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Emploi de la musique instrumentale
dans les réunions de l’Église
Adapté par Bibliquest à partir d’un article des éditions « Publications évangéliques, 04 BP 700, Cotonou, Bénin.
Table des matières :
1 Contrastes entre le judaïsme et le christianisme
1.2 Origine et particularités du judaïsme
1.3 Spécificités du culte judaïque
1.4.1 Huit changements importants introduits par le christianisme
1.4.2 Privilèges spéciaux du christianisme
1.4.2.1 Privilèges individuels
2 Musique et chant dans le Nouveau Testament
2.1 Chant et musique dans les Actes et les épîtres
2.2 Chant et musique dans l’Apocalypse
2.3 Conclusion sur le chant et la musique dans le Nouveau Testament
3.1 Ce qu’on chante et formes du chant
3.4 Chanter avec l’intelligence
3.5 Chanter avec l’esprit (ou : l’Esprit)
4 Judaïsation et reprise des formes judaïques
4.1 Incompatibilité judaïsme / christianisme selon notre Seigneur
4.1.1 Parabole du vieil habit et des vieilles outres
4.1.2 Le vieux est meilleur — Luc 5:39
4.2 Légalisme ou retour aux pratiques judaïques
4.3 La musique instrumentale se rattache au judaïsme. Ps 150
4.3.1 Ne perdons pas ce que le Nouveau Testament apporte avec le christianisme
4.3.3 La loi se pratique en entier
4.3.4 Qu’est-ce que le Psaume 150 apporte au chrétien ?
5 Conséquences morales de l’emploi des instruments de musique dans les réunions de l’Église
Nous devons examiner si l’utilisation des instruments de musique dans les réunions de l’église est convenable, si elle correspond à la nature du christianisme. Nous ne parlerons pas ici de leur utilisation dans un cadre personnel, ou d’une chorale chrétienne. La Parole est la dernière et la seule autorité pour tout ce qui concerne l’ordre dans la maison de Dieu ; c’est elle qui doit décider de ce qui est juste et nous devons nous y soumettre. Puissions-nous aborder cette question avec des cœurs prêts à recevoir un enseignement, en cherchant la pensée divine révélée.
Les relations entre Dieu et les hommes ont changé au cours de l’histoire, car elles dépendent de la révélation qu’ils ont reçue de Lui-même. Il s’est révélé progressivement comme nous l’avons montré ailleurs, d’où la différence entre les deux Testaments. On parle de dispensation pour désigner une période de temps où Dieu a un certain type de relations avec les hommes.
Beaucoup de croyants ne reconnaissent pas la distinction évidente qui existe entre la dispensation du judaïsme et celle du christianisme. Nous commençons par traiter cette question, car la question de l’intervention des instruments de musique dans les réunions de l’assemblée (ou église) se rattache justement à l’existence de deux dispensations différentes.
Le judaïsme résultait de la promesse faite à Abram, à Ur de Chaldée. « Je te ferai devenir une grande nation, et je te bénirai... et en toi seront bénies toutes les familles de la terre » (Gen. 12:2-3). Plus tard, Dieu renouvelle sa promesse en ces mots : « Moi, je suis l’Éternel, qui t’ai fait sortir d’Ur des Chaldéens, afin de te donner ce pays-ci pour le posséder » (Gen. 15:7), puis dans une autre occasion : « Je te donne, et à ta semence après toi, le pays de ton séjournement, tout le pays de Canaan, en possession perpétuelle » (Gen. 17:8).
Remarquez bien que dans ces 3 promesses, il n’est rien dit du ciel, ni de la vie à venir. Tout est en relation avec la terre, et spécialement avec le pays de « Canaan ». Elles concernent seulement la prospérité sur la terre.
Une fois arrivé dans le pays de Canaan, le peuple d’Israël a reçu des commandements se rattachant aux promesses faites à leurs pères : « Si vous écoutez ces ordonnances, et que vous les gardiez et les fassiez, il arrivera que l’Éternel, ton Dieu, te gardera l’alliance et la bonté qu’il a jurées à tes pères. Et il t’aimera, et te bénira… » (Deut. 7:12 et suiv.). Les versets qui suivent promettent la prospérité matérielle : famille nombreuse, troupeau prospère et champs fertiles, absence de maladies et certitude de remporter la victoire sur tous les ennemis. Dans le même sens, voir Lév. 26:3-13 et Deut. 28:1-14 et Josué 1:2-6. Il n’y a rien qui aille au-delà d’une bénédiction pour la vie présente sur la terre. La question du ciel et de l’enfer, et même de l’Au-delà n’est pas soulevée, hormis quelques allusions au « Shéol », spécialement dans les Psaumes, mais cette notion reste vague. Les fidèles avaient toutefois compris qu’une résurrection leur était assurée (Héb. 11:13-19).
