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ÉTUDES SUR LA PAROLE DE DIEU

 

 

PREMIÈRE ÉPITRE aux THESSALONICIENS

 

 

par J.-N. Darby

 

Table des matières :

1     CHAPITRE 1

2     CHAPITRE 2

3     CHAPITRE 3

4     CHAPITRE 4

5     CHAPITRE 5

 

 

Nous trouvons dans les épîtres aux Thessaloniciens, et en particulier dans la première (car dans la seconde déjà, Paul devait protéger cette fraîcheur contre les attaques perfides de l’Ennemi), la condition et l’attente du chrétien comme tel dans ce monde, dans toute sa fraîcheur. Si l’on excepte l’épître aux Galates, dont la date est incertaine, les deux épitres aux Thessaloniciens sont les premières que Paul ait écrites. Déjà occupé à l’oeuvre depuis longtemps, ce n’est cependant que lorsque cette oeuvre est déjà fort avancée qu’il en prend soin par le moyen de ses écrits — écrits, nous l’avons vu, divers de caractère, selon l’état des assemblées et selon la sagesse divine, qui, par ce moyen, déposait dans les Écritures ce qui devait être nécessaire pour tous les siècles.

Nouvellement convertis, les chrétiens de Thessalonique souffraient beaucoup de la persécution du monde — persécution que les Juifs de Thessalonique avaient suscitée déjà de bonne heure contre Paul lui-même. L’apôtre, heureux de cette belle oeuvre, et se réjouissant de l’état de ses chers enfants dans la foi, auxquels témoignage était rendu partout, même de la part du monde, l’apôtre, dis-je, ouvre son coeur ; et le Saint Esprit constate par sa bouche quelle était, sur cette terre, cette condition chrétienne qui faisait le sujet de sa joie, quelle était l’espérance qui jetait sa clarté sur l’existence du fidèle, brillait autour de lui dans sa vie entière et éclairait son chemin à travers le désert. En un mot, le caractère chrétien se déploie devant nos yeux, dans cette épître, avec tous ses motifs et toutes ses joies, et cela en rapport avec le témoignage de Dieu et l’espérance qui nous fortifie, en rendant ce témoignage.

Il est connu que la doctrine de la venue de Christ, doctrine qui accompagne universellement l’oeuvre de l’Esprit qui attache le coeur à la personne du Sauveur dans les premiers élans d’une nouvelle vie, nous est particulièrement présentée dans les épîtres aux Thessaloniciens ; et ce n’est pas seulement comme une doctrine formellement enseignée qu’elle nous est présentée dans ces épîtres : le fait du retour de Jésus se rattache à toutes les relations spirituelles de nos âmes, se déploie dans toutes les circonstances de la vie chrétienne. On est converti pour attendre le Fils de Dieu ; la joie des saints dans le fruit de leurs travaux se trouve accomplie dans la présence du Sauveur ; c’est à la venue de Christ que la sainteté a toute sa valeur, sa vraie mesure étant vue dans ce qui est alors manifesté ; la venue de Jésus est la source de consolation pour un chrétien s’il vient à mourir ; c’est le jugement inattendu du monde ; c’est pour la venue de Christ encore que Dieu garde tous les siens en sainteté et sans reproche. Nous verrons tous ces points présentés avec détail dans les divers chapitres de la première épître ; nous ne faisons que les signaler ici. En général, on trouvera que les relations personnelles et l’attente du Seigneur y ont une fraîcheur remarquable et vivifiante sous tous les rapports. Le Seigneur est présent au coeur — il est l’objet du coeur, et les affections chrétiennes jaillissent dans l’âme et produisent avec abondance les fruits de l’Esprit.

1                    CHAPITRE 1

Il n’y a que ces deux épîtres qui parlent d’une assemblée comme étant «en Dieu le Père», c’est-à-dire établie en relation avec Dieu dans ce caractère, ayant son existence morale, sa raison d’être, dans cette relation. La vie de l’assemblée se développait dans la communion qui découlait de cette relation ; l’esprit d’adoption caractérisait l’assemblée ; les Thessaloniciens connaissaient le Père avec l’affection de petits enfants. De même Jean dit, quand il parle des petits enfants en Christ : «Je vous écris... parce que vous connaissez le Père». Connaître Dieu de cette manière, c’est la première introduction dans la position de liberté où Christ nous a placés, de liberté devant Dieu et dans sa communion. Précieuse position que d’être comme enfants avec Celui qui sait aimer comme Père et de jouir de la liberté et de l’affection tendre de cette relation, selon la perfection divine ! Nous n’avons pas ici l’adaptation de l’expérience humaine de Christ aux mêmes besoins, au milieu desquels il a Lui-même fait cette expérience : toute précieuse que soit cette grâce, nous avons ici notre introduction dans la jouissance sans mélange de la lumière et des affections divines, déployées dans le caractère de Père ; une communion tendre et confiante, mais pure, avec Celui dont l’amour est la source de toute bénédiction. Je ne doute pas que, les Thessaloniciens étant tout récemment sortis du paganisme, l’apôtre ne parle de leur connaissance du seul vrai Dieu, le Père, en contraste avec leurs idoles.

L’apôtre, en déclarant aux chrétiens de Thessalonique (ainsi qu’il le faisait habituellement) ce qu’il sentait à leur égard, sous quel aspect ils se présentaient à ses affections et à sa pensée, ne parle ni de dons, comme aux Corinthiens, ni des grands traits d’une exaltation qui embrassait le Seigneur et tous les saints, comme aux Éphésiens et même aux Colossiens, avec l’addition de ce que l’état de ces chrétiens demandait ; il ne parle pas non plus de l’affection fraternelle et de la communion d’amour dont les Philippiens avaient fait preuve dans leurs rapports avec lui ; ni d’une foi qui existait sans qu’il eût lui-même travaillé pour la produire, et dans la communion de laquelle il espérait se retremper, en y ajoutant ce que ses riches dons le rendaient capable de leur communiquer, comme il l’écrit aux Romains qu’il n’avait pas encore vus.

L’épître aux Thessaloniciens nous présente la vie même du chrétien dans son premier jet, dans ses qualités intrinsèques, telles qu’elles se déployaient par l’énergie du Saint Esprit sur la terre — la vie de Dieu ici-bas, dans les saints dont l’apôtre se souvenait avec tant de satisfaction et de joie dans ses prières. Trois grands principes, dit-il aux Corinthiens (1 Cor. 13), forment la base de cette vie, et en restent toujours le fondement : la foi, l’espérance et l’amour. Or ces trois choses formaient les mobiles puissants et divins de la vie des Thessaloniciens. Cette vie n’était pas seulement une habitude ; elle découlait, dans son activité, de la communion immédiate avec sa propre source. Cette activité était vivifiée et entretenue par la vie divine, et par un regard continuel sur l’objet de la foi. Paul trouvait chez les Thessaloniciens, oeuvre, et travail, et patience ; ces choses se rencontraient aussi dans l’assemblée d’Éphèse, telle que nous la voyons dans l’Apocalypse ; mais l’oeuvre des Thessaloniciens était une oeuvre de foi ; leur travail était le fruit de l’amour ; leur patience, une patience nourrie par l’espérance. La foi, l’espérance et l’amour sont, nous l’avons vu, les ressorts du christianisme dans ce monde ; dans l’Apocalypse, l’oeuvre, le travail, la patience continuaient à Éphèse, mais n’étaient plus caractérisés par ces grands et puissants principes ; ils continuaient comme des habitudes prises, mais la communion manquait ; le premier amour avait été abandonné.

La première épître aux Thessaloniciens est l’expression pratique de la puissance vitale qui se déploie dans l’Assemblée naissante ; l’assemblée d’Éphèse (Apoc. 2), celle de son premier écart de cet état.

Dieu veuille que notre oeuvre soit une oeuvre de foi ; qu’elle tire sa force, son existence même de notre communion avec Dieu notre Père ; que ce travail soit, à chaque moment, le fruit de la réalisation de ce qui ne se voit pas, de la vie qui vit dans l’assurance immuable de la vérité de la Parole ; qu’il porte ainsi l’empreinte de la grâce et de la vérité qui sont venues par Jésus Christ et en soit le témoignage.

Dieu veuille que le travail dans notre service soit le fruit de l’amour ; qu’il ne soit pas accompli comme devoir et obligation, bien que, de fait, cet accomplissement soit un devoir si nous savons que ce service est placé devant nous par Dieu.

Que la patience qu’il faut avoir pour traverser ce désert soit, non la nécessité où nous nous trouvons de marcher, parce que le chemin est devant nous, mais une patience nourrie par l’espérance, qui se rattache à notre vue de Jésus par la foi, et qui attend le Sauveur du ciel.

Ces principes : la foi, l’espérance et l’amour, forment notre caractère comme chrétiens (*) ; mais ce caractère ne saurait, ni ne devrait se former en nous, sans avoir des objets : en conséquence l’Esprit nous présente ici ces objets. Ils ont un double caractère : 1° le coeur s’appuie par la foi sur Jésus, l’attend, compte sur Lui ; se rattache à Lui dans sa marche. Jésus a marché ici-bas ; il nous représente dans le ciel ; il nous soigne, comme le bon Berger ; il aime les siens, il les nourrit et les chérit : notre foi et notre espérance l’ont toujours en vue. 2° La conscience se tient devant Dieu notre Père : ce n’est pas un esprit de crainte ; il n’y a aucune incertitude quant à notre relation avec Lui ; nous sommes les enfants d’un Père qui nous aime parfaitement ; mais nous sommes devant Dieu. Sa lumière a autorité et force dans la conscience ; nous marchons dans la conscience que les yeux de Dieu sont sur nous, en amour, mais sur nous, et la lumière manifeste tout. Elle juge tout ce qui pourrait affaiblir la douce et paisible réalisation de la présence de Dieu, notre communion avec Jésus, notre confiance en Lui, et l’intimité des entretiens de nos âmes avec le Sauveur. Ces deux principes sont de toute importance pour la paix durable et pour le progrès de nos âmes. S’ils font défaut, l’âme languit ; l’un des deux soutient la confiance ; l’autre nous tient dans la lumière avec une bonne conscience. Sans celle-ci, la foi, pour ne pas dire davantage, perd sa vivacité ; sans la confiance en Jésus, la conscience devient légale, et la force, la clarté, l’entrain spirituels nous manquent.

(*) On les retrouve dans les écrits de Paul plus souvent qu’on ne pense ; par exemple en 1 Thessaloniciens 5: 8 et en Colossiens 1: 4, 5. En 2 Thessaloniciens 1: 3, la foi et l’amour sont mentionnés, mais l’apôtre doit mettre ces chrétiens au clair quant à l’espérance.

L’apôtre rappelle aussi le moyen employé par Dieu pour produire la confiance et la crainte de Dieu, savoir l’Évangile, la Parole, apportée en puissance et en pleine certitude à l’âme par le Saint Esprit. La Parole avait de la puissance dans le coeur des croyants à Thessalonique. Elle y arrivait comme la Parole de Dieu ; l’Esprit Lui-même se révélait à l’âme en produisant en elle la conscience de sa présence, et la conséquence en était la pleine assurance de la vérité dans toute sa force, dans toute sa réalité. La vie de l’apôtre, toute sa conduite, confirmait le témoignage qu’il rendait, et en faisait partie. Aussi (et il en est toujours ainsi), le fruit du travail de Paul répondait-il dans son caractère à celui qui avait travaillé ; le christianisme des Thessaloniciens ressemblait à celui de Paul. Il était comme la marche du Sauveur Lui-même que l’apôtre suivait de si près. Il y avait «de grandes tribulations» ; car l’Ennemi ne supportait pas un témoignage si clair, et Dieu accordait cette grâce a un témoignage comme celui-là, «avec la joie de l’Esprit Saint».

Heureux témoignage à la puissance de l’Esprit opérant dans le coeur ! Or, quand il en est ainsi, tout est témoignage aux autres. Le monde voit qu’il y a chez les chrétiens une puissance qu’il ne connaît pas, des motifs dont il ne fait pas l’expérience, une joie dont il peut se moquer mais qu’il n’a pas ; une conduite qui le frappe et qu’il admire, quoiqu’il ne la suive pas, une patience qui rend évidente l’impuissance de l’Ennemi pour lutter contre une force qui supporte tout, et qui est joyeuse en dépit de tout ce qu’il peut faire. Que faire de ceux qui se laissent tuer sans en être moins joyeux, qui le sont même davantage ; qui sont au-dessus de tous vos motifs quand on les laisse tranquilles, et qui, quand vous les opprimez, possèdent leurs âmes en parfaite joie, malgré tous vos efforts ; les tourments ne les vainquant pas, mais leur prêtant seulement l’occasion de rendre un plus puissant témoignage qu’ils sont hors de votre pouvoir ? Une vie passée dans la paix est tout entière un témoignage ; et la mort de quelqu’un qui est heureux dans les souffrances l’est encore davantage. Tel est le chrétien, là où le christianisme existe dans sa vraie force, dans son état normal selon Dieu ; c’est-à-dire, la Parole (de l’Évangile) et la présence de l’Esprit, reproduites dans la vie, au milieu d’un monde aliéné de Dieu.

Tels étaient les Thessaloniciens ; et le monde, malgré lui, devenait un témoin de plus pour annoncer la puissance de l’Évangile. Ils étaient des exemples pour les croyants d’autres endroits, et ils faisaient le sujet des entretiens et des récits du monde, qui ne se lassait pas de raconter ce phénomène si nouveau, si étrange, de gens qui avaient abandonné tout ce qui gouvernait le coeur humain, tout ce à quoi ce coeur était assujetti, et qui adoraient un seul Dieu vivant et vrai. La conscience naturelle rendait témoignage à l’unique Dieu des chrétiens. Les dieux des païens étaient les dieux des passions, non de la conscience. Et ceci donnait une réalité vivante, une actualité à la position de ces chrétiens et à leur religion. Ils attendaient le Fils de Dieu du ciel.

Heureux certes sont les chrétiens qui, par leur marche et par toute leur conduite, poussent le monde même à rendre témoignage à la vérité ; qui sont si clairs dans leur confession, si conséquents dans leur vie, qu’un apôtre n’avait pas besoin de dire ce qu’il avait prêché au milieu d’eux, ni ce qu’il avait été parmi eux : le monde le disait pour lui et pour eux !

 

Quelques mots sur le témoignage même, qui, tout simple qu’il soit, a une grande importance, et renferme des principes d’une grande profondeur morale. Il forme la base de toute la vie, et de toutes les affections chrétiennes aussi, qui se déploient dans l’épître. Outre ce développement, notre épître ne contient qu’une révélation spéciale des circonstances de la venue de Jésus, pour appeler les siens auprès de Lui, et de l’ordre de ces circonstances, ainsi que de la différence de cet événement d’avec le jour du Seigneur pour juger le monde, bien que ce jour fasse suite à sa venue pour nous prendre à Lui.

