[ Page principale | Nouveautés | La Bible | la Foi - l'Évangile | Plan des sujets | Études AT | Études NT | Index auteurs + ouvrages + sujets ]
Mélange de circonstances extérieures
et de grâce intérieure
[Pérégrinations de l’apôtre Paul et leurs raisons – 2 Cor. 2 - 12]
Hole Frank Binford
STEM Publishing — Extrait de Scripture Truth, vol. 38, 1953-5, p. 97
1 [Départ : Éphèse — Actes 19]
2 [Éphèse → Troas/Troade → Macédoine — Actes 20 & 2 Cor. 2]
4 [Lettre à Corinthe depuis la Macédoine — 2 Cor.]
5 [Circuit de Jérusalem à l’Illyrie — Rom. 15]
De nombreuses histoires remarquables concernant les saints de Dieu sont rapportées dans les Écritures. Celles de l’Ancien Testament sont souvent instructives en raison de leur valeur typique. Joseph, dans son humiliation, puis dans sa domination et sa gloire, est l’un des types les plus parfaits de notre Seigneur Jésus Christ. L’une des histoires les plus extraordinaires est celle de l’apôtre Paul. 2 Corinthiens 11 donne une liste de ses souffrances et de ses épreuves, dont chacune était un grand test. Les circonstances extérieures étaient toutes contre lui ; pourtant, 2 Corinthiens 12 fait découvrir qu’il reçut une puissante compensation sous forme de grâce intérieure, de sorte que toutes ces épreuves valaient vraiment la peine.
En lisant toute l’épître d’une traite, nous effectuons un périple géographique. Nous commençons par l’Asie en 2 Corinthiens 1, où Paul fait référence à la grande émeute relatée en Actes 19. La prédication de Paul à Éphèse était une telle démonstration de l’Esprit et de puissance, qu’elle entraîna un renversement remarquable des pratiques sataniques, et le diable, furieux, souleva ses serviteurs. En 2 Corinthiens 11:23, Paul parle d’être « dans les morts souvent », et ce fut l’une de ces occasions. Dieu intervint pour le délivrer, mais tout cet épisode lui fit sentir par expérience personnelle ce qu’était « la sentence de mort ». Il réalisa en effet qu’il était un homme mort, et toute confiance en lui-même fut dissipée.
Actes 20:1 rapporte que, l’émeute s’étant calmée, Paul partit pour la Macédoine, mais il n’est pas fait mention de son séjour à Troas (ou : en Troade) pendant le voyage, qui est relaté en 2 Corinthiens 2:12. Là, il se trouva dans des circonstances très différentes, mais il n’échappa pas à l’épreuve.
Il entra dans un calme extérieur, mais se trouva plongé en même temps dans un conflit intérieur. Il avait écrit sa première épître aux Corinthiens et s’attendait à rencontrer Tite à Troas, lequel devait lui apporter des nouvelles de l’effet de cette lettre sur eux. Tite n’apparut pas, et l’anxiété de Paul à leur égard fut telle qu’il n’eut aucun repos dans son esprit. Les dangers extérieurs d’Éphèse l’avaient plongé dans une détresse d’esprit intérieure, au point qu’il fut incapable d’y servir dans l’évangile. Cette détresse intérieure fut aussi décisive dans ses effets que la détresse extérieure. L’une lui fit quitter en hâte Éphèse, l’autre Troas.
Nous passons à 2 Corinthiens 7:5, et nous retrouvons Paul en Macédoine, où il était encore tenu en haleine, attendant l’arrivée de Tite. Les choses allaient de mal en pis, au lieu de s’être améliorées par son départ de Troas, car, dit-il, « notre chair n’eut aucun repos, mais nous fûmes affligés en toute manière ». À Éphèse, le trouble était à l’extérieur ; à Troas, il était à l’intérieur ; mais en Macédoine, il était de tous côtés. C’était comme si Éphèse et Troas étaient réunies en un seul endroit, comme il dit, « au dehors, des combats ; au dedans, des craintes ».
