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« Dieu dit... et il fut ainsi »

Création ou évolution ?

        Nous croyons devoir écrire ces pages, en pensant surtout aux jeunes générations facilement incitées à ne prendre en considération que ce qui est estampillé ultramoderne.
        Le récit biblique de la création est inattaquable; seul il «rend compte de ce qui est sous les yeux de tous et en donne l'explication», et cela parce qu'il est la révélation de Dieu.

        Ce récit admet toute la durée qu'a pu exiger la formation des mondes, l'organisation de la terre et l'apparition des êtres qui y vivent. Avec beaucoup de commentateurs, nous plaçons les âges géologiques entre le premier et le deuxième verset de Genèse 1. Que d'autres les voient dans les six jours, ou que d'autres encore pensent qu'ils se sont déroulés au cours d'immenses intervalles entre ces «jours», cela reste secondaire. Le point capital est de recevoir simplement ce que l'Ecriture enseigne, sans lui faire dire ce qu'elle ne dit pas expressément. Ce sur quoi elle est formelle, c'est, d'abord que tout a été créé par Dieu, à sa Parole, et ensuite que l'homme, «tiré de la terre » (1 Corinthiens 15:47) comme les autres êtres d'ici-bas, a été formé d'une manière unique, foncièrement différente de la leur, quoi que puissent dire des hommes de science, mais non point la véritable science.

        Il importe encore et toujours de bien distinguer entre, d'une part des faits indiscutables, établis par l'observation ou par l'expérimentation, et, d'autre part, les théories édifiées en raisonnant sur ces faits. Les théories n'ont pas le droit de se prétendre autre chose que des interprétations contestables de ces faits et de leur origine. Elles peuvent satisfaire en quelque mesure l'intelligence qui les admet, elles ne peuvent lui apporter une certitude. L'Ecriture, elle, apporte cette certitude à la foi.

        Les faits indéniables concernant le passé de la terre sont fournis évidemment par les terrains dont se compose la croûte terrestre et par les fossiles qu'ils recèlent.

        Les géologues étudient la nature et la disposition de ces terrains, spécialement la superposition des couches sédimentaires. Mais les étendues très inégales de ces couches, la diversité de leurs modes de formation, les modifications que leur ont imposées les mouvements du sol, les destructions qu'elles ont subies en surface par désagrégation, érosion, transport, etc., leurs transformations en profondeur du fait de pressions et de températures énormes (métamorphisme), tout cela suscite à chaque pas des difficultés, dès qu'on cherche à coordonner les observations de détail pour établir des vues d'ensemble et se faire une idée de la succession des faits.

        Les fossiles, qu'étudie la paléontologie, sont les vestiges des êtres qui ont vécu avant l'époque géologique actuelle. On sait qu'il s'agit soit d'empreintes ou de moulages naturels, soit, plus rarement, de débris d'animaux et de végétaux eux-mêmes, conservés çà et là dans le sol et le sous-sol. Leur nombre est peu de chose par rapport à la masse des terrains, et il diminue à mesure que ceux-ci sont plus anciens. Autant, a-t-on dit, des aiguilles perdues dans le foin. Si fragmentaires que soient ces témoignages concrets, on peut, en les recueillant patiemment, en les comparant et en étudiant leurs rapports avec la succession des couches, se faire une idée de l'ordre d'apparition des êtres vivants, par grandes catégories, ordre qui est précisément celui que la Genèse indique. Des groupes ont disparu, très peu se sont maintenus depuis les temps les plus lointains, le plus grand nombre de ceux qui vivent à l'heure actuelle étant apparus successivement, l'homme en dernier lieu. Il n'est pas question de diminuer la valeur de l'énorme travail poursuivi surtout depuis un siècle, avec patience et objectivité, pour rassembler les admirables collections de fossiles que chacun peut voir dans les musées spécialisés ou dans les ouvrages qui en donnent des reproductions.

