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Qui es-tu pour me juger ?

Hadley Timothy P.

Messager évangélique, 2021-1, p. 16

 

Table des matières :

1        L’autorité de juger

2        Le jugement parmi nous

3        Ce que juger les autres ne signifie pas

4        Juger les autres à tort

5        Pourquoi tout ceci est-il important ?

 

 

L’un des versets les plus populaires aujourd’hui est celui de Matthieu 7:1 : « Ne jugez pas, afin que vous ne soyez pas jugés ». Des chrétiens comme des incrédules vous citeront ce verset si vous leur dites qu’ils font quelque chose de mal. C’est particulièrement vrai dans ces jours où l’on prône la tolérance, tolérance qui est en réalité la volonté de se faire accepter. On exige des autres qu’ils acceptent votre manière de vivre, d’enseigner, ou quoi que ce soit d’autre. On n’accepte pas que quelqu’un remette en question une chose mauvaise ou l’appelle péché. Si vous faites cela, vous serez probablement accusé de juger !

Que dit la Bible sur ce sujet ? Le mot « juger », dans ses différentes formes (juger, jugement, juges et autres), se trouve plus de 700 fois dans la parole de Dieu. Un livre tout entier de la Bible est appelé « le livre des Juges », parce qu’il a été écrit à une époque où Dieu suscitait des juges pour conduire son peuple.

 

1         L’autorité de juger

La Bible montre très clairement qu’il y a un seul Juge suprême de tous : Dieu lui-même. Lui seul a l’autorité de déterminer ce qui est bien ou mal, y compris quant aux motifs et aux comportements. Il y a de nombreux versets dans l’Ancien Testament qui nous disent que Dieu est Juge. Par exemple :

Quand nous arrivons au Nouveau Testament, nous trouvons que le Père a remis l’autorité et le jugement au Fils. Jésus a parlé de cette autorité avant de monter au ciel, après sa résurrection : « Toute autorité m’a été donnée dans le ciel et sur la terre » (Mat. 28:18). Nous lisons aussi :

La Bible montre très clairement qu’un jour Jésus jugera avec justice toute l’humanité, sur la base de la foi individuelle au Fils de Dieu ou de son rejet par chacun. Le Juge de l’univers a déjà annoncé le principe de son jugement quant au salut : « Et il n’y a de salut en aucun autre ; car aussi il n’y a point d’autre nom sous le ciel, qui soit donné parmi les hommes, par lequel il nous faille être sauvés » (Actes 4:12).

 

2         Le jugement parmi nous

Considérons maintenant le jugement, lorsqu’il s’applique à des croyants et à des incrédules. La manière d’agir est différente, selon qu’il s’agit de l’un ou l’autre de ces deux groupes, mais le but est, dans les deux cas, la réconciliation. Les incrédules ont besoin de connaître Christ et d’être réconciliés avec lui, et les croyants ont besoin de croître en Christ et d’être réconciliés les uns avec les autres.

Chaque fois que nous présentons l’évangile aux incrédules, un jugement est prononcé concernant la position qu’ils prennent envers Dieu. « Celui qui croit en lui n’est pas jugé, mais celui qui ne croit pas est déjà jugé » (Jean 3:18). La Bible déclare clairement que tous les hommes sont des pécheurs, qu’ils sont privés de la gloire de Dieu, et qu’ils ont besoin d’être justifiés (Rom. 3:23-24). Les croyants devraient présenter l’évangile avec amour et avec grâce – sachant que seul ce que la Bible dit importe, et non nos opinions !

Beaucoup estiment que les chrétiens ne devraient pas porter de jugement sur certains sujets actuels. Cette manière de voir peut se manifester lorsqu’un chrétien dit, en accord avec la parole de Dieu, que l’avortement et l’adultère sont contraires à la volonté de Dieu, que le comportement homosexuel est un péché et que se marier entre deux personnes du même sexe est mal. Ce chrétien peut être confronté à des objections telles que celles-ci :

  • « Qui es-tu pour juger deux personnes qui s’aiment ? »
  • « Pour qui te prends-tu, pour dire à quelqu’un qui il a le droit ou n’a pas le droit d’aimer ? Tu es un pécheur, toi aussi ! »
  • « La vie privée de quelqu’un n’est pas ton affaire. Ne juge pas ! »
  • Certains citeront même le verset de Matthieu 7:1, c’est-à-dire la Bible elle-même !
  • Prétendre que les croyants ne devraient pas porter de jugement pose de sérieux problèmes. Ceci devient évident lorsque nous lisons le contexte de ce verset : « Ne jugez pas, afin que vous ne soyez pas jugés : car, du jugement dont vous jugerez, vous serez jugés ; et de la mesure dont vous mesurerez, il vous sera mesuré. Et pourquoi regardes-tu le fétu qui est dans l’œil de ton frère, et tu ne t’aperçois pas de la poutre qui est dans ton œil ? Ou comment dis-tu à ton frère : Permets, j’ôterai le fétu de ton œil ; et voici, la poutre est dans ton œil ? Hypocrite, ôte premièrement de ton œil la poutre, et alors tu verras clair pour ôter le fétu de l’œil de ton frère » (v. 1-5).

