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Trois articles sur le service chrétien et
l’appel au service
Table des matières abrégée :
2 UN APPEL AU SERVICE : Urgence de prendre à cœur les âmes
3 UN MOT SUR L’APPEL du chrétien au service
Table des matières détaillée :
1.1 Rencontres du Seigneur dans l’évangile de Jean
1.2 Le Seigneur répond aux besoins avec grâce et vérité
1.3 Le Seigneur se met au niveau des gens
1.4 Difficulté de s’adapter à l’état de l’interlocuteur
1.7 Le Fils de Dieu, exemple d’abaissement et de dévouement
1.8 L’amour gagne la confiance
1.9 Le dévouement et l’humilité : des traits divins
1.10 Deux dangers : pas assez d’activité (paresse) ou trop d’activité (zèle charnel)
1.11 Persévérance. Se garder des habitudes
1.12 Travail seul, travail à plusieurs ; la dépendance toujours
1.13 Travail à deux : ni égalité, ni jalousie
1.14 L’appel est de Dieu. Ne pas pousser au service
1.15 Contre les organisations humaines
1.16 Liberté de l’Esprit dans l’assemblée pour envoyer les serviteurs
1.17 Servir par amour pour le Seigneur
2 UN APPEL AU SERVICE : Urgence de prendre à cœur les âmes
2.1 Besoin d’évangélisation à cause de l’incrédulité croissante
2.2 Des rites religieux remplacent la vérité
2.3 Action insuffisante en face des besoins
2.5 Annoncer Christ sans même avoir de don spécial
2.6 Avoir à cœur les chrétiens manquant de nourriture spirituelle
2.7 Avoir à cœur tous les pécheurs
2.8 Tout faire pour faire connaître le salut
3 UN MOT SUR L’APPEL du chrétien au service
3.1 L’Esprit conduit en conformité à la Parole de Dieu
3.2 Que chacun demeure dans la vocation où il a été appelé
3.3 Appel spécial possible, mais dépendance d’autant plus nécessaire. Attendre l’ordre du Maître
« Je suis au milieu de vous comme Celui qui sert » Luc 22:27
ME 1960 p. 305-308, 328-335 Notes prises à une conférence
Les rencontres du Seigneur seul à seul avec une âme sont caractéristiques de l’Évangile de Jean. Jésus y est fréquemment présenté comme opérant dans l’intimité avec le pécheur, s’entretenant avec lui personnellement, souvent sans témoins. Ces récits montrent la façon dont Dieu le Fils et une âme sont mis en contact, d’où leur valeur unique ; différents suivant l’état des âmes, ils constituent des tableaux d’une éternelle vérité. C’est Nicodème, le docteur instruit selon l’ancienne alliance, mais ignorant tout de l’œuvre divine ; c’est la femme du chapitre 4 à propos de laquelle nous apprenons que le dessein divin va bien au-delà du salut du pécheur ; c’est au chapitre 5 l’infirme de Béthesda, figure d’une âme dans sa misère et son manque total de ressource devant les exigences mises par la loi à sa guérison ; au chapitre 9, dans la guérison de l’aveugle-né, les ténèbres et la lumière sont mises en présence. Tous ces récits nous élèvent à une hauteur incomparable, celle de Dieu lui-même par rapport aux hommes avec leurs besoins divers.
Mais, en même temps qu’ils servent de support à la révélation de doctrines d’une immense portée, ils nous fournissent un précieux enseignement pratique sur la façon dont les serviteurs de Dieu ont à rencontrer les âmes. Dieu a pu accomplir parfaitement son travail ici-bas en Christ, et maintenant ceux qui appartiennent à Christ sont les instruments par lesquels Dieu opère. Tous sont appelés à servir, tous représentent Dieu dans ce monde. L’exemple du Seigneur est donc placé devant chacun de nous. « Il nous a laissé un modèle, afin que nous suivions ses traces ».
Dans toutes les rencontres dont nous venons de parler, — qu’il s’agisse du docteur de la loi qui ne connaît rien des vérités de la nouvelle naissance (ch. 3), — de l’être humain dans sa dégradation morale (ch. 4), — de l’homme incapable de tirer profit de la loi (ch. 5) et condamné par elle (ch. 8), — de l’homme dans son état d’aveuglement spirituel (ch. 9), — et même de l’homme dans son état de mort (ch. 11), le Seigneur est là pour répondre au besoin de la créature dans quelque situation qu’elle se présente, et Il le fait toujours avec grâce et avec vérité. « La grâce et la vérité vinrent par Jésus Christ », et, mises en évidence de cette manière, elles font resplendir devant nous la gloire morale du Fils de Dieu ici-bas.