Les ordonnances données par Dieu pour le culte d’Israël, dans l’Ancien Testament, se trouvent spécialement dans le livre de l’Exode à partir du chapitre 25 et dans le livre du Lévitique. C’est un système formaliste en contraste absolu avec ce qu’on trouve dans le christianisme. Le lieu de culte était établi à un seul endroit (Deut. 12:5, 11, 14, 21, 26), Jérusalem en définitive. Il fallait y aller trois fois par an (Exode 34:23). Le culte consistait principalement à offrir des sacrifices de diverses sortes. Il y avait de nombreuses lois et commandements réglant la nourriture, la pureté, les fêtes à respecter, et la conduite de chacun. Les seules personnes qui avaient accès à la maison de Dieu (d’abord le tabernacle, ensuite le temple) étaient Aaron et ses descendants, et les seuls qui assuraient le service en rapport avec le culte à l’entrée du sanctuaire, étaient Lévites, issus comme les sacrificateurs d’ailleurs, de la tribu de Lévi.
En ce qui concerne les chants, la musique n’a été introduite que tardivement, du temps de David (1 Chr. 25). Les instruments de musique y avaient leur part, mais seuls les descendants d’Asaph, Jeduthun et d’Héman et de Jeduthun étaient chantres et pouvaient en jouer. Dans différentes occasions, le son de deux trompettes devait retentir (Nb. 10:1-10), spécialement lors de la fête des trompettes (Nb. 29:1) et lors de la nouvelle lune (Ps. 81:3). On retrouve l’usage des instruments à plusieurs reprises dans les Psaumes : Ps 98:5-6 par exemple et Ps150 sur lequel nous reviendrons. La musique avec instruments a aussi été utilisée dans certaines circonstances spéciales. On peut rappeler le tambourin de Marie après le passage de la Mer rouge (Ex. 15:20-21), les luths et autres instruments de musique joués par les chantres vêtus somptueusement au jour de Salomon (2 Chr. 5:12-14 ; 7:6). Plus tard, du temps de Néhémie, plusieurs instruments de musique accompagnaient les chœurs lors de la dédicace de la muraille de Jérusalem (Néh. 12:27-43).
Toutefois déjà à cette époque, la Parole de Dieu faisait la différence entre ce qui était purement musical et l’état du cœur de ceux qui rendaient culte, en sorte que, si l’état des cœurs n’était pas bon, la musique était rejetée, et considérée comme n’étant que du bruit, et leur chant, que des cris (Amos 5:23 ; 6:5-6).
L’Église ou assemblée a été annoncée par notre Seigneur dès Matthieu 16 (v. 18), et son son existence a commencé en Actes 2 avec la descente du Saint Esprit qui a constitué les croyants en un seul corps (1 Cor. 12:13). Après une période où les formes judaïques ont été supportées au sein du christianisme naissant (Actes 3 ; épître de Jacques), l’épître aux Hébreux a incité positivement les Juifs chrétiens à se dissocier du culte judaïque pour suivre Christ, et Christ seul (toute l’épître, mais spécialement Héb. 13:13).
Rappelons quelques-uns des contrastes les plus marqués entre les deux dispensations juive et chrétienne :
1) Alors que la promesse juive assure des bénédictions terrestres, la promesse chrétienne est constituée de bénédictions célestes, car nous lisons en Éphésiens 1:3 : « Béni soit le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus Christ, qui nous a béni de toute bénédiction dans les lieux célestes en Christ ». En Jean 14 (v. 1-6), pour consoler les disciples de sa mort prochaine, le Seigneur Jésus annonce qu’Il va leur préparer une place dans la maison du Père, le ciel. Bien d’autres passages aussi nous parlent de la « bienheureuse espérance » de ceux qui attendent la venue du Seigneur pour aller au ciel.
2) Notre Seigneur nous a laissé ces paroles : « Vous avez de la tribulation dans le monde » (Jean 16:33) et « Parce que vous n’êtes pas du monde... le monde vous hait » (15:19). Aucune promesse de victoire sur les ennemis temporels comme les Juifs en avaient la garantie, mais bien plutôt le contraire : Haine, persécution, dépouillement et souffrance serait la part à laquelle les fidèles devaient s’attendre (Marc 13:9-13 ; Héb. 10:32-34 ; 2 Cor. 4:7-10 ; 11:23-33).
3) Dans le système juif, on n’entrait pas dans la présence de Dieu, excepté le souverain sacrificateur, une fois par an, et non sans présenter du sang qu’il offrait pour lui-même et pour les fautes du peuple en tant que médiateur (Héb. 9:7-9). Mais dans le christianisme, tous les enfants de Dieu ont le privilège béni d’avoir un accès permanent dans le sanctuaire par le sang de Jésus (Héb. 10:19-22).
4) Dans le système juif, seule une classe spéciale de gens, la tribu de Lévi, pouvait exercer un ministère dans les institutions divines, mais sous le christianisme, tous les enfants de Dieu sont sacrificateurs et peuvent offrir des sacrifices spirituels, et proclamer les louanges de Dieu (1 Pierre 2:5-9).
5) Dans le système juif, Dieu « habitait » dans le tabernacle puis dans le temple de Salomon (2 Chr. 6:1-11 ; 6:18-20) tandis qu’aujourd’hui, Il habite dans le croyant dont le corps est le temple du Saint Esprit (1 Cor. 6 : 19), et dans l’assemblée (= église) qui est appelée le « temple de Dieu » (1 Cor. 3:16). Éph. 2:21-22 parle de l’Église comme « d’un temple saint dans le Seigneur… d’une habitation de Dieu par l’Esprit et 1 Pierre 2:5, comme « d’une maison spirituelle ».
