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APRÈS LA MORT

 

L’homme expire, et où est-il ? — Job 14:10

 

Adrien Ladrierre

 

Sous-titres et subdivisions du texte ont été ajoutés par Bibliquest. ME 1895 p 207 & 221

 

Table des matières :

1     Une question générale

2     Réponse matérialiste

3     La conscience

4     L’âme, souffle de Dieu

5     L’âme et la mort

5.1      Genèse 2:7 et Ecclésiaste 12:7

5.2      Luc 20:38

5.3      Luc 16

6     La mort comme sommeil

6.1      Jean 11:11 et Luc 8:52

6.2      1 Thessaloniciens 5:10

6.3      Luc 23:43 et 2 Corinthiens 12:2-4

6.4      Actes 7:59

6.5      Philippiens 1:23

7     Ceux qui meurent sans Christ

 

 

1                        Une question générale

Cette question qui se pose ou qui devrait se poser dans chaque âme d’homme, est des plus solennelles. La mort, terme de l’existence ici-bas, lot commun et inévitable de tout homme, est-elle la fin définitive et pour toujours de l’activité de ses facultés, de son travail, de ses joies, comme de ses douleurs ? Ou bien y a-t-il pour lui, au delà de la mort, une autre existence, ou plutôt la continuation de son existence, bien que dans d’autres conditions ? Et dans ce cas, quelle est-elle ? « L’homme expire, et où est-il ? »

 

2                        Réponse matérialiste

Les matérialistes répondent : Nulle part, car quand on est mort, tout est mort. Mais ils n’apportent aucune preuve de leur assertion tranchante. Cela leur plaît à dire, et ils ont leurs raisons plus ou moins avouables, et dont peut-être ils ne se rendent pas compte eux-mêmes. C’est plus commode de dire et de vouloir se persuader qu’il n’y a plus rien, car alors on n’a pas besoin de s’inquiéter d’un jugement à venir, d’une responsabilité morale qui nous incombe. « Mangeons et buvons, jouissons, car demain nous mourrons ». Plaise à Dieu qu’aucun de mes lecteurs ne partage une pareille aberration et ne s’avilisse ainsi au niveau de la brute qui périt pour toujours !

 

3                        La conscience

Quoi que les matérialistes puissent dire, il est certain qu’au fond de toute âme d’homme, il y a une horreur profonde pour l’anéantissement. Il repousse l’idée de ne plus être, il a le sentiment intime que ces facultés intellectuelles, si grandes et si nobles, par lesquelles il sonde les profondeurs des cieux, les abîmes des mers, la nature entière qu’il étudie dans ses mystères et dont il se soumet les puissances, ces facultés dont la plus élevée est celle de pouvoir connaître Dieu, ne sauraient cesser leur activité. Il a en lui, à un degré plus ou moins grand, avec une perception plus ou moins claire, l’instinct de son immortalité, comme au fond, il en a le désir, et c’est un fait que cette pensée d’une vie au delà de la mort, nous la trouvons chez tous les peuples. Elle est innée.

Il y a dans l’homme des aspirations qui sont comme un pressentiment d’une vie au delà de la tombe. Jamais, quoiqu’il en soit, il ne se trouve pleinement satisfait par ce qu’il a appris, connu, possédé, par tout ce dont il a joui. Toujours et toujours, il faut à son esprit de nouveaux aliments. Jamais le but n’est pleinement atteint. Il meurt en voyant encore devant lui un horizon immense. N’y aurait-il pas une autre existence où se continuera l’activité de son esprit ? Et ce désir intense de bonheur que nous avons tous en nous-mêmes et que rien ici-bas ne saurait satisfaire, le sera-t-il jamais ? Ce bonheur complet, inaltérable et immuable, où l’âme trouverait enfin le repos, n’y a-t-il pas une vie où il nous sera dévolu ?

