrétien est souvent incomplet
2.1 Adoration ou reconnaissance
2.2 Un exemple : Ps. 22:1 « Pourquoi m’as-tu abandonné ? »
2.3 Un autre exemple : « C’est accompli »
2.4 Les sacrifices de Dieu, le pain de Dieu
3 Substance d’un vrai culte — Sujets d’adoration
Dans les temps qui ont précédé celui de l’Église, nombreux ont été les hommes de Dieu qui ont su prendre la place et remplir le service d’adorateurs devant l’Éternel. Sans doute, Dieu n’était alors qu’imparfaitement connu : Il ne s’était pas révélé dans la personne de son Fils et le Saint Esprit n’était pas encore descendu sur la terre comme personne divine pour habiter dans le croyant et dans l’Assemblée (cf. Jean 1:18 ; 7:39 ; 14:16, 17 — 1 Cor. 3:16 ; 6:19 — Rom. 8:15 — Phil. 3:3). L’adoration « en esprit et en vérité » n’était donc pas, et ne pouvait pas être réalisée. Si aujourd’hui « le Père » peut être adoré d’une semblable manière par les « vrais adorateurs » et s’Il en « cherche de tels qui l’adorent », sous l’ancienne économie « l’heure » n’était pas encore « venue » de rendre un tel culte (cf. Jean 4:19 à 24). Et cependant, en parcourant les écrits de l’Ancien Testament, on ne peut manquer d’être frappé par l’intelligence — intelligence spirituelle que seule la foi peut donner — avec laquelle, en maintes circonstances, tant d’hommes de Dieu ont su rendre culte.
Nous en avons un exemple très remarquable dès le début du Livre de la Genèse. Abel apporte « des premiers-nés de son troupeau, et de leur graisse » (Gen. 4:4). Hébreux 11:4 nous dit à ce sujet : « Par la foi, Abel offrit à Dieu un plus excellent sacrifice que Caïn, et par ce sacrifice il a reçu le témoignage d’être juste, Dieu rendant témoignage à ses dons ; et par lui, étant mort, il parle encore ». Abel ne connaissait rien des instructions communiquées par l’Éternel à Moïse relativement aux sacrifices et qui sont contenues dans le Livre du Lévitique, elles ne devaient être données que vingt-cinq siècles plus tard. Et pourtant, il apporte non seulement le sang mais encore la graisse !
Procéder à l’aspersion du sang, faire fumer la graisse sur l’autel constituaient deux parties essentielles du service sacerdotal, prescrites tout au long du Livre du Lévitique (ch. 1, 3, 4, 7, 8, 9, 16 et 17 notamment). Les deux étaient ordonnées aussi bien pour le sacrifice pour le péché que pour l’holocauste et le sacrifice de prospérités. Abel présente « le sang qui fait propitiation pour l’âme » et, ne s’arrêtant pas là, sa foi discerne l’excellence de la Victime dont le sang devra être répandu : il offre la graisse (cf. Lévit. 17:11 et 6), image de ce qu’a été pour Dieu, dans son sacrifice parfait, Celui qui a subi à notre place son juste jugement contre le péché. À la croix, Dieu a été pleinement glorifié au sujet du péché. C’était de ce moment suprême que parlait le Seigneur lorsqu’Il disait à ses disciples : « Maintenant le fils de l’homme est glorifié, et Dieu est glorifié en lui » (Jean 13:31). La graisse, la partie la plus excellente de la victime, était pour Dieu seul : « Toute graisse appartient à l’Éternel » (Lévit. 3:16). Dans le sacrifice pour le péché, où le reste de la victime était brûlé « hors du camp » (Lévit. 4:12), la graisse seule était « en odeur agréable à l’Éternel » (vers. 31) ; elle exprimait toute l’énergie intérieure du cœur de Christ, sainte et pure Victime, acceptant de subir le jugement que nous avions mérité, « fait péché pour nous », Lui qui n’avait « pas connu le péché » (2 Cor. 5:21)
Bien que nous soyons privilégiés parmi tant d’autres, en raison des temps dans lesquels nous vivons (cf. Jean 16:7), de la position où nous avons été placés par la grâce de Dieu, des vérités qui nous ont été révélées, n’est-il pas vrai que notre niveau spirituel n’atteint pas toujours celui d’un Abel ? Nous apportons le sang, mais savons-nous aussi apporter la graisse et la faire fumer sur l’autel ?
