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UNE PETITE FILLE, ET ELLE SERVAIT...
2 Rois 5 :1 à 5
Philippe Laügt
ME 1979 p. 77 ; sous-titres ajoutés par Bibliquest
Table des matières
1 La vertu brillant chez les humbles
2 La misère de l’homme pécheur — Guérison, salut et gouvernement de Dieu
3 Fruit de l’éducation de parents pieux
4 Assurance de la foi — Ne pas avoir honte du témoignage du Seigneur
5 Compassion pour les âmes — Simplicité du témoignage
6 Ambassadeur de Christ même en temps de petites choses
«Considérez votre appel, frères», écrit l’apôtre inspiré. «Dieu a choisi les choses faibles du monde..., et celles qui sont méprisées et celles qui ne sont pas, pour annuler celles qui sont : en sorte que nulle chair ne se glorifie devant Dieu» (1 Cor. 1:26 à 29). Dieu se plaît à employer des instruments insignifiants pour faire de grandes choses. Il manifeste ainsi sa puissance dans notre infirmité. «Dieu ne peut reconnaître les choses qui flattent l’orgueil humain. Celles que l’homme place en haut, Dieu les place en bas. Savoir que nous ne sommes rien est la condition de la bénédiction, car alors Dieu est tout. C’est aussi la condition de la force, car alors Dieu peut déployer sa puissance» (JND). Par un effet de sa grâce, les plus rares vertus chrétiennes brillent souvent le mieux dans la vie des plus humbles et des plus cachés parmi son peuple.
Le nom même de la petite servante dont il est question dans l’histoire de Naaman nous est inconnu. Mais ses paroles sont soigneusement consignées dans le livre de Dieu.
Au temps d’Élisée le prophète, la plus grande corruption régnait au milieu d’Israël. Dieu était ouvertement provoqué par l’incrédulité la plus audacieuse, l’idolâtrie la plus éhontée. Il prend soin de sa propre gloire et le jugement annoncé s’exécute : «Si vous méprisez mes statuts, et si votre âme a en horreur mes ordonnances... je tournerai ma face contre vous : vous serez battus devant vos ennemis» (Lév. 26:15 à 17). «Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ?» (Rom. 8:31). Par contre sans son secours tout puissant, le peuple de Dieu est le plus faible qui soit (Deut. 28:25).
Ici «les Syriens étaient sortis par bandes, et avaient amené captive du pays d’Israël une petite fille» (v. 2). Le récit est présenté de telle manière que celle-ci semble être l’essentiel du butin ! Il est vrai que, sans valeur aux yeux des hommes, cette jeune enfant va occuper une place enviable dans le Livre, parmi les témoins de la foi.
Elle servait la femme de Naaman, ce «grand homme devant son seigneur». La coupe de ce dernier semblait pleine. N’avait-il pas tout ce qu’il pouvait désirer, tout ce que ce monde peut offrir ? Mais il était lépreux !
La Parole ne dit pas qu’il avait, ici ou là, une tumeur, une dartre ou une tache blanche, qui demandaient encore un examen attentif avant de se manifester nettement (Lév. 14:1, 2). Dieu énonce à son sujet un verdict sans appel : «mais lépreux...»
Malgré tout son courage, sa puissance, les honneurs dont il était comblé dans ce monde, cet homme était un malheureux, rongé par la plus redoutable, la plus répugnante des maladies, condamné à une mort lente, inexorable.
La lèpre, ce mal insidieux, est dans l’Écriture une image solennelle du péché. Ce n’est pas comme une brûlure ou une blessure, qui peuvent gêner quelque temps et disparaître. Nous sommes tous, par nature, des enfants de colère. Tous, nous pouvons parler comme David au Ps. 51:v. 5. Et le péché, si même ses premières manifestations paraissent peu alarmantes, ne tarde pas à tout souiller, à tout corrompre en nous.
Tous les efforts de l’homme pour s’en guérir lui-même sont inutiles. Dieu seul peut le faire par un acte souverain de sa puissance et de son amour, sur la base de l’oeuvre excellente de Christ à la croix, où sa justice a été satisfaite, où Christ par une seule offrande, a rendu parfaits à perpétuité ceux qui sont sanctifiés.
Pauvre captive, arrachée aux soins et à l’affection des siens, cette petite fille est amenée dans un pays étranger, alors que le roi d’Israël, idolâtre (2 Rois 3:13) est toujours sur son trône ! Voilà qui peut paraître bien mystérieux, mais que pouvons-nous saisir des conseils de Dieu ? (Lam. 3:34 à 36). Dans un monde rempli de péché et de violence, d’injustices et de souffrances, un monde qui mûrit pour le jugement, Dieu a toujours en vue la bénédiction des âmes, oui, d’une âme en particulier.
Cette enfant allait être là au moment convenable, le coeur rempli de la grâce de Dieu, prête à dire ce qu’il fallait dire. Elle ne cherchait pas à obtenir quoi que ce soit. Son maître, avec toutes ses richesses, était beaucoup plus misérable qu’elle et, ce qu’elle désirait ardemment, c’était la bénédiction de ce maître.
