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Le Service Chrétien
Regroupement de plusieurs articles
E.A. Bremicker
ME 2006 p. 174-182 + p. 72-76 + p 15 + ME 2008 p. 41-44 + ME 2007 p. 265-274 + p. 357-364 + ME 2010 p. 297-303 + ME 2009 p. 376-379 + ME 1993 p. 65-66 + ME 2002 p. 80-83
Table des matières abrégée :
1 Le service de l’apôtre Paul : un modèle pour nous. Actes 20:17-35
2 Servir le Seigneur — mais comment ? — Tite 2:9, 10
3 Appel à suivre Christ et à le servir — Marc 1:16-20
4 Un peuple acquis, zélé pour les bonnes œuvres — Tite 2:14
5 Sur les traces du parfait serviteur — Marc 1:21-45
6 Encouragement dans le Service : Actes 18:9, 10 (vision de Paul)
7 Ne pas se lasser dans le service
9 Paissez le troupeau de Dieu — 1 Pierre 1:1-4 — Service pastoral
10 Le travail du SEIGNEUR — pour Nous, par Nous
Table des matières détaillée :
1 Le service de l’apôtre Paul : un modèle pour nous. Actes 20:17-35
1.2 L’esprit dans lequel le service est accompli
1.3 Faculté d’adaptation dans le service
1.3.1 Contenu et thèmes du ministère de Paul
1.3.2 Service envers des personnes très différentes
1.3.4 Quel est le moment pour le service ?
1.4 La constance dans le service
1.5 Des cœurs engagés dans le service
2 Servir le Seigneur — mais comment ? — Tite 2:9, 10
2.2 Complaire à son Maître en toutes choses
2.5 Montrer toute bonne fidélité
2.6 Le but d’un tel comportement
3 Appel à suivre Christ et à le servir — Marc 1:16-20
3.3 Quels sont ceux que le Seigneur appelle ?
3.4 Le Seigneur appelle des hommes qui ont fait leurs preuves
3.6 Caractéristiques d’un serviteur
3.9 Travail à temps plein dans l’œuvre du Seigneur
4 Un peuple acquis, zélé pour les bonnes œuvres — Tite 2:14
4.4 Zélé pour les bonnes œuvres
5 Sur les traces du parfait serviteur — Marc 1:21-45
5.2 La puissance de ses actions
5.7 Tout pour la gloire de Dieu
6 Encouragement dans le Service : Actes 18:9, 10 (vision de Paul)
6.4 Un aperçu des plans de Dieu
7 Ne pas se lasser dans le service
9 Paissez le troupeau de Dieu — 1 Pierre 1:1-4 — Service pastoral
9.1 Encouragement au service pastoral
9.2 L’assurance dans le service pastoral
9.3 La sphère du service pastoral
9.4 La vraie disposition du cœur dans le service pastoral
9.5 La rémunération du service pastoral
10 Le travail du SEIGNEUR — pour Nous, par Nous
ME 2006 p. 174-182 (d’après une méditation de M. R.)
Le Seigneur désire employer chacun de ses rachetés à son service. Qui que nous soyons, jeune ou âgé, frère ou sœur, le Seigneur a une mission pour nous. Ce qui est fondamental, pour un service quelconque, ce sont les directives de la parole de Dieu. Elle nous les fournit de différentes manières, et en particulier par les exemples d’hommes et de femmes qui ont servi fidèlement le Seigneur.
Outre l’exemple unique que nous a laissé notre Seigneur, le Serviteur parfait sur la terre, le service de l’apôtre Paul est particulièrement placé devant nous pour notre instruction. Bien sûr, aucun de nous ne peut se placer à un niveau comparable au sien. Aucun de nous n’a ni ses dons extraordinaires, ni son ministère spécial. Toutefois nous trouvons dans son service beaucoup d’indications très utiles pour nous. Il écrit aux Corinthiens : « Soyez mes imitateurs, comme moi aussi je le suis de Christ » (1 Cor. 11:1), et cela est vrai en particulier pour le service.
En Actes 20, nous trouvons un exposé inspiré à ce sujet. Paul, dans son discours aux anciens d’Éphèse, donne une rétrospective de son service dans cette ville. Nous ne nous arrêterons pas sur la substance de son ministère en ce lieu, si important que cela soit, mais sur la manière dont il s’est acquitté de son service.
Paul suivait les traces du Seigneur Jésus. Le grand motif de son service était l’amour pour son Seigneur, l’amour pour les croyants et l’amour pour les hommes perdus. Au verset 19, il dit qu’il a été parmi eux « servant le Seigneur », et il termine son discours par les paroles du Seigneur Jésus lui-même : « Il est plus heureux de donner que de recevoir » (v. 35). Ces deux activités — servir et donner — sont caractéristiques de l’amour.
Sans l’amour, on ne peut ni servir ni donner de cœur. On peut certes faire un don, mais c’est bien loin d’un vrai service. Celui qui sert le Seigneur — comme Paul le faisait — doit le faire avec amour. Et celui qui donne — comme le Seigneur a donné — doit de même le faire avec amour. « Par amour, servez-vous l’un l’autre » (Gal. 5:13). C’est ainsi qu’a fait le Seigneur. Le serviteur hébreu, type du Serviteur parfait, disait : « J’aime mon maître, ma femme et mes enfants » ; et cela l’amenait à servir son maître à toujours (Ex. 21:5:6). Notre Maître est Celui qui « nous a aimés et s’est livré lui-même pour nous » (Éph. 5:2).
Quels sont nos motifs dans le service ? Combien facilement nous en venons à en être nous-mêmes le centre ! Servons-nous vraiment le Seigneur ? Travaillons-nous par amour pour lui, par amour pour nos frères et sœurs, par amour pour ceux qui nous entourent ? Que le Seigneur nous aide à travailler toujours plus pour lui, étant animés par l’amour !
L’esprit qui animait l’apôtre ressort des versets 19 et 24. Son service était marqué par l’humilité et par le dévouement. Paul servait le Seigneur « en toute humilité », et il pouvait dire en vérité : « Je ne fais aucun cas de ma vie, ni ne la tiens pour précieuse à moi- même ». Voilà ce qui caractérise le vrai service. Nous trouvons ces traits en perfection chez notre Seigneur et Sauveur. Il s’est anéanti lui-même, prenant la forme d’esclave ; et il s’est offert entièrement à Dieu.
Le don de soi-même, le sacrifice de soi-même, nous les trouvons aussi chez l’apôtre Paul. Et il a servi « en toute humilité », ce qui va très loin. L’humilité ne consiste pas tant à avoir une petite estime de soi-même qu’à se perdre de vue soi-même. Le don de soi- même se lie à cela en ce que ce n’est pas le moi qui est au centre, mais Celui auquel on se donne. C’est difficile, car notre moi cherche toujours à se faire valoir — hélas ! aussi dans le service pour le Seigneur.
Paul servait en toute humilité, sans défaillance. Et il était réellement prêt à donner sa vie pour les croyants. C’est ce qu’il exprime ailleurs, lorsqu’il dit qu’il se réjouit s’il doit servir d’aspersion sur le sacrifice et le service de la foi des saints (Phil. 2:17). Posons-nous la question : sommes-nous prêts à servir de sacrifice ? Sommes-nous prêts à nous oublier nous-mêmes et, comme le dit un autre passage, à être « entièrement dépensés » pour nos frères ? (cf. 2 Cor. 12:15.) Cet état de cœur ne peut être réalisé que si le Seigneur vit pratiquement en nous.
Dans son service, Paul était extrêmement flexible, capable de s’adapter à des situations très différentes — ce qui ne veut pas dire qu’il se laissait entraîner par tous les vents. Relevons cinq points à ce sujet.
Le ministère de Paul était riche et diversifié quant à son contenu, ou à ses thèmes. Plusieurs expressions d’Actes 20 évoquent cette diversité. L’apôtre avait insisté sur « la repentance envers Dieu et la foi en notre Seigneur Jésus Christ » (v. 21). Il avait rendu témoignage à « l’évangile de la grâce de Dieu » (v. 24). Il avait prêché « le royaume de Dieu » (v. 25) et n’avait mis aucune réserve à annoncer « tout le conseil de Dieu » (v. 27). Ainsi son service s’adressait aussi bien aux incroyants qu’aux croyants. Avec un tel éventail, Paul est évidemment placé devant nous comme un cas unique. Aucun d’entre nous — répétons-le — n’a aujourd’hui un service aussi multiple. Mais ce que nous pouvons retenir pour nous est que, dans le service pour le Seigneur, nous ne devons pas nous cantonner dans un secteur étroit. Nous devrions cultiver une certaine faculté d’adaptation aux situations que nous rencontrons. L’évangéliste ne devrait pas négliger la doctrine et le docteur ne devrait jamais oublier que le message chrétien doit aussi atteindre les incroyants. Tout en étant conscients de nos limites, soyons ouverts. Et bien sûr, sachons nous réjouir en voyant chez nos frères les dons et les services différents de ceux que nous avons nous-mêmes reçus.
Paul savait exercer son service envers des personnes très différentes. Au verset 21, il rappelle qu’il avait parlé aussi bien aux Juifs qu’aux Grecs. Ainsi il n’était pas exclusif quant aux personnes auxquelles il avait à s’adresser. Il dit aux Corinthiens qu’il s’est « asservi à tous, afin de gagner le plus de gens » (cf 1 Cor. 9:19-23). Il nous est aussi en exemple à cet égard. Lorsque nous parlons à des enfants, nous devons nous exprimer autrement que lorsque nous parlons à des adultes. Lorsque nous nous entretenons avec de jeunes convertis, nous traiterons d’autres thèmes que lorsque nous avons devant nous des personnes qui connaissent le Seigneur Jésus depuis longtemps. Il ne s’agit pas d’altérer ou d’affaiblir tant soit peu la vérité ; il s’agit de nous adapter au public qui est devant nous. Que Dieu nous aide à avoir cette mobilité ! L’exemple parfait est celui du Seigneur Jésus lui-même. Il a parlé différemment avec le théologien Nicodème qu’avec la femme rencontrée au puits de Sichar. Ses paroles étaient toujours pleines de sagesse, mais chaque fois différentes.
L’apôtre Paul exerçait son service en divers lieux. Il avait « prêché et enseigné publiquement et dans les maisons » (v. 20). Nous trouvons aussi cette diversité dans le service du Seigneur Jésus. Nous le voyons au bord de la mer, dans des lieux déserts, dans les synagogues, dans les maisons de personnes particulières — aussi bien en public que dans une sphère privée. Il n’en est pas autrement aujourd’hui. Le service au sein du peuple de Dieu et dans l’évangélisation se réalise aussi bien en public qu’en privé ; il implique le soin des âmes où qu’elles se trouvent. Soyons exercés pour savoir où le Seigneur désire nous voir accomplir un service pour lui.
