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LE FRÈRE POUR LEQUEL CHRIST EST MORT
Romains ch. 14 et ch. 15 v. 1 à 7
F. B. Hole
Les sous-titres ont été ajoutés par Bibliquest ; ME 1985 p. 77
Tables des matières :
3 Abus de la liberté — Responsabilité individuelle
4 Ne pas faire tomber son frère
6 À quoi s’appliquent ces principes
Ces versets de l’épître aux Romains traitent d’un sujet qui fut à l’origine de problèmes très difficiles dans les premières années de l’histoire de l’Église sur la terre. Les Juifs convertis apportaient tout naturellement leurs idées et leurs sentiments dans l’Assemblée. Par exemple en matière de nourriture ou de boisson, ou à l’égard de jours qu’ils avaient l’habitude de respecter, ou encore touchant leurs coutumes et d’autres choses de ce genre. Ils s’appuyaient en partie sur la loi de Dieu, mais aussi sur la tradition des anciens. Et, dans tous les cas, ils étaient profondément ancrés dans leurs convictions. Par contre, ceux des croyants qui étaient venus du milieu des nations, n’avaient pas de tels exercices. Aussi avaient-ils tendance à estimer que tout cela n’était que le fruit d’une obstination stupide chez leurs frères d’origine juive. Il en résultait de perpétuelles frictions.
Toute cette question est examinée ici et réglée avec l’admirable simplicité de la sagesse divine. Et ce sujet garde toute son actualité pour nous. Les problèmes qui ont pu agiter, voire diviser les chrétiens au début, paraissent avoir en grande partie disparu. Mais d’autres questions, comparables, les ont remplacées. Et si nous n’observons pas les instructions contenues dans ces versets, il en résultera toutes sortes de maux et de détresses.
Notre intention n’est pas d’étudier ces versets un à un, mais d’en résumer l’enseignement. L’on y trouve trois principes, accompagnés chacun d’une exhortation pratique.
Le premier se trouve au chapitre 14 v. 4. Nous pourrions l’appeler le principe de la liberté chrétienne. Tout ce qui touche à notre conduite et à un service dévoué pour le Seigneur ne relève pas de l’autorité de nos frères, mais de celle, bien plus élevée, du Seigneur. Il ne s’agit pas de savoir si notre jugement est bon ou mauvais, mais que chacun, regardant avec un oeil simple au Maître, s’applique à faire ce qu’il est persuadé d’être Sa volonté. L’exhortation qui en découle est la suivante : «Que chacun soit pleinement persuadé dans son propre esprit» (14:5). Dieu veut que chacun soit exercé pour lui-même par ces questions. Chaque fois qu’il y a un commandement explicite dans la Parole, un tel exercice n’est pas nécessaire. Dans ce cas, obéir simplement est la seule manière de plaire à Dieu. Mais bien des situations se présentent dans lesquelles le chemin n’est pas clair. Suis-je, par exemple, libre d’aller ici ou là ? de participer à ceci ou cela ? de m’associer à telle ou telle distraction ? De vives et nuisibles controverses ont été soulevées à l’occasion de ce genre de questions. Que toute querelle cesse et que chacun cherche à genoux à discerner, autant que cela dépend de lui, la volonté de son Maître ! Quand nous aurons compris dans sa présence ce que nous croyons être sa volonté, faisons-le avec simplicité de foi. Bien sûr, ce doit être la foi qui nous dirige, non la volonté propre. Et nous ne devons pas aller au-delà ou rester en deçà de notre foi, sinon notre conscience nous condamne, ainsi que le montrent les deux derniers versets du chapitre 14.
Quelques-uns diront : «Mais certains vont alors abuser de ce principe de la liberté chrétienne». C’est indubitable. Les versets 10 à 12 préviennent de tels abus en introduisant un second principe, celui de la responsabilité individuelle vis-à-vis de Dieu. Je ne puis imposer ce principe-là à mon frère et si je cherche à le faire, il se peut qu’il n’y prête guère d’attention, mais il doit se souvenir avec moi du Tribunal de Christ. Christ est mort et il est ressuscité en sorte qu’il dominât et sur les morts et sur les vivants (v. 9). Dès lors, soit pour la vie, soit pour la mort, il doit diriger tous nos mouvements. Nous lui rendrons compte de nos actes. Un fait aussi solennel doit parler à chacun de nos coeurs, nous rendre attentifs à ce que nous faisons nous-mêmes. L’exhortation liée à ce principe se trouve au verset 13 : «Ne nous jugeons donc plus l’un l’autre». C’est le côté négatif de l’exhortation, mais il y a aussi un côté positif : «Jugez plutôt ceci, de ne pas mettre une pierre d’achoppement ou une occasion de chute devant votre frère». Pensons au Tribunal de Christ et quant à nos frères, veillons à ne pas les faire tomber.
Ce dernier point est exposé d’une manière très pratique plus loin dans ce même chapitre. L’apôtre use d’expressions très fortes, et parle même de la possibilité de détruire celui pour lequel Christ est mort (v. 15). Il ajoute : «Ne détruis pas l’oeuvre de Dieu» (v. 20). L’oeuvre souveraine de Dieu ne peut être anéantie, les vraies brebis du Seigneur ne périront jamais. Mais dans la pratique, l’un ou l’autre peut faire naufrage. Le cas envisagé est celui d’un chrétien sorti des nations, spirituellement fort, sans préjugé aucun, faisant étalage de sa liberté devant son frère d’origine juive lequel reste fermement attaché à la loi et se montre faible dans sa foi vis-à-vis de l’Évangile. Ce frère faible est ainsi tenté de faire des choses que sa conscience lui reprochera ensuite amèrement et son état spirituel en sera peut-être assombri pour tout le reste de sa vie.
