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Quelques points élémentaires de doctrine chrétienne

 

Les deux tables des matières renvoient aux même rubriques / articles. La première table des matières comporte des intitulés éclairant davantage sur le sujet traité (elle a été rédigée par Bibliquest). La seconde table des matières comportent les titres tels qu'ils figuraient dans les parutions originales.

 

(Première) table des matières :

 

1.      La lumière entre dans l’âme par la conscience

2.      Il n’y a qu’un homme, Christ, en qui le cœur peut voir du bien et se reposer

3.      Détails de la restauration de Pierre - Jean 21

4.      Fils prodigue : la conscience convaincue de péché et le cœur attiré — le Dieu de lumière et le Dieu d’amour

5.      Nés de Dieu : une vie réellement nouvelle

6.      Autorité et importance de la Parole écrite - 2 Tim. 3:14-17

7.      Peines éternelles

8.      Divinité de Jésus Christ

9.      Nécessité des œuvres comme fruit de la foi

10.  Nature foncièrement pécheresse de l’homme

11.  La Parole notre guide — Toute-puissance des promesses divines

12.  Le jugement dernier

13.  La seconde mort

14.  Christ : activité intense — et obscurité du point de vue des hommes

15.  L’assemblée (ou : église), corps de Christ

16.  Effets, nécessité et valeur de la mort de Christ

17.  La croix : le péché a abondé (le peuple), la grâce a surabondé (brigand converti)

18.  Valeur de la Cène pour le chrétien

19.  Croire les assurances que Dieu donne

 

Paru dans ME 1904 à 1906 sous le titre « Paroles de foi et de bonne doctrine »

 

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J.N. Darby

 

(Seconde) tables des matières :

1     « Donne-moi à boire » (Jean 4:10)

2     Qui nous fera voir du bien (Ps. 4:6) — Viens et vois (Jean 1:47)

3     M’aimes-tu ? — Jean 21:12-19

4     Le fils prodigue — Luc 15:11-24

5     Comme une greffe sur un arbre sauvage

6     Les Écritures — 2 Timothée 3:14-17

7     Immortalité, vie éternelle et résurrection

8     La divinité de Jésus-Christ

9     « La foi sans les œuvres est morte » — Jacques 2:26

10       Un arbre mauvais — Matthieu 7:18

11       Le commandement de l’Éternel à Josué — Josué 1:1-9

12       Le grand trône blanc — Apocalypse 20:11-15

13       La seconde mort

14       Une vie d’activité dans l’obscurité

15       L’Assemblée qui est son corps — Éphésiens 1:22-23

16       La valeur de la mort de Christ

17       La Croix, ou Le péché qui abonde et la grâce qui surabonde — Luc 23:32-43

18       « En mémoire de Moi » — 1 Corinthiens 11:23-26

19       « Nous avons toujours confiance » — 2 Corinthiens 5:1-8 ; 1 Jean 3:2

 

 

1                         « Donne-moi à boire » (Jean 4:10)

ME 1904 p 398

Comme le Seigneur montre bien, en Jean 4, qu’on arrive à l’intelligence des choses divines par la conscience ; ainsi le cœur est gagné.

Rejeté et chassé de Judée, Jésus s’assied fatigué sur le puits de Sichar. Une femme solitaire (ce n’était pas l’heure où les femmes sortaient pour puiser l’eau), sous le fardeau du péché, évidemment une nature forte et passionnée qui, dans une ardente poursuite, avait cherché le bonheur et était ainsi tombée dans le péché, sans avoir trouvé de repos pour son âme, (combien il y en a de semblables dans le monde !) cette femme menait une vie de labeur pénible au milieu de laquelle elle pensait quelquefois à Garizim et à Jérusalem, et savait qu’il y avait un Messie à venir. Il pouvait y avoir quelque part du bonheur, du repos, elle n’en avait point. Ce qu’elle avait, c’était du labeur et de la fatigue, et cette fatigue elle la ressentait évidemment dans son âme aussi bien que dans son corps. Jésus aussi avait du labeur et de la fatigue, mais par amour, non par le péché, hormis le péché des autres, mais celui-ci ne pouvait lasser l’amour ; et Jésus savait où se trouvait le repos, car lui-même était le repos. Le Fils de Dieu, le juge de tous, s’était mis, humainement parlant, dans une position où il était redevable à cette femme d’un peu d’eau fraîche. Mais il la place bientôt sur un autre terrain ; il parle du don de Dieu, d’une fontaine d’eau jaillissant en vie éternelle. Tout était ténèbres dans l’esprit de la femme samaritaine. Elle tournait dans le cercle de sa propre lassitude ; ce qu’elle sentait, c’était le fruit de son péché et la peine qu’elle se donnait à la recherche du bonheur. Et (avec tous les mouvements intérieurs qui prédominaient dans son esprit et le remplissaient, car, en vérité, qu’avait-elle d’autre ?) que fait le Seigneur ? « Va, appelle ton mari, et viens ici ». « Je n’ai point de mari ». « Tu as bien dit », répond le Seigneur, « je n’ai pas de mari ; car tu as eu cinq maris, et celui que tu as maintenant n’est pas ton mari ; en cela tu as dit vrai ».

Maintenant un rayon de lumière pénètre en elle. « Seigneur, je vois que tu es un prophète ». La parole de Dieu acquiert, par le Seigneur, une autorité divine sur son cœur, parce qu’elle avait atteint sa conscience. Elle a trouvé un homme qui lui a dit tout ce qu’elle a fait. Qui savait cela ? La parole du prophète avait une autorité divine. Cependant la femme n’est pas encore arrivée aux fontaines d’eau. Les communications divines qui lui étaient faites étaient tout à fait inintelligibles pour elle, mais un grand pas était fait. Celui qui connaissait toute sa vie, tout son péché, s’était assis en grâce auprès d’elle, désirant être aidé par elle. La grâce, aussi bien que la vérité, était là. Cette femme avait trouvé le Christ, et, laissant sa cruche avec son souci, elle devient pour d’autres une messagère de bonnes nouvelles. Garizim et Jérusalem sont absolument semblables et ne sont rien. Le Père cherche des adorateurs en esprit et en vérité.

Nous avons ici un tableau qui montre l’âme s’ouvrant à l’intelligence et à la réception des choses divines. La présentation des choses divines du caractère le plus élevé en grâce ne produit pas cela. Le cœur naturel reste fermé. On ne comprend pas du tout ces choses, alors même qu’il y a des besoins et d’ardents désirs moraux. Dieu opère dans la conscience. Alors la Parole est reçue. À ce moment le cœur ne va pas plus loin que sa capacité présente. Cependant les choses qui ont été dites, l’ont été pour le cœur ; et la grâce fait qu’il se les approprie. Jésus avait été avec lui en grâce. Oh ! quelle différence entre les spéculations de l’homme et Dieu voyant les campagnes blanches pour la moisson !

Le Seigneur, rejeté par l’orgueil de l’homme, rafraîchissait son âme, non avec l’eau du puits, mais avec l’amour qui trouve son bonheur en des cœurs remplis de misère, et qui boit à la seule source rafraîchissante qui ait coulé dans ce monde ! Il avait à manger d’une viande que ses disciples ne connaissaient pas. Quelle place pour cette pauvre Samaritaine, pour nous-mêmes, de rafraîchir, misérables créatures que nous sommes, le cœur de Jésus, parce qu’il est amour !

 

2                        Qui nous fera voir du bien (Ps. 4:6) — Viens et vois (Jean 1:47)

ME 1904 p. 416

Maintenant mon œil se repose sur Jésus : je vois le Seigneur descendu du ciel, un Homme… Si je regarde à moi, si je regarde autour de moi, que vois-je ? Assez pour briser mon cœur, s’il y a un cœur à briser… Mais ici, je trouve un vrai repos — un Homme qui a satisfait le cœur de Dieu — cet Homme adorable, sur la terre, en la présence de Dieu, regardant à Dieu, un objet pour Dieu ! Ce n’est pas le Messie nettoyant son aire, mais Celui en qui sont renfermés toutes les pensées et tous les conseils de Dieu — ce n’est pas l’homme qui périt en proie à la corruption, mais Jésus, le Fils de l’homme, qui, non seulement descend d’Abraham et de David, mais remonte jusqu’à Dieu, « fils d’Adam, fils de Dieu » (Luc 3:21, 22, 38). C’est le second Homme — le dernier Adam, un Esprit vivifiant (1 Corinthiens 15:45). Quelle ressource ! car qu’est-ce que l’homme ? Qu’est-on soi-même quand on connaît le péché de son propre cœur — un être qui, dès le commencement et jusqu’à aujourd’hui, a abandonné Dieu pour une pomme ! Maintenant un Homme, un Homme béni apparaît : il prie… (Luc 3:21). C’est l’Homme dépendant : car la dépendance est l’essence de l’Homme parfait. Nous voyons, il est vrai, Dieu resplendir partout, mais ici, nous le voyons en Jésus, l’Homme dépendant dans une place et dans une condition qui caractérisent la perfection dans l’homme. La source du péché en nous, c’est la volonté propre, l’indépendance. Ici, mon cœur trouve du repos dans un Homme dépendant, au milieu de l’affliction, mais traversant tout en perfection avec Dieu ; que ce soit dans l’humiliation ou dans la gloire, cela ne fait aucune différence, car l’Être parfait est toujours l’Être dépendant. Et quand, au baptême de Jean, ce cœur divin exprime sa dépendance par la prière, ne reçoit-il pas de réponse ? « Le ciel s’ouvre ». Le ciel s’ouvrirait-il ainsi sur moi ? Il est ouvert pour moi, sans aucun doute, mais je prie, parce qu’il est ouvert, tandis qu’il s’ouvre sur Jésus, parce qu’il prie. Moi je viens et je regarde en haut, parce que les cieux furent ouverts sur Lui.

Quel admirable tableau de la grâce, et, nous ne craignons pas de le dire, le Père aimait à contempler ici-bas, au milieu de toute cette scène de péché, son Fils bien-aimé (Jean 8:29). Rien, si ce n’est un objet divin, ne pouvait attirer ainsi le cœur de Dieu ; et cependant c’était l’Homme humble et parfait. Il ne prend pas sa place de gloire éternelle comme Créateur, Fils de Dieu — il s’abaisse ; il est baptisé. Il dit : « Je me confie en toi. Tu es le Seigneur » (Psaume 16), et le Saint Esprit descend sur Lui comme une colombe, emblème digne de cet Homme sans tache, digne lieu de repos pour le Saint Esprit au milieu du déluge de ce monde. Oh ! qu’il est précieux pour nous, que Jésus nous soit montré comme l’objet de Dieu.

