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La Gloire du Père et du Fils

 

 

Trois lettres à un frère

 

par Henri Rossier

Table des matières :

1     Première lettre — Jean 12.

2     Deuxième lettre — Jean 13:31-32.

3     Troisième lettre — Jean 17:1-4.

 

1                    Première lettre — Jean 12

Cher frère,

 

Votre question au sujet de Jean 17:1-4, embrasse d’autres passages du même évangile qui m’ont tout dernièrement édifié et même singulièrement ému. Permettez-moi de vous les exposer dans ces lettres.

Vous savez, car cela a été souvent remarqué parmi nous, que, dans les chap. 11 et 12 de l’évangile de Jean, Dieu rend témoignage à son Fils, au sujet de sa gloire future, avant que, rejeté du monde, il ait été élevé sur la croix.

Le premier de ces témoignages, nous le trouvons dans la résurrection de Lazare. C’est dans ce fait miraculeux que Marthe, et d’autres avec elle, voient la gloire de Dieu (11:40). Le caractère divin de Celui qui ressuscite les morts était ainsi manifesté dans la personne de Jésus ici-bas. Il était déterminé Fils de Dieu par la résurrection de Lazare, avant de l’être en puissance par sa propre résurrection (Rom. 1:4). C’est donc ici le témoignage rendu à son caractère comme Fils de Dieu.

Au chap. 12:12-16, nous trouvons le second témoignage rendu à Jésus. Le Messie des Juifs, Jéhovah, dont le nom devait être «magnifique par toute la terre» (Ps. 8:1), allait au-devant de la croix, mais non sans que Dieu laissât au milieu du peuple qui l’avait rejeté et couvert d’outrages, un témoignage à sa gloire royale future, par la bouche des disciples et par celle «des petits enfants et de ceux qui tètent» (Ps. 8:2). Sans doute les agents de ces louanges n’en comprenaient pas la portée. C’était Dieu qui dirigeait jusqu’aux moindres détails de cette scène, pour revendiquer lui-même, envers et contre tous, la gloire de son Roi qu’il voulait oindre sur Sion (Ps. 2:6), gloire dont parle le prophète quand il dit : «Réjouis-toi avec transports, fille de Sion ; pousse des cris de joie, fille de Jérusalem ! Voici, ton roi vient à toi ; il est juste et ayant le salut, humble et monté sur un âne, et sur un poulain, le petit d’une ânesse» (Zach. 9:9). Les disciples qui d’abord n’avaient pas compris ces choses, s’en souvinrent quand Jésus eut été glorifié, c’est-à-dire fut monté dans la gloire céleste (v. 16). Le Saint Esprit les leur remit en mémoire, et ils comprirent alors que non seulement l’oint de l’Éternel devait être glorifié dans le ciel, selon ce qui était dit : «Tu as mis ta majesté au-dessus des cieux» (Ps. 8:1), mais qu’il devait l’être plus tard sur la terre, en vertu de sa résurrection, acclamé par son peuple sur la scène et à l’endroit même de son rejet et de sa crucifixion.

La scène de Jérusalem était donc un témoignage de Dieu à son Oint, au Messie, au Roi d’Israël.

Ce même chap. 12:20-24, nous présente le troisième témoignage. Quelques Grecs, d’entre les nations, qui reconnaissaient le Dieu d’Israël, étaient «montés pour adorer pendant la fête» et demandent aux disciples de les présenter à Jésus. Le Seigneur répond, disant : «L’heure est venue pour que le Fils de l’homme soit glorifié» (v. 23).

Ces mots : «L’heure est venue,» fréquents dans l’évangile de Jean (2:4 ; 7:30 ; 8:20 ; 12:23 ; 13:1 ; 17:1), signifient toujours dans cet évangile (comp. Marc 14:41), l’heure de la croix, mais de la croix en rapport avec ses résultats glorieux qui ne sont jamais séparés des souffrances du Seigneur (*).

(*) «L’heure» ou «cette heure» (Marc 14:35 ; Jean 12:27) signifie simplement la croix. «Votre heure», c’est la croix envisagée comme l’oeuvre de l’homme, du monde et de Satan (Luc 22:53).

