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Méditations sur

 

 

la seconde épître aux THESSALONICIENS

 

William Kelly

 

Table des matières :

1     Chapitre 1

2     Chapitre 2

3     Chapitre 3

 

1                    Chapitre 1

 

La première épître aux Thessaloniciens a été écrite pour redresser une erreur dans laquelle les saints étaient tombés, au sujet de ceux qui s’étaient endormis en Christ. Ils étaient absorbés par la venue du Seigneur, mais leur connaissance était encore incomplète, et ils avaient affirmé trop hâtivement que les saints qui ne seraient pas trouvés vivants et l’attendant, perdraient leur part, non pas évidemment quant à la vie éternelle et au salut, mais quant à ce moment béni de sa venue. Cette erreur avait été redressée d’abord par l’introduction du grand principe de notre association avec un Christ mort et ressuscité et son aspect particulièrement encourageant à l’égard de ceux qui se seront endormis en Lui. Ensuite et surtout par une révélation particulière qui montre le Seigneur venant pour ressusciter les morts en Christ et transmuer les croyants vivants encore au moment de sa venue, afin de les enlever tous ensemble avec Lui.

Dans la seconde épître, l’erreur que les faux docteurs cherchaient à introduire parmi les saints, en se réclamant même de l’Esprit et d’une prétendue lettre de l’apôtre, concernait les croyants vivants. L’Ennemi s’efforçait de les ébranler et de les troubler en insinuant que le jour du Seigneur était arrivé. Tous savaient que ce jour devait être introduit par des ténèbres et des jugements divins ; et c’est ce que Satan cherchait à faire peser sur les saints, afin de les remplir de terreur et de détresse. Certes, c’est là l’attente naturelle d’un Juif qui, même s’il se confie pleinement dans la fidélité de Dieu, ne pouvait qu’avoir devant lui le temps terrible de tribulation et de jugements qui doit précéder le royaume de gloire pour Israël sur la terre (És. 2-4:13 ; Jér. 30 ; Joël 2 ; 3 ; Amos 5 ; Soph. 1-3). L’Ennemi est toujours à l’oeuvre pour ramener le coeur du chrétien à la loi. S’il ne parvient pas à l’entraîner dans le relâchement, il déploie ses ruses, comme il le fit à Thessalonique et continua à le faire depuis lors. Pour donner à l’espérance chrétienne un caractère judaïque en présentant le Seigneur comme prêt à venir pour le jugement, au lieu de laisser le croyant se réjouir de Sa venue comme Époux pour l’Épouse. La tromperie est d’autant plus insidieuse que le jour du Seigneur est une vérité importante en elle-même : c’est la période où Dieu intervient en faveur de son ancien peuple en vue de sa bénédiction. Un point était resté sans doute dans le vague jusqu’alors : la manière dont la venue du Sauveur pour nous, qui maintenant croyons en lui et l’attendons des cieux, devait s’accorder avec le témoignage prophétique. En effet il n’y avait pas la Parole écrite pour préciser le sujet ou résoudre la difficulté. D’où l’importance de cette nouvelle communication. Car le doute était jeté dans leur esprit par la tentative de Satan de ravir aux saints la jouissance de leur propre espérance. Ils étaient troublés par la crainte injustifiée que le jour ne soit réellement là. Cela voilait d’une manière plus ou moins complète à leurs yeux l’attente vive et ardente de la venue du Sauveur pour les prendre auprès de lui et les présenter devant le Père, parfaitement semblables à lui en gloire, avec abondance de joie.

Comme dans la première épître, l’apôtre ne s’attaque pas tout de suite à l’erreur, mais il prépare graduellement, et à tous égards, les coeurs des saints à tenir ferme la vérité et à bannir l’erreur, une fois que celle-ci a été dévoilée. Telle est la manière d’agir de la grâce et de la sagesse divines ; le coeur est affermi, tandis que l’erreur ou le mal est démasqué. Le piège même devient ainsi l’occasion d’une bénédiction nouvelle et plus profonde ; et toute la vérité étant par là établie, on jouit davantage du Seigneur.

Versets 1-4. Il est impossible de recevoir comme saines et satisfaisantes les remarques de Chrysostome sur la salutation, adressée à «l’assemblée» plutôt qu’aux «saints» comme dans d’autres épîtres. Cela n’a rien à voir avec un nombre relativement peu élevé de personnes et leur rassemblement en une seule congrégation. Car dans aucune ville peut-être les saints n’étaient plus nombreux qu’à Jérusalem, et il est parlé de l’église ou assemblée là (Actes 5:11 ; 8:1 ; 11:22 ; 15:4, 22). Cette même remarque est valable pour Antioche, Éphèse, Corinthe, ou tout autre lieu où nous savons que le nombre des croyants était comparativement élevé et où il pouvait y avoir, comme à Jérusalem, plusieurs maisons dans lesquelles les saints se rassemblaient pour rompre le pain ; mais tous constituaient «l’assemblée» en cet endroit. Jamais quel que soit le nombre de lieux de rassemblement nous n’entendons parler dans l’Écriture «d’assemblées» différentes dans une même ville, mais toujours de «l’assemblée». Sans doute, l’apôtre s’adresse à ceux qui étaient à Éphèse et à Colosses et à Philippes et à Rome comme à des «saints», mais cela à cause de la vérité qu’il allait communiquer par l’Esprit de Dieu, et non pas à cause de leur plus grand nombre. En fait, il est parlé de «l’assemblée qui est à Éphèse» (Apoc. 2:1) après l’épître de l’apôtre adressée aux «saints» aussi bien qu’avant (Actes 20:17). Personne ne peut nier qu’une longue période s’était écoulée et que l’organisation était complète lorsque l’apôtre Jean écrivit à «l’assemblée» en ce lieu ; aussi la vraie raison de la forme de cette salutation se trouve dans la perfection de la sagesse avec laquelle le Saint Esprit s’adresse aux saints selon la nature de ce qu’il va révéler.

Dans la salutation, l’apôtre s’associe de nouveau les chers compagnons d’oeuvre que les saints à Thessalonique avaient connus lorsque l’assemblée y avait été fondée ; et il caractérise de nouveau l’assemblée comme étant en Dieu le Père et dans le Seigneur Jésus Christ. De ces deux caractères, l’un les séparait des Gentils, l’autre, des Juifs. En fait, l’un et l’autre les mettaient en contraste avec ces deux classes, sans distinction. Car qu’est-ce qu’un Juif savait de plus qu’un Gentil de cette relation nouvelle, vivante et intime avec Dieu comme Père ? Et qu’est-ce qu’un Gentil savait de plus qu’un Juif d’un Seigneur et Sauveur rejeté, mais ressuscité et dans les cieux ? Si nous comparons la formule de salutation avec celle de la première épître, «notre» est ajouté ici. N’est-ce pas pour lier plus fortement ces saints (qui, malgré leur marche irréprochable à bien des égards, avaient besoin plus que jamais qu’on leur rappelle leur relation avec celui qui écrivait et avec tous les saints) à Celui dont la grâce est la source de toute bénédiction ?

Il reconnaît, comme auparavant, que les actions de grâces sont dues à Dieu pour eux, non pas simplement parce qu’ils étaient des objets de Sa grâce, mais à juste titre, parce que leur foi augmentait beaucoup et que l’amour de chacun d’eux tous, l’un pour l’autre, abondait. C’était beaucoup ; mais qu’en était-il de leur joie d’espérance dans le Saint Esprit ? Il n’en parle pas. Et ce silence est d’autant plus frappant que, dans l’introduction de la première épître, il avait dit qu’il se souvenait sans cesse non seulement de leur oeuvre de foi et de leur travail d’amour, mais aussi de leur patience d’espérance de notre Seigneur Jésus Christ. Il y a ici, pour l’observateur attentif, une omission alarmante quant à cette constance et patience d’espérance. Toutefois rien n’est dit qui soit de nature à abattre leurs coeurs, mais tout en vue de les encourager. Le fait est que leur espérance quant à Christ était inconsciemment mais gravement minée et assombrie, non par une excitation déplacée, mais par l’affliction et le trouble d’esprit, comme si le terrible jour du Seigneur était sur eux. Il en résultait de la crainte qui venait aggraver la persécution et les circonstances extérieures éprouvantes qu’ils traversaient. Néanmoins l’apôtre pouvait se glorifier d’eux dans les assemblées de Dieu au sujet de leur patience et de leur foi dans toutes les persécutions et dans les tribulations qu’ils supportaient.

Mais la patience et la foi ont besoin de la puissance d’espérance pour être maintenues dans leur fraîcheur. Quelque chose manque et manquera forcément lorsque Christ n’est pas personnellement devant le coeur comme Celui qui peut venir à tout moment pour prendre les siens auprès de Lui. Mais de plus, on ne peut alors qu’être exposé, comme nous le verrons ici, à l’influence adverse et troublante de la crainte, qui rend l’âme vulnérable à la puissance effective et trompeuse de l’Ennemi. Même dans la première épître, l’apôtre n’était pas sans appréhension à ce sujet ; et c’est pourquoi il avait envoyé Timothée pour les affermir et les encourager touchant leur foi, afin que nul ne soit ébranlé dans ces tribulations puisqu’ils n’ignoraient pas «que nous sommes destinés à cela». Car ils n’avaient sûrement pas oublié que Paul, quand il était auprès d’eux, leur avait «dit d’avance que nous aurions à subir des tribulations, comme cela est aussi arrivé», et comme ils le savaient très bien. Mais cela n’avait pas arrêté, au contraire, cela avait éveillé la sollicitude de l’apôtre pour eux, «de peur que le tentateur ne vous eût tentés, et que notre travail ne fût rendu vain» (1 Thess. 3:5).

Car l’Ennemi n’a évidemment aucun bien réel à offrir, aucune bénédiction véritable ; mais il peut opérer et opère très efficacement par la crainte du malheur, surtout là où la conscience est mauvaise ou troublée. C’est là que réside sa grande puissance à faire naître la terreur, en se servant des propres jugements de Dieu qui vont fondre sur un monde coupable. Il peut tromper l’incrédule en le flattant par une fausse paix et de faux espoirs. Le croyant est délivré de cela par l’évangile ; mais s’il n’est pas rempli de l’espérance de Christ, il pourrait facilement être accablé par le poids de l’affliction, par sa diversité et par sa durée, surtout si Satan le place sous la crainte qu’il s’agit là des châtiments judiciaires de Dieu sur le monde, dans lesquels le croyant serait impliqué comme les autres. Lorsque le coeur est gardé dans la paix et la confiance devant Dieu, l’esprit peut avoir un jugement sain. La crainte affaiblit l’âme qui est soumise à des circonstances pénibles et sème le trouble ; car Dieu et la Parole de sa grâce ne la guident plus dans la calme confiance d’un amour qui ne fait jamais défaut et qui nous donne la victoire par notre Seigneur Jésus Christ.

L’apôtre voudrait, au contraire, qu’ils puisent un nouveau courage dans toutes les persécutions et tribulations qu’ils supportaient ; et il leur laisse entendre que lui-même se glorifiait d’eux à ce sujet. Ainsi plus tard, il exhortera les Philippiens à n’être en rien épouvantés par les adversaires : ce qui était une démonstration évidente de perdition pour eux, mais de salut pour les saints, et cela de la part de Dieu ; car c’est un privilège réel par rapport à Christ, non seulement de croire en Lui, mais aussi de souffrir pour Lui. Cela fait partie du grand conflit qui oppose toujours Satan et ceux qui sont de Christ. Les Thessaloniciens avaient à l’apprendre d’une manière plus complète ; et nous verrons dans ce qui suit avec quelle sagesse l’apôtre établit leurs âmes sur des points généraux avant de se mettre à corriger directement l’erreur, au chapitre 2.

Il semblerait que les pensées des saints à Thessalonique avaient été dominées par le jour du Seigneur qui occupe en fait une grande place dans la prophétie de l’Ancien Testament et en est le grand aboutissement. Si la grâce, la justice et la bénédiction caractérisent ce jour, il ne peut y avoir aucun doute que son instauration n’aura pas lieu sans des ténèbres, du trouble, de l’instabilité et des jugements dépassant tout ce qui avait pu être connu auparavant. Aussi l’apôtre sentait-il la nécessité d’exposer d’emblée, sans équivoque, la vraie nature de ce jour, afin qu’ils acceptent la rectification qu’il apportait à l’erreur particulière dans laquelle ils étaient. C’est ce qu’il va placer devant eux pour qu’ils soient au clair quant à ce qui était incontestable et qu’ils soient par là d’autant mieux mis à même de juger l’erreur.

 

Il avait déjà mentionné leur patience et leur foi dans toutes les persécutions et les tribulations qu’ils supportaient alors ; elles étaient pour lui et pour ceux qui étaient animés des mêmes sentiments, un motif de se glorifier d’eux dans les assemblées de Dieu. Il ajoute maintenant, «lesquelles sont une démonstration du juste jugement de Dieu, pour que vous soyez estimés dignes du royaume de Dieu pour lequel aussi vous souffrez ; si du moins c’est une chose juste devant Dieu que de rendre la tribulation à ceux qui vous font subir la tribulation, et que de vous donner, à vous qui subissez la tribulation, du repos avec nous dans la révélation du Seigneur Jésus du ciel avec les anges de sa puissance, en flammes de feu, exerçant la vengeance contre ceux qui ne connaissent pas Dieu, et contre ceux qui n’obéissent pas à l’évangile de notre Seigneur Jésus Christ» (v. 5-8).

Cette façon d’aborder leurs afflictions était de toute importance. Car même des saints en viennent facilement à s’égarer dans la prophétie. Mais Dieu demeure et ne peut se renier lui-même : ces saints n’auraient pas dû l’oublier. Ils pouvaient être maintenant éprouvés à l’extrême ; et le mal dans l’injustice, la tromperie ou l’oppression, pouvait prospérer un temps. Mais même alors les fidèles sont appelés à garder une paisible confiance et à se réjouir avec abondance de joie, récoltant des bénédictions infiniment meilleures que si tout se déroulait sans heurt, comme le coeur le souhaiterait. Toutefois le juste jugement de Dieu est ferme et la foi s’y repose sans défaillance, tout en étant bien consciente tant de la violence que de la corruption qui se font jour, et surtout de la haine qui ne peut supporter ceux qui sont les objets de l’amour de Dieu dans un monde mauvais. Bien que méprisés, ils sont vus là comme des luminaires, présentant la parole de vie, non pas surmontés par le mal, mais le surmontant par le bien, ce qui les rend d’autant plus intolérables à la méchanceté et à l’incrédulité du coeur humain qui rejette Dieu ou s’éloigne de Lui.

Est-ce qu’alors Dieu regarde avec indifférence les persécutions et les tribulations de ses enfants ? Au contraire, leur patience et leur foi dans tout ce qu’ils supportent est une démonstration du juste jugement de Dieu. S’il éprouve le juste, Il aime la justice, considère celui qui est droit de coeur ; et Il fera certainement pleuvoir le feu et le soufre et une tempête consumante sur le méchant. S’il voit le mal, c’est pour le venger de sa propre main. Mais, en attendant, ses enfants sont disciplinés dans les voies de Christ ; et de même que la foi n’a pas toujours besoin d’un signe pour persévérer, la patience doit avoir son oeuvre parfaite, afin qu’ils soient «parfaits et accomplis, ne manquant de rien». Et cela n’en vaut-il pas bien la peine ? «Pour que vous soyez estimés dignes du royaume de Dieu pour lequel aussi vous souffrez». Telle est Sa volonté bonne et sainte : c’est par beaucoup de tribulations qu’il nous faut entrer dans ce royaume. Tel a été le chemin de Christ ; c’est ou ce devrait être aussi le nôtre. En ce jour, les ténèbres prendront fin pour le monde. Tout ce qui maintenant est obscur sera clair ; il n’y aura plus d’incertitude, ni de complication. Pour nous les ténèbres s’en vont et la vraie lumière luit déjà ; et nous qui autrefois étions ténèbres, sommes lumière dans le Seigneur. Alors pour le monde, et en particulier pour cette partie du monde qui maintenant est la plus sombre et la plus amère, la lumière sera venue, et la gloire de l’Éternel brillera là.

Mais l’opposition même du monde envers Dieu et ses enfants maintenant ne fait que prouver davantage encore que le Seigneur interviendra certainement avec justice et rétablira en ce jour tout ce qui aujourd’hui paraît inextricable. On comprend aisément que, puisque Satan est, comme Dieu le nomme, le dieu de ce siècle, ce ne peut être que dans le siècle à venir lorsque le Seigneur Jésus gouvernera publiquement et en puissance que, d’une façon générale, le méchant sera anéanti et le juste prospérera. L’incrédule est endurci en voyant le juste périr dans sa droiture et le méchant subsister dans la méchanceté. Le croyant attend le royaume de Dieu et souffre pour lui. «Parce que la sentence contre les mauvaises oeuvres ne s’exécute pas immédiatement, à cause de cela le coeur des fils des hommes est au-dedans d’eux plein d’envie de faire le mal». Aux fils de Dieu, il est donné par rapport à Christ, non seulement de croire en lui, mais aussi de souffrir pour lui. Lorsque le jour sera venu, tout sera changé.

«Si du moins c’est une chose juste devant Dieu que de rendre la tribulation à ceux qui vous font subir la tribulation, et de vous donner, à vous qui subissez la tribulation, du repos avec nous». Aucun de ceux qui croient que Dieu est, et qu’il est le rémunérateur de ceux qui le recherchent, et le vengeur de tout mal à l’égard de Dieu et de l’homme, ne le contestera. Il agit maintenant en grâce ; en ce jour-là, il jugera en justice la terre habitée (et les morts aussi, le moment venu) par l’Homme qu’il a destiné à cela, de quoi il a donné une preuve certaine à tous, l’ayant ressuscité d’entre les morts. En ce jour, comme même un Juif pieux le savait, il sera miséricordieux envers Son pays et envers Son peuple, tout aussi certainement qu’il exercera la vengeance sur ses ennemis et rétribuera ceux qui le haïssent. Quelle sera alors son attitude à l’égard des persécuteurs de ses enfants et à l’égard de ceux d’entre eux qui ont souffert ainsi ? Il dispensera la tribulation à ceux qui leur ont fait subir la tribulation, et le repos à ses enfants maintenant éprouvés — le repos avec Paul et ses compagnons dans leur service d’amour pour eux.

Dans le jour actuel de la grâce, il existe le danger de se laisser aller à un esprit de jugement. Et cela non seulement dans l’esprit des fils de Zébédée qui auraient voulu que le feu descende du ciel pour consumer leurs adversaires, mais aussi dans la manière dont nous interprétons les voies de Dieu envers les autres sinon envers nous-mêmes. L’apôtre désire que les saints demeurent joyeux au milieu de leurs grandes tribulations, se réjouissant par avance dans le jour des récompenses, quand les souffrances des saints feront place à un repos glorieux pour eux — le repos de Dieu — alors que ceux qui les auront fait souffrir deviendront les objets de Son jugement inexorable. Car ce sera le jour de la juste rétribution de Dieu, à l’inverse de ce jour où Satan aveugle les princes et les peuples, comme il le fit lorsqu’ils crucifièrent le Seigneur de gloire.

Dans ces conditions, les persécutions et tribulations n’étaient pas une indication du jour du Seigneur ; elles étaient plutôt la preuve que ce jour n’était pas encore là, mais que la grâce appelle encore et voudrait préparer les saints à tout supporter avec abondance de joie. Combien ce sera différent tant pour les saints que pour les pécheurs lorsque ce jour du Seigneur sera effectivement là ! Quel changement solennel, mais aussi béni, lorsque les méchants tomberont dans les mains du Dieu vivant. Il n’est pas injuste pour oublier l’oeuvre de foi et le travail d’amour de Ses enfants appelés entre-temps comme ils le sont à endurer un grand combat de souffrances.

Car en ce jour de juste jugement, ce sera une «révélation du Seigneur Jésus du ciel avec les anges de sa puissance, en flammes de feu, exerçant la vengeance contre ceux qui ne connaissent pas Dieu, et contre ceux qui n’obéissent pas à l’évangile de notre Seigneur Jésus Christ».

On le remarquera, pas un mot ici ne permet de déduire que ce moment sera celui où le Seigneur viendra pour rassembler ses saints. Il ne s’agit pas de l’acte de la grâce souveraine qui enlèvera au ciel les saints qui L’attendent, mais du déploiement de la justice judiciaire par le Seigneur lorsqu’il apparaîtra en gloire. Alors, et pas avant, ce sera le jour de la détresse divinement assignée pour ceux qui ont causé la tribulation et le jour du repos pour ceux qui ont subi la tribulation et souffert pour l’amour du Christ et pour la justice. Il ne saurait être révélé en flammes de feu avec les anges de sa puissance pour prendre à Lui les enfants de Dieu constituant son épouse, et pour les présenter avec lui dans la maison du Père !