Je sais quels sont les sentiments de Dieu à son égard. Je suis introduit dans son intimité ; admis à l’entendre exprimer son affection pour son Fils, à voir les relations rétablies entre Dieu et l’homme.

Ainsi je trouve du repos, et mon cœur est en communion avec Dieu au sujet de son Fils bien-aimé. Le croyant seul en jouit, mais la relation est là. Et si je trouve en moi et autour de moi ce qui afflige mon âme, j’ai en Lui une source inépuisable de joie et de consolation… Que la terre et les cieux soient bouleversés, je continuerai à trouver mon repos en Lui. Quelle bénédiction pour le cœur de posséder l’objet dont Dieu lui-même est occupé !

« Tu es mon Fils bien-aimé, en toi j’ai trouvé mon plaisir » (Luc 3:22)..

 

3                        M’aimes-tu ? — Jean 21:12-19

ME 1904 p 437

Le Seigneur commence par la pleine restauration de l’âme de Pierre. Il ne lui reproche pas sa faute, mais il juge la source du mal qui l’a produite — la confiance en soi. Pierre avait déclaré que si tous reniaient Jésus, lui du moins ne le renierait pas. Le Seigneur lui demande donc : « M’aimes-tu plus que ne font ceux-ci ? » et Pierre est réduit à reconnaître qu’il fallait l’omniscience de Dieu pour savoir que lui, qui s’était vanté d’avoir pour Jésus plus d’amour que les autres, avait réellement quelque affection pour Lui. Cette question répétée trois fois sonde en réalité les profondeurs de son cœur.

Ce ne fut qu’à la troisième fois qu’il dit : « Tu connais toutes choses, tu sais que je t’aime ». Jésus ne le laisse pas, que sa conscience n’en soit venue là. Néanmoins la grâce qui agissait pour le bien de Pierre — la grâce qui l’avait suivi malgré tout, priant pour lui avant qu’il eût senti ses besoins ou qu’il eût commis la faute — la grâce est parfaite ici comme auparavant. Car au moment où l’on aurait pu penser que tout au plus il serait restauré par la miséricorde divine, il reçoit le plus grand témoignage de grâce qui pût lui être conféré. Quand il est humilié de sa chute, et amené à dépendre entièrement de la grâce, la grâce surabondante se déploie envers lui. Le Seigneur lui confie ce qu’il aimait le plus — les brebis qu’il venait de racheter. Il les remet aux soins de Pierre. C’est la grâce qui s’élève et demeure au-dessus de tout ce que l’homme est, et qui, par conséquent, produit la confiance, non en soi-même, mais en Dieu comme celui en la grâce duquel on peut toujours se confier, qui est plein de grâce, parfait en grâce. Cette grâce est au-dessus de tout, reste toujours la même, et nous rend capables d’accomplir son œuvre, et envers qui ? envers l’homme qui en a besoin. Elle crée la confiance selon la mesure dans laquelle elle agit.

Il me semble qu’il y a une progression dans ce que dit le Seigneur à Pierre. Il demande : « M’aimes-tu plus que ne font ceux-ci ? » Pierre dit : « Tu sais que je t’affectionne ». Jésus répond : « Pais mes agneaux ». La seconde fois, il dit seulement : « M’aimes-tu ? » omettant la comparaison entre Pierre et les autres, ce que Pierre avait d’abord prétendu. Pierre réitère la déclaration de son affection. Jésus lui dit : « Sois berger de mes brebis ». La troisième fois, il dit : « M’affectionnes-tu ? » employant les expressions mêmes de Pierre ; et sur la réponse de Pierre qui saisit cet usage de ses paroles par le Seigneur, Jésus dit : « Pais mes brebis ». Les rapports entre Pierre et Christ connu sur la terre, le rendaient capable de paître le troupeau du résidu juif — de nourrir les agneaux en leur montrant le Messie tel qu’il avait été, et d’agir comme un berger en guidant les plus avancés et leur procurant la nourriture.

Mais la grâce du tendre Sauveur ne s’est pas arrêtée là. Pierre pouvait encore sentir le chagrin d’avoir manqué une telle occasion de confesser le Seigneur au moment critique. Jésus l’assure que, s’il avait failli en le suivant avec sa propre volonté, il lui serait permis de le faire par la volonté de Dieu ; et si, lorsqu’il était jeune, il se ceignait lui-même, d’autres le ceindraient quand il serait devenu vieux et le conduiraient où il ne voudrait pas. Il lui serait donné par la volonté de Dieu, de mourir pour le Seigneur, comme précédemment il s’était déclaré prêt à le faire par sa propre force. Maintenant aussi que Pierre était humilié et soumis entièrement à la grâce — qu’il savait qu’il n’avait point de force — qu’il sentait sa dépendance du Seigneur, sa complète incapacité s’il se confiait en sa propre puissance — maintenant, je le répète, le Seigneur appelle Pierre à le suivre ; ce qu’il avait prétendu faire quand le Seigneur lui avait dit qu’il ne le pouvait pas. C’était ce que désirait son cœur… Ce qu’il avait eut la prétention de faire et ne l’avait pu, il le ferait maintenant — suivre Christ en prison et jusque dans la mort.

 

4                        Le fils prodigue — Luc 15:11-24

ME 1904 p. 475

Premièrement son éloignement de Dieu nous est dépeint. Aussi coupable au moment où il franchit le seuil de la maison paternelle et tourne le dos à son père, que lorsqu’il mange des gousses avec les pourceaux, il nous représente l’homme, trompé par le péché, dans le dernier état de dégradation auquel le péché le fait descendre. Ayant dépensé tout ce qui lui est échu selon la nature, le dénuement où il se trouve (plus d’une âme sent la disette en laquelle elle s’est plongée, le vide de tout ce qui l’entoure sans un désir pour Dieu ou pour la sainteté, et souvent sa chute dans ce que le péché a de plus avilissant), ce dénuement ne le porte pas vers Dieu, mais le conduit à chercher sa ressource dans ce que peut fournir le pays de Satan où l’on ne donne rien. Il se trouve au milieu des pourceaux. Mais la grâce opère ; et la pensée du bonheur dans la maison de son père, et de la bonté qui y répandait la bénédiction autour d’elle, se réveille en son cœur. Là où l’Esprit de Dieu travaille, on trouve toujours deux choses : la conviction apportée à la conscience et l’attrait pour le cœur. C’est réellement la révélation de Dieu à l’âme ; or Dieu est lumière et amour. Comme lumière il apporte la conviction dans l’âme, mais comme amour il attire à Lui ; alors une vraie confession est produite. Ce n’est pas simplement le fait d’avoir péché, mais d’avoir affaire à Dieu et de le désirer ; mais en même temps la crainte à cause de ce qu’Il est, et cependant on est poussé à aller vers Lui. Tel était le cas de la femme, au chapitre 7, et de Pierre dans la nacelle. Cela produit la conviction que nous périssons, et un sentiment, faible peut-être mais vrai, de la bonté de Dieu et du bonheur de se trouver en sa présence, quoique nous ne soyons pas encore sûrs d’être reçus ; mais nous ne pouvons plus demeurer dans le lieu où nous périssons. Il y a le sentiment du péché et l’humiliation ; le sentiment qu’il y a de la bonté en Dieu, mais pas encore le sentiment de ce que la grâce de Dieu est réellement. La grâce attire — on va vers Dieu, mais on se contenterait d’être reçu comme un mercenaire — preuve que, bien que le cœur soit travaillé par la grâce, il n’a pas encore rencontré Dieu. Le progrès, d’ailleurs réel, ne donne jamais la paix. Il y a un certain repos du cœur à aller à Dieu ; mais on ne sait pas quelle réception attendre, après s’être rendu coupable d’abandonner Dieu. Plus le fils prodigue s’approchait de la maison, plus son cœur devait battre à la pensée de rencontrer son père. Mais le père devance sa venue et agit envers lui, non selon ce que mérite son fils, mais selon son propre cœur paternel — seule mesure des voies de Dieu envers nous. Il se jette au cou de son fils, tandis que celui-ci est encore dans ses haillons et avant qu’il ait eu le temps de dire : « Traite-moi comme l’un de tes mercenaires ». Ce n’était plus le moment de le dire. Cela était bon pour un cœur qui ne savait comment il serait reçu, mais non pour celui qui avait rencontré Dieu. Celui-là sait comment il a été reçu. Le fils prodigue se prépare à dire : Traite-moi comme l’un de tes mercenaires ; semblable à ceux qui parlent dune humble espérance et d’une place inférieure ; mais quoique la confession soit complète quand il arrive, il ne dit plus : « Traite-moi comme un mercenaire ». Comment l’aurait-il dit ? Le cœur du père par ses propres sentiments, par son amour pour lui, par la place que son cœur lui avait donnée, avait déterminé la position du fils. La position du père décidait de celle du fils. Cela se passait entre lui-même et son fils ; mais ce n’était pas tout. Il aimait son fils, même tel qu’il était, mais il ne l’a pas introduit en cet état dans la maison. Le même amour qui l’a reçu comme fils, veut le faire entrer dans la maison en cette qualité, et tel que doit être le fils d’un tel père. Les serviteurs reçoivent l’ordre d’apporter la plus belle robe et de l’en revêtir. Ainsi aimés et reçus par amour, dans notre misère, nous sommes revêtus de Christ pour entrer dans la maison. Nous n’apportons pas la robe : Dieu nous la fournit. C’est une chose entièrement nouvelle, et nous devenons justice de Dieu en Lui. C’est la plus belle robe du ciel.

 

5                        Comme une greffe sur un arbre sauvage

ME 1905 p. 118

Je crois qu’une nature est proprement ce qui constitue un être quelconque et le fait être ce qu’il est : un ange, un homme, un animal, etc. Je ne pense pas que 2 Pierre 1:4, soit le passage le plus simple et le plus clair pour expliquer ce point, parce que ce passage est particulièrement moral, et indique spécialement ce qui caractérise le chrétien comme tel. Ce qui me fait penser ainsi, c’est que ce passage parle de « très grandes et précieuses promesses », en cela il me semble avoir trait à ce que Jean 3 appelle « né d’eau », et : « Vous êtes déjà nets, à cause de la parole que je vous ai dite ». Cependant on ne peut le séparer de l’autre point — le don de la vie. Mais il parle de promesses, et d’échapper à la corruption qui est dans le monde.