    Dans ce passage, Christ met en garde les croyants contre le fait de porter des jugements d’une manière hypocrite, ou dans un esprit de condamnation. Ce type de jugement était souvent en lien avec les pharisiens pendant le ministère de Jésus. Beaucoup de ceux qui citent « Ne jugez pas » du verset 1 omettent de remarquer le commandement de juger du verset 5, où il est dit : « alors tu verras clair pour ôter le fétu de l’œil de ton frère ». Le point sur lequel Jésus insiste ici, c’est de se juger soi-même avant de porter des jugements sur les autres. Remarquez que discernement et jugement sont requis. Dans un contexte plus large, Jésus dit aux croyants d’avoir du discernement quand il s’agit de faux enseignements et de faux prophètes, parce qu’ils « ont l’apparence » de chrétiens, alors que leur but est de disperser le troupeau (Mat. 7:15-20 ; Luc 6:43-45).

    Comme chrétiens, nous devrions mener une vie de piété, nous attachant tout d’abord à nous repentir lorsque nous avons péché. La sanctification, dans une vie consacrée à Dieu et séparée du monde et de ses voies, est la condition pour être en communion avec Christ. Sous cet aspect, elle se poursuit chaque jour tout au long de notre vie (1 Thess. 5:23). Si nous ne vivons pas cela, nous ne sommes pas qualifiés pour aider quelqu’un d’autre.

    Ce que Christ enseigne aux croyants qui lui appartiennent, en Matthieu 7, c’est que, si nous ne nous sommes pas personnellement repentis de nos péchés, nous sommes mal placés pour dire à d’autres s’ils agissent mal dans leurs actes. Mais souvenez-vous que la Bible nous dit bien de prêcher l’évangile – et qu’une partie du message de l’évangile est que les gens sont des pécheurs ayant besoin de salut.

    Nous entendons souvent des chrétiens affirmer que nous ne devons pas former de jugement sur d’autres chrétiens, surtout en ce qui concerne leurs doctrines erronées. Ils affirment que nous devrions simplement nous aimer l’un l’autre, et ne pas nous juger. Mais est-ce vraiment montrer de l’amour que de laisser un chrétien rester dans l’erreur, et même en tromper d’autres ? Aimer les autres, cela nécessite de les corriger avec grâce lorsqu’ils tombent dans l’erreur (voyez Mat. 18 ; 1 Cor. 1:11 et Gal. 6:1). Ceux qui s’égarent ne savent pas forcément qu’ils sont dans l’erreur ; il se peut qu’ils aient été trompés ou qu’ils soient ignorants. C’est pourquoi nous devrions, quelle que soit la situation, corriger avec douceur et avec soin l’erreur de leur doctrine. Après tout, voilà l’une des responsabilités des serviteurs du Seigneur : enseigner la saine doctrine et corriger un enseignement erroné (2 Tim. 2:25 ; 3:16 ; Tite 2:1). Et il nous faut user de discernement (juger entre ce qui est juste et faux) si nous voulons obéir à des versets tels que ceux-ci :

  • « Mais, maintenant, je vous ai écrit que, si quelqu’un appelé frère est fornicateur, ou avare, ou idolâtre, ou outrageux, ou ivrogne, ou ravisseur, vous n’ayez pas de commerce avec lui, que vous ne mangiez pas même avec un tel homme. Car qu’ai-je affaire de juger ceux de dehors aussi ? Vous, ne jugez-vous pas ceux qui sont de dedans ? Mais ceux de dehors, Dieu les juge. Ôtez le méchant du milieu de vous-mêmes » (1 Cor. 5:11-13).
  • « Si donc vous avez des procès pour les affaires de cette vie, établissez ceux-là pour juges qui sont peu estimés dans l’assemblée » (1 Cor. 6:4).
  • « Mais nous vous enjoignons, frères, au nom de notre Seigneur Jésus Christ, de vous retirer de tout frère qui marche dans le désordre, et non pas selon l’enseignement qu’il a reçu de nous » (2 Thess. 3:6).
  • Considérez aussi 1 Timothée 6:20 et Tite 3:9.

     

  • 3         Ce que juger les autres ne signifie pas

    Beaucoup de gens citent Matthieu 7:1 sur le fait de ne pas juger les autres sans lire jusqu’au verset 6, où Jésus dit : « Ne donnez pas ce qui est saint aux chiens, ni ne jetez vos perles devant les pourceaux ». Pour obéir à ce verset, il faut bien porter un jugement, une appréciation, sur une personne !