Ici, il est question d’exercer la vengeance, non contre des incrédules distingués par deux caractères, comme le dit Calvin, mais contre deux objets distincts de jugement : d’une part «ceux qui ne connaissent pas Dieu», les Gentils décrits expressément comme tels en 1 Thess. 4:5, et en substance dans toute l’Écriture ; et d’autre part «ceux qui n’obéissent pas à l’évangile de notre Seigneur Jésus Christ», comme cela peut bien être dit des Juifs. Ces derniers, tout en reconnaissant extérieurement le vrai Dieu et en se réclamant de sa loi, étaient manifestés comme les éléments les plus déterminés, aussi bien dans la violence que dans l’obstination, à désobéir à l’évangile.

Dieu n’est jamais indifférent au bien ou au mal. Ses enfants l’apprennent dans sa Parole maintenant et s’inclinent, sachant que, s’ils souffrent avec Christ, ils régneront aussi avec Lui. Leurs adversaires méprisent, haïssent et persécutent ses témoins méprisés de la grâce et de la vérité qui cherchent à orner en toutes choses l’enseignement qui est de leur Dieu Sauveur. Ce jour de grâce doit-il durer indéfiniment ? Non ; le jour où Son jugement sera révélé approche rapidement. Et de même que la gloire, l’honneur et la paix seront la portion de tout homme qui fait le bien, la tribulation et l’angoisse seront sur toute âme d’homme qui fait le mal, et du Juif et du Gentil, car il n’y a pas d’acception de personnes. Le mal ne sera pas traité autrement que comme mal lorsque le Seigneur se lèvera pour juger et cela de la manière la plus évidente, aux yeux de l’univers.

D’où l’importance, non seulement de l’opération de la grâce souveraine ravissant au ciel les saints qui L’attendent, mais de la manifestation du juste jugement, à la révélation du Seigneur Jésus du ciel avec les anges de sa puissance, en flammes de feu. Car le jour sera alors venu d’exercer la vengeance contre ses ennemis et les leurs, qu’ils soient des Gentils qui ne connaissent pas Dieu ou des Juifs qui (s’ils ne sont pas aussi ignorants que les nations) ne peuvent nier qu’ils n’obéissent pas à l’évangile de notre Seigneur Jésus. De même qu’un homme ne peut pas écarter sa responsabilité en rapport avec la connaissance de Dieu qu’il a pu avoir (Rom. 1:19-21), et le témoignage de sa conscience comme celui de la loi (Rom. 2:12-15), de même il devra alors être amené à sentir quelle fut sa coupable incrédulité en ne se soumettant pas à la bonne nouvelle de Dieu touchant Son Fils. Et cela sera précisément manifesté devant le monde lorsque Christ ne sera plus caché en Dieu, mais révélé des cieux, afin d’exercer et de déployer en puissance le gouvernement divin de justice et de paix. Tous les prophètes en ont rendu témoignage dès les jours d’autrefois, et maintenant le Nouveau Testament vient confirmer l’Ancien.

Ainsi l’équilibre de la vérité était rétabli dans l’âme des Thessaloniciens qui avaient été amenés à craindre que leurs douloureuses épreuves ne soient le commencement du jour du Seigneur. Ils allaient maintenant apprendre que cela ne pouvait absolument pas être vrai étant donné le caractère essentiel de ce jour : un jour de repos pour les saints dans l’affliction et de rétribution et de trouble pour leurs ennemis. Car du fait que ce sera le temps de la rétribution divine, le juge de toute la terre fera infailliblement ce qui est juste. Non pas que des saints individuellement ne soient pas appelés à être repris pour être auprès de Christ dans l’intervalle ; et auparavant Il sera revenu pour prendre les siens auprès de Lui. Mais il n’y aura aucune manifestation publique de leur repos justement mérité et de la vengeance sur leurs adversaires jusqu’à ce qu’il soit ainsi révélé en flammes de feu. Tel est le fait solennel et tels sont, et le principe de distinction qu’il renferme, et le résultat de la révélation du Seigneur du ciel, comme cela est donné ici à connaître aux saints troublés à Thessalonique. L’apôtre aussi savait ce qu’était la tribulation et il attendait ce repos avec eux (comme eux étaient en droit de l’attendre avec lui), dans ce jour encore futur pour eux tous. Mais quant au présent, ils étaient ensemble exposés à traverser les peines, et leurs persécuteurs, pour l’instant, connaissaient l’honneur, le bien-être et la puissance sans Dieu. En ce jour-là, les rôles seront intervertis : le repos pour Ses amis et les tribulations pour Ses ennemis. Ce sera la révélation du Seigneur Jésus du ciel pour le jugement des vivants.

Nous avons considéré les objets des voies du Seigneur à sa révélation du ciel ; il s’agit clairement de ses ennemis, et en aucune manière ni à aucun degré de ses amis. C’est le jugement de toute la terre par Celui qui ne peut agir autrement qu’avec justice. La chose est rendue plus apparente encore par la description solennelle qui suit : «Lesquels subiront le châtiment d’une destruction éternelle de devant la présence du Seigneur et de devant la gloire de sa force, quand il viendra pour être, dans ce jour-là, glorifié dans ses saints et admiré dans tous ceux qui auront cru, car notre témoignage envers vous a été cru. C’est pour cela que nous prions aussi toujours pour vous, que notre Dieu vous juge dignes de l’appel, et qu’il accomplisse tout le bon plaisir de sa bonté et l’oeuvre de la foi en puissance, en sorte que le nom de notre Seigneur Jésus Christ soit glorifié en vous, et vous en lui, selon la grâce de notre Dieu et du Seigneur Jésus Christ» (v. 9-12).

Les tribulations d’alors, infligées par des persécuteurs, diffèrent essentiellement des peines de ce jour-là qui viendra, non pas sur les saints, mais sur ceux qui les haïssent et leur font du mal. En ce jour, leurs persécuteurs subiront le châtiment d’une destruction éternelle de devant la présence du Seigneur et de devant la gloire de sa force. De même qu’en Matt. 25:31-46, nous n’avons pas ici le jugement du grand trône blanc  — jugement de ceux qui sont morts dans leurs péchés — mais le jugement des vivants ; néanmoins il est définitif. Leur perdition est irrémédiable, étant éternelle de devant Sa présence et de devant la gloire de Sa force ; les méchants ici (comme les apostats d’Israël, Dan. 12:2) sont livrés à l’opprobre, pour être un objet d’horreur éternelle.

D’autre part, à ce moment, le Seigneur sera venu pour être glorifié dans ses saints et admiré dans tous ceux qui auront cru. Perspective bénie pour «ce jour-là», et réconfortante pour les Thessaloniciens présentement (en ce jour-ci), d’entendre qu’ils sont inclus parmi ceux qui seront ainsi un objet d’admiration à Sa louange ; car tel paraît être le motif plein de grâce de la parenthèse, «car notre témoignage envers vous a été cru». Les saints à Thessalonique pouvaient avoir erré quant aux morts et avoir été induits en erreur quant aux vivants ; pourtant l’apôtre prend soin d’affermir leurs âmes par la déclaration que le témoignage divin rendu par lui-même et par d’autres n’avait pas été vain, mais avait eu plein effet sur eux.

Le lecteur attentif remarquera qu’il n’est pas dit que le Seigneur, en ce jour-là, viendra chercher les saints pour les prendre à Lui et les présenter dans la maison du Père, comme en Jean 14. Ici, il viendra pour être glorifié en eux, et pour être admiré dans tous ceux qui auront cru. C’est une phase manifestement différente et subséquente de sa venue ; non la scène intime, accomplissant le désir ardent du Seigneur, que là où Il est, ils soient aussi avec Lui, afin qu’ils voient sa gloire, que le Père lui a donnée ; mais la manifestation extérieure lorsqu’ils seront dans la gloire, consommés ainsi en un, Christ en eux et le Père en Lui. C’est ce que nous voyons en Apoc. 21:23, 24. Par là le monde connaîtra alors que le Père a envoyé le Fils et qu’il a aimé les saints apparaissant en gloire avec lui comme il l’a aimé lui (Jean 17:22, 23). L’enlèvement de ses saints au ciel est une chose ; leur apparition avec Lui en gloire et en jugement en est une tout autre, qui se déroule plus tard.

En outre, il est intéressant de souligner la justesse de la forme «auront cru» et non pas «croient» comme dans le Texte Reçu, au v. 10... Car la manifestation glorieuse dont il est question pour les saints s’applique dans ce passage expressément aux croyants du passé. L’importance de ce fait ressort d’autant plus lorsque nous apprenons que la grande moisson de bénédiction pour l’homme sur la terre vient ensuite, lorsque Lui et les saints glorifiés règnent sur le monde et que la terre sera pleine de la connaissance de l’Éternel (et de sa gloire, Hab. 2:14) comme les eaux couvrent le fond de la mer (És. 11:9). En ce jour, ce ne sera plus une question de foi comme maintenant ; d’où l’erreur de ceux qui lient le fait de croire «notre témoignage» avec ce jour, le rendant ainsi futur, en contradiction avec le passage placé devant eux. Quelles que puissent être les voies de la grâce en ce jour, l’apôtre limite avec soin la foi et la récompense glorieuse décrites ici à la réception du témoignage avant que n’arrive la manifestation de gloire et de juste jugement.

Ainsi le chemin était graduellement ouvert pour corriger plus complètement et plus radicalement l’erreur qui avait été introduite à Thessalonique. La vraie nature de l’intervention de Dieu a été établie. Ce jour sera caractérisé par la révélation du Seigneur Jésus du ciel avec les anges de sa puissance en flammes de feu. Et il aurait été difficile, même pour celui qui était le plus résolu à tout spiritualiser, d’appliquer cela à l’un quelconque des événements providentiels en cours alors, et dont l’Ennemi tirait avantage pour égarer les saints. Et dans ces premiers temps, les hommes n’avaient pas été assez audacieux pour affirmer, comme cela a été fait plus tard, qu’au moment où les apôtres écrivaient, quatre venues de Christ devaient avoir lieu — dont trois figuratives, mais la quatrième, une apparition réelle et personnelle ; qu’il était souvent question de ces différentes apparitions dans les Écritures. On est allé jusqu’à affirmer que si la venue de Christ pour détruire Jérusalem ( !) et pour établir son royaume éternel ( !) était présentée par ses apôtres comme alors toute proche, aucun passage de leurs écrits ne pouvait être avancé pour soutenir que son apparition personnelle pour juger le monde était annoncée ou même sous-entendue, comme étant toute proche ! La vérité est que c’est une seule et même apparition du Seigneur qui renversera la dernière tête de la puissance des nations, détruira l’homme de péché et manifestera les saints en gloire, comme aussi, en ce même jour, Christ jugera le monde en justice. Rien ne saurait être plus éloigné de la vérité que l’affirmation que l’Esprit ne parle pas d’un seul et même jour, dont il est toujours dit qu’il est proche. De plus, la venue du Seigneur pour prendre les siens auprès de Lui n’est pas séparée des divers aspects de son apparition que nous venons d’énumérer, bien qu’elle les précède nécessairement. Car en ce jour, ils ne sont pas simplement enlevés à sa rencontre en l’air, mais ils sortent du ciel à sa suite et apparaissent avec lui en gloire. Sa venue pour les saints est la grâce souveraine achevant son oeuvre pour nous ; sa révélation du ciel a un double but : rendre la vengeance à ses ennemis et être glorifié dans ses saints en exerçant le gouvernement juste et rétributif.

Maintenant l’apôtre place devant les saints sa prière pour eux, tenant compte naturellement de leurs circonstances et de leurs besoins du moment. «C’est pour cela que nous prions aussi toujours pour vous, que notre Dieu vous juge dignes de l’appel, et qu’il accomplisse tout le bon plaisir de sa bonté et l’oeuvre de la foi en puissance, en sorte que le nom de notre Seigneur Jésus Christ soit glorifié en vous, et vous en lui, selon la grâce de notre Dieu et du Seigneur Jésus Christ». Déjà en introduisant le sujet préliminaire de leurs persécutions, l’apôtre avait cherché à élever leurs coeurs en parlant de leur patience et de leur foi dans toutes leurs tribulations. Celles-ci préfigurant le juste jugement final de Dieu avaient pour but que les siens fussent estimés dignes de Son royaume pour lequel aussi ils souffraient, comme l’apôtre pouvait bien le leur rappeler et n’étaient nullement une indication que les jugements de Dieu se déversaient sur eux. Ainsi maintenant il prie aussi toujours pour eux, que Dieu les juge dignes de l’appel. Ailleurs nous lisons «son» appel, et «votre» appel, et encore «l’appel dont vous avez été appelés». Ici il convient de laisser «l’appel» dans son sens général, plutôt que de le restreindre à «votre» appel simplement.

Puis il est dit que Dieu accomplirait tout le bon plaisir de sa bonté et l’oeuvre de la foi en puissance. Certes cela ne pouvait avoir lieu s’ils s’écartaient de leur fermeté en écoutant les tromperies de faux docteurs. La confiance dans la grâce du Maître produit un service fidèle et se plaît à reconnaître que, quelque désir de bonté qu’il y ait, quelque oeuvre de foi, c’est Dieu seul qui accomplit tout en puissance ; «en sorte que le nom de notre Seigneur Jésus Christ soit glorifié en vous, et vous en Lui, selon la grâce de notre Dieu et du Seigneur Jésus Christ». Notre Seigneur n’étant pas présent de fait et ne régnant pas encore sur l’univers, son nom nous est donné comme la révélation de Lui-même, afin que par la puissance de l’Esprit, il soit glorifié en nous, tandis que nous servons le vrai Dieu et attendons des cieux son Fils. Il s’agit là de garder sa parole et ne pas renier son nom, quels que soient les difficultés ou les découragements.

Mais l’apôtre ajoute «et vous en lui», car son regard était toujours fixé sur le jour glorieux à venir et il désirait que les leurs soient détournés de leurs tribulations et de toute fausse interprétation de celles-ci, pour être dirigés vers cette manifestation de la gloire de Sa puissance et de Sa justice. Car aussi certainement que son nom est glorifié dans les saints maintenant, en ce jour-là ils seront encore plus complètement — en fait d’une façon absolue — glorifiés en Lui, comme Lui l’est en eux (v. 10). Ce n’est pas une simple répétition de la déclaration précédente de l’apôtre, mais ce sont des pensées nouvelles complétant le tout, comme seul l’Esprit Saint pouvait en fournir. Dire «en cela» au lieu de «en Lui» serait faire fi de la vérité en général aussi bien que du contexte ; pourtant cela a été dit, sans doute par recherche effrénée de nouveauté et par manque d’appréciation de la vérité. Puissions-nous être gardés marchant fermement dans la vérité selon la grâce de notre Dieu et du Seigneur Jésus Christ, comme l’apôtre le demandait pour ses chers Thessaloniciens. C’est une introduction admirable avant d’aborder directement l’erreur par laquelle ils avaient été détournés de la fraîcheur d’espérance pour tomber dans l’agitation et la crainte, résultat d’un jugement erroné quant aux terribles épreuves qui s’abattaient sur eux.

Il est inutile de discuter longuement ici la vraie portée de la dernière phrase, que quelques-uns, par zèle pour la gloire divine de notre Seigneur, voudraient voir ne désigner que Sa personne : «de notre Dieu et Seigneur Jésus Christ». Mais, quoique, grammaticalement, cette construction soit tout à fait possible, comme elle est aussi vraie en elle-même dogmatiquement, c’est une autre question de savoir si elle est adaptée au contexte. Le fait qu’un seul article au singulier désigne correctement en grec même des personnes distinctes si le but est d’exprimer leur union dans une catégorie commune (comme ici dans la «grâce» ), devrait être connu non seulement des spécialistes, mais être familier à tous ceux qui étudient la dernière partie de la révélation dans son langage original. Si nous supposons qu’il est question ici de Dieu le Père, aussi bien que du Seigneur Jésus Christ, l’insertion de l’article en grec n’était pas du tout nécessaire, bien qu’elle le soit en français devant «Seigneur Jésus Christ». Au contraire, son insertion en grec aurait été une malencontreuse erreur, si les deux devaient être expressément unis dans un objet commun ; car la répétition de l’article aurait eu pour effet de présenter les personnes comme agents séparés, plutôt que comme unies. Et la nature du cas, de même que la vérité clairement révélée de l’Écriture, montrent abondamment que l’activité commune de ces personnes bénies ne pouvait se réaliser — vérité absolue — que dans l’unité de la nature divine.

 

2                    Chapitre 2

L’apôtre en vient maintenant à corriger l’erreur que de faux docteurs avaient introduite parmi les Thessaloniciens. On ne peut pas mettre en doute que les premiers croyants, que ce soient ceux à qui ces épîtres étaient directement adressées ou d’autres ailleurs qui les recevaient, comprenaient l’instruction qu’elles renfermaient et en profitaient. Mais on peut, semble-t-il, démontrer que, trop rapidement, la vraie signification des paroles de l’apôtre a été perdue, à en juger d’après d’anciennes versions et d’anciens commentaires. Et il est également clair que les traductions modernes ainsi que les auteurs chrétiens en général n’en ont pas retrouvé la réelle portée jusqu’à ce jour. Dans le verset placé devant nous, comme cela arrive parfois, le fait de mal comprendre un seul mot amène des confusions multiples et irrémédiables. Car si, même non intentionnellement, on fait dire à l’Écriture des choses non seulement ambiguës, mais d’une manière qui induit en erreur, ce qui en résulte est fatal. Tout en désirant ardemment éviter d’exagérer, et plus encore d’accuser faussement qui que ce soit, nous sommes tenus, par amour pour la vérité, de dire notre conviction qu’on fait une grave erreur en introduisant ici «pour ce qui concerne» (2:1), devant les mots «la venue du Seigneur». Et l’on montrera aussi que cela ne s’accorde pas avec le contexte.

Un autre petit détail : dans le verset 1, le mot «par» n’aurait pas besoin d’être répété. En effet, la structure de la phrase ne requiert nullement son insertion. La venue de Christ et notre rassemblement auprès de Lui sont expressément liés l’un à l’autre comme des événements étroitement associés, de la plus grande importance pour les saints. La suppression du second «par» permettrait de présenter la venue du Seigneur Jésus et notre rassemblement auprès de Lui comme les deux aspects de la double pensée placée devant nous par le Saint Esprit.

Mais la grande question est celle-ci : quelle est la portée réelle, dans le contexte, de ce double objet placé devant le lecteur ? Et, en particulier, quelle est la vraie force de la préposition employée par l’Esprit de Dieu ? Nous avons ici «par» ; certaines versions ont : «Pour ce qui concerne». L’emploi de la préposition en cause, même si nous nous en tenons au seul Nouveau Testament, est très large ; mais le contexte comme toujours a un rôle important, précis et décisif pour nous aider à déterminer la signification voulue. La difficulté est que la préposition employée dans notre verset ne se trouve pas ailleurs dans le Nouveau Testament en relation avec le verbe «prier». En Jean 17, par exemple, on a une autre préposition lorsqu’il est dit : faire des demandes pour eux (v. 9). La préposition, là, ne peut signifier que «pour», dans le sens de «concernant», «au sujet de». Dans notre verset, la préposition différente employée signifie «par», c’est-à-dire «à cause de». «Or nous vous prions, frères, par (ou à cause de) la venue de notre Seigneur Jésus Christ et [par] notre rassemblement auprès de Lui»...

Nous avons ainsi un sens précis qui correspond parfaitement au contexte. C’est par l’objet glorieux de l’espérance et la certitude de la consolation que l’apôtre priait les saints de ne pas se laisser bouleverser par le trouble lié à la crainte répandue par les faux docteurs, que le jour du Seigneur était effectivement là... Ainsi rendue, la phrase est sans contradiction, et l’argument ou le motif de la prière a une signification en plein accord avec le verset qui suit, et avec tout le paragraphe. L’espérance bénie d’être pris auprès du Seigneur à sa venue est un antidote très compréhensible contre les bruits faux et troublants selon lesquels le jour de Son jugement de la terre était arrivé. Tout croyant peut comprendre, lorsqu’elle est placée devant lui, qu’une attente aussi consolante et réjouissante est propre, pour autant qu’elle soit toujours gardée en vue, à délivrer du trouble et de la crainte produits par le cri trompeur que le jour terrible du Seigneur était là. Aussi l’apôtre les conjure-t-il, non pas par «le jour du Seigneur» qui allait être le sujet de son enseignement (comme il en avait posé le fondement dans le chapitre précédent), mais par sa «venue» pour les rassembler auprès de Lui en haut, pensée combien réjouissante ! Alors que son sujet principal est «ce jour», plein de terreur que quelques-uns à Thessalonique présentaient comme ayant réellement commencé.

