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La fraction du pain
Sens de ce qui est fait lors de la Cène
J.N. Darby
ME 1901 p. 64 à 68
Je regarde toute prétention à la sacrificature par quelqu’un — sauf celle qui peut être attribuée et qui dans l’Écriture est attribuée à tous les saints — comme le principe de l’apostasie dans sa forme actuelle de développement et comme la négation du christianisme. Le judaïsme avait des sacrificateurs, parce que le peuple ne pouvait aller directement à Dieu, là où il se révélait Lui-même (*). Dans le christianisme il n’y a personne entre le peuple de Dieu dans son culte, et Dieu lui-même, parce que les chrétiens sont amenés à Dieu et ont la liberté d’entrer dans les lieux saints par le sang de Jésus. Établir un sacrificateur afin d’aller pour eux à Dieu, comme étant quelqu’un de plus rapproché de Lui, c’est nier ce que le christianisme a effectué. D’ailleurs, la sacrificature a essentiellement à faire avec l’intercession, ou avec des sacrifices et des offrandes ; or dans la cène du Seigneur il n’y a point de sacrifice, et non plus d’intercession. Toute idée d’une sacrificature sur la terre doit donc être rejetée, comme entièrement contraire au christianisme et à l’acte de rompre le pain. (**)
(*) C’est-à-dire dans le lieu très saint (note du traducteur).
(**) note Bibliquest : le lecteur aura compris que ce paragraphe vise celui qui « bénit » et rompt le pain
Mais d’un autre côté, c’est une erreur de penser que nous participons à la cène en rompant le pain, ou que nous le rompons. La force tout entière de la chose consiste (quant à ce point) dans le fait que nous participons à un pain déjà rompu. C’est son corps rompu pour nous que nous prenons et mangeons. Nous ne sommes pas ceux qui rompent son corps, à proprement parler. De sorte que je crois que la vraie participation à la cène du Seigneur est après que le pain est rompu. La fraction du pain maintenant est, naturellement, une chose nécessaire à une telle participation, mais n’est pas du tout une partie de la communion.
L’expression « bénir » signifie simplement rendre grâces, et nullement consacrer le pain. Voyez 1 Corinthiens 11:24, et comparez Matthieu 26:26, 27 ; Marc 14:22, et Luc 22:19. Aussi en Luc 9:16 ; Jean 6:11, 23 ; Marc 8:6, 7, où nous trouvons les deux expressions. En Matthieu 14:19, il bénit, et au chapitre 15:36, il rend grâces. En 1 Corinthiens 14:16, nous avons la preuve incontestable de ce que les passages cités mettent hors de doute pour tout esprit raisonnable. « Autrement, si tu as béni avec l’esprit, comment celui qui occupe la place d’un homme simple dira-t-il l’amen à ton action de grâces, puisqu’il ne sait ce que tu dis ? » Bénir, c’est bénir Dieu, c’est une action de grâces. C’est ainsi que l’apôtre dit (1 Corinthiens 11:24) : « Le Seigneur Jésus, la nuit qu’il fut livré, prit du pain, et après avoir rendu grâces, etc., » et au chapitre 10 : « La coupe de bénédiction que nous bénissons ». Matthieu et Marc, parlant du pain, disent : « Il bénit, » et parlant de la coupe : « Il rendit grâces ». En Luc, nous n’avons que cette dernière expression. Ainsi, la bénédiction qui précède la fraction du pain, est une action de grâces. À cette action de grâces, naturellement, tous se joignent, bien qu’un seul l’exprime. Chaque saint est en soi compétent pour cela, bien que, dans une grande congrégation, l’ordre selon Dieu puisse le laisser à ceux qui ont à juste raison mérité le respect de l’assemblée ; toutefois, comme la pensée de la sacrificature se glisse aisément dans l’esprit, je croirais désirable que ce ne fût pas toujours un seul.
La fraction du pain n’est pas en elle-même un acte religieux ; elle représente la mise à mort de Christ, et, comme acte extérieur, il fut accompli par des hommes méchants. Mais le Seigneur rompit le pain au dernier souper, pour montrer à ses disciples que c’est d’un Christ mort qu’ils ont à se nourrir ; et c’est pourquoi celui qui rend grâces, rompt le pain. La communion vient après, et on a la communion d’un corps rompu. La fraction du pain représente la mise à mort de Christ, et quoique absolument nécessaire comme figure, parce que sa mort était absolument nécessaire et qu’elle est le point même mis en évidence, cependant l’acte de rompre le pain n’est pas une partie religieuse de la chose que l’on a le privilège de faire. Et quant à l’acte de verser le vin, on le fait sans doute souvent, mais il n’est pas du tout une partie de la cène. Dans l’institution, le vin est supposé être déjà dans la coupe, dirigeant aussi l’esprit sur ce grand fait que la communion se rapporte à un Sauveur déjà mort. Le sang est hors du corps : « Mon sang qui est versé pour vous, » dit le Seigneur. L’acte de verser le vin dans la coupe ne représenterait pas la mort, parce que le corps n’est pas ainsi représenté, et c’est pourquoi il n’est pas fait allusion à l’acte de verser le vin. On bénit ou l’on rend grâces pour le sang déjà versé, déjà répandu ; c’est « la coupe que nous bénissons ». Il y a la fraction du pain comme signe que son corps a été rompu ; mais elle précède et prépare la communion.
… Ce n’est pas le sang dans le corps, mais le sang versé qui est la puissance de la rédemption : sans effusion de sang, il n’y en a point. Cela confirme ce qui a été dit plus haut, que c’est d’un corps déjà rompu, d’un sang déjà versé, que nous sommes participants. Ainsi, quoique le pain doive être rompu, comme il le fut par Christ, par celui qui rend grâces, ce n’est que préparatoire et, à strictement parler, ne fait pas partie de la communion, et comme représentant la mise à mort de Christ, ce n’est point une partie du saint service lui-même, bien que nécessaire pour montrer que c’est à un Christ mort que nous avons part. Ce n’est pas à un Christ vivant, existant maintenant, mais à un Christ mort, et il n’y en a pas de tel actuellement. Comme dans la Pâque, c’était un agneau immolé, ainsi le pain représente un Christ mort et la coupe le sang versé, mais il n’y a plus de Christ mort maintenant ; il est vivant de nouveau et pour jamais. Comme ressuscités avec Lui, nous rappelons ses douleurs et ses souffrances qui nous ont donné cette place. Sa mort expiatoire est accomplie et passée, le péché est ôté pour nous, et nous sommes vivants avec Lui pour toujours…