Ce fait d’être né de nouveau, même les catholiques romains, les Wesleyens aussi, et la plupart des dénominations évangéliques l’admettent et s’en tiennent là ; elles admettent une action du Saint Esprit par le moyen de la Parole, en vertu de laquelle l’homme est moralement purifié. Mais les Wesleyens disent qu’on peut perdre et retrouver cette purification, et même ceux qui ne vont pas si loin, la tiennent pour une simple purification de ce qui existe. Les Wesleyens disent que l’homme avait le corps, l’âme et l’esprit avant la chute ; et qu’après la chute il a le corps, l’âme et l’esprit corrompus, mais qu’ensuite, étant né de nouveau, la corruption est enlevée ; que, par conséquent, un homme peut être absolument parfait, comme homme, si la corruption est entièrement enlevée. Or je crois (sans traiter maintenant le sujet de la perfection) que c’est pour le moins une vue des plus défectueuses. Je crois que le Seigneur est un Esprit vivifiant, et que, par l’opération de l’Esprit Saint, « ce qui est né de l’Esprit est esprit », — non pas l’Esprit qui est Dieu ; mais on est vivifié par sa puissance divine, tout comme ce qui est né de la chair est chair. Je reçois spirituellement de Christ la vie, comme je la reçois naturellement d’Adam. Dans ce sens, Christ est ma vie. Il est la vie éternelle (1 Jean 1), et « celui qui a le Fils de Dieu a la vie ». Ce n’est pas moi, qui suis de la chair, qui vis, mais Christ vit en moi. C’est pour cette raison, à un point de vue abstrait, comme né de Dieu — car c’est ainsi que Jean considère les choses — qu’il est dit : « Il ne peut pas pécher, parce qu’il est né de Dieu ». Cette vie, nous l’avons dans la puissance de la résurrection de Christ ; et l’Esprit Saint qui nous a été donné en vertu du sang de Christ, agit intérieurement sur elle. Aussi, comme Dieu avait soufflé en Adam, Christ, après sa résurrection, souffle en ses disciples. C’est pourquoi il est dit : « La loi de l’Esprit de vie dans le Christ Jésus, m’a affranchi de la loi du péché et de la mort » (Romains 8:2). Une grande vérité accessoire découle de cela, c’est que Christ étant mort, Dieu me tient pour mort à la chair (Colossiens 3), et j’ai à me tenir pour tel (Romains 6), et à le réaliser (2 Corinthiens 4), afin que seule la vie de Christ soit manifestée.

Le point auquel je m’attache à ce sujet, c’est qu’il s’agit d’une communication réelle de la vie, en recevant Christ par la puissance de l’Esprit Saint, de manière que j’ai ce que je n’avais pas auparavant : Christ, devenu spirituellement ma vie par l’Esprit Saint, qui agit en elle en puissance ; une création nouvelle en Christ, quoique la chair soit encore là. Or je ne suis pas dans la chair, mais en Christ ; je suis tenu de la considérer comme morte, et c’est mon privilège de le faire. Naturellement c’est ce qui nettoie pratiquement, et par la Parole et selon la Parole. Je ne puis expliquer la chose physiologiquement, mais elle me paraît claire dans l’Écriture, et en vertu de ce fait, les saints vivront éternellement avec Dieu. « Ce qui est né de l’Esprit est esprit » — participe à la nature de ce dont il est né. Cette nature est sainte, elle aime, et, comme en Christ homme, elle obéit. En un mot, cette vie est, quant à sa nature, la reproduction de la vie de Christ. Si Christ est en vous, le corps est mort à cause du péché ; l’Esprit est vie à cause de la justice. C’est une chose aussi nouvelle qu’une greffe sur un arbre sauvage.

Quant à l’idée que nous sommes introduits dans la divinité, je ne m’en occupe pas, n’ayant jamais auparavant entendu parler d’une telle chose !… Dieu, comme Être suprême, ne peut nous communiquer la divinité, mais en donnant la vie, il peut communiquer les éléments moraux de ce qu’il est.

 

6                        Les Écritures — 2 Timothée 3:14-17

ME 1905 p. 198

Le Seigneur Jésus lui-même dit, en parlant de Moïse : « Si vous ne croyez pas ses écrits, comment croirez-vous mes paroles ? » (Jean 5:46, 47). Ses paroles étaient celles de Dieu ; il ne met pas en contraste ici l’autorité de ce qu’il disait avec l’autorité de la parole écrite, mais le contraste est dans les moyens de communication. Il a plu à Dieu d’employer l’Écriture comme une autorité permanente. Pierre dit : « Aucune prophétie de l’Écriture… » (2 Pierre 1:20, 21). Beaucoup de prophéties n’ont pas été écrites ; elles avaient l’autorité de Dieu pour ceux à qui elles étaient adressées. Car l’Écriture mentionne plus d’une fois des prophètes qui ont nécessairement prophétisé, sans nous communiquer leurs prophéties.

Une foule de choses dites par Jésus lui-même, ne sont pas reproduites dans les Écritures (Jean 21:25) ; de sorte qu’il n’est pas seulement question de savoir de qui nous avons entendu une vérité, mais aussi du caractère de ce qui a été communiqué. Quand c’est pour le profit permanent du peuple de Dieu ou de son Assemblée, Dieu le fait mettre dans les Écritures, et cela reste pour l’instruction et la nourriture de ses enfants dans tous les temps.

Les Écritures sont l’expression permanente de la pensée et de la volonté de Dieu, possédant comme telles son autorité. Elles sont l’expression de ses pensées. Elles édifient et sont utiles ; mais ce n’est pas tout : elles sont inspirées.

Elles enseignent, elles jugent le cœur, elles corrigent, elles disciplinent selon la justice, afin que l’homme de Dieu soit accompli, c’est-à-dire parfaitement instruit de la volonté de Dieu, son esprit étant formé par cette volonté et parfaitement accompli pour toute bonne œuvre. La puissance qu’il faut pour exécuter ces choses vient de l’action de l’Esprit. La sauvegarde contre l’erreur, la sagesse à salut, découlent des Écritures qui sont capables de les procurer.

Cette parfaite et suprême autorité de l’Écriture met-elle de côté le ministère ? En aucune façon ; elle est le fondement du ministère de la Parole. On est ministre de la Parole ; on proclame — en se reposant sur la Parole écrite — la Parole qui fait autorité pour tous et est la garantie de tout ce que le ministre dit, en communiquant à ses paroles l’autorité de Dieu sur la conscience de ceux qu’il enseigne ou exhorte. Ce que dit la Parole fait taire toute opposition dans le cœur ou dans l’esprit du croyant. C’est ainsi que le Seigneur répondit à Satan, et le réduisit au silence (Luc 4:1-13). Celui qui ne se soumet pas aux paroles de Dieu montre par là qu’il est rebelle à Dieu… L’Ancien Testament ne raconte pas l’histoire de Christ, la mission du Saint Esprit, la formation de l’Assemblée ; parce que ces faits, n’étant pas encore accomplis, ne pouvaient être l’objet de ses instructions historiques et doctrinales ; et l’Assemblée n’était pas même le sujet de la prophétie. Mais maintenant tout est complet ; Paul nous dit qu’il était un serviteur de l’Assemblée pour compléter la parole de Dieu (Colossiens 1:25). Les sujets de la révélation étaient alors complétés.

La parole de Dieu parle de grâce aussi bien que de vérité. Elle proclame la grâce et l’amour de Dieu qui a donné son Fils unique, afin que des pécheurs tels que vous et moi, pussent être avec Lui, le connaître, le connaître profondément, intimement, véritablement — et jouir de Lui dès maintenant et pour toujours ; afin que la conscience, parfaitement nettoyée, pût être en joie en sa présence, sans nuage, sans reproche et sans crainte. Être tout cela dans son amour et de cette manière, c’est la joie parfaite. La Parole écrite vous dira la vérité quant à vous-même ; mais elle vous dira aussi la vérité d’un Dieu d’amour déployant la sagesse de ses conseils.

J’ajouterai pour mon lecteur que le meilleur moyen pour lui de s’assurer de la vérité et de l’autorité de la Parole, c’est de lire la Parole elle-même.

 

7                        Immortalité, vie éternelle et résurrection

ME 1905 p. 214

Les Passages de l’Ancien Testament qui fournissent l’immense majorité des preuves alléguées pour la destruction des méchants, parlent de jugement et de destruction dans ce monde seulement. Tout ce qui est au delà, était alors obscur et invisible, sauf des lueurs qui pour la foi traversaient les ténèbres. Le système de l’Ancien Testament était le gouvernement de Dieu, non le salut qui introduit en la présence de Dieu et donne la vie éternelle, quoique ceux qui appartenaient à ce système fussent sauvés et vivifiés. Le « Destructionisme » affirme que la vie éternelle est donnée en Christ seul, mais il confond la vie éternelle et l’immortalité de l’âme, deux choses entièrement distinctes. Quant à la vie spirituelle divine, nous n’avons aucune vie en nous ; nous sommes morts. Il ne s’agit pas simplement d’une vie qui n’est pas immortelle ; nous n’en avons aucune. Cette doctrine nie que nous soyons vivants — non pas que l’âme soit immortelle — mais elle prétend que nous n’avons pas de vie en nous. On pourrait aussi bien et d’une manière plus vraie, s’en servir pour prouver que nous ne sommes pas vivants du tout, plutôt que de prouver que l’âme n’est pas immortelle. Cela ne s’applique pas à la question.

Une autre supposition fausse du Destructionisme, qui a servi de base à la pensée de la plupart des esprits qui en sont affectés, est que la mort est la cessation de l’existence. Cela est complètement dénué de fondement. En vérité, c’est une pétition de principe. Cela peut être ou ne pas être autant que l’homme peut le dire, d’après ce qu’il voit — car au delà de la mort il ne voit rien. Il peut alléguer que la cessation d’une organisation extérieure n’affecte pas et ne peut affecter ce dont il a la conscience, et il peut avoir les plus solides raisons pour rejeter ces suppositions quand la question est « d’être, ou de ne pas être ». Il peut spéculer avec Platon, on raisonner rigoureusement comme Butler, mais il ne sait rien. Aussi loin que vont les indices de l’Ancien Testament pour la foi, ils donnent la pensée que les pharisiens avaient de l’existence de l’âme après la mort (Actes 23:8). Par exemple, quand la femme fit monter Samuel, ou quand David dit : « Moi, je vais vers lui, mais lui ne reviendra pas vers moi ». Énoch et Élie donnent cependant de plus brillantes espérances au milieu des ténèbres, quoique les ténèbres fussent toujours là. De sorte que le Seigneur pouvait reprocher aux sadducéens de ne pas connaître les Écritures, ni la puissance de Dieu, en rejetant la résurrection ; or la résurrection implique la vérité péremptoire exprimée en Luc 20:37-38, que « pour lui tous vivent ». Les Écritures ne font à cet égard aucune différence entre les saints et les pécheurs : il n’était pas seulement le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob (non le Dieu des morts, mais des vivants) ; or le fondement de cette vérité n’était pas leur piété, mais le fait que pour Dieu tous vivent, lors même que pour l’homme ils sont morts. Les sadducéens ne sont pas une race nouvelle ; mais ils « errent, ne connaissant pas les Écritures ». L’Ancien et le Nouveau Testament, l’un comme l’autre, n’expriment nullement la pensée que, pour l’homme, mourir, c’est cesser d’exister : les croyants meurent, Christ mourut tout autant et tout aussi réellement que les pécheurs. Si la mort a le sens de cesser d’exister, alors les saints et Christ ont cessé d’exister. Or ce qui a cessé d’exister peut-il ressusciter ?