Ce que l’apôtre signale comme le témoignage que la marche fidèle des Thessaloniciens rendait au monde renferme trois sujets principaux : 1° Les Thessaloniciens avaient quitté leurs idoles pour servir le Dieu vivant et vrai ; 2° pour attendre du ciel son Fils, qu’il avait ressuscité d’entre les morts ; 3° le Fils était un garant contre la colère qui allait être révélée.

Un simple fait — mais d’une immense portée — caractérise le christianisme. Le christianisme nous révèle un objet positif, et cet objet n’est rien moins que Dieu Lui-même. La nature humaine peut découvrir la folie de ce qui est faux : on se moque des faux dieux et des images taillées, mais on ne se dépasse pas soi-même, on ne se révèle rien. Un des plus fameux hommes de l’Antiquité se complaît à nous dire que tout irait bien si les hommes suivaient la nature : il est clair qu’ils ne sauraient la dépasser ; et, de fait, ce philosophe aurait raison si l’homme n’était pas en chute. Mais exiger de l’homme qu’il suive la nature est une preuve qu’il est en chute, et qu’il est tombé au-dessous de l’état normal de cette nature. Il ne la suit pas dans une marche qui convienne à son état normal. Tout est en désordre ; la volonté emporte l’homme et agit dans ses passions. L’homme a abandonné Dieu et a perdu la force et le centre d’attraction qui le retenait lui-même à sa place, et tout a sa place dans la nature. Il ne peut recouvrer son état normal. Il ne peut se diriger ; car loin de Dieu, il n’y a que la volonté propre qui conduise l’homme. Il y a des objets nombreux, qui fournissent l’occasion à l’action des passions et de la volonté, mais il n’y a pas d’objet qui, comme centre, donne à l’homme une position morale régulière, constante et durable, en relation avec cet objet, de sorte que son caractère en porte l’empreinte et soit formé moralement selon la valeur de cet objet. L’homme doit, ou avoir un centre moral capable de le former comme être moral, en l’attirant vers ce centre, et en remplissant ses affections, de sorte qu’il soit le reflet de cet objet ; ou bien, agir par sa volonté ; et, dans ce cas, il est le jouet de ses passions ; ou bien encore, ce qui est la conséquence de ce dernier état, il est l’esclave d’un objet quelconque qui a pris possession de cette volonté. Une créature qui est un être moral ne saurait subsister sans un objet : se suffire à soi-même est le propre de Dieu.

La paix qui subsistait dans l’inconscience du bien et du mal est perdue ; l’homme ne marche plus comme un être qui dans ses pensées n’a rien qui soit étranger à son état normal, et a ce qu’il possédait dans cet état ; qui n’a pas une volonté propre, ou, ce qui revient au même, qui a une volonté qui ne veut rien en dehors de ce qu’elle possède. L’homme n’est pas un être qui jouit avec reconnaissance de ce qui est déjà approprié à sa nature, et en particulier d’un être semblable à lui, d’un aide qui a la même nature que lui et qui répond à son coeur, bénissant Dieu de tout.

L’homme veut maintenant ; et tandis qu’il a perdu ce qui faisait la sphère de sa jouissance, il y a en lui une activité qui cherche, qui est devenue incapable de se contenter sans viser plus loin, qui déjà, par cette volonté, s’est lancée dans une sphère qu’elle ne remplit pas, où l’intelligence lui manque pour tout saisir, et où la force lui fait défaut pour réaliser même ce que la volonté saisit. L’homme, et tout ce qui lui a appartenu, ne suffit plus à l’homme comme jouissance : il lui faut encore un objet. Cet objet sera au-dessus ou au-dessous de l’homme. S’il est au-dessous, l’homme se dégrade en prenant pour objet ce qui est au-dessous de lui-même : et c’est bien ce qui est arrivé. L’homme ne vit plus même selon la nature ; le philosophe dont j’ai parlé en est témoin : son état est celui que l’apôtre dépeint au commencement de l’épître aux Romains, avec toutes les horreurs de la simple vérité. Si l’objet de la poursuite de l’homme est au-dessus de lui et au-dessous de Dieu, il n’y a rien là encore qui gouverne sa nature, rien qui le mette moralement à sa place. Un être bon ne saurait permettre que l’homme fasse de lui l’objet de son hommage, pour en exclure Dieu. Si un être mauvais y réussit, il devient pour l’homme un dieu, qui exclut le vrai Dieu, et dégrade l’homme dans ses relations les plus élevées ; ce qui est la pire des dégradations. C’est là aussi ce qui est arrivé à l’homme. Et puisque ces êtres ne sont que des créatures, ils ne sauraient gouverner l’homme que par ce qui existe et par ce qui agit sur lui : en d’autres mots, ils sont les dieux de ses passions ; ils dégradent l’idée de la divinité ; ils dégradent la vie pratique de l’humanité ; et cette vie devient un esclavage à des passions qui ne sont jamais satisfaites et qui inventent le mal, quand l’excès, dans ce qui est naturel, les a blasés et les a laissés sans ressource. Tel était de fait l’état de l’homme dans le paganisme.

L’homme, et par-dessus tout l’homme ayant la connaissance du bien et du mal, doit avoir Dieu pour objet, un objet duquel son coeur peut s’occuper avec joie, et sur lequel ses affections peuvent s’exercer ; sinon il est perdu. L’Évangile, le christianisme a donné à l’homme cet objet. Dieu qui remplit tout, qui est la source de tout, en qui toute bénédiction, tout ce qui est bon, se concentre, Dieu, qui est tout amour, qui a toute-puissance, qui embrasse tout dans sa connaissance, parce que tout, sauf l’abandon de Lui-même, n’est que le fruit de Sa pensée et de Sa volonté — Dieu s’est révélé en Christ à l’homme, pour que le coeur de celui-ci, occupé de Lui, avec une parfaite confiance dans sa bonté, le connaisse et jouisse de sa présence, et reflète son caractère.

Le péché et la misère de l’homme n’ont fait que fournir l’occasion à un déploiement infiniment plus complet de ce que Dieu est, et des perfections de sa nature, en amour, en sagesse, et en puissance ; mais nous ne considérons ici que le fait qu’il s’est donné à l’homme comme objet. Toutefois, quoique la misère de l’homme n’ait fait que donner lieu à une révélation bien plus admirable de Dieu, Dieu Lui-même a dû avoir un objet digne de Lui, qui fût le but de ses desseins, et à l’égard duquel il pût déployer toutes ses affections : cet objet, c’est la gloire de son Fils, c’est son Fils lui-même. Un être d’une nature inférieure n’aurait pu être cet objet, bien que Dieu puisse se glorifier dans sa grâce envers un tel être. L’objet des affections, et les affections qui s’exercent à l’égard de cet objet, sont nécessairement corrélatifs. Ainsi Dieu a déployé sa grâce souveraine et immense à l’égard de ce qui était le plus misérable et le plus indigne, le plus nécessiteux : il a déployé toute la majesté de son Être, toute l’excellence de sa nature, en rapport avec un objet en qui il pouvait trouver toutes ses délices, et montrer ce qu’il est dans la gloire de sa nature. Mais c’est comme homme (merveilleuse vérité des conseils éternels de Dieu !) que cet objet des délices de Dieu le Père a pris sa place dans cette glorieuse révélation par laquelle Dieu se fait connaître à ses créatures. Dieu avait ordonné et préparé l’homme pour cela. Ainsi, le coeur instruit par l’Esprit connaît Dieu révélé dans cette grâce immense, dans l’amour qui descend du trône de Dieu jusqu’à la ruine et à la misère du pécheur ; il se trouve, en Christ, dans la connaissance et la jouissance de l’amour que Dieu a pour l’objet de ses éternelles délices, objet digne aussi de faire les délices de Dieu ; il jouit des communications par lesquelles Dieu le témoigne (Jean 17: 7 et 8) et enfin, il a part à la gloire qui en est la démonstration publique devant l’univers. Cette dernière partie de notre ineffable bonheur est le sujet des communications de Christ dans la dernière partie de l’évangile de Jean (chap. 14: 16, et tout particulièrement chap. 17) (*).

(*) Comparer Proverbes 8: 30, 31, avec Luc 2: 14 : «bon plaisir dans les hommes». Il est beau de voir les anges célébrer ce bon plaisir sans jalousie. L’amour qui descend en grâce est grand en proportion de la misère et de l’indignité de son objet ; celui qui s’élève en haut est l’affection de l’âme en proportion de la dignité de l’objet : on voit les deux en Christ, Éphésiens 5: 2. Dans tous les deux, en Christ le moi est entièrement mis de côté. Il s’est donné Lui-même, il n’a point cherché son propre intérêt. La loi prend le moi comme mesure à l’égard de mon prochain et place mon prochain sur le même pied que moi. L’amour n’y regarde jamais de haut en bas.

Du moment que le pécheur est converti et croit à l’Évangile — et (pour tout dire quant à son état) est aussi scellé du Saint Esprit, maintenant que le Seigneur a opéré la rédemption — il est introduit, quant au principe de sa vie, dans cette position et dans les relations avec Dieu dont nous venons de parler. Il n’est peut-être qu’un enfant ; mais le Père qu’il connaît, l’amour dans lequel il est entré, le Sauveur sur lequel il ouvre les yeux, sont les mêmes dont il jouira, quand il connaîtra comme il est connu. Il est chrétien ; il s’est tourné des idoles vers Dieu, et pour attendre des cieux son Fils.

On remarquera qu’il n’est pas question ici de la puissance qui convertit, ni de la source de la vie : d’autres passages en parlent clairement ; ce qui est présenté, c’est le caractère de la vie, dans sa manifestation. Or, ce caractère dépend des objets de notre vie. La vie s’exerce, se déploie, en rapport avec des objets, et acquiert ainsi son caractère. La source d’où elle découle la rend capable de jouir des objets qui lui sont présentés, mais une vie intrinsèque, qui n’a pas d’objet dont elle dépende, n’est pas la vie d’une créature. Vivre d’une telle vie est la prérogative de Dieu. Ceci montre la folie de ceux qui veulent une vie subjective, comme on dit, sans qu’elle ait en même temps un caractère positivement objectif, car son état subjectif dépend de l’objet dont elle s’occupe. C’est le propre de Dieu d’être la source de ses propres pensées, sans objet qui les forme ; c’est le propre de Dieu d’être et de se suffire à Lui-même, parce qu’il est la perfection, et le centre et la source de tout ; et de se créer d’autres objets, s’il veut en avoir d’autres que Lui-même. En un mot, tout en recevant de Dieu une vie qui est capable de jouir de Lui, le caractère moral de l’homme ne se forme pas en soi, sans un objet qui lui communique son caractère.

Or, Dieu s’est donné à nous comme objet, et s’est révélé en Christ. Si nous nous occupons de Dieu en Lui-même, en supposant pour un moment qu’il se soit révélé ainsi, le sujet est trop vaste pour nous. Dieu connu ainsi, c’est une joie infinie ; mais dans ce qui est purement infini, il manque quelque chose pour une créature, quoique sa prérogative la plus élevée soit de jouir de ce qui est infini. D’un côté, c’est une nécessité pour l’homme, pour qu’il soit à sa place, et que Dieu ait la sienne vis-à-vis de lui, et d’un autre côté aussi, c’est ce qui l’élève d’une manière si admirable. Il faut qu’il en soit ainsi ; et cette jouissance nous est donnée, et donnée dans une intimité précieuse ; car nous sommes enfants, et nous demeurons en Dieu, et Dieu en nous. Mais dans l’infini absolu, il y a un certain poids pour le coeur : ce sentiment de Dieu seul nous oppresse. L’Écriture parle de : «en mesure surabondante, un poids (*) éternel de gloire». Il faut qu’il en soit nécessairement ainsi : la majesté de Dieu doit être maintenue quand nous pensons à Lui comme Dieu, et son autorité sur la conscience doit se faire sentir. Le coeur, Dieu l’a formé ainsi, a besoin d’un objet qui ne rabaisse pas ses affections, mais qui ait le caractère de compagnon et d’ami, au moins de quelqu’un duquel le coeur puisse s’approcher comme ayant ce caractère.

(*) Poids et gloire sont un même mot en hébreu : Cabod.

C’est là ce que nous possédons en Christ, notre précieux Sauveur. Il est un objet tout près de nous ; il n’a pas honte de nous appeler frères ; il nous a appelés amis ; tout ce qu’il a entendu de son Père, il nous l’a communiqué. Est-il donc Lui un moyen de détourner nos regards de Dieu ? Au contraire, c’est en Christ que Dieu est manifesté, en Lui que les anges mêmes le voient : c’est Lui qui, étant dans le sein du Père, nous révèle son Dieu et Père, dans cette douce relation et comme il le connaît Lui-même ; et non seulement cela, mais il est dans le Père et le Père en Lui, de sorte que celui qui l’a vu a vu le Père. Il nous révèle Dieu, au lieu de nous détourner de Lui. En grâce, il l’a déjà révélé ; nous attendons la révélation de la gloire en Lui. Déjà sur la terre aussi, du moment qu’il est né, les anges ont célébré le bon plaisir de Dieu dans les hommes, car l’objet de ses éternelles délices était devenu homme ; et maintenant il a accompli l’oeuvre qui rend possible l’introduction d’autres hommes — de pécheurs — dans la jouissance avec Lui-même de cette faveur de Dieu. Autrefois ennemis, «nous avons été réconciliés avec Dieu par la mort de son Fils».

C’est ainsi que Dieu nous a réconciliés avec Lui-même. Connaissant Dieu ainsi par la foi, nous nous tournons des idoles pour servir le Dieu vivant et vrai, et pour attendre des cieux son Fils. Le Dieu vivant et vrai est l’objet de notre joyeux service. Son Fils que nous connaissons, qui nous connaît, qui veut que nous soyons là où il est, qui nous a identifiés avec sa propre gloire, et sa gloire avec nous, Lui, homme glorieux pour toujours, et premier-né d’entre plusieurs frères, est l’objet de notre attente. Nous l’attendons du ciel, car là, dans le ciel, sont nos espérances et le siège de notre joie.

Nous possédons l’infini d’un Dieu d’amour, et l’intimité et la gloire de Celui qui a pris part à toutes nos infirmités, et qui, sans péché, a porté tous nos péchés. Quelle part que la nôtre !

Mais il y a un autre côté de la vérité. Les créatures sont responsables, et Dieu, quels que soient son amour et sa patience, ne peut pas permettre le mal ou le mépris de son autorité. S’il les tolérait, tout serait confusion et misère ; Dieu Lui-même perdrait sa place. Il y a un jugement ; il y a la colère à venir. Nous étions responsables ; nous avons manqué ; comment donc jouir de Dieu et du Fils de la manière dont nous avons parlé ?

