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Le plein jour établi — Prov. 4:18
Frank Binford Hole
Notes d’une prédication à Bath — Scripture Truth, vol.21 p.202 (1929)
2 [En apparence, le chemin va vers le déclin]
3 [Le chemin du Seigneur Jésus]
6 [Le chemin de l’apôtre Paul]
7 [Encore aujourd'hui, « jusqu’à ce que le plein jour soit établi »]
« Mais le sentier des justes est comme la lumière resplendissante qui va croissant jusqu’à ce que le plein jour soit établi. » (Prov. 4:18).
Ce verset des Proverbes compare le chemin du juste à « la lumière resplendissante », mais cette expression pourrait être traduite par « la lumière de l’aube ». Cela rend l’allusion de Salomon beaucoup plus frappante.
Les méchants ont leur « chemin », comme l’indiquent les quatre versets précédents. Par ce langage imagé, la vie est comparée à un chemin. Notre vie est semblable à un chemin. Le chemin des méchants est le genre de vie des méchants ; il faut l’éviter à tout prix, car, comme l’indique le v. 19, il conduit dans les ténèbres de la nuit, et l’on y trébuche tôt ou tard.
Les « justes » – ceux qui ont des relations droites avec Dieu – vivent d’un autre genre de vie, et ils poursuivent des objectifs très différents. Ils ont leur « chemin ». Il est comme la lumière de l’aube qui, bien qu’elle se lève doucement, est de plus en plus brillante ; c’est comme le soleil qui se lève et répand ses rayons qui montent en puissance à mesure qu’il s’élève dans les cieux jusqu’au zénith, à midi.
L’allusion s’arrête là. Dans la nature, le soleil n’est au zénith qu’un instant, puis il suit un déclin inévitable jusqu’au soir et à la nuit. Il n’en est pas ainsi de la grâce ; le chemin du juste n’arrivera au « plein jour » qu’en atteignant la gloire, et quand celle-ci sera atteinte, notre soleil ne se couchera plus. Il restera à jamais dans la splendeur de son zénith. Tel est le chemin du juste.
Cette affirmation est très frappante. L’avons-nous saisie ? Si oui, nous pensons peut-être que « le chemin du juste peut être comme ça, mais qu’en général, ce n’est pas le cas ! ». Généralement, c’est vrai, ce ne semble pas être le cas, et même nous croyons pouvoir dire que jamais il ne ressemble à cela dans ce monde.
Tout d’abord, rappelons Celui qui a été « Le Juste » par excellence (Actes 7:52). Aucun autre Juste ne L’égale. Il est seul dans Sa perfection. Quel a été Son chemin ? En Ésaïe 49, nous L’entendons dire, prophétiquement : « Et moi j’ai dit : j’ai travaillé en vain, j’ai consumé ma force pour le néant et en vain » (És. 49:4). Les évangiles nous montrent à quel point ces paroles ont été vraies dans Sa vie.
En entrant dans Son service public, Son soleil semblait se lever dans le ciel. À Nazareth, lorsqu’Il s’exprima pour la première fois dans la synagogue, les gens furent émerveillés par les paroles de grâce qu’Il prononçait (Luc 4). Mais très vite, Sa fidélité les a mis en fureur, et ils voulaient Le tuer. Plus tard, à maintes reprises, il y eut des moments plus prometteurs — quand les gens voulaient le faire roi (Jean 6), ou quand ils vinrent à Sa rencontre en criant « Hosanna ! » (Matt. 21), et quand Il entra à Jérusalem assis sur un ânon (Matt. 21), et que ses ennemis rageaient de ce que le monde allait après Lui (Jean 12). Cependant, ces moments n’ont été que des exceptions ; la tendance générale de Son chemin allait en sens inverse. Il était de plus en plus environné d’ennemis et de revers apparents, jusqu’à cette dernière semaine, à Jérusalem, qui s’est terminée par Sa mort.
Un historien, résidant à Jérusalem en ces jours-là, aurait mis dans ses rapports que le Jésus de Nazareth avait d’abord suscité de grands espoirs dans le cœur de quelques rêveurs — des pêcheurs de Galilée et d’autres de ce genre — mais qu’il eut une éclipse rapide et notoire. Son soleil s’est couché au milieu de sombres nuages d’orage. Son chemin ne ressemblait pas du tout à la lumière de l’aube qui va croissant jusqu’à ce que le plein jour soit établi, mais plutôt à la faible lumière d’un après-midi d’hiver qui s’estompe progressivement jusqu’à la nuit noire. Tel était le verdict du monde.
Lequel est juste ? Le verdict du monde ou celui de Salomon comme Prédicateur inspiré d’Israël ? Nous aussi, nous chantons parfois : « Ton chemin, n’a conduit qu’à la croix » !
Qu’à la croix ? Oui, si nous limitons nos pensées à Son chemin terrestre, comme le fait cet hymne avec douceur et à-propos. Mais en élevant nos yeux au-delà de Son chemin terrestre, nous pouvons dire triomphalement qu’il n’a pas conduit à la croix seulement, mais aussi à la gloire, comme le montre si clairement le Psaume 16.
