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Seconde épître aux Thessaloniciens

 

E.A. Bremicker

 

Table des matières abrégée :

1      Introduction

2      Encouragement : Chapitre 1

3      Le jour du Seigneur et l’homme de péché : Chapitre 2, versets 1 à 12

4      Exhortations : Chapitre 2, versets 13 à 17 et chapitre 3

 

Table des matières détaillée :

1      Introduction

1.1     Origine de l’épître

1.2     Situation des Thessaloniciens

1.3     Les motifs de l’épître

1.4     Points communs et différences des deux épîtres

1.5     Plan de l’épître

2      Encouragement : Chapitre 1

2.1     Les souffrances pour le royaume de Dieu

2.2     2 Thes. 1:1

2.3     2 Thes. 1:2

2.4     2 Thes. 1:3

2.5     2 Thes. 1:4

2.6     2 Thes. 1:5

2.7     2 Thes. 1:6-7

2.8     2 Thes. 1:8

2.9     2 Thes. 1:9

2.10      2 Thes. 1:10

2.11      2 Thes. 1:11

2.12      2 Thes. 1:12

3      Le jour du Seigneur et l’homme de péché : Chapitre 2, versets 1 à 12

3.1     2 Thes. 2:1

3.2     2 Thes. 2:2

3.3     2 Thes. 2:3

3.4     2 Thes. 2:4

3.5     2 Thes. 2:5

3.6     2 Thes. 2:6-7

3.7     2 Thes. 2:8

3.8     2 Thes. 2:9

3.9     2 Thes. 2:10

3.10      2 Thes. 2:11

3.11      2 Thes. 2:12

4      Exhortations : Chapitre 2, versets 13 à 17 et chapitre 3

4.1     2 Thes. 2:13

4.2     2 Thes. 2:14

4.3     2 Thes. 2:15

4.4     2 Thes. 2:16

4.5     2 Thes. 2:17

4.6     2 Thes. 3:1

4.7     2 Thes. 3:2

4.8     2 Thes. 3:3

4.9     2 Thes. 3:4

4.10      2 Thes. 3:5

4.11      2 Thes. 3:6

4.12      2 Thes. 3:7

4.13      2 Thes. 3:8

4.14      2 Thes. 3:9

4.15      2 Thes. 3:10

4.16      2 Thes. 3:11

4.17      2 Thes. 3:12

4.18      2 Thes. 3:13

4.19      2 Thes. 3:14

4.20      2 Thes. 3:15

4.21      2 Thes. 3:16

4.22      2 Thes. 3:17

4.23      2 Thes. 3:18

 

 

1         Introduction

Le sujet central de cette seconde épître, comme celui de la première, est la venue du Seigneur. Il y a toutefois une assez grande différence entre les deux lettres. Dans la première, l’apôtre développe la grande vérité que le Seigneur — avant de paraître sur la terre en puissance et en gloire pour établir son règne — viendra d’abord prendre les siens auprès de lui (4:13-18). L’enlèvement des saints, qu’ils soient endormis ou vivants, est le grand sujet de cette première épître. Dans la seconde, cet enlèvement n’est mentionné qu’une fois (2:1). Le sujet, c’est la venue du Seigneur sur cette terre pour y établir publiquement son royaume ; c’est ce que la Bible nomme «le jour du Seigneur».

 

1.1       Origine de l’épître

Les croyants de Thessalonique étaient encore très jeunes dans la foi. Le livre des Actes nous raconte que Paul n’a fait qu’un court séjour dans cette ville, environ trois semaines, lors de son deuxième voyage missionnaire (17:1-9). Il avait dû quitter rapidement les nouveaux convertis et avait poursuivi son voyage vers Athènes et Corinthe. Il leur restait toutefois très attaché et était préoccupé par leur état spirituel, bien qu’il n’ait pas de doute quant à leur bon état pratique et à leur témoignage exemplaire. D’une part, il avait entendu dire bien des choses positives à leur égard, et il s’en réjouissait grandement. D’autre part, il éprouvait de l’inquiétude, sachant qu’ils n’étaient pas au clair sur certaines questions de doctrine.

Après son séjour à Thessalonique, Paul s’était dirigé vers le sud et, passant par Athènes, était arrivé à Corinthe. Timothée, l’un de ses compagnons de voyage, était retourné depuis Athènes à Thessalonique pour s’enquérir du bien-être des croyants de cette ville et en rapporter des nouvelles (1 Thess. 3:2). Lorsqu’il les reçut, l’apôtre écrivit sa première lettre, depuis Corinthe (v. 6). Peu de temps après, il écrivit la seconde, en réponse à de nouvelles questions des Thessaloniciens concernant le retour du Seigneur. Elle fait donc directement suite à la première. Par qui ces questions furent transmises à Paul, nous ne le savons pas.

L’intervalle de temps entre les deux épîtres est peut-être de quelques semaines, tout au plus de quelques mois. Quoi qu’il en soit, Paul, Silvain (*) et Timothée (déjà nommés dans la première lettre) étaient encore ensemble. Selon ce que nous savons par Actes 18:1 à 5, ils se trouvaient encore à Corinthe. Il est admis que l’épître a été écrite dans les années 52 à 54 (selon quelques-uns même encore plus tôt). C’est une des premières en date, probablement la deuxième, des épîtres de Paul.

 

(*) Nous avons toutes raisons de penser que Silas et Silvain sont une même personne

 

1.2       Situation des Thessaloniciens

L’assemblée des Thessaloniciens était formée de croyants convertis du judaïsme ou du paganisme, devenus chrétiens par le ministère de Paul. L’apôtre, déjà lors de son séjour à Thessalonique, les avait attachés à un Christ souffrant et rejeté ici-bas. En effet, il ressort de sa prédication, telle qu’elle est présentée en Actes 17, que c’est après un chemin de souffrance sur la terre que le Seigneur est entré dans la gloire (v. 3), et que le Christ qui est maintenant dans le ciel reviendra comme roi sur la terre pour y établir son règne en puissance et en gloire. Cette venue sera effectivement un «bouleversement de la terre habitée» — pour reprendre l’expression des adversaires de Paul, toutefois dans un sens un peu différent (cf. v. 6).

Les Thessaloniciens subissaient de grandes persécutions de la part de leurs concitoyens. Les difficultés qui avaient commencé lors du séjour de Paul se poursuivaient. Il leur rappelle déjà dans la première lettre qu’ils avaient reçu la parole avec de grandes tribulations, mais aussi avec la joie de l’Esprit Saint (1:6). Il en parle encore dans le deuxième chapitre (v. 15, 16). Dans le troisième, nous voyons sa préoccupation à ce sujet : les tribulations et les difficultés peuvent décourager, et le diable peut les utiliser pour nuire aux enfants de Dieu (v. 2-7).

Au moment où Paul a écrit la seconde épître, les persécutions n’avaient pas diminué. La situation extérieure s’était peut-être même aggravée. Et la détresse était telle que quelques-uns des Thessaloniciens pensaient qu’ils traversaient les jugements qui doivent accompagner «le jour du Seigneur». Le diable se servait de certaines personnes pour séduire ces jeunes croyants dans l’épreuve, et les ébranler dans leur foi par de fausses doctrines (2 Thess. 2:1-3).

 

1.3       Les motifs de l’épître

Ces motifs sont étroitement liés à la situation dans laquelle se trouvaient les Thessaloniciens. Nous en mentionnerons trois :

En premier lieu, ils avaient besoin d’être encouragés dans les persécutions qu’ils connaissaient. Paul les console en leur rappelant la perspective du royaume de Dieu. Dans la première épître déjà, il leur avait parlé de ce royaume. Il les avait exhortés à marcher «d’une manière digne de Dieu» qui les avait appelés «à son propre royaume et à sa propre gloire» (2:12). Il leur explique maintenant que le chemin vers ce royaume passe par la souffrance. Ainsi, les persécutions qu’ils traversaient n’étaient pas quelque chose d’exceptionnel ou de surprenant (voir Actes 14:22). Mais il leur explique en même temps — pour leur plus grand encouragement — que le jour vient où les rôles seront inversés (2 Thess. 1:6-8). Quand le royaume de Dieu sera établi en puissance et en gloire, ce sera le repos pour ceux qui sont maintenant persécutés et le jugement pour leurs persécuteurs.

En deuxième lieu, les Thessaloniciens avaient été induits en erreur par de faux docteurs, et ils avaient besoin d’être enseignés. Nous n’avons pas de précision sur ces séducteurs, mais il est probable que c’étaient des docteurs juifs. Satan les utilisait pour obscurcir l’espérance céleste des croyants. Or cette espérance, qui devrait marquer tout chrétien, avait remarquablement caractérisé les Thessaloniciens au début (1 Thess. 1:10). C’est sur ce point précisément que le Tentateur portait ses efforts, en s’efforçant d’abaisser le christianisme et son espérance au niveau du judaïsme et de ses aspirations.

En quoi donc consistait cette séduction ? Cela nous est indiqué au chapitre 2, versets 1 à 3 : «Or nous vous prions, frères,... de ne pas vous laisser promptement bouleverser dans vos pensées, ni troubler, ni par esprit, ni par parole, ni par lettre, comme si c’était par nous, comme si le jour du Seigneur était là. Que personne ne vous séduise en aucune manière». Paul avait déjà parlé de ce «jour du Seigneur» dans la première épître (5:2) et il y fait allusion à la fin du premier chapitre de la seconde, lorsqu’il dit : «dans ce jour-là» (v. 10). C’est le jour, c’est-à-dire la période, où le royaume de Dieu sera visible en gloire et en puissance sur la terre.

Ce jour commence par les jugements terribles qui atteindront ce monde avant l’apparition du Seigneur, et il inclut le règne de mille ans jusqu’à son achèvement. C’est «le jour de l’Éternel» de l’Ancien Testament, le temps où les droits de l’Homme Christ Jésus seront reconnus publiquement sur la terre. Dieu l’a fait «et Seigneur et Christ» (Actes 2:36) et c’est dans cette dignité qu’il sera reconnu et honoré de tous.

Les séducteurs voulaient persuader les Thessaloniciens que les tribulations et les persécutions qu’ils subissaient étaient en relation avec ce jour du Seigneur, et par conséquent qu’il fallait les considérer comme un jugement de la part de Dieu. De ce fait, ces croyants étaient ébranlés dans leur foi et leur esprit, bien que Paul leur ait déjà clairement déclaré dans sa première lettre que le Seigneur Jésus nous délivrera de la colère qui vient (1:10) et que nous ne sommes pas destinés à la colère (5:9). Les jugements qui accompagnent ce jour ne sont pas pour les croyants, mais pour les incrédules, et particulièrement pour les Juifs incrédules. Les chrétiens n’attendent pas «la grande tribulation», mais l’enlèvement des saints, qui la précédera.

Pour insinuer leur erreur, les faux docteurs allaient jusqu’à se référer à une certaine lettre qu’ils attribuaient indûment à l’apôtre (2:2). C’est pour cela que Paul achève l’épître de sa propre main et déclare que chacune de ses lettres porte ce signe distinctif de son origine (3:17).

Nous arrivons au troisième motif de la lettre. Cette erreur concernant le jour du Seigneur était la source de comportements erronés de la part de plusieurs dans l’assemblée. Les faux docteurs frustraient en fait les croyants de leur espérance. Si le jour du Seigneur était déjà là, ils n’avaient plus à attendre sa venue pour les prendre auprès de lui. Une comparaison des versets introductifs des deux épîtres (1:3 et 1:3) montre bien que leur espérance n’était plus ce qu’elle avait été. L’apôtre peut encore rendre grâces pour la foi et l’amour qu’ils manifestent, mais il ne peut plus mentionner leur espérance. Plusieurs parmi eux, n’attendant plus la venue du Seigneur pour les prendre auprès de lui, commençaient à marcher dans le désordre (3:6-11), et de ce fait, avaient besoin d’être exhortés et avertis.

La première épître avait déjà mis en garde contre une marche dans le désordre : «avertissez les déréglés», avait dit l’apôtre (5:14). La seconde épître, au chapitre 3, indique plus en détail de quoi il s’agissait. Il apparaît que plusieurs ne voulaient plus travailler et se reposaient sur leurs frères pour leur entretien. Il pouvait y avoir plusieurs motifs à ce mauvais comportement — peut-être l’euphorie d’une foi toute nouvelle, peut-être aussi le découragement et la résignation. Le contexte de l’épître laisse entendre que c’était le résultat d’un faux enseignement concernant le jour du Seigneur et d’un déclin de leur «patience d’espérance».

Ceci met en évidence un principe important pour nous : une fausse doctrine entraîne toujours au désordre. Notre marche pratique ne peut trouver son fondement que dans la saine doctrine. Si la doctrine est en défaut, on en voit des effets visibles dans la marche. Il est vrai qu’il est aussi possible de maintenir la bonne doctrine et d’avoir un comportement défectueux, ce qui rend les manquements encore plus graves.

 

1.4       Points communs et différences des deux épîtres

Ce sont toutes deux des lettres d’encouragement et d’exhortation. Paul relève ce que Dieu a opéré en eux et s’applique à compléter «ce qui manque à leur foi» (1 Thess. 3:10). Elles ont les deux leur origine dans les questions et les incertitudes des destinataires en rapport avec la venue du Seigneur. Celle-ci y tient une place centrale, mais les points de vue sous lesquels elle est envisagée sont bien différents.

On pourrait dire que dans la première lettre, le problème concerne principalement les morts — les saints endormis —, alors que dans la seconde il est seulement question des vivants. Dans la première, les Thessaloniciens attendaient si réellement l’apparition du Seigneur sur cette terre qu’ils étaient en souci pour ceux d’entre eux qui s’étaient endormis. Ils pensaient qu’ils subiraient une perte quant au royaume à venir. C’est pourquoi Paul leur déclare que le Seigneur viendra d’abord pour les siens (vivants ou endormis), afin de les recueillir auprès de lui dans la gloire. Ce n’est que plus tard qu’il viendra avec ses saints et apparaîtra à tous. Dans la seconde épître, la question est : les tribulations par lesquelles passent les croyants ont-elles affaire avec les jugements du jour du Seigneur ? L’apôtre leur déclare expressément que non. Les jugements du jour du Seigneur atteindront les incrédules, non les croyants.

Pour bien comprendre les deux épîtres — et particulièrement la seconde —, il est nécessaire de distinguer la venue du Seigneur pour les siens et sa venue avec les siens. Il s’agit bien d’une venue, mais qui a lieu en deux étapes : sa venue pour recueillir les siens à lui, et son apparition pour établir son royaume.

S’il s’agit de la venue du Seigneur pour les siens, aucun événement préalable n’est annoncé. Le Seigneur a dit : «Je viens bientôt» (Apoc. 22:20). C’est tout. Nous n’attendons aucun événement, mais le Seigneur lui-même. S’il s’agit de son apparition, de sa venue avec les siens, cette épître nous montre que certains événements doivent avoir lieu d’abord, en particulier ce qui est exposé dans le chapitre 2, versets 1 à 12. Le «jour du Seigneur» ne pouvait donc pas être déjà là, puisque ces événements n’avaient pas encore eu lieu, par exemple l’apparition de «l’homme de péché».

Soulignons encore la manière dont s’y prend l’apôtre pour s’occuper des problèmes. «Comme dans la première épître, il ne s’attaque pas tout de suite à l’erreur, mais il prépare graduellement les cœurs des saints à tenir ferme la vérité et à bannir l’erreur, une fois que celle-ci a été dévoilée. Telle est la manière d’agir de la grâce et de la sagesse divines ; le cœur est affermi avant que l’erreur ou le mal soit démasqué» (*).

 

(*) W. Kelly, Épîtres aux Thessaloniciens.

 

1.5       Plan de l’épître

Le premier chapitre sert d’introduction. Paul encourage les Thessaloniciens à tenir ferme dans leurs tribulations. Le chapitre 2 forme la partie principale de l’enseignement. L’apôtre approfondit et développe leur connaissance concernant la venue du Seigneur. Dans le chapitre 3, il s’agit de questions pratiques, en particulier concernant le comportement fâcheux de plusieurs.

 

1. Encouragement :

Les souffrances pour le royaume de Dieu (1:1-12)

2. Enseignement :

Le jour du Seigneur et l’homme de péché (2:1-12)

3. Exhortation

Privilèges et responsabilité (2:13-3:18)

 

2         Encouragement : Chapitre 1

2.1       Les souffrances pour le royaume de Dieu

Dans ce premier chapitre, l’apôtre Paul prépare les destinataires de sa lettre pour ce qu’il a d’important à leur dire dans le deuxième chapitre. Après la salutation initiale, il exprime sa reconnaissance pour l’accroissement spirituel que Dieu avait produit parmi eux. Cependant, ses paroles laissent déjà quelque peu percevoir son souci que leur espérance en Christ ne soit plus aussi vivante qu’au début. Les grandes persécutions qu’ils traversaient avaient fourni à l’ennemi une occasion de les amener à en tirer de fausses conclusions.

Paul leur montre clairement que leurs tribulations n’avaient rien à faire avec le jour du Seigneur ; elles avaient un tout autre caractère que ce qu’ils pensaient. Parallèlement, il les encourage en leur déclarant que bientôt les rôles seront inversés : dans le jour du Seigneur, eux connaîtront le repos, tandis que ceux qui les ont opprimés recevront leur juste jugement. À la fin du chapitre, on voit l’effet pratique que ce fait doit avoir sur les croyants, dans leur vie de tous les jours.

 

2.2       2 Thes. 1:1

«Paul, et Silvain, et Timothée, à l’assemblée des Thessaloniciens, en Dieu notre Père et dans le Seigneur Jésus Christ».

On peut remarquer que Paul, écrivant aux assemblées, ne se présente que trois fois comme seul auteur de la lettre : dans les épîtres aux Romains, aux Galates et aux Éphésiens, où son autorité apostolique est particulièrement engagée. Dans toutes les autres épîtres à des assemblées locales, il s’associe des compagnons d’œuvre, comme ici Silvain et Timothée. Ensemble, ils avaient déjà écrit la première épître. Ensemble, ils avaient visité les croyants de Thessalonique ; ensemble ils avaient travaillé parmi eux et vu l’œuvre du Seigneur. Ils avaient partagé et leur joie et leurs préoccupations au sujet de ces jeunes croyants. Dirigés par le Saint Esprit, ils sont conduits maintenant à leur écrire cette seconde lettre.

Le nom de Paul vient en premier, et en fait c’est lui l’auteur de la lettre (3:17). Quoiqu’il soit «l’apôtre des nations», il ne mentionne pas explicitement ici son apostolat. Si la lettre a bien pour but de corriger et d’enseigner, elle est en premier lieu l’expression d’une relation d’amour et de confiance. Et il n’y avait aucun doute que ce serait ainsi aussi que les Thessaloniciens recevraient ce que l’apôtre avait à leur dire.

Silvain (ou Silas) était de ceux «qui tenaient la première place parmi les frères» (Actes 15:22), et il était «prophète» (v. 32). C’est un fidèle compagnon de service de Paul, depuis le moment où Barnabas et Marc l’ont quitté (v. 40).

Comme dans la première épître, l’introduction porte un caractère particulier. Les auteurs s’adressent «à l’assemblée des Thessaloniciens, en Dieu notre Père et dans le Seigneur Jésus Christ». Ce qui est mis en évidence ici, ce n’est pas le caractère de «l’assemblée de Dieu» selon le conseil éternel de Dieu, mais les relations de communion des croyants avec Dieu, leur Père, et avec le Seigneur Jésus Christ.

Si chaque enfant de Dieu a une relation personnelle avec Lui et avec le Seigneur Jésus, il y a aussi avec les personnes divines des relations collectives. Lorsqu’il est parlé de notre relation avec Dieu comme tel, il s’agit en général de notre responsabilité. Il est notre Créateur, et nous avons à lui rendre compte. Notre relation avec lui comme Père, en revanche, évoque l’intimité que nous avons avec lui comme chrétiens. Quel encouragement pour les Thessaloniciens de savoir, dans leurs circonstances extérieures difficiles, que Dieu était leur Père et qu’il les aimait !

 

2.3       2 Thes. 1:2

«Grâce et paix à vous, de la part de Dieu notre Père et du Seigneur Jésus Christ !»

La relation des croyants avec Dieu, leur Père, et avec le Seigneur Jésus Christ est la source de toutes leurs bénédictions. Paul souhaite aux Thessaloniciens la grâce et la paix, sachant que l’une et l’autre ne peuvent venir que du ciel.

Paul ne souhaite ni le bonheur ni la richesse, pas plus que la santé ou le bien-être. Il n’était certainement pas indifférent à ces choses, mais il savait ce dont ils avaient surtout besoin. Les vœux de grâce et de paix — bien que souvent mentionnés dans les épîtres — ne sont pas une simple formule de politesse. Ils découlent d’un besoin que l’apôtre ressentait profondément.

Ce n’est pas sans motif que la grâce et la paix soient souvent mentionnées ensemble, et que la grâce soit nommée en premier. Il y a entre elles une relation de cause à effet. Un plus profond sentiment de la grâce produit une plus grande jouissance de la paix. C’est déjà vrai lorsqu’un pécheur apprend à connaître le Sauveur : la grâce lui apporte le salut et le résultat est la paix avec Dieu. Il en est de même dans notre vie chrétienne. Plus nous goûterons la grâce, plus nos cœurs jouiront de la paix de Dieu.

Dans cette lettre qui traite particulièrement du jour du Seigneur, il est remarquable de trouver, déjà dans l’introduction, deux mentions de la seigneurie de Christ. Il est maintenant le Seigneur des croyants, et bientôt il manifestera publiquement que Dieu l’a fait non seulement «Christ», mais «Seigneur» sur toutes choses (Actes 2:36).

Ce titre de Seigneur, Kyrios en grec, pouvait attirer l’attention des Thessaloniciens, qu’ils aient été d’origine juive ou païenne. Pour quelqu’un qui avait grandi parmi les Juifs, c’était une allusion claire à «l’Éternel» de l’Ancien Testament. Et pour la plupart des destinataires de la lettre, qui étaient venus du paganisme, le titre de «Kyrios» était exclusivement attribué à l’empereur de Rome. Lui seul avait le droit de se nommer ainsi. Cependant, lors de la visite de Paul et de ses compagnons, les Thessaloniciens avaient appris qu’il y avait «un autre roi, Jésus» (Actes 17:7). Ce fait, déjà mis en évidence dans la première épître, leur est encore rappelé ici. Il devrait toujours exercer une grande influence sur notre vie pratique.