Ici s’applique la troisième vérité dont l’apôtre parle, lorsqu’il dit : «qui nous délivre de la colère qui vient». L’oeuvre de Christ nous a mis parfaitement à l’abri de cette colère. À la croix il a pris notre place de responsabilité, et il a aboli pour nous le péché par le sacrifice de Lui-même.

Voilà donc les trois grands éléments de la vie chrétienne : nous servons le Dieu vivant et vrai, ayant abandonné nos idoles extérieures et intérieures ; nous attendons Jésus pour entrer dans la gloire, car cette vue de Dieu nous fait sentir ce que c’est que ce monde, et Jésus nous est connu ; quant à nos péchés et à notre conscience, nous sommes parfaitement purifiés, nous ne craignons rien. Tel était le témoignage que rendaient la vie et la marche des Thessaloniciens.

2                    CHAPITRE 2

Ayant posé ces grands principes, l’apôtre en appelle avec sincérité et effusion de coeur à toute sa marche au milieu des Thessaloniciens comme fournissant la preuve qu’il avait été animé du même esprit qu’il se réjouissait de voir chez eux. Paul n’avait pas adressé des exhortations à d’autres, en usant lui-même de leur affection pour son propre avantage ; il n’avait pas encouragé les autres à supporter des afflictions sans avoir le courage d’en subir lui-même. Insulté et maltraité à Philippes, il avait eu de la hardiesse en son Dieu pour renouveler ses attaques contre le royaume des ténèbres à Thessalonique, et cela avec une grande énergie. Il n’avait pas flatté les Thessaloniciens pour les gagner ; il leur avait présenté la vérité comme étant lui-même le serviteur de Dieu ; il avait travaillé de ses propres mains pour ne pas leur être à charge. Toutes ses voies au milieu d’eux avaient été devant Dieu dans la lumière, et par l’énergie du Saint Esprit, et dans un esprit de dévouement : ainsi qu’il voulait qu’ils marchassent, il avait marché lui aussi, ils le savaient, saintement, justement et irréprochablement au milieu d’eux, comme aussi il les avait exhortés, avec toute affection et tendresse, à marcher d’une manière digne de Dieu qui les appelait à son propre royaume et à sa propre gloire.

On voit encore dans cette dernière expression la relation étroite du chrétien avec Dieu, dans son caractère individuel. Le chrétien a sa part dans le propre royaume et dans la propre gloire de Dieu, et sa conduite doit convenir à une telle position. Ici il s’agit de la propre position du croyant en relation avec Dieu, comme auparavant il a été question de ses relations avec Dieu et le Seigneur Jésus.

Ensuite l’apôtre parle du moyen par lequel ce monde de nouvelles pensées a été acquis au chrétien : Dieu a parlé pour se révéler Lui-même ainsi que ses conseils. Dieu avait confié l’Évangile à Paul (vers. 4), et Paul avait agi comme étant devant Dieu et responsable envers Lui.

Les Thessaloniciens aussi, de leur côté, avaient reçu la Parole, non comme la parole de Paul, mais comme la parole de Dieu Lui-même qui leur était adressée par la bouche de Paul. Il est intéressant, et c’est pour nous aussi une pensée sérieuse, de voir que, pour ce qui regarde la manifestation de la puissance de Dieu ici-bas, bien que l’oeuvre soit de Dieu, le fruit des travaux de ses serviteurs répond au caractère et à la perfection de ce travail même. Ainsi les liens de la grâce et la communion s’établissent, on se comprend mutuellement, l’oeuvre manifeste l’ouvrier ; l’ouvrier se réjouit dans ce que son coeur avait désiré pour les âmes qui sont les fruits de ses travaux, et celles-ci savent apprécier la marche et le travail de l’ouvrier en reconnaissant la puissance de la grâce en lui qui a été le moyen de les placer dans cette position ; et les uns et les autres, connaissant Dieu, se réjouissent dans la communion de sa grâce.

Paul était beaucoup avec Dieu quant à son âme et à son oeuvre : les Thessaloniciens avaient, par conséquent, reçu la Parole dans cette même puissance ; ils étaient ainsi avec l’apôtre en communion avec Dieu selon cette puissance et selon cette intimité.

Nous voyons ici, en passant, les Juifs privés de cette relation avec Dieu : le résidu était reçu en grâce et souffrait de l’animosité de la masse du peuple. Les élus d’entre les gentils recueillaient, de leur côté, l’hostilité de leurs compatriotes, par le témoignage qu’ils rendaient contre le prince de ce monde, par leur marche chrétienne et par leur confession d’un Christ céleste, d’un Christ que le monde avait rejeté.

La religion des Juifs était devenue une pure jalousie contre les autres. La prétention à la possession exclusive des privilèges religieux (privilèges très précieux, lorsque Israël en jouissait avec Dieu, comme témoignage de sa faveur) ne devenait qu’une source de haine dans le coeur de ce peuple, quand Dieu, dans la plénitude de sa grâce souveraine, voulait bénir d’autres qui n’avaient droit à rien. Par cette prétention exclusive, les Juifs reniaient les droits de Dieu qui les avait auparavant choisis comme peuple ; ils reniaient la grâce de Dieu selon laquelle il agissait envers les pécheurs, et qui aurait été la source de meilleures bénédictions pour eux-mêmes. Or, en attendant, leur refus d’entrer avait transporté la scène de nos espérances et de nos joies de la terre dans le ciel, là où nous connaissons le Seigneur et où il restera jusqu’à ce qu’il vienne réclamer ses droits sur la terre. Avant de les réclamer, il nous prendra à Lui.

En attendant, la parole de Dieu est la source de notre confiance, la révélation de la gloire, de la vérité et l’amour. Cette Parole est puissante en ceux qui croient. Les Juifs sont mis de côté. Par leur opposition à la grâce envers les gentils, ils avaient pris une position d’inimitié contre Dieu en grâce, et la colère était venue sur eux. Cette colère n’était pas encore exécutée, mais ils s’étaient placés dans la position que nous venons d’indiquer : ce n’était pas seulement qu’ils eussent violé la loi ; déjà ils avaient tué leurs prophètes qui leur avaient été envoyés en grâce ; déjà ils avaient mis à mort le Christ, Jésus le Seigneur. La grâce souveraine seule pouvait porter remède à cet état du peuple. Les Juifs ont résisté à cette grâce, parce que Dieu, en agissant selon cette grâce, était bon pour les gentils et leur accordait, en même temps qu’aux Juifs eux-mêmes, des privilèges meilleurs que ceux que les Juifs avaient perdus. La colère donc était finalement venue sur ceux-ci, comme peuple. Les chrétiens avaient maintenant la jouissance de meilleurs privilèges à la place des Juifs.

Ce n’est pas ici le moment d’expliquer les voies de Dieu qui s’accompliront plus tard à l’égard du résidu de ce peuple. Dans le passage qui nous occupe, l’apôtre parle du peuple juif pour montrer que les chrétiens, ceux qui avaient reçu la Parole, étaient seuls en relation avec Dieu. C’est la réception de la Parole par la foi, et rien d’autre, qui met les âmes réellement en relation avec Dieu. Les privilèges héréditaires se trouvaient être, dans leur nature, l’opposition contre la grâce et contre la souveraineté divine, et ainsi contre le caractère de Dieu Lui-même et ses droits divins, car Dieu est souverain, et Dieu est amour.

La Parole révèle la grâce ; on obéit à cette Parole en y croyant ; et le chrétien, mis en relation avec Dieu, marche en communion avec Lui et dans ses voies, et attend le Fils en qui Dieu s’est révélé pour les hommes. C’est le fruit de ce que le chrétien a reçu quand il a cru ; c’est un principe actif de vie et une lumière qui vient de Dieu pour le chemin.

L’apôtre bénissait Dieu de ce que les Thessaloniciens marchaient ainsi ; et ayant mis ce point au clair, il revient à la joie de sa communion avec eux, selon la bénédiction positive qu’avait apportée la révélation de Dieu dans leur coeur, par la Parole. Paul aurait bien voulu voir les Thessaloniciens et jouir de cette communion, en s’entretenant avec eux face à face ; mais aussi longtemps que la connaissance de Dieu s’acquiert par la Parole seulement, c’est-à-dire par la foi, aussi longtemps que le Seigneur est absent, une autre conséquence découle de cette absence, savoir, que les joies se mêlent à des combats. Toutefois, les combats, bien que, à vue d’homme, ils interrompent ces joies, les rendent plus douces, plus réelles, leur conservant leur caractère céleste et faisant du Seigneur Lui-même, dont elles ne peuvent être séparées, le centre, le point commun où les coeurs s’unissent, avec la conscience qu’ils sont dans le désert. On sent qu’il faut attendre une scène et un temps, où le mal et la puissance de l’Ennemi ne soient plus, et où Christ soit tout. Joyeuse espérance, sainte joie, puissant lien du coeur avec Christ ! Quand Christ sera tout, notre joie sera complète et tous les saints en jouiront. Paul aurait voulu voir encore les Thessaloniciens, mais Satan l’avait empêché une, et deux fois même. Le temps viendra où l’apôtre jouira pleinement d’eux et de son travail parmi eux, en les voyant en pleine possession de la gloire, à la venue de Christ.

Chez l’apôtre lui-même, lorsqu’il s’était trouvé à Thessalonique, la vie chrétienne s’était pleinement développée dans l’amour et dans la sainteté. Il avait été au milieu des Thessaloniciens plein de tendresse comme une mère qui nourrit ses enfants, et prêt, tant ils lui étaient chers, à leur donner, non seulement l’Évangile, mais sa propre vie ; il avait été en même temps saint et sans reproche dans toute sa conduite. Quelle énergie de vie et d’affection jaillit chez lui, par la puissance divine, sans que son coeur tienne compte de conséquences autres que la bénédiction des élus et la gloire de Dieu ! C’est là la vie chrétienne, quand on ne discute pas dans son coeur par incrédulité, mais que, fort dans la foi, on compte sur Dieu pour pouvoir le servir ; ainsi l’amour est libre. Si l’on est hors de soi, c’est pour Dieu ; si l’on est prudent et plein de considération, c’est seulement pour le bien d’autrui. Et quels liens cela forme ! La persécution ne fait qu’accélérer l’oeuvre, en forçant l’ouvrier de s’en aller ailleurs, quand peut-être il serait tenté de jouir des fruits de ses travaux dans la société de ceux qui ont été bénis par son moyen (comp. chap. 2: 2). Le coeur de l’apôtre, quoiqu’il fût absent, demeurait toujours lié aux Thessaloniciens, se souvenait de ses bien-aimés, priait pour eux, bénissait Dieu pour la grâce qui leur avait été faite, s’assurant, avec joie, quand il y pensait, qu’ils avaient part à la gloire comme les élus de Dieu (chap. 1: 3, 4 ; 2: 13).

Le lien demeure ferme ; mais le chemin de la jouissance actuelle d’une communion personnelle étant extérieurement obstrué (Dieu le permettant), par les manoeuvres de Satan, le coeur de l’apôtre s’élève plus haut et cherche la pleine satisfaction de son amour chrétien pour le moment où le Christ, présent dans sa puissance, aura ôté tout obstacle et accompli les desseins de Dieu à l’égard des saints, quand son amour aura porté tous ses fruits précieux en eux, et qu’ils jouiront ensemble, lui, Paul, et ses chers enfants dans la foi, de tout ce que la grâce et la puissance de l’Esprit auront produit en eux. C’est vers ce jour-là que l’apôtre, qui pour le moment ne pouvait satisfaire son désir ardent de les voir, porte ses regards. Et remarquez que, s’il renvoie la pleine joie de communion avec eux à ce moment béni, c’est que son coeur était déjà plein de cette joie-là pour lui-même. La puissance de l’Esprit, agissant selon la vérité, porte toujours le coeur vers ce moment-là : elle pousse l’âme à travailler en amour ici-bas ; elle fait réaliser ainsi l’opposition qui existe entre les ténèbres de ce monde et la lumière, soit que ces ténèbres prévalent dans les hommes, soit qu’elles se manifestent dans l’influence directe du prince des ténèbres. La puissance de l’Esprit fait toujours sentir le besoin de ce jour de lumière où le mal ne sera plus là pour empêcher le nouvel homme de jouir de ce qui est bon, dans la communion des biens-aimés de Dieu, et pour l’empêcher par-dessus tout de jouir de la présence de son Sauveur glorifié qui l’a aimé, quoique, pour exercer sa foi, il lui soit pour le moment caché.

C’est Christ qui est la source et l’objet de toutes ces affections ; c’est Lui qui les soutient et les nourrit, qui les attire toujours à Lui par sa beauté et par son amour, qui, dans les peines de la vie chrétienne, porte le coeur en avant vers le jour de notre réunion avec Lui, vers le jour de sa venue, où le coeur sera libre de s’occuper sans interruption de tout ce qui nous unit à Lui. Cette pensée de la présence du Sauveur domine tout, quand la joie divine de la rédemption dans toute sa fraîcheur remplit le coeur. C’est ce que l’on trouve dans notre épître : nous sommes convertis pour l’attendre (chap. 1) ; nous jouirons de la communion des saints, des fruits de nos travaux, quand il reviendra (chap. 2) ; le jour de Christ donne à notre pensée, à l’égard de la sainteté, sa force et sa mesure (chap. 3) ; il détruit la peine du coeur qui autrement accompagnerait la mort des saints (chap. 4) ; c’est pour ce jour-là que les fidèles sont gardés (chap. 5). La venue du Seigneur, la présence de Jésus remplit donc le coeur du croyant, lorsque la vie jaillit dans sa fraîcheur ; remplit le coeur d’une joyeuse espérance dont l’accomplissement brille devant nos yeux dans une scène de joie où tous nos souhaits seront accomplis.

Mais pour en revenir à la fin du chap. 2, le lien que Satan cherchait à rompre, en interrompant la jouissance de cette attente, se fortifiait plutôt en ce que le coeur du fidèle se rattachait par la foi à la venue du Seigneur. Le courant de l’Esprit, auquel Satan pouvait mettre cette digue, bien que détourné de son lit naturel, ne pouvait être arrêté, car il coulait toujours ; ce courant se répandait en flots qui fertilisaient tout à l’entour de lui, tandis qu’il se dirigeait vers la mer où se trouvait la plénitude des eaux qui entretenaient sa source.