À Nicodème, qui était un docteur, le Seigneur s’est adressé comme le Docteur suprême, révélateur de toute la vérité. Dans son entretien avec lui Il ne cède sur aucun point, Il lui parle avec une netteté qui pourrait par moments paraître dure. Tout différent est le chemin que le Seigneur fraye pour atteindre la conscience et le cœur de la femme samaritaine. Il prend cette femme au point où elle en est. La vérité n’a pas d’action sur l’âme lorsqu’elle est au-dessus de l’état pratique de celle-ci. Le Seigneur ne se présente donc pas à la Samaritaine comme un docteur, mais comme le Sauveur. Il se met à son niveau, l’aborde sur le terrain de ses pensées courantes, lui parle de ce qu’elle peut comprendre. C’est toujours de cette manière qu’un vrai service s’effectue. La doctrine la plus sûre, si elle reste théorique, est d’un effet nul : elle doit s’appliquer à l’état précis de l’âme à laquelle elle est présentée.
Rien n’est difficile comme un contact réel avec une âme ; autant dire que cela est impossible si la grâce de Dieu ne le produit. Trouver le point où la vérité que nous avons à dire selon Dieu s’adapte à l’état d’une personne avec laquelle nous entrons en rapport ne saurait donc se faire sans exercice. C’est faute de cet exercice que tant de nos efforts sont stériles : ils sont notre travail et non celui de Dieu. Il nous arrivera de consoler quelqu’un qui a besoin d’être repris et d’avertir quelqu’un qui a besoin d’être consolé, — d’insister sur la grâce auprès d’une âme à laquelle il faudrait une parole sérieuse de répréhension, et de présenter uniquement la responsabilité à une personne dont la conscience délicate et tourmentée aurait besoin des accents de la grâce. Trouver le point de contact vital avec une âme est fondamental. S’il appartient au Seigneur d’ouvrir la brèche par laquelle entrera la bénédiction, il faut au serviteur beaucoup de patience au cours des entretiens, d’exercice préalable, et en tout cas il faut qu’il ait été appelé de façon précise au service qu’il entreprend.
La dépendance si nécessaire sera réalisée si nous ne perdons pas de vue qu’il s’agit de l’œuvre du Seigneur, du travail de Dieu. Si nous n’en avons pas le sentiment, notre service sera vain. Pour parler à un cœur, à une conscience, il faut connaître l’état de ce cœur, de cette conscience, et il n’y a que Dieu qui le connaisse ; par conséquent le serviteur n’atteindra utilement la personne à laquelle il s’adresse que s’il est gardé dans la dépendance de Dieu. Alors l’Esprit lui donnera la parole à propos, qui pourra sinon toucher immédiatement cette âme, du moins commencer le travail que Dieu veut y accomplir et qui est souvent progressif.
C’est pourquoi aussi il faut de la patience. Dans la scène de Jean 4 en particulier, nous voyons avec quelle patience le Seigneur agit. Il est frappant, par exemple, qu’il occupe la femme en premier lieu de questions matérielles. Elle est venue avec une cruche puiser l’eau dont elle a besoin ; le Seigneur lui-même, fatigué du chemin, a soif. C’est de ces circonstances, de ces besoins physiques, qu’il commence par entretenir cette femme. Il est pressé, sans doute, de l’entretenir d’autre chose, mais il faut commencer par là. Une autre parole risquerait de la rebuter ou de la faire partir, et Il cherche à la gagner, sagement, sans hâte.
Remarquons à ce propos que le Seigneur ne plane aucunement au-dessus de l’âme dont Il veut le bien. Il se place à son niveau. La tendance à vouloir planer au-dessus de ceux qu’on prétend servir est pourtant universelle, et ceux qui désirent travailler pour le Seigneur doivent y prendre garde quand ils s’occupent des autres : si nous faisons état, ouvertement ou non, de nos capacités, de notre niveau social, de nos avantages matériels ou de nos connaissances, nous méprisons l’exemple de Jésus, et nous risquons fort de ne rien apporter à la personne à laquelle nous nous intéressons. Le dépouillement de soi est indispensable pour servir.
Considérons ici Celui sur qui repose toute la gloire des conseils de Dieu : un homme lassé du chemin, qui n’a rien, ni argent, ni relations, ni influence, en apparence le plus faible des hommes. Tel était le chemin d’abaissement volontaire du Fils de Dieu qui l’a conduit, à part le péché, au niveau de la créature à laquelle Il voulait s’adresser, et que l’acquisition d’une conscience coupable avait rendue défiante et craintive, comme nous le voyons au jardin d’Éden aussitôt après la chute. Il ne fallait rien moins que cet abaissement du Fils pour gagner la confiance de la créature. Nous pouvons comprendre ainsi que ce n’est pas une petite chose que d’entrer dans la sphère où évolue une âme, et d’y entrer d’une façon telle que la confiance naisse dans cette âme. Jésus nous donne l’exemple du travail et de l’application que cela suppose. Il est avec cette Samaritaine comme s’Il n’avait rien d’autre à faire, comme si tout son service se réduisait à cette rencontre. Il s’y consacre entièrement. Ce dévouement complet nous manque lui aussi beaucoup, le dévouement qui nous ferait nous enquérir avec un intérêt sincère et profond des circonstances de ceux à qui nous avons affaire. Il n’y a pas d’autre entrée auprès des âmes, et spécialement des inconvertis.
