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Pourquoi n’y a-t-il pas lieu de prier le Saint Esprit ?
Monard Jacques-André
ME 1994 p.253-256. Le titre a été ajouté par Bibliquest.
Table des matières :
2.1 Les exemples donnés dans la Parole
2.3 La présence du Saint Esprit dans le croyant
Pourquoi n’aurions-nous pas à prier le Saint Esprit, à le louer, à parler avec lui, puisqu’il est Dieu, aussi bien que le Père et le Fils ?
Le Nouveau Testament nous présente de nombreux exemples de prières et de louanges. Toutes sont adressées à Dieu le Père ou au Seigneur Jésus. Aucune au Saint Esprit. Cette simple constatation est déjà une réponse suffisante à la question posée. De quel droit ferions-nous autrement que selon l’exemple que Dieu nous donne constamment dans sa Parole ?
Plusieurs passages nous parlent du Saint Esprit en rapport avec la louange ou la prière :
· « nous qui rendons culte par l’Esprit de Dieu » (Phil. 3:3) ;
· « priant par toutes sortes de prières et de supplications, en tout temps, par l’Esprit » (Éph. 6:18) ;
· « priant par le Saint Esprit » (Jude 20) ;
· « vous avez reçu l’Esprit d’adoption, par lequel nous crions : Abba, Père ! » (Rom. 8:15) ;
· « nous avons... accès auprès du Père par un seul Esprit » (Éph. 2:18) ;
· « nous ne savons pas ce qu’il faut demander comme il convient ; mais l’Esprit lui-même intercède par des soupirs inexprimables » (Rom. 8:26) ;
· « Soyez remplis de l’Esprit, vous entretenant par des psaumes et des hymnes et des cantiques spirituels, chantant et psalmodiant de votre cœur au Seigneur ; rendant toujours grâces pour toutes choses, au nom de notre Seigneur Jésus Christ, à Dieu le Père » (Éph. 5:18-20).
Ces passages montrent le rôle du Saint Esprit dans la louange ou la prière. Ce n’est pas à lui que nous nous adressons, mais c’est par lui que nous parlons à Dieu, ou au Seigneur Jésus. Il nous conduit dans nos demandes, afin qu’elles soient selon la volonté de Dieu et pour sa gloire. Il fortifie nos âmes et les remplit (Éph. 3:16-19), afin qu’elles débordent de louanges.
Il est clair que l’on ne saurait prier par l’Esprit à l’Esprit.
Cette présence, dont la portée est inestimable, est un des traits distinctifs du temps de l’Église. Ayant cru, nous avons été scellés du Saint Esprit de la promesse (Éph. 1:13). « Votre corps est le temple du Saint Esprit qui est en vous, et que vous avez de Dieu » (1 Cor. 6:19). Cette personne divine consent à faire sa demeure dans des êtres tels que nous. Elle est la puissance de notre vie nouvelle : c’est par elle que notre marche peut répondre à la pensée de Dieu (Rom. 8:4). Si cette puissance n’est pas entravée par l’activité de la chair, nous manifestons le beau fruit de l’Esprit décrit en Galates 5:22.
Il est intéressant de remarquer combien souvent, dans les Épîtres, revient l’expression « par l’Esprit ». Nous en avons déjà cité quelques exemples au sujet de la prière ou de la louange, mais toute notre vie chrétienne peut et doit être marquée par l’activité de l’Esprit en nous.
Un chrétien (dans son état normal) est un homme qui est conduit par l’Esprit de Dieu (Rom. 8:14 ; Gal. 5:18). Il vit par l’Esprit, et doit marcher par l’Esprit (Gal. 5:16, 25). C’est par l’Esprit qu’il peut faire mourir les actions du corps (Rom. 8:13) et réaliser ainsi dans la pratique sa mort avec Christ.