Et enfin, tout au fond de son être, il y a une voix qui dit à l’homme : « Il doit y avoir une rémunération ; à chacun doit être rendu selon ses œuvres. Cette rémunération, elle ne se fait pas ici-bas ; elle sera de l’autre côté de la tombe ». Cette voix de la conscience, plusieurs, il est vrai, cherchent à l’étouffer ; ils aimeraient mieux le néant que la vie d’au delà, mais leurs raisonnements, pour se persuader qu’au delà il n’y a rien, ne prouveraient-ils pas le contraire de ce qu’ils veulent établir ? Et annulent-ils la conscience ?

Mais tout ce que nous venons de présenter ne saurait nous donner une certitude quant au fait d’une autre existence, ni surtout une réponse quant à ce qu’elle sera. Les plus sages d’entre les hommes, livrés aux seules lumières de leur raison, n’ont pu avancer que des présomptions, avoir que des espérances, fondées sur une croyance vague répandue chez tous les peuples, mais auxquelles l’intelligence développée et la raison éclairée de ces sages a donné plus de crédibilité. Socrate et Platon pouvaient désirer et attendre une autre vie ; mais qu’en savaient-ils de certain ?

 

La vraie réponse vient de la Parole de Dieu

La réponse à la question posée par le patriarche Job, doit être fondée sur quelque chose de plus certain que la tradition, les conjectures, les désirs et les raisonnements des hommes. Un seul a pu la donner, un seul a pu lever le voile qui couvre la région d’au delà de la tombe. C’est Celui qui est lumière et qui éclaire même cette « terre sombre comme les ténèbres de l’ombre de la mort » ; c’est Christ qui a fait luire la vie et l’incorruptibilité par l’Évangile. Fondés sur sa Parole, la parole de la vérité, nous avons une certitude quant à ce qui suit la mort. Et quand quelqu’un expire, nous savons où il est. Mais nous avons à accepter simplement ce que nous dit la parole de Dieu, sans aller au delà, sans nous laisser égarer par des suppositions, des désirs, ou des raisonnements. Il faut nous contenter de ce que Dieu nous révèle, et ne pas vouloir sonder ce qu’il lui a plu de réserver à sa seule connaissance. Notre place est celle de la soumission, de la confiance et de l’adoration. Il convient à de pauvres créatures comme nous de savoir ignorer, et d’être assurés qu’en Dieu tout s’accorde, sainteté, justice et amour.

 

4                        L’âme, souffle de Dieu

Qu’est-ce donc qui suit l’instant où l’homme expire, où il ferme les yeux aux scènes d’ici-bas ? Avant de répondre à cette question, je rappellerai à mon lecteur ce que la parole de Dieu nous dit de la création de l’homme. Dieu le forma — quant à son corps — de la poussière du sol. Par cette partie matérielle de son être, l’homme, en quelque mesure, ressemble aux animaux. Mais Dieu souffla en lui une respiration de vie, et l’homme devint une âme vivante. Ce souffle de vie venant de Dieu, est l’esprit, l’âme (*), la puissance immatérielle qui anime le corps. L’ensemble est un seul être, l’homme ; mais le corps est ce par quoi nous sommes mis en rapport avec le monde matériel, l’instrument au moyen duquel nous agissons sur ce qui nous entoure ; l’âme est la puissance qui domine, régit cet instrument et s’en sert. C’est elle qui, à proprement parler, constitue notre « moi », car nous disons « mon corps », « mes membres », indiquant par là que nous sommes autre chose ; je suis l’habitant immatériel de l’enveloppe matérielle qui cependant est mienne. Il est de toute importance, en ces jours de matérialisme courant, de retenir ces vérités fondamentales. Il ne l’est pas moins de remarquer que ce souffle de vie, notre âme, venant de Dieu, ne saurait être anéantie, est immortelle, comme le montrent d’autres passages de l’Écriture.

 

(*) L’apôtre Paul, envisageant l’homme dans tout ce qui le constitue, parle du corps, de l’âme et de l’esprit (1 Thessaloniciens 5:23), ce dernier étant la partie la plus élevée de notre être immatériel, laquelle nous met en rapport avec Dieu.

