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Introduction à Matthieu 13
Michael Hardt
http://biblecentre.org/content.php?mode=7&item=2533
2 Il dit beaucoup de choses en paraboles
10 Le royaume public reporté mais non remplacé
Il est rarement possible de comprendre un chapitre de la Bible sans tenir compte de son contexte. Si cela est généralement vrai, ça l’est particulièrement dans le cas de Matthieu 13.
L’Évangile de Matthieu (a) présente Christ comme le roi, et (b) expose le changement de dispensation lié à Sa venue. Le ch. 13 est la suite directe et la conséquence de ce qui est décrit dans les chapitres précédents :
Ch. 1 à 4 — Le roi est présenté (sa généalogie, sa réception par des étrangers et son rejet en Israël).
Ensuite : Le roi proclamé, oint et mis à l’épreuve :
Ch. 5 à 7 — Les principes du royaume
Ch. 8 à 9 — La puissance du royaume
Ch. 10 — Les messagers du royaume
Ch. 11 à 12 — Le royaume rejeté.
Ce bref aperçu montre que la présentation du roi a été rapidement suivie de Son rejet. Au ch. 11, Jean le baptiseur, le héraut, est en prison. Au ch. 12, le Seigneur démontre Sa puissance sur Satan en chassant un démon, mais les pharisiens, pour la deuxième fois, attribuent méchamment ce miracle à la puissance de Satan (9:34 ; 12:24). C’est le point de départ de l’enseignement du ch. 13. Il commence par le Seigneur quittant la maison (symbolique de la maison d’Israël) et se rendant au bord de la mer (symbolique des nations, cf. Ésaïe 17:12 ; Apocalypse 17:15). Une grande foule se rassemble, et le Seigneur expose, dans une suite de paraboles, la forme que le royaume va maintenant prendre : ce sera un royaume mystérieux, un royaume des cieux, le royaume du roi absent.
Le v. 3 donne un autre détail important : Le Seigneur « leur dit beaucoup de choses par des paraboles, disant : Voici, un semeur sortit pour semer... ». C’est la première fois que le mot parabole apparaît dans le Nouveau Testament. Les disciples, frappés par cette méthode d’enseignement, demandent au Seigneur : « Pourquoi leur parles-tu en paraboles ? » (13:10). La réponse du Seigneur est révélatrice. Elle confirme que l’enseignement des paraboles du royaume des cieux est en relation directe avec le rejet du roi : « C’est parce qu’à vous il est donné de connaître les mystères du royaume des cieux ; mais à eux, il n’est pas donné » et « parce que voyant ils ne voient pas, et qu’entendant ils n’entendent ni ne comprennent » (13:11, 13). Il s’agissait d’un cas de « cécité judiciaire ». Le Seigneur cite Ésaïe pour le démontrer : « car le cœur de ce peuple s’est épaissi, et ils ont ouï dur de leurs oreilles, et ils ont fermé leurs yeux » (13:15). C’est vraiment solennel. Ils ne pouvaient pas voir parce qu’ils avaient refusé de voir.
Quant aux disciples, le Seigneur les déclare bienheureux (13:16). Ils étaient privilégiés, et nous le sommes aussi : « car en vérité, je vous dis, que plusieurs prophètes et plusieurs justes ont désiré de voir les choses que vous voyez, et ils ne les ont pas vues, et d’entendre les choses que vous entendez, et ils ne les ont pas entendues » (13:17).
Matthieu 13 est souvent désigné comme « les sept paraboles du royaume des cieux ». Cependant, on peut faire le compte différemment :
●
Six paraboles
Il est dit six fois dans ce chapitre que « le royaume des cieux est (ou a
été fait) semblable » à quelque chose (13:24, 31, 33, 44, 45, 47).
●
Sept paraboles
La parabole du semeur (13:3-9) n’est pas introduite par la même phrase, mais
est parfois considérée comme une parabole du royaume des cieux. Il s’agit bien
d’une parabole, car elle est précédée des mots « il leur dit beaucoup de
choses par des paraboles », les disciples la qualifient de «parabole» (13:10),
et le Seigneur le confirme (13:13). Il est également vrai qu’elle traite des « mystères
du royaume » (13:11) et qu’elle compare la semence à la « parole du
royaume » (13:19). Cependant, comme nous le verrons, le membre de phrase « le
royaume des cieux est semblable » a été omis pour une raison précise.
●
Huit paraboles
L’expression « le royaume des cieux est semblable » apparaît
également au v. 52, ce qui peut être interprété comme une autre parabole.