 

2.4       2 Thes. 1:3

«Nous devons toujours rendre grâces à Dieu pour vous, frères, comme il est juste, parce que votre foi augmente beaucoup et que l’amour de chacun de vous tous, l’un pour l’autre, abonde».

«Nous devons...» exprime le sentiment profond d’une obligation. Les auteurs de la lettre ressentaient le besoin de présenter cette reconnaissance à Dieu, parce qu’elle était motivée par l’état des Thessaloniciens. L’expression : «comme il est juste» le confirme.

Paul et ses compagnons étaient des observateurs attentifs. Le bon état de ces jeunes croyants ne leur échappait pas et les conduisait à remercier Dieu. Paul ne fermait pas les yeux sur les aspects négatifs, mais partout où cela était possible, il rendait d’abord grâces pour ce qui pouvait être mentionné de positif (voir Rom. 1:8 ; 1 Cor. 1:4 ; Éph. 1:16 ; Col. 1:3 ; 1 Thess. 1:2). Mis à part les épîtres personnelles, cette expression de reconnaissance envers Dieu ne manque que dans l’épître aux Galates et dans la deuxième épître aux Corinthiens, et cela pour des motifs faciles à comprendre.

Quels étaient donc les motifs de cette reconnaissance ? Deux caractères des Thessaloniciens sont mentionnés ici : premièrement leur foi, ensuite leur amour. Il s’agit ici de la foi en exercice dans la vie de tous les jours. La foi nous introduit et nous maintient en relation avec Dieu notre Père et avec le Seigneur Jésus. Elle transforme en réalités vivantes les choses invisibles pour l’œil naturel.

L’amour se manifeste en action. Ici nous le voyons personnel, commun et réciproque. C’était l’amour «de chacun», l’amour «de vous tous» et c’était l’amour «l’un pour l’autre». L’ordre dans lequel sont mentionnés ces deux caractères saillants, la foi et l’amour, n’est pas arbitraire. La foi nous met en contact avec la source éternelle de l’amour en Dieu lui-même, et il en résulte que nos cœurs sont attirés vers tous ceux qui lui appartiennent.

La foi des Thessaloniciens augmentait beaucoup et leur amour abondait. La comparaison avec ce qui est dit dans la première épître montre qu’ils avaient fait des progrès remarquables en peu de temps, et cela bien que ces qualités aient déjà été présentes auparavant. L’introduction de la première épître mentionne leur «œuvre de foi» et leur «travail d’amour» (1:3). Plus loin, il est dit que leur foi envers Dieu était connue non seulement en Macédoine et en Achaïe, mais en tous lieux (1:8). Et il n’était pas nécessaire de leur écrire pour les exhorter à l’amour fraternel, car ils étaient enseignés de Dieu à cet égard (4:9, 10). «Rester sur place, c’est reculer», dit un proverbe profane ; et c’est certainement vrai aussi dans le domaine spirituel. Dieu désire notre croissance spirituelle, des progrès dans notre vie chrétienne. La parole de Dieu ne suppose jamais que nous ayons atteint un niveau dont nous puissions nous satisfaire, et où nous puissions nous reposer. Salomon, le sage, l’a exprimé ainsi : «Le sentier des justes est comme la lumière resplendissante qui va croissant jusqu’à ce que le plein jour soit établi» (Prov. 4:18). Quelle perte pour le croyant quand, au lieu de cette croissance, il y a stagnation, ou même, recul !

«Parce que votre foi augmente beaucoup». Dans la nature, la croissance est liée à la présence de la vie. De même, notre foi ne peut croître que si elle est vivante. Tel est le caractère d’une foi que Dieu produit. Une vie imprégnée de cette foi est une vie riche d’expériences encourageantes. Bien que jeunes dans la foi, les Thessaloniciens avaient fait de telles expériences et, par conséquent, ils avaient grandi dans la foi.

«L’amour de chacun de vous tous, l’un pour l’autre, abonde». Cela fait penser à un fleuve qui déborde et arrose tout un pays. Les relations des Thessaloniciens avec leurs frères et sœurs non seulement étaient en bon état, mais prospéraient. Bien que nous ne vivions pas de l’amour des autres, c’est dans la nature même de l’amour qu’il y ait réciprocité et progrès. L’apôtre Paul écrit dans l’épître aux Philippiens : «Je demande ceci dans mes prières, que votre amour abonde encore de plus en plus en connaissance et toute intelligence» (1:9). Plus nous demeurons dans la jouissance de l’amour du Seigneur, plus cet amour rayonne envers les autres. Et inversement, un amour défaillant pour le Seigneur entraîne le déclin de notre amour pour nos frères et sœurs.

 

2.5       2 Thes. 1:4

«En sorte que nous-mêmes nous nous glorifions de vous dans les assemblées de Dieu au sujet de votre patience et de votre foi dans toutes vos persécutions et dans les tribulations que vous supportez».

Ces paroles sont avant tout un encouragement. Même si Paul n’avait pas l’habitude de parler beaucoup des croyants, dans le cas des Thessaloniciens il ne pouvait faire autrement. Il se glorifiait à leur sujet dans les autres assemblées de Dieu, en parlant de leur patience et de leur foi. Il ne faisait pas l’éloge de leurs propres qualités, mais de ce que Dieu avait opéré en eux. Il y a là aussi une leçon pour nous. Ne nous arrive-t-il pas de rechercher les choses négatives dont nous pourrions parler, au lieu de nous glorifier de ce que la grâce de Dieu a pu produire chez nos frères et sœurs ? Paul avait un œil très exercé pour discerner le mal, et il s’en est occupé toutes les fois que cela était nécessaire, mais nulle part il ne donne l’impression d’avoir cherché à en découvrir.

Dès le début de leur vie chrétienne, les Thessaloniciens avaient connu les souffrances et l’opprobre (Actes 17:5-9). Ils avaient reçu la parole de Dieu avec «de grandes tribulations» (1 Thess. 1:6). Or ces circonstances ne s’étaient pas améliorées ; elles s’étaient plutôt aggravées, semble-t-il. Et c’était justement l’occasion qu’avaient saisie les faux docteurs pour troubler ces croyants.

Aujourd’hui aussi, il y a des chrétiens persécutés, et si nous habitons dans des pays où règne la paix et la liberté religieuse, c’est un motif de reconnaissance envers Dieu. Toutefois, selon 2 Timothée 3:12, tous ceux qui se placent ouvertement du côté du Seigneur Jésus seront persécutés, d’une manière ou d’une autre.

Mais, comme nous le verrons au chapitre suivant, ces persécutions n’ont rien à faire avec le «jour du Seigneur». Les tribulations qui accompagneront ce jour seront, avant tout, un jugement sur les incrédules, tandis que les épreuves actuelles des croyants sont un moyen dans la main de Dieu pour les former, les discipliner, et pour mettre à l’épreuve leur foi (voir par exemple 1 Pierre 1:7).

Les Juifs attendaient effectivement un temps de tribulations. Ils savaient que Dieu se révélerait en jugement avant l’établissement de son royaume. C’est pourquoi l’erreur qui avait été insinuée parmi les Thessaloniciens était difficile à discerner et dangereuse. Les séducteurs venaient avec des arguments fondés sur l’Ancien Testament. Mais il est toujours important de faire une juste application des citations de la Parole. L’attente des chrétiens n’est pas orientée vers ces jugements, mais vers la venue du Seigneur lui-même. Avant que soient versés sur cette terre les jugements judiciaires du jour du Seigneur, il viendra comme l’Époux pour nous recueillir auprès de lui. C’est ce que Paul avait précisément exposé dans sa première lettre (4:13-18).

Remarquons qu’en mentionnant les persécutions et les tribulations endurées par les Thessaloniciens avec patience et avec foi, Paul ne dit rien de l’espérance. Il y avait la patience, mais ce n’était plus la «patience d’espérance», telle qu’il en est parlé dans la première épître (1:3). L’espérance de la venue de Christ avait été le ressort de leur patience et ce ressort semblait avoir perdu sa force. Ce dont ils avaient besoin, ce n’était pas seulement de la patience dans leurs circonstances difficiles, mais de «la patience du Christ» (3:5). Il attend maintenant le moment de recueillir auprès de lui son épouse ; et de la même manière, nous avons à l’attendre, lui qui va venir pour nous unir à lui. À l’assemblée fidèle de Philadelphie, il peut dire : «Tu as gardé la parole de ma patience» (Apoc. 3:10).

La foi, l’amour et l’espérance sont souvent associés dans les épîtres, d’où l’importance de l’omission de l’espérance dans ce passage. Les Thessaloniciens avaient perdu leur espérance parce qu’ils subissaient l’influence de l’erreur. Ils n’étaient plus, comme auparavant, des chrétiens orientés vers un seul but. La foi et l’amour avaient été affermis en eux par les persécutions, et la patience était encore là ; mais l’espérance leur manquait désormais.

De nos jours aussi, certains croyants pensent que l’assemblée doit passer par la grande tribulation. Et on peut souvent constater que, chez eux, l’espérance chrétienne tient peu ou pas de place. Mais le Nouveau Testament nous enseigne clairement que nous n’avons à attendre aucun événement avant la venue du Seigneur, qui est l’accomplissement de notre espérance. Certes, il peut se passer encore bien des choses — même des choses dont la Bible parle —, mais aucune n’est obligatoire. Celui qui fixe son attente sur certains événements et pense qu’ils devraient encore se réaliser avant que le Seigneur vienne enlever les siens, oriente son espérance sur des événements et non sur le Seigneur.

La vraie espérance chrétienne est dirigée vers une personne : «l’étoile brillante du matin», celui qui vient avant que les jugements du jour du Seigneur ne fondent sur la terre. Quelque chose manque forcément lorsque Christ n’est pas personnellement devant le cœur comme Celui qui peut venir à tout moment pour prendre les siens auprès de lui.

 

2.6       2 Thes. 1:5

«Lesquelles sont une démonstration du juste jugement de Dieu, pour que vous soyez estimés dignes du royaume de Dieu pour lequel aussi vous souffrez».

La justice de Dieu se manifestera, tant à l’égard des persécuteurs des croyants qu’à l’égard des croyants persécutés. Dieu n’est pas injuste quand il permet que ses enfants soient opprimés. Au contraire, les tribulations peuvent être, dans sa main, un moyen de mettre leur foi à l’épreuve et de manifester clairement leur mise à part de ce monde. Leurs souffrances sont en relation avec le royaume de Dieu, le domaine où sont reconnus les droits de Christ à qui Dieu a donné toute autorité. Ceux qui déjà maintenant reconnaissent cette autorité sur leur vie sont persécutés par ceux qui sont encore sous le pouvoir de Satan. Mais le jour vient où le royaume de Dieu sera publiquement établi en puissance sur la terre, et les souffrances de ceux qui sont persécutés prendront fin. C’est à l’établissement de ce royaume en gloire que Paul fait allusion ici.

Dans le livre des Actes, nous voyons que Paul avait déjà averti «que c’est par beaucoup d’afflictions qu’il nous faut entrer dans le royaume de Dieu» (Actes 14:22). D’autres passages des épîtres nous montrent aussi que le chemin du croyant vers la gloire passe par la souffrance. Par exemple : « ... si du moins nous souffrons avec lui, afin que nous soyons aussi glorifiés avec lui» (Rom. 8:17) ; et «si nous souffrons, nous régnerons aussi avec lui» (2 Tim. 2:12).

Pierre dit : «Bien-aimés, ne trouvez pas étrange le feu ardent qui est au milieu de vous, qui est venu sur vous pour votre épreuve, comme s’il vous arrivait quelque chose d’extraordinaire ; mais, en tant que vous avez part aux souffrances de Christ, réjouissez-vous, afin qu’aussi, à la révélation de sa gloire, vous vous réjouissiez avec transport» (1 Pierre 4:12).

Les souffrances dont il est question dans ce verset 5, ce ne sont donc pas celles que Dieu, en conséquence de notre infidélité, peut employer pour discipliner ses enfants, mais celles que nous connaissons parce que nous sommes associés à un Christ rejeté. Ce sont ces souffrances-là que Pierre mentionne dans les cinq chapitres de sa première épître : souffrances qui mettent à l’épreuve et épurent notre foi (1:6, 7) ; souffrances par conscience envers Dieu (2:19) ; souffrances pour la justice (3:14) ; souffrances pour le nom de Christ (4:13, 14) et souffrances en résistant à Satan (5:8-10).

Toutes ces souffrances sont en rapport avec le royaume de Dieu. Paul ne parle pas d’être rendus dignes du ciel, mais du royaume. Notre place au ciel, dans la maison du Père, est parfaitement assurée par l’œuvre du Seigneur à la croix, tandis que notre place dans le royaume de Dieu est liée à la part que nous prenons aux souffrances pour le témoignage de Jésus Christ et à notre fidélité (2 Tim. 2:3, 4). Dans plusieurs passages, la mention du royaume est étroitement liée à notre responsabilité.

Le royaume a un côté céleste, et c’est celui-là qui nous concerne. Nous viendrons du ciel pour régner avec le Seigneur. C’est aussi de cet aspect céleste du royaume que le Seigneur parle en Matthieu 13:43 : «Alors les justes resplendiront comme le soleil dans le royaume de leur Père».

Ainsi, l’établissement du royaume de Dieu manifestera clairement de quel côté les Thessaloniciens se trouvaient. Leurs souffrances étaient la preuve qu’ils étaient «estimés dignes» de ce royaume. Cependant cette dignité n’était pas due à leur propre mérite. Leur fermeté ne venait pas de leurs propres efforts, mais de Dieu. La pensée ici n’est nullement que nous puissions, par les souffrances, nous procurer ou mériter une place dans le royaume, mais que les souffrances sont la preuve que nous en sommes dignes. Elles en sont comme le sceau et la confirmation.

En Apocalypse 5:12, il est dit du Seigneur : «Digne est l’Agneau qui a été immolé, de recevoir la puissance, et richesse, et sagesse, et force, et honneur, et gloire, et bénédiction». Nous le comprenons facilement. Le Seigneur Jésus est digne de recevoir son royaume et toute la souveraineté qui s’y rattache. Il possède cette dignité par lui-même, et de plus, par ses souffrances et sa mort sur la croix, il a acquis comme homme le droit à la domination universelle.

Nous possédons aussi la dignité qui convient au royaume, mais comme une chose qui nous a été donnée. Elle devrait avoir une influence pratique sur notre vie. La première épître a exhorté les croyants à marcher d’une manière digne de Dieu qui nous appelle à son propre royaume et à sa propre gloire (2:12). Les caractères du royaume dans sa forme publique (justice, paix et joie — Romains 14:17) devraient déjà être visibles dans toute notre vie.

Les Thessaloniciens traversaient la persécution, ils souffraient pour le nom du Seigneur, et c’était la preuve qu’ils échapperaient aux jugements qui accompagneront l’établissement du royaume (cf. Luc 21:36).

 

2.7       2 Thes. 1:6-7

«Si du moins c’est une chose juste devant Dieu que de rendre la tribulation à ceux qui vous font subir la tribulation, et que de vous donner, à vous qui subissez la tribulation, du repos avec nous dans la révélation du Seigneur Jésus du ciel avec les anges de sa puissance».

Ces versets nous montrent les effets qu’auront la venue du Seigneur Jésus sur la terre (sa révélation) et l’établissement du royaume de Dieu. Pour ceux qui subissent maintenant la persécution, il y aura du repos, tandis que pour les persécuteurs, il y aura la rétribution. Les rôles seront inversés. La tribulation subie par les croyants prendra fin, alors que leurs oppresseurs subiront leur juste châtiment.

La tribulation subie par les croyants ne peut avoir aucun rapport avec le jour du Seigneur, puisque, à ce moment-là, ils auront trouvé le repos. Nous voyons ici de quelle manière grossière les Thessaloniciens avaient été induits en erreur. La vérité était renversée. Le fait même qu’ils souffraient était une démonstration que le jour du Seigneur n’était pas encore là.

Le verset 6 nous parle, tout d’abord, de ceux qui persécutent les croyants. Dieu est juste et il les châtiera, peut-être même de leur vivant. Cependant, la preuve évidente de la justice de Dieu en jugement, lorsqu’il «rendra la tribulation», sera apportée devant tous au plus tard au jour du Seigneur. Nous avons ici une application du principe posé en Galates 6:7 : «Ne soyez pas séduits ; on ne se moque pas de Dieu ; car ce qu’un homme sème, cela aussi il le moissonnera».

Le principe de la rétribution est souvent mentionné dans l’Ancien Testament. Par exemple : «Car l’Eternel, le Dieu des rétributions, rend certainement ce qui est dû» (Jér. 51:56), ou «Soyez forts, ne craignez pas ; voici votre Dieu : la vengeance vient, la rétribution de Dieu ! Lui-même viendra, et vous sauvera» (És. 35:4). Bien que nous vivions dans un temps de grâce où nous ne demandons pas la vengeance, il y aura cependant une rétribution de la part de Dieu pour tous les actes commis aujourd’hui. Bien des fautes semblent rester impunies, comme si Dieu n’en tenait pas compte. Mais Dieu voit la moindre injustice ; rien ne peut lui être caché. Il y aura, pour chaque acte d’oppression, de persécution, de moquerie ou de mépris à l’égard des croyants, une rétribution au jour du Seigneur.

Du ciel, le Seigneur Jésus a interpellé Saul de Tarse : «Saul ! Saul ! pourquoi me persécutes-tu ?» Le principe subsiste : tout ce qui est fait aux croyants est fait à Christ. En vertu de son œuvre à la croix, nous lui appartenons et lui sommes intimement liés. Et le jour vient où le prix que nous avons à ses yeux sera montré publiquement.

La justice de Dieu est révélée aujourd’hui dans l’évangile. Par l’œuvre du Seigneur Jésus, Dieu a trouvé un moyen de manifester sa justice alors même qu’il fait grâce, ainsi qu’il est écrit : «en sorte qu’il soit juste et justifiant celui qui est de la foi de Jésus» (Rom. 3:26). C’est la bonne nouvelle de la grâce, accessible à tous, et celui qui la méprise aura affaire à la justice de Dieu en jugement. C’est en justice aussi que la rétribution sera exercée au jour du Seigneur, lors de l’établissement du royaume. Le psalmiste dit : «La justice et le jugement sont les bases de ton trône ; la bonté et la vérité marchent devant ta face» (Ps. 89:14).

Au châtiment des oppresseurs répond le repos de ceux qui subissent la persécution. En disant ici : «du repos avec nous», Paul et ses compagnons s’associaient aux destinataires de l’épître. Ils passaient, eux aussi, par des tribulations et des temps de détresse. Les Thessaloniciens n’étaient pas seuls à être éprouvés, et ils ne seraient pas seuls non plus quand le temps du repos serait là.

L’expression «la révélation du Seigneur Jésus du ciel» se réfère à son apparition en gloire. Sa première venue sur cette terre a aussi été une révélation, mais avec un caractère tout différent. Il vint en grâce. «La grâce et la vérité vinrent par Jésus Christ» (Jean 1:17). Mais lorsqu’il apparaîtra une deuxième fois sur la terre, ce sera pour manifester sa puissance et sa gloire dans le jugement. Il ne s’agit pas ici de sa venue pour prendre les siens auprès de lui, mais bien de son retour avec les siens, afin d’établir son royaume ; c’est là le jour du Seigneur.

Il est possible que le Seigneur nous délivre de nos oppresseurs ici-bas déjà, et tout à fait certain que nous entrerons dans le repos au moment où le Seigneur nous enlèvera de cette terre, soit par la mort, soit par sa venue pour nous. Cependant, il n’est pas question ici du moment où commence le repos, mais de ce qui caractérise le jour du Seigneur. C’est, d’une part, la rétribution et le châtiment pour ceux qui font subir la persécution et, d’autre part, le repos pour ceux qui l’ont subie.

Le croyant possède aujourd’hui déjà le repos de la conscience. Celui qui s’appuie sur l’œuvre du Seigneur Jésus à la croix sait qu’il a la paix avec Dieu : «Venez à moi... et moi, je vous donnerai du repos» (Matt. 11:28). En outre, dans notre marche à travers ce monde, nous avons le privilège de jouir du repos de nos âmes : «Prenez mon joug sur vous», dit le Seigneur, «et vous trouverez le repos de vos âmes» (v. 29). Mais aussi longtemps que nous serons sur la terre, nous ne connaîtrons pas le repos dont il est question dans notre passage. Nous avons maintenant des tribulations, et lorsqu’elles prendront fin, nous jouirons du repos éternel, en contraste avec ce qui est réservé aux incrédules : «Et la fumée de leur tourment monte aux siècles des siècles ; et ils n’ont aucun repos, ni jour, ni nuit» (Apoc. 14:11).

La révélation du Seigneur Jésus est «avec les anges de sa puissance». Toute puissance lui appartient, et il lui plaît de l’exercer par le moyen des anges (cf. Matt. 13:41, 42 ; 16:27 ; 24:31). Ce sont eux qui ont fait connaître sa naissance (Luc 2:10), eux qui ont témoigné de sa résurrection (Matt. 28:2) et eux qui ont annoncé son retour (Actes 1:10). Les croyants, par contre, ne sont pas des instruments de sa puissance, mais les monuments de sa gloire (v. 10).

 

2.8       2 Thes. 1:8

«En flammes de feu, exerçant la vengeance contre ceux qui ne connaissent pas Dieu, et contre ceux qui n’obéissent pas à l’évangile de notre Seigneur Jésus Christ».

Les flammes de feu parlent de la vengeance de Dieu exercée en jugement. Il en avait été ainsi pour Sodome et Gomorrhe et il en sera de même au jour du Seigneur.

Lorsque le Seigneur Jésus était sur la terre, les hommes ont entendu les paroles de grâce et de miséricorde qui sortaient de sa bouche. Puis le monde l’a vu mourir sur la croix, sans qu’il n’exprime aucune parole de vengeance et de rétribution. Au contraire, on a pu l’entendre dire : «Père, pardonne- leur, car ils ne savent ce qu’ils font» (Luc 23:34). Mais quand viendra le jour du Seigneur, il sera le Juge inflexible, de la bouche duquel sortira l’épée du jugement et de la vengeance (cf. 2 Thess. 2:8).

Dieu a dit par Moïse : «À moi la vengeance et la rétribution... Car le jour de leur calamité est proche, et ce qui leur est préparé se hâte» (Deut. 32:35). Il ne s’agit pas de la vengeance dans le sens négatif qui caractérise, hélas ! notre nature humaine, mais d’une juste rétribution, qui est une prérogative de Dieu.