Mais quel crédit donner à la supposition que l’apôtre les priait pour ce qui concerne la venue du Seigneur et le rassemblement des saints auprès de Lui ? L’erreur portait sur «le jour du Seigneur».

Est-ce que ceux qui ont ainsi traduit ce verset ne soutiennent pas que la venue de notre Seigneur est identique à Son jour ? Ils ont rendu la préposition employée ici en grec par «pour ce qui concerne», soit parce qu’ils identifiaient tout à fait ces deux événements dans leurs esprits, soit parce qu’ils n’avaient pas une compréhension précise du contexte. Mais si la venue du Seigneur est considérée comme étant la même chose que Son jour, quel sens y aurait-il à invoquer la chose même qui est déclarée n’être pas présente alors ? En revanche, si le jour du Seigneur est une source d’anxiété terrible et troublante, rien ne saurait être plus à propos que de les prier, à cause de leur espérance bénie, si ardemment désirée, de ne pas se laisser bouleverser par le faux enseignement selon lequel l’époque redoutée était là. Les deux sujets sont mis en contraste comme en 1 Thess. 4 et 5.

Ainsi il est tout à fait inexact que «la venue de notre Seigneur... et... notre rassemblement auprès de lui» soit le sujet principal, tant avant qu’après la prière des versets que nous avons devant nous. Le lecteur n’a qu’à examiner le chapitre premier pour se convaincre que l’apôtre a mis à nu le caractère du jour du Seigneur, lorsque se réalisera, non l’espérance des saints, mais le juste jugement de Dieu. C’est ce qu’ils sont exhortés à attendre avec patience et foi, supportant toutes les persécutions et tribulations du moment ; car alors les saints glorifiés régneront avec Christ dans le royaume de Dieu pour lequel ils souffraient encore. Alors, et non pas avant, Dieu rendra la tribulation à ceux qui font subir la tribulation aux saints et, en contraste, le repos avec Paul et ses compagnons d’oeuvre à ceux qui subissent la tribulation. Cela n’aura pas non plus lieu lorsque les saints seront ravis au ciel, mais bien lorsque le Seigneur Jésus sera révélé du ciel avec les anges de sa puissance, exerçant la vengeance contre ceux qui n’obéissent pas à l’évangile de notre Seigneur Jésus. Car alors le jour sera venu où Ses ennemis et les leurs subiront le châtiment d’une destruction éternelle de devant la présence du Seigneur et de devant la gloire de sa force, quand il viendra, non pas pour introduire Ses saints dans la maison du Père, mais pour être glorifié en eux et pour être admiré dans tous ceux qui auront cru, en ce jour-là.

Pas une seule phrase ne permet de dire qu’il est question ici de la venue du Seigneur pour nous transformer à sa glorieuse ressemblance et nous amener dans la présence du Père. Ce dont il s’agit, c’est de notre apparition avec Lui en gloire, à la confusion de ses adversaires anéantis devant le monde stupéfait ; le jour de la juste rétribution pour les uns et les autres à la gloire de Dieu. Si donc l’apôtre avait prié les saints pour ce qui concernait le sujet dont il les entretenait et pour lequel une rectification était nécessaire, cela aurait dû être le jour du Seigneur et notre règne dans le royaume avec Lui. Ceux qui traduisent «pour ce qui concerne» semblent avoir confondu «la venue» avec «le jour» du Seigneur ; tandis que l’une est l’espérance consolante qui annule la crainte de l’autre.

La portée de ce qui suit est également claire : l’apôtre dit aux saints que le jour faussement présenté par les séducteurs comme présent ne pouvait pas venir, malgré tout ce que les hommes pouvaient prétendre à son sujet, avant que l’apostasie ne soit premièrement arrivée et que l’homme de péché n’ait été révélé. Et naturellement, pour cela, la puissance ou la personne qui retient entre-temps doit a fortiori avoir été ôtée du chemin. Car le mystère d’iniquité opère déjà ; mais l’inique n’est pas révélé tant que ce qui retient n’est pas enlevé. Une fois que ce sera le cas, la puissance de Satan prendra son plein développement dans la révélation de l’inique, que le Seigneur Jésus consumera par le souffle de sa bouche et qu’il anéantira, non par sa venue simplement, mais par «l’apparition de sa venue». Ici de nouveau, il s’agit du jour du Seigneur, lorsque le juste jugement s’exercera publiquement envers les amis et les adversaires, et non pas de sa «venue», lorsqu’il rassemblera ses saints auprès de Lui en haut.

Peut-on demander une épreuve plus complète que celle que fournit le contexte par le fait que l’apôtre prie les saints par leur espérance stimulante de ne pas se laisser bouleverser dans leurs pensées, ni troubler comme si le jour du Seigneur, avec ses terreurs, était là ? Les prier pour ce qui concerne ce jour qu’il allait leur dépeindre dans les couleurs les plus frappantes, de ne pas être inquiets comme s’il était maintenant là, est en opposition avec ses paroles, et aussi contraire que possible à l’énergie et à la précision habituelles de l’apôtre. Il les prie par leur espérance, contre leurs craintes.

Le fait qu’il y a une distinction marquée entre la venue du Seigneur et son jour, avait déjà été placé devant les Thessaloniciens dans les chapitres 4 et 5 de la première épître. Les versets 15 à 17 du chapitre 4 nous montrent explicitement le caractère et les circonstances, le but et les conséquences, de la venue de notre Seigneur Jésus lorsque les saints, morts ou vivants, seront rassemblés auprès de Lui ; de même que le chapitre 5:1-3 révèle clairement l’effet redoutable de ce jour lorsqu’il surprendra les méchants. Le contraste le plus net est établi entre eux ; et pas un mot ne permet de supposer qu’ils se produisent au même moment, bien que, lorsque le jour viendra, ce soit certes encore la venue du Seigneur et en fait, non seulement cela, mais «l’apparition de sa venue», ce qui explique qu’elle soit appelée, très justement, son «jour». D’autre part, ni ici ni dans aucun autre passage de l’Écriture, nous ne trouvons que les saints sont ravis à la rencontre du Seigneur dans son jour ; car celui-ci est l’étape suivante. Alors il ne s’agira plus de la consommation de son amour envers les siens, mais de déversement de sa juste indignation sur ses ennemis, comme aussi de la manifestation non moins juste de ses amis dans la même gloire que Lui.

Les séducteurs à Thessalonique n’étaient pas égarés au point de prétendre que le Seigneur était venu et avait rassemblé auprès de Lui en haut tous les saints, morts, ou vivants et l’attendant. Ils n’avaient même pas imaginé qu’Il était descendu avec les nuées et avait ravi tous les enfants de Dieu qui avaient vécu autrefois et connu la souffrance, afin de les introduire avec lui dans la gloire. Puisqu’il était évident que les saints à Thessalonique et leurs frères dans le monde entier étaient encore sur la terre, ils ne pouvaient soutenir la pensée funeste que les saints endormis étaient déjà ressuscités de leurs tombes et qu’eux étaient laissés en arrière. La vérité est qu’ils ne pensaient pas à la venue du Seigneur : leur erreur ne portait pas du tout sur ce point, mais sur le «jour du Seigneur», comme le verset 2 le montre clairement et indiscutablement. Pour eux, son «jour» était non seulement «proche», ce qui est vrai, mais «présent», ce qui est faux. Identifiez «la venue» avec «le jour» du Seigneur, et tout est confusion ; si vous les distinguez, vous recevez immédiatement de la lumière et vous n’avez pas besoin de déformer les mots par lesquels nous recevons instruction, dans la mesure où leur portée exacte est discernée.

Pour la force de «était là», le lecteur peut comparer Rom. 8:38 («choses présentes») ; 1 Cor. 3:22 («choses présentes») ; 7:26 («présente» ) ; Gal. 1:4 («présent») ; 2 Tim. 3:1 («il surviendra») et Héb. 9:9 («présent») qui sont les seuls versets où se trouve ce mot dans le Nouveau Testament. Non seulement il ne comporte pas l’idée de «proche» dans tous ces autres cas, mais un tel sens serait partout absurde et impossible. Dans les deux premières références, les «choses présentes» sont en contraste avec les «choses à venir». Cela ne pourrait pas être le cas si le mot avait vraiment le sens de «sur le point d’arriver, imminent ou proche». De même dans le troisième exemple, la nécessité était réellement «présente», non pas simplement menaçante, mais déjà là. Tout aussi clairement dans le quatrième passage, c’est le «présent siècle mauvais», ce siècle ou le présent siècle comme l’apôtre le nomme en Rom. 12:2 et 1 Tim. 6:17, en contraste avec «ce siècle-là» ou «le siècle qui vient», «le siècle à venir» (Luc 18:30 ; 20:35 ; Héb. 6:5) qui est tout l’opposé, un siècle de bonté, de justice, de paix et de gloire. Et cela ne devrait pas nous surprendre, puisque Satan ne sera plus le prince de l’autorité de l’air ni le dieu du siècle à venir comme il l’est de celui-ci (2 Cor. 4:4), mais qu’il sera précipité et lié, pendant que le Seigneur régnera dans la pleine manifestation de sa puissance et de sa gloire, au lieu d’être caché en Dieu comme maintenant. Ainsi même la forme différente, et au futur en 2 Tim. 3:1 ne signifie pas que des temps difficiles et fâcheux «sont imminents» mais qu’ils «surviendront» de fait. «Viendront bientôt» affaiblirait tout à fait le sens et ruinerait la force du terme. Et il n’en va pas autrement de la dernière référence où la signification incontestable est : «pour le temps présent». On a de la peine à imaginer un homme raisonnable construisant la phrase avec : temps imminent ou proche. Le temps à venir sera réglé selon des principes distincts sur lesquels l’Écriture n’est pas muette.

...Cela devrait suffire, étant bien fondé, pour convaincre le lecteur que l’erreur enseignée avec si peu de scrupules par des fanatiques à Thessalonique consistait non dans l’affirmation que le jour était «proche» (car l’apôtre lui-même le dit expressément en Rom. 13:12) mais qu’il «était là» de fait. Ces hommes malfaisants étaient sans doute du même type qu’Hyménée et Philète «qui se sont écartés de la vérité, disant que la résurrection a déjà eu lieu, et qui renversent la foi de quelques-uns» (2 Tim. 2:18). Il ne pouvait être donné une explication satisfaisante de la résurrection comme accomplie qu’en la réduisant de façon allégorique à quelque privilège spirituel déjà reçu. C’est ainsi que plusieurs auteurs, et même des commentateurs, considérés comme orthodoxes, ont faussement interprété «la première résurrection» d’Apocalypse 20. Une telle atténuation, obtenue en donnant une portée présente au passage, se comprend aussi facilement, sinon plus, que dans le cas du jour du Seigneur. Car s’il est bien certain que ce jour ne peut en aucune manière avoir sa réalisation dans toute son étendue avant que l’Éternel exécute le jugement sur les vivants ici-bas et introduise son propre règne, lorsque toutes choses se réjouiront au lieu de gémir comme maintenant, cependant les jugements judiciaires dans les voies de Dieu sur Israël ou les païens étaient désignés par «ce jour» dans l’Ancien Testament. Prenez Ésaïe 3 ; 7 et d’une façon encore plus évidente 13 et 19. Il est tout à fait clair qu’un jugement contemporain, dévastateur et exterminateur, sur un peuple ou un pays, comme alors sur Babylone ou l’Égypte, est appelé «le jour de l’Éternel» venant sur eux. Et pourtant il reste sans aucun doute des événements importants non encore accomplis, qui attendent «le jour» dans son sens le plus complet, à la fin des siècles.

Joël 1 et 2 donnent la même illustration. Le jour de l’Éternel y est introduit de la même manière et avec des caractères semblables. C’est un jour qui vient comme une destruction du Tout-Puissant ; un jour de ténèbres et d’obscurité, un jour de nuées et d’épaisses ténèbres ; grand et fort terrible ; et qui peut le supporter ? C’est un jour qui, s’il peut tomber dans une mesure sur certains par le moyen des Mèdes ou des Perses, des Grecs ou des Romains, aura son plein accomplissement lorsque l’Éternel se lèvera pour secouer non seulement la terre, mais aussi les cieux. Comparez Soph. 1:7-18 avec 3:8-20 ; Zach. 12-14.

On peut donc bien comprendre qu’un séducteur se serve de prophéties anciennes, dont l’application n’était que partielle et comme en germe à cette époque, pour affirmer que les dures tribulations et la persécution que les Thessaloniciens supportaient alors, à côté des détresses extérieures, des convulsions politiques, etc., étaient la preuve que le jour où le Seigneur s’occuperait des vivants sur la terre avait commencé, et que les saints étaient pris dans ses terreurs alors qu’il était évident que ces circonstances ne pouvaient être la preuve de la venue de Christ ou de l’enlèvement des saints, double événement dont on ne pouvait prétendre qu’il avait eu lieu, et qui est présenté par l’apôtre comme une sauvegarde manifeste contre l’erreur qui circulait. En fait, l’idée que Christ était déjà venu leur était si étrangère que, sans controverse, l’apôtre pouvait les prier par (ou à cause de) Sa venue et notre rassemblement auprès de Lui, de ne pas donner de crédit à la rumeur alarmante que son jour était là. C’est-à-dire que, pour lui, tout croyant était pleinement conscient du fait que Christ n’était pas venu, mais était encore au ciel et que les saints étaient encore sur la terre et non pas ravis auprès de Lui en haut. C’est donc sur ce point que l’apôtre fonde son appel à ne pas recevoir la fausse nouvelle (malgré son apparence de crédibilité) qui consistait à affirmer que Son jour avait réellement commencé. La venue de Christ et notre rassemblement auprès de Lui en haut doivent précéder ce jour. Que, d’une part, une telle joie, et la réalisation d’une telle espérance n’étaient pas la portion présente des saints et que, d’autre part (pendant l’absence de Christ) eux-mêmes et leurs frères étaient toujours sur la terre, étaient des faits évidents et des preuves irréfutables que le jour ne pouvait pas être là. Les saints doivent sortir des cieux à la suite de Christ pour introduire ce jour. Voir Apocalypse 17:14 ; 19:14. Pour cela, il faut d’abord qu’ils y aient été transportés, et c’est ainsi que nous les voyons représentés comme étant au ciel dès le chapitre 4 de l’Apocalypse.

Si nous examinons encore la construction de la phrase, nous verrons qu’elle ne s’accorde qu’avec ce point de vue et qu’elle est incompatible avec la confusion populaire qui obscurcit ces versets. Car comme nous l’avons vu, l’apôtre prie les Thessaloniciens en ces termes : ne vous laissez pas «promptement bouleverser dans vos pensées, ni troubler, ni par esprit, ni par parole, ni par lettre, comme si c’était par nous, comme si le jour du Seigneur était là». De même que ce serait porter atteinte à tout sain principe d’exégèse que d’imaginer que «la venue du Seigneur» au verset 1 diffère de ce qui a été si clairement révélé dans la première épître (chap. 4), de même nous sommes tenus d’interpréter «le jour du Seigneur» ici en accord avec ce qui a été présenté au chapitre 5. Les applications providentielles ou figuratives sont donc exclues. Le Nouveau Testament en tout cas emploie les deux termes dans leur sens complet et final.

Ceux qui aujourd’hui parlent d’une venue providentielle du Seigneur sont sur le même terrain que les fabulateurs de Thessalonique, qui imaginaient un jour du Seigneur figuratif, avec la différence (il est vrai) que les premiers appliquent cette venue à l’avenir, les derniers au temps d’alors. Une interprétation correcte rejette les deux. Une signification partielle de l’un ou l’autre des termes est exclue de ces épîtres ; on ne peut, en toute honnêteté, admettre qu’elles enseignent autre chose que les événements dans leur intégralité. La résurrection des saints liée à la venue de Christ, et le jugement qui s’exécutera d’une manière terrible, aussi profonde qu’étendue, sur les puissances apostates de mal et sur tous ceux qui, n’ayant pas cru à la vérité, ont pris plaisir à l’injustice, indiquent sans aucun doute l’intervention du Seigneur en personne.

Des chrétiens sincères et intelligents viennent nous dire que l’objet de l’apôtre ici était de tempérer l’attente trop ardente ou désordonnée du retour immédiat du Seigneur. Mais nous retrouvons en cela la même confusion générale. Selon ces personnes, cette attente prenait une forme désordonnée dans l’église à Thessalonique : leurs esprits inexpérimentés et leurs coeurs brûlants étaient travaillés par l’émouvante proclamation que le jour de Christ (ou plutôt «du Seigneur») était proche ou imminent (nous avons vu cependant que le verbe employé n’a jamais ce sens, mais signifie «était là»). N’est-il pas des plus étrange que des chrétiens sérieux, qui diffèrent profondément de pensée au sujet de la venue et du règne de Christ, s’unissent dans une appréciation évidemment fausse de ce que l’apôtre dit et pense. Il combattait l’erreur selon laquelle le jour était là. Il les priait par (ou à cause de) la venue de notre Seigneur Jésus Christ et notre rassemblement auprès de Lui de ne pas se laisser bouleverser par cette fausse alarme. C’était un antidote puissant contre la pensée que le jour redouté était là ; mais comment une telle espérance pouvait-elle réfuter le point de vue que le jour était «proche» ?... Seuls ont raison ceux qui affirment que l’apôtre avait seulement l’intention de nier que le jour du Seigneur avait commencé ou était alors présent...

Le fait qu’une longue suite d’événements complexes dont le déclenchement était retardé par un frein existant du temps de l’apôtre devait encore se développer, était de nature à détruire, non l’attente de la venue de Christ comme espérance prochaine, mais la déclaration erronée que le jour du Seigneur était déjà là. Les gens en question ne s’appliquaient pas systématiquement à insister sur la proximité de sa venue, comme le fait tout le Nouveau Testament. Leur prétention à l’inspiration spirituelle, leurs déclarations solennelles, le fait qu’ils avaient préparé une lettre sous le nom de Paul, avaient pour but de donner un caractère plausible à la fausse insinuation que le jour du Seigneur était là, et de la propager.

Aussi n’était-ce pas une excitation enthousiaste et fiévreuse, liée à l’attente de la venue de Christ dans la jouissance de la joie chrétienne avec Lui dans la gloire, mais c’était l’effroi et la terreur, comme si le jour du jugement inexorable et de l’horreur à laquelle on ne peut échapper s’était levé sur eux. Se laisser «bouleverser» dans leurs pensées ou «agiter» décrit l’inquiétude et l’émoi causés par la peur. Encore plus manifestement être «effrayés» ou «troublés» provient de la même source et ce mot convient moins encore que le précédent si possible à l’enthousiasme impatient et fougueux d’un espoir suscité à tort. C’est dans un contexte tout à fait différent que, dans le dernier chapitre, il est parlé de frères marchant dans le désordre, qui ne travaillaient pas comme ils l’auraient dû. Une espérance déçue peut produire ce résultat, mais rien de la sorte n’apparaît ici dans le chapitre 2.

On comprendra que ces détails, aussi bien que la fausse interprétation du tout donnée par des gens par ailleurs respectables, aboutissent à la supposition erronée que le sujet présenté est la seconde venue personnelle de notre Seigneur, et a pour but de mettre en garde contre la notion que Sa venue personnelle était «proche» ou imminente. Bien au contraire, cette imminence est la vérité divine enseignée partout dans le Nouveau Testament, et nulle part d’une manière plus constante, plus claire et plus pressante que dans ces épîtres. En fait l’apôtre met au jour et extirpe l’erreur que le jour du Seigneur était maintenant présent. Ces commentateurs qui voudraient nous fourvoyer ne vont-ils pas jusqu’à affirmer que les Thessaloniciens, en étant alarmés sans motif au sujet du jour du jugement, pensaient ou alléguaient que le Seigneur Lui-même était venu ou était présent en puissance et en gloire ? En réalité l’apôtre demande au contraire aux saints, par Sa venue qui les rassemblerait auprès de Lui dans une paix parfaite et une joie sans fin, de ne pas se laisser bouleverser par la proclamation trompeuse que le jour si redoutable avait commencé. Nulle part cette proclamation n’est imputée à une fausse interprétation des paroles de l’apôtre dans la première épître... Le sens véritable est que l’on se recommandait d’une révélation spirituelle, d’un ministère oral et d’une lettre faussement attribuée à l’apôtre. Évidemment, cela n’émanait en aucun cas de chrétiens vraiment sérieux, mais d’hommes de mauvaise foi qui les égaraient.