Tous les heureux résultats qui suivront ne seront que la conséquence de cette parole dite en son temps (Prov. 15:23). Elle ne savait qu’une chose, mais elle la savait bien. Peut-être avait-elle été élevée par un de ces sept mille que l’Éternel s’était réservés en Israël, qui n’avaient pas fléchi les genoux devant Baal ? (1 Rois 19:18). La piété doit être la base des relations dans une famille chrétienne. Il en résultera des fruits précieux pour Dieu. «Dès l’enfance, tu connais les saintes lettres qui peuvent te rendre sage à salut par la foi qui est dans le Christ Jésus», écrit Paul à Timothée (2 Tim. 3:15), jeune homme instruit par une mère et une grand-mère pieuses (2 Tim. 1:5). Élever nos enfants dans la discipline et sous les avertissements du Seigneur, ce précieux service est-il l’objet de toute notre attention ? Tu inculqueras les paroles de Dieu «à tes fils et tu en parleras, quand tu seras assis dans ta maison, et quand tu marcheras par le chemin, et quand tu te coucheras et quand tu te lèveras» (Deut. 6:7). Si c’est Christ qui occupe nos pensées, nous parlerons tout naturellement de lui !
Ce coeur d’enfant est rempli de la confiance la plus absolue en Dieu. Avec quel accent de sincérité, quelle conviction profonde, elle dit à sa maîtresse : «Oh ! si mon seigneur était devant le prophète qui est à Samarie ! alors il le délivrerait de sa lèpre». Elle peut n’être qu’une petite servante, mais sa foi est grande. Son langage est celui de la foi. Elle ne suggère pas que le prophète pourrait bien, après tout, apporter quelque soulagement et qui sait ? peut-être guérir... Non, avec l’assurance et la certitude de la foi, elle déclare : «...Il le délivrerait de sa lèpre». Elle était le témoin constant de l’angoisse de ses maîtres devant les progrès effrayants de cette maladie qui déforme et mutile. Elle connaissait le prophète, revêtu de l’autorité et de la puissance de Dieu, le même qu’ignore et méprise le roi d’Israël. Elle n’a pas honte de parler de lui, de confesser le nom de son Dieu.
N’ayons pas honte de l’Évangile, du témoignage de notre Seigneur (Rom. 1:16 ; 2 Tim. 1:8). «L’évangéliste ne peut pas sauver un pécheur, mais il peut lui montrer le chemin du salut ; il s’intéresse à son sort, et l’amour est son mobile pour agir» (H. R.). Naaman pouvait bien connaître la maladie et ses effets ; mais la petite servante connaissait celui qui pouvait le guérir.
Sur quel précédent se fondait sa foi ? L’Écriture ne rapporte aucun cas où un lépreux eût été guéri jusque-là. Et le Seigneur lui-même rappelle «qu’il y avait plusieurs lépreux en Israël au temps d’Élisée le prophète ; et aucun d’eux ne fut rendu net, sinon Naaman, le Syrien» (Luc 4:27). Car à quoi sert la grâce, là où il n’y a pas de foi ? (Héb. 4:2). D’autres pourront se montrer incrédules, cette enfant croit à la puissance et aux compassions de Dieu. Une foi de pareil prix animait aussi David, marchant calmement à la rencontre du géant dans la vallée d’Éla (1 Sam. 17:46).
À sa foi, elle joint la vertu (2 Pierre 1:5). Placés dans des circonstances similaires, ne serions-nous pas tentés de penser : «Mon âge, mon obscur service, enlèveraient tout poids à mes paroles. Ils n’ont aucune confiance en Dieu, ils ne me croiront pas, ils vont se moquer. Ils vont peut-être penser que je cherche seulement à envoyer Naaman en Israël, sans son armée, pour qu’il tombe à son tour entre les mains de ses ennemis... Et si Dieu finalement ne voulait pas guérir cet homme, ma vie ne serait-elle pas en danger ? Décidément, il vaut mieux que je me taise !»
Que de silences coupables dans nos vies, en des occasions pourtant bien moins éprouvantes que celles de la jeune captive ! «Nous ne faisons pas bien. Ce jour est un jour de bonnes nouvelles, et nous nous taisons» (2 Rois 7:9).
Sommes-nous remplis de compassion à l’égard des pécheurs perdus ? Cette enfant l’était vis-à-vis du malade. La façon dont elle parle le montre. Si Naaman, l’ennemi de son peuple, et la cause — au moins indirecte — de sa captivité est atteint de lèpre, en conçoit-elle une sorte de satisfaction mauvaise ? (Job 31:29). Pas le moins du monde ! Elle se tient devant sa maîtresse et ses paroles montrent qu’elle est animée d’une «bonté de Dieu» (2 Sam. 9:3). Elle illustre l’amour du Dieu qu’elle sert joyeusement, comme asservie au Seigneur et non pas aux hommes (Éph. 6:5 à 8). Quand on s’est attiré la confiance et l’affection par sa conduite, on est plus facilement écouté, surtout quand ceux auxquels on s’adresse sont dans l’épreuve.
