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Genèse

F. B. Hole

STEM Publishing (Extrait de Scripture Truth Vol. 36, 1948-51.)

 

Table des matières abrégée : (table détaillée)

1        Genèse 1:1-13 — [Origine de la création visible]

2        Genèse 1:14 à 2:3

3        Genèse 2:4 à 3:1

4        Genèse 3:1-20

5        Genèse 3:21 à 4:26

6        Genèse 5:1 à 7:16 — [Début de l’humanité selon la lignée de Seth]

7        Genèse 7:17 à 10:32 — [Le déluge]

8        Genèse 11:1 à 13:4 — [Babel et Abraham]

9        Genèse 13:5 à 15:21

10     Genèse 16:1 à 18:33

11     Genèse 19:1 à 21:33

 

 

Table des matières détaillée :

1        Genèse 1:1-13 — [Origine de la création visible]

1.1      Ch. 1:1 — [Dieu crée les cieux et la terre]

1.2      Ch. 1:2 — [La terre désolation et vide]

1.3      Ch. 1:3 — [Premier jour : La lumière]

1.4      Ch. 1:4-5 — [La lumière séparée d’avec les ténèbres]

1.5      Ch. 1:6-8 — [Deuxième jour : Le ciel atmosphérique]

1.6      Ch. 1:9-13 — [Troisième jour : Les eaux dissociées de la terre ferme]

2        Genèse 1:14 à 2:3

2.1      Ch. 1:14-19 — [Quatrième jour : Soleil et lune comme luminaires cadençant le temps]

2.2      Ch. 1:20-23 [Cinquième jour : Animaux des eaux et de l’air]

2.3      Ch. 1:24-25 — [Première partie du sixième jour. Les animaux terrestres]

2.4      Ch. 1:26-28 — [Création de l’homme en fin du sixième jour]

2.5      Ch. 1:29-31 — [Nourriture donnée aux êtres vivants. Notions générales tirées du ch.1]

2.6      Ch. 2:1-3 — [Septième jour]

3        Genèse 2:4 à 3:1

3.1      Ch. 2:4 — [Division de la Genèse en générations. Les noms de Dieu]

3.2      Ch. 2:5-7 — [Détails sur l’état de la création. L’Éternel Dieu souffle une respiration de vie dans l’homme]

3.3      Ch. 2:8-9 — [Le jardin d’Eden et les deux arbres]

3.4      Ch. 2:10-14 — [Localisation d’Eden]

3.5      Ch. 2:15-17 — [Tâche et obligation données à Adam]

3.6      Ch. 2:18-20 — [Besoin d’une aide qui lui corresponde. L’image de la plénitude de Christ]

3.7      Ch. 2:21-24 — [Image de l’épouse de Christ. La pensée de Dieu quant au mariage]

3.8      Ch. 2:25 — [L’innocence]

4        Genèse 3:1-20

4.1      Ch. 3:1 — [Le serpent-diable et la mise en doute de la Parole de Dieu]

4.2      Ch. 3:2-3 — [S’en tenir à ce que Dieu a dit]

4.3      Ch. 3:4-5 — [Le mensonge direct après l’insinuation. Vouloir être comme Dieu]

4.4      Ch. 3:6 — [Caractères du piège de Satan]

4.5      Ch. 3:7 — [Effet de la chute sur les personnes]

4.6      Ch. 3:8-10 — [Fin des heureuses relations]

4.7      Ch. 3:11-13 — [Reconnaissance de culpabilité, on accuse et s’excuse]

4.8      Ch. 3:14-15 — [Sentences de jugement prononcées par l’Éternel Dieu]

4.9      Ch. 3:16-19 — [Effets du gouvernement de Dieu sur Ève et Adam]

4.10          Ch. 3:20 — [Ève nommée]

5        Genèse 3:21 à 4:26

5.1      Ch. 3:21 — [L’Éternel fait des vêtements]

5.2      Ch. 3:22-24 — [L’homme chassé d’Eden, l’accès à l’arbre de vie barré]

5.3      Ch. 4:1-2 — [Les deux premières naissances, Caïn et Abel]

5.4      Ch. 4:3-5a — [Abel et Caïn apportant leur offrande]

5.5      Ch. 4:5b-9 — [Caïn n’acceptant pas de ne pas être agréé]

5.6      Ch. 4:10-15 — [La malédiction sur le sol, et ce qui pèse sur Caïn]

5.7      Ch. 4:16-18 — [Caïn s’éloignant de Dieu définitvement]

5.8      Ch. 4:19-22 — [Lémec et sa famille – Le système du monde et ses principes]

5.9      Ch. 4:23-24 — [Le discours de Lémec]

5.10          Ch. 4:25-26 — [Seth et sa foi]

6        Genèse 5:1 à 7:16 — [Début de l’humanité selon la lignée de Seth]

6.1      Ch. 5:1-2 — [L’homme et la femme appelés Adam-homme]

6.2      Ch. 5:21-24 — [Hénoc/Énoch]

6.3      Ch. 5:28-32 — [Le deuxième Lémec]

6.4      Ch. 6:1-4 — [Péchés d’anges]

6.5      Ch. 6:5-8 —[Méchanceté de l’homme – Sentiments de l’Éternel – Grâce pour Noé et sa justice]

6.6      Ch. 6:13-22 — Dieu concepteur de l’arche et Noé constructeur obéissant

6.7      Ch. 7:1-12

6.7.1        [Maison du croyant]

6.7.2        [Répétition des détails sur la préparation du déluge]

6.7.3        [Écluses des cieux et fontaines du grand abîme]

6.8      Ch. 7:13-16 — [Noé prédicateur de justice. La porte de l’arche fermée]

7        Genèse 7:17 à 10:32 — [Le déluge]

7.1      [Ce que nous enseigne le déluge. Une nouvelle position – le baptême]

7.2      Ch. 7:11 à 8:5 — [Déroulement du déluge]

7.3      Ch. 8:1-12 — [Fin du déluge, le lâcher du corbeau et de la colombe]

7.4      Ch. 8:13-22 — [Sortie de l’arche et holocauste]

7.5      Ch. 8:22 et 9:8-17 — [Promesse ou alliance, et le signe de l’arc-en-ciel]

7.6      Ch. 9:1-7 — [Établissement d’une forme de gouvernement]

7.7      Ch. 9:18-19 — [Trois souches pour toute l’humanité]

7.8      Ch. 9:20-29 — [L’homme après le déluge]

7.8.1        [La faute de Noé]

7.8.2        [Le caractère de la faute de Cham, et rôle de Canaan]

7.8.3        [La déclaration prophétique de Noé]

7.9      Ch. 10:1-12 — [Les générations des fils de Noé]

8        Genèse 11:1 à 13:4 — [Babel et Abraham]

8.1      Ch. 11:1-9 — [Babel]

8.1.1        Ch. 11:1-4 [Le projet de bâtir la tour]

8.1.2        Ch. 11:5-6 — [Ce que l’Éternel pensait du projet de bâtir la tour. Les capacités de l’homme]

8.1.3        Ch. 11:7-9 — [La confusion et la dispersion selon la langue]

8.2      Ch. 11:10-32 — [« Les générations de Sem »]

8.3      Ch. 12 — [L’appel d’Abraham]

8.3.1        Ch. 12:1-3 — [L’appel est un effet de la grâce pour séparer de l’idolâtrie]

8.3.2        [La promesse de bénédiction en contraste avec le projet de la tour de Babel]

8.3.3        Ch. 12:4-8 — [L’arrêt à Charan à cause de Térakh. La promesse sans possession immédiate du pays]

8.3.4        Ch. 12:9-16 — [L’écart d’Abraham en Égypte pour cause de famine]

8.3.5        Ch. 12:17-20 — [Quand un homme de foi se fait réprimander par le monde]

8.4      Ch. 13:1-4 — [Le chemin d’Abraham : un chemin dans l’humilité à l’écart du système du monde]

9        Genèse 13:5 à 15:21

9.1      [Dissensions entre Lot et Abram]

9.1.1        [Lot et Abram, leurs choix respectifs et leur séparation]

9.1.2        [Ch. 13:14-18 — Réponse de Dieu à la fidélité d’Abram]

9.2      [Ch. 14:1-16 — La bataille des rois]

9.2.1        [Ch. 14:1-12 — Première bataille dans l’Écriture. Conflit de rois]

9.2.2        [Ch. 14:12 — Lot fait captif]

9.2.3        [Ch. 14:13-16 — La victoire d’Abram]

9.3      [Ch. 14:18-20 — Abram et Melchisédec]

9.4      [Ch. 14:17, 21-24 — Abram et le roi de Sodome]

9.5      [Ch. 15]

9.5.1        [Ch. 15:1 — L’Éternel déclare ce qu’Il est pour Abram]

9.5.2        [Ch. 15:2-7 — La réclamation d’Abram et sa foi démontrant sa justice]

9.5.3        [Ch. 15:8-17 —L’alliance prophétique pour confirmer la promesse – Sacrifices, ténèbres et lumière]

9.5.4        [Ch. 15:16, 18-21 — La patience de Dieu dans Son gouvernement – Étendue de la terre promise]

10     Genèse 16:1 à 18:33

10.1          [Ch. 16 — Abram, Agar et Ismaël]

10.1.1     [Ch. 16:1-3 — Abram fait appel à Agar, cherchant un accomplissement selon la chair de la promesse]

10.1.2     [Ch. 15:4-10 — Problèmes entre Saraï et Agar. Ce qui est accompli selon la chair aboutit à du trouble]

10.1.3     [Ch. 16: 11-16 — Ismaël]

10.2          [Ch. 17 —Dieu se révèle comme le Dieu Tout-puissant – La circoncision]

10.2.1     [Ch. 17:1 — L’Éternel se révèle à Abram. Responsabilité d’Abram d’être parfait]

10.2.2     [Ch. 17:2-8 — Promesse renforcée. Abram devient Abraham]

10.2.3     [Ch. 17:9-14 —La circoncision]

10.2.4     [Ch. 17:15-22 — Saraï devient Sara]

10.2.5     [Ch. 17:23-27 — Application immédiate de la circoncision]

10.3          [Ch. 18 — Les visiteurs d’Abraham et leurs annonces]

10.3.1     Ch. 18:1-8 — [Abraham accueille trois visiteurs]

10.3.2     Ch. 18:9-15 — [Annonce à Sara de la naissance à venir. Son rire]

10.3.3     Ch. 18:16-19 — [Abraham ami de Dieu]

10.3.4     Ch. 18:20-33 — [La plaidoirie d’Abraham en faveur de Sodome. Pourquoi son arrêt à dix]

11     Genèse 19:1 à 21:33

11.1          [Ch. 19 — Destruction de Sodome]

11.1.1     [Ch. 19:1-3 — Situation de Lot]

11.1.2     [Ch. 19:4-11 — Agression des impies et intervention des anges]

11.1.3     [Ch. 19:12-26 — Tentative de Lot de sauver sa famille. Lot sauvé. Destruction de Sodome]

11.1.4     [Ch. 19:27-38 — Abraham veillant en prière. Fin de Lot et ses filles]

11.2          [Ch. 20 — Faute d’Abraham devant Abimélec]

11.3          Ch. 21

11.3.1     [Ch. 21:1-7 — Naissance d’Isaac. Rire de Sara]

11.3.2     [Ch. 21:8-13 — Ismaël se moque. Décision de chasser Agar. Galates 4]

11.3.3     [Ch. 21:14-21 — Agar renvoyée]

11.4          [Ch. 21:22-34 — Alliance d’Abraham avec Abimélec à Beër-Shéba]

 

 

 

1        Genèse 1:1-13 — [Origine de la création visible]

Le premier livre de la Bible occupe une place très importante dans l’ensemble des vérités données par Dieu. Il faut particulièrement insister là-dessus en ce qui concerne les premiers chapitres, car ils nous révèlent l’origine de la création visible qui nous entoure, ainsi que le véritable récit de la façon dont sont apparues les conditions de péché, de douleur, de labeur, de peine, de maladie et de mort qui règnent aujourd’hui sur la terre. Si nous tombons dans le mensonge et l’illusion quant à ces choses, nous serons dans l’illusion quant à toutes choses. Si nous avons des doutes sur ces choses, nous serons dans le doute sur tout le reste de ce qui est révélé.

Genèse 1 relate des faits antérieurs à l’apparition de l’homme sur la terre et qui ne peuvent donc être tirés d’aucun document historique. Si ses affirmations n’étaient pas une révélation de Dieu à l’homme mise par écrit, il ne pourrait s’agir que de suppositions et d’élucubrations d’hommes ayant vécu il y a quelque 4000 ans. De telles suppositions étaient, bien sûr, assez nombreuses dans le monde antique, et certaines d’entre elles nous sont parvenues, grotesques dans leur difformité. Nous n’avons pas besoin de perdre notre temps avec elles, ni même de les mentionner, si ce n’est qu’elles servent à mettre en évidence, par contraste, la calme certitude et le bien-fondé du récit donné par Dieu de Genèse 1.

 

1.1        Ch. 1:1 — [Dieu crée les cieux et la terre]

Les quatre premiers mots de notre Bible — «Au commencement Dieu créa» — nous présentent le germe primordial d’où jaillit tout ce qui nous est révélé dans l’ensemble du livre. Voilà le grand fait qui englobe tous les autres dans sa portée globale. La Bible commence par Dieu et non par l’homme, et nous devons faire de même. Si nous commençons par l’homme plutôt que par Dieu, la confusion régnera dans toutes nos pensées.

L’existence de Dieu et le fait qu’Il soit à l’origine de toutes choses, sont admis et énoncés. Les hommes incrédules peuvent exiger que des preuves de Son existence soient produites, mais nulle part dans l’Écriture Dieu ne condescend à fournir de telles preuves. S’Il le faisait, elles ne seraient pas compréhensibles pour les esprits faibles des hommes chétifs. De plus, elles ne sont pas plus nécessaires que les preuves de ce que le soleil existe et brille. Ce fait ne pourrait être mis en doute que par un homme qui n’aurait ni sentiment ni capacité de voir, et c’est justement parce que les hommes incrédules n’ont ni vue ni sentiment d’ordre spirituel qu’ils doutent de l’existence de Dieu, voire la nient.

Les corps célestes au-dessus de nous et la terre sous nos pieds sont des réalités trop évidentes pour être ignorées, même par l’homme le plus irréfléchi et le plus dégradé. Qu’est-ce que c’est ? D’où viennent-ils ? Ont-ils toujours existé ? Le premier verset fournit la réponse. Ils ne sont pas éternels, mais ils ont eu un commencement. Les cieux et la terre ont été créés par l’acte créateur du Dieu éternel. Trois fois dans le chapitre, nous lisons «Dieu créa», et cinq fois un autre verbe est utilisé, signifiant «faire». Faire, c’est façonner à partir d’une matière existante, tandis que quand nous lisons que Dieu créa, «nous comprenons par la Parole de Dieu que ce qui se voit n’a pas été fait de choses qui paraissent» (Hébreux 11:3).

Mais une autre chose nous interpelle dans ce premier verset. Le mot hébreu pour Dieu est Elohim, un mot pluriel, alors que le verbe, créa, est au singulier. Ceci est d’autant plus remarquable que les noms hébreux peuvent prendre une forme duelle, signifiant exactement deux. La forme du pluriel doit donc signifier trois, ou plus. En lisant cela à la lumière du Nouveau Testament, nous voyons immédiatement la Trinité dans l’Unité. Cette grande révélation de la Déité n’est pas explicitement énoncée, mais les mots, donnés par l’inspiration de Dieu, sont formulés de manière à être totalement cohérents avec elle, lorsqu’elle est énoncée.

En résumé, le v. 1 nous présente l’acte créateur originel de Dieu par lequel tout l’univers matériel et visible est venu à l’existence, bien avant que l’on ne connaisse la notion de «jours et d’années» (1:14). Son époque peut avoir été inconcevablement lointaine, mais nous croyons fermement que Son œuvre a été parfaite en son temps. Dans le Nouveau Testament, comme nous le savons, cet acte créateur est attribué à la Parole et au Fils, car la création a été laissée entre Ses mains, de même que la rédemption et le jugement.

 

1.2        Ch. 1:2 — [La terre désolation et vide]

Au v. 2, nous passons de cette époque lointaine à une époque beaucoup plus proche de nous, et nous descendons, en ce qui concerne cette terre, à un état de très grande imperfection. Elle se trouve «sans forme», c’est-à-dire en ruine, une désolation ; elle est aussi «vide». Ésaïe 45:18 dit clairement : «Il ne l’a pas créée pour être vide, Il l’a formée pour être habitée». Ceci est très frappant, car ici encore le mot propre à la création est utilisé, comme dans notre premier verset, et on a le même mot «vide» que dans notre v. 2. Nous avons donc une confirmation certaine de l’idée que l’état de la terre décrit au v. 2 est un état qui est intervenu longtemps après la création originale, à la suite de quelque événement catastrophique qui ne nous est pas révélé.

Outre la désolation et le vide, il y avait aussi des ténèbres, non pas partout, mais «sur la face de l’abîme». Il semble qu’à ce stade, la terre était recouverte d’eau, dont la surface était plongée dans les ténèbres. Dieu est lumière, et ailleurs dans l’univers la lumière brillait, mais quelque chose empêchait la lumière d’atteindre la terre. C’est dans cet état de choses que l’Esprit de Dieu a agi. L’Esprit de Dieu est une Force, Il se déplaçait sur la surface de la matière aqueuse.

 

1.3        Ch. 1:3 — [Premier jour : La lumière]

Mais l’Esprit n’agit pas en dehors de la Parole de Dieu. Il est remarquable que, dans le Nouveau Testament, l’Esprit et la Parole sont réunis, notamment à propos de la nouvelle naissance — voir Jean 3:5-6 et 1 Pierre 1:25. Nous ne pouvons donc que constater une analogie frappante entre l’œuvre de Dieu dans les choses matérielles et Son œuvre encore plus grande dans les choses spirituelles. Alors que notre condition spirituelle était une condition de désolation, de vide et de ténèbres, la lumière a brillé dans nos cœurs par l’action de l’Esprit de Dieu et la puissance de la parole de Dieu. Le premier mot enregistré comme sortant de la bouche de Dieu est «Lumière», car nous comprenons que «Que la lumière soit» est plus littéralement «Lumière soit !». Paul y fait allusion en 2 Corinthiens 4:6, mais il nous emmène au-delà de la nouvelle naissance en elle-même, jusqu’à son résultat glorieux, en contemplant «la lumière de la connaissance de la gloire de Dieu dans la face de Christ». Quel contraste entre la gloire de Sa face et les ténèbres qui régnaient autrefois sur la surface de l’abîme !

Notez les mots : «Et Dieu dit». En parcourant ce chapitre, nous verrons qu’ils reviennent dix fois. «Les mondes ont été formés par la parole de Dieu», comme nous le dit Hébreux 11:3 ; ou selon les mots du Psaume 33:9 : «Lui a parlé, et la chose a été ; il a commandé, et elle s’est tenue là». Dans ce contexte, le début de l’évangile de Jean est très significatif : «Au commencement était la Parole», c’est-à-dire qu’elle préexistait aux premiers balbutiements de la création. En outre, Il/elle «était auprès de Dieu et ... était Dieu ... Toutes choses furent faites par elle/lui». C’est donc la Parole qui, plus tard, «devint chair et habita au milieu de nous», qui a prononcé les paroles de puissance qui ont créé et fait toutes choses. La création contient donc des paroles très précises quant à la puissance, la sagesse et la gloire de Dieu, bien que la révélation soit loin d’atteindre celle qui nous est parvenue lorsque la Parole devint chair.

Remarquez une autre chose. Six fois dans le chapitre, les mots «Et Dieu dit» sont suivis de la suite appropriée : «et il fut ainsi». La parole de Dieu est perçue dès le départ comme étant puissante et ne manquant jamais son effet. Il est encourageant d’être assuré de ce fait dès le premier chapitre de la Bible, car nous pouvons être sûrs qu’il s’applique à toutes les paroles que Dieu a prononcées. À la fin de l’histoire, nous pourrons dire avec triomphe : «Il fut ainsi» pour chaque promesse qu’Il a faite, chaque prédiction qu’Il a prononcée.

 

1.4        Ch. 1:4-5 — [La lumière séparée d’avec les ténèbres]

À la suite de la première parole exprimée par Dieu, la lumière a brillé à la surface de l’abîme, et Dieu a vu qu’elle était bonne. Il doit en être ainsi puisque «Dieu est lumière». Nous demandons : qu’est-ce que la lumière ? Les scientifiques ont leurs théories sur ce qu’elle est ou sur la manière dont elle apparaît, mais on ne peut donner de meilleure réponse que celle fournie par l’Écriture : «Ce qui manifeste tout, c’est la lumière» (Éph. 5:13). Dans les ténèbres, des fictions peuvent tromper parce que les réalités sont obscurcies, et cela n’est pas bon. Il est bon que tout soit manifesté.

Dieu a donc séparé la lumière d’avec les ténèbres. Il ne devait pas y avoir de compromis, de mélange, une sorte de crépuscule indéfini, mais les ténèbres devaient, pour un temps, céder complètement la place à la lumière, et il y a donc eu une séparation entre les deux. Il y a donc eu un soir et un matin — premier jour. Pendant longtemps, les incroyants ont trouvé à redire à cette affirmation du v. 5, parce que le soleil n’apparaît qu’au quatrième jour. Mais le soleil n’est pas la seule source de lumière.

La question de savoir si les jours de Genèse 1 doivent être compris au sens propre ou au sens figuré, comme indiquant d’immenses périodes de temps, a suscité de nombreuses discussions. En ce qui nous concerne, nous pensons qu’il faut l’interpréter au sens propre. Le sens figuré se trouve dans l’Écriture : «le jour de l’homme», «le jour du salut», etc. Mais il est évident que ce sens est secondaire et que le sens premier est littéral. À notre avis, ce seul fait est décisif. Il faut avoir établi le sens premier avant de pouvoir arriver à un sens secondaire, et Genèse 1 traite des choses premières. Lorsque nous arrivons à la prophétie d’Ésaïe, nous avons «le jour de l’Éternel», mais même là, bien qu’il ne s’agisse pas d’un jour de 24 heures, ce n’est pas une longue période de temps. La répétition de «il y eut soir et il y eut matin» correspond au sens premier, et n’aurait guère de sens dans le sens secondaire. De plus, au v. 16, où le soleil est appelé à dominer sur le jour, et la lune à dominer sur la nuit, nous ne voyons pas comment le sens premier peut être évité.

Que ces œuvres puissantes s’accomplissent avec une extrême rapidité ne présente aucune difficulté pour la foi. Des œuvres puissantes, bien que d’un autre ordre, ont été accomplies instantanément par la Parole, lorsqu’elle devint chair et a pris «la forme d’un esclave». Il (Elle) était «en forme de Dieu» lorsqu’Il (elle) a agi en création et que tout a manifesté Sa toute-puissance sans réserve.

Mais il faut bien garder à l’esprit qu’après le v. 1, le verbe «créer» n’apparaît plus jusqu’au v. 21. Entre les deux, nous avons «Dieu fit», une expression qui indique son action de former ou de reformer la matière déjà existante. À l’époque de Genèse 1, Dieu s’occupait de la terre qui était dans un état de chaos et la mettait en ordre en vue de la création de l’homme.

 

1.5        Ch. 1:6-8 — [Deuxième jour : Le ciel atmosphérique]

Le deuxième jour, un «firmament» ou «étendue» a été appelé à l’existence. Il s’en est suivi une nouvelle division, non plus entre la lumière et les ténèbres, mais entre les eaux et les eaux. Dieu a appelé cette étendue «cieux». Au v. 1, «les cieux» désigne ce que nous devrions appeler les cieux stellaires ou des étoiles. Au v. 8, ce sont les cieux atmosphériques qui sont indiqués. C’est là que flottent d’immenses quantités d’eau sous forme de nuages, séparées des quantités bien plus importantes qui reposent sur la terre en dessous. Le résultat de l’œuvre du deuxième jour est que la terre a été entourée d’une atmosphère. Cela s’est fait par sa parole : «Dieu dit... et il fut ainsi».

 

1.6        Ch. 1:9-13 — [Troisième jour : Les eaux dissociées de la terre ferme]

Le troisième jour, il y eut à nouveau une division. Les eaux situées au-dessus de l’étendue n’ont pas été affectées, mais celles situées en dessous ont été rassemblées en un seul endroit, ce qui a permis l’apparition de la terre ferme. C’est ainsi qu’apparut ce qui était stable et fixe, alors qu’auparavant tout était instable et en mouvement. D’autres choses suivirent avant que le troisième jour ne s’achève, mais il s’agissait là d’un préliminaire essentiel.

Nous venons d’avoir devant nous cinq choses dont les noms sont sortis de la bouche de Dieu. Nous en faisons le constat parce qu’au chapitre suivant, Dieu amène à Adam les créatures vivantes qu’Il avait faites le cinquième et le sixième jour, afin qu’il leur donne des noms ; et, conformément à cela, la grande variété de créatures, indiquée aux v. 20-25, n’est mentionnée que de manière générique. Ainsi, bien qu’il ait été permis à Adam de faire usage de sa capacité de discernement dans de nombreux détails mineurs, il dut accepter que ces cinq choses soient nommées par Dieu : le jour, la nuit, les cieux, la terre et les mers.

En parcourant l’Écriture, nous constatons que ces cinq choses nommées deviennent des symboles et ont une signification spirituelle. Notre véritable «jour» se trouvera dans la lumière de la connaissance de Dieu, et il y a une séparation complète entre cela et cette aliénation de Dieu qu’est la «nuit». Nous reconnaissons tous la division entre les cieux et la terre. Il est clair aussi que, dans le monde des hommes, la «terre» symbolise ce qui est en ordre et stable, séparé des peuples agités par les puissances du mal, comme les mers. Comme auparavant, dans la division entre lumière et ténèbres, ainsi maintenant dans la division entre terre et mers, nous avons la remarque : «Dieu vit que cela était bon». Il y a des divisions qui sont bonnes parce qu’elles ont été faites par Dieu. Seules les divisions créées par l’homme sont mauvaises.