On doit remarquer ici que les fruits spéciaux de nos travaux ne sont pas perdus ; ils se retrouvent à la venue de Christ. Notre principale joie personnelle est de voir le Seigneur Lui-même et de Lui être semblables ; c’est la part de tous les saints ; mais il y a des fruits particuliers en rapport avec l’oeuvre que l’Esprit opère en nous et par notre moyen ; à Thessalonique, l’énergie spirituelle de l’apôtre avait amené un grand nombre d’âmes à Dieu, à l’attente de Jésus, et à une étroite union avec Lui-même dans la vérité. Cette énergie devait être couronnée, à la venue de Christ, par la présence de ces croyants dans la gloire, comme fruits des travaux de l’apôtre ; Dieu récompenserait ainsi les travaux de celui-ci en rendant un éclatant témoignage à sa fidélité par la présence de tous ces saints en gloire ; et l’amour qui avait agi dans le coeur de Paul trouverait sa satisfaction en voyant les objets de cet amour dans la gloire et dans la présence de Jésus ; ces Thessaloniciens devaient être sa gloire et sa joie. Cette pensée servait à resserrer encore les liens qui existaient entre l’apôtre et les saints de Thessalonique, et à consoler celui-ci dans ses travaux et ses souffrances.

3                    CHAPITRE 3

Or cet éloignement forcé de l’apôtre, comme principal ouvrier, sans affaiblir le lien entre lui et les disciples, formait de nouveaux liens qui devaient consolider et affermir l’Église et la lier ensemble par chaque jointure du fournissement. Ceci (car toutes choses ne sont que les instruments de la sagesse et de la puissance de Dieu) se rattache aux circonstances dont les Actes des Apôtres nous fournissent les principaux détails.

À la suite des persécutions suscitées par les Juifs, Paul, après un court séjour à Thessalonique, avait dû quitter cette ville et se rendre à Bérée ; les Juifs de Thessalonique l’avaient poursuivi jusque dans cette dernière ville, et avaient exercé leur influence sur leurs compatriotes et sur les autres habitants de Bérée, de sorte que les frères de ce lieu avaient dû mettre Paul en sûreté. Ceux auxquels il fut confié le conduisirent à Athènes, tandis que Timothée et Silas restaient pour le moment à Bérée ; mais, selon les ordres de Paul, ils le rejoignirent bientôt à Athènes. En attendant, une violente persécution sévissait contre les chrétiens à Thessalonique, ville importante, où, à ce qu’il parait, les Juifs avaient déjà exercé une assez grande influence sur la population païenne, influence minée par les progrès du christianisme, que les Juifs repoussaient dans leur aveuglement.

L’apôtre, apprenant cet état de choses par Timothée et Silas, se préoccupait du danger qui menaçait les nouveaux convertis de Thessalonique d’être ébranlés dans leur foi par les difficultés du chemin, alors qu’ils étaient tout jeunes encore dans la foi. L’affection de l’apôtre ne pouvait se tranquilliser sans qu’il se mît en communication avec eux, et déjà, d’Athènes, il avait envoyé Timothée pour avoir de leurs nouvelles et pour affermir leurs coeurs, en leur rappelant qu’il leur avait dit déjà, étant avec eux, que des persécutions devaient arriver. Pendant l’absence de Timothée, Paul avait quitté Athènes et était venu à Corinthe, où Timothée le réconforta de nouveau par les bonnes nouvelles qu’il apportait de Thessalonique ; et l’apôtre avait alors repris son travail à Corinthe avec un renouvellement de force et de courage (voir Actes 18: 5).

C’est au retour de Timothée que Paul écrivit la lettre qui nous occupe. Timothée lui avait fait part du bon état des chrétiens de Thessalonique, en lui faisant savoir qu’ils retenaient fermement la foi, désiraient ardemment voir l’apôtre et marchaient dans l’amour entre eux. Le coeur de Paul, au milieu de ses peines et de l’opposition des hommes, au milieu des afflictions de l’Évangile en un mot, est rafraîchi par ces nouvelles. Il est lui-même fortifié : car si la foi de l’ouvrier est le moyen de la bénédiction des âmes, et la mesure, en général, du caractère extérieur de l’oeuvre, la foi des chrétiens, qui sont les fruits de ces travaux et qui répondent à ces travaux, est une source de force et d’encouragement pour l’ouvrier, comme aussi les prières des saints sont une grande source de bénédiction pour lui.

L’amour trouve son aliment et sa joie dans cet état prospère des âmes ; la foi, ce qui la nourrit et la fortifie : l’opération de Dieu est sentie dans les fruits qu’elle produit. Je vis, dit l’apôtre, si vous tenez fermes dans le Seigneur (verset 8). «Comment pourrions-nous rendre à Dieu assez d’actions de grâces pour vous», ajoute-t-il, «pour toute la joie avec laquelle nous nous réjouissons à cause de vous devant notre Dieu». Beau et touchant tableau de l’effet de l’opération de l’Esprit de Dieu, délivrant les âmes de la corruption du monde et produisant les plus pures affections, la plus grande abnégation de soi en faveur des autres, la plus grande joie dans leur bonheur — bonheur divin qui se réalise devant Dieu Lui-même et dont la valeur s’apprécie dans sa présence par le coeur spirituel qui se tient habituellement auprès de Lui et qui, de la part de ce Dieu d’amour, a été l’instrument de la bénédiction qui est la source de sa joie.

Quel lien que le lien de l’Esprit ! Comme l’égoïsme est oublié et disparaît dans la joie de telles affections ! L’apôtre animé de cette affection, qui s’accroît au lieu de se fatiguer par son exercice et par la satisfaction qu’elle reçoit dans le bonheur d’autrui, désire revoir les Thessaloniciens, et cela d’autant plus que ceux-ci étaient ainsi soutenus ; non pas maintenant dans le but de les affermir, mais pour les édifier sur ce qui était si ferme et pour compléter leur enseignement spirituel, en leur communiquant ce qui manquait encore à leur foi. Mais il était, et il a dû être ouvrier et non pas maître (c’est ce que Dieu nous fait sentir), et dépendre entièrement de Dieu pour son oeuvre et pour l’édification des autres. En effet, il s’est passé des années avant que Paul ait revu les Thessaloniciens ; il a dû rester longtemps à Corinthe où le Seigneur avait un grand peuple : il a revisité Jérusalem, ensuite toute l’Asie-Mineure où il avait travaillé auparavant ; ensuite il est venu à Éphèse, où il est resté près de trois ans, et enfin il a revu les Thessaloniciens, après avoir quitté Éphèse pour se rendre à Corinthe, prenant la route de Macédoine, pour éviter de passer à Corinthe, avant le retour à l’ordre des chrétiens de cette ville.

Que Dieu lui-même (c’est ainsi que s’exprimait le désir de l’apôtre et sa soumission à la volonté de Dieu), que Dieu lui-même «nous fraye le chemin auprès de vous». Le souhait de l’apôtre n’est pas vague : il se rapporte à Dieu comme à son Père — source de toutes ces saintes affections. Dieu est devenu notre Père et ordonne tout en vue du bien de ses enfants, selon cette parfaite sagesse qui embrasse toutes les circonstances de tous ses enfants à la fois. «Notre Dieu et Père lui-même», dit-il. Mais une autre pensée se présente à l’esprit de l’apôtre, une pensée qui, certainement, n’est jamais en conflit avec celle que nous venons de signaler, car Dieu est un, mais une pensée qui a un autre caractère moins individuel : «et notre Seigneur Jésus», ajoute-t-il. Christ est Fils sur sa propre maison, et outre la joie et la bénédiction des affections individuelles, il y avait, pour Paul, le progrès, le bien-être et le développement de toute l’Assemblée à considérer. Ces deux parties du christianisme agissent assurément l’une sur l’autre.

Là où l’opération de l’Esprit est pleine et entièrement libre, le bien-être de l’Assemblée et les affections individuelles sont en harmonie ; si quelque chose fait défaut dans l’une de ces deux sphères d’action, Dieu emploie le défaut même pour agir puissamment dans l’autre. Si l’ensemble de l’Assemblée est faible, la foi individuelle est exercée d’une manière particulière et s’appuie plus immédiatement sur Dieu Lui-même. Nous ne trouvons pas les Élie et les Élisée sous le règne de Salomon. D’autre part, les soins diligents donnés à l’Assemblée par ceux que Dieu emploie pour cela sont la vraie énergie de son organisation spirituelle, raffermissent la vie et réveillent les affections spirituelles dans les membres endormis. Mais les deux choses sont différentes l’une de l’autre. Ainsi l’apôtre ajoute à : «notre Dieu et Père», «notre Seigneur Jésus», qui, nous l’avons dit (selon Héb. 3), est Fils sur sa propre maison. C’est un bonheur que le chemin de nos pieds dépende de l’amour d’un Père qui est Dieu Lui-même, et qui agit selon les tendres affections exprimées par ce nom de Père, et que le bien-être de l’Assemblée dépende du gouvernement d’un Seigneur tel que Jésus, qui l’aime d’un amour parfait et qui, tout en ayant pris cette place, est le Dieu qui a tout créé, l’Homme qui a toute-puissance dans les cieux et sur la terre, et pour qui les chrétiens sont les objets de soins incessants et fidèles, soins qu’il dépense pour amener finalement l’Assemblée à Lui-même, dans la gloire, selon les conseils de Dieu (*).

(*) Il est bon de rappeler ici que, bien que Christ soit Fils sur la maison de Dieu, comme Seigneur il n’est pas Seigneur sur l’Assemblée mais sur les individus. En outre, il est dans un sens général Seigneur de tous ; mais son action envers les individus a en même temps pour but le bien de l’Assemblée.

Tel était donc le premier souhait de l’apôtre ; tels étaient ceux pour lesquels il formait ce souhait. En attendant, Paul devait laisser ses chers Thessaloniciens aux soins immédiats du Seigneur, duquel il dépendait lui-même (comp. Actes 20: 32). C’est vers le Seigneur donc qu’il tourne son coeur. Que Dieu, dit-il, me «fraye le chemin auprès de vous ; et quant à vous, que le Seigneur vous fasse abonder et surabonder en amour les uns envers les autres et envers tous» (vers. 11, 12). Aussi le coeur de l’apôtre pouvait présenter son affection pour les Thessaloniciens comme modèle de l’amour que ceux-ci devaient avoir pour les autres. Cette puissance d’amour maintient le coeur dans la présence de Dieu et lui fait trouver sa joie dans la lumière de cette présence et désirer ardemment que tous les saints soient dans sa présence, leurs coeurs étant rendus propres pour cette présence et dans cette présence ; car Dieu est amour, et l’exercice de l’amour dans le coeur du chrétien (fruit de la présence et de l’opération de l’Esprit) est, de fait, l’effet de la présence de Dieu et, en même temps, nous fait sentir cette présence, de sorte qu’il nous tient devant lui et maintient une communion avec lui dont on a la conscience intime dans le coeur. L’amour peut souffrir et montrer sa force en souffrant ; mais nous parlons de l’exercice spontané de l’amour envers les objets que Dieu lui présente.

Or, étant ainsi le déploiement de la nature divine en nous et ce qui maintient le coeur dans la communion de Dieu Lui-même, l’amour est le lien de la perfection, le vrai moyen de sainteté, quand il est réel. Le coeur est, par lui, retenu loin de la chair et de ses pensées, dans la pure lumière de la présence de Dieu, et en fait ainsi jouir l’âme. C’est pourquoi l’apôtre demande pour les saints de Thessalonique, en attendant qu’il pût leur donner plus de lumière, que le Seigneur fît croître l’amour en eux pour «affermir vos coeurs sans reproche en sainteté devant notre Dieu et Père en la venue de notre Seigneur Jésus avec tous ses saints» (vers. 12, 13). Ici nous trouvons, de nouveau, les deux grands principes dont j’ai parlé à la fin du chapitre premier : Dieu dans la perfection de sa nature, et le Seigneur Jésus dans l’intimité de ses relations avec nous — Dieu, toutefois comme Père, et Jésus comme Seigneur : Nous sommes devant Dieu, et Jésus vient avec ses saints ; il les a amenés à la perfection, ils sont avec lui, et ainsi devant Dieu connu dans la relation de Père.

Remarquez aussi que tout se rapporte à cette espérance ; c’était une attente réelle et présente. Si les Thessaloniciens avaient été convertis pour servir Dieu et pour attendre des cieux son Fils, tout se rapportait pour eux au merveilleux moment où il viendrait. Ce qui constitue la sainteté se démontrera alors, lorsqu’ils seront devant Dieu et que les saints seront avec leur Chef ; manifestés en outre avec Lui dans la gloire, en même temps qu’alors ils jouiront aussi pleinement des fruits de leurs travaux et de la récompense de l’amour dans la joie de tous ceux qu’ils auront aimés (*).

(*) Il est très frappant de voir comment la sainteté ici-bas et la manifestation dans la gloire sont réunies ensemble comme une même chose dans l’Écriture ; seulement le voile est levé lorsque les saints sont dans la gloire. Christ même a été déterminé Fils de Dieu en puissance, selon l’Esprit de sainteté, par la résurrection. Nous tous contemplant, à face découverte, la gloire, nous sommes transformés en la même image de gloire en gloire. De même ici, nous devons marcher dans l’amour : être sans reproche en sainteté. Nous, nous aurions dit : sans reproche ici-bas ; mais non, le voile est levé en la venue de notre Seigneur Jésus avec tous ses saints. En Éphésiens 5, il nous lave par la Parole pour nous présenter à Lui-même comme un corps glorieux sans nulle tache.

La scène, qui mettra le comble à l’oeuvre, se présente ici dans toute sa portée normale : on est devant Dieu, dans sa présence où la sainteté est manifestée, telle qu’elle est dans son vrai caractère ; nous sommes là pour la parfaite communion avec Dieu dans la lumière. C’est dans cette lumière que sera manifestée comment cette sainteté est liée avec la nature de Dieu et avec sa présence sans voile, et comment cette manifestation est en rapport avec le développement d’une nature en nous qui nous met par la grâce en relation avec Lui.

«Sans reproche, dit-il, en sainteté» ; et «en sainteté devant notre Dieu». Dieu est lumière. Quelle joie immense ; quelle puissance par grâce dans la pensée que, dans le temps présent, nous nous maintenions manifestés devant Lui ! Mais l’amour seul, connu en Lui, peut produire en nous cet effet.

Aux mots : «notre Dieu» nous ajoutons les mots «notre Père» : cette relation avec notre Dieu est une relation connue et réelle, qui a son caractère à elle, une relation d’amour. Elle n’est pas une chose à acquérir, et la sainteté n’est pas le moyen de l’acquérir : la sainteté est le caractère de la relation dans laquelle nous sommes avec Dieu, en tant que rendus participants de la nature divine comme ses enfants, et elle est la révélation de la perfection de cette nature en Lui en amour. L’amour même nous a donné cette nature et nous a placés dans cette relation, la sainteté pratique est son exercice en communion avec Dieu ; nous avons communion avec Lui dans sa présence selon l’amour que nous connaissons ainsi. Or cet amour c’est Dieu Lui-même, comme il s’est révélé pour nous.