 

5                        L’âme et la mort

5.1   Genèse 2:7 et Ecclésiaste 12:7

Et maintenant, qu’est-ce que la mort ? La cessation de notre existence ici-bas. Mais qu’est-ce qui la cause ? La séparation des deux parties qui constituent notre être. Le corps retourne à la terre d’où il a été tiré ; ses organes se dissolvent, et la corruption s’en empare. Nous savons, par la parole de Dieu, d’où vient cette chose anormale dans l’état de l’homme. C’est le péché, la désobéissance, qui a amené la mort, selon la sentence de Dieu : « Au jour que tu en mangeras, tu mourras certainement ». Mais la dissolution de la partie matérielle de notre être, atteint-elle la partie immatérielle ? Nullement ; celle-ci, en dehors de son enveloppe matérielle, continue d’exister. La parole de Dieu est formelle à cet égard ; l’Ancien Testament nous le dit dans un passage remarquable : « Le câble d’argent se détache (le lien qui unit les deux parties), le seau se brise à la source (le corps ne peut plus puiser la vie à ce qui l’anime), et la roue se casse à la citerne (le ressort est brisé), et la poussière (le corps) retourne à la terre, comme elle y avait été, et l’esprit retourne à Dieu qui l’a donné » (Ecclésiaste 12:6, 7) ; non pour rentrer dans le tout universel et s’y confondre, mais pour être devant Celui qui l’a formé. — « Après la mort, le jugement ».

 

5.2   Luc 20:38

Le Seigneur, s’adressant aux sadducéens pour confondre leur matérialisme qui, non seulement niait la résurrection, mais aussi une existence de l’homme après la mort, fait ressortir d’une manière frappante que l’homme ne meurt pas tout entier. Il rappelle que l’Éternel s’est révélé à Moïse comme « le Dieu d’Abraham, et le Dieu d’Isaac, et le Dieu de Jacob » (Exode 3:6). « Or », ajoute Jésus, « il n’est pas le Dieu des morts, mais des vivants ; car pour lui tous vivent » (Luc 20:37, 38). Tous ceux qui ont disparu de la scène de ce monde, comme les patriarches, vivent cependant pour Dieu ; leurs esprits subsistent, où vont-ils ces esprits ? Les Écritures de l’Ancien Testament, de même que celles du Nouveau, ont un nom pour désigner le séjour des âmes séparées du corps. Dans les premières, c’est le shéol, dans les autres, c’est le hadès, ou lieu invisible, le lieu caché aux regards de tout œil mortel, qui échappe entièrement à nos sens, mais qui n’est pas le néant, puisque l’on en sort après y avoir été : « Tu n’as pas laissé mon âme en hadès ». Le shéol n’est pas le sépulcre, ni l’enfer ; c’est bien le séjour des esprits après la mort. L’Ancien Testament nous y montre vivants ceux qui sont délogés. Samuel, non par la puissance évocatrice de la pythonisse, mais par la volonté de Dieu, vient de ce lieu annoncer au roi coupable sa défaite et sa mort prochaine (1 Samuel 28). Samuel vivait donc. Ésaïe, dans un passage d’une poésie sublime, nous montre dans le shéol les rois et les puissants de la terre tressaillant en y voyant descendre l’orgueilleux monarque de Babylone (Ésaïe 14). C’est un langage magnifique, parce que c’est celui de la vérité. Et David dit, en partant de l’enfant qu’il vient de perdre : « Moi je vais vers lui, mais lui ne reviendra pas vers moi ». C’était sa consolation, mais eut-il parlé ainsi, s’il avait simplement voulu dire qu’il mourrait, de même que l’enfant était mort ?