Un auteur chrétien soutient qu’on ne peut donner ici qu’un sens figuratif à la venue de notre Seigneur dans le verset 1, confirmé par le verset 8 ; parce que, pense-t-il avec raison, la destruction de l’Antichrist précède immédiatement non pas l’état éternel, mais le règne millénaire. Aussi, ne voulant pas d’un règne personnel de notre Seigneur, il qualifie sa venue antérieure de figure. La réponse décisive est que non seulement dans d’autres passages du Nouveau Testament (notamment dans ces épîtres comme il l’admet lui-même), la présence (parousie) de notre Seigneur est invariablement personnelle et en grâce, non pas providentielle et en jugement, mais que Sa venue est inséparablement liée à «notre rassemblement auprès de Lui». Osera-t-on dire que l’enlèvement des saints au ciel est figuratif ici ? Et pourquoi les deux événements devraient-ils être pris dans un sens littéral en 1 Thessaloniciens 4 où ils sont également présentés (quoique d’une manière différente) comme indissolublement liés en tant que cause et conséquence immédiates ? Un tel sens figuratif donné à la venue de notre Seigneur est contredit par notre rassemblement auprès de Lui qui est étroitement lié à cette venue. En outre, cela annulerait l’exhortation de l’apôtre, fondée sur le fait que cette espérance bénie n’était pas encore réalisée, réfutant l’affirmation trompeuse que le jour du Seigneur était là. La vérité est que le fait de situer la venue après le règne millénaire est un mythe tout aussi certain que l’erreur dans laquelle étaient tombés les Thessaloniciens à l’égard du jour... La venue de notre Seigneur et notre rassemblement auprès de Lui en haut, que tous auraient dû connaître comme étant encore futurs, sont invoqués pour dissiper l’erreur que son jour était là ; aussi sa venue n’est-elle pas identifiée à son jour, le sujet véritablement en question (cette assimilation serait absurde), mais est nettement distincte de celui-ci. Jamais on n’aura une compréhension intelligente du raisonnement de l’apôtre, ni une vue complète du contexte, si l’on n’a pas saisi cette distinction — qui est également d’une aide immense pour la compréhension d’autres passages.

On aura remarqué que le sujet n’était pas une révélation nouvelle faite aux Thessaloniciens. Il avait occupé l’esprit de l’apôtre d’une manière particulière lorsqu’il avait visité leur ville, non seulement dans l’enseignement donné aux saints, mais même dans la prédication publique au monde. Et sa première épître avait soigneusement établi pour tous les saints, endormis ou vivants, les circonstances, l’ordre, le caractère et le résultat de la «venue» du Seigneur (surtout du fait que des craintes erronées avaient surgi dans leurs esprits à l’égard des morts). De même Paul n’avait pas caché la nature solennelle du jugement réservé aux hommes dans leur incrédulité, lorsque Son «jour» viendrait subitement sur eux. Il venait maintenant de présenter Sa venue avec ses aspects si réjouissants, pour chasser l’erreur nouvelle et alarmante que «le jour» était arrivé — une erreur pour la propagation de laquelle les séducteurs se réclamaient faussement de la plus haute autorité : esprit, parole et même lettre de l’apôtre lui-même. Car il est triste de voir que lorsque la vérité est perdue, ceux qui s’en écartent sont enclins à ne plus être véridiques et deviennent les dupes de Satan par leur perversion sans scrupule pour donner du crédit à leur erreur. Mais l’apôtre prie les saints par la venue de Christ et leur rassemblement auprès de Lui de ne pas se laisser bouleverser ou troubler par des rêveries consistant à dire que Son jour était là. Ils doivent auparavant être avec Lui afin de paraître avec Lui en gloire lorsque ce jour sera là pour le jugement des vivants. Quand les hommes diront : «Paix et sûreté», alors une subite destruction viendra sur eux, comme les douleurs sur celle qui est enceinte, et ils n’échapperont point. Rien de semblable ne s’est produit jusqu’ici, mais plutôt l’inverse : des troubles et des persécutions pour les saints, et la tranquillité pour ceux qui leur font subir la tribulation, alors que la situation sera renversée lorsque ce jour viendra.

Au verset 3 commence un nouveau sujet dans la réfutation. Celle-ci n’est plus fondée sur leur espérance bénie, mais sur le fait que le mal extraordinaire qui allait opérer par étapes successives devait encore se développer et se manifester dans sa forme dernière et complète, avec laquelle «le jour du Seigneur» aura affaire, selon la prophétie.

«Que personne ne vous séduise en aucune manière, car ce jour-là ne viendra pas que l’apostasie ne soit arrivée auparavant et que l’homme de péché n’ait été révélé, le fils de perdition» (v. 3).

Nous n’avons pas là la moindre allusion à «la venue du Seigneur»... Il s’agit du jour du Seigneur. Sa «venue» n’a rien à faire avec ces prédictions terribles qui doivent certainement s’accomplir, chacune en son temps, mais toutes deux avant que vienne ce «jour» où le Seigneur doit intervenir en jugement. Mais il y a une réserve prudente quant à sa venue, tenue en dehors des temps et des saisons prophétiques comme une espérance constante, laquelle n’a été introduite que comme un motif pour lequel les saints ne devaient pas prêter l’oreille aux rumeurs absurdes et sans fondement, concernant «le jour» comme étant déjà là, quelle que fût l’autorité que l’on revendiquât pour elles. Il était clair en tout cas que le Seigneur n’était pas venu : sinon les saints auraient été immédiatement rassemblés auprès de Lui en haut. Ainsi Sa présence, indiscutablement, n’était pas encore un fait ; et elle les préserverait, non seulement quand elle serait accomplie, mais maintenant si la foi la gardait fermement en vue, de ces fables vaines et de ces craintes. Sa venue n’est pas ce qui inaugure mais ce qui précède le jour du Seigneur ; son apparition coïncide avec ce jour.

Mais les saints étaient exposés à être séduits d’une autre manière : d’où le nouvel avertissement et l’instruction spéciale que l’apostasie et la révélation de l’homme de péché doivent arriver avant ce jour. Considérons-les toutes deux à la lumière de la Parole. Elles sont supposées être déjà plus ou moins connues. L’Écriture a donné de la lumière quant aux deux ; et l’apôtre n’avait pas gardé le silence à leur égard lorsqu’il avait été personnellement présent au milieu d’eux...

À noter que c’est apostasie. Dans le Nouveau Testament, le terme dans l’original ne se retrouve qu’en Actes 21:21 (*) et là sans l’article ; dans notre passage l’expression est donc accentuée. En 1 Tim. 4:1, nous trouvons le verbe, exprimant la défection sur le plan religieux. Car telle est sa signification, non pas corruption, mais abandon, comme politiquement il exprime la révolte contre l’autorité.

(*) «Renoncer à» : litt. : «l’apostasie de» (Ed).

Nous avons donc dans ce verset bref mais significatif la description par le Saint Esprit de cet état de choses qui doit précéder le jour du Seigneur. 1) L’apostasie doit arriver auparavant ; et 2) l’homme de péché doit être révélé, le fils de perdition.

1) En 1 Tim. 4, ce sont seulement «quelques-uns» aux derniers temps qui apostasieront de la foi, s’attachant à des esprits séducteurs et à des enseignements de démons, disant des mensonges par hypocrisie, ayant leur propre conscience cautérisée, etc. C’est un écart de la foi vers l’ascétisme dans la prétention d’une sainteté supérieure, mais un reniement réel des droits de Dieu comme Créateur et de sa grâce comme Sauveur. En 2 Thess. 2, il ne s’agit pas d’un écart partiel comme celui-ci, mais de l’abandon total et général de l’Évangile, qui aboutira certainement au rejet de toute vérité révélée et de ce qu’on peut appeler la religion naturelle, le témoignage à la Déité dans la création et dans la conscience de l’homme. C’est la révolte dont la parole prophétique dit qu’elle caractérisera la fin de ce siècle, comme cela est révélé d’une manière si vaste et variée dans la Loi, les Psaumes et les Prophètes, dans les évangiles, les épîtres et l’Apocalypse. Deut. 31 ; 32 ; Ps. 10-14 ; Ésaïe 65 ; 66 ; Dan. 7:8, 11, 25 ; 9:27, suffiront pour l’Ancien Testament. Dans le Nouveau Testament, on peut citer : Matt. 12:31, 32, 43-45 ; Luc 17:26-30 ; 18:8 ; 2 Tim. 4:4, outre 2 Thess. 2 ; 2 Pierre 3 ; Jude et toute l’Apocalypse. Ces passages présentent la perspective terrible du fait que les Juifs comme les chrétiens abandonneront la profession de la vérité dont ils sont respectivement responsables. Dieu sera laissé d’une manière publique et générale, sans témoignage quant à sa vérité et à sa gloire ici-bas, sinon dans la confession d’un résidu persécuté et dans l’exécution de ses jugements solennels et toujours plus sévères.

Il est triste de dire que les hommes les plus sérieux parmi les Juifs et les musulmans (instruits probablement indirectement par la prophétie de l’Ancien Testament) reconnaissent mieux que bien des chrétiens la ruine ici-bas et l’apostasie qui approche. Même les musulmans admettent que les Juifs, comme ensemble, abandonneront la loi, comme eux le Coran et les chrétiens l’Évangile. Des chrétiens, aveuglés hélas par le rêve incrédule de progrès, attendent un développement graduel de la chrétienté qui devrait s’étendre au monde entier, quand même, égarés plus encore par la vanité humaine, ils ne vont pas jusqu’à attendre comme certains, un état de semi-perfection ici-bas. Mais l’Écriture, si elle proclame l’évangile du royaume, n’admet à aucun moment un royaume de l’Évangile, erreur commune dans la chrétienté. La vérité est que celle-ci retourne rapidement à cet orgueil, cette volonté propre, ce mépris de la vérité et de la vraie piété, avec la dégradation morale, qui caractérisait le monde avant l’évangile ; et 2 Tim. 3 nous prépare déjà à cela. Mais «l’apostasie» va plus loin encore et suppose l’abandon de toute profession publique de la vérité ici-bas.

2) Ce n’est pas tout ; car l’abandon de la foi chrétienne conduit à un autre développement plus grave du mal : la révélation de «l’homme de péché... le fils de perdition». Il sera le contraste évident et personnel de Christ, l’Homme de justice, le Sauveur de ceux qui sont perdus. Il concentrera en lui-même la méchanceté de l’homme et la puissance destructive que Satan détient, étant l’antagoniste du Seigneur en plénitude, ce que Judas Iscariote n’était qu’en partie, bien que tous les deux soient désignés par le même nom terrible (Jean 17:12) qui fait allusion à un jugement tout particulier.

Il est aussi question de ce personnage dans l’Écriture, tant dans l’Ancien Testament que dans le Nouveau. Sans citer de types dans la loi, il y a un méchant à l’intérieur du peuple (non pas simplement un ennemi à l’extérieur) que l’on retrouve partout dans les Psaumes. Ésaïe 11:4 (auquel le Saint Esprit fait formellement allusion dans le verset 8 de notre chapitre) l’identifie avec l’homme de péché ; et les chapitres 30:33 ; 57:9 le décrivent comme «le roi», l’usurpateur du trône qui appartient à Christ de droit ; Dan. 11:36-39 plus complètement encore. Le Seigneur parle de lui en Jean 5:43 ; de même les épîtres de Jean le nomment «l’Antichrist» ; Apoc. 13, la seconde bête, montant de la terre et «le faux prophète» qui, en Apoc. 19, périt avec la dernière tête du quatrième empire ressuscité (qui est la première bête montant de la mer).

Tout apostat qu’il soit, il n’en est pas moins une puissance religieuse, et c’est en fait ce qui le distingue. Si on le compare avec l’empereur d’alors, la tête politique de l’Occident, il est lui le chef religieux en Orient. Bien que roi, son influence principale et notoire n’est pas celle d’une puissance séculaire, mais s’exerce sur le plan religieux. Si l’on pèse les différents passages des Saintes Écritures cités ici, ou même cette seule révélation capitale de notre chapitre, on ne peut en douter. Certes il est en fait aussi incrédule que la puissance séculière de l’Occident, son allié dans le mal ; mais son caractère distinctif est d’ordre spirituel, renforcé par toute sorte de miracles et signes et prodiges de mensonge, et par toute séduction d’injustice pour ceux qui périssent.

On sait que l’incrédulité a opéré de diverses manières pour détourner cette prophétie de son objet véritable et de sa portée réelle. Ainsi peu avant la Réformation, à la Réformation, et depuis, ceux qui ont lutté contre la papauté ont appliqué librement la notion d’homme de péché à cette hiérarchie corrompue ; de même que plus tard les Orthodoxes ont entendu par apostasie le passage de plusieurs églises orientales à l’Islamisme et ont pensé que l’homme de péché était Mahomet. Encore, lorsque la Révolution française éclata et que Napoléon Bonaparte se fut élevé de ses ruines, certains appliquèrent notre chapitre à cette période agitée ; de même que plus tôt d’autres y avaient vu les maux des Juifs et la destruction de leur ville et de leur temple. Mais il y a un fait indéniable, concernant l’interprétation la plus anciennement existante, et qui a survécu pendant des siècles chez les pères grecs et latins alors qu’ils s’enfonçaient toujours plus dans les ténèbres : pour eux l’apostasie était encore future et devait arriver juste avant la fin, et l’Antichrist en personne devait être détruit par le Seigneur Jésus revenant en jugement...

Aux avocats de Rome qui s’opposent à l’application de cette prophétie à la papauté en arguant que «l’» homme de péché, «le» fils de perdition, etc., désigne nécessairement un individu, non pas une succession ou une classe, quelques commentateurs bien intentionnés de l’école protestante essaient de répondre en relevant que des termes comme «le» sacrificateur, «le» roi, etc., définissent par eux-mêmes une classe et non pas un individu. Mais ces derniers mots désignent un office, et diffèrent ainsi de la description très précise et particulière de notre chapitre ; et de même, les «plusieurs antichrists» et les «plusieurs séducteurs» de la première épître de Jean ne peuvent détruire l’unité de l’expression : «Celui-là est le séducteur et l’antichrist» de 2 Jean 7. Il est également vain d’argumenter sur «celui qui retient» et «ce qui retient» dans notre chapitre, qui peuvent bien exprimer, et expriment réellement, à ce que je crois, quelqu’un qui est à la fois une personne et une puissance, comme nous le verrons le moment venu. Il est bien vrai qu’en Daniel 11 les expressions «le roi du nord» et «le roi du midi» sont appliquées à plusieurs rois de Syrie et d’Égypte ; mais jamais elles ne sont employées dans un sens vague pour une lignée de rois comme l’argument ci-dessus l’impliquerait et l’exigerait aussi. Au contraire dans chacun des nombreux cas, les circonstances sont données de manière à distinguer un roi d’un autre et à les rendre chacun individuellement reconnaissable. De plus, le récit complet de ce qui concerne Antiochus Épiphane, dans les versets 21 à 32, se termine par une transition (v. 33-35) où il n’est parlé ni du nord ni du midi, et où il y a une interruption qui nous amène «jusqu’au temps de la fin». Et alors, de manière abrupte (cela est à remarquer), nous sommes confrontés, dès le verset 36, avec «le roi [qui] agira selon son bon plaisir», etc. Cela signifie que l’analogie que l’on prétend tirer du chapitre est absolument contre la succession ou les classes qu’on voudrait y voir ; car si l’on veut en trouver dans les versets 36 à 39, on devrait pouvoir trouver une classe dans chacun des versets 5, 6, 7, etc. Mais la vérité est que chacun de ces versets parle d’un roi du midi distinct : au verset 5, Ptolémée Soter ; au verset 6, la fille de Ptolémée Philadelphe ; au verset 7, Ptolémée Evergète. Selon ce même principe appliqué uniformément ailleurs dans le chapitre, les versets 36 à 39 doivent décrire un seul individu, non pas une classe, même s’il devait s’agir d’un roi du nord ou du midi.

Le fait est toutefois qu’ici, comme le lecteur attentif le remarquera, dans le «au temps de la fin», l’intérêt principal par rapport à toute la suite des épisodes précédents, arrive à son point culminant. Nous avons ici un roi dont les caractères diffèrent de tous les autres, qui, dans un jour futur, devient l’objet de l’attaque du roi du nord et du roi du midi «dans le pays de beauté», c’est-à-dire la Palestine, laquelle est entre eux deux, et deviendra une fois de plus le champ de bataille des nations. Et ce qui rend la chose absolument concluante, c’est que ce roi même dans «le pays» est décrit par le prophète en des termes que l’apôtre applique à l’homme de péché, comme pour prouver qu’ils désignent tous deux exactement le même objet ; et ce n’est pas une succession d’hommes, mais un seul individu, qui doit encore surgir et s’opposer au Seigneur Jésus et qui sera détruit par l’apparition de Sa venue. Ainsi, ces passages remarquables de l’Ancien et du Nouveau Testament s’éclairent mutuellement ; et certes si le lecteur de 2 Thessaloniciens reçoit de l’aide en comparant l’épître avec la prophétie, celui qui étudie la portée de Daniel 11:36-39 peut et devrait recevoir une lumière plus grande encore de cet écrit ultérieur de l’apôtre.

Quant à l’argument de cet auteur incrédule écrivant qu’on trouve ici «non seulement une description minutieuse du règne d’Antiochus, mais l’interruption d’une telle description à la date précise de 169 A.C.», il est facile d’y répondre simplement et complètement. Car le récit de Daniel nous conduit pas à pas jusqu’à la description générale de l’état du peuple juif tel qu’il réapparaîtra au temps de la fin. Alors soudain est introduit devant nous en ce temps de la fin un roi inique en Judée, s’élevant contre tout dieu et proférant des choses impies contre le Dieu des dieux. Il n’aura égard ni à l’Éternel ni au Messie, mais tout en s’agrandissant au-dessus de tout, il honorera un dieu de sa propre imagination. S’il n’y avait pas eu une interruption à ce point, la prophétie n’aurait pas pu être marquée de la perfection qui est la sienne. Le même Esprit fait des prédictions minutieuses concernant les Lagides et les Séleucides en lutte pendant des siècles, après les jours du prophète, puis s’arrête pour introduire l’Antichrist, avant de reprendre son récit pour décrire avec une minutie pour le moins égale, la crise finale dans le pays. Le roi du nord et le roi du midi s’uniront alors une fois encore dans un combat qui ne se terminera que dans le jour où le pays, la terre et ses habitants seront bénis à la gloire de Dieu qui ne passera pas. Sommes-nous satisfaits de devenir «fous afin d’être sages» ? «Aucun des méchants ne comprendra ; mais les sages comprendront».

Mais Dieu jette encore davantage de lumière sur l’homme de péché, le fils de perdition. Combien sinistre est l’éclairage jeté sur la méchanceté sans précédent et sans mesure de celui qui doit être révélé avant le jour de sa destruction. Il «s’oppose et s’élève contre tout ce qui est appelé Dieu ou qui est un objet de vénération, en sorte que lui-même s’assiéra au temple de Dieu, se présentant lui-même comme étant Dieu» (v. 4).

L’Écriture, dans les différents passages qui présentent ce chef futur du mal, met en évidence divers caractères qui se retrouveront en lui de manière à le distinguer. Il viendra en son propre nom, la personnification de la propre suffisance, comme de l’indépendance envers Dieu. Cela répondra à l’esprit du siècle alors. Les hommes, les Juifs en particulier, seront mûrs pour cela et l’accueilleront avec joie. Cela flattera et couronnera leur égoïsme. Autrefois, ils n’ont pas voulu de Celui qui est venu au nom de Son Père. Il était pénible à leurs esprits orgueilleux de voir et d’entendre quelqu’un qui n’était là que pour faire la volonté de Celui qui l’avait envoyé, que pour manifester le nom du Père, et révéler Son amour et Sa gloire. Ils auraient admiré un esprit audacieux et libre, hardi et s’affirmant lui-même. Un esprit humble si éloigné de leur idéal leur était pratiquement odieux. «Je ne fais rien de moi-même, mais... selon que le Père m’a enseigné, je dis ces choses». Une telle humilité, un tel dévouement de serviteur, était haïssable à leurs yeux, car cela ne pouvait que condamner leurs voies et leurs paroles. S’ils avaient connu la gloire de Celui qui parlait là, réalisé qu’Il était le Fils, la Parole, le Créateur de tout, cela aurait dû les confondre au plus haut point et les forcer à reconnaître leur néant en présence de ce Dieu unique et véritable, eux qui se considéraient comme les dépositaires exclusifs et fidèles de son témoignage. La foi en Christ les aurait brisés dans une humiliation volontaire et un jugement complet d’eux-mêmes ; ils auraient vu le Père par et dans le Fils, tout à fait différent de ce qu’ils pensaient.