Ce dévouement procède de l’amour divin. Dieu travaille comme le Dieu qui « a tant aimé le monde ». Que ses serviteurs montrent cet amour en action dans leur travail ! C’est l’amour divin qui conduit le Seigneur au puits de Sichar pour y rencontrer la femme de la Samarie. C’est cet amour qui gagne sa confiance. Elle voit que Jésus n’est pas un Samaritain mais un Juif, et elle est surprise. « Voilà, pense-t-elle, quelqu’un qui ne me méprise pas, qui ne me fait pas sentir sa supériorité ». La manière de faire du Seigneur n’étonne pas moins les disciples. C’est tellement notre tendance naturelle d’établir des principes et des règles que, lorsque le Seigneur Jésus se présente et qu’Il va directement au cœur, Il étonne. Dans l’esprit de la femme il s’agit simplement d’une de ces distances que la vanité humaine établit entre les diverses classes de personnes, — ici sur le plan religieux, entre Juifs et Samaritains. Prenons garde de ne pas faire sentir quelque distance que ce soit, et pour cela soyons remplis de l’amour de Dieu par le Saint Esprit. C’est une question de réalité, non de théorie, il nous faudra être exercés toujours à nouveau et nous tenir pour nous-mêmes dans la présence de Dieu. Dans une telle présence toutes les distinctions de ce monde disparaissent, et tout ce qu’engendre l’orgueil humain est jugé. C’est ainsi que toutes les hiérarchies religieuses apparaissent comme autant d’abominations. Le principe immuable dont nous avons à nous souvenir est et reste celui-ci : « Quiconque voudra devenir grand parmi vous sera votre serviteur » (Matt. 20:26).
Or cet abaissement, cette humilité dont le Seigneur nous donne l’exemple parfait, ne peut être le fruit d’une décision de notre propre volonté. L’imitation de l’humilité n’est pas meilleure aux yeux de Dieu qu’un orgueil découvert. De même, l’imitation du dévouement est sans valeur pour le Seigneur. « Ce qui est vrai en Lui » est ce qui est vrai dans les siens, les traits que nous voyons en Christ et qu’à son tour Il produit en nous sont les seuls qui comptent pour Dieu. Reconnaissons que ces traits divins que sont le dévouement et l’humilité, manifestations du nouvel homme exclusivement, manquent beaucoup aujourd’hui par rapport aux générations antérieures. Encourageons-nous, non à imiter extérieurement celles-ci mais à boire aux sources où elles ont bu, et à réaliser l’humilité que le sentiment de la présence de Dieu produit dans le croyant et qui se traduit par le dévouement dans la dépendance.
Nous sentons que nous mettons le doigt sur bien des choses qui enlèvent au service une partie de sa valeur et de son efficacité. Il est relativement facile de s’affairer à divers services ; il l’est beaucoup moins d’accomplir un bon service, un service obscur, sans témoins, mais que le Seigneur inspire et reconnaît. L’état pratique du serviteur est plus important que les circonstances visibles du service, et cet état pratique en vue d’un service efficace implique avant toutes choses l’abaissement de celui qui sert.
Il existe deux grands dangers relativement à l’activité dans le service. Le premier est d’être porté à dire : Puisque Dieu fait tout, à quoi bon faire quelque chose ? C’est la chair qui tient ce langage, qui est celui du paresseux. N’oublions pas que Dieu travaille par les siens comme dans les siens. À l’opposé, l’autre danger consiste à entreprendre et à agir sans un exercice profond et constant. Remplacer la paresse par le zèle de notre volonté charnelle et par un dévouement humain n’est certainement pas selon Dieu.
Il peut arriver que l’on recule devant un service à accomplir parce qu’on recule devant l’exercice préalable qu’il suppose. Dans ce cas aussi on est paresseux. Une vie de service est une vie de communion ininterrompue avec le Seigneur. Pour servir il faut être avec Lui avant, pendant et après l’accomplissement du service (car, le service accompli, il y a encore des dangers). Servir, c’est être avec Lui.