Mais le coeur n’est pas seul dans cette joie et dans cette perfection : beaucoup de saints en jouiront ensemble, et surtout Jésus Lui-même. Il viendra, sera présent, et non seulement Lui qui est le Chef, mais tous ses saints avec Lui seront aussi là. Cette manifestation de Jésus avec tous les saints sera l’accomplissement des voies de Dieu à l’égard de ceux qu’il avait donnés à Christ : nous le verrons dans sa gloire, cette gloire qu’il a prise en rapport avec sa venue pour nous chercher ; nous verrons tous les saints dans lesquels il sera admiré, et nous les verrons dans la perfection que nos coeurs désirent maintenant pour eux.

Remarquez aussi que l’amour fait surmonter les difficultés, les persécutions, la frayeur que l’Ennemi cherche à produire dans nos coeurs. Si nous sommes occupés de Dieu, heureux en lui, le poids des afflictions ne se fait pas sentir. La force de Dieu est dans le coeur, la marche se lie sensiblement à l’éternel bonheur dont on jouit avec Lui, et nos peines ne sont «qu’une légère tribulation d’un moment». Et non seulement la souffrance est relativement légère, mais aussi on souffre pour Christ. Souffrir ainsi avec Lui est une joie ; c’est l’intimité de la communion, si nous savons l’apprécier ; et tout est revêtu de la gloire et de la délivrance qui se trouvent à la fin — «en la venue de notre Seigneur Jésus avec tous ses saints».

En lisant ce passage, on ne peut qu’être frappé de la manière immédiate et vivante dont la venue du Sauveur est liée à la vie pratique et ordinaire, de sorte que la parfaite lumière de ce jour-là jette sa clarté sur le chemin journalier du temps présent. Les Thessaloniciens devaient être, par l’exercice de l’amour, affermis dans la sainteté devant Dieu à la venue de Christ. Ils attendaient ce jour d’un moment à l’autre, comme fin, comme seul terme en perspective, de la vie journalière ici-bas. Combien cette attente met l’âme dans la présence de Dieu ! De plus, ainsi que je l’ai déjà, en partie, fait remarquer, on vit dans une relation connue avec Dieu, qui donne lieu à cette confiance. Il était le Père des fidèles de Thessalonique ; il est le nôtre. La relation des saints avec Jésus n’était pas moins réalisée : les saints étaient «ses saints» ; ils viendraient tous avec Lui, ils sont associés à sa gloire. Il n’y a rien d’équivoque dans l’expression. Jésus, le Seigneur, venant avec tous ses saints, ne laisse pas penser à quelque autre événement qu’à son retour en gloire. Alors aussi il sera glorifié dans ses saints qui l’auront déjà rejoint pour être toujours avec Lui : ce sera le jour de leur manifestation, comme de la sienne.

4                    CHAPITRE 4

Ensuite l’apôtre s’occupe des dangers que couraient les Thessaloniciens par suite de leurs anciennes habitudes, habitudes qui étaient encore celles de la société qui les entourait, et qui étaient en contradiction directe avec la joie céleste et sainte dont Paul parle ici. Il leur avait déjà montré comment ils devaient marcher et plaire à Dieu ; il avait marché lui-même dans cette voie au milieu d’eux (chap. 2: 10). Paul pouvait exhorter les Thessaloniciens à une conduite semblable avec toute l’autorité que lui donnait sa propre marche, comme il pouvait souhaiter l’accroissement de l’amour selon l’affection qu’il avait lui-même aussi pour eux (comp. Actes 26: 29). C’est là ce qui donne du poids aux exhortations et à la parole d’un ouvrier du Seigneur.

L’apôtre se préoccupe ici en particulier de la pureté ; car les moeurs des païens étaient tellement corrompues que l’impureté n’était pas même comptée pour un péché parmi eux. Il peut nous paraître étrange qu’une exhortation semblable à celle que Paul adresse ici aux Thessaloniciens ait été nécessaire, pour des chrétiens aussi vivants que ceux de Thessalonique ; mais nous ne tenons pas assez compte, dans notre manière de juger, de la force des habitudes dans lesquelles on a été élevé et qui font comme partie de notre nature et du courant de nos pensées ; nous ne tenons pas non plus assez compte de l’action de deux natures distinctes sous l’empire de ces pensées, quoique, si l’on donne cours à l’une des natures, l’autre perd sa vitalité. Mais les motifs qui nous sont donnés montrent sur quel pied tout nouveau, pour ce qui regarde la moralité la plus ordinaire, le christianisme nous place. Le corps n’est qu’un vase que l’on emploie à volonté pour tout usage auquel on voudrait le faire servir : on doit posséder ce vase, au lieu de se laisser entraîner par la convoitise de la chair ; car on connaît Dieu, on ne doit pas tromper son frère dans ces choses (*), car le Seigneur en tire vengeance. Dieu nous a appelés à la sainteté, nous avons affaire avec Lui, et si l’on méprise son frère en profitant de la faiblesse de son caractère, pour empiéter sur ses droits à cet égard, on méprise non pas l’homme, mais Dieu, qui Lui-même en tient compte et nous a donné son Esprit, Esprit, qu’en pareil cas, on méprise en soi-même et dans son frère en qui il demeure aussi. Celui à qui on fait le tort n’est pas seulement le mari d’une femme, il est la demeure du Saint Esprit et l’on doit tenir compte de lui comme tel. Quelle élévation le christianisme donne à l’homme, et cela en rapport avec nos meilleures affections !

(*) En tv pragmati est un euphémisme pour «ces choses».

À l’égard de l’amour fraternel, ce nouveau ressort de leur vie, il n’était pas nécessaire d’exhorter les Thessaloniciens : Dieu Lui-même les avait enseignés, et ils servaient comme exemple d’amour à tous ; seulement l’apôtre veut qu’ils y abondent toujours davantage, marchant paisiblement, travaillant de leurs propres mains, en sorte qu’ils ne fussent redevables de rien à personne, afin que le Seigneur fût aussi glorifié sous ce rapport.

Telles sont les exhortations adressées par l’apôtre aux Thessaloniciens. Ce qui suit est une révélation absolument nouvelle pour leur encouragement et leur consolation.

Nous avons vu que les Thessaloniciens attendaient toujours le Seigneur ; sa venue était leur espérance immédiate et prochaine en rapport avec leur vie de chaque jour. Ils l’attendaient constamment pour qu’il les prît auprès de Lui. Ils avaient été convertis «pour attendre des cieux son Fils». Or, il leur semblait (faute d’instruction) que les saints qui venaient de mourir ne seraient pas avec eux pour être enlevés. L’apôtre éclaircit ce point et distingue entre la venue de Jésus pour prendre les siens, et son jour, qui est un jour de jugement pour le monde. Il exhorte les Thessaloniciens à ne pas s’affliger au sujet de ceux qui étaient morts en Christ (*) comme les gens qui n’ont pas d’espoir le font au sujet des morts. Or la raison que Paul donne pour ne pas s’affliger ainsi est une preuve touchante de la liaison étroite de la vie spirituelle tout entière de l’enfant de Dieu avec l’attente de Jésus revenant personnellement pour le faire entrer dans la gloire céleste. L’apôtre, en consolant les Thessaloniciens au sujet de leurs frères qui venaient de mourir, ne dit pas, même par un mot, que les survivants rejoindraient ceux-ci dans le ciel. Les Thessaloniciens sont maintenus dans la pensée qu’ils devaient toujours attendre le Seigneur, de leur vivant, pour qu’il les transformât à sa ressemblance glorieuse (comp. 2 Cor. 5 et 1 Cor. 15). Il a fallu une révélation particulière pour faire comprendre aux Thessaloniciens que ceux qui étaient décédés auparavant auraient aussi leur part dans cet événement. Ils avaient, pour ainsi dire, une part semblable à celle de Christ. Lui est mort ; il est ressuscité ; il en sera de même pour ceux-ci ; et lorsque Christ viendra en gloire, Dieu les amènera comme il amènera les autres croyants, savoir ceux qui ne seront pas morts, avec Lui.

(*) On a pensé que l’apôtre parlait ici de ceux qui étaient morts, pour l’amour du nom de Jésus, comme martyrs. Il se peut que leur mort ait eu lieu à la suite des persécutions mais «dia tou Ihsou» serait une singulière manière de l’exprimer ; «dia» avec un génitif, est employé pour désigner un état de choses, une condition dans laquelle nous nous trouvons, qui nous caractérise. Placés en Christ, leur délogement n’était que «s’endormir», non pas «mourir». Ils avaient cette position par le moyen de Jésus, non pas pour l’amour de Lui. (Comparer toutefois 2 Cor. 4: 14,)

Là-dessus l’apôtre donne des éclaircissements plus détaillés sur la venue du Seigneur, éclaircissements qu’il avait reçus par des révélations expresses ; et il a fait connaître comment ils seraient avec Lui de manière à venir avec Lui lorsqu’il apparaîtra. Les vivants ne devanceront pas ceux qui sont endormis en Jésus ; le Seigneur Lui-même viendra comme chef de son armée céleste, dispersée pour un temps, afin de les rassembler auprès de Lui. Il fait l’appel ; l’archange, par sa puissante voix, fait passer cet appel de rang en rang ; la trompette sonne ; les morts en Christ ressuscitent premièrement, c’est-à-dire, avant le départ des vivants ; «puis nous, les vivants qui demeurons», nous irons avec eux tous ensemble dans les nuées à la rencontre du Seigneur en l’air, et ainsi nous serons toujours avec le Seigneur (vers. 16, 17).

C’est de cette manière que le Seigneur Lui-même est monté, et en toutes choses nous devons Lui être semblables — circonstance importante ici. Transmués ou ressuscités, nous monterons tous ensemble dans les nuées. Lui-même est monté dans les nuées, et ainsi nous serons toujours avec Lui.

Il ne s’agit pas, dans cette partie du passage où l’apôtre explique les détails de notre ascension vers le Seigneur en l’air, de la venue de Christ sur la terre, mais du fait que nous nous en allons comme il s’en est allé, pour être avec Lui, afin de pouvoir tous revenir, être ramenés ensemble avec Lui (*). L’apôtre dans ce qu’il dit, à l’égard des saints, ne va pas plus loin que la révélation de notre réunion pour toujours avec Christ : il n’est question ici ni de jugement, ni d’apparition, mais seulement de notre association céleste avec Christ, de fait, en ce que nous nous en allons de la terre, précisément comme il s’en est allé Lui-même. Cela est très précieux. Il y a ici cette différence entre Lui et nous, c’est que Lui s’en est allé de plein droit : il est monté ; tandis que pour ce qui est des siens, sa voix appelle les morts hors du tombeau, et les vivants étant transmués, tous sont ravis ensemble. C’est un acte solennel de la puissance de Dieu, qui met le sceau sur la vie du chrétien et sur l’oeuvre de Dieu, et place les chrétiens dans la gloire de Christ comme ses compagnons célestes. Glorieux privilège, précieuse grâce ! Si nous la perdons de vue, nous détruisons le caractère propre de notre joie et de notre espérance.

(*) Afin que nous revenions tous ensemble, que nous soyons ramenés ensemble avec Lui.

D’autres conséquences, qui sont le résultat de sa manifestation, suivent notre réunion avec Lui ; mais celle-ci est notre part et notre espérance. Nous quittons la terre comme Jésus ; nous serons toujours avec Lui.

C’est par ces paroles que nous devons nous consoler si des fidèles viennent à mourir, s’endormant en Jésus. Ils reviendront avec Lui quand il sera manifesté ; et pour ce qui regarde la part qu’ils doivent avoir, ils s’en iront comme Lui — soit ressuscités, soit transmués — pour être toujours avec le Seigneur.

Tout ce qui suit regarde le gouvernement de la terre, sujet important qui fait partie de la gloire de Christ. Nous aussi, nous avons part à ce gouvernement ; mais ce n’est pas notre propre part à nous ; car cette part est d’être avec Lui, semblables à Lui, et même, lorsque le moment sera venu, de quitter, de la même manière que Lui, un monde qui l’a rejeté, qui nous a rejetés, et qui doit être jugé.

Je le répète, perdre ceci de vue, c’est perdre notre part, à nous. Tout est compris dans les mots : «Ainsi nous serons toujours avec le Seigneur». L’apôtre a expliqué ici comment tout cela arrivera (*). Il faut lire les versets 15-18 comme parenthèse, et lier la fin du verset 14 au premier verset du cinquième chapitre. Le chapitre 5 fait connaître ce qu’il fera lorsqu’il ramènera les saints avec Lui selon le chapitre 4: 14.

(*) Comparer 2 Cor. 5: 1 et suivants. Nous avons déjà remarqué comme fait, que cette partie du chapitre 4 de l’épître aux Thessaloniciens est une nouvelle révélation distincte : mais la portée de ce fait apparaît ici et démontre qu’il a une grande importance. La vie du chrétien se lie tellement au jour (c’est-à-dire à la puissance de la vie de lumière de laquelle Christ vit), et Christ, qui est déjà dans la gloire, est si réellement la vie du fidèle, que celui-ci ne pense pas à autre chose qu’à entrer dans la gloire par cette puissance de Christ qui le transmuera (voyez 2 Cor. 5: 4). Il a fallu une révélation accessoire et nouvelle pour expliquer (ce que l’intelligence des Thessaloniciens n’avait pas encore saisi) comment les saints morts ne perdaient pas leur part dans ce jour-là. La même puissance sera appliquée à leurs corps morts et aux corps mortels des saints vivants, et tous seront ravis ensemble ; mais la victoire sur la mort étant déjà remportée et Christ selon la puissance de la résurrection étant déjà la vie du chrétien, ce qui était naturel selon cette puissance, c’est que le chrétien passerait, sans subir la mort, dans la plénitude de la vie auprès de Christ. C’était tellement la pensée naturelle de la foi qu’il fallait une révélation expresse et, comme je l’ai dit, accessoire, pour expliquer comment les morts y auraient aussi leur part. Pour nous, maintenant, cela ne présente aucune difficulté. C’est l’autre côté de cette vérité qui nous manque, car il appartient à une foi bien plus vivante que la nôtre, et qui réalise bien davantage la puissance de la vie de Christ et sa victoire sur la mort. Sans doute, les Thessaloniciens auraient dû réfléchir que Christ était mort et ressuscité, et n’auraient pas dû permettre que la force surabondante de leur joie réalisant leur propre part en Christ leur cachât la certitude de la part de ceux qui dorment en Lui. Mais on voit — et Dieu l’a permis afin que nous voyions — comment la vie que les Thessaloniciens possédaient se rattachait à la position du Chef triomphant sur la mort. L’apôtre n’affaiblit pas cette foi et cette espérance, mais il ajoute, pour que les Thessaloniciens se consolent par cette considération, que le triomphe de Christ aurait la même puissance pour les saints endormis que pour les vivants, et que Dieu ramènerait les premiers avec Jésus en gloire aussi bien que les derniers, après les avoir ravis ensemble, ce qui serait leur part commune pour être toujours avec Lui.

