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Retrouver l’efficace de la mort de Christ
JOSUÉ 10:24-26 et COL. 2:19
André Gibert
Table des matières :
2 Des ennemis puissants. Besoin d’être fortifiés
3 L’assurance de la foi communiquée à d’autres
4 Besoin de saisir la plénitude du succès déjà acquis en vue de luttes encore à venir
5 Le combat chrétien vu à travers l’image de Josué
6 Saisir que l’ennemi ne peut rien contre Christ
7 Le témoignage à la victoire de Christ par ceux qui ne sont pas charnels
8 D’abord Guilgal, la chair mise de coté
9 Col. 2:19 : une œuvre accomplie dont il faut retrouver l’efficace
Le titre et les sous-titres ont été ajoutés par Bibliquest
ME 1962 p. 61
«Et lorsqu’ils eurent amené ces rois à Josué, il arriva que Josué appela tous les hommes d’Israël, et dit aux capitaines des hommes de guerre qui avaient marché avec lui : Approchez-vous, mettez vos pieds sur les cous de ces rois. Et ils s’approchèrent, et mirent leurs pieds sur leurs cous. Et Josué leur dit : Ne craignez point, et ne soyez point effrayés ; fortifiez-vous, et soyez fermes ; car l’Éternel fera ainsi à tous vos ennemis contre lesquels vous combattez. Et après cela Josué les frappa et les fit mourir, et il les pendit à cinq arbres...»
Les cinq rois, pris dans la caverne de Makkéda après la défaite de leurs armées à Gabaon, régnaient sur ces contrées du Midi par où, quarante ans plus tôt, les espions avaient commencé l’exploration de Canaan, et où ils avaient rencontré les Anakim (Nombres 13:22, 23) dont la description avait effrayé le peuple à Kadés-Barnéa.
Josué pouvait se souvenir de ce jour où il s’était joint à Caleb pour s’opposer, au péril de leur vie, à la panique du peuple, et pour dire de ces Cananéens : «L’Éternel est avec nous ; ne les craignez pas» (Nomb. 14:9). Maintenant sa foi triomphait : il pouvait mettre les rois ennemis sous les pieds de ses compagnons, il allait les frapper et les faire mourir en les pendant aux arbres, et prendre «en une seule fois tous ces rois et leur pays» (Jos. 10:42).
À la vérité, Josué lui-même avait dû être à maintes reprises «fortifié» et exhorté à «ne pas craindre». Il aurait été comme un autre «effrayé», même «terrifié» (Josué 1:9). Ces ennemis étaient en effet puissants ; alors même que la terreur du nom d’Israël était tombée sur eux (2:9 ; 9:10, 11 ; 10:1), ils étaient hommes vaillants, redoutables pour toute autre armée que celle de l’Éternel. C’est pourquoi déjà dans la plaine en deçà du Jourdain l’Éternel avait recommandé à Moïse de fortifier Josué (Deut. 1:38 ; 3:28), et Moïse n’y avait pas manqué (31:7, 23). Moïse mort, l’Éternel lui-même avait exhorté Josué à se fortifier et à être ferme, et Il avait employé jusqu’aux deux tribus et demie pour l’y engager (Josué 1:6, 9, 18). Plus tard, une fois le Jourdain passé, Jéricho conquise, et qu’avait dû être apprise l’humiliante leçon d’Aï et du jugement de l’interdit, l’Éternel lui dit de nouveau : «Ne crains point et ne t’effraie point» (8:1), alors qu’il avait été un moment abattu. Il le lui redit encore après l’expérience fâcheuse de la ruse des Gabaonites (10:8). Il le redira quand surgiront de nouveaux ennemis, ceux de la puissante coalition de Hatsor (11:6).
Sa foi ainsi soutenue et ranimée, Josué est vainqueur par la force divine, et il peut communiquer à Israël l’assurance de cette foi. De même que Moïse avait dit à tout le peuple, avant les combats, de se fortifier (Deut. 31:6), de même Josué put le lui dire au cours de la guerre, et ce sera sa recommandation suprême à la fin de sa carrière (Josué 23:6).
Nous le voyons le dire ici dans cette circonstance, notable entre toutes, du couronnement de la grande victoire de Gabaon. L’Éternel avait tenu la promesse qu’il avait faite à Josué montant de Guilgal pour la bataille (10:8), et, parce qu’Il avait Lui-même «combattu pour Israël» (v. 14), les rois des Amoréens étaient domptés. Ils sont extraits de la caverne où ils se cachaient tandis que se consommait le désastre de leurs troupes, et ils se voient exposés aux yeux de tous dans une totale impuissance, eux qui faisaient tout trembler naguère au point que les officiers de Josué semblent intimidés en quelque mesure devant eux. Ainsi des enfants s’approchent craintivement d’un reptile qu’une grande personne tient pourtant solidement et va tuer, mais qui remue encore. Il importe que ces combattants saisissent pour ainsi dire tangiblement la plénitude du succès, en infligeant à ces rois, en vertu de la victoire de Josué et sur son ordre, la marque publique de leur soumission, avant que Josué les mette à mort. «Ne craignez point et ne soyez point effrayés», leur dit-il, et ne craignez pas davantage les ennemis futurs, car «l’Éternel fera ainsi à tous vos ennemis...». Il faudra en effet reprendre la lutte pour en finir avec les villes fortifiées où se sont réfugiés les fuyards, (10:20, 28-40), il y aura ensuite le Nord du pays à conquérir (ch. 11), et enfin il faudra revenir contre les Anakim (11:21-23), bref, lutter jusqu’à ce que «le pays se repose de la guerre».