Le troisième jour ne se termina pas avant que la terre nouvellement révélée n’ait produit de l’herbe, des plantes portant leur semence et des arbres produisant des fruits. Nous constatons ici un nouveau pas en avant dans l’œuvre pour faire de la terre une habitation convenable pour l’homme. La vie végétale est peut-être la forme de vie la plus basse que nous connaissions. Elle n’a ni l’instinct, ni l’intelligence limitée des animaux, ni leur capacité de mouvement, mais nous savons tous faire la différence entre une plante morte et une plante vivante. Et Dieu a vu que même cette forme de vie inférieure était bonne.

C’est ici que nous rencontrons pour la première fois l’idée de variété et d’espèce, et par conséquent pour la première fois les mots significatifs «selon son espèce». Ils apparaissent pas moins de dix fois dans ce chapitre, et toujours en relation avec l’apparition d’une forme de vie ayant en elle le pouvoir de se reproduire. Ici, dès le début, est énoncée avec force une grande loi qui s’impose à toute la création animée. Quelles que soient l’importance et la multiplicité des variétés qui peuvent apparaître ou être induites au sein d’une espèce, il n’y a pas d’évolution vers une autre espèce.

Au cours des siècles récents, aucune idée n’a été propagée avec plus de zèle par les incroyants que celle de l’évolution, et bien que les théories de Darwin sur la manière dont l’évolution a pu se produire aient été largement abandonnées, l’idée elle-même est toujours défendue comme une alternative à la vérité détestée de la création. En Genèse 1, avec la prescience divine, ce fait est répété dix fois ; il nie catégoriquement l’évolution, et est continuellement vérifié dans la pratique. Aucune espèce ne s’est jamais transformée en une autre espèce. Chaque créature se reproduit selon son espèce, et jamais dans une autre espèce.

Adam, dans sa condition déchue, et toute sa race sont liés par cette loi. Aucun pécheur déchu ne peut évoluer en enfant de Dieu. Notre seul espoir réside dans une nouvelle création, et c’est ce que nous avons en Christ, comme le Nouveau Testament le montre. L’«homme en Christ» est un homme d’un ordre entièrement nouveau. Telle est l’œuvre de Dieu par Son Esprit et par l’Évangile.

 

2        Genèse 1:14 à 2:3

2.1        Ch. 1:14-19 — [Quatrième jour : Soleil et lune comme luminaires cadençant le temps]

L’œuvre de Dieu, au quatrième jour, se situait en dehors de la terre, bien que ses effets aient exercé une puissante influence sur la terre. Le premier jour, la lumière avait brillé sur la terre, et le jour avait été séparé de la nuit, mais il ne nous est pas dit comment ce résultat avait été obtenu. Il se peut que la matière porteuse de lumière ait été diffuse, et que maintenant elle était concentrée en un «grand luminaire», et que la terre fut alors placée en relation avec elle. De même, le «petit luminaire» fut placée par rapport à la terre. Ils devaient maintenant donner de la lumière non pas d’une manière générale, mais spécifiquement sur la terre.

Mais le dessein de Dieu à leur égard ne se limite pas à cela. Ils devaient être «des signes, des saisons, des jours et des années». Nous savons bien que les temps, tant les jours que les années, et les saisons sont déterminés par ces luminaires, mais le fait qu’ils soient des signes nous est peut-être moins familier. Pourtant, l’Écriture en donne des illustrations, comme Josué 10:12-14 ; 2 Rois 20:8-11. Il y a aussi la prédiction du Seigneur en Luc 21:25. Le début du Psaume 19 va dans le même sens.

Ils devaient donc dominer respectivement sur le jour et la nuit. Dès le début, la terre a été placée sous la domination et le contrôle des cieux, même quant à l’action de la matière inanimée, de sorte que ces corps célestes sont devenus un signe que «les cieux dominent» (Dan. 4:26), et une faible prophétie du «royaume des cieux», dont parle l’évangile de Matthieu. Le triste fait est que l’homme déchu a rapidement perverti tout cela, et s’est mis à adorer ces luminaires comme s’ils étaient le créateur et non la créature, transformant ainsi la vérité de Dieu en mensonge. Romains 1:25 fait référence à cela.

À la fin du v. 16, nous avons trois mots «et les étoiles», et avec cette brève mention, elles sont mises à l’écart. Les anciens ne connaissaient que les étoiles visibles à l’œil nu, mais ils en firent un mauvais usage pour tenter de prédire l’avenir, et l’astrologie a contribué à de nombreuses pratiques païennes. Ici, il nous est dit simplement qu’elles sont des créatures de la main de Dieu.

Il convient de noter qu’ici les deux «luminaires» ne sont pas nommés. Le mot «soleil» n’apparaît pas avant Genèse 15:12, et la première mention de la «lune» se trouve en Genèse 37:9, où le soleil, la lune et les étoiles apparaissent ensemble, et leurs significations symboliques sont en rapport avec la famille — l’unité de gouvernement originelle, la plus ancienne, de la terre. Jacob, le patriarche, était suprême dans sa famille. La mère reflétait son autorité et était secondaire. Les frères étaient entièrement subordonnés. Le soleil, la lune et les étoiles symbolisent l’autorité, suprême, secondaire et subordonnée, et ce tout au long de l’Écriture.

Nous retrouvons les mots «et Dieu vit que cela était bon». Il était bon que la création soit soumise à une autorité et à un contrôle. Hélas, nous constatons que l’homme, créé en tant que chef des choses, a rapidement répudié l’autorité divine et s’est plongé dans l’iniquité ou anarchie, c’est-à-dire le péché. Cela n’est absolument pas bon, mais cela devrait faire comprendre à tout croyant combien il est important d’être soumis en toutes choses à l’autorité de la Parole de Dieu.

 

2.2        Ch. 1:20-23 [Cinquième jour : Animaux des eaux et de l’air]

La domination des cieux étant ainsi établie, Dieu procéda au cinquième jour à l’installation d’un ordre de vie bien plus élevé que le règne végétal du troisième jour. Des créatures animées, douées de vie, apparaissent alors pour remplir les mers et les airs immédiatement au-dessus de la terre. Tous ces êtres, comme les herbes et les arbres auparavant, sont créés « selon leur espèce », et il leur est commandé de se reproduire et de se multiplier.

Au v. 21, le mot «créé» apparaît pour la deuxième fois. Il figurait au v. 1, lors de la création originelle des cieux et de la terre. Les versets suivants nous ont expliqué ce que Dieu a fait à partir de sa création originale. Pourquoi ce mot apparaît-il à nouveau ici ? Nous pensons que c’est parce qu’il a été ordonné que les eaux foisonnent d’«êtres vivants». Nous voyons la production de nourriture et la reproduction dans le règne végétal. Ici, nous voyons un tout autre ordre de choses, des créatures dotées de sensations et de volonté de mouvement. En effet, le mot traduit par «êtres» (vivants) aux v. 20 et 21 est en réalité «âme». En ce cinquième jour, il y eut donc l’introduction d’une forme de vie plus élevée, impliquant une âme, et ce fut donc distinctement et proprement une création.

Le résultat de l’œuvre de Dieu, le cinquième jour, fut que les eaux et l’air furent pourvus d’âmes vivantes, qui seraient fécondes et se multiplieraient jusqu’à ce qu’ils soient tous deux remplis.

 

2.3        Ch. 1:24-25 — [Première partie du sixième jour. Les animaux terrestres]

Dans la première partie du sixième jour, Dieu a également peuplé la terre d’êtres vivants, de bêtes et de bestiaux, ainsi que de reptiles. Nous remarquons que Dieu les a faits ; il n’est pas dit qu’il les a créés. Bien qu’extérieurement si différents des habitants des eaux et de l’air, ils n’étaient encore que des «âmes vivantes», et c’est pourquoi le mot «créé» n’est employé que lorsque l’« âme» a été créée pour la première fois en tant que distincte de la matière.

Nous remarquons également que dans les v. 24 et 25, les «bêtes de la terre» sont distinguées du «bétail». Nous en déduisons qu’à l’origine, et avant que le péché n’intervienne, Dieu a conçu certains animaux spécialement pour l’entretien et le bénéfice de l’homme qu’Il était sur le point de créer. Après l’apparition du péché, les bêtes ont développé leur nature sauvage, tandis que le bétail est resté relativement docile et utile à l’homme.

L’homme devait être le point culminant de toute cette œuvre de Dieu, et il apparut avant la fin du sixième jour.

 

2.4        Ch. 1:26-28 — [Création de l’homme en fin du sixième jour]

Les v. 26-28 sont de la plus haute importance, et pour la troisième fois dans ce chapitre, nous trouvons le mot créé. C’est du fait que, une fois de plus, un élément totalement nouveau a été introduit, bien qu’il ne soit mentionné que plus loin en Genèse 2:7. L’homme possède un esprit par le souffle de Dieu en lui. Nous pouvons donc dire qu’en Genèse 1, nous avons trois actes de création :

1.      la création originelle de la matière.

2.      la création de l’âme.

3.      la création de l’esprit, qui est la prérogative de l’homme en ce qui concerne ce monde, puisque la création des anges n’entre pas dans le cadre de ce chapitre.

Ces trois actes concernent l’homme, car il possède un esprit, il est une âme vivante ; son corps est composé de matière terrestre.

Le v. 26 nous montre que, dès le début, l’homme a fait l’objet d’une consultation ou d’un conseil de la part de Dieu. Il est intéressant de noter que Dieu a dit : «Faisons». Elohim est, comme nous l’avons dit, un nom pluriel. Dans l’Ancien Testament, les trois personnes de la Déité ne sont pas révélées, mais maintenant qu’Elles le sont, nous pouvons voir que, inspiré par Dieu, le langage de notre chapitre est tout à fait cohérent avec. Tout ce que l’homme allait devenir était présent dans les pensées divines, et il n’a été amené à l’existence qu’après cette consultation au sein de la Déité elle-même. Au v. 26, c’est «Notre image» ; au v. 27, c’est «Son image». Il n’y a pas d’incongruité, car c’est l’Éternel «Trois en Un» qui parle.

L’homme a été fait à la fois à l’image et à la ressemblance de Dieu. Le mot « image » semble être utilisé dans l’Écriture pour ce qui représente des réalités invisibles. Les images du monde païen représentaient leurs dieux, sans nécessairement leur ressembler, car ils n’avaient jamais vu les démons qu’ils adoraient au moyen des images qui les représentaient à leurs yeux. L’homme a donc été fait pour représenter Dieu à la création inférieure sur laquelle il était établi. Mais il a aussi été fait à la ressemblance de Dieu, c’est-à-dire qu’il est réellement semblable à Dieu sous certains aspects importants ; pas à tous égards bien sûr, car Dieu est infiniment saint et l’homme n’était qu’innocent. Cependant, l’homme était la « race » ou la «progéniture» de Dieu (Actes 17:28-29), un être spirituel, bien que revêtu d’un corps de chair et de sang, et donc doté d’une intelligence et d’une sensibilité morale, qui sont le reflet de ce qui subsiste à l’échelle infinie en Dieu lui-même.

Arrêtons-nous un instant pour nous rendre compte de l’effroyable déchéance des pensées et des mœurs qui découlent de la théorie dégradante selon laquelle l’homme n’est qu’un singe amélioré, ou qu’il est issu des protozoaires censés avoir existé dans la vase primordiale, il y a des millions d’années. Les théories évolutionnistes ont la fascination fatale de permettre à leurs adeptes d’ignorer la chute de l’homme et l’état de péché dans lequel il se trouve. Ce que la Bible appelle le péché, ils le considèrent comme de simples traces désagréables de l’ascendance animale qui se manifestent. Au cours du 19ème siècle et début du 20ème, nous avons assisté à deux phénomènes : la renaissance de la théorie de l’évolution sous les spéculations de Darwin, qui permet aux hommes de théoriser sur leur ascension ; et la descente ou décadence des peuples plus civilisés, où la théorie a surtout été propagée, jusqu’à un niveau de sauvagerie et de bestialité bien inférieur à celui des païens. Ce phénomène s’est manifesté plus particulièrement au cours des années de la Seconde Guerre mondiale.

NON ! L’homme a été créé à l’image et à la ressemblance de Dieu, et sa condition actuelle de péché et de dégradation est le fruit d’une grande catastrophe spirituelle, celle relatée en Genèse 3. Il est maintenant un pécheur déchu ; il n’a jamais été un singe exalté.

Un autre aspect de l’homme nous est présenté dans les v. 26 et 28 : il a été créé pour dominer la création inférieure. En cela, il apparaît unique. Il y a des dominateurs dans le monde angélique — «principautés, autorités, puissances et dominations» (Éph. 1:21) — mais leur domination ne s’étend que sur des êtres de leur propre ordre. En ce qui concerne les anges, Hébreux 1:14 pose la question suivante : «Ne sont-ils pas tous des esprits administrateurs ?» Oui, tous, jusqu’à l’archange lui-même, ont été créés pour servir. Selon l’Écriture, seul l’homme a été créé pour dominer d’autres.

C’est très intéressant car cela nous montre que le Second Homme était devant Dieu dès le début. La défection du premier homme n’a pas pris Dieu par surprise. Lorsque Dieu a dit : «Faisons l’homme», Il savait ce que cela impliquait. L’homme ne devait pas être une simple machine, inintelligent et irresponsable comme la création brute, mais un agent moral capable de représenter Dieu, mais aussi de se rebeller contre Lui. En tant que fruit du péché, l’homme a perdu le contrôle de lui-même et a fait un mauvais usage de sa domination, mais la pensée originelle de Dieu pour l’homme va se réaliser à une échelle beaucoup plus vaste et grandiose dans le Fils de l’Homme, qui est le dernier Adam. Le Psaume 8 envisage cette perspective glorieuse.

Le v. 27 indique que la dualité caractérise l’homme. Il dit que Dieu l’a créé homme et femme : «Il les créa mâle et femelle». Ce fait est développé en Genèse 2, mais les quelques mots qui suivent nous montrent à quel point l’homme et la femme sont étroitement identifiés. Le mot «homme» s’applique aux deux, et c’est conjointement qu’ils devaient dominer, bien que l’homme mâle ait eu dès le départ la première place. Dès le début, ils ont été bénis par Dieu et il leur a été demandé de se multiplier et de remplir la terre (v.28). Avant que le péché n’intervienne, des enfants faisaient donc partie du dessein de Dieu envers eux.

 

2.5        Ch. 1:29-31 — [Nourriture donnée aux êtres vivants. Notions générales tirées du ch.1]

Les derniers versets du chapitre montrent que le règne végétal a été conçu pour fournir de la nourriture aux hommes et aux animaux. Après le déluge, la nourriture animale a été donnée à l’homme (9:3-4). Avant l’arrivée du péché et de la mort par le péché, aucun animal ne devait être tué pour la nourriture de l’homme.

Avec la création de l’homme — mâle et femelle — et sa mise en place de domination et sa bénédiction, le travail du sixième jour est arrivé à son terme. Une fois ce travail terminé, Dieu a examiné tout ce qu’Il avait fait. Six fois déjà, il nous a été dit que Dieu avait vu que c’était bon ; maintenant, en cette septième occasion, lorsque l’ensemble a été inspecté, il nous est dit que tout était très bon. Prenons note de cela, car cela démolit d’un coup tout le système d’erreur, appelé à tort «Science Chrétienne», dont l’un des dogmes fondamentaux est l’idée que la matière est mauvaise et que seul l’esprit est bon. La vérité est juste le contraire, car lorsque le mal est entré, il est entré par le moyen de l’esprit et non par le moyen de la matière.

Nous avons vu que ce chapitre, dès le premier verset, réfute l’unitarisme, car DIEU — Elohim — au pluriel n’apparaît pas moins de 32 fois. Nous avons vu qu’il réfute l’évolution, car chaque espèce se reproduit «selon son espèce». Nous venons de voir comment la Science Chrétienne est réfutée ; et maintenant que nous ouvrons Genèse 2, nous rencontrons une déclaration qui renforce ce qui est apparu tout au long de Genèse 1, à savoir que Dieu est en dehors et au-dessus de tout ce qu’Il a créé et fait. Ainsi, le septième jour, alors que la création était ce que nous pourrions appeler «une affaire en cours», il est dit que Dieu s’est reposé. Le panthéisme — l’idée que Dieu ne peut être conçu que comme immanent à la création, imprégnant toute la nature — est donc totalement nié. Il peut en effet agir dans la nature, mais Il est transcendant, essentiellement au-dessus d’elle en tant que Personne et en tant qu’Être.

 

2.6        Ch. 2:1-3 — [Septième jour]

Genèse 2:1-3, appartient en fait à Genèse 1, et complète le paragraphe. Le septième jour était un jour de repos pour Dieu. Son travail avait consisté à créer et à faire, mais tout était maintenant achevé, et il est évident qu’Il n’a plus mis la main à un travail de cet ordre depuis ce moment-là jusqu’à maintenant. L’entrée du péché a nécessité qu’Il reprenne un travail d’un autre ordre, et le Seigneur Jésus y a fait allusion quand Il disait : «Mon Père travaille, et moi je travaille» (Jean 5:17).

Le septième jour était donc spécialement béni et mis à part, et nous pouvons dire qu’un septième jour de repos après six jours de travail est une idée qui remonte au tout début de l’histoire de l’homme. Le mot «sabbat» n’apparaît pas avant Exode 16:23, où il désigne le septième jour après la distribution de la manne. Après cela, la loi a été donnée, et ce «sabbat» — cette «cessation» selon la signification du mot — est devenu une institution légale pour Israël, et un signe entre eux et le Seigneur pour toujours, comme indiqué en Exode 31:17. Hébreux 4:4-10 y fait également allusion, et il est évident qu’Israël jouira encore de son sabbat à l’époque millénaire, Dieu rachetant ainsi le signe qu’Il avait donné.

Le sabbat n’a jamais été donné comme signe à l’Église. En Christ, nous n’avons pas le signe, mais les choses signifiées. Les adventistes du septième jour voudraient nous replacer sous la loi et dans les ténèbres relatifs du judaïsme, ignorant le fait que pour nous les nouvelles lunes et les jours de sabbat sont révolus, comme l’indique Colossiens 2:16. Néanmoins, en tant que chrétiens, nous sommes très reconnaissants de pouvoir observer un repos d’un jour sur sept, comme l’indique la création, et d’avoir ce jour de repos dans le premier jour de la semaine, le jour où notre Sauveur est ressuscité d’entre les morts.

 

3        Genèse 2:4 à 3:1

3.1        Ch. 2:4 — [Division de la Genèse en générations. Les noms de Dieu]

Les premiers mots du v. 4 doivent être spécialement notés, car ils signalent la deuxième des onze sections en lesquelles le livre est divisé. Tels qu’ils sont imprimés dans nos Bibles modernes, les chapitres sont au nombre de 50, mais nous trouvons dix fois l’expression «Ce sont ici les générations...» (2:4 – 5:1 avec une légère variation – 6:9 – 10:1 – 11:10 – 11:27 – 25:12 – 25:19 – 36: 1 et 9 – 37:2), ce qui montre que, tels qu’ils ont été donnés par l’inspiration de Dieu, les chapitres sont au nombre de onze.

Nous indiquerons d’emblée ces divisions inspirées, afin que nous les ayons clairement sous les yeux dès le départ. Elles sont les suivantes :

·         Genèse 1:1 à 2:3, que nous avons déjà examiné, que nous pouvons désigner comme « Le commencement ».

·         Genèse 2:4 à 4:26, Générations des cieux et de la terre.

·         Genèse 5:1 à 6:8, Générations d’Adam.

·         Genèse 6:9 à 9:29, Générations de Noé.

·         Genèse 10:1 à 11:9, Générations des fils de Noé.

·         Genèse 11:10 à 11:26, Générations de Sem.

·         Genèse 11:27 à 25:11, Générations de Térakh.

·         Genèse 25:12 à 25:18, Générations d’Ismaël.

·         Genèse 25:19 à 35:29, Générations d’Isaac.

·         Genèse 36:1 à 37:1, Générations d’Ésaü.

·         Genèse 37:2 à 50:26, Générations de Jacob.

 

Le mot traduit par «générations» n’apparaît que rarement dans l’Ancien Testament ; hormis la Genèse, on le trouve principalement en Nombres 1, et dans certains chapitres de 1 Chroniques. Il semble avoir la force de «naissances» ou d’«origines». S’il en est ainsi, «les générations des cieux et de la terre» signifieraient leurs origines, tandis que les générations d’Adam, de Noé, etc. signifieraient ceux qui, par leur naissance, ont trouvé leur origine dans ces patriarches respectifs.

Il est possible que Moïse, le rédacteur inspiré de la Genèse, ait été conduit à utiliser des registres existants laissés par les patriarches, dans la mesure où ils convenaient au dessein divin, et qu’il ait été amené à l’indiquer de cette manière. À partir de Genèse 5:1, nous avons une histoire des choses donnée par Dieu, qui peut très bien avoir été tirée de tablettes enregistrées par l’homme et datant de la plus haute antiquité, tout comme, à maintes reprises, dans les livres des Rois et des Chroniques, nous avons des allusions à d’autres livres de référence écrits par des prophètes et des scribes.

Deux autres remarques s’imposent :

·         Tout d’abord, ce que l’on peut appeler la lignée rejetée est toujours mentionnée en premier, puis la lignée agréée : Adam avant Noé ; [Caïn avant Seth], les fils de Noé avant Sem : Ismaël avant Isaac ; Ésaü avant Jacob. Ainsi, dès le début, nous voyons indiqué ce qui est si clair dans le Nouveau Testament, et clairement énoncé dans en 10:9 : «Il ôte le premier, afin d’établir le second».

·         Ensuite, nous constatons que la chronologie se limite toujours à la lignée choisie. Dieu ne compte les années que pour ceux-ci, tandis qu’Il laisse les autres sans les enregistrer. Ceci est conforme à ce que nous trouvons en Matthieu 1, où dans les quatorze générations entre David et la captivité, les rois qui ont apostasié avec Baal sont omis. Les pensées et les voies de Dieu dans ces domaines ne sont pas ce que seraient les nôtres naturellement.

 

Au v. 4, nous remarquons un changement dans le nom divin : non plus, «Dieu» (Elohim) comme dans Genèse 1, mais «l’Éternel Dieu» (Yahvé Elohim) ; et ce nom caractérise tout le passage jusqu’à la fin de Genèse 3. Sur la base de ce fait, la soi-disante «Haute Critique» a élaboré les théories selon lesquelles la Genèse n’était qu’une mosaïque composée par on ne sait qui, mais en tout cas pas écrite par Moïse. La vérité est, bien sûr, que le Nom varie intentionnellement pour s’adapter au sujet abordé. En Genèse 1, c’est Dieu, dans Sa suprématie, qui crée par Sa parole. En Genèse 2 et 3, c’est Dieu qui place l’homme, Sa créature intelligente et responsable, en relation avec Lui-même, que ce soit dans son innocence originelle ou plus tard dans sa condition déchue. C’est pourquoi l’Éternel intervient, puisque ce nom Le présente comme existant par Lui-même, immuable, fidèle à Son alliance, comme le montre Exode 6:24. C’est exactement la manière dont Il s’est fait connaître à Moïse, l’auteur de la Genèse.

 

3.2        Ch. 2:5-7 — [Détails sur l’état de la création. L’Éternel Dieu souffle une respiration de vie dans l’homme]

Les v. 5 à 7 de notre chapitre nous donnent plusieurs détails supplémentaires sur la création, et sur l’homme en particulier. Le v. 5 souligne que la création végétale est sortie directement de la main de Dieu et n’a pas été produite par des causes naturelles, comme la pluie, ni par l’habileté de l’homme à cultiver. Le v. 6 montre qu’elle était entretenue par un brouillard qui s’élevait de la terre elle-même, sans que l’eau ne descende d’en haut. Il y avait des eaux «au-dessus de l’étendue» (Genèse 1:7), mais elles ne descendaient pas encore en pluie sur la terre. Ce n’est qu’en Genèse 7:4 que nous entendons parler de pluie. On a lieu de penser que l’arrosage de la terre par le brouillard et non par la pluie a persisté jusqu’à l’époque du déluge.

Le v. 7 est très important, il nous donne la constitution spirituelle de l’homme par l’acte créateur originel de Dieu. La partie matérielle de l’homme — son corps — est composée des éléments qui se trouvent dans la poussière de la terre, mais il y a aussi la partie immatérielle : c’est une âme vivante, comme les animaux dont la création est rapportée dans la Genèse 1. C’est la façon dont l’homme est devenu une âme vivante qui le distingue entièrement de la création animale. Seul l’homme est devenu une entité vivante lorsque l’Éternel Dieu a insufflé dans ses narines une respiration de vie. À la suite de cet acte divin, l’homme est devenu doté d’un esprit aussi bien que d’une âme.

Ce grand acte est valable non seulement pour Adam, le premier homme, mais aussi pour toute sa race. Ainsi, dans le livre de Job, nous trouvons Elihu qui dit : «L’Esprit de Dieu m’a fait et le souffle du Tout-Puissant m’a donné la vie» (Job 33:4). Nous pouvons tous dire la même chose aujourd’hui. La possession de l’esprit par l’insufflation du Tout-Puissant est le trait distinctif de l’homme. Cet acte définit également la relation de l’homme avec son Créateur. Dieu est un Esprit et donc l’homme, possédant un esprit par l’insufflation de Dieu, était apte à Le représenter, étant fait à Son image, selon Sa ressemblance, comme nous l’avons vu en Genèse 1.

 

3.3        Ch. 2:8-9 — [Le jardin d’Eden et les deux arbres]

L’homme étant ainsi créé, un jardin de délices fut aménagé pour sa demeure. Le nom Eden signifie «plaisir», et tous les arbres agréables à voir et bons à manger s’y trouvaient, de sorte que rien ne manquait pour le maintien de la vie et pour donner du plaisir. Deux arbres sont particulièrement mentionnés. L’arbre de vie témoignait certainement du fait qu’il existait une vie distincte de celle que l’homme possédait déjà, et qu’elle était mise à sa portée. D’autre part, l’arbre de la connaissance du bien et du mal devait lui rappeler sa responsabilité et se montrer en être un test.

 

3.4        Ch. 2:10-14 — [Localisation d’Eden]

L’emplacement de l’Eden est indiqué aux v. 10-11. Deux des fleuves sont facilement identifiables, les deux autres sont très incertains. Il semble certain qu’il se trouvait quelque part à l’est de l’Euphrate, dans une région connue pour son or, ses pierres précieuses et une résine odorante — car c’est ce qu’on suppose être la nature du bdellium.

