[ Page principale | Nouveautés | La Bible | la Foi - l'Évangile | Plan des sujets | Études AT | Études NT | Index auteurs + ouvrages + sujets ]
L’ÉVANGILE DANS LE LIVRE DE JOSUÉ
ou : le livre de Josué à la lumière du Nouveau Testament
Auteur Inconnu
ME 1869 à 1871 — Les titres et sous-titres ont été ajoutés par Bibliquest
Table des matières abrégée :
4 Avertissement contre l’énergie humaine — Josué 1:10, 11
5 Le message évangélique : Rahab — Josué 2
6 La position du chrétien. Le passage du Jourdain — Josué 3 à 4
7 Le caractère chrétien — Josué 5:1-9
8 Communion avec Dieu — Josué 5:10-12
11 La Parole de Dieu — Josué 8:30-35
13 L’héritage conquis — Josué 10 à 12
14 Possession — Josué 13 et ch. suivants
15 Fidélité de cœur — L’exemple de Caleb, Josué 14 et 15
Tables des matières détaillée :
3.1 Exhortations basées sur la grâce, sur la promesse — Josué 1:2
3.2 Différence entre contempler de loin et posséder — Josué 1:3
3.3 La force est de l’Éternel — Josué 1:5
3.4 Se fortifier et être ferme
3.4.2 Se fortifier et être ferme dans l’obéissance — Josué 1:7
4 Avertissement contre l’énergie humaine — Josué 1:10, 11
5 Le message évangélique : Rahab — Josué 2
5.2 Écouter le message de Dieu
5.4 Le sang de Christ, un gage de salut
5.6 Sollicitude pour les pécheurs
6 La position du chrétien. Le passage du Jourdain — Josué 3 à 4
6.1 Le passage du Jourdain par Israël
6.2 Application au chrétien aujourd’hui
6.3 Pâque, Mer Rouge, Jourdain
6.3.4 Les douze pierres à Guilgal
6.3.5 Douze pierres au milieu du Jourdain
7 Le caractère chrétien — Josué 5:1-9
7.1 Pas de circoncision dans le désert, mais dans le pays
7.2 Ceux qui sont morts dans le désert
7.3 La circoncision, signe de séparation pour Dieu
7.4 Circoncision en Canaan, circoncision du chrétien
7.5 Un passage par la mort indispensable
7.6 Doctrines qui annulent la réalisation de la mort avec Christ
7.7 Une connaissance seulement intellectuelle de la vérité ne suffit pas
7.8 Le Jourdain ne suffit pas, il faut Guilgal : gage de liberté
7.10 Rejeter le joug des ordonnances charnelles
7.11 Les sources de la vie sont en Dieu
7.12 Faire usage de la croix de Christ
8 Communion avec Dieu — Josué 5:10-12
8.1 Fête de Pâque : mémorial de délivrance, mémorial de la mort de Christ
8.2 Changement de nourriture : le vieux blé du pays
9.1 Le chef de l’armée de l’Éternel
9.2 Jéricho image de l’état du monde
9.4 La foi éprouvée par la patience
9.5 Diligence et énergie de la foi
10.2 Le remède : sanctification, confession, tristesse selon Dieu (7:13)
10.4 La nouvelle manière de marcher
10.5 L’ennemi ne voit pas la restauration du peuple devant Dieu
10.6 Ce qui est nécessaire pour la victoire
11 La Parole de Dieu — Josué 8:30-35
11.1 Le zèle à obéir à la Parole de Dieu
11.2 La Parole de Dieu écoutée
11.3 Contraste avec la position du chrétien
12.1 L’ennemi agissant avec ruse, déguisé en ange de lumière
12.2 La (més)alliance et ses pièges
12.4 Conséquences fâcheuses irrémédiables
13 L’héritage conquis — Josué 10 à 12
13.1 Comment Dieu conduit à la victoire
13.2 Besoin d’affermir la victoire
13.4 Revenir à Guilgal, au lieu du jugement spirituel, même après la victoire
13.5 Nouveaux ennemis — Josué 11
14 Possession — Josué 13 et ch. suivants
15 Fidélité de cœur — L’exemple de Caleb, Josué 14 et 15
15.2 La foi est amenée à souffrir. Sa patience
15.3 S’appuyer sur les promesses immuables de Dieu
Parmi les lecteurs sérieux et attentifs de la Parole de Dieu, plusieurs ont, sans doute, observé l’analogie qui existe entre le Livre de Josué et les Épîtres aux Éphésiens et aux Colossiens. Le but des articles qui vont suivre, s’il plaît à Dieu, est de signaler cette analogie et d’engager ainsi le lecteur à sonder plus profondément les vérités, auxquelles le livre de Josué sert, en quelque sorte, d’illustration.
« Or toutes ces choses leur arrivèrent comme types, et elles ont été écrites pour nous servir d’avertissement, à nous que les fins des siècles ont atteints » (1 Corinthiens 10:11).
Il est, je crois, généralement admis que le livre de Josué se divise en deux sections. La première, chapitres 1 à 12, nous donne le récit de la conquête du pays de Canaan ; la seconde, chapitres 13 à 24, celui de la répartition de ce pays entre les tribus.
La première section commence par une exhortation à se mettre en possession ; puis après cette déclaration : « Le pays fut tranquille, sans guerre », elle se termine par une récapitulation des conquêtes et des victoires. La seconde section commence par cette parole de l’Éternel : « Il reste encore un fort grand pays à posséder », et elle se clôt par les graves avertissements que Josué adresse au peuple et par le récit de sa mort.
La première division est tout empreinte d’une divine énergie. C’est la puissance dans le Seigneur et dans le pouvoir de sa force, les chutes qui y sont rapportées sont des chutes en action. Ce qui caractérise principalement la seconde, c’est l’inaction, et, en elle-même, l’inaction est un manquement ; cependant, là même, on rencontre encore des exemples de zèle pour le Seigneur. Ces hauts et ces bas ne nous retracent que trop l’histoire de toutes les époques dans lesquelles le peuple de Dieu a été placé sous la responsabilité de maintenir sa position ; hélas ! ceux qui en sont là, après avoir commencé leur course pleins de zèle, de renoncement et d’ardeur confiante, se sont souvent relâchés en s’abandonnant à un repos prématuré ; puis, par une conséquence nécessaire, ils sont devenus indifférents et mondains.
Si, à cet état d’indifférence se joint un esprit de confiance en soi-même, le relèvement, s’il a lieu, ne peut être que le résultat de l’œuvre de Dieu par le moyen de la discipline.
Puissions-nous recevoir, de manière à en être encouragés, les sains enseignements que renferme ce Livre — et qui sont particulièrement convenables à nos temps de tiédeur et de recherche du bien-être ici-bas.
« Moïse, mon serviteur, est mort ; et maintenant, lève-toi » (Josué 1:2).
Dieu dans sa sagesse, a voulu que les histoires bibliques de plusieurs saints hommes de jadis nous présentent Christ sous des types variés.
Moïse figure Jésus retirant son peuple hors du pays de la condamnation ; tandis que Moïse, joint à Aaron, représente Jésus Christ conduisant son peuple à travers le désert de ce monde. Il ne fut pas permis à Moïse d’introduire Israël en Canaan ; mais Josué, qui typifie le Seigneur Jésus Christ comme le Capitaine de notre salut, fut désigné pour ce service.
Dans le livre que nous méditons, Moïse, ou « le tiré dehors », serviteur de l’Éternel, choisi pour faire sortir son peuple de l’Égypte, avait disparu de la scène. L’Éternel l’avait enterré, en cachant le lieu de son sépulcre jusqu’à ce jour (Deut. 34:6).
Josué prend sa place, et son nom est aussi significatif. À l’origine il s’appelait Osée « Délivrance » (Nb. 13:9 ; Deut. 32:44). Il fut un des douze espions envoyés en Canaan, et c’est alors que son nom fut changé. « Moïse appela Osée, fils de Nun, Josué » (*), qui en grec se traduit par Jésus (voir Héb. 4:8) et qui signifie « la délivrance, ou le salut de Dieu ». Ce changement ajouta quelque chose de précieux au nom du fils de Nun : il devait lui rappeler, à lui et à ses compagnons qu’il n’y a qu’une seule délivrance efficace : seul avec Caleb, il échappa à la sentence de mort prononcée contre les hommes d’Israël.
Moïse était mort, et Josué était le conducteur, divinement établi, d’Israël ; aussi, pour les Israélites, le sentier de l’obéissance et de la bénédiction consistait à suivre leur nouveau capitaine.
Les enseignements du livre de Josué, considéré spirituellement, se rapportent à la vocation céleste du chrétien. Là, sous la conduite de son Seigneur ressuscité, le chrétien peut se voir lui-même. « Si donc vous avez été ressuscités avec Christ, cherchez les choses qui sont en haut » (Col. 3:1).
(*) En hébreu, Josuah ou Jéhosuah (voir Zach. 3)
« Moïse, mon serviteur, est mort ; et maintenant lève-toi, passe ce Jourdain, toi et tout ce peuple, pour entrer dans le pays que je leur donne, à eux, les fils d’Israël.
Tout lieu que foulera la plante de votre pied, je vous l’ai donné, comme j’ai dit à Moïse. Vos frontières seront depuis le désert et ce Liban jusqu’au grand fleuve, le fleuve Euphrate, tout le pays des Héthiens, et jusqu’à la grande mer, vers le soleil couchant.
Personne ne tiendra devant toi, tous les jours de ta vie ; comme j’ai été avec Moïse, ainsi je serai avec toi : je ne te laisserai point, et je ne t’abandonnerai point.
Fortifie-toi et sois ferme, car toi tu feras hériter à ce peuple le pays que j’ai juré à leurs pères de leur donner.
Seulement fortifie-toi et sois très ferme, pour prendre garde à faire selon toute la loi que Moïse, mon serviteur, t’a commandée; ne t’en écarte ni à droite ni à gauche, afin que tu prospères partout où tu iras. Que ce livre de la loi ne s’éloigne pas de ta bouche, et médite-le jour et nuit, afin que tu prennes garde à faire selon tout ce qui y est écrit ; car alors tu feras réussir tes voies, et alors tu prospéreras.
Ne t’ai-je pas commandé :
Fortifie-toi et sois ferme ? ne te laisse point terrifier, et ne sois point effrayé ; car l’Éternel, ton Dieu, est avec toi partout où tu iras » (Josué 1:2-9).
C’est un principe invariable, que les exhortations des Écritures sont basées sur la grâce.
Dieu est le Dieu de toute grâce ; aussi, quand Il exhorte ses serviteurs à faire quelque chose, Il leur donne la force de le faire.
Il n’est peut-être aucune portion de la parole de Dieu qui témoigne d’une plus grande grâce, que ses exhortations ; car leur but est d’amener ses rachetés plus près de lui, et de les faire entrer plus profondément dans la connaissance et la jouissance de leurs privilèges.
L’impressionnante exhortation que nous venons de lire est fondée sur ce fait, que le pays appartient aux fils d’Israël selon la promesse ; et parce que Dieu leur a donné le pays, il dit ou ordonne : « Lève-toi, et possède-le ».
Quand cette exhortation est prononcée, les Israélites, par la grâce souveraine, la miséricorde et le long support de l’Éternel, étaient amenés aux limites mêmes de la terre de la promesse. Ses beautés et ses richesses s’étendaient sous leurs yeux de l’autre côté du Jourdain : les champs de blé, les oliviers, les vignes, et les montagnes desquelles ils « tailleraient l’airain » (Deutéronome 8:9). Déjà, par anticipation, « les ruisseaux d’eau, les sources et les eaux profondes, qui sourdent dans les vallées et dans les montagnes », sont à eux ; une seule chose est encore requise pour qu’ils puissent jouir, chacun de son lot : il faut qu’ils se « lèvent » et prennent possession. C’était le temps de la moisson — l’époque de la riche abondance des biens de la terre — et le Jourdain (c’est-à-dire, en type, la rivière de la mort et du Jugement) menaçait de leur barrer le chemin, car « le Jourdain regorge par-dessus toutes ses rives durant tout le temps de la moisson », Néanmoins la foi se cramponne à la parole du Dieu vivant et, sans tenir compte des difficultés, elle obéit immédiatement à cette parole.
Or, contempler de loin des champs de blé, ce n’était pas en manger les fruits ; porter ses regards sur les montagnes, ce n’était pas en extraire les riches métaux ; et la seule condition que le Seigneur imposait au peuple, c’était que, de fait, il entre et pose le pied sur la terre que Dieu lui avait donnée.
Oh ! il est vrai que, relativement à nos privilèges spirituels, ce qu’on pourrait appeler une connaissance géographique de la vérité de Dieu, ou l’habileté à faire comme des cartes de doctrines ou de dispensations, — tout cela n’est pas une vraie possession. La possession réelle devient l’apanage de ceux qui, pas à pas, par des efforts individuels, se sont rendus maîtres du terrain ; et c’est à eux qu’est faite la promesse : « Tout lieu que foulera la plante de votre pied, je vous l’ai donné ».
Dans le but de stimuler les enfants d’Israël à conquérir leur possession, l’Éternel, dans sa grâce, leur promet sa présence, sa force et son secours dans le combat. Le Seigneur n’avait pas oublié les craintes qu’ils avaient eues au retour des espions d’Eshcol. Il savait qu’il y avait encore des fils d’Anak dans le pays, et que le pays contenait plusieurs grandes villes fortifiées jusqu’au ciel ; et, dans sa miséricorde, il voulait encourager ses serviteurs, en leur apprenant à mesurer les fils d’Anak à la force de l’Éternel, au lieu de les comparer avec leur propre force, et à mesurer les cités fortifiées par comparaison à sa puissance à Lui, et non à la nature imparfaite de leurs armes de guerre. La force, que l’Éternel désirait voir en son peuple, était la force de la main pour saisir et retenir fermement, et celle des genoux pour que le combattant ne soit pas abattu.
Et nous, chrétiens, nous sommes exhortés à nous « fortifier dans le Seigneur et dans la puissance de sa force », « car notre lutte n’est pas contre le sang et la chair, mais contre les principautés, contre les autorités, contre les dominateurs de ces ténèbres, contre la puissance spirituelle de méchanceté qui est dans les lieux célestes », et qui sont pour nous ce que les armées de Canaan étaient pour Israël. Or nous ne devons pas nous donner de repos quand il s’agit de vaincre un ennemi, car, « après avoir tout surmonté », nous sommes appelés à « tenir ferme » (Éphésiens 6). La ville fortifiée peut être prise, mais, comme des sentinelles à leurs postes, nous devons demeurer debout et fermes, si nous avons l’espoir et le désir de la conserver.
Dieu, en nous donnant des exhortations et des encouragements, nous avertit des dangers et des difficultés qui nous attendent. Mais, bien-aimés lecteurs, si nous reculons devant la difficulté, rappelons-nous que nous reculons par là même, loin du pays de promesse. Quoi ! est-ce qu’un chrétien restera assis au bord du Jourdain du côté du désert, parce qu’il y a des géants en Canaan ?
Puis, une seconde fois, l’Éternel exhorte son peuple à se fortifier et à être ferme, et cette fois, c’est par le motif qu’ils doivent obéir à sa parole. La moindre déviation de cette parole est formellement interdite. C’est une route droite qu’il faut suivre, un seul pas de côté pourrait égarer tout à fait : « tu ne t’en écarteras ni à droite ni à gauche ». Sa parole ne devait pas s’éloigner de leur bouche : « Il est écrit », voilà ce qui devait décider de tout — elle devait être le sujet de leurs méditations et de jour et de nuit, — leur étude constante. Leur prospérité et leurs succès dépendraient de leur obéissance à la parole de Dieu.
Eh bien, mes frères, ceci nous présente une bonne occasion d’être francs avec nous-mêmes. Pourquoi l’un de nous ne jouit-il pas pleinement de la paix avec Dieu ? Pourquoi l’âme d’un autre est-elle dans la langueur ? Pourquoi un troisième est-il dans le trouble, au lieu d’être joyeux ? Cela vient de ce que l’on ne se conforme pas implicitement à la parole de Dieu, et que l’on s’est écarté du droit chemin qu’elle prescrit.
Une troisième fois, l’Éternel dit : « Fortifie-toi et sois ferme ». La première fois, parce que tout est grâce ; la seconde, parce que la Parole est celle de Dieu ; maintenant c’est parce que sa propre autorité est ce qui nous qualifie comme son peuple. Que le chrétien retienne seulement ferme le fait de la divine autorité de la Parole de Dieu, et aussitôt tout ce qui est purement humain devra céder.
L’exhortation se termine par cette promesse : « L’Éternel, ton Dieu, est avec toi partout où tu iras » ; car il ne serait pas possible d’obéir à ses commandements, si l’on ne jouissait pas de sa présence bénie.
« Et Josué commanda aux officiers du peuple, en disant : Passez par le milieu du camp, et commandez au peuple, disant : Préparez-vous des provisions, car dans trois jours vous passerez ce Jourdain, pour aller prendre possession du pays que l’Éternel, votre Dieu, vous donne pour le posséder » (Josué 1:10, 11).
Après la pressante exhortation qui venait d’être donnée aux fils d’Israël, le commandement de s’arrêter trois jours encore avant de passer le Jourdain présente un contraste avec les voies humaines.
Ils devaient se préparer des provisions, attendre et non pas se précipiter impétueusement en avant. De là vient que, après avoir quitté Sittim, la dernière station de leur route à travers le désert, Josué et tout le peuple viennent camper et s’arrêter sur les bords du Jourdain avant de le passer (Josué 3:1).