Les Juifs donc, non seulement aux jours de Christ, mais dès lors, constituant «cette génération», en rejetant leur Messie, le Fils de Dieu venu dans l’humiliation infinie de la grâce divine, avaient manifestement pour père le diable, non pas Abraham dont ils étaient la semence, encore moins Dieu, dont ils ne se réclamaient que pour s’enorgueillir. Et n’étant pas fondés dans la vérité, ils s’enfonçaient de plus en plus dans la violence sans frein, comme celui qui dès le commencement a été meurtrier et menteur. Bientôt les Juifs feront le pas suivant et recevront, comme leur messie, celui qui viendra en son propre nom. Ce sera sans aucun doute le comble des ténèbres morales ; car l’Écriture ne garde pas le silence quant au caractère juste et saint de l’Oint de l’Éternel. Les Psaumes 16 ; 22 ; 40 ; 69 ; 72 ; 75 ; 91 ; 101 ; 102 ; 132 ; 144-150 ; Proverbes 8 ; Ésaïe 9 ; 11 ; 12 ; 25 ; 42 ; 49 ; 50 ; 52 ; 53 ; 59 ; 60 ; 61 ; 63, en sont un ample témoignage tiré d’une petite partie des Écritures. La place manque pour citer ne serait-ce que les références de l’Ancien Testament à la perfection morale du Messie, l’Éternel, et de son règne futur. De sorte que, comme les Juifs étaient sans excuse lorsqu’ils ne discernèrent pas le vrai et divin Messie, ils le seront plus encore lorsque, après l’avoir rejeté, ils recevront le représentant achevé de la volonté propre personnifiée, que Satan placera devant eux dans l’Antichrist du dernier jour. «Celui-là vous le recevrez», dit le Sauveur. Voilà ce qui attend les «plusieurs» dans le pays, et le temps est proche.

Jean présente d’autres traits de leur chef à venir. Qui est le (non «un») menteur, sinon celui qui nie que Jésus est le Christ ? Celui-là est l’antichrist, qui nie le Père et le Fils» (1 Jean 2:22). Nous apprenons ici qu’il y a deux étapes : le reniement de la confession juive que Jésus est le Christ ou le Messie, ce qui est l’incrédulité fatale de cette nation ; et le reniement du Père et du Fils, ce qui est le rejet également fatal de la confession chrétienne. L’Antichrist sera l’expression majeure de la double infidélité blasphématoire, de l’esprit d’apostasie, non seulement parmi les Juifs, mais de la chrétienté. Il sera le chef des deux ; et le fait que les Juifs et les chrétiens infidèles pourront avoir et auront un chef commun suffit à montrer combien l’apostasie sera totale. Le reniement du Père et du Fils est le rejet de la révélation la plus complète de la grâce et de la vérité venues de la part de Dieu vers l’homme ; et c’est ce qui se développe maintenant dans la chrétienté ; non pas seulement l’ignorance d’un amour infini tel que le Seigneur Jésus l’a manifesté, mais l’opposition de coeur, l’aversion et la diffamation incrédules. C’est à un tel état que les professants sans vie aboutissent graduellement, abandonnant la confession d’une simple croyance ; rien ne pourra en préserver vraiment, sinon la foi vivante des élus de Dieu selon la puissance de Celui qui nous a sauvés et nous a appelés d’un saint appel, non selon nos oeuvres, mais selon son propre propos, et sa propre grâce qui nous a été donnée dans le Christ Jésus avant les temps des siècles — la promesse de la vie qui est dans le Christ Jésus.

Mais le mensonge de Satan ira plus loin que le reniement de cette manifestation particulière de grâce et de vérité, qu’est la révélation du Père et du Fils ; car il rejettera, comme nous l’avons vu, même la qualité de Messie de Jésus, et préparera ainsi le chemin à cet effrayant amalgame des Juifs et des chrétiens incrédules qui accepteront l’Antichrist comme leur chef commun. «Car plusieurs séducteurs sont sortis dans le monde, ceux qui ne confessent pas Jésus Christ venant en chair : celui-là est le séducteur et l’Antichrist», comme le dit Jean dans sa deuxième épître. S’ils ont refusé la révélation la plus élevée et la plus profonde, on aurait pu s’attendre à ce qu’ils recevraient la moindre. Mais non ; l’heure approche où l’oeuvre des séducteurs sera complète, et la chrétienté, orgueilleuse et stérile, tombera sous la puissance du mensonge au degré suprême, de concert avec les Juifs aveuglés. Et cela jette de la clarté sur ce : «lui-même s’assiéra au temple de Dieu» dont il est parlé à la fin ; nul besoin de l’atténuer par quelque image que ce soit. En quel autre lieu pourrait s’asseoir le chef apostat des Juifs et des chrétiens ?

Si ce passage de notre chapitre ne présente pas la profondeur personnelle et la portée immense des écrits de Jean, il donne des détails du plus grand poids et du plus grand intérêt. L’homme de péché est décrit encore comme celui «qui s’oppose et s’élève contre tout ce qui est appelé Dieu ou qui est un objet de vénération». Ici apparaît l’antagonisme et l’arrogante exaltation de soi-même contre «tout ce qui est appelé Dieu» ou même commande la révérence. Combien il est humiliant et terrible d’apprendre par Dieu que tel sera l’aboutissement, non seulement de la loi, mais de l’Évangile, entre les mains d’hommes portés à tout corrompre et habiles à le faire, ainsi qu’à transformer la chose la meilleure en la pire corruption ! Le mal sera non seulement un état d’apostasie embrassant tous les hommes, même les plus opposés, mais il aura un chef, et un chef religieux.

Il y aura aussi un chef politique ; et beaucoup ont confondu les deux, car ils feront chacun le jeu de l’autre. Le chef politique reconnaîtra la tête religieuse, de même que cette dernière soutiendra le premier. En fait ils sont si étroitement liés dans leur politique, leurs actes et leur but, qu’il n’est pas surprenant que plusieurs, tant dans les temps anciens que modernes, les aient confondus, attribuant à l’un ce qui est proprement vrai de l’autre ; cette erreur a été commise tant par les partisans d’une interprétation historique que par ceux d’une interprétation se rapportant à l’avenir. Ainsi, autrefois comme aujourd’hui, plusieurs voient l’homme de péché dans la bête aux sept têtes et aux dix cornes montant de la mer (Apoc. 13:1-10) ; alors qu’en réalité c’est la seconde bête montant de la terre ou le faux prophète (Apoc. 13:11-18) qui est la puissance de mal placée ici devant nous. Elle imite la puissance de Christ comme Roi et Prophète («deux cornes semblables à un agneau») ; mais ce qu’elle dit est de Satan («elle parlait comme un dragon»), une puissance religieuse mais impie, beaucoup plutôt que simplement laïque. De même l’Antichrist en 1 et 2 Jean est clairement celui qui à la fois supplante et renie la Personne bénie présentée en espérance dans tout l’Ancien Testament, et manifestée dans le Nouveau, comme étant déjà venue pour nous faire participer à la communion avec le Père et Lui-même, le Fils du Père, dans la vérité et dans l’amour.

Il n’en va pas autrement ici : c’est l’adversaire de Dieu qui est placé devant nous, non pas le vainqueur de rois ou de chefs d’armées. Il s’oppose et s’élève au plus haut point contre tout ce qui est appelé Dieu ou qui est un objet de vénération. C’est une arrogance délibérée et indicible qui vise à briser toute opposition ; ce n’est cependant pas la simple négation de Dieu, mais la prétention sous toutes ses formes de se déifier soi-même publiquement et de façon démesurée. Nous voyons le premier objet à ravir proposé à l’homme par le serpent, réalisé à la fin dans un esprit de défi, l’homme prenant la place du seul vrai Dieu, en excluant et en reniant tout ce qui est au-dessus de lui. «En sorte que lui-même s’assiéra au temple de Dieu, se présentant lui-même comme étant Dieu».

On remarquera que ce n’est pas dans la sphère du monde, mais «au temple de Dieu» qu’il est dit qu’il s’assiéra. Cela confère une audace particulière et un caractère effrayant à l’opposition et à la glorification personnelle de l’homme de péché. «Le roi de Babylone», type du dernier détenteur de la puissance impériale qui a commencé avec cet empire des nations, dit dans son coeur (comme nous le voyons en És. 14:13, 14) : «Je monterai aux cieux, j’élèverai mon trône au-dessus des étoiles de Dieu, et je m’assiérai sur la montagne de l’assignation, au fond du nord. Je monterai sur les hauteurs des nues, je serai semblable au Très Haut». Cela dénote l’ambition de ne laisser à personne la possibilité de s’élever plus haut. Mais s’asseoir sur la montagne de Sion au fond du nord, la ville du grand Roi, n’est pas une usurpation des prérogatives divines comparable au fait de s’asseoir dans le sanctuaire, en se présentant soi-même comme étant Dieu. Cette prétention audacieuse n’est pas celle de la puissance politique ou de la première bête, mais de la seconde lorsqu’elle prend la place exclusive du Dieu d’Israël dans son temple. Un sens figuratif de l’Église, comme l’habitation de Dieu par l’Esprit, n’entre pas en ligne de compte ici. Le caractère de la personne ainsi révélée, et l’apostasie qui a précédé, interdisent une telle application. C’est dans le temple de Jérusalem que la gloire de Dieu a siégé autrefois au-dessus du propitiatoire ; c’est dans ce temple que Celui qui sera encore la gloire d’Israël et de la terre, comme Il l’est du ciel, s’est présenté en grâce et a guéri ces aveugles et ces boiteux qui étaient jadis en abomination à l’âme de David.

C’est que celui qui contraste si tristement avec l’Homme juste et sauveur s’assied, non pas semblable à Dieu ou en tant que Dieu... mais «se présentant lui-même comme étant Dieu». Il n’est pas un vicaire, ni un représentant terrestre. Il prétend être le vrai Dieu d’Israël, et cela dans Son temple. Il pourrait sembler inconcevable qu’une créature puisse s’abuser elle-même, ou du moins espérer tromper ainsi les autres : une telle prétention constitue une profanation sans pareille, d’autant plus grave qu’elle se passe dans un tel lieu. Mais nous devons nous souvenir d’une part que Dieu abandonnera les hommes de la chrétienté à un aveuglement judiciaire, et d’autre part que Satan aura libre cours pendant peu de temps, pour déployer sans entrave sa puissance de mal. L’homme de péché profitera au maximum des deux choses ; et on peut concevoir comment au temps de la fin la vérité bénie de la Parole faite chair sera pervertie par Satan en un mensonge odieux, et cela à Jérusalem. C’est là que la même génération incrédule, qui n’a pas vu d’apparence dans le vrai Fils de David pour le leur faire désirer, attendra que la dernière gloire de cette maison surpasse une fois encore la première. Ceux qui ont méprisé Dieu devenu homme sont moralement préparés à adorer, le moment venu, l’homme se présentant lui-même comme étant Dieu. La grâce est odieuse aux yeux de ceux qui acceptent avec empressement la glorification du «moi». Et si, d’une manière générale, c’est l’heure des regards hautains et des paroles blasphématoires, nous pouvons comprendre que la puissance des ténèbres culmine dans le chef qui s’arroge la divinité suprême dans le temple de Dieu.

Ainsi l’homme de péché est la copie dans le mal à son suprême degré du Seigneur de gloire ; qui «étant en forme de Dieu, n’a pas regardé comme un objet à ravir d’être égal à Dieu, mais s’est anéanti lui-même, prenant la forme d’esclave, étant fait à la ressemblance des hommes ; et, étant trouvé en figure comme un homme, il s’est abaissé lui-même, étant devenu obéissant jusqu’à la mort, et à la mort de la croix». C’est pourquoi aussi Dieu l’a haut élevé — le même terme que celui employé par l’Esprit pour décrire l’homme de péché dans son exaltation. C’est Dieu, au contraire, qui a haut élevé le Sauveur, et lui a donné le nom qui est au-dessus de tout nom. Nous avons ici deux parties nettement distinctes : son propre anéantissement comme Dieu le Fils ; son abaissement comme Homme. Non qu’il eût cessé d’être l’un ou l’autre. Il était intrinsèquement et éternellement Dieu ; il ne pouvait par conséquent être question de s’emparer d’une telle dignité, comme l’a fait, au commencement, le premier Adam qui était un simple homme, et comme le fera pleinement en son temps ce fils de perdition pour devenir l’esclave, la dupe et la victime de Satan, désobéissant jusqu’à la mort, oui, jusqu’au jugement divin et éternel, comme le sera sans aucun doute l’Antichrist.

En fait il est remarquable que notre Seigneur, même lorsqu’il a été trouvé en figure comme un homme, se soit abaissé lui-même, étant devenu obéissant jusqu’à la mort ; car celle-ci n’aurait eu aucun droit sur Celui qui n’avait pas connu le péché, s’il n’avait consenti à être la Victime volontaire, Celui que Dieu a fait péché pour nous, de même qu’il s’était anéanti Lui-même, prenant la forme d’esclave. La créature la plus élevée, l’archange Michel, n’est qu’un serviteur ; tandis que le Fils s’est anéanti lui-même pour devenir tel. Quel témoignage à sa déité ! Quel contraste avec celui qui, étant le plus vil des hommes, se présente lui-même comme étant Dieu dans le temple de Dieu ! Que sera ce dernier et pire usurpateur aux yeux de Celui qui le détruira par le souffle de sa bouche et le livrera à l’étang de feu ? Cet adversaire impie du Dieu d’Israël, coupable de renier celui qui s’est révélé pleinement et uniquement dans le Fils, au sein du christianisme, a en vue la terre seulement. Il renie ce qui est invisible et éternel : le ciel n’est rien pour lui, pas plus que l’enfer. Et c’est pourquoi il se présente audacieusement comme étant Dieu sur la terre, là où la gloire de l’Éternel a été une fois déployée. Mais il sera manifestement un homme et non pas Dieu, lorsque le Seigneur Jésus le frappera des cieux avec, pour ainsi dire, la verge de sa bouche ; car alors Ses lèvres seront pleines d’indignation et Sa langue comme un feu dévorant.

Il ressort du verset 5 que l’apôtre n’avait aucunement caché ces vérités solennelles relatives à l’apostasie et à l’homme de péché, lors de sa première visite à Thessalonique. Ne pas communiquer une révélation est coupable dans le christianisme qui, s’il est voilé, est voilé en ceux qui périssent, en lesquels le dieu de ce siècle a aveuglé les pensées des incrédules, pour que la lumière de l’évangile de la gloire du Christ ne resplendît pas sur eux. Retenir une vérité par-devers soi se justifie d’autant moins que le temps passé là par l’apôtre avait été court et que les saints venaient seulement d’être amenés à Dieu. Pourtant il n’avait caché ni la venue du Seigneur (ou son jour lorsqu’il introduira le royaume) ni le terrible abandon de l’Évangile et la révélation de l’inique qui sera jugé en Son jour.

Versets 5-7. Si les Thessaloniciens s’étaient seulement souvenus de son témoignage oral, ils auraient résisté plus efficacement à l’invasion de l’erreur. Mais même par cette erreur, ils devaient apprendre, comme nous, la valeur incalculable de la Parole écrite. On ne peut pas compter même sur une tradition primitive ; dans la mesure où cela est nécessaire, la main correctrice du Saint Esprit intervient. La déduction que «les frères» du début tiraient des paroles du Seigneur en Jean 21:22 leur semblait évidente ; mais le disciple que Jésus aimait a vécu assez longtemps pour prouver par l’inspiration le danger de raisonnements déductifs à partir d’un rapport oral, et la toute importance de la parole écrite. Combien il est facile de s’écarter des paroles du Seigneur ou de ce que l’apôtre avait coutume de dire !

Cependant l’apôtre ne dit pas que, lorsqu’il était auprès d’eux, il avait expliqué le «ce qui retient» dont il parle ici. Ils savaient, dit-il, qu’il y a ce qui retient la révélation de l’homme de péché jusqu’à ce que vienne le moment à propos dans les conseils de Dieu. Avancer qu’il leur en avait donné la signification est aller au-delà de ce qui est écrit ; et il n’y a donc aucune raison de supposer qu’il s’agissait d’une tradition orale. Tout ce qu’il dit c’est que les Thessaloniciens avaient connaissance du fait ; là il laisse la chose sous forme de mystère, me semble-t-il, avec une sagesse parfaitement donnée d’en haut. Car la forme de la puissance qui retient pouvait changer dans le gouvernement providentiel de Dieu ; et ce que les Thessaloniciens connaissaient comme faisant alors obstacle à la révélation de l’inique pouvait faire place plus tard à un autre empêchement. On connaît l’opinion des «Pères de l’Église» selon laquelle la réserve de l’apôtre était de la prudence et était liée à la crainte d’offenser l’Empire romain, qui constituait la grande barrière pour la plupart : il est certainement d’autres raisons meilleures. Si l’homme de péché n’est pas encore révélé, il est clair que l’effondrement de l’Empire d’alors n’a pas amené l’Antichrist comme l’attendait Tertullien. Mais leur pensée est peut-être plus incomplète que fausse. Car les puissances qui existent sont ordonnées de Dieu et agissent comme un rempart contre cet esprit d’iniquité auquel la corruption de la chrétienté donne une impulsion croissante... Jusqu’à maintenant il y a «ce qui retient pour qu’il soit révélé en son propre temps». Dans l’intervalle Dieu rassemble ses enfants, les membres du corps de Christ, en envoyant son Évangile jusqu’aux bouts de la terre.

L’Empire romain a disparu ; des royaumes divisés de caractère plus ou moins constitutionnel ont faite suite à la chute de la féodalité. L’énergie de l’Esprit de Dieu a opéré jusqu’à présent, sans discontinuer, pour empêcher le déchaînement de l’apostasie et la révélation de l’inique avant son heure assignée. Mais l’Empire romain doit renaître, établi par Satan non pas par Dieu ; et alors il agira, activement, en tant que support principal de l’Antichrist et sera le signe manifeste, si l’on veut des signes, de celui-ci dans son opposition et son exaltation personnelle contre tout ce qui est appelé Dieu ou qui est un objet de vénération. La Bête, ou le quatrième empire ressuscité, et le faux prophète, qui auront coopéré dans le mal, périront aussi les deux ensemble comme l’Écriture le montre clairement. L’opinion des Pères de l’Église était donc sans fondement.

Il est tout à fait erroné de confondre «l’apostasie» avec «le mystère d’iniquité». L’apostasie est future et ne fait que précéder immédiatement la révélation de l’homme de péché, les deux devant arriver avant le jour du Seigneur. Mais ici, (v. 7), il est dit expressément que «le mystère d’iniquité opère déjà». L’apostasie sera un abandon public de toute révélation après que la venue et l’oeuvre du Seigneur Jésus, puis la présence du Saint Esprit envoyé du ciel, aient rendu manifeste la vérité divine dans une grâce incomparable envers l’homme sur la terre. Le temps viendra où l’infidélité de la chrétienté aura corrompu le témoignage et rendu l’Église complètement et désespérément méprisable, en portant atteinte à la gloire du Seigneur Jésus. Les hommes se rebelleront non seulement contre l’Église infidèle, mais davantage encore contre la sainte révélation elle-même, rejetant la grâce de Dieu, haïssant la vérité et décidés avant tout à faire leur volonté et à suivre leur propre voie. «Le mystère d’iniquité» est l’énergie cachée de Satan qui opère en attendant pour mélanger l’erreur avec la vérité sous le couvert du nom de Christ, soit en étouffant la grâce par le légalisme, soit en la dénaturant par le relâchement. Déjà alors cette iniquité était secrètement à l’oeuvre dans les jours apostoliques, pour contaminer bientôt l’intérieur et propager l’impureté contagieuse. Nous en avons la confirmation en Actes 20:29, 30, dans ces épîtres, et dans presque toutes les autres, particulièrement dans les épîtres dites générales où le mal en germe dès le début n’est plus un sujet de prédiction, mais existe, dénoncé sous les couleurs les plus sombres et avec des accents solennels de jugement. C’est l’iniquité qui est à l’oeuvre en secret, d’où le terme de «mystère», en contraste avec la révélation de l’inique lorsque la puissance qui retient n’agira plus et que son temps sera là.

C’est également une erreur de prétendre que le mot grec «anomia» (iniquité) ne traduit pas dans le Nouveau Testament la condition de quelqu’un qui vit sans loi, mais exprimerait la condition de quelqu’un qui agirait en opposition avec la loi ; s’il en était ainsi un autre mot grec serait employé (comme en Actes 23:3 et le substantif en 2 Pierre 2:15). Le terme courant pour une telle violation ou transgression de la loi est celui que nous avons en Romains 2:23 ; 4:15 ; 5:14 ; etc. En fait le mot employé dans notre verset est un mot à la fois plus vaste et plus profond que transgression, comme nous l’apprenons par 1 Jean 3:4... Le péché n’est pas la simple transgression de la loi, mais l’iniquité, et l’iniquité est le péché. C’est une proposition convertible ou réciproque, le sujet étant identifié à l’attribut. Aussi est-ce précisément là où il n’y a pas de loi que le mot «iniquité» à proprement parler est utilisé. Car, déclare l’apôtre (Rom. 2), tous ceux qui ont péché sans loi, périront sans loi ; et tous ceux qui ont péché sous la loi, seront jugés par la loi. Le Gentil était un pécheur et un inique ; le Juif, un transgresseur de la loi. C’est passer totalement à côté de la vérité que de dire que les Gentils, pécheurs sans loi, sont coupables de péché, mais non d’iniquité. Car telle est précisément la désignation de leur état. Et d’ailleurs, comme principe universel, le péché est l’iniquité. Si l’on disait qu’ils ne pouvaient pas être véritablement appelés «transgresseurs», cela serait juste. Car là où il n’y a pas de loi, il n’y a pas non plus de transgression ; mais s’il y a péché — et il y en a — il ne peut qu’y avoir iniquité. Aussi l’apôtre dit en 1 Cor. 9:20, 21 : «Pour les Juifs, je suis devenu comme Juif, afin de gagner les Juifs ; pour ceux qui étaient sous la loi, comme si j’étais sous la loi, n’étant pas moi-même sous la loi, afin de gagner ceux qui étaient sous la loi ; pour ceux qui étaient sans loi (non que je sois sans loi quant à Dieu, mais que je suis justement soumis à Christ), afin de gagner ceux qui étaient sans loi». La théologie qui enseigne autre chose n’est qu’un guide aveugle dans la vérité de Dieu.