Mais cette question contient un autre point vital. L’expiation est non avenue, de même que notre responsabilité à laquelle elle s’applique. Si je n’ai pas plus d’âme qu’une bête, bien que d’une nature animale de beaucoup supérieure, ma responsabilité n’existe plus. Vous ne pouvez rendre responsables de péchés un chien ou un éléphant. Quand je suis converti je me repens, je juge mes péchés passés ; je sens que j’ai manqué à ma responsabilité ; j’apprends que, par une grâce infinie, Christ est mort pour mes péchés. Ce n’est pas seulement qu’Il devient la vie — une vie nouvelle pour mon âme. Grâces à Dieu, cela est vrai ; mais il est mort, et a fait propitiation pour mes fautes, pour mes péchés, quand je n’avais pas encore cette vie. Il est mort pour mes péchés, et cela afin que je vive. Si la vie éternelle était donnée à un animal, il ne pourrait se repentir de fautes passées ; le Seigneur, soit dit en toute révérence, ne pourrait faire propitiation pour ses péchés précédents — il l’a fait pour les miens, béni soit son nom.

 

8                        La divinité de Jésus-Christ

ME 1905 p. 237

Christ était le Jéhovah de l’Ancien Testament qui pouvait dire : « Y a-t-il un Dieu hors moi ? je n’en connais point » (Ésaïe 44:8). Toute la plénitude de la déité a habité et habite « corporellement en Lui ». Il était « Emmanuel » (Dieu avec nous) — son nom était appelé « Jésus » (JAH — le Sauveur), car « c’est lui qui sauvera son peuple de leurs péchés ». Quand Ésaïe (Ésaïe 6) vit l’Éternel des armées, trois fois saint, il vit, dit Jean, la gloire de Christ et parla de Lui (Jean 12:41). Voyez aussi Daniel 7:9, 22 ; 1 Timothée 6:15 ; Apocalypse 19:11, 16.

Nous lisons : « Au commencement était la Parole, et la Parole était auprès de Dieu ; et la Parole était Dieu ». Quelque éloigné que soit un commencement auquel ma pensée puisse atteindre, Il était déjà alors. Et, afin qu’on ne puisse alléguer que la Parole était inhérente comme « raison », sans être une PERSONNE, l’Écriture ajoute : « Elle était au commencement auprès de Dieu », elle était toujours une personne distincte. Et, de peur qu’on n’allègue qu’il était en quelque mesure inférieur, Paul nous dit : « En lui, toute la plénitude s’est plue à habiter » (Colossiens 1:19), car c’est là la vraie force du passage. Ainsi il déclare que le fait a eu lieu, « car en lui habite toute la plénitude de la déité corporellement » (Colossiens 2:9). Personnellement, il « s’est anéanti lui-même » (Philippiens 2:7). Il n’aurait pu le faire s’il n’avait été Dieu. C’est un péché pour une créature d’abandonner son premier état. Le Seigneur souverain peut descendre en grâce ; chez lui c’est de l’amour. Dans cette position, il reçoit tout. Toutes les paroles qu’il prononce lui sont données. Quoique immuable dans sa nature comme Dieu, il est néanmoins ici-bas un homme dépendant. Il vit de toute parole qui sort de la bouche de Dieu — il est scellé par le Père ; alors la gloire qu’il avait avant que le monde fût, lui est donnée du Père. Or, dans cette condition de serviteur obéissant, ayant une révélation que Dieu lui a donnée, le jour et l’heure de son action judiciaire n’étaient pas révélés (Marc 13:32). « Ce n’est pas à vous », dit-il à ses disciples, « de connaître les temps ou les saisons que le Père a réservés à sa propre autorité » (Actes 1:7). Le Psaume 110 répond exactement à cela : « Assieds-toi à ma droite, jusqu’à ce que je mette tes ennemis pour le marchepied de tes pieds ». Quand ? Assieds-toi là, dans cette place de gloire, jusqu’à ce que… ; il n’est rien dit de plus. Or, je ne prétends pas expliquer — à Dieu ne plaise que je le fasse — comment ces choses se concilient.

Je vois pleinement dans les Écritures, non pas simplement la divinité (Romains 1:20), mais la déité (Colossiens 2:9) de Christ, maintenue par la vérité que nul ne peut connaître le Fils, si ce n’est le Père. Le Père, nous le connaissons : il est simplement le Dieu adorable (Matthieu 11:27). La nature divine du Fils semblait, pour ainsi dire, exposée à un danger par sa complète humiliation ; il n’en est pas ainsi du Père. La nature du Fils est sauvegardée (quant à mes pensées) par le fait que son Être est absolument insondable. Je crois qu’il est tel. Je sais qu’il est le Fils ; je sais qu’il est un homme, un vrai homme. Je sais qu’il est « Je SUIS », « le vrai Dieu ». Comment concilier cela, je ne le sais, quoique je voie et sache que ces choses vont ensemble — je suis bien aise de ne pas le savoir comme créature. Si je le savais, j’aurais perdu cette plénitude divine qui, si elle avait pu être sondée quand elle habitait dans l’humanité, n’aurait pas alors été vraiment divine. Par grâce, je connais Dieu ; l’homme aussi, je le connais dans un certain sens ; mais Dieu devenu homme, est au delà de tout — même de mes pensées spirituelles. Qu’il en soit ainsi, c’est une grâce infinie, et pour moi un sujet d’adoration. Je suis certain, pour la bénédiction de mon âme, qu’il est à la fois homme et Dieu, — Fils du Père aussi — car les personnes sont aussi distinctes que leur nature est véritable. Dite à un chrétien que le Fils a envoyé le Père, aussitôt il s’indignerait instinctivement. Mais dites-lui que le Père a envoyé le Fils, c’est un sujet de profonde joie pour son âme.

 

9                        « La foi sans les œuvres est morte » — Jacques 2:26

ME 1905 p. 277

Quand Paul avait été dans le troisième ciel, il n’était après tout qu’un pauvre mortel ; et, respectueusement parlant, comme Dieu l’avait exposé au danger, quoique ce fût pour sa bénédiction, il lui envoya un correctif. Le mal qui se trouvait en Paul nécessitait sans doute cela ; mais la bonté même de Dieu, pensant en grâce au mal qui est en nous, le lui avait envoyé. Paul, on peut le voir, en tira occasionnellement profit et avantage. Or je ne dis pas que l’épître de Jacques soit une écharde pour la chair, mais elle en est un excellent correctif ; elle est une ceinture autour des reins. Par elle, nos reins sont ceints de la vérité ; vérité extrêmement élevée et céleste, dans laquelle nous sommes introduits ; élévation à laquelle la foi nous amène. Le fait que c’est la foi (c’est-à-dire un principe qui nous sort de nous-mêmes pour nous établir sur ce qui est en Dieu et sur sa révélation), pourrait nous amener, comme Paul, à cause de notre profonde perversité, non pas à être hors de la chair, ce qui devrait avoir lieu, mais à nous enfler, à nous servir de notre liberté comme d’une occasion pour la chair. Il est terrible qu’il en soit ainsi ; mais c’est notre condition à nous, pauvres misérables créatures.

Jacques, en réalité Dieu, nous montre, avec une énergie morale particulière, qui agit puissamment sur la conscience, que la puissance réelle de la foi se montre dans notre vie. Sa réalité se distingue à ses fruits, et cette parole nous met à l’épreuve. Nul plus que Jacques ne parle de ces choses, comme étant le fruit de la grâce souveraine selon toute l’excellence qu’elle a dans les écrits de Paul. « De sa propre volonté, il nous a engendrés par la parole de la vérité, pour que nous soyons une sorte de prémices de ses créatures » (Jacques 1:18).

Il rattache aussi cette vie à la loi de la liberté où la nouvelle nature, le nouvel homme et la volonté prescrite marchent ensemble. Si je commande à mon enfant de se rendre où il désire aller, et que je lui en indique le chemin, c’est l’obéissance ; mais c’est la loi de la liberté. Jacques parle de trois lois, ou de la loi sous trois aspects. D’abord, la loi proprement dite, sous laquelle, si l’on est coupable en un point, on l’est en tous. L’autorité du législateur a été méprisée là où la convoitise agissait. On est tout à fait coupable. Secondement, la loi royale de perfection subjective : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. C’est faire ce qui est bien. Troisièmement, la loi parfaite de la liberté dans laquelle je regarde ; c’est-à-dire la révélation du chemin de la nature divine dont je suis rendu participant. La révélation m’en montre la perfection, la nature divine m’y fait trouver mes délices. Je suis actuellement béni en accomplissant cette loi.

Que Jacques parle uniquement des fruits de la foi dans la justification par les œuvres, cela est évident par le fait que les exemples qu’il prend n’étaient pas du tout les fruits de la conscience naturelle. L’un est l’exemple d’un père faisant mourir son fils, l’autre celui d’une prostituée trahissant son pays. Abraham abandonnait tout à Dieu, même les promesses selon la chair, dans une obéissance absolue, comptant sur Lui, même pour recouvrer son fils Isaac, selon la parole de Dieu ; l’autre s’identifiait avec le peuple de l’Éternel avant qu’ils eussent remporté une seule victoire en Canaan sur leurs puissants ennemis. Nul ne pénètre par la Parole plus profondément que Jacques dans les principes et l’activité du cœur humain, ou ne considère la grâce et la foi comme étant tout ; mais il veut que ce soit une chose réelle et pratique, et non une connaissance spéculative. Nous avons besoin de cela, et nous en jouissons si nous sommes vrais de cœur.