Prenons garde, nous qui vivons aujourd’hui dans le temps de la grâce, de ne pas nourrir des pensées de jugement et de vengeance, comme l’ont fait Jacques et Jean, lorsqu’ils voulaient faire descendre le feu du ciel sur les Samaritains (Luc 9:54). Nous savons que le jour du jugement vient, et avec lui la rétribution. Cette pensée devrait nous animer d’un sentiment de compassion envers les incrédules et nous donner du zèle pour répandre l’évangile de la grâce, chaque fois que l’occasion se présente.

Deux classes de personnes sont mentionnées ici comme devant subir la vengeance : ceux qui ne connaissent pas Dieu — c’est-à-dire les nations en général — et ceux qui n’obéissent pas à l’évangile — c’est-à-dire les Juifs (cf. 1 Thess. 4:5). Les nations, ayant abandonné la connaissance de Dieu, étaient tombées dans l’idolâtrie et dans une corruption morale complète (Rom. 1:28). Contrairement à elles, les Juifs ne pratiquaient pas l’idolâtrie — du moins extérieurement — depuis leur captivité à Babylone. Ils avaient eu de tout temps une certaine connaissance de Dieu, et prétendaient le servir. Mais ils n’avaient, bien souvent, aucun engagement de cœur. Le fait qu’ils avaient rejeté et crucifié le Messie et qu’ils n’obéissaient pas à l’évangile prouvait clairement qu’ils n’étaient pas moins coupables que les nations. Le juste jugement de Dieu, exercé par le Seigneur Jésus, frappera les uns et les autres, bien que le degré de leur responsabilité ne soit pas le même.

Si nous considérons le temps actuel et nos pays christianisés, nous voyons une situation semblable. La connaissance de Dieu, au moins extérieure, existe depuis des siècles, mais n’a pas, pour autant, amené tous les hommes à obéir à l’évangile. Elle ne fait qu’augmenter la responsabilité de ceux qui ne l’ont pas reçu. D’autre part, nous devons constater aujourd’hui que le nombre de personnes qui effectivement «ne connaissent pas Dieu» augmente de manière effrayante. D’innombrables jeunes grandissent sans avoir jamais entendu parler du Seigneur Jésus.

À ce propos, on pourrait se demander comment il est possible que Dieu amène en jugement des gens qui n’ont jamais entendu parler du Sauveur et auxquels l’évangile n’a jamais été annoncé. La Bible ne laisse pas cette question sans réponse. Selon l’épître aux Romains, il y a au moins deux choses dont tout homme devra rendre compte : le témoignage de la création (1:19) et celui de la conscience (2:15). Il n’y aura donc d’excuse pour personne, quoiqu’il soit clair, ici aussi, que les responsabilités sont différentes.

Considérons encore un point à la fin du verset 8. Il n’est pas reproché à ces hommes de ne pas avoir cru à l’évangile — ce qui est aussi vrai sans doute — mais de ne pas avoir obéi à l’évangile. Il n’est pas rare que le message du salut soit présenté comme une offre de la part de Dieu, que l’homme est libre d’accepter ou de refuser. Il est vrai que Dieu a donné à l’homme la possibilité de dire non ; il n’est pas un robot. Un refus pourtant témoigne de sa propre volonté et de sa désobéissance.

Lorsque l’apôtre Paul s’adresse aux intellectuels de son temps, à l’aréopage, il leur dit expressément : «Dieu... ordonne maintenant aux hommes que tous, en tous lieux, ils se repentent» (Actes 17:30). Il est dit aussi : «Mais tous n’ont pas obéi à l’évangile» (Rom. 10:16). Pierre attire l’attention sur «la fin de ceux qui n’obéissent pas à l’évangile de Dieu» (1 Pierre 4:17). «Qui désobéit au Fils ne verra pas la vie, mais la colère de Dieu demeure sur lui» (Jean 3:36).

Ce n’est pas une faveur que l’homme fait à Dieu lorsqu’il croit à l’évangile, mais bien un acte d’obéissance. Il n’est donc pas libre, de ce point de vue, puisqu’il s’agit d’un ordre de la part de Dieu. Nous ne devrions ni oublier, ni taire cet aspect, en présentant l’évangile.

 

2.9       2 Thes. 1:9

«Lesquels subiront le châtiment d’une destruction éternelle de devant la présence du Seigneur et de devant la gloire de sa force».

Ce verset nous décrit en peu de mots, mais de manière explicite, en quoi consistera le juste jugement de Dieu : ce sera la destruction éternelle. Le mot «châtiment», en grec, a la même racine que le mot «juste». Le châtiment de Dieu n’est pas infligé de manière arbitraire, il est juste et mérité. L’idée erronée qu’un Dieu d’amour ne peut punir pour l’éternité ne tient pas compte du fait qu’il est aussi un Dieu de lumière et que, dans sa sainteté, il ne peut voir le mal.

Le jugement de Dieu sera donc «la destruction éternelle», que le Seigneur Jésus lui-même met en contraste avec la vie éternelle en Matthieu 25:46. Là, le Seigneur parle de ceux qui «s’en iront dans les tourments éternels», tandis que les justes iront «dans la vie éternelle» (cf. Dan. 12:2). L’espérance du croyant est d’entrer dans la gloire du ciel et d’y être pour toujours avec le Seigneur (1 Thess. 4:17). C’est sa présence qui constitue la gloire du ciel, et les incrédules en seront privés pour toujours. La destruction éternelle équivaut à être banni éternellement de la présence de celui qui est la source de la vie, de la lumière et de l’amour.

De plus, ceux qui subiront le jugement de Dieu seront aussi exclus de «la gloire de sa force», lorsque sa grandeur et sa gloire seront pleinement déployées, aussi bien dans le règne de mille ans que dans l’éternité.

Ce qui fera toute l’horreur de la perdition éternelle, ce sera le fait d’être séparé à jamais de Dieu et du Seigneur. L’enfer, c’est cela : être privé de la présence de celui qui remplira d’un bonheur éternel le ciel et la maison du Père. Le souffle de chaque être humain est aujourd’hui en la main de Dieu (Dan. 5:23). Chacun de nous — qu’il le reconnaisse ou non — vit, se meut et existe en lui (Actes 17:28). Jamais une créature sur la terre n’a fait l’expérience d’être totalement coupée de Dieu. Les hommes ont été créés pour être tournés vers Dieu, et c’est précisément cela qui manquera à ceux qui seront dans les tourments éternels. Ils seront coupés de leur origine et ce que cela signifie dépasse ce que nous pouvons imaginer. C’est pourquoi ils sont appelés «les morts» en Apocalypse 20:12, bien qu’ils existent éternellement. La mort ici ne signifie pas la fin de l’existence, mais la séparation d’avec Dieu (la mort parle toujours de séparation). L’idée est assez répandue qu’en enfer les hommes seront tourmentés par le diable, mais cela n’a pas le moindre fondement. Le diable lui-même subira le tourment éternel (Apoc. 20:10). Dans ce lieu de ténèbres, le feu ne s’éteint pas et le ver ne meurt pas (Marc 9:44-48). Des regrets perpétuels seront la part terrible de ceux qui seront loin de Dieu.

Ce verset 9, conjointement à d’autres passages de la Parole, réfute clairement aussi bien la fausse doctrine de l’universalisme que celle de l’annihilation des méchants. Selon la première, tous les hommes finiraient par avoir accès au ciel, parce que Dieu mettrait un terme aux peines subies dans la géhenne. Selon la seconde, il n’y aurait pas d’existence après la mort pour les incrédules, ou une existence limitée dans le temps. De telles théories font fi de l’enseignement des Écritures. «Destruction» ne signifie nullement annihilation ou anéantissement de l’existence, bien au contraire. De même que les croyants continueront à exister dans un bonheur sans fin, les incrédules continueront à exister dans ce qui est appelé la «destruction éternelle». La «seconde mort» (Apoc. 20:14) n’est pas la fin de l’existence, mais la séparation éternelle d’avec Dieu.

Le mot «éternel» a une importance particulière, à laquelle est sensible tout croyant soumis à la parole de Dieu. Les adeptes de la doctrine de l’universalisme essaient d’expliquer que le mot éternel ne signifie pas perpétuel ou sans fin. Pourtant, un passage tel que 2 Corinthiens 4:16 à 18, où est employé le mot «éternel» (aionios), met clairement en évidence la différence entre ce qui est limité dans le temps et ce qui est éternel. Voici encore quelques exemples de ce qui nous est présenté dans le Nouveau Testament comme demeurant éternellement :

·        le Dieu éternel (Rom. 16:26),

·        l’Esprit éternel (Héb. 9:14),

·        la vie éternelle (Jean 3:16),

·        le salut éternel (Héb. 5:9),

·        la rédemption éternelle (Héb. 9:12),

·        l’héritage éternel (Héb. 9:15),

·        la maison éternelle (2 Cor. 5:1),

·        la gloire éternelle (2 Tim. 2:10).

Peut-on honnêtement prétendre, après avoir considéré ces passages, que les «tourments éternels» sont limités dans le temps ? Non, évidemment ! Pour nier l’éternité des peines, il faut tordre la vérité ; ce qui revient à nier ce que Dieu, qui ne peut mentir, nous dit dans sa Parole.

 

2.10  2 Thes. 1:10

«Quand il viendra pour être, dans ce jour-là, glorifié dans ses saints et admiré dans tous ceux qui auront cru, car notre témoignage envers vous a été cru».

Le Seigneur reviendra sur la terre, là où on n’a pas voulu de lui. «Et ses pieds se tiendront, en ce jour-là, sur la montagne des Oliviers» (Zach. 14:4). Ce sera sa venue en gloire. De nombreux passages de l’Écriture mettent cette venue en relation avec le jugement. C’est ce que nous avons vu au chapitre 5 de la première épître, lorsqu’il est parlé du jour du Seigneur.

Le verset 10 fait un contraste particulier avec le verset précédent. Il est dit — et combien cela est précieux à nos cœurs ! — que le Seigneur sera «glorifié dans ses saints». Si nous sommes «ses saints», ce n’est ni par nos efforts ni par nos mérites, mais parce que nous avons été rendus tels. Paul emploie déjà cette expression dans la première épître, quand il parle de «la venue de notre Seigneur Jésus avec tous ses saints» (3:13). L’expression englobe aussi les saints de l’Ancien Testament. Nous serons alors manifestés en étroite relation avec Christ et conformes à la sainteté de celui que nous accompagnerons.

Que signifie «glorifier» ? — ce mot que, peut-être, nous utilisons parfois sans en peser le sens. Glorifier signifie manifester les vertus et les beautés d’une personne. Le Seigneur Jésus a glorifié Dieu, comme aucun autre n’aurait pu le faire, en faisant connaître ce qu’il est : lumière et amour. Et le point culminant de cette glorification, c’est la croix (Jean 13:31). Dans ce verset 10, nous apprenons que les traits glorieux de Christ seront vus en nous, ses saints, à sa venue. Il sera alors manifesté dans la perfection et la beauté qui lui sont propres.

La révélation du Seigneur en gloire a deux aspects : d’un côté, il sera glorifié dans le jugement, en manifestant sa sainteté (comme en Ex. 14:4, 17 ; Ézéch. 28:22), et de l’autre côté il sera glorifié «dans ses saints». Ici, il n’est pas glorifié par ses saints, mais en eux. La gloire que nous refléterons lorsque nous lui serons semblables sera sa propre gloire, celle qu’il nous a donnée (Jean 17:22). Non seulement nous la partagerons avec lui, mais nous en serons aussi les porteurs. Quelle grâce !

Il sera «admiré dans tous ceux qui auront cru». La venue du Seigneur ne passera pas inaperçue ; il s’agira d’un événement public. Nous pouvons imaginer la surprise du monde lorsqu’il verra les effets de la grâce de Dieu dans des hommes tels que nous. Le temps des souffrances et des persécutions sera définitivement passé, ce temps dans lequel, comme le dit l’apôtre Paul, «nous sommes devenus comme les balayures du monde et le rebut de tous» (1 Cor. 4:13).

En ajoutant «car notre témoignage envers vous a été cru», l’apôtre place les Thessaloniciens au rang de ceux qui apparaîtront avec le Seigneur en gloire. Il leur rappelle leur conversion. Ils avaient reçu la parole de la prédication comme étant véritablement de Dieu (1 Thess. 2:13). Toute leur vie de croyants est évoquée ici, depuis leur conversion jusqu’au jour où ils verront l’objet de leur foi. C’était un encouragement pour eux dans un temps où ils étaient troublés quant au jour du Seigneur.

 

2.11  2 Thes. 1:11

«C’est pour cela que nous prions aussi toujours pour vous, que notre Dieu vous juge dignes de l’appel, et qu’il accomplisse tout le bon plaisir de sa bonté et l’œuvre de la foi en puissance».

Paul et ses compagnons priaient continuellement pour les Thessaloniciens. Il ne s’agit pas ici d’actions de grâces, comme au verset 3, mais de prières. Cet exemple nous rappelle que nous avons à rendre grâces et à intercéder pour nos frères et sœurs, et que nous devons le faire avec constance, comme l’évoque le mot «toujours» dans ce verset. Ici, le but de cette intercession est que Christ soit glorifié maintenant dans les croyants.

Bien que la relation avec le verset 10 soit évidente, cette prière reprend en fait la pensée du verset 5. Elle n’a pas en vue le temps futur de la manifestation publique du Seigneur, mais le temps présent du royaume de Dieu, durant lequel les Thessaloniciens souffraient et subissaient la persécution. La demande était que Dieu les juge dignes de l’appel. Quant à leur position, ils l’étaient déjà ; mais il s’agit ici de leur marche pratique, comme le fait comprendre le verbe «juger».

De façon générale, l’appel peut se rapporter à ce que nous possédons déjà (comme en Éph. 4:1), ou aux choses à venir, ce qui semble être le cas ici. Dans la même ligne que ces versets 5 et 11, nous avions déjà lu dans la première épître : «Que vous marchiez d’une manière digne de Dieu qui vous appelle à son propre royaume et à sa propre gloire» (2:12).

Les croyants sont appelés à refléter quelque chose de la gloire du Seigneur ici-bas déjà, dans leur vie quotidienne, en attendant le jour où cette gloire sera manifestée en eux de manière parfaite et visible de tous.

En considérant les tribulations par lesquelles passaient les Thessaloniciens, on peut comprendre qu’il soit parlé de l’œuvre de la foi en puissance. Dieu avait commencé à opérer en eux l’œuvre de la foi et la prière de Paul était que cette œuvre soit pleinement accomplie. Qu’en est-il de l’œuvre de la foi dans nos vies ?

 

2.12  2 Thes. 1:12

«En sorte que le nom de notre Seigneur Jésus Christ soit glorifié en vous, et vous en lui, selon la grâce de notre Dieu et du Seigneur Jésus Christ».

C’est par ces paroles, qui décrivent un objectif précis, que se termine ce chapitre d’encouragement. L’appel de Dieu appartient au passé, et son accomplissement, au futur. Mais ce magnifique avenir — le jour du Seigneur, où il sera glorifié dans ses saints — projette ses rayons dans le temps présent, où les croyants sont encore persécutés. Aujourd’hui, les droits du Seigneur sont foulés aux pieds. Les hommes de ce monde déclarent toujours : «Nous ne voulons pas que celui-ci règne sur nous» ; et ils sont hostiles à ceux qui reconnaissent son autorité dans leur vie et suivent ses traces. La gloire de Christ est encore cachée. Mais, bien que le jour où il sera glorifié publiquement dans les siens ne soit pas encore là, il y a néanmoins des hommes qui en reflètent quelque chose aujourd’hui déjà, et cela dans des circonstances difficiles. Christ glorifié dans les siens — voilà qui peut être réalisé moralement dans notre vie ici-bas.

Il est nommé ici : notre Seigneur Jésus Christ. Il est le Seigneur, à qui il a été donné autorité sur toutes choses et dont nous sommes les esclaves. Nous le glorifions lorsque nous le servons et reconnaissons ses droits dans notre vie pratique. Il est aussi Jésus, l’Homme qui est venu sur la terre, s’abaissant lui-même, pour consacrer sa vie à son Dieu. Nous le glorifions lorsque nous apprenons de lui et que nous suivons ses traces. Il est aussi le Christ, l’Oint de Dieu, celui qui est haut élevé et glorifié à la droite de Dieu. C’est en le contemplant là que nous serons «transformés en la même image, de gloire en gloire, comme par le Seigneur en Esprit» (2 Cor. 3:18).

Comment saisir la portée des mots qui suivent : «et vous en lui» ? Paul écrit aux Colossiens en parlant du jour où sa gloire sera manifestée : «Quand le Christ qui est notre vie, sera manifesté, alors vous aussi, vous serez manifestés avec lui en gloire» (Col. 3:4). Cela dépasse véritablement notre entendement et, de ce fait, notre capacité d’expliquer vraiment cette expression. Nous voyons ici le Seigneur s’identifier avec les siens. Lorsque les caractères du Seigneur sont vus en nous — c’est ainsi qu’il est glorifié en nous — nous sommes liés à lui d’une façon si étroite que Paul peut dire que nous sommes en même temps glorifiés en lui. Autrement dit : si ceux qui nous entourent ne voient plus que Christ en nous, nous sommes pratiquement déjà un avec lui.

Il est ajouté : «selon la grâce de notre Dieu et du Seigneur Jésus Christ». Si Dieu atteint ce but dans notre vie, ce n’est que par sa grâce, sans aucun mérite de notre part. Comme toujours, nous n’apportons que des mains vides, mais Dieu peut les remplir.

 

3         Le jour du Seigneur et l’homme de péché : Chapitre 2, versets 1 à 12

Après les propos préliminaires du premier chapitre, Paul en vient au thème essentiel de l’épître. Il aborde de face l’erreur répandue par les faux docteurs qui prétendaient que le jour du Seigneur était déjà là. Les circonstances que traversaient les Thessaloniciens fournissaient au moins trois raisons de traiter le sujet :

1° Cette fausse doctrine les avait troublés et avait obscurci leur espérance quant à l’enlèvement des saints, si même elle ne l’avait pas complètement ôtée de leur cœur. En effet, nous avons vu dans le premier chapitre que l’espérance de ces croyants n’est plus mentionnée, contrairement à leur foi et à leur amour. Or l’espérance est un élément si essentiel du christianisme que son affaiblissement est grave.

2° L’enseignement des faux docteurs était une atteinte directe aux vérités contenues dans la première épître. Si le jour du Seigneur avait déjà été là, les glorieux enseignements de celle-ci concernant la venue du Seigneur auraient été faux. L’autorité de la parole de Dieu était mise en doute.

3° Les enseignements donnés exerçaient une influence néfaste sur le comportement pratique des Thessaloniciens (cf. 3:6-12) ; il ne s’agissait pas seulement de spéculations théoriques. Une fausse doctrine entraîne toujours le désordre dans la marche pratique. C’est un principe qu’on retrouve souvent dans la parole de Dieu. Nous avons besoin de la doctrine pour nous diriger dans notre marche. Un chrétien sans doctrine est comme une maison sans fondations.

Dans ce chapitre 2, Paul présente de façon explicite les événements qui doivent précéder le jour du Seigneur. Il commence par rappeler l’enlèvement des croyants, vérité que les Thessaloniciens connaissaient déjà. Cet enlèvement, contrairement au jour du Seigneur, peut survenir à tout instant, sans être annoncé par des événements précurseurs.

L’apôtre donne ensuite un remarquable aperçu du déroulement des événements futurs relatifs à la chrétienté : l’apostasie, la révélation de l’Antichrist, l’apparition du Seigneur Jésus en son jour, ainsi que les jugements qui frapperont la chrétienté apostate. De tels sujets — aussi intéressants soient-ils — ne nous sont pas donnés pour satisfaire notre curiosité, mais pour nous éclairer au sujet des tendances et de l’évolution auxquelles nous pouvons assister aujourd’hui déjà (cf. 2 Pierre 1:19).

Il est étonnant qu’il y ait eu, et qu’il y ait encore, autant de fausses interprétations de ce chapitre. Si l’on a tout lieu de penser que les Thessaloniciens ont compris ces enseignements, en revanche, ce qu’on trouve peu après, dans la plupart des écrits des «pères de l’Église», démontre que la compréhension de ce texte et sa véritable signification se sont rapidement perdues.

Aujourd’hui encore, des commentateurs de la Bible, et parfois des traducteurs, se sont écartés du vrai sens de ce passage. Or une fausse compréhension de ce qu’est le jour du Seigneur a des conséquences désastreuses. On ne fait plus de distinction entre la venue du Seigneur pour les siens et sa venue avec les siens. On admet ainsi que les croyants devront passer par la grande tribulation. Une saine compréhension de ce passage nous donne une tout autre lumière sur le sujet. Nous ne pouvons que recommander de lire ce chapitre avec prière et avec une attention particulière.

 

3.1       2 Thes. 2:1

«Or nous vous prions, frères, par la venue de notre Seigneur Jésus Christ et par notre rassemblement auprès de lui».

Bien que les Thessaloniciens soient tombés dans l’erreur, Paul ne leur fait aucun reproche direct. Il leur avait déjà expliqué dans la première épître la différence entre l’enlèvement des croyants et le jour du Seigneur (chap. 4 et 5), mais ils avaient manifestement besoin d’enseignements complémentaires sur ce point. L’apôtre savait qu’ils étaient jeunes sur le chemin de la foi et son attitude envers eux est pleine de délicatesse. Ces croyants se trouvaient dans une situation difficile, subissant en même temps les assauts de la persécution et ceux des faux docteurs. Ainsi nous comprenons bien l’affection qui ressort de ces paroles : «Or nous vous prions, frères...» et nous pouvons en tirer une leçon pour nos relations fraternelles.

Paul prie ici les Thessaloniciens «par la venue de notre Seigneur Jésus Christ et par notre rassemblement auprès de lui». Autrement dit, les enseignements que l’apôtre donne ensuite s’appuient sur ces vérités.

Le mot parousia, employé ici pour désigner la «venue du Seigneur», n’indique pas seulement sa venue, mais aussi sa présence. Il s’agit d’une période avec un commencement, une durée et une fin. Elle va de l’enlèvement des croyants à l’apparition du Seigneur sur la terre pour y établir son règne. Cette expression revient au moins six fois dans les deux épîtres et se rapporte soit à l’enlèvement des saints, soit à l’apparition du Seigneur en gloire.

Le fait que la venue soit mentionnée avant le rassemblement nous conduit à penser que ces deux expressions se rattachent ici à l’enlèvement. La forme même du texte original signifie que la venue de Christ et notre rassemblement auprès de lui sont deux événements étroitement liés l’un à l’autre. Et ceci a pour les croyants une profonde signification.