        De ces faits dûment observés on essaie de tirer des conclusions. Plus précisément de reconstituer une suite d'événements, une histoire. Le raisonnement, l'intuition et l'imagination se disputent le soin de combler les lacunes de l'observation. Le raisonnement vaut ce que valent les bases dont on part, et elles sont souvent peu solides. L'imagination, même si l'on s'efforce de contrôler son pouvoir inventif, emporte vite l'esprit loin des réalités. L'intuition est trop souvent tentée de se donner pour certitude alors que l'expérience ne l'a nullement confirmée.

        S'il s'agit de dater les faits, il faudrait commencer par établir que les conditions de la matière, la composition de l'atmosphère, les lois physiques de l'univers elles-mêmes, n'ont pas changé depuis l'origine, et si elles ont changé déterminer ces changements et leurs conséquences. La plupart des géologues raisonnent comme si rien de tout cela n'avait effectivement varié, mais cet «actualisme» (ou «uniformitarisme») n'est qu'un postulat, un principe non démontré et sans doute indémontrable. Quant aux méthodes employées pour cette datation des faits géologiques, il serait hors de propos de les exposer ici. La vitesse des sédimentations, la mesure de l'accumulation du sel dans les mers, ont fait place aux méthodes radioactives et à l'utilisation des isotopes - le carbone 14 pour tout ce qui est organique, le potassium-argon d'emploi plus général. Ces méthodes peuvent présenter une grande rigueur logique, mais elles perdent cette rigueur dans l'application. De toute façon, elles postulent elles aussi des lois qui n'auraient pas varié au cours des âges, ce qui n'est pas vérifié; certaines constatations, pour des faits de la préhistoire, mettent en question la valeur du procédé carbone 14. Enfin, la notion de temps elle-même n'est-elle pas sujette à caution, et peut-on soumettre toute la durée à des évaluations exprimées selon nos jours et nos années, divisions du temps fondées sur le rythme actuel des mouvements de la terre, et qui ont été «introduites précisément au moment qui convient au caractère de la révélation de Dieu et à ses voies envers les hommes» ?

        Mais l'esprit humain n'ambitionne pas seulement de se représenter «du commencement à la fin l'ouvre que Dieu a faite», il vise à en expliquer le déroulement. Les plus répandus actuellement des systèmes d'explication sont inspirés par la théorie de l'évolution. Appliquée aux êtres vivants, c'est le transformisme [Pour prévenir toute équivoque, c'est dans ce sens d'évolution transformiste que nous employons toujours, dans ces quelques pages, le mot d'évolution]. Elle part de la constatation suivante: les fossiles montrent que les êtres vivants sont apparus par groupes, de durée inégale, avec une organisation généralement de plus en plus complexe. Le transformiste en infère que les espèces vivantes, l'espèce humaine comprise, procéderaient toutes d'un petit nombre d'espèces initiales, même d'une seule, même d'une cellule primitive unique, d'origine inconnue, et se seraient progressivement transformées, en se perfectionnant d'une étape à l'autre. Cette hypothèse admise, on s'efforcera de découvrir toute la chaîne des êtres dans ses maillons successifs, et d'élucider les mécanismes de l'apparition de nouvelles espèces. La contradiction est totale, on le voit, avec ce que l'Ecriture rapporte de la création des êtres vivants, par grandes catégories venues les unes après les autres, mais toujours «chacun selon son espèce» (Genèse 1:11, 12, 21, 24, 25), et de la création spéciale de l'homme (1:26, 27; 2:7, 22). Cela ne signifie pas qu'au cours des âges il ne se soit pas produit des variations au sein des espèces, d'où les races, etc., mais que chaque espèce possède en propre une organisation particulière de la vie. Le passage d'une espèce à l'autre, la génération des espèces par transformisme, sont formellement exclus.