L’Éthiopie du v. 13 est en réalité Cush, dont il est question en Genèse 10.6. Il semble qu’il y ait eu une région portant ce nom entre la Mésopotamie et l’Inde, ainsi que celle plus connue comme l’Abyssinie.

 

3.5        Ch. 2:15-17 — [Tâche et obligation données à Adam]

Dans ce jardin, l’homme a été placé non pas pour être oisif et perdre son temps, mais pour le cultiver et le garder. Même à l’état d’innocence, il n’était pas bon pour l’homme de n’avoir rien à faire. Il y avait de l’occupation saine sans travail pénible ni corvées.

Dans nos pensées, nous associons souvent innocence et irresponsabilité, comme dans le cas, par exemple, des très jeunes enfants. Aux v. 16 et 17, cependant, nous constatons qu’Adam, bien que créé dans un état d’innocence, a été placé dans une situation de responsabilité. Il n’avait pas la connaissance du bien et du mal, de sorte qu’un seul arbre lui était interdit, alors qu’il pouvait manger librement de tous les autres arbres du jardin. Il a été placé sous une loi de la manière la plus simple qui soit, puisque la loi ne consistait que d’un seul commandement et ce commandement ne concernait qu’un seul arbre. Il aurait pu recevoir de nombreux commandements d’une nature complexe et déroutante, ou encore se voir interdire tous les arbres du jardin sauf un. Quoi qu’il en soit, le commandement divin a été réduit au strict minimum, juste assez pour lui rappeler qu’en tant que créature, il devait être soumis au Créateur et marcher dans l’obéissance.

De plus, Adam a été averti des conséquences de la désobéissance. S’il acquérait la connaissance du bien et du mal par la désobéissance, il serait incapable d’accomplir le bien parce qu’il serait rendu esclave du mal. Cela l’amènerait immédiatement sous le pouvoir de la mort. Comme nous le verrons au ch. 3, il ne subirait pas immédiatement la mort du corps, qui implique la dissolution de la personnalité existante par séparation de la partie spirituelle d’avec la partie matérielle de l’homme. Mais il souffrirait immédiatement d’une rupture totale, spirituelle et morale, d’avec Dieu, son Créateur, ce qui est la mort dans sa forme la plus intense. En ce sens, il mourrait le jour même où il aurait mangé de l’arbre interdit. Il lui incombait d’obéir à l’unique interdiction.

 

3.6        Ch. 2:18-20 — [Besoin d’une aide qui lui corresponde. L’image de la plénitude de Christ]

Une autre grande pensée de Dieu nous est présentée au v. 18. L’homme n’a pas été créé pour être un être totalement autosuffisant. Il avait besoin non seulement d’une compagnie, mais aussi d’une «aide» ou d’une «contrepartie». Nous voyons la bonté de Dieu ainsi que Sa sagesse dans la manière dont la contrepartie est venue à l’existence. L’objectif étant le bien et le profit d’Adam, il lui fut permis de constater par lui-même qu’une telle contrepartie n’existait pas dans la création animale, toute la gamme des bêtes et des oiseaux lui ayant été présentée.

Adam était manifestement à l’apogée de ses facultés intellectuelles avant qu’elles n’aient été ternies par le péché. Il était capable de discerner dans chaque cas le trait caractéristique, de manière à donner le nom approprié à l’être vivant, car les noms étaient bien sûr descriptifs et pas seulement des mots fantaisistes sans signification. Adam possédait à la fois l’intelligence et le langage, il maîtrisait la parole. Et c’est justement parce qu’il avait cela qu’il n’a pas trouvé de contrepartie dans la création animale.

En Éphésiens 1:23, l’Église est décrite non seulement comme le «corps», mais aussi comme la «plénitude» de Christ ; ce mot signifie «ce qui remplit» ou le «complément». Ce que nous avons dans la Genèse est une préfiguration de cela. Nous devons nous rappeler qu’en créant le premier homme, Dieu avait devant Lui le second homme, et que par conséquent, à plusieurs égards, Adam était «la figure de celui qui devait venir» (Rom. 5:14). Au point où nous sommes parvenus, cette figure commence à se présenter clairement à nous. Le Fils de l’homme doit avoir une domination beaucoup plus vaste et plus grande sur toute la création que celle qu’Adam a jamais eue, mais dans cette place exaltée, Il ne doit pas être seul, mais Il doit avoir Son complément ou Sa contrepartie.

 

3.7        Ch. 2:21-24 — [Image de l’épouse de Christ. La pensée de Dieu quant au mariage]

Ainsi, aux v. 22 et 23, nous trouvons la femme faite d’une manière qui est pleine de signification typique. Dans le sommeil profond, nous voyons ce qui préfigure la mort de Christ. La femme est une partie de l’homme, et a été conçue comme sa contrepartie. Elle était une côte de son corps transformée en un être distinct, qui pouvait lui être présenté. Cela préfigurait le fait que l’église serait à la fois le corps et l’épouse du Christ. Il est également remarquable que le mot «forma» au v. 22 soit en réalité «bâtit», rejoignant ainsi la parole de notre Seigneur : «Je bâtirai mon Assemblée / Église» (Matt. 16.18). Éphésiens 5:23-33 est la justification de ce qui précède, et montre également que l’action de Dieu ici était conçue pour préfigurer la vérité concernant Christ et l’église.

Aux v. 23 et 24, un nouveau mot est utilisé pour désigner l’homme. Jusqu’à la fin du v. 22, le mot est toujours «Adam», et aux v. 26-28 de Genèse 1, ce mot couvre à la fois l’homme et la femme, car il est dit : «Dieu créa l’homme... Il les créa mâle et femelle». Nous avons maintenant «Ish», et la femme est «Isha», parce qu’elle est tirée de lui, et qu’elle en tire son caractère. Ici encore, nous voyons un type qui s’est accompli en Christ et l’église. L’église est de Christ et tire son caractère de Lui. Selon 1 Corinthiens 12:12-13, on voit que le corps humain est utilisé comme illustration du corps de Christ ; mais le v. 12 se termine non pas par «ainsi est le corps de Christ», mais par «ainsi est le Christ». Ici Christ, ou plus exactement «le Christ», est utilisé comme un terme qui inclut Son corps, tout comme «Adam» a été utilisé pour inclure Ève. Ces choses sont dignes d’être notées car elles soulignent et illustrent l’inspiration verbale des Écritures.

Le v. 24 rapporte la pensée de Dieu sur le mariage dès le début, et c’est à cela que le Seigneur Jésus faisait appel lorsqu’Il a répondu aux Pharisiens selon Matthieu 19:3-9. Dévier de cette pensée et de cet ordre divins, ou pire encore les nier, a probablement été la cause de plus de péchés et de misères dans le monde que n’importe quelle autre source d’iniquité. Lorsque l’homme a atteint sa maturité, il doit quitter son père et sa mère et fonder une nouvelle famille, en prenant une femme pour épouse. C’est ainsi qu’ils deviennent une seule chair. Comme nous venons de le voir, Adam et Ève n’étaient qu’une seule chair au départ, puisqu’elle a été prise de lui.

Cette ordonnance divine, si on la respecte, est une grande protection pour la femme ; elle est nécessaire parce qu’elle est désavantagée par rapport à l’homme à plus d’un titre. Dans le monde païen, cette ordonnance est inconnue et, par conséquent, la femme devient un simple bien meuble, acheté, vendu et utilisé ou maltraité par l’homme. Dans certains milieux, elle est considérée comme une espèce distincte et inférieure. Ces erreurs, et les abus qui en découlent, ne peuvent subsister à la lumière de la vérité que nous avons ici. La femme n’est pas seulement de la même espèce que l’homme, mais à l’origine elle est faite de sa chair et de ses os, elle est tirée de l’homme.

 

3.8        Ch. 2:25 — [L’innocence]

Le dernier verset souligne à quel point l’état d’innocence dans lequel ils ont été créés était complet. Le péché étant entré, tout a changé. On peut encore trouver des sauvages dans un état de nudité presque complète, mais ils sont du genre tout à fait dégradé. La tendance à la nudité, dans les pays où la lumière de l’évangile a brillé, présage une descente vers l’apostasie.

La section 3 commence ainsi : «Or, le serpent était plus rusé…». Il s’est infiltré dans cette belle scène d’innocence. Combien plus facilement trompera-t-il les créatures stupides — hommes et femmes — qui essaient de se comporter comme s’ils étaient innocents alors qu’ils possèdent chacun une nature déchue et pleine de convoitises.

 

4        Genèse 3:1-20

4.1        Ch. 3:1 — [Le serpent-diable et la mise en doute de la Parole de Dieu]

Le serpent nous est présenté sans aucune explication au sujet de la puissance agissant en lui et par lui. Le v. 1 nous apprend qu’il faisait partie des bêtes des champs que Dieu avait créées, et qu’il était «plus rusé» — d’un ordre d’intelligence plus élevé — que tout autre, de sorte que, sous l’effet d’une puissance supérieure, il pouvait parler. Toute la catégorie des serpents, telle que nous la connaissons aujourd’hui, est dans un état de grande dégradation, comme on peut s’y attendre d’après le v. 14 de notre chapitre. Tel qu’il avait été créé à l’origine, il se trouvait à la tête du monde animal, qui avait été assujetti à Adam.

Dans notre chapitre, c’est seulement le serpent qui est mentionné comme agent visible du mal. De même, en 2 Corinthiens 11:3, nous lisons : «le serpent séduisit Ève par sa ruse». Il faut aller jusqu’au dernier livre de la Bible pour trouver l’identification très claire du serpent avec l’acteur invisible opérant par lui. À deux reprises, dans des termes presque identiques, nous trouvons «le serpent ancien, appelé diable et Satan» (Apoc. 12:9 ; 20:2). Il est l’auteur et l’instigateur de cette chose effrayante, le péché, qui a envahi cette belle création. Voyons comment il s’y est pris.

Son premier geste a été de mettre en doute la Parole de Dieu. Très peu de choses avaient été révélées jusque-là, mais sur un point, Dieu avait parlé de manière nette et claire. Le serpent remet en question cette révélation, déformant ce que Dieu avait dit, tout en le remettant en question de manière à rendre son insinuation du doute plus plausible. De plus, il s’est adressé non pas à l’homme qui était le premier responsable, mais à la femme. Des deux maillons de la chaîne humaine, elle était le plus faible, et l’adversaire a frappé juste là.

 

4.2        Ch. 3:2-3 — [S’en tenir à ce que Dieu a dit]

Dans sa réponse, la femme maintint que Dieu avait effectivement parlé, mais elle commet l’erreur d’ajouter à Ses paroles, car Il n’avait pas dit : «Vous n’y toucherez pas». Ajouter à Ses paroles est aussi mauvais que d’en retrancher. Plus on se rend compte de l’autorité invincible des paroles de Dieu, plus on est prudent lorsqu’on les cite. Il semble que cette autorité ait déjà été affaiblie dans les pensées de la femme.

 

4.3        Ch. 3:4-5 — [Le mensonge direct après l’insinuation. Vouloir être comme Dieu]

Ayant obtenu l’avantage initial, le serpent a porté un coup beaucoup plus fort, comme le montre le v. 4. Il a audacieusement nié la parole de Dieu. Dieu avait clairement déclaré que si l’homme désobéissait, la ruine et la mort en seraient la conséquence inévitable. Le serpent nie qu’une telle conséquence puisse se produire.

Il a ensuite appuyé ce démenti par l’affirmation audacieuse que la véritable raison de l’interdiction était que Dieu savait que si l’homme mangeait de l’arbre interdit, il serait immensément élevé — il aurait les yeux ouverts, connaîtrait le bien et le mal et deviendrait «comme Dieu» ou «comme des dieux». Bien qu’il ne devienne pas l’Éternel Dieu, il deviendrait un être indépendant et un objet de vénération. Il noircit ainsi le caractère divin, représentant Dieu comme désireux d’empêcher l’homme d’être un rival possible, et désireux de l’éloigner de ce qui était à son avantage. Il affirmait pratiquement que la divinité, sous une forme modifiée, était possible pour l’homme.

C’est ainsi que la voie de la désobéissance a été présentée de manière séduisante comme l’autoroute lumineux vers une connaissance élargie et une importance considérablement accrue. En réalité, elle s’est avérée être une route sombre et désolante menant à un désastre total. La connaissance du bien et du mal existerait, mais sans la puissance pour faire le bien ou éviter le mal. Quiconque commet le péché devient l’esclave du péché, comme l’a dit avec insistance notre Seigneur en Jean 8:34.

Tout cela nous éclaire sur notre époque. Nous avons la parole de Dieu dans les écrits divins — les Saintes Écritures — mais au fil des siècles, elles sont devenues inopérantes, parce que cachées au peuple et enfouies dans une langue inconnue. Il y a environ quatre siècles, elles ont été déterrées, traduites, diffusées et leur lumière a recommencé à briller. Vers le milieu du dix-huitième siècle, la contre-attaque du diable a été lancée et les mêmes tactiques ont été employées.

Tout d’abord, la remise en question de la révélation divine, la mise en doute de la parole de Dieu dans ce qu’on a appelé la «haute critique» de la Bible. Ensuite, il y a eu la négation de la ruine de l’homme et du fait que la mort soit le salaire du péché. Le fait de la mort ne peut évidemment pas être nié, mais il peut être considéré comme une dette que nous payons tous à la nature, afin d’ouvrir la voie à l’évolution d’hommes d’un caractère de plus en plus élevé. Enfin, l’affirmation audacieuse de la divinité — ou d’un genre de divinité — de l’homme. L’homme est considéré comme l’être le plus semblable à un dieu dont nous ayons une connaissance certaine. Cette déification de l’homme atteindra son paroxysme avec l’antichrist à venir. La racine de tout cela se trouve en Genèse 3.

 

4.4        Ch. 3:6 — [Caractères du piège de Satan]

Le piège tendu par le serpent était astucieux. Le v. 6 montre que le fruit de l’arbre avait un attrait naturel pour la chair. Il était «un plaisir» pour les yeux, et de plus le mensonge du diable le présente de manière à faire appel à l’orgueil. Les éléments du monde, selon 1 Jean 2:16, sont tous présents et, par leur effet cumulatif, ils ont envahi la femme. Elle a agi indépendamment de Dieu et de son mari. Elle a pris le fruit et en a mangé. Elle a donné le fruit à son mari, qui a eu tort d’accepter qu’elle prévale dans cette affaire, et lui aussi a désobéi.

Ce récit de la chute, donné par Dieu, est souvent refusé et même ridiculisé. On ne peut nier le mal terrible qui remplit la terre, mais, dit-on, il est tout à fait absurde de déclarer que tout cela découle de ce qu’Adam a désobéi en mangeant une chose aussi insignifiante qu’une pomme. L’absurdité se trouve toutefois du côté de ceux qui pensent ainsi. Le diable est bien trop astucieux pour essayer d’enfoncer d’abord le gros bout d’un coin. Comme un train est détourné de la ligne principale par un petit aiguillage, de même l’homme s’est écarté vers la ligne de désobéissance par ce qui semblait à première vue être une petite chose. Il n’y avait ni pénurie ni manque qui poussait à cette désobéissance. Ils n’avaient pas faim. Il s’agissait simplement d’un pur défi au commandement de Dieu, juste l’insoumission ou dérèglement qui est le péché, l’iniquité selon 1 Jean 3:4.

 

4.5        Ch. 3:7 — [Effet de la chute sur les personnes]

L’homme et sa femme étaient maintenant des créatures déchues de leur état d’origine, et les résultats de cette chute ont commencé à se dérouler d’eux-mêmes. Tout d’abord, au v. 7, nous avons l’effet sur eux-mêmes. Alors qu’ils étaient, dans leur innocence, heureusement libres de toute conscience de soi, comme on l’a vu en Genèse 2:25, ils étaient maintenant très conscients d’eux-mêmes et honteux, et ils se sont efforcé faiblement de cacher leur honte, mais sans y arriver efficacement. Nous disons faibles, parce que quiconque connaît la forme d’une feuille de figuier doit admettre qu’un tablier cousu à partir d’une feuille de figuier devait être une mosaïque facile à détruire. Nous disons inefficaces, parce que le v. 10 montre qu’Adam, dès qu’il s’est trouvé en présence de Dieu, s’est avoué nu, comme si le tablier de feuilles de figuier n’avait jamais été fait.

 

4.6        Ch. 3:8-10 — [Fin des heureuses relations]

Deuxièmement, nous avons ce que le v. 8 souligne. Leurs relations avec Dieu étaient ruinées. Finie la relation heureuse qui a existé pour un temps si court entre un Dieu bienfaisant et Sa créature innocente. L’aliénation s’est installée. La présence de l’Éternel Dieu leur inspirait de la peur et non du plaisir. Leur seule idée était de se cacher de Lui, et pour cela ils ont utilisé les arbres mêmes du jardin, qui leur avaient été donnés comme nourriture et pour leur plaisir. Ainsi, les bénédictions terrestres et matérielles qui leur avaient été accordées se sont transformées en malédiction.

Les v. 7 et 8 sont pleins de tristesse. Un rayon de lumière apparaît au v. 9. L’Éternel Dieu aurait pu immédiatement rejeter les deux coupables et les condamner à leur sort. Au lieu de cela, Il les a recherchés, ce qui indique clairement qu’Il avait l’intention de les bénir en fin de compte. Son appel était : «Où es-tu ?». En réponse à quoi, Adam a dû révéler à quoi il en était, et en essayant de couvrir sa nudité, il a dévoilé son péché.

Quelle est la position de l’homme en tant que pécheur déchu ? Où est-il, maintenant qu’il s’est affranchi du contrôle divin ? C’est la première question de l’Ancien Testament, et le reste de l’Ancien Testament donne la réponse dans tous ses détails hideux, jusqu’au dernier chapitre de Malachie, qui se termine par le mot significatif de «malédiction». Nous ouvrons le Nouveau Testament et ce n’est pas sans raison que nous trouvons la première question posée : «Où est-il…. ?» (Matthieu 2:2). Nous poursuivons notre lecture pour découvrir la glorieuse réponse à cette question, et nous terminons l’Apocalypse avec Jésus comme Celui qui vient, l’étoile brillante du matin, et entre-temps Sa grâce reposant comme une bénédiction sur tous Ses saints. Le contraste est complet.

 

4.7        Ch. 3:11-13 — [Reconnaissance de culpabilité, on accuse et s’excuse]

Après avoir désigné Adam comme principal responsable, l’Éternel Dieu s’adresse directement à lui, et l’interroge sur sa désobéissance. Adam l’admet, et ce qu’il dit au v. 12 est vrai, mais il le dit de manière à rejeter le blâme sur Ève, et indirectement même sur Dieu. «La femme que tu m’as donnée pour être avec moi» m’a conduit à cette désobéissance, ce qui revient à dire que si Dieu ne lui avait pas présenté Ève, tout aurait été pour le mieux. Les instincts profondément pécheurs de l’homme sont immédiatement révélés. S’il ne peut pas nier sa culpabilité, il rejettera la faute sur quelqu’un d’autre, et si possible sur Dieu.

En se tournant vers la femme, le Seigneur Dieu pose une deuxième question sur ce qu’elle a fait. La première avait soulevé la question de l’état de l’homme, la seconde met en cause ses actes. Ève reconnaît avoir mangé de l’arbre, mais rejette la faute sur le serpent. Comme dans le cas d’Adam, ce qu’elle dit est vrai, car le serpent l’a séduite, mais son effort a clairement consisté à se décharger de la responsabilité de l’acte. À cet égard, Romains 2:15 éclaire beaucoup, bien que nous devions ajouter qu’en dehors de l’action de l’Esprit de Dieu dans la conscience, la tendance invariable des hommes pécheurs est de se complaire à «accuser» les autres et à «s’excuser» soi-même. Il en a été ainsi au début, mais la vérité était maintenant dévoilée quant à l’homme, quant à la femme et quant au serpent.

 

4.8        Ch. 3:14-15 — [Sentences de jugement prononcées par l’Éternel Dieu]

Dans ces conditions, l’Éternel Dieu prononça le jugement qui devait s’abattre sur les pécheurs, en commençant par le serpent et en remontant jusqu’à l’homme. Le serpent est reconnu comme l’auteur du mal ; donc pour lui, tout est jugement sans un rayon de lumière. La femme et l’homme ont été ses victimes ; pour eux seuls, une lueur est réservée.

Les paroles solennelles du v. 14 s’appliquent entièrement au serpent en tant que créature faite par Dieu. Il est dégradé de la plus haute à la plus basse place dans l’échelle de la création. Les premiers mots du v. 15 s’appliquent de la même manière. L’homme moyen, s’il aperçoit un serpent, n’a qu’une idée en tête : le tuer ! La deuxième partie du verset a cependant en vue le grand ennemi spirituel qui avait opéré par le moyen du serpent.

Il a une «semence», c’est-à-dire une descendance qui est de son ordre au sens spirituel, et qui, avec lui, est en inimitié et en opposition mortelles avec la «Semence» de la femme. Dans la mention de cette «Semence», nous avons la première indication du grand Libérateur, Christ, qui devait venir un jour.

La première prédiction de Christ est donc la venue de l’Éternel Dieu Lui-même, et n’a pas été confiée à des lèvres humaines. On peut dire que c’est en germe la pensée qui a donné naissance à toutes les prophéties ultérieures, et elle contient au moins quatre caractéristiques très frappantes.

1.      Premièrement, dans tous les domaines de la création, à partir de l’homme, la semence appartient au mâle et non à la femelle. La semence de la femme n’est donc pas conforme à la nature telle que nous la connaissons. Elle se situe en dehors de ce qui vient d’être constitué et annonce une nouvelle création. Le Seigneur Jésus est né d’une vierge et nous avons ici la première indication de ce fait, qui est vital. Aucune trace de la chute ne Lui est attachée. Il n’était pas simplement innocent, comme l’était Adam au départ, Il était saint.

2.      Deuxièmement, cette annonce de la semence de la femme a été faite avant qu’aucune «semence» ou race d’Adam ne soit apparue ou même mentionnée. Cette semence n’apparaît qu’au début de Genèse 4, et c’est un bien triste début. Adam est reconnu dans les Écritures comme le premier homme et le chef de la race qui a jailli de lui par la femme. Christ est le Second homme et le Chef de la race choisie par Dieu. Mais le Second homme a toujours été le Premier dans la pensée de Dieu, et nous en trouvons la preuve ici.

3.      Troisièmement, le conflit entre les deux semences doit se terminer par la victoire complète de la semence de la femme. Il doit «briser» la tête du serpent, la tête étant le siège de sa vie et de son intelligence. La brillante lueur d’espérance, donnée au moment même de l’entrée du péché, contenait alors non seulement l’annonce de la venue d’un Libérateur — un Homme d’un autre ordre — mais aussi celle de Sa pleine victoire sur l’auteur du désastre, le réduisant à l’impuissance éternelle. La mesure dans laquelle nos premiers parents ont compris cela est une autre question. Mais l’annonce était là dès le départ.

4.      Quatrièmement, il a été dit que cette victoire écrasante devrait coûter quelques souffrances au vainqueur. Le serpent, au cours du conflit, devait Lui meurtrir le talon. En marchant, le talon est la première partie du pied à entrer en contact avec la terre. La figure de style est parlante, car c’est dès qu’Il a touché la terre dans Sa sainte Humanité que le Vainqueur a souffert. Il a été abaissé un peu plus bas que les anges pour souffrir la mort — cette mort qui a été provoquée par la ruse de Satan.

 

4.9        Ch. 3:16-19 — [Effets du gouvernement de Dieu sur Ève et Adam]

Après avoir traité avec le serpent, l’Éternel Dieu se tourne vers la femme. Un double jugement s’abat sur elle, résultat de son péché dans le gouvernement de Dieu. L’accouchement devait devenir pour elle un temps de douleur et de souffrance, et elle devait être soumise à la domination de son mari. De nos jours, on a beaucoup cherché à se débarrasser de ces deux choses, mais rien ne peut réellement les abolir.

Enfin c’est Adam qui est jugé, et les effets gouvernementaux de son péché sont plus clairement visibles. Il avait écouté la voix de sa femme au lieu d’écouter ce que Dieu avait dit, et maintenant il doit en affronter les fruits. Le sol est maudit à cause de lui. Il doit en tirer sa subsistance par la sueur et la peine jusqu’à ce que la mort l’emporte, et que son corps retourne à la poussière dont il a été tiré. Rien n’est dit ici de son âme et de son esprit, car ce sont les conséquences gouvernementales plutôt qu’éternelles qui sont en vue.

Il y a beaucoup de manœuvres pour se débarrasser de la sueur et du labeur, et les hommes peuvent penser qu’ils vont y parvenir. On a entendu une harangue adressées au peuple : «Ou nous travaillons ou nous avons la misère» ; à cela nous pouvons ajouter : «Ou nous suons ou nous crevons de faim» ; car nous ne pouvons pas plus échapper à cette partie de la malédiction que nous ne pouvons échapper à la mort.

 

4.10    Ch. 3:20 — [Ève nommée]

C’est apparemment à ce moment-là qu’Adam a donné le nom d’Ève à sa femme. Elle est la mère de tous les vivants. Il a fallu que bien des âges passent avant qu’une autre femme émerge pour que la Semence de la femme apparaisse.

 

5        Genèse 3:21 à 4:26

5.1        Ch. 3:21 — [L’Éternel fait des vêtements]

La promesse de Dieu de voir surgir un Libérateur qui briserait le pouvoir de l’adversaire est complétée par un acte de Dieu qui éclaire la manière dont la délivrance s’accomplirait. Adam et sa femme avaient essayé de couvrir leur nudité avec des tabliers de feuilles de figuier, mais ils n’y étaient pas parvenus. L’Éternel Dieu les a recouverts d’un manteau de peau. Or, les peaux ne sont pas un produit végétal, mais animal, et elles ne peuvent servir à vêtir l’homme que lorsque l’animal qui les a produites est mort. Nous trouvons donc ici la première révélation du fait que l’homme ne peut se tenir vêtu devant Dieu que sur la base de la mort. Il doit reconnaître que la sentence de mort qui pèse légitimement sur lui, a été endurée par un autre à sa place.