L’enlèvement des croyants n’est pas le sujet de cette épître — à l’exception de ce verset, il n’en est fait mention ni dans ce qui précède ni dans ce qui suit — mais Paul voulait encourager et enseigner les Thessaloniciens en se basant sur les vérités qu’il leur avait fait connaître dans sa première épître.

La venue du Seigneur pour les siens est leur espérance immédiate. Comme les affirmations des faux docteurs y portaient atteinte, Paul la remet en lumière en commençant ses explications. L’enlèvement des croyants est la condition préalable pour que puisse venir le jour du Seigneur. Les saints doivent être dans la même position que Christ, être réunis avec lui avant qu’il puisse se manifester en gloire à ceux du dehors.

Ce verset sert donc de point de départ aux enseignements de l’apôtre ; il prépare les Thessaloniciens à ce qui allait suivre, et, en même temps, il les encourage à ne pas se laisser troubler.

 

3.2       2 Thes. 2:2

« (Nous vous prions)... de ne pas vous laisser promptement bouleverser dans vos pensées, ni troubler, ni par esprit, ni par parole, ni par lettre, comme si c’était par nous, comme si le jour du Seigneur était là».

Ce verset fait ressortir trois choses : il nous indique de façon précise en quoi consistait l’erreur enseignée aux Thessaloniciens, il fait allusion aux conséquences qu’elle entraînait et que Paul redoutait (il en constatait probablement déjà les premiers effets), et il nous montre de quelle façon elle avait été introduite.

Des faux docteurs étaient venus vers les Thessaloniciens en prétendant que le jour du Seigneur était là et que, par conséquent, ils vivaient le temps de la grande tribulation. Les circonstances difficiles qu’ils traversaient les rendaient réceptifs à l’égard d’un tel enseignement et ils s’étaient mis à confondre leurs persécutions avec le jugement qui frapperait les incrédules au jour du Seigneur.

Les épîtres de Paul mentionnent aussi «le jour de Christ» ou «la journée du Seigneur Jésus» (Phil. 1:6, 10 ; 2:16 ; 1 Cor. 1:8 ; 5:5 ; 2 Cor. 1:14). Ce jour, qui correspond lui aussi à toute une période, est en relation avec la révélation du Seigneur Jésus. Il nous montre toutefois davantage l’aspect céleste que l’aspect terrestre. Le jour du Seigneur se rapporte à Israël et aux nations et, pour l’essentiel, à des événements qui ont lieu sur la terre. Le jour de Christ, en revanche, est en relation avec les choses célestes et avec les saints que le Seigneur aura enlevés auprès de lui. Le jour du Seigneur commence par le châtiment et le jugement, alors que le jour de Christ est lié à la récompense. Ces deux jours ne peuvent certes pas être séparés, mais il est bon de ne pas les confondre.

Quels étaient les effets de cette fausse doctrine sur les Thessaloniciens ? Paul les exhorte à ne pas se «laisser promptement bouleverser» «ni troubler» dans leurs pensées, ce qui avait manifestement eu lieu. Ils étaient déconcertés, dans le désarroi. Toute leur vie spirituelle était en danger d’aller à la dérive et de faire naufrage.

Ce mauvais enseignement menaçait leur paix intérieure et risquait d’ébranler la confiance qu’ils avaient mise dans le Seigneur malgré leurs circonstances adverses. Leurs regards devaient donc être dirigés vers «les choses qui sont en haut» (cf. Col. 3:1-3). L’Ennemi s’efforce toujours de détourner nos regards des choses du ciel et de les orienter vers les choses de la terre. L’apôtre Paul craignait de voir les dégâts arriver «promptement», et ils étaient peut-être déjà arrivés. L’expression évoque une décision hâtive, irréfléchie (cf. 1 Tim. 5:22). Les conséquences d’une fausse doctrine apparaissent tantôt rapidement tantôt plus lentement, mais quoi qu’il en soit, elles se manifestent toujours.

De quelle manière l’erreur avait-elle été introduite parmi les Thessaloniciens ? Les faux docteurs qui l’avaient propagée ne s’étaient pas contentés de faire part de leur opinion, ils prétendaient que leurs paroles reposaient sur une révélation divine. Satan n’est jamais à cours de moyens ; il ne recule devant rien pour corrompre, si possible, l’œuvre de Dieu.

«... Ni par esprit, ni par parole, ni par lettre, comme si c’était par nous» : on reconnaît ici la ruse dont s’est servi Satan dès le début, celle de l’imitation. Les trois éléments dont nous venons de parler avaient aussi marqué le service de Paul auprès des Thessaloniciens. Son évangile était venu à eux dans «l’Esprit Saint» (1 Thess. 1:5) et il les avait enseignés «par parole» et «par lettre» (2 Thess. 2:15). Les faux docteurs avaient tenté de contrefaire Paul et d’usurper son autorité, par esprit, par parole et par lettre. Mais ici l’imposture est mise à nu. Paul déclare hautement que cette doctrine ne vient pas de lui et qu’elle était en flagrante contradiction avec ce qu’il avait enseigné.

 

3.3       2 Thes. 2:3

«Que personne ne vous séduise en aucune manière, car ce jour-là ne viendra pas que l’apostasie ne soit arrivée auparavant et que l’homme de péché n’ait été révélé, le fils de perdition».

Le but de Satan est toujours de séduire. Pour y arriver, il utilise tantôt une manière, tantôt une autre, de sorte que nous devons être vigilants. L’expression «en aucune manière» élargit la pensée du verset 2, où nous avons vu Satan chercher à séduire par le moyen de l’imitation — ceci s’ajoutant, pour les Thessaloniciens, à la persécution et à la tribulation dont nous a entretenus le chapitre 1. Satan se présente ici à la fois comme le lion rugissant et comme le serpent ancien. Il a été trompeur et séducteur dès le commencement et il le sera jusqu’à la fin (Gen. 3:13 ; Apoc. 20:7-10).

Paul met maintenant en lumière le point décisif : «Car ce jour-là ne viendra pas que... ». Il s’agit du «jour de l’Éternel» — ou «jour du Seigneur» (v. 2) — dont ont parlé les prophètes de l’Ancien Testament, et duquel il a déjà été question dans la première épître. Comme nous l’avons déjà vu, c’est une période qui commence avec les jugements et qui se poursuit dans le règne de mille ans. Le Seigneur paraîtra en personne sur cette terre afin d’exercer les jugements contre les incrédules ; puis il y établira son royaume en puissance et en gloire, et sera reconnu comme «Seigneur des seigneurs».

Ce jour ne pouvait donc pas être là. L’apôtre ajoute maintenant une autre raison. Des événements qui doivent précéder le jour du Seigneur n’avaient pas encore eu lieu — et d’ailleurs ils n’ont pas eu lieu jusqu’à aujourd’hui. Paul ne se réfère pas à de nombreux événements que mentionnent les prophéties de l’Ancien ou du Nouveau Testament, et auxquels nous pourrions penser. Conduit par l’Esprit, il parle exclusivement d’événements prophétiques qui touchent la chrétienté, aspect de la prophétie qui n’est pas développé dans l’Ancien Testament. Paul ne parle ici ni d’Israël, ni de l’Empire romain, mais de ceux qui font profession de la foi chrétienne.

Lorsque nous parlons de la chrétienté, il est nécessaire de bien distinguer entre ce qui est vrai et ce qui ne l’est pas, entre ce qui a de la valeur aux yeux de Dieu et ce qui n’en a pas. Nombre de gens se nomment chrétiens sans avoir une foi véritable et sans posséder la vie divine. Dieu reconnaît ceux qui sont siens, mais il voit aussi ceux dont il est dit qu’ils ont «la forme de la piété» tout en «en ayant renié la puissance» (2 Tim. 3:5).

La véritable assemblée de Dieu est celle qu’il s’est acquise par le sang de son propre Fils. Infiniment précieuse à ses yeux, elle est formée de tous ceux qui possèdent la vie de Dieu durant le temps de la grâce. Sous cet aspect, elle ne fait pas l’objet de la prophétie biblique. En effet, la prophétie concerne ce qui a rapport avec la terre et le temps, alors que l’assemblée selon le conseil de Dieu est éternelle et n’appartient pas à la terre. Lorsqu’il s’agit de ceux qui portent le nom de chrétiens et de leur responsabilité, il y a une relation avec la terre et, sous cet aspect, l’assemblée fait l’objet de prophéties. C’est ce que nous voyons en Apocalypse 2 et 3, par exemple.

Lorsque le Seigneur aura enlevé les siens, il ne restera ici-bas que les chrétiens de nom, ne possédant pas de foi réelle. C’est d’eux qu’il s’agit ici. Les deux événements mentionnés dans notre verset surviendront après l’enlèvement des croyants, dans la chrétienté professante. Le premier sera l’avènement de l’apostasie, et le deuxième, la révélation de l’homme de péché. Tous deux sont étroitement liés l’un à l’autre.

L’apostasie est un mouvement général au sein de la chrétienté. L’homme de péché, un homme entièrement caractérisé par le péché et la perdition, se servira de l’apostasie à son propre profit, en se plaçant à la tête de ce mouvement. Dans l’histoire des hommes, il en a souvent été ainsi : il y a d’abord un mouvement latent jusqu’au jour où apparaît un meneur qui sait en tirer profit et l’amener à son apogée.

Qu’est-ce que l’apostasie ? L’expression grecque «apostasia» était utilisée, aussi bien dans le langage militaire que dans celui de la politique, pour parler de désertion ou de rébellion contre l’autorité du gouvernement. Paul l’emploie ici pour décrire l’abandon de la vérité et de la doctrine chrétienne. Il est particulièrement frappant de voir que, dans cette épître qui est l’une de ses premières, Paul est contraint de parler de ce mouvement pernicieux au sein du christianisme et de nous en indiquer la fin.

C’est un principe que nous retrouvons toujours dans la parole de Dieu : l’homme ne fait que ruiner ce que Dieu lui a confié. Il en a été ainsi avant la loi, il en a été ainsi sous la loi et, malheureusement, il n’en est pas autrement au temps de la grâce. Aucun développement positif n’est à attendre dans le christianisme. Aucune amélioration à aucun niveau. Au contraire, confiée à la responsabilité de l’homme, l’Église a été caractérisée dès le début par la ruine et la décadence. Bien des croyants ont abandonné, très tôt déjà, leur premier amour (Apoc. 2:4).

D’autres ont adhéré au christianisme sans avoir jamais possédé la vie de Dieu, tel Simon le magicien (Actes 8:9-25). Dans les premières décennies, ceux qui professaient la foi chrétienne sortaient pour la plupart du judaïsme. En Hébreux 6:6, il est parlé de «ceux qui sont tombés», c’est-à-dire de ceux qui s’étaient tournés du judaïsme vers le christianisme pour retomber ensuite dans leur ancienne religion. Ils avaient abandonné la sphère qui seule offrait la possibilité d’accéder au salut, c’est-à-dire celle du christianisme.

Il nous est dit en 1 Timothée 4:1, «qu’aux derniers temps quelques-uns apostasieront de la foi». Il y aura donc des hommes qui rejetteront complètement la doctrine chrétienne — la foi —, qu’ils avaient apparemment embrassée, pour s’attacher à d’autres choses. C’est un phénomène qu’on peut, hélas ! observer fréquemment aujourd’hui.

Dans notre verset, il n’est pas simplement question de déclin ou de ruine, qui ne concerneraient que des individus ou certains groupes de personnes, alors que d’autres continueraient à maintenir leur confession de foi. Non, la chrétienté dans son entier apostasiera et il ne restera plus aucune trace de christianisme. Les chrétiens de nom qui vivront sur la terre à ce moment-là se détourneront ouvertement de Dieu et du Seigneur Jésus pour suivre quelqu’un d’autre. La personne de Jésus sera complètement mise de côté et l’autorité de la parole de Dieu sera rejetée. Le christianisme, la sphère dans laquelle on peut aujourd’hui connaître le salut et servir Dieu, sera remplacé par une autre religion qui n’aura plus rien à faire avec le vrai Dieu. L’apostasie est donc l’abandon complet de la doctrine chrétienne, de la vérité de Dieu et des bases mêmes de la foi.

On ne peut abandonner la vérité chrétienne que si on l’a une fois professée, mais sans réelle conviction. Quelqu’un qui est né de nouveau peut, il est vrai, affliger le Seigneur et suivre un chemin de propre volonté, mais il ne peut tomber dans le sens que nous trouvons ici. Un païen, quelqu’un qui n’a jamais embrassé la religion chrétienne, ne peut pas non plus apostasier de la foi. L’apostasie ne s’applique qu’aux chrétiens de nom, à ceux qui se contentent d’une forme religieuse, sans avoir jamais vraiment eu la vie de Dieu. Nous comprenons donc bien que l’apostasie annoncée dans ce verset 3 ne pourra survenir qu’au moment où il n’y aura plus de croyants sur la terre, c’est-à-dire après leur enlèvement.

Celui qui se mettra à la tête du mouvement d’apostasie se manifestera être «l’inique» (v. 8), un homme sans frein, voulant s’élever au-dessus de tout. De plus, selon 1 Jean 2:22, cet homme niera que Jésus est le Christ (ce qui est caractéristique du judaïsme) et il niera le Père et le Fils (ce qui est caractéristique du christianisme).

Il va pour ainsi dire de soi qu’une telle apostasie ne peut survenir sans signes précurseurs. Aujourd’hui, on peut déjà très nettement en constater un certain nombre. Le Père et le Fils ne sont-ils pas niés par une grande partie de ceux qui portent le nom de chrétiens ? Des théologiens mettent en doute, ou même nient publiquement, la filiation éternelle du Seigneur Jésus, son humanité, ainsi que la nécessité de sa mort expiatoire. S’il est vrai que ces courants de pensées ne touchent pas toute la chrétienté, il est tout de même effrayant de voir la rapidité avec laquelle ils se propagent. Ces tendances se manifestent même au sein de communautés qui, il y a quelques décennies encore, respectaient dans une large mesure les vérités bibliques.

Et qu’en est-il de nous ? S’il est hors de doute qu’un vrai chrétien ne peut pas apostasier, il peut, hélas ! manifester certains caractères de l’apostasie. Nous ne sommes pas à l’abri du danger de mépriser la vérité de Dieu et d’abandonner les enseignements de sa Parole.

Qui est ce personnage satanique appelé ici «l’homme de péché», «le fils de perdition», et au verset 8 «l’inique» ? Il y a eu, au cours de l’histoire, plusieurs personnalités telles que certains ont cru qu’il s’agissait de lui. Mais cet homme n’apparaîtra qu’au moment où l’apostasie sera arrivée. Il est possible qu’il vive déjà actuellement, mais quoiqu’il en soit, il n’a pas encore été «révélé». Cet homme est distinct du dominateur romain représenté par «la bête» montant de la mer en Apocalypse 13:1, bien que certains de leurs traits de caractère soient les mêmes. L’homme dont parle notre verset est peut-être mieux connu sous le nom de «l’Antichrist» (1 Jean 2:18, 22 ; 4:3 ; 2 Jean 7). C’est celui qui se présentera comme chef pour Israël et que les Juifs recevront comme leur Messie. C’est la seconde bête d’Apocalypse 13, la «bête montant de la terre» (v. 11).

L’Antichrist est le grand adversaire du Seigneur Jésus. Le préfixe grec «anti» signifie aussi bien «contre» que «à la place de», expressions qui, toutes deux, décrivent très bien le personnage et sa façon d’agir. Nous le voyons ici, ainsi qu’en 1 Jean 2:22, sous son aspect religieux. Il est aussi bien le Juif apostat que le chrétien apostat. Nous verrons plus tard qu’il alliera le judaïsme au christianisme pour en faire une nouvelle religion occulte.

Nous avons tout lieu de penser que l’Antichrist sera un Juif. Ce sera «le faux prophète» (Apoc. 16:13 et 19:20), qui se présentera comme étant le Messie. Dans la vision d’Apocalypse 13, on le voit apparaître comme «une autre bête montant de la terre» ; il a «deux cornes semblables à un agneau», et pourtant il parle «comme un dragon» (v. 11). Il sera sous l’influence directe de Satan lui-même, et en relation étroite avec «la bête montant de la mer», le dominateur romain. Le prophète Zacharie le nomme «un berger insensé» (11:15-17) et, sous cet aspect, il forme un contraste évident avec le Seigneur Jésus, le vrai Berger.

D’autres passages de l’Ancien Testament nous présentent davantage le caractère politique de cet homme qui se placera à la tête d’Israël. Il est appelé «le roi» en Ésaïe 30:33 et 57:9, ainsi qu’en Daniel 11:36. Le passage d’Ésaïe 28:15 nous montre que, par peur de l’ennemi du nord, ceux qui gouvernent à Jérusalem solliciteront l’aide du dominateur romain, mais ce sera en réalité «une alliance avec la mort».

L’Antichrist (ainsi que nous le nommerons désormais) sera donc «révélé». Ce mot — comme le mot «révélation» au chapitre 1, à propos du Seigneur Jésus (v. 7) — implique la soudaine apparition d’une personne qui était restée cachée auparavant. Le Fils de l’homme viendra sur la terre «comme un voleur dans la nuit» ; de la même manière, son adversaire apparaîtra soudainement pour commencer son œuvre diabolique.

De plus, il ressort du passage de Daniel 9:27 que l’Antichrist ne révélera son vrai caractère — tel qu’il est décrit dans notre chapitre — que dans la deuxième moitié de la dernière semaine de Daniel (les trois ans et demi de la grande tribulation). Jusqu’au «milieu de la semaine», il y aura encore un service religieux juif dans le temple, service qui sera aboli alors, pour être remplacé par la religion occulte de l’Antichrist. Remarquons que sa vraie nature sera manifestée au moment où Satan sera précipité du ciel (Apoc. 12:7-9). Le diable exercera alors une influence directe aussi bien sur l’Antichrist que sur la Bête romaine.

Nous voyons, dans notre verset, deux traits du caractère de l’Antichrist : il est «l’homme de péché» et «le fils de perdition». De plus, au verset 8, il est appelé «l’inique».

En tant que «l’homme de péché», l’Antichrist est l’incarnation du mal. Adam, le premier homme, était tombé dans le péché, mais ici, nous voyons le premier homme sous un aspect tout particulier. Il est la parfaite révélation du mal et incarne, pour ainsi dire, le péché de l’humanité entière. C’est Adam dans son état de chute, pleinement développé. L’orgueil et l’arrogance à leur paroxysme seront les caractères dominants de ce personnage. Pouvons-nous imaginer un plus grand contraste que celui qu’il fait avec notre Seigneur, l’homme parfait que la Parole nomme le dernier Adam (1 Cor. 15:45) ?

L’expression «fils de perdition» nous fait penser à Judas Iscariote que le Seigneur Jésus lui-même a appelé ainsi (Jean 17:12). Ce disciple, qui a livré son Maître pour un gain honteux, est une image frappante de l’Antichrist (cf. Actes 1:20 et Ps. 109). L’expression «fils» suggère ici à la fois la nature, l’origine et la destinée de cet homme.

 

3.4       2 Thes. 2:4

«Qui s’oppose et s’élève contre tout ce qui est appelé Dieu ou qui est un objet de vénération, en sorte que lui-même s’assiéra au temple de Dieu, se présentant lui- même comme étant Dieu».

Alors que le verset 3 nous décrit le caractère de l’Antichrist, le verset 4 nous révèle ses agissements. Nous y trouvons le portrait effroyable d’une créature qui s’élève ouvertement contre Dieu, tout en faisant d’elle-même le centre de tout. Ce verset nous montre clairement que c’est dans le monde religieux que l’Antichrist exerce son activité, un monde religieux qui englobe le judaïsme et le christianisme.

Quand, sous la conduite de l’Antichrist, toute vérité sera abandonnée, il sera facile d’allier le judaïsme au christianisme pour en faire une nouvelle religion. Par la puissance de Satan, l’Antichrist réussira alors à convaincre les hommes en se présentant lui-même, ainsi que le dominateur romain, comme étant dieu. Le fait que des hommes qui ont porté le nom de chrétiens le croiront — comme nous le verrons plus en détail au verset 11 — sera un jugement de la part de Dieu contre eux.

On peut parler avec raison d’une «trinité satanique». De même que la vérité chrétienne est fondée sur la révélation de la Trinité divine (Dieu le Père, le Fils et le Saint Esprit), cette religion occulte des derniers jours sera fondée sur Satan et sur les deux bêtes d’Apocalypse 13. On peut qualifier cette religion d’occulte, parce que l’Antichrist séduira les hommes par la magie ; et ce pouvoir de séduction sera tel que les hommes seront amenés à rendre hommage à une idole (cf. Apoc. 13:13-17). Nous pouvons voir là toute la puissance et la ruse de Satan. Nous avons déjà fait remarquer que cette religion arrivera à son apogée dans la deuxième moitié de la dernière semaine de Daniel, lorsque Satan aura été précipité du ciel.

L’Antichrist s’oppose : Il est contre Christ, l’adversaire qui combat contre le vrai Dieu, de la manière la plus insolente qui soit.

Il s’élève contre tout ce qui est appelé Dieu ou qui est un objet de vénération : Nous ne pouvons imaginer un orgueil et une arrogance dépassant ce que nous avons ici. Daniel 11:36 mentionne ce «roi» qui agira «selon son bon plaisir» et qui «s’élèvera contre tout dieu». À nos premiers parents déjà, Satan avait dit : «Vous serez comme Dieu» (Gen. 3:5). Aujourd’hui, de plus en plus, l’homme est le centre et il n’y a pas de place pour Dieu. Cette évolution culminera dans la révélation de l’homme de péché.

L’homme a toujours eu besoin d’un objet de vénération. Nous voyons en Romains 1 que les hommes, après s’être détournés de Dieu, se sont mis à adorer des idoles, sous diverses formes. Il en était ainsi parmi les païens et il en est de même aujourd’hui parmi les hommes modernes du vingtième siècle, avec des dieux différents.

Nous voyons donc ici que l’Antichrist s’attache à éliminer toute notion de divinité, vraie ou fausse. Toute religion existante sera alors supprimée et remplacée par une religion satanique universelle.