Cela nous apprend que l’énergie humaine ne peut ni traverser le fleuve de la mort, ni renverser les remparts des forteresses de ce monde et que, si nous nous sentons poussés à suivre le Seigneur pour quelque œuvre, il faut le suivre dans son temps à Lui aussi bien que selon sa parole. Une simple impulsion n’est pas la foi, et aller en avant avec la seule force de la connaissance que nous avons acquise de la vérité de Dieu, se trouvera souvent n’être qu’une impulsion.
Dieu a son temps à Lui. Il ne se hâte pas, et Il ne veut pas que ses serviteurs agissent avec un zèle charnel, ni dans l’excitation que donne une connaissance récemment acquise. Des actions, bonnes en elles-mêmes, peuvent être faites dans un mauvais moment ; et il serait fort à propos que quelques-uns de ceux qui aiment leur Seigneur, au lieu d’aller en avant sous l’impulsion d’une vérité tout récemment connue, sachent, tout d’abord, attendre leurs trois jours pour la digérer, — pour se l’approprier complètement, par la grâce de l’Esprit Saint. Tant que la vérité de Dieu ne sera pas devenue comme une partie de nous-mêmes, notre faiblesse se trahira bientôt au jour de l’épreuve. Cette connaissance de la parole divine, qui ne pénètre pas profondément dans le cœur, ne soutiendra pas l’âme dans le moment où elle aurait le plus besoin d’être soutenue ; les résultats feront voir qu’une telle connaissance était tout extérieure, et que, par conséquent, elle n’a pu nous être utile. Apprendre d’un autre, comme affaire d’intelligence, une vérité de Dieu, sans en avoir expérimenté la force dans nos âmes, c’est là une connaissance sans puissance.
En tirant cette instruction de cette histoire, n’allons pas pourtant supposer qu’un intervalle de temps soit toujours nécessaire pour accomplir dans l’âme un exercice dont elle a besoin ; car Dieu peut faire et il fait chez les uns, en très peu de temps, une œuvre que, selon son bon plaisir, il n’accomplit chez d’autres que par une leçon plus ou moins prolongée, même pendant toute la vie.
« Par la foi, Rahab, la prostituée, ne périt pas avec ceux qui n’ont pas cru, ayant reçu les espions en paix » (Hébreux 11:31).
Comme le récit tout évangélique qui va nous occuper est bien placé dans l’ordre moral du Livre que nous méditons !
Nous voyons en Rahab un monument de la miséricorde et un exemple pour nous : elle nous apprend que le salut peut toujours atteindre même le premier des pécheurs.
De même que ses concitoyens de Jéricho, Rahab avait ouï parler du jugement qui s’approchait ; comme eux, elle en avait été excessivement effrayée, discernant déjà, dans les Israélites pèlerins, l’armée puissante de l’Éternel. Mais comme le jugement était lent à venir, les hommes orgueilleux de Jéricho, comptant sur un long répit, s’endurcissaient dans leur iniquité. Rahab ne partageait pas leurs pensées et leurs dispositions à ce sujet, car elle profitait de ce délai pour fixer son esprit sur la délivrance. Quand nous voyons des âmes toutes tremblantes un jour, de crainte d’être perdues avec ce monde méchant, et, le lendemain, quand leurs frayeurs se sont dissipées, reprenant et poursuivant leur train d’égarement et de péché, elles nous rappellent le fer qui devient de plus en plus dur en étant chauffé dans la fournaise, au point que, à la fin, c’est à peine si les coups du marteau y laissent une marque ou une empreinte. Mais le jugement viendra, et le pécheur endurci devra le subir, comme ce fut le cas des hommes arrogants de Jéricho.
Suivons les deux espions. Le jugement, dès longtemps dénoncé, est aux portes de la ville ; il y entre avec ses deux hérauts qui sont reçus dans la maison de Rahab. Elle les accueille comme des messagers de miséricorde, tandis que les gens de sa ville, guidés par leur roi, les cherchent pour les faire mourir.
La parole d’en haut est un jugement pour le monde. « Maintenant est le jugement de ce monde » (Jean 12:31) ; mais au pécheur individuellement, le message de Dieu est celui de la délivrance. Pour chaque maison, pour chaque pécheur, auquel s’adresse le héraut de Dieu, la salutation avec laquelle il doit les aborder est : « Paix vous soit », paix par le sang de Christ, et tous ceux qui acceptent le message de Dieu sont sauvés et délivrés de la colère à venir. Malheur donc à ceux qui rejettent le message de la miséricorde de Dieu, car par là ils se ferment la seule porte par laquelle ils pourraient échapper. Ceux qui sentent leur danger et leurs besoins, qui reconnaissent le juste jugement de Dieu sur ce monde rebelle, accueillent ses messagers avec joie. C’est la foi de Rahab qui la sauva, tout comme c’est l’incrédulité des habitants de Jéricho qui fut la cause de leur ruine. « Par la foi, Rahab, la prostituée, ne périt pas avec ceux qui n’ont pas cru, ayant reçu les espions en paix » (Hébreux 11:31).
Pour nous, qui vivons dans ces derniers jours du long support de Dieu, il est très sérieux et fort instructif de regarder en arrière et de contempler la destruction de Jéricho et le salut de Rahab, préservée de cette destruction. Plaçons-nous donc en esprit, avec Rahab et les deux espions, sur le toit en terrasse de la maison de cette femme et, portant nos regards sur tout ce qu’on aperçoit de là, nous pourrons y puiser une leçon qui convient aux temps actuels. Remarquez le développement qu’a pris la cité, ses récents embellissements, ses grandes et hautes murailles et ses portes d’airain. Comme depuis la création du monde, les montagnes sont là à leurs places. Comme auparavant, les vallées sont blanches ou dorées des blés mûrs, les pentes des coteaux sont pourpres de vignes abondantes ; car c’est le temps de la moisson. Le vieux Jourdain coule non loin de là, ses rives sont couvertes par les hautes eaux, comme s’il disait orgueilleusement : Je suis une barrière contre l’approche de l’ennemi. Le soleil, que les Cananéens adorent, calme dans le ciel, descend derrière les montagnes, répandant, comme à l’ordinaire, ses riches splendeurs sur les vallées, et chacun, lui jette des baisers avec la main. Les occupations de la ville : manger de la chair et boire du vin, se marier et donner en mariage, naître et mourir, continuent comme dans toutes les précédentes générations. Les moqueurs dans Jéricho disent : L’histoire d’un jugement commence singulièrement à vieillir : il s’est écoulé quarante longues années depuis qu’on nous racontait que l’Éternel avait desséché les flots de la mer Rouge pour y faire passer le peuple qui prétend posséder notre pays ; il n’y a donc rien à craindre.
Le témoignage de la venue du Seigneur est aussi devenu bien vieux pour le monde. Le Fils de Dieu venant du ciel avec des flammes de feu, et la destruction de l’ordre de choses existant sur la terre, voilà ce qui ne s’accorde guère avec les notions humaines de stabilité et de permanence. « Où est la promesse de sa venue ? Car depuis que les pères se sont endormis, toutes choses demeurent au même état dès le commencement de la création ». « Le jour du Seigneur viendra comme un voleur ; et dans ce jour-là les cieux passeront avec un bruit sifflant, et les éléments embrasés seront dissous ». Cette parole de Dieu fut prononcée il y a plus de dix-huit cents ans. Ne jugez donc pas par la vue, n’ignorez pas volontairement le déluge, ou l’embrasement de Sodome et des villes de la plaine, car, si le jugement est retardé, c’est uniquement par ce motif : « Le Seigneur ne tarde pas pour ce qui concerne la promesse, comme quelques-uns estiment qu’il y a du retardement ; mais il est patient envers nous, ne voulant pas qu’aucun périsse, mais que tous viennent à la repentance » (lisez 2 Pierre 3). Appartenez-vous à la cité de destruction, ou bien attendez-vous du ciel le Fils de Dieu qui nous a délivrés de la colère à venir ? Peu importe dans quelle partie de la ville vous demeurez, peu importe que ce soit dans la rue de la Moralité, ou dans le Quartier Religieux ; peu importe que votre maison soit richement meublée de bonnes œuvres, car si vous êtes du monde, c’est précisément au monde que Dieu a annoncé ses jugements. Les hommes peuvent dire et diront : « Paix et sûreté », mais tandis qu’ils parleront ainsi, il leur surviendra une subite destruction, et ils n’échapperont pas. Les hommes de Jéricho peuvent se railler des Israélites faisant le tour de leurs murailles, jusqu’à ce que, étonnés et confondus, ils périssent dans leur écroulement.
Le cœur de Rahab est plein de confiance, parce que la parole de l’Éternel est une réalité pour elle. Par la foi, elle comprend que les jours de Jéricho sont comptés, que ses progrès et sa prospérité sont à leur terme, et que les dernières minutes de son heure de grâce vont sonner. Les pensées de cette pauvre femme ne sont pas celles de ses concitoyens, son esprit est séparé de sa ville natale, ses espérances de vie sont ailleurs. Dans les deux espions, qui sont avec elle sur le toit, elle voit les messagers de celui qui est « Dieu dans les cieux en haut et sur la terre en bas » ; aussi leur témoignage a plus de puissance sur son âme que celui de toutes les choses extérieures qu’elle peut voir. Elle ouvre et décharge son cœur devant ces hommes et choisit sa part avec le peuple de Dieu, objet de la haine de Jéricho.
Par nature et par sa vie, Rahab était un enfant de colère comme les autres. En commun avec tous les pécheurs de sa ville, elle n’avait aucun droit au salut de Dieu — aucun, mais elle croit et confesse que le jugement du Seigneur était sur elle ; elle reconnaît que le pays, dans lequel elle habite, n’appartient plus à son peuple, mais au peuple de Dieu. « Je sais, dit-elle, que l’Éternel vous a donné ce pays ». Elle connaît et déclare que le jugement qui s’approche est le jugement de l’Éternel : « l’Éternel, votre Dieu, est Dieu dans les cieux en haut, et sur la terre en bas ». Saisie de terreur à la pensée de ce Dieu tout-puissant, qu’avait-elle à faire ? « Qu’il saisisse ma force, qu’il fasse la paix avec moi, qu’il fasse la paix avec moi » (Ésaïe 27:5). Rahab en appelle à la bonté de Dieu. Elle se confie en Lui et réclame sa miséricorde : « Sauve-moi ou je péris », tel semble être son refrain. Ayant la mort autour d’elle, la mort en elle, qu’est-ce qui pouvait la satisfaire, sinon la vie ? Elle dit : « Vous sauverez nos âmes de la mort ».
Peut-être faut-il attribuer aux antécédents de la vie de Rahab le mensonge qu’elle fit aux envoyés du roi. C’est là aussi un sujet de réflexion pour nous. Ne pouvons-nous pas fréquemment observer un mauvais penchant, une habitude immorale ou un défaut de caractère demeurant comme attaché même aux croyants les plus sérieux ? Une vie immorale prolongée garde parfois de ses traces ou de ses allures même après la conversion.
Le signe de vie pour Rahab était en dehors d’elle. C’était le cordon de fil écarlate, au moyen duquel les espions s’étaient échappés de Jéricho, et Dieu agréa ce signe. Sous son abri, il pouvait se trouver bien des craintes anxieuses, ou, peut-être aussi, une grande foi, alors que l’armée faisait le tour de la cité, mais il couvrait tout. Ce cordon écarlate nous parle du sang de Christ, ce précieux « signe » de la faveur de Dieu qui nous montre sa parfaite satisfaction au sujet du péché. Par ce précieux sang, Dieu peut être juste et sauveur, car le sang a répondu à ce qu’Il réclamait au sujet du péché, et a satisfait à ses justes exigences. Aussi maintenant Dieu justifie de toutes choses celui qui croit en son Fils.
Mais, pour sa sécurité, Rahab avait autre chose encore que ce cordon écarlate, elle avait les deux hommes vivants. C’est en vain que le cordon eût été attaché à sa fenêtre, si les deux espions n’étaient pas parvenus à regagner le camp. Ces hommes avaient engagé leurs vies pour la sienne : « Nos vies payeront pour vous » ; leur vie était sa vie. Cela ne nous rappelle-t-il pas ces paroles encourageantes du Sauveur : « Parce que je vis, vous aussi vous vivrez » (Jean 14:19) ? C’est sa vie qui est la vie du croyant, une vie au-dessus des droits et du pouvoir de la mort. Jésus, le Fils de Dieu, est la Vie éternelle. « Celui qui a le Fils a la vie » (1 Jean 5:12). Par la mort de Christ, la vie de l’homme a été judiciairement terminée, et dans la vie de Christ ressuscité et monté au ciel, le plus faible croyant vit. Puissiez-vous, mon cher lecteur, si vous ne l’avez pas fait encore, croire au nom du Fils de Dieu et avoir ainsi la vie éternelle, car en Adam « nous sommes tous des hommes morts ». Nous qui croyons, nous sommes en dehors du jugement du monde ; car, puisque Christ est notre vie, nous n’appartenons plus à la cité de destruction, mais nous sommes du nombre de ceux qui attendent la venue du Seigneur pour nous enlever hors du monde.
Quel bel exemple de sollicitude pour des pécheurs près de périr nous offre Rahab ! Qu’elles sont ardentes ses sollicitations pour son père, sa mère, ses frères, ses sœurs, et tous ceux qui leur appartiennent ! Elle profite du temps qui lui reste pour en amener plusieurs dans sa maison, et aucun d’entre eux ne périt dans la ruine de Jéricho.
Elle était elle-même un témoignage de la miséricorde, et le cordon écarlate à sa fenêtre était la démonstration de sa foi. En montrant ce cordon, elle pouvait dire à ses parents que c’était par ce moyen que les espions avaient quitté la ville, et qu’ils avaient engagé leurs vies pour la sienne, et pour les vies de tous ceux qui demeureraient sous la sauvegarde de ce cordon.
Venons-en maintenant aux vantards incrédules de Jéricho. Les flots du Jourdain se sont arrêtés et amassés en amont, pour laisser passer les armées de Dieu qui environnent la ville, que ses habitants, toujours plus obstinés, ont fermée et barricadée, défendant à chacun d’en sortir ou d’y entrer. L’armée de l’Éternel, obéissant à l’ordre divin, en fait le tour. Sept sacrificateurs sont là devant l’arche avec des trompettes retentissantes, offrant comme une anticipation de « l’année agréable du Seigneur ». Pour les assiégés, c’est un vain et ridicule son qui n’excite que leurs railleries et leur mépris. Quoi ! est-ce que des hommes marchant autour de la ville pendant sept jours peuvent renverser une cité ? Enfin, vient le septième jour, avec ses sept tours de la ville, ses retentissements de trompettes sept fois répétés, avec le plus grand ébranlement du camp, debout « au lever de l’aurore ». C’est le dernier jour où la maison de Rahab pourra servir de refuge ; avant le soir le peuple de Jéricho doit périr.
Tout est silence d’abord ; la ville est entourée ; le chef de l’armée donne le signal, et le peuple pousse des cris de victoire, qui vont déchirer les cœurs des incrédules. Les murailles de Jéricho s’ébranlent et s’écroulent : c’est une subite destruction. L’épée dévore jeunes et vieux, riches et pauvres ; la ville est détruite par le feu ; l’orgueil de Jéricho est anéanti.
Lecteur, écoutez encore une fois cette question : Êtes-vous du monde ? Ce monde est « une cité de perdition ». Contemplez, dans le destin de Jéricho, la fin certaine du monde.
Mais Rahab, où est-elle et qu’est-elle devenue ? Est-elle en sûreté, est-elle sauvée ? Elle était en sûreté, dès l’instant où elle avait cru. Le pécheur est sauvé aussitôt qu’il croit. Est-elle vivante au milieu de la mort ? Oui, la vie lui était assurée, lorsque les espions avaient engagé leurs vies pour la sienne. « Et Josué laissa vivre Rahab, la prostituée, et la maison de son père, et tout ce qui était à elle ; et elle a habité au milieu d’Israël jusqu’à ce jour, parce qu’elle avait caché les messagers que Josué avait envoyés pour explorer Jéricho ».
Mais où trouver un historien capable de décrire ou de raconter la durée de l’habitation de ceux qui entrent dans leur céleste héritage ? « Ils n’en sortiront plus jamais » (Apocalypse 3:12).
« Ils passèrent le fleuve à pied » (Psaume 66:6).
« Qu’avais-tu… Jourdain, pour retourner en arrière ? » (Psaume 114:5).
Le passage du Jourdain par Israël est ordinairement considéré comme une figure de l’entrée du croyant dans le ciel après la mort ; mais nous pensons qu’il y a là plus que cette simple application.
Les enfants d’Israël avaient été, par la Pâque, délivrés du jugement infligé à l’Égypte. Par le passage de la Mer Rouge, la poursuite de Pharaon avait été amenée à son terme, et ils avaient été délivrés de sa puissance. Ils avaient passé à pied sec à travers les flots qui semblaient devoir devenir leur tombe, et là leur persécuteur et son armée avaient été engloutis. Ils étaient affranchis de l’Égypte et de son roi, et placés sur la rive opposée, comme une troupe de pèlerins en route pour Canaan. Mais le passage de la Mer Rouge ne les introduisait pas en Canaan ; cela n’eut lieu que par la traversée du Jourdain.
Avant de passer le fleuve, les Israélites devaient, d’abord, regarder l’arche (3:3) ; et, en second lieu, se sanctifier (3:5).