Nous pouvons nous arrêter un instant pour réfléchir au fait que nous sommes aujourd’hui dans des circonstances très différentes. Depuis deux siècles maintenant, il n’y a eu que peu ou pas de persécution dans nos pays occidentaux. En conséquence, nous avons presque à inverser l’affirmation et dire que nous sommes devenus mous et timorés, de sorte que nous avons eu des craintes à l’extérieur et des combats à l’intérieur. Si nous étions davantage martelés par le monde extérieur, nous serions moins enclins à nous quereller à l’intérieur.
En Macédoine, cependant, les craintes de Paul furent apaisées par l’arrivée de Tite avec de bonnes nouvelles concernant l’état de repentance des Corinthiens à la suite de sa lettre, de sorte qu’il se sentit libre d’examiner l’état des choses parmi eux. Nos pensées se tournent donc vers l’Achaïe, la province où était Corinthe, bien que Paul lui-même n’y était effectivement pas.
Bien qu’il y ait eu un certain redressement, la situation n’était pas encore très brillante. En ce qui concerne la collecte en faveur des saints dans le besoin, ils avaient fait un début prometteur, mais ils ne l’avaient pas mené au bout, en sorte que les Macédoniens, beaucoup moins riches en biens matériels, les avaient dépassés (2 Cor. 8). L’apôtre craignait encore que leurs pensées aient été corrompues dans leur simplicité quant à Christ (2 Cor. 11:3) par les activités d’hommes qui n’étaient pas de vrais disciples et serviteurs du Seigneur. Il n’hésite pas à utiliser un langage fort à l’égard de ces hommes. Ils étaient « de faux apôtres, des ouvriers trompeurs, se transformant en apôtres de Christ » (2 Corinthiens 11:13).
Ces hommes faux s’élevaient en piétinant les saints. Lorsque Paul écrit : « Si quelqu’un vous asservit, si quelqu’un vous dévore, si quelqu’un prend votre bien, si quelqu’un s’élève, si quelqu’un vous frappe au visage » (2 Corinthiens 11:20), il décrit exactement ce que ces faux apôtres faisaient. Par contraste, il est amené à raconter ses propres expériences dans les v. 23-33. Quel contraste !
En pensées, nous quittons maintenant l’Achaïe et voyageons loin dans ce circuit « de Jérusalem et des environs jusqu’en Illyrie », à quoi Paul fait référence dans Romains 15:19. Les épreuves, les troubles et les désastres semblaient s’accumuler sur lui comme des montagnes (2 Cor. 11). Cinq fois, il reçut de la part des Juifs quarante coups de bâton, moins un – 195 coups administrés en cinq fois. Trois fois battu à coups de verges, apparemment par des païens. Une fois, il a été lapidé ; nous savons que c’était à Lystre. Trois fois il avait fait naufrage, et lorsqu’il écrivit, il n’avait pas encore été fait prisonnier et envoyé à Rome. Donc le naufrage, relaté dans Actes 27, devait être au moins le quatrième. Et l’un des naufrages était si désespéré que pendant une nuit et un jour, il a été emporté par la mer. Tout cela était suffisant pour tuer la plupart des hommes, mais ce n’était pas tout.
Car il y avait des choses qui affectaient son esprit, comme elles avaient affecté son corps. Il y avait « la sollicitude pour toutes les assemblées ». Il fallait porter les faibles, écouter les plaintes des offensés et de ceux qui offensaient, corriger les égarements des croyants, engager des combats contre de faux frères pour défendre la vérité ; et ces choses l’oppressaient quotidiennement. Les églises n’étaient pas de petits paradis, même quand Paul était parmi elles. Trop souvent de nos jours, lorsque les gens trouvent que quelque chose ne va pas dans une réunion, ils s’enfuient. Paul ne s’est pas enfui ; il s’efforçait, en prière, de résoudre la difficulté.
Pour terminer son récit de ces circonstances extérieures, l’apôtre nous amène à Damas. L’incident qu’il mentionne (2 Cor. 11:32-33) arriva, nous le supposons, à la fin de sa deuxième visite dans cette ville, dont il parle en Galates 1:17. En tout cas, il se produisit tôt dans son histoire. La corbeille devait être grande pour contenir un homme adulte — le genre de corbeille qu’on voit souvent remplie de linge sale ! Quelques années auparavant, il avait été le plus fier de tous les pharisiens de Jérusalem, et maintenant il était descendu comme cela, « dévalé dans une corbeille ».