    Plus loin, au verset 15, Jésus dit : « Soyez en garde contre les faux prophètes qui viennent à vous en habits de brebis, mais qui au-dedans sont des loups ravisseurs ». Il incombe à une brebis qui a du discernement de reconnaître lesquelles ne sont pas de vraies brebis, et d’en avertir les autres : « Celui-là n’est pas une vraie brebis ! C’est un loup déguisé en brebis ! » Ceci implique de juger l’enseignement de la personne comme étant faux. Romains 16:17 et 18 continue : « Or je vous exhorte, frères, à avoir l’œil sur ceux qui causent les divisions et les occasions de chute par des choses qui ne sont pas selon la doctrine que vous avez apprise ; et éloignez-vous d’eux. Car ces sortes de gens ne servent pas notre seigneur Christ, mais leur propre ventre ; et par de douces paroles et un beau langage, ils séduisent les cœurs des simples ».

    Certains admettent qu’il est bon de dénoncer la fausse doctrine en termes généraux, mais qu’on ne devrait jamais nommer spécifiquement un faux docteur. Cependant, Paul mentionne en 1 Timothée 1:19 que certains, ayant rejeté une bonne conscience, « ont fait naufrage quant à la foi ». Il ne s’arrête pas là, mais poursuit : « du nombre desquels sont Hyménée et Alexandre, que j’ai livrés à Satan, afin qu’ils apprennent à ne pas blasphémer » (v. 20). Il nomme également Hyménée et Phylète, ajoutant qu’ils « se sont écartés de la vérité, disant que la résurrection a déjà eu lieu, et qui renversent la foi de quelques-uns » (2 Tim. 2:17-18). Plus tard, Paul dit à Timothée : « Démas m’a abandonné, ayant aimé le présent siècle » (4:10). Au verset 14 il avertit Timothée au sujet de « Alexandre, l’ouvrier en cuivre », qui a fait beaucoup de mal à Paul. L’apôtre de l’amour, Jean, en 3 Jean 1:9 et 10, avertit le troupeau à propos de « Diotrèphe, qui aime à être le premier parmi eux », mais « ne nous reçoit pas ». Paul nomme deux sœurs qui se querellaient, Évodie et Syntyche, les pressant « d’avoir une même pensée dans le Seigneur » (Phil. 4:2). Il dit de façon très précise à l’assemblée à Colosses : « Dites à Archippe : Prends garde au service que tu as reçu dans le Seigneur » (Col. 4:17). Ces apôtres, conduits par le Saint Esprit, nommaient ces personnes !

    Les apôtres n’étaient pas, dans un seul de ces exemples, en train de juger les autres à tort. Nous devons donc en conclure que ce n’est pas juger quelqu’un que d’exercer du discernement quant à un comportement sans piété ou à un faux enseignement. Ce n’est pas non plus juger quelqu’un que de lui parler au sujet d’un péché ou d’un faux enseignement. Si vous voyez votre enfant prêt à courir devant une voiture roulant à vive allure, vous ferez tout ce qui est en votre pouvoir pour l’avertir. Si vous voyez un frère en Christ sur le point de ruiner sa vie par un péché ou parce qu’il croit un faux enseignement, l’amour devrait vous inciter à faire tout ce qui est possible pour l’avertir en grâce. Jacques 5:19 et 20 dit : « Mes frères, si quelqu’un parmi vous s’égare de la vérité, et que quelqu’un le ramène, qu’il sache que celui qui aura ramené un pécheur de l’égarement de son chemin, sauvera une âme de la mort et couvrira une multitude de péchés. »

    Paul a enseigné que c’était la responsabilité de tout croyant spirituel de relever un condisciple qui s’était laissé surprendre par quelque faute (Gal. 6:1). Cela devrait commencer dans le privé, sauf si le péché a été commis publiquement (Gal. 2:11-14 ; 1 Cor. 5). Le Seigneur Jésus a enseigné ce genre de démarche en Matthieu 18:15 à 18.

    Ce n’est pas juger quelqu’un que d’évaluer sa maturité spirituelle ou ses vues doctrinales pour le ministère. Pour prendre de sages décisions quant au ministère et pour prendre soin du troupeau, l’on doit se faire un jugement au sujet d’une personne et de ses vues doctrinales.

     

    4         Juger les autres à tort

    Nous jugeons les autres à tort lorsque nous les critiquons par jalousie, amertume, ambition personnelle ou autre attitude fautive, plutôt que de rechercher leur édification en Christ. Le verset de Jacques 4:11 met à l’épreuve nos motifs lorsque nous jugeons : « Ne parlez pas l’un contre l’autre ». Calomnier quelqu’un signifie porter atteinte à sa réputation en diffusant des informations délibérément erronées à son sujet. Mais le mot que Jacques utilise a un sens plus large qui inclut toute forme de critique ou commentaires négatifs provenant de motifs égoïstes.