Dans le désert, si l’arche demeurait sous ses couvertures, le peuple restait dans ses tentes ; si elle marchait en avant, il la suivait. Maintenant qu’ils vont marcher dans un sentier que nul n’a encore foulé, dans un chemin dont ils n’ont aucune connaissance, ils doivent, tout particulièrement, observer les directions de l’arche, « afin que vous connaissiez le chemin par lequel vous devez marcher ; car, leur dit Josué, vous n’avez pas passé par ce chemin ci-devant » (3:4). Cependant, tout en étant invités à regarder l’arche et à la suivre, ils ne devaient pas s’en approcher, mais laisser entre eux et elle une distance déterminée d’au moins deux mille coudées.
En second lieu, ils sont appelés à se sanctifier à cause des « choses merveilleuses » que l’Éternel opérerait au milieu d’eux le lendemain.
L’arche est un type de Christ. Le sentier de la foi est nécessairement toujours nouveau pour le peuple de Dieu, et c’est uniquement en regardant à Jésus que chacun de nous « connaît le chemin par lequel il doit marcher ». Israël ne devait pas se presser trop sur l’arche, et le chrétien doit donner au Seigneur Jésus toute la place qui lui convient, « afin qu’en toutes choses Il tienne, Lui, la première place » (Colossiens 1:18). Il y a une distance selon Dieu entre Lui et les siens. Si les Israélites n’avaient pas laissé un espace suffisant entre eux et l’arche, les premiers rangs auraient empêché ceux qui venaient après de la voir. Le chrétien, de même, doit toujours être placé de manière à voir Christ pleinement, s’il veut marcher dans les voies de Dieu.
Mais comment suivrons-nous Christ ? « Sanctifiez-vous », telle est la parole que Dieu adresse à Israël, et combien plus encore à nous ! En effet, peut-on suivre le Seigneur autrement qu’en marchant sur de saintes traces ? Impossible de s’approcher des « choses merveilleuses » de Dieu, autrement que comme Moïse s’approcha du buisson ardent. Comment donc nous sanctifierons-nous ? Notre sanctification parfaite, c’est Christ, qui « nous a été fait… de la part de Dieu… sainteté » (1 Corinthiens 1:30). Ce n’est qu’en Christ que nous trouvons la force nécessaire pour nous séparer du mal. Plus nous méditerons attentivement sur la sanctification cérémonielle des Juifs, plus nous nous convaincrons que, dans tous ses détails, elle avait rapport à Christ.
L’arche de l’Éternel, au passage du Jourdain, est appelée « l’arche de l’alliance du Seigneur de toute la terre » (3:11). Or, le Seigneur Jésus dit : « Toute autorité m’a été donnée dans le ciel et sur la terre » (Matthieu 28:18) car « le Père lui avait mis toutes choses entre les mains » (Jean 13:3).
Le fleuve du Jourdain barrait l’entrée de Canaan à Israël. Nul moyen selon Dieu d’entrer dans ce pays de promesse, si ce n’est à travers cette rivière. Israël en atteignit les bords au temps de la moisson, alors que « le Jourdain regorge par-dessus tous ses bords » ; le courant débordant était changé en un torrent impétueux, déversant ses eaux surabondantes sur la vallée. Nous pouvons nous figurer les troupes d’Israël, hommes de guerre, femmes, vieillards eu enfants, accumulées près de ses rives ; représentons-nous aussi l’arche de l’Éternel, portée par les sacrificateurs, à deux mille coudées en avant de l’armée. Tous les yeux sont fixés sur cette arche, car tous sont pleinement persuadés que, s’ils doivent posséder Canaan, ce ne peut être que par le moyen de l’arche. Assurément, il n’y a personne, dans cette immense multitude, qui doute de la puissance de Dieu ; au contraire, ils sont plutôt dans l’attente de voir ses « merveilles » opérées devant eux.
Ainsi au moment où « ceux qui portaient l’arche arrivèrent au Jourdain, et que les pieds des sacrificateurs qui portaient l’arche trempèrent au bord de l’eau… les eaux qui descendaient d’en haut s’arrêtèrent ; elles s’élevèrent en un monceau très loin, près d’Adam, ville qui est à côté de Tsarthan ; et celles qui descendaient à la mer de la plaine, la mer Salée, s’écoulèrent complètement ». Dans la mer Morte, la Rivière de la Mort fut engloutie ; et le flot menaçant des eaux impétueuses s’arrêta en amont, s’élevant comme un monceau devant l’arche de l’Éternel. Y avait-il dans toute cette foule un seul cœur qui craigne que les ondes enflées du Jourdain le noient ? Avant qu’une seule goutte de ces ondes ne touche le plus faible des fils d’Israël, il fallait que l’arche de Dieu soit entraînée.
« Jusqu’à ce que toute la nation eût achevé de passer le Jourdain », l’arche se tint au milieu devant les flots amoncelés ; mais aussitôt que « les plantes des pieds des sacrificateurs se retirèrent sur le sec, les eaux du Jourdain retournèrent en leur lieu, et coulèrent par-dessus tous ses bords comme auparavant » (4:18). Nous avons encore ici une figure du Seigneur, retenant l’exécution du jugement jusqu’à ce que son peuple ait été recueilli dans le lieu préparé par Christ. C’est là une bien sérieuse pensée pour celui qui ne connaît pas Jésus-Christ comme le Seul qui sauve et qui délivre de la condamnation. Croyez-le bien : les flots du jugement longtemps retenus fondront un jour sur cette terre avec une violence irrésistible, et si le dernier de l’armée de Dieu passe devant vous et que vous soyez laissé en arrière, comment pourrez-vous trouver accès au-delà dans le séjour de l’amour et de la lumière ? Que Dieu, dans sa grâce, vous donne, cher lecteur, de vous hâter de passer pendant que le chemin est encore ouvert !
Dieu interdit à Israël toute autre route à travers le Jourdain, sauf celle que son arche avait ouverte. Trente-huit ans auparavant, en suivant leur propre volonté, les fils d’Israël avaient essayé de forcer l’entrée de Canaan par les armes ; leur audacieuse incrédulité dans cette tentative avait été vaine, ils avaient été battus et repoussés ; maintenant le Seigneur leur montrait que sa voie ne peut être suivie que dans la force découlant de l’arche. Or, si un Israélite ne pouvait pas gagner l’héritage terrestre par sa propre force, comment le pécheur pourrait-il gagner le ciel par ses propres efforts ?
Comme un Jourdain, la mort borne le désert de ce monde, à travers lequel les hommes sont en voyage, et il n’y a ni gué, ni bac, ni pont pour traverser ce torrent. Tôt ou tard, chacun des fils des hommes doit arriver au bord de la rivière, mais aucun d’eux n’entrera dans le séjour de la vie, au-delà de la mort, si ce n’est, par le chemin que Dieu lui-même a choisi.
De même que dans la figure qui nous occupe, la course d’Israël, comme pèlerins murmurants et incrédules, finissait au Jourdain, ainsi notre histoire, comme hommes dans la chair, se termine, aux yeux de Dieu, dans la mort de son Fils. Dans la grâce et la puissance de Dieu, ce que le Fils a accompli, Il l’a accompli pour tous les élus et pour chacun d’eux. Le Seigneur et ses rachetés sont « identifiés avec lui dans la ressemblance de sa mort » (Rom. 6:5). Ils occupent la même place ; nous sommes « morts avec Christ ». C’est une grande joie pour le croyant de réaliser cette vérité ou plutôt ce fait ; car quand nous savons que, aux yeux de Dieu, nous sommes judiciairement morts, et qu’il nous considère, non plus dans notre état naturel, mais dans son Fils seulement, nos doutes et nos craintes sont dissipés, et nous sommes rendus capables de nous « tenir nous-mêmes pour morts au péché, mais pour vivants à Dieu dans le Christ Jésus » (Romains 6).
La même puissance, qui conduisait à pied sec les sacrificateurs portant l’arche à travers la rivière, agissait de même pour le passage du dernier homme de l’armée. L’arche et le peuple étaient identifiés. Christ est descendu dans la mort et l’a dépouillée de sa puissance, comme l’arche de l’Éternel tarissait les eaux du Jourdain ; et c’est par Lui que tout fidèle entre dans le séjour céleste. Si nous avons été identifiés avec Christ dans la ressemblance de sa mort, nous le serons aussi dans la ressemblance de sa résurrection » (Rom. 6:5). Nous sommes unis à Lui dans sa vie. Parce qu’Il vit, nous aussi nous vivons. « Nous sommes sauvés par sa vie » (Romains 5:10). « Vous êtes morts, et votre vie est cachée avec Christ en Dieu » (Colossiens 3:3). Christ, notre arche, a conduit son peuple en sûreté, à travers le fleuve de la mort, dans la terre promise. En Christ, le croyant est, en esprit, de l’autre côté du Jourdain, en repos en Canaan. « Béni soit le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus-Christ, qui nous a bénis de toute bénédiction spirituelle dans les lieux célestes en Christ » (Éphésiens 1:3).
Il peut être, bon et instructif pour nous de rapprocher et de comparer les trois grands Symboles de la Pâque, de la Mer Rouge et du Jourdain.
La nuit de la Pâque met sous nos yeux l’œuvre de Christ, comme l’Agneau sans tache, dont le sang précieux a répondu à toutes les exigences de la justice contre nous, et « nous délivre de la colère qui vient » (1 Thessaloniciens 1:10).
La nuit de la Mer Rouge nous montre l’œuvre glorieuse de Dieu qui délivre son peuple de la puissance de Satan. Pharaon, s’il avait pu, aurait arraché des mains de l’Éternel, Israël racheté par le sang ; il fit tous ses efforts dans ce but. Mais quand le matin approcha, l’Éternel regarda, à travers la colonne de nuée et de feu, le persécuteur et son armée, lesquels s’écrièrent : « Fuyons devant Israël, car l’Éternel combat pour eux contre les Égyptiens ». Alors la mer retourna à son ancien lit et retomba sur eux. « Il n’en resta pas même un seul » (Exode 14:25, 28). Ainsi, par la puissance de l’Éternel, les six cent mille hommes d’Israël passèrent à pied sec à travers la mer, et chantèrent sur l’autre rivage : « L’Éternel s’est hautement élevé », les femmes répondaient à ce chant avec des tambourins et des danses. Il y a là plus encore qu’un cantique de délivrance, car, par la foi, attribuant toute l’œuvre de leur affranchissement à l’Éternel, ils s’expriment comme s’ils étaient déjà en Canaan : « Tu as conduit par ta bonté ce peuple que tu as racheté ; tu l’as guidé par ta force jusqu’à la demeure de ta sainteté » (Exode 15:13).
Quand le Seigneur Jésus ressuscita d’entre les morts, la puissance de Satan, le persécuteur de l’Église, fut détruite. Depuis ce matin triomphant, l’hymne de la victoire a été chanté par tous ceux qui ont eu le bonheur de connaître Jésus comme leur Libérateur. Puis, par la foi, tout fidèle devrait savoir, non seulement qu’il est racheté, mais que, malgré le désert qui l’en sépare encore, il est, par la force de Dieu, amené dans les lieux célestes — « la demeure de la sainteté » de son Père.
Quand les Israélites commencèrent à marcher dans le désert, leur grande foi fit place à l’incrédulité. Leurs ennemis, il est vrai, étaient morts, mais le moi était dans toute son activité ; ils devinrent si occupés d’eux-mêmes, qu’ils en oublièrent leur grande délivrance et leur chant de triomphe au bord de la Mer Rouge.
Ils atteignirent le Jourdain au matin, et ils le passèrent en plein jour. Il n’est pas question de cris de victoire dans ce passage, — ni de tambourins, ni de danses : un silence solennel paraît régner sur eux tous, en regardant l’arche de l’Éternel descendre pour eux dans le lit du fleuve.
Une claire intelligence de cette scène nous apprend la mort au moi et la vie en Christ. Nous y apprenons que le même tout-puissant Sauveur, qui répandit son précieux sang pour de pauvres esclaves de Satan, et qui, par sa force, détruisit leurs ennemis, les a, dans la puissance de sa vie, amenés dans les lieux célestes. Il est réellement heureux de réaliser, par l’enseignement du Saint-Esprit, la grandeur de l’œuvre de Christ en faveur de son Église, telle qu’elle est figurée dans le passage de la Mer Rouge, et notre position en Christ, telle qu’elle est exprimée dans le passage du Jourdain.
Avant ce passage, l’Éternel avait dit à Josué : « Aujourd’hui je commencerai à t’élever aux yeux de tout Israël » (3:7) ; et quand le Jourdain fut traversé : « En ce jour-là l’Éternel éleva Josué aux yeux de tout Israël, et ils le craignirent comme ils avaient craint Moïse, tous les jours de sa vie » (ch. 4:14).
Dieu le Père a magnifié Jésus comme le Vainqueur de la mort, et le Seigneur n’est jamais entièrement honoré par les siens, tant qu’ils n’ont pas compris la grandeur de son œuvre en résurrection.
Quand tout le peuple eut traversé le Jourdain, l’Éternel donna cet ordre à Josué : « Prenez d’entre le peuple douze hommes, un homme de chaque tribu, et commandez-leur disant : Enlevez d’ici, du milieu du Jourdain, de là où se sont tenus les pieds des sacrificateurs, douze pierres ; et vous les transporterez avec vous, et vous les poserez dans le lieu où vous passerez cette nuit » (4:3).
Ces douze pierres représentaient tout le peuple d’Israël, une pierre pour chaque tribu ; étant sorties des profondeurs du Jourdain, elles parlaient de l’œuvre de Dieu qui, par son arche, avait conduit le peuple au-delà de ce fleuve. Ces pierres furent dressées dans le pays, comme un signe que tout Israël n’était qu’une seule famille — que les douze tribus étaient un seul peuple de l’Éternel : un signe aussi (alors qu’elles furent dressées en Canaan) que c’était là que l’union manifestée des tribus était réalisée. Deux tribus et demie avaient pu choisir leur territoire en deçà du Jourdain du côté du désert — elles pouvaient ainsi n’avoir pas atteint la plénitude de bénédiction que le pays de promesse leur offrait ; néanmoins leurs pierres étaient élevées dans ce pays de promesse et, malgré la faiblesse de leur foi, elles ne faisaient qu’un avec leurs frères en Canaan.
Israël était constitué, en une unité qui fut manifestée en Canaan ; l’Église est un seul corps qui sera manifesté comme tel dans les lieux célestes (Jean 17:22, 23). Dieu ne reconnaît en elle ni tribus, ni divisions, ni Juif, ni Gentil. « Il nous a vivifiés avec Christ… et nous a ressuscités ensemble, et nous a fait asseoir ensemble dans les lieux célestes dans le Christ Jésus » (Éph. 2:5). L’unité est effectuée par le Saint-Esprit, comme résultat de l’œuvre de Christ. En étant membres de son corps, nous sommes membres les uns des autres.
Si quelques membres de l’Église de Dieu (à l’instar des deux tribus et demie d’Israël qui choisirent leur part en dehors de la terre promise) prennent de leur libre choix une position qui, en pratique, est la négation de l’unité du corps, toujours est-il qu’étant unis à Christ, ils font partie de l’assemblée une et indivisible. Il est vrai qu’ils perdent la jouissance de leur partage ; mais ils ne peuvent pas annuler le conseil de Dieu, ni changer son dessein de les bénir. Quoique, sur cette terre, les divisions détruisent la beauté de l’Église de Dieu, cependant, dans la gloire, aucun de ses membres n’y manquera. Quand, par la foi, le chrétien contemple le Corps dans sa divine et céleste beauté, il peut envisager avec calme les divisions de la chrétienté, il peut regarder, sans en être troublé, les schismes qui la déchirent, — car Christ n’est pas divisé, — il peut prendre en pitié la vanité des efforts que l’on fait pour former une union sur la rive du Jourdain du côté du désert, pour ainsi dire ; union qui n’est pas céleste et qui n’est pas basée sur la puissance de la résurrection de Christ.
Les douze hommes, portant sur leurs épaules les pierres prises dans le lit du Jourdain, nous présentent ainsi une image de ce que devrait être la condition des disciples ressuscités du Seigneur, dans leur marche au travers de ce monde. « Portant toujours, partout, dans le corps la mort de Jésus, afin que la vie aussi de Jésus soit manifestée dans notre corps » (2 Corinthiens 4:10). Ces représentants des douze tribus, en foulant la terre de promesse avec ces pierres sur leurs épaules, proclamaient, non pas seulement qu’ils avaient été introduits en Canaan, mais encore de quelle manière ils y étaient entrés. La vie de Jésus n’est pas rendue manifeste en nous, uniquement parce que nous nous disons ressuscités avec Lui ; mais aussi et surtout pour le renoncement au moi, la mort au péché et au monde, par la puissance de la mort du Sauveur.