Comment se fait-il alors que le mot «iniquité» soit approprié ici ? Simplement parce que c’est l’abus de la grâce dans la chrétienté. Car tout chrétien devrait se savoir mort avec Christ, non pas au péché seulement, mais à la loi (Rom. 6 ; 7), le péché pour cette raison même, ne dominant plus sur lui, qui est sous la grâce, non sous la loi. La chair (l’homme dans son état naturel) peut se réclamer du nom du Seigneur, mais ou bien il veut être justifié par la loi et est ainsi déchu de la grâce, ou bien, abusant de la liberté, il se prévaut de la notion de grâce pour vivre dans l’iniquité. Ainsi la chair, qui était habituée à s’opposer et à persécuter la vérité a appris à la corrompre et à la pervertir ; l’idée qu’elle se fait de la grâce étant le relâchement complet de la loi pour se plaire à soi-même ou pour faire sa volonté propre. En ceux-là seuls qui sont dans le Christ Jésus, possédant la vie nouvelle en Lui et se reposant sur son sacrifice, la juste exigence de la loi est accomplie, parce qu’ils ne marchent pas selon la chair, mais selon l’Esprit (Rom. 8:1-4). Ainsi, dès les premiers jours, l’iniquité a opéré secrètement dans le cercle de la profession chrétienne — de même qu’elle se développera ouvertement dans l’inique avant longtemps. Alors, de même qu’on se moquera de l’évangile, le considérant comme pire que le paganisme, on rejettera la loi parce que mettant un frein indigne à la volonté de l’homme qui ne reconnaît aucun maître sur la terre et se moque du ciel et de l’enfer comme ne se trouvant nulle part. Ni le terme de «méchanceté», ni celui d’«injustice», encore moins celui de «transgression de la loi» ne peuvent s’appliquer à un tel état, mais bien celui d’ «iniquité»...

Quant à la fin du verset, elle affirme que l’enlèvement de l’obstacle, de celui qui retient, laisse la porte ouverte pour que l’homme de péché fasse son entrée avec la puissance de Satan.

«Et alors sera révélé l’inique, que le Seigneur Jésus consumera par le souffle de sa bouche et qu’il anéantira par l’apparition de sa venue» (v. 8).

Ce ne sera plus le mystère ou le secret d’iniquité, mais «son propre temps» pour le fils de perdition d’être révélé (v. 6). La disparition de celui qui retient est le signal pour la révélation de l’inique. Nous n’avons pas ici à chercher les degrés ou les étapes par lesquels il est conduit par Satan à culminer dans le mal : cela appartient plutôt aux détails de la parole prophétique, qui est loin d’être silencieuse dans l’Ancien ou le Nouveau Testament. Ici, il était de toute importance pour les croyants nouvellement convertis à Thessalonique d’être délivrés du trouble et même de la terreur causés par le faux bruit que le jour du Seigneur était venu. L’apôtre avait été inspiré par Dieu pour corriger l’erreur en jetant un flot de lumière sur ce qui paraissait être encore caché à la plupart, tout en étant clairement révélé par le Saint Esprit dans les paroles adressées aux Thessaloniciens, à savoir la relation entre la venue et le jour du Seigneur. Ils sont si loin d’être identiques ou inséparables, quoique sûrement et étroitement liés, que partout où la confusion populaire l’emporte, elle rend la manière de traiter le sujet par l’apôtre inintelligible, et l’argumentation de Paul est rendue aussi vague que celle de la plupart de ses commentateurs. Car si la venue et le jour sont pratiquement la même chose, à quoi bon la prière qui leur est adressée par l’apôtre par (ou à cause de) la venue du Seigneur de ne pas se laisser troubler par l’affirmation que le jour était arrivé ? L’équilibre, la beauté et la force de la vérité sont retrouvés lorsque nous savons qu’il invoque leur espérance bénie qui était certes future, pour ne pas se laisser bouleverser comme si le jour redouté était là. Puis il démontre que ce jour avec ses terreurs judiciaires ne pouvait pas venir présentement. Le mal, voilé maintenant et réprimé quant à son développement, n’avait pas encore éclaté pleinement en méprisant Dieu avec une audace sans pareille, et le défiant sans retenue. Lorsque, à la suite de la disparition du grand obstacle actuel, l’inique atteindra ce suprême degré de prétention à l’honneur divin ici-bas, le Seigneur Jésus relèvera pour ainsi dire le défi et se manifestera pour la destruction de son ennemi. Ce sera là «le jour», non pas simplement la venue, mais l’apparition de sa venue ou Son apparition.

Aussi le lecteur fera-t-il bien de relever la précision frappante du langage divin, et du changement signalé entre les versets 1 et 8. On ne peut pas sérieusement accepter qu’un simple acte de providence soit le sens du verset 7. Il est clair que «la venue du Seigneur» est la même chose que sa présence personnelle au verset 1, étroitement liée au rassemblement auprès de Lui des saints endormis ou encore vivants...

...L’apôtre met bien en lumière la distinction entre la venue du Seigneur et son jour pour démasquer les imposteurs. Dans une lettre falsifiée, ceux-ci laissaient supposer que le jour était déjà là (dans un sens spirituel sans doute), de manière à alarmer tous ceux qui les écoutaient. Et il est très encourageant de voir qu’après avoir expliqué au chapitre 1 que la révélation du Seigneur en ce jour-là introduira le châtiment de ses ennemis et la manifestation en gloire avec Lui de ses amis, il les prie par (ou à cause de) sa venue qui rassemblera tous les saints pour être avec Lui en haut, de ne pas accorder de crédit à la fausse rumeur selon laquelle son jour était déjà établi sur la terre. Puis il mentionne les changements très solennels et les développements de mal qui doivent survenir non pas avant sa «venue» mais avant le «jour» où ce mal sera jugé.

Comment une personne non prévenue peut-elle ne pas voir que sa venue en 2 Thess. 2:1 est d’une manière évidente identique à celle désignée par les mêmes termes en 1 Thess. 4 ? La lettre falsifiée donnait à entendre que le jour du Seigneur était là. L’apôtre montre (v. 1, 2) que les saints doivent nécessairement être d’abord ravis auprès de Christ à sa venue, pour réfuter cela. Puis il montre (v. 3 et suiv.) quels événements épouvantables doivent avoir lieu avant ce jour ; non seulement l’abandon total et général du christianisme, mais l’opposition publique de l’homme de péché contre Dieu. Car, explique-t-il, le mystère d’iniquité opère déjà, réprimé pour le moment par la puissance de Dieu, tandis qu’il appelle les siens pour le ciel. Une fois que ce qui retient sera enlevé, la révélation de l’inique a lieu et le Seigneur apparaît du ciel en jugement inexorable...

Le jour du Seigneur est un pas de plus dans l’acte de sa venue, non pas simplement sa venue, mais l’apparition ou la manifestation de sa venue, comme l’indique le verset 8. Cela constitue naturellement une différence frappante. Sa venue pour rassembler les siens auprès de Lui n’est jamais désignée ainsi. Il vient pour ravir au ciel les saints, morts ou vivants. Ici, ce n’est pas seulement sa venue, mais l’apparition ou la manifestation de celle-ci qui détruit l’inique. L’apparition est ou coïncide avec son jour qui, par conséquent, ne pouvait pas être introduit avant que l’iniquité qui amène le jugement final et foudroyant du Seigneur soit pleinement révélée...

Il est une autre pensée à l’égard de laquelle il faut être en garde quant à ce qui est enseigné au sujet de Son jour. Certains s’efforcent de persuader les âmes que le jugement en destruction de l’inique doit être graduel plutôt qu’immédiat, le résultat de plusieurs coups plutôt que d’un seul. Mais l’accent est mis sur «détruire» (ou consumer) et sur «faire périr» (ou anéantir) en Daniel 2:44 ; 7:26 et ici dans notre verset, comme indiquant les étapes successives par lesquelles doit s’effectuer l’extermination de l’Antichrist. Et certains viennent nous dire que par «souffle (ou esprit) de sa bouche», il faut entendre la prédication de la vraie doctrine et son efficacité à détruire l’homme de péché ! Il suffit de comparer Ésaïe 30:33 avec 11:14 pour découvrir qu’une telle explication est sans fondement. L’Évangile, la vérité prêchée, n’est en aucune manière «comme un torrent de soufre» selon l’expression du prophète ; et frapper la terre ou faire périr l’inique, n’est nullement le langage de Christ dans les Écritures... Il s’agit d’un jugement instantané et radical exécuté par le Seigneur Lui-même ; la véracité en est confirmée, si besoin en est, non seulement par l’expression claire : «l’apparition de sa venue», mais par l’adjonction de «Jésus», le Seigneur Jésus, sur l’autorité de plusieurs manuscrits et de toutes les anciennes versions.

S’il s’agit donc, comme nous en avons la conviction, de la même venue du Seigneur dans les deux épîtres, suivie par l’étape subséquente de sa «manifestation», ou ce «jour», il n’y a point de place pour le royaume ou le règne millénaire avant que le Seigneur soit venu et qu’il ait exécuté le jugement sur les vivants. «Lorsque tes jugements sont sur la terre, les habitants du monde apprennent la justice». C’est ensuite qu’aura lieu cette période bénie à la gloire de Lui seul, et non pas à la louange de la pauvre chrétienté, dans son rêve insensé ! Quelle espérance indigne, l’Épouse régnant sans l’Époux ! Quoi de plus choquant pour une vraie épouse qui a reçu tout de Lui.

Car la portée du contexte est aussi décisive que simple : l’espérance des saints est maintenue distincte de la prophétie. La venue du Seigneur, dont le but est de nous rassembler auprès de Lui, n’est pas confondue avec son jour, mais préserve le coeur de la tromperie selon laquelle le jour était là, comme certains l’affirmaient. Personne ne prétendait ou ne croyait que le Seigneur était venu, ni que les saints avaient été ravis auprès de Lui en haut, ce qui pourtant doit avoir lieu avant que se lève son jour pour la destruction de ses ennemis. Ni les faux docteurs, ni ceux qui étaient mal enseignés n’avaient jamais pensé à Sa venue jusqu’à ce que l’apôtre rappelle aux saints leur espérance propre pour combattre l’erreur quant à Son jour. En attendant, l’iniquité opère secrètement pour corrompre le témoignage de la grâce et de la vérité de Dieu. Et plus que cela, Satan ne peut encore agir, car il y a Celui qui retient jusqu’à ce qu’Il se retire ; alors viendra l’apostasie et l’inique sera révélé, non pas avant. Son opposition pleine de défi à Dieu, usurpant Sa gloire dans Son temple, est le signal pour que le Seigneur Jésus en personne le consume par le souffle de sa bouche et l’anéantisse par l’apparition de sa venue. Quelle perversité que d’imaginer une providence secrètement à l’oeuvre, là où (v. 8) le caractère public de l’intervention judiciaire est exprimé de la manière la plus explicite, alors qu’au verset 1, où pas un mot n’implique une manifestation, ils ne veulent entendre parler de rien d’autre. Sa venue rassemble les saints auprès de Lui ; mais c’est la manifestation ou l’apparition de sa venue qui porte le coup final à l’inique. Les saints sont avec Lui et viennent du ciel pour ce jugement, comme nous pouvons le voir en Apoc. 17:14 ; 19:14. Ils ont été ravis au ciel à sa venue avant ce jour. La distinction est aussi claire qu’importante ; l’Apocalypse, dans son ensemble, ne peut guère être comprise sans elle ; de même, l’avenir est vague sans cela ; une fausse traduction s’ensuit, entraînant dans son sillage une fausse interprétation.

Le contexte ne laisse aucune place pour un millénium qui s’établirait entre les deux événements. Le mystère d’iniquité est bien présenté comme déjà à l’oeuvre à ce moment-là, et poursuivant sa course corruptrice jusqu’à ce que vienne l’apostasie et que l’homme de péché soit révélé ; mais c’est l’opposé même d’un règne de justice sur la terre pour un temps si court soit-il, à plus forte raison pour un temps aussi considérable. Il y a un lien évident et solennel entre l’énergie secrète de l’iniquité qui a entraîné la ruine dès les jours apostoliques, jusqu’à ce que Celui qui retient s’étant allé, elle se fonde dans l’inique que le Seigneur détruira par l’apparition de Sa venue. Toute l’Écriture met en évidence (et elle ne s’accorde qu’avec cette seule interprétation) l’apparition du Seigneur comme le moyen nécessaire pour introduire d’une part le jugement divin qui détruira ceux qui corrompent la terre, d’autre part la récompense pour les saints dans la souffrance, comme aussi la bénédiction pour le monde, et avant tout pour son ancien peuple à la tête de toutes les nations.

Ce sera l’administration de la plénitude des temps, lorsque Dieu réunira en un toutes choses dans le Christ, les choses qui sont dans les cieux et les choses qui sont sur la terre, en Lui, en qui nous avons aussi été faits héritiers, ayant été prédestinés selon le propos de celui qui opère toutes choses selon le conseil de sa volonté, afin que nous soyons à la louange de sa gloire, nous qui avons espéré à l’avance dans le Christ. Ce n’est ni le temps présent, ni l’éternité, mais c’est le siècle à venir, lorsque le Fils de l’homme glorifié avec son épouse céleste aura visiblement la domination sur l’univers assujetti à Dieu. Son exaltation présente (alors que nous ne voyons pas encore que toutes choses lui soient assujetties) en est le gage, de même que le Saint Esprit donné en est les arrhes pour les cohéritiers. Car il héritera de toutes choses, selon la gloire de sa Personne et selon ses droits, tant comme Créateur que comme Rédempteur. Et il convient d’une manière particulière, qu’il règne en puissance et en gloire, tous les rois se prosternant devant Lui et toutes les nations le servant, sur cette terre qui l’a rejeté lorsqu’il y est descendu dans son amour infini. Certes cet état de choses est aussi distinct du présent que de l’éternité ; néanmoins, comme il n’a jamais eu son accomplissement, il l’aura certainement, car la bouche de l’Éternel a parlé, et cela est dû à son Oint.

Les termes que nous venons d’approfondir s’opposent donc de la manière la plus explicite à la notion d’une simple intervention providentielle ou à l’idée de jugements qui resteraient cachés. «Le souffle de sa bouche» exprime l’énergie interne de la puissance divine (que ce soit en création : Ps. 33:6, ou en jugement : 2 Sam. 22:16 ; Job 4:9 ; Ps. 18:15 ; És. 11:4 ; 30:33) par laquelle le Seigneur détruira l’inique. «L’apparition de sa venue» signifie qu’il ne s’agit pas de son anéantissement à distance, ou par une action secrète, ou par des moyens indirects, mais par l’éclat de sa présence. Et comme pour ôter toute excuse à l’incrédulité, les meilleures autorités lisent non seulement «le Seigneur», mais «le Seigneur Jésus». La tentative trop commune de maintenir une distinction entre «consumer» et «anéantir» ne peut venir que de la force du préjugé habituel, pour ne pas dire de l’ignorance ; car ni l’un ni l’autre de ces verbes n’implique dans l’original une dégradation progressive. De toute manière, l’Évangile est donc hors de question ici. Les deux termes indiquent le caractère écrasant et complet du jugement infligé par le Seigneur Jésus personnellement, à la face du monde entier, puisque les deux expressions se réfèrent à la même et unique destruction.

L’apôtre va maintenant expliquer la relation de l’inique avec Satan, ainsi que la rétribution divine à l’égard de celui «duquel la venue est selon l’opération de Satan, en toute sorte de miracles et signes et prodiges de mensonge, et en toute séduction d’injustice pour ceux qui périssent, parce qu’ils n’ont pas reçu l’amour de la vérité pour être sauvés. Et à cause de cela, Dieu leur envoie une énergie d’erreur pour qu’ils croient au mensonge, afin que tous ceux-là soient jugés qui n’ont pas cru la vérité, mais qui ont pris plaisir à l’injustice» (v. 9-12).

Le Seigneur Jésus est le Fils de Dieu, et en lui toute la plénitude s’est plu à habiter. L’homme de péché, le fils de perdition, est la terrible contrefaçon forgée par l’Ennemi ; et l’image ne serait pas complète s’il n’était pas ajouté la sinistre mention de la puissance invisible de mal qui sera à l’oeuvre en lui. Ici, cela est rendu par quelques termes frappants employés par le Saint Esprit, le mensonge étant le caractère distinctif général : «En toute sorte de miracles et signes et prodiges de mensonge». Ce sont les termes mêmes (quel contraste béni et remarquable de grâce et de vérité !) par lesquels l’apôtre Pierre (Actes 2) présente le Messie : «homme approuvé de Dieu auprès de vous par les miracles et les prodiges et les signes que Dieu a faits par lui au milieu de vous, comme vous-mêmes vous le savez». Quelle chose saisissante et solennelle de trouver dans notre verset l’anti-Messie décrit à l’avance dans un langage si semblable !

L’application de tout cela à la papauté a complètement affaibli la force du passage dans les milieux protestants en général. Car avec un objet tel que les papes de Rome devant leurs yeux, ils pensent naturellement à des miracles irréels, à de fausses prétentions, à des prodiges et à des signes, ayant pour but de soutenir leurs desseins ambitieux dans le monde.

... Il n’est d’ailleurs pas possible d’appliquer la petite corne de Daniel 7, aux évêques de Rome. Car la première bête d’Apocalypse 13 (qui coïncide avec la petite corne de Daniel 7) est l’empire romain sorti de l’abîme — la bête qui était, qui n’est pas et qui va monter ou va venir. Or, cela ne peut s’appliquer aux hordes nord-orientales qui, les premières brisèrent l’empire d’Occident et formèrent ensuite, on peut l’admettre, dix royaumes sur ses ruines. En effet, les dix cornes de la prophétie doivent régner une heure avec la bête, à qui elles donnent leur pouvoir en tant que leur suzerain ; et tous périssent ensemble à l’apparition du Seigneur Jésus du ciel (Apoc. 17 ; 19). C’est la seconde bête qui est le chef religieux séducteur ou faux prophète, qui fait de grands miracles et exerce toute l’autorité de la première bête devant elle, et qui répond ainsi clairement à 2 Thess. 2, distincte de la puissance impériale apostate tout en étant sa fidèle alliée.

Historiquement, on a pu voir l’unité impériale sans les dix royaumes ; puis les dix royaumes qui ont démembré l’Empire sans l’unité impériale, bien qu’un Charlemagne ou un Napoléon Bonaparte l’eussent ardemment recherchée. Il doit y avoir la combinaison de cette puissance impériale (ressuscitée par la puissance satanique) avec les dix royaumes de l’Occident et parallèlement une puissance religieuse apostate en Palestine (Dan. 11:36-39), qui est certainement identique à l’homme de péché de cette épître et qui est tout aussi clairement l’Antichrist à venir (non pas la papauté, toute mauvaise qu’elle ait pu être). C’est celui dont la venue sera, en mensonge, ce que celle de Christ a été en vérité, avec toute sorte de miracles et signes et prodiges pour donner du crédit à sa contrefaçon, comme le Seigneur, par ces choses mêmes a été manifesté comme étant de Dieu. Et de même qu’Elie fit descendre le feu du ciel pour démontrer que l’Éternel était Dieu, et non pas Baal, ainsi fera la bête ayant l’apparence de l’agneau «aux yeux des hommes», pour recommander la bête et elle-même, le faux prophète, se présentant lui-même comme Dieu dans le temple de Dieu...