Ainsi, dans le passage qui nous occupe, le Seigneur annonce que le Fils de l’homme sera glorifié en vertu de la croix. Il annonce, comme devant avoir lieu plus tard, un résultat spécial de sa mort, résultat auquel Dieu rendait témoignage d’avance par l’arrivée de ces quelques Grecs. Il fallait, non seulement que le Fils de Dieu et que le Messie fussent glorifiés en résurrection, mais que le Fils de l’homme le fût de la même manière. Il sera alors reconnu des nations. Cela aura lieu dans un temps futur par la conversion des gentils, amenés à Christ par le témoignage du résidu d’Israël, et introduits dans le royaume du Fils de l’homme, auquel le Seigneur mettra toutes choses sous ses pieds (Ps. 8:6). Mais aujourd’hui cela a lieu par l’Évangile «prêché parmi les nations» (1 Tim. 3:16), à la suite de la mort et de la résurrection du Fils de l’homme. Le grain de blé tombant en terre et mourant a porté beaucoup de fruit en résurrection (v. 24). Quelle joie devait remplir l’âme du Sauveur à la pensée que Dieu, son Dieu, lui donnerait ainsi le fruit glorieux de ses souffrances comme homme ici-bas ! Sa glorification consiste donc dans ce passage en ce que les nations, amenées à partager le bienfait de sa mort, seront introduites dans la sphère des bénédictions qui jusqu’alors appartenaient exclusivement au peuple d’Israël.

En contraste avec les paroles triomphantes du v. 23, nous trouvons au v. 27 : «Maintenant mon âme est troublée». Après avoir célébré le résultat de la croix, Jésus se retrouve devant elle. C’est ce que le mot «maintenant» signifie ici. Comment l’âme du Sauveur ne serait-elle pas troublée à la pensée que «cette heure» va constituer pour Lui l’interruption de la communion avec le Père, ainsi que l’abandon de Dieu (*) ? À ce sujet, j’ai souvent remarqué que la Parole dit du Seigneur : «Il se troubla» (11:33), ou comme ici : «Mon âme est troublée,» ou encore : «Jésus fut troublé dans son esprit» (13:21), mais que son coeur, le siège de ses affections, ne fut jamais troublé, comme ce fut le cas des disciples (14:1). Rien ne venait ternir, ni voiler, ne fût-ce que pour un instant, l’amour dont il était rempli et qui le conduisait résolument à la croix sans protester, sans ouvrir la bouche, afin que le désir infini de son coeur qui était de nous sauver, pût être accompli. Mais son âme est troublée jusque dans ses plus profondes racines. Pouvait-il désirer de perdre la jouissance de la communion du Père, lui qui en avait joui de toute éternité ? Cher frère, combien l’angoisse terrible de l’âme de Christ, devant cette séparation, ne comportant que trois heures dans l’existence éternelle du Fils de Dieu, devrait parler à nos consciences ! Nous inquiétons-nous beaucoup de la communion perdue ? Combien d’heures, de jours, de mois souvent, d’années parfois, passent dans nos vies sans la jouissance de cette communion, tandis que, devant cette interruption momentanée, le Seigneur disait : «Maintenant, mon âme est troublée !» Notez que les souffrances extérieures de la croix, la couronne d’épines, les moqueries et la violence, les clous, sa soif abreuvée de vinaigre, l’exposition aux regards d’hommes sans coeur et sans pitié, quelque amèrement qu’il les ait ressenties, ne sont nullement ce qui trouble son âme sainte. Il l’exprime bien dans son angoisse, quand il ajoute : «Et que dirai-je ? Père, délivre-moi de cette heure ?» Va-t-il demander au Père de montrer son amour envers Lui, son Fils bien-aimé, en Lui épargnant cet abandon et en le délivrant de la croix ? Oh ! merveilleux amour de Jésus ! Lui qui savait à fond ce que valait l’amour du Père, et qui l’appréciait, comme seul un coeur divin pouvait le faire, il ne dira pas : «Délivre-moi de cette heure». Non, il ne le dira pas, car c’était pour cela qu’il était venu à cette heure. Ce qu’il dit, c’est : «Père, glorifie ton nom !» Pour le Père, glorifier son nom, n’était pas autre chose que montrer son amour envers nous en n’épargnant pas à son Fils l’abandon de la croix, en ne l’en délivrant pas, en le donnant pour nous. Quels trésors d’amour dans ces paroles : «Père glorifie ton nom !» Et comme, dans cette heure solennelle, le coeur du Père et du Fils battent à l’unisson, dans un même sacrifice, dans un même dévouement, dans un même amour infini — et pour qui donc ? Pour nous, sans force, pécheurs, impies, ennemis de Dieu, ennemis de Christ !