Ces pierres furent déposées à Guilgal, où elles devinrent « un mémorial aux fils d’Israël à toujours » (4:7) ; or, combien plus la mort et la résurrection du Fils de Dieu devraient être le grand et unique mémorial pour tout chrétien ! « Lorsque dans l’avenir vos fils demanderont disant : Que signifient pour vous ces pierres ? alors vous leur direz que les eaux du Jourdain furent coupées devant l’arche de l’alliance de l’Éternel ; lorsqu’elle passa dans le Jourdain… Israël a passé ce Jourdain à sec, parce que l’Éternel, votre Dieu, sécha les eaux du Jourdain devant vous jusqu’à ce que vous eussiez passé, comme l’Éternel, votre Dieu, a fait à la mer Rouge, qu’il mit à sec devant nous jusqu’à ce que nous eussions passé, afin que tous les peuples de la terre connussent la main de l’Éternel qu’elle est forte ; afin que vous craigniez toujours l’Éternel, votre Dieu » (4:6, 7, 21-24). Ainsi les Israélites devaient répondre à la question : « Que signifient ces pierres-ci ? » laquelle devait tout naturellement s’élever dans les esprits de plusieurs dans les âges à venir. Si quelqu’un nous posait une question analogue relativement à notre salut, nous pourrions hardiment répondre : Christ est mort et Il est ressuscité ; par Lui nous avons passé à pieds secs à travers le fleuve de la mort ; non seulement sa mort et sa résurrection nous ont, pour toujours, délivrés de nos ennemis, mais elles nous ont encore affranchis de notre moi ; et maintenant c’est le partage, à la fois heureux et glorieux de tous ceux qui se confient en l’Agneau qui a été immolé, de rendre témoignage à l’excellente grandeur de la puissance de Dieu envers ceux qui croient. Est-ce que le court espace de dix-huit cents ans a pu altérer pour le peuple de Dieu, le fondement de la foi chrétienne ? Faut-il maintenant d’autres signes, des signes que l’Église primitive eût dédaignés ? C’est, pour tout cœur fidèle, un lamentable fait, que la raison humaine et qu’un organisme religieux d’humaine invention, aient altéré et corrompu le simple et franc témoignage rendu à l’œuvre de Christ. Néanmoins, quoi qu’il en soit de la réponse que les chrétiens donnent aujourd’hui à leurs enfants, le Fils de Dieu crucifié, ressuscité et monté au ciel est et sera toujours le seul fondement de la foi, comme tout pécheur sauvé l’attestera un jour. Puissions-nous être de fidèles témoins pour Dieu dans celle affaire ! (Lisez 1 Corinthiens 15:1-4, 14, 15).
Avant de quitter cette scène de « merveilles » de l’Éternel, notons encore ces paroles : « Josué dressa douze pierres au milieu du Jourdain, à la place où s’étaient tenus les pieds des sacrificateurs qui portaient l’arche de l’alliance, et elles sont là jusqu’à ce jour » (4:9). Le Fils de Dieu, monté au ciel, n’oublie jamais ceux pour lesquels il mourut. Il n’oublie jamais sa mort. Les eaux profondes, dans lesquelles son pied tout-puissant s’est tenu ferme, sont toujours présentes à son souvenir et à celui de son Dieu et Père. Du trône d’en haut, il se rappelle la croix.
Puissions-nous, nous qui, en Lui, avons foulé le chemin merveilleux, dont l’humaine raison ne peut se faire une idée, et qui, en Lui, sommes entrés dans les lieux célestes, tout en jouissant de l’ineffable bénédiction de la vie dans le Fils de Dieu ressuscité et exalté — puissions-nous conserver constamment le souvenir de sa mort, — et, par la puissance du Saint-Esprit, plonger nos regards dans les eaux profondes qu’il a traversées pour nous !
« En ce temps-là l’Éternel dit à Josué : Fais-toi des couteaux de pierre, et circoncis encore une fois les fils d’Israël … Et c’est ici la raison pour laquelle Josué les circoncit : Tout le peuple qui était sorti d’Égypte, les mâles, tous les hommes de guerre, étaient morts dans le désert, en chemin, après être sortis d’Égypte ; car tout le peuple qui était sorti avait bien été circoncis, mais de tout le peuple né dans le désert, en chemin, après être sorti d’Égypte, aucun n’avait été circoncis. Car les fils d’Israël avaient marché dans le désert quarante ans, jusqu’à ce qu’eût péri toute la nation des hommes de guerre sortis d’Égypte, qui n’avaient pas écouté la voix de l’Éternel, auxquels l’Éternel avait juré de ne point leur faire voir le pays que l’Éternel avait juré à leurs pères de nous donner, pays ruisselant de lait et de miel. Et il suscita leurs fils à leur place : ceux-là, Josué les circoncit, car ils étaient incirconcis, parce qu’on ne les avait pas circoncis en chemin…
« Et l’Éternel dit à Josué : Aujourd’hui j’ai roulé de dessus vous l’opprobre de l’Égypte. Et on appela le nom de ce lieu-là Guilgal (roulement) jusqu’à ce jour » (Josué 5:2-9).
« Vous êtes morts, et votre vie est cachée avec Christ en Dieu ; mortifiez donc vos membres qui sont sur la terre » (Colossiens 3:3, 5).
Plus un homme fait de progrès dans la connaissance de Dieu, plus aussi il connaît la grâce. Si nous voulons appliquer à nous-mêmes, dans un sens spirituel, les enseignements que nous donne la circoncision pratiquée dans le pays, il faut que nous laissions à la grâce de Dieu, qui conduisait à la circoncision, toute la place qui lui appartient, et que nous nous rappelions que Dieu demande le dévouement à ceux qui lui appartiennent, parce qu’Il les a amenés, en Christ, à une position de parfaite faveur de sa part ; sans cela, nous tomberions dans l’erreur d’un esprit monacal, offensant pour Dieu, en cherchant à obtenir cette faveur par nos efforts propres.
Est-ce parce qu’il avait observé les ordonnances de Dieu, ou bien est-ce par la puissante grâce de Dieu qu’Israël était entré dans le pays de promesse ? Ils y entrèrent comme un peuple dans l’incirconcision, et par conséquent uniquement par la souveraine grâce de Dieu. Les fils d’Israël étaient circoncis avant qu’une sentence de jugement soit prononcée sur leurs hommes de guerre au désert de Paran, où, ils méprisèrent la grâce de Dieu et durent, en conséquence, errer pendant quarante ans dans le désert (Nombres 14). Pendant ces quarante ans la circoncision fut négligée ; c’est pourquoi Dieu, les considérant comme son peuple, maintenant qu’Il les a introduits dans la terre de promesse, ordonna à Josué de « circoncire de nouveau les fils d’Israël pour la seconde fois ».
Dieu n’avait rien demandé aux Israélites, quant à la circoncision, aussi longtemps qu’ils étaient « en chemin » dans le désert ; mais quand Il les eut amenés dans le pays, alors (« en ce temps-là ») Il exigea la circoncision. Or d’où vient que Dieu n’exigea pas la circoncision des enfants d’Israël, pendant qu’ils marchaient dans le désert ? La scène du désert manifestait leur méfiance à l’égard de Dieu. Pendant qu’ils y étaient, ils doutaient de sa promesse de les amener dans sa terre et n’étaient, par conséquent, pas dans une position qui témoignait d’une entière séparation pour être à Lui, ce que signifiait la circoncision. Mais maintenant qu’ils étaient amenés par la fidélité de Dieu et, on peut le dire, presque malgré eux, dans le pays de promesse, et parce qu’ils étaient là, ne pouvant plus douter, Dieu pouvait réclamer d’eux la circoncision. La grâce les avait délivrés de l’incrédulité de leurs cœurs, la grâce les avait introduits dans le pays, et Dieu pouvait les appeler à une entière proximité de Lui, et en conséquence, à une entière séparation de toutes les autres nations.
Un esprit méfiant est toujours dans l’ignorance du vrai caractère de Dieu et, par là même, il n’est pas moralement qualifié pour une séparation entière pour Dieu ; mais Dieu, nous ayant révélé, par sa grâce, que nous sommes dans les lieux célestes en Christ, attend et demande de nous une séparation pour Lui, correspondant à la liberté à laquelle Il nous a amenés. La grâce connue et réalisée est la seule vraie puissance, capable de produire la séparation du cœur pour être tout entier à Dieu.
« Et c’est ici la raison pour laquelle Josué les circoncit : Tout le peuple qui était sorti d’Égypte, les mâles, tous les hommes de guerre, étaient morts dans le désert, en chemin… Et l’Éternel suscita leurs fils à leur place : ceux-là Josué les circoncit, car ils étaient incirconcis, parce qu’on ne les avait pas circoncis en chemin ».
Une distinction est faite ici entre les hommes de guerre qui étaient sortis d’Égypte et ceux qui avaient grandi dans le désert. Les hommes de guerre sortis d’Égypte avaient été consumés dans le désert, parce qu’ils n’avaient pas obéi à la voix de l’Éternel, relativement à la terre promise (Nombres 14:32, 33). Au désert de Paran, vers Kadès, ils refusèrent de croire à la promesse que Dieu leur avait faite de les amener dans le pays de Canaan ; puis à ce péché d’incrédulité ils ajoutèrent celui de la propre volonté, en décidant eux-mêmes, et malgré les avertissements de Moïse, de monter au pays de la promesse, dans l’énergie d’une chair rebelle. Dieu rejeta ces hommes de guerre et, à leur place, il en suscita d’autres dans le désert, qu’il éleva pour Lui par la discipline.
C’est par une longue et pénible expérience que les Israélites apprirent la mort de leurs hommes de guerre qui étaient sortis d’Égypte ; — l’un après l’autre, pendant quarante dures années, ils déclinèrent et moururent, jusqu’à ce que tous fussent consumés. Ainsi, c’est lentement, très lentement que la force et la vigueur, avec lesquelles nous sommes sortis du monde, diminuent et meurent en nous, à mesure que Dieu nous discipline, nous châtie et nous apprend ce que nous sommes. Cet enseignement ne se fait pas en un jour. C’est une expérience qui dure toute la vie et qui, dans un sens, embrasse les « quarante ans » de notre pèlerinage. Cet enseignement n’en est pas moins béni, car la même main qui consume, suscite ce qui demeure à la place de ce qu’elle flétrit. Partout où Dieu discipline, c’est-à-dire dans le désert de ce monde, Dieu produit dans les siens de nouvelles capacités ; à proportion du moi qui diminue et meurt, la vie de Christ se manifeste. L’opération en est pénible, mais les résultats en sont bénis. Dieu, dans sa grâce, consume notre zèle charnel, afin que sa propre vertu demeure en nous.
La circoncision, pour Israël, était une ordonnance purement charnelle et, comme toutes les ordonnances, elle ne donnait aucune force, ni pour la communion avec Dieu, ni pour le combat avec ses ennemis. C’était un signe indiquant que les enfants d’Israël étaient la famille terrestre de Dieu, et un peuple séparé de tout le reste des hommes. La circoncision, faite sans mains, dont le chrétien est circoncis en Christ, est une séparation du monde pour être à Dieu. Dieu avait amené son peuple d’Israël dans sa propre terre, à Lui, et telle étant leur position devant Lui, il en résultait nécessairement que, pour les mettre en harmonie avec son propre caractère, Il exigeât d’eux cette condition. Il ne pouvait, sans se compromettre, tolérer que son peuple fût semblable au reste de l’humanité. « La sainteté sied à ta maison, ô Éternel ! pour de longs jours » (Psaume 93 :5). C’est un principe de l’Écriture, que plus sont intimes avec Lui-même les relations dans lesquelles Dieu introduit miséricordieusement son peuple, plus aussi devient obligatoire l’appel qu’Il lui adresse de se séparer de tout mal.
Dieu commence par conduire les Israélites, à travers le Jourdain, en Canaan, puis Il leur commande de se faire circoncire. De même qu’ils étaient, par le fleuve du Jourdain, séparés, pour Dieu, de l’Égypte, du désert et de leurs anciens « hommes de guerre », de même le chrétien, par la mort de Christ, est séparé, pour Dieu, du monde et de sa vieille nature, soit dans l’incrédulité, soit dans l’énergie de celle-ci. Et parce que nous avons une nouvelle vie en Christ, il nous est enjoint, dans la puissance de cette vie, de nous tenir nous-mêmes pour morts (Romains 6:11). Quant à la marche et au témoignage du croyant, voici l’ordre que suit la parole de Dieu : « Vous êtes ressuscités » ; « vous êtes morts ». « Si donc vous avez été ressuscités avec Christ, cherchez les choses qui sont en haut… pensez aux choses qui sont en haut » (Col. 3:1). « Vous êtes morts… mortifiez donc » (Col. 3:3, 5). Vous êtes ressuscités ; Christ est votre vie ; de là, la force pour l’énergie céleste. Vous êtes morts ; Christ est mort ; de là, la puissance pour mourir au monde et au moi. Le chrétien est, aux yeux de Dieu, mort à tout ce à quoi Christ mourut ; notre vieil homme a été crucifié avec Christ » (Romains 6:6). Mais, tout en ayant la vie divine, le chrétien a encore la chair en lui. Autrefois il marchait dans les convoitises de la chair ; mais maintenant, étant mort avec Christ, il est exhorté à dépouiller les péchés de la vieille nature, attendu qu’il a « dépouillé le vieil homme avec ses actions », et a « revêtu le nouvel homme qui est renouvelé en connaissance, selon l’image de celui qui l’a créé » (Colossiens 3:9-10). La nature d’Adam est appelée le vieil homme, dont il est dit que le chrétien l’a « dépouillé ». Ceux qui ne sont pas morts avec Christ vivent dans la désobéissance envers Dieu, et sont appelés « les fils de la désobéissance » (Éphésiens 2:2 ; Colossiens 3:6). Ils sont ainsi nommés, parce qu’ils sont les enfants de leur père Adam, l’homme désobéissant.
De même que Dieu avait ordonné aux Israélites, parce qu’ils avaient passé le Jourdain, d’être circoncis, vu que leurs voies d’indifférence dans le désert ne pouvaient plus être tolérées ; ainsi le chrétien, parce qu’il est mort avec Christ au monde et à son vieux moi, est exhorté à mortifier ses membres, qui sont sur la terre, et ses voies mondaines ne lui sont plus permises. Cette mortification, c’est au fond le renoncement à soi-même par la puissance du Saint Esprit. Naturellement, l’homme aime le péché ; il aime son propre chemin et sa propre volonté, qui sont l’essence du péché ; mais celui qui vit en Christ est appelé à mourir à lui-même dans sa marche et sa conduite journalières. Le seul moyen de vivre pour Christ, c’est de mourir à soi-même.
Le Fils de Dieu, vu dans la gloire, tarit, d’un côté, toutes les sources de notre vieille nature, et, de l’autre, il donne de l’énergie à la vie nouvelle. Si donc le chrétien veut vivre en harmonie avec la mesure de grâce dans laquelle il est placé — comme rendu vivant dans un Christ ressuscité, il doit se rappeler qu’il est mort au monde avec Christ. Impossible de se glorifier dans le fait d’être ressuscité avec Christ, à moins que nous ne soyons morts avec Lui. Il n’y aurait point de place pour le chrétien dans les lieux célestes, si Christ n’avait pas été cloué à la croix pour le péché. Jamais les fils d’Israël n’auraient pu demeurer dans les villes du pays de promesse, s’ils n’avaient pas traversé le Fleuve de la Mort.
Le système de doctrine chrétienne qui ne se glorifie que dans « la vie cachée avec Christ de Dieu » et qui ne traite pas le moi comme mort, n’est nullement pratique. Pour être saints pratiquement dans notre marche sur la terre, il faut que nous soyons comme des hommes circoncis — c’est-à-dire, comme des hommes qui, étant morts au monde et, à eux-mêmes par Christ, mortifient leurs membres qui sont sur la terre.
Il ne suffisait nullement aux Israélites de savoir qu’ils avaient traversé le Jourdain, pour jouir des richesses de l’héritage ; car tant que la circoncision n’était pas opérée, ils ne mangeaient d’aucun des fruits de Canaan, et ils n’étaient pas appelés à combattre. De même, nous pouvons être assurés que, aussi longtemps que nous marchons selon la chair, et que nous nous complaisons à nous-mêmes, — il n’y aura pas pour nous de communion avec Dieu, nous ne pourrons pas nous nourrir de Christ ; et, d’un autre côté, il n’y aura point de victoires dans le bon combat, à moins que le moi ne soit assujetti.
Les hommes ont toujours la tendance de donner une prééminence indue à quelque doctrine favorite, et les maux, résultant de cette erreur, se voient partout. Dans ces derniers temps, Dieu, dans sa grâce, a fait connaître à ses rachetés bien des vérités relatives à la vie en Christ et à la vocation céleste de l’Église ; et Satan est activement occupé à essayer d’induire les enfants de Dieu à ne prendre que des portions ou qu’une face de ces vérités, afin qu’il puisse mettre de faux poids dans la balance et, ainsi, tourner la grâce de Dieu en dissolution.
Satan voudrait amener ou laisser les chrétiens, jeunes dans la foi, dans l’atmosphère nuageuse d’une Canaan imaginaire, où il serait permis à la chair d’agir. Dans ce christianisme qi n’est que du vent, il ne peut être question de la circoncision ou mortification de soi-même ; on ne veut rien du résultat pratique d’être mort avec Christ, qui vexe trop la volonté propre. Aussi n’y a-t-il là ni stabilité de l’âme, ni solide dévouement. Un tel croyant est comme l’insecte qui, n’ayant presque que des ailes et point de poids, est entraîné, par le premier orage, loin du jardin fleuri. Lorsque Dieu, par son Esprit, amène un tel homme à la conscience et à la claire intelligence de Sa présence, il s’ensuit une sainte et vigilante abnégation qui contrebalance et fait taire toutes les prétentions d’un christianisme de paroles.