L’Antichrist s’assiéra au temple de Dieu : Nous avons ici une autre allusion au caractère judaïque de l’Antichrist. Il s’assied au temple de Dieu. Il ne peut évidemment pas s’agir de l’assemblée de Dieu, puisque les croyants, qui constituent ce temple spirituel de Dieu aujourd’hui (1 Cor. 3:16 ; Éph. 2:21), ne seront plus sur la terre à ce moment-là. Il s’agit sans doute d’un temple matériel qui doit encore être construit à Jérusalem, mais l’Écriture ne nous donne pas d’indications à ce sujet. La construction de ce temple pourrait avoir lieu aussi bien avant qu’après l’enlèvement des saints. Ce qui est certain, c’est qu’il y aura un temple au moment où l’Antichrist apparaîtra sur la scène.

L’existence d’un temple à Jérusalem à cette période ressort aussi du passage de Daniel 9:27 où il est dit que le sacrifice et l’offrande cesseront. Durant la première moitié de la dernière semaine de Daniel — c’est-à-dire avant la grande tribulation — des sacrifices seront encore offerts dans ce temple. Ils cesseront toutefois brusquement pour être remplacés par une idole, «l’abomination qui désole» (Dan. 12:11). C’est à cela que se réfère le Seigneur Jésus quand, dans son discours prophétique de Matthieu 24, il parle de «l’abomination de la désolation... établie dans le lieu saint» (v. 15). Cette «abomination» est l’image diabolique érigée dans le temple, à la gloire du chef de l’Empire romain, au milieu de la dernière semaine de Daniel. Cet événement mettra fin à toute religion d’origine judaïque et chrétienne.

L’Antichrist «s’assied» au temple de Dieu, au sanctuaire de Dieu. Il s’arroge la place qui revient à Dieu. Le sacrificateur lui-même n’était jamais «assis» dans le temple ; il exerçait son service en se tenant debout (voir Héb. 10:11). L’Antichrist s’assied sans scrupules sur le trône qui appartient à Dieu seul. Dans le prophète Ésaïe, nous lisons au sujet du roi de Babylone : «Et toi, tu as dit dans ton cœur : Je monterai aux cieux, j’élèverai mon trône au-dessus des étoiles de Dieu, et je m’assiérai sur la montagne de l’assignation, au fond du nord. Je monterai sur les hauteurs des nues, je serai semblable au Très-Haut» (14:13, 14). Nous voyons ici que l’Antichrist pousse l’arrogance encore plus loin : il veut non seulement être semblable à Dieu, mais s’élever au-dessus du vrai Dieu.

L’Antichrist se présente lui-même comme étant Dieu : Ceci est sans doute le comble de la prétention et de l’orgueil. L’Antichrist ne prend pas la place d’un représentant ou d’un médiateur — ce que d’autres ont fait avant lui, en contradiction avec les pensées de Dieu —, mais il se présente comme étant Dieu. Ainsi, il met fin à toute religion qui a Dieu pour objet ; Dieu est pour ainsi dire «aboli». Satan aura alors atteint son but : un homme aura supplanté Dieu, et ceci publiquement, sans contradiction.

On ne peut guère lire ce verset sans voir le contraste frappant entre le vrai Christ et l’Antichrist :

Christ est venu au nom de son Père et il a été rejeté. L’Antichrist viendra en son propre nom et il sera reçu (Jean 5:43).

Christ est venu pour glorifier Dieu sur la terre (Jean 13:31). L’Antichrist viendra et se glorifiera lui-même dans toute sa méchanceté.

Christ est l’image du Dieu invisible (Col. 1:15), l’empreinte de sa substance et le resplendissement de sa gloire (Héb. 1:3). L’Antichrist portera les traits de caractère de celui qui l’inspirera, c’est-à-dire Satan.

Christ est venu pour servir et pour sauver (Marc 10:45). L’Antichrist viendra pour dominer et pour détruire.

Christ est venu en grâce et en vérité (Jean 1:17). L’Antichrist viendra dans la cruauté et le mensonge.

Christ, dans son obéissance, a été entièrement soumis à Dieu. Il n’a pas fait sa volonté, mais celle de son Père (Jean 6:38). L’Antichrist ne saura que se rebeller et s’opposer. Il sera le bras droit de Satan.

Christ s’est anéanti lui-même, prenant la forme d’esclave (Phil. 2:7). L’Antichrist s’élèvera lui- même et dominera sur les autres.

Christ n’a pas regardé comme un objet à ravir d’être égal à Dieu (Phil. 2:6). L’Antichrist se présentera lui-même comme étant Dieu.

Les versets bien connus de Philippiens 2:5 à 11 nous montrent les résultats du chemin d’abaissement de Christ : «Dieu l’a haut élevé et lui a donné un nom au-dessus de tout nom». En grand contraste, la Parole nous montre l’aboutissement du chemin d’orgueil de l’Antichrist. Celui qui s’est élevé lui-même sera abaissé, humilié et jugé. Il sera le premier homme, avec le chef de l’Empire romain, à être jeté dans l’étang de feu (Apoc. 19:20).

 

3.5       2 Thes. 2:5

«Ne vous souvenez-vous pas que, quand j’étais encore auprès de vous, je vous disais ces choses ?»

Les enseignements auxquels fait allusion ce verset n’étaient pas vraiment nouveaux pour les Thessaloniciens ; Paul et ses compagnons leur avaient déjà parlé de ces choses lorsqu’ils étaient auprès d’eux. Le trouble qui avait surgi parmi eux n’était donc pas dû à un manque d’enseignement, mais, pour nous comme pour ces croyants, la question se pose : comment recevons-nous et comment gardons-nous ce qui nous est enseigné ?

Une autre leçon que nous pouvons tirer de cela est que ces révélations prophétiques devraient faire partie de nos connaissances de base. Le séjour de Paul à Thessalonique n’avait duré que quelques semaines et pourtant il avait jugé important de parler de ces choses. Les Thessaloniciens devaient s’en souvenir et savoir que le jour du Seigneur ne pouvait pas être là, puisque les événements qui devaient le précéder n’avaient pas encore eu lieu. Les avertissements et les enseignements de ce passage sont donc importants aussi pour les jeunes croyants et pour les nouveaux convertis. La prophétie ne nous est pas donnée pour satisfaire notre curiosité, mais afin que nous puissions mieux discerner le caractère du temps dans lequel nous vivons.

Ce verset nous rappelle aussi l’importance de la répétition de vérités déjà enseignées (cf. 2 Pierre 1:12-15). Nous avons à en tenir compte, aussi bien en ce qui concerne notre étude personnelle de la Bible que dans le ministère de la Parole. La vérité de Dieu ne vieillit pas, et il faut que nous revenions toujours à ce qui «était dès le commencement».

 

3.6       2 Thes. 2:6-7

«Et maintenant vous savez ce qui retient pour qu’il soit révélé en son propre temps. Car le mystère d’iniquité opère déjà ; seulement celui qui retient maintenant, le fera jusqu’à ce qu’il soit loin».

Selon le verset 3, le jour du Seigneur doit être précédé par l’avènement de l’apostasie et par la révélation de l’Antichrist — conditions qui n’ont pas encore été remplies jusqu’à ce jour. Les versets 6 et 7 mentionnent deux éléments qui retiennent l’apostasie, et plus particulièrement l’Antichrist : il y a «ce qui retient» et «celui qui retient» — une chose et une personne.

«Retenir» peut nous faire penser à des freins qui empêcheraient un véhicule de prendre de la vitesse à la descente. Aujourd’hui, nous vivons de près ce mouvement de la chrétienté : «le mystère d’iniquité opère déjà», bien que son développement soit encore réprimé. Mais le jour vient où — s’il est permis d’utiliser encore cette image — les freins seront desserrés et où le véhicule qui emmène les chrétiens de nom se précipitera vers la perdition.

Cette évolution ne doit pas nous ébranler. Les signes qui, aujourd’hui, présagent les événements de la fin doivent nous rendre prudents quant à notre marche personnelle, mais nous savons que nous ne vivrons pas l’aboutissement de cette évolution ; nous serons alors auprès du Seigneur.

L’homme de péché sera révélé «en son propre temps». Cette expression nous fait comprendre que c’est Dieu, en fin de compte, qui décide du moment où cet homme sera révélé et qui limite le temps qui lui sera accordé.

Quels sont donc les deux «éléments» qui retiennent ? Il y a d’abord ce qui retient. On peut y voir la puissance de Dieu agissant à travers les autorités politiques. Ces autorités sont établies par Dieu lui- même. Tout pouvoir gouvernemental est, aujourd’hui encore, directement subordonné à Dieu, et ne peut agir que selon ce qu’il permet ou ne permet pas.

En jetant un regard sur l’histoire de l’homme, on constate la méchanceté et la cruauté dont ont pu faire preuve les puissants de ce monde. Toutefois, le principe reste : tout gouvernement, quelque mauvais ou impie qu’il soit, est établi par Dieu. C’est Lui qui, aujourd’hui encore, incline le cœur d’un roi comme des ruisseaux d’eau (Prov. 21:1). «Il n’existe pas d’autorité, si ce n’est de par Dieu» (Rom. 13:1-10 et 1 Pierre 2:13-17). Ceux qui détiennent l’autorité sont des «serviteurs de Dieu» et ils «portent l’épée» de sa part.

Le grand roi païen Nebucadnetsar a dû apprendre, par d’amères expériences, que c’est Dieu qui établit les rois et qui les dépose. Le prophète Daniel lui annonce : «On te chassera du milieu des hommes,... jusqu’à ce que tu connaisses que le Très-Haut domine sur le royaume des hommes, et qu’il le donne à qui il veut» (Dan. 4:25). Le Seigneur Jésus, alors qu’il comparaissait devant Pilate, lui dit : «Tu n’aurais aucun pouvoir contre moi, s’il ne t’était donné d’en haut» (Jean 19:11). Pilate était certainement un gouverneur inique, et pourtant il ne pouvait rien faire contre le Seigneur, à moins que Dieu ne le lui permette.

Aujourd’hui, donc, l’entière manifestation du mal est encore retenue. Mais sous l’Antichrist, le régime sera véritablement satanique. Il ne s’agira plus d’une autorité établie de Dieu, mais d’un pouvoir qui viendra directement de Satan lui-même. Le pouvoir politique aura son siège à Rome — c’est la première bête d’Apocalypse 13, le chef de l’Empire romain reconstitué — et il est dit de son dirigeant qu’il «va monter de l’abîme» (Apoc. 17:8), expression démontrant son origine (voir aussi Apoc. 13:4). L’influence de Satan s’exerce déjà maintenant dans le monde politique, bien entendu, mais Dieu fixe les limites de son champ d’action. Alors les choses changeront : il n’existera plus d’autorités établies de Dieu et il n’y aura plus rien pour retenir ce dominateur dans l’exercice diabolique de son activité.

Nous en arrivons au deuxième «élément», celui qui retient. Quelle personne, sur la terre, peut avoir le pouvoir de réprimer le plein déploiement du mal, et s’en aller soudain ? Il est évident qu’il ne peut s’agir d’un homme, et que «celui qui retient», c’est le Saint Esprit.

L’apôtre Jean, dans sa première épître, parle de «l’esprit de l’Antichrist», qui «déjà maintenant... est dans le monde» (4:3), et en contraste, il dit aux croyants : «Pour vous, enfants, vous êtes de Dieu, et vous les avez vaincus, parce que celui qui est en vous est plus grand que celui qui est dans le monde» (4:4). Le Saint Esprit — «celui qui est en vous» — est plus puissant que l’Antichrist et peut empêcher le plein développement du mal. N’oublions pas, quand il est question du Saint Esprit, que nous n’avons pas simplement affaire à une puissance, mais à une personne divine. Le Saint Esprit est Dieu. Il est aussi l’Esprit de vérité et s’oppose, en tant que tel, à l’esprit d’erreur. Nous sommes bien limités dans notre capacité de saisir la portée de la présence de l’Esprit de Dieu sur la terre. Non seulement il habite et opère dans les croyants, mais il exerce également son influence sur ceux qui ne connaissent pas Dieu.

Le Saint Esprit, qui «retient maintenant, le fera jusqu’à ce qu’il soit loin». Il demeure aujourd’hui dans l’assemblée de Dieu d’une part (1 Cor. 3:16), et dans chacun des croyants d’autre part (1 Cor. 6:19). Le Seigneur Jésus dit explicitement en Jean 14:16 que l’Esprit de vérité sera avec nous éternellement. Ainsi, lorsque les croyants seront enlevés au ciel et que l’assemblée ne sera plus sur la terre, l’Esprit Saint laissera également le champ libre, son habitation n’étant plus ici-bas. L’Esprit de Dieu agira encore par le moyen de personnes individuelles — comme les témoins juifs qui prêcheront l’évangile du royaume à ceux qui n’avaient jamais entendu l’évangile de la grâce auparavant — mais il n’habitera pas en eux comme il habite en nous. Son action sera comparable à celle qu’il exerçait aux temps de l’Ancien Testament, lorsqu’il venait momentanément sur des hommes, dans des situations particulières, afin de les rendre capables d’accomplir certaines tâches.

«Car le mystère d’iniquité opère déjà». Cette affirmation était valable en ce temps-là, et elle l’est à plus forte raison aujourd’hui, mais le mal n’est pas encore arrivé à son comble. Il ne faut pas confondre «le mystère d’iniquité» avec «l’apostasie» qui, elle, surviendra plus tard. En utilisant ici le mot «mystère», Paul fait certainement allusion à quelque chose qui est déjà perceptible, mais qui n’apparaît pas clairement à la surface. Jude parle à ce propos «d’impies, qui changent la grâce de notre Dieu en dissolution, et qui renient notre seul Maître et Seigneur, Jésus Christ» (Jude 4). L’ennemi a toujours essayé, depuis le commencement, de mêler la vérité au mensonge. Le Seigneur Jésus y fait allusion dans certaines des paraboles du royaume des cieux, qui sont des images de la chrétienté professante : l’ivraie dans le champ, l’arbre où viennent demeurer les oiseaux, ainsi que le levain caché dans la farine (Matt. 13).

L’apôtre Paul avait décelé, très tôt déjà, les premiers signes de cette évolution (cf. Actes 20:29, 30). Ce mystère, aujourd’hui, progresse de manière effrayante. On garde encore la forme extérieure du christianisme, alors qu’en réalité on en est bien éloigné. Les églises de multitude approuvent ouvertement des pratiques qui sont en contradiction évidente avec la parole de Dieu. L’homme est de plus en plus mis en avant, et Dieu, de plus en plus oublié. La volonté propre de l’homme triomphe et, dans une grand partie de la chrétienté, on ne s’enquiert plus du tout de la volonté de Dieu.

Nous ne mettons pas en doute qu’il y ait des chrétiens nés de nouveau dans ces églises de multitude, mais nous ne pouvons pas nier non plus que les effets du «mystère d’iniquité» soient visibles dans ces systèmes, en tant que tels. Mais, aussi effrayante que soit cette évolution, nous savons que la pleine manifestation du mal et de l’iniquité est encore à venir.

Notre intention, toutefois, n’est pas de montrer les autres du doigt, car nous faisons aussi partie de la chrétienté. Nous subissons tous l’influence de cette évolution et nous avons à nous demander sérieusement dans quelle mesure elle agit sur nous, que ce soit personnellement ou collectivement. Quelle est notre attitude envers le Seigneur et sa Parole ? Reconnaissons-nous pratiquement son autorité dans notre vie ? Et avons-nous l’énergie de nous distancer, par notre façon de faire, de ce qui devient courant dans une chrétienté qui marche vers l’apostasie ?

 

3.7       2 Thes. 2:8

«Et alors sera révélé l’inique, que le Seigneur Jésus consumera par le souffle de sa bouche et qu’il anéantira par l’apparition de sa venue».

Le verset précédent, en nous parlant de «celui qui retient maintenant», évoque la période dans laquelle nous vivons. Elle est caractérisée par le fait que le «mystère d’iniquité» opère, tandis que l’inique lui- même est encore retenu. Quand elle arrivera à son terme, commencera une période effroyable, bien que de courte durée, dans laquelle l’inique sera révélé.

Ce personnage nous a déjà été désigné au verset 3 par les expressions «l’homme de péché» et «le fils de perdition». Ici vient s’ajouter un autre trait de son caractère : il est «l’inique», expression qui se rapporte, sans aucun doute, au «mystère d’iniquité» du verset 7. Il n’y aura plus de mystère lorsque l’inique sera révélé, mais l’iniquité — personnifiée par cet homme — dominera le monde.

Il ne s’agira pas simplement de quelqu’un qui enfreindra la loi : l’Antichrist ne reconnaîtra aucune loi, ni aucune puissance au-dessus de lui-même — une attitude dont on peut d’ailleurs déjà constater les premiers signes de nos jours. Il foulera délibérément aux pieds les droits de Dieu.

Jean écrit dans sa première épître : «Quiconque pratique le péché, pratique aussi l’iniquité, et le péché est l’iniquité» (3:4). Le caractère fondamental du péché, c’est de ne pas reconnaître, de ne pas accepter, la volonté de Dieu au-dessus de l’homme, et de la remplacer par la propre volonté. À ce propos, Daniel dit de l’Antichrist : «Et le roi agira selon son bon plaisir» (11:36).

Dans notre verset 8, l’entrée en scène de l’Antichrist est mise en relation directe avec sa fin, comme s’il devait être anéanti immédiatement après son apparition. En s’exprimant ainsi, l’apôtre veut faire comprendre aux Thessaloniciens, pour leur plus grand encouragement, qu’aucune puissance — même satanique — ne peut s’opposer à la puissance du Seigneur. Le fait que le Seigneur anéantira un jour l’Antichrist est évident dès l’apparition de ce dernier.

Il est possible que cet «inique» vive aujourd’hui déjà, mais en tout cas il n’a pas encore été «manifesté». Il ne le sera qu’après l’enlèvement des croyants.

Le jugement sur l’Antichrist a déjà été prédit dans l’Ancien Testament et mis en relation avec «le souffle de la bouche» du Seigneur. Ésaïe écrit : «Et il frappera la terre avec la verge de sa bouche, et par le souffle de ses lèvres il fera mourir le méchant» (És. 11:4). «Car Topheth est préparé depuis longtemps : pour le roi aussi il est préparé. Il l’a fait profond et large ; son bûcher est du feu et beaucoup de bois : le souffle de l’Éternel, comme un torrent de soufre, l’allume» (30:33). Le «souffle de sa bouche» est l’expression de la puissance divine intérieure, d’une puissance qui consume sans qu’intervienne aucun instrument.

En Apocalypse 19:15, il est fait mention d’une épée aiguë à deux tranchants qui sort de la bouche de celui qui juge, afin d’en frapper les nations. Cette épée nous présente le Seigneur Jésus comme un combattant. «Le souffle de sa bouche», par contre, nous fait penser à la rapidité et à la facilité avec lesquelles il vaincra l’ennemi.

Le jugement sera exécuté par «l’apparition de sa venue». Ces mots se réfèrent, sans doute, au moment où le Seigneur Jésus apparaîtra sur la terre. Contrairement à sa venue pour les siens, cette apparition sera un événement public. Le monde pourra constater l’anéantissement de l’Antichrist. Le mot traduit par «apparition» évoque une lumière qui se met à briller. Il est utilisé pour l’apparition du Seigneur Jésus sur la terre dans son abaissement (2 Tim. 1:10). Et le Seigneur lui-même compare sa venue en puissance et en gloire avec l’éclair sortant de l’orient et apparaissant jusqu’à l’occident (Matt. 24:27). Ceci nous donne une idée du resplendissement de son apparition.

D’autre part, nous voyons aussi que l’ennemi ne sera pas anéanti à distance, mais par la présence personnelle du Seigneur. Aucun autre que lui-même n’exercera ce jugement. Il se présentera comme le «Seigneur», le souverain auquel tout pouvoir a été donné, celui auquel rien ni personne ne peut résister. Mais il se présentera aussi comme étant «Jésus», celui qui est venu sur la terre dans l’humilité, s’abaissant lui-même volontairement, et qui a été finalement «crucifié en infirmité». Ici, il n’est fait mention ni de ses anges ni de ses saints. Il sera seul à exercer le jugement contre ce grand adversaire. Le Père lui-même «lui a donné autorité de juger aussi, parce qu’il est fils de l’homme» (Jean 5:27).

Nous trouvons des détails au sujet du jugement en Apocalypse 19:19 à 21. L’Antichrist sera détruit en même temps que «la bête». Selon Apocalypse 16:16, ils s’assembleront pour combattre au lieu appelé Armagédon, où le dominateur romain viendra aider à son allié contre le roi du Nord. Mais ils seront tous deux saisis, avant même que le combat ait commencé, pour être jetés dans l’étang de feu embrasé par le soufre. Ces deux êtres sataniques seront les premiers hommes jetés en enfer, et cela avant le début du règne de mille ans. Apocalypse 20:10 nous confirme qu’ils y sont déjà lorsque Satan, à la fin de ce règne, y est jeté lui aussi. Ce dernier passage nous dit, en parlant de ces trois personnages : «et ils seront tourmentés, jour et nuit, aux siècles des siècles». Telle est la fin terrible et le destin éternel de cette alliance satanique.

Le verset ci-dessus confirme que le mot «anéantir», dans le langage biblique, ne signifie pas «mettre fin à l’existence».

 

3.8       2 Thes. 2:9

«Duquel la venue est selon l’opération de Satan, en toute sorte de miracles et signes et prodiges de mensonge».

La venue de l’Antichrist «est selon l’opération de Satan». En Apocalypse 12:9, nous voyons Satan précipité sur la terre. Alors il remplira de toute son influence les deux bêtes présentées au chapitre suivant : la bête montant de la mer (le dominateur romain) et la bête montant de la terre (l’Antichrist). Elles agiront poussées par l’énergie de Satan. Les œuvres de l’Antichrist seront très impressionnantes, mais ce seront des signes et des prodiges de «mensonge» — conformément à leur origine, car Satan est «le père du mensonge» (Jean 8:44).

Les expressions «miracles», «signes» et «prodiges» nous montrent le pouvoir de séduction de cet homme. En Apocalypse 13:13, 14, il est parlé également de «grands miracles», par lesquels il séduira «ceux qui habitent sur la terre». Les signes et les prodiges proviennent d’un pouvoir surnaturel — ici, de toute évidence, d’une puissance satanique. C’est une contrefaçon de ce qu’ont fait le Seigneur et les apôtres. Il est dit de lui : «Jésus le Nazaréen, homme approuvé de Dieu auprès de vous par les miracles et les prodiges et les signes que Dieu a faits par lui au milieu de vous» (Actes 2:22). Mais il faisait des miracles afin de glorifier Dieu, alors que l’Antichrist n’aura en vue que sa propre gloire et celle du dominateur romain.