Si nous n’y prenons pas garde, nous pouvons, vous et moi, causer du tort à notre frère. Soyons donc attentifs et gardons nos yeux fixés sur le Tribunal de Christ.
En parlant ainsi, nous avons pratiquement anticipé le troisième grand principe dans ce passage de l’Écriture : celui de la solidarité chrétienne, comme nous pourrions l’appeler. Il est clairement établi au verset 15 : mon frère est celui «pour lequel Christ est mort». Si Christ est vraiment mort pour ce faible frère qui est mon frère, c’est qu’il doit Lui être très cher. Comment ne l’aimerions-nous pas tendrement, même si parfois il se montre pénible et maladroit ? Et n’oublions pas que nous pouvons être tout aussi bien des compagnons pénibles et maladroits pour les autres.
L’exhortation du verset 19 découle de ce principe. Étant frères, nous devons poursuivre les choses qui tendent à la paix et celles qui tendent à l’édification mutuelle. Si nous sommes tentés de transgresser cet enseignement, posons-nous cette question de Moïse : «Vous êtes frères, pourquoi vous faites-vous tort l’un à l’autre» (Actes 7:26) ? Hélas, nos pensées peuvent s’égarer au point de dire en voyant un frère faible : «Regardez, en voilà un qui vacille. Donnons-lui une petite poussée et voyons s’il ne tombera pas». Et, de fait, ce pauvre ami tombe. Alors nous disons : «Nous avons toujours pensé qu’il finirait par tomber. Vous voyez bien maintenant qu’il n’est bon à rien et nous en sommes débarrassés». Mais quand nous nous tiendrons devant le Tribunal de Christ, que nous dira-t-il, Lui qui est mort pour ce frère ? Si nous pouvions l’entendre maintenant, nos oreilles tinteraient. Il y aura des pertes autant que des récompenses devant ce Tribunal.
Soulignons encore que toutes ces instructions ont trait à des circonstances de la vie individuelle, de la marche ou du service. On ne doit pas faire entrer dans leur champ d’application des vérités divines essentielles et pardonner l’indifférence qui se manifesterait à l’égard de ces vérités. Le verset 17 élève nos pensées sur un plan supérieur : Dieu a établi son autorité et son gouvernement sur les siens par une relation d’amour. Il ne s’agit plus ici de détails sur le manger ou le boire mais de traits d’ordre moral et d’ordre spirituel, selon le bon plaisir de Sa volonté. Si nous vivons dans la justice pratique et la paix, avec une joie sanctifiée, dans la puissance du Saint Esprit, c’est à la gloire de Dieu. Nous sommes placés sous son autorité et son Esprit nous est donné dans ce but.
Faisant partie du Royaume de Dieu, les principes qui doivent nous régir sont, comme nous venons de le voir : liberté personnelle, responsabilité devant Dieu et solidarité avec nos frères. Oui, veillons à observer ces trois principes. Ils contribueront à établir en nous la justice, la paix et la joie.
Le premier paragraphe du chapitre 15 résume et complète l’étude de ce sujet. Les saints qui sont affermis dans la foi doivent porter les infirmités de leurs frères plus faibles. Au lieu de chercher à se plaire à eux-mêmes, ils doivent chercher ce qui convient pour le bien spirituel des autres. L’attitude qui consiste à dire : «J’ai le droit d’agir ainsi et je vais le faire, cela ne regarde que moi, peu importe ce que d’autres en pensent» n’est pas agir selon la pensée de Christ, c’est exactement ce que Lui ne faisait jamais. «Car le Christ n’a pas cherché à plaire à lui-même» (15:3). Les prophètes et les évangélistes en rendent témoignage. Il était le seul sur la terre qui avait un droit absolu de plaire à lui-même. Et pourtant il a vécu entièrement dans la dépendance de Dieu. Il s’est si complètement identifié à Lui que les outrages de ceux qui outrageaient Dieu sont tout naturellement tombés sur sa tête (Ps. 69:9).
Il est notre grand exemple, nous avons besoin de contempler ses gloires morales telles que les Écritures nous les font connaître. Et ainsi, si nous Le suivons, nous recevrons la patience et le soutien nécessaires.
Nous avons donc à manifester la grâce de Christ dans notre conduite l’un à l’égard de l’autre et faire en sorte que nous ayons une même pensée dans le Christ Jésus. Pour cela nous avons besoin des Écritures pour nous diriger mais aussi de toute la puissance de Dieu. Il est le Dieu de patience et de consolation. Ainsi fortifiés, nous serons rendus capables de le glorifier ensemble.
Au lieu que le faible ait son esprit et sa bouche remplis de critiques à l’égard du fort et que le fort méprise le faible (voir 14:3), chacun sera rempli de louange envers Dieu, le Père de notre Seigneur Jésus Christ. Cet ensemble ne forme-t-il pas un tableau des plus harmonieux ? Eh bien, en dépit des différences qui sont susceptibles d’exister, recevons-nous l’un l’autre dans la parfaite jouissance de la communion chrétienne. Ainsi ce réjouissant tableau pourra se réaliser, à la gloire de Dieu.