Le faux prophète à venir fera dans le pays de grands miracles, ce qu’aucun pape n’a fait ou n’a prétendu faire. Et il opérera «en toute séduction d’injustice pour ceux qui périssent» ; comme Christ opère par la parole de Dieu, en justice et en sainteté de la vérité, pour ceux qui doivent être sauvés. La séduction d’injustice caractérise toute fausse religion ; mais ici, c’est «en toute séduction d’injustice», et les hommes sont perdus «parce qu’ils n’ont pas reçu l’amour de la vérité pour être sauvés». Car ici, il nous est donné de voir l’activité de l’inique séduisant les hommes pour leur ruine sous la puissance de Satan ; comme auparavant nous avions son opposition blasphématoire en s’exaltant lui-même contre Dieu dont il s’était arrogé la gloire sur la terre, allant jusqu’à proscrire tout objet de vénération. Et c’est dans cet état que tomberont les hommes, d’autant plus que la vérité était si familière à leurs oreilles qu’ils la méprisaient, n’en ayant jamais reçu l’amour pour être sauvés. L’iniquité opérant en secret prépare le chemin à l’apostasie, de même que la renonciation totale au christianisme prépare le chemin à l’Antichrist, qui nie le Père et le Fils (et aussi que Jésus est le Christ), se fait le héraut de la bête ressuscitée, détentrice de la puissance du dragon à Rome, et s’établit comme «le Roi» dans la Terre Sainte.

Mais il y a un autre trait important à ajouter, l’endurcissement judiciaire de la part de Dieu repoussant avec horreur cette infidélité juive et des nations, caractérisée par l’apostasie de l’évangile et la rébellion contre Lui. «Et à cause de cela, Dieu leur envoie une énergie d’erreur pour qu’ils croient au mensonge». Il en fut ainsi du Pharaon en Égypte après qu’il eut méprisé de nombreux appels et des signes solennels ; il en a été de nouveau ainsi parmi les Juifs, en partie avant la captivité babylonienne, puis pleinement dans le rejet du Messie et (pouvons-nous ajouter) du Saint Esprit et de l’Évangile. Enfin il en sera ainsi lorsque la chrétienté deviendra apostate et s’unira aux Juifs infidèles pour adorer comme le vrai Dieu celui qui viendra en son propre nom ; «afin que tous ceux-là soient jugés qui n’ont pas cru la vérité, mais qui ont pris plaisir à l’injustice»...

À une rétribution si terrible et pourtant si juste sur les ennemis apostats, l’apôtre oppose la sûre portion des croyants auxquels il écrit.

«Mais nous, nous devons toujours rendre grâces à Dieu pour vous, frères aimés du Seigneur, de ce que Dieu vous a choisis dès le commencement pour le salut, dans la sainteté de l’Esprit et la foi de la vérité, à quoi il vous a appelés par notre évangile, pour que vous obteniez la gloire de notre Seigneur Jésus Christ» (v. 13, 14).

La manifestation du caractère de ceux qui ont abandonné la vérité alors qu’elle était le plus complètement révélée et leur sort horrible viennent d’être placés devant nous. Maintenant, il nous est parlé de la simple bénédiction de ceux qui s’attachent à la grâce de notre Seigneur dans l’Évangile, et de l’effet de cette grâce sur le coeur de ceux qui ont travaillé dans l’oeuvre et participent à la bénédiction. Le motif de reconnaissance serait mince si le salut était incertain ; mais c’est se tromper entièrement sur la nature du christianisme, qui est fondé sur la gloire de la personne de Christ et sur l’efficacité éternelle de son oeuvre expiatoire. De là découlent d’une part la culpabilité immense de le rejeter et pardessus tout d’en apostasier ; et d’autre part, la félicité et la sécurité de ceux qui y entrent par la foi. La paix, la joie, la reconnaissance sont les fruits de l’amour de Dieu versé ainsi dans nos coeurs par l’Esprit Saint qui nous a été donné. Et ce n’est pas étonnant puisqu’il s’agit de la propre joie et du propre amour de Dieu pénétrant dans des coeurs purifiés par la foi, et en rejaillissant tout à l’entour. Les doutes et les craintes ne sont pas davantage de la foi que ne l’est la présomption fondée sur la propre estimation que nous faisons de nous-mêmes. Cette dernière est l’effet naturel de la loi agissant sur l’esprit humain qu’elle conduit au désespoir ou à la fausse confiance.

Christ et son oeuvre de rédemption seuls établissent l’âme sur un vrai fondement devant Dieu. Et le fondement étant immuable, pour la foi il n’est pas besoin d’hésitation ni dans les canaux ni dans les objets de cette grâce, comme nous le voyons ici. «Mais nous, nous devons toujours rendre grâces à Dieu pour vous, frères aimés du Seigneur». Ce n’est pas là le langage incrédule de l’homme. L’amour divin versé dans le coeur du croyant se plaît à reconnaître les fruits actuels de la grâce. Il n’y a pas de réserve lorsqu’il n’y a pas de méchanceté en activité qui rend nécessaire cette réserve. Si les saints s’étaient laissé gagner par la justice humaine ou étaient retournés aux ordonnances, comme nous le voyons dans les épîtres aux Galates, aux Colossiens et aux Hébreux, l’apôtre aurait donné un avertissement solennel et aurait même parlé au conditionnel ; car dans ces assemblées, l’Esprit de Dieu découvrait un danger réel, existant et croissant. Ici, comme il y avait de la simplicité, un langage réservé n’était pas de saison. Les ouvriers du Seigneur devaient toujours rendre grâces à Dieu pour eux, et les saints sont qualifiés de «frères aimés du Seigneur». Quel honneur, quel bonheur, dégagé de toute suspicion ou de toute mise en question, de part et d’autre.

De quoi donc l’apôtre et ceux qui étaient avec lui rendaient-ils toujours grâces à Dieu ? De ce que Dieu avait choisi les Thessaloniciens dès le commencement pour le salut. Le contexte semble indiquer que «dès le commencement» doit être interprété dans le sens le plus large, non pas simplement dès le début de l’Évangile ou de la manifestation de Christ sur la terre, mais dès les jours d’autrefois, dès l’éternité. «Choisis» aussi a une portée quelque peu particulière ici, non pas tellement choisis parmi d’autres que choisis pour Lui, acception que l’on trouve chez les Septante. Voilà qui est bien doux et réconfortant pour un croyant que la vraie repentance a amené à se considérer comme rien à ses propres yeux ; tandis que si la nature s’en empare cela tourne à l’orgueil et à la dureté, sans la moindre consolation réelle.

Ensuite la manière selon laquelle le choix de Dieu opère dans le temps est montrée brièvement et clairement : «dans la sainteté de l’Esprit et la foi de la vérité». Il ne fait pour moi aucun doute que la sainteté de l’Esprit indique cet acte puissant de séparation du Saint Esprit, par lequel une âme est d’abord mise à part, d’une manière vivante, pour Dieu ; aussi est-ce accompagné de «la foi de la vérité». La sainteté pratique en est la conséquence, et il a été insisté sur ce point, comme nous l’avons vu en 1 Thess. 4:3, 7 ; 5:23. Il s’agit ici plutôt du grand principe et de la puissance qui accompagne la conversion à Dieu, et qui est si généralement ignoré dans la chrétienté ; ou si la chose est plus ou moins comprise, elle n’est pas appelée de son vrai nom. C’est cette opération qui trouve un homme alors qu’il est pécheur et qui, par grâce, en fait un saint. On veut bien l’admettre par la suite, dans la pratique, mais on craint d’en reconnaître la vérité au point de départ. Ceux qui parlent ainsi sont trop éloignés de Dieu et croient trop peu à l’énergie de sa grâce et à la sagesse de ses moyens, pour reconnaître son oeuvre dans l’âme, oeuvre qui, quelque profonde qu’elle soit, n’a présentement que peu à faire valoir d’elle-même devant les hommes. Mais il y a «la foi de la vérité» ; et évidemment, la confession du Seigneur l’accompagne. Il peut cependant y avoir, à ce stade, maintes difficultés et beaucoup d’exercices de coeur, que le Seigneur fait tourner en un profit réel et permanent, bien que, de nos jours surtout, comme autrefois dans des circonstances spéciales, une bonne part puisse provenir de la servitude légale. La grâce inspire néanmoins la confiance permettant à la lumière de Dieu de sonder le coeur à fond et, si Christ n’est pas perdu de vue, plus le coeur est sondé mieux cela vaut. Tant que Christ est voilé dans l’âme par les oeuvres de loi, il ne peut pas y avoir de paix, mais bien la détresse comme dans la dernière partie de Romains 7. La personne n’en est cependant pas moins un saint à ce moment que lorsqu’elle sera affranchie par la loi de l’Esprit de vie dans le Christ Jésus comme en Romains 8:2, qui seul décrit la vraie condition d’un chrétien. La sainteté pratique suit dans les exhortations de Romains 12, et suivants.

1 Pierre 1:2 contribue beaucoup à établir ce sens, non seulement ici mais en 1 Corinthiens 6, où la sanctification suit le lavage et précède la justification... Il n’est pas question ici de sanctification dans la vie pratique après la justification, et il est nécessaire de comprendre la notion si importante dans l’Écriture, et par conséquent pour la foi réelle, de la sanctification précédant la justification...

... En contraste avec Israël, mis à part par un rite extérieur pour obéir à la loi de Dieu sous la sanction solennelle du sang de la victime — lequel était aspergé tant sur le livre que sur le peuple et plaçait ainsi devant eux la mort comme le châtiment de la transgression — Pierre s’adresse aux Juifs croyants comme étant des élus selon la préconnaissance de Dieu le Père, en (ou par la) sainteté de l’Esprit, pour l’obéissance et l’aspersion du sang de Jésus Christ, c’est-à-dire pour obéir comme fils de Dieu (Jésus l’a fait de la manière la plus élevée), et comme délivrés de leur culpabilité par Son sang (1 Pierre 1:2). Aussi l’expression «pour l’obéissance et l’aspersion» est-elle parfaitement régulière et merveilleusement vraie ; elle indique l’objet béni, constamment en vue, pour lequel le chrétien est mis à part par le Saint Esprit : pour obéir non pas comme un Israélite dans la servitude légale et avec la mort comme châtiment en cas de manquement, mais dans la liberté de Christ dont le sang purifie de tout péché... Tout cela montre que la sainteté de l’Esprit dont il est question ici décrit cette opération vitale qui sépare une âme pour Dieu lorsqu’elle naît de nouveau, et qui est suivie par la justification lorsque l’âme se soumet à la justice de Dieu en Christ ; de même que la sainteté pratique en est ensuite le résultat dans la marche.

Mais la puissance secrète de Dieu opérant par l’Esprit la séparation pour Lui-même, n’est pas tout. Pour produire la sainteté et la foi de la vérité, il a ses moyens et appelle les âmes par l’évangile ; ou comme cela est dit ici : «à quoi il vous a appelés par notre évangile, pour que vous obteniez la gloire de notre Seigneur Jésus Christ».

Si donc nous avons le propos de Dieu en Lui-même avant le temps, nous avons l’objet qu’il s’est proposé quant aux saints pour l’éternité. Il les a choisis dès le commencement pour le salut. Et il a accompli ce dessein dans le temps pour les saints dans la sainteté de l’Esprit et la foi de la vérité, et non pas par une loi soumettant les convoitises et les passions d’un peuple charnel sous les éléments du monde. Car maintenant Dieu ne veut rien reconnaître d’autre que la réalité intérieure dans la soumission à sa propre pensée révélée. Et le moyen qu’il emploie pour produire ce saint résultat, c’est l’évangile ainsi prêché par Paul et par ceux qui étaient avec lui. Car si l’évangile est de Dieu et touchant son Fils, l’apôtre Paul n’en était pas moins l’instrument le plus honoré de sa grâce pour en révéler à la fois le caractère complet et les fondements profonds. Tous les apôtres l’ont annoncé, et Pierre tout particulièrement en agissant dès le début sur des milliers de personnes. Mais Paul, selon la sagesse qui lui a été donnée, non seulement a annoncé avec une plénitude sans précédent la bonne nouvelle des richesses insondables du Christ, mais a confié la vérité telle qu’il la connaissait à des hommes fidèles, capables d’en instruire aussi d’autres (2 Tim. 2:2).

Enfin nous avons le but. Quel but incomparable, digne de Dieu, et parfaitement adapté à ses enfants ! C’était pour qu’ils obtiennent non seulement la bénédiction, mais «pour que vous obteniez la gloire de notre Seigneur Jésus Christ». Comme Il est Celui en qui se concentrent tous les conseils divins pour la manifestation de sa propre excellence, sa grâce voudrait que nous qui croyons maintenant nous partagions ces choses avec Lui. «Si nous sommes enfants, nous sommes aussi héritiers ; héritiers de Dieu, cohéritiers de Christ ; si du moins nous souffrons avec lui, afin que nous soyons aussi glorifiés avec lui».

Il est remarquable de voir comment les pensées des hommes s’opposent à la parole de Dieu lorsque Sa grâce est manifestée comme une réalité vivante, reçue par la foi et produisant des effets. Des esprits raisonneurs jugeant selon leur petite mesure, s’étonnent que l’apôtre doive exhorter les saints à tenir ferme dans le maintien de la vérité, en action et en parole, alors qu’il vient de reconnaître l’appel de Dieu pour leur faire obtenir la gloire de notre Seigneur. L’esprit humain laissé à lui-même considère cela comme un manque de logique. Consciemment ou non, ils raisonnent ainsi : pourquoi ces élus pour le salut devraient-ils être exhortés à quoi que ce soit de plus ? Tout n’est-il pas sûr et fondé sur des bases divines ? Mais ce sont bien les élus, les enfants de Dieu qui jouissent de la pleine bénédiction, que l’Écriture exhorte partout à la vigilance et à la prière, à la lecture de la parole de Dieu et à tous autres moyens de prospérité spirituelle. Jamais nous ne trouvons de tels appels adressés aux incrédules et aux timides. Ceux qui doivent tout à la grâce souveraine et qui reconnaissent que tout provient d’elle, sont ceux-là même qui montrent de la diligence pour faire face à leur responsabilité dans le service de chaque jour. Et comment ces choses peuvent-elles être connues, sinon par la révélation de la pensée divine ? Si nous sommes l’ouvrage de Dieu, nous avons été créés dans le Christ Jésus pour les bonnes oeuvres que Dieu a préparées à l’avance, afin que nous marchions en elles. Pour la foi seule tout est simple et sûr. Si Christ est reçu sur la base du témoignage de Dieu, nous croyons son amour du début à la fin, et sa Parole devient une loi de la liberté pour nos âmes. Le raisonnement qui met sa grâce en conflit avec notre responsabilité est tout de suite décelé comme étant de Satan. Soumis à la Parole, nous croyons l’un et l’autre, nous avançons en paix, mais en reconnaissant la nécessité de tout ce qu’Il place à notre responsabilité.

Versets 15-17. On ne peut demander une réfutation plus décisive que celle fournie par le verset 15 de cette prétendue tradition que l’on revendique au profit de l’Église romaine. On désigne ainsi la foi générale de l’Église au cours de tous les siècles par opposition à l’opinion particulière, le jugement de l’Église par opposition à celui de l’individu.

... Mais soutenir une telle chose, c’est nier la réalité de l’Église comme institution divine et rompre le lien vivant de chaque croyant avec Dieu. Le Saint Esprit envoyé du ciel est la seule puissance à même de préserver intactes tant la relation individuelle du chrétien que la marche collective de l’Église. Car si l’Église est le temple de Dieu (1 Cor. 3:16, 17 ; 2 Cor. 6:16), le corps de chaque saint l’est aussi maintenant (1 Cor. 6:19) ; la présence de l’Esprit assure la réalisation du privilège dans l’un et l’autre cas. Sans conteste, sa présence produit des effets des plus importants et des plus bénis ; mais l’Église n’est pas un juge qualifié en matière de foi ; elle n’est pas davantage infaillible dans son interprétation de la parole de Dieu ou en quoi que ce soit d’autre. L’Église est «la femme», non pas le Seigneur et, de par sa relation, elle est tenue à obéir. C’est son devoir premier et inaliénable. Aussi le Seigneur a-t-il envoyé les apôtres comme Ses représentants, et eux, selon les besoins, ont donné à connaître sa Parole et sa volonté à l’Église. C’étaient les commandements du Seigneur, même lorsqu’ils étaient communiqués oralement. Et en temps voulu, ils ont été écrits par les apôtres, pas tous à la fois, mais selon les nécessités : Laissez les incrédules, si cela leur plaît, accuser les Écritures d’imperfection ou d’autres défauts. Nous, croyants, nous savons qu’elles sont à même de rendre l’homme de Dieu accompli et parfaitement accompli pour toute bonne oeuvre. Quelle logique y aurait-il à attribuer un résultat aussi parfait à un moyen qui serait imparfait ?

La parole de Dieu n’est jamais procédée de l’Assemblée, mais du Seigneur, par des serviteurs choisis spécialement et doués à cet effet par la puissance divine. Et la Parole n’est pas non plus venue seulement à une assemblée particulière, mais de la part de Dieu et s’imposant à tous ceux qui invoquent le Seigneur, quelles que soient les circonstances spéciales qui l’ont suscitée. Aussi le grand apôtre dit-il : «Si quelqu’un pense être prophète ou spirituel, qu’il reconnaisse que les choses que je vous écris sont le commandement du Seigneur» (1 Cor. 14:37). L’autorité dont étaient revêtus les apôtres était l’autorité du Seigneur qu’ils plaçaient sur la conscience de l’assemblée et celle-ci était tenue à une soumission absolue. Son Nom est le titre suprême, le leur n’est que sa garantie, et l’Église a pour seule responsabilité d’obéir.

Ainsi, lorsque Paul écrivait sa première épître aux Thessaloniciens, il les adjurait par le Seigneur que la lettre soit lue à tous les saints frères. Ils étaient jeunes dans le Seigneur, n’étant pas convertis depuis longtemps et n’ayant joui de son instruction que pendant une période relativement brève. Pourtant, la sagesse divine ne voit aucun motif de refuser à ces petits enfants dans la vérité une communication remarquable par la liberté avec laquelle sont présentées des choses difficiles à comprendre, que les ignorants et les mal affermis tordent, comme aussi les autres écritures, à leur propre destruction. Au contraire, et peut-être parce que c’était la première épître écrite à des Gentils, l’écrivain inspiré emploie un langage d’une solennité frappante pour placer devant tous le devoir d’écouter, en les adjurant de tous prendre connaissance de sa lettre.

Et maintenant encore, dans la seconde épître, il dit : «Ainsi donc, frères, demeurez fermes, et retenez les enseignements que vous avez appris soit par parole, soit par notre lettre» (v. 15). Sans aucun doute, les instructions communiquées embrassent l’enseignement donné oralement et par lettre et ne laissent aucune place au sens vague d’une tradition (*) s’imposant puissamment et insensiblement au cours des âges au sein d’une communauté. Les enseignements que l’apôtre exhorte l’assemblée à retenir étaient des vérités déjà connues et possédées (1 Cor. 11:2), et en aucun cas l’Écriture à laquelle on ajouterait une vague impression spirituelle qui modèlerait tout par son influence intrinsèque. L’idée romaine de la tradition est inconnue à l’Écriture et exclue par elle. Elle insiste au contraire sur le fait que le Seigneur a créé et formé tout ce qui est Sa volonté par cette Parole, que l’Esprit rend efficace dans toutes Ses opérations, depuis la communication de la vie nouvelle jusqu’à l’édification la plus élevée, comme aussi pour l’adoration ou pour le service. Car l’Esprit habite dans le croyant individuellement et dans l’assemblée, pour glorifier Christ selon la volonté du Père. La théorie d’une double règle de foi (l’Écriture d’une part, la tradition d’autre part) trahit son caractère réel de rivalité à l’égard de l’Écriture et de rébellion contre Dieu dont la gloire n’admet aucune autorité du même rang, comme la tradition ne manque pas de le prétendre. Car elle suppose de l’imperfection dans l’Écriture et réclame, bien qu’étant humaine, rien moins qu’un honneur divin. Une tradition que vous n’avez pas reçue et que vous ne connaissez pas est non seulement en contradiction avec le sens véritable du terme «tradition» (c’est-à-dire enseignement) dans l’Écriture, mais expose ses adeptes à un enseignement purement humain des anciens. Or le Seigneur a dénoncé tout cela comme étant des commandements d’hommes qui annulent la parole de Dieu. C’est en vain que de tels honorent Dieu ; ils l’honorent des lèvres ; mais leurs coeurs sont fort éloignés de Lui. La parole de Dieu seule a un droit absolu sur le coeur et la conscience des siens.

(*) Le mot traduit par enseignement dans notre passage est traduit ailleurs par tradition (Ed)..