S’il est dangereux et déplorable de laisser son imagination entraîner l’âme, accepter la vérité par la seule intelligence l’est peut-être plus encore. Un chrétien, qui ne reçoit la doctrine de la mort avec Christ, et de la résurrection avec Christ, que dans son entendement, passe de la lumière de la présence de Dieu dans des régions de froideur de mort. S’il pèche, son âme n’est pas travaillée au sujet de son péché ; mais il se borne à dire : « Je suis mort ». Il couvre ses mauvaises voies d’un manteau glacial de doctrine et parfois peut-être s’éloigne-t-il moralement de Dieu au point de dire que son caractère chrétien est de peu de conséquence en comparaison de sa position en Christ. Hélas ! ce ne sont pas des portraits de fantaisie que nous faisons : nous avons vu les fruits délicats de la culture de Dieu rudement foulés aux pieds par des hommes ayant cet état d’esprit. On se glorifiait de la doctrine, mais on ne tenait nul compte des œuvres qui en découlaient. C’est vraiment une pauvre chose que de professer une doctrine seulement en parole ; cela ne vaut guère mieux qu’un brillant clair de lune sur un morne paysage tout blanc de neige : cela ne réjouit pas le cœur et ne réveille aucun désir de demeurer sous son influence.
Si la circoncision, dans sa signification spirituelle, était convenablement appréciée, de tels abus de la vérité de Dieu ne pourraient certes pas trouver place dans le cœur du croyant. Mortifier nos membres n’est pas un exercice agréable et facile. Dire : « Nous sommes morts », ce n’est pas mortifier ; mortifier, c’est abjurer tous les désirs, les penchants et les goûts de notre vieille nature, et cela parce que « nous sommes morts ». « Si par l’Esprit vous faites mourir [ou mortifiez] les actions du corps, vous vivrez » (Romains 8:13).
Le simple fait de l’entrée des enfants d’Israël en Canaan ne les mettait pas en liberté devant Dieu. Ils avaient été introduits dans la terre de promesse par le passage du Jourdain ; mais jusqu’à la circoncision ils ne furent pas déclarés libres de par l’Éternel « Et L’Éternel dit à Josué : Aujourd’hui j’ai roulé de dessus vous l’opprobre d’Égypte ; et on appela ce lieu-là du nom de Guilgal (roulement et par conséquent liberté) jusqu’à ce jour ». Dieu retire son peuple d’Égypte, Il le conduit, à travers le désert, dans le pays de promesse, Il leur ordonne d’être circoncis, après quoi Il déclare qu’Il les a rendus libres.
La liberté que Dieu donne à son peuple est l’œuvre de Dieu et, par conséquent, elle est parfaite. Dieu l’approuve tout à fait et Il y prend plaisir. Le moyen, par lequel Il amène, pas à pas, son peuple à la jouissance de cette liberté, c’est la grâce. Si nous sommes les affranchis du Seigneur, c’est évidemment dans le pays de promesse que nous avons la liberté, car c’est seulement dans la plénitude de la faveur de Dieu que nous pouvons expérimenter qu’Il a roulé de dessus nous l’opprobre de notre servitude.
Or tout croyant en Christ est spirituellement au-delà de la rivière de la mort, et assis dans les lieux célestes, « Tout le peuple a achevé de passer », car Christ est ressuscité. Voici donc une question bien solennelle et propre à sonder le cœur jusqu’au fond, que tout croyant doit se poser à lui-même : Suis-je un des affranchis du Seigneur ? Non seulement ressuscité avec Christ et assis, en Christ, dans les lieux célestes, mais pratiquement délivré de l’amour du monde ? Est-ce que la mort de Christ a sevré du monde mes affections, ou de même qu’Israël convoitait parfois la nourriture de l’Égypte, y a-t-il encore en moi des convoitises pour les attraits du monde ? Dieu lui-même déclare que son peuple est libre ; cette liberté était le résultat de son œuvre, à Lui. Sa main miséricordieuse avait si bien tout opéré pour eux, que non seulement ils avaient traversé le Jourdain et étaient entrés dans le pays de Canaan, mais encore ils avaient été circoncis.
Guilgal est un centre et un foyer de force pour les Israélites durant tous les combats relatés dans le livre que nous étudions. C’est là qu’ils revenaient après chaque victoire et chaque défaite ; c’est là qu’était le camp. De même nous avons besoin de retourner continuellement à notre Guilgal, soit à l’heure de l’affliction, soit aux jours de la prospérité. Si nous désirons marcher dans la fidélité envers le Seigneur, il faut que nous nous hâtions de revenir au lieu secret où se puise la force — à un saint jugement de soi-même dans la présence d’un Sauveur jadis crucifié et maintenant monté au ciel.
On ne saurait trop le répéter, c’est là un principe si profondément important, que Dieu exhorte ses rachetés à se dépouiller de tout le mal qui existe en eux. Il dit : « Vous êtes morts, mortifiez donc vos membres ». Dieu place la mort à notre vieille nature comme le point de départ, tandis que l’homme, dans ses enseignements religieux, exhorte ses semblables à faire mourir la vieille nature, afin qu’un jour ils puissent ainsi obtenir la vie ; ce qui pousse les âmes dans le désespoir. De tels exacteurs sont plus impitoyables que ceux qui frappaient les esclaves en Égypte, quand, la paille leur ayant été ôtée, ils alléguaient l’impossibilité où ils étaient de faire la même quantité de briques. Plus amer est le cri que font monter à Dieu plusieurs de ses bien-aimés : les uns martyrisant leurs corps dans le but de se délivrer de leurs convoitises ; d’autres se torturant dans les pénitences ; d’autres encore se levant avant le jour et ne se livrant au repos que fort tard : tous frappés par leurs tyrans spirituels et aiguillonnés, dans leurs tâches désespérées, par ces mots : Vous êtes des paresseux, des paresseux. Ces pauvres chrétiens font de vains efforts pour détruire la vieille nature, ne sachant pas qu’ils ont été crucifiés avec Christ et qu’ils sont morts ; ils essaient de se mortifier par leur propre force, ignorant la puissance de l’Esprit qui habite en eux. Si PAR L’ESPRIT vous faites mourir les actions du corps, vous vivrez. La chair ne profite de rien (Jean 6:63).
En présence d’un enseignement aussi clair que celui des épîtres aux Colossiens et aux Éphésiens, il y a lieu de s’étonner que ces esclaves spirituels puissent s’assujettir à une telle servitude. Si le croyant n’avait pas une nouvelle nature, il ne pourrait pas être exhorté à se tenir lui-même (c’est-à-dire sa vieille nature) pour mort. Quand le chrétien s’impose le joug d’ordonnances charnelles, il se soumet à un système religieux qui s’adresse à l’âme par les sens — ou par des choses qui flattent la vue, l’odorat, l’ouïe — ce qui évidemment ne vient pas de la foi ni de l’Esprit de Dieu. Si, par la mort de Christ, le chrétien en a fini avec les éléments du monde, s’il est mort à ces éléments, devra-t-il, comme s’il était encore en vie dans ce monde, se soumettre à des ordonnances qui n’affectent que les sens de sa vieille nature : « Ne prends pas, ne goûte pas, ne touche pas ? » Se détournera-t-il de sa Tête glorifiée dans le ciel, de laquelle procède toute nourriture spirituelle, vers ces faibles et misérables éléments, tels que des viandes, des breuvages, des jours de fête, des nouvelles lunes ou des sabbats ? Qui induira le plus faible des affranchis du Seigneur à une humilité volontaire et partant fausse, et au culte des anges ? Cette apparence de sagesse est selon les commandements et les traditions des hommes, et non pas selon Christ.
Les sources de la vie du croyant sont en Dieu et non dans l’homme : cette vérité simple et pourtant bénie (bénie au-delà de toute expression pour ceux qui connaissent, par expérience, quelque peu la puissante action du péché au dedans d’eux), cette vérité est comme une forteresse pour le croyant. Il n’existe pas la moindre relation avec Dieu par les canaux de la vieille nature adamique. Quand Dieu les fit, ces canaux, ils étaient aimables et purs ; et, tels qu’ils étaient à l’origine, ils pouvaient servir aux rapports de l’homme avec Dieu. Mais quand Adam tomba, quand, dans son esprit de désobéissance et d’indépendance, il mangea du fruit défendu — les sources de sa nature furent corrompues et les canaux en furent brisés. Dieu n’a jamais purifié les sources, jamais réparé les canaux. Il les laisse en ruines. Maintenant, c’est du Christ dans le ciel, comme d’une fontaine qui donne la vie, et par le Saint-Esprit, comme canal, que le peuple de Dieu est nourri, soutenu et restauré sur la terre. L’eau du ciel désaltère et entretient la nouvelle nature qu’Il a donnée à ses rachetés ; elle ne communique rien à la vieille nature — elle n’a rien à faire avec elle. Ceux de nos lecteurs qui ont observé les puits creusés sur les pentes des collines d’Italie, lesquels sont alimentés par des sources éloignées, comprendront mieux ce que nous voulons dire. Là, pendant de longs mois d’été, la sécheresse flétrit les vallées, et pour remédier au manque de fruits, les paysans creusent des puits, sur les flancs des collines. Les puits reçoivent l’eau des montagnes élevées vers le ciel, des cimes desquelles la source intarissable répand ses ondes. Les eaux de la source, nous pouvons bien le dire, sont la vie des puits ; et le moyen par lequel l’eau parvient dans les puits est un petit filet d’eau, bien humble en apparence, mais des plus importants. Ce filet arrive du haut des montagnes jusqu’aux puits, projetant de petits canaux dans son cours de haut en bas, et il apporte, avec une constance infaillible, les bienfaits de la source dans les puits inférieurs. Semblable à la source est notre Tête dans le ciel, et semblable au canal est l’Esprit de Dieu, qui rend témoignage de Christ et communique de sa plénitude à ses bien-aimés.
La Parole de Dieu enseigne cette doctrine, et l’expérience de tout enfant de Dieu en atteste la vérité. En appeler à cette expérience, c’est en appeler au témoignage que l’Esprit rend à Christ en chaque racheté. Or, que dit cette voix ? Elle ne parle que de Christ qui est notre Vie, notre Source, notre Force. Rien du moi, ou provenant du moi, ou étant dans le moi, ne nous aide, en aucune mesure, à connaître, à aimer Jésus-Christ, ou à jouir de Lui ; mais, au contraire, c’est quand le moi est perdu de vue, tenu pour mort et oublié, que l’amour de Dieu et la puissance de Dieu remplissent le vase de terre. C’est « nous qui sommes la circoncision, nous qui rendons culte par l’Esprit de Dieu, et qui nous glorifions dans le Christ Jésus et n’avons aucune confiance en la chair » (Philippiens 3:3).
De quoi Dieu veut-il que ses enfants fassent usage pour leur mortification propre ? C’est, nous le croyons, de la croix de Christ. Étant ressuscités avec Lui, nous avons le privilège de pouvoir nous servir du fait qu’Il est mort, comme d’un instrument de séparation d’avec tout ce qui est du moi, de la chair et du monde. La croix a prouvé que notre vieil homme — le moi est judiciairement mort aux yeux de Dieu. « Je suis crucifié avec Christ, et je ne vis plus moi, mais Christ vit en moi ; — et ce que je vis maintenant dans la chair, je le vis dans la foi, la foi au Fils de Dieu, qui m’a aimé et qui s’est livré lui-même pour moi » (Galates 2:20). Quand, par la grâce de Dieu, le croyant réalise qu’il est mort avec Christ, il n’y a plus moyen d’excuser l’inclination du vieil homme à transgresser la volonté de Dieu ; il n’y a plus moyen d’atténuer les œuvres de la chair ou les actes de péché. Et tant qu’il marche avec Dieu dans la puissance de la vie de Celui qui l’a aimé et qui s’est donné lui-même pour lui, il peut, par grâce, combattre, en pratique, les penchants de la chair et les surmonter. L’affection de la chair est toujours inimitié contre Dieu. Le monde qui haïssait le Fils de Dieu est toujours le même monde. Sa religion, ses conducteurs, son peuple, les uns comme les autres, sont opposés à Christ. Mais est-ce que la puissance de la croix a fait défaut dans les cœurs et dans la vie de ceux qui sont morts au monde et vivants à Dieu ?
C’est une vanité que de dire : Nous sommes ressuscités avec Christ, et nous sommes assis ensemble dans les lieux célestes dans le Christ Jésus, si nous marchons ici-bas comme des hommes de la terre. Vous êtes morts ; … mortifiez donc vos membres qui sont sur la terre.
« Les enfants d’Israël campèrent à Guilgal ; et ils célébrèrent la pâque le quatorzième jour du mois, au soir, dans les plaines de Jéricho » (Josué 5:10).
Précisément quarante ans avant le campement des fils d’Israël à Guilgal, ils étaient de pauvres esclaves, opprimés dans la maison de servitude, et Dieu avait déterminé leur entrée en Canaan, de telle manière que la première fête qu’ils y célébrèrent fût le mémorial de leur délivrance.
La pâque et la fête de pâque étaient distinctes ; l’une était la délivrance elle-même, l’autre le mémorial de la délivrance. Dans la première, les Israélites étaient occupés de leur fuite hors de l’Égypte ; dans l’autre, ils méditaient sur les moyens par lesquels Dieu les avait fait sortir.
Maintenant, ils se réjouissaient devant Dieu, comme ils n’avaient pas pu le faire auparavant, parce que, étant en Canaan, ils n’ont plus, comme en Égypte, à craindre l’ange destructeur. De même, pour ceux qui sont dans le Christ Jésus, qui sont passés de la mort à la vie, il n’y a maintenant aucune condamnation. Notre pâque, Christ, a été sacrifiée pour nous. Faisons donc la fête ; méditons avec des cœurs reconnaissants sur notre rançon, et sur l’amour jusqu’à la mort de notre Sauveur. Dieu a donné du repos à notre conscience, et il aime à voir nos affections constamment en exercice. Plus nous contemplerons le sacrifice de Christ, et plus nos cœurs jouiront de la communion avec Dieu le Père.
Si nous n’étions pas passés de la mort à la vie, nous ne pourrions pas nous souvenir de la mort du Seigneur Jésus, et plus nous connaissons la vie éternelle en Christ, plus aussi nous attachons de la valeur à la mort de Christ.
C’était un témoignage aux yeux de Dieu, quand son peuple racheté, qu’Il avait introduit dans sa terre, célébrait la fête de pâque : « Et cela te sera un signe sur ta main, et un mémorial entre tes yeux » (Exode 13:5-10). De même, Dieu est glorifié dans le souvenir de la mort de Christ par ses rachetés, qui sont assis en lui dans les lieux célestes.
Israël, campant à Guilgal, la place de la liberté parfaite, Dieu dressa cette table pour eux en présence de leurs ennemis —— « dans les plaines de Jéricho ».
Mais ce n’était pas tout : « Dès le lendemain de la pâque, ils mangèrent du vieux blé du pays,… et il n’y eut plus de manne pour les fils d’Israël ; et ils mangèrent du cru du pays de Canaan cette année-là » (Josué 5:11, 12). Tant qu’on n’était pas entré dans le pays, on ne pouvait pas manger du blé de la précédente récolte. Ce vieux blé du pays représente le Seigneur Jésus ressuscité d’entre les morts. Ressuscités avec lui, nous sommes entrés en lui dans les lieux célestes, et il est la force de nos âmes. Si nous désirons croître dans l’appréciation de notre héritage céleste, cela ne peut avoir lieu que dans la communion avec le Sauveur monté au ciel. Il est notre céleste objet, et c’est uniquement dans l’intimité avec lui par la grâce et la puissance de l’Esprit, que nous pouvons, en quelque mesure, apprécier les richesses des « choses d’en haut ».
Les besoins journaliers du croyant le poussent vers le Seigneur Jésus, qui fut jadis humilié et rejeté ici-bas. Pour recevoir une grâce appropriée aux difficultés de chaque jour, il faut nous adresser à Jésus qui a lui-même passé par le désert, comme à Celui qui peut nous secourir et nous fortifier, et ainsi nous apprenons à le connaître comme « le pain du ciel », comme la Manne.
Quant à son corps mortel, le croyant est dans le désert ; mais « notre vie est cachée avec Christ en Dieu » ; et tout ce qu’il nous faut pour cette vie se trouve dans la personne de Christ. Nous avons besoin de connaître Christ, soit comme la Manne, soit comme le vieux Blé du pays.
Le pain sans levain est intimement lié à cette fête. « Il ne se verra point chez toi de pain levé, il ne se verra point chez toi de levain, dans toutes tes limites » (Exode 13:7). « Dès le lendemain de la pâque, ils mangèrent du vieux blé du pays, des pains sans levain et du grain rôti, en ce même jour-là » (5:11). Il est impossible à un chrétien de réaliser la présence de Christ, de se nourrir de Lui, si, en même temps, « le mal est doux à sa bouche, et s’il le cache sous sa langue » (Job 20:12). Quand nous avons communion avec Christ, cela aussi se manifeste « le même jour ». C’est pourquoi célébrons la fête « avec des pains sans levain de sincérité et de vérité » (1 Corinthiens 5:8).
Dès ce moment, le pays de Canaan fournit la nourriture à Israël, « ils mangèrent du cru du pays de Canaan cette année-là. » Mais remarquez l’ordre divin : premièrement, le vieux blé, ensuite le cru de la terre : Christ, d’abord, puis la jouissance des choses célestes.
Parmi les lecteurs de ces lignes, en est-il quelqu’un qui soit indifférent aux bénédictions célestes, et sans goût pour les choses du ciel ? Il n’aurait pas encore goûté que le Seigneur est bon ; il se contenterait encore du monde. « L’âme rassasiée foule aux pieds les rayons de miel » (Proverbes 27:7) ; et de même le cœur du mondain se détourne de Christ.
