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Le Tribunal de Dieu et de Christ

 

J. N. Darby

ME 1873 p. 338

Je ne sais pas si cette expression « le Tribunal de Dieu » ou « le Tribunal de Christ » se trouve ailleurs que dans le chapitre 14 de l’épître aux Romains, et dans le chapitre 5 de la seconde épître aux Corinthiens, — dans le premier de ces deux passages en vue de prévenir les jugements individuels, dans le second en vue de pousser à faire le bien. Le sujet en lui-même est des plus solennels et en même temps très béni, et cela d’autant plus que nous le comprendrons bien. Je crois que chaque acte de nos vies sera manifesté alors devant le tribunal, de telle manière que la grâce de Dieu et ses voies envers nous en rapport avec nos propres actes, seront connues alors. Nous lisons, Romains 14, que « chacun de nous rendra compte pour lui-même à Dieu », et la Parole dans ce passage fait mention du tribunal en rapport avec l’exhortation pour les frères de ne pas se juger l’un l’autre pour un jour, pour une viande et autres choses semblables. Je suis disposé à penser que les actes seuls, seront sujets à manifestation, mais tous les actes particuliers de notre vie dépendent si intimement de nos sentiments intérieurs, qu’il est, en un sens, difficile de distinguer les actes des simples pensées. Les actes manifestent la force de la pensée, ou du sentiment. Je crois que l’ensemble de nos actes sera détaillé là devant ce tribunal, non pas, pour nous, comme si nous étions dans la chair, et ainsi pour notre condamnation, mais pour mettre en lumière devant nos yeux la grâce qui s’est occupée de nous, — régénérés et irrégénérés. — Dans les conseils de Dieu je suis élu avant la fondation du monde ; c’est pourquoi je pense que mon histoire tout entière sera détaillée devant le tribunal, et, parallèlement avec elle, l’histoire de la grâce et de la miséricorde de Dieu envers moi. Le pourquoi et le comment nous avons fait ceci ou cela sera manifesté alors. La scène sera déclarative, et non pas judiciaire pour nous. Nous ne sommes pas dans la chair devant Dieu, — devant ses yeux ; par sa grâce, nous sommes morts ; — mais alors si nous avons marché selon la chair, il faut que nous voyions comment nous y avons perdu en bénédiction, — quelle perte nous y avons fait ; et d’un autre côté, les voies de Dieu envers nous, voies toutes de sagesse, de miséricorde et de grâce, seront parfaitement connues et comprises par nous, pour la première fois... L’histoire de chacun sera comme un grand transparent ; on y verra comment vous cédiez et comment Lui vous préserva, comment votre pied avait glissé et comment Lui vous releva, comment vous approchiez du danger et de la honte et comment Lui par son propre bras intervint.

Je crois que ce sera l’Épouse qui se prépare ; et je considère ce moment comme un moment merveilleux. Il n’y aura pas de chair alors, pour être condamnée ; mais la nouvelle nature entrera alors dans la pleine connaissance des soins et de l’amour qui, en vraie sainteté et en justice, et même en grâce, nous ont suivis à chaque pas de notre course. Des parties de notre vie, jusqu’ici complètement inexpliquées seront entièrement mises à découvert et deviendront parfaitement claires ; des tendances de notre nature que nous ne jugeons peut-être pas aussi pernicieuses et mortelles qu’elles le sont et pour la mortification desquelles nous sommes peut-être assujettis maintenant à une discipline, que nous n’avons pas su interpréter, seront alors parfaitement expliquées ; et bien plus que cela, les chutes mêmes qui nous plongent dans une si amère détresse maintenant, apparaîtront alors comme les moyens dont Dieu s’est servi pour nous préserver de quelque chose de plus terrible. — Je ne pense pas que, jusqu’à ce moment-là, nous ayons jamais une pleine connaissance de la méchanceté de notre chair. Combien il est heureux pour nous de savoir qu’alors, non seulement c’en est fait de la chair dans le conseil de Dieu, mais que la chair ne sera plus attachée à nous ; et d’un autre côté, je n’en doute pas, la manifestation de la grâce de Dieu, individuellement envers nous, sera si magnifique que même le sentiment de la perversité de la chair que nous avions, s’il était possible qu’il entrât là, sera exclu par la grandeur de l’autre sentiment. Pourquoi ne renions nous pas et ne mortifions-nous pas la chair, quand nous nous rappelons cette heure ? Que le Seigneur nous donne de faire ainsi davantage, pour la gloire de sa grâce. Ce grand sujet du tribunal amène l’âme à une très pleine connaissance de notre position individuelle.