Il imite les signes et les prodiges par lesquels le Seigneur Jésus, véritable homme sur la terre, a été «approuvé de Dieu». En outre, il fait descendre le feu du ciel sur la terre (Apoc. 13:13), produisant le signe par lequel le peuple d’Israël, au temps d’Élie, avait reconnu qui était le vrai Dieu (1 Rois 18:36-39). Nous avons ici une imitation de la puissance divine, dans le but de séduire les hommes et de les amener à se prosterner devant l’idole érigée dans le temple (cf. Dan. 11:31 ; Matt. 24:15).

Les signes et les prodiges ont aussi marqué les premiers temps du christianisme, par la puissance du Saint Esprit (Actes 2:43 ; 5:12 ; 6:8 ; 8:13 ; 14:3 ; 15:12). Le Seigneur Jésus lui-même l’avait dit : «En mon nom ils chasseront les démons ; ils parleront de nouvelles langues ; ils prendront des serpents ; et quand ils auront bu quelque chose de mortel, cela ne leur nuira point» (Marc 16:17, 18). En évoquant les débuts du témoignage chrétien, l’épître aux Hébreux rappelle : «...Dieu rendant témoignage avec eux par des signes et des prodiges, et par divers miracles et distributions de l’Esprit Saint, selon sa propre volonté» (2:4). Dans l’épître aux Romains, l’apôtre parle des miracles et des prodiges qu’il a accomplis par la puissance de l’Esprit de Dieu (15:19).

Le début et la fin de l’époque chrétienne sont donc caractérisés par des signes et des prodiges, avec un contraste complet quant à l’origine de ce pouvoir surnaturel. Au temps des premiers chrétiens, il était donné par l’Esprit de Dieu, tandis qu’en ces temps de la fin, il viendra de Satan, le grand séducteur et l’imitateur de Dieu. Pour le temps qui se situe entre ces deux périodes extrêmes, nous ne trouvons aucun passage biblique évoquant de tels signes et prodiges. En Hébreux 6:5, il est bien question des «miracles du siècle à venir», mais ceci ne concerne pas le temps actuel. Au commencement, Dieu a opéré par des miracles et il le fera encore une fois dans le «siècle à venir». Aujourd’hui, l’action de Dieu n’a plus besoin d’être démontrée de cette façon, car nous sommes en possession de la parole de Dieu entière.

On peut constater de nos jours un intérêt croissant pour les phénomènes surnaturels. Cela prouve une fois de plus que «le mystère d’iniquité opère déjà». Les événements futurs projettent pour ainsi dire leur ombre sur notre siècle. Les «miracles» dont beaucoup se réclament aujourd’hui ne sont-ils pas les premiers signes de ce développement ? Quelqu’un a écrit, il y a quelques décennies déjà : «Nous ne prétendons pas que tous ces faits soient des faux ou d’origine satanique, mais nous avons des raisons de penser qu’il en est ainsi dans un grand nombre de cas. Et si nous ne sommes pas en mesure de juger soigneusement de telles manifestations à la lumière de la Parole, nous sommes très exposés à être séduits et à faire de douloureuses expériences» (F.B. Hole). L’occultisme est en train de se répandre dans le monde christianisé, et constitue un grand danger pour nous et pour nos enfants.

 

3.9       2 Thes. 2:10

«Et en toute séduction d’injustice pour ceux qui périssent, parce qu’ils n’ont pas reçu l’amour de la vérité pour être sauvés».

La manière d’agir de l’Antichrist n’est que séduction ; il opère «en toute séduction d’injustice». Cette séduction a sa source dans l’injustice (ou l’iniquité).

«Ceux qui périssent», ici, ce ne sont pas des païens. Ce sont des chrétiens professants qui n’ont pas la vie de Dieu. Ils périront «parce qu’ils n’ont pas reçu l’amour de la vérité». Ils ont entendu la vérité, mais ne l’ont pas vraiment reçue ; elle n’a pas pénétré dans leur cœur. Se contenter d’accepter la vérité de manière superficielle ou intellectuelle ne suffit pas, pas plus que d’adhérer à une profession de foi.

«L’amour de la vérité» — c’est une affaire de cœur. On peut périr tout en connaissant la bonne doctrine. Le baptême, l’assiduité aux réunions, ou même la participation à la cène, ne peuvent sauver quelqu’un de la perdition éternelle. Ce qui nous donne le salut, c’est «l’amour de la vérité», c’est-à-dire l’acceptation de ce que Dieu, dans «la parole de la vérité», dit de lui-même, de nous et de l’œuvre de rédemption du Seigneur Jésus. Le passage d’Hébreux 10:26 montre clairement qu’on peut bien avoir reçu une certaine «connaissance de la vérité» et néanmoins périr. Ce qu’il nous faut, c’est «la foi de la vérité» (2 Thess. 2:13), «l’obéissance à la vérité» (1 Pierre 1:22), «l’amour de la vérité».

La vérité est ici en contraste évident avec le mensonge, dont il vient d’être question. Celui qui, aujourd’hui, refuse l’amour de la vérité, ajoutera foi, demain, aux signes et prodiges de mensonge de l’Antichrist.

Maintenant déjà, au lieu de se tourner vers la vérité, beaucoup ne désirent pas autre chose que le mensonge. «Or c’est ici le jugement, que la lumière est venue dans le monde, et que les hommes ont mieux aimé les ténèbres que la lumière, car leurs œuvres étaient mauvaises» (Jean 3:19).

Ce qui arrivera à ceux qui ont rejeté la vérité est un acte du juste jugement de Dieu. «Ne soyez pas séduits ; on ne se moque pas de Dieu ; car ce qu’un homme sème, cela aussi il le moissonnera» (Gal. 6:7). Par le fait qu’ils n’ont pas reçu l’amour de la vérité et qu’ils n’ont pas obéi à l’évangile (cf. 1:8), ces hommes font venir sur eux la condamnation éternelle. Le mot utilisé ici pour «périr» a la même racine que le mot «perdition» au verset 3. Celui qui périt partage le destin de l’Antichrist pour toute l’éternité.

 

3.10  2 Thes. 2:11

«Et à cause de cela, Dieu leur envoie une énergie d’erreur pour qu’ils croient au mensonge».

Il ne s’agit pas ici du jugement éternel contre les impies (Apoc. 20:11-15), mais d’un jugement temporel, d’un endurcissement gouvernemental. Il s’exerce contre des hommes qui n’étaient chrétiens que de nom. Les mots «et à cause de cela», par lesquels commence ce verset, soulignent le fait que cet endurcissement est une conséquence de leur conduite. Non seulement ils périront parce qu’ils ont refusé «l’amour de la vérité», mais ils seront endurcis, de leur vivant, par Dieu lui-même. Durant le temps de la grâce, ils ont foulé aux pieds la vérité et le salut qui leur était offert. Ils ont ainsi fixé eux-mêmes leur propre sort. Ils ont voulu les ténèbres et ils les ont eues. Ils ont refusé la vérité et ils devront croire au mensonge.

Ce sera un temps où ceux qui auront entendu l’évangile de la grâce ne pourront plus se convertir. Dieu leur enverra une énergie d’erreur à laquelle ils ne pourront pas résister. Ils ne pourront faire autrement que de croire au mensonge de l’Antichrist. Le verset 4 nous a déjà appris en quoi consiste ce mensonge. L’Antichrist se présentera lui-même comme étant Dieu et s’élèvera «contre tout ce qui est appelé Dieu ou qui est un objet de vénération». Ceux qui auront refusé de rendre hommage au Fils de Dieu seront contraints à rendre hommage aux puissances diaboliques. Ce sera leur jugement.

Dans le temps actuel, Dieu agit encore par sa grâce et opère dans les cœurs en particulier, afin d’amener les hommes à la repentance. Cela n’exclut pas, évidemment, qu’il peut endurcir certains d’entre eux. Le Pharaon d’Égypte en est un exemple bien connu. En ce qui le concerne, l’endurcissement opéré par Dieu était une conséquence de son propre endurcissement. Lorsqu’il a clairement démontré qu’il refusait d’écouter les paroles de Dieu prononcées par Moïse, Dieu a endurci son cœur de façon qu’il ne puisse plus les écouter.

Nous trouvons aussi dans la Bible des exemples d’endurcissement collectif, et toujours comme un acte du gouvernement de Dieu. En Romains 1:18 à 28, il est parlé de l’endurcissement des nations qui s’étaient détournées de Dieu, leur Créateur. Au moment où leur faute a été clairement manifestée, «Dieu les a livrés...» (v. 24, 26 et 28) ; c’est chaque fois leur comportement qui en est la raison. En Romains 11, Paul parle de façon détaillée de l’endurcissement du peuple d’Israël (voir particulièrement les versets 7 et 25). Sa cause, ici encore, c’est la conduite même de ce peuple, qui s’est constamment détourné de Dieu et en est arrivé à crucifier le Messie. Ésaïe l’a annoncé déjà : «En entendant vous entendrez et vous ne comprendrez pas, et en voyant vous verrez et vous ne connaîtrez pas. Engraisse le cœur de ce peuple, et rends ses oreilles pesantes, et bouche ses yeux, de peur qu’il ne voie des yeux, et n’entende de ses oreilles, et ne comprenne de son cœur, et ne se convertisse, et qu’il ne soit guéri» (És. 6:9, 10). Ce passage est cité plusieurs fois dans le Nouveau Testament, en particulier en Jean 12:40.

Notre verset parle de l’endurcissement d’une troisième catégorie de personnes : la chrétienté apostate. Il est effrayant de penser que des hommes qui auraient pu connaître la vérité de Dieu vont être frappés par ce jugement. Ils ne pourront plus croire la vérité, et ils devront croire au mensonge. Ils n’auront plus la possibilité de se convertir. Bien qu’ils soient encore vivants, il sera trop tard. Dieu, dans sa patience, offre aujourd’hui encore le salut à tous les hommes. Y aurait-il, parmi nos lecteurs, quelqu’un qui connaît la vérité mais ne l’a pas vraiment reçue dans son cœur ? Aujourd’hui, vous pouvez encore saisir le salut, mais si le Seigneur vient demain, vous ne le pourrez plus. Vous croirez, et devrez croire, au mensonge et vous serez perdu pour l’éternité.

 

3.11  2 Thes. 2:12

«Afin que tous ceux-là soient jugés qui n’ont pas cru la vérité, mais qui ont pris plaisir à l’injustice».

Ici, «juger» signifie certainement : prononcer et exécuter le jugement. Deux motifs de ce jugement sont mentionnés : ceux qui le subissent n’ont pas cru la vérité et ils ont pris plaisir à l’injustice. Bien qu’ayant entendu la vérité, ils ne l’ont ni aimée ni crue, et ils n’y ont pas obéi. Ils ont peut-être eu «la forme de la piété» mais ils en ont «renié la puissance» (2 Tim. 3:5). Et non seulement cela, mais ils ont pris plaisir à l’injustice, ce qui prouve qu’ils n’ont jamais passé par la nouvelle naissance.

Les croyants peuvent tomber dans le péché, mais ils n’y prennent pas plaisir. Une brebis peut tomber dans la boue, mais elle s’efforce aussitôt d’en sortir, car elle ne s’y sent pas à l’aise. Il en est tout autrement du porc : rien ne sert de le laver, il retourne toujours dans le bourbier (2 Pierre 2:21, 22). C’est le comportement de ceux dont il est parlé ici.

Les hommes dont il est question dans les versets 10 à 12 n’auront aucune nouvelle offre de salut. Ce sera comme dans la parabole du grand festin, que le Seigneur Jésus conclut en disant : «Car je vous dis qu’aucun de ces hommes qui ont été conviés ne goûtera de mon souper» (Luc 14:24). Celui qui foule aux pieds la grâce de Dieu en subira les conséquences pour l’éternité.

Ceux qui, par contre, n’auront jamais entendu l’évangile de la grâce auparavant, auront alors la possibilité de recevoir «l’évangile du royaume», annoncé par des messagers juifs en vue du Millénium. Et même s’ils n’entendent pas ce message-là, ils pourront répondre à «l’évangile éternel» du Dieu Créateur et reconnaître celui qui a créé les cieux et la terre. Il est remarquable que Dieu parle de l’évangile éternel en Apocalypse 14:6, c’est-à-dire après le chapitre 13 où apparaissent les deux bêtes. Le Dieu de grâce se penchera encore une fois, durant ces temps terribles, vers les hommes qui n’ont jamais entendu l’évangile de la grâce, en leur donnant la possibilité de lui rendre hommage en tant que Créateur.

 

4         Exhortations : Chapitre 2, versets 13 à 17 et chapitre 3

Ici Paul quitte le sujet de la fin terrible de la chrétienté apostate, et se tourne vers les privilèges et les bénédictions des vrais croyants. Il laisse de côté l’activité de Satan et parle de celle du Saint Esprit, qui sanctifie les croyants pour Dieu. Il exhorte encore une fois les Thessaloniciens à ne pas être ébranlés dans leur esprit et à demeurer fermes dans l’enseignement qu’ils avaient reçu de lui.

À la fin de l’épître, il aborde un sujet pratique en rapport avec un besoin particulier de l’assemblée à Thessalonique : il y avait parmi eux des croyants qui marchaient dans le désordre, et qui devaient être repris et exhortés, tandis que les autres devaient apprendre comment se comporter envers ceux-là.

 

4.1       2 Thes. 2:13

«Mais nous, nous devons toujours rendre grâces à Dieu pour vous, frères aimés du Seigneur, de ce que Dieu vous a choisis dès le commencement pour le salut, dans la sainteté de l’Esprit et la foi de la vérité».

Une nouvelle fois dans l’épître, l’apôtre parle des actions de grâces qu’il rend sans cesse à Dieu pour ses frères à Thessalonique. Ici ce n’est plus à cause de ce que Dieu a opéré en eux (cf. 1:3), mais en raison de ce que la grâce de Dieu leur a donné. Soyons persévérants dans la prière pour nos frères et sœurs, mais n’oublions pas de rendre grâces, soit pour ce que le Seigneur opère en eux et par eux, soit aussi pour tout ce qu’il leur a donné.

L’apôtre les intitule «frères aimés du Seigneur» — titre réconfortant qu’on ne trouve pas ailleurs. Dans la première épître, il les avait appelés «frères aimés de Dieu» (1:4), en accord avec le contenu de l’épître qui parle principalement de l’action de Dieu. Dans la seconde, qui traite du jour du Seigneur et de son apparition en gloire, Paul leur rappelle l’amour pour eux de Celui qui anéantira un jour ses ennemis par le souffle de sa bouche. Objets de son amour immuable, avaient-ils quelque chose à craindre ?

Le Nouveau Testament nous parle de l’amour de Dieu pour tous les hommes de ce monde (par ex. Jean 3:16 ; Rom. 5:8), et plus encore de son amour pour ceux qui sont maintenant ses enfants (1 Jean 4:11 ; Rom. 5:5). Nous connaissons aussi l’amour de Jésus pour les siens (Jean 13:1), du Fils de Dieu qui a aimé personnellement chacun de nous (Gal. 2:20), du Christ qui nous a aimés et a aimé l’assemblée (Éph. 5:2 et 25). Ici, celui qui nous aime, c’est le Seigneur qui vient pour établir son royaume en puissance et en gloire.

Quand l’apôtre Jean, qui avait si bien connu son Maître durant son ministère, l’a vu dans sa gloire judiciaire, il est tombé à ses pieds comme mort. Mais il a aussitôt entendu sa voix lui disant : «Ne crains point» (Apoc. 1:16, 17). Il y a aussi quelque chose de semblable ici, quand Paul nous rappelle que nous sommes aimés du Seigneur. Nous n’avons pas à craindre les jugements qui accompagneront le jour du Seigneur. Ils ne nous atteindront en aucune manière.

«Dieu vous a choisis dès le commencement pour le salut». L’élection est de Dieu lui-même, et elle date du commencement. Quel commencement ? La première venue du Seigneur sur la terre (comme en 1 Jean 1:1), ou la conversion des Thessaloniciens, ou encore l’éternité passée ? Dieu ne nous a pas destinés au salut seulement quand le Seigneur est venu sur la terre, ni quand nous l’avons accepté par la foi, bien que la venue du Seigneur soit le fondement de notre salut et que la foi soit nécessaire pour le recevoir. Mais notre élection en elle-même est cachée de toute éternité en Dieu.

Paul veut montrer aux Thessaloniciens que le propos de Dieu de les bénir est immuable. S’il les avait choisis auparavant pour le salut, ce n’était pas pour être maintenant contre eux dans le jugement. Ces frères aimés du Seigneur avaient été choisis dès le commencement et rien ne pouvait changer l’amour du Seigneur ni l’élection de Dieu.

Ce passage n’indique pas de quoi nous avons été retirés par l’élection, mais le but de celle-ci : nous avons été destinés «au salut». Le verset 14 précise ce but : c’est pour que nous obtenions «la gloire de notre Seigneur Jésus Christ». Voilà en quoi réside finalement notre salut ; il est orienté vers une personne, notre Seigneur Jésus Christ. Dans la première épître, il nous est dit de quoi nous sommes sauvés, «de la colère qui vient» (1:10) ; ici nous apprenons le but pour lequel nous sommes sauvés, c’est la gloire.

Les enfants de Dieu sont destinés au «salut». Ce mot sous-entend toujours un danger dont on a été délivré. Nous ne serons pas de «ceux qui périssent» (2:10) et qui connaîtront «une destruction éternelle» (1:9), mais nous en serons sauvés. Le salut est envisagé ici comme futur. Alors, non seulement notre âme y aura part — comme maintenant — mais aussi notre corps.

Dans les deux épîtres aux Thessaloniciens, et bien souvent ailleurs, le salut est associé au retour du Seigneur, et est donc présenté comme une chose future. Notre salut aura sa plénitude quand nous en aurons fini avec notre condition terrestre (cf. Phil. 3:20 ; Rom. 8:23, 24). Maintenant nous sommes à l’étroit et nous partageons le rejet de notre Seigneur. Mais bientôt nous serons mis à l’abri de tout cela et recevrons «la délivrance de notre corps», avant qu’aient lieu les jugements du jour du Seigneur. Tel est le plein salut, comme la parole de Dieu nous le présente en de nombreux passages.

«Dans la sainteté de l’Esprit et la foi de la vérité» : Paul indique ici comment le propos de Dieu a été réalisé dans le temps.

Dans la sainteté de l’Esprit : Par la puissance et l’action du Saint Esprit, un pauvre pécheur perdu devient un objet de la grâce de Dieu. Nous avons ici l’opération de l’Esprit de Dieu qui met à part — sépare, sanctifie — un homme pour Dieu. Cette puissance sanctifiante, dont nous avons besoin tout au long de notre vie pratique, opère déjà au départ de cette vie, au moment de notre conversion. Le Saint Esprit nous met à part pour Dieu en nous plaçant sous l’efficacité du sang de Christ qui a coulé à la croix.

C’est aussi de cette sanctification que l’apôtre Pierre parle, lorsqu’il dit : «...élus selon la préconnaissance de Dieu le Père, en sainteté de l’Esprit, pour l’obéissance et l’aspersion du sang de Jésus Christ» (1 Pierre 1:2 ; cf. 1 Cor. 6:11).

Il s’agit ici de la position dans laquelle nous avons été introduits par l’opération du Saint Esprit. Cependant il en découle pour nous la responsabilité d’une marche dans la sainteté pratique. Notre vie pratique doit correspondre à notre position.

Dans la foi de la vérité : La foi est la réponse de l’homme à l’action du Saint Esprit. C’est le côté de l’homme, tandis que «la sainteté de l’Esprit» représente le côté de Dieu. C’est la disposition intérieure profonde à accepter la vérité de Dieu.

En Jean 17:17, le Seigneur dit à son Père : «Sanctifie-les par la vérité ; ta parole est la vérité». L’Esprit de Dieu et la vérité de Dieu opèrent ainsi ensemble par l’action de la parole de Dieu en vue de notre sanctification pratique.

Nous avons donc ici un verset très vaste et riche de contenu. Il embrasse, dans l’élection, le commencement de toutes choses dans l’éternité passée, puis il dirige nos regards sur le salut, dans l’éternité future, et enfin, il nous révèle comment des hommes peuvent, dans le temps, être mis au bénéfice des desseins de Dieu. Comme du haut d’une grande montagne, Dieu nous donne de contempler tout le panorama de ses conseils concernant le salut, depuis son origine jusqu’à son achèvement.

 

4.2       2 Thes. 2:14

«À quoi il vous a appelés par notre évangile, pour que vous obteniez la gloire de notre Seigneur Jésus Christ».

Le moyen que Dieu emploie pour faire son œuvre dans le cœur des hommes, c’est l’évangile, par lequel aussi ils écoutent l’appel de Dieu, viennent à la repentance et ont part à son propos. Paul le nomme ici «notre évangile». Déjà dans la première épître, il l’avait mentionné plusieurs fois, en l’appelant «notre évangile» (1:5), «l’évangile de Dieu» (2:2, 8, 9), «l’évangile du Christ» (3:2) ou simplement «l’évangile» (2:4). Il est évident que c’est toujours le même évangile : «l’évangile de Dieu touchant son Fils», comme dit l’apôtre en Romains 1:3. Paul et ses compagnons s’identifiaient tellement avec le message qu’ils annonçaient de la part de Dieu, qu’ils pouvaient avec raison l’appeler «notre évangile».

La réception de l’évangile introduit les hommes dans la sphère de l’appel de Dieu. Si l’élection a précédé le temps, l’appel, lui, se situe dans le temps — quand l’homme, par l’évangile, obéit à la voix de Dieu. Ici, ce n’est pas simplement que nous sommes destinés à la foi ou à la félicité, c’est le fait que nous sommes appelés à la gloire future, telle qu’elle sera manifestée dans le royaume que le Seigneur établira sur la terre. Déjà dans la première épître, Paul avait encouragé les croyants à marcher «d’une manière digne de Dieu qui nous appelle à son propre royaume et à sa propre gloire» (2:12).

Le royaume n’est pas directement mentionné ici, mais la gloire de notre Seigneur Jésus Christ, cette gloire qui aura sa pleine manifestation lorsque le royaume sera établi. Le Fils de l’homme est maintenant glorifié dans le ciel. Son œuvre étant achevée, Dieu l’a fait asseoir à sa droite. Mais le jour vient où il sera glorifié aux yeux de tous, sur cette terre qui a porté sa croix.