Et quel est le moment du service ? Au verset 31, Paul rappelle que durant trois ans il n’a « cessé nuit et jour d’avertir chacun... avec larmes ». Il avait utilisé toutes les occasions qui lui étaient fournies de servir le Seigneur, aussi bien pendant la nuit que durant le jour. Il était toujours disponible. Pensons encore une fois à notre Seigneur. Son entretien avec Nicodème a eu lieu de nuit ; il a parlé à la femme samaritaine pendant la journée ; et il avait encore du temps pour les enfants à la fin d’une journée fatigante. Chacun, aujourd’hui, se préoccupe de bien gérer son temps, un temps souvent très rempli. Mais que cela ne nous empêche pas d’être toujours prêts à accomplir une mission que notre Seigneur place soudain devant nous ! Pour cela nous avons besoin de la flexibilité nécessaire. Elle est particulièrement indispensable dans le service individuel envers les âmes. Il faut savoir saisir les occasions.
De même, quant au genre de service, Paul n’était pas limité. Dans notre chapitre, il utilise cinq expressions qui, chacune avec sa nuance, nous décrivent un aspect du service. D’une part, il a « rendu témoignage », c’est-à-dire qu’il a présenté les faits et les a placés devant ses auditeurs en fidèle témoin. Ensuite il a « enseigné », c’est-à-dire expliqué et fait comprendre les relations entre les différentes parties de la vérité. Puis il a « annoncé », proclamé, le message de Dieu comme un héraut. Enfin il a « prêché » et « averti », c’est-à-dire placé les enseignements sur le cœur des croyants. Là aussi nous pouvons désirer imiter en quelque mesure le service du Seigneur Jésus, dont Paul a suivi l’exemple. Le Seigneur peut nous aider à apporter une parole de la bonne manière, selon le besoin. Laissons-nous conduire par son Esprit quant à la façon dont nous avons à parler. Gardons-nous de toute routine, comme aussi de techniques de langage apprises par cœur. L’exemple de Paul nous montre que, tant pour l’évangélisation que pour le service envers les croyants, nous devons être disponibles, et capables de nous adapter aux diverses situations qui se présentent à nous.
Flexibilité dans le service ne signifie pas instabilité et versatilité — bien au contraire ! Paul était capable de s’adapter aux circonstances, mais il était extrêmement constant dans son service. Nous voyons chez lui un équilibre qui nous est aussi en exemple. Il parle aux anciens d’Éphèse de sa conduite envers eux « tout le temps, depuis le premier jour » (v. 18). Durant trois ans, il n’avait pas cessé d’avertir chacun d’eux avec larmes. Il avait accompli la mission que le Seigneur lui avait confiée et ne s’était pas arrêté avant qu’elle soit à son terme.
Au sujet du Seigneur Jésus, il y a cette parole prophétique : « J’ai étendu ma main tout le jour vers un peuple rebelle » (És. 65:2). Son service pour Dieu a été caractérisé par la constance. Personne ne l’a accompli et achevé comme lui. Il ne s’est laissé arrêter par rien ni par personne. Nous avons tous à prendre pour nous l’exhortation donnée à Archippe : « Prends garde au service que tu as reçu dans le Seigneur, afin que tu l’accomplisses » (Col. 4:17). Il est relativement facile d’entreprendre une mission dans le feu de l’enthousiasme ; il est beaucoup plus difficile de l’exécuter avec fidélité, en particulier quand elle se heurte à une opposition. Le Seigneur Jésus ne s’est pas laissé arrêter par les difficultés et les obstacles. Il en a été de même pour Paul, dans sa mesure. Qu’en est-il de nous ?
Quels sont les sentiments qui nous animent lorsque nous accomplissons un service pour le Seigneur ? Si nos cœurs ne sont pas vraiment engagés, il manque quelque chose d’essentiel. Dans les Évangiles, nous voyons le Seigneur « ému de compassion » envers ceux qu’il rencontrait. Le service chrétien est tout autre chose que l’accomplissement d’un devoir professionnel. Quand Paul agissait, son cœur était engagé. Le discours qu’il fait aux anciens d’Éphèse est pour ainsi dire encadré par les larmes : au verset 19 il mentionne « des larmes et des épreuves », et au verset 31 il rapporte qu’il a averti les croyants « nuit et jour avec larmes ».
Les larmes du verset 19 sont en relation avec les ennemis de l’évangile qui persécutaient Paul et cherchaient sa vie. Il en parle de façon saisissante en 2 Corinthiens 1. La charge qui en résultait pour lui et pour ses collaborateurs était si extrême qu’ils ne voyaient plus aucune issue. De telles souffrances conduisent inévitablement aux larmes. Notre Seigneur aussi en a versé. Alors qu’il s’approchait de Jérusalem, la ville bien-aimée, il a pleuré en pensant au jugement qu’elle s’attirait par son refus. Celui qui est un témoin fidèle pour le Seigneur Jésus éprouvera toujours de l’opposition — même si c’est dans une mesure bien moindre que le Seigneur ou ses apôtres. Il est juste que nous soyons tristes lorsque nous voyons comment les hommes refusent le message de l’évangile. Cela nous laisserait-il indifférents ? Nos sentiments devraient être à l’unisson de ce qu’il y a dans le cœur de Dieu. Pour notre encouragement, considérons « celui qui a enduré une telle contradiction de la part des pécheurs contre lui-même » (Héb. 12:3).
Les larmes du verset 31 sont d’une autre sorte. Paul avait averti les croyants d’Éphèse « nuit et jour avec larmes ». Prévoyait-il le jour où « tous ceux qui sont en Asie » se détourneraient de lui (cf. 2 Tim. 1:15) ? Quoi qu’il en soit, le bien des croyants lui tenait tellement à cœur qu’il les avertissait avec larmes. Le mot utilisé ici pour « avertir » signifie parler à l’âme de façon insistante. Ce n’était pas avec le marteau et le ciseau que Paul voulait atteindre le cœur des Éphésiens, mais avec les larmes. Cela nous rappelle une parole du prophète Jérémie : « Si vous n’écoutez pas ceci, mon âme pleurera en secret à cause de votre orgueil, et mon œil pleurera amèrement et se fondra en larmes » (Jér. 13:17). Et pensons surtout au Seigneur Jésus. Combien son cœur a été affecté lorsque ses disciples ne discernaient pas qui il était, ne le comprenaient pas, ou n’entraient pas dans ce qu’il leur annonçait touchant ses souffrances à la croix !
Soyons prêts à accomplir notre service avec de tels sentiments, que ce soit dans la famille, ou au sein du peuple de Dieu, ou envers ceux de dehors. Il peut y avoir pour nous des larmes, mais, comme le dit le psalmiste, Dieu les mettra dans ses vaisseaux (Ps. 56:8). Les larmes qui sont versées dans le service pour le Seigneur ne sont pas perdues. Et au psaume 126, nous lisons : « Ceux qui sèment avec larmes moissonneront avec chant de joie » (v. 5). Cela est vrai pour le Seigneur Jésus, pour l’apôtre Paul, et pour nous aussi. Le Seigneur nous fait pour ainsi dire participer à ses larmes. Le psalmiste ajoute : « Il va en pleurant, portant la semence qu’il répand ; il revient avec chant de joie, portant ses gerbes » (v. 6). Le fruit appartient à notre Seigneur. II portera ses gerbes. Voilà notre privilège : par un service persévérant, contribuer un peu à ce qu’un jour il porte ses gerbes. Il en vaut la peine.
ME 2006 p. 72-76
Croyants, nous avons tous reçu la mission de servir le Seigneur Jésus. Que nous soyons jeune ou âgé, frère ou sœur, le Seigneur désire tous nous utiliser là où il nous a placés. Chacun de nous devrait donc prendre le temps de réfléchir tranquillement devant le Seigneur pour discerner quelle est la tâche qu’il lui confie, et à quel moment elle doit être accomplie. La question que nous souhaitons aborder aujourd’hui est comment — de quelle manière — nous avons à travailler pour lui. Le passage de l’épître à Tite dans lequel l’apôtre Paul enseigne ce qui doit caractériser le service des esclaves nous fournit des principes à ce sujet.
« Exhorte les esclaves à être soumis à leurs propres maîtres, à leur complaire en toutes choses, n’étant pas contredisants ; ne détournant rien, mais montrant toute bonne fidélité, afin qu’ils ornent en toutes choses l’enseignement qui est de notre Dieu Sauveur » (2:9, 10).
Ce texte nous reporte au temps de l’esclavage. Parmi les croyants, il y en avait qui vivaient dans la condition d’esclaves, et Dieu avait un message particulier pour eux. Pour nous aujourd’hui, de tels versets s’appliquent d’abord aux relations de subordination de la vie professionnelle où beaucoup d’entre nous se trouvent, et où nous devons être fidèles. Mais ces versets peuvent aussi s’appliquer à notre relation avec notre employeur céleste, avec notre Maître, le Seigneur Jésus. Nous y découvrons des indications utiles quant à la manière de le servir.
Il s’agit d’abord d’accepter l’autorité du Seigneur Jésus dans toute notre vie, et particulièrement dans notre service. L’œuvre dans laquelle nous sommes admis à travailler est appelée « l’œuvre du Seigneur » — non « l’œuvre de Jésus ». Dans la vie professionnelle, un employé suit les instructions de son chef terrestre ; à plus forte raison avons-nous à obéir à celles de notre Maître céleste. La soumission est une notion voisine de l’obéissance, mais d’un caractère plus général. L’obéissance se réfère à des commandements et des interdictions formellement exprimés, tandis que la soumission est l’attitude fondamentale de celui qui reconnaît une autorité au-dessus de lui. Les deux doivent nous caractériser. Dans la parole de Dieu, il y a des prescriptions claires (des commandements et des interdictions) qui font appel à notre obéissance. Mais toutes les situations envisageables ne sont pas réglées d’avance. D’où la nécessité d’une attitude de soumission du serviteur.