Les fêtes d’Israël se célébraient annuellement, ce n’étaient que de pâles ombres de l’éternelle réalité. Nos fêtes sont éternelles. Notre pâque est une « fête à l’Éternel » à perpétuité ; le blé céleste de notre céleste pays nourrit éternellement.
« Par la foi, les murs de Jéricho tombèrent, après qu’on en eut fait le tour sept jours durant » Hébreux 11:30
Dieu avait accompli bien des faits en faveur des Israélites, avant de pouvoir les employer comme son armée : ainsi, parmi les événements les plus récents, le passage du Jourdain — la circoncision et Guilgal — la pâque et le vieux blé du pays — ont successivement témoigné de cette vérité. Maintenant le peuple sort pour faire la guerre. Tout le pays leur était donné, mais à la condition expresse de le conquérir pied à pied ; c’est pourquoi leur responsabilité d’entrer dans la plénitude de la bénédiction ne pouvait cesser tant que n’avaient pas été subjugués, en Canaan, tous les ennemis, tous les géants, toutes les villes fortifiées. Ce n’est que quand tout cela serait fait qu’ils pourraient se reposer.
Josué, restauré par les fêtes de la pâque et des premiers fruits, s’approche de Jéricho : alors il voit le Chef de l’armée de l’Éternel, avec « son épée nue dans sa main » (5:13). Josué se prosterne pour l’adorer ; puis il apprend de Lui que la ville, son peuple et son roi sont livrés entre les mains d’Israël ; il apprend aussi de quelles armes il doit faire usage dans cette guerre.
Le verset 1 du chapitre 6 a pour but de signaler l’esprit de rigueur et de méfiance qui animait les habitants de Jéricho. Jéricho « était fermée et avait barré ses portes… personne ne sortait, et personne n’entrait ». « Ils n’ont pas cru » (Hébreux 11:31). Hélas ! c’est là un tableau trop fidèle de l’esprit qui dirige aujourd’hui le monde. Est-ce que, oui ou non, nous suivons la marche de la foi, quelque méprisable qu’elle paraisse aux yeux des hommes du monde ? Sommes-nous et nous tenons-nous dans la troupe méprisée de ceux qui sonnent des cors de bélier, ou sommes-nous avec les moqueurs sur les hautes murailles de la cité de destruction ?
En figure, Jéricho est le monde. L’Égypte est aussi une figure du monde, considéré comme « la maison de servitude », de laquelle Dieu délivre et retire le pécheur par le sang de l’Agneau. Jéricho est le monde envisagé comme ville destinée à la perdition, et que le croyant, comme soldat de Christ et dans la puissance de la résurrection de Christ, vient conquérir.
Le Seigneur avait promis la victoire à Israël, dont les armes de guerre consistaient en la foi. « Par la foi, les murs de Jéricho tombèrent ». La foi s’approprie la force de Celui à qui tout est possible, et ainsi « toutes choses sont possibles à celui qui croit » (Marc 9:23). Si les villes sont « fortifiées jusqu’au ciel » (Deutéronome 1:28), Dieu siège sur le trône des cieux. Si les adversaires du croyant sont « les dominateurs des ténèbres de ce siècle » (Éphésiens 6:12), le Seigneur de tous et de tout est sa force. Aussi, quels que soient les ennemis, comme ils sont moins que rien devant le Dieu tout-puissant, le soldat de Christ, s’appuyant sur le Seigneur, s’avance contre eux avec une parfaite assurance. « C’est ici la victoire qui a vaincu le monde, savoir notre foi » (1 Jean 5:4). La main de Dieu n’est point raccourcie, et Il exauce les prières en faveur de son peuple, aujourd’hui encore avec autant de puissance que lorsque, en réponse à la foi d’Israël, les murailles de Jéricho s’écroulèrent ; ceux qui comptent sur Lui pour toutes choses éprouvent, par leurs fréquentes victoires, combien il est agréable à Dieu de voir ses enfants mettre en Lui toute leur confiance, « Celui qui est en vous est plus grand que celui qui est dans le monde » (1 Jean 4:4). Josué donne des ordres pour un jour seulement, quoique l’Éternel eût assigné sept jours à l’œuvre de la foi d’Israël. Le premier jour il dit : « Faites le tour de la ville… une fois », et ainsi leurs pensées devaient être occupées de la victoire finale promise par l’Éternel, et non pas de leur propre marche de ce jour. Laissons les résultats à Dieu. Si nos esprits sont préoccupés des résultats actuels de l’œuvre que Dieu nous a donnée à faire, la foi n’est guère en exercice. Pour le croyant, l’apogée de l’œuvre de la foi, le but auquel nous devrions toujours regarder, c’est la victoire finale, — l’apparition du Seigneur.
Les Israélites eurent à apprendre la patience dans leur œuvre de foi ; car ils devaient marcher sept jours autour de Jéricho — et sept fois de suite le septième jour. S’ils n’avaient pas marché patiemment jusqu’au bout, les murs de Jéricho ne seraient point tombés. De même dans le chemin de l’obéissance chrétienne, il est, pour le soldat de Christ, une septuple ou parfaite épreuve de la foi. Le Seigneur fait souvent passer les siens par la discipline de l’attente, comme Il le faisait avec Israël, afin de produire ou de manifester en eux les qualités d’un bon soldat. « L’épreuve de votre foi produit la patience » (Jacques 1:3).
Outre la foi inébranlable, et la patience, il y avait chez les fils d’Israël de la diligence (zèle). « Josué se leva de bon matin », et, le septième jour, « ils se levèrent dès le matin à l’aube du jour ». Une foi sincère, tout en se reposant calmement sur Dieu, n’est jamais oisive. Plus est grande la foi du soldat de Christ, plus aussi il se mettra avec une vigueur énergique à l’œuvre de son Chef. Mais prenons garde à 1’ordre divin : la foi premièrement, l’énergie ensuite. Hélas ! cet ordre est trop fréquemment renversé ; dans le cas d’une telle énergie, c’est le moi qui est la source de la force, et Dieu est laissé de côté. La foi lie nos âmes à Dieu, et il faut que nous soyons en communion avec Lui pour que la foi puisse agir. C’est de Dieu qu’elle tire toute sa force. Elle est un principe actif et vigoureux, tant qu’elle ne perd pas de vue son objet et, pourtant, en même temps, elle est patiente.
En obéissant à cette parole de Josué : « Vous ne jetterez pas de cris, et vous ne ferez pas entendre votre voix, et il ne sortira pas de votre bouche un seul mot, jusqu’au jour où je vous dirai : Criez ; alors vous crierez », les Israélites marchèrent en faisant le tour de Jéricho, et cet acte exprimait l’obéissance de leurs cœurs. De même, les pensées de Dieu devraient se lire aujourd’hui dans les vies de ses rachetés. Une vie chrétienne est plus persuasive que des sermons et des livres ; et tous, soit jeunes enfants soit pères en Christ, ont part à ce témoignage. Que nul ne dise qu’il est trop faible pour cela, mais qu’il reçoive instruction de l’armée d’Israël, où non seulement les « hommes de guerre », mais aussi l’arrière garde — étaient tenus de faire le tour de la ville.
Le résultat certain de la foi en Dieu, c’est la victoire. En sonnant continuellement, les trompettes proclamaient, en quelque sorte, la victoire des Israélites ou leur triomphe prochain. Le jour du jubilé, il est vrai, ne revint que bien des années après la ruine de Jéricho ; mais les trompettes employées dans cette occasion-ci avaient aussi leur haute signification, c’était comme l’écho de la foi triomphante en face de la cité arrogante de Jéricho. Le Soldat de Christ a, lui aussi maintenant, un chant de victoire — anticipatif de son jubilé (Lév. 25) — et le Seigneur en haut aime à l’entendre résonner. Nous ne devrions pas rester en arrière des éminents hommes de foi des temps passés, car nous savons que tout ce qui s’oppose à Christ, — tout ce qui s’élève contre Christ pour le repousser, toute la puissance du prince et dieu de ce monde, et toutes choses — tout doit être soumis à notre Seigneur. Si nous savions, comme Israël, porter, pour ainsi dire, nos chants et nos louanges sur nos fronts ; si nous disions à nos cœurs : « Croyez à l’Éternel, votre Dieu, et vous serez affermis » (2 Chroniques 20:20), nous aurions davantage de sujets de nous réjouir de victoires remportées. La simple confiance dans le Seigneur commence et termine la lutte avec des actions de grâces ; si nous réalisons que Christ est avec nous, comme Israël portait l’arche en tête de l’armée, il doit y avoir louanges. Plût à Dieu que l’armée du Seigneur présente de nos jours une unité de foi, de patience, de diligence (zèle), d’obéissance et de triomphe, aussi glorieuse que le faisait le peuple d’Israël en faisant le tour de Jéricho ! Plût à Dieu que tout croyant, en vue du jour qui s’approche, obéisse au commandement de son Chef, et monte, que le chemin soit rude ou facile, « chacun devant soi ».
Puissions-nous aussi ne jamais oublier que ce monde est la cité de destruction et, en nous le rappelant, que nous prêtions une sérieuse attention au solennel avertissement, contenu dans la malédiction prononcée par Josué sur celui qui rebâtirait Jéricho !
PROFONDES et poignantes furent les leçons données à Israël par la défaite devant Aï, où le cœur du peuple, naguère fort par la foi, se fondit et devint comme de l’eau, où les cris de victoire firent place aux lamentations.
Au premier verset du chapitre 7, le doigt de Dieu montre la source cachée d’où sort l’affliction. Le mal commence au dedans, les œuvres le manifestent au dehors. « Un cœur abusé l’a détourné » (Ésaïe 44:20). Le croyant qui décline est semblable au noble chêne qui, dans un état de déchéance, conserve l’apparence extérieure de la vie et de la vigueur, longtemps après que sa force soit disparue. C’est seulement dans la lumière que nous pouvons avoir communion avec Dieu. Si les Israélites avaient marché dans la lumière, ils auraient consulté le Seigneur avant la bataille, et se seraient ainsi épargné bien des souffrances. Les fils d’Israël jugèrent par la vue des yeux : « Ils montèrent et explorèrent le pays » ; enflés par leur victoire, ils comptèrent sur leurs propres forces, au lieu de se confier en l’Éternel. « Ne fatigue pas tout le peuple en l’envoyant là ; car ils sont peu nombreux » (7:3). Aussi, quand vient la défaite, le désespoir qui les saisit met au dehors l’état réel de leur cœurs. Les circonstances manifestent toujours ce qui est dans l’homme en montrant sa vraie condition. Lorsqu’une chute grave surprend le croyant qui se confie en lui-même, le désespoir peut aisément s’emparer de lui.
Josué en vient presque à blâmer Dieu de la déroute d’Israël. Dans son amertume il crie : « Hélas ! Seigneur Éternel ! pourquoi donc as-tu fait passer le Jourdain à ce peuple, pour nous livrer en la main de l’Amoréen, pour nous faire périr ? ». Le désespoir provient de l’éloignement de Dieu. Josué voyait déjà Israël comme entièrement retranché, et il va jusqu’à dire : « Et que feras-tu pour ton grand nom ? » Or, de fait, c’était la question même à laquelle la défaite et les hommes tués sur lesquels il pleurait avaient déjà répondu ; et Dieu lui fait connaître qu’Israël a péché, et que Son Nom doit être, coûte que coûte, purifié de toute association avec le mal. Les Israélites avaient pris de l’interdit : ils l’avaient volé, et même ils l’avaient caché.
Quand les serviteurs de Dieu se mettent volontairement en contact avec le mal — quand ils dérobent ce que Dieu a destiné au feu, il y a en eux de la fraude et de la dissimulation. Or, comme « Dieu est lumière, et qu’il n’y a en lui aucunes ténèbres » (1 Jean 1:5), il doit juger de tels serviteurs, soit à cause de « l’interdit », soit parce qu’ils « ne marchent pas honnêtement et comme des enfants du jour ». Est-ce que des enfants de Dieu dont les péchés sont expiés par le sang de Jésus, le Fils bien-aimé de Dieu, peuvent cacher le mal au milieu d’eux, quand Israël, qui s’approchait du Seigneur par le sang des veaux et des boucs, lequel ne pouvait jamais ôter les péchés, était séparé de Lui à cause de l’interdit qui était parmi leurs bagages ?
« Sanctifiez-vous ».
« Il y a de l’anathème au milieu de toi, Israël ! tu ne pourras pas subsister devant tes ennemis, jusqu’à ce que vous ayez ôté l’anathème du milieu de vous ».
Josué s’empressa d’obéir, « il se leva le matin de bonne heure », et conformément à la parole de Dieu, il se mit à faire une enquête pour découvrir le mal. Dieu le lui fit trouver, ce qui réveilla chez le peuple une vive sollicitude pour la gloire du grand nom de l’Éternel. Ils coururent, ils prirent les objets cachés, ils les apportèrent à Josué et à tous les fils d’Israël, et ils les déployèrent devant la face de l’Éternel. Aucun détail du honteux péché qui avait été commis ne demeura caché, car la question pour le peuple était celle-ci : Acan ou l’Éternel. On n’avait rien épargner à Jéricho, comment aurait-on pu épargner l’Israélite qui avait introduit l’interdit de Jéricho dans le camp du Seigneur ? Comme tout Israël était solidaire du déshonneur fait au nom de l’Éternel, tout Israël se réunit pour se purifier de cette souillure : « Tous les Israélites l’assommèrent à coups de pierre et ils les brûlèrent au feu ». Ils élevèrent sur le transgresseur un grand monceau de pierres, car ils ne voulaient pas que le souvenir de l’amère leçon qui leur avait été donnée s’efface de leurs esprits. Aussi « l’Éternel revint de l’ardeur de sa colère ; c’est pourquoi on a appelé le nom ce lieu-là la Vallée d’Acor (du trouble) jusqu’à ce jour ».
Cette vallée d’Acor devint « une porte d’espérance » pour Israël (Osée 2:15) et, béni soit le Dieu de toute grâce, les vallées de trouble sont toujours des portes d’espérance pour le chrétien au cœur brisé et repentant, car « si nous confessons nos péchés, il est fidèle et juste pour nous pardonner nos péchés et nous purifier de toute iniquité » (1 Jean 1:9). La tristesse selon Dieu est toujours salutaire à l’âme. Pleurer sur le mal et le rejeter, c’est le moyen de recouvrer la bénédiction et d’obtenir de nouvelles victoires.
L’interdit lui-même a son instruction pour nous. Le beau manteau venait de Sinhar, la plaine sur laquelle fut construite Babel. Les hommes d’alors, s’éloignant de la lumière, partirent de l’orient, et après avoir quitté leurs lieux élevés — les montagnes où l’arche s’était arrêtée, ils trouvèrent une campagne au pays de Sinhar, où ils s’unirent de cœur et de main dans l’intention de s’acquérir de la réputation en se rendant indépendants de Dieu. C’est là ce qui devint Babel ou Confusion. Hélas ! de nos jours les vêtements de l’apostasie sont non seulement cachés dans les tentes des croyants, mais ils sont portés au grand jour. Et quant à l’argent et à l’or, ils sont toujours pour les enfants de Dieu, un déplorable piège qui les transperce de beaucoup de douleurs.
Israël était maintenant rétabli dans toute la faveur de Dieu, qui leur rappelle les anciennes promesses et qui, dans son immuable fidélité, adresse de nouveau cet encouragement à Josué : « Ne crains point, et ne t’effraie point ». C’est ainsi que le Seigneur amène nos âmes restaurées à la fontaine de sa grâce, et rafraîchit nos cœurs par son amour toujours le même. Mais parce que les fils d’Israël avaient été lâches et avaient dit : « Ne fatigue pas tout le peuple en l’envoyant là », l’Éternel leur ordonne maintenant de se mettre tous en marche : « Prends avec toi tout le peuple de guerre » ; et comme ils s’étaient confiés en leur propre force, ils ont maintenant à subir l’humiliation d’une fuite simulée afin de remporter la victoire.
Il est bon de marcher tranquillement après une chute, car bien que Dieu nous pardonne l’iniquité de notre péché après que nous en ayons fait la confession, il n’en imprime pas moins profondément en nous le sentiment de nos mauvaises voies.
Il y a un encouragement à recevoir aussi en considérant la manière dont le roi d’Aï sortit contre les Israélites restaurés. Il n’aperçut aucune différence en eux, et se précipita plein d’assurance au-devant de son jugement. Les voies de Dieu avec les siens déjouèrent les calculs de leurs ennemis, qui ne voient qu’un combat d’homme contre homme, et laissent Dieu complètement en dehors de leurs combinaisons.
La clef pour l’entière victoire se trouve dans la persévérance de Josué à obéir aux commandements de l’Éternel : « Josué ne retira point sa main qu’il avait étendue avec le javelot, jusqu’à ce qu’on eût entièrement détruit tous les habitants d’Aï » Il nous faut un cœur bien décidé et un esprit de dépendance du Seigneur. Un homme de foi, dévoué de tout cœur, ne peut jamais être satisfait tant que le nom du Seigneur n’est pas glorifié et triomphant. C’est un pauvre soldat de Christ que celui qui, ayant une fois, à l’ordre de son Chef, étendu sa main, la retire en arrière avant que l’objet qu’il avait en vue soit pleinement atteint.