Il importe de remarquer que nous ne sommes pas appelés à choisir les services à accomplir. Le Seigneur n’a pas choisi. Son oreille était ouverte chaque matin par l’Éternel, et Il écoutait comme ceux qu’on enseigne (És. 50:4). Tout son service était celui qui était tracé devant Lui. Pas plus que Lui nous n’avons à choisir, et pourtant que de fois nous le faisons ! Ne nous arrive-t-il pas d’hésiter à faire une visite parce que nous avons peu d’affinité avec la personne à visiter, ou de laisser de côté un service qui nous mettrait dans l’ombre pour en rechercher quelque autre qui nous placera en relief ? Ah ! écoutons plutôt le Seigneur nous donnant le secret du plus grand bonheur qui puisse être ici-bas : « Ma viande, dit-Il, est de faire la volonté de Celui qui m’a envoyé, et d’accomplir son œuvre » (Jean 4:34).
Remarquons aussi qu’un serviteur peut avoir servi dans la dépendance à un certain moment, et agir ensuite de façon toute contraire à la volonté du Seigneur. Un bon état pratique n’est pas, en effet, quelque chose d’acquis une fois pour toutes, il suppose une vigilance constante, de sorte que la dépendance dans le service doit être sans cesse renouvelée. Le danger des habitudes existe partout, et dans le service en particulier. Le Seigneur n’avait pas d’habitudes, et la vie chrétienne ne peut en comporter davantage. Le service n’est pas un métier ; s’il le devient, il n’est plus un service. Mais dans la chrétienté on a trouvé plus commode de transformer les services en professions, alors que le service chrétien suppose, comme la vie chrétienne elle-même, un exercice ininterrompu.
Un autre enseignement nous est donné au puits de Sichar : le Seigneur y est seul. Il n’y a pas d’entraînement dans le service. On peut sans doute s’encourager mutuellement, se stimuler l’un l’autre, comme Paul le fait pour Archippe ; on peut aussi accomplir un service ensemble, et Paul parle maintes fois de ses compagnons de travail, de ses compagnons d’œuvre, de ses compagnons d’armes. Mais le service à deux n’exclut en aucune manière la dépendance pour chacun. Or chacun ayant inconsciemment tendance à marcher avec la foi de l’autre, la dépendance individuelle est plus difficile à réaliser dans un service à deux. Le Seigneur a bien envoyé ses disciples deux à deux, mais cela donnait au message qu’ils annonçaient, et qui était un message final, un caractère officiel : ils constituaient un témoignage suffisant et complet — deux témoins — de la part du Seigneur.
Dans le cas d’un service à deux les deux serviteurs ne sont pas généralement sur le même plan. Le jeune homme de Jonathan portait ses armes ; en apparence il n’a pas fait grand’chose, mais il était un soutien et un complément pour son maître (1 Sam. 14:7, 13). Ainsi en est-il quand un ami prie pour le service d’un ouvrier du Seigneur. Quand Paul travaillait avec Barnabas, chacun avait sa part, celle de Paul étant plus en vue, mais il n’y avait pas de jalousie entre eux. Timothée a travaillé avec Paul, en servant « avec lui dans l’évangile comme un enfant sert son père » (Phil. 2:22) et Paul pourra dire qu’il n’a « personne qui soit animé d’un même sentiment » avec lui. Marc a commencé et il n’a pas tenu. Barnabas lui-même, serviteur de si grande valeur, s’arrête. Le service à deux était donc difficile même au temps des apôtres.
Le Seigneur appelle chaque serviteur à part. Cela n’exclut pas les collaborations, au contraire, mais elles ne peuvent être heureuses que si chacun a été appelé comme s’il avait été seul. Quelqu’un peut suivre un serviteur ; et ce peut être selon la volonté de Dieu, pour son instruction. Gardons-nous d’établir quelque règle à ce sujet comme à d’autres, sauf, évidemment, celle de la dépendance.
Un frère, n’a pas à en pousser un autre dans le service, pas plus qu’il ne doit s’y pousser lui-même. Il peut, certes, lui venir en aide : s’il a du discernement et qu’il craigne Dieu il reconnaîtra que son frère a reçu quelque chose du Seigneur ; il priera d’abord pour lui, l’encouragera, mais sans le pousser. Pousser quelqu’un c’est l’exposer à broncher, en le plaçant dans une position à laquelle il peut n’être pas appelé, ou en lui faisant dépasser le niveau de sa foi. Nous lisons que Paul a voulu que Timothée allât avec lui (Actes 16:3), mais nous lisons aussi que le don de grâce du service avait été donné à Timothée par prophétie et par l’imposition des mains du corps des anciens (1 Tim. 4:14) : certainement l’Esprit a parlé le premier, comme cela avait été aussi le cas à Antioche. Là où il y a de la piété il y aura des vocations venant de Dieu, comme nous le trouvons en Ésaïe 6 : « Qui enverrai-je, et qui ira pour nous ? Et je dis : Me voici, envoie-moi ». C’est Dieu qui envoie son serviteur.