(*) Ces deux choses sont également vraies, seulement la première est mise en avant dans l’évangile de Jean qui révèle le Père, la seconde dans les évangiles de Matthieu et de Marc. Mais afin d’éviter tout malentendu, il est bon d’insister sur le fait que le sacrifice de Christ montait tout entier devant Dieu en parfum de bonne odeur et que jamais le Père ne fut plus glorifié que par l’offrande de son Fils à la croix. Aussi n’est-il jamais dit que le Père ait abandonné son Fils.

À cette parfaite abnégation de son Bien-aimé, préférant à la manifestation de l’amour du Père envers Lui, celle de l’amour du Père envers nous, à ce renoncement sublime, comment le Père n’aurait-il pas répondu ? «Il vint donc une voix du ciel : Et je l’ai glorifié, et je le glorifierai de nouveau» (v. 28). Il avait glorifié son nom de Père en confiant à son Fils la résurrection dont Lazare n’était qu’une faible image, puisqu’il le ressuscitait pour la terre ; il allait le glorifier de nouveau en ressuscitant son Fils pour le ciel, lui, déclaré Fils de Dieu en puissance par sa propre résurrection, lui, «ressuscité d’entre les morts par la gloire du Père» (Rom. 1:4 ; 6:4). Mais en outre, comme nous l’avons déjà dit il fallait pour cette gloire que le grain tombant en terre portât beaucoup de fruit en résurrection. Ce n’est pas seulement dans la résurrection de Christ que le Père est glorifié. Son amour voulait nous donner la même place qu’à son Bien-aimé, auteur de notre salut. Cette résurrection du Fils nous a acquis actuellement la résurrection de nos âmes. Nous sommes «vivifiés ensemble avec lui» ; nous avons été «ressuscités avec le Christ» (Éph. 2:5-6 ; Col. 3:1). Elle va nous acquérir, dans un avenir très prochain, la résurrection de nos corps qui est «la première résurrection».

 

Ainsi le Père était pleinement glorifié, en donnant son Fils dans son amour pour nous, et en ressuscitant son Fils et nous avec Lui.

Si Dieu le permet, j’examinerai dans une seconde lettre la partie de notre sujet contenue dans le chapitre 13.

 

Votre affectionné en Christ.

 

2                    Deuxième lettre — Jean 13:31-32.

 

Vous savez, cher frère, que dans les chap. 13 à 17 de l’évangile de Jean, le Seigneur se présente à ses disciples comme ayant pris une position céleste à la suite de l’oeuvre de la croix. Il leur parle des ressources, des bénédictions qui résulteraient pour eux de son départ, en y ajoutant le don du Saint Esprit comme Consolateur ; il cherche à leur faire comprendre combien il est avantageux pour eux qu’il s’en aille.

Je ne vous rappelle ceci que pour éclairer le point spécial sur lequel vous désiriez des explications.

Au commencement du chap. 13, nous retrouvons l’expression déjà notée au chapitre précédent : «Jésus, sachant que son heure était venue pour passer de ce monde au Père...» Ces mots sont comme le prélude de tous les chapitres suivants. Le Seigneur présente sa mort comme une chose qui a déjà porté ses conséquences. Il «passe de ce monde au Père». Ce n’est pas, comme au chap. 12, l’heure venue «pour que le Fils de l’homme soit glorifié,» mais pour que le Fils de Dieu retourne au Père qu’il était venu manifester dans ce monde. Il se lève du souper terrestre auquel il s’était assis avec ses disciples et abandonne cette association avec eux ici-bas, afin de les associer avec lui, dans le ciel. C’est là qu’il retourne, de là qu’il s’abaisse en amour dans cette partie du service sacerdotal qui est son office d’avocat, afin de leur laver les pieds et de les mettre à même d’avoir part ou communion avec Lui dans cette position nouvelle. Il fallait pour cela que son heure fût venue, qu’il eût passé par les souffrances de la croix.

Après leur avoir lavé les pieds, il est troublé dans son esprit devant la trahison de «son intime ami qui lève le talon contre lui,» mais quand le traître a disparu dans la nuit du dehors, le Seigneur s’écrie :

«Maintenant le Fils de l’homme est glorifié» (v. 31).