 

5.3   Luc 16

Mais le passage qui nous montre avec le plus d’évidence l’existence des esprits après la mort, en même temps que leur condition, est celui où, dans le récit du riche et de Lazare, le Seigneur lève le voile qui cache à nos yeux ce monde d’au delà de la mort (Luc 16). De quelque manière qu’on l’interprète, ce récit nous fait voir que l’esprit séparé du corps a toutes ses facultés actives : il jouit et souffre, il sent et se rappelle, il désire et prie. Dans l’Apocalypse aussi, nous voyons les âmes de ceux qui ont été mis à mort pour le nom de Jésus, vivantes et demandant vengeance.

Nous pouvons donc conclure qu’après la mort, tandis que le corps, rendu à la terre, tombe en poussière, l’esprit est vivant dans une sphère en dehors de ce qui tombe sous les sens, et que là ses facultés ont des perceptions que ne troublent plus les choses matérielles.

 

6                        La mort comme sommeil

6.1   Jean 11:11 et Luc 8:52

Je viendrai ici au-devant d’une objection. Que veulent dire les expressions des Écritures : « il s’endormit », « ceux qui dorment », et autres semblables, si l’esprit, au sortir de son enveloppe corporelle, a les perceptions, l’activité, que vous lui supposez ? La mort est, en effet, comparée à un sommeil, mais cela est relatif au corps seulement, et non à l’esprit. C’est une image bien touchante employée pour indiquer le repos après les labeurs et les luttes de la vie ici-bas ; pour exprimer surtout l’espérance du réveil en résurrection ; Jésus nous le montre bien, lorsqu’à propos de Lazare, le frère de Marthe et Marie, il dit : « Lazare, notre ami, s’est endormi, mais je vais pour l’éveiller ». Pour éveiller quoi ? Non pas l’esprit de Lazare, mais son corps. Le Seigneur dit aussi à propos de la petite fille de Jaïrus : « Ne pleurez pas ; car elle n’est pas morte, mais elle dort ». Pour le monde elle était morte ; son activité ici-bas avait cessé, mais pour lui, pour qui tous vivent, elle dormait seulement. Aussi lisons-nous que Jésus ayant dit : « Jeune fille, lève-toi », son esprit retourna en elle, et elle se leva comme quelqu’un qui sort du sommeil. Or cela n’implique nullement que son esprit dormait. Il est vrai que nous avons quelque peine à concevoir cet état intermédiaire, anormal, il faut le dire, où l’esprit est séparé du corps qui le met en relation avec le monde extérieur et matériel. Mais, après la mort, ce monde a disparu pour lui, il est en contact seulement avec les réalités invisibles et éternelles. Là il conserve toute son activité, et même une activité plus grande quant à ces choses, car elle n’est plus entravée, et sa vue n’est plus obscurcie, par les besoins et les infirmités du corps, par les occupations et les nombreuses préoccupations de cette vie terrestre.

 

6.2   1 Thessaloniciens 5:10

L’esprit ne dort donc point. À l’instant de la mort, il se trouve vivant dans le monde invisible. Combien cela est solennel pour l’incrédule, combien doux pour le croyant. C’est à l’égard de ce dernier que je désire apporter quelques preuves du fait que je viens d’avancer. Le croyant a la vie de Christ. Christ est sa vie. Il a à manifester cette vie dans son corps, dans sa chair mortelle (2 Corinthiens 4:10, 11). Mais la vie de Christ est-elle dans son corps ? N’est-ce pas son esprit qui en est animé ? Ce qui est né de nouveau par la puissance de l’Esprit Saint, est-ce le corps ou l’esprit ? La question est aisément résolue. Mais alors si la mort était un sommeil pour l’esprit et pas seulement relativement au corps, il faudrait donc conclure que la vie de Jésus en nous dort. La vie éternelle en nous pourrait-elle être suspendue ? Non ; comme il est dit : « Soit que nous veillions, soit que nous dormions, nous vivons ensemble avec lui », avec Jésus qui est mort pour nous (1 Thessaloniciens 5:9, 10).