Ce fait que l’appel doit être de Dieu est d’autant plus important à considérer qu’aujourd’hui on a tendance à l’oublier. Nous avons vu que tout serviteur doit accomplir son service avec sa foi personnelle, même s’il le fait en collaboration avec d’autres. Cela exclut les entreprises collectives pour lesquelles on s’accommode du mélange de personnes dont certaines peuvent être appelées et d’autres pas. Nous ne trouvons pas d’entreprise générale de service dans l’Écriture, sinon l’assemblée tout entière, et ceci est de toute importance (Actes 14:26 ; Phil. 1:27, etc.). Le Seigneur est le Maître du service et c’est de Lui que tous dépendent et doivent en fait dépeindre directement. Cela n’exclut certes pas le secours matériel donné pour le service et qui est une manifestation de la communion à son sujet. Dans le monde actuel on voit de plus en plus des directions collégiales, et cette tendance gagne du terrain dans les milieux chrétiens parce que la conformité au monde les envahit. Cette méthode dans l’œuvre de Dieu est en opposition avec ce qu’enseigne l’Écriture. Trop souvent ces entreprises sont fondées sur l’existence et le jeu de la volonté personnelle qui est en dehors de la dépendance et de l’obéissance au Seigneur. La chair y est habituellement encouragée au lieu d’être combattue ! Combien est dangereuse une semblable action qui ne s’appuie pas au départ sur la volonté du Seigneur seul, et où des comités se substituent à la fois à cette vocation individuelle qui ne prend pas conseil de la chair ni du sang, et à cet exercice de l’assemblée qui reconnaît, approuve et soutient ceux que le Seigneur envoie !
Nous devons bien désirer qu’il y ait dans les assemblées une ambiance telle que l’Esprit puisse s’exprimer comme à Antioche où « il y avait, dans l’assemblée qui était là, des prophètes et des docteurs » (Actes 13:1). « Et comme ils servaient le Seigneur et jeûnaient, l’Esprit Saint dit : Mettez-moi maintenant à part Barnabas et Saul, pour l’œuvre à laquelle je les ai appelés ». Ce ne sont ni les prophètes ni les docteurs qui ont envoyé Barnabas et Saul, ni l’assemblée ; mais une atmosphère de piété a permis à l’Esprit d’exprimer clairement la volonté divine, et dans la communion de l’Esprit, après un saint exercice de jeûne et de prière, ils leur ont imposé les mains en signe de communion, et les ont recommandés au Seigneur (v. 3).
Une telle atmosphère de piété est évidemment désirable dans les assemblées pour que l’Esprit y agisse sans être attristé. La faiblesse que nous avons à déplorer dans la pratique du service est en rapport d’une manière générale avec le fait que le niveau spirituel a baissé dans les assemblées. Cela constitue certainement un obstacle au déploiement de la puissance de l’Esprit par le moyen de ceux que le Seigneur veut employer à son œuvre. Il y a donc une responsabilité d’ensemble et une responsabilité de chacun comme faisant partie de l’assemblée de Dieu. Chacun doit y penser si nous voulons que l’œuvre du Seigneur puisse s’accomplir comme Il le désire, par les instruments que Lui-même choisit.
Rappelons en terminant cette parole péremptoire du Seigneur « Nul ne peut servir deux maîtres ». Arrêtons-nous devant ce qu’elle comporte, et que notre seul motif dans l’activité chrétienne soit véritablement l’amour du Seigneur, exclusif de toute pensée, volonté ou intérêt personnels.
« Mon enfant, va aujourd’hui travailler dans ma vigne » (Matt. 2:28).
ME 1951, p. 275-279 (Traduit de l’anglais) – Sous-titres ajoutés par Bibliquest
Il ne manque pas dans nos pays de villes et de villages où l’évangile n’est que rarement sinon jamais prêché dans sa plénitude et sa simplicité, et où les grandes vérités du christianisme n’ont jamais été enseignées, même à des âmes converties. Nous n’exagérons rien, et l’on pourrait dépeindre l’état de choses avec des couleurs beaucoup plus sombres, tout en restant dans la stricte vérité, car non seulement il y a une famine spirituelle « dans tout le pays », mais la marée de l’incrédulité monte rapidement, et ses vagues menaçantes battent nos rivages de tous côtés. Déjà dans nombre de chaires il ne reste plus du christianisme que le nom, et ceux qui les occupent, tout en se vantant d’avoir plus de largeur de vues et de jouir d’une plus grande liberté intellectuelle — sont en fait les dupes de Satan et les victimes d’un cœur trompé et d’une volonté pervertie.