6) Dans le système juif, on ne savait pas si on était accepté de Dieu (Ps. 13:1 ; 27:9 ; 44:24 ; 69:17 ; 88:14 ; 102:2 ; Héb. 10 : 1-3), mais nous chrétiens, nous nous réjouissons dans l’assurance du pardon de nos péchés et de notre acceptation en Jésus (Éph. 1:6; Rom. 8:31-39 ; Col. 1:11-23).
7) Les Juifs devaient renouveler constamment les sacrifices, chaque jour même (Nb. 28:4 ; Ex. 29:38-42). Mais en Héb. 10 (v. 14-18) nous lisons qu’il n’y a plus lieu d’offrir des sacrifices, « car, par une seule offrande, il a rendu parfaits à perpétuité ceux qui sont sanctifiés ».
8) L’adoration adressée à Dieu, n’est plus un culte lié à un lieu particulier ni à des formes particulières, mais un culte, une adoration « en esprit et en vérité ». C’est ce que notre Seigneur exprima très tôt à une femme samaritaine (Jean 4). Notre Seigneur commença par établir que le salut venait des Juifs (Jean 4:22), autrement dit la Parole de Dieu donnée par Moïse et le culte juif selon l’Ancien Testament étaient justes à l’origine, mais dorénavant les choses changeraient : « L’heure vient, et elle est maintenant, que les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et en vérité ; car aussi le Père en cherche de tels qui l’adorent » (Jean 4:23).
La relation avec Dieu est une relation vivante par le Saint Esprit, une communion qui rend la joie « accomplie », complète (Jean 15:11 ; 16:24 ; 17:13). Non seulement nous sommes bénis de toute bénédiction spirituelle dans les lieux célestes en Christ (Éph. 1:3), mais nous sommes enracinés et fondés dans l’amour ; le Christ habite par la foi dans nos cœurs, et nous pouvons entrer dans toutes les profondeurs des pensées de Dieu, des propos de Dieu et de Son amour, jusqu’à être remplis de toute la plénitude de Dieu (Éph. 3:16-19). Chanter à Dieu permet de lui exprimer les sentiments de nos coeurs.
Quelle différence avec un simple « airain (ou : cuivre) qui résonne » (1 Cor. 13:1), du métal qu’on fait vibrer en grattant ou en soufflant ! Voudrions-nous retourner à ce que l’apôtre appelle les faibles et misérables éléments du monde ? (Gal. 4:9).
Le chant de l’assemblée permet d’exprimer ensemble ces sentiments produits par le Saint Esprit dans le cœur et l’âme des croyants. Il y a une communion dont parle Éph. 3:18 « afin que vous soyez capables de comprendre avec tous les saints ». Il y a là un privilège spécial qui est simplement perdu quand on se borne à écouter une chorale.
Comme toujours, il faut se laisser instruire par la Parole de Dieu, et il est donc convenable, pour les réunions chrétiennes, de rechercher ce que dit le Nouveau Testament. On va voir que ce qu’on y trouve est fort différent de l’Ancien Testament, mais cela n’a rien d’étonnant à cause de ce qu’on va voir plus loin au sujet du légalisme. L’incompatibilité entre le judaïsme et le christianisme qui est annoncée par le Seigneur Lui-même, renforce le besoin de chercher à être instruits sur les pratiques de l’Église développées dans les épîtres.
Trois verbes grecs et les noms qui en dérivent sont employés en relation avec ce qui est musical : Ces mots signifient chanter, chanter une hymne, psalmodier.
Aucun de ces mots ne peut justifier l’emploi d’instruments de musique dans l’Église.
Recherchons tous les passages des épîtres où il est fait mention du chant ou de la musique :
Dans le livre des Actes, on ne trouve aucune mention des instruments de musique dans les réunions de l’Église. La seule fois où il est fait mention du chant, c’est en 16:25 : « Or sur le minuit, Paul et Silas, en priant, chantaient les louanges de Dieu » dans une prison.
Les épîtres gardent le même silence sur les instruments de musique dans les réunions chrétiennes. Les passages suivants nous enseignent :
Rom. 15:9 : « ...pour que les nations glorifiassent Dieu pour la miséricorde, selon qu’il est écrit : c’est pourquoi je te célébrerai parmi les nations, et je psalmodierai à ton nom » ;
1 Cor. 13:1 « Si je parle dans les langues des hommes et des anges, mais que je n’aie pas l’amour, je suis comme un airain qui résonne ou comme une cymbale retentissante » ;
1 Cor. 14:15 : « ...Je chanterai avec l’esprit, mais je chanterai aussi avec l’intelligence » ;
Éph. 5:19 : « Soyez remplis de l’Esprit, vous entretenant par des psaumes et des hymnes et des cantiques spirituels, chantant et psalmodiant de votre cœur au Seigneur » ;
Col. 3:16 : « Vous enseignant et vous exhortant l’un l’autre par des psaumes, des hymnes, des cantiques spirituels, chantant de vos cœurs à Dieu dans un esprit de grâce » ;
Héb. 2:12 : « J’annoncerai ton nom à mes frères ; au milieu de l’assemblée je chanterai tes louanges » ;
Jacq. 6:13 : « Quelqu’un est-il joyeux, qu’il chante des cantiques ».