        Les théories fondamentales des transformistes ont été celles du 19° siècle, aussi bien Lamarck expliquant en 1809 l'évolution par l'adaptation des organes à des milieux extérieurs qui se transformaient, que Ch. Darwin l'expliquant cinquante ans plus tard par la concurrence vitale et la sélection naturelle. Les travaux des grands géologues de ce 19° siècle, comme Lyell, D'Orbigny, Philipp, Gaudry, et combien d'autres, ont été utilisés pour appuyer ces théoriese transformistes. Sans doute, depuis lors, la doctrine transformiste a-t-elle été contrainte d'abandonner Lamarck et Darwin pour accueillir d'autres interprétations fondées surtout sur les variations brusques, ou mutations, après les observations d'un Hugo de Vriès. Elle a dû faire face aux redoutables objections tirées des lois de l'hérédité que Mendel (mort en 1884) avait mises en lumière. Mais elle n'a pas capitulé. Elle inspire toujours de téméraires explications matérialistes du monde, dans la ligne de Haeckel, et maintenant s'en réclament de grands systèmes cosmologiques et théologiques qui prétendent concilier la foi et le rationalisme. Elle n'en demeure pas moins une doctrine, et rien de plus.

        Sur le plan strictement scientifique, aucune de ces théories ne peut se prévaloir d'observation, ou de démonstration directe. Le passé géologique est mort, et il est clair que jamais homme n'a pu voir le passage d'une espèce à l'autre au cours de ce passé; les paléontologistes recherchent en vain les «formes de transition». Comme l'écrit l'un d'eux, J.-J. Barloy, «il est évident qu'une filiation est toujours hypothétique en paléontologie». Quant au présent, la biologie n'a pu ni produire ni observer de tels passages, ni voir des organes nouveaux apparaître chez une espèce donnée. Les expériences    les plus remarquables des biologistes indiquent toutes la stabilité des espèces sauf, encore une fois, certains détails qui ne changent rien à la permanence du monde vivant, et qui, du reste, se perdent d'une génération à l'autre («retour des types»). Que donc l'on tienne l'évolution transformiste pour une hypothèse cohérente, qu'on la trouve commode pour classer et exposer les faits, cela pourrait à la rigueur s'admettre. Mais pas davantage. C'est un schéma conventionnel. Ses partisans les plus convaincus, s'ils sont sincères, doivent en convenir. Au surplus, cette hypothèse n'explique rien. Elle met derrière le mot «évolution» un principe indéfinissable et mystérieux. Elle émet un dogme (voir note).

        En réalité, les savants se décident, relativement à de tels sujets, non sur des preuves évidentes comme on pourrait en tirer de démonstrations mathématiques ou mieux d'expériences physiques et chimiques, mais d'après leurs sentiments, leur éducation, la conception qu'ils se font de l'homme et de l'univers. «La paléontologie est une science passionnelle», a-t-on écrit. La vraie science se bornera à dire: on peut édifier des systèmes philosophiques et pseudo-scientifiques sur l'idée de l'évolution transformiste, mais non sur des faits constatés d'une telle évolution.
Or cette distinction est bien rarement faite. Le parti pris de certains est de la mauvaise foi toute pure. Il est, aimons à le croire, involontaire chez le très grand nombre de savants qui arrivent à ne plus penser qu'en termes d'évolution. Il y a une foi évolutionniste. Elle ne peut tenir lieu de certitude, comme le reconnaît Jean Rostand quand il écrit : « On ne peut que croire en l'évolution » [« Ce que je crois », p. 13. Le même dira : « On ne peut jamais que croire, et toute la différence est entre les gens téméraires qui croient qu'ils savent et les sages qui savent qu'ils croient» (p. 23).]. Nous voudrions pouvoir penser qu'il y a simple impropriété de langage de la part de cet autre biologiste disant: «L'évolution est un fait historique et elle nous montre la lente montée de la vie vers les formes supérieures d'organisation » [Prof. Marois, dans les Cahiers de l'Institut de la vie.]. Un fait historique ? Non. Une certaine reconstitution conjecturale de l'histoire des êtres vivants, ce qui est tout autre chose.