Pour nous, chrétiens, Jésus est le «chef de la foi». Il nous conduit par son Esprit aux combats nécessaires pour prendre effectivement possession de notre Canaan céleste, et Il nous fait affronter des ennemis bien plus redoutables que ceux-là, qui étaient de sang et de chair, alors que nous avons affaire «aux principautés, aux autorités, à la puissance spirituelle de méchanceté qui est dans les lieux célestes». Mais à la différence de Josué qui n’en est qu’un faible type, il n’y a dans notre Chef aucune défaillance, et la puissance qui est mise à notre disposition est celle de sa mort et de sa résurrection : le combat chrétien, qui est le combat de Dieu, développe les résultats de la victoire déjà remportée par Christ. «Les hommes de guerre qui marchent avec Lui» sont appelés à vaincre en Lui obéissant, comme les capitaines de Josué obéissaient à leur chef. Le triomphe complet et définitif est encore à venir, mais il est acquis d’avance ; «le Dieu de paix brisera bientôt Satan sous vos pieds» (Rom. 16:20), et les ennemis de Christ seront mis comme marchepied de ses pieds (Ps. 110:1). Jusque-là il y aura toujours combat pour les chrétiens sur la terre. Nous sommes exhortés à «nous fortifier dans le Seigneur et dans la puissance de sa force» (Éph. 6:10), sans nous laisser «épouvanter par les adversaires» (Phil. 1:28), même si nous aurions lieu de trembler devant eux en considérant notre manque de force propre. La force est en Christ, à qui la foi regarde, et qui est là dans le combat pour que nous triomphions par sa victoire.
La foi est invitée par Lui à mettre hardiment le pied sur le cou de l’adversaire et à constater qu’il ne peut rien contre Christ, qu’il lui est déjà assujetti, lui et tous ses satellites, et qu’il sera bientôt détruit. Il devrait en être ainsi jour après jour, dans les combats toujours renouvelés de notre vie terrestre. Mais combien souvent le Seigneur a à nous dire en ce sens comme en tant d’autres : «Où est votre foi ?... Gens de petite foi, pourquoi êtes-vous craintifs ?» Que de fois il arrive que, la victoire étant là à notre portée, nous hésitons à nous en saisir, comme ces officiers de Josué qu’il doit stimuler, ou comme Jéther, le jeune fils de Gédéon qui avait peur de mettre à mort les rois de Madian enchaînés ! «Tel qu’est l’homme, telle est sa force» (Juges 8:21) : nous savons bien peu «être hommes» (1 Cor. 16:13). Nous voyons encore menaçant l’ennemi contre lequel nous sommes sans force, et nous oublions Celui qui l’a rendu impuissant et qui va le détruire.
Cela ne veut-il pas dire que nous Le connaissons bien peu, Lui, et la puissance de sa résurrection, et que nous manquons de coeur pour Lui ? C’est sa gloire, ne l’oublions pas, qui est en cause dans nos combats : vainqueur, le chrétien témoigne de la pleine victoire que Christ a remportée à la croix, et vaincu il renie pratiquement la valeur de la croix. D’autre part Christ désire nous voir conquérir notre héritage du ciel, afin que nous jouissions de Lui en qui nous sommes «bénis de toute bénédiction spirituelle dans les lieux célestes». De telles bénédictions ne sont précieuses que pour des «hommes spirituels», et hélas, ne sommes-nous pas souvent comme les Corinthiens des «hommes charnels», «de petits enfants en Christ» (1 Cor. 3:1) ?
Lui qui par grâce a fait de nous ses compagnons et ses soldats nous veut vainqueurs. «Nous sommes plus que vainqueurs, dit l’apôtre, par Celui qui nous a aimés» (Rom. 8:37). Il veut que nous prenions pleine conscience de sa force victorieuse dans le combat d’aujourd’hui, et que par là nous soyons fortifiés pour le combat de demain («l’Éternel fera ainsi à tous vos ennemis contre lesquels vous combattrez»), et ainsi de jour en jour, jusqu’au «repos» final.
Seulement, entre le combat d’aujourd’hui et celui de demain, il faut Guilgal (v. 15, 43). Le Seigneur dit : «Ma puissance s’accomplit dans l’infirmité». La chair est tour à tour pusillanime et présomptueuse, si pusillanime qu’elle refuse la victoire, et si présomptueuse qu’elle cherche à se glorifier une fois la victoire remportée. C’est pourquoi il est si important de la mettre de côté, en mortifiant «nos membres qui sont sur la terre». C’est là Guilgal, sans lequel, a-t-on dit, il n’y a aucune victoire (*).
Mais quelle grâce que de pouvoir y retourner pour y retrouver toujours l’efficace de la mort de Celui qui «en la croix» a triomphé des principautés et des autorités, les a dépouillées, les a produites en public (Col. 2:15), — tels les cinq rois tirés de la caverne pour être mis à mort sous la malédiction de Dieu, après que leur asservissement total eût été proclamé par leurs cous mis sous les pieds des compagnons du chef victorieux !
(*) H. R. Méditations sur le livre de Josué, p. 40. La lecture de cet ouvrage ne saurait être trop recommandée à qui désire saisir l’enseignement de la Parole sur le combat chrétien.