C’est un autre maintenant qu’au chapitre précédent. Le maintenant du trouble (12:27) était l’anticipation de la croix. Celui de notre chapitre est le maintenant présent de la gloire du Fils de l’homme sur la croix.

Et comme nous avons un autre «maintenant», nous avons aussi une autre gloire. Au chap. 12:23, une gloire future était la conséquence des souffrances du Sauveur ; ici, nous trouvons la gloire présente de la croix elle-même, la glorification du fils de l’homme par ce qui, aux yeux du monde, semblait être le comble de l’ignominie. La lumière éclatante émanant de cet homme mis au rang des malfaiteurs et des iniques, resplendit sur la croix même, lieu, pour Lui, de l’opprobre et de la malédiction.

«Dans la honte a brillé sa gloire».

En quoi consistait donc, cette gloire de la croix ? Quand l’homme, par sa désobéissance, était entièrement privé de la gloire de Dieu, et que tout était perdu pour lui, lorsque par lui le Dieu saint avait été déshonoré, un homme se présente. Cet homme vient pour faire la volonté de Dieu ; il vient obéir ; il est tout seul, il n’a de secours d’aucune sorte, ni sur la terre, ni de la part de l’homme ; il se présente pour accomplir l’oeuvre qui lui est confiée ; il va jusqu’à la croix et le ciel lui est fermé ; Dieu ne vient pas à son secours. Ce n’est pas comme Fils de Dieu, mais comme Fils de l’homme qu’il entreprend cette oeuvre. Il rétablit dans sa personne la gloire de l’homme quand l’homme pécheur avait été exclu de la gloire de Dieu Ses souffrances indicibles qui culminent dans l’abandon de Dieu, parce que cet homme, fait péché, devait être chargé de la colère divine, ses souffrances ne servent qu’à mettre en évidence sa perfection absolue, et c’est là précisément ce que signifie la gloire. Le Fils de l’homme est glorifié, la gloire de sa personne éclate à la croix.

Mais il est encore glorifié en menant à bonne fin, par lui-même, une oeuvre incommensurable, puisque ses résultats ont l’éternité pour limite. Il l’accomplit sans rien laisser à y ajouter. Cette oeuvre est d’un côté le salut des pécheurs, chose infinie en elle-même, quand on songe que le salut est non seulement nos péchés ôtés, toutes leurs conséquences (esclavage de Satan, mort et jugement) annulées ; l’ennemi vaincu, les oeuvres du diable détruites, le péché ôté du monde, aboli dans l’avenir et pour l’éternité - mais que le salut est encore des hommes amenés à Dieu, des enfants amenés au Père, des fils de Dieu amenés à la gloire, héritiers de Dieu et cohéritiers de Christ.

En présence de tels résultats, le Sauveur pouvait dire : «Maintenant le Fils de l’homme est glorifié».

Il ajoute : «Et Dieu est glorifié en lui». Ce qui rendait I’oeuvre de la croix glorieuse entre toutes, c’est qu’elle était la glorification de Dieu et cette glorification accomplie dans un homme. Un homme se trouvait là — et à quelle place ! — pour glorifier Dieu ; Dieu, remarquez-le, non pas le Père. Ce dernier avait été glorifié par son Fils à chaque pas de sa carrière comme homme ici-bas, en sorte qu’il pouvait dire au Père : «Je t’ai glorifié sur la terre». Il était encore glorifié sur la croix dans ce caractère de Père, en manifestant son amour dans le don de son Fils ; — mais ici, Dieu est glorifié, Dieu, dans toute la perfection et la plénitude de son Être. Dieu qui est lumière, Dieu qui est amour, Dieu dans sa sainteté, dans sa justice, dans sa Majesté, et cela au sujet du péché et en salut pour tous. Toute sa gloire, en un mot, a été revendiquée publiquement, mise en évidence aux yeux de tous, manifestée une fois à la croix où elle reste établie pendant l’éternité.

 

Oui, c’est Dieu glorifié, non par le Fils éternel, mais dans un homme, compté parmi les iniques, placé au plus bas de l’échelle de l’humanité, dans un homme dont le monde corrompu se détournait, lui montrant son dégoût par ses crachats, dans un homme auquel se dérobait le ciel revêtu de noirceur, et que Dieu abandonnait en lui cachant sa face !