Cependant, ici, c’est « tout scribe qui a été fait disciple du royaume des
cieux » qui est assimilé à quelque chose (dans ce cas, un maître de
maison), et non le royaume en tant que tel.
●
Dix paraboles
Certains parlent de dix paraboles du royaume des cieux. Ils comptent les six
paraboles de Matthieu 13 et ajoutent les quatre autres paraboles du royaume des
cieux dans d’autres chapitres (18:23 ; 20:1 ; 22:2 ; 25:1).
Le tableau suivant donne un aperçu de ces paraboles et, le cas échéant, leur explication par le Seigneur.
N° |
Parabole |
Référence (Matt. 13) |
Explication |
1 |
Le semeur |
13:3-9 |
13:18-23 |
2 |
L’ivraie parmi le blé |
13:24-30 |
13:36-43 |
3 |
Le grain de moutarde |
13:31-32 |
|
4 |
Le levain |
13:33 |
|
5 |
Le trésor dans le champ |
13:44 |
|
6 |
La perle de grand prix |
13:45-46 |
|
7 |
Le filet jeté dans la mer |
13:47-50 |
|
8 |
Le maître de maison |
13:52 |
|
9 |
Le roi qui demande des comptes à ses serviteurs |
18:23-35 |
|
10 |
Le maître qui engage des ouvriers |
20:1-16 |
|
11 |
Le roi qui fait des noces pour son fils |
22:2-14 |
|
12 |
Les dix vierges |
25:1-13 |
|
Dans cet article, pour les raisons évoquées, les références aux « sept paraboles » concernent les sept premiers éléments du tableau ci-dessus.
Trois passages de la Bible contiennent un survol, une série de sept éléments, et il existe une relation intéressante entre eux. Ces trois passages sont :
Lévitique 23 : les sept fêtes à l’Eternel ;
Matthieu 13 : les sept paraboles du royaume ; et
Apocalypse 2-3 : les sept lettres aux sept églises.
Les deux derniers remplissent le grand vide laissé au milieu du premier. Lévitique 23 établit le calendrier juif qui, de manière prophétique, montre le plan de salut de Dieu pour son peuple terrestre, Israël, depuis la croix (la Pâque) jusqu’au règne millénaire (la fête des Tabernacles). Les quatre premières fêtes ont déjà été accomplies (jusqu’à la Pentecôte). Les trois dernières se réfèrent à l’avenir d’Israël.
Entre les quatre premières et les trois dernières fêtes, il y a un intervalle long mais indéterminé (historiquement, la durée exacte différait d’une année à l’autre). Cet intervalle prophétique (entre la Pentecôte et la fête des trompettes, c’est-à-dire le rassemblement futur d’Israël) représente l’ère chrétienne, le temps dans lequel nous vivons. Il est couvert par Matthieu 13 et Apocalypse 2-3, bien qu’avec un accent différent : Matthieu 13 montre le développement du royaume et Apocalypse 2-3 décrit le témoignage public de l’Église pendant cette période.
Le sujet du royaume est vaste, et il est plus à traiter dans un livre que dans un paragraphe. En résumé, le plan de Dieu pour la première création prévoyait le règne d’un homme sur la terre (Gen. 1:28). Après sa chute, Dieu a révélé Son dessein qu’Un autre homme prenne la place de suprématie : le Fils de l’homme, sous les pieds duquel toutes choses seront mises (Ps. 8:6). En même temps, ce sera le Seigneur qui régnera, et ce « à toujours et à perpétuité » (Ex. 15:18). L’Ancien Testament est plein de descriptions élogieuses de ce royaume à venir. Il montre en particulier que :
Il s’agira d’un royaume littéral, dont le centre sera à Jérusalem ou Sion (Ps. 2:6 ; Ésa. 2:3 ; 24:23 ; 52:7) (*).
(*) De nombreuses autres références confirment la même chose (par ex : Ésaïe 12:6 ; 27:13 ; 60:14 ; 62:1-12 ; 66:10-20 ; Jérémie 3:17 ; Joël 3:16, 17 ; Michée 4:7, 8 ; Sophonie 3:14-17 ; Zachée 2:10-12 ; 14:16-21).
Le royaume sera introduit par le jugement (Ps. 2:6-9 ; 110:1-2 ; Dan. 2:44-45 ; 7:13-14, 26-27 ; Ésa. 66:15-16).