En fait, dans chaque chemin, l’œil divin voit ce que l’homme, en simple historien, ne connaît pas. Quand le Père regardait son Fils bien-aimé, que voyait-Il ? Il voyait tout ce qui était beau au bon moment. La grâce brillait partout, que ce soit dans Son enfance, Son adolescence et à l’âge mûr. Au fur et à mesure qu’Il grandissait en sagesse et en stature, la lumière qui s’était levée en Lui, augmentait en intensité. Quand Il s’est avancé pour Son ministère public, une « grande lumière » a resplendi sur « le peuple assis dans les ténèbres » (Matt. 4:16). Le soleil du ciel s’était levé sur eux. Et malgré tout ce qu’ils Lui firent, la lumière continua d’illuminer la scène sombre du péché de l’homme. Plus Il était mis à l’épreuve, plus la lumière brillait à la gloire de Dieu. Quand pour finir l’homme sembla l’éteindre en Le mettant à mort, Son éclat atteignit le zénith, car c’est en anticipant la mort qu’Il dit : « Maintenant le Fils de l’homme est glorifié, et Dieu est glorifié en Lui. Si Dieu est glorifié en Lui, Dieu aussi Le glorifiera en Lui-même ; et Il Le glorifiera aussitôt » (Jean 13:31-32).
Pour l’homme, Sa mort était la fin de tout pour Lui ; pour Dieu, elle était le début de tout. Pour l’un, c’était Son humiliation la plus basse ; pour l’Autre, le sommet de Sa gloire. Pour l’un, c’était l’extinction de Son soleil dans la nuit ; pour l’Autre, l’établissement permanent de Son soleil au sommet de sa splendeur, car le déploiement de la suprême gloire morale qui eut lieu dans Sa mort fut aussitôt suivi de Son exaltation dans la gloire du Père, ce qui sera manifesté dans ce monde et devant l’univers.
Le chemin du « Juste », malgré son apparence, avait atteint « le plein jour » dans la présence du Père. Son chemin était achevé comme celui de nul autre ne l’a été. Cependant tous ceux qui ont eu le privilège d’être des serviteurs de Dieu ont eu un sort semblable au Sien en ceci : une défaite ou faillite apparente a suivi leur chemin, non pas toujours à cause de leurs manquements personnels, mais parfois justement à cause de leur fidélité personnelle. Cela est vrai tant pour les saints de l’Ancien Testament que ceux du Nouveau.
Pensez à Moïse. Quel merveilleux début quand, par la foi et le courage que Dieu lui a donnés, il a résisté au puissant Pharaon et à ses magiciens (Exode 5 à 11). Voyez-le ensuite (Exode 14), debout sur l’autre rive de la mer Rouge, étendant la verge de Dieu ! Écoutez le chant de victoire d’un million de personnes ! (Exode 15). N’était-ce pas magnifique ? Ne devrions-nous pas tous dire que son soleil avait atteint le zénith ? Mais, suivons alors l’histoire des quarante ans passés dans le désert. Sa douceur et sa patience ont été vraiment remarquables ; pourtant le peuple dont il avait la charge était de plus en plus éprouvant et décevant. Vers la fin de cette longue épreuve, le grand Législateur fléchit et parla légèrement de ses lèvres (Nombres 20). Ne nous en étonnons pas ; nous aurions cédé avant quarante jours, alors qu’il a tenu près de quarante ans. À la fin, il éclata et dit : « Écoutez, rebelles ! Vous ferons-nous sortir de l’eau de ce rocher ? », et il frappa le rocher deux fois, dans sa colère.
Hélas ! Pauvre Moïse. Ses lèvres, qui devaient être celles de la bouche Dieu, avaient émis des paroles de colère qui n’étaient absolument pas de Dieu, et qui déformaient Son image. Son péché était donc grand, et son châtiment dût l’être en conséquence : il perdit l’entrée en Canaan. Il n’est jamais entré triomphalement dans le pays de la promesse vers lequel il regardait, et qui aurait dû être l’aboutissement normal après sa sortie triomphante d’Égypte. Que dirait un historien ? Il dirait incontestablement que le soleil de la prospérité de Moïse avait atteint le zénith au moment de l’exode, et qu’il avait décliné pendant le séjour dans le désert et qu’il s’était couché aux confins de la terre promise.
Mais en était-il vraiment ainsi ? Tournons-nous vers la montagne de la Transfiguration (Matt. 17), selon les évangiles, et voyons-le apparaître en gloire en compagnie du Fils de Dieu. Son soleil a-t-il décliné ? Non, il a brillé toujours plus, jusqu’au plein jour.