Ne manquez pas le contraste qui nous accueille directement en lisant 2 Corinthiens 12. L’homme qui a été « descendu » sur la terre a été « enlevé » au troisième ciel.
Mais notons, à ce propos, comment il parle de lui-même. Son propre nom, Saul ou Paul, disparaît complètement ; il est simplement dit « un homme en Christ », une description qui s’applique à tout vrai croyant. Un tel homme a une vie nouvelle, provenant d’une source nouvelle – non pas Adam, mais Christ – et, dans la puissance de cette vie, il se tient devant Dieu dans une position nouvelle, la position même de Christ. Dans le troisième ciel, qui est le Paradis, il lui a été accordé une abondance de révélations, et il a entendu des paroles inexprimables, qui ne pouvaient pas être communiquées aux autres ici-bas.
On dit qu’il y a 1500 langues, ou dialectes, en Afrique, et environ 7000 dans le monde entier ; pourtant, aucune d’entre elles ne permettait de communiquer à autrui ce qui a été révélé à Paul. Paul a été introduit dans un domaine pour lequel nous n’avons pas les mots.
Pourtant, il y avait des révélations confiées à Paul qu’il pouvait révéler et qu’il a révélées, comme le mystère concernant Christ et l’église (ou assemblée), auquel il fait allusion en Éphésiens 3:3, et celui concernant l’enlèvement des saints, dont il parle en 1 Corinthiens 15:51 et 1 Thessaloniciens 4:15-17. La conclusion que nous pouvons tirer de ces révélations inexprimables est qu’elles étaient destinées à transmettre à Paul personnellement une abondance de grâce intérieure et spirituelle, qui le soutiendrait dans les épreuves exceptionnelles qu’il devait affronter.
Mais une fois de plus, lorsque Paul se retrouva dans les circonstances de la terre, l’épreuve s’abattit sur lui. La chair en lui n’avait pas été éradiquée par son séjour au troisième ciel. Ses tendances à l’orgueil et à l’exaltation de soi étaient restées les mêmes, de sorte qu’une « écharde dans la chair » lui fut donnée. Nous comprenons que le mot « écharde » est à peine assez fort ; nous nous souvenions avoir vu en Afrique du Sud des épines de mimosa de 10 à 15 cm de long, aussi dures que du bois dur. Le mot grec indique un pieu pointu. C’était la discipline préventive de Dieu, dont nous ne connaissons pas le détail, et nous n’avons pas besoin de le connaître. C’était un « ange de Satan », venu avec la permission de Dieu, en plus de toutes les épreuves qui lui arrivaient de la part du monde persécuteur et des défauts et défaillances des saints.
Bien qu’il ait prié trois fois pour qu’elle disparaisse, elle est restée, mais elle est devenue l’occasion d’une nouvelle assurance d’une abondante provision de grâce intérieure dans ces mots immortels : « Ma grâce te suffit, car ma puissance s’accomplit dans l’infirmité ». Ce n’est pas seulement de la grâce, mais MA grâce, pas seulement de la puissance, mais MA puissance. L’immensité de la grâce et de la puissance ne peut être mesurée que par la plénitude divine et éternelle de Celui qui est Lui-même la source d’une telle grâce et d’une telle puissance. En présence de cette grandeur, combien Paul désigné par le pronom « te » était petit – et nous sommes encore plus petits que Paul. Il y a un infini de grâce et de puissance chez notre Seigneur. Il a porté Paul jusqu’au bout, et lui a permis de faire face au martyre qui l’attendait, comme nous le voyons en 2 Timothée 4:6-8.
Prenons donc courage, mes frères, et soyons assurés que même si des circonstances extérieures nous mettent à l’épreuve, il y a une abondance de grâce et de force intérieures pour nous les faire traverser. Quand nous arriverons dans la gloire au ciel, nous dirons tous que nous n’aurions pas voulu manquer aucune des épreuves qui ont déversé sur nous cette grâce et cette puissance. Dans nos circonstances terrestres, nous pouvons être « abaissés » comme Paul, mais lorsque notre Seigneur reviendra, avec Paul, nous serons « élevés ».