La discipline, subie par les Israélites, produisit des fruits paisibles de justice : ils montrèrent du zèle à obéir à la Parole de Dieu. C’est ce que l’on voit dans l’ordre donné par Josué (8:29) d’enterrer le cadavre du roi d’Aï avant le coucher du soleil, de peur qu’en le laissant sur le bois, la terre ne fût souillée (Deutéronome 21:23). Mais, en outre, ils se rendent maintenant sur les montagnes d’Ébal et de Garizim, où Josué bâtit un autel de pierres sur lesquelles il écrit un double de la Loi.
Le Seigneur, par le moyen de Moïse, avait commandé aux fils d’Israël de dresser ces pierres à leur entrée en Canaan (Deutéronome 27:2-4) ; il avait alors indiqué d’avance les montagnes sur lesquelles ils devaient prononcer les bénédictions et les malédictions, en rapport avec leur obéissance ou leur désobéissance à sa Parole, et leur avait fait connaître, qu’en affichant ainsi les paroles de sa Loi, ils se plaçaient sous son autorité et devenaient pour Lui un peuple de bonne volonté (voir Deutéronome 11:29 ; 27:9, 10).
La foi chez Josué s’affirme en consacrant le premier autel, élevé par les Israélites en Canaan, à « l’Éternel, le Dieu d’Israël ». Cet autel fut construit de pierres intactes, non souillées par des instruments de fer, et qu’aucune main d’homme n’avait taillées. Il servit à offrir des holocaustes et des sacrifices de prospérité ; il n’est pas fait mention de sacrifices pour le péché à faire sur cet autel. Ceux qu’on devait y offrir impliquaient donc que les enfants d’Israël écoutaient la Parole de Dieu comme des adorateurs en communion avec Lui. L’autel fut bâti sur le mont Ébal, où furent prononcés les « Amen », répondant aux malédictions sur les transgressions de la loi.
Ils élevèrent aussi de grandes pierres sur la montagne, les enduisirent de chaux et y écrivirent les paroles de la loi (Deutéronome 27:1, 2). Après quoi, les Lévites entourant l’arche dans la vallée entre les deux collines, Josué lut toutes les paroles de la loi, toutes les tribus d’Israël écoutant sur la pente des monts (Josué 8:33). Les anciens d’Israël, ses officiers et ses juges « les étrangers ainsi que les Israélites de naissance » le petit enfant, le guerrier, hommes, femmes et enfants — tous étaient là. Toute cette immense multitude était réunie, afin que, par de solennels « Amen » prononcés devant Dieu, ils se soumissent à sa Parole et à la responsabilité de l’observer.
Quelle leçon nous donne cette foule assemblée, manifestant ainsi son respect obéissant pour la Parole de Dieu. Hélas ! la Parole de Dieu est trop peu révérée, trop peu observée par son peuple de nos jours. On se permet d’y associer des idées purement humaines ; elle n’est pas toujours l’autorité finale à laquelle on en appelle, ni la force et la nourriture des enfants de Dieu. Leurs « Amen » ne s’élèvent pas toujours de leurs cœurs vers le ciel, quand ils lisent ou entendent les préceptes qu’elle leur adresse.
Les malédictions étaient lues à haute voix par les Lévites, et à mesure que chaque malédiction contre la désobéissance résonnait aux oreilles d’Israël, les centaines de milliers réunis sur le mont Ébal répondaient par d’unanimes « Amen. » Douze fois ils dirent « Amen » aux douze malédictions proférées, et la douzième : « Maudit soit celui qui ne persévère pas dans les paroles de cette loi pour les faire » (Deutéronome 27:25), comprenait toutes les négligences et les transgressions possibles. Les bénédictions furent lues aussi (Josué 8:33-34) ; mais est-ce qu’alors les « Amen » retentissaient du mont Garizim ? L’Écriture n’en dit rien. Elle ne nous rapporte pas un seul « Ainsi soit-il », en réponse aux bénédictions obtenues par l’obéissance de l’homme déchu (lisez Deutéronome 27). Il est bien juste que l’homme acquiesce à « tous les jugements » (Exode 24:3) de la loi de Dieu ; mais tous ceux qui sont et qui demeurent sous la loi, ou sur le principe des œuvres de loi, sont et demeurent sous la malédiction de la loi (Galates 3:10).
La position du chrétien présente un frappant contraste avec celle d’Israël dans cette scène. Par sa mort, Christ a affranchi ses rachetés, car, en Lui, ils sont morts à la loi. Sa croix les a délivrés de la puissance et de la domination de la loi, car la loi n’adresse pas ses prescriptions à des hommes qui sont morts : « Mes frères, vous aussi, vous avez été mis à mort à la loi par le corps de Christ » (Romains 7:4).
L’alliance, écrite sur la chaux, couvrait des pierres. Il y a plus de dix-huit cents ans que l’apôtre Paul disait : « Ce qui devient ancien et qui vieillit est près de disparaître » (Hébreux 8:13) ; mais l’alliance de grâce est immuable et éternelle.
« Si cette première alliance avait été irréprochable, il n’eût jamais été cherché de lieu pour une seconde » (Hébreux 8:7). Mais celle de la grâce est parfaite devant Dieu. Le Seigneur Jésus en est le médiateur, et c’est son précieux sang qui l’a confirmée.
Nos bénédictions ne sont pas confiées à notre propre garde ; mais elles sont sous la sûre et éternelle garde de Dieu notre Père lui-même, qui nous a bénis de toutes bénédictions spirituelles « en Christ » (Éphésiens 1:3).
Ce n’est donc pas sur un Ébal — une montagne de malédiction — que s’élève, comme celui d’Israël, notre autel d’actions de grâces et de culte, car « Christ nous a rachetés de la malédiction de la loi, étant devenu malédiction pour nous » (Galates 3:13).
Mais le contraste s’applique à notre responsabilité aussi bien qu’à nos bénédictions. Dieu requiert de ses serviteurs une sainteté en rapport avec les révélations qu’Il leur donne : ainsi, la mesure de sainteté pour Israël était la loi ; la mesure pour le chrétien, c’est Christ ; attendu que, nos bénédictions étant plus grandes que celles d’Israël, il en est de même de notre responsabilité.
Le chrétien est bien aimé selon la souveraine grâce et il est exhorté à obéir à la vérité parce qu’il est ainsi bien-aimé, non pas de peur que, par sa désobéissance, il ne perde la grâce qui lui est témoignée (comp. Romains 12:1, 2, avec Deutéronome 11:26-28). Ceux qui se disent chrétiens sont, de leur propre aveu, sous l’autorité du Seigneur Jésus, et leur responsabilité est de marcher comme Il a marché. « Celui qui dit qu’il demeure en Lui doit, lui-même aussi, marcher comme Lui a marché » (1 Jean 2:6). Un tel homme se soumet aux préceptes de la Parole, car le chrétien, qui n’obéit pas à la Parole de Dieu, dément son christianisme. « Celui qui dit : Je le connais, et qui ne garde pas ses commandements, est un menteur, et la vérité n’est pas en lui » (1 Jean 2:4). Le « service intelligent » de ceux qui ont été amenés à la plénitude de la bénédiction de Dieu, c’est de livrer leurs corps « en sacrifice vivant, saint, agréable à Dieu ». Précisément parce que leurs péchés sont pardonnés pour l’amour de son nom, il leur convient de rechercher et de faire tout ce qui est agréable aux yeux de Dieu. « Car c’est ici l’amour de Dieu, que nous gardions ses commandements, et ses commandements ne sont pas pénibles » (1 Jean 5:3).
« Et il arriva que, lorsque tous les rois qui étaient en deçà du Jourdain, dans la montagne et dans le pays plat et sur tout le rivage de la grande mer… eurent entendu ces choses, ils se réunirent ensemble pour faire la guerre à Josué et à Israël, d’un commun accord » (Josué 9:1, 2).
Les nouvelles de l’arrivée des fils d’Israël et de leur formelle prise de possession du pays à Ébal et Garizim ravivèrent probablement l’antagonisme de leurs ennemis. Nous savons bien, nous aussi, combien l’inimitié du monde est excitée quand les enfants de Dieu affirment l’autorité de sa Parole, et le droit qu’ils ont à toutes ses promesses.
Quand l’opposition de nos ennemis spirituels s’élève contre nous, elle nous rejette sur le Seigneur pour trouver de la force, et cela nous est bon ; mais s’ils nous abordent, déguisés en anges de lumière, et avec l’Écriture à la bouche, nous sommes en grand danger d’être trompés. C’est là ce qui arriva aux Israélites dans leurs transactions avec les habitants de Gabaon qui, ayant appris la destruction de Jéricho et d’Aï, « agirent avec ruse ». Ils faisaient partie des nations ennemies qui combattaient contre Israël, mais ils prennent pour arme la fourberie au lieu d’une hostilité ouverte.
Les ambassadeurs gabaonites s’introduisent avec de douces et humbles paroles et des flatteries religieuses ; ils font compliment à Israël de la renommée de son Dieu. Il est bien difficile de surmonter une semblable tentation, et tout naturellement ce genre d’honneur est agréable à l’homme. Les principaux du peuple auraient dû immédiatement recourir à l’Éternel, et chercher ses directions ; mais ils commencent par parlementer avec le mal, ce qui ouvre toujours la porte à l’affliction, car lorsque Satan a réussi à se faire écouter par des serviteurs de Dieu, il a gagné beaucoup de terrain. Ève n’en fit que trop l’expérience, et, après elle, tous ses enfants déchus l’ont faite à leur tour. « Résistez au diable, et il s’enfuira de vous » (Jacques 4:7). Les ambassadeurs, en ne parlant que des victoires remportées par Israël de l’autre côté du Jourdain, éludaient l’application de la parole de Dieu à eux-mêmes, sans pourtant en dénier ouvertement l’autorité. Ils faisaient usage de la vérité uniquement pour arriver à leur propre but ; ils ne disaient qu’une partie de la vérité, qu’ils mettaient en avant pour cacher le mensonge qu’ils faisaient en assurant qu’ils venaient d’une contrée fort éloignée. C’est de cette manière que Satan emploie la parole de Dieu, et ses serviteurs savent bien revêtir les apparences de la dévotion et se servir au besoin du langage religieux ; mais aucun d’eux ne se soumet à l’autorité de la parole divine, ni n’expose toute la vérité.
Comme preuves à l’appui de leur dire, les Gabaonites présentaient du pain moisi, des outres à vin crevassées et vides, de vieux sacs, des vêtements usés, et des souliers vieux et rapiécés à leurs pieds. C’étaient leurs moyens de tromper : ces objets tout détériorés n’étaient que les signes caractéristiques de faux ambassadeurs.
Le vrai but des Gabaonites était d’obtenir une alliance avec les fils d’Israël : « Traitez maintenant alliance avec nous ». Grande était la tentation ; Israël était en pays ennemi ; une alliance semblait lui donner de la force, et c’était un soulagement de rencontrer des amis là où l’on n’était entouré que d’adversaires : mais une alliance, dans la position où se trouvait Israël, c’était se confier dans un secours humain ; ce qui était plus dangereux que l’opposition de toutes les forces réunies des puissances du pays. Aussi longtemps que les Israélites avaient résolument combattu contre les armées ennemies, ils en avaient triomphé ; mais l’introduction de l’ennemi dans leur camp était le commencement de l’action d’un levain qui, avec le temps, corromprait le peuple tout entier.
Satan s’efforce de faire former des alliances entre les enfants de Dieu et le monde, tout aussi bien qu’il cherche à les renverser par une opposition décidée. De nos jours, par exemple, il y a moins d’opposition ouverte, et l’on voit bien que le principal piège de l’Ennemi, ce sont les associations avec les infidèles, par lesquelles il n’a eu que trop de succès sur plusieurs, en les abusant et leur faisant quitter leur position d’intégrité et de vigilante dépendance du Seigneur pour le sable mouvant, où ils se sont placés, ou pour le bourbier fangeux où ils enfoncent. Que tout chrétien, qui a à cœur la gloire du saint Nom de son Maître, considère ce qui se passe autour de lui et se demande : Où est l’église ? où est le monde ? N’y a-t-il pas maintenant une alliance entre eux ? puis, qu’il médite ensuite sur Jacques 4:4.
En abordant le peuple d’Israël, les Gabaonites se trouvent dans un lieu saint. Le camp des Israélites avait été purifié par la discipline, parce que Dieu était là, et qu’ils étaient sous la responsabilité de maintenir le saint caractère du camp. La lumière de la sainte parole de Dieu venait de répandre un brillant éclat au milieu d’eux en présence du sacrifice, et elle avait expressément déterminé la conduite qu’ils devaient tenir envers les peuples de Canaan. Les exigences morales de Dieu voulaient que son peuple extermina entièrement de sa terre tous les idolâtres : étant saint, il requérait la sainteté de son peuple. Dieu habitait au milieu d’eux, pouvaient-ils donc impunément s’allier avec les ténèbres ? S’ils croyaient en Dieu, pouvaient-ils avoir communion avec les infidèles ? Toute alliance avec les Cananéens était, en pratique, une dénégation du saint Nom de Dieu, et une transgression de sa parole. C’était une infidélité envers le dépôt sacré que l’Éternel leur avait confié. S’allier avec les Cananéens, c’était, de fait, vouloir se passer de la protection de l’Éternel. Les princes de l’assemblée pouvaient faire la paix, mais c’était une paix avec le mal, et non pas la paix de Dieu.
Si ces chefs du peuple furent induits par tromperie à traiter alliance, cela vint de ce qu’ils ne se soumettaient pas à Dieu, et cela ne fit que rendre l’affaire plus mauvaise. « Ils prirent de leurs provisions ; et ils ne consultèrent point la bouche de l’Éternel ». Si nous commettons des erreurs de jugement, cela vient de ce que notre propre sagesse nous égare, beaucoup plus probablement que de la conscience que nous devrions avoir, que nous n’avons point de sagesse. Si ceux qui dirigeaient le peuple de Dieu s’étaient soumis au Seigneur, Il aurait ouvert leurs yeux et leurs oreilles, de telle sorte que les mensonges du pain moisi et des flatteries religieuses auraient été manifestés.
Comme la confiance du peuple en lui-même leur procura la défaite d’Aï, ainsi la confiance des chefs en eux-mêmes amena l’alliance avec Gabaon. Israël manqua à son devoir de « vouer à l’anathème, » ou de « détruire entièrement » les nations qui, en conséquence, leur enseignèrent « à faire selon toutes leurs abominations » (Deutéronome 20:18). Toute la sagesse de Salomon ne lui servit de rien pour combattre le mal qui se trouvait dans sa maison ; son cœur s’était détourné du Seigneur, et il devint un idolâtre. La connaissance ne sera pas une sauvegarde pour ceux qui transigent avec les injonctions morales de Dieu. Dans un temps tel que le nôtre, où nous sommes tout entourés de l’esprit de compromis, soi-disant libéral, qu’y a-t-il de plus à propos pour le chrétien que le devoir d’obéir à cette exhortation : « Garde-toi pur toi-même » (1 Timothée 5:22) ; et de se conformer rigoureusement aux préceptes de la parole de Dieu, et de fermer la porte de son cœur à toute invitation à l’alliance avec le mal ? Les princes d’Israël auraient paru fort désobligeants en doutant de la sincérité d’ambassadeurs qui se présentaient si paisiblement ; mais : « La sagesse d’en haut est premièrement pure, ensuite paisible » (Jacques 3:17).
Au bout de trois jours de marche les yeux des Israélites furent ouverts, et ils s’aperçurent que le résultat de leur alliance était une perte pour eux. Or, il était trop tard pour recouvrer le terrain qu’ils avaient perdu — trop tard pour se dégager de la position dans laquelle leur esprit d’accommodement les avait amenés. Ils ne pouvaient plus conquérir des villes qui auraient dû leur échoir — ils ne pouvaient plus en chasser les Gabaonites. Et toute l’assemblée murmura contre les princes. De combien de bénédictions les croyants ne se sont-ils pas privés en s’alliant avec le mal ? Combien souvent n’ont-il pas eu à déplorer la présence continuelle de ce qui était devenu une cause d’affaiblissement au lieu d’une force ; — de ce qui contribuait à les égarer loin du Seigneur, au lieu de les aider à suivre ses voies. Aussi, plus de trois siècles après, Israël moissonna des fruits amers de cette alliance ; car Saül, « dans son zèle pour les enfants d’Israël », chercha à exterminer les Gabaonites — prétendant ainsi écarter de sa propre main le châtiment que l’insouciance et la présomption des princes avaient attiré sur le peuple. Dieu en eut du déplaisir et envoya, trois ans de suite, la famine dans le pays (2 Samuel 21). « On ne se moque pas de Dieu, car ce que l’homme sème, il le moissonnera aussi » (Galates 6:7).
L’alliance des Israélites avec Gabaon leur attira de sérieux conflits ; mais la grâce de Dieu eut le dessus, et la victoire la plus remarquable dont il soit fait mention en Josué, en fut le résultat.
Tandis qu’ils étaient au camp de Guilgal, les enfants d’Israël apprirent le dessein des cinq rois des Amorréens. « Josué donc monta de Guilgal, et avec lui tout le peuple qui était propre à la guerre, et tous les hommes forts et vaillants », et l’Éternel dit : « Ne les crains pas, car je les ai livrés en ta main ; pas un d’entre eux ne tiendra devant toi ». Se confiant en cette promesse, « Josué arriva sur eux tout à coup » et, répondant à sa foi, « l’Éternel les mit en déroute devant Israël ». Nous pouvons suivre ici l’ordre des voies miséricordieuses de Dieu envers ses enfants. Il les conduit dans le chemin de l’obéissance, il leur donne des promesses propres à les encourager, les assure de la victoire, leur donne de croire à sa parole fidèle même au milieu des plus grands dangers, et enfin couronne le tout par un plein succès. En vérité, nous pouvons dire : « C’est toi qui prends soin de tout ce qui nous regarde ».