        Mais toujours est-il que la masse des gens qui n'ont ni la possibilité ni le loisir de s'informer exactement sont induits en erreur, et que beaucoup acceptent comme vérité démontrée ce qui n'est qu'une conjecture. C'est sur une base aussi suspecte que ces gens mettent en doute la Révélation.

        C'est par l'effet d'une réelle tromperie, d'autre part, que le grand public est persuadé que l'unanimité des savants est acquise à cette doctrine de l'évolution. «La réalité de l'évolution n'est plus mise en doute par personne... le transformisme n'a plus d'ennemis», écrit intrépidement un naturaliste réputé. C'est là une contre-vérité flagrante. Il suffirait de citer la conclusion du professeur Lemoine à la fin du volume V de l'Encyclopédie française, consacré à ces questions (1938): «L'évolution, dit-il, est une sorte de dogme auquel ses prêtres ne croient plus, mais qu'ils maintiennent pour leur peuple. Il faut avoir le courage de le dire, pour que les hommes de la génération future orientent leurs recherches dans une autre direction» - (courage dont, pour le dire en passant, manquait cet autre savant qui écrivait en 1903: « Je reconnais que l'on n'a jamais vu une espèce en engendrer une autre ni se transformer en une autre», mais qui poursuivait, substituant une croyance à une certitude: «je considère cependant l'évolution aussi certaine que si elle était démontrée objectivement» !) Le professeur Lemoine continue: «les données de la paléontologie démontrent au contraire qu'il n'y a pas eu d'évolution, tout au moins évolution des grands groupes». Il suffirait encore de rappeler l'ouvrage bien connu du professeur L. Vialleton: «L'origine des êtres vivants, l'illusion transformiste» (1929). Mais plus près de nous des biologistes comme le professeur L. Bounoure ou le docteur Maurice Vernet, pour nous en tenir à ces noms (il y en aurait bien d'autres) s'inscrivent en faux, et non sans éclat, contre cette illusion. En particulier l'ouvre de M. Vernet porte toute sur l'impossibilité démontrée que les phénomènes vivants se réduisent à de purs mécanismes physico-chimiques [Entre autres : Le problème de la vie (1948) ; L'évolution du monde vivant (1950); L'âme et la vie (1955); La grande illusion de Teilhard de Chardin (1964).]

        N'hésitons donc pas à dire que c'est par un véritable abus de confiance que la théorie transformiste est présentée à la jeunesse, dans l'enseignement qui lui est officiellement dispensé, comme une vérité acquise. Un minimum d'honnêteté ferait dire : « Voilà mon opinion, mais il y en a d'autres», ou encore: «Tout se passe comme si... mais personne n'a jamais vu comment cela se passe».
On ne saurait trop mettre en garde contre cet insidieux empoisonnement des esprits. Notre propos n'est nullement de polémiquer, et nous ne revendiquons ici aucune compétence. Nous voulons seulement attirer l'attention, ne serait-ce qu'au nom du bons sens, sur des pièges fort dangereux. Relevons particulièrement ceci. N'est-il pas stupéfiant qu'il se trouve des hommes de science qui, pour asseoir leur système et l'enseigner, continuent à avancer des exemples qui ont été reconnus comme des faux purs et simples, le plus remarquable étant le trop fameux «homme de Piltdown» ? Il l'est autant que l'on fonde tant de raisonnements spécieux sur des restes hétéroclites, recueillis dans des conditions parfois plus que douteuses, pour en composer par l'imagination des ancêtres supposés de l'homme : tels, après le pithécanthrope de Trinil (Java, 1906), le sinanthrope de Choukou-tien (1929), un autre sinanthrope plus récent, ou encore les australopithèques et les paraustralopithèques. Les discussions ne sont pas près d'être closes, entre préhistoriens comme entre paléontologistes, quant au rattachement de ces fossiles soit à l'espèce humaine soit aux singes, et il en va de même pour ceux que l'on découvre un peu partout (homo habilis du Tanganika (1961), atlanthrope d'Algérie, zinjanthrope, tchadanthrope (1962), aegyptopithèque (1966), kényapithèque, etc. Les désaccords entre évolutionnistes sont parfois si grands qu'on peut se demander s'ils gardent eux-mêmes un fonds de pensée commun. Mais, répétons-le, il n'est pas vrai que tous les savants soient transformistes. Des athées refusent cette théorie au nom même de leur athéisme (un dogme, lui aussi!), pour écarter tout ce qui paraîtrait prouver un dessein préalable dans l'univers, une finalité comme disent les philosophes ; c'est à peu près la position du professeur Lemoine cité plus haut. Bien davantage, cela va sans dire, la refusent des savants qui, à l'opposé, s'inclinent devant un Créateur, «Celui qui opère toutes choses selon le conseil de sa volonté» (Éphésiens 1:11) et qui a formé l'homme à son image.