Dieu nous donne, à nous aussi, cette vérité, la révélation de cette puissance. Il a permis que des milliers s’endorment, parce qu’il avait, son nom en soit béni, d’autres milliers à appeler ; mais la vie de Christ n’a pas perdu sa force, ni la vérité sa certitude. Nous l’attendons comme des vivants, parce qu’il est notre vie ; nous le verrons en résurrection, si peut-être nous mourons avant qu’il vienne nous chercher : et le temps est proche.

Remarquez aussi que cette révélation imprime une autre direction à l’espérance des Thessaloniciens, parce qu’elle fait, avec beaucoup de précision, la différence entre notre départ d’ici-bas pour rejoindre le Seigneur en l’air et notre retour sur la terre avec Lui ; et non seulement cela, mais elle fait de notre départ la chose principale pour les chrétiens, tout en confirmant et en éclaircissant ce qui touche notre retour avec Lui. Je doute que les Thessaloniciens comprissent mieux le retour des saints avec Jésus que notre départ à tous d’ici-bas pour le rejoindre ; ils avaient été amenés lors de leur conversion même à attendre Jésus du ciel. Dès le commencement le grand et essentiel principe était établi pour leur coeur ; la personne de Christ était l’objet de l’attente de leur coeur : ils étaient ainsi détachés du monde.

Peut-être avaient-ils quelque idée vague qu’ils devaient paraître avec Lui en gloire : mais le comment de tout cela, ils l’ignoraient. Ils devaient être prêts à tout moment, pour sa venue ; et Lui et eux seraient glorifiés ensemble devant l’univers. Voilà ce qu’ils savaient. C’est la somme de la vérité.

Or, l’apôtre développe ici plus d’un point en rapport avec cette vérité générale. 1° Les Thessaloniciens seraient avec Christ à sa venue : ceci, je pense, n’est qu’un développement réjouissant d’une vérité qu’ils possédaient, mais donne un peu plus de précision à un de ses précieux détails. À la fin du chapitre 3, nous trouvons la vérité clairement énoncée (encore vague du moins dans les coeurs des Thessaloniciens, car ils croyaient les morts en Christ, privés de ce privilège), que tous les saints viendront avec Jésus : point capital quant au caractère de nos relations avec Lui. Ainsi Jésus était attendu : les saints seront ensemble avec Jésus lors de sa venue, tous les saints viendront avec lui : ceci fixait et rendait exactes les idées des Thessaloniciens sur des points déjà plus ou moins connus d’eux. 2° Ce qui suit était une révélation nouvelle, à l’occasion de leur méprise à l’égard de ceux qui étaient endormis. Ils pensaient bien que les chrétiens qui seraient prêts seraient glorifiés avec Christ quand il reviendrait dans ce monde ; mais les morts étaient-ils prêts ? Ils ne seraient pas présents pour avoir part à la manifestation glorieuse de Jésus sur la terre ; car je ne doute pas que cette idée vague ne possédât l’esprit des Thessaloniciens. Ils pensaient que Jésus reviendrait dans ce monde, et que ceux qui l’attendent auraient part à cette manifestation glorieuse sur la terre. Or les saints morts, l’apôtre le déclare, sont dans la même position que Jésus qui a été mort. Dieu ne l’a pas laissé dans le tombeau, et ceux qui sont comme Lui, Dieu les ramènera aussi avec Lui quand il reviendra en gloire sur la terre. Mais ce n’est pas tout : la venue de Jésus en gloire sur la terre n’est pas la chose principale : les morts en Christ seront ressuscités, puis, iront avec les vivants à la rencontre du Seigneur en l’air, avant son apparition et reviendront avec Lui sur la terre en gloire ; et ainsi ils seront toujours avec le Seigneur. C’est là la chose principale, la part des chrétiens, savoir de demeurer éternellement avec Christ dans le ciel. La part des fidèles est en haut ; elle est Christ Lui-même, bien qu’ils doivent apparaître avec Lui dans la gloire ; ensuite, pour le monde, la venue de Christ sera le jugement.

Dans cet important passage, nous trouvons donc le chrétien vivant dans une attente du Seigneur qui se lie à sa vie de chaque jour et la complète. La mort donc n’est pour le chrétien qu’un accessoire qui peut arriver et qui ne le prive pas de sa part quand son Maître reviendra. L’attente propre du chrétien est entièrement séparée de tout ce qui suit la manifestation de Christ et est en rapport avec le gouvernement de ce monde.

Le Seigneur Lui-même vient pour nous recevoir à Lui ; il n’envoie pas à sa place les serviteurs de sa puissance : avec pleine autorité sur la mort dont il a été vainqueur, et avec la trompette de Dieu, sa voix fait sortir ensemble les siens du tombeau ; et ceux-ci, avec les vivants (transmués), vont à sa rencontre en l’air. Notre départ du monde ressemble parfaitement à celui de Jésus : nous laissons le monde auquel nous n’appartenons pas, pour aller dans le ciel ; une fois là, nous avons atteint notre part : semblables à Christ, nous sommes toujours avec Lui. Mais il amènera les siens avec Lui, quand il apparaîtra ; c’est donc là la vraie consolation pour le cas de la mort d’un chrétien. La mort n’affaiblit pas l’attente journalière du Seigneur venant du ciel ; au contraire, la manière dont l’apôtre envisage la mort ici confirme cette attente. Le saint mort ne perd pas ses droits en mourant, en s’endormant avec Jésus : il sera le premier objet de l’attention de son Seigneur lorsqu’Il viendra pour appeler les siens. Toutefois le point de départ des siens pour le rejoindre est la terre ; les morts seront ressuscités — c’est la première chose — pour être prêts à partir avec les autres ; et alors, de cette terre, tous partiront ensemble pour être avec Christ dans le ciel. Ce point de vue est de toute importance pour faire saisir le vrai caractère de ce moment où toutes nos espérances s’accompliront.

5                    CHAPITRE 5

Ainsi la seconde venue de Jésus dans ce monde n’est plus un objet vague de l’attente du fidèle, une époque de gloire. Au chap. 5, l’apôtre en parle, mais pour distinguer la position des chrétiens de celle des habitants insouciants et incrédules de la terre. Le chrétien vivant, instruit du Seigneur, attend toujours le Maître. Il y a «des temps et des saisons», il n’est pas nécessaire de lui en parler ; mais, il le sait, le jour du Seigneur viendra comme un voleur dans la nuit, mais non pour lui : il est du jour, il a part à la gloire qui sera manifestée pour exécuter le jugement sur le monde incrédule. Les croyants sont les fils de la lumière ; et cette lumière, qui est le jugement des incrédules, est l’expression de la gloire de Dieu, gloire qui ne supporte pas le mal, et qui, quand elle paraîtra, le chassera de dessus la terre. Le chrétien est du jour qui jugera et détruira le méchant et la méchanceté même sur la terre. Christ est le Soleil de justice, et les fidèles luiront comme le soleil dans le royaume de leur Père.

Le monde dira : «Paix et sûreté» ; il croira en toute sécurité à la durée de sa prospérité et à la réussite de ses desseins, au moment où le jour sera là subitement ! (comp. 2 Pierre 3: 3). C’est ce que le Seigneur Lui-même a souvent répété ; voyez Matt. 24: 36-44 ; Marc 13: 33-36 ; Luc 12: 40 et suiv. ; 17: 26 et suiv. ; 21: 35, etc.

Il est bien solennel de trouver (Apoc. 3: 3) que l’Église professante, qui se dit vivante et dans la vérité, qui n’a pas le caractère de corruption que porte Thyatire, doive être traitée comme le monde — si du moins elle ne se repent pas.

On peut s’étonner, peut-être, que le Seigneur ait dit que, dans un pareil temps de sécurité, les coeurs des hommes se fondront de frayeur dans l’attente des choses qui doivent arriver sur la terre (Luc 21: 26). Mais nous voyons déjà ces deux principes de sécurité et de frayeur en présence. Progrès, succès, longue durée d’un nouveau développement de l’humanité, tel est le langage de ceux qui se moquent de la venue du Seigneur. Néanmoins, quelles craintes pour l’avenir possèdent, en même temps, les hommes et pèsent sur les coeurs. Je me suis servi du mot de «principes» en parlant de sécurité et de frayeur, car je ne crois pas que le moment dont parle le passage, auquel j’ai fait allusion, soit encore là ; mais l’ombre des événements à venir se projette sur les coeurs. Qu’on est heureux d’appartenir à un autre monde !

Cette différence de position, savoir, que nous sommes du jour et que par conséquent le jour ne peut venir sur nous comme un voleur, l’apôtre l’applique au caractère et à la marche du chrétien. Le chrétien est «du jour», ainsi le jour ne saurait le surprendre comme un voleur. Étant fils de la lumière, il doit marcher comme tel. Il vit dans le jour, quoique tout soit encore nuit et ténèbres autour de lui. On ne dort pas de jour : ceux qui dorment, dorment la nuit ; ceux qui s’enivrent, s’enivrent de nuit : ce sont là des oeuvres de ténèbres. Le chrétien, fils du jour, doit veiller et être sobre, et se revêtir de tout ce qui fait la perfection et la raison d’être de sa position — savoir de la foi, de l’amour et de l’espérance (vers. 8) — principes qui lui donnent courage et confiance pour aller en avant. Il a la cuirasse de la foi et de l’amour. Il va ainsi droit devant lui contre l’Ennemi ; il a pour casque l’espérance de ce salut glorieux dans lequel il sera délivré de tout, en sorte qu’il élève sa tête au milieu des dangers, sans crainte. On voit que l’apôtre rappelle ici les trois grands principes du chapitre 13 de la première épître aux Corinthiens, pour caractériser le courage et la fermeté du chrétien, comme, au commencement de notre épître, il a montré que ces mêmes principes étaient le ressort de la marche de chaque jour.

La foi et l’amour nous mettent naturellement en rapport avec Dieu, révélé en Jésus comme principe de communion, de sorte que nous marchons avec confiance en Lui ; sa présence nous fortifie. Par la foi, il est l’objet glorieux de nos regards ; par l’amour, il demeure en nous, et nous réalisons ce qu’il est ; l’espérance porte nos yeux particulièrement sur Christ qui vient pour nous faire jouir de la gloire avec Lui.

C’est dans cet esprit que l’apôtre parle quand il dit : «Car Dieu ne nous a pas destinés à la colère» (la foi comprend l’amour, sait ce que Dieu veut, connait ses pensées à notre égard), «mais à l’acquisition du salut» (vers. 9). — Voilà ce que nous espérons. L’apôtre parle ici du salut en tant que délivrance finale «par notre Seigneur Jésus Christ», et il ajoute naturellement : «qui est mort pour nous, afin que, soit que nous veillions, soit que nous dormions (que nous soyons vivants quand il viendra ou morts avant sa venue), nous vivions ensemble avec Lui» (v. 10). La mort ne nous prive pas de cette délivrance et de cette gloire, car Jésus est mort ; la mort est devenue le moyen d’obtenir pour nous la délivrance et la gloire aussi ; et si nous mourons, nous vivrons également avec Lui. Il est «mort pour nous», à notre place, afin que, quoi qu’il en soit, nous vivions avec Lui. Tout ce qui nous empêchait de vivre avec Lui est hors de notre chemin, a perdu sa force et plus que perdu sa force, est une garantie pour nous, que nous jouirons sans entrave de la pleine vie de Christ en gloire. De sorte que nous pouvons nous exhorter l’un l’autre, et, plus que cela, nous édifier l’un l’autre par ces glorieuses vérités, par lesquelles Dieu répond à tous nos besoins, à toutes nos nécessités. Ici (v. 10) se termine la révélation spéciale, commencée au chapitre 4: 13, à l’égard de ceux qui s’endorment avant la venue du Seigneur Jésus.

J’attire ici l’attention de mon lecteur sur la manière dont l’apôtre parle de la venue du Seigneur, dans les divers chapitres qui viennent de nous occuper. On remarquera que l’Esprit ne présente pas ici l’Assemblée comme un tout. Il s’agit de la vie, par conséquent de la vie de chaque chrétien en particulier ; et ce point, certes, est bien important.

Dans le premier chapitre, l’attente du Seigneur est présentée en général comme caractérisant le chrétien : les Thessaloniciens sont convertis pour servir le Dieu vivant et vrai, et pour attendre des cieux son Fils. C’est l’objet même — la personne du Seigneur — qui nous est présenté ici : le Fils de Dieu Lui-même viendra et satisfera à tous les besoins du coeur. Ce n’est ni son règne, ni le jugement, ni même le repos, mais le Fils de Dieu ; et ce Fils de Dieu, c’est Jésus ressuscité d’entre les morts et qui nous délivre de la colère qui vient, car il en vient une. Chaque chrétien attend donc pour soi le Fils de Dieu, il l’attend du ciel.

Dans le second chapitre, c’est l’association avec les saints, la joie dans les saints à la venue de Christ, qui nous sont présentées.

Au chapitre troisième, il s’agit davantage de responsabilité, de responsabilité dans la liberté et dans la joie, mais d’une position devant Dieu en rapport avec notre marche et notre vie ici-bas. L’apparition du Seigneur est la mesure et le moment de l’épreuve de la sainteté. Le témoignage rendu de la part de Dieu à cette vie, en ce qu’il lui accorde sa place naturelle, trouve son accomplissement lorsque Christ est manifesté avec tous ses saints. Ce n’est pas sa venue pour nous chercher, mais sa venue avec nous. Cette distinction est toujours faite. Pour les chrétiens même et pour l’Assemblée, ce qui a trait à la responsabilité se trouve toujours en rapport avec l’apparition du Seigneur ; nos joies, par contre, avec sa venue pour nous prendre à Lui.

Les points traités dans ces trois premiers chapitres sont donc : 1° l’attente générale du Seigneur en personne, de «son Fils des cieux» ; 2° l’amour satisfait à sa venue, quant à d’autres ; 3° la sainteté ayant sa pleine valeur et son plein développement lors de cette venue.

Dans le quatrième chapitre, ce n’est pas la liaison de la vie avec son plein développement dans notre réunion réalisée avec Christ, mais la victoire sur la mort qui ne met aucune barrière à cette réunion, et en même temps notre espérance affermie et établie dans notre commun départ de ce monde, à la ressemblance de celui de Jésus, pour être toujours avec Lui.

Les exhortations qui terminent l’épître sont courtes ; la puissante action de la vie de Dieu dans ces chers disciples de Paul rendait ces exhortations comparativement peu nécessaires, quoiqu’elles soient toujours bonnes. Paul n’avait rien à blâmer chez les Thessaloniciens : heureux état ! Ils n’étaient peut-être pas assez enseignés quant à un grand développement de doctrine (l’apôtre espérait les voir pour cela) mais il y avait assez de vie au milieu d’eux, une relation personnelle avec Dieu assez vraie et réelle, pour les édifier sur ce terrain. À celui qui a, il sera donné davantage. L’apôtre pouvait se réjouir avec les frères de Thessalonique, et confirmer leur espérance, et y ajouter, comme révélation venant de Dieu, des détails dont l’Assemblée tire son profit dans tous les siècles.