Dans cette journée mémorable de la victoire d’Israël, en réponse à leur foi, l’Éternel détourna les lois de la nature, pour venir en aide à son peuple. Pour leur encouragement, et pour la déroute de leurs ennemis, il montra sa puissance « dans les cieux en haut, et sur la terre en bas » et le soleil et la lune qui étaient adorés comme Baal et Hastaroth (Juges 2:13) s’inclinèrent devant le Tout-puissant. « Car l’Éternel combattait pour les Israélites ».
Une leçon instructive nous est donnée par la seconde victoire à Hébron (v. 23 et 36) Le roi de Hébron était l’un des cinq rois qui avaient été détruits, et son peuple avait été dispersé ; néanmoins nous lisons, pour la seconde fois, que le roi de Hébron fut mis à mort. Dans la rapidité de leur victoire, les Israélites n’avaient pas eu le temps de fouiller toutes les cachettes des fugitifs, dont quelques-uns s’échappèrent, repeuplèrent et refortifièrent Hébron et y établirent un nouveau roi (v. 20). C’est pour cette raison que Hébron dût être conquis une seconde fois.
Dans les combats du chrétien, il ne suffit pas de vaincre et de mettre en déroute l’ennemi ; il faut encore armer la forteresse. Les ennemis spirituels peuvent être défaits, mais ils ne sont nullement détruits. L’ennemi vaincu ne se retire que pour sortir de nouveau et avec une nouvelle énergie de son lieu d’embuscade. Il ne peut donc y avoir de repos ni d’arrêt ; la lutte spirituelle doit avoir lieu sans relâche, sinon les anciennes batailles devront recommencer.
Dans cette campagne aucun habitant n’était épargné ; tout ce qui respirait était totalement détruit au commandement de l’Éternel, le Dieu d’Israël ; les victoires se succédaient très rapidement. « Josué prit donc tout à la fois ces rois-là et leurs pays, parce que l’Éternel, le Dieu d’Israël, combattait pour Israël ». L’obéissance implicite à l’Éternel a eu sa récompense. Et quelle force gagnerait le soldat chrétien, et quelles victoires lui seraient accordées, si, comme Israël dans celle campagne, il ne faisait aucun arrangement avec les ennemis de Dieu, mais obéissait à sa parole, dans la puissance de sa séparation à Dieu !
Les chefs du pays, les cinq rois, s’inclinèrent devant Israël. « Approchez vous », dit Josué aux capitaines qui étaient allés avec lui, « mettez vos pieds sur le cou de ces rois ». Le Seigneur a promis d’écraser Satan sous les pieds de ceux qui sont ses soldats. « Ne craignez point et ne soyez point effrayés ; fortifiez-vous et soyez fermes ; car l’Éternel fera ainsi à tous vos ennemis contre lesquels vous combattez » (10:25).
Après la bataille contre les cinq rois, Israël retourna « en paix » au camp (v. 21). L’Éternel avait protégé chaque combattant individuellement, il les avait gardés et fortifiés, et ramené chacun sain et sauf.
La conquête du pays du Midi étant achevée, Israël, selon sa coutume, retourna au camp, à Guilgal (10:15, 43).
C’est seulement à la place du vrai jugement spirituel que nous pouvons trouver la nouvelle vigueur nécessaire pour les nouveaux conflits qui nous attendent. Dans un sens nous allons à Guilgal tout naturellement après la défaite, mais la nécessité de nous y rendre après la victoire est tout aussi grande, sans cela nous devenons orgueilleux et nous nous confions en nos victoires au lieu de nous confier au Seigneur, car la prospérité engendre d’ordinaire la présomption et amène la négligence. Il serait bon que nous ayons toujours la sagesse de nous rappeler que la chair est morte ; et qu’il nous soit fait la grâce de mortifier nos membres, et d’être ainsi préparés à combattre le combat de la foi.
Les victoires gagnées par les enfants d’Israël furent bientôt suivies de nouveaux conflits, car les rois du Nord s’unirent pour les attaquer. L’Éternel donna de nouvelles forces pour subjuguer ces nouveaux ennemis.
« Ne les crains point ». Ils vinrent donc contre eux « promptement », car, dans le chemin de l’obéissance tout délai amène la faiblesse. L’Éternel commanda à Josué de détruire les chariots et les chevaux en qui les ennemis d’Israël se confiaient, et Josué obéit (11:9). Et si l’Éternel ne veut pas que son peuple s’appuie sur aucun autre bras que le sien, il ne veut pas non plus permettre qu’ils se fassent un centre du siège du gouvernement de leurs ennemis, c’est pourquoi Hatsor la capitale de tous ces royaumes-là fut brûlée. Et cependant dans la chrétienté ces leçons sont oubliées, et il est difficile pour le chrétien individuel d’en accepter les instructions. Il en est bien peu qui reconnaissent en pratique que les armes de notre guerre ne sont point charnelles et, qu’avec Dieu, elles sont puissantes pour abattre les forteresses (2 Cor. 10:4) ; il en est peu aussi qui soient disposés à refuser l’influence et la force que les puissances de ce monde offrent à la chrétienté, et à ne reconnaître d’autre chef qu’un Sauveur ressuscité.
Il ne saurait y avoir de paix entre le bien et le mal, ni d’affinité entre la lumière et les ténèbres. En terminant le récit des guerres d’Israël, d’un côté il est dit : « Il n’y eut aucune ville qui fit la paix avec les enfants d’Israël excepté Gabaon » (11:19) et de l’autre : « Josué fit longtemps la guerre à tous ces rois-là » (11:18).
« Tel qu’est l’homme, telle est sa force » (Juges 8:21). « En ce temps-là aussi Josué vint » (11:21), et les géants de la montagne, les grands hommes qui avaient tant effrayé Israël et Eschol, furent détruits. Ils avaient été la première terreur des Israélites et ils furent les derniers à tomber. La première fois qu’Israël les vit, ils se mesurèrent homme à homme et « voici ils paraissaient auprès d’eux comme des sauterelles » (Nomb. 13:34). Mais maintenant ils avaient appris, par l’expérience de nombreuses victoires, à se reposer sur l’Éternel, à comparer la force des géants avec celle du Tout-Puissant. Quel progrès dans la force de Dieu, dénote cette destruction des Anakim, mais combien d’années durent s’écouler, que de leçons durent être apprises avant d’en arriver à ce résultat ! Et maintenant, les géants étant exterminés, il est parlé de repos.
« Josué donc prit tout le pays, suivant tout ce que l’Éternel avait dit à Moïse, et Josué le donna en héritage à Israël selon leurs distributions, selon leurs tribus. Et le pays se reposa de la guerre » (11:23).
Le caractère de ce repos est toutefois différent de celui mentionné à la fin du chapitre 21. Ici c’est une tranquillité résultant de la soumission du pays « suivant tout ce que l’Éternel avait dit à Moïse », là c’est le repos que l’Éternel avait promis de leur donner selon tout ce qu’Il avait juré à leurs pères. Ici il s’agit d’une tranquillité dont Israël, délivré de ses ennemis, pouvait jouir, mais cela n’implique pas la cessation de toute lutte.
Ainsi, bien que les victoires sur les rois et sur les gouvernements soient énumérées au chapitre 12, il y avait cependant encore au milieu d’eux des restes de ces nations vaincues, qu’il fallait exterminer. Dieu avait laissé à dessein ces ennemis au milieu d’eux ; ils devaient témoigner de la fidélité des enfants d’Israël à qui l’Éternel avait dit qu’après avoir vaincu leurs ennemis, ils devraient avoir en extrême horreur et en extrême abomination les abominations des nations (Deut. 7:22-26).
Il en est de même avec le chrétien. Le Seigneur Jésus a brisé les puissances du mal. Il a vaincu Satan, et ses enfants maintenant doivent détester et repousser les ennemis qu’Il a vaincus, tout en se reposant sur sa complète victoire.
« Car ce n’est point par leur épée qu’ils ont possédé le pays, et ce n’est pas leur bras qui les a sauvés ; car c’est ta droite et ton bras, et la lumière de ta face, parce que tu avais pris ton plaisir en eux » (Ps. 44:3).
La seconde partie du livre de Josué (ch. 13) commence par ces paroles de l’Éternel : « et il reste un très-grand pays à posséder ». Au nord et au sud, au levant et du côté du pays des Sidoniens, l’Éternel voyait des possessions qu’il avait données à Israël, non encore foulées par eux. Il ne voulait pas que son peuple perde la jouissance de ses bénédictions, c’est pourquoi il lui promet de nouveau son secours et déclare, même devant leur indolence : « Je déposséderai moi-même » l’ennemi (13:6). Ce « moi-même » était expressif et aurait dû réveiller Israël. Après cette promesse, l’Éternel dit à Josué : « Maintenant répartis par le sort (ce pays non conquis), en héritage à Israël, comme je te l’ai commandé » (13:6). Ainsi la possession du pays tout entier leur fut assurée de nouveau. Mais l’énergie des Israélites était sur son déclin. Ils s’établissaient dans cette partie du pays de Canaan que leur valeur et leur persévérance leur avaient conquise.
Nous voyons ici que les deux tribus et demie ne réussirent pas à chasser le reste des géants de leur héritage de l’autre côté du Jourdain.
Ainsi donc Israël tout entier semble tombé dans une indolence plus difficile à vaincre que les ennemis qu’il avait subjugués. L’indolence devrait être la constante terreur du chrétien. « Réveille-toi, toi qui dors, et te relève-toi d’entre les morts, et le Christ luira sur toi » (Éph. 5:14).
Si les Israélites avaient pu voir la longueur et la largeur de leur héritage comme Dieu les voyait, auraient-ils pu être si peu empressés à le posséder ? Mais leurs yeux étaient fixés sur ce qu’ils avaient déjà conquis, et ils étaient aveugles pour ce que Dieu tenait en réserve pour eux.
Avec quelle ferveur Paul désire pour tous les croyants : « que leurs cœurs soient consolés, étant unis ensemble dans l’amour et pour toutes les richesses de la pleine certitude d’intelligence, pour la connaissance du mystère de Dieu, dans lequel sont cachés tous les trésors de la sagesse et de la connaissance » (Col. 2:2-3). Et pourtant, bien que la gloire de l’héritage soit au-delà de toute description, qu’y a-t-il de plus difficile que d’amener l’âme à jouir des bénédictions qui sont « encore à venir ? » Il est dangereux de vouloir nous reposer pour jouir de ce que nous avons déjà obtenu, car on ne saurait demeurer stationnaire dans les choses divines. Les Israélites découvrirent leur erreur en reperdant ce qu’ils avaient gagné.
« Pour moi je ne pense pas moi-même d’avoir atteint le but : mais je fais une chose : oubliant les choses qui sont derrière, et tendant avec effort vers celles qui sont devant, je cours droit au but, pour le prix de l’appel céleste de Dieu dans le Christ Jésus ». Voilà l’esprit qui devrait être notre modèle : C’est pourquoi, « nous tous donc qui sommes parfaits (d’âge mûr, hommes faits), ayons ce sentiment » (Phil. 3:13-15).
Le Seigneur prend plus de plaisir à rappeler le zèle de ses enfants que leur indolence, leurs triomphes que leurs défauts. La fidélité de Caleb forme un beau contraste avec l’esprit général qui régnait dans le camp ; et ce n’est pas sans une intention divine qu’il en est fait mention, avant l’énumération des possessions présentes ou futures d’Israël.
L’histoire de Caleb est un exemple de foi, une poignée du plus beau froment ; — son cœur était selon le cœur de Dieu.
Caleb avait été éprouvé au jour de la défaillance. Il était demeuré ferme avec Josué, quand tout Israël abandonnait pratiquement l’Éternel. Lorsque les espions qui l’accompagnaient pour reconnaître la terre promise rapportèrent leurs mauvaises nouvelles, se lamentant de la présence des géants et faisant pleurer tout le peuple, Caleb, lui, ne pensant qu’à l’excellence de l’héritage promis et au plaisir que Dieu prenait en son peuple qu’il avait retiré du pays de l’esclavage, s’écrie de l’abondance de son cœur : « Montons hardiment, et prenons possession du pays, car nous sommes bien capables de le faire » (Nb. 13:31). Son cœur rempli des preuves de la bonté et de la fidélité de Dieu était armé contre l’incrédulité et les murmures. Le secret de l’Éternel est pour ceux qui le craignent ; et Caleb de même que Josué, servait l’Éternel son Dieu en intégrité et en face de la lâcheté et de l’incrédulité des enfants d’Israël, — ennemis plus redoutables que les fils de Anak, — il leur déclare que : « l’Éternel est avec nous ». C’est pour cette raison que Caleb occupa une place différente de celle de ses frères qui montèrent avec lui pour reconnaître le pays (Nb. 13-14:10).
Dans les dispensations de Dieu envers son peuple il arrive souvent que Dieu, après avoir donné la promesse, envoie l’épreuve. Les souffrances du désert, sa discipline, ses leçons, interviennent. Caleb dût errer avec les rebelles Israélites, supporter avec eux leurs humiliations ; il vit leurs hommes de guerre tomber et mourir l’un après l’autre, il vit l’Éternel déshonoré par son peuple ; — il souffrit de les voir négliger la circoncision et la Pâque et gémit de voir les idoles qu’ils portaient avec eux ; mais la promesse le soutenait, son regard était fixé sur elle : elle brillait au-dessus du triste désert, elle éclairait sa route, elle dirigeait sa vie ; son âme était élevée au-dessus du désert, ayant trouvé son trésor dans la terre promise.
Il avait foulé cette terre une fois précédemment, et par la foi se l’était appropriée. Il savait que c’était un pays excellent, et que le Dieu de grâce qui avait donné un tel pays au peuple en qui il prenait son plaisir, l’y conduirait aussi. Il n’avait pas oublié la saveur des premières grappes de raisin, ni la fertilité de la vallée d’Eshcol. Le feu de son amour, qui avait été allumé en ce premier jour, brûlait encore en lui.
Son intégrité de cœur n’avait nullement souffert par l’attente de l’accomplissement de la promesse, ni par les épreuves ou les espérances momentanément déçues.
Sa force non plus n’avait pas diminué, car à quatre-vingt-cinq ans ce noble soldat était encore aussi fort pour la guerre que quarante-cinq ans auparavant. Jetant un regard en arrière sur sa rude carrière dans le désert, il dit : « Or, maintenant voici, l’Éternel m’a fait vivre selon qu’il en avait parlé ; il y a quarante-cinq ans que l’Éternel prononça cette parole à Moïse ».
Il se confiait en Dieu pour lui-même et pour ses enfants, et pas une seule des paroles de l’Éternel ne tomba à terre ! Ami chrétien, plût à Dieu que nos cœurs fussent fidèles et forts comme celui de Caleb ! Ne laissons pas les murmures ou l’agitation de notre entourage éloigner nos âmes de la grâce du Seigneur. Nous avons la discipline à subir, non seulement pour nous-mêmes — pour éprouver nos propres cœurs, — mais aussi en communion avec la famille de Dieu en général. Si nous marchons pendant un certain temps dans le désert nous verrons « des hommes de guerre » tomber à nos côtés. Les uns sortiront des rangs, des autres retourneront au monde, d’autres feront cause commune avec l’adversaire ; mais qu’aucune de ces épreuves n’éloignent nos cœurs de notre Dieu. L’Éternel est notre force, son secours ne fait jamais défaut, si nous demeurons en sa présence, il sera avec nous tout le long du chemin.
Le fait que Caleb pouvait jeter un regard sur le passé en face du présent, était une preuve certaine que son cœur ne le condamnait point et qu’il demeurait dans la force de Dieu. Ce n’était pas en doutant qu’il avait dit : « Peut-être que l’Éternel sera avec moi, et je les déposséderai, comme l’Éternel en a parlé », — mais en réalisant la nécessité d’avoir la force et la présence de l’Éternel, afin de pouvoir obéir à sa parole. La précieuse promesse : « Le Seigneur ton Dieu sera avec toi partout où tu iras », donnait de l’énergie à sa force. Le bon plaisir que l’Éternel prenait en son peuple, lui donnait force et courage vis-à-vis des géants et de leurs grandes villes fortes.
Il arrive parfois que le chrétien qui a été longtemps au service du Seigneur, oublie presque que Dieu seul est sa force et le « peut-être que l’Éternel sera avec moi » se change en une orgueilleuse confiance en soi-même : « Je sortirai et me tirerai de leurs mains, comme les autres fois » (Samson en Juges 16:20).
L’Éternel récompensa la confiance que Caleb avait en lui : « Caleb prit Hébron et déposséda de là les trois fils de Anak » (15:14).
Nous avons en Caleb un noble exemple des plus belles qualités d’un soldat chrétien : un cœur intègre, une force toujours la même, une constante dépendance.
« Et Josué le bénit ». Son âme, sans doute, fut touchée par les paroles de Caleb.
Cette parole se termine par une sorte d’actions de grâces. « Et le pays se reposa de la guerre ». La fidélité mérite le repos. « Bien, bon et fidèle serviteur, entre dans la joie de ton Seigneur ». Caleb eut sa portion dans le grand héritage de Juda.