Pensez à Élie, un autre personnage exceptionnel de l’Ancien Testament. Les choses ne se déroulent-elles pas de la même manière ? Seul, sans aide, affrontant les huit cent cinquante prophètes sur le mont Carmel, et Achab, Jézabel et le peuple à leur suite (1 Rois 18) : il apparaît alors comme le plus héroïque de tous les héros de l’Ancien Testament. Lorsque le feu tombe du ciel, quel triomphe éclatant ! C’était vraiment le plein midi pour lui. Mais quelques jours plus tard (1 Rois 19), sous un genévrier, fuyant par peur de Jézabel, son soleil s’était couché alors qu’il faisait jour. Puis, à Horeb, un autre prophète fut oint à sa place. Combien sa lumière semblait s’être éteinte ! Mais l’était-elle ?
Sur la montagne de la Transfiguration, lui aussi, se tint aux côtés de Jésus. La gloire brillait aussi sur sa tête. Pour lui, ce n’était pas la nuit mais le plein jour.
Parmi les disciples du Seigneur, il n’y en a qu’un dont il est rapporté beaucoup de choses sur sa vie ; c’est l’apôtre Paul. Comment fut son chemin ?
Son chemin chrétien commença quand le Fils de Dieu, dans une lumière resplendissante, brilla sur lui depuis la gloire. Il était un vase d’élection pour apporter le nom du Sauveur aux nations (Actes 9:15) ; nous connaissons tous ses efforts dévoués. Il a évangélisé depuis Jérusalem jusqu’en Illyrie (Rom. 15) avec une grande puissance ; Dieu lui a donné un succès tel, que ses adversaires les plus acharnés ont dit que lui et ses collaborateurs « avaient bouleversé la terre habitée » (Actes 17). Comme un sage architecte, il a fondé des églises ou assemblées (1 Cor. 3). Pendant un certain temps, rien ne semblait pouvoir arrêter sa progression.
Mais soudain, il a semblé y avoir eu un coup d’arrêt. Les liens et la prison l’attendaient, et l’ont retenu fermement. Puis les défections se firent jour dans les assemblées, et ses propres enfants dans la foi se détournaient de lui et l’abandonnaient à l’heure où il aurait eu besoin de réconfort (2 Tim. 1 et 2 et 4). Enfin, âgé, usé par les combats, abandonné, comme un vieillard rejeté du monde, il se présenta devant le puissant César et termina sa carrière en martyre. Le parcours de ce chrétien modèle n’a pas fait exception à la règle. Il ressemblait aussi au soleil couchant, déclinant de plus en plus, vers la nuit la plus sombre.
C’était l’apparence, mais la réalité était toute autre. Pour Paul, c’était le temps de son départ, son martyre qui approchait était comme une libation ; il regardait par la foi à la « couronne de justice » qui l’attendait au bout de son chemin ascendant qui s’achèverait au plein jour de l’apparition du Seigneur.
Posons-nous maintenant une question : Nous, chrétiens du vingtième siècle, devons-nous attendre un chemin différent ? Avons-nous un droit impérieux d’aller confortablement au ciel avec nos aises, tandis que les autres sont en butte aux tempêtes d’une mer d’épreuves et de persécutions ? Sommes-nous choqués et scandalisés si des difficultés assaillent nos pas ? Non. C’est au contraire justement ce à quoi nous devons nous attendre. Il est tout aussi vrai aujourd’hui qu’il y a vingt siècles que « c’est par beaucoup d’afflictions qu’il nous faut entrer dans le royaume de Dieu » (Actes 14:22). Il se peut que l’affliction n’ait pas la forme d’une persécution extérieure de la part du monde ; nous pouvons la subir au sein de l’église professante, si elle ne vient pas de l’extérieur.
Les difficultés sont nombreuses aujourd’hui. Elles se pressent autour de nous — difficultés familiales, ecclésiastiques, de travail — difficultés que nous ne ressentirions pas si nous n’étions pas des chrétiens ayant le désir de marcher d’une manière qui plaise à Dieu. Que signifient ces difficultés ?
Signifient-elles que notre pauvre soleil décline rapidement et que notre jour est bientôt fini ? Non. Seulement traversons ces difficultés par la foi et avec le courage que donne la foi en Dieu, et elles produiront en nous la patience, l’expérience et l’espérance. Ainsi, elles feront place au resplendissement intérieur de l’amour de Dieu, répandu dans nos cœurs comme la lumière du soleil par l’Esprit de Dieu qui nous a été donné. Il en résultera un grand gain spirituel.
Au lieu de voir l’éclat de cette lumière diminuer et pâlir avec le jour qui baisse, elle sera de plus en plus brillante au fur et à mesure que le jour croit — jusqu’à ce que le plein jour soit établi.
Le plein jour arrivera définitivement quand Christ sera établi à Sa place publiquement en gloire, selon les conseils de Dieu. Nous attendons tous ce moment, que ce soit Moïse, Élie, Paul ou nous-mêmes.
C’est ainsi que les choses doivent se passer et qu’elles se passeront, dans le siècle à venir : quand Christ sera glorifié publiquement, nous serons glorifiés avec Lui. Lorsqu’Il sera couronné, « le plein jour » sera établi, pour Lui et pour nous aussi.