 

10                  Un arbre mauvais — Matthieu 7:18

ME 1905 p. 317

Le jeune homme qui vint au Seigneur en demandant : « Quel bien ferai-je ? » et disant : « J’ai gardé toutes ces choses dès ma jeunesse », n’avait pas une mauvaise conscience au sens propre du mot. Il pensait qu’il se conduisait très bien, et il vint pour savoir quelle était la meilleure chose qu’il pût faire ; il ne demandait pas à être sauvé. Le Seigneur agit avec lui comme il fit avec Saul de Tarse. Il applique la loi aux mobiles mêmes de son cœur. Saul pouvait être satisfait de ce qu’il était sans reproche quant à la justice qui est par la loi, mais quand la loi disait : « Tu ne convoiteras pas », tout était fini. Il était découvert et condamné : « Étant autrefois sans loi, je vivais ; mais le commandement étant venu, le péché a repris vie, et moi je mourus ». Pourquoi ? Non pas parce que la loi est mauvaise, mais parce qu’elle est juste et que je ne le suis pas. Le Seigneur ne reproche pas au jeune homme de n’avoir pas observé la loi. Il lui dit d’aller, de vendre tout ce qu’il possédait et de le donner aux pauvres. Cela fait ressortir immédiatement la convoitise, l’amour de l’argent : « Et il s’en alla tout triste, car il avait de grands biens ».

Voyez encore comment le Seigneur se sert de la loi, dans le cas de la femme surprise en adultère (Jean 8). Les scribes et les pharisiens l’amènent devant Lui, espérant méchamment le prendre en faute. S’il disait : Lapidez-la, il ne se montrait pas plus un Sauveur que la loi ; s’il disait : Ne la lapidez pas, il violait la loi. Le Seigneur n’affaiblit pas l’autorité de la loi, mais il leur applique à tous la lumière, en disant : « Que celui de vous qui est sans péché, jette le premier la pierre contre elle ». Ils se trouvent placés en la présence de Dieu, et ils sortent un à un, reconnaissant pratiquement qu’ils avaient tous péché, et qu’ils étaient sous la condamnation de la loi. Ils éprouvent la puissance révélatrice de Dieu — le voile est enlevé, et ils ne peuvent le supporter.

Notre conscience peut être tout à fait à l’aise pendant que nous sommes loin de Dieu et que nous ne sommes pas réveillés ; mais dès que nous venons à considérer ce que nous sommes en présence de Dieu, nous découvrons que notre cas est désespéré. Nous savons tous, plus ou moins, ce qu’est la propre justice, et nous pouvons assez bien nous en accommoder, jusqu’à ce que nous sentions l’œil de Dieu sur nous. Il n’y a pas d’homme non lavé dans le sang de Christ, qui, s’il était appelé à venir répondre de lui-même à Dieu, ne cherchât à fuir aussi vite qu’il pourrait. Il pourrait avoir une excellente réputation et la mériter aussi, mais il n’a pas une conscience parfaite. Nous pouvons marcher longtemps comme des honnêtes gens, sans rien qui choque la conscience ; mais du moment que la présence de Dieu est reconnue, le voile disparaît, on voit Dieu, et sa Parole sonde les pensées et les intentions du cœur : nous comprenons alors les paroles du pauvre Job (et il n’y avait aucun homme comme lui sur toute la terre) : « Il ne lui répondra pas sur un point entre mille ». « Si j’étais parfait, il me montrerait pervers. Si je me lave avec de l’eau de neige, et que je nettoie mes mains dans la pureté, alors tu me plongeras dans un fossé et mes vêtements m’auront en horreur ». C’est-à-dire que, quoiqu’il fût pur aux yeux des hommes, il était au regard de Dieu comme un homme sorti d’un fossé. Il dit ensuite : « Il n’y a pas entre nous un arbitre qui mettrait sa main sur nous deux. Qu’il retire sa verge de dessus moi, et que sa terreur ne me trouble pas ». C’est ce que nous avons trouvé en Christ, Dieu a ôté notre terreur et notre crainte (1 Jean 4:17-18). La loi connue dans sa spiritualité est très utile de cette manière pour convaincre l’âme. Elle exige de nous ce que nous devons être pour Dieu, et la loi de Dieu nous l’indique ; alors elle nous dit, si nous n’y répondons pas, que nous sommes maudits. L’apôtre fait même un pas de plus en Romains 7. Un homme peut être vivifié, né de Dieu, de manière à dire : Je hais ces choses mauvaises que je pratique. La loi dit : Je les hais aussi, et c’est pourquoi je te maudis. C’est parce que la loi est parfaite, « sainte, juste et bonne », qu’elle nous tue ; elle nous tue moralement, parce que nous sommes pécheurs. Elle est utile de cette manière, mais cela finit toujours par la condamnation… Quand la loi se présente à la conscience en disant : « Tu ne convoiteras pas », aucun homme ne peut y faire face ; la convoitise de la chair est découverte, et il est démontré qu’elle ne se soumet pas à la loi de Dieu. « Et ceux qui sont dans la chair ne peuvent plaire à Dieu ». Voilà la somme de la loi. Quelquefois la chair peut se livrer à des excès et à des orgies, d’autres fois elle peut être très respectable ; mais ce qui est vrai de tous les hommes dans leur état naturel comme enfants d’Adam, c’est que l’homme est un arbre mauvais et ne peut porter de bons fruits.

 

11                  Le commandement de l’Éternel à Josué — Josué 1:1-9

ME 1905 p. 437

Il n’y a rien de plus déraisonnable pour le monde que la marche tracée pour nous par la Parole — rien qui nous expose plus à la haine de son prince. Si Dieu n’est pas avec nous dans ce chemin, il n’y a rien de plus insensé ; s’il y est avec nous, rien de plus sage. Si nous n’avons pas la force que donne sa présence, nous n’osons pas nous fier à sa parole ; dans ce cas, nous devons nous garder de sortir pour combattre. Mais ayant le courage que donne la toute-puissance de Dieu par ses promesses, nous pouvons nous attacher à la bonne et précieuse Parole de notre Dieu : ses préceptes les plus sévères ne sont que la sagesse qui nous fait découvrir la chair, et des instructions sur la manière de la mortifier, en sorte qu’elle ne puisse ni nous aveugler, ni nous enchaîner.

Le sentier le plus difficile, celui qui nous conduit à la lutte la plus ardente, n’est autre que le chemin de la victoire et du repos qui nous fait avancer dans la connaissance de Dieu. C’est le chemin dans lequel nous sommes en communion avec Dieu, avec Celui qui est la source de toute joie ; c’est le gage et l’avant-goût d’un bonheur éternel et infini.

L’Éternel exhorte Josué à étudier soigneusement ce livre de la loi : « Car alors tu feras réussir tes voies, et alors tu prospéreras » (Chap. 1:7-8). Nous trouvons donc ici les deux grands principes de la vie et de l’activité spirituelles : premièrement, la présence assurée de la toute-puissance de Dieu, de sorte que rien ne peut tenir devant son serviteur ; secondement, la réception de sa Parole, la soumission à sa Parole, l’étude attentive de sa Parole, la prenant pour un guide absolu et ayant le courage de le faire, à cause des promesses et des exhortations de Dieu.

En un mot, l’Esprit et la Parole sont le tout de la vie spirituelle. Revêtue de cette puissance, la foi va de l’avant, fortifiée par la Parole encourageante de notre Dieu. Dieu a dans le monde un chemin où Satan ne peut nous atteindre. C’est celui où Jésus a marché. Satan est le prince de ce monde ; mais il y a un sentier divin pour le traverser, un sentier unique où la puissance de Dieu se trouve. La Parole nous le révèle. C’est ainsi que le Seigneur a lié l’homme fort. Il agissait par la puissance de l’Esprit et faisait usage de la Parole. On ne peut séparer l’Esprit et la Parole sans tomber soit dans le fanatisme, soit dans le rationalisme — sans se placer hors de la dépendance et de la direction de Dieu. La simple raison deviendrait le maître des uns, et l’imagination, celui des autres.

Quoique le commandement de Dieu (« Ne t’ai-je pas commandé ? » chap. 1:9) nous inspire un courage que nous n’aurions pas sans lui, aucune révélation n’est en elle-même la force pour agir.

Nous avons dans le Nouveau Testament un exemple frappant de ce principe. Paul fût ravi jusqu’au troisième ciel où il entendit des choses qu’il n’est pas permis à l’homme d’exprimer (2 Corinthiens 12). Était-ce cela qui lui donnait la force dans la lutte ? Sans doute, cela donnait intérieurement à ses pensées un essor qui a réagi sur son œuvre entière ; mais ce n’était pas la force pour accomplir l’œuvre. Au contraire, cela tendait à nourrir la fausse confiance de la chair, ou du moins la chair l’aurait fait servir à la glorification de soi-même.

De telles révélations rendaient l’humiliation nécessaire, et tiraient de Dieu, non de nouvelles faveurs (bien que tout fût faveur), mais ce qui humiliait l’apôtre et le rendait faible et méprisable quant à la chair. Étant donc faible, la force lui est fournie d’une autre manière : non par l’usage ou la conscience des révélations, ce qui l’aurait rendu faible, en servant à l’exaltation de la chair, mais par la grâce et la force de Christ, lesquelles s’accomplissaient dans cette infirmité. Là se trouvait sa seule force ; et il se glorifiait dans cette infirmité dans laquelle la puissance de Christ s’accomplissait en lui, l’infirmité donnant à cette puissance l’occasion de se manifester. Cette infirmité, en prouvant que Paul était faible, prouvait aussi que Christ lui-même était dans l’œuvre avec Paul. Nous avons toujours besoin de recevoir de Christ une force immédiate quand nous agissons de sa part — une force qui s’accomplit dans la faiblesse, pour faire son œuvre — une force permanente, car sans Lui nous ne pouvons rien. Rappelons-nous cette vérité.