Par la foi, nous pouvons déjà contempler la gloire de notre Seigneur. C’est par un chemin de souffrances qu’il y est entré. Elle est le sujet de notre méditation et de notre louange, mais nous savons aussi que le jour vient où nous y aurons part publiquement. Ce sera le jour où il sera «glorifié dans ses saints» (1:10). Ceux qui auront partagé son opprobre partageront aussi sa gloire : «si nous sommes enfants, nous sommes aussi héritiers ; héritiers de Dieu, cohéritiers de Christ ; si du moins nous souffrons avec lui, afin que nous soyons aussi glorifiés avec lui» (Rom. 8:17). Le Seigneur veut partager avec nous tout ce qu’il possède comme homme, ainsi qu’il a dit : «La gloire que tu m’as donnée, moi, je la leur ai donnée» (Jean 17:22). L’apôtre Paul écrit : «Quand le Christ qui est notre vie, sera manifesté, alors vous aussi, vous serez manifestés avec lui en gloire» (Col. 3:4). Quel sujet de joie que cette perspective ! Il demeure vrai aussi qu’il y a une gloire que personne ne partagera avec lui, mais que nous pourrons contempler et admirer pendant l’éternité dans la maison du Père : c’est sa gloire éternelle comme Fils de Dieu (Jean 17:24).

 

4.3       2 Thes. 2:15

«Ainsi donc, frères, demeurez fermes, et retenez les enseignements que vous avez appris soit par parole, soit par notre lettre».

La grâce de Dieu nous a choisis pour le salut et l’espérance de la gloire, mais cette grâce n’annule en aucune manière notre responsabilité. Dieu nous donne l’assurance du salut éternel, mais cela ne doit pas nous rendre indifférents quant à notre vie pratique. Nous sommes toujours exposés à être entraînés dans l’erreur par de faux enseignements. Au verset 2, Paul avait exhorté les Thessaloniciens à ne pas se laisser ébranler. Ici, il les encourage à demeurer fermes et à retenir les enseignements dans lesquels ils avaient été instruits.

Paul avait enseigné les Thessaloniciens, tant oralement que par lettre. Ils avaient reçu cette «parole de la prédication» comme étant véritablement «la parole de Dieu» (1 Thess. 2:13). L’apôtre confirme à plus d’une reprise qu’il avait reçu du Seigneur lui-même les enseignements qu’il avait donnés. Durant les premières décennies de l’histoire de l’Église, ces enseignements ont été transmis par les apôtres aussi bien verbalement que par écrit ; c’est «la doctrine des apôtres», dans laquelle les premiers chrétiens persévéraient (Actes 2:42). Maintenant, nous avons entre nos mains la révélation complète de la parole de Dieu, «...la foi qui a été une fois enseignée aux saints», cet héritage pour lequel nous sommes exhortés à combattre et que nous devons tenir ferme (Jude 3).

Un jeune enfant ne tiendra fermement que ce à quoi il attache de la valeur et il déploiera beaucoup d’énergie pour cela. Quelle valeur ont pour nos cœurs les choses que nous sommes exhortés à garder fermement ?

 

4.4       2 Thes. 2:16

«Or notre Seigneur Jésus Christ lui-même, et notre Dieu et Père, qui nous a aimés et nous a donné une consolation éternelle et une bonne espérance par grâce... »

Les Thessaloniciens pouvaient bien ressentir leur insuffisance pour tenir ferme et pour garder les enseignements qu’ils avaient reçus. Aussi l’apôtre les remet-il aux soins de notre Seigneur et de notre Dieu et Père. Si nous regardons à nous, tout est inconstant et marqué de manquements. C’est pourquoi l’apôtre détourne les regards des Thessaloniciens d’eux-mêmes et les dirige sur les ressources et le soutien qui leur sont fournis d’en haut : Ils sont premièrement aimés, ensuite ils ont une consolation éternelle, et enfin ils possèdent une bonne espérance.

Ces ressources, nous aussi, nous les possédons auprès de «notre Seigneur Jésus Christ» et de «notre Dieu et Père». La Parole met ici l’accent sur la relation personnelle des croyants avec les personnes divines : notre Seigneur, et notre Dieu et Père. En outre, il faut remarquer que les verbes sont au singulier, bien que le sujet soit au pluriel, ce qui souligne l’unité des personnes divines (cf. Jean 10:30). Le Père et le Fils sont unis d’une manière remarquable, comme en 1 Thessaloniciens 3:11, pour consoler et pour fortifier.

À la différence d’autres passages où le Père et le Fils sont mentionnés ensemble, ici, c’est le Fils qui est nommé en premier. Le motif en est peut-être que cette épître met surtout l’accent sur le Seigneur, son jour et sa gloire.

La première ressource mentionnée est l’amour dont nous sommes les objets — amour divin, immuable, qui ne nous abandonnera jamais, quelles que soient les circonstances. L’amour humain peut varier, l’amour de Dieu, jamais.

Puis il nous est donné une consolation éternelle. Les circonstances des Thessaloniciens étaient telles qu’ils avaient un grand besoin de consolation, et ce peut être aussi notre cas. Le Nouveau Testament nous mentionne plusieurs sources de consolation : Nous sommes consolés par «le Dieu de toute consolation» (2 Cor. 1:3), par Christ (Phil. 2:1), par le Saint Esprit, appelé lui-même «le Consolateur» (Actes 9:31 ; Jean 14:16). Nous trouvons aussi «la consolation des Écritures» (Rom. 15:4), et Dieu se sert de nos frères et sœurs pour nous consoler (2 Cor. 7:6 ; Col. 4:11).

Ici, cette consolation éternelle vient de notre Seigneur lui-même et de notre Dieu et Père. Le temps de la souffrance est court, mais celui de la consolation divine sera éternel ; c’est la riche compensation de ce que nous aurons enduré sur la terre.

Troisièmement, nous avons une bonne espérance. Si la consolation est une ressource en relation avec les circonstances actuelles, la bonne espérance dirige nos regards vers ce qui est encore futur. Les Thessaloniciens avaient certainement besoin de ce rappel, puisque leur espérance avait faibli. Comme eux, nous avons toujours besoin que notre espérance soit ranimée. Le Seigneur revient et l’attente de son retour devrait marquer notre vie journalière et notre service.

 

4.5       2 Thes. 2:17

«...veuille consoler vos cœurs et vous affermir en toute bonne œuvre et en toute bonne parole».

Nos cœurs ont besoin d’être consolés, car ils sont facilement inquiets. De plus, nous avons à être «affermis en toute bonne œuvre et en toute bonne parole». Affermir est en contraste avec les mots «bouleverser et troubler» du verset 2. Nous n’attendons le Seigneur ni dans la crainte, ni dans l’inertie. Les Thessaloniciens eux-mêmes s’étaient tournés des idoles vers Dieu pour le servir et pour attendre des cieux son Fils (1 Thess. 1:9, 10).

Après son exposé sur la résurrection des saints et la venue du Seigneur, en 1 Corinthiens 15, l’apôtre conclut comme ici sur une note pratique : «Ainsi, mes frères bien-aimés, soyez fermes, inébranlables, abondant toujours dans l’œuvre du Seigneur, sachant que votre travail n’est pas vain dans le Seigneur» (v. 58). Plus nous attendrons la réalisation de notre espérance, plus nous serons actifs dans le service du Seigneur. C’est ainsi que nous serons affermis en toute bonne œuvre et en toute bonne parole. L’espérance est le moteur du service. Sachant que le temps est court, nous servons plus intensément.

Remarquons l’ordre des mots : d’abord l’œuvre, ensuite la parole ; d’abord servir, ensuite parler. Dieu veut que nous soyons d’abord des modèles dans notre conduite ; il pourra ensuite nous utiliser pour un témoignage oral. Celui qui annonce la Parole doit aussi la vivre. Nous trouvons aussi cette étroite relation entre les actes et les paroles dans l’épître aux Philippiens où nous sommes exhortés à briller «comme des luminaires dans le monde, présentant la parole de vie» (2:15, 16).

Les disciples d’Emmaüs peuvent témoigner que le Seigneur était un «prophète puissant en œuvre et en parole devant Dieu et devant tout le peuple» (Luc 24:19). Au début du livre des Actes, l’écrivain inspiré déclare qu’il a déjà écrit un «premier traité sur toutes les choses que Jésus commença de faire et d’enseigner» (1:1). Voilà notre modèle.

 

4.6       2 Thes. 3:1

«Au reste, frères, priez pour nous, afin que la parole du Seigneur coure et qu’elle soit glorifiée, comme elle l’est aussi chez vous».

Maintenant, l’apôtre s’adresse de nouveau aux Thessaloniciens comme à des «frères», en se recommandant, ainsi que ses compagnons, à leurs prières. La grâce unit dans le Seigneur les cœurs des croyants, de sorte que leur amour réciproque s’exprime dans la prière les uns pour les autres.

Paul priait et rendait grâce pour les Thessaloniciens, et eux-mêmes priaient pour lui. Et encore maintenant, chacun de nous a besoin des prières de ses frères et sœurs, que ce soit pour sa marche ou pour le service qu’il a reçu du Seigneur.

Aucun des serviteurs du Seigneur n’est si grand qu’il puisse accomplir son service sans les prières de ses frères et sœurs. Les plus grandes vérités avaient été confiées à Paul, il avait l’intelligence des profonds mystères divins et travaillait avec zèle dans l’œuvre du Seigneur. Il avait reçu son apostolat de Jésus Christ et de Dieu le Père, non de l’homme (Gal. 1:1). Il était un vase d’élection choisi par Dieu lui-même pour son témoignage (Actes 9:15), et il avait été approuvé de Dieu pour que l’évangile lui soit confié (1 Thess. 2:4). Malgré ces privilèges hors du commun, il éprouvait le besoin de demander les prières des saints. Il vivait dans la puissance de Dieu, et en même temps, il ressentait la nécessité d’être porté dans son service par les prières de ses frères et sœurs, quelque faibles qu’ils aient été.

Comme dans d’autres passages (par exemple Rom. 15:30-32 ; Éph. 6:19 ; Col. 4:3), Paul ne demande pas seulement les prières des saints, mais il en précise concrètement l’objet. Il place en premier lieu ce qui concerne Dieu. Il désirait que «la parole de Dieu coure et soit glorifiée». Ces mots évoquent l’urgence de la présentation de l’évangile.

Combien il est important de répandre l’évangile, aujourd’hui comme alors ! Certes chacun n’a pas le don d’évangéliste, mais nous pouvons tous prendre part à l’évangile (Phil. 1:5) et combattre par la prière pour ceux qui sont au front et portent la bonne nouvelle. Nous vivons dans les derniers jours. Encourageons-nous donc à prier, individuellement et en assemblée, pour les missionnaires, les évangélistes et tous les frères et sœurs qui ont particulièrement à cœur de répandre la bonne nouvelle. Et cela, pas seulement globalement, mais d’une manière précise et personnelle.

La parole du Seigneur doit «courir» et être glorifiée. Remarquons que Paul ne dit pas ici : la parole de Dieu, mais : la parole du Seigneur. Cette expression, que l’on trouve particulièrement dans le livre des Actes, désigne l’évangile, le message que le Seigneur faisait répandre par ses témoins (cf. Actes 8:25 ; 13:48, 49 ; 15:35, 36 ; 16:32 ; 19:10 ; 1 Thess. 1:8).

La parole de Dieu «court avec vitesse» (Ps. 147 :15), elle «n’est pas liée» (2 Tim. 2:9). Prenons garde de ne pas entraver sa diffusion, mais d’y contribuer de tout notre cœur.

La parole du Seigneur ne doit pas seulement courir, elle doit aussi être «glorifiée». Quand elle a atteint son but, quand un homme est venu à la foi, elle est glorifiée. C’est ce que nous trouvons en Actes 13:48 : «Et lorsque ceux des nations entendirent cela, ils s’en réjouirent, et ils glorifièrent la parole du Seigneur ; et tous ceux qui étaient destinés à la vie éternelle crurent». Là où la Parole est manifestée dans sa grandeur, Dieu est glorifié et la beauté de Christ est mise en évidence.

La mention finale «comme elle l’est aussi chez vous» nous fait penser à une course de relais, où les coureurs se transmettent le témoin. Il en était ainsi des Thessaloniciens. Ils avaient reçu l’évangile par le moyen de l’apôtre Paul et, de chez eux, la parole du Seigneur avait «retenti... en tous lieux» (1 Thess. 1:8). Qu’en est-il de nous ?

 

4.7       2 Thes. 3:2

«Et que nous soyons délivrés des hommes fâcheux et méchants, car la foi n’est pas de tous».

De méchants hommes cherchaient alors à nuire au témoignage chrétien. Il en a été ainsi de tous temps. Alors, les ennemis les plus acharnés de l’évangile étaient des Juifs, et Paul a eu beaucoup à souffrir de la part de ses compatriotes. Les Thessaloniciens avaient vu cela de près lors de son séjour parmi eux (Actes 17:5-9). L’apôtre en parle dans sa première lettre (cf. 2:15, 16). Plus tard, des opposants sont progressivement venus du milieu même du christianisme. Et maintenant c’est incontestablement là qu’il faut chercher les plus grands ennemis de l’évangile. Ce sont des personnes qui, sous le couvert de la religion, se sont insinuées pour effectuer leur œuvre de destruction. Paul a déjà décrit le point culminant de cette évolution au chapitre 2 de l’épître.

Les opposants dont parle l’apôtre étaient des incrédules. C’est pourquoi il ajoute ici : «La foi n’est pas de tous». En grec, foi et fidélité sont un même mot, de sorte que l’on pourrait écrire : «la fidélité n’est pas de tous» ; cela établit un contraste évident avec le verset suivant, où nous lisons que le Seigneur, lui, est fidèle. Ces gens professent le christianisme, mais ils ne sont pas authentiques, ils ne sont pas vrais. Ils s’opposent à la vérité et tentent d’empêcher d’autres de la recevoir. C’est pourquoi ils sont appelés «fâcheux et méchants».

 

4.8       2 Thes. 3:3

«Mais le Seigneur est fidèle, qui vous affermira et vous gardera du méchant».

L’apôtre détourne de nouveau l’attention des Thessaloniciens de ce qui aurait pu les décourager, pour la fixer sur le Seigneur et sur sa fidélité. Au lieu de considérer ceux qui sont infidèles et qui veulent nuire à l’œuvre du Seigneur, nous pouvons nous occuper de Celui qui est fidèle, notre Seigneur. Cela nous console et nous encourage.

Nous retrouvons ici la même expression «affermir» qu’au dernier verset du chapitre 2. Là c’était une prière ; ici c’est la certitude de son accomplissement. La fidélité du Seigneur nous affermira et nous gardera. Ceci se lie étroitement à la délivrance mentionnée dans le verset précédent. Le Seigneur nous gardera «du méchant» : ce peut être des personnes, ou du «mal» d’une manière plus générale. Satan lui-même est appelé «le méchant» en Éphésiens 6:16 et nous avons besoin d’être gardés par notre Seigneur de cet ennemi-là. Mais il y a aussi des hommes méchants, comme dans le verset 2, qui veulent nuire aux croyants et dont nous devons aussi être protégés. Il y a enfin «le mal» dans un sens général, ce mal qui nous entoure comme l’air que nous respirons et que nous sommes exhortés à avoir «en horreur» (Rom. 12:9). Là encore nous avons grand besoin de la sauvegarde du Seigneur.

Paul avait fait l’expérience des attaques du méchant. Mais il connaissait bien l’unique ressource qui était à sa disposition, comme elle l’est à la nôtre : la fidélité de son Seigneur. Quelque fragile que soit notre fidélité, la sienne ne fait jamais défaut. Que les hommes se détournent avec indifférence ou qu’ils combattent contre l’évangile avec une haine fanatique, le rocher de notre secours et de notre force demeure inébranlable : c’est la fidélité de notre Seigneur. Son nom est «fidèle et véritable» (Apoc. 19:11).

Dans la première épître, Paul avait rappelé aux Thessaloniciens la fidélité de Dieu : «Celui qui vous appelle est fidèle, qui aussi le fera» (5:24). Ici, dans la seconde, où le Seigneur est au premier plan, c’est sa fidélité à lui qui est mentionnée.

 

4.9       2 Thes. 3:4

«Mais nous avons confiance dans le Seigneur à votre égard, que vous faites et que vous ferez ce que nous avons commandé».

Après avoir rappelé la fidélité du Seigneur, Paul adresse un nouvel appel à la responsabilité des Thessaloniciens. Ses voies envers nous n’annulent jamais notre responsabilité. Il y a le côté du Seigneur et le nôtre. Lui nous garde, et nous sommes responsables de lui obéir. Il nous faut bien distinguer ces deux aspects.

L’obéissance aux commandements du Seigneur est pour nous un sujet d’actualité. Nous vivons dans un temps et dans une société où le mot obéissance semble devenir toujours plus étrange. Mais qu’il n’en soit pas ainsi pour nous ! L’obéissance est la preuve de notre amour pour le Seigneur. Et il ne nous impose pas de lourd fardeau. Nous avons «obéi de cœur à la forme de doctrine» dans laquelle nous avons été instruits (Rom. 6:17). Dieu nous a donné une nature qui aime ses commandements, qui les accomplit de bon cœur, de même que c’était une joie pour le Seigneur Jésus de faire la volonté de Dieu (Ps. 40:8). Lui-même a dit : «Mon joug est aisé et mon fardeau est léger» (Matt. 11:30).

C’est dans l’obéissance au Seigneur que réside pour nous — quant à notre responsabilité — le secret de notre sauvegarde et de notre joie.

À quels commandements concrets l’apôtre pense- t-il ici ? Dans la première épître, il mentionne des commandements qu’il leur avait «donnés par le Seigneur Jésus», lors de son séjour à Thessalonique (4:2). Ce n’était pas des commandements arbitraires, venant de lui-même, mais il leur avait transmis ce que le Seigneur lui avait confié. Un peu plus loin, il parle encore de commandements (v. 11). Ils devaient faire paisiblement leurs propres affaires et travailler de leurs propres mains, dans le but de marcher «honorablement envers ceux de dehors». Leur conduite devait être en harmonie avec leur témoignage. Ce sujet va être repris au verset 6 de notre chapitre, et on peut bien penser que le verset 4 y fait déjà allusion. Il s’agit de la fidélité dans notre activité journalière. L’apôtre prépare ainsi les Thessaloniciens à un sujet important qu’il va traiter ; il leur présente d’abord la fidélité du Seigneur, puis les exhorte à être eux-mêmes fidèles.

La manière dont il s’adresse à leur responsabilité est pleine de douceur : «Nous avons confiance dans le Seigneur à votre égard». Sa confiance n’était pas fondée sur la chair, mais sur le Seigneur. Tout le bien produit dans le croyant vient du Seigneur. Même aux Galates, qui étaient dans un état très critique, Paul a pu dire : «J’ai confiance à votre égard par le Seigneur, que vous n’aurez point d’autre sentiment» (5:10). La confiance dans le Seigneur qu’exprime l’apôtre dans ces passages ne se réfère pas à quelque stabilité naturelle du caractère humain, mais à notre relation avec le Seigneur, source suffisante de la force pour tout son peuple.

Nous pouvons bien nous poser la question en ce qui nous concerne nous-mêmes : avons-nous cette confiance dans le Seigneur dans nos relations avec nos frères et sœurs, ou bien ces relations sont-elles marquées par la méfiance l’un envers l’autre ?

 

4.10  2 Thes. 3:5

«Or que le Seigneur incline vos cœurs à l’amour de Dieu et à la patience du Christ !»

Maintenant les pensées des Thessaloniciens sont à nouveau dirigées sur le Seigneur et sur sa manière d’agir, et ceci engage à nouveau nos cœurs (cf. 2:17). Nous ne saisissons pas l’amour de Dieu et la patience du Christ avec notre intelligence ou nos capacités, mais uniquement avec notre cœur. S’ils battent pour notre Seigneur, il peut alors les incliner à l’amour de Dieu et à sa propre patience. Il peut enlever tous les obstacles qui, dans notre vie pratique, auraient l’effet de nous séparer de l’amour de Dieu et de la patience du Christ.

C’est une chose de savoir comme un fait que nous sommes aimés de Dieu (2:16), et c’en est une autre que nos cœurs soient occupés de l’amour de Dieu dans notre vie journalière. Jude écrit : «Conservez- vous dans l’amour de Dieu» (v. 21), exhortation qui est en relation avec notre responsabilité. Mais dans le verset dont nous nous occupons, ce n’est pas notre côté, mais le côté du Seigneur : il veut incliner nos cœurs à l’amour de Dieu. Cette déclaration n’a pas particulièrement en vue, semble-t-il, l’amour des saints pour Dieu, ni l’amour des saints l’un pour l’autre selon le modèle de l’amour de Dieu ; d’après le contexte il semble bien qu’il s’agisse de l’amour de Dieu pour nous, ce qui d’ailleurs nous conduira aux deux autres choses que nous venons de mentionner.

Si nous réalisons plus profondément l’amour de Dieu pour nous, il s’ensuivra que notre amour grandira en retour pour lui et pour ceux qui sont nés de lui. Nous avons toujours besoin d’être affermis dans la certitude que notre Dieu est amour. Cet amour ne nous abandonne jamais. L’amour de Dieu est versé dans nos cœurs par l’Esprit (Rom. 5:5), et nos cœurs à leur tour sont tournés vers lui et attirés vers lui. Dieu est pour nous, et son amour nous protège de sorte que rien ni personne ne peut nous nuire.

L’expression de l’apôtre, «la patience du Christ», suggère différents courants de pensées, et en tout premier lieu la patience avec laquelle Christ attend le moment de prendre à lui son épouse et d’établir son royaume sur la terre. L’épître aux Hébreux nous dit expressément que Christ attend désormais «jusqu’à ce que ses ennemis soient mis pour marchepied de ses pieds» (10:13). Que nos cœurs persévèrent avec patience dans l’attente de son retour ! Et dans cette attente, qu’ils soient, comme lui en a donné l’exemple, patients dans les tribulations !

L’espérance des croyants de Thessalonique avait quelque peu faibli, bien que l’apôtre ait encore pu faire mention de leur patience (1:4). Mais cette patience n’était pas la patience du Christ. La patience du Christ, ce n’est pas seulement la force de tenir ferme dans les difficultés. Certes, cette pensée n’est pas à exclure, mais dans le ciel, il n’y a ni épreuves ni persécution. Et pourtant, l’expression est là : «la patience du Christ». Dans l’épître à Philadelphie, le Seigneur délivre ce témoignage d’approbation qui réjouit son cœur : «tu as gardé la parole de ma patience» (Apoc. 3:10). Depuis près de deux mille ans, Christ attend le moment de venir prendre à lui son Église, puis de faire valoir ses droits sur cette terre où il a été rejeté. Sa patience est l’expression de l’attente de son cœur pour le jour de ses noces et de son règne.