«Si Dieu est glorifié en lui,» quelle en sera nécessairement la conséquence ? «Dieu aussi le glorifiera en lui-même ; et incontinent il le glorifiera» (v. 32). Dieu glorifie cet homme en Lui-même ; il lui fait partager, ou plutôt il l’introduit dans sa propre gloire. Attendra-t-il encore pour le glorifier ? Non, certes, il l’y introduira incontinent. La glorification de Dieu est si complète, si définitive, si absolue, qu’il n’existe pas une raison quelconque pour retarder en quoi que ce soit la récompense que Dieu doit à cet homme, en le plaçant au centre même de la gloire divine !

Quand nous pensons, cher frère, que cette place du Fils de l’homme est la nôtre, que toute son obéissance, toutes ses souffrances — et quelles souffrances ! — ont convergé vers le but qu’il atteint, de nous donner dans la gloire la même place qu’à Lui, comment nos yeux ne seraient-ils pas remplis de larmes de reconnaissance, et n’exalterions-nous pas l’amour du Fils de l’homme, notre adorable Seigneur et Sauveur ?

Votre affectionné dans Celui qui est notre part et notre espérance.

 

3                    Troisième lettre — Jean 17:1-4.

 

Je puis enfin, un peu tard en apparence, répondre dans cette troisième lettre à votre question. Vous me demandiez ce que signifiaient en Jean 17, ces mots

«Glorifie ton Fils, afin que ton Fils te glorifie».

Aux chapitres 11 et 12, nous avons vu, dans les témoignages que Dieu a rendus à Christ, sa glorification future comme Fils de Dieu, comme Roi d’Israël et comme Fils de l’homme ; puis, au chap. 13, sa glorification présente comme Fils de l’homme sur la croix. Ici, nous le voyons glorifié comme Fils du Père.

Mais reprenons ce passage en détail.

Dans ce chap. 17, les disciples ont l’inappréciable privilège d’assister à l’entretien du Fils avec le Père à leur sujet. Ces êtres si faibles, si durs de coeur, si ignorants, apprennent qu’ils sont les objets de la sollicitude et de l’amour du Père et du Fils. Ce que veut le Fils, c’est, d’une part, introduire les siens dans la relation dans laquelle il est lui-même avec le Père, et, d’autre part, les introduire vis-à-vis du monde, dans la position qu’il quitte pour monter en haut, mais dans laquelle il les laisse, pour être ses témoins et les témoins du Père à sa place.

Jésus «leva ses yeux au ciel, et dit : Père, l’heure est venue». Ce n’est pas, comme au chap. 12. «l’heure est venue pour que le Fils de l’homme soit glorifié,» ou, comme au chap. 13, «pour passer de ce monde au Père,» mais simplement : «L’heure est venue». La croix est un fait accompli, n’attendant plus que son résultat immédiat. «Père, l’heure est venue ; glorifie ton Fils». Ce n’est pas, comme au chap. 13, la glorification du Fils de l’homme sur la croix, mais celle du Fils, introduit dans la gloire du Père.

 

«Glorifie ton Fils,» dit-il, mais pourquoi ? «afin que ton Fils te glorifie». Pense-t-il à lui-même ? Non, il n’a qu’un but, c’est d’entrer dans la gloire, non pour lui, mais afin que par lui son Père soit glorifié. Et ce qui glorifie le Père, c’est que Jésus, recevant de Lui, dans la gloire, la puissance et le droit d’exercer son autorité sur toute chair, se sert de cette puissance pour donner la vie éternelle à tout ce que le Père lui a donné. Il monte auprès du Père dans la gloire, afin de pouvoir nous donner la vie éternelle !

La vie éternelle ! Cet évangile et les épîtres du même apôtre nous renseignent à son égard. Le Seigneur nous la communique en vertu de la foi en Lui ; elle est en nous le fruit du don du Saint Esprit envoyé par Lui du sein de la gloire. Cette vie nous met en rapport avec le Père ; par elle nous pouvons le connaître, jouir de Lui et de sa communion.

Comme Jésus avait glorifié le Père sur la terre, et achevé son oeuvre sur la croix, il glorifie maintenant le Père dans la gloire. En nous communiquant la vie éternelle, il nous introduit dans sa propre relation avec le Père, possédant la nature et le caractère qu’il possède lui-même. Nous pouvons dire : «Béni soit le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus Christ qui nous a bénis de toute bénédiction spirituelle dans les lieux célestes en Christ; selon qu’il nous a élus en lui, avant la fondation du monde, pour que nous fussions saints et irréprochables devant lui, en amour» (Éph. 1:3-4). C’est de cette manière que le Fils glorifie le Père.