Il n’y a qu’à lire les affiches à la porte des locaux religieux, pour voir où porte le courant. Jadis les pécheurs étaient invités à fuir « la colère qui vient », maintenant on leur sert des chants sacrés ; jadis ils pleuraient au récit des souffrances et de l’amour du Sauveur, aujourd’hui on les fait rire avec des histoires comiques ou sentimentales, et ils courent à l’abîme au milieu d’amusements organisés et patronnés par des gens qui professent suivre le Seigneur Jésus Christ, et qui, par une affreuse ironie, leur font payer en argent le mal qu’ils leur font subir.
Dans un autre domaine, et d’une manière plus subtile encore, l’ennemi mobilise ses forces. Les vérités pour lesquelles nos devanciers ont donné leurs vies, pour lesquelles ils ont été jetés en prison et sont montés sur l’échafaud des martyrs, sont minées et ensevelies sous le manteau du zèle religieux. La grande et sublime doctrine de la justification par la foi, indépendamment des œuvres, enseignée par Paul en Rom. 3, 4 et 5, et dans son épître aux Galates, est reléguée dans l’ombre, et les « sacrements », déclarés efficaces à condition d’être reçus des mains d’un prêtre, sont offerts au peuple comme les seuls moyens de salut, préparés par autorité divine.
Tout cela est très sérieux, et nous pouvons bien nous demander quelle position nous prenons en face de ce mal. Sommes-nous conscients de la responsabilité qui repose sur nous ? Pouvons-nous honnêtement dire que nous faisons tout ce que nous pouvons ? que nous faisons ce que le Seigneur attend de nous devant ce terrible état de choses ?
Certes nous bénissons Dieu pour les ouvriers dévoués qui sont déjà dans le champ. Nous rendons grâces pour toute âme qui cherche à répandre la vérité de Dieu en toutes directions, en public ou en privé, par parole ou par écrits. Mais hélas ! combien peu d’ouvriers en comparaison de l’immensité des besoins !
Pourquoi cela ? Est-ce parce que le Chef de l’Église aurait été ménager de ses dons ? Aurait-il oublié que des évangélistes, des pasteurs et des docteurs sont encore nécessaires « en vue du perfectionnement des saints, pour l’œuvre du service, pour l’édification du corps de Christ » ? Non, rien ne manque de son côté. Les dons ont été donnés, mais beaucoup sont en sommeil, inutilisés, sans développement, pour une cause ou pour une autre : dans certains cas parce qu’on ne voit pas qu’un don met celui qui le reçoit dans l’obligation de l’employer pour la gloire de Celui qui l’a donné, et n’a pas besoin de la sanction des hommes avant d’être utilisé; dans d’autres parce que Christ et ses droits n’occupent pas la première place dans le cœur.
« Voici, j’ai mis devant toi une porte ouverte que personne ne peut fermer », c’est ce que le Seigneur nous dit aujourd’hui — une porte donnant accès au service, une porte de témoignage pour Lui. Allez-vous entrer ? Ne donnez pas comme excuse votre propre insuffisance. Personne ne songe à la nier, le Seigneur moins que tout autre. Cinq pains et deux poissons entre vos mains n’iraient pas loin, mais dans les siennes ils suffisent pour nourrir cinq mille hommes. Remettez le peu que vous avez entre ses mains, et Il peut ou bien donner beaucoup, ou faire que ce peu durera longtemps.
Mais, en dehors d’un don spécial qualifiant pour un travail spécial, auquel certainement tous ne sont pas appelés, il y a des voies et moyens par lesquels chaque chrétien peut faire quelque chose. Ceux qui furent dispersés par la tribulation qui arriva à l’occasion d’Étienne, « allèrent çà et là, annonçant la Parole » (Actes 8:4). Autant que nous le sachions, il n’y avait parmi eux aucun don remarquable, mais ces simples chrétiens, hommes et femmes, ne pouvaient rester tranquilles. Il leur était impossible de garder le silence. Il fallait qu’ils parlassent de Christ partout où ils allaient. Certains passèrent jusqu’à Antioche, et là ils parlaient aux Grecs, annonçant le Seigneur Jésus, et la main du Seigneur était avec eux et un grand nombre crut (Actes 11:19-21). Nous pouvons ne pas être capables de prêcher Christ à des foules, mais comme eux nous pouvons porter témoignage vis-à-vis des individus ; et qui peut dire le résultat d’un mot prononcé avec amour et sérieux, ou d’un traité bien choisi et donné avec prière ?