Dans l’épître aux Philippiens nous voyons la vie selon l’Esprit dominer toutes les circonstances par des pensées, fruits, chez l’apôtre, d’une longue expérience de la bonté et de la fidélité de Dieu. Il montre la puissance remarquable de cette vie de foi quand l’appui des saints lui manque complètement, et qu’il est en détresse, et sa vie en question, après quatre années d’emprisonnement, aux mains d’un tyran sans miséricorde. C’est alors que Paul peut proclamer qu’on doit toujours se réjouir dans le Seigneur et que Christ est tout pour lui ; que pour lui, vivre c’est Christ, la mort un gain. C’est alors qu’il peut tout par Christ qui le fortifie. C’est ce qu’il a appris. Dans notre épître, nous trouvons la fraîcheur de la fontaine près de sa source, l’énergie des premiers jets de la vie dans l’âme des croyants, se présentant à nous dans toute la beauté, la pureté et la vigueur de son premier printemps, sous l’influence du soleil qui s’était levé sur eux et faisait monter en eux cette sève de vie, dont les premières manifestations n’étaient pas encore altérées par le contact avec le monde ou par l’affaiblissement de la vue des choses invisibles.

L’apôtre voulait que les disciples reconnussent ceux qui travaillaient au milieu d’eux, qui les conduisaient dans la grâce et les avertissaient, et qu’ils les estimassent beaucoup à cause de leur oeuvre. L’opération de Dieu attire toujours l’âme mue par le Saint Esprit et commande son attention et son respect. C’est sur ce fondement que l’apôtre base son exhortation. Il ne s’agit pas ici d’une charge, même s’il y avait des personnes qui en fussent revêtues, mais de l’oeuvre qui attire et attache le coeur. Ils devaient connaître ceux qui travaillaient parmi eux (vers. 12). La spiritualité reconnaît cette opération de Dieu. L’amour, le dévouement, la réponse aux besoins des âmes, la patience en s’occupant d’elles de la part de Dieu, tout ceci se légitimait auprès de l’âme du fidèle, et elle bénissait Dieu de ce qu’il prenait soin de ses enfants. Dieu agissait dans l’ouvrier et dans les coeurs des fidèles ; et Dieu en soit béni, c’est un principe qui dure toujours et qui ne s’affaiblit pas !

Le même Esprit produisait la paix entre eux. Cette grâce était très précieuse ; et si l’amour apprécie l’oeuvre de Dieu dans l’ouvrier, il tiendra compte de tous les frères comme étant dans la présence de Dieu ; la volonté propre n’agit pas.

Or ce renoncement à la volonté propre et cette conscience pratique de l’opération et de la présence de Dieu donnent la force pour avertir les désordonnés, pour consoler les craintifs, pour aider les faibles, pour être patient envers tous. L’apôtre exhorte les Thessaloniciens à agir ainsi : la communion de Dieu nous en rend capables et sa Parole nous dirige dans cette oeuvre. En aucun cas, ils ne devaient rendre le mal pour le mal, mais poursuivre ce qui est bon entre eux et à l’égard de tous. Toute cette conduite dépend de la communion avec Dieu, de sa présence avec nous qui nous élève au-dessus du mal. Dieu en amour est au-dessus du mal ; c’est ce que nous pouvons réaliser en marchant avec Lui.

Telles étaient les exhortations de l’apôtre, destinées à diriger la conduite des Thessaloniciens envers tous. Pour ce qui regardait leur état personnel, la joie, la prière, les actions de grâces en toutes choses devaient les caractériser. À l’égard de l’action publique de l’Esprit au milieu d’eux, les admonitions de l’apôtre étaient brèves pour ces simples et heureux chrétiens. Ils ne devaient pas empêcher l’action de l’Esprit au milieu d’eux (car c’est là la force de l’expression : «éteindre l’Esprit») ; ni mépriser ce qu’il pouvait dire, même par la bouche du plus simple, si l’Esprit désirait l’employer ; eux-mêmes spirituels, ils pouvaient juger de tout. Ils devaient ainsi, non pas recevoir tout ce qui se présentait, même sous le nom de l’Esprit, mais tout éprouver. Ils devaient retenir ce qui était bon : on ne vacille pas, quand, par la foi, on reçoit la vérité de la Parole. On n’a pas à apprendre toujours la vérité de ce qu’on a appris de Dieu. Quant au mal, ils devaient s’en abstenir sous toutes ses formes. Telles étaient les courtes exhortations de l’apôtre à ces chrétiens qui, de fait, réjouissaient son coeur. En effet, c’est un beau tableau de la marche chrétienne que celui qui nous est présenté sous des traits si vivants dans les communications de l’apôtre.

Il termine son épître en recommandant les Thessaloniciens au Dieu de paix, pour qu’ils fussent conservés sans reproche jusqu’à la venue du Seigneur Jésus.

Après une telle épître, le coeur de l’apôtre en venait facilement au Dieu de paix ; car on jouit de la paix dans la présence de Dieu, non seulement de la paix dans la conscience, mais de la paix dans le coeur.

Précédemment nous avons trouvé l’amour actif dans le coeur, c’est-à-dire Dieu présent et agissant en nous, envisagés comme participant en même temps de la nature divine. Cette nature est le ressort de la sainteté qui sera manifestée dans toute sa perfection devant Dieu à la venue de Jésus avec tous ses saints. Ici, c’est du Dieu de paix que l’apôtre attend l’accomplissement de cette oeuvre. Plus haut, c’était l’activité d’un principe divin en nous, principe qui se lie à la présence de Dieu et à la communion avec Lui ; ici, c’est le repos parfait du coeur, dans lequel la sainteté se développe. L’absence de la paix dans le coeur provient de l’activité des passions et de la volonté, augmentée par le sentiment de l’impuissance dans laquelle nous nous trouvons de les satisfaire entièrement, ou même dans une mesure quelconque.

Or en Dieu tout est paix : il peut être actif en amour ; il peut se glorifier en créant ce qu’il veut ; il peut agir en jugement pour chasser le mal qui est devant ses yeux ; mais il se repose toujours en Lui-même, et tant pour le bien que pour le mal, il connaît la fin depuis le commencement et il ne s’inquiète pas. Quand il remplit le coeur, il nous communique ce repos : nous ne pouvons nous reposer en nous-mêmes ; nous ne saurions trouver le repos du cœur ni dans l’activité des passions, qu’elles aient un objet ou n’en aient point, ni dans l’énergie déchirante et destructive de notre volonté. Nous trouvons notre repos en Dieu, non pas un repos qui implique la lassitude, mais le repos du coeur, dans la possession de tout ce que nous désirons et de ce qui forme même nos désirs et les satisfait en plein ; nous trouvons ce repos dans la possession d’un objet dans lequel la conscience n’a rien à nous reprocher, et ne peut que se taire dans la certitude que c’est le bien suprême duquel le coeur jouit, l’autorité suprême et unique à la volonté de laquelle il se soumet — et cette volonté est amour envers nous. Dieu donne le repos, la paix. Il n’est jamais appelé le Dieu de la joie : il nous donne bien la joie et nous devons nous réjouir ; mais la joie suppose quelque chose de surprenant, d’inattendu, d’exceptionnel, quelque chose au moins qui fait contraste avec le mal et en est la conséquence. La paix que nous possédons, qui nous contente, n’a aucun élément de ce genre, rien qui fasse contraste, rien qui trouble : la paix est plus profonde, plus parfaite que la joie ; elle est davantage la satisfaction qu’éprouve une nature dans ce qui lui répond parfaitement, dans ce en quoi elle se déploie, sans qu’un contraste soit nécessaire pour rehausser la satisfaction d’un coeur qui n’a pas tout ce qu’il voudrait ou ce dont il sera capable.

Dieu, nous l’avons dit, est ce repos pour Lui-même et en Lui-même ; il nous donne, il est pour nous cette paix parfaite. La conscience étant parfaite par l’oeuvre de Christ, qui a fait la paix et nous a réconciliés avec Dieu, la nouvelle nature, et partant le coeur, trouve sa parfaite satisfaction en Dieu et la volonté se tait, n’ayant d’ailleurs rien de plus à désirer.

Ce n’est pas seulement que Dieu réponde aux désirs que nous avons ; il est la source de nouveaux désirs pour le nouvel homme, par la révélation de Lui-même en amour (*). Il est à la fois la source et l’objet infini de la nature, et cela en amour. Sa part à Lui, c’est d’être tel ; c’est plus que la création : c’est la réconciliation, qui est plus que la création, parce qu’il y a en elle plus de développement d’amour, c’est-à-dire de Dieu. Par cette oeuvre de réconciliation nous connaissons Dieu ; elle révèle ce qu’il est essentiellement en Christ.

(*) Aussi y a-t-il tout le contraire de l’ennui dans la jouissance céleste de Dieu ; car Celui qui est l’objet infini de la jouissance est aussi la source infinie et la puissance infinie de la capacité de jouir, bien que nous jouissions comme des créatures qui ne peuvent que recevoir.

Dans les anges, il se glorifie en création ; les anges nous surpassent en force. Dans les chrétiens, il se glorifie dans la réconciliation, afin qu’ils soient les prémices de sa nouvelle création, quand il aura réconcilié toutes choses dans les cieux et sur la terre par Christ. C’est pourquoi il est dit : «Bienheureux ceux qui procurent la paix, car c’est eux qui seront appelés fils de Dieu» : ils ont la nature du Dieu de paix et son caractère.

C’est dans ces relations avec Dieu que la sanctification pratique se développe, ou plutôt c’est Dieu dans ses relations avec nous, dans la paix de sa communion, qui développe la sanctification, c’est-à-dire notre conformité intérieure d’affection et d’intelligence et par conséquent de conduite extérieure avec Dieu et avec sa volonté. «Le Dieu de paix lui-même vous sanctifie entièrement» ! Qu’il n’y ait rien en nous qui ne cède à cette influence bénigne de la paix, dont on jouit dans la communion de Dieu ; qu’aucune puissance ou force en nous ne connaisse autre chose que Lui ; qu’en tout, il soit notre tout, de sorte que rien autre que Lui n’ait de place dans notre coeur !

Il nous a parfaitement introduits dans cette place de bénédiction, en Christ, et par son oeuvre. Il n’y a rien entre nous et Dieu que l’exercice de son amour, la jouissance de notre bonheur et l’adoration de nos coeurs. Nous sommes la preuve devant Lui, le témoignage, le fruit de l’accomplissement de tout ce qu’il tient pour étant le plus précieux, de ce qui l’a glorifié parfaitement, de ce en quoi il trouve son bon plaisir ; et en même temps, le témoignage et la preuve de la gloire de Celui qui a accompli l’oeuvre — c’est-à-dire Christ — et de son oeuvre. Nous sommes le fruit de la rédemption accomplie par Lui, et les objets de la satisfaction que Dieu doit éprouver dans l’exercice de son amour.

Dieu en grâce est le Dieu de paix pour nous, car la justice divine trouve ici sa satisfaction, et l’amour, son parfait exercice.

Maintenant l’apôtre demande que, selon ce caractère, Dieu opère en nous, pour faire que tout y réponde à la nature de Celui qui nous a été ainsi révélé. C’est dans ce passage seulement que cette division de la nature de l’homme est donnée : «corps, âme et esprit». Le but de l’apôtre n’est certes pas de faire de la métaphysique, mais d’exprimer l’homme, dans toutes les parties de son être : le vase par lequel il exprime ce qu’il est, les affections naturelles de son âme, la partie la plus élevée de sa nature, savoir son esprit par lequel il est au-dessus des animaux et en relation intelligente avec Dieu. Que Dieu se trouve en tout comme mobile, source et guide !

En général, la Parole se sert des mots, «âme» et «esprit», sans distinction, car l’âme de l’homme a été formée autrement que celle des bêtes, en ce que Dieu a soufflé dans les narines de l’homme l’esprit de vie, et que c’est ainsi que l’homme est devenu âme vivante. Il suffit donc de dire âme, en parlant de l’homme ; la partie supérieure de son être est sous-entendue ; et en disant esprit, dans ce même sens, le caractère élevé de son âme est exprimé. L’animal a bien ses affections naturelles ; il a une âme vivante ; il est capable de s’attacher, reconnaît ceux qui lui font du bien, se dévoue à son maître, l’aime, donne même sa vie pour lui, mais il n’a pas ce qui le met en rapport avec Dieu (hélas ! ce qui en nous se met aussi en inimitié contre Lui) ; il ne s’occupe pas des choses en dehors de sa nature, comme maître d’autrui.

L’Esprit donc veut que l’homme réconcilié avec Dieu soit consacré, dans toutes les parties de son être, au Dieu qui l’a mis en relation avec Lui-même par la révélation de son amour et par l’oeuvre de sa grâce, et qu’aucune partie de la nature humaine en lui ne soit sous l’influence d’un objet inférieur à la nature divine de laquelle lui, chrétien, est participant, et qu’ainsi il soit conservé sans reproche en la venue de Jésus.

Remarquons ici qu’il n’est nullement au-dessous de la nouvelle nature en nous d’accomplir fidèlement notre devoir dans toutes les diverses relations dans lesquelles Dieu nous a placés : c’est tout le contraire ; ce qu’il faut, c’est introduire Dieu dans ces relations, son autorité et l’intelligence que la connaissance de sa volonté communique. C’est pourquoi il est dit : maris, demeurez avec vos femmes, «selon la connaissance» ou l’intelligence, c’est-à-dire, non seulement avec des affections humaines et naturelles (qui à elles seules ne peuvent plus même suffire à se conserver pures et bonnes dans la place qui leur appartient), mais comme devant Dieu et conscients de sa volonté. Il se peut que Dieu, en rapport avec l’oeuvre extraordinaire de sa grâce, nous appelle à nous y consacrer entièrement ; mais s’il n’en est pas ainsi, la volonté de Dieu s’accomplit dans les relations dans lesquelles il nous a placés, et l’intelligence divine et l’obéissance à Dieu se déploient dans ces relations. Enfin Dieu nous a appelés à cette vie de sainteté avec Lui ; il est fidèle, et il l’accomplira. Qu’il nous donne de nous tenir près de Lui pour la réaliser !