Comment attendons-nous le Seigneur ? Comment l’Église attend-elle la réunion avec Celui qui va être son Époux ? Souvent, ce ne sont guère que les circonstances difficiles qui réveillent notre espérance et affermissent nos cœurs. Il est compréhensible qu’il en soit ainsi, mais le grand motif de notre attente ne devrait-il pas être notre amour pour lui ?

 

4.11  2 Thes. 3:6

«Mais nous vous enjoignons, frères, au nom de notre Seigneur Jésus Christ, de vous retirer de tout frère qui marche dans le désordre, et non pas selon l’enseignement qu’il a reçu de nous».

À la fin de sa lettre, Paul s’arrête assez longuement sur un dérèglement de la conduite de quelques frères à Thessalonique. Il n’y avait pas seulement des dangers venant de dehors sous forme de fausse doctrine, il y avait aussi des dangers intérieurs, sur le plan pratique. Et il paraît probable qu’il y ait un lien entre les deux, car un enseignement falsifié entraîne très souvent des conséquences fâcheuses quant à la conduite. Les deux épîtres aux Thessaloniciens mettent clairement en évidence la relation qui existe entre la doctrine concernant la venue du Seigneur et notre marche pratique. C’est pourquoi il est important pour nous de bien comprendre cet enseignement. Le soin avec lequel Paul traite ce problème montre quelle importance il attachait à la marche des croyants.

Paul s’adresse ici à ses «frères» de la façon la plus solennelle, et il se réfère à l’enseignement qu’il leur avait déjà donné. En effet, dans la première épître, il les avait exhortés à avertir les «déréglés» (5:14). Ici, il invoque la plus haute autorité possible, celle du Seigneur, en utilisant l’expression la plus complète de son nom : «notre Seigneur Jésus Christ». Cette mention laisse entendre que ce désordre chez quelques-uns n’était pas seulement la conséquence d’une sorte d’euphorie liée à la pensée de la venue du Seigneur, mais un comportement erroné engendré par la fausse doctrine. Quoi qu’il en soit, Paul doit maintenant enseigner les autres à leur égard.

Mais de quel genre de «désordre» s’agissait-il ? Et que signifie «se retirer» ?

Remarquons d’abord que l’apôtre Paul ne parle pas ici, contrairement à 1 Corinthiens 5:13, d’un «méchant». Cette distinction est nécessaire. Il n’est pas question ici d’une exclusion de la communion à la table du Seigneur. Le mot grec pour «dans le désordre», qui d’ailleurs ne se trouve que dans les deux épîtres aux Thessaloniciens, s’appliquait à l’origine à un soldat qui ne garde pas son rang ou son poste de combat, plus tard à toute personne indisciplinée. Il s’agit donc d’un comportement qui n’est pas conforme à ce que la parole de Dieu nous enseigne. Car elle seule fournit les normes pour notre marche.

Certes les croyants sont très différents les uns des autres, et cela peut se voir ; mais nous vivons tous suivant les mêmes principes chrétiens, et cela doit se voir. Certains détails de notre marche chrétienne peuvent être marqués par nos habitudes et par notre environnement culturel. Ceci n’est pas obligatoirement faux, mais ce qui est déterminant, c’est notre respect de l’ordre divin. «Dieu n’est pas un Dieu de désordre, mais de paix» (1 Cor. 14:33). En définitive, c’est une question d’obéissance à sa Parole.

Une marche dans le désordre peut prendre des aspects très divers. Celle qui sévissait parmi les Thessaloniciens pouvait être connue au-dehors, susciter du scandale devant le monde et nuire au témoignage. Plusieurs parmi eux ne voulaient plus travailler et vivaient à la charge des autres.

L’apôtre enjoint aux autres frères de se retirer de ceux qui se comportaient ainsi. Il fallait prendre clairement ses distances et n’avoir rien en commun avec eux. En Romains 16:17, nous sommes exhortés à nous éloigner de ceux qui causent des divisions. L’expression «se retirer» semble être moins sévère que «s’éloigner», bien qu’ayant le même sens général, et aller moins loin aussi que celle du verset 14, «ne pas avoir de commerce», qui décrit une étape ultérieure dans la discipline.

Ici, il ne s’agissait pas d’exclure quelqu’un de la communion avec les privilèges des saints, ni, comme en 2 Jean 10, de refuser de le recevoir dans sa maison ou de le saluer. Il s’agissait de croyants, appelés expressément «frères», et de marche désordonnée, non de fausse doctrine, comme dans la deuxième épître de Jean. Il peut devenir nécessaire de se distancer du comportement erroné d’un frère, de lui montrer clairement qu’on le désapprouve et qu’on ne veut pas s’associer à sa mauvaise voie.

 

4.12  2 Thes. 3:7

«Car vous savez vous-mêmes comment il faut que vous nous imitiez ; car nous n’avons pas marché dans le désordre au milieu de vous».

Les Thessaloniciens avaient eu l’occasion d’observer Paul et ses compagnons. Ces missionnaires n’avaient pas vécu dans le désordre ; bien au contraire, ils avaient été des modèles que les croyants pouvaient imiter.

Dans un autre contexte, dans la première épître, il leur avait dit : «vous êtes devenus nos imitateurs et ceux du Seigneur» (1:6). Il avait placé devant eux un enseignement pratique visible. Qui imitait Paul suivait les traces de Christ. C’est ainsi qu’il pouvait écrire aux Corinthiens : «Soyez mes imitateurs, comme moi aussi je le suis de Christ» (1 Cor. 11:1). Dans sa première épître, l’apôtre avait rappelé aux Thessaloniciens comment il s’était conduit au milieu d’eux et comment son comportement pouvait leur servir d’exemple (cf. particulièrement le chap. 2). Sa marche avait été en harmonie avec son enseignement.

 

4.13  2 Thes. 3:8

«Ni n’avons mangé du pain chez personne gratuitement, mais dans la peine et le labeur, travaillant nuit et jour pour n’être à charge à aucun de vous».

Paul et ses compagnons ne voulaient pas tirer bénéfice de l’évangile qu’ils annonçaient (2 Cor. 11:7). L’apôtre cherchait à gagner lui-même ce qui était nécessaire à son entretien. Son métier était de faire des tentes (Actes 18:3). Ce travail entraînait pour lui «peine» et «labeur», car son activité principale était l’œuvre du Seigneur. Il travaillait ainsi «nuit et jour» — comme il le dit déjà dans la première épître (2:9) — la nuit pour gagner sa vie et le jour pour annoncer l’évangile et se consacrer au service des saints.

Ce n’était pas seulement avec les Thessaloniciens que Paul avait agi de cette manière. Lorsqu’il prend congé des anciens d’Éphèse, il dit : «Je n’ai convoité ni l’argent, ni l’or, ni la robe de personne. Vous savez vous-mêmes que ces mains ont été employées pour mes besoins et pour les personnes qui étaient avec moi. Je vous ai montré en toutes choses, qu’en travaillant ainsi il nous faut secourir les faibles, et nous souvenir des paroles du Seigneur Jésus, qui lui-même a dit : Il est plus heureux de donner que de recevoir» (Actes 20:33-35).

 

4.14  2 Thes. 3:9

«Non que nous n’en ayons pas le droit, mais afin de nous donner nous-mêmes à vous pour modèle, pour que vous nous imitiez».

Paul aurait eu le droit de compter sur ses frères et sœurs pour ce qui concernait son entretien. Le Seigneur lui-même avait dit qu’un ouvrier est digne de son salaire (Matt. 10:10 ; Luc 10:7 ; cf. 1 Tim. 5:17, 18). En 1 Corinthiens 9:4, l’apôtre pose la question : «N’avons-nous pas le droit de manger et de boire ?» et il dit plus loin dans le même chapitre : «De même aussi, le Seigneur a ordonné à ceux qui annoncent l’évangile, de vivre de l’évangile». Et il ajoute aussitôt : «Mais moi je n’ai usé d’aucune de ces choses» (v. 14, 15). Il avait agi ainsi à cause de l’attitude de plusieurs à Corinthe (cf. 2 Cor. 11:9-12). Un tel comportement le mettait à l’abri de tout reproche. En même temps — et ce motif était prioritaire ici — il désirait être un modèle pour d’autres. Il avait discerné ce danger particulier à Thessalonique, que plusieurs ne voulaient plus travailler, et il voulait leur montrer l’exemple. En revanche, l’apôtre avait accepté avec reconnaissance le soutien financier des Philippiens (cf. Phil. 4:15, 16).

Aujourd’hui aussi, il est pleinement en accord avec la parole de Dieu que des frères qui consacrent leur temps à l’œuvre du Seigneur soient soutenus financièrement par les frères parmi lesquels ils travaillent.

Nous sommes tous exhortés à «abonder dans l’œuvre du Seigneur» (1 Cor. 15:58). Il y a beaucoup de frères qui consacrent une grande partie de leur temps au Seigneur, et qui cependant pourvoient eux-mêmes à leur entretien.

 

4.15  2 Thes. 3:10

«Car aussi, quand nous étions auprès de vous, nous vous avons enjoint ceci : que si quelqu’un ne veut pas travailler, qu’il ne mange pas non plus».

Il y en avait donc parmi les Thessaloniciens qui ne voulaient pas travailler, quels qu’aient pu être les motifs de ce comportement. Lors de son séjour à Thessalonique, Paul les avait déjà enseignés à ce sujet, en raison, probablement, de premières manifestations de ce désordre.

Cette tendance à ne pas vouloir travailler a resurgi tout au long de l’histoire de la chrétienté. On a prétendu que de saints hommes n’ont pas à travailler pour leur pain quotidien. Ils auraient d’autres tâches, et devraient laisser les autres travailler pour eux ! Un tel comportement ne correspond aucunement à la pensée de Dieu. Et ce n’est pas une chose trop petite pour lui de nous instruire concernant notre travail journalier. Personne n’est trop saint ou trop spirituel pour travailler.

Travaillons avec soin, que ce soit dans notre profession ou dans l’œuvre du Seigneur. Paul écrit aux Colossiens : «Et quelque chose que vous fassiez, en parole ou en œuvre, faites tout au nom du Seigneur Jésus, rendant grâces par lui à Dieu le Père» (3:17). Nous devons accomplir notre travail comme si nous le faisions pour le Seigneur, comme si c’était lui notre patron. Nous ne nous occupons pas de ces choses matérielles comme si elles étaient le but de notre vie, mais nous devons avoir un sentiment profond de notre responsabilité d’accomplir notre travail pour le Seigneur.

 

4.16  2 Thes. 3:11

«Car nous apprenons qu’il y en a quelques-uns parmi vous qui marchent clans le désordre, ne travaillant pas du tout, mais se mêlant de tout».

En grec, «ne pas travailler, mais se mêler de tout» est un jeu de mots difficile à rendre dans une traduction, mais cela revient à peu près à ceci : ces personnes ne montraient aucun zèle pour leurs propres affaires et en déployaient d’autant plus pour celles des autres.

Le danger de se mêler de tout, de s’ingérer dans les affaires des autres, guette en particulier tous ceux qui n’ont pas d’activité ou de tâche régulières. On parle de n’importe quoi, on bavarde au sujet de ses frères et sœurs, et on discute de choses qui ne nous regardent pas. Combien de malheurs sont déjà survenus, parmi les croyants et les assemblées, à cause de ceux qui, par oisiveté, se mêlent des circonstances des autres. La parole de Dieu parle très sévèrement de ce danger ; ne le sous-estimons pas.

 

4.17  2 Thes. 3:12

«Mais nous enjoignons à ceux qui sont tels, et nous les exhortons dans le Seigneur Jésus Christ, de manger leur propre pain en travaillant paisiblement».

Maintenant Paul s’adresse directement à ceux qui marchaient dans le désordre, et leur donne un ordre précis. Ils devaient pourvoir eux-mêmes à leur entretien, en travaillant paisiblement. L’apôtre leur parle avec autorité, et il joint l’exhortation au commandement qu’il leur donne.

Cette force de persuasion de l’amour peut l’avoir aussi amené — conduit par l’Esprit Saint — à ne pas ajouter à son injonction la formule solennelle du verset 6 : «au nom de notre Seigneur Jésus Christ», mais à lier son exhortation à la position des croyants «dans le Seigneur Jésus Christ». De par notre position, nous avons une relation directe avec le Seigneur Jésus et une relation l’un avec l’autre. De cette relation découle une responsabilité, et c’est ce qui est mis en évidence ici. Nous, nous aurions peut-être associé le commandement du verset 12 au «nom de notre Seigneur Jésus Christ». Mais la sagesse d’en haut agit autrement. Elle place le commandement et l’exhortation sur le fondement de notre position commune devant le Seigneur. Nous pouvons en retirer beaucoup d’instruction pour nos relations les uns avec les autres, et particulièrement avec ceux qui, dans leur comportement, s’éloignent des principes de la parole de Dieu.

Le commandement et l’exhortation ont pour objet : «qu’ils mangent leur propre pain en travaillant paisiblement», c’est-à-dire qu’ils travaillent avec régularité, constance et persévérance. Chacun de nous est responsable de la manière dont il utilise son temps. Celui qui n’a pas, ou n’a plus, de tâche précise — pour quelque motif que ce soit (âge, maladie, chômage, etc.) — doit demander à son Seigneur comment son temps libre peut être occupé raisonnablement pour lui. L’oisiveté est toujours un danger.

 

4.18  2 Thes. 3:13

«Mais vous, frères, ne vous lassez pas en faisant le bien».

«Mais vous, frères... » Ces mots suggèrent un contraste. Les Thessaloniciens ne devaient pas se laisser contaminer par le comportement de ceux qui marchaient dans le désordre. Ils devaient non seulement faire leur travail, mais ne pas se lasser de faire le bien. Ils reçoivent ainsi une exhortation adaptée à leur état, ce qui pouvait prévenir tout sentiment de supériorité à l’égard de ceux qui venaient d’être sérieusement repris. Car nous sommes toujours exposés, lorsque d’autres sont rappelés à l’ordre et exhortés, de nous imaginer que nous sommes meilleurs.

Nous avons grand besoin de l’exhortation à ne pas nous lasser, à ne pas nous relâcher. Bien facilement, on commence quelque chose, puis l’énergie s’amenuise et disparaît. «Ne nous lassons pas en faisant le bien, car, au temps propre, nous moissonnerons, si nous ne défaillons pas» (Gal. 6:9).

 

4.19  2 Thes. 3:14

«Et si quelqu’un n’obéit pas à notre parole qui vous est adressée dans cette lettre, notez-le et n’ayez pas de commerce avec lui, afin qu’il en ait de la honte».

Paul envisage ici le cas où ceux qui marchaient dans le désordre ne voudraient pas obéir à son injonction. Il s’agit du refus conscient de ce que l’apôtre avait dit de la part du Seigneur. Désobéir à la parole de Dieu est un péché grave. Et c’est encore plus grave lorsque quelqu’un, malgré une mise en garde précise, s’obstine dans ses propres pensées.

Une telle personne devait être «notée». Le moment vient où la patience seule n’est plus à sa place, mais où il faut agir à son égard. Il doit lui devenir clair que les autres ne peuvent ni approuver ni se rendre solidaires de son comportement. Il ne s’agit pas ici d’une exclusion de la communion à la table du Seigneur. Le verbe grec pour «noter» ne figure qu’ici dans le Nouveau Testament, et aucun autre passage ne donne d’application du principe posé ici. Nous devons donc être particulièrement prudents dans nos commentaires. Il est néanmoins certain que celui qui ne voulait pas renoncer à sa marche dans le désordre devait être publiquement signalé pour que tous puissent avoir envers lui l’attitude qui convenait à ce cas. Quant à la façon concrète dont les choses doivent se passer, si un cas analogue surgit aujourd’hui, nous avons un besoin tout particulier de la dépendance et du discernement que donne le Saint Esprit.

Nous ne devons plus avoir «de commerce» avec une telle personne. Cela signifie que nous ne pouvons plus frayer avec elle, que nous ne pouvons plus entretenir normalement des relations amicales et confiantes. La personne concernée doit ressentir clairement que son comportement est en contradiction avec la parole de Dieu et entraîne la désapprobation des autres. La conduite à tenir peut être comparée à celle qui est prescrite dans un cas d’exclusion, puisque la même expression qu’en 1 Corinthiens 5:11 est utilisée : «ne pas avoir de commerce». Toutefois il est ajouté là : «que vous ne mangiez pas même avec un tel homme». Cette mention manque ici, certainement non sans raison. Que, dans notre passage, il ne s’agisse pas d’une exclusion de la communion à la table du Seigneur, cela est indiqué par le verset 15, où il est dit que le coupable doit être averti «comme un frère».

Le but de cette attitude est : «afin qu’il en ait de la honte». Il n’y a ici aucune allusion à ôter du levain qui puisse faire lever toute la pâte, comme en 1 Corinthiens 5:6, 7. Une exclusion a le double but de purifier l’assemblée du mal et de redresser le fautif. Ici, il n’est parlé que de celui qui subit cette forme de discipline. Il faut qu’il ait honte. Ce mot sous-entend un changement des dispositions de son cœur, condition première pour une restauration.

 

4.20  2 Thes. 3:15

«Et ne le tenez pas pour un ennemi, mais avertissez- le comme un frère».

Nous n’avons pas affaire à quelqu’un qui est «dehors», comme dans le cas d’une exclusion, mais à «un frère» qui doit être averti. Quel que soit le cas, des sentiments d’animosité, comme aussi des pensées d’orgueil ou de supériorité, sont entièrement déplacés. C’est une tristesse mêlée de compassion qu’il faut ressentir. Celui dont il faut prendre ses distances demeure un frère que nous aimons et estimons, car le Seigneur est aussi mort pour lui et l’aime comme il nous aime. Il est soumis à la discipline fraternelle. Bien que les relations normales soient interrompues, les avertissements et les encouragements doivent être prodigués chaque fois que l’occasion se présente.

Il s’agit de parler au cœur du frère ; non pas de lui faire des reproches, mais bien plutôt de chercher à l’instruire pour qu’il discerne l’erreur de son comportement.

 

4.21  2 Thes. 3:16

«Or le Seigneur de paix lui-même vous donne toujours la paix en toute manière. Le Seigneur soit avec vous tous !»

Cette épître, qui nous fait connaître la triste évolution de la profession chrétienne, se termine d’une manière particulièrement affectueuse. Dans son souhait pour eux, l’apôtre mentionne encore une fois le Seigneur, et l’appelle le Seigneur de paix. C’est sa personne même qui est placée maintenant devant nos yeux. Paul avait parlé du «jour du Seigneur», jour de jugement pour une chrétienté apostate. Quant à nous, nous connaissons Jésus comme le Seigneur de paix, comme le Seigneur qui sera avec nous.

Les circonstances des Thessaloniciens étaient difficiles. Ils connaissaient des tribulations et des persécutions très dures. Il y avait des hommes qui les déstabilisaient par de fausses doctrines. Et il y en avait parmi eux qui les troublaient par leur comportement, ce qui faisait du tort au témoignage. Cela ne pouvait-il pas les pousser au découragement ? Et c’est justement alors qu’ils sont dans cette situation que Paul leur rappelle «le Seigneur de paix», celui qui est caractérisé par la paix. En dépit de toute l’agitation qu’il pouvait y avoir autour d’eux et au milieu d’eux, il y avait un rocher dans la tourmente, un rocher de repos et de paix. À la fin de la première épître, il leur avait parlé du «Dieu de paix» (5:23). Là il était plutôt question de la manière d’agir de Dieu. Mais ici, c’est «le Seigneur de paix», en harmonie avec tout le sujet de l’épître. Rappelons-nous les paroles du Seigneur lui-même : «Je vous laisse la paix ; je vous donne ma paix ; je ne vous donne pas, moi, comme le monde donne. Que votre cœur ne soit pas troublé, ni craintif» (Jean 14:27).

Même si nous ne traversons pas les tribulations et les persécutions comme les Thessaloniciens, il y a pourtant beaucoup de circonstances qui peuvent nous abattre et nous décourager. Mais le Seigneur, «le Seigneur de paix», veut nous donner sa paix dans toutes nos circonstances. Il veut nous la donner «toujours... en toute manière». Il dit à ses disciples, peu avant de les quitter : «Je vous ai dit ces choses, afin qu’en moi vous ayez la paix. Vous avez de la tribulation dans le monde ; mais ayez bon courage, moi j’ai vaincu le monde» (Jean 16, 33).

L’apôtre ajoute alors : «Le Seigneur soit avec vous tous !» Ce n’est pas seulement sa paix, mais lui- même. Il est près de nous, et avec nous. Nous avons sa présence, et son soutien.

 

4.22  2 Thes. 3:17

«La salutation, de la propre main de moi, Paul ; ce qui est le signe dans chaque lettre : ainsi j’écris».

Du temps des premiers chrétiens, il n’était peut-être pas courant qu’une lettre soit signée à la fin, comme actuellement. L’auteur se nommait au début (voir par exemple les lettres citées en Actes 15:23-29 et 23:26-30). Ici, sans doute en raison d’une lettre faussement attribuée à Paul que les Thessaloniciens auraient reçue (2:2), l’apôtre atteste qu’il est bien l’auteur de l’épître.

Il y avait certainement un signe par lequel il était clair que lui seul pouvait être l’auteur. D’habitude, Paul ne prenait pas la plume pour écrire lui-même, il dictait plutôt ses lettres (cf. Rom. 16:22). Il fallait donc un signe, au niveau de la salutation finale, pour authentifier ses lettres (cf. 1 Cor. 16:21 ; Col. 4:18). L’épître aux Galates fait exception : à la fin, Paul déclare expressément qu’elle est de sa propre main (6:11).

 

4.23  2 Thes. 3:18

«Que la grâce de notre Seigneur Jésus Christ soit avec vous tous !»

Cette expression n’est pas une simple formule de politesse, mais un vœu sincère. Dans leurs circonstances, les Thessaloniciens avaient un besoin particulier de la grâce de leur Seigneur. Dans la première épître, l’apôtre dit : «Que la grâce de notre Seigneur Jésus Christ soit avec vous» (5:28). Ici, il exprime le même souhait mais il ajoute «tous». C’est plus personnel. Aucun n’est exclu de la grâce du Seigneur, pas même ceux qui marchent dans le désordre. Nous en avons tous besoin chaque jour, et il nous l’accordera jusqu’au moment glorieux où il nous prendra auprès de lui. Ce sera le dernier triomphe de la grâce.