Les saints comme les pécheurs ont besoin qu’on s’occupe d’eux. Pensons donc à eux. Le troupeau est cher au cœur du Berger et Il l’a acheté à grand prix. À cause de Lui nous devons aimer le troupeau, mais prenons garde de l’aimer tout entier, pas seulement une partie. Gardons-nous d’un cœur étroit et d’affections partielles. Embrassons dans le même intérêt affectueux tous ceux qui appartiennent à Christ, et cherchons à les servir parce qu’ils sont à Lui. Travaillons à ce qu’ils puissent jouir de tout ce qui est à eux en Christ. Beaucoup d’entre eux connaissent à peine un salut actuel, et moins encore ces vérités divines qui distinguent la chrétienté de tout ce qui existait auparavant. Quelle « porte ouverte » se trouve devant nous, quand vous pensez aux saints de Dieu dont beaucoup sont enfermés ensemble dans quelque Mahanaïm du désert (2 Sam. 1:27-29), ayant faim et attendant qu’une main compatissante les nourrisse de la vérité divine ! Si vous ne pouvez pas faire beaucoup, faites peu ; faites ce que vous pouvez, et votre labeur ne sera pas vain.
Quant au pécheur, prenez garde de sous-estimer la prédication de l’évangile à ceux qui périssent. Répandez l’évangile. La volonté de Dieu est qu’il soit annoncé à tous. Si en pensant aux saints, vous n’avez devant vous rien moins que toute l’Église de Dieu, n’ayez rien de moins que le monde tout entier quand vous pensez aux pécheurs. La circonférence du globe définit le champ d’action de l’évangéliste. Mais la repentance d’un seul pécheur est une cause de joie dans les parvis célestes. Qu’il vive dans les quartiers les plus misérables d’une grande ville, ou dans un palais somptueux, s’il est amené à la repentance le ciel se réjouira. Travaillez donc pour ce seul-là, si vous ne pouvez le faire pour beaucoup. Ce n’est pas quelque chose de nouveau pour le ciel que la joie, mais n’est-ce pas merveilleux de penser que quand un pécheur, un seul pécheur se repent, la joie du ciel augmente, et les anges se réjouissent ? Quels alléluias entonnent-ils en entendant sa voix les appeler et leur dire : « Réjouissez-vous avec moi, car j’ai trouvé ma brebis perdue ». Il faut donc beaucoup penser à l’évangile. Si vous ne le faites pas, vous ne pouvez être en communion avec le Père, le Fils et le Saint Esprit. Priez pour l’évangile ; priez pour ceux qui l’annoncent ; encouragez-les de toute votre sympathie ; soutenez leurs mains.
Faites-vous quelque chose pour remplir les salles de réunions de gens qui ne possèdent pas le salut ? Ces salles sont dans des endroits habités ; combien de gens vivent dans un rayon de quelques centaines de mètres ? Avez-vous jamais été frapper à leur porte pour leur remettre un traité, ou pour les inviter à venir ? Si vous n’avez pas de succès la première fois, essayez deux, trois fois. Montrez-leur que c’est sérieux, et que, si eux ne réalisent pas le danger, vous au moins vous le faites. Peut-être les gagnerez-vous à la fin, mais même le traité que vous leur laisserez pourra être en bénédiction à leurs âmes.
Le temps s’écoule vite, et la durée passagère de la vie est bien courte. À nous de nous lever et d’agir. Nous devrions nous humilier devant le Seigneur de nous être tellement relâchés dans nos efforts, et nous avons toutes les raisons de le confesser devant Lui, en nous jugeant nous-mêmes. Mais, même aujourd’hui, si tard cela soit-il, si nous secouons notre indifférence et nous mettons à l’œuvre, sa main sera avec nous, et nous verrons des pécheurs convertis en plus grand nombre, et les saints conduits à des pâturages plus riches, pour leur édification et leur bénédiction.
ME 1995 p. 377-380 Traduit de l’Allemand – Sous-titres ajoutés par Bibliquest
On entend quelquefois des croyants dire : l’Esprit m’a commandé de faire telle ou telle chose ou de me consacrer à telle ou telle œuvre. Il est bien exact que le Saint Esprit nous dirige ; mais comment nous dirige-t-il ? C’est là la question. En Jean 16:13, il nous est dit que « l’Esprit de vérité » nous conduira dans toute la vérité. Et en Jean 17:17, le Seigneur demande : « sanctifie-les par la vérité ; ta parole est la vérité ». Il en découle que le Saint Esprit nous conduira toujours dans un chemin en accord avec la parole de Dieu. C’est elle qui est la règle de toute notre activité. Si quelqu’un me dit : Dieu m’a parlé ainsi, cela ne me donne aucune certitude. On peut se tromper ou se laisser emporter par son imagination. Seule la Parole de Dieu nous montre en toutes choses le sûr chemin. Ce n’est que sur elle que nous pouvons compter. C’est pourquoi, si notre chemin n’est pas en accord avec elle, nous pouvons être sûrs que ce n’est pas l’Esprit Saint qui nous conduit.