Ceci va plus loin que la soumission. La subordination d’un esclave à son maître ne devait pas être réalisée à contrecœur, par contrainte ou d’une façon purement mécanique ; elle devait être acceptée de bon cœur. En Colossiens 3:23, l’apôtre dit aux esclaves : « Quoi que vous fassiez, faites-le de cœur, comme pour le Seigneur et non pour les hommes ». Voilà ce qui doit nous caractériser — des cœurs engagés dans le service du Seigneur, un service accompli par amour et par reconnaissance. Le serviteur devrait vivre dans la communion avec son Maître, de façon à lui plaire en tout ce qu’il fait ou s’abstient de faire. Demandons-nous constamment : comment puis-je plaire à mon Maître en ce moment ? C’est le fondement d’un service béni dans lequel nous trouvons nous-mêmes notre joie. L’épître aux Colossiens nous exhorte à « marcher d’une manière digne du Seigneur pour lui plaire à tous égards... et croissant par la connaissance de Dieu » (1:10).
L’esprit de contradiction se trouve en chacun de nous. Nous le constatons chez nos enfants et l’expérimentons dans la vie professionnelle. Dans le service du Seigneur aussi, il peut nous arriver d’être contredisants. C’est ce que nous voyons chez Pierre, lorsqu’il eut la vision d’une toile descendant du ciel et contenant toutes sortes d’animaux, et qu’une voix lui dit : « Tue et mange » (Act. 10:12-14). Il rétorqua immédiatement : « Non point, Seigneur ! » Sans nous arrêter sur les raisons qui ont conduit Pierre à ce moment, retenons ceci : il peut nous arriver de refuser — pour un motif ou un autre — de suivre un ordre que le Seigneur nous donne. Quand il est demandé aux esclaves de ne pas être contredisants, il ne s’agit pas simplement de paroles qui pourraient contredire, mais d’une attitude. Prenons garde à ne pas entraver l’œuvre de notre Maître par notre comportement. Il est, hélas ! possible de l’entraver par notre activité ou par notre passivité.
Pour un esclave, le danger existait toujours de s’approprier ce qui ne lui appartenait pas. L’exemple d’Onésime dans l’épître à Philémon le montre. Dans un sens figuré, il peut aussi arriver que, dans le service pour le Seigneur, nous détournions quelque chose, c’est-à-dire que nous utilisions ce que le Seigneur nous a confié à d’autres fins que ses intérêts. Il peut s’agir de choses matérielles (par exemple notre argent) ; ce peut être le temps que le Seigneur nous donne ; et ce peut être aussi des biens spirituels. Si le Seigneur nous a accordé un don spirituel particulier, et que nous refusons de l’exercer pour son œuvre, alors nous « détournons » quelque chose. C’est ce que la parabole des talents met en évidence. L’un des esclaves n’était pas disposé à travailler avec le talent reçu ; il « s’en alla et creusa dans la terre, et cacha l’argent de son maître » (Matt. 25:18). Comment utilisons-nous les dons qu’il nous a faits ? Est-ce toujours pour qu’il en résulte un profit éternel et de la gloire pour lui, ou serait-ce parfois pour notre propre satisfaction et notre propre gloire ?
En tout ce que nous faisons dans l’œuvre du Seigneur, le point important est la fidélité. Ce n’est pas la dimension de la tâche ni l’ampleur des résultats obtenus qui comptent, mais le fait que nous nous acquittions fidèlement du service qu’il nous a confié. Ne recherchons pas de grandes choses, mais soyons fidèles là où le Seigneur nous place. L’exemple de Joseph nous encourage. Parce qu’il était fidèle, Dieu pouvait être avec lui (Gen. 39). Dans la parabole des talents, le maître motive la récompense des deux premiers esclaves en leur disant : « Bien, bon et fidèle esclave ; tu as été fidèle en peu de chose, je t’établirai sur beaucoup : entre dans la joie de ton maître » (Matt. 25:21, 23). Que ce soit notre désir d’entendre un jour ces mêmes paroles sortir de la bouche de notre Seigneur !
Le but des exhortations adressées aux esclaves est : « afin qu’ils ornent en toutes choses l’enseignement qui est de notre Dieu Sauveur ». Magnifique conclusion ! Le service des esclaves chrétiens et leur comportement vis-à-vis de leur maître pouvaient être un ornement de la doctrine chrétienne. Dieu est appelé ici le Dieu Sauveur. Il veut que tous les hommes soient sauvés. Notre attitude dans le service de notre Maître peut apporter une contribution décisive au salut des hommes. Chaque serviteur du Seigneur peut donner un éclat particulier à l’enseignement divin s’il se conduit conformément aux instructions de son Maître et s’il le sert fidèlement. Tous ceux qui le voient ont sous les yeux un témoignage de l’ordre qui caractérise la maison de Dieu. Et Dieu est glorifié.
ME 2007 p. 265-274
Après l’emprisonnement de Jean le Baptiseur, le Seigneur Jésus commence son service public et appelle quelques hommes à sa suite pour leur confier une tâche particulière : d’abord Simon et André, puis Jean et Jacques. Les circonstances de cet appel contiennent de nombreux enseignements sur lesquels nous désirons nous arrêter. Que la grandeur de notre Seigneur et Maître retienne toujours plus notre attention, et que le désir de le suivre et d’être disponible pour lui soit ranimé en nous !
Ce n’est pas dans la scène racontée ici qu’André et Simon entendent pour la première fois la voix du Seigneur Jésus. Le premier chapitre de Jean nous rapporte un contact décisif qu’ils ont eu avec Jésus, un contact que nous pourrions appeler leur conversion (v. 35-43). Maintenant il les appelle à sa suite et leur indique quelle sera leur tâche à son service.
En ce qui nous concerne, il nous faut aussi entendre d’abord l’appel du Seigneur Jésus comme Sauveur. Il se présente à nous comme celui que nous devons recevoir par la foi pour être sauvés et avoir la vie éternelle. Et à ceux qui l’ont accepté comme Sauveur, il fait aussi entendre son appel : « Viens, suis-moi ». Il voudrait faire de nous ses disciples, des hommes qui demeurent dans sa communion, qui le suivent et qui apprennent de lui. On trouve un peu plus loin, dans cet évangile : « Et il en établit douze pour être avec lui, et pour les envoyer prêcher » (3:14). L’appel à le suivre précède l’appel au service. La communion avec lui est le point de départ d’un service pour lui.
Chacun de nous doit se demander : Ai-je entendu l’appel du Sauveur et ai-je cru en lui ? Et si je lui appartiens, ai-je répondu à son appel à le suivre ? Est-ce que je me tiens à sa disposition pour être son serviteur ?
La Parole montre clairement que c’est le Seigneur seul qui appelle. Les disciples ne se sont pas désignés mutuellement. L’appel à suivre le Seigneur et à le servir est toujours une affaire entre le Maître et son serviteur. Personne ne peut nommer quelqu’un dans le service du Seigneur ; aucune assemblée locale ni aucune instance de frères ne peut prétendre à cela. Nous sommes appelés par le Seigneur et sommes responsables vis-à-vis de lui. C’est à « l’œuvre du Seigneur » que nous travaillons (1 Cor. 15:58). Nous servons « le Seigneur Christ » (Col. 3:24), même si ce sont des hommes qui bénéficient de ce service.
Toutefois, un serviteur ne doit pas servir dans l’indépendance. Il est important qu’un service soit exercé en communion avec d’autres — en particulier avec les frères et sœurs de l’assemblée locale. Quand ce n’est pas le cas, on peut avoir de sérieux doutes qu’il y ait vraiment eu un appel du Seigneur.
Il est à remarquer qu’au moins deux des disciples appelés ici ont joué un rôle capital au cours des premières décennies du christianisme. Cependant, c’étaient des hommes très simples. Les gens de ce monde auraient sans aucun doute recherché pour un tel service d’autres conditions que celles que remplissaient ces pêcheurs. Mais le Seigneur ne regarde pas ce à quoi l’homme regarde.
Pour une telle tâche, le Juif aurait exigé un long registre d’ascendance. Mais pour le service du Seigneur, ni l’origine ni les relations de parenté n’entrent en ligne de compte. Paul écrit : « Car considérez votre appel, frères, — qu’il n’y a pas beaucoup de sages selon la chair, pas beaucoup de puissants, pas beaucoup de nobles... Mais Dieu a choisi les choses folles du monde pour couvrir de honte les hommes sages » (1 Cor. 1:26, 27).
Le Grec cultivé aurait donné de l’importance à une formation philosophique. Mais au service du Seigneur, il n’est question ni de formation ni de préparation en théologie, en philosophie ou en lettres. Les chefs des Juifs, quelques années plus tard, « voyant la hardiesse de Pierre et de Jean, et s’étant aperçus qu’ils étaient des hommes illettrés et du commun... s’en étonnaient, et ils les reconnaissaient pour avoir été avec Jésus » (Act. 4:13).
Le Romain fier aurait fait appel à des hommes riches, fortunés et peut-être aussi considérés socialement, mais le Seigneur Jésus a choisi de simples pêcheurs. Dans le service pour le Seigneur, le rang social n’a aucune importance et l’argent ne joue aucun rôle. Pierre a dit, lorsqu’il a guéri un homme boiteux : « Je n’ai ni argent ni or, mais ce que j’ai, je te le donne... » (Act. 3:6).
Paul a été un instrument particulièrement utile dans la main de son Maître. Selon la nature, il pouvait aligner tous les avantages. Il était de descendance juive, il avait bénéficié d’une instruction remarquable et il jouissait de la considération de ses contemporains. Mais qu’en dit-il ? « Les choses qui pour moi étaient un gain, je les ai regardées, à cause du Christ, comme une perte. Et je regarde même aussi toutes choses comme étant une perte, à cause de l’excellence de la connaissance du Christ Jésus, mon Seigneur, à cause duquel j’ai fait la perte de toutes et je les estime comme des ordures, afin que je gagne Christ » (Phil. 3:7, 8).
Les hommes que le Seigneur appelle ici sont à leur travail quotidien. Ce sont des pêcheurs, des hommes qui ont fait leurs preuves dans leur vie professionnelle. Ils savent ce que c’est que de travailler. Ils connaissent les durs ouvrages. Ce ne sont pas des paresseux qui cherchent une vie facile.
Le travail pour le Seigneur suppose que nous ayons été capables de travailler ailleurs. Cette formation commence à l’école et lors de nos études ; elle se poursuit dans notre vie professionnelle ou à la maison pour ce qui concerne une mère de famille. Il est dit expressément du surveillant qu’il ne doit pas être nouvellement converti (1 Tim. 3:6). Le travail pour le Seigneur et dans son œuvre n’est pas une promenade tranquille ; il exige de la peine et de l’engagement. Si nous n’avons pas appris cela dans notre travail séculier, comment pourrions-nous le pratiquer dans le cadre de l’œuvre du Seigneur ?