Mais des passages plus positifs démontrent qu’après la mort, l’esprit, sans intervalle de temps, dégagé des liens du corps, se trouve vivant devant Dieu.

 

6.3   Luc 23:43 et 2 Corinthiens 12:2-4

Le premier de ces passages se trouve en Luc 23:43. Au brigand converti et qui va mourir ce jour même, Jésus dit : « En vérité, je te dis : Aujourd’hui tu seras avec moi dans le paradis ». Son pauvre corps allait être jeté à la voirie, mais lui-même, son esprit, irait aussitôt, avec le Sauveur, dans ce lieu de délices. C’est bien le hadès ; mais, pour l’âme sauvée, ce lieu invisible est déjà un endroit de bonheur. Est-ce notre corps ou bien notre âme qui, maintenant sur la terre, jouit des choses de Dieu ? C’est dans le corps, je veux bien, mais notre esprit a-t-il besoin du corps pour cela ? Le fait rapporté par Paul quant à lui-même répond à la question. Il est ravi au troisième ciel, dans le paradis, il y a entendu des paroles ineffables, et il dit : « Si ce fut dans le corps, si ce fut hors du corps, je ne sais ; Dieu le sait » (2 Corinthiens 12:2-4). Qui a été ravi, qui a entendu, qui a joui ? Paul, mais dans son corps, c’est son esprit ; hors du corps, que serait-ce, sinon son esprit ? Mais n’oublions pas que l’homme n’est complet qu’avec un corps ; aussi la résurrection est-elle toujours placée devant nous comme l’état final. « Aujourd’hui », dit le Seigneur au brigand. Lui, Jésus, expire avant ce dernier : « Père », dit-il, « entre tes mains, je remets mon esprit ». Et peu après, aujourd’hui, le même jour, les os du brigand sauvé sont brisés, et son esprit bienheureux va où est l’esprit de son Sauveur. L’un ne dort pas plus que l’autre. Christ ressuscite, et le brigand attend dans le paradis le jour de la résurrection dont Christ est les prémices (1 Corinthiens 15:23).

 

6.4   Actes 7:59

Le second passage est celui qui raconte la mort d’Étienne, le premier martyr. Après avoir vu le ciel ouvert et rendu témoignage au Fils de l’homme, à Jésus glorifié à la droite de Dieu, Étienne est lapidé et dit en expirant : « Seigneur Jésus, reçois mon esprit », puis il s’endormit. Il laissait son corps meurtri à la terre, mais aussitôt son esprit, son être immatériel, que ne pouvait atteindre la haine de ses ennemis (*), s’en alla près du Seigneur. Quant à son corps, il s’endormit : douce image du repos, de l’absence des souffrances endurées dans le corps ; mais quant à l’esprit, vivant, libre, heureux, il est reçu par Jésus. Quelle valeur auraient ses paroles, si son esprit qui venait de voir la gloire, s’était endormi, avait perdu conscience de ce qui venait de le soutenir pour rendre témoignage au Seigneur et pour pardonner à ses ennemis ?

 

(*) « Ne craignez pas », dit Jésus, « ceux qui tuent le corps, et qui ne peuvent pas tuer l’âme, mais craignez plutôt celui qui peut détruire et l’âme et le corps, dans la géhenne » (Matthieu 10:28).

 