Lorsque la chair est tenue dans la mort, l’activité de l’esprit du croyant et celle de l’Esprit en lui sont pratiquement impossibles à distinguer. En elle-même, la personne du Saint Esprit est parfaitement distincte de l’esprit du croyant. N’allons pas confondre une personne divine et un être humain ! Les deux personnes apparaissent bien distinctement dans un passage comme celui-ci : « L’Esprit... rend témoignage avec notre esprit, que nous sommes enfants de Dieu » (Rom. 8:16). Mais, dans ce passage même, les témoignages rendus par l’Esprit et par notre esprit sont, pour ainsi dire, fondus ensemble.
Considérons quelques passages où cette merveilleuse et mystérieuse liaison entre l’esprit du croyant et le Saint Esprit est mise en évidence.
Romains 8:26, 27 nous parle de la prière : « Nous ne savons pas ce qu’il faut demander comme il convient » ; alors « l’Esprit nous est en aide », il « intercède par des soupirs inexprimables ». Ces soupirs, ce sont en même temps ceux du croyant qui élève son âme vers Dieu sans pouvoir formuler clairement sa requête. « Et celui qui sonde les cœurs », Dieu, « sait quelle est la pensée de l’Esprit ». Mais celle-ci n’est pas différente de la pensée du croyant ; c’est celle qu’il ne savait pas comment exprimer.
En 1 Corinthiens 2:11, 12, nous lisons : « Personne ne connaît les choses de Dieu... si ce n’est l’Esprit de Dieu ». Or « nous avons reçu, non l’esprit du monde, mais l’Esprit qui est de Dieu, afin que nous connaissions les choses qui nous ont été librement données par Dieu ». L’Esprit de Dieu connaît les choses de Dieu, et cet Esprit est en nous. Mais ce n’est pas seulement l’Esprit de Dieu en nous qui connaît ces choses. C’est aussi nous, parce que l’Esprit de Dieu qui habite en nous les connaît ! On voit que la pensée du croyant et la pensée de l’Esprit qui est en lui sont étroitement unies. On ne peut les séparer.
Considérons Galates 4:6 : « Et, parce que vous êtes fils, Dieu a envoyé l’Esprit de son Fils dans nos cœurs, criant : Abba, Père ». Qui est-ce qui crie « Abba, Père » ? Le croyant, bien sûr ! C’est lui qui connaît Dieu comme Père. Mais selon ce verset, ce cri est celui de l’Esprit du Fils de Dieu en lui. On ne peut pas distinguer le cri du croyant du cri de l’Esprit en lui.
Tout cela paraît résumé dans ce verset remarquable : « Celui qui est uni au Seigneur est un seul esprit (ou : Esprit) avec lui » (1 Cor. 6:17). Et une note de la version J.N.D. indique, en nous renvoyant à Romains 8 : « l’Esprit lui-même, et l’état du croyant sont souvent trop intimement liés... pour faire la différence entre Esprit et esprit, et les séparer l’un de l’autre ».
Tout ce que nous venons de voir fait comprendre pour quelle raison nous n’avons pas à parler à l’Esprit qui est en nous, ou à le prier, ou à le louer. Le faire serait en quelque sorte ignorer qu’il est en nous, qu’il agit en nous en formant nos pensées, et que c’est par lui que doit se déployer toute notre activité chrétienne, nos prières et nos louanges en particulier.
Puissions-nous nous maintenir plus régulièrement dans un état de cœur où le Saint Esprit est libre d’agir ! C’est cet état que la parole de Dieu caractérise par les mots « être rempli, ou être plein de l’Esprit » (Act. 4:8, 31 ; 6:3 ; 7:55 ; Éph. 5:18).
« Je fléchis mes genoux devant le Père de notre Seigneur Jésus Christ... afin que, selon les richesses de sa gloire, il vous donne d’être fortifiés en puissance par son Esprit, quant à l’homme intérieur ; de sorte que le Christ habite, par la foi, dans vos cœurs... afin que vous soyez remplis jusqu’à toute la plénitude de Dieu » (Éph. 3,14-19).