Les deux premiers disciples jetaient leurs filets dans le lac, et le Seigneur leur a annoncé qu’il voulait faire d’eux des pêcheurs d’hommes. Les deux autres disciples réparaient les filets. Dans ces deux activités, nous reconnaissons les deux grands services qui, encore aujourd’hui, s’exercent dans le royaume de Dieu.
Le premier est de « pêcher » des hommes, c’est- à-dire de les retirer de l’élément dans lequel ils se trouvent pour les conduire au Seigneur. Pierre et André ont accompli cette tâche fidèlement. Dans le livre des Actes en particulier, nous voyons comment Pierre a jeté le filet de part et d’autre, et comment de nombreuses personnes sont venues à la foi par ses prédications. André semble plutôt avoir fait de la pêche à la ligne : nous le voyons conduire à Christ des personnes individuellement (Jean 1:40, 41 ; 6:8, 9 ; 12:21, 22).
Le deuxième service, celui de la réparation et de l’entretien, est tout aussi important. Spirituellement, il consiste à s’occuper des personnes qui ont été amenées au Seigneur. À ce sujet Paul annonçait Christ, « exhortant tout homme et enseignant tout homme en toute sagesse, afin que nous présentions tout homme parfait en Christ » (Col. 1:28). Jean a particulièrement réalisé ce service par ses écrits ; il a mis les croyants en garde contre les dangers qui très tôt les ont menacés.
Paul considérait que ces deux tâches faisaient partie de son service et il s’en acquittait. En Colossiens 1, il se nomme « serviteur de l’évangile » aussi bien que « serviteur de l’assemblée » (v. 23, 25).
Le lien que fait le Seigneur entre le premier métier des disciples et leur tâche spirituelle nous fait penser à deux caractéristiques du pêcheur qui concernent aussi le travail dans l’œuvre du Seigneur.
Pêcher des poissons avec un filet demande une certaine habileté qui s’apprend par l’exercice. Le dicton « C’est en forgeant qu’on devient forgeron » est vrai aussi en ce qui concerne le travail pour le Seigneur. Celui qui s’occupe d’incroyants rencontre des difficultés d’un ordre particulier et sait que le dialogue avec les gens de notre temps nécessite certaines précautions. Seul le Seigneur peut donner le savoir-faire nécessaire, et nous devons être disposés à nous laisser enseigner.
La réparation des filets demande non seulement de la dextérité, mais beaucoup de patience. Or nous avons effectivement besoin d’apprendre cette patience dans nos relations avec les croyants. Celui dont l’activité concerne principalement ses frères et sœurs dans la foi — qu’il s’agisse d’un service d’enseignement ou d’un service pastoral — sait quelle importance a précisément cette vertu. Paul se recommandait « comme serviteur de Dieu, par une grande patience » (2 Cor. 6:4). Dans nos relations avec nos enfants et dans le couple aussi, la patience est une vertu importante. Où pouvons-nous l’apprendre ? Seulement auprès du Seigneur.
Paul écrit à Timothée : « Nul homme qui va à la guerre ne s’embarrasse dans les affaires de la vie, afin qu’il plaise à celui qui l’a enrôlé pour la guerre » (2 Tim. 2:4). Bien des choses peuvent entraver ou compromettre notre disponibilité. Nous avons besoin de les discerner. Les disciples aussi ont eu des obstacles à surmonter. Les uns ont dû abandonner leurs filets, les autres ont dû laisser leur père.
Ceci suggère deux grands domaines dans lesquels peuvent se trouver des entraves lorsqu’il s’agit de suivre et de servir le Seigneur. Sans être mauvaises, certaines préoccupations sont néfastes lorsqu’elles prennent la priorité.
Le premier domaine est celui de notre carrière professionnelle, de notre avancement dans les choses terrestres. Il est vrai que les chrétiens doivent avoir un comportement exemplaire quant à leur application et à leur conscience professionnelle. Toutefois le danger existe de pousser si loin cette application et cette conscience qu’on n’a plus guère de temps disponible pour le royaume de Dieu.
Le deuxième domaine est celui de l’environnement familial. Là aussi, comme chrétiens, nous avons sans conteste une tâche particulière. Et cependant le Seigneur dit clairement : « Celui qui aime père ou mère plus que moi, n’est pas digne de moi ; et celui qui aime fils ou fille plus que moi, n’est pas digne de moi » (Matt. 10:37).
Pour garder le juste équilibre entre ces deux domaines et le travail pour le Seigneur, nous avons besoin de beaucoup de sagesse. Souvenons-nous de la ligne directrice indiquée par notre Maître : « Recherchez premièrement le royaume de Dieu et sa justice » (Matt. 6:33).
Nous avons souligné que l’appel à suivre et à servir le Seigneur est une affaire personnelle. On voit cependant ici que le Seigneur appelle les disciples deux à deux. Plus tard, il les enverra aussi en mission deux à deux (Marc 6:7). C’est une chose magnifique de pouvoir servir ensemble le Seigneur. Dans les épîtres, nous trouvons la mention de « collaborateurs de Dieu », ce qui implique non seulement un travail fait avec Dieu, mais un travail accompli par plusieurs ensemble pour lui.
Nous trouvons un bel exemple de cela en Pierre et Jean. Bien qu’ils aient eu des caractères très différents et que leurs services aient été bien distincts, nous les voyons plusieurs fois exercer un service ensemble (Act. 3:1 ; 4:13 ; 8:14). Lorsque le Seigneur place ses serviteurs côte à côte, l’un peut aider l’autre, et ils peuvent s’encourager mutuellement pour la cause du Seigneur. L’apôtre Paul se plaît à mentionner ses « compagnons d’œuvre pour le royaume de Dieu » (Col. 4:11). Dans l’épître aux Philippiens, il rend témoignage que les deux sœurs Évodie et Syntyche avaient combattu avec lui dans l’évangile (Phil. 4:3). Il y a aussi des « compagnons d’armes » dans le service pour le Seigneur (cf. Phil. 2:25 ; Philém. v. 2).
Devons-nous tous, comme les disciples autrefois, abandonner notre métier pour servir le Seigneur à plein temps ? Certainement pas !
Il faut d’abord remarquer que, le Seigneur Jésus étant sur la terre, l’appel des disciples avait un caractère tout à fait particulier. Nous ne pouvons pas en appliquer tous les détails à ce qui nous concerne. Les épîtres du Nouveau Testament nous montrent que des chrétiens exerçant une profession peuvent aussi bien travailler à l’œuvre du Seigneur que d’autres qui ont abandonné leur profession. Pierre est un exemple de ceux qui l’ont laissée. Et Paul est un exemple remarquable d’un serviteur qui subvient à son propre entretien. La distinction entre des serviteurs à plein temps et à temps partiel n’a pas de rapport avec la qualité ou la quantité de travail fourni. Qui a autant travaillé que Paul (1 Cor. 15:10) ?
L’apôtre écrit aux Corinthiens : « Que chacun demeure dans la vocation » — la profession par exemple —, « dans laquelle il était quand il a été appelé. As- tu été appelé étant esclave, ne t’en mets pas en peine ; toutefois, si tu peux devenir libre, uses-en plutôt » (1 Cor. 7:20, 21). Le contexte est différent, mais nous pouvons tirer de cet enseignement que, pour la plupart, les serviteurs du Seigneur conservent leur profession d’origine et peuvent malgré tout être de bons serviteurs. Et le Seigneur donnera peut-être à l’un ou l’autre l’occasion de se libérer de ses devoirs professionnels de manière qu’il puisse utiliser davantage de temps pour le servir.
Celui qui est conduit à cela peut encore tirer de notre texte un enseignement important. Personne ne devrait s’engager à plein temps au service du Seigneur sans avoir laissé ses affaires en ordre. Jean et Jacques n’ont pas laissé le chaos derrière eux. Ils ont laissé leur père avec les hommes à gages de manière que le travail puisse se continuer. On a le sentiment qu’ils ont laissé les choses en ordre.
Au verset 18, nous lisons : « Ils le suivirent », et le paragraphe se termine par les mots : « Ils s’en allèrent après lui. » C’était le point crucial et il nous concerne aussi. Nous ne suivons pas une idée, mais une personne : notre Seigneur et Sauveur. Aujourd’hui comme alors, le fait de marcher avec lui a des conséquences.
L’une d’elles est qu’en le suivant nous rencontrerons de l’opprobre. Celui qui suit le Seigneur doit être prêt à prendre sa croix (Matt. 10:38 ; 16:24...). Lorsque le Seigneur a envoyé ses disciples parcourir les villes d’Israël, il leur a fait comprendre qu’il y aurait des maisons où ils ne seraient pas reçus (Marc 6:11). Nous devons aussi nous attendre à cela.
Mais ce que nous désirons surtout rappeler, c’est que suivre et servir le Seigneur procure une joie intérieure profonde.
« Ils s’en allèrent après lui. » Ces disciples ont tout quitté parce qu’en lui ils ont trouvé une personne qui remplissait entièrement leur cœur. Ils ne voulaient plus suivre que celui qui avait les paroles de vie éternelle. Que le Seigneur lui-même soit aussi notre unique motivation pour le suivre et le servir ! Alors notre chemin sera heureux.
ME 2008 p. 41-44
Les résultats de l’œuvre rédemptrice de notre Seigneur sont multiples, et nous ne sommes pas en mesure de les saisir tous d’un seul regard. Dieu nous en présente les différents aspects dans sa Parole. Voyons en particulier ce passage de l’épître à Tite :
« Jésus Christ.., s’est donné lui-même pour nous, afin qu’il nous rachetât de toute iniquité et qu’il purifiât pour lui-même un peuple acquis, zélé pour les bonnes œuvres » (2:14).
Si l’on pose la question : Pourquoi Christ s’est-il donné lui-même ? il y a ici deux réponses :
· Premièrement, il voulait nous racheter de toute iniquité. C’est là ce qu’il a fait pour nous.
· Deuxièmement, il voulait acquérir un peuple zélé pour les bonnes œuvres. C’est là ce qu’il voulait pour lui-même.