Aucun de ces passages ne suggère le moindre accompagnement musical, mais ils montrent que le chant est en rapport avec la louange adressée à Dieu, ou avec l’édification et l’exhortation mutuelle des chrétiens entre eux. On voit aussi que le chant exprime ce qu’il y a dans le cœur, et que chanter est le privilège de tous les chrétiens, ce qui est en accord avec le fait que tous sont sacrificateurs. Ils font monter ensemble la louange vers Dieu, et les chants font partie de cette louange.
Car le culte, ou réunion pour l’adoration, consiste à faire monter la louange de l’assemblée vers Dieu, à offrir ensemble des sacrifices spirituels. Le culte ne consiste pas du tout à écouter une prédication, comme lors d’une réunion d’édification selon 1 Cor. 14 et Éph. 4 où la Parole de Dieu est annoncée pour l’enseignement, l’encouragement et la consolation des croyants. L’assemblée reçoit alors de la part de Dieu, tandis que dans le culte, elle offre à Dieu adoration, louange et reconnaissance.
On voit ainsi qu’écouter chanter une chorale n’est pas du tout le culte chrétien selon la Parole, aussi beau que soit le chœur.
Si Dieu avait en vue la musique instrumentale dans l’Église, ne nous l’aurait-Il pas fait connaître quelque part, dans les 28 chapitres des Actes, dans les 14 épîtres de Paul, les 3 de Jean ou les autres ? Il est frappant de constater que ce qui tient une si grande place dans les pensées et la pratique de beaucoup de chrétiens d’aujourd’hui n’est mentionné dans aucun passage des 22 livres écrits par 6 serviteurs du Seigneur dans l’espace de 70 ans.
Dans l’Apocalypse, qui révèle la gloire du ciel après les souffrances et les épreuves du pèlerinage terrestre nous ne sommes pas surpris de trouver de fréquentes mentions du chant. Il vaut la peine de remarquer que, dans la Bible, il n’est jamais question du chant des anges, et dans ce livre où on les voit souvent en action, il n’en est pas davantage question. Ils n’ont pas été rachetés et n’ont pas connu la délivrance dont nous sommes les objets ; c’est pourquoi ils ne chantent pas, mais ‘disent’ les louanges de Dieu (Apoc. 5:11).
La première mention du chant que nous trouvons dans l’Apocalypse se trouve au ch.5:8-9 : « Les 24 anciens tombèrent sur leurs faces devant l’Agneau ; ayant chacun une harpe et des coupes d’or pleines de parfums, qui sont les prières des saints. Et ils chantent un cantique nouveau... »
Les 24 anciens représentent sans aucun doute les saints glorifiés. Nous les trouvons là équipés de harpes et de coupes d’or pleines d’encens. Que pouvons-nous en conclure ?
· D’abord, nous ne pouvons pas prendre cette scène céleste comme un modèle de l’adoration que les chrétiens expriment sur la terre. Il ne s’agit pas de l’Église adorant sur la terre. Cette scène dépeint quelque chose d’un ordre nouveau, car l’église est certainement enlevée au ciel à la fin du ch. 3, et il n’est plus question dès lors d’assemblées locales.
· Ensuite, nous devons garder à l’esprit que l’Apocalypse est un livre plein de symboles, tirés spécialement de l’Ancien Testament. On n’en dénombre pas moins de 200. Il ne nous viendrait pas à l’esprit de dire que le nombre 24, qui symbolise les saints glorifiés, doive être pris littéralement, car présentement ils sont innombrables. En ce qui concerne les harpes, le v. 2 du chapitre 14 compare le son des harpes à la voix de grandes eaux et d’un grand tonnerre : il est évident que cela ne peut être que symbolique, comme le sont les harpes elles-mêmes qui produisent ces sons. Comme symbole, on voit toujours les harpes jointes à la louange dans les lieux célestes.
Si nous prenons les harpes célestes comme de réels instruments de musique, nous devons aussi prendre littéralement les figures qui les accompagnent. Ainsi, si nous utilisons des instruments de musique pour rendre culte à Dieu parce que nous trouvons des harpes dans le ciel, soyons conséquents, ajoutons aussi les coupes d’or, l’encens, ainsi que l’autel d’or, et plaçons des couronnes sur nos têtes !
On s’éloigne de la simplicité des croyants de Actes 2:42 chaque fois qu’on essaye d’introduire les symboles matériels de l’Apocalypse dans la vie chrétienne. Combien l’exemple des premiers chrétiens est simple et beau : « Ils persévéraient dans la doctrine et la communion des apôtres, dans la fraction du pain et les prières. »
Seuls les versets d’Apocalypse 5:8, 9 – 14:2, 3 – 15:2, 3 parlent du chant. Les deux derniers passages font également référence aux harpes et aux joueurs de harpe célestes, et les remarques que nous venons de faire sont tout aussi valables dans ces cas. Nous savons qu’il n’y a pas de « mer de verre, mêlée de feu » au sens littéral : pourquoi prendrions-nous les harpes de Dieu au sens littéral ?
Il ressort de ce qui précède que la volonté révélée de Dieu dans le Nouveau Testament, tant sur le plan doctrinal que pratique, ne mentionne nulle part une place quelconque accordée à la musique instrumentale dans l’Église. Or ajouter quelque chose à l’Écriture, revient toujours à l’annuler comme le Seigneur l’a montré à propos de la tradition des Juifs (Matt. 15:6).
