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Réflexions chrétiennes sur le monde actuel
4 Mai 2002
« Pierre, ayant vu cela, se jeta aux genoux de Jésus, disant : Seigneur, retire-toi de moi, car je suis un homme pécheur » (Luc 5:8).
Quelle contradiction apparente en Pierre qui, au moment où il dit au Seigneur de se retirer de lui, se jette à ses genoux !
Cette contradiction apparente montre ce qu’est la grâce de Dieu apportée en Jésus. Il fait sentir notre état de pécheur, mais en même temps il fait sentir que c’est vers Lui qu’il faut se tourner pour avoir la délivrance de ces péchés qui pèsent, même si on se les cache.
On a là deux sortes de culpabilisation. Oui, Jésus nous déclare coupables. Oui le christianisme dit que tous les hommes sont pécheurs, éloignés de Dieu, méritant Sa colère. Et voilà que l’homme moderne dit ne plus vouloir de culpabilisation. Les psychologues modernes veulent une éducation faisant disparaître la culpabilisation alors que Jésus commence par démontrer l’homme coupable.
Pourquoi cette opposition, ce contraste ?
C’est qu’il y a deux sortes de culpabilisation.
1. La culpabilisation de Jésus et du christianisme, qui, si elle déclare coupable, apporte immédiatement le pardon et une délivrance entière, et elle peut le faire parce que ce pardon et cette délivrance sont basés sur le fait que Jésus a déjà porté lui-même le poids de nos péchés ; les ayant portés, Il les ôte entièrement de dessus ceux qui les confessent et se repentent : les péchés ne sont plus à notre charge
2. La culpabilisation du monde, elle, ne connaît pas le vrai pardon. Tout ce que le monde sait faire, c’est punir par une peine de prison pour un temps, mais sans rien pardonner, ni avant ni après. On classe les gens en distinguant les bons et les mauvais, les gens bien et les criminels. On fait des procès à grande publicité et on épilogue sans fin pour savoir comment des gens ont pu être aussi abjects pour faire ce qu’ils ont fait. On cherche bien des confessions, mais des confessions seulement en vue de «comprendre et expliquer». Car un vrai pardon, qui ôte le péché, qui transforme l’inique en quelqu’un de pur, cela le monde ne le connaît pas, et il ne le connaît pas parce qu’il ne sait pas faire une telle transformation, et il ne sait pas la faire parce qu’il ne connaît rien de l’œuvre de Christ à la croix.
Une des conséquences, c’est que la culpabilité étant trop pesante, le monde cherche à déculpabiliser tout le monde. On déculpabilise les coupables en mettant la faute sur leur entourage. On rejette et refuse la culpabilisation des enfants, et on cherche à créer une éducation excluant la notion de culpabilisation. On s’étonne ensuite que la violence et la criminalité augmentent, ou on en prend son parti estimant qu’il vaut mieux ne pas en parler.
Le christianisme fait tellement l’inverse, qu’il y a même la notion de péché originel, autrement dit, il y a en tout homme une racine de péché dès l’origine.
Alors qu’est-ce qu’il vaut mieux ? culpabiliser ou ne pas culpabiliser ?
La culpabilisation, vue par le monde sans Dieu, écrase nécessairement le coupable, car il n’y a pas de remède. Elle l’anéantit et génère une rancune indéracinable, voire un désir de vengeance jamais assouvi. On comprend que devant un tel aboutissement, on préfère changer d’orientation et refuser de culpabiliser. Mais le résultat est évidemment perverti, car le refus de culpabiliser (même les enfants) amène à nier ce qui est mal et péché, et amène à laisser faire les conduites mauvaises, de plus en plus mauvaises, voire même à les approuver. Avec le temps et l’âge, les résultats pervers s’accentuent, et les conduites mauvaises ne se guérissent pas. On établit même des zones de non-droit, des lieux où il est admis que la loi n’est pas respectée, ce qui fait qu’il n’y a plus besoin de déclarer coupable.
La culpabilisation selon le christianisme est diamétralement opposée, car elle ne se dissocie pas de la grâce, de la confession, de la repentance et du pardon des péchés. Si la culpabilisation selon le christianisme déclare mal ce qui est mal, sans le minimiser ; si elle déclare coupable, et méritant d’être puni, celui qui a commis le mal, même jeune, pourtant elle n’aboutit pas à l’échec et à la misère. Il y a un remède immédiat. La confession et la repentance donnent accès au plein pardon et non pas à une auto-accusation destructive. — La foi en l’œuvre de Christ ; la découverte que le péché est ôté et qu’on peut l’oublier au point de ne plus jamais s’en souvenir ; la pensée de tout ce qu’Il a souffert à notre place ; la découverte de Celui qui nous ayant aimé, s’est substitué à nous pour porter nos péchés et tout le poids de leur culpabilité, — tout cela fait que non seulement la culpabilité est acceptée de tout cœur par le coupable, mais qu’il trouve la paix et la délivrance. Mieux même, il découvre l’amour, l’amour désintéressé, et une motivation nouvelle qui le fait rechercher, non pas la vengeance, mais la pureté, la justice, le don de soi-même aux autres.
Oui, les remèdes de Dieu sont meilleurs que les remèdes du monde. Oui la grâce de Dieu est incomparable, et il vaut mieux faire comme Pierre : jetons-nous toujours aux genoux de Celui à qui nous aurions eu envie de dire : retire-toi de moi, car nous sommes coupables.