Il est humiliant que nous donnions parfois à tant d’activités, même chrétiennes, une place plus importante qu’au service le plus élevé qu’il nous soit accordé de remplir — il a Dieu Lui-même comme Objet — et que, pour cette raison ou pour bien d’autres, notre culte soit généralement loin d’atteindre le niveau où pourtant il devrait toujours se maintenir. Nous ignorons, ou nous perdons de vue des vérités importantes que la Parole nous enseigne à propos de l’adoration ; la plupart du temps, nous estimons nous être convenablement acquittés de ce que nous devons à Dieu parce que nous avons exprimé quelques paroles de reconnaissance pour la délivrance dont nous avons été les objets, oubliant qu’à l’autel d’airain, type de la croix de Christ, devaient être offerts l’holocauste tout entier, la graisse du sacrifice de prospérités et même celle du sacrifice pour le péché (Lévit. 1:9 ; 3:3 à 5 ; 4:8 à 10). Cet oubli nous conduit à parler beaucoup de nous-mêmes, montrant en quelque sorte notre égoïsme, jusque dans le culte.
Que, par exemple, nous rappelions le cri de détresse du Sauveur, vers la fin des trois heures sombres : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? », nous ajouterons volontiers que nous pouvons, avec reconnaissance, donner la réponse à ce douloureux pourquoi : c’est pour sauver des êtres tels que nous. Sans aucun doute, mais n’oublions-nous pas alors le côté le plus élevé : cet abandon était nécessaire pour la gloire de Dieu et pour la gloire de Christ ! Nous pensons à notre délivrance, et elle est à la gloire de Dieu, mais il y a bien davantage, et pour Dieu et pour Christ, dans ces trois heures de l’abandon !
De même, si nous citons cette autre parole prononcée par le Seigneur sur la croix : « C’est accompli », nous ne voyons guère au delà de l’accomplissement de l’œuvre de notre salut. Pensons-nous assez à ce que fut pour le Seigneur l’obéissance à la volonté de son Dieu, ce qu’elle comportait pour Lui tout au long de son chemin et, d’une manière spéciale, dans le jardin de Gethsémané, lorsqu’Il a dû s’écrier : « Père, si tu voulais faire passer cette coupe loin de moi ! Toutefois, que ce ne soit pas ma volonté mais la tienne qui soit faite » (Luc 22:42). Quoi qu’Il ait rencontré dans son sentier, Il éprouvait toujours les sentiments dont le Psaume 40 nous donne l’expression prophétique : « C’est mes délices, ô mon Dieu, de faire ce qui est ton bon plaisir » (v. 8), mais lorsque pour accomplir la volonté de son Dieu, Il a dû être « fait péché », subir tout le poids de la colère divine, connaître trois heures d’abandon... Ah ! quelles souffrances ont été les siennes pour accomplir jusqu’au bout la volonté de Dieu ! Qui peut les sonder à fond ? Mais aussi, quel triomphe remporté à la croix ! Avec quelle profonde satisfaction Jésus peut dire : « C’est accompli » ! N’est-ce pas comme s’Il s’adressait à son Père, au moment de Lui « remettre son esprit » : « Au prix des souffrances indicibles de ces trois heures sombres, ta sainte volonté a été faite jusqu’au bout, entièrement accomplie ! Quelle gloire pour Toi ! »
Nous pourrions citer encore d’autres exemples qui nous feraient toucher du doigt notre faiblesse spirituelle, manifestée notamment dans le fait que nous ramenons généralement tout à nous-mêmes, au lieu de considérer ce qui est pour Dieu, ce qui est pour Christ. Nous méconnaissons souvent la portée du commandement adressé autrefois par l’Éternel à Moïse, pour les fils d’Israël : « Vous prendrez garde à me présenter, au temps fixé, mon offrande, mon pain (cf. Lévit. 3:16), pour mes sacrifices par feu, qui me sont une odeur agréable » (Nomb. 28:2). Et même, ne nous est-il arrivé de cesser de nous adresser à Dieu pour parler à l’homme, donnant par exemple à une réunion de culte plutôt le caractère d’une réunion d’évangélisation ? C’est frustrer Dieu de ce qui Lui est dû et oublier que si la réunion de culte est la plus puissante réunion d’évangélisation, c’est précisément dans la mesure où elle garde son véritable caractère. Lorsque nous le perdons de vue, la perte est double : elle est tout à la fois pour l’homme, que nous avons désiré servir, et pour Dieu, que nous avions à adorer.