En parlant, nous communiquons nos pensées à autrui, mais nous exprimons aussi nos sentiments. Le chant permet d’exprimer quelque chose que la simple parole exprime difficilement, par exemple la joie. Dans la Bible, nous trouvons le chant de cantiques chaque fois qu’il y a eu délivrance (Ex. 15 par exemple).
Le chrétien est exhorté à chanter (Éph. 5:19 et Col. 3:16) :
1) des psaumes : Ils étaient chantés par les croyants de l’Ancien Testament et nous pouvons les chanter encore aujourd’hui, quoique leurs paroles ne soient pas toujours appropriées aujourd’hui, notamment les expressions de doute et de vengeance. Ce sont des écrits inspirés qui étaient chantés en chœur. Ils pouvaient aussi être chantés par deux chœurs chantant alternativement (Néh. 12:31), ou par l’assemblée juive répondant à un soliste (1 Chr. 16:7-35 ; Ps. 41:13 ; 72:18, 19 ; 89:52 ; 106:48). D’autres versets bibliques peuvent aussi être mis en musique et chantés.
2) des hymnes : Ce sont des chants destinés à exalter une personne, une œuvre, la patrie. Le mot est alors au masculin. On parle par exemple d’un hymne national. Au féminin, une hymne chrétienne est un cantique qui exalte Dieu (ou le Seigneur Jésus), Le glorifie pour ce qu’Il est et pour ce qu’Il a fait. Les hymnes spirituelles ont une grande place dans l’adoration (Apoc. 4:11 ; 5:13 ; 7:12).
3) des cantiques spirituels : Les cantiques spirituels sont des chants servant à l’instruction, à l’édification, et à l’exhortation (Éph. 5:19 et Col. 3:16). Ce sont évidemment des chants en langues intelligibles (1 Cor. 14:12-14, 28), car ce qui n’est pas intelligible n’édifie pas. Comme les hymnes, ils ont été composés par des croyants pieux mais ne sont pas inspirés comme l’Ecriture sainte. Attention : ne pas confondre les mots : ‘cantique’ et ‘chanson’ ; une chanson est un chant profane, tandis qu’un cantique est un chant chrétien.
Si le chant de l’Église réunie devient une simple distraction, un folklore plaisant à la chair, il n’est pas du tout convenable ni selon Dieu. Chanter une hymne est quelque chose de sérieux, nous nous adressons à Dieu et lui exprimons quelque chose de vrai, de senti. S’il en est autrement, nous sommes des hypocrites et des menteurs !
Chacun doit s’interroger sur ses motivations profondes, en se plaçant en présence de Celui devant qui « toutes choses sont nues et découvertes » (Héb. 4:13) et « qui sonde les reins et les cœurs » (Apoc. 2:23). Est-ce que je chante pour me distraire ? ou par habitude, rituellement ? pour remplir les temps morts ? ou même pour le seul plaisir de chanter ?
Dans la Parole l’accent est mis sur le fait que nous devons chanter à Dieu, nous adresser et élever nos pensées vers Lui, tout comme lorsque nous prions (Éph. 5:19 et Col. 3:16).
Quelle hypocrisie ce serait de chanter à Dieu quelque chose auquel notre cœur ne s’associe pas ! Ce n’est pas la beauté de notre voix que Dieu apprécie, mais c’est le parfum qui monte de notre cœur, vers Lui, qui lui est agréable. Les instruments, s’ils aident à bien chanter, ne peuvent pas rendre notre adoration meilleure.
Il y a bien des cantiques que l’on peut chanter en tout temps pour exprimer notre joie en Christ (Jacq. 5:13) tandis que d’autres s’adressent à Dieu, et nous ne devons pas les chanter sans que le cœur soit véritablement engagé. « Ôte de devant moi le bruit de tes cantiques... je ne l’écouterai pas.... vous qui... chantez... et inventez, comme David… des instruments pour le chant » (Amos 5:23 & 6:5 déjà cités). Les Juifs religieux imitaient ce qu’avait fait David, mais leur cœur n’y était pas et Dieu a horreur de cela !
Nous risquons de ‘profaner’ les cantiques en les chantant comme des chansons, c’est-à-dire pour le simple plaisir de chanter, de se défouler physiquement, sans penser aux paroles que nous prononçons.
Remarquons que même un cantique chanté trop fréquemment perd de sa saveur : par la force de l’habitude il devient difficile de repenser chaque fois profondément à ce que nous exprimons. Ce problème peut être évité si l’on dispose de plusieurs cantiques exprimant des pensées très voisines. Autrement, il convient d’attirer l’attention sur ce qui est exprimé, soit en le lisant de manière expressive avant de le chanter, soit en se limitant au chant des strophes les plus appropriées, soit encore en adoptant un rythme plus lent pour ce qui est solennel.
L’apôtre montre en 1 Corinthiens 14 que nous ne devons pas chanter sans comprendre ce que nous disons, car nous sommes responsables de nos actes et de nos paroles devant Dieu. Prononcer ou chanter à Dieu des paroles dont je ne connais pas le sens, laisse mon intelligence ‘sans fruit’ (v. 14), chose tout à fait anormale. Il importe donc, qu’avant de chanter, les cantiques soient traduits dans la langue de ceux qui les chantent et, au besoin, que le vocabulaire soit expliqué.