Le mot « racheter » nous fait penser à un prix ou à une rançon. Il s’agit d’une libération par un paiement. Par nature, nous étions tous captifs, dans les liens du péché. Nous vivions dans « l’iniquité », c’est-à-dire que nous marchions sans loi, sans nous préoccuper de la volonté de Dieu. En même temps, nous étions asservis au péché. C’est une immense erreur de croire que les hommes sans loi sont des hommes libres qui peuvent faire ce qu’ils veulent. Romains 6:15-23 met cela en lumière. En fait l’homme sans loi est un « esclave du péché » (Rom. 6:17). Il est dans les liens de Satan et du péché. Il ne peut que pécher. Chaque homme est dans un tel esclavage par nature. Mais le croyant est devenu un autre homme. Il a été mis dans une vraie liberté. Lorsqu’il « marche par l’Esprit », il est capable de ne pas accomplir « la convoitise de la chair » (Gal. 5:16). Il peut alors être à la disposition de son Seigneur et Sauveur pour le servir.
Nous n’étions pas seulement des captifs, nous étions aussi souillés. C’est pourquoi nous devions être purifiés. Cela aussi, Christ l’a fait par son œuvre à la croix. Il « nous a lavés de nos péchés dans son sang » (Apoc. 1:5). Ainsi nous sommes maintenant des êtres purifiés.
Mais cette purification n’a pas eu lieu pour être une fin en soi. Il est dit : « Afin.., qu’il purifiât pour lui-même un peuple acquis ». Christ désire avoir quelque chose pour lui-même. Par la purification, nous sommes rendus propres pour sa présence et nous serons un jour auprès de lui. Mais c’est déjà maintenant que nous pouvons être un peuple qui lui appartienne en propre et qui soit zélé pour les bonnes œuvres.
Israël, le peuple terrestre de Dieu, avait aussi été choisi pour être son peuple. Dieu avait dit : « Vous avez vu ce que j’ai fait à l’Égypte, et comment je vous ai portés sur des ailes d’aigle, et vous ai amenés à moi. Et maintenant, si vous écoutez attentivement ma voix et si vous gardez mon alliance, vous m’appartiendrez en propre d’entre tous les peuples ; car toute la terre est à moi » (Ex. 19:4, 5). Et plus loin : « Car tu es un peuple saint, consacré à l’Éternel, ton Dieu ; l’Éternel, ton Dieu, t’a choisi, afin que tu sois pour lui un peuple qui lui appartienne en propre, d’entre tous les peuples qui sont sur la face de la terre. Ce n’est pas parce que vous étiez plus nombreux que tous les peuples, que l’Éternel s’est attaché à vous et vous a choisis ; car vous êtes le plus petit de tous les peuples ; mais parce que l’Éternel vous a aimés » (Deut. 7:6-8).
Le peuple d’Israël n’a jamais vraiment répondu à cet appel. À la fin de l’Ancien Testament, il n’y avait plus qu’un petit résidu, mais l’Éternel dit à leur sujet : « Et ils seront à moi, mon trésor particulier » (Mal. 3:17).
Aujourd’hui les croyants constituent « un peuple pour son nom » (Act. 15:14), un « peuple acquis » (1 Pierre 2:9). Dieu désire se réjouir en nous. Ce qu’il n’a pas trouvé en Israël autrefois, il le cherche aujourd’hui en ceux qui ont reçu Jésus. Nous qui par nature étions des esclaves, nous pouvons maintenant vivre dans une condition nouvelle, avec des motifs nouveaux, et réjouir notre Seigneur.
Les chrétiens n’appartiennent plus à eux-mêmes, ni individuellement ni collectivement. Chacun d’entre eux est la propriété du Seigneur, et tous ensemble ils constituent son peuple. Nous ne disposons plus de nous-mêmes, mais nous avons à vivre pour l’honneur et pour la gloire de Celui qui nous a rachetés et nous a purifiés.
Il est encore ajouté : « zélé pour les bonnes œuvres ». Les chrétiens ne font pas des bonnes œuvres pour recevoir quelque chose, mais parce qu’ils ont reçu quelque chose. Cela distingue de façon très nette le christianisme de toutes les religions humaines, car dans celles-ci l’homme doit toujours faire quelque chose. Les chrétiens possèdent le salut de Dieu. Et parce que Christ s’est donné lui-même pour nous, nous nous donnons maintenant à lui (cf. 2 Cor. 8:5). C’est là notre réponse au grand salut de Dieu qui nous a été donné, par pure grâce, dans la personne de son Fils.
Remarquons qu’il n’est pas question de faire quelque bonne œuvre de temps en temps, mais que nous soyons « zélés » pour les bonnes œuvres. Sous la direction du Saint Esprit, nous pouvons abonder « toujours dans l’œuvre du Seigneur » (1 Cor. 15:58). Les bonnes œuvres sont celles « que Dieu a préparées à l’avance, afin que nous marchions en elles » (Éph. 2:10). En fin de compte, chaque manifestation de la vie nouvelle qui nous est accordée est une bonne œuvre. C’est pourquoi les incrédules ne sont absolument pas en mesure de faire de « bonnes œuvres » au sens divin, si nobles que leurs actes puissent être selon les critères de ce monde.
Les « bonnes œuvres » sont plusieurs fois mentionnées dans l’épître à Tite. Elles peuvent être faites en faveur de nos semblables, qu’ils soient des croyants ou non. Dans le verset que nous avons considéré, elles ont pour premier but de plaire à notre Seigneur, afin qu’il soit glorifié par elles. Pour toute activité chrétienne, c’est assurément là le motif le plus élevé.
ME 2007 p. 357-364
L’évangile de Marc, qui nous présente le Seigneur Jésus comme le parfait Serviteur de Dieu, l’introduit par les mots : « Jésus Christ, Fils de Dieu » (1:1). Dieu nous montre d’abord qui il est, puis il a la joie de nous faire voir comment son serviteur a agi sur la terre. Comme prophète de Dieu il a parlé aux hommes de sa part, et comme son serviteur il a passé de lieu en lieu, faisant du bien et accomplissant sa volonté. Tout ce qu’il a dit et fait était empreint d’une sagesse admirable.
En partant du passage indiqué ci-dessus, nous allons considérer quelques caractéristiques du service de notre Seigneur ici-bas. D’une part, notre désir est de mieux apprendre à connaître sa personne. D’autre part, en nous souvenant qu’il veut nous associer à son service, nous désirons apprendre de lui comment devenir des disciples fidèles. Lui-même a commencé un service sur la terre, et nous avons maintenant à le continuer, dans notre mesure. Pour pouvoir suivre ses traces, il nous faut les considérer de près et avoir les yeux fixés sur lui.
Le Seigneur Jésus entra avec ses disciples dans la synagogue de Capernaüm et se mit à enseigner (v. 21). Il avait coutume de le faire en relation avec la lecture de l’Ancien Testament (voir Luc 4:16). Ses auditeurs « s’étonnaient de sa doctrine ; car il les enseignait comme ayant autorité, et non pas comme les scribes » (v. 22). Ce prophète envoyé de Dieu leur parlait comme venant de sa présence même, et cela produisait en eux une impression totalement différente de celle que pouvaient donner les discours hypocrites des pharisiens. Eux aussi lisaient des passages de l’Ancien Testament, mais leurs paroles étaient dépourvues d’autorité. Comme ils ne conformaient pas leur vie à ce qu’ils enseignaient, leurs discours paraissaient vides. En contraste avec cela, ce que disait le Seigneur atteignait les cœurs de ses auditeurs. Qu’ils acceptent ou non son message, ils étaient néanmoins obligés de reconnaître l’autorité qui en était la source. Le Seigneur Jésus employait la parole de Dieu avec puissance et autorité.
Nous ne pouvons en aucune manière nous comparer au Seigneur. Cependant cette exhortation nous est adressée : « Si quelqu’un parle, qu’il le fasse comme oracle de Dieu » (1 Pierre 4:11). En sommes-nous bien conscients lorsque nous parlons de choses spirituelles — que ce soit à des incrédules ou à des croyants ? Ne ressemblons-nous pas parfois aux scribes juifs ? Notre façon de vivre correspond-elle à ce que nous disons ?
Non seulement le Seigneur Jésus prononçait avec autorité des paroles venant de Dieu, mais il possédait aussi la puissance pour agir. Sa présence et sa prédication ont rendu manifeste la présence, dans la synagogue des Juifs, d’un homme possédé d’un démon. Cette présence, symboliquement, nous dit que Satan avait pris place dans ce système que constituait la religion juive. Mais cela ne pouvait pas rester caché en présence du Fils de Dieu. Ayant poussé un cri et déchiré l’homme, le démon dut se plier à la puissance du Fils de Dieu, lorsque celui-ci lui commanda : « Tais-toi, et sors de lui ! » (v. 25).
En ce qui nous concerne, avoir reçu une autorité de la part de Dieu ne signifie pas automatiquement posséder la puissance effective correspondante. Les disciples avaient reçu autorité pour chasser les démons, mais ils n’ont pas toujours été capables de le faire (cf. Marc 6:7 ; 9:18). Personne ne possède la puissance qu’avait le Seigneur Jésus comme serviteur sur la terre. Pourtant l’Esprit de Dieu voudrait aussi agir en nous avec puissance. Le Maître a dit à ses disciples : « Vous recevrez de la puissance, le Saint Esprit venant sur vous » (Act. 1:8). L’Esprit est la puissance de notre vie nouvelle. Il est également la source de la puissance pour notre service chrétien. Peut-il agir sans entrave dans notre vie ?
Bien que le Seigneur Jésus ait reçu une autorité et agi avec puissance, il était toujours accessible. Dans le passage devant nous, il prend connaissance de l’état de la belle-mère de Pierre. Il prend connaissance de la misère des nombreux malades et des affligés qu’on lui amène le soir, après le coucher du soleil. Dans le monde, ceux qui détiennent l’autorité et le pouvoir sont généralement inaccessibles au peuple. Quant au Fils de Dieu, c’est bien différent, aujourd’hui comme autrefois. Jésus prenait le temps nécessaire pour s’occuper de ceux qui avaient des besoins ; il leur montrait ses profondes compassions et les aidait. Il allait lui-même à la rencontre de ceux qui étaient dans la peine et ne rejetait jamais ceux qu’on lui amenait ou qui venaient à lui.
Mais qu’en est-il de nous ? Trop souvent nous nous abritons derrière l’excuse : Pour le moment, je n’ai pas le temps. Autour de nous, des gens sont dans le besoin et sont sur le chemin de la perdition éternelle — et nous n’avons pas de temps pour eux. Là se trouvent des frères et des sœurs qui auraient besoin de nous — et nous n’avons pas le temps. Dans nos familles et nos assemblées, il y a des enfants et des jeunes gens qui cherchent une réponse à leurs questions — et nous n’avons pas le temps. Il est vrai que les obligations professionnelles, familiales ou autres nous sollicitent tous plus ou moins. Toutefois, l’excuse du manque de temps peut aussi résulter de notre égoïsme. Que le Seigneur Jésus nous aide à apprendre de lui à cet égard, et à être disponibles lorsque le besoin est là !