 

12                  Le grand trône blanc — Apocalypse 20:11-15

ME 1906 p. 17

Voici maintenant le jugement des morts. Il n’est pas question de la venue de Christ ici (Comp. Apocalypse 19:11-21). Un grand trône blanc est dressé ; le jugement s’y exerce selon la pureté de la nature de Dieu. Il ne s’agit pas ici des voies de Dieu envers la terre, ou envers la puissance du mal, mais envers les âmes. Le ciel et la terre, scènes du jugement, disparaissent ; les secrets des cœurs des hommes sont jugés par Celui qui les connaît tous (Romains 2:16). Le ciel et la terre s’enfuient de devant la face de Celui qui est assis sur le trône, et les morts, les grands et les petits, se tiennent devant le trône, (Jean 5:28-29 ; Actes 24:15). Le jugement est selon les œuvres, d’après ce qui est écrit dans les livres de mémoire (Jean 12:48). Cependant un autre élément est mis en évidence. La grâce souveraine seule avait sauvé selon le dessein de Dieu (2 Timothée 1:9, 10 ; Éphésiens 2:8, 9). Il y avait un livre de vie. Quiconque n’y était pas écrit était jeté dans l’étang de feu. Mais c’est la scène de clôture et de séparation finale pour toute la race des hommes et pour ce monde. Et, bien que chaque homme soit jugé selon ses œuvres, toutefois la grâce souveraine seule en a délivré quelques-uns ; et quiconque n’était pas trouvé dans le livre de la grâce était jeté dans l’étang de feu. La mer rendit les morts qui étaient en elle ; la mort et le hadès rendirent les leurs. Le jugement divin met fin pour toujours à la mort et au hadès. Le ciel et la terre s’enfuient, mais ils renaîtront ; la mort et le hadès jamais. Il n’y a pour eux qu’une destruction et un jugement divins. Ils sont considérés comme la puissance de Satan. Il a la puissance de la mort et les portes du hadès ; c’est pourquoi la mort et le hadès sont détruits judiciairement pour toujours. Ils n’auront plus jamais de puissance. Ils sont personnifiés ; mais il n’est pas question naturellement de les tourmenter ou de les punir ; c’est quand le diable lui-même est jeté dans l’étang de feu qu’il est question de tourment au chapitre 20:10. Mais la mort n’était pas détruite alors ; car les méchants qui étaient morts n’avaient pas encore été ressuscités pour le jugement. Maintenant ils le sont ; et le dernier ennemi est détruit. Je ne doute pas que la force de l’image ne soit dans ce que tous les morts maintenant jugés (tout le contenu du hadès, dans lequel s’était trouvée la puissance de la mort) sont jetés dans l’étang de feu, de sorte que la mort et le hadès qui n’avaient d’existence que dans leur état, sont détruits entièrement et judiciairement en y étant jetés. Les saints étaient sortis dès longtemps de la mort et du hadès (1 Corinthiens 15:51-57 ; 1 Thessaloniciens 4:13-18 ; Apocalypse 20:4-6) ; mais ces derniers subsistent pour les méchants. Or ces deux personnifications sont, comme conséquence du jugement du trône blanc, jetés dans l’étang de feu — la mort seconde. La limite et la mesure pour y échapper, c’est le livre de vie.

 

13                  La seconde mort

L’expression « la seconde mort » s’explique par la Parole elle-même. C’est l’étang de feu, et il est dit que le tourment y subsistera (non au chap. 20:14) chapitre 21:8. C’est la seconde mort, non pas ce qui l’occasionne ; les méchants y ont leur part. Si vous me demandez ce que je pense de la seconde mort, je répondrai que c’est la séparation judiciaire de l’homme d’avec Dieu, dans l’étang de feu, comme la mort est la séparation de l’âme et du corps… Nous trouvons que ceux qu’on y voit sont des êtres vivants qui y sont tourmentés (Apocalypse 14:10-11 ; 20:10). Ce n’est donc pas cesser d’exister… Il n’est pas prouvé du tout que quoi que ce soit cesse d’exister, comme châtiment, par l’étang de feu. Une telle signification ne saurait s’appliquer à la mort et à l’enfer : et dans aucun cas le tourment ne signifie cesser d’exister. Le tourment cesse quand la personne tourmentée cesse d’exister ; c’est-à-dire que la seconde mort n’est pas la cessation de l’existence, car elle est l’étang de feu.

 

14                  Une vie d’activité dans l’obscurité

ME 1906 p. 74

Jésus était le plus isolé des hommes et en même temps le plus accessible et le plus affable ; il était le plus isolé, parce qu’il vivait dans une communion absolue avec son Père et ne rencontrait ni écho, ni sympathie pour l’amour parfait qui se trouvait en Lui. Il était le plus accessible, le plus affable des hommes, parce qu’il était cet amour pour les autres. En parlant de l’œuvre ineffable qui a ouvert à cet amour un chemin à travers tout le péché, il dit : « J’ai à être baptisé d’un baptême ; et combien suis-je à l’étroit jusqu’à ce qu’il soit accompli ! » Ce baptême d’amertume et de mort qui mit fin au péché, même dans sa dernière forteresse et son dernier droit de destruction à cause de la justice de Dieu contre nous, donna libre cours à cet amour dans ses desseins infinis de grâce ; car l’amour sait trouver d’une manière infinie ce qu’il faut pour le bonheur de l’objet aimé, et l’amour de Dieu se propose ce qui est au delà de toutes nos pensées. Il est la source des pensées du Dieu infini. Et encore, quand sur la fin de sa course, l’occasion se présente, au moment où l’incrédulité des siens lui fait dire : « Jusques à quand serai-je avec vous et vous supporterai-je ? » (car — et c’est ce qu’il attend de nous dans ce pauvre monde — il n’y avait pas, même dans les siens, de foi ou de capacité pour user des ressources de grâce et de puissance qui étaient en Lui), il ajoute, sans même l’intervalle d’un instant : « Amène ici ton fils » (Luc 9:41). Le sentiment d’être isolé dans son amour, tellement que d’autres ne savaient même pas en profiter, n’arrête pas un seul instant son énergie et son activité. La même phrase qui contient le « jusques à quand », dit aussi : « Amène ici ton fils ».

Quelle était donc la vie de ce Jésus, Homme de douleurs, et sachant ce que c’est que la langueur ? Une vie d’activité dans l’obscurité, faisant pénétrer l’amour de Dieu dans les coins les plus cachés de la société, partout où les besoins étaient les plus grands ; parmi ceux que l’orgueil humain repoussait, afin de maintenir sa propre réputation, mais que l’amour de Dieu cherchait, parce qu’il n’avait pas besoin d’établir ou de conserver une réputation pour Lui-même. Il était toujours le même ; et plus il se compromettait en apparence, plus il se manifestait dans une perfection qui ne s’est jamais démentie. L’amour de Dieu n’avait pas besoin, comme la société humaine, de se protéger contre ce qui le mettait trop à découvert. Il était toujours lui-même. La vie pénible de Jésus se passait à chercher les âmes dans toutes les circonstances. Cette vie pénétrait dans tout ce qui pouvait la mettre à l’épreuve, mais nous y trouvons une réalité divine qui n’a jamais manqué ; alors — en présence de la propre justice et de l’orgueil, et de la tyrannique audace de contradiction des pécheurs, ou en faveur de quelque pauvre âme écrasée, ou enfin, pour justifier les voies de Dieu en leur faveur — nous découvrons dans cette vie de temps en temps une mine divine de pensées touchantes et exquises, une profondeur de vérité qui trahissait sa perfection par sa simplicité, montrant une âme toujours nourrie de la communion la plus intime avec l’amour infini et la sainteté parfaite ; celui qui pouvait dire : « Nous disons ce que nous connaissons, et nous rendons témoignage de ce que nous avons vu » ; celui qui pesait le mal par la perfection de bien qui était en Lui, et trouvait dans les terribles découvertes (si l’on peut parler de découvertes là où tout était à nu) que faisait la sainteté de son âme, des occasions de manifester un amour infini — ou plutôt, c’était l’amour d’un Être saint qui faisait ces découvertes, un amour se revêtant d’une grâce qui, par son humiliation même, se mettait à la portée de tous les besoins du cœur, et se montrant, en même temps, en présence de l’orgueil de l’homme, à la hauteur de la dignité et de la majesté de Dieu.

 

15                  L’Assemblée qui est son corps — Éphésiens 1:22-23

ME 1906 p. 117

Voici la vue scripturaire de l’Église ou Assemblée de Dieu. Elle est formée par la descente du Saint Esprit. Le Saint Esprit est donné de la part de Dieu aux croyants comme sceau de leur foi, en raison de ce qu’ils sont purifiés par le sang de Christ. Ils sont scellés pour le jour de la rédemption. L’effet de ce sceau dans l’individu n’est pas notre sujet actuel, bien que ce sujet soit rempli de bénédictions et tout aussi important que d’autres dont nous parlerons. Mais le résultat de ce sceau quant à l’Assemblée, tel que l’établit l’Écriture, c’est qu’elle est le corps de Christ, chaque individu ainsi scellé étant uni à Christ, la Tête, et, individuellement, membre de son corps. Tous ceux qui sont scellés ainsi forment son corps, Ce corps est constitué sur la terre, quoiqu’il doive être consommé comme un tout dans la gloire ; car l’Esprit Saint est descendu ici-bas en vertu de ce que la Tête est un Homme exalté à la droite de Dieu. On voit cela dans l’épître aux Éphésiens, 1:19-23, comme objet des conseils de Dieu ; et en 1 Corinthiens 12, comme existant de fait ici-bas…

Le chapitre 5 de l’épître aux Éphésiens montre clairement ce qu’est ce corps : l’Épouse de Christ, l’Assemblée, ce que Christ a aimé, ce qu’il se présentera à lui-même, comme Dieu a présenté Eve à Adam. Sans aucun doute, cette Assemblée est établie sur la terre, parce que l’Esprit Saint est descendu sur la terre et que le baptême du Saint Esprit a eu lieu alors ; mais c’est une réalité — si un membre souffre, tous les membres souffrent avec lui ; si un membre se réjouit, tous se réjouissent avec lui. Nous sommes membres les uns des autres ; fait dont la cène du Seigneur est le symbole et le lien extérieur (1 Corinthiens 10:17). Le baptême d’eau n’est pas ce qui nous fait membres de l’Assemblée.

L’Assemblée n’est pas encore complète selon le dessein de Dieu. Le Seigneur dit : « Sur ce roc je bâtirai mon assemblée, et les portes du hadès ne prévaudront point contre elle » (Matthieu 16:18). Cela n’est pas encore pleinement accompli. Du moins nous croyons que des âmes seront encore converties. Dieu ne tarde pas pour ce qui concerne sa promesse, mais il est patient. Ainsi Pierre dit : « Duquel vous approchant comme d’une pierre vivante… vous-mêmes aussi, comme des pierres vivantes, êtes édifiés une maison spirituelle » (1 Pierre 2:4, 5). De même, en Éphésiens 2:21 : « En qui tout l’édifice, bien ajusté ensemble, croît pour être un temple saint dans le Seigneur ». Dans le premier cas (Matthieu 16:18), le Seigneur lui-même édifie ; dans les deux autres, il n’est parlé d’aucune instrumentalité : les pierres vivantes viennent, l’édifice croît pour être un temple saint. C’est l’œuvre du Seigneur, elle ne peut manquer, les pierres sont des pierres vivantes, édifiées sur Christ, la Pierre vivante. L’édifice peut être visible, comme il l’était au commencement ; ou invisible, comme il l’est devenu par le péché de l’homme. Mais le Seigneur construit le temple, et cela ne peut faillir, et Son œuvre ne peut être annulée…

Le corps de Christ, quoique établi manifestement et visiblement sur la terre, ne peut avoir de faux membres, parce qu’il est tel, par une union réelle — par le moyen du Saint Esprit — avec Christ, sa Tête glorifiée. Le baptême du Saint Esprit l’a formé, et non le baptême d’eau. C’est l’Assemblée que Christ a aimée, pour laquelle il s’est livré lui-même, afin de la sanctifier et de la purifier par la Parole, et qu’il se présentera à lui-même glorieuse, sans tache, ni ride, ni rien de semblable. Il la nourrit et la chérit comme un homme son propre corps, car nous sommes membres de son corps. Mais comme cela a lieu par le Saint Esprit descendu du ciel, l’Assemblée revêt un autre caractère. Elle est une habitation de Dieu par l’Esprit — sa maison ; identique à son origine, avec le corps, comme étendue — le Seigneur ajoutant chaque jour ceux qui devaient être sauvés. Ce sera aussi un caractère éternel de l’Assemblée de Dieu. À Lui soit gloire dans l’Assemblée pour tous les âges du siècle des siècles ! tel est le désir de l’apôtre ; et dans les nouveaux cieux et la nouvelle terre l’habitation de Dieu, la Jérusalem céleste, sera avec les hommes. Voilà ce que Christ édifie ; l’édifice est formé de pierres vivantes et croît pour être un temple saint ; l’ouvrier, c’est le Seigneur lui-même dans sa grâce. Satan ne peut prévaloir contre cette Assemblée.