        Mais parmi les systèmes liés à l'évolutionnisme, les plus inquiétants peut-être sont ceux, bruyamment prônés aujourd'hui, qui se drapent du manteau religieux. Dans le dessein d'harmoniser la science et la révélation, ils concourent en réalité au rejet de celle-ci. Des affirmations de caractère scientifique étayent de vastes synthèses englobant l'origine, l'histoire et la destinée du monde et de l'homme. Qui n'a entendu parler des théories du P. Teilhard de Chardin, dont notre époque fait une manière de religion nouvelle ? Elles épousent les aspirations du monde moderne plus encore qu'elles ne les orientent, tant elles saisissent avec empressement ce qui, au nom de la science, fait taire la conscience. Les données d'une certaine science et d'une certaine théologie s'y accordent en effet de façon captieuse. En réalité l'imagination, la sentimentalité, le mysticisme, tiennent la plus large place dans une telle cosmogénèse qui se présente audacieusement comme l'accomplissement de la foi chrétienne. Hélas, on n'y trouve guère que la foi en l'homme ! L'homme qui prétend en savoir plus long sur lui-même et sur Dieu, que Dieu n'en dit. Paul appelait l'anathème sur ceux qui prêcheraient «un évangile différent, qui n'en est pas un autre» (Galates 1:6-10). Parlerait-il autrement de ces nouveautés, et de ces rêveries où se perd l'action créatrice de Dieu, où est célébré le progrès humain concurremment à la promotion de la matière. Celle-ci, par évolution progressive, aurait été en premier lieu rendue génératrice de la vie, puis de l'homme conscient et pensant, et elle finirait par se confondre avec le facteur agissant de toute cette évolution, savoir Christ lui-même, au fameux point Oméga. Là convergeraient Dieu, l'humanité et l'univers (le cosmos), et la matière s'identifierait enfin avec la vie. L'homme n'est plus reconnu comme pécheur perdu, la notion de responsabilité personnelle et de culpabilité s'efface, et Christ, son incarnation, sa croix, son ouvre rédemptrice, bien qu'on s'en réclame, sont travestis jusqu'à disparaître, au profit de cette ascension de la matière ouvertement divinisée, et de l'humanité proprement matérialisée, ascension qui ne répond que trop au désir insinué depuis longtemps par le tentateur: «Vous serez comme Dieu» !