Ce sera un royaume marqué par la justice et la paix (Ps. 72 ; És. 2:2-4 ; 9:6-7 ; 32:17 ; Mich. 4:3-4 ; Zach. 14:9).
Ce royaume s’étendra aux nations non juives. Elles seront soumises à Israël (Ésa. 11:10 ; 14:1-2 ; 32:1 ; 49:22-26 ; 60:2-16 ; 61:5-9 ; Dan. 7:13-14 ; Michée 5:7-8 ; Zach. 8:22-23 ; 14:9).
Prenons maintenant ces deux points ensemble : l’Ancien Testament promet un royaume littéral sous la direction du Messie, et les douze premiers chapitres du Nouveau Testament nous informent que ce royaume a été offert à Israël sous la forme de son roi, mais qu’Il a été rejeté. Cela soulève la question : Que va-t-il se passer maintenant ? Le royaume sera-t-il perdu à jamais, ou le roi écrasera-t-il ses ennemis et établira-t-il néanmoins Son royaume ?
C’est exactement à ce moment-là que nous trouvons les paraboles du royaume des cieux - qui répondent à ces questions : ce n’est ni l’un ni l’autre. Au contraire, le royaume va maintenant devenir une affaire de mystères (13:11), c’est-à-dire prendre une forme mystérieuse, non comprise par le monde.
Le royaume est désigné comme « le royaume des cieux ». Ce terme est utilisé 32 fois dans la Bible et, de manière significative, toutes ces références se trouvent dans Matthieu (la raison étant que cette désignation est liée au changement de dispensation, qui est le point central de Matthieu). Dans les douze premiers chapitres, nous apprenons que ce royaume s’est maintenant approché (par exemple, 3:2). Maintenant, ses « mystères » sont dévoilés (13:11).
Alors, qu’est-ce que le royaume des cieux ? S’il est le même que le royaume de l’Ancien Testament, pourquoi est-il appelé « royaume des cieux », et est-il le même que le « royaume de Dieu » ? En guise de réponse brève :
Il s’agit du même royaume que celui promis dans l’Ancien Testament, mais lorsqu’on parle du « royaume des cieux », l’accent est mis sur la phase du royaume où Christ est absent (*).
(*) Il existe une référence dans laquelle le terme « royaume des cieux » est utilisé d’une manière qui s’étend au-delà de cette période d’absence de Christ (Matthieu 8:11) - mais c’est le même royaume.
Le Seigneur l’a appelé le royaume des cieux parce que Lui — le roi — avait été rejeté sur terre, et qu’après Sa mort et Sa résurrection, Il serait au ciel. Le royaume n’est pas dans les cieux, mais sur la terre — il est en rapport avec le champ, le monde (13:38), il y a un ennemi actif, il y a des épines, les soucis de cette vie, la tromperie des richesses, etc.
L’expression « royaume de Dieu » souligne l’aspect moral du royaume (cf. Rom 14:17). Elle est utilisée cinq fois dans Matthieu (6:33 ; 12:28 ; 19:24 ; 21:31, 43) en relation avec des choses qui étaient vraies avant l’ascension du Seigneur.
Les sept paraboles du royaume en Matthieu 13 illustrent l’origine du royaume. Le semeur sème la semence. Cela se passe pendant le service du Seigneur sur terre et donc avant Son ascension au ciel, c’est pourquoi cette parabole n’est pas appelée une similitude du royaume des cieux.
Les six autres paraboles décrivent son développement pendant la période d’absence du roi. Les trois premières paraboles se rapportent au développement extérieur :
1. L’ivraie — Satan introduit dans le royaume ce qui est faux et le gâche.
2. Le grain de moutarde — Le royaume grandit à partir d’un tout petit début pour devenir un immense système.
3. Le levain — Le mal entre et imprègne de plus en plus le royaume.
C’est exactement ce qui s’est matérialisé dans l’histoire de l’église. On a dit (WK) que c’est « le développement de ce qui était grand dans sa petitesse jusqu’à ce qu’il devienne petit dans sa grandeur sur la terre ». L’idée que les choses s’amélioreront progressivement pendant le temps du royaume et que, d’une manière ou d’une autre, la prédication de l’évangile conduira à la conversion du monde va à l’encontre (non seulement de l’observation mais aussi) de l’enseignement clair de ce chapitre. C’est faire la confusion entre « l’évangile du royaume » et un « royaume de l’évangile » imaginaire. Le règne sera établi en puissance, par le jugement, et non par l’évangile.