Malgré toute la misère qui l’entourait et qui réclamait un service infatigable de sa part, le Seigneur, comme Homme parfait, n’oubliait jamais de rechercher la communion avec son Dieu. Il nous est dit ici : « S’étant levé sur le matin, longtemps avant le jour, il sortit et s’en alla dans un lieu désert ; et il priait là » (v. 35). Le soir précédent, alors que le soleil se couchait, on lui avait encore amené beaucoup de malades et il les avait guéris. La nuit a été courte pour lui ; il s’est levé « longtemps avant le jour ». Dans quel but ? Pour prier. L’homme parfait vivait dans la dépendance de son Dieu. Il connaissait la nécessité de la prière et de la communion avec Celui qui l’avait envoyé. Nous nous souvenons de la parole du prophète : « Le Seigneur l’Éternel m’a donné la langue des savants, pour que je sache soutenir par une parole celui qui est las. Il me réveille chaque matin, il réveille mon oreille pour que j’écoute comme ceux qu’on enseigne » (És. 50:4).
Quel exemple nous donne ici le Seigneur Jésus ! Si lui-même était à l’écoute de Dieu chaque matin, combien plus en avons-nous besoin ! Un contact particulier avec notre Seigneur nous est nécessaire, aussi bien avant d’accomplir un service qu’après l’avoir réalisé. Nous avons besoin de ces moments de calme avec lui, afin qu’il puisse nous utiliser comme ses disciples. Quel moment de la journée pourrait-il être plus approprié que le matin de bonne heure, avant que nous soyons assaillis par les multiples tâches de la journée ? Nos circonstances peuvent différer et nous ne sommes pas sous une loi, mais quoi qu’il en soit, prenons à cœur l’exemple du Seigneur.
Au verset 36, Pierre et les autres disciples s’en vont pour chercher Jésus. N’y a-t-il pas un léger reproche dans ce qu’ils lui disent lorsqu’ils l’ont trouvé : « Tous te cherchent » ? Comment pouvait-il donc s’en aller pour prier, alors que tous le cherchaient ? Mais le Seigneur leur répond : « Allons ailleurs dans les bourgades voisines, afin que j’y prêche aussi ; car c’est pour cela que je suis venu » (v. 38). Jésus ne cherchait pas l’honneur des hommes ni la popularité. Son but était de faire la volonté de celui qui l’avait envoyé. Dans la mission qui lui avait été confiée, il ne se laissait influencer ou arrêter par rien ni personne. Ni l’opposition de Satan ni l’approbation des hommes n’avaient d’influence sur ce qu’il faisait. Il savait pourquoi Dieu l’avait envoyé, et c’est exclusivement cela qu’il voulait faire, dans un dévouement entier pour lui.
Dans les versets 40 à 45, nous retrouvons ce même trait de caractère, cette humilité du Seigneur. Il ne veut pas que le lépreux guéri fasse de propagande pour lui, mais il l’envoie au sacrificateur « pour que cela leur serve de témoignage », afin que Dieu soit glorifié. C’était là son but.
Combien différents sommes-nous si souvent ! Le sage Salomon avait constaté il y a bien longtemps : « Nombre d’hommes proclament chacun sa bonté » (Prov. 20:6). Autrement dit, ils parlent d’eux-mêmes, de leurs actions, de leurs succès, de leur importance. Les chrétiens sont-ils à l’abri de cela ? Nullement ! Même dans le service pour le Seigneur, nous sommes en danger de chercher la réputation auprès des hommes — nos frères et sœurs dans la foi — et de parler de nous-mêmes. Ce n’est cependant pas nous mais le Seigneur Jésus qui devrait être au centre de nos pensées et de nos propos. Si nous pouvons faire quelque chose pour lui, c’est par la force qu’il nous donne, et c’est à son œuvre que nous collaborons. Ne l’oublions jamais.
Dans la guérison du lépreux (v. 40-45) apparaît encore un autre trait de Jésus. Il est sensible aux besoins et à la misère des hommes. Nous le voyons manifester « les entrailles de miséricorde de notre Dieu » (Luc 1:78). Quand le lépreux vient à lui, il ne prononce pas seulement une parole de puissance, mais il est « ému de compassion », puis il étend la main et touche le malade. Une parole de puissance n’aurait-elle pas suffi ? Certainement, mais la façon d’agir du Seigneur montrait sa compassion. La misère des hommes ne le laissait pas indifférent. Personne ne pouvait toucher un lépreux sans être contaminé ou rendu impur, mais il n’en était pas ainsi de Jésus. Il était pur et sans péché, c’est pourquoi il pouvait faire ce qui était interdit à tout autre. Qu’a dû éprouver le lépreux, tenu à distance depuis bien des années, en sentant à nouveau le contact de la main d’un homme ? Le Seigneur lui montrait ainsi son entière compassion avant d’exprimer la parole de puissance qui amenait sa guérison : « Je veux, sois net ».
Sur ce point aussi, nous pouvons apprendre du Seigneur. Combien souvent nous passons insensibles et froids à côté des détresses et des besoins des hommes, croyants ou incrédules ! Nous sommes peut-être prêts à aider, mais avec quels sentiments le faisons-nous ? L’exemple de Jésus nous enseigne à agir non seulement avec les mains et la bouche, mais aussi avec le cœur. L’apôtre Jean écrit, dans un contexte légèrement différent : « Mais celui qui a les biens de ce monde, et qui voit son frère dans le besoin, et qui lui ferme ses entrailles (son être intérieur), comment l’amour de Dieu demeure-t-il en lui ? » (1 Jean 3:17). Dans une telle situation, ce n’est certainement pas le moment de fermer son porte-monnaie, mais c’est de l’état du cœur que Jean parle. Lorsqu’il est en ordre, le reste suit.
Le Seigneur Jésus envoie le lépreux guéri au sacrificateur pour que celui-ci constate la guérison. Par tous ses actes, Jésus a toujours cherché à honorer Dieu. Ici non seulement il se place lui-même en retrait, mais il veut que la gloire de ce miracle revienne à Dieu.
Le constat de la guérison du lépreux par le sacrificateur devait être un témoignage merveilleux de la divinité de Jésus. Il était connu que Dieu seul pouvait guérir de la lèpre (2 Rois 5:7). Selon la loi, le sacrificateur pouvait bien constater une guérison et déclarer l’homme pur, mais il ne pouvait rien faire pour guérir un lépreux. Le constat que le sacrificateur a pu faire ici aurait dû l’amener à glorifier Dieu. Qu’en a-t-il été de fait ? Nous ne le savons pas.
Dans notre service aussi, tout l’honneur devrait revenir à Dieu. Peu importe ce qui nous concerne ; ce qui compte, c’est que Dieu soit glorifié. Rappelons encore ces paroles de l’apôtre Pierre — qui d’ailleurs a été témoin de la manière de faire de son Maître : « Si quelqu’un parle, qu’il le fasse comme oracle de Dieu ; si quelqu’un sert, qu’il serve comme par la force que Dieu fournit, afin qu’en toutes choses Dieu soit glorifié par Jésus Christ, à qui est la gloire et la puissance, aux siècles des siècles ! Amen » (1 Pierre 4:11).
ME2006 p.15-18
Le croyant qui se tient au service de son Seigneur connaît des situations difficiles, des situations dans lesquelles il éprouve particulièrement son impuissance et ne sait pas quels seront les prochains pas qu’il devra faire.
C’est dans une telle situation que se trouvait l’apôtre Paul lors de son deuxième voyage missionnaire. Il avait été à Athènes, où il avait parlé aux Grecs à l’aréopage. Peu de temps après, il était venu à Corinthe et, selon son habitude, s’était rendu d’abord à la synagogue pour s’entretenir avec les Juifs. Cependant, il avait rencontré là, comme bien des fois ailleurs, une opposition acharnée. Les Juifs « s’opposaient et blasphémaient » (Act. 18:6). Paul avait la pensée d’aller maintenant vers les nations, mais il savait que ce chemin ne serait pas facile. Faisant allusion à cette époque, il écrit plus tard aux Corinthiens : « J’ai été parmi vous dans la faiblesse, et dans la crainte, et dans un grand tremblement ; et ma parole et ma prédication n’ont pas été en paroles persuasives de sagesse » (1 Cor. 2:3, 4). Il avait affaire à des hommes imbus de philosophie et de sagesse humaine, qui se prévalaient de leur propre savoir.
Et voilà que, dans cette situation éprouvante, il reçoit un encouragement particulier du Seigneur lui-même. Celui-ci vient à lui de nuit dans une vision et lui dit : « Ne crains point, mais parle et ne te tais point, parce que je suis avec toi ; et personne ne mettra les mains sur toi pour te faire du mal, parce que j’ai un grand peuple dans cette ville » (Act. 18:9, 10). Il y a là un encouragement, une exhortation, une promesse et un aperçu des plans de Dieu.
« Ne crains point ». Cette expression apparaît fréquemment dans la Bible. Parfois, elle est au pluriel — ne craignez pas — mais c’est souvent une parole tout à fait personnelle que Dieu adresse à quelqu’un. Elle apparaît pour la première fois dans l’une des communications de Dieu à Abraham (Gen. 15:1) et la dernière fois lorsque Jean, voyant Jésus dans sa gloire judiciaire, est tombé comme mort à ses pieds (Apoc. 1:17).
Dans le passage qui est devant nous, l’encouragement est en rapport avec le service. Au jugement de l’homme, Paul avait tout lieu de craindre. La mission qui était devant lui était difficile. Mais le Seigneur lui fait clairement comprendre qu’il n’a pas à craindre.
Il se peut que nous regardions avec inquiétude, ou même avec angoisse, les tâches qui sont devant nous. Il s’agit peut-être d’une visite difficile, d’un entretien délicat, d’un problème avec des frères, d’un témoignage devant les incrédules. Quoi qu’il en soit, le Seigneur est là et nous encourage : « Ne crains point ! »
« Parle et ne te tais point ». L’encouragement est suivi d’une exhortation. Paul devait parler et non pas se taire. Même si cela — peut-être justement à Corinthe — était particulièrement difficile, l’ordre était clair.