        Pour nous en tenir à la Création, seul vaudrait, sans conteste, pour nous donner une certitude et non des hypothèses, le témoignage de quelqu'un qui ait assisté à tout le déroulement de la formation des mondes. Or il existe un tel témoignage, et il n'en existe qu'un, mais il se donne comme irrécusable. C'est celui du Créateur lui-même, qui parle à l'homme en tant que créature intelligente (Romains 1:20). La voix de Celui qui «a parlé» se prolonge à travers les siècles. La même Parole qui a créé nous rend compte de la Création. «Dieu dit... et il fut ainsi » (ou : la chose fut ainsi). Elle parle, de la Genèse (1:6, 7 ; 9:10 ; 11:12 ; 14:15, 24 ; 28:30), aux Psaumes (33:9; 148:5, 6), aux prophètes (Esaïe 40: 12), aux épîtres du Nouveau Testament, à l'Apocalypse (4:11). Et Christ, la Parole faite chair, n'y apparaît point à un Oméga imaginé, aboutissement d'une évolution aux origines indécises: Il est «l'alpha et l'oméga», «le premier et le dernier», «le commencement et la fin», le Même.

        Le croyant sait, d'une connaissance tout autre que celle à laquelle peut atteindre l'esprit humain livré à lui-même. La foi écoute le langage de Dieu. Non seulement elle discerne quelque chose de Lui par le moyen des choses créées, mais elle entend sa voix dans l'Ecriture. L'incrédule repousse ce témoignage, refoulant en même temps et la voix de sa conscience et celle des besoins profonds de son esprit, alors que l'une et l'autre protestent qu'il y a un Dieu. Mais l'Ecriture demeure, impassible, invariable, dans sa majesté et son autorité souveraines, bien au-dessus des opinions mouvantes des hommes. Si certaines de ces opinions s'accordent avec l'Ecriture, tant mieux pour elles, encore que cela ne donne rien de plus à la foi: elles ignorent tout, en effet, du Dieu d'amour et de grâce aussi bien que de sainteté et de justice. Ce que leurs tenants découvrent ou supposent de la vie physique ne donne rien à connaître de la vie de Dieu, cette vie «qui est dans son Fils», de sorte que «celui qui a le Fils» (et on l'a en croyant en Lui) «a la vie, celui qui n'a pas le Fils de Dieu n'a pas la vie» (1 Jean 5:11, 12). Mais si les hommes veulent opposer leurs opinions à l'Ecriture et juger celle-ci par celles-là, alors malheur à eux : c'est l'Ecriture qui les jugera (Jean 12:48). Ils vont au-devant de leur propre condamnation. L'homme n'aura pas le dernier mot, mais Dieu !

        Pour l'humble croyant, peu importe qu'il soit au fait de ces opinions humaines, fussent-elles du plus grand savant, ou même qu'il les ignore totalement. Il «comprend que les mondes ont été formés par la parole de Dieu, de sorte que ce qui se voit n'a pas été fait de choses qui paraissent» (Hébreux 11:1, 2). Il admire la perfection du récit inspiré, il lit et relit Genèse 1, la page grandiose dans sa sobriété par où s'ouvre la Bible, et il adore. La Bible ne fait pas de nous des savants au sens de ce monde, mais au sens de Dieu (Esaïe 50, 4). N'est-ce pas là la part bienheureuse des «petits enfants» dont Jésus ici-bas parlait à son Père quand Il disait: «Je te loue, ô Père, Seigneur du ciel et de la terre, parce que tu as caché ces choses aux sages et aux intelligents, et que tu les as révélées aux petits enfants» (Matthieu 11:25)?

        Mais tout chrétien doit comprendre la nécessité absolue de «garder la Parole» du «Saint et du Véritable». L'heure est venue pour eux de choisir avec plus de détermination que jamais entre les constructions ou religions de l'homme et la révélation de Dieu. Le courant général, emporté lui-même dans l'essor inouï de la science, pousse les croyants à «mettre leur foi en accord avec leur vision scientifique du monde». Ce n'est autre chose que «renier la foi». L'accroissement de la connaissance scientifique, la vraie, tout objective, est légitime dans son domaine propre. Mais la foi n'est pas affaire de microscopes, de cornues ou d'électronique et d'ordinateurs, et pas davantage de raisonnements logiques. Dieu a parlé. Les théories passent, les faits demeurent; jamais ils ne contrediront la Parole de Dieu, qui «subsiste éternellement».