 

5.2        Ch. 3:22-24 — [L’homme chassé d’Eden, l’accès à l’arbre de vie barré]

L’acte qui a révélé cela a été suivi d’un autre acte de Dieu tout aussi significatif. L’homme avait acquis la connaissance du bien et du mal sans puissance pour réaliser le bien, mais avec une propension aiguë au mal. Afin qu’il ne continue pas à vivre dans cet état, il fut chassé du jardin d’Eden et les chérubins lui barrèrent l’accès à l’arbre de vie avec une épée flamboyante. Il s’agissait sans aucun doute d’un acte de jugement supplémentaire, mais il contenait en lui-même un fort élément de miséricorde.

À supposer qu’Adam ait pu avancer sa main et manger de l’arbre de vie, quel aurait été le résultat ? Il aurait perpétué sa condition de péché et de misère, faisant de lui une créature sans mort dans un enfer qu’il aurait lui-même élaboré. Cela aurait été déjà assez grave. Mais le désastre aurait été bien pire à cet égard : même en devenant homme, Christ n’aurait pas pu mourir. Sa mort est devenue pour nous la porte de la vie. En mangeant de l’arbre de vie, Adam aurait fermé et barré cette porte. Nous pouvons remercier Dieu pour les chérubins et l’épée flamboyante (ou « qui tournait ça et là ») !

 

5.3        Ch. 4:1-2 — [Les deux premières naissances, Caïn et Abel]

Nos premiers parents avaient perdu leur innocence, leur paradis et la communion heureuse avec Dieu qu’ils avaient au début. Ils avaient acquis la connaissance du bien et du mal, mais seulement pour se trouver asservis par le mal, et ils s’étaient placés sous la malédiction, eux-mêmes ainsi que la création sous leurs pieds. C’est dans ces tristes conditions que commença la propagation de la race, comme l’indique le premier verset de Genèse 4.

Le premier homme né d’une femme apparut, et Ève pensa qu’elle l’avait acquis «de» ou «avec» l’Éternel, d’où le nom qui lui fut donné. On ne nous dit pas ce qu’Adam a dit, mais seulement ce qu’elle a dit, de sorte qu’il se peut qu’elle ait pris la place de leader qui appartenait à son mari. Quoi qu’il en soit, elle se trompait de nouveau, car Caïn n’était pas de l’Éternel, mais plutôt «du méchant» (1 Jean 3:12). Le Seigneur Jésus disait aux Juifs que le diable «était meurtrier dès le commencement», et encore qu’«il est menteur et père du mensonge» (Jean 8:44). Nous le voyons comme le menteur en Genèse 3, et comme le meurtrier en Genèse 4.

Lorsque le second fils apparut, on lui donna un nom plus en accord avec l’état déchu de l’humanité : Abel, qui signifie Vanité ou Transitoire. Le registre de la famille d’Adam s’arrête là et nous n’en entendons plus parler jusqu’à la fin de notre chapitre. Adam a eu sans doute beaucoup de fils et de filles, mais le but de Dieu dans la Genèse n’est pas de nous donner une histoire, mais de nous fournir suffisamment de détails pour nous instruire quant à Ses actions gouvernementales avec les hommes déchus, et cela en vue de leur délivrance et de leur bénédiction finales.

Lorsque Adam a été expulsé du jardin, il lui a été commandé d’aller «labourer le sol» ; il n’y avait donc rien à redire à l’occupation de Caïn. Abel devint berger, car les moutons sont des créatures sans défense, et la chute de l’homme avait produit des bêtes sauvages. L’homme s’était révolté contre Dieu, et craignait Sa présence. La création animale, d’une manière générale, s’est à la suite révoltée contre l’homme et a craint sa présence.

 

5.4        Ch. 4:3-5a — [Abel et Caïn apportant leur offrande]

Pourtant, un jour vint où les deux frères sentirent qu’ils devaient rendre quelque hommage au Créateur et chercher une base pour s’approcher de Lui. Dans l’offrande sacrificielle apportée par Abel, nous voyons la deuxième préfiguration ou type de la mort de Christ. La première était dans les manteaux de peaux habillant les deux coupables, où nous découvrons que seule la mort peut couvrir la nudité et le péché de l’homme. Nous faisons maintenant un pas de plus, et découvrons que la seule base d’approche reconnue par Dieu est la mort d’un sacrifice acceptable.

Dans l’offrande de Caïn, il n’y a aucune reconnaissance de cela. Il a apporté le fruit du sol que Dieu avait maudit — bien qu’il ait probablement apporté le meilleur produit du travail de ses propres mains — et en cela, il n’y avait aucune reconnaissance de la sentence de mort qui pesait sur lui. Il était comme un criminel condamné à mort, cherchant à s’attirer les faveurs de son juge en le soudoyant avec quelque chose d’agréable. Quoi qu’un juge terrestre puisse être tenté de faire, Dieu n’a eu aucun respect pour cette manœuvre, et Caïn s’est retrouvé rejeté.

L’offrande d’Abel impliquait la mort de la brebis, comme le montrent les mots «et de sa graisse». C’est à ce moment-là qu’il faut placer Hébreux 11:4. Il nous est montré que son offrande était un acte de foi — le premier acte de foi à être consigné. Or, la foi s’appuie sur ce que Dieu a révélé. Si nous nous demandons ce qui a été révélé à la foi d’Abel, nous ne pouvons que nous référer à Genèse 3:21. Abel a compris la signification des vêtements de peau, et a donc reconnu par son offrande qu’il était un pécheur sous sentence de mort, et qu’il ne pouvait s’approcher que sur la base de la mort d’une victime. Caïn n’avait aucune foi, il a ignoré le sens de ces vêtements, et s’est approché avec de fasses prétentions.

Ainsi, presque dès le départ, nous voyons la vie humaine comme un fleuve qui se divise en deux courants divergents et même opposés, et cela s’est poursuivi jusqu’à aujourd’hui. C’est pourquoi nous considérons cet incident comme l’un des plus fondamentaux de toute la Bible et nous y accordons la plus grande importance. Vers la fin du Nouveau Testament, nous lisons un «malheur» qui repose sur ceux qui «ont marché dans le chemin de Caïn» (Jude 11), et le nombre de ceux qui agissent ainsi a considérablement augmenté de nos jours — même s’ils veulent être appelés «chrétiens». Le verset de Jude montre qu’il s’agit de la première des trois étapes qui mènent à la perdition dans l’apostasie totale.

À l’inverse, Abel se trouve à la tête des hommes de foi reconnus en Hébreux 11. Le sacrifice qu’il a offert était «plus excellent», et Dieu lui a rendu témoignage en l’acceptant d’une manière visible et précise, et cette acceptation a été pour Abel la preuve évidente qu’il était juste, c’est-à-dire qu’il était dans un chemin droit avec Dieu. Pourtant, même aujourd’hui, on trouve bien des gens qui font sincèrement confiance à Christ et qui, par une compréhension défectueuse de l’évangile, regardent plutôt à eux-mêmes qu’au témoignage divin, et de ce fait ils ont des doutes quant à leur position vis-à-vis de Dieu. N’est-ce pas surprenant ?......  penser que près de quatre mille ans avant la venue de Christ, Abel a joui de ce qui manque à beaucoup deux mille ans après Sa venue !

 

5.5        Ch. 4:5b-9 — [Caïn n’acceptant pas de ne pas être agréé]

Rejeté par Dieu, Caïn s’est irrité contre Dieu, et a déversé sa vengeance sur l’homme de foi que Dieu avait agréé. Le tableau est fidèle à la réalité, car la même chose s’est reproduite de si nombreuses fois dans l’histoire du monde. Caïn n’était pas irréligieux. S’il l’avait été, il ne se serait même pas donné la peine d’essayer de s’approcher de Dieu. Non, il était religieux, et c’est pour cette raison que la colère et la haine ont envahi son cœur. Dieu était hors de sa portée. Il ne pouvait pas Le frapper. Abel était bien à sa portée, et c’est donc vers lui que le coup a été dirigé. L’exemple le plus marquant dans le Nouveau Testament est celui de Saul de Tarse. Il haïssait Jésus de Nazareth d’une haine intense, et parce qu’Il était dans une gloire hors de sa portée, il frappait Ses disciples sur la terre.

Caïn est devenu meurtrier malgré les remontrances de Dieu, qui lui a rappelé qu’en dépit de ce qui était arrivé, ses droits en tant que frère aîné devaient être respectés (Abel ayant la place secondaire), et Dieu lui a indiqué où se trouvait le mal, et peut-être le remède. On nous dit que le mot hébreu traduit par «péché» a également le sens de «sacrifice pour le péché». Il se peut donc qu’il y ait eu, presque à ses pieds, un agneau qu’il aurait pu apporter en sacrifice à ce moment-là, ce qui lui aurait permis de revenir à un chemin droit avec Dieu.

En tuant son frère, Caïn s’est révélé être «du méchant», et il l’a fait parce que «ses propres œuvres étaient mauvaises, et que celles de son frère étaient justes» (1 Jean 3). En outre, il s’est révélé être non seulement un meurtrier à l’égard de son frère, mais aussi tout à fait provocant à l’égard de Dieu. Interrogé sur ce qu’il en était de son frère, Caïn ne montra pas le moindre signe de repentance, mais plutôt un esprit truculent sans crainte de Dieu, et il joua sur les mots à partir du fait qu’Abel avait été un «gardien» de moutons. Il n’allait pas admettre qu’il était le «gardien» d’Abel !

 

5.6        Ch. 4:10-15 — [La malédiction sur le sol, et ce qui pèse sur Caïn]

Mais le sang d’Abel faisait entendre du sol sa voix à l’oreille de Dieu, et une malédiction spéciale est vite descendue sur lui, en plus de la malédiction déjà tombée sur Adam et sa race selon Genèse 3. Adam ne devait obtenir sa nourriture qu’à la sueur de son visage, mais Caïn allait trouver la terre improductive même s’il travaillait à la labourer, de sorte qu’il deviendrait un vagabond, fuyant la face de Dieu.

Le v. 14 montre que Caïn a réalisé la portée de cette malédiction et a déclaré qu’elle était trop grande pour être supportée. Depuis ce jour-là jusqu’à aujourd’hui, les hommes pécheurs, s’ils ne se repentent pas, se plaignent de la sévérité du jugement de Dieu. Ce n’est que lorsque les hommes se repentent qu’ils s’inclinent et reconnaissent humblement que le jugement de Dieu est juste.

Il existe sans aucun doute chez l’homme un instinct qui le pousse à venger un meurtre gratuit par la mort du meurtrier. Caïn lui-même avait cet instinct et prévoyait que d’autres de ses frères le tueraient. Aucun gouvernement n’avait encore été institué sur la terre et, par conséquent, Dieu ne voulut pas permettre qu’une action punitive soit entreprise à l’encontre de Caïn. Quand le gouvernement, dans sa forme la plus primitive, a été institué, alors une action devait être exercée, comme on le voit en Genèse 9:5-6.

 

5.7        Ch. 4:16-18 — [Caïn s’éloignant de Dieu définitvement]

Au dernier verset de Genèse 3, Adam a été chassé du jardin ; au v. 16 de notre chapitre, Caïn «sortit de la présence de l’Éternel». Dans le premier cas, il s’agissait d’un jugement obligatoire ; dans l’autre, d’un abandon délibéré. Pour un meurtrier impénitent, la présence de Dieu était odieuse. En Romains 1:28, à propos des barbares, il est dit qu’«ils n’ont pas eu de sens moral pour garder la connaissance de Dieu» : c’était exactement le cas de Caïn. Il partit pour le pays de «Nod», ou «errance», emmenant avec lui une femme et un fils, et il y construisit une «ville», une sorte de forteresse primitive. Autant qu’il le pouvait, il défiait la sentence de Dieu à son égard, et montrait qu’il se méfiait de ce que Dieu avait fait pour qu’il ne soit pas tué. Si la terre ne devait pas produire pour lui, qu’il laisse à d’autres le soin de la cultiver ! Plutôt que d’errer, il veut s’installer et se protéger lui-même !

C’est dans cet état que nous laissons Caïn. Le v. 18 se contente de mentionner les noms de ses descendants les plus directs.

 

5.8        Ch. 4:19-22 — [Lémec et sa famille – Le système du monde et ses principes]

Le v. 19 s’arrête à Lémec pour nous donner quelques détails. Fait remarquable, cet homme était le septième descendant d’Adam dans la lignée de Caïn, tout comme Hénoc l’était dans la lignée de Seth. Dans les détails donnés, nous voyons le système du monde commencer à prendre forme. Ses principes de base nous sont révélés et ils concordent avec l’analyse donnée en 1 Jean 2:16.

C’est apparemment Lémec qui, le premier, a enfreint l’ordonnance divine relative au mariage d’un homme avec une femme et a institué la polygamie. C’était un caractère fort qui avait l’intention de faire ce qu’il voulait, et non ce que Dieu avait dit. Ici, sans aucun doute, nous voyons la convoitise de la chair lever sa tête hideuse.

Les deux femmes donnent naissance à des enfants et dans les détails donnés à leur sujet, nous voyons apparaître la convoitise des yeux, ce terme recouvrant tant les yeux intérieurs de l’esprit que les yeux de la tête : par les yeux intérieurs, l’homme recherche qui fait appel à ces yeux intérieurs ; par les yeux de la tête, l’homme recherche ce qui est spectaculaire. Avec la famille de Lémec commence

·         la vie de liberté et l’acquisition de richesses : dans les temps primitifs, les biens d’un homme se trouvaient dans ses troupeaux

·         le début des arts et des sciences dans la musique,

·         le début des sciences appliquées à l’industrie, en particulier avec l’airain et le fer.

 

C’est par-là que l’humanité a commencé sa carrière d’inventivité croissante qui, de nos jours, a atteint le stade de la bombe atomique. Les yeux de la convoitise de l’homme ont sondé trop profondément les secrets de la terre, et combien de temps encore les pénétreront-ils avant que Dieu ne mette l’éteignoir sur tous ses projets par l’apparition de Christ en flamme de feu (2 Thes. 1) — qui peut le dire ?

La fille de Lémec, Naama, est la première femme mentionnée après Ève. Nous pensons que c’est parce que son nom signifie «plaisir» ou «charme». Si nous ajoutons le plaisir, et la poursuite des plaisirs, aux aspects que nous venons de noter, nous avons les principes de base sur lesquels le monde de l’homme est fondé.

 

5.9        Ch. 4:23-24 — [Le discours de Lémec]

Le discours de Lémec à ses femmes peut sembler un peu obscur, mais les termes «pour ma blessure» et «pour ma meurtrissure», laisse penser qu’un malheureux jeune homme avait blessé Lémec qui, pour se venger, s’est simplement levé et l’a tué. Lorsque Caïn avait tué des siècles auparavant, il avait trahi un certain sens de malfaire. Ce n’était plus le cas de Lémec, qui rentra chez lui pour se vanter auprès de ses femmes de ce qu’il avait fait (ou ferait), faisant une allusion méprisante à l’action de Dieu interdisant qu’on exerce une vengeance sur Caïn. Si Caïn devait être vengé au septuple, Lémec le serait soixante-dix sept fois. Il se sentait onze fois plus important que Caïn. Voilà l’orgueil de la vie au plus haut degré !

En cet homme, le septième depuis Adam, nous voyons donc la corruption et la violence apparaître au grand jour. Tout le mal peut être classé sous ces deux rubriques, et il est évident que la polygamie et le meurtre de Lémec portèrent rapidement leurs fruits amers, jusqu’à ce que, juste avant le déluge, «la terre était corrompue devant Dieu, et la terre se était pleine de violence» (6:11). Il est triste de constater qu’à notre époque, et dans des pays où la lumière de l’évangile a longtemps brillé, des situations semblables se multiplient rapidement.

 

5.10    Ch. 4:25-26 — [Seth et sa foi]

Les deux versets qui concluent notre chapitre nous ramènent bien avant l’époque de Lémec, car le chapitre suivant nous dit qu’Adam avait 130 ans lorsque Seth est né. De nombreux enfants ont pu naître entre Abel et Seth, mais ils sont passés sous silence, car Seth était la semence désignée pour perpétuer la lignée de la foi, par opposition à la lignée de Caïn. Le fait que Seth était un homme de foi ressort du nom donné à son fils, Enosh, qui signifie «mortel», «faible».

L’un des premiers signes de la foi qui jaillit dans le cœur est que l’homme se reconnaît comme une créature pécheresse sous sentence de mort. Le signe suivant est que, à la lumière de cette reconnaissance première, il commence à invoquer le Nom de l’Éternel. Les derniers mots de notre chapitre sont donc très frappants. Dans le Nouveau Testament, nous trouvons que «quiconque invoquera le nom du Seigneur sera sauvé» (Rom. 10:13).

 

6        Genèse 5:1 à 7:16 — [Début de l’humanité selon la lignée de Seth]

6.1        Ch. 5:1-2 — [L’homme et la femme appelés Adam-homme]

Une autre section de la Genèse commence avec Genèse 5, dont la préface se trouve aux v. 1 et 2. L’unité de la race humaine y est à nouveau soulignée, car si Adam a appelé sa femme Isha (Genèse 2:26), puis Ève (Genèse 3:20), Dieu les a bénis et a appelé leur nom Adam dès le début. Ainsi, Ève aussi était Adam (homme), conjointement avec son mari. Cela n’est pas surprenant, si l’on se souvient que la relation entre mari et femme a été conçue par Dieu comme un type de Christ et de l’église. Ainsi, en 1 Corinthiens 12:12, nous avons «Christ» ou, plus précisément, «le Christ», utilisé d’une manière qui couvre à la fois le Christ personnellement et Son corps, l’église.

 

6.2        Ch. 5:21-24 — [Hénoc/Énoch]

Jusqu’à Hénoc, les patriarches antédiluviens sont mentionnés sans commentaire, à l’exception de leur âge à la naissance du fils en qui la lignée de la foi et de la promesse s’est poursuivie, et du nombre total d’années de leur longue vie. Hénoc était le septième descendant d’Adam, comme nous le rappelle l’épître de Jude, et c’était un personnage remarquable, aussi remarquable pour le bien que Lémec, le septième descendant d’Adam dans la lignée de Caïn, l’avait été pour le mal. Si, dans l’un, nous voyons le monde dans sa rébellion et son péché commencer à prendre forme, dans l’autre, nous voyons le chemin séparé du croyant à travers le monde.

Hénoc marcha avec Dieu, et comme Dieu et le monde marchent sur des plans totalement différents, la marche d’Hénoch était nécessairement à l’écart des hommes de son âge. Il n’était pas reclus, car il a engendré des fils et des filles, et de plus, il prophétisa hardiment, comme nous le dit Jude, prédisant la venue du Seigneur en jugement sur les hommes impies de son époque, et en fait, de toutes les époques. Lorsqu’il eut vécu 365 ans, «il ne fut plus, car Dieu le prit». La signification de ce fait est clairement indiquée dans Hébreux 11:5. Il «fut enlevé pour qu’il ne vît pas la mort». Cela indique clairement qu’il a été enlevé parce que la mort le menaçait.

Comme il avait à peine atteint la moitié de l’âge moyen des antédiluviens, on peut se demander comment il se fait que la mort l’ait menacé, et ce d’autant plus que nous lisons qu’«il ne fut pas trouvé, car Dieu l’avait enlevé». Pourquoi utiliser le mot «trouvé» s’il n’avait pas été cherché ? De plus, l’acte meurtrier de Lémec, relaté au chapitre précédent, a dû avoir lieu quelques siècles plus tôt. Nous en jugeons ainsi parce que Lémec était issu de la lignée de Caïn qui avait une avance de 130 ans sur la lignée de Seth. C’est apparemment le début de l’orgie de violence qui remplit la terre, selon le ch. 6, laquelle contribua à provoquer le déluge. Nous pensons donc que la dénonciation audacieuse par Hénoc de l’impiété scandaleuse qui, à son époque, commençait à remplir la terre (voir Jude), a dû inciter les impies à le tuer. Mais lorsqu’ils décidèrent de le frapper et le cherchèrent, il n’était plus là, car Dieu l’avait enlevé.

Le déluge fut la colère gouvernementale de Dieu s’abattant sur le monde impie, et le cas de Noé nous montre que Dieu sait comment faire traverser les saints en toute sécurité une telle période. Mais le cas d’Hénoc nous fournit un exemple de la manière dont Dieu peut se plaire à emmener un saint au ciel sans mourir, avant que Sa colère s’abatte. Enoch préfigure ainsi l’enlèvement de l’église avant que les coupes de la colère divine se déversent sur la terre lors de la grande tribulation. Dieu merci, il est clairement établi que «Dieu ne nous a pas destinés à la colère, mais à l’acquisition du salut par notre Seigneur Jésus Christ» (1 Thess. 5:9). Un simple résumé de la vie d’Hénoc serait le suivant : Il marcha avec Dieu, il témoigna pour Dieu, il alla vers Dieu, sans voir la mort.

 

6.3        Ch. 5:28-32 — [Le deuxième Lémec]

Arrivés à Noé, le dixième depuis Adam, l’histoire se développe à nouveau. Tout d’abord, à sa naissance, son père Lémec lui donna un nom prophétique. Il reconnut que la terre était sous la malédiction de Dieu et anticipa que son fils apporterait repos ou consolation. C’est ce qu’il fit en construisant l’arche sur l’ordre de Dieu, transportant ainsi un petit nombre d’âmes, huit, dans un nouveau monde. Il vécut apparemment jusqu’au grand âge de 500 ans avant d’engendrer ses trois fils, Sem, Cham et Japheth. Sem est mentionné en premier, non pas parce qu’il était l’aîné, mais parce que c’est dans sa lignée que la foi a été préservée. Il était apparemment le deuxième fils, car Cham est appelé le «plus jeune fils» (Genèse 9:24), et Japheth est appelé «l’aîné» (Genèse 10:21).

Nous avons un autre exemple de ce genre lorsque nous arrivons à Abraham, à la fin de Genèse 11, et cela nous amène à remarquer qu’il n’est pas prudent d’accorder trop d’importance aux chronologies déduites des détails donnés dans notre chapitre quant à l’âge de ces patriarches. Il est facile de le faire et d’établir à 1656 ans le nombre d’années entre la création d’Adam et le déluge. Mais la version grecque de l’Ancien Testament, connue sous le nom de Septante, rédigée environ deux siècles avant l’époque de notre Seigneur et, nous dit-on, souvent citée par Lui, diffère de l’hébreu. L’âge d’Adam à la naissance de Seth est de 230 ans, et les années suivantes sont de 700 ans. Les quatre patriarches suivants, ainsi qu’Hénoc, présentent la même caractéristique, ce qui ajoute 600 ans au calcul. Il y a également une différence de six ans dans le cas de Lémec, père de Noé, ce qui porte le nombre total d’années, selon la Septante, à 2262.

Il en va de même pour l’âge des patriarches après le déluge dans Genèse 11. Ici, la version des Septante ajouterait 650 ans à la chronologie. Ceci explique la différence entre la chronologie de Usher, qui suit l’hébreu, et celle de Hales, qui suit le grec. Certains des premiers «Pères chrétiens» ont affirmé que les années avaient été réduites par les Juifs dans la version hébraïque, afin de s’opposer à l’argument des chrétiens utilisant la Septante pour dire que le Messie était apparu au cours du sixième millénaire à partir d’Adam, comme leur tradition les avait amenés à l’attendre.

Quoi qu’il en soit, la seule chose qui semble certaine, c’est que nous ne pouvons pas parvenir à une certitude absolue sur ces questions, et qu’il semblerait donc que ce soit une perte de temps que d’y réfléchir longuement. Il est tout à fait possible que lorsque l’apôtre Paul mettait Timothée en garde contre «les généalogies interminables, qui suscitent des disputes au lieu e l’administration de Dieu qui est par la foi», il ait eu à l’esprit des choses comme celles-ci. Si le nombre exact d’années avait été important d’un point de vue spirituel, il nous aurait été clairement indiqué dans les Écritures.

 

6.4        Ch. 6:1-4 — [Péchés d’anges]

Avec Genèse 6, nous sommes transportés dans les derniers siècles de l’ère antédiluvienne, lorsque la population a considérablement augmenté et que la méchanceté humaine a commencé à atteindre son paroxysme. Beaucoup ont compris l’expression «fils de Dieu» comme désignant les hommes de la lignée de Seth — la lignée de la foi — qui se sont séparés et ont épousé des filles de la lignée de Caïn, mais nous sommes d’accord avec ceux qui considèrent que cette expression désigne des êtres d’ordre angélique, comme il est clairement indiqué dans des passages tels que Job 1:6 et 2:1 et 38:7. Nous ne savons pas comment une telle relation a pu être établie, aboutissant à une progéniture surhumaine en taille et en force, mais nous croyons que Jude 6 et 7 confirment ce que nous disons. Sodome et Gomorrhe « sont allés » après une autre chair », commettant un mal aussi énorme que celui qui est interdit en Exode 22:19, et ces fils de Dieu ont fait la même chose en principe, en recherchant les filles des hommes. Ils ont donc apostasié, quittant leur première condition, et, pour qu’ils ne récidivent pas, ils sont retenus dans des chaînes éternelles sous l’obscurité, jusqu’à ce que la perdition éternelle s’abatte sur eux. Ils seront jugés finalement au grand jour du grand trône blanc.

Dans la Genèse, cependant, il nous est seulement parlé des terribles conséquences de cette évolution dans le monde des hommes. Les hommes monstrueux qui en sont issus, étaient des monstres d’iniquité remplissant la terre de violence et de corruption. Cependant, l’homme dans sa condition déchue est tel que ces monstres, au lieu d’être considérés comme des hommes d’infamie, ont été traités comme des hommes de renom. C’est sans doute d’eux que sont parties les histoires de «dieux», de «déesses», de «Titans», etc. qui nous sont parvenues dans les écrits de l’Antiquité (mythologie). Ces récits sont généralement mis de côté comme des fables, mais il semble qu’ils reposent sur une base plus solide que beaucoup ne veulent l’admettre.

 

6.5        Ch. 6:5-8 —[Méchanceté de l’homme – Sentiments de l’Éternel – Grâce pour Noé et sa justice]

Combien le v. 5 est incisif ! La méchanceté de l’homme est devenue grande, ou abondante, car il était entièrement mauvais dans les ressorts les plus profonds de son être. Son cœur était mauvais, les pensées de son cœur étaient mauvaises, et l’imagination, qui était à l’origine de ses pensées, était mauvaise. Et tout cela n’était que méchanceté, que mal, sans la moindre trace de bien, et cela continuellement. Ainsi, avant le déluge, nous avons exactement le même verdict concernant l’homme que celui présenté en Romains 3:10-18, par des citations extraites de l’Écriture, comme décrivant la condition des hommes après le déluge.