On peut ajouter que cela ne remplace en rien le ministère. Car le juste exercice de tout don de la part de Christ (et tous les vrais serviteurs sont Ses dons pour l’Église) a pour but d’amener l’autorité pleine de grâce de Dieu, telle qu’elle est révélée dans sa Parole, à agir puissamment sur l’âme. C’est l’Ennemi qui voudrait s’interposer entre Dieu et ses enfants, à qui Sa Parole s’adresse. Car il ne s’agit pas tant de notre droit à avoir sa Parole que bien plutôt du droit de Dieu d’instruire et de diriger, de reprendre et d’avertir les siens. Et ainsi la majeure partie du Nouveau Testament est pour les saints comme tels, non pour des conducteurs tels Timothée ou Tite, bien qu’aucun des deux ne soit oublié comme s’ils n’avaient pas besoin d’exhortation spéciale. Le vrai ministère n’affaiblira jamais, ni ne niera les droits de Dieu, en s’interposant soi-même ou en plaçant quoi que ce soit d’autre entre la conscience et Dieu. Sa raison d’être, maintenant comme toujours, est d’aider les âmes dans leur désir et dans leur devoir de connaître la volonté de Dieu.

Mais lorsque la ruine est intervenue parmi les saints, au point de placer avant le Saint Esprit la puissance d’aveuglement de la chrétienté corrompue, Celui-ci insiste plus que jamais sur la valeur de l’Écriture. Il n’y a pas un mot dans les épîtres ultérieures sur la partie orale de ce qui a été transmis, et l’Écriture est présentée comme la sauvegarde voulue de Dieu face à des hommes annonçant des doctrines perverses, ou à des loups redoutables en vêtements de brebis. Aussi devons-nous éprouver tant les déclarations de ceux qui enseignent que l’action de l’Église elle-même par la Parole toujours vivante et permanente. La négation d’une telle responsabilité, où qu’elle se trouve, est le principe de l’Église romaine, et cela d’une façon si réelle et si peu déguisée que personne ne s’y trompe, sinon les victimes de cette illusion. C’est précisément en proportion de la puissance de l’Esprit qui accompagne la prédication ou l’enseignement du serviteur de Christ que la Parole neutralise les influences extérieures de toute sorte, comme elle juge et détruit aussi les obstacles venant de l’intérieur. L’âme réalise ainsi son devoir d’écouter Dieu et de Lui obéir sans intermédiaire, acceptant non la parole des hommes, mais ainsi qu’elle l’est véritablement, la parole de Dieu, laquelle aussi opère en celui qui croit.

D’une part, quand le corps professant retient une forme de piété mais en renie la puissance, il nous est dit de nous détourner, même si cela devait se passer à Éphèse pourtant si favorisée. D’autre part, dans le même contexte, il nous est dit de demeurer dans les choses que nous avons apprises et dont nous avons été pleinement convaincus, sachant de qui nous les avons apprises — de l’apôtre — en contraste total avec la tradition vague et occulte que la sagesse du monde veut établir comme une sorte de loi générale dans la chrétienté. Ce n’est pas la tradition, mais les saintes lettres comme un tout qui peuvent rendre sage à salut, non sans la foi, mais par la foi qui est dans le Christ Jésus. Si la plus haute autorité sur la terre, si l’Église devait être un piège, celui qui, ici-bas, voudrait tenir ferme pour la gloire de Dieu et pour Sa volonté, est renvoyé à «toute écriture» comme inspirée de Dieu, et utile pour enseigner, pour convaincre, pour corriger, pour instruire dans la justice. Malheur à tout ce qui vient s’interposer entre l’âme et Dieu, pour obscurcir, détruire et renier ce qui seul a l’autorité directe et suprême, et qui aussi doit juger au dernier jour. C’est ce que nous avons entendu «dès le commencement» ; ce qui a été introduit depuis n’a aucune autorité divine, quelque ancien et vénérable que ce soit. Dieu veut guider les siens par leur foi en sa Parole, et il se sert avant tout du ministère pour cela.

L’expression de reconnaissance pour la sûre bénédiction des Thessaloniciens, en contraste avec la ruine éternelle des apostats qui renient la personne de Christ et le christianisme, est suivie non seulement par une exhortation à demeurer ferme dans la vérité de Dieu qui leur avait été donnée, mais par une prière appropriée à leurs besoins. «Or notre Seigneur Jésus Christ lui-même, et notre Dieu et Père, qui nous a aimés et nous a donné une consolation éternelle et une bonne espérance par grâce, veuille consoler vos coeurs et vous affermir en toute bonne oeuvre et en toute bonne parole» (v. 16, 17). Celui qui est venu de Dieu vers l’homme pécheur sur la terre et s’en est allé à Dieu après l’accomplissement de la rédemption, l’a révélé comme notre Père, Lui-même demeurant notre Seigneur. Dieu est pleinement manifesté pour la foi et le croyant est pleinement béni, en attendant le retour de Christ pour achever pour le corps ce qui est déjà fait pour l’âme.

L’apôtre désire que le déploiement de la grâce dans tout le chemin encore à parcourir se manifeste dans cette consolation divine qui se rapporte à la fois à sa bonté passée, et au temps où les siens sont exposés à la souffrance et à la tribulation. Et cela d’autant plus qu’ils sont appelés à rendre un fidèle témoignage à Christ, intérieurement et extérieurement, en toute bonne oeuvre et en toute bonne parole. Appel merveilleux lorsque nous pensons à Dieu et à son Fils d’une part, et à ce que nous sommes d’autre part ! Qui est suffisant pour ces choses ? Notre capacité vient de Dieu qui nous a donné son Esprit afin que la puissance divine ne manque pas au moindre de ses enfants, en vue de leur mission difficile mais combien bénie. Ici encore le don d’une consolation éternelle n’étouffe pas, mais plutôt suscite et renforce la prière de l’apôtre qui demande à Dieu d’encourager le coeur de ses enfants. Notre Seigneur et notre Dieu et Père sont remarquablement identifiés pour nous réjouir et nous fortifier maintenant, comme en 1 Thess. 3:11 : une manière de s’exprimer particulière, inexplicable sinon par le fait qu’elle est fondée sur la relation éternelle du Père et du Fils, et sur leur unité de nature dans la Déité.

 

3                    Chapitre 3

Après avoir exprimé ses désirs en priant pour ses bien-aimés Thessaloniciens, l’apôtre en vient à réclamer leur intercession pour le témoignage du Seigneur en général, et spécialement pour lui et ses compagnons constamment en butte à l’Adversaire.

Versets 1-5. Il est beau de voir comment la grâce lie en Christ les coeurs de tous les croyants. L’apôtre était le serviteur le plus doué et le plus énergique que le Seigneur ait jamais suscité pour répandre la connaissance de Lui-même à travers le monde. En lui l’appel de la grâce souveraine, non seulement en tant que saint, mais en tant qu’apôtre, a trouvé son expression la plus élevée : «non de la part des hommes, ni par l’homme, mais par Jésus Christ, et Dieu le Père qui l’a ressuscité d’entre les morts». Il n’a reçu ni appris l’évangile de l’homme, mais par la révélation de Jésus Christ. Et quand il plut à Celui qui l’avait mis à part dès le ventre de sa mère et qui l’avait appelé par sa grâce, de révéler son Fils en lui, afin qu’il l’annonçât parmi les nations, «aussitôt», dit-il, «je ne pris pas conseil de la chair ni du sang». Cet homme a été ainsi formé et conduit par Dieu pour ôter manifestement toute apparence d’une succession dans une position officielle, comme aussi dans la révélation de la vérité. Et c’est celui-là même qui réclame instamment la sollicitude et les prières des frères les plus jeunes, ses propres enfants nouveau-nés dans la foi, pour ses travaux s’étendant au monde entier, comme serviteur de l’Évangile et de l’Assemblée, déjà alors menacés de périls graves et fréquents. D’une part, rien ni personne ne doit s’interposer entre Christ ressuscité et son serviteur envoyé pour sa mission de grâce ; d’autre part celui qui est si nettement et absolument indépendant des hommes pour sa mission, afin que rien ne vienne obscurcir l’appel de Christ ou le message de son amour, est plus que tout autre dépendant de la direction et du support divins, et, de ce fait, est celui qui recherche le plus ardemment le soutien des prières des saints.

La sagesse pleine de grâce de Dieu en agissant ainsi s’impose à tout esprit spirituel. Paul et ses compagnons, objets des prières des saints, quelque jeunes qu’ils fussent dans la foi, seraient-ils les seuls à en recueillir la bénédiction ? Pouvait-il y avoir quelque chose de plus réconfortant, de plus exaltant ou de plus sanctifiant pour les croyants eux-mêmes, que d’être occupés directement de Christ lui-même ? Et c’est bien ce qui était produit dans une large mesure par cette identification de coeur avec ce qui est constamment si cher à son coeur. Tout ce qui produit les affections pour le Seigneur, dans les choses qui Le glorifient, lui et sa parole, ajoute les plus purs joyaux à Son trésor qui est aussi le nôtre, et nous délivre de nous-mêmes et des choses présentes par lesquelles Satan nous séduit si facilement. Et comme sa Parole courait et était glorifiée chez les Thessaloniciens, ils pouvaient en toute réalité et simplicité prier qu’il en soit de même ailleurs. Ils n’étaient pas abattus ou distraits par des pensées humiliantes préoccupant l’esprit et empêchant le coeur de s’ouvrir largement pour la bénédiction d’autres, à Sa louange. Paul avait toute liberté de demander leurs prières, et eux pouvaient présenter les leurs sans restriction ni effort. La parole du Seigneur peut faire de rapides progrès, sans résultat profond dans l’homme et sans gloire pour Celui qui en est la source ; c’est pourquoi l’apôtre leur demande de prier qu’elle soit glorifiée, comme elle l’était aussi chez eux. Ils pouvaient par conséquent avec d’autant plus de vérité et de sincérité demander cela à Dieu pour d’autres.

En outre, si la grâce ouvre une porte grande et efficace pour le témoignage de Christ, les adversaires ne manquent pas. Jamais l’apôtre ne se vante, jamais un homme spirituel ne s’est vanté, du nombre, de la position, de la richesse ou de l’intelligence, de ceux qui le soutiennent ; il n’y a pas de signe plus sûr des séductions du monde et de Satan parmi ceux qui se placent sur le terrain de la foi. L’apôtre réclame leurs prières, afin «que nous soyons délivrés des hommes fâcheux et méchants, car la foi n’est pas de tous». Le mot traduit ici par «fâcheux» signifiait à l’origine «hors de place» et, par conséquent, étrange, étonnant et, dans un sens moral, indigne comme disant et faisant ce qui ne convenait pas et était hors de propos... Ces adversaires n’étaient pas seulement des Juifs, bien que ceux-ci fussent au premier rang et actifs dans leur incrédulité amère. La foi n’est naturelle au coeur d’aucun pécheur ; elle provient toujours de la grâce.

Il y a cependant une ressource bénie, comme cela leur est rappelé par quelqu’un qui savait bien jusqu’où la haine partisane et le dénigrement personnel peuvent aller : «Mais le Seigneur est fidèle, qui vous affermira et vous gardera du méchant» (ou du «mal», v. 3). Sa fidélité répond à la foi des siens quelque faible qu’elle soit ; sa face est contre ceux qui font le mal, de même que ses yeux sont sur les justes et ses oreilles ouvertes à leur cri. D’où la confiance de l’apôtre qu’il affermirait les saints à Thessalonique et qu’il les garderait du méchant. C’est ainsi que la foi raisonne et qu’elle est toujours en droit de raisonner. Et il ne peut y avoir aucun motif plus fort ; car le courant est établi de Dieu à l’homme, non pas de l’homme à Dieu, comme les hommes sont prompts à le penser pour leur déception, leur honte et leur tristesse. Car comme le Seigneur l’a lui-même dit aux siens : «l’esprit est prompt, mais la chair est faible». Ils dorment quand ils devraient prier et peuvent fuir ou même renier leur maître lorsqu’ils devraient tenir ferme et le confesser. Quelle différence avec la manière d’agir de Dieu : «Mais Dieu constate son amour à lui envers nous, en ce que, lorsque nous étions encore pécheurs, Christ est mort pour nous. Beaucoup plutôt donc, ayant été maintenant justifiés par son sang, serons-nous sauvés de la colère par lui. Car si, étant ennemis, nous avons été réconciliés avec Dieu par la mort de son Fils, beaucoup plutôt, ayant été réconciliés, serons-nous sauvés par sa vie» (Rom. 5:8-10). Ici donc, l’argument de la grâce de Dieu est devant l’apôtre qui aimerait que les disciples soient fortifiés en lui et dans la puissance de sa force, car c’est le secret de la victoire pour la foi.

Mais si le but est ainsi assuré, la grâce rend le chemin clair, le joug aisé et le fardeau léger. L’obéissance de Christ est la loi de la liberté. Pour celui qui a l’oeil simple, connaître Son chemin est la seule question. C’est pourquoi l’apôtre ne doute pas que les saints auxquels il s’adresse sont aussi désireux de faire la volonté du Seigneur que lui, de la faire connaître de façon exacte. «Mais nous avons confiance dans le Seigneur à votre égard, que vous faites et que vous ferez ce que nous avons commandé» (v. 4). Car il y a une distinction entre le fait que Christ nous donne le repos et le fait que nous trouvions le repos pour nos âmes. Le premier est l’effet de la grâce souveraine, quelque travaillés ou chargés que nous puissions être, et le don est gratuit et complet pour les pécheurs selon la gloire de sa personne et la bonté qui était à la base de la mission qu’il avait reçue de venir et de souffrir ici-bas ; l’autre aspect est lié au gouvernement divin : c’est ainsi que, comme enfants, nous trouvons le repos pour nos âmes jour après jour, non dans la volonté propre, danger auquel nous sommes exposés, mais dans un coeur simple qui se soumet à Christ et se confie en lui. Lui-même faisait toujours les choses qui plaisaient au Père qui l’avait envoyé, et pouvait dire que sa viande était d’accomplir son oeuvre et qu’il gardait le commandements de son Père et demeurait dans son amour. Ce n’est qu’en lui obéissant que le croyant trouve le repos pour son âme ; et c’est ce que l’apôtre attend ici des Thessaloniciens.

Le verset 5 vient compléter d’une manière magnifique le paragraphe : «Or que le Seigneur incline vos coeurs à l’amour de Dieu et à la patience du Christ !» Qu’est-ce qui pourrait fortifier ou garder les âmes dans l’obéissance d’une manière plus efficace ? Nous n’avons pas besoin de suivre ceux qui dans les temps anciens ou modernes soutiennent que c’est le Saint Esprit qui est ici placé objectivement devant nous : il n’y a pas de motif suffisant pour abandonner l’usage de l’Écriture. Par «le Seigneur», l’apôtre entend comme ailleurs Jésus le Fils de Dieu et il désire qu’Il les garde dans le droit sentier ; et cela en attirant leurs affections et en les dirigeant vers l’amour de Dieu et vers la patience du Christ.

Mais même ici, et quant aux deux points en question, nous avons à faire face aux doutes des savants et à leur difficulté à se soumettre à la vérité. On nous dit avec assez d’assurance que, puisque l’apôtre désire que leurs coeurs soient inclinés à cela, le premier point doit être subjectif et correspond à l’amour de l’homme pour Dieu. Et on nous déclare que le côté objectif, l’amour de Dieu, est hors de question. Cela peut paraître naturel, mais ne fait que détruire la force de la vérité. La signification simple est aussi la plus profonde et la seule vraie. L’apôtre désire que nos coeurs soient guidés dans l’amour de Dieu, l’amour qui est son être, qui forme ses conseils, par lequel il agit et se révèle lui-même. C’est lui seul qui assure aussi notre amour pour lui, qui, dans le meilleur des cas, est bien minime en fait, en regard de cette source intarissable et de cette plénitude infinie que Christ, dans sa Personne et dans son oeuvre, nous a révélées et que le Saint Esprit a versées dans nos coeurs. Il est très naturel, nous l’accordons, de penser à notre amour pour lui ; mais la contemplation de Christ par la foi donne à la Parole une puissance vivante et nous conduit dans l’amour de Dieu tel qu’il est révélé en Christ. Lui seul (et non pas nous) pouvait être un objet digne d’attirer et de manifester les affections de Dieu et sa gloire morale. Et ainsi nous apprenons que nous sommes les objets de son amour d’une manière et à un degré qui auraient été impossibles autrement, car il fait connaître aux siens que «comme il est, lui, nous sommes, nous aussi, dans ce monde», et que l’amour dont le Père a aimé le Fils est en eux, et lui-même en eux (1 Jean 4:17 ; Jean 17:26).

Seul un tel amour nous délivre pratiquement du «moi», et nous permet d’aimer en retour sans effort, et sans que nous ayons à y penser. Il n’y a pas non plus d’autres moyens comparables, car c’est là son chemin, surtout si nos coeurs sont aussi inclinés «à la patience du Christ». Il ne s’agit pas, je pense, de l’endurance qu’il a manifestée lorsqu’il était ici-bas, quelque vrai et béni que cela puisse être pour nous si nous la recherchons, mais de la patience avec laquelle il attend le rassemblement bienheureux des siens, qui seront transformés à son image glorieuse à sa venue. C’est cela qu’il attend patiemment au ciel, comme nous-mêmes L’attendons aujourd’hui sur la terre. Il voudrait diriger nos coeurs dans la communion et de sa patience et de l’amour de Dieu.

Au début de la première épître, il est dit des Thessaloniciens qu’ils s’étaient convertis pour servir le Dieu vivant et vrai et pour attendre des cieux son Fils. Ici, à la fin de la seconde épître, nous avons en substance les mêmes éléments, avec la nuance propre à chaque cas. L’apôtre cherchait la prospérité, la joie et le progrès des saints ; et qu’est-ce qui saurait mieux les produire que d’avoir leurs coeurs inclinés à l’amour de Dieu et à la patience du Christ ? Le Dieu dont nous-connaissons l’amour est son Père et notre Père, son Dieu et notre Dieu ; les paroles que le Père lui a données, il nous les a données ; et il vient pour nous introduire dans la gloire qui fera connaître au monde que le Père l’a envoyé et qu’il nous a aimés comme il l’a aimé. Nous avons besoin non pas d’en attendre une démonstration, mais bien de nous reposer dans son amour parfait, dans l’attente patiente de Christ. Apocalypse 3:10 est un exemple clair que «patience» a ce sens ; et 1 Thessaloniciens 1:3 aussi...

Il reste à indiquer aux saints comment s’occuper, non pas de la méchanceté comme à Corinthe, mais du désordre dans la marche de quelqu’un qui était en communion. Aucun péché ne doit être ignoré ou pris à la légère dans la maison de Dieu ; et le fait qu’Il y habite donne la mesure du jugement du mal chez ses enfants. Ce qui l’offense, ce qui attriste son Esprit, ce qui déshonore le Seigneur qui l’a fait connaître et a manifesté sa volonté dans sa vie d’homme ne peut être indifférent à ceux qui sont appelés à rendre témoignage à sa nature, à sa grâce et à sa gloire. Mais l’une des manières par lesquelles il exerce les coeurs de ses enfants est de savoir comment le représenter justement quand ils ont à considérer et à juger les manquements des uns ou des autres. D’un côté ils sont responsables de ne jamais fermer les yeux sur le mal maintenant qu’ils ont tous pu voir, dans la croix, son caractère odieux et son jugement inexorable de la part de Dieu. De l’autre côté ils ne sont pas là pour légiférer comme s’ils jouissaient d’une inspiration continuelle par succession apostolique ou comme si Dieu n’avait pas déjà révélé sa pensée de façon complète dans les Écritures par des instruments choisis «dès le commencement». L’Église est ici-bas pour obéir ; le Seigneur dirige avec une sagesse et une justice dignes de lui, comme nous l’apprenons le mieux dans un esprit de dépendance, et par de réels exercices d’obéissance. L’Esprit de Dieu opère dans l’Assemblée, comme en chaque individu, pour appliquer la Parole écrite avec une intelligence divinement donnée. Car il y a des dangers liés à notre nature sous deux aspects : soit une bonté peu exigeante qui recule devant un examen approfondi et une juste appréciation du mal ; soit une sévérité draconienne qui punit les moindres fautes avec une rigueur telle qu’il ne reste pas d’action plus forte pour ce qui est beaucoup plus grave. L’Écriture répond à tout en nous donnant à la fois des préceptes et des exemples, afin que des principes selon Dieu, et non selon l’homme, puissent régler tout et diriger la conscience dans chaque cas, avec une libre conviction de sa volonté.

«Mais nous vous enjoignons, frères, au nom de notre Seigneur Jésus Christ, de vous retirer de tout frère qui marche dans le désordre, et non pas selon l’enseignement qu’il a reçu de nous» (v. 6).

Jusqu’alors, il ne s’était pas présenté dans l’assemblée à Thessalonique de mal scandaleux comme celui dont il est traité plus tard en 1 Cor. 5. Pourtant, dans la première épître, l’apôtre inspiré avait vu des raisons de prévenir les saints contre l’impureté personnelle, et de mettre chacun en garde afin que personne ne fasse tort à son frère «dans l’affaire». C’est une faute qui constitue une offense particulière contre l’Esprit Saint qui nous a