Sans oublier l’aspersion du sang, venir à l’autel d’airain pour y présenter l’holocauste, y faire fumer la graisse du sacrifice de prospérité et celle du sacrifice pour le péché, s’approcher de l’autel d’or pour faire fumer l’encens, tel est le vrai culte que nous sommes appelés à rendre ; il est une odeur agréable pour Dieu (Lévit. 1:9 ; 3:5 ; 4:31). Quel parfum pour Lui lorsque l’encens, image de ce qu’est Christ dans ses perfections insondables, sous l’action du feu exhale sa bonne odeur ! Venir à l’autel d’airain, aller jusqu’à l’autel d’or, parler à Dieu non pas de nous mais de Christ, rappeler ce qu’Il est pour Lui de toute éternité, son anéantissement, son abaissement, son humiliation... Évoquer le chemin qu’Homme de douleurs, Il a suivi ici-bas, exalter ses perfections manifestées dans un tel sentier, tout au long duquel Il a été la vraie offrande de gâteau, faite de fleur de farine sur laquelle était versée l’huile, l’encens étant mis dessus, avec du sel. Parler encore de Lui quand, au terme de ce chemin, Il laisse sa vie, donnant à son Père un motif nouveau de L’aimer. Redire les souffrances de la croix, ce qu’il a supporté de la part des hommes, de la troisième à la sixième heure, abreuvé d’opprobre et de mépris, endurant de profondes douleurs et dans son corps et dans son âme sainte... Comment parler des trois heures de ténèbres, du moment suprême où Il a bu la coupe amère, prise de la main de son Père dans le jardin de Gethsémané, et qui comportait pour Lui, de la sixième heure jusqu’à la neuvième, l’abandon de son Dieu ? Tout à la fois vrai sacrifice pour le péché et parfait holocauste, Il est là pour glorifier Dieu : « le fils de l’homme est glorifié, et Dieu est glorifié en lui » (Jean 13:31). Scène de gloire infinie et pour Dieu et pour Celui qui laisse sa vie, achevant l’œuvre que le Père lui avait donné à faire ! Sa résurrection, son ascension, sa séance à la droite du Père, tout est illuminé de gloires nouvelles... Encore un peu de temps et Il vient chercher les fruits de sa victoire ! Il nous introduira alors dans la maison du Père, où nos places sont prêtes et où nous célébrerons éternellement les gloires de Dieu, les gloires de l’Agneau. Tout dira à jamais la grandeur de l’Ouvrier, la perfection de son ouvrage !
Sujet infini, à peine effleuré dans ces quelques lignes. Quel thème de méditations, de nature à produire les louanges qui devraient sans cesse s’élever de nos cœurs et spécialement le premier jour de la semaine, lorsque nous sommes réunis en assemblée pour rendre culte ! Qu’il y ait ainsi, produit pour Dieu, ce qu’Il attend des siens. Puisions-nous, débarrassés de nous-mêmes, être assez occupés de Christ pour le présenter à Dieu dans un culte qui montera vers Lui comme un parfum d’odeur agréable !
« Vous-mêmes aussi, comme des pierres vivantes, êtes édifiés une maison spirituelle, une sainte sacrificature, pour offrir des sacrifices spirituels, agréables à Dieu par Jésus Christ » (1 Pierre 2:5).