Au v. 6, il nous est dit comment tout cela a affecté l’Éternel, et ici, pour la première fois, nous avons des sentiments humains attribués à Dieu. Ce n’est qu’ainsi que nous pourrions comprendre une telle chose, et il n’y a là rien d’incongru, puisque l’homme a été fait à l’image et à la ressemblance de Dieu. Seulement, il doit y avoir une intensité et une élévation dans les pensées et les sentiments divins tout à fait inconnus de l’homme. Combien Sa douleur a dû être grande ! Tout était bon au départ, et maintenant tout est si abominable, que rien ne pouvait venir à bout de la situation, si ce n’est la destruction totale de l’humanité, à quelques exceptions près, et aussi la destruction de la création animée qui avait été confiée à la main de l’homme.

Un seul homme a trouvé grâce aux yeux de l’Éternel. Dans ce contexte, il n’est pas question de sa femme, ni de ses trois fils et de leurs femmes. Noé était un homme de foi. Sem l’était peut-être aussi. Nous savons que Cham ne l’était pas, et nous n’avons aucune information sur les autres, mais comme le dit Hébreux 11, «Noé ... craignit, et bâtit une arche pour la conservation de sa maison». La foi de Noé a accepté l’avertissement divin, qui l’a poussé à la crainte. La crainte l’a poussé à agir.

Nous ne savons pas comment les hommes de cette époque considéraient l’état des choses qui s’était développé au milieu d’eux, mais pour Dieu, c’était devenu absolument intolérable, de sorte qu’il dut dire : «La fin de toute chair est venue devant moi... voici, je vais les détruire avec la terre» (6:13). Son Esprit ne devant pas toujours contester avec l’homme, une limite de 120 ans fut fixée. Dieu condamna ainsi le monde, et Noé, en construisant l’arche, «condamna le monde et devint héritier de la justice qui est par la foi» (Héb. 11:7).

Dans sa deuxième épître, Pierre nous dit que Noé était «un prédicateur de justice». C’était l’époque où «la patience de Dieu attendait», comme il le dit dans sa première épître. Noé a montré aux hommes ce qui était moralement et pratiquement juste aux yeux de Dieu, mais cela n’a porté aucun fruit, car ses auditeurs ont été désobéissants et leurs esprits sont maintenant en prison. Ce n’est qu’à propos de Noé que Dieu a pu dire : «Je t’ai vu juste devant Moi dans cette génération» (Gen. 7:1). La justice pour les hommes n’a pas été pleinement accomplie avant la mort et la résurrection du Christ, et c’est de cette justice que Noé est devenu un héritier. Le croyant d’aujourd’hui n’est pas héritier de la justice, car il la possède. Il est héritier du grand héritage, qui est acquis en Christ.

 

6.6        Ch. 6:13-22 — Dieu concepteur de l’arche et Noé constructeur obéissant

Noé était le constructeur, mais Dieu était le concepteur de l’arche. La porte était située sur le côté pour permettre aux hommes d’accéder facilement à l’arche, mais la fenêtre se trouvait au-dessus, pour laisser entrer la lumière du ciel et empêcher toute vue sur la désolation aquatique à venir. Les dimensions de l’arche étaient grandes. On estime que la coudée mesurait environ 1/2m, et comme l’arche était faite pour flotter et non comme un navire pour voyager, sa capacité cubique devait être très grande.

Des instructions furent également données quant au contenu de l’arche : sept des créatures pures et deux des autres, le mâle et la femelle, ainsi qu’une quantité suffisante de nourriture pour tous. Rien n’a été laissé à l’arrangement ou à l’imagination ; tout a été ordonné par Dieu, du début à la fin. Cela mérite d’être souligné, car nous avons ici la première illustration du salut que la Bible fournit. Plus tard, Jonas déclarera : «La délivrance est de l’Éternel», et nous découvrirons à quel point il en est ainsi, lorsque nous aborderons le Nouveau Testament, où nous trouverons déployé le «si grand salut» que l’évangile déclare. Le ch. 6 se termine par l’affirmation que Noé fut obéissant en tout ce que Dieu lui avait commandé.

 

6.7        Ch. 7:1-12

6.7.1          [Maison du croyant]

Le premier verset de Genèse 7 nous fournit le premier exemple de la manière dont Dieu, quand Il agit avec les hommes sur terre, lie la maison d’un homme à Lui-même — «toi et toute ta maison» apparaît pour la première fois. Il s’agit ici du salut par rapport au jugement déversé sur la terre, mais en Actes 16:31, le même principe s’applique au salut éternel. Combien nous devons être reconnaissants pour cette parole !

 

6.7.2          [Répétition des détails sur la préparation du déluge]

Si nous lisons les v. 1 à 16, nous pourrions être tentés de penser qu’il y a beaucoup de répétitions, mais nous pensons que le passage est ainsi formulé pour nous faire saisir deux choses :

·         premièrement, la manière exacte et soigneuse dont Noé a obéi aux instructions de Dieu,

·         deuxièmement, l’ordre exact et le timing précis de toutes les actions de Dieu en jugement.

 

Il en était ainsi car la grande catastrophe était d’une nature dépassant totalement toute convulsion ordinaire de la nature, et elle était entièrement un acte de Dieu.

 

6.7.3          [Écluses des cieux et fontaines du grand abîme]

L’expression «écluses des cieux» est très expressive. Elle désigne un déversement de Dieu en haut ; il peut s’agir d’une bénédiction, comme en Malachie 3:10, mais ici, il s’agissait de jugement. Les eaux dévastatrices tombèrent pendant quarante jours et quarante nuits, période que nous retrouvons plusieurs fois dans l’Écriture, indiquant une pleine période de mise à l’épreuve. Mais il y avait aussi, par dessous, une rupture de l’ordre établi. Il est impossible de dire ce que cela signifie exactement lorsque nous lisons que «le même jour, toutes les fontaines du grand abîme se rompirent». Cet événement extraordinaire ne s’était jamais produit auparavant, et il ne se reproduira plus jamais, car nous lisons : «Il n’y aura plus de déluge pour détruire la terre» (Genèse 9:11). Il est donc évident que nous devons nous contenter de savoir qu’il y a eu d’immenses convulsions internes, qui ont produit une puissante poussée des eaux de la terre, pour rencontrer les eaux qui descendaient d’en haut.

 

6.8        Ch. 7:13-16 — [Noé prédicateur de justice. La porte de l’arche fermée]

Le v. 13 indique clairement que Noé et sa famille sont entrés dans l’arche le jour même où la tempête a éclaté. Noé avait été un prédicateur de justice, tout comme Enoch avait été un prophète de la venue du Seigneur. Il a été le premier prédicateur dont nous ayons une trace quelconque, et le sujet de sa prédication était celui qui se trouve en tête de l’évangile prêché aujourd’hui, comme le déclare Romains 1:17. Seulement aujourd’hui, c’est la justice de Dieu révélée en Christ et établie dans Sa mort et Sa résurrection, qui est présentée comme la base de la bénédiction pour les hommes. Noé avait à prêcher la justice de Dieu en tant qu’indigné par la violence et la corruption de l’homme, et exigeant le jugement. Pourtant, jusqu’au dernier jour, la porte de l’arche est restée ouverte, et rien n’aurait empêché un homme repentant d’y entrer, s’il s’en était trouvé un.

Cependant, le dernier jour est arrivé, et chacun des quatre hommes et des quatre femmes a fait le dernier pas décisif qui les a préservés de la destruction. Le pas décisif pour chacun d’eux a été de poser un pied sur l’arche et de retirer l’autre de la terre qui était sous le jugement. Il était impossible d’avoir un pied dedans et un pied dehors. C’était soit les deux pieds dedans, soit les deux pieds dehors. C’est une parabole utile pour les prédicateurs de l’évangile aujourd’hui. Leur action a entériné le jugement de Dieu sur le monde et exprimé leur foi en la voie du salut déterminée par Dieu. Une fois à l’intérieur de l’arche, «l’Éternel ferma la porte». Lorsque le Seigneur ferme, personne ne peut ouvrir — pas même Noé, s’il avait voulu. La porte fermée assurait le salut des huit âmes et la destruction du monde des impies.

De nos jours, l’évangile est trop souvent prêché comme un moyen d’échapper à un jugement mérité, sans que l’accent soit mis sur l’autre côté qui est présenté ici. En construisant l’arche et en y entrant, Noé a «condamné le monde» (Héb. 11:7), et la réception par la foi de Christ comme Sauveur et Seigneur aujourd’hui implique exactement la même chose. N’éludons pas la question, comme si on pouvait avoir Christ et le monde. C’est l’un ou l’autre, et que Dieu aide tous ceux qui prêchent l’évangile à le déclarer avec hardiesse.

 

7        Genèse 7:17 à 10:32 — [Le déluge]

7.1        [Ce que nous enseigne le déluge. Une nouvelle position – le baptême]

Les eaux du déluge, qui ont détruit le monde des impies, ont eu pour effet d’élever l’arche «au-dessus de la terre» (7:17). Cela peut nous rappeler que le salut de Dieu a toujours un effet d’élévation. Aujourd’hui, tout spécialement, nous sommes appelés à «penser aux choses qui sont en haut, et non à celles qui sont sur la terre» (Col. 3:2). Lorsque «les eaux se renforcèrent et crûrent beaucoup sur la terre», on ne vit plus de chair, on ne voyait plus que la mort. La parole de Dieu concernant «la fin de toute chair devant Lui» (6:13) s’est accomplie, car maintenant tout étaient soit couvert par les eaux du jugement, soit dans l’arche, qui se mouvait entre les eaux qui déferlaient d’en bas et celles qui descendaient d’en haut. Noé et sa famille étaient hors de vue dans l’arche, une figure de la nouvelle position qui est la nôtre «dans le Christ Jésus», impliquant la non-reconnaissance de notre ancien statut « dans la chair » (Rom. 8:8).

Combien nous devons être reconnaissants que le jugement ne soit pas tombé sur nous, mais sur notre Sauveur plein de grâce, tout comme les eaux de la mort ne sont pas tombées sur Noé, mais sur l’arche. Tout cet épisode est comparé au baptême en 1 Pierre 3:21, ou plutôt, le baptême lui est comparé. La première mention du baptême chrétien comme ayant été administré se trouve en Actes 2, où il est associé à la parole : «Sauvez-vous de cette génération perverse». Le fait de passer par la mort en figure, et de couper ainsi tous les liens avec les anciennes associations, est, à notre avis, l’idée principale du baptême. Tous les liens de Noé avec l’ancien monde ont été coupés par le baptême du déluge. Pierre s’adressait à des Juifs convertis, qui avaient été séparés par le baptême de la masse de leur nation, et ainsi sauvés des jugements gouvernementaux sur le point de s’abattre sur elle. Pour nous, Gentils (non-Juifs), le baptême a la même signification, nous séparant — si nous le comprenons et y sommes fidèles dans la pratique — du monde qui se précipite vers le jugement. Sommes-nous fidèles à ce que le baptême signifie ?

 

7.2        Ch. 7:11 à 8:5 — [Déroulement du déluge]

Quant au déluge lui-même, le récit qui en est fait (Genèse 7:11 à 8:14) est assez explicite, tant quant à sa durée que quant à son ampleur. La pluie torrentielle dura 40 jours et 40 nuits. Les eaux se renforcèrent du 17e jour du 2e mois au 17e jour du 7e mois, lorsque l’arche toucha le sol sur les montagnes d’Ararat. Le 1er jour du 10e mois, on vit les sommets des montagnes. Le 1er jour du 1er mois d’une nouvelle année (8:13), les eaux disparurent de la surface de la terre. Le 27e jour du 2e mois (8:14), la terre fut suffisamment sèche pour que les occupants de l’arche puissent en sortir — un an et 10 jours s’étant écoulés depuis le début.

L’ampleur du déluge était telle que «toutes les hautes montagnes sous tous les cieux furent couvertes», ce qui indique qu’il était universel. Rien de local n’aurait pu durer aussi longtemps. En outre il est tout à fait possible que la rupture des «fontaines du grand abîme» ait entraîné de grands changements à la surface de la terre : autrement dit, la configuration des continents, des montagnes, des mers, etc. a pu être très différente à l’époque antédiluvienne de ce qu’elle est aujourd’hui.

 

Note Bibliquest :

1. Les détails sur le commencement de la mise à l’abri des créatures et des humains sont répétés 4 fois : 6:17-22 l’intention de Dieu + 7:1-5 l’ordre donné par Dieu à Noé + 7:6-10 la réalisation concrète juste avant le déluge + 7:11-16 le récit a posteriori → On comprend pourquoi toute négation ou minimisation du déluge est une ignorance volontaire selon 2 Pierre 3:5.

2. DATES : Le déluge a commencé le 17° jour du 2° mois. Si la pluie fut sur la terre 40 jours (7:12, 17), il semble que les eaux ont continué à monter ensuite, car les eaux se renforcèrent sur la terre durant 150 jours (= 5 mois — 7:18, 19, 24), et la pluie est alors encore mentionnée (8:2). Au bout de ces 150 j. (17° j. du 7° mois), les eaux étaient à leur maximum (15 coudées au-dessus des montagnes), et elles ont commencé à se retirer immédiatement (7:24 + 8:3-4). Mais l'arche a touché terre (8:4) juste à ce moment-là, — non pas quand les eaux sont devenues basses, mais quand les eaux étaient au maximum (7:19-20, 24 + 8:2-4).

La date du commencement et la durée ont été déterminées de façon que le sol soit sec exactement au premier jour du premier mois de l’année suivante (8:13), constituant ainsi un nouveau commencement.

3. LIEUX :  L’arche, qui n’était pas faite pour naviguer, a probablement été construite dans une plaine, mais elle a été amenée par Dieu sur une montagne (8:4).

4. AMPLEUR : Au bout des 150 jours, au maximum de l’eau, les eaux recouvraient les montagnes de 15 coudées (7:20) ; or l'arche elle-même avait 30 coudées de haut (6:15) ; ainsi, quand l'arche a touché terre, au sommet d'une montagne, Dieu avait pourvu à ce que le niveau de l'eau arrive juste à mi-hauteur du bateau (arche), la partie de l'arche émergeante étant égale à la partie immergée.

5. CONCLUSION :

●         L'intensité des épreuves, souffrances, voire des jugements envoyés par Dieu, sont mesurés avec exactitude, en intensité, et en durée (cf. Jér. 30:11 et 46:28). L'épreuve ne dépasse pas ce que le croyant peut supporter (1 Cor. 10:13).

●         Dieu détermine là où aboutit l’épreuve, — ce qui n’est pas là où elle a commencé. Il détermine aussi quand l’épreuve commence.

●         Dieu pourvoit à ce qui est nécessaire pour les Siens et sait les encourager, même au maximum de l’épreuve.

●         Les moyens de délivrance ont été préparés longtemps à l'avance (120 ans ici : 6:3 ; le temps de la construction de l'arche) et selon la mesure appropriée à celle de l’épreuve à venir.

●         Dieu n'est jamais dépassé par les événements, même ceux qui nous paraissent être les pires renversements du monde.

 

7.3        Ch. 8:1-12 — [Fin du déluge, le lâcher du corbeau et de la colombe]

Dieu se souvint de Noé et de tous ceux qui vivaient avec lui dans l’arche, et Il arrêta les eaux et envoya le vent, qui commença le processus d’assèchement des eaux. La fenêtre de l’arche étant située sur le toit et non sur le côté, Noé devait avoir une connaissance imparfaite de ce qui se passait à l’extérieur, d’où son action relatée en Genèse 8:6-12. Le corbeau et la colombe sont des oiseaux de nature différente quant à leurs habitudes et à leur nourriture. L’un se nourrit de charognes et autres choses impures, l’autre d’aliments propres. Lors du premier lâcher, il y avait pleinement de quoi attirer le corbeau, mais rien pour la colombe.

Dans le Nouveau Testament, la colombe devient l’emblème de l’Esprit de Dieu, et l’expression utilisée à la première occasion mérite d’être notée : «la colombe ne trouva pas où poser la plante de son pied». La scène entière n’était encore qu’une désolation de mort et de corruption. La seconde fois, la colombe revint avec «une feuille d’olivier arrachée». Voici la première preuve de vie apparaissant au-dessus des eaux de la mort, car ce n’était pas une feuille qui avait dérivé parmi les débris, mais une feuille arrachée à un arbre vivant. La mort est entrée par le péché, et «ainsi la mort a passé sur tous les hommes» (Rom. 5:12), aussi bien après qu’avant le déluge. La première preuve de la vie réelle s’élevant au-dessus de la scène de mort, a été la résurrection de Christ d’entre les morts. Bien que l’Esprit soit venu à la Pentecôte sous forme de vent et de feu, Il est venu en tant que Témoin de Christ ressuscité et glorifié.

Lorsque la colombe fut envoyée pour la troisième fois, elle ne revint plus, mais il n’est pas ajouté qu’elle ait trouvé du repos pour la plante de son pied. Il est évident qu’elle a trouvé un endroit où se percher, mais nous pensons que cette mention est omise parce qu’elle a une signification typique ou allégorique, qui apparaît au grand jour lorsque nous arrivons à Matthieu 3:16. Lorsque le Seigneur Jésus est venu, il s’est enfin trouvé quelqu’un sur qui l’Esprit de Dieu pouvait reposer en permanence, mais pas avant.

Ce qui est raconté ici a donc pour but de nous faire réfléchir aux évangiles, qui commencent par l’entrée du Seigneur Jésus dans une scène de mort comme Le Seul sur qui l’Esprit de Dieu pouvait reposer, et qui se terminent par Sa présentation dans une vie ressuscitée — une vie de l’autre côté de la mort et hors de sa portée — laquelle est le préalable nécessaire à la venue de l’Esprit. Lorsque nous lisons à propos des apôtres qu’«ils furent tous remplis du Saint-Esprit ... et que les apôtres rendirent avec une grande puissance le témoignage de la résurrection du Seigneur Jésus» (Actes 4:31-33), nous voyons ce qu’indique, même si c’est faiblement, la feuille d’olivier dans le bec de la colombe.

N’oublions pas non plus que la nature humaine déchue se nourrit de ce qui est impur, comme le fait le corbeau. Seul ce qui est né de l’Esprit est esprit, et donc, comme la colombe, se nourrit de ce qui est pur. Si nous reconnaissons cela, nous ferons très attention à ce dont nous nourrissons nos pensées. On a dit que pour croître spirituellement, nous devons «affamer le corbeau et nourrir la colombe».

 

7.4        Ch. 8:13-22 — [Sortie de l’arche et holocauste]

Noé n’est sorti de l’arche que lorsque Dieu le lui a demandé. Il est sorti comme il était entré, sur instruction directe de Dieu. Nous découvrons maintenant pourquoi les animaux purs ont été introduits dans l’arche par sept, et les impurs par deux. Il est vrai que nous vivons encore dans un monde impur, hélas ! et que les animaux impurs se multiplient facilement, et qu’une paire leur suffit, tandis qu’il en faut trois paires pour les animaux purs. Mais pourquoi le septième isolé parmi les sept ? Parce qu’il devait être offert en sacrifice d’holocauste au tout début de la terre renouvelée. Le Seigneur savait que le déluge n’avait rien changé à la nature humaine. Même chez Noé et sa famille, elle est restée après le déluge la même qu’avant. Le v. 21 insiste sur ce point ; c’est pourquoi, dès le début, le monde nouveau ne pouvait continuer que sur la base d’un sacrifice.

Le sacrifice de Noé est le troisième type de la mort de Christ :

·         Le premier type, en Genèse 3, l’a présentée comme une couverture pour le pécheur coupable.

·         Le second type, l’offrande d’Abel en Genèse 4, l’a présentée comme la base de l’approche de Dieu.

·         Maintenant, nous voyons le sacrifice présentant à Dieu une «bonne odeur» ou «une odeur de repos» — celle dans laquelle Il trouve Son repos et Ses délices, dans l’excellence de laquelle celui qui offre trouve le fondement de son acceptation.

 

Le terme d’holocauste apparaît ici pour la première fois ; sa signification particulière apparait dans le livre du Lévitique.

Il n’est pas difficile de discerner une progression en ordre dans ces trois types. Lorsque nous avons pris conscience de notre état de pécheur, la première chose dont nous étions conscients était d’avoir besoin d’une couverture — le sens de base de l’expiation ou propitiation — devant l’œil du Dieu saint. C’était une bonne chose, mais nous ne pouvions pas supporter de rester en permanence à distance. Nous devons avoir une base d’approche de Dieu. Et plus encore, nous devons être pleinement acceptés ou agréés pour y trouver le repos. Si Dieu trouve une saveur de repos dans la mort du Christ, nous y trouvons aussi notre repos.

 

7.5        Ch. 8:22 et 9:8-17 — [Promesse ou alliance, et le signe de l’arc-en-ciel]

La promesse qui termine Genèse 8, était basée sur le sacrifice, tout comme la bénédiction qui débute Genèse 9. Dieu savait ce que, à nouveau, l’homme prouverait être, mais Il a garanti qu’il n’y aurait plus de jugement du type de celui qui venait d’être exécuté. Le déluge avait été d’une telle ampleur que, pendant un peu plus d’un an, les semailles et les récoltes, le froid et la chaleur, l’été et l’hiver, et même le jour et la nuit, avaient été oblitérés. Cela ne devait plus jamais se reproduire. En effet, Genèse 9:8-17 montre que Dieu a établi une alliance définitive à cet effet, dont le signe est l’arc-en-ciel.

Cette alliance conclue avec Noé et toute la création était inconditionnelle. C’était une alliance de promesse, qui ne dépendait pas de la fidélité de la créature. C’était quelque chose de nouveau. Les mots «Je mettrai mon arc dans la nuée» indiquent clairement que le phénomène de l’arc-en-ciel n’avait jamais été vu auparavant par l’humanité. Cela semble appuyer fortement la pensée que nous avons mentionnée à propos de Genèse 2:5-6, à savoir que jusqu’à l’époque du déluge, aucune pluie n’était tombée sur la terre, mais que celle-ci était arrosée par des brouillards.

 

7.6        Ch. 9:1-7 — [Établissement d’une forme de gouvernement]

Noé et ses fils furent bénis et rendus particulièrement féconds, afin que l’humanité se multiplie rapidement sur la terre renouvelée, et leur domination sur les animaux de la terre leur a été réaffirmée. En outre, l’homme reçut désormais la nourriture animale pour sa subsistance, en plus de la nourriture végétale. De plus, dans les nouvelles règles établies, le caractère sacré de la vie humaine fut clairement énoncé en relation avec une forme primitive de gouvernement. Le meurtre avait rempli la terre avant le déluge, et depuis l’époque de Caïn, toute vengeance humaine avait été interdite. Mais maintenant, Dieu exigeait le sang de la vie humaine de la main du meurtrier, et il autorisait l’humanité — Noé en particulier, sans doute — à être l’exécuteur de Son jugement. La peine de mort pour meurtre était ainsi instituée par Dieu Lui-même, et ce dès le début de l’ère post-diluvienne, et pas seulement promulguée dans la loi de Moïse des siècles plus tard. Elle est d’une validité universelle. Les efforts récents pour annuler ou renverser la loi divine sont significatifs, surtout quand on les met en relation avec les autres efforts déployés pour renverser d’autres lois fondamentales concernant le mariage, la responsabilité parentale, etc. La fin de notre ère est en marche. Elle n’arrivera pas par un déluge, mais par la révélation du Roi des rois et Seigneur des seigneurs, lorsqu’Il «foulera la cuve du vin de la fureur de la colère de Dieu le Tout-puissant» (Apoc. 19:15).

 

7.7        Ch. 9:18-19 — [Trois souches pour toute l’humanité]

Les v. 18 et 19 soulignent à nouveau le fait que les seuls hommes encore en vie étaient Noé et ses trois fils. C’est de ces trois fils qu’est issue toute l’humanité sur la terre. Les nations se sont beaucoup mélangées, mais les trois souches — Sem, Japheth et Cham — peuvent encore être discernées.

 

7.8        Ch. 9:20-29 — [L’homme après le déluge]

7.8.1          [La faute de Noé]

Nous pouvons donc dire qu’après le déluge, l’humanité a pris un nouveau départ sous Noé ; mais, comme sous Adam, la faillite et le péché ont rapidement pris le dessus. Nous avions eu le témoignage abondant de ce que Noé était un homme pieux qui avait trouvé grâce aux yeux de l’Éternel, et qu’il a vécu pas moins de 350 ans après le déluge (9:28), mais la seule et unique chose que l’on sait de lui pendant toutes ces années, c’est qu’il a planté une vigne, a fait du vin, et qu’il a été pris au piège du laisser-aller et qu’il est devenu inconscient par ivresse. L’homme le plus responsable de contrôler les autres a perdu le contrôle de lui-même. L’ère du gouvernement patriarcal s’est effondrée dès le début, dans les mains mêmes d’un homme pieux.

 

7.8.2          [Le caractère de la faute de Cham, et rôle de Canaan]

Ce triste épisode fut l’occasion de révéler le caractère de Cham, et apparemment aussi de Canaan, le fils de Cham. Sem et Japheth agirent avec le respect dû à Noé, à la fois comme leur père et comme chef dans les nouvelles conditions de vie, tandis que Cham n’a eu aucun respect. L’autorité, qu’elle soit parentale ou gouvernementale, ont été toutes deux instituées à l’origine par Dieu, et l’irrespect à leur égard est un péché très grave. Il conduit en fin de compte à mettre de côté l’autorité de Dieu, qui l’a instituée. Ce n’est qu’en accordant à ces considérations l’importance qu’elles méritent, que nous voyons à quel point était justifiée la malédiction solennelle prononcée par Noé, lorsqu’il sut ce qui s’était passé.

Au v. 22, Cham est mentionné, et Canaan n’apparaît que comme son fils. Lorsque nous arrivons, aux v. 25-27, à la malédiction sortie des lèvres de Noé, nous constatons qu’elle est tombée sur Canaan, sans qu’il soit fait mention de Cham. Nous pensons que cela indique deux choses. D’abord, que la triste défaillance de Noé s’est produite quelque temps après le déluge, suffisamment d’années s’étant écoulées pour que Canaan ait pu naître et entrer en activité. Deuxièmement, que Canaan était associé à son père dans cette affaire, et que c’est sur lui plutôt que sur son père que le poids de la malédiction est tombé.