Nous sommes enseignés à marcher par l’Esprit (Gal. 5:16) mais aussi à rendre culte par l’Esprit (Jean 4:23-24 ; Phil. 3:3). Notre adoration n’est pas comme celle des Juifs, constituée de rites et de gestes symboliques. Le Saint Esprit, que nous possédons aujourd’hui, nous rend capables d’exprimer cette adoration en esprit, dans laquelle notre esprit, tout comme notre cœur, doit être pleinement engagé.
Dieu nous a donné plusieurs moyens d’expression : la parole, le chant, l’attitude qui traduit ce que l’on éprouve envers quelqu’un... Le chant permet d’aller plus loin que la parole et contribue à l’élévation de nos âmes vers Dieu. Il est bon que, isolé ou en famille, ou quand l’Église est réunie, le chrétien chante. Cependant il doit le faire de manière à ce que ce chant honore Dieu et demeure un moyen d’expression qui soit tout entier pour la gloire de Dieu.
Nous avons remarqué qu’en Apocalypse 5, les anges adressent leur louange à Dieu par la parole alors que les rachetés le font par le chant. Tout au long de la Bible le chant est lié à notre délivrance, tandis que les anges n’ont été délivrés de rien. Au v. 14, les rachetés adorent en silence dans une attitude de profond respect. Ne nous arrive-il pas d’être si étreint par l’amour de Dieu que nos moyens d’expression se trouvent insuffisants ? Veillons à ne pas empêcher que de tels moments se produisent par un manque de recueillement ou par une succession trop rapide des cantiques.
Une des déclarations les plus remarquables de notre Seigneur, lorsqu’il était sur la terre, se trouve à la fin de Luc 5:36-39 : « Personne ne met un morceau d’un habit neuf à un vieil habit ; autrement il déchirera le neuf, et aussi la pièce [prise] du neuf ne s’accordera pas avec le vieux. Et personne ne met du vin nouveau dans de vieilles outres ; autrement le vin nouveau rompra les outres, et il se répandra, et les outres seront perdues ; mais le vin nouveau doit être mis dans des outres neuves, et tous les deux se conservent. Et il n’y a personne qui ait bu du vieux, qui veuille aussitôt du nouveau ; car il dit : Le vieux est meilleur ».
Voilà des affirmations qui doivent nous arrêter ! Le Seigneur a simplement voulu enseigner que le judaïsme et le christianisme ne peuvent être mélangés, car ils s’excluent mutuellement. Essayer de les unir, c’est perdre complètement la signification de chacun. L’ancien habit de même que les anciennes outres représentent le judaïsme qui ne peut supporter ce qui est nouveau, le christianisme. Dans celui-ci, il y a la puissance de l’Esprit qui habite dans le croyant et le remplit de ferveur pour Christ.
Le dernier verset (v. 39) montre même que l’homme naturel préfère l’ancien, le judaïsme ; pourquoi cela ? Parce que le système juif donne des ordonnances à accomplir par l’homme naturel, et cette dévotion volontaire donne un certain honneur à la chair, c’est-à-dire à l’homme naturel (Col. 2:20-23). Inversement, le christianisme met le vieil homme dans la mort (Rom. 6:4-6 ; Col. 2:20) et offre la grâce, le salut gratuit, ce qui ne plaît pas à l’homme naturel (Luc 4:17-30 ; 5:39). Ce verset 39 nous montre donc bien que la tendance naturelle de l’homme est toujours de revenir à un culte de forme s’appuyant, encore aujourd’hui sur une liturgie immuable et sécurisante.
Il nous faut donc soigneusement maintenir la distinction entre d’une part le culte juif confié à l’homme dans la chair et responsable d’obéir à la Loi et d’autre part, le culte chrétien rendu à Dieu dans la puissance du Saint Esprit.
Nous sommes en présence de 2 ensembles bien distincts dans l’Ecriture :
1) Culte juif - Loi – homme animal ou naturel - chair - rites immuables - sacrifices sanglants – chants, danses et instruments de musique.
2) Culte chrétien - rachetés du Seigneur Jésus - adoration en esprit et en vérité - Saint Esprit - rite unique : la cène - sacrifices spirituels - hymnes et cantiques spirituels.
Nous ne traiterons pas ici en entier cette question du légalisme traitée dans un autre article. Nous avons vu plus haut plusieurs changements importants introduits par le christianisme. Nous venons de voir en rapport avec Luc 5:36-39 la tendance naturelle à revenir aux anciennes pratiques judaïques. Or dans deux épîtres, celles aux Galates et aux Colossiens, l’apôtre est amené à mettre en garde sévèrement les chrétiens contre ce retour. Les Galates revenaient à la circoncision, et l’apôtre les avertit sévèrement que c’était abandonner l’évangile, abandonner l’Esprit pour retourner à la chair, et se mettre sous la malédiction (de la loi qui condamne le pécheur). Les Colossiens revenaient à la philosophie, au culte des anges et à l’ascétisme ; c’était retourner aux misérables éléments du monde (religieux ou philosophique) sans valeur ; c’était ne pas tenir ferme le Christ.