        Par-dessus tout, lecteur, et particulièrement vous, lecteur inconverti, prenez bien garde à ceci. Quoi que vous pensiez de votre origine, c'est là un passé sur lequel nul ne peut rien. Mais la même Parole de Dieu qui vous en dit ce qu'il vous suffit de savoir pour comprendre ce que vous êtes, vous éclaire quant à l'avenir. C'est pour cela qu'elle nous est donnée, non point pour satisfaire notre curiosité, mais pour nous avertir à salut. Créatures, nous avons des comptes à rendre à Celui qui nous a créés (Romains 14:10). Notre état de naissance est celui de pécheurs. Dieu nous offre le salut, dans sa grâce, par «son Fils qu'il a ressuscité d'entre les morts, Jésus, qui nous délivre de la colère qui vient» (1 Thessaloniciens 1:10). Le croyant «attend des cieux» ce Sauveur sur qui sa foi repose.

        Permettez-moi de vous demander : Vous, qu'attendez-vous ?

A.Gibert 1969.
 
 

        Note :   Le Professeur Jacques Monod, dans sa célèbre leçon inaugurale au Collège de France le 24 novembre 1967, met en avant la jeune biologie moléculaire. Mais que l'autorise-t-elle à affirmer? La cellule vivante, dont le noyau est un système étonnant de précision et d'équilibre, aussi merveilleux dans sa petitesse que l'immense univers, a comme élément constitutif l'acide nucléique, lequel revêt des dispositions incroyablement diverses selon les espèces d'êtres vivants (pour l'homme, l'acide désoxyribonucléique, partie active de ses chromosomes), et à partir duquel s'élaborent les molécules, spécialement les macromolécules. Cette élaboration se fait, dit-il, selon tout un code de «signaux» émis par cette substance, signaux qui depuis l'origine se seraient multipliés, compliqués, diversifiés, perfectionnés, par «accidents» de pur hasard, dans le nombre quasi infini de combinaisons possibles. C'est par de tels accidents que se seraient produites l'apparition de la vie, celle de l'homme (il n'est qu'un «événement» entre d'autres «tous également improbables», -mais «il a tiré le gros lot»...), celle de la pensée. Il voit ce prodigieux système de communication moléculaire, âme des «déformations géométriques de quelques millions de milliards de petits cristaux moléculaires» dont se compose notre être, aboutir, d'accident en accident, à constituer le «support physique ultime de la pensée, de la conscience, de la connaissance, de la poésie, des idées politiques ou religieuses, comme ceux des projets les plus nobles ou des ambitions les plus basses».

        Cela reste, il ne le cèle pas, une «spéculation» à «vérifier», mais dans laquelle serait «déçue» sa «foi dans l'unité du monde vivant». A la supposer vérifiée, aurait-on autre chose qu'une certaine connaissance de «supports physiques» de faits dont il ne serait nullement prouvé que ces supports soient les générateurs, ceux-ci demeurant un mystère. Est-ce un tel matérialisme, aussi exclusif que myope, pour l'homme de simple bon sens, qui permettra aux hommes d'aujourd'hui ce que, en termes nébuleux, leur propose comme idéal de vie la conclusion de ce même discours: «la reconquête, par la connaissance, du néant qu'ils ont eux-mêmes découvert » ? Heureux l'ignorant qui a appris son propre néant, non par lui-même, mais à la lumière de l'Etre, c'est-à-dire de Dieu ! Job disait, au terme des épreuves par lesquelles il avait été amené à se connaître de la sorte: «J'ai donc parlé, et sans comprendre, de choses trop merveilleuses pour moi... toi, instruis-moi» (Job. 42:3, 4).