 

7.8.3          [La déclaration prophétique de Noé]

Nous devons également garder à l’esprit qu’en prononçant ces paroles, Noé parlait en prophète, et que l’histoire ultérieure de Canaan et de ses descendants a justifié pleinement ses paroles solennelles. Le chapitre suivant nous donne les fils de Canaan, et c’est d’eux que sont issues les nations qui ont habité les terres situées à l’est de la Méditerranée et juste au nord de l’Égypte, de sorte qu’elles ont été connues sous le nom de pays de Canaan. Des siècles plus tard, ces nations étaient devenues si abominables dans leur grossier péché que Dieu publia un édit d’extermination contre elles et envoya Israël pour habiter leur terre (Gen. 15:16). Seule la défaillance d’Israël leur a évité d’être complètement balayés.

Mais la déclaration prophétique de Noé contenait à la fois une bénédiction et une malédiction. La bénédiction devait être spécialement la part de Sem, et secondairement celle de Japheth. Comme toujours, la bénédiction est liée au nom de l’Éternel, qui devait être connu comme le Dieu de Sem. Japheth devait s’agrandir et «habiter dans les tentes de Sem». Cela signifie, selon nous, qu’en raison de son étroite identification avec Sem, Japheth parviendrait lui aussi à la connaissance de Dieu. Si la prophétie d’Hénoc concernait la venue du Seigneur en gloire pour juger, celle de Noé résumait de la manière la plus concise l’avenir de la famille humaine dans ses trois branches jusqu’à ce que le Seigneur vienne.

Nous pouvons maintenant voir comment elle s’est accomplie. De Sem sont sortis Israël et Moïse, puis, en temps voulu, Christ, «qui est sur toutes choses, Dieu béni éternellement» (Rom. 9:5). De Japheth sont nées les nations qui se sont agrandies et ont assumé la direction de la terre, et parmi lesquelles la lumière de l’évangile a surtout brillé. Cham a produit d’autres races.

 

7.9        Ch. 10:1-12 — [Les générations des fils de Noé]

D’autre part, comme c’est ce qui arrive souvent, les peuples issus de Cham sur lesquels la malédiction repose, semblent être d’abord ceux qui ont prospéré et assumé la position en tête des autres. Le ch. 10 nous en fournit la preuve, étant rempli de listes de noms et de peuples issus des trois fils de Noé, listes qui sont importantes pour l’histoire des débuts de l’humanité.

Un seul point donne lieu à une courte parenthèse à cause de la grande importance d’un petit-fils de Cham. Le puissant Nimrod, chasseur hors pair, prit l’ascendant et fonda un «royaume» dont le début fut Babel. Cela se passa, selon nous, avant la fin de la longue vie de Noé ; et si un royaume existait, il aurait dû être le sien. Le pouvoir qui aurait dû revenir à Noé, fut pris par Nimrod et prostitué à des fins personnelles et d’autoglorification. Avec cela débutèrent la fondation de villes qui sont devenues des centres d’influence humaine. Babel, Erec, Accad et Calné sont parmi les premières dont on ait entendu parler.

L’action de Nimrod, en bref, représentait la mise à l’écart du gouvernement patriarcal primitif institué par Dieu, et son remplacement par la force humaine brutale dans un but d’accroissement personnel. Les résultats de cette action demeurent sur la terre jusqu’à aujourd’hui.

 

8        Genèse 11:1 à 13:4 — [Babel et Abraham]

8.1        Ch. 11:1-9 — [Babel]

8.1.1          Ch. 11:1-4 [Le projet de bâtir la tour]

Le dernier verset de Genèse 10 faisait allusion à la répartition des nations de la terre après le déluge. Les neuf premiers versets de Genèse 11 nous expliquent comment cette répartition s’est faite. Pendant un certain temps après le déluge, les nations n’existaient pas. Tous les hommes étaient des descendants de Noé : une famille qui s’agrandissait rapidement, mais ils parlait tous de la même façon.

Au fil du temps, la population s’est accrue et l’envie de s’éloigner du centre originel devint irrésistible. Les pionniers de ce mouvement furent sans doute les individus les plus audacieux et les plus énergiques, mais ils prirent rapidement conscience que leur éloignement du centre des choses pouvait entraîner une perte de prestige et de pouvoir. Ils décidèrent d’y remédier par un coup audacieux.

L’histoire de l’humanité avait repris sous Noé dans la région montagneuse de l’Ararat : ils se trouvaient maintenant dans une plaine plate et inintéressante, sans hauteur imposante. Ils voulurent donc se construire une ville autour d’une tour d’une hauteur immense, et se faire ainsi un nom. En examinant le dernier verset de Genèse 4, nous avons remarqué que le nom Enosh que Seth avait donné à son fils était significatif, voulant dire « mortel, faible ». Il reconnaissait la frêle nature mortelle de l’homme, et aussitôt il est dit que les hommes commencèrent alors à invoquer le nom de l’Éternel. Ce qui se passe maintenant devant nous est en contraste direct avec cela. Voici des hommes pleins d’autosuffisance et de leur propre importance, désireux de se faire un nom à eux.

L’idée générale dominante n’était plus de s’en aller voir ailleurs, comme Caïn, mais au contraire de faire un centre et d’appeler à y venir. Ils se poussaient les uns les autres à une course au développement personnel. Ayant quitté les régions où la pierre abondait, ils inventèrent la fabrication de briques, et comme mortier, ils se servirent du «bitume» abondant dans cette plaine de Mésopotamie. L’épisode de Nimrod était différent et antérieur : il agissait en homme seul s’élevant aux dépens de ses semblables. L’épisode de la tour de Babel, c’est à l’opposé : l’humanité qui se concerte pour s’auto-glorifier en établissant un grand centre de pouvoir et d’influence.

Dans les ruines de la Mésopotamie, on trouve encore des «ziggourats», des grandes structures surélevées autour desquelles une ville se regroupait à l’origine. L’idée de la tour était assez répandue à cette époque. Elles devinrent des «hauts lieux» où fleurissait l’idolâtrie.

La tour de Babel peut avoir été le point de départ du virage de l’homme à l’idolâtrie, car Babylone a été reconnue comme le foyer originel et la mère de l’idolâtrie : Jérémie 51:7 et Apocalypse 17:4-5.

 

8.1.2          Ch. 11:5-6 — [Ce que l’Éternel pensait du projet de bâtir la tour. Les capacités de l’homme]

Les yeux de l’Éternel reposaient sur toutes ces actions. Non seulement Il en a vu la portée immédiate, mais Il en prévoyait le développement ultime, comme le montre de façon frappante le v. 6. Il connaissait les capacités dont Il avait doté l’humanité, et l’imagination qui remplirait leurs pensées en tant que créatures déchues. Cette imagination n’était que méchanceté en tout temps, comme nous le lisons en Genèse 6:5. Si la race humaine restait dans une unité ininterrompue, pour se développer jusqu’à des centaines de millions, toute leur mauvaise imagination s’accomplirait rapidement. Le Créateur savait que l’homme, Sa créature, avait des pouvoirs et des capacités qui lui permettraient finalement d’accomplir tout ce qu’il imaginait de faire. C’est pourquoi l’Éternel a mis la confusion dans la langue des familles de l’humanité dispersée, freinant ainsi les roues du char du progrès de l’homme.

Nous pouvons nous arrêter pour observer qu’aujourd’hui, depuis un siècle ou deux, des efforts renouvelés ont été déployés pour consolider la race humaine. Des efforts ont été déployés pour créer une langue universelle. Les connaissances scientifiques et techniques sont beaucoup plus librement mises en commun, ce qui a permis de réaliser des choses qui, il y a 200 ans, auraient semblé tout simplement incroyables. Les anciens imaginaient des hommes volant comme des oiseaux. Il y a un siècle, on écrivait des romans sur des hommes voyageant sous les mers. L’imagination était là, mais se traduira-t-elle un jour dans les faits ? Cela n’en avait pas l’air ! Pourtant, l’Éternel a dit : «Ils ne seront empêchés en rien de ce qu’ils pensent faire». Nous sommes arrivés au vingtième siècle après Jésus Christ, et voici que ces choses sont faites.

Nous vivons à une époque où se déploient sous nos yeux les implications de Genèse 11:6. Sans la confusion des langues, la bombe atomique serait arrivée bien plus tôt dans l’histoire du monde, et l’humanité aurait été bien près de s’autodétruire il y a longtemps. Le gouverneur des nations a agi en jugement à Babel, et nous pouvons L’en remercier, car Son jugement comportait un élément de miséricorde.

 

8.1.3          Ch. 11:7-9 — [La confusion et la dispersion selon la langue]

La dispersion de l’humanité en groupes linguistiques en fut le résultat inévitable, et la construction de Babel fut arrêtée. Chaque individu dut nécessairement aller avec ceux qui parlaient comme lui, et chaque groupe linguistique se sépara naturellement des autres, lesquels lui devinrent étrangers et avec lesquels, dès le début, aucune relation intelligente n’était possible. Leur but avait été la centralisation, de peur d’être dispersés. L’acte divin produisit, de la manière la plus simple possible, exactement ce qu’ils voulaient éviter.

Nous considérons qu’il s’agit là d’un signe donné aux premiers jours d’un même système mondial que le système actuel ; ce signe montre comment Dieu réagira toujours en présence des plans et des projets diaboliques des hommes. Les hommes ne cessent donc d’attirer sur eux ce qu’ils veulent éviter. Et non seulement cela, mais ils produisent aussi «Babel», c’est-à-dire la confusion. L’humanité a-t-elle jamais été aussi pleine d’idées, de théories et de projets qu’aujourd’hui ? Et jamais la terre n’a été plus remplie de confusion ? Nous pouvons être sûrs que, même si les moulins du gouvernement de Dieu tournent lentement, ils moulent avec précision. Les perspectives de la terre sont terrifiantes en dehors de l’espérance bénie de la venue du Seigneur.

 

8.2        Ch. 11:10-32 — [« Les générations de Sem »]

Le v. 10 de Genèse 11 commence la cinquième division du livre de la Genèse ; Genèse 10 commençait les générations des fils de Noé. Nous arrivons maintenant aux générations de Sem, l’une des plus courtes de ces divisions. Elle s’étend seulement jusqu’à la fin du v. 26, et nous donne les noms et les âges des patriarches descendant de Sem jusqu’à l’époque d’Abraham. En ce qui concerne ces derniers, nous n’avons que deux choses à remarquer ; la première est que, comme nous l’avons déjà fait remarquer à propos de l’âge des patriarches avant le déluge, il y a de nouveau une divergence entre les Écritures hébraïques et la Septante, comme nous l’avons expliqué lorsque nous avons examiné Genèse 5. Toute chronologie que l’on peut déduire quant au laps de temps écoulé entre Sem et Abraham est rendue douteuse jusqu’à un certain point de 650 ans.

La seconde remarque concerne le v. 26, d’où l’on serait porté à supposer qu’Abram était le fils aîné de Térakh, né à l’âge de 70 ans. Or, le v.32 dit bien que Térakh est mort à Charan à l’âge de 205 ans ; le v. 4 de Genèse 12 dit tout aussi clairement que Térakh étant mort (voir Actes 7.4), Abram quitta Charan à l’âge de 75 ans, et non de 135 ans comme on aurait pu s’y attendre. La conclusion à tirer semble être que la famille de Térakh a commencé quand Térakh avait 70 ans, qu’Abram n’est né qu’à l’âge de Térakh de 130 ans, mais qu’il est mentionné le premier au v. 26, parce que les autres enfants de Térakh étaient de peu d’importance en comparaison de lui. Ces éléments devraient certainement nous apprendre que Dieu s’intéresse à des considérations morales et spirituelles plutôt qu’à des considérations d’ordre chronologique.

Les générations de Térakh commencent au v. 27 et ne se terminent pas avant la mort d’Abraham en Genèse 25. En ce qui concerne Térakh lui-même, nous apprenons à la fin de notre chapitre qu’il habitait Ur des Chaldéens et que, vers la fin de sa vie, il quitta Ur pour se rendre au pays de Canaan, mais qu’il s’arrêta en chemin à Charan. Il avait avec lui Abram et Saraï, ainsi que Lot, son petit-fils. Milca, qui était la femme de Nakhor, est également mentionnée, dans la mesure où ses descendants entrent plus tard dans l’histoire des voies de Dieu.

 

8.3        Ch. 12 — [L’appel d’Abraham]

8.3.1          Ch. 12:1-3 — [L’appel est un effet de la grâce pour séparer de l’idolâtrie]

Mais au début de Genèse 12, un nouveau fait d’une grande importance est mentionné. Cette migration de Térakh d’Ur des Chaldéens, que nous venons d’évoquer, a réellement eu lieu à l’initiative d’Abram, à qui Dieu avait parlé, l’appelant à une vie de séparation d’avec ses anciennes associations. Il devait rompre ses liens avec son pays, sa famille et même la maison de son père, c’est-à-dire avec ses cercles nationaux, sociaux et domestiques, afin de se rendre dans un pays que Dieu lui indiquerait. On appréciera mieux la portée de tout cela en lisant Josué 24:2, puis le début du discours d’Etienne en Actes 7, et aussi Hébreux 11:8-10.

L’idolâtrie n’est pas mentionnée parmi les maux qui ont envahi la terre avant le déluge. À l’époque d’Abram, l’apostasie après le déluge, qui avait commencé avec Nimrod et Babel, s’était développée ; l’idolâtrie s’était répandue parmi les peuples et menaçait d’exclure la vraie connaissance de Dieu. Elle s’était répandue parmi les descendants de Sem, et même Térakh, sinon Abram lui-même, en avait été infecté. Pour conserver un témoignage de Lui-même, Dieu appela Abram à se débarrasser du mal et à devenir un pèlerin et un étranger sur la terre. L’humanité était déjà divisée en nations sous le gouvernement divin ; elle devait désormais être témoin d’une division d’un autre genre — la séparation d’une semence pieuse d’avec la masse des impies. Il s’agissait d’une division produite par la grâce divine.

Pour les hommes d’Ur, le départ d’Abram de leur ville, avec toutes ses commodités civilisées, est sans doute apparu comme un acte aussi insensé que celui de Noé, lorsqu’il construisit son arche sur la terre ferme — insensé en effet, mais sans importance et bientôt oublié. Aujourd’hui, près de 4000 ans après l’événement, nous nous rendons compte qu’il s’agit d’un événement qui a fait date, établissant un principe des voies de Dieu, dont l’effet perdurera jusqu’à la fin des temps. Depuis ce moment-là, l’œuvre de Dieu dans le monde est basée sur l’appel d’un peuple à sortir vers Lui et pour Lui, et en le séparant d’avec les impies.

·         D’Abraham est issue la nation d’Israël, qui a été séparée sous Son gouvernement.

·         Aujourd’hui, l’Église est appelée et séparée sous Sa grâce.

·         Dans l’ère à venir, Il séparera un peuple pour la bénédiction millénaire sous Son jugement.

 

8.3.2          [La promesse de bénédiction en contraste avec le projet de la tour de Babel]

Les v. 2 et 3 de Genèse 12 nous montrent que l’homme de foi, séparé pour Dieu, obtient ce que les hommes du monde visent et manquent. Les bâtisseurs de Babel voulaient se faire un grand nom par la concentration, et ils ont attiré sur eux une malédiction, et leurs noms sont depuis longtemps complètement effacés. Dieu a rendu le nom d’Abram grand dans sa séparation par la foi, et par lui toutes les familles de la terre ont été bénies. Aucun nom de ces temps primitifs n’est resté aussi grand et célèbre que le sien. Aujourd’hui encore, des millions de personnes le connaissent et le vénèrent, non seulement les chrétiens et les Juifs, mais aussi les mahométans. Les promesses de ces deux versets se sont amplement réalisées au cours des 4000 ans qui se sont écoulés depuis qu’elles ont été prononcées, et tout particulièrement lors de la venue du Christ.

 

8.3.3          Ch. 12:4-8 — [L’arrêt à Charan à cause de Térakh. La promesse sans possession immédiate du pays]

Les v. 4 et 5 de Genèse 12 indiquent que, bien qu’Abram ait été retenu à Charan jusqu’à la mort de Térakh, il a fini par atteindre le pays vers lequel Dieu l’avait appelé, emmenant avec lui son neveu Lot et tous leurs biens. Les versets suivants montrent qu’après l’avoir atteint, Dieu lui apparut à nouveau, et confirma la promesse du pays donné à sa descendance aussi bien qu’à lui-même. En ce temps-là, les descendants de Canaan, fils de Cham, qui avaient été frappés par la malédiction de Noé, étaient en possession du pays. Il fallait qu’encore 400 ans s’écoulent (Gen. 15:13) avant que la malédiction s’abatte sur eux par la prise de possession forcée d’Israël. Entre-temps, Abram est resté un pèlerin dans une tente, mais il était en contact avec Dieu, et il Lui construisit des autels dans les lieux où il séjournait. Néanmoins, à partir de ce moment, il ne peut y avoir de doute quant aux propriétaires légitimes de ce pays. Elle appartient aujourd’hui à la descendance d’Abram, mais il faudra un acte de Dieu pour les mettre en possession de manière durable, tout comme leurs expulsions, tant sous Nebucadnetsar que sous les Romains, ont été des actes de Dieu.

 

8.3.4          Ch. 12:9-16 — [L’écart d’Abraham en Égypte pour cause de famine]

Abram avait été appelé par Dieu, et avait été grandement béni en répondant à l’appel. Il était par-dessus tout un homme de foi, mais l’Écriture ne nous cache pas ses faiblesses et ses défaillances occasionnelles. Dieu l’avait appelé pour aller en Canaan, et non en Égypte. Pourtant, quand la famine survint, il ne parait pas avoir demandé conseil à Dieu, mais il descendit en Égypte. En agissant ainsi, il a sans doute échappé à la famine, mais il s’est heurté à des difficultés et il n’a pas eu la foi pour les surmonter. N’avons-nous pas souvent fait l’expérience d’un chemin qui paraissait éminemment sage selon la sagesse du monde, mais qui dans les faits nous a mis en position de danger spirituel ? Dans le cas d’Abram, cela s’est produit quand il s’est approché des frontières de l’Égypte. Malgré toute sa splendeur et sa richesse, l’Égypte était d’une moralité déplorable, et Abram s’est rendu compte du danger.

La simple ruse qu’Abram a proposée à Saraï n’était pas un mensonge pur et simple, puisque Saraï était sa demi-sœur selon Genèse 20:12, mais elle a eu un effet désastreux. C’est justement ce genre de demi-vérité, ou de demi-mensonge, qui a si souvent été un piège pour les vrais saints de Dieu. Les hommes du monde peuvent faire ce genre de choses, et en sortir apparemment gagnants, mais si les saints de Dieu descendent à ce niveau, ils sont toujours perdants en fin de compte.

Abraham a pensé en premier à sa propre vie (12:12), et ensuite à la vertu de Saraï. La situation s’est développée tout à fait comme il avait prévu, mais le résultat n’a pas du tout été celui attendu, dans la mesure où Dieu est intervenu. Son erreur était là. Dans cette démarche, il avait laissé Dieu en dehors de ses calculs, alors que, dans l’essentiel de sa vie, il était un homme de foi. Il en va souvent ainsi pour nous : nous Lui faisons confiance pour les grandes choses, mais nous oublions de nous référer à Lui pour les plus petites.

 

8.3.5          Ch. 12:17-20 — [Quand un homme de foi se fait réprimander par le monde]

Le Seigneur est intervenu de manière si radicale par une détresse de la maison de Pharaon que même ce monarque païen s’est rendu compte de la situation et a agi droitement. Et non seulement cela, mais il a aussi réprimandé Abram. Il est regrettable qu’un homme du monde puisse réprimander à juste titre un homme de foi. Or c’est ce qui s’est passé ici, et c’est hélas ce qui s’est passé trop souvent depuis. Veillons tous à ne pas nous retrouver dans une telle situation.

 

8.4        Ch. 13:1-4 — [Le chemin d’Abraham : un chemin dans l’humilité à l’écart du système du monde]

Au début de Genèse 13, nous trouvons Abram retournant dans les régions du Sud de Canaan et allant jusqu’au lieu entre Béthel et Aï, où il avait dressé un autel lors de son arrivée dans le pays de la promesse. C’était le lieu où il avait été en contact avec Dieu et où il aurait dû rester au lieu de descendre en Égypte.

De retour à cet ancien lieu, nous lisons : «Et Abram invoqua là le nom de l’Éternel». La communion interrompue était rétablie, puisqu’il était revenu, pour ainsi dire, à son premier amour. Il y a là un récit qui est bien propre à nous rendre «sages à salut» (2 Tim. 3:15), afin que nous évitions de retomber dans des écarts similaires.

Maintenant qu’Abram a retrouvé sa juste place, résumons la situation. Le système du monde est né de ce que des hommes se sont rendu compte qu’en commun, ils pouvaient réaliser des choses qu’ils ne pouvaient pas faire comme simples individus. Ils cherchaient à se glorifier en construisant une ville qui soit un centre permanent d’influence, et une tour puissante ; mais cette tour serait utilisée à terme, sinon immédiatement, à des fins idolâtres, et pour entrer en contact avec les puissances démoniaques qui se cachent derrière les idoles.

Abram est appelé par Dieu à sortir de ce système du monde. Au lieu d’une ville de briques et de bitume, il n’avait qu’une tente fragile, démontable en peu de temps. Au lieu d’une tour haute et imposante, il avait un humble autel sur lequel il offrait des sacrifices selon les pensées de Dieu. Là il invoquait le nom de l’Éternel et entrait en communion avec Lui, au lieu d’être la proie des séductions faites à l’instigation des démons.

Le système du monde s’est développé, mais il n’a pas changé ses caractéristiques essentielles. Veillons à le traverser en suivant le chemin emprunté par Abram.

 

9        Genèse 13:5 à 15:21

9.1        [Dissensions entre Lot et Abram]

Une autre crise dans la vie d’Abram se présente maintenant à nous. Sa foi l’avait conduit à quitter Ur, et il avait trouvé un compagnon en Lot. Lot participa à son pèlerinage jusqu’à un certain point, mais il est évident que, bien qu’étant un homme juste, il ne partageait pas pleinement la foi qui les avait poussé à partir comme pèlerins. L’accroissement de leurs biens, sous la bénédiction divine, arriva jusqu’au point où des querelles éclatèrent entre leurs serviteurs, et où ils ne purent plus cohabiter en paix. Il n’était pas convenable que les deux pèlerins soient en conflit en présence du Cananéen et du Phérézien.

 

9.1.1          [Lot et Abram, leurs choix respectifs et leur séparation]

Auparavant, Abram et Lot s’étaient ensemble séparés d’Ur ; maintenant, ils devaient se séparer géographiquement l’un de l’autre, et mettre suffisamment de distance entre leurs troupeaux et leurs bergers pour éviter les conflits. Abram, l’homme de foi, se contenta de céder le premier choix à Lot, qui était plus jeune. Le choix de Lot révèle d’emblée qu’il marchait plus par la vue que par la foi. Ils habitaient sur les hauteurs centrales du pays, d’où, en levant les yeux, Lot pouvait voir les plaines plus chaudes et beaucoup plus fertiles de Jéricho, s’étendant jusqu’à la mer Morte et aux villes de Sodome et Gomorrhe. Soucieux de son propre profit, Lot choisit cette région séduisante, et laissa à Abram les hauteurs moins fructueuses. Lot se dirigea vers l’orient et descendit dans la plaine.

Dans cet épisode, nous voyons Abram revenir à l’élévation morale qui avait marqué ses débuts. Alors qu’il avait renoncé à Ur et à ses commodités civilisées, il cède maintenant la plus belle partie de la terre de la promesse, satisfait d’être encore un pèlerin pourvu qu’il soit en communion avec Dieu. Son autel indiquait qu’il était en contact avec Dieu ; sa tente, qu’il restait un pèlerin, bien qu’étant dans le pays de la promesse. Ce qui se cache derrière tout cela est révélé en Hébreux 11:9-10, où nous lisons : «Par la foi il demeura dans le pays de la promesse, comme dans une terre étrangère, demeurant sous des tentes… car il attendait la cité qui a les fondements, dont Dieu est l’architecte et le créateur». Nous lisons également dans le même chapitre : «Ils désirent une patrie meilleure, c’est-à-dire une céleste». Il avait été appelé par «le Dieu de gloire», comme Étienne l’a fait savoir dans son dernier discours, et c’est à cet appel qu’il resta fidèle.

En revanche, Lot vit la plaine qui s’étendait vers Sodome et Gomorrhe, qu’elle était «comme le jardin de l’Éternel», et il la choisit, dressant ses tentes jusqu’à Sodome. Les hommes de Sodome excellaient cependant en méchanceté, selon le v. 13. Il est donc évident que si ces villes paraissaient comme le jardin de l’Éternel, elles étaient en réalité un terrain de jeu du diable. C’est vers ce mauvais endroit que Lot gravita.

 

9.1.2          [Ch. 13:14-18 — Réponse de Dieu à la fidélité d’Abram]

Du v. 14 jusqu’à la fin du ch. 13, nous avons la réponse de Dieu à la fidélité d’Abram. Le don de tout le pays à Abram et à sa postérité est confirmé, et la promesse est faite que sa descendance sera aussi nombreuse que la poussière de la terre. Il lui est demandé d’arpenter le pays en y marchant en long et en large. Ceci l’amena à déplacer sa tente vers Mamré ou Hébron, mais là aussi il maintint son autel à l’Éternel.

 

9.2        [Ch. 14:1-16 — La bataille des rois]

9.2.1          [Ch. 14:1-12 — Première bataille dans l’Écriture. Conflit de rois]

Il ne fait guère de doute que la confusion des langues à Babel, et la division de l’humanité en nations qui s’en est suivie, ont rapidement donné lieu à des combats et à des guerres régulières, mais nous n’avons aucune trace de bataille dans l’Écriture jusqu’à Genèse 14, où quatre rois de Mésopotamie firent une expédition vers la mer Morte, ravageant des villes au cours de leur marche, et finissant par vaincre les cinq rois des villes de la plaine. Les «rois» mentionnés étaient pour la plupart, sinon tous, les chefs de diverses villes, ce que nous appellerions aujourd’hui des petits chefs. Kedor-Laomer était apparemment le suzerain des rois qui lui étaient associés, et il avait étendu son emprise sur la région de Sodome. La répudiation de sa suzeraineté était la raison de l’expédition.