Le diable sait très bien utiliser de nombreux autres moyens pour faire retomber les chrétiens dans les formes judaïques. Il remporte une grande victoire quand il parvient à les convaincre de donner la première place à ce qui se voit. Les uns construisent de splendides édifices qu’on appelle églises, cathédrales ou monastères. L’« église » représente dès lors le bâtiment et non pas les enfants de Dieu qui peuvent s’y rencontrer. Jamais, dans la Parole, on ne trouve cette interprétation donnée à l’église de Dieu. D’autres rétablissent un clergé distinct des laïcs comme jadis les sacrificateurs et les lévites, ils mettent en place des organisations ecclésiastiques, et imposent aux fidèles la dîme et l’usage de l’encens. On pourrait multiplier les exemples. Toutes ces notions propres à l’Ancien Testament ne doivent plus être prises à la lettre ; elles ont pour nous, chrétiens, une signification spirituelle que nous sommes en danger de négliger par notre ignorance coupable de la pensée de Dieu.
On ne peut trop insister sur le fait que l’usage de la musique instrumentale dans l’église est un élément de plus par lequel on revient aux pratiques de l’Ancien Testament. Pour justifier cet emploi des instruments de musique dans le culte, on cite le Psaume 150 au cours duquel plus d’une demi-douzaine d’entre eux sont mentionnés. Il s’agit bien là encore d’un retour aux formes judaïques de l’Ancien Testament, et d’un abandon délibéré des enseignements du Nouveau. Où est dès lors l’heureuse liberté du culte rendu en esprit et en vérité dans la puissance du Saint Esprit par des croyants qui profitent de leur position de sacrificateur pour faire monter de leur cœur la louange jusque dans le sanctuaire de la présence divine où ils entrent désormais par la foi ?
« Jésus Christ… a fait de nous… des sacrificateurs pour son Dieu et Père » (Apoc. 1 : 5).
Cet usage est une question de portée profonde.
Si nous ne mettons pas le vin nouveau dans des outres neuves (voir plus haut ce que signifient ces images), nous le perdons ! Posons-nous la question : Est-il sage d’oser risquer de perdre ce qu’a de précieux ce vin nouveau (la puissance de l’Esprit opérant dans nos relations avec Dieu, dans le culte et dans les autres réunions de l’assemblée), en retournant aux faibles éléments d’un sanctuaire matériel et terrestre ? N’avons-nous pas lu que le sanctuaire terrestre fait partie de la première alliance, l’ancienne alliance qui est mise de côté ? (Héb. 8:13 à 9:1). N’écouterons-nous pas plutôt la voix que notre Seigneur béni adresse à l’Église de Philadelphie en Apocalypse 3:8 : « Voici j’ai mis devant toi une porte ouverte que personne ne peut fermer, car tu as peu de force, et tu as gardé ma Parole et tu n’as pas renié mon nom » — autrement dit, c’est Lui qui nous enseigne le chemin, nous le montre et nous donne la possibilité d’y marcher (Jean 14:6). La substance du culte, c’est Christ.
Nous avons aussi vu qu’ajouter quelque chose à l’Écriture (par exemple au Nouveau Testament), revient toujours à l’annuler comme le Seigneur l’a montré à propos de la tradition des Juifs (Matt. 15:6).
Si l’on veut revenir aux instruments de musique selon l’ancienne alliance, l’apôtre Paul nous dit que l’on est alors obligé d’accomplir TOUTE la loi (Gal. 5:3) : sonner de la trompette à la nouvelle lune, exercer le culte à Jérusalem trois fois par an, faire brûler de l’encens, etc.
Au vu de ce qui précède, peut-être que quelques-uns de nos lecteurs s’interrogeront et se demanderont alors pourquoi le Psaume 150 figure dans la Bible.
Nous avons montré que l’espérance et les bénédictions juives étaient terrestres, alors que les chrétiens sont « bénis de toute bénédiction spirituelle dans les lieux célestes en Christ » (Eph. 1 : 3). Il n’en reste pas moins que les promesses faites au peuple d’Israël dans l’Ancien Testament s’accompliront. Un jour, sur la terre, sera établi, sous la domination de Christ un royaume qui durera mille ans. Y seront introduits les fidèles d’entre les Juifs dont nous parle le premier paragraphe d’Ezéchiel 9 ou Malachie 3 : 16-17 par exemple, de même que ceux qui auront reçu l’évangile du royaume qui « sera prêché dans la terre habitée tout entière, en témoignage à toutes les nations » (Matt. 24 : 14), tous ceux qui auront part à la première résurrection (*). Le chapitre 20 de l’Apocalypse le confirme, le verset 6 en particulier. Mais, Juifs ou non, tous ceux qui au cours des âges, auront cru l’évangile de la grâce auront alors été préalablement enlevés au ciel et ne sont pas au nombre des adorateurs de ce psaume (Jean 14:3 et 1 Thes. 4:14-18).
(*) Note : Les témoins de Jéhovah font une confusion complète sur ces questions, puisqu’ils oublient Dieu révélé comme Père dans le Nouveau Testament, et ils annoncent seulement Jéhovah = L’Éternel, c’est-à-dire Dieu connu sous l’un de ses caractères révélés dans l’Ancien Testament ; ils n’offrent aux chrétiens que l’espérance d’un royaume terrestre (il y a bien, d’après eux, une part céleste pour 144000 personnes, mais ceci est faux puisque Apoc. 7 montre que ces 144000 sont exclusivement d’Israël, et non pas des chrétiens de toutes les nations).
La louange qui monte vers Dieu dans le Psaume 150 et dans bien d’autres psaumes qui nous parlent de ces temps futurs est un bel exemple de cœurs qui s’épanchent vers Dieu, avec un caractère approprié à l’Ancien Testament et à ce royaume terrestre futur. Les cinq derniers psaumes, 146 à 150, forment une section spéciale, car ils commencent et finissent tous par la même expression « Louez Jah » (Jah est une forme abrégée de Jéhovah = L’Éternel), c’est-à-dire Alléluia. Or cette louange se trouve associée au triomphe du peuple d’Israël et de Sion (Jérusalem) (146:10 ; 147:2, 12 ; 148:14 ; 149:2), au jugement ou même à la vengeance et à la destruction des ennemis (146:7 ; 147:6 ; 148 :8 ; 149:6-9). La délivrance et la bénédiction qui en découlent ont un caractère essentiellement terrestre (146:7-8 ; 147:13-18). Tous ces psaumes célèbrent l’établissement de ce règne terrestre futur qui exige que les ennemis de Dieu soient anéantis et que les chants de victoire s’élèvent au son des trompettes, du tambourin, de la harpe et des cymbales retentissantes.
Mais ces manifestations de louange et de reconnaissance ne peuvent pas s’harmoniser avec la position des chrétiens qui, eux-mêmes objets de la grâce, sont appelés à prier pour leurs ennemis. Ils se réjouissent dans le Seigneur (Phil. 3:1 ; 4:4), et dans la communion avec le Père et le Fils (1 Jean 1:1-4). Des passages comme Colossiens 1:12-20 et Ephésiens 1:3-9 nous montrent clairement sur quels fondements repose la louange chrétienne (voir aussi 1 Pierre 1:3-5 et Éph 3:14-21).
Connaissons-nous cette joie profonde de l’adoration sous le regard de Dieu sans guitare ni tam-tam ?
Le Psaume 150 est important pour nous, car il montre que la louange s’adresse à Dieu dans son sanctuaire. Pour l’Israël futur, ce sera Dieu connu dans son temple à Jérusalem (où se trouvera son sanctuaire). Pour nous, le Seigneur est vu au ciel, assis à la droite de Dieu (Éph. 2:6 ; Héb. 10:12 ; Apoc. 3:21). Le psaume 150 montre aussi que toutes les épreuves et souffrances vécues par les fidèles tout au long de ce livre des Psaumes aboutissent à la pleine louange de Dieu, sans restriction. C’est une leçon importante à apprendre, mais cette leçon elle est d’ordre spirituel ; elle n’est pas donnée pour nous parler des instruments de musique à utiliser. .
De nos jours, nous sommes entourés d’un spectacle étrange. La musique instrumentale aux formes diverses a été généralisée par l’Église professante, au point de remplacer, dans une mesure, le culte, la lecture et la prédication de la Parole. Nous citons quelques autres auteurs :
« On se confie dans la musique religieuse pour produire les émotions, et on l’accentue en faisant beaucoup de bruit avec des haut-parleurs ! La Parole de Dieu est mise au second rang ; l’épée de l’Esprit (la Parole de Dieu) est mise de côté pendant la moitié du temps ou plus, dans les programmes radio. La musique est tellement mise en avant et est rendue si attractive que quand la Parole est enfin prêchée, l’auditoire a perdu son désir d’entendre la Parole ».
Or « dès que Christ perd de sa réalité pour l’âme, le ritualisme prend la place, et des formes sans vie apparaissent de tous côtés. On en arrive au point où même le monde n’a plus de respect pour le christianisme, car il semble davantage lié au divertissement qu’à la conversion des âmes ».
On mélange ainsi les activités chrétiennes avec ce qui satisfait la chair jusqu’à blesser les chrétiens sérieux, et cela ne fait que mêler les chrétiens au monde. Ce n’est pas en devenant soi-même mondain que l’on convertira le monde.
Relisons les paroles de notre Seigneur à la femme du puits de Sichar (Jean 4:23-24 : « [Dieu] Le Père cherche de VRAIS adorateurs qui l’adorent en esprit et en vérité ». Ce n’était pas le cas des adorateurs juifs. Notre Père céleste cherche des adorateurs qui ne l’adorent pas avec l’orgue, mais de tout leur cœur, jusqu’au retour du Seigneur Jésus, des rachetés qui l’adorent pour ce qu’il est et le louent pour ce qu’il a fait.
Si nous avons compris ce qu’est vraiment le caractère du culte et des diverses réunions où l’on s’adresse à Dieu par l’Esprit et où on reçoit de lui par sa Parole, si nous avons saisi quelque peu les merveilles excellentes et célestes du christianisme, dans la joie de la communion et de la ferveur des rachetés, voudrions-nous vraiment revenir à du simple « métal qui résonne » (1 Cor. 13:1), du métal qu’on fait vibrer en grattant ou en soufflant ! Voudrions-nous retourner à ce que l’apôtre appelle les faibles et misérables éléments du monde ? (Gal. 4:9). Tenons plutôt ferme le Christ, les principes de la Parole et les privilèges chrétiens qu’elle nous enseigne, pour la gloire de Dieu !