Dans le service pour le Seigneur, il y a des situations où nous devons nous taire et non pas parler. Et il y en a d’autres où nous devons parler et ne pas garder le silence. Nous avons besoin de discernement spirituel pour savoir ce que nous avons à faire dans chaque cas. Recherchons la volonté du Seigneur et laissons-nous enseigner par lui. S’il nous donne l’ordre de parler, obéissons et faisons-le avec sa force. Il y a bien des situations où il n’est pas simple d’ouvrir la bouche. Comme chrétiens, nous sommes souvent placés dans un entourage incrédule — à l’école, en apprentissage, dans la vie professionnelle, au service militaire, dans nos rapports avec nos voisins. N’hésitons pas à confesser de notre bouche notre Seigneur et Sauveur Jésus Christ, même si c’est difficile. Dans de telles situations, prenons à cœur l’exhortation : « Parle et ne te tais point ».
« Je suis avec toi ». Après la mission confiée, voici une promesse. Le Seigneur lui-même assure à son serviteur qu’il sera avec lui. Quand il en est ainsi, le courage pour exécuter l’ordre du Seigneur pourrait-il encore manquer ?
Nous trouvons quelque chose de semblable dans l’histoire du prophète Jérémie. Lorsqu’il a été envoyé par Dieu pour être son porte-parole, il s’est écrié : « Ah, Seigneur Éternel ! voici, je ne sais pas parler; car je suis un enfant » (Jér. 1:6). Ne nous est-il pas arrivé de dire cela, ou du moins le penser ? Et alors, Dieu donne au jeune Jérémie une promesse semblable à celle qui est faite à Paul : « Ne les crains point; car je suis avec toi pour te délivrer, dit l’Éternel » (Jér. 1:8). Si nous sommes engagés dans un service que le Seigneur nous a confié, souvenons-nous que c’est son œuvre et qu’il est lui-même avec nous. Nous éprouverons non seulement sa présence, mais son aide et son secours.
« J’ai un grand peuple dans cette ville ». Pour couronner l’encouragement qu’il donne à son serviteur, le Seigneur lui communique quelque chose de ses plans. Il lui accorde de jeter un regard dans ce qui va bientôt arriver, et lui annonce qu’il a un grand peuple à Corinthe. Quelle motivation pour Paul !
Dans la plupart des cas, nous ne savons pas quels seront les résultats de notre travail pour le Seigneur. Mais une chose est absolument certaine — et elle est très encourageante : Dieu veille sur sa Parole, ainsi qu’il l’a dit à Jérémie : « Je veille sur ma parole pour l’exécuter » (1:12). Il produira les résultats de chaque service pour lui, si petit soit-il, selon sa sagesse. Dieu fait dire par le prophète Ésaïe : « Ainsi sera ma parole qui sort de ma bouche : elle ne reviendra pas à moi sans effet, mais fera ce qui est mon plaisir, et accomplira ce pourquoi je l’ai envoyée » (55:11). Il nous dit par la plume de l’apôtre : « Votre travail n’est pas vain dans le Seigneur » (1 Cor. 15:58). Bientôt, devant le tribunal de Christ, nous découvrirons quels ont été les résultats de chaque service accompli pour lui.
Que tout ceci nous encourage à nous mettre à sa disposition, là où il veut nous employer, même s’il nous place dans un entourage ou dans des circonstances difficiles !
Article repris partiellement de ME 2010 p. 297-303
« C’est pourquoi, ayant ce ministère comme ayant obtenu miséricorde, nous ne nous lassons point » (2 Cor. 4:1).
L’apôtre Paul avait reçu du Seigneur un ministère bien déterminé et de caractère unique. Il était serviteur de l’évangile et serviteur de l’assemblée (cf. Col. 1:23, 25). En 2 Corinthiens 3, il se présente comme un ministre de la nouvelle alliance (v. 6). Il appelle ce ministère celui de l’Esprit et celui de la justice (v. 8, 9). Le premier verset du chapitre 4, cité ci- dessus, se réfère à cela et montre un aspect particulier de son service. L’ayant reçu par la miséricorde de Dieu, Paul ne voulait ni se relâcher ni se lasser — et effectivement il ne l’a pas fait.
Aucun de nous ne voudra se comparer à Paul. Et pourtant, nous désirons sans doute servir Dieu par l’Esprit et nous tenir à sa disposition là où il veut bien nous employer. Chacun de nous a reçu un don de grâce, un service (1 Pierre 4:10 ; Éph. 4:7). Et au don se lie la responsabilité d’accomplir fidèlement le service confié et de ne pas se lasser.
Il arrive, hélas ! qu’un croyant abandonne complètement son service pour le Seigneur. Nous en avons un exemple dans la personne de Jean surnommé Marc. Il était allé avec Paul et Barnabas pour les assister dans leur mission (Act. 13:5). Mais très vite, il les a quittés et s’en est retourné à Jérusalem. Sans connaître précisément les raisons de son abandon, nous pouvons dire que ce serviteur s’est lassé.
Il se peut aussi qu’un service nous soit à charge et que nous ne voulions plus l’accomplir. Nous cherchons peut-être quelque chose de plus facile ou qui nous laisse plus de temps libre. Souvenons-nous de l’exhortation donnée à Archippe : « Prends garde au service que tu as reçu dans le Seigneur, afin que tu l’accomplisses » (Col. 4:17). Timothée aussi a été encouragé à persévérer dans le service reçu : « Accomplis pleinement ton service » (2 Tim. 4:5).
ME 2009 p. 376-379
Tychique nous est relativement peu connu. Il est mentionné cinq fois dans le Nouveau Testament. En Actes 20:4, nous apprenons qu’il a été pour un temps compagnon de voyage de l’apôtre Paul. En Tite 3:12 et en 1 Timothée 4:12 nous voyons que Paul pouvait faire appel à lui pour des missions bien définies dans le service du Seigneur. L’apôtre l’a envoyé à Éphèse et peut-être aussi en Crète vers Tite.
Il est probable que Tychique a été le porteur des lettres aux Colossiens et aux Éphésiens que Paul a écrites de sa prison à Rome. À la fin de ces deux épîtres, l’apôtre fait mention de lui. Les qualités qu’il lui reconnaît sont pour nous un exemple et un stimulant.
« Mais afin que vous aussi vous sachiez ce qui me concerne, comment je me trouve, Tychique, le bien-aimé frère et fidèle serviteur dans le Seigneur, vous fera tout savoir » (Éph. 6:21).
« Tychique, le bien-aimé frère et fidèle serviteur et compagnon de service dans le Seigneur, vous fera savoir tout ce qui me concerne : je l’ai envoyé vers vous tout exprès, afin qu’il connaisse l’état de vos affaires, et qu’il console vos cœurs » (Col. 4:7-8).
Nous considérerons ces deux passages ensemble.
Tychique était — comme tous les croyants — aimé de Dieu. Paul en avait une conscience très vive et cela imprégnait ses sentiments envers tous les enfants de Dieu. C’est ainsi qu’il appelle les Thessaloniciens : « frères aimés de Dieu » (1 Thess. 1:4) et « frères aimés du Seigneur » (2 Thess. 2:13). Lorsque nous voyons en nos frères et sœurs des objets de l’amour et de l’intérêt de Dieu et du Seigneur, cela nous préserve de jugements durs et impitoyables à leur égard.
Mais les mots « bien-aimé frère » que nous avons ici expriment davantage. Il y a la pensée que Paul lui-même l’aimait et qu’il était assuré que les destinataires de la lettre l’aimaient aussi. Il y avait des relations réciproques marquées par l’amour. Tychique était certainement un frère qui aimait dire du bien des croyants. Ils étaient chers à son cœur.
Tychique était non seulement un « frère bien-aimé » mais aussi un « fidèle serviteur » de son Seigneur. Les deux choses vont ensemble. Un serviteur fidèle se distingue par le fait qu’il désire le bien du troupeau. Nous avons besoin de personnes qui ont à cœur l’édification de leurs auditeurs. Elles doivent être capables de dire la vérité avec amour. Un serviteur fidèle administre consciencieusement ce que le Seigneur lui a confié et en même temps manifeste l’amour du Christ. C’est à de tels hommes que Timothée devait transmettre ce qu’il avait lui-même entendu de Paul (2 Tim. 2:2).
Tychique était un « fidèle serviteur », et il est ajouté « dans le Seigneur ». « Séparés de moi, vous ne pouvez rien faire », a dit notre Seigneur à ses disciples. Il est le centre de nos relations fraternelles et de notre service ; il est la source de nos motifs et de notre force. Ce que nous faisons aux siens avec fidélité, il le considère comme fait à lui-même. Cela donne à chaque service accompli envers les croyants une motivation et une noblesse particulières.
Tychique était un compagnon de service de l’apôtre (littéralement : co-esclave). Il était, comme Paul et avec lui, serviteur de Christ. Paul se nomme plusieurs fois « esclave de Jésus Christ ». Tel était aussi Tychique. Un serviteur ne met pas en avant sa propre volonté ; il n’a pas d’autre but que de faire ce que son Seigneur lui donne à faire. Un bon serviteur est caractérisé par l’obéissance. Qu’en est-il de nous ?
En outre, dans son service pour le Seigneur, Tychique était un compagnon de l’apôtre. D’une part, chaque serviteur « se tient debout ou tombe pour son propre maître » (Rom. 14:4), c’est-à-dire qu’il a sa propre responsabilité et répond devant son maître de sa propre activité. D’autre part, le Seigneur nous place souvent ensemble dans le service.
On trouve dans le Nouveau Testament des « compagnons de voyage », des « compagnons de travail », des « compagnons d’œuvre », des « compagnons de service », des « compagnons d’armes », des « compagnons de captivité » et des « compagnons d’esclavage ». Épaphras porte un titre analogue à celui de Tychique : il était un « bien-aimé compagnon de service.., un fidèle serviteur du Christ » (Col. 1:7). Pour celui qui accomplit un service pour le Seigneur, c’est un grand encouragement de trouver un compagnon avec lequel il peut collaborer. Ayons à cœur d’être d’utiles compagnons de service pour ceux qui sont engagés, d’une façon ou d’une autre, dans l’œuvre du Seigneur. Cherchons à nous aider et à nous fortifier mutuellement pour le bien.
Ceux qui portent les caractères de Tychique peuvent être utiles dans le service pour le Seigneur. La mission de ce frère n’était pas, semble-t-il, de prêcher en public, mais de remplir la fonction de messager. Il avait la charge d’apporter des nouvelles de Paul à des croyants se trouvant ailleurs, et inversement, de rapporter à l’apôtre comment ceux-ci se portaient. Paul attachait de l’importance au fait que les frères et les sœurs sachent « ce qui le concerne », et réciproquement il voulait aussi connaître « l’état de leurs affaires ». Nous voyons en ceci l’amour et la sollicitude de l’apôtre pour les croyants. Ils étaient dans l’inquiétude à son sujet — car il était prisonnier à Rome — et Tychique devait leur apporter de ses nouvelles. Il y a là un enseignement pour nous. Nous devons nous informer réciproquement de nos circonstances afin de pouvoir prier les uns pour les autres.