Il est intéressant de noter qu’à ce stade du récit biblique, nous en arrivons à des noms de personnes que les archéologues pensent pouvoir identifier grâce à leurs recherches sur le passé. Certains de ces grands rois, comme Amraphel et Kedor-Laomer, ont laissé leur empreinte dans des documents très anciens, alors qu’aucune empreinte de cette nature n’aurait été laissée par Abram le pèlerin, qui, des années auparavant, s’était détaché de leurs villes et de tout leur mode de vie.

 

9.2.2          [Ch. 14:12 — Lot fait captif]

Dans la Genèse, cependant, tout l’intérêt est centré sur Abram, avec Lot en arrière-plan. Au v. 12, il nous est permis de voir une nouvelle étape dans la déchéance de Lot. Non content d’avoir planté sa tente vers Sodome, il avait maintenant abandonné la vie sous tente pour prendre une résidence permanente dans la ville méchante — un lieu pire qu’Ur qu’il avait quitté sous la conduite d’Abram. Il subit le sort des habitants de Sodome et fut emmené en captivité avec toute sa maison.

 

9.2.3          [Ch. 14:13-16 — La victoire d’Abram]

Abram agit avec une grande détermination dès qu’il apprit la nouvelle de ce désastre. Armé de ses serviteurs, il se lança à la poursuite des rois victorieux et, les surprenant de nuit, les battit à plate couture. Nous n’avons aucune idée du nombre des adversaires, mais il nous est dit que les forces d’Abram étaient peu nombreuses — 318 personnes à ses côtés. S’il nous est dit cela, c’est, pensons-nous, pour indiquer que l’action d’Abram a été motivée par une foi tout à fait extraordinaire. L’armée qu’il a attaquée devait être immensément plus forte que lui, et également auréolée de victoires tout du long jusqu’à ce moment-là. Pourtant, il n’a pas hésité, et Dieu fut avec lui. Sa victoire nous semble aussi remarquable que celle de Gédéon sur les Madianites, relatée dans le livre des Juges.

Abram a donc tout récupéré, y compris Lot, sa famille et ses biens. Quelle image saisissante et quelle leçon importante pour nous ! L’homme — même s’il était «juste» — qui s’accrochait au monde avec sa prospérité extérieure et ses plaisirs, a tout perdu jusqu’à se retrouver captif. L’homme qui a renoncé au monde et qui a marché avec Dieu était le seul dans toute la région à pouvoir agir avec foi et à voir la puissance de Dieu répondre à cette foi et lui donner la victoire.

 

9.3        [Ch. 14:18-20 — Abram et Melchisédec]

À la fin du chapitre, Abram remporte une victoire d’un autre genre, mais avant d’y parvenir, nous avons l’épisode de Melchisédec, dont il est beaucoup question dans Hébreux 7, dans la mesure où il était un type frappant de Christ dans la puissance et la grâce de Sa sacrificature éternelle.

Melchisédec nous est présenté au v. 18 sans aucun détail sur son ascendance, ce qui est inhabituel, puisqu’il occupait une place de proximité de Dieu. Dans le cas de ceux qui étaient tombés dans l’idolâtrie, il arrive que les ancêtres ne soient pas mentionnés, comme c’est le cas au début de notre chapitre, mais autrement, ils le sont. Cette absence de généalogie fait partie du dessein divin, comme le souligne l’épître aux Hébreux. Du point de vue du récit historique, il est sans père ni mère ; il n’a pas d’ascendance, pas de mention de sa naissance ni de sa mort. Il apparaît soudain au v. 18 de notre chapitre et disparaît après le v. 20. Le Fils de Dieu n’a ni commencement de jours ni fin de vie, et Melchisédec lui a été rendu semblable en cela. Notez bien qu’en Hébreux 7:3, il a été rendu semblable au Fils de Dieu, existant déjà de toute éternité ; ce n’est pas le Fils de Dieu qui a été rendu semblable à lui.

Melchisédec a ensuite été élevé comme type de l’ordre éternel de sacrificature, qui est consommé en Christ. Son nom signifie «roi de justice», et Salem signifiant «paix», il était «roi de paix». L’argument d’Hébreux 7 est que le Seigneur Jésus, ressuscité d’entre les morts, est sacrificateur selon cet ordre éternel, bien qu’actuellement Il exerce sa sacrificature d’une manière qui a été typifiée par Aaron.

Il s’agit de la première mention d’un sacrificateur dans la Bible, et ainsi, comme on peut s’y attendre, toute la pensée de la sacrificature est ici présentée en type devant nous. Ce que le Seigneur fait aujourd’hui, selon le type d’Aaron, est provisoire, en rapport avec nos expériences dans le désert. Ce qu’on voit en type au début de notre chapitre, illustre le temps où le pouvoir de l’adversaire sera brisé et les captifs seront délivrés ; alors la sacrificature de Christ sera manifestée de manière frappante. Il sera Celui qui administrera la nourriture spirituelle, les rafraîchissements et la bénédiction pour ceux qui viendront à Lui. Dans le type, nous ne sommes pas transportés au-delà de la bénédiction qui arrivera sur la terre ; le nom de Dieu «Dieu Très-Haut», qui est Son nom pour le temps millénaire, est utilisé ici pour la première fois dans l’Écriture. Il faut arriver au Nouveau Testament pour avoir une vue des choses célestes. Ici, nous devons nous contenter de savoir que le Dieu Très-Haut est le Possesseur des cieux et de la terre.

Abram, bien que possédant des biens terrestres, ne possédait encore rien de ce que Dieu lui avait promis. Être béni par Celui qui possède les cieux et la terre ne devait pas être un mince privilège pour lui. Abram a reçu la bénédiction et a donné la dîme de tout. La réception et le don se sont fait par l’intermédiaire de Melchisédec, le sacrificateur. Et puisque le moindre est béni par le plus excellent, nous voyons, comme le souligne Hébreux 7, que Melchisédec, en tant que sacrificateur, a eu la préséance sur Abram et implicitement sur la sacrificature lévitique d’Aaron. Une fois que nous connaissons l’antitype, c'est-à-dire celui dont le type est présenté, combien ce type apparaît lumineux !

 

9.4        [Ch. 14:17, 21-24 — Abram et le roi de Sodome]

Le roi de Sodome était allé à la rencontre d’Abram victorieux, comme mentionné au v. 17, mais il n’entre vraiment en scène qu’au v. 21. Désireux de récompenser Abram, il lui offre tous les biens de Sodome qu’il a récupérés. La façon dont Abram décline l’offre est très frappante. Grâce aux services de Melchisédec, il connaît Dieu d’une manière nouvelle. Mis en contact avec le Possesseur des cieux et de la terre, les biens de Sodome, aussi attrayants qu’ils aient pu paraître à d’autres, n’avaient aucune valeur pour lui. De plus, ils étaient tous entachés des énormes péchés de cette ville et apportaient avec eux la souillure.

C’est pourquoi, au v. 23, nous trouvons un langage très décidé. Les jeunes gens avaient mangé certaines choses, et les confédérés et les aides d’Abram pouvaient prendre leur part, mais en ce qui le concernait, il ne prendrait rien, pas même la plus petite chose. Il avait été tellement enrichi, spirituellement et matériellement, par Dieu Lui-même, qu’il n’avait besoin de rien de plus. Son témoignage aurait été entaché s’il avait donné l’occasion au roi de Sodome de dire qu’il avait enrichi Abram. Le principe est le même pour nous aujourd’hui. Si nous jouissons des bénédictions spirituelles qui sont les nôtres, nous n’avons ni besoin ni envie des dons ou du patronage du monde.

 

9.5        [Ch. 15]

9.5.1          [Ch. 15:1 — L’Éternel déclare ce qu’Il est pour Abram]

Le premier verset de Genèse 15 est très étroitement lié à tout cela. Non seulement la main de Dieu avait été avec Son serviteur, mais l’œil de Dieu avait été sur lui. Abram avait renoncé

·         d’abord à sa maison d’origine à Ur ;

·         ensuite aux parties les plus fructueuses de la terre promise en faveur de Lot ;

·         enfin à toute portion ou tribut du monde pécheur, aux mains du roi de Sodome.

 

Tout cela avait été observé, et maintenant, dans une nouvelle vision, Dieu se présente à lui comme son bouclier et sa «très grande récompense».

Si Abram n’avait pas eu la certitude que Dieu serait son bouclier, il n’aurait guère entrepris de poursuivre les rois victorieux et de sauver Lot avec une simple poignée d’hommes, comme il venait de le faire. Mais le fait qu’il ait Dieu pour récompense allait bien au-delà. Lorsqu’il avait quitté Ur, il avait pu considérer le pays de la promesse comme sa récompense, bien qu’il ne l’ait jamais possédé effectivement. Maintenant, c’est Dieu Lui-même qui devait être sa récompense, et celle-ci était certainement «très grande». Nous qui sommes amenés à la lumière de Dieu révélé en Christ, nous sommes à même d’estimer cette grandeur mieux qu’Abram n’aurait jamais pu le faire.

 

9.5.2          [Ch. 15:2-7 — La réclamation d’Abram et sa foi démontrant sa justice]

Cependant, la grandeur de la chose a suffisamment frappé Abram pour lui faire ressentir vivement, par contraste, la pauvreté de sa situation actuelle d’homme sans enfant ayant pour héritier un serviteur né dans sa maison. Comment le Dieu éternel pourrait-il récompenser quelqu’un qui n’a aucun espoir d’avoir une postérité pour perpétuer son nom ? D’où sa demande apparemment assez égoïste : «Seigneur Dieu, que me donneras-tu ?».

La réponse à cette question fut la parole de la promesse qui a amené Abram à accepter simplement la parole de Dieu, avec une telle netteté et une telle mesure qu’il est resté pour tous les temps le modèle de la foi. C’est à son exemple que Paul fait appel en Romains 4, en l’appelant «le père de tous ceux qui croient». La parole adressée à cet homme sans enfants était qu’il aurait une véritable descendance aussi nombreuse que les étoiles des cieux ; et il est écrit qu’«il crut l’Éternel, qui lui compta cela pour justice».

Il n’y avait encore aucun signe de l’accomplissement de la promesse. Mais Abram a simplement pris Dieu au mot, et c’est pourquoi Dieu l’a considéré comme juste. Nous avons vu en Genèse 3 que nos premiers parents ayant commencé à douter de la parole de Dieu, le péché est entré, et l’humanité a perdu ses bonnes relations avec Dieu. Inversement, quand un homme rejette le doute et prend simplement Dieu au mot, il trouve de bonnes relations avec Dieu — il est considéré comme juste.

Cette promesse de la semence renfermait une bénédiction bien plus grande qu’il n’y paraissait à ce moment-là, car nous verrons plus tard que la promesse du Sauveur y était incluse. Pour l’instant, une nombreuse postérité était garantie, et en même temps la promesse moins importante du pays était répétée, comme nous le voyons au v. 7. Quant à cette seconde partie, la foi d’Abram n’était pas très solide, et il désirait une confirmation afin de pouvoir savoir avec assurance ce qu’il en était. N’avons-nous pas souvent constaté que nous pouvons accepter avec foi ce qui est plus grand, et manquer d’assurance quant à ce qui est moindre ? Abram était déjà dans le pays, et pourtant il n’en possédait rien, malgré tout le temps, les années, qui passaient. Il sentait qu’il avait besoin d’une assurance supplémentaire sur ce point.

 

9.5.3          [Ch. 15:8-17 —L’alliance prophétique pour confirmer la promesse – Sacrifices, ténèbres et lumière]

Dieu a eu la bonté de répondre à cette demande en concluant une alliance solennelle, selon un rite courant et accepté à cette époque lointaine. En Jérémie 34:18-19, nous trouvons une allusion à ce genre de cérémonie pour ratifier une alliance. Dans le cas qui nous occupe, la solennité de l’événement semble être renforcée par le nombre et la variété des animaux sacrifiés. Abram attendit cependant jusqu’au coucher du soleil avant qu’il se passe quoi que ce soit, et alors il tomba dans un profond sommeil, accompagné de frayeur et de ténèbres. Dieu s’approchait de lui, et l’alliance impliquait les ténèbres aussi bien que la lumière.

Les v. 13 à 16 précisent les termes de l’alliance. Les siècles d’affliction en Égypte pour la descendance d’Abram sont prédits, ce qui correspond à la grande obscurité tombée sur lui. Mais il y avait aussi de la lumière, car il avait l’assurance qu’il finirait ses jours en paix, et qu’en fin de compte sa descendance serait délivrée de leur affliction par le jugement de leurs oppresseurs, et qu’ils reviendraient dans le pays de la promesse. Ainsi, en dépit d’une longue attente et de nombreuses difficultés, la terre était assurée à sa descendance.

La ratification de tout cela en tant qu’alliance eut lieu (15:17), après la tombée de la nuit, avec une fournaise fumante et un brandon de feu (*) qui passèrent entre les morceaux divisés du sacrifice. C’est de cette double manière que Dieu manifesta Sa présence. Il n’était pas question qu’Abram passe entre les morceaux, comme s’il s’engageait à quoi que ce soit. C’était Dieu qui s’engageait à faire ce qu’Il venait de dire, et cela de manière inconditionnelle. Cette manifestation de Dieu, passant entre les morceaux, était aussi remarquable que Sa manifestation à Moïse dans le buisson ardent.

 

(*) Note Bibliquest : « Brandon de feu » selon Darby en français, est traduit par « lampe brulante » dans la version autorisée KJV anglaise et par « flamme de feu » dans la version anglaise de Darby. Hole suit la KJV. Quoi qu’il en soit la signification de lumière de la présence de l’Éternel demeure.

 

Plus tard, Moïse et Salomon ont parlé de l’Égypte comme d’une «fournaise de fer» (Deutéronome 4:20 ; 1 Rois 8:51). Combien la manifestation de cette vision était appropriée ! Dieu était dans la fournaise au même titre que le brandon de feu. Il peut être facile de le discerner Lui dans l’éclat de la flamme [ou brandon], mais pas dans la fournaise fumante. C’était cependant la garantie qu’Il serait avec les descendants d’Abram lorsqu’ils seraient dans la fournaise, et qu’ensuite, lorsque l’heure sonnerait, Il les conduirait étant Lui-même à leur tête comme une colonne de feu.

 

9.5.4          [Ch. 15:16, 18-21 — La patience de Dieu dans Son gouvernement – Étendue de la terre promise]

Avant de quitter Genèse 15, notons deux choses. Premièrement, Dieu allait laisser les Amoréens combler la coupe de leur iniquité avant de les expulser et de les détruire. C’est toujours ainsi qu’Il agit dans Son saint gouvernement, et cela explique la longue patience qu’Il accorde au monde coupable dans lequel nous vivons. Il connaît dès le commencement la nature complètement mauvaise de l’homme, mais Il la laisse se développer pleinement, afin que Son jugement, lorsqu’il tombe dans toute sa sévérité, soit justifié aux yeux de toutes les intelligences créées.

Deuxièmement, l’étendue complète de la terre promise à la descendance d’Abram est donnée : «depuis le fleuve d’Égypte jusqu’au grand fleuve, le fleuve Euphrate». La terre que nous appelons Palestine est limitée à l’est par la petite rivière, le Jourdain, et ne représente qu’une très petite partie de la terre qu’ils doivent finalement posséder. Dix peuples sont mentionnés dans les derniers versets comme y habitant à l’époque. Tous seront dépossédés, et dans l’ère millénaire, le vrai Israël possédera la terre qui leur a été promise.

 

10  Genèse 16:1 à 18:33

10.1    [Ch. 16 — Abram, Agar et Ismaël]

10.1.1      [Ch. 16:1-3 — Abram fait appel à Agar, cherchant un accomplissement selon la chair de la promesse]

Nous arrivons à l’épisode de la vie d’Abram, qui a une signification allégorique, selon l’apôtre Paul en Galates 4. Agar était une esclave ; elle venait d’Égypte, type du monde ; son fils est né «selon la chair» ; on dit que son nom à elle signifie «errant». La loi, la chair, le monde et la servitude sont étroitement liés tout au long de l’Écriture, et ici, pour la première fois, ils sont tous réunis.

En Genèse 12, nous avons vu la faute commise par Abram en descendant en Égypte, et bien que lui et Saraï en soient sortis sains et saufs, grâce à l’intervention de Dieu, il apparaît qu’ils avaient emporté quelque chose de l’Égypte avec eux sous la forme de cette servante de Saraï, qui devint rapidement un piège et une source de problèmes qui perdurent depuis des milliers d’années. L’hostilité entre Ismaël et Isaac est visible chez leurs descendants aujourd’hui. De la même manière, de nombreux problèmes dans nos vies de chrétiens peuvent être attribués à quelque écart dans la mondanité dont nous nous sommes rendus coupables.

Les normes qui prévalaient à l’époque des patriarches en matière de relations matrimoniales étaient bien en dessous de celles établies à la lumière du christianisme. À cette époque, aucune loi n’avait été donnée, et lorsqu’elle a été donnée par Moïse, elle n’exprimait pas la pensée parfaite de Dieu, comme le Seigneur Lui-même l’a dit en Matthieu 19:8. C’est ce qui explique l’action à la fois de Saraï et d’Abram dans cette affaire. Ce qu’ils ont fait, ils l’ont fait sans aucun sentiment de mal agir. La promesse d’une descendance avait été donnée à Abram : Saraï était stérile, et c’était juste une tentative d’en assurer l’accomplissement selon la chair. Nous devons apprendre que tout ce qui est accompli selon la chair se termine par une défaillance et du trouble.

 

10.1.2      [Ch. 15:4-10 — Problèmes entre Saraï et Agar. Ce qui est accompli selon la chair aboutit à du trouble]

Les problèmes ont commencé avant la naissance d’Ismaël, dès que la femme esclave a effectivement pris la place de la femme libre. La servante a alors méprisé la femme libre, tout comme plus tard l’enfant de la première a persécuté l’enfant de la seconde. Le résultat immédiat fut que la femme libre affirma sa place, et traita durement l’autre, si bien qu’elle s’enfuit.

C’est alors que l’Ange de l’Éternel intervint. Selon les coutumes de l’époque, Agar n’avait manifestement pas le choix, et Dieu est un Dieu de pitié et de jugement. Même si elle avait été impertinente envers sa maîtresse, elle ne devait pas être abandonnée dans le désert dans son besoin ; elle devait seulement revenir et être assujettie et soumise à sa maîtresse. Au niveau personnel, en dehors de la signification typique, le péché était autant dans un sens que dans l’autre ; grâce à l’intervention de Dieu, la balance de la justice était rééquilibrée.

Et non seulement cela, mais l’avenir du fils à venir fut prédit : son nom était donné, son caractère déjà indiqué. Son nom signifie «Dieu entend». Agar parlait de Dieu en disant «Tu es le Dieu qui te révèles». Le puits auprès duquel l’ange lui apparut, fut connu sous le nom de «puits du Vivant qui se révèle». Ainsi, même la pauvre Agar retira une bénédiction de cet épisode éprouvant, — bien que le fils, après sa naissance, devint une épreuve pour Abram lui-même, ainsi que pour Saraï et le futur Isaac.

 

10.1.3      [Ch. 16: 11-16 — Ismaël]

Le nom du fils, Ismaël, commémorait le fait que Dieu avait entendu l’affliction d’Agar. Il se référait à elle plutôt qu’à lui. Il devait être un «homme sauvage», le mot signifiant en fait un «âne sauvage». À la lumière de Galates 4:23, cela est significatif, puisque «celui qui était né de la servante était né selon la chair». Or, Romains 8:7 nous dit que la pensée de la chair «est inimitié contre Dieu, car elle ne se soumet pas à la loi de Dieu, car aussi elle ne le peut pas». L’homme selon la chair est marqué du sceau d’être sans loi, et il est bien représenté par l’âne sauvage.

Ici aussi, nous voyons en figure ce qui explique l’état du monde actuel. L’homme dans la chair est non seulement sans foi ni loi vis-à-vis de Dieu, mais aussi en inimitié vis-à-vis de ses semblables. L’une des caractéristiques découle de l’autre. Il ne pouvait pas y avoir de paix là où se trouvait Ismaël. Et le pire était qu’on ne pourrait ni l’enfermer dehors ni s’en débarrasser, car le décret stipulait : «Il habitera à la vue de tous ses frères». Agar représentait l’alliance de la loi, donnée au Sinaï. Or elle n’a pas aboli l’homme selon la chair. Elle n’a fait que lui imposer de la contrainte, ce qui conduit à la servitude. Cette contrainte fut immédiatement rompue, et le caractère d’«âne sauvage» s’est révélé davantage.

 

10.2    [Ch. 17 —Dieu se révèle comme le Dieu Tout-puissant – La circoncision]

10.2.1      [Ch. 17:1 — L’Éternel se révèle à Abram. Responsabilité d’Abram d’être parfait]

L’épisode d’Agar eut lieu quand Abram avait 86 ans, et nous n’entendons plus parler de lui pendant 13 autres années. À l’âge de 99 ans, une autre grande révélation lui est parvenue et une nouvelle alliance a été établie, comme nous le voyons en Genèse 17. C’est ici que nous trouvons pour la première fois le «Dieu Tout-puissant» (El-Shaddaï). Abram devait Le connaître sous ce nom — le Dieu qui peut ressusciter les morts, et à qui rien n’est impossible — comme l’indique clairement Exode 6:3. Abram connaissait le nom de l’Éternel, car nous avons la trace qu’il ait utilisé ce nom, mais ce que ce grand nom signifiait n’est apparu qu’au temps de l’Exode et du don de la loi qui s’en est suivi, car ce nom était pertinent à cet égard. Dieu Tout-puissant était le nom qui se rapportait à l’alliance inconditionnelle conclue avec Abram. Cette alliance dépendait entièrement de Dieu, et Sa toute-puissance en garantissait l’accomplissement final.

Les derniers mots du v. 1 montrent la responsabilité qui incombe à Abram à la lumière de ce qui lui a été révélé. Ses voies devaient être régies par sa connaissance de Dieu. Sa perfection résidait dans sa conformité totale à la révélation qui lui avait été donnée. En Matthieu 5:48, nous trouvons le mot «parfait» utilisé dans le même sens, mais en fonction de la révélation de Dieu aux disciples en tant que leur Père qui est dans les cieux. Aujourd’hui, nous devrions être parfaits selon une révélation de Dieu qui est encore plus élevée que cela.

 

10.2.2      [Ch. 17:2-8 — Promesse renforcée. Abram devient Abraham]

Cette révélation, «Je suis le Dieu Tout-puissant», est suivie, dans les v. 2 à 8, d’une alliance de promesse, dans laquelle Dieu déclare pas moins de sept fois ce qu’Il fera.

Les verbes au futur exprimant une chose décidée, sont caractéristiques de cette déclaration ; elle commence par «Je ferai mon alliance» et se termine par «Je serai leur Dieu». Le petit mot «si» ne brille que par son absence, car il s’agit d’une alliance sans condition de la part d’Abram. Il avait cherché à obtenir une descendance par des moyens naturels par le moyen d’Agar, mais Dieu avait l’intention de le multiplier abondamment, de faire de lui le père de nombreuses nations, et d’assurer à sa descendance le pays de la promesse, étant leur Dieu dans un sens particulier.

En confirmation de cette alliance, Dieu a changé le nom d’Abram en Abraham, ce qui signifie «Père d’une multitude». À partir de ce moment, le nouveau nom est utilisé, bien que la promesse contenue dans ce nom n’était pas encore accomplie. Dieu s’engageait donc Lui-même à l’accomplir à Sa manière.

 

10.2.3      [Ch. 17:9-14 —La circoncision]

Bien que l’accomplissement de cette alliance dépendît de Dieu et non d’Abraham, un signe fut donné en relation avec elle, et Abraham devait respecter l’alliance dans le sens d’observer ce signe. C’est ce dont parlent les v. 9 à 14. Le signe était la circoncision, et il devait être observé par Abraham, ses descendants et toute sa maison, ce dernier terme comprenant tous ceux nés dans sa maison ainsi que les esclaves obtenus par achat. Les serviteurs occasionnels, qui étaient seulement embauchés, étaient évidemment exclus. Pour la première fois dans l’Écriture, nous trouvons ici une maison reconnue comme étant identifiée à celui qui en est le chef ou tête. Ce sont ceux sur lesquels le chef a autorité, de sorte qu’il peut leur donner des ordres, comme nous le voyons au v. 19 du ch. 18.

Pour Abraham, la circoncision n’était qu’un rite à observer, car rien n’indique qu’il ait été instruit de sa signification spirituelle. Dans le Deutéronome, Moïse mentionne à deux reprises la circoncision du cœur par opposition à celle accomplie dans la chair, mais il semble que sa pleine signification n’ait été mise en lumière que lorsque «la circoncision du Christ» (Col. 2:11) est devenue un fait accompli. Abraham et ses descendants avaient le rite, car c’était le signe de l’alliance de la promesse — tout comme le sabbat était le signe de l’alliance mosaïque de la loi — mais la signification de ce rite était réservée à nous, chrétiens, qui, en tant que Gentils, n’observons pas du tout le rite extérieur.

Selon ce verset de Colossiens, la vraie circoncision est celle qui se fait sans main chez les chrétiens «dans le dépouillement du corps de la chair, dans la circoncision du Christ». Comme le verset suivant le montre, il est fait ici allusion à Sa mort. Lui, le Messie, a été retranché comme cela avait été prédit (Ps. 102:24 ; Dan. 9:26). Il a été coupé de Sa vie, ici-bas, dans la chair et le sang, afin de pouvoir reprendre la vie en résurrection. En nous identifiant à Lui, nous mettons la sentence de mort sur l’ancienne vie charnelle que nous vivions, et nous nous dépouillons ainsi du corps de la chair. La signification du rite était donc l’application de la sentence de mort sur la chair et toutes ses œuvres. L’alliance inconditionnelle de la promesse de Dieu ne doit pas être réalisée sur une base charnelle. Si la chair était épargnée, l’alliance était rompue, comme l’indique le v. 14.