    Nous jugeons quelqu’un à tort lorsque nous affirmons connaître tout des faits et des motifs qui se trouvent derrière les paroles et les actes d’une personne. Les Proverbes nous avertissent que « répondre avant d’avoir entendu, c’est une folie et une confusion pour qui le fait », car « celui qui est le premier dans son procès est juste ; son prochain vient, et l’examine » (Prov. 18:13, 17).

    De même, nous jugeons quelqu’un à tort lorsque nous établissons des normes humaines plutôt que de prendre la parole de Dieu comme norme. Paul consacre deux chapitres à ce problème. En Romains 14, des croyants végétariens jugeaient ceux qui mangeaient de la viande. D’autres observaient certains jours comme saints et jugeaient ceux qui ne le faisaient pas. En 1 Corinthiens 8, le problème était relatif au fait de manger de la viande qui avait été sacrifiée aux idoles. Il est mauvais de se référer à des convictions personnelles dans des domaines où la Bible ne donne pas de commandement précis, et de poser des vues personnelles comme standards pour juger ceux qui ne les partagent pas. C’est ce que faisaient les pharisiens lorsqu’ils ajoutaient des douzaines de règles fabriquées par les hommes à la loi de Dieu, et jugeaient ensuite tous ceux qui ne respectaient pas leurs règles. Ils accordaient à des sujets mineurs trop de valeur et se focalisaient sur les apparences extérieures, tandis que leurs cœurs étaient éloignés de Dieu. Ils négligeaient les commandements de Dieu et s’attachaient aux traditions des hommes (Marc 7:6-9).

    Si nous ne commençons pas par juger notre péché personnel, avant d’essayer d’aider quelqu’un d’autre concernant son péché, nous jugeons à tort. Voilà l’enseignement réel de Matthieu 7:1 à 5, comme cela a déjà été mentionné. Le Seigneur ne dit pas qu’il est mauvais d’aider votre frère à ôter le fétu de son œil. Mais avant d’essayer de le faire, il faut s’occuper de la poutre qui est dans son propre œil.

    Nous jugeons quelqu’un à tort lorsque nous partageons une information confidentielle ou personnelle dans une mauvaise intention. Il est aisé de paraître spirituel et de dire à un autre croyant : « Je voulais que tu sois au courant de cette situation pour que tu puisses prier ». La vérité, c’est souvent que nous voulions juste nous sentir important parce que nous savions quelque chose. Nous devons être prudents.

    Il est donc clair d’après l’Écriture que nous ne devrions pas juger les motifs d’une personne alors que nous ne pouvons pas voir dans le cœur de cette personne. La Bible est également claire sur le fait qu’il y a un temps pour juger le fruit et les actions de quelqu’un qui prétend suivre Christ. Nous ne devrions jamais condamner, mais nous devons avoir du discernement quant au fait que, oui ou non, la vie est en accord avec la profession.

     

    5         Pourquoi tout ceci est-il important ?

    Qu’est-ce qui est en jeu dans le fait de juger ? Qu’est-ce qui devrait réellement nous préoccuper ? La gloire de Dieu !

    Il est absolument vrai que Dieu est amour (1 Jean 4:8-10), mais le même livre de la Bible nous dit aussi « que Dieu est lumière et qu’il n’y a en lui aucunes ténèbres » (1:5). Ce premier chapitre poursuit en nous disant que notre vie devrait être en accord avec notre profession : « Si nous disons que nous avons communion avec lui, et que nous marchions dans les ténèbres, nous mentons et nous ne pratiquons pas la vérité » (1 Jean 1:6). Il est contradictoire de dire que je suis un chrétien, pour ensuite pratiquer ou vivre d’une manière qui est en opposition avec la parole de Dieu.

    En tant que chrétien, je devrais être préoccupé de la gloire de Dieu. On fait tant de cas aujourd’hui des droits de l’homme, mais qu’en est-il des droits de Dieu ? Qu’en est-il des droits du Seigneur Jésus ? Paul fait apparaître clairement en 2 Corinthiens 4:3 à 6 le fait que Satan veut aveugler les yeux des hommes pour les empêcher de voir la lumière de l’évangile de la gloire de Christ ! Comme chrétiens, cette lumière doit luire en nous et devrait briller autour de nous (2 Cor. 4:6-7 ; 1 Pierre 2:9). Nos vies devraient démontrer, non seulement l’amour de Dieu, mais également sa sainteté (1 Pierre 1:15-16).