Deux passages positifs nous restent encore pour affirmer le même fait : l’existence consciente de l’esprit dans le moment qui suit la mort. Ces deux passages sont 2 Corinthiens 5:8, et Philippiens 1:23. Dans le premier, l’apôtre donne de ce qu’est la mort pour le chrétien la définition la plus admirable : « Absents du corps », « présents avec le Seigneur » ; hors du chez nous d’ici-bas, hors de cette tente périssable, mais chez nous là-haut avec le Seigneur. Mais quand est-ce ? Faut-il attendre la résurrection ? Évidemment non. Le contexte le prouve : « Étant présents dans le corps, nous sommes absents du Seigneur », nous marchons par la foi, non par la vue. Mais « absents du corps », le corps étant laissé ici-bas, nous sommes présents avec le Seigneur, auprès de lui quant à notre esprit. Être présent, c’est voir, c’est vivre, c’est jouir de ce qu’est le Seigneur. Et pouvons-nous supposer qu’il y ait un intervalle entre le moment où le lien est brisé et celui où l’on est présent avec le Seigneur ? La forme de la phrase indique le contraire, et le désir de Paul : « nous aimons mieux » n’aurait aucun sens, s’il lui avait fallu attendre la résurrection. Le « chez nous », le home du chrétien, quand il a quitté ce corps, c’est auprès du Seigneur, dans le paradis, comme le brigand, comme Étienne. On y jouit en repos de la présence ravissante du Seigneur. Je ne dis pas des relations avec les autres saints délogés ; rien dans la Parole ne nous le dit, et je pense qu’il faut pour cela attendre la résurrection.

 

6.5   Philippiens 1:23

Le passage de Philippiens 1 a le même sens, renferme la même pensée. « Ayant le désir de déloger et d’être avec Christ, car cela est de beaucoup meilleur ». « Déloger », c’est quitter la demeure terrestre avec ses labeurs, ses luttes et ses souffrances, et aussi l’entrave qu’elle apporte à la pleine jouissance de Christ. C’est la tente qui charge et sous laquelle on gémit. Mais une fois délogé, aussitôt l’esprit trouve son « chez lui » près de Christ, et combien cela est meilleur, bien que ce ne soit pas encore la gloire en résurrection.

De ces passages nous pouvons conclure qu’aussitôt après la mort, l’esprit du chrétien, en qui est la vie éternelle, va vers le Sauveur, source de cette vie. L’Esprit Saint qui était en lui, y demeure pour le faire jouir de tout ce que comprend cette vie. Tel est donc notre bienheureux lot, dès que nous quittons notre chair mortelle. Quelle consolation pour ceux qui restent, quelle précieuse assurance pour ceux qui délogent !

 

7                        Ceux qui meurent sans Christ

Mais les méchants, ceux qui meurent sans Christ, qu’advient-il d’eux à ce moment suprême ? Nous ne pouvons douter qu’il n’en soit de même pour eux : je veux dire que leur esprit séparé du corps vit aussi. N’eussions-nous que le texte de Luc 16, le récit qui concerne le riche et Lazare, cela serait suffisant. Mais il y a d’autres passages. Prenons 1 Pierre 3:19, 20 ; là nous voyons « les esprits qui sont en prison, qui ont été autrefois désobéissants ». Ces esprits vivent ; en serait-il autrement de ceux qui sont désobéissants maintenant ? « Après la mort, le jugement » (Hébreux 9:27). Qu’est-ce qui est jugé après la mort ? La sentence « tu mourras », prononcée contre l’homme pécheur, a été exécutée, mais il reste « le jugement » individuel de chacun après la mort. Telle est la déclaration divine. L’esprit délogé sait déjà et immédiatement après la mort ce qui l’attend. Il est déjà jugé. Ce n’est pas encore le jugement final et solennel décrit en Apocalypse 20, quand les morts ont repris vie dans leurs corps (voyez Jean 5:28, 29). Mais c’est, pour chacun des méchants, le hadès, la géhenne, avec les tourments, avec le feu brûlant du remords, en attendant la sentence définitive du jugement public.

Le chrétien n’attend pas la mort ; il attend des cieux Christ, le Seigneur, comme Sauveur ; « qui transformera le corps de notre abaissement en la conformité du corps de sa gloire » (Philippiens 3 :20). Mais il sait que, si le Seigneur juge bon qu’il déloge avant ce moment, son esprit sera auprès de Jésus. Il vit déjà ici-bas de cette vie sur laquelle la mort n’a point de pouvoir. Il la continue auprès de Christ, en dehors du corps, en attendant la résurrection, l’état final, où il sera semblable à Christ, conforme entièrement à l’image du Fils, selon le dessein de Dieu (Romains 8:29 ; 1 Jean 3:2).