 

16                  La valeur de la mort de Christ

ME 1906 p. 238

Ai-je besoin de rédemption ? Nous avons la rédemption par son sang, une rédemption éternelle, car, « avec son propre sang, il est entré une fois pour toutes dans les lieux saints, ayant obtenu une rédemption éternelle » (Hébreux 9:12).

Ai-je besoin de pardon ? Cette rédemption que j’ai par son sang, est le pardon des péchés — car, sans effusion de sang, il n’y a pas de rémission (Hébreux 9:22).

Ai-je besoin de paix ? Il a fait la paix par le sang de sa croix (Colossiens 1:20).

Ai-je besoin d’être réconcilié avec Dieu ? Quoique nous fussions pécheurs, il nous a toutefois maintenant réconciliés dans le corps de sa chair, par la mort, pour nous présenter saints et irrépréhensibles devant Dieu. Quand nous étions ennemis, nous avons été réconciliés avec Dieu par la mort de son Fils (Colossiens 1:21-22 ; Romains 5:10).

Ai-je le désir d’être mort au péché et que ma chair soit crucifiée avec ses affections et ses convoitises ? « Je suis crucifié avec Christ » (Galates 2:20 ; Romains 6:6, 10). C’est aussi ce qui me délivre de la condamnation et du fardeau de la loi qui a pouvoir sur un homme aussi longtemps qu’il vit.

Est-ce que je sens le besoin d’une propitiation ? Christ a été présenté pour propitiatoire, par la foi en son sang. D’une justification ? Je suis justifié par son sang (Romains 3:25 ; 5:9).

Voudrais-je avoir une part avec Christ ? Alors, il faut qu’il meure ; car, à moins que le grain de blé, tombant en terre ne meure, il demeure seul ; mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruit (Jean 12:24).

Vous faut-il une pleine liberté pour entrer dans les lieux saints ? La réponse est dans le sang de Jésus, le chemin nouveau et vivant qu’il nous a consacré à travers le voile, c’est-à-dire sa chair (Hébreux 10:19, 20).

Dans quelle puissance le grand Pasteur des brebis a-t-il été ramené d’entre les morts ? Dans celle du sang de l’alliance éternelle (Hébreux 13:20).

Comment ceux qui étaient sous la malédiction de la loi en ont-ils été rachetés ? Par Christ, qui est devenu malédiction pour eux ; comme il est écrit : Maudit est quiconque est pendu au bois (Galates 3:13 ; Romains 10:4).

Comment sommes-nous lavés de nos péchés ? Il nous a aimés et nous a lavés de nos péchés dans son sang, car son sang nous purifie de tout péché (Apocalypse 1:5 ; 1 Jean 1:7).

Si je désire être délivré du monde, c’est par la croix, par laquelle le monde m’est crucifié et moi au monde (Galates 1:4 ; 6:14).

Si l’amour de Christ m’étreint envers les hommes, sachant combien le Seigneur doit être craint, comment cela a-t-il lieu ? Parce que je juge ceci, que si un est mort pour tous, c’est que tous étaient morts (2 Corinthiens 5:10-17).

Si je veux vivre dans la puissance divine, c’est en portant toujours partout dans le corps la mort du Seigneur Jésus, afin que la vie aussi de Jésus soit manifestée dans mon corps mortel (2 Corinthiens 4:10, 11).

Quand le Seigneur veut instituer un souvenir particulier qui le rappelle à la mémoire, c’est celui de son corps et de son sang versé. C’est un agneau comme immolé qui se trouve sur le trône (Luc 22:19, 20 ; Apocalypse 5:6-14).

Tout était amour, sans doute ; mais ai-je besoin de l’apprendre ? Par ceci nous le savons, c’est qu’il a laissé sa vie pour nous, et nous connaissons même l’amour de Dieu en ce qu’il envoya son Fils pour être la propitiation pour nos péchés. C’est par l’aspersion de ce précieux sang de Christ que nous sommes sanctifiés, ainsi que pour l’obéissance (1 Jean 3:16 ; 4:9, 10 ; 1 Pierre 1:2).

Est-ce que je désire que ma conscience soit purifiée ? C’est par le sang du Christ, qui, par l’Esprit éternel, s’est offert lui-même à Dieu sans tache (Hébreux 9:14).

Est-ce que je cherche la destruction de la puissance de Satan ? C’est par la mort qu’il a rendu impuissant celui qui avait le pouvoir de la mort (Hébreux 2:14).

Qu’est-ce que je trouve comme objet central de la venue de Christ, comme fondement de sa gloire comme homme ? Nous voyons Celui qui a été fait un peu moindre que les anges à cause de la passion de la mort, couronné de gloire et d’honneur, en sorte que par la grâce de Dieu il goûtât la mort pour tout.

Et même la purification et la réconciliation de toutes choses dans les cieux et sur la terre dépendent de sa mort (Hébreux 2:9 ; 9:23 ; Colossiens 1:20).

 

17                  La Croix, ou Le péché qui abonde et la grâce qui surabonde — Luc 23:32-43

ME 1906 p. 277

Les principaux chefs des Juifs, aussi complètement aveuglés que le peuple, raillaient Jésus disant qu’il était incapable de se délivrer lui-même de la croix. Ils ne savaient pas que cela était impossible, s’il était un Sauveur, que tout leur était ôté et que Dieu établissait un autre ordre de choses fondé sur l’expiation, dans la puissance d’une vie éternelle par la résurrection. Terrible aveuglement dont les pauvres soldats n’étaient que les imitateurs, selon la méchanceté de la nature humaine ! Mais le jugement d’Israël se trouvait dans leur bouche, et (de la part de Dieu) sur la croix. C’était le Roi des Juifs qui était pendu là, et dans quel abaissement, puisqu’un brigand pendu à son côté pouvait l’injurier, — mais il était à la place où l’amour l’avait amené pour le salut éternel et actuel des âmes. Cela se manifestait au moment même. Aux insultes qui Lui reprochaient de ne pas se délivrer lui-même de la croix, il répondait par le sort du brigand converti qui le rejoignit le même jour dans le paradis.

Le Roi des Juifs, de leur propre aveu, n’était pas délivré — il était crucifié. Quelle fin pour les espérances de ce peuple ! Mais en même temps un grossier pécheur, converti par grâce sur le gibet même, va droit au paradis. Une âme est sauvée pour l’éternité. Ce n’est pas le royaume, mais une âme — hors du corps — dans le bonheur avec Christ. Remarquez ici comment la présentation de Christ fait ressortir la méchanceté du cœur de l’homme. Aucun brigand ne se moquerait d’un autre brigand sur le gibet ou ne lui adresserait de reproches ; la chose a lieu du moment que Christ est là !

Mais je voudrais dire quelques mots sur la condition du brigand converti et sur la réponse de Christ. Nous voyons ici toutes les marques de la conversion et de la plus remarquable foi. La crainte de Dieu, commencement de la sagesse, est là ; la conscience est droite et forte. Le brigand dit à son compagnon : « Et pour nous, nous y sommes justement » ; c’est la connaissance de la perfection de Christ comme homme ; il le reconnaît comme le Seigneur, alors que ses propres disciples l’avaient abandonné et renié, et qu’il n’y avait aucun signe de sa gloire ou de la dignité de sa personne. L’homme ne le considérait que comme l’un de ses semblables. Son royaume n’était pour tous qu’un objet de mépris. Mais le pauvre brigand est enseigné de Dieu, et pour lui tout est clair. Il est aussi sûr que Christ aura le royaume que s’il régnait dans la gloire à ce moment-là. Tout son désir est que Christ se souvienne de lui alors. Et quelle confiance en Christ il montre par la connaissance qu’il avait de Lui, malgré sa culpabilité reconnue ! Cela montre comment Christ remplissait son cœur, comment sa confiance dans la grâce éclatante de Christ excluait la honte humaine, car qui aimerait qu’on se souvînt de lui dans l’opprobre d’un gibet ! L’enseignement divin apparaît ici d’une manière particulière. Ne savons-nous pas, par l’enseignement divin, que Christ était sans péché, et que, pour être assuré de son royaume, il fallait une foi qui fût au-dessus de toutes les circonstances ? Ce malfaiteur est la seule consolation de Jésus sur la croix, et le fait penser (en répondant à sa foi) au paradis qui l’attendait, quand il aurait achevé l’œuvre que son Père lui avait donnée à faire. Remarquez l’état de sanctification où se trouvait ce pauvre homme par la foi. Dans toute l’agonie de la croix, tout en croyant que Jésus était le Seigneur, il ne cherche aucun soulagement de sa part, mais il lui demande de se souvenir de lui dans son royaume. Il n’a qu’une pensée — avoir sa part avec Jésus. Il croit que le Seigneur reviendra ; il croit au royaume, tandis que le Roi est rejeté et crucifié, et que, pour l’homme, il n’y avait plus d’espérance. Mais la réponse de Jésus va plus loin, et ajoute ce qui introduit, non le royaume, mais la vie éternelle, le bonheur de l’âme. Le brigand avait demandé à Jésus de se souvenir de lui quand il viendrait dans son royaume. Le Seigneur répond qu’il n’attendrait pas le jour de la gloire manifestée qui serait visible pour le monde, mais « qu’aujourd’hui même, il serait avec Lui dans le paradis ». Précieux témoignage et grâce parfaite ! Jésus crucifié était plus que Roi — il était Sauveur. Le pauvre malfaiteur en était un témoignage, en même temps qu’il était la joie et la consolation du cœur du Seigneur — les prémices de l’amour qui les avait mis côte à côte ; et là, si le pauvre brigand portait le fruit de ses péchés de la part de l’homme, le Seigneur de gloire à son côté en portait le fruit de la part de Dieu, placé sous la même condamnation, comme s’il eût été lui-même un malfaiteur. Par le moyen d’une œuvre inconnue à l’homme et connue seulement à la foi, les péchés du compagnon de Christ étaient pour toujours ôtés, ils n’existaient plus, leur souvenir n’était que celui de la grâce qui les avait enlevés, et qui en avait purifié son âme à jamais, le rendant à ce moment-là aussi capable d’entrer dans le paradis que Christ lui-même, et d’y être son compagnon.