Les trois dernières paraboles décrivent ce qui a de la valeur dans le royaume :
4. Le trésor — La valeur des croyants
5. La perle — La valeur, l’unité et la beauté de l’église
6. Le filet jeté dans la mer — Le résultat de l’évangile, et le jugement à la fin.
Ainsi, malgré les efforts de l’ennemi — malgré l’intrusion du mal — il y a dans le royaume ce qui est authentique et précieux pour Dieu.
Alors que les quatre premières paraboles ont été dites depuis la barque pour que la foule puisse entendre (13:2), le Seigneur a adressé les trois dernières aux disciples seulement, après avoir renvoyé la foule et être entré dans une maison avec les disciples (13:34-36).
Le royaume n’est pas synonyme d’église (ou : assemblée). L’Église est composée de vrais croyants, de pierres vivantes, de membres du corps de Christ. Le royaume contient tout cela, mais aussi des chrétiens de nom. Cela explique pourquoi il faut laisser le froment (= blé) et l’ivraie croître ensemble dans le royaume, alors que dans l’église, ce qui est semé par l’ennemi doit être jugé ; et c’est pourquoi le levain, un type du mal, imprègne le royaume, mais n’est pas autorisé dans l’église (1 Cor. 5:6, 13 ; Gal. 5:9).
Ainsi, si le Seigneur a prédit que le royaume prendrait une forme mystérieuse — qu’il existerait dans ce monde comme une sphère où le Christ serait professé (et obéi par certains) — est-ce là l’accomplissement final des prophéties de l’Ancien Testament relatives au royaume ? En d’autres termes : Le royaume littéral est-il encore à venir, ou a-t-il été remplacé par le royaume des cieux ?
Il est clair que le royaume promis dans l’Ancien Testament (un royaume littéral, ayant son centre à Jérusalem, s’étendant aux nations, introduit par le jugement et marqué par la justice et la paix) n’est pas arrivé. Pour quiconque fait confiance à Dieu et à ses promesses, la conclusion est aussi inévitable qu’heureuse : Le royaume littéral est encore à venir. Peut-être plus précisément : la phase dans laquelle le royaume prend la forme littérale prédite dans l’Ancien Testament est encore à venir. Il s’agit du même royaume, mais de deux phases très différentes. L’une est marquée par l’absence du roi et l’autre par la présence du roi.
Ceci est parfaitement conforme à l’enseignement de Christ dans et après Matthieu 13. Nulle part Il ne donne la moindre indication de remplacement. Au contraire :
Au chapitre 19, Il prédit qu’un temps viendra où « le Fils de l’homme sera assis sur le trône de sa gloire, et vous serez assis sur douze trônes, pour juger les douze tribus d’Israël » (v. 28).
Au chapitre 23, le Seigneur précise que cela ne se produira qu’après leur repentance (v. 39).
Au chapitre 24, Il annonce Sa venue future sur les nuées, avec puissance et gloire (v. 30).
En Matthieu 25, Il lie Sa venue en puissance au jugement des nations et à l’héritage du royaume (v. 31-34).
En Actes 1, lorsque les disciples lui demandent, juste avant son ascension : « Seigneur, est-ce maintenant que tu rétablis le royaume en Israël ? » (v. 6), ils font référence à l’attente d’un royaume littéral. Rien dans la réponse du Seigneur n’a donné la moindre indication que cette attente était fausse. Il a seulement fait remarquer qu’ils ne devaient pas connaître le moment où cela se produirait.
Après Sa résurrection, les auteurs du Nouveau Testament ont confirmé la perspective de Sa venue en puissance, suivie du jugement de Ses ennemis et de l’établissement du futur royaume littéral (par exemple, Actes 3:21 ; 17:31 ; Rom. 8:19-22 ; Col. 3:4 ; 2 Thess. 1:7-8 ; Héb. 1:13 ; 10:13 ; etc.). Le livre de l’Apocalypse confirme que le règne de 1000 ans est encore futur (« après ces choses » - Apoc. 1:19 ; 4:1) et qu’il est précédé par l’apparition de Christ, le jugement des ennemis de Dieu, le fait que Satan soit lié et la première résurrection (19:11-20:5).
Si cette perspective existait encore au moment de la rédaction du Nouveau Testament (jusqu’à la fin du premier siècle de notre ère), il est clair que le royaume littéral n’a pas pu être remplacé par le royaume des cieux : « Car les dons de grâce et l’appel de Dieu sont sans repentir [c’est-à-dire : irrévocables] » (Rom. 11:29).