Quelques paroles prononcées avec simplicité !... «L’esprit humble ne pense pas tant ; il reçoit les pensées de Dieu» (JND). Et il les communique. Dieu voulait glorifier son nom, confessé par une si faible voix. Naaman écoute sa petite esclave, il reçoit la parole. Il sait qu’il est lépreux, il saisira avidement le moindre espoir de guérison. C’est la santé qu’il désirait ; il trouvera le Dieu d’Israël. Les paroles de cette enfant se gravent avec précision dans ce coeur altéré. Il s’empresse de les rapporter à son seigneur : «La jeune fille qui est du pays d’Israël a dit ainsi et ainsi» (v. 4). Et ce roi dit : «Soit, va...»
Désormais Dieu, dans sa miséricorde, prendra soin de lui, faisant disparaître un à un les obstacles, pour dépasser enfin richement son attente. Quand nous serons tous manifestés devant le tribunal de Christ, la vie de chaque racheté proclamera le triomphe de la grâce de Dieu.
Cette petite fille était un ambassadeur pour Dieu ; le plus grand dignitaire n’aurait pu faire davantage. Cet ambassadeur fidèle qui est santé (Prov. 13:17) aura sa récompense : «Bien, bon et fidèle esclave ; tu as été fidèle en peu de chose... : entre dans la joie de ton maître» (Matt. 25:21).
Nous vivons dans des jours où notre témoignage est mis à l’épreuve d’une manière toute particulière. Jamais peut-être la foi n’a été à un niveau plus bas. Tout se ligue pour faire perdre de vue au chrétien le prix qu’un témoignage simple a pour le Seigneur.
Or ce qu’Il aime, c’est un coeur entièrement dévoué, disponible, rempli d’une sincère sollicitude à l’égard de tous (Phil. 2:20, 21). Un esclave fidèle trouve son bonheur à être toujours à Son service, à réjouir Son coeur. «Ce qui était en son pouvoir, elle l’a fait», telle sera l’appréciation du Seigneur (Marc 14:8).
L’orgueil, trop souvent, nous affaiblit. Ce n’est que dans l’humilité que nous pouvons apprendre que la force, toute la force, est en Lui. Pour annoncer l’Évangile, comme pour édifier les saints, il faut être humble et petit à sa propre estime.
Méditons l’exemple des apôtres. Ils suivaient de près les traces du divin Modèle. Pour l’amour de Christ ils étaient devenus insensés aux yeux du monde, et aussi, hélas, de certains croyants. Objets de mépris, ils étaient traités comme les balayures du monde (1 Cor. 4:10 à 13) ; et surtout, ils en avaient fini avec eux-mêmes. Aussi Dieu avait-il mis en eux la parole de la réconciliation. Ils suppliaient pour Christ : «Soyez réconciliés avec Dieu» (2 Cor. 5:19, 20).
Sans doute, est-ce un temps de petites choses. Mais veillons à ne pas le mépriser ! (Zach. 4:10). Ouvrons les yeux sur le vide immense qui règne dans le coeur de ceux qui nous entourent et qui sont sans Dieu et sans espérance dans ce monde. Ce vide que seul Christ peut remplir.
Comme la petite servante, nous possédons un grand secret. Et Dieu s’est révélé à la foi d’une manière autrement élevée que du temps de Naaman. Il nous a parlé dans le Fils... le resplendissement de sa gloire et l’empreinte de sa substance (Héb. 1:2-3). Ce Bien-Aimé du Père a fait par lui-même la purification des péchés. Un tel don doit produire dans nos coeurs une confiance absolue, une profonde reconnaissance (Rom. 8:32).
Entourés de tous côtés par le péché et la misère, nous manquons si souvent de foi et de vertu, pour présenter Christ, pour nous écrier avec une réelle compassion : si seulement vous connaissiez Jésus, le Rédempteur qui guérit tous nos maux !
Nous avons été sauvés pour être en communion de pensée avec le Seigneur et répandre ainsi le parfum de ses perfections dans ce monde (2 Cor. 2:14, 15). Ne nous décourageons pas si Dieu nous appelle à suivre un chemin caché et solitaire, méprisé peut-être des hommes mais connu de Lui. Soyons «sans reproche et purs, des enfants de Dieu irréprochables au milieu d’une génération tortue et perverse, parmi laquelle vous reluisez comme des luminaires dans le monde, présentant la Parole de Vie» (Phil. 2:15).
Les hommes ne peuvent discerner la beauté d’une âme réellement dévouée pour Christ, mais c’est une joie pour Celui qui l’a rachetée d’apprécier déjà en elle le fruit du travail de sa propre âme à la croix.
En paix nous pouvons te suivre,
Jésus, dans l’humble chemin,
Où tu consentis à vivre
Inconnu du genre humain ;
Avec toi n’ayant personne,
Semant bienfait sur bienfait
Dans ce sentier où rayonne
Le coeur de l’homme parfait.