 

18                  « En mémoire de Moi » — 1 Corinthiens 11:23-26

ME 1906 p. 315

La cène du Seigneur est le mémorial précieux et béni de lui-même qui daigne s’inquiéter que nous nous souvenions de Lui. Si jamais il y eut une chose propre à toucher le cœur d’un chrétien, c’est celle-là ; et je ne doute pas qu’il en soit de ce moyen de grâce comme de tous les autres et que celui-ci particulièrement soit accompagné d’une bénédiction positive et directe pour le croyant. Quant à moi, je ne connais rien, de ce que je puis appeler les institutions du christianisme, qui apporte à mon âme plus de joie et d’influence fructueuse. Aucun chrétien ne dédaignera la prédication, l’enseignement, l’exhortation, la lecture de la Parole ou la louange et la prière en commun, s’il connaît ses besoins ou ses privilèges, ni même d’autres choses qui sont moins proprement des institutions ; mais dans aucune les affections formées par l’Esprit de Dieu, ne sont aussi pleinement et solennellement éveillées que dans la cène du Seigneur. En y participant, il faut y apporter, de toutes manières, solennité, sérieux et jugement de soi-même. Mais la superstition a toujours soin de cultiver le mystère et la crainte dans ce qui nous approche le plus de Dieu ; dans le christianisme, c’est tout le contraire. Nous avons une pleine liberté pour entrer dans les lieux saints par le sang de Jésus. Nous n’avons pas reçu un esprit de servitude pour être derechef dans la crainte, mais l’Esprit d’adoption par lequel nous crions : Abba, Père ! La crainte porte avec elle du tourment, et celui qui craint n’est pas consommé dans l’amour. L’amour parfait de Dieu — car c’est de l’amour de Dieu qu’il est question — chasse la crainte (1 Jean 4).

Aucun vrai chrétien ne doute de la divinité de notre bien-aimé Seigneur et Sauveur, mais quelque solennelle que fût l’institution de la cène du Seigneur, chaque mot qu’il prononça et chacun de ses actes était l’expression de la même personne divine, de sorte que le désir, de trouver quoi que ce soit de particulièrement mystérieux à cet égard, dans la cène du Seigneur, est absolument sans fondement ; et, en effet, quand il dit : « en mémoire de Moi », c’est bien plus de Lui considéré comme homme, s’entretenant avec eux sur la terre, qu’il s’agit, que de sa nature divine. Ces mots : « Faites ceci en mémoire de Moi », conviennent à Sa présence et à son amour ici-bas ; et si nous ajoutons sa mort, il est certain que, bien que la valeur entière de sa divinité soit attachée à sa mort, et ce n’est que comme une Personne divine qu’il a pu le faire, cependant il est mort comme homme et non quant à sa nature divine. « Il a été fait un peu moindre que les anges à cause de la passion de la mort ». Et tout en tenant ferme pour la pleine divinité du Seigneur comme le fondement même du christianisme, nous ne devons pas oublier qu’il y a un seul médiateur entre Dieu et les hommes, l’homme Christ Jésus. Sa personne n’était pas plus mystérieuse dans la cène du Seigneur qu’en tout autre temps, quoique l’occasion fût plus solennelle. S’il est des circonstances particulièrement mystérieuses, c’est quand il était un petit enfant couché dans la crèche. Mais en réalité c’était toujours la même chose.

De plus, la mort était la mort, et elle ne pouvait être atteinte que comme les gages du péché. Maintenant la mort est vie et gain ; car Christ a dans toute la profondeur de la mort payé ces gages, et nous nous en nourrissons comme vie. Or le mémorial de ce qui nous a acquis ces choses est doux à nos âmes, comme l’est son amour qui les a accomplies. Le don du Seigneur, célébré dans la cène, c’est le don de lui-même — sa vie donnée sur la croix pour nous dans un amour infini. Nous le connaissons comme vivant maintenant dans la gloire, nous nous nourrissons de Lui, comme mort autrefois pour nous. Il est maintenant en nous comme notre vie. Nous nous souvenons de Lui comme d’un sacrifice offert une fois pour toutes, dont nul ne peut sonder la valeur, ni les souffrances et l’amour qui s’y trouvent. Son amour est divin et humain et constaté maintenant ; mais il désire, quoiqu’il soit actuellement dans la gloire, que nous nous souvenions de Lui, tel qu’il était alors, en ce temps de son amour où il s’est donné lui-même pour nous… Nous aimons la pensée qu’il tient à ce que nous nous souvenions de Lui dans le fond de notre âme — il le désirait quand il souffrait. Nous nous en nourrissons. « Par ceci nous connaissons l’amour, c’est que Lui a laissé sa vie pour nous » (1 Jean 3:16). Cela est infiniment précieux dans tous les temps, mais la cène du Seigneur est une occasion spéciale instituée par lui-même pour le rappeler et en être le mémorial, au moment de donner sa vie, la nuit même qu’il fut livré. Qu’il se rencontre là avec son peuple réuni, je n’en doute point.

 

19                  « Nous avons toujours confiance » — 2 Corinthiens 5:1-8 ; 1 Jean 3:2

ME 1906 p. 337

 « Bien-aimés, nous sommes maintenant enfants de Dieu, et ce que nous serons n’a pas encore été manifesté ; nous savons que quand il sera manifesté, nous lui serons semblables, car nous le verrons comme il est » (1 Jean 3:2).

C’est la pensée et le conseil de Dieu de nous avoir avec Christ, semblables à Christ, son propre Fils dans la gloire, et de nous faire connaître dans le temps présent que nous possédons cette place. Nous l’avons maintenant, quoique nous ne soyons pas encore dans la gloire — nous sommes associés avec le second Homme dans la gloire — nous devons Lui être semblables. « La gloire que tu m’as donnée, moi, je la leur ai donnée, etc » (Jean 17:22).

Il n’y a pas d’incertitude à cet égard, c’est une chose sûre ; quoique des chrétiens aient été assez téméraires pour dire que c’est être humble que de n’avoir pas trop d’assurance quant au salut — triste preuve de la manière dont Satan peut, dans le temps actuel, se servir même d’un chrétien pour faire aboutir son mensonge contre Dieu. La foi est toujours sûre. Elle a scellé, par grâce, que Dieu est vrai, et « nous avons les arrhes de l’Esprit », dit Paul, « nous avons donc toujours confiance » (2 Corinthiens 5).

Être incertain ou douter n’est pas de l’humilité, mais le contraire. La vraie humilité consiste à reconnaître la grâce comme entièrement de Dieu, à considérer notre position en Christ avec la pleine conviction que nous ne sommes rien en nous-mêmes, mais que maintenant nous sommes en Lui, ce qui est du moi n’étant que mal et éloignement de Dieu. Si vous doutez, c’est que vous avez vos propres pensées, alors que Dieu a parlé. Quand Dieu revêt un pécheur indigne de la plus belle robe, la plus grande humilité c’est de la porter, sachant que Dieu nous l’a donnée et que tout le reste n’est qu’indignité et haillons. Commencez à vous demander si vous êtes digne de la porter, ou à dire : je n’en suis pas digne ; cela montre que vous croyez possible d’en être digne. Le Père nous a rendus capables de participer au lot des saints dans la lumière (Colossiens 1:12-14). La vraie humilité, c’est d’accepter le don de Dieu en grâce. Ce serait de la folie ou quelque chose de pire de notre part de penser à être semblables au Fils de Dieu, mais quand Dieu le dit, nous devons l’accepter, renoncer à nos propres pensées comme étant mauvaises, et recevoir les siennes comme bonnes. Il ne nous appartient pas de penser quand Dieu a parlé, notre affaire est de croire. S’il dit que nous serons semblables à Lui, nous savons que nous le serons, car Dieu l’a dit. Voilà la seule vraie humilité — renoncer à la pensée de ce que nous sommes pour Dieu, comme absolument mauvaise, et accepter la pensée de ce que Dieu est pour nous comme parfaitement bonne. Le fils prodigue pouvait s’imaginer qu’il était humble, et il pourrait sembler à quelques-uns qu’il l’était réellement quand il disait qu’il demanderait à son père de le « traiter comme l’un de ses mercenaires ». Mais cela se passait avant qu’il rencontrât le père ; c’était le raisonnement de son propre cœur, mais un raisonnement fondé sur ce qu’il mettait dans la balance, le sentiment du péché avec un peu de sentiment de la bonté de Dieu (de son Père) ; car il ne savait pas encore recevoir tout de l’amour. Cela montrait qu’il ne connaissait pas le cœur du Père. Aussi, lorsqu’il fut réellement en sa présence, il n’y eut point de place pour une telle pensée, et il ne l’exprima pas. Ce n’était pas la dignité du fils prodigue qui était en question — car il méritait l’enfer — mais la grâce trouve le Père au cou de son fils avec le baiser de la réconciliation. Le fils prodigue questionne-t-il le Père sur son acte ? Lui dit-il : « Traite-moi comme un mercenaire ? » Non, il ne le pouvait pas ; il a reçu simplement la bonté du Père et s’est perdu de vue lui-même en présence de ce merveilleux amour, et, dès lors, comme on l’a remarqué, on n’entend plus parler que du Père et non du fils prodigue. Ainsi l’humilité recevra toujours tout de Dieu. Il ne s’agit pas de penser ou de raisonner quant à la possibilité de ce que Dieu a dit. Quel droit avons-nous de penser ou de raisonner quand sa Parole affirme que nous serons semblables à son Fils ? Nous avons à recevoir comme un don de Dieu ce qu’il possède pour nous, ce qu’il a accompli pour nous et ce qu’il a fait de nous en Christ (1 Corinthiens 1:30, 31). Ce qui nous convient, c’est l’enfer, ni plus ni moins ; mais il a plu à Dieu de nous donner une place avec Christ, non pour notre gloire, mais pour celle de notre Sauveur bien-aimé (2 Thessaloniciens 2:13, 14).