Remarquons encore comment la venue de Christ et l’attente de cette venue sont introduites ici comme partie intégrante de la vie chrétienne. «Sans reproche, dit l’apôtre, en la venue de notre Seigneur Jésus Christ». La vie qui s’est développée dans l’obéissance et dans la sainteté rencontre le Seigneur à sa venue ; il n’est pas question de la mort ; la vie que nous avons est trouvée ainsi irréprochable quand il paraît. L’homme, dans toutes les parties de son être, mû par cette vie, se trouve là sans reproche quand Jésus arrive. La mort est vaincue (pas encore détruite) ; une nouvelle vie est la nôtre. Cette vie et l’homme vivant de cette vie se retrouveront dans la gloire avec leur Chef et leur source. Alors la faiblesse qui se rattache à la condition actuelle de l’homme disparaîtra — ce qui est mortel sera «absorbé par la vie». Nous sommes à Christ ; il est notre vie, nous l’attendons pour être avec Lui, et pour qu’il complète tout le conseil de Dieu dans la gloire.

Examinons aussi un peu ce que ce passage nous enseigne sur la sanctification : celle-ci se rattache à une nature, mais elle se rattache aussi à un objet ; elle dépend aussi, quant à sa réalisation, de l’opération de quelqu’un d’autre, savoir de Dieu Lui-même, et elle est fondée sur une oeuvre parfaite de réconciliation avec Dieu déjà accomplie. Le chrétien, en tant que sa sanctification est fondée sur cette réconciliation accomplie (dans laquelle nous entrons par la réception d’une nouvelle nature), est envisagé, dans les Écritures, comme déjà parfaitement sanctifié en Christ. La sanctification s’effectue par l’opération de l’Esprit Saint qui, en nous communiquant cette nature, nous sépare, en tant que nés de Dieu, entièrement du monde. Il est important de maintenir cette vérité et de nous tenir pour déjà sanctifiés, dans ce sens-là, bien clairement et bien distinctement ; autrement la sanctification pratique se détache bientôt, dans nos pensées, de la vérité que le chrétien a reçu une nouvelle nature ; la sanctification n’est plus alors que l’amélioration de l’homme naturel ; elle devient tout à fait légale ; le chrétien rentre après sa réconciliation dans le doute et l’incertitude, parce que, quoique justifié, il n’est pas considéré comme étant prêt pour le ciel ; son acceptation dépend de ses progrès, de sorte que la justification ne lui procure pas la paix avec Dieu. L’Écriture dit : «Rendant grâces au Père qui nous a rendus capables de participer au lot des saints dans la lumière». Il y a des progrès à faire ; mais dans l’Écriture les progrès ne sont pas liés avec cette capacité. Le brigand était prêt pour le paradis, et il y est allé. Par de telles vues, l’oeuvre de la rédemption est affaiblie pour ne pas dire détruite, c’est-à-dire l’appréciation de cette oeuvre par la foi dans nos coeurs.

Nous sommes donc sanctifiés (c’est ainsi que l’Écriture parle le plus souvent) par Dieu le Père, par le sang et par l’offrande de Christ, et par l’Esprit, c’est-à-dire mis à part personnellement et pour toujours pour Dieu. À ce point de vue la justification est présentée, dans la Parole, comme conséquence de la sanctification, comme une chose dans laquelle nous entrons par celle-ci. Pris comme pécheurs dans le monde, nous sommes mis à part par le Saint Esprit pour jouir de toute l’efficace de l’oeuvre de Christ selon les conseils du Père, étant mis à part par la communication d’une vie nouvelle sans doute, mais placés, par cette mise à part, dans la jouissance de tout ce que Christ nous a acquis. Je le répète, il est très important de tenir ferme cette vérité tant pour la gloire de Dieu que pour notre propre paix ; mais l’Esprit de Dieu, dans notre épître, ne parle pas de la sanctification à ce point de vue, mais de la réalisation pratique du développement de cette vie de séparation du monde et du mal. Il parle de ce développement divin, dans l’homme intérieur, qui fait de la sanctification un état réel et intelligent de l’âme, un état de communion pratique avec Dieu selon cette nature et selon la révélation de Dieu avec laquelle cette nature est en relation.

Sous ce rapport nous trouvons bien un principe de vie qui opère en nous, ce qu’on appelle un état subjectif, mais il est impossible de séparer cette opération en nous d’avec un objet : l’homme serait Dieu s’il était indépendant d’un objet ; on ne peut pas non plus, par conséquent, séparer cette opération d’une oeuvre continuelle de Dieu en nous, oeuvre qui nous tient en communion avec cet objet, qui est Dieu Lui-même. En conséquence, c’est par la vérité, par la Parole, que la sanctification s’accomplit en nous, soit au commencement, dans la communication de la vie, soit, en détail, tout le long du chemin. «Sanctifie-les par la vérité ; ta parole est la vérité».

L’homme s’est dégradé, nous le savons. Il s’est assujetti aux convoitises de sa partie animale ; mais comment? En s’éloignant de Dieu ! Dieu ne sanctifie pas l’homme en dehors de la connaissance de Lui-même, le laissant toujours éloigné de Lui ; mais, tout en lui donnant une nouvelle nature capable de connaître Dieu, en donnant à cette nature (qui ne peut même pas vivre sans cela) un objet — Lui-même — Dieu ne rend pas l’homme indépendant, comme l’homme a voulu le devenir. Le nouvel homme est l’homme dépendant ; la dépendance est sa perfection. C’est ce que Jésus Christ a montré dans sa vie. Le nouvel homme est un homme dépendant dans ses affections, qui veut l’être, qui s’y complaît, il ne saurait être heureux sans être dépendant et dépendant de l’amour, tout en étant obéissant comme un être dépendant doit l’être.

Ainsi les sanctifiés possèdent une nature sainte dans ses désirs et dans ses goûts ; ils participent de la nature divine, de la vie de Christ. Mais ils ne cessent pas d’être des hommes. Ils ont Dieu révélé en Christ pour objet. La sanctification se développe en communion avec Dieu et dans des affections qui se portent sur Christ et qui l’attendent. Mais la nouvelle nature ne peut pas se révéler un objet à elle-même ; et elle pourrait encore moins en avoir un en mettant Dieu de côté à son gré ; elle est dépendante de Dieu pour la révélation de Lui-même : l’amour de Dieu est répandu dans nos coeurs par le Saint Esprit qu’Il nous a donné, et ce même Esprit prend les choses de Christ et nous les communique. Nous croissons ainsi dans la connaissance de Dieu, étant fortifiés puissamment par son Esprit dans l’homme intérieur, pour «comprendre avec tous les saints quelle est la largeur et la longueur, et la profondeur et la hauteur, et connaître l’amour du Christ qui surpasse toute connaissance», afin que nous soyons remplis jusqu’à toute la plénitude de Dieu. Ainsi, «nous tous, contemplant à face découverte la gloire du Seigneur, nous sommes transformés en la même image, de gloire en gloire, comme par le Seigneur en Esprit». «Je me sanctifie moi-même pour eux, afin qu’eux aussi soient sanctifiés par la vérité».

Nous voyons par ces passages, et l’on pourrait les multiplier, que le chrétien est dépendant d’un objet, et qu’il est dépendant de la force d’un autre. L’amour agit pour opérer en nous selon cette nécessité.

Notre mise à part pour Dieu est complète ; car elle s’effectue par le don d’une nature qui est purement de Dieu, et en nous plaçant sous une responsabilité absolue, car nous ne sommes plus à nous, mais achetés à prix, sanctifiés par le sang de Christ, selon la volonté de Dieu qui veut nous avoir à Lui ; elle nous place en même temps dans une relation, dont le développement, par la connaissance croissante de Dieu qui est l’objet de notre nouvelle nature, est la sanctification pratique qui s’opère en nous par la puissance du Saint Esprit, témoin au-dedans de nous de l’amour de Dieu. Le Saint Esprit attache le coeur à Dieu, en le révélant aussi toujours davantage ; il développe en même temps la gloire de Christ et toutes les qualités divines qui se déploient en Lui dans la nature humaine, et forme ainsi notre nature en tant que nous sommes nés de Dieu.

C’est pourquoi, comme nous l’avons vu dans cette épître, l’amour opérant en nous est le moyen de la sanctification (chap. 3: 12, 13). C’est l’activité de la nouvelle nature, de la nature divine en nous, et cette activité est liée avec la présence de Dieu, car celui qui demeure dans l’amour demeure en Dieu. Ici, au chapitre 5, les saints sont recommandés à Dieu Lui-même pour qu’il opère cette sanctification en eux, tandis que nous sommes toujours placés devant les objets glorieux de notre foi, pour l’accomplir.

Nous pouvons, ici plus particulièrement, attirer l’attention du lecteur sur ces objets de notre foi ; ce sont Dieu Lui-même et la venue du Seigneur : la communion avec Dieu, d’un côté, et de l’autre l’attente de Christ. Il est de toute évidence que la communion avec Dieu est la position pratique de la plus haute sanctification ; celui qui sait qu’il verra Jésus, tel qu’il est maintenant, et qu’il Lui sera semblable, se purifie comme Lui est pur. Par notre communion avec le Dieu de paix, nous sommes sanctifiés tout entiers : si Dieu est tout pour nous dans notre vie pratique, nous sommes tout saints (nous ne parlons pas ici d’aucun changement dans la chair qui ne saurait être assujettie à Dieu, ni Lui plaire) ; et la pensée de Christ et de sa venue nous garde en pratique, en détail, et intelligemment, sans reproche. C’est Dieu Lui-même qui nous garde ainsi et opère en nous pour occuper nos coeurs et nous faire toujours croître.

Mais ce point mérite quelques mots de plus. La fraîcheur de la vie chrétienne, chez les Thessaloniciens, rendait cette vie, pour ainsi dire, plus objective, de sorte que les objets de la foi sont en saillie dans l’épître, et se dessinent nettement devant le coeur. Nous avons déjà dit que ces objets sont Dieu le Père, et le Seigneur Jésus. Quant à la communion d’amour avec les saints qu’il considère comme sa couronne et sa gloire, Paul ne parle que du Seigneur Jésus. Cette perspective a un caractère spécial de récompense, tout en étant une récompense où l’amour domine. Jésus Lui-même avait la joie qui était devant Lui comme appui dans ses souffrances : cette joie lui était personnelle ; l’apôtre aussi, pour ce qui regardait son oeuvre et son travail, attendait avec Christ le fruit de ce travail. À part le cas de l’apôtre au chap. 2, nous trouvons dans cette épître Dieu Lui-même et Jésus, comme objet placé devant nous, ainsi que la joie de la communion de Dieu (dans la relation de Père), et de Christ, duquel nous partageons la gloire et la position par grâce.

Il n’y a que les deux épîtres aux Thessaloniciens où nous trouvions l’expression : «l’Assemblée en Dieu le Père» (*). La sphère de la communion des Thessaloniciens est ainsi constatée et fondée sur la relation dans laquelle ils se trouvaient avec Dieu Lui-même, sous le caractère de Père (1 Thess. 1: 3, 9 et 10 ; 3: 13 ; 4: 15, 16 ; et ici, 5: 23). Il est important de remarquer que le christianisme est d’autant plus objectif qu’il est plus vigoureux et plus vivant. Au reste cela revient simplement à dire que Dieu et le Seigneur Jésus ont une plus grande place dans nos pensées et qu’on se perd réellement davantage en eux. Cette épître aux Thessaloniciens est l’instruction que la Parole nous donne sur ce point ; et nous avons là un moyen de juger bien des faussetés dans nos coeurs et de donner une grande simplicité à notre christianisme.

(*) Peut-être aussi en rapport avec leur récente délivrance de l’idolâtrie, pour servir le seul vrai Dieu, le Père et le Seigneur Jésus-Christ.

L’apôtre termine son épître en demandant les prières des frères, en les saluant avec la confiance de l’affection, et en les conjurant de faire lire son épître à tous les saints frères (vers. 25 et suiv.). Son coeur n’oubliait aucun d’eux et voulait être en relation avec tous, selon cette affection spirituelle et ce lien personnel. Apôtre lui-même envers tous, il voulait qu’ils reconnussent ceux qui travaillaient au milieu d’eux, mais il maintenait en même temps sa propre relation. Le coeur de Paul était un coeur qui, d’une part, embrassait tous les conseils révélés de Dieu et, d’autre part, ne perdait pas de vue le plus petit de ses saints.

Il reste une circonstance intéressante à remarquer dans la manière dont l’apôtre s’y prend pour instruire les Thessaloniciens. Dans le premier chapitre, il prend les vérités qui étaient précieuses pour leur coeur, mais à l’égard desquelles leur intelligence était restée un peu dans le vague, en sorte qu’ils étaient tombés dans une erreur : il prend, dis-je, ces vérités, et avant d’aborder l’erreur et les méprises qu’ils avaient faites, il les emploie dans ses instructions pratiques, avec la clarté avec laquelle il les possédait, les appliquant à des relations connues et senties, afin d’établir fermement les Thessaloniciens dans la vérité positive, et de les mettre au clair à l’égard de l’emploi même de cette vérité. Ils attendaient des cieux son Fils : voilà ce qu’ils possédaient déjà bien clairement dans leurs coeurs ; mais l’apôtre leur fait voir qu’ils seraient dans la présence de Dieu quand Jésus viendrait avec tous ses saints : c’était là un pas très important dans l’éclaircissement du sujet, sans que l’apôtre eût encore touché positivement l’erreur. Le coeur s’orientait dans la vérité, dans l’application pratique de la lumière divine à ce qu’il possédait déjà ; il comprenait ce que c’était que d’être devant Dieu le Père. Se trouver là était une source de joie, un bonheur bien plus intime et réel que la manifestation d’une gloire terrestre et limitée. Ensuite, ils se trouveraient devant Dieu, quand Jésus viendrait avec tous ses saints : simple vérité démontrée par le fait même que Jésus ne pouvait avoir auprès de lui quelques-uns seulement de son Assemblée. Le coeur embrassait cette vérité sans effort, mais en faisant ainsi, il était établi, et l’intelligence aussi, dans la vérité tout entière à l’égard des relations des Thessaloniciens avec Christ et avec les siens. La joie même de la rencontre de l’apôtre avec eux tous (qu’ils fussent morts ou vivants), à la venue de Jésus, plaçait l’âme sur un tout autre terrain que celui d’une bénédiction qui leur serait apportée par l’arrivée de Jésus sur la terre où ils se trouvaient.

Ainsi éclairés, affermis, établis dans la vraie portée de la vérité qu’ils possédaient déjà, par un développement qui se rattachait à leurs meilleures affections et à leurs connaissances spirituelles les plus intimes, affections et connaissances fondées sur leur communion avec Dieu, les Thessaloniciens étaient préparés, avec certaines bases positives de vérité, pour aborder l’erreur et pour écarter avec facilité ce qui ne s’accordait pas avec ce qu’ils savaient apprécier maintenant à sa juste valeur, comme faisant partie de leurs possessions spirituelles. La révélation spéciale que l’apôtre ajoutait mettait tout au clair quant aux détails. Cette manière de procéder est très instructive.