En outre, Tychique devait aussi consoler leurs cœurs. En Éphésiens 4:16, il nous est parlé des « jointures du fournissement », qui ont une fonction particulière de liaison dans le corps de Christ, dans l’assemblée. Il n’y a pas de fonctionnement possible sans ces jointures. Tychique semble avoir été l’une d’elles. Dans nos conversations entre croyants, combien souvent nous parlons des autres au lieu de nous préoccuper des autres et, lorsque cela est nécessaire, de leur apporter de la consolation ! Par son service, Tychique contribuait à l’édification et à l’affermissement des croyants.
Demandons au Seigneur de faire de nous de tels bien-aimés frères et sœurs, des serviteurs fidèles et des compagnons de service qui travaillent pour le bien des enfants de Dieu. Demandons-lui aussi de nous donner davantage d’hommes et de femmes qui exercent un tel service, partout où des croyants se rassemblent.
Encouragements et exhortations aux pasteurs
ME 1993 p. 65-66
La première épître de Pierre, chapitre 5, versets 1 à 4, fournit de précieuses indications à tous ceux qui se sentent appelés à un service pastoral auprès des enfants de Dieu. Pierre, qui avait lui-même reçu un tel service de la part du Seigneur, présente ici, conduit par le Saint Esprit, ses propres expériences. Elles nous stimulent aussi à ne pas nous lasser dans le service auprès de nos frères et sœurs dans la foi. Si Pierre s’adresse en premier lieu aux anciens afin de les exhorter, nous pouvons néanmoins tirer de ses paroles des principes généraux valables pour tous les serviteurs du Seigneur.
Prêtons attention aux cinq points suivants :
Tout service auprès de nos frères et sœurs devrait trouver son mobile dans l’empressement de nos cœurs. Dieu ne contraint personne au service, mais il désire que nous l’accomplissions par reconnaissance envers lui. Recherche du gain ou esprit de domination sont des tendances charnelles qui ne peuvent que nuire au service. Et Dieu qualifie ceux qui aiment le servir avec joie.
Dieu nous donne une heureuse certitude lorsque nous accomplissons un service pastoral envers autrui. C’est qu’il s’agit de son troupeau, le « troupeau de Dieu ». En nous occupant des fautes et des insuffisances de nos frères et sœurs, nous sommes en danger de nous décourager. Or Dieu ne voudrait pas diriger nos regards sur ces manquements, mais sur le merveilleux fait que ce sont ses brebis qu’il s’est acquises. Il ne s’agit pas de notre propre troupeau, mais du troupeau de Dieu.
L’apôtre Pierre exhorte les anciens : « Paissez le troupeau de Dieu qui est avec vous ». Le service pastoral commence toujours dans le domaine le plus étroit : celui de sa propre famille. Ensuite il s’étend aux croyants de la localité où nous habitons. Dieu attribue à chacun sa sphère, et il a même confié à certains un service au-delà de leur secteur immédiat. Soyons donc attentifs à reconnaître notre propre sphère d’activité, à y être fidèles et à ne pas la dépasser.
Elle nous est présentée par ces paroles : « Étant les modèles du troupeau ». Si nous ne sommes pas disposés à suivre nous-mêmes humblement le bon Berger, notre service ne sera pas accepté. Nous ne pouvons pas attendre et exiger d’autres ce que nous ne voulons pas pratiquer nous-mêmes. Donc, l’exemple est de première importance.
Dieu récompensera tout ce qui est fait par amour pour lui. Au serviteur fidèle est réservée « la couronne inflétrissable de gloire ». Elle sera donnée lorsque le Seigneur Jésus, présenté ici comme le souverain pasteur, sera manifesté, lorsqu’il viendra sur cette terre. La rémunération ne devrait pas être la véritable motivation du service ; elle est cependant une stimulation donnée par Dieu, afin de ne pas nous lasser dans le service pour lui.
Par dessus tout, nous avons le privilège d’avoir toujours devant nos yeux notre divin et parfait modèle, le Seigneur Jésus. Lui seul pouvait se désigner comme le bon berger. Quelle grâce de le connaître et d’être à son service !
ME 2002 p. 80-83
«Et eux, étant partis, prêchèrent partout, le Seigneur coopérant avec eux, et confirmant la parole par les signes qui l’accompagnaient» (Marc 16:30). C’est par ces mots que se termine l’évangile de Marc. Pendant toute sa vie ici-bas, le Seigneur Jésus avait travaillé inlassablement. Parfait Serviteur, il était venu sur la terre non pas «pour être servi, mais pour servir et pour donner sa vie en rançon pour plusieurs» (Marc 10:45). Mais son service ne s’est pas arrêté quand il a quitté la terre et est remonté au ciel. Au contraire, nous le voyons continuer à travailler, coopérant avec les siens sur la terre. Et il le fait aujourd’hui encore.
C’est ce que nous confirme le début du livre des Actes. Luc rappelle à Théophile le «premier traité» qu’il avait composé, dans lequel il décrivait «toutes les choses que Jésus commença de faire et d’enseigner, jusqu’au jour où il fut élevé au ciel» (Act. 1:1). Cela nous reporte au temps où le Seigneur Jésus vivait sur la terre, agissant et enseignant, ainsi que nous le présente l’évangile selon Luc. En entreprenant la rédaction de ce second traité — le livre des Actes — Luc désire manifestement décrire à Théophile la suite du travail du Seigneur Jésus, l’activité qu’il exerce en tant qu’Homme glorifié dans le ciel. Bien sûr, le livre des Actes nous raconte ce que les apôtres ont accompli, particulièrement Pierre, Jean et Paul. Mais nous savons qu’en fait, c’est bien le Seigneur glorifié qui opérait par son Esprit dans les apôtres et agissait sur la terre par leur moyen.
La main du Seigneur lui-même se discerne clairement dans tout le livre des Actes des Apôtres. Son action y est aussi réelle et puissante que dans les évangiles. Pourtant, il y a une différence qu’il ne nous faut pas manquer de voir : alors que les évangiles rapportent surtout ce que le Seigneur a fait pour les siens, nous découvrons dans le livre des Actes ce qu’il a fait par eux.
Quelle joie de penser à ce que le Seigneur a fait pour nous ! Il est venu chercher et sauver ce qui était perdu. Il nous a ouvert le chemin jusqu’à Dieu, comme étant le seul Médiateur entre Dieu et les hommes. Il est venu pour laisser sa vie sur la croix. Avec l’apôtre Paul, nous pouvons nous réjouir en lui et dire de lui : il est le «Fils de Dieu» qui «m’a aimé et qui s’est livré lui-même pour moi» (Gal. 2:20). Notre appréciation de la valeur de son œuvre pour nous est sans doute bien limitée. Mais cultivons dans nos pensées et dans nos cœurs le souvenir de ce qu’il a souffert pour nous à la croix, lorsqu’il s’est avancé, comme étant notre substitut, pour endurer le jugement du Dieu saint.
Pour un croyant qui vit dans la communion de son Seigneur, il ne peut guère se passer de jour dans lequel il ne le remercie pas de tout son cœur pour ce qu’il a accompli pour lui. Certes, nous nous rassemblons chaque premier jour de la semaine avec nos frères et sœurs pour nous souvenir ensemble de notre Sauveur et de ce qu’il a accompli à Golgotha. Mais ce souvenir et la reconnaissance qui en découle ne doivent pas être limités à la réunion du dimanche pour le culte. Ils doivent être dans nos cœurs chaque jour de notre vie. «Offrons donc, par lui, sans cesse à Dieu, un sacrifice de louanges...» (Héb. 13:15).
Cependant, toute notre reconnaissance pour l’œuvre que le Seigneur a accomplie pour nous à la croix ne peut nous faire oublier qu’il désire maintenant agir à travers nous. Il n’a jamais cessé de coopérer avec les siens. Aujourd’hui encore, le Seigneur glorifié dans le ciel désire agir par son Esprit en chaque racheté et travailler par le moyen de chacun d’eux. Il a rappelé à ses disciples, juste avant de monter au ciel, que le Saint Esprit allait leur être envoyé et qu’ainsi ils recevraient de la force pour être ses témoins : «Vous recevrez de la puissance, le Saint Esprit venant sur vous ; et vous serez mes témoins à Jérusalem et dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu’au bout de la terre» (Act. 1, 8). Le Seigneur voulait alors avoir ses témoins sur la terre, et il n’en est pas autrement aujourd’hui. C’est là notre mission à chacun, et notre ressource est le même Esprit qui jadis avait rendu les apôtres capables de rendre un témoignage si puissant.
Certes, il y a bien des différences entre le temps des premiers chrétiens et aujourd’hui. Il n’y a plus, comme au début du témoignage chrétien, un déploiement de puissance extraordinaire ; nous sommes dans les temps de la fin, marqués par la faiblesse. Cependant, ceci ne doit pas nous servir de prétexte. Le fait que le Seigneur désire opérer en nous et par nous n’a pas changé. La puissance du Saint Esprit, source de notre force, n’a pas diminué. Et la mission que le Seigneur a confiée aux siens — être ses témoins — est toujours la même qu’au commencement. Si quelque chose a changé, ce n’est donc ni le Seigneur, ni le Saint Esprit, ni notre mission — c’est nous.
C’est pourquoi, aujourd’hui, encourageons-nous l’un l’autre à être des témoins pour le Seigneur et à travailler dans sa dépendance. Nous reconnaissons bien sûr notre état de faiblesse, et nous sommes conscients que notre marche quotidienne est entachée de bien des faux-pas. Mais ne nous laissons pas arrêter par cela, afin que le Seigneur puisse opérer en nous et par nous. Plus nous serons reconnaissants de ce qu’il a fait pour nous, plus le désir de nos cœurs croîtra d’être à sa disposition et de témoigner pour lui.
Le temps où nous pouvons être des témoins pour le Seigneur est limité à la terre. Nous nous réjouissons du moment où il viendra nous chercher pour être toujours avec lui ; mais pensons qu’au même instant prendra fin le temps précieux où des hommes peuvent témoigner, sur la terre, de la grâce de Dieu révélée par Jésus Christ. Mettons à profit chaque jour qu’il nous reste pour rendre témoignage à celui qui nous a tant aimés et qui s’est livré pour nous.