Beaucoup de rassemblements des hommes sont bruyants ; nous parlons ici spécialement des rassemblements pour des motifs religieux, cérémonies, deuils, prédications, prières.
Cela ne date pas d'aujourd'hui, et il vaut la peine de voir ce qu'en dit la Parole de Dieu.
On trouve bien sûr des cérémonies bruyantes à l'occasion des deuils. Dans l'Ancien Testament l'Au-delà n'était pas révélé, en sorte que la mort gardait son caractère effrayant, même pour les croyants. On voit donc de "grandes et profondes lamentations" (Gen. 50:10) à l'occasion de de la mort de Jacob; Ézéchias surtout, malgré sa piété, est affligé extrêmement quand Ésaïe lui annonce qu'il va mourir (Ésaïe 38). Dans le Nouveau Testament, la mort d'Etienne a donné lieu à un grand deuil, bien compréhensible à cause de la perte de ce chrétien plein de foi et de l'Esprit Saint et plein de grâce et de puissance (Actes 6:5,8). Toutefois un "grand deuil" peut se dérouler avec beaucoup de dignité, sans faire beaucoup de bruit : le croyant n'a pas à être affligé "comme les autres qui n'ont pas d'espérance" (1 Thes. 4:18).
La mort (apparente) de la fille de Jaïrus donna lieu à un tumulte, et de grands cris étaient jetés (Marc 5:38). Le Seigneur reprit cette foule en demandant pourquoi ces gens pleuraient, déclarant que la jeune fille dormait simplement ; finalement Il les mit tous dehors . C'est la même pensée qui est donnée en 1 Thes. 4:14 : les croyants sont «endormis par Jésus».
À la fête autour du veau d'or en Exode 32, les gens poussaient des cris comme des cris de guerre (Exode 32:17).
On trouve des gens bruyants en 1 Samuel 4:5-9. Les Israélites étaient partis en guerre contre les Philistins, alors que leur mauvais état moral et spirituel avait amené Dieu à leur faire une subir une première défaite. Alors, pour être sûrs de gagner sans se juger eux-mêmes aucunement devant Dieu, ils prennent avec eux l'arche de Dieu, sans consulter l'Éternel sur ce qu'ils avaient à faire, bien qu'ils fussent convaincus que c'était l'Éternel qui les avaient battus (4:3). Ils se mirent à pousser de grands cris au moment où l'arche arriva dans le camp, au point de faire trembler la terre. Les Philistins en furent très effrayés, mais gagnèrent complètement la guerre jusqu'à arriver même à prendre l'arche. La grande défaite des fils d'Israël était de par l'Éternel.
Les prophètes de l'idole Baal poussaient aussi de grands cris pour faire intervenir Baal et faire tomber le feu du ciel sur un sacrifice (1 Rois 18:25-29). La colère de Dieu tomba sur eux et ils furent exterminés.
Les hypocrites des synagogues faisaient sonner de la trompette devant eux quand ils faisaient l'aumône (Matthieu 6:2).
Pendant deux heures une foule à Éphèse hurla : «Grande est la Diane des Éphésiens», car ils craignaient que la valeur de leur idole soit rabaissée (Actes 19:34).
Dans tous ces cas on voit des gens en mauvais état moral et spirituel, dans l'incrédulité par rapport à Dieu, et malgré cela, ils veulent ou bien faire comme s'ils étaient en relation étroite avec Dieu, ou bien pousser Dieu (ou leur dieu) à agir en poussant de grands cris, ou bien se donner mutuellement de l'assurance ou se donner un sentiment de puissance qui va tout surmonter, peines intérieures ou ennemis extérieurs.
On trouve aussi dans la chrétienté des rassemblements où l'on fait beaucoup de bruit. Tantôt le prédicateur fait répéter très fort à l'assistance des phrases affirmant la foi, comme si on se donnait de l'assurance pour ce dont on n'est pas très sûr intérieurement ; tantôt le prédicateur hurle pour que l'auditoire soit bien convaincu de ce qu'il dit ; tantôt le prédicateur fait des prières avec des objurgations impérieuses, comme si on voulait forcer la main à Dieu quand Il ne veut pas faire ce qu'on Lui dit de faire... Ce sont là les mêmes attitudes de fond que ce qu'on a vu en 1 Samuel 4 et 1 Rois 18. Tantôt encore on voit des séances de prières "en langue" où tout le monde fait un brouhaha et personnes ne fait attention ni n'écoute ce que les autres disent : là aussi on se donne de l'assurance mutuellement en faisant du bruit.
Faut-il faire du bruit quand on veut avoir affaire à Dieu ? On oublie que la persuasion et la conviction intérieure et les fermes consolations viennent de ce que Dieu dit, et de ce qu'Il dit dans Sa Parole (Rom. 10:17).
La prière fervente d'Anne à laquelle Dieu lui a répondu en donnant un fils, Samuel, était une prière muette (1 Sam. 1). Élie a du apprendre le travail de la grâce de Dieu à travers une voix "douce et subtile" (1 Rois 19). Marie écoutait la Parole du Seigneur, assise à Ses pieds (Luc 10). Le Seigneur a mis dehors ceux qui faisaient du bruit auprès de la fille morte-endormie de Jaïrus. Retenons bien Ecclésiaste 9:17 : «Les paroles des sages sont écoutées dans la tranquillité plus que le cri de celui qui gouverne parmi les sots».