Mais remarquez un peu plus loin dans ce chapitre une autre chose, et de quelle importance pour nous, les rachetés du Seigneur! Le Fils n’est pas seulement glorifié dans le ciel pour y introduire les siens dans tous les bienfaits de sa position devant le Père. Pendant son absence, il veut encore être glorifié sur la terre dans les siens qu’il y a envoyés. Il dit : «Je suis glorifié en eux» (v. 10). Il veut que son caractère, que ses perfections, soient mis en évidence dans ses bien-aimés devant le monde, afin que le monde croie que c’est le Père qui a envoyé son Fils (v. 21).

Et quand nous serons «consommés en un» avec Lui en gloire (v. 23), il faudra que le monde connaisse en nous voyant, que le Père avait envoyé son Fils et nous avait aimés du même amour dont il avait aimé Jésus.

Bien-aimé frère, apprécions-nous à sa valeur le fait que nous sommes les porteurs, devant le monde, de la gloire du Fils dans le ciel ? Quand le Seigneur, après nous avoir enlevés auprès de Lui, reviendra avec nous, ce sera pour être en ce jour-là glorifié dans ses saints et rendu admirable dans tous ceux qui auront cru. Mais Lui ne veut pas attendre ce moment pour être glorifié en nous. Il faut que son nom soit glorifié en nous dès maintenant, ici-bas, devant le monde, comme nous sommes glorifiés en Lui, devant le Père (2 Thess. 1:10-12). Oh ! puissions-nous mieux le comprendre, avoir plus à coeur de répondre, à son but en le représentant ici-bas, en étant une épître de Christ, connue et lue de tous les hommes !

«Et maintenant,» dit le Seigneur, «glorifie-moi, toi, Père, auprès de toi-même, de la gloire que j’avais auprès de toi, avant que le monde fût» (v. 5). Remarquez ce troisième «maintenant». Nous avons vu le maintenant d’avant la croix, le maintenant glorieux de la croix ; nous trouvons ici le maintenant éternel de la gloire.

Le Seigneur avait glorifié le Père sur la terre, achevé l’oeuvre qu’il lui avait donnée à faire. Il avait pleinement manifesté l’amour du Père en venant comme homme ici-bas, car c’est de l’oeuvre d’amour que le Père lui avait confiée, qu’il est question ici. Il avait fait éclater cet amour dans le don de lui-même sur la croix. Le salut était acquis, les péchés expiés, la puissance de Satan brisée pour notre délivrance, le voile déchiré pour nous donner accès dans le sanctuaire. À travers ce voile déchiré, les rachetés pouvaient entrer dans la maison du Père, avec la joie accomplie de la communion. N’était-il pas juste, en récompense d’une telle oeuvre, que le Père glorifiât Jésus Christ venu en chair, auprès de Lui-même, de la gloire qu’il avait comme Fils, auprès du Père, avant que le monde fût ?

Telle est sa part personnelle, la seule qu’il ne partage pas avec nous, parce que Lui seul était capable de la posséder. En vertu de son oeuvre, il est digne de rentrer dans sa propre gloire auprès du Père, dans la gloire qui lui appartenait de toute éternité comme Fils du Père, sans jamais y dépouiller son humanité.

Nous partagerons toutes ses gloires, mais cette gloire-là, nous la contemplerons. Nous verrons sa gloire, la gloire que le Père, dont il fait les délices, Lui a donnée, en vertu de son obéissance (v. 24). Nous trouverons nos propres délices à adorer l’Agneau glorieux, occupant tout seul le milieu du trône, et nous aurons plus de joie à exalter cette gloire qu’à jouir de la nôtre, quelque grande et élevée que soit notre position glorieuse autour de Lui, selon ce qu’il a dit : «La gloire que tu m’as donnée, moi, je la leur ai donnée» (v. 22).

Je vous quitte, cher frère, certain que vous partagez avec moi le désir que notre bien-aimé Seigneur et Sauveur vienne selon sa promesse, et que nous puissions enfin le voir tel qu’il est.

 

Votre affectionné.