Danger des esprits d’erreur
Dans le monde, il y a beaucoup d’esprits d’erreur, que l’on prend souvent pour l’Esprit de Dieu. En 1 Jean 4:1, il est écrit : « Ne croyez pas tout esprit, mais éprouvez les esprits pour voir s’ils sont de Dieu ». Et plus loin : « Nous (les apôtres), nous sommes de Dieu ; celui qui connaît Dieu nous écoute ; celui qui n’est pas de Dieu ne nous écoute pas : à cela nous connaissons l’esprit de vérité et l’esprit d’erreur » (v. 6). Même des hommes religieux peuvent venir à nous comme des esprits d’erreur. C’est pourquoi, si nous pensons avoir reçu un message de la part de Dieu, il est de la plus haute importance de nous assurer qu’il est en parfait accord avec sa Parole.
L’Écriture nous enseigne en plusieurs passages que tous les croyants ont été les objets d’un appel (cf. 1 Cor. 1:26 ; Éph. 4:1 ; 2 Thess. 1:11 ; 2 Tim. 1:9 ; Héb. 3:1). En règle générale, par notre appel, Dieu ne nous fait pas sortir des conditions dans lesquelles nous nous trouvions lors de notre conversion. Si notre conscience, éclairée par la parole de Dieu, ne nous interdit pas de demeurer là où nous nous trouvons, nous poursuivons alors tranquillement notre chemin. L’important n’est pas de savoir quelle est notre occupation, mais que le Seigneur soit glorifié par nous. À cela, nous sommes tous appelés. Nous pensons peut-être quelquefois que nous pourrions mieux servir Dieu d’une autre manière. Mais Dieu peut et veut nous bénir là où nous nous trouvons. Si seulement nous avions davantage conscience du prix élevé auquel nous avons été achetés !
La règle est : « Que chacun demeure dans la vocation dans laquelle il était quand il a été appelé. As-tu été appelé étant esclave, ne t’en mets pas en peine » (1 Cor. 7:20, 21). « Frères, que chacun demeure auprès de Dieu dans l’état dans lequel il a été appelé » (v. 24). Il s’agit pour chacun de nous d’être fidèles, là où nous nous trouvons. Et chacun a reçu un talent au moins (cf. Matt. 25:15). Si Dieu nous amène dans une autre condition (par exemple s’il libère l’esclave), nous le prenons comme venant de lui. Il a un plan pour chacun de nous. Nous pouvons donc nous abandonner tranquillement à sa direction.
L’Esprit qui nous conduit est aussi celui qui opère en nous et nous accorde les dons de grâce, « distribuant à chacun en particulier comme il lui plaît » (1 Cor. 12:11). Nous avons d’abord à employer ces dons dans la sphère où le Seigneur nous a trouvés lors de notre conversion.
Si Dieu a pour nous un appel spécial, par exemple pour nous mettre entièrement à son service avec les dons qu’il nous a confiés, il est important de réaliser une entière dépendance de lui pour être véritablement conduits.
Le désir d’être occupé entièrement au service du Seigneur est assurément bon. Mais il appartient au Maître de décider si et comment notre désir pourra s’accomplir. Le désir de David de construire un temple à l’Éternel était excellent. Mais il n’a pas pu le mettre à exécution ; son fils Salomon était prévu pour cela.
Faisons notre travail avec diligence et fidélité, en ayant à cœur l’œuvre du Seigneur et en nous tenant de bonne volonté à sa disposition. Et d’un autre côté, attendons tranquillement et calmement l’ordre du Maître. Se mettre soi-même en avant est toujours mauvais. Les croyants de l’Ancien Testament avaient de cela un sentiment très net. Moïse disait : « Qui suis-je, moi, pour que j’aille vers le Pharaon ? » (Ex. 3:11) Et Jérémie : « Voici, je ne sais pas parler ; car je suis un enfant » (Jér. 1:6). Comme beaucoup d’autres, ils durent recevoir un appel clair et précis avant de laisser la sphère d’activité qu’ils avaient eue jusque-là. Tout en ayant le désir de servir le Seigneur, ils s’en estimaient indignes.
Encore une fois : que chacun serve le Seigneur là où il a été appelé, et que celui qui a le désir de marcher entièrement au service du Seigneur s’attende à Lui ! Qu’il saisisse toutes les occasions que le Seigneur lui envoie et qu’il ne se retire pas, si le Seigneur veut le libérer de son occupation terrestre.
Le Seigneur marche devant moi. Sa Parole est la vérité. Le Saint Esprit me conduit ; je n’ai qu’à suivre. Je n’ai ni à agir sous certaines impressions ou influences, ni à faire ce qui me fait plaisir, ni à écouter des voix trompeuses qui paraissent être de Dieu. Je dois attendre du Seigneur un chemin clairement tracé par lui, et — ne l’oublions pas — un plein accord que le Seigneur mettra dans les cœurs des croyants fidèles et spirituels qui m’entourent.
Un tel chemin est abondamment béni ; plus d’un en a fait l’expérience.