 

10.2.4      [Ch. 17:15-22 — Saraï devient Sara]

Dans le même temps, Dieu changea le nom de Saraï en Sara, ce qui signifie princesse. Elle aussi devait être bénie et devenir la mère d’un fils, bien qu’elle fût maintenant âgée de près de 90 ans. La réaction d’Abraham à cette annonce surprenante fut remarquable. Il tomba sur son visage et se mit à rire, soulevant dans son cœur la question de son grand âge et de celui de Sara. À première vue, nous pourrions être enclins à considérer leur rire et leur paroles comme indiquant un esprit de scepticisme, mais à la lumière de Romains 4:18-20, nous devons plutôt y voir l’expression d’un émerveillement joyeux. Le v. 18 de notre chapitre aboutit à la même conclusion. Il reconnaissait que la naissance surnaturelle de celui qui devait être l’héritier de la promesse impliquait l’éviction de celui qui était né selon la chair. D’où sa demande qu’Ismaël puisse encore vivre devant Dieu.

En réponse à cela, la promesse d’un fils est confirmée, et son nom est donné par Dieu. Or, Isaac signifie «rire». Cela confirme ce que nous venons de dire, car le rire d’Abraham n’aurait pas été commémoré par Dieu s’il avait signifié du doute et non de la foi. L’alliance de la promesse devait s’appliquer à la lignée d’Isaac, mais Dieu répondit à la demande concernant Ismaël et promit de le bénir dans les choses naturelles, faisant de lui une grande nation avec douze princes. L’accomplissement de cette promesse est relaté en Genèse 25:12-16.

 

10.2.5      [Ch. 17:23-27 — Application immédiate de la circoncision]

Le dernier paragraphe de ce ch.17 montre comment la foi d’Abraham s’est rapidement exprimée par des œuvres. Il accepta le signe extérieur de la circoncision pour lui-même et pour sa maison. Il ne perdit pas de temps : la chose fut accomplie «ce même jour». L’opération elle-même n’est pas agréable, elle va à l’encontre des sentiments naturels, et chez chacun la chair voudrait crier pour être épargnée. C’est pourquoi la circoncision est si bien le type de la mort appliquée à la chair dont parle le Nouveau Testament, sauf que ce n’est pas le corps matériel de l’homme qui est en cause, mais la nature déchue qui caractérise ce corps, avec ses appétits et ses convoitises.

 

10.3    [Ch. 18 — Les visiteurs d’Abraham et leurs annonces]

10.3.1      Ch. 18:1-8 — [Abraham accueille trois visiteurs]

Cette réponse rapide de foi de la part d’Abraham invita une autre manifestation de l’Éternel à son égard, qui commence au ch. 18. Il est évident qu’elle eut lieu très peu de temps après l’autre. Elle avait un caractère inhabituel et différait de toutes les apparitions précédentes dans la mesure où «trois hommes» s’approchèrent et que c’était «dans la chaleur du jour», juste au moment où normalement personne ne rendrait visite à quelqu’un d’autre. L’hospitalité d’Abraham est à la hauteur de l’événement, et les anges sont reçus à leur insu, comme le dit Hébreux 13:2 — et même plus que cela, car l’un des trois hommes est une manifestation de l’Éternel lui-même. L’image présentée de la simplicité patriarcale est frappante et belle, et les visiteurs célestes prirent part au rafraîchissement offert.

 

10.3.2      Ch. 18:9-15 — [Annonce à Sara de la naissance à venir. Son rire]

Sara devait maintenant être mise à l’épreuve, et l’annonce de la naissance d’un fils fut faite tandis qu’elle écoutait. Sa réponse fut également un rire, mais un rire qu’elle croyait caché à autrui, et qui contenait manifestement un élément d’incrédulité, de sorte qu’elle essaya de le nier. Cependant, l’Éternel le savait. La question incrédule de Sara ne fit qu’attirer de Sa part la grande question : «Y a-t-il quelque chose de trop difficile pour l’Éternel ? Rien n’était trop difficile, car Il venait juste de se révéler à son mari comme «le Dieu Tout-puissant», bien qu’elle ne l’ait pas encore saisi. Jérémie l’a compris en son temps (Jér. 32:17) et Sara le saisit à présent, sinon nous n’aurions pas cette déclaration : «C’est par la foi que Sara elle-même reçut la force de fonder une postérité» (Héb. 11:11).

 

10.3.3      Ch. 18:16-19 — [Abraham ami de Dieu]

Mais les Visiteurs célestes étaient venus, non seulement pour confirmer la foi chancelante de Sara, mais avec d’autres objectifs en vue. Ils regardèrent vers Sodome et Abraham les accompagna sur une certaine distance, ce qui donna lieu à l’incident dans lequel nous voyons Abraham comme l’ami de Dieu. Un simple serviteur ne sait pas ce que fait son Maître, comme le Seigneur le dit en Jean 15:15, alors qu’un ami a accès à ses secrets.

C’est pourquoi il n’a pas été caché à Abraham ce que l’Éternel était sur le point de faire en jugeant les villes de la plaine, et cela non seulement à cause du privilège qui lui avait été conféré, mais aussi à cause de son caractère moral et de sa valeur. Il avait le privilège non seulement de devenir une grande nation, mais aussi d’être à l’origine de l’engendrement du Messie en qui toutes les nations seraient bénies. Son caractère était tel que l’Éternel pouvait dire : «Je le connais», et Je sais qu’il voudra maintenir ce qui est juste, non seulement personnellement, mais aussi dans sa famille et sa maison. C’est ainsi que, plus tard, le prophète, parlant au nom de Dieu, pourra dire : «Abraham, mon ami» (Ésaïe 41:8).

 

10.3.4      Ch. 18:20-33 — [La plaidoirie d’Abraham en faveur de Sodome. Pourquoi son arrêt à dix]

C’est ainsi que, lorsque deux des trois hommes se furent mis en route pour Sodome, il fut permis à Abraham de parler au troisième homme, à l’Éternel Lui-même, et même à raisonner avec Lui. De tous les cas rapportés dans l’Ancien Testament où des hommes se sont trouvés face à face avec Dieu, celui-ci est unique, à notre avis, par l’intimité et la liberté jointe à l’absence de crainte. Abraham, sûr de sa position devant l’Éternel, prit la place d’un intercesseur.

Il raisonna devant l’Éternel avec l’assurance que le Juge de toute la terre ferait ce qui est juste, et dans ses plaidoiries il avait sans doute en vue Lot et sa famille. Au ch. 19 qui suit, il est parlé des gendres de Lot ; il est donc probable qu’il a estimé qu’avec sa femme, ses filles célibataires, ses filles mariées et leurs maris, on pouvait trouver à Sodome jusqu’à dix personnes pouvant être considérées comme justes. C’est pourquoi, partant de cinquante, et descendant à quarante-cinq, quarante, trente, vingt, il s’arrêta à dix. Le chapitre suivant montre qu’il n’y en avait même pas dix.

Bien qu’Abraham ait connu une telle liberté en présence de l’Éternel, nous le trouvons, comme tous ceux qui ont réellement à faire avec Dieu, profondément conscient de son propre péché et de son néant. Nous entendons Job dire : «Voici, je suis une créature de rien» ; Ésaïe, «Je suis défait» ; Ésaïe : «Je suis perdu» ; Pierre : «Je suis un homme pécheur» ; Paul : «Je suis le premier des pécheurs». Abraham dit : «Je ne suis que poussière et cendre» et en suivant l’Écriture, il est en tête de la liste de ceux qui se condamnent en présence de Dieu.

Et celui qui s’est ainsi condamné lui-même est appelé l’ami de Dieu. Dans ces deux domaines, suivons-nous ses traces ?

 

11  Genèse 19:1 à 21:33

11.1    [Ch. 19 — Destruction de Sodome]

11.1.1      [Ch. 19:1-3 — Situation de Lot]

Abraham était resté, intercédant auprès de l’Éternel, non pas tant pour les villes coupables de la plaine que pour les dix justes qui, comme il l’espérait, se trouvaient à Sodome. Deux «hommes» sur les trois avaient tourné leur visage vers Sodome et, au début de Genèse 19, nous les voyons arriver à la porte de Sodome, et ils sont maintenant clairement identifiés comme étant «deux anges». Tandis qu’ils approchaient, Lot était assis à la porte de Sodome, ce qui signifie, bien sûr, qu’il avait accepté une fonction de magistrat dans cette ville extrêmement méchante. Cela nous permet de mieux comprendre pourquoi il «tourmentait de jour en jour son âme juste à cause de leurs actions iniques», selon 2 Pierre 2:7-8. Non seulement il voyait et entendait les manifestations effrayantes du mal en tant que personne privée, mais il était en contact avec, en tant que magistrat.

Dans cette perspective, notre chapitre est rempli d’un avertissement très solennel pour nous tous. Il avait pu considérer son élection en tant que juge comme une promotion ; en réalité, c’était une triste chute, entraînant des conséquences terribles. Nous l’avons vu d’abord dresser sa tente vers Sodome. Puis il y a habité, et il a subi les effets de sa défaite selon le récit de Genèse 14. Enfin il en est devenu un dirigeant. Et quel en a été le résultat ? A-t-il réussi à assainir leurs mœurs dégradées, et à améliorer leurs normes éthiques ? Pas du tout ! Comme nous le verrons, il n’a fait que s’impliquer, lui et sa famille, dans leur mal.

 

11.1.2      [Ch. 19:4-11 — Agression des impies et intervention des anges]

Lot avait cependant conservé la politesse et l’hospitalité patriarcales, comme nous le voyons dans les v. 1-3. Lui aussi a accueilli des anges à son insu, mais avec un résultat très différent de celui d’Abraham. À l’approche de la nuit, sa maison est assiégée par des hommes impies, animés d’un désir monstrueux de faire le mal. La tentative de Lot de les apaiser en sacrifiant ses deux filles célibataires montre à quel point il était lui-même tombé bas dans ses pensées par la contamination de Sodome. La position de Lot en tant que juge ne comptait plus pour rien, et ils la lui jetèrent à la figure comme s’il n’était qu’un usurpateur de la fonction. S’il s’était flatté de pouvoir exercer une influence pour le bien, il était maintenant bien détrompé.

Au paroxysme du conflit, les anges intervinrent et prirent la situation en main. Aveuglés par la puissance angélique, les malfaiteurs furent désappointés pour cette nuit, avant d’être détruits le lendemain. Après s’en être débarrassés, les anges annoncèrent clairement à Lot que Sodome allait être détruite, et lui donnèrent l’occasion de sortir avec sa famille et tout ce qu’il avait. En cela, l’intercession d’Abraham, plus tôt dans la journée, était pleinement exaucée. Le contraste entre Abraham intercédant en tant qu’ami de Dieu sur les hauteurs, et Lot, souillé et impuissant dans les villes mondaines de la plaine, mérite d’être soigneusement considéré et de pénétrer tous nos cœurs.

 

11.1.3      [Ch. 19:12-26 — Tentative de Lot de sauver sa famille. Lot sauvé. Destruction de Sodome]

Lot vit alors les choses sous un jour très différent, et alla trouver ses gendres pour les avertir et les délivrer. Mais il sembla à leurs yeux qu’il se moquait. Remarquez qu’il n’est pas dit qu’ils se sont moqués de lui, mais qu’ils pensaient qu’il se moquait d’eux et plaisantait. Après qu’il soit entré dans Sodome et y ait investi tout ce qu’il avait, ils ne pouvaient pas croire que Lot était sérieux quand tout à coup il déclarait que tout le lieu allait être détruit en un instant. Le cours antérieur de sa vie contredisait totalement son témoignage actuel. — Posons-nous la question suivante : si je témoigne que la seconde venue de Christ est proche et qu’elle implique le jugement du système du monde actuel, me prendra-t-on au sérieux ou ma façon de vivre les amènera-t-elle à penser que je plaisante ?

Le jugement n’allait pas sommeiller, il était donc urgent de fuir ; sans qu’il soit accompagné de ses filles mariées ni de ses gendres, les anges contraignirent Lot, sa femme et ses deux filles à fuir : telle fut la miséricorde de Dieu envers ce vrai saint, qui était pourtant tombé si bas. De plus, sa demande de pouvoir s’abriter dans la cinquième et plus petite des villes de la plaine, au lieu de fuir vers la montagne, fut exaucée. Sodome aurait été épargnée s’il n’y avait eu que dix justes. Tsoar le fut parce qu’un seul juste y entra. Telle est l’abondante miséricorde de notre Dieu, et sa lenteur à juger.

La parole de l’ange au v. 22 mérite d’être notée : «Je ne peux rien faire jusqu’à ce que tu y sois entré». Pourquoi ne pouvait-il rien ? Non pas parce qu’il manquait de puissance pour agir en jugement, mais parce que c’est un principe fixe des voies de Dieu, que la colère pénale et éternelle ne doit jamais toucher les Siens. Le jugement de ces villes n’était pas simplement une question de colère gouvernementale, car la colère pénale était également impliquée, comme on le voit en Jude 7. La «peine du feu éternel» ne pouvait pas toucher Lot, car c’était un homme juste, bien qu’égaré.

Lot s’étant retiré, le jugement tomba du ciel. Ceux qui ont examiné cette région, à la lumière des découvertes modernes de sites pétrolifères et bitumineux, nous disent qu’il est assez facile de visualiser ce qui s’est passé. C’est peut-être le cas, mais le miracle a consisté en un feu envoyé par l’Éternel et venant du ciel, déclenchant une puissante conflagration et des éruptions qui ont fait disparaître ces quatre villes, et ont laissé leur site jusqu’à aujourd’hui, «les établissant pour être un exemple à ceux qui, après eux, vivraient dans l’impiété» (2 Pierre 2:6). L’idée de ce mal et de son jugement a persisté, car le mot «sodomie» subsiste dans notre langue pour désigner un péché particulièrement vil et contre nature. De plus, ce jugement est un exemple de ce qui est encore à venir, à une échelle beaucoup plus grande, au «jour du jugement et de la destruction des hommes impies» (2 Pierre 3:7).

Quatre personnes sont sorties de Sodome, pratiquement traînées par les anges, selon le v. 16, mais trois seulement sont entrées à Tsoar. La femme de Lot a manifestement laissé son cœur à Sodome, et ses yeux suivant son cœur, elle a regardé en arrière ; elle s’est trouvée impliquée dans le désastre et a péri comme une statue de sel. L’un des versets les plus courts de la Bible rapporte les paroles de notre Seigneur : «Souvenez-vous de la femme de Lot» (Luc 17:32). Souvenons-nous de cette femme, et laissons les leçons de sa fin se graver dans nos cœurs. Elle était mariée à un vrai saint, elle avait fait l’objet des prières d’un saint éminent, Abraham, elle était venue sous la contrainte des anges du ciel, et pourtant elle a été perdue. Elle avait la nature impure qui aimait les immondices de Sodome. Ce qui tourmentait Lot avait manifestement de l’attrait pour elle.

 

11.1.4      [Ch. 19:27-38 — Abraham veillant en prière. Fin de Lot et ses filles]

Les v. 27-29 nous montrent qu’Abraham était un homme veillant en prière. Il ne s’est pas contenté de faire jaillir ses désirs et de ne plus y penser. Le lendemain matin, il se rendit à l’endroit où il avait prié, et constata que Dieu avait accompli Sa parole. Il dût apprendre que Dieu s’était souvenu de sa prière et que Lot avait été délivré, même si dix justes n’avaient pas été trouvés. La prière fervente d’un homme juste est en effet d’une grande utilité, et elle avait été exaucée, même si ce n’était pas de la manière qu’il espérait et attendait.

La foi de Lot était très faible. Bien que Tsoar ait été épargnée à cause de lui, sa peur était telle qu’il l’abandonna pour la région montagneuse qu’il redoutait auparavant (comp. v. 17 et 30). Il y trouva une caverne où, après avoir perdu tous ses biens, il demeura avec ses deux filles. Dans les derniers versets de notre chapitre, nous lui faisons tristement nos adieux. Les deux filles étaient sauvées physiquement, mais elles étaient perdues moralement, car il nous est permis de savoir qu’elles avaient été infectées par les mœurs immorales de Sodome. Elles se déshonorèrent, elles et leur père, et mirent au monde Moab et Ammon, qui donnèrent tous deux leur nom à des peuples qui, par la suite, devinrent des adversaires du peuple de Dieu.

 

11.2    [Ch. 20 — Faute d’Abraham devant Abimélec]

Les fautes des saints de Dieu ne sont pas cachées dans les Écritures, comme nous venons de le voir, de manière très prononcée, en ce qui concerne Lot. En Genèse 20 nous avons un aperçu d’Abraham à un niveau très inférieur à celui de Genèse 18. Il s’installe à Guérar et, devant le roi Abimélec, il a recours au même stratagème que celui utilisé des années auparavant en Égypte. Cette fois, c’était plus grave, car Sara était sur le point d’être enceinte de l’enfant de la promesse. La faute d’Abraham aurait pu compromettre ce que Dieu avait promis et était sur le point d’accomplir. C’est pourquoi Dieu a pris une mesure que l’on pourrait qualifier de radicale pour protéger Sara, en s’attaquant non pas à Abraham, qui avait failli, mais au roi païen.

Lorsqu’Abimélec le confronta à sa tromperie, Abraham avoua qu’il avait été poussé à agir de la sorte par crainte pour sa propre sécurité, dans un lieu où la crainte de Dieu était absente. Cependant, dans les faits, la crainte de Dieu était plus marquée chez Abimélec que chez Abraham. Le fait que Dieu, qui lui était si souvent apparu, passe maintenant à côté de lui et traite avec le roi dans un songe, en lui exposant directement la véritable situation, constitue une véritable réprimande pour Abraham. Abraham était un prophète et un intercesseur dans la prière, comme il est dit au roi, et pourtant, dans cette affaire, il est ignoré par Dieu.

Répondant à la parole de Dieu, Abimélec agit très bien ; il traita Abraham d’une très bonne manière en le réprimandant comme il le fit. Sara fut également réprimandée, d’après le v. 16. Le fait de parler d’Abraham comme de son «frère» ajoute une touche d’ironie à sa réprimande. Il est triste qu’un homme du monde intègre puisse à juste titre réprimander un saint de Dieu. C’est un état de choses qui se reproduit trop souvent. Abraham accepta évidemment la réprimande et, comme Dieu l’avait dit, il pria pour le roi et sa famille, et la main de Dieu, qui avait été sur eux en gouvernement, fut retirée.

 

11.3    Ch. 21

11.3.1      [Ch. 21:1-7 — Naissance d’Isaac. Rire de Sara]

Après cette défaillance d’Abraham, Dieu accomplit Sa promesse pour lui et Sara, celle d’avoir un fils. Ce qui était humainement impossible s’est réalisé et Isaac naquit, pour ainsi dire, sur le principe de la résurrection : un enfant vivant issu de parents qui, sur le plan reproductif, étaient morts. Sara pouvait maintenant rire, et sentir que tous les autres riraient avec elle. Cette fois-ci, son rire n’avait rien d’incrédule, mais plutôt une note de triomphe dans ce que la puissance de Dieu avait réalisé.

 

11.3.2      [Ch. 21:8-13 — Ismaël se moque. Décision de chasser Agar. Galates 4]

Le signe de l’alliance — la circoncision — fut dûment mis sur Isaac, et, lorsqu’il fut sevré, un grand festin fut organisé, ce qui, pour Ismaël, devint un sujet de moquerie. Cela conduisit à l’expulsion de la servante et de son fils, ce qui a une signification allégorique, comme nous l’apprenons de Galates 4. Quatre siècles devaient encore s’écouler avant que l’alliance de la loi soit établie au Sinaï, et bien d’autres siècles encore pour que la base sur laquelle repose la nouvelle alliance de la promesse soit posée dans la mort de Christ. C’est donc très tôt dans l’histoire du monde qu’est présenté, de manière allégorique, le remplacement de la première alliance par la seconde. La loi ne produisait que de la servitude, puisqu’elle s’adressait à la chair, c’est-à-dire à la nature déchue de l’homme, laquelle n’est pas soumise à la loi de Dieu, et ne peut pas l’être. Le fils de la femme libre est né d’un acte de Dieu en grâce et représente donc bien, en type, la nouvelle alliance. Nous, les croyants, sommes «les enfants de la promesse», comme Isaac.

L’initiative est venue de Sara ; chasser Agar et Ismaël a été très pénible pour Abraham. Cet aspect des choses peut également s’appliquer à nous. Renoncer à tout espoir de bénédiction sur la base de la loi, et déposséder la chair n’est pas quelque chose qui nous plaît naturellement, mais c’est l’inverse. Pourtant, c’est le cours des choses selon Dieu. Sara n’avait guère pensé à Dieu dans sa demande, mais Dieu l’a néanmoins approuvée. En effet Dieu dit à Abraham, en quelque sorte : «Tu as la descendance promise en Isaac ; dès lors, que le départ d’Ismaël ne t’afflige pas». On trouve le même principe en 1 Samuel 16:1, où le prophète est invité à cesser de s’affliger au sujet de Saül, que Dieu avait mis de côté, car il y avait un bien meilleur roi en vue, David. Dieu enlève le premier, «afin d’établir le second» (Héb. 10:9). Si Christ, le second homme, remplit notre vision, le premier homme et l’alliance de la loi qui s’appliquait à lui, s’effacent.

 

11.3.3      [Ch. 21:14-21 — Agar renvoyée]

Sur l’ordre de Dieu, Abraham se décida à agir. Tôt le matin, il se leva et congédia la servante et son fils, leur donnant du pain et de l’eau pour le début de leur voyage. Fidèle à son nom, la pauvre femme devint une vagabonde dans le désert, et bientôt toutes leurs maigres ressources furent épuisées, et le garçon fut presque à l’article de la mort. L’apôtre Jacques nous dit, à propos de Job, que le Seigneur est «plein de compassion et miséricordieux». Nous en avons ici un exemple. Bien qu’Agar et Ismaël aient cette signification allégorique malheureuse, et qu’ils aient appartenu personnellement au monde plutôt qu’à la maison de la foi, ils étaient des créatures nécessiteuses et, en tant que telles, des objets de miséricorde.

Des années auparavant, un ange avait été envoyé pour la secourir. Cette fois, la pauvre Agar est à bout de ressources, et pleure dans sa misère. Une seconde fois, Dieu intervient par l’intermédiaire d’un ange pour la délivrer. Il est assez remarquable que, tandis que le récit indique qu’elle «éleva sa voix et pleura», il est ajouté que «Dieu entendit la voix de l’enfant». Ismaël devait alors avoir environ une quinzaine d’années, et il avait élevé la voix pour demander de l’aide, car il était en train de mourir de soif. La délivrance est venue d’une manière simple et inattendue. Dieu ouvrit les yeux d’Agar et elle vit un puits d’eau. Il était là depuis toujours, mais elle n’avait pas eu les yeux pour le discerner.

N’y a-t-il pas là une parabole pour aujourd’hui ? Ismaël mourait de soif à un jet de pierre de l’eau qui donnait la vie. Aujourd’hui, nombreux sont ceux qui s’enfoncent dans la mort spirituelle alors qu’ils ont les moyens de la vie spirituelle juste devant eux. Le problème, c’est qu’ils n’ont pas les yeux pour le voir. Dieu lui a ouvert les yeux, et le besoin a été immédiatement satisfait. Nous devons prier pour les hommes, afin que le dieu de ce monde ne continue pas à aveugler leur esprit vis-à-vis de la lumière de l’évangile, comme le dit 2 Corinthiens 4:4.

Ainsi, Ismaël a reçu la vie en dépit du fait que sa descendance serait hostile au peuple de Dieu. De plus, Dieu l’a accompagné et lui a permis de survivre dans le désert grâce à son habileté à tirer à l’arc. Sa mère venait d’Égypte, et c’est d’Égypte qu’elle lui prit une femme. En cela nous voyons l’empreinte du monde rivée sur lui.

 

11.4    [Ch. 21:22-34 — Alliance d’Abraham avec Abimélec à Beër-Shéba]

Dans la dernière partie de notre chapitre, Abimélec réapparaît et, une fois de plus, nous le voyons sous un jour favorable. Il avait du discernement, et il se rendit compte que Dieu était avec Abraham dans tout ce qu’il faisait, en dépit du fait que ses actions à Guérar n’avaient pas été correctes. Lorsque notre premier contact avec quelqu’un est défavorable, il faut du discernement pour le voir ensuite sous un jour favorable. Abimélec et son chef d’armée avaient manifestement observé Abraham de très près, et ils étaient parvenus à cette conclusion. Cet incident nous rappelle que les hommes du monde qui sont réfléchis, observent très attentivement ceux qui professent être de Dieu, et nous pouvons souhaiter que la conclusion qu’ils en tirent soit aussi favorable que dans ce cas. Trop souvent, hélas, il en va autrement.

Une alliance fut alors conclue, et le puits de Beër-Sheba fut garanti à Abraham, un puits qui, plus tard, devint célèbre en tant que frontière sud du pays. C’est là qu’Abraham s’installa pendant quelques années, et c’est là qu’il invoqua l’Éternel comme le Dieu d’éternité. Lorsque la promesse d’Isaac avait été faite, Dieu s’était fait connaître comme le Tout-Puissant. Maintenant que l’héritier promis est né et que le lieu promis a été comme racheté, Abraham Le reconnaît dans Son éternité et Sa toute-puissance. Abraham a dû attendre l’accomplissement de la promesse, et l’homme étant une créature dont la vie est courte, cette attente a été très éprouvante pour la chair. Mais pour Dieu comme Éternel, le temps ne compte guère. Il procède d’un pas délibéré, mais certain, vers l’accomplissement de ce qu’Il s’est proposé et qu’Il a promis.

Dans les Psaumes, nous entendons plus d’une fois l’homme pieux s’écrier : «Jusques à quand ?» Combien de temps les méchants prospéreront-ils, combien de temps faudra-t-il pour que la justice soit défendue ? De nos jours où nous attendons la venue promise du Seigneur Jésus, nous pouvons nous écrier : «Quand viendra le moment ?». Mais avec Ésaïe, nous savons que «le Dieu d’éternité ... ne se lasse pas et ne se fatigue pas ; on ne sonde pas son intelligence» (40:28). Sa voie et son temps sont parfaits. Soyons en satisfaits.