Le méchant est mort quant à Dieu ; mort dans ses fautes et ses péchés. Il n’use de ses facultés que pour lui-même, pour satisfaire ses convoitises quelles qu’elles soient, pour suivre les désirs, les volontés de la chair et de ses pensées, de sa nature étrangère à la vie et aux choses de Dieu (Éphésiens 2:1-3 ; 4:18). Quand, pour lui, le monde présent a disparu, son esprit s’ouvre soudain aux réalités invisibles et éternelles, il se voit avec horreur tel qu’il est, il comprend ce qu’il a perdu, et c’est dans le hadès — après la mort — ce qui fait son tourment.

Nous n’avons pas à entrer dans la discussion de la question que l’on pose parfois : « Quel est le sort de ceux qui n’ont pas entendu l’Évangile, soit dans les contrées païennes, autrefois ou aujourd’hui, soit dans celles où les superstitions ont dénaturé le christianisme ? La seule réponse que l’on puisse faire en évitant les vaines spéculations et en s’en tenant à l’Écriture, est celle-ci : Dieu est juste et Dieu est miséricordieux. Il agit et agira selon sa justice et sa miséricorde. Laissons-lui ce qu’il ne lui a pas plu, dans sa souveraine sagesse, de révéler à notre esprit borné. Le voile se lèvera un jour quand nous connaîtrons à fond comme nous avons été connus, quand ce qui est parfait sera venu (1 Corinthiens 13:9-12). En attendant, chacun de nous a à répondre pour lui-même.

On a prétendu tirer de certains textes, en particulier de 1 Pierre 3:18-20, une présomption en faveur d’un état de probation après la mort, comme si l’Évangile serait alors encore présenté à ceux qui ne l’auraient pas entendu. Ce passage nous semble devoir être interprété dans un autre sens, et l’on n’en saurait rien inférer d’une prétendue descente de Christ aux enfers. Le Seigneur nous montre, avant sa mort, Abraham dans le bonheur du ciel ; nous y voyons Moïse et Élie qui, dans la scène de la transfiguration, s’entretiennent avec lui précisément de sa mort. Samuel, apparaissant à Saül, dit : « Pourquoi as-tu troublé mon repos ? » Il était dans le repos, non de la mort, mais jouissant dans son esprit du repos après tous ses travaux, et en particulier des peines occasionnées par la désobéissance de Saül.

Mais, même si l’on pouvait admettre, ce qui du reste n’est qu’une tradition tirée d’un évangile apocryphe, savoir que Christ est descendu dans le hadès pour en délivrer les saints de l’Ancien Testament qui y attendaient sa venue, cela voudrait-il dire que maintenant, glorifié dans le ciel, il va prêcher aux âmes de ceux qui n’auraient pas entendu l’Évangile ? Et si l’on prétend qu’il leur envoie des messagers pour leur présenter — ainsi qu’à ceux qui sont morts inconvertis — une chance de salut, on se lance dans le domaine des hypothèses — on va au delà de ce qu’enseigne l’Écriture. « Celui qui n’a pas connu la volonté de son maître, et qui a fait des choses qui méritent des coups, sera battu de peu de coups » (Luc 12:48). Telle est la parole du Seigneur. « Tous ceux qui ont péché sans loi, périront aussi sans loi » (Romains 2:12). Telle est la déclaration de l’apôtre inspiré. Il y aura une rémunération pour tous, selon la parfaite équité et la justice du Dieu infiniment sage. « Nous comparaîtrons tous devant le tribunal de Dieu » (Romains 14:10). Tenons-nous à ces déclarations toutes simples. Le reste est spéculation et curiosité.

Après la mort, pour le chrétien, la vie auprès de Christ ; pour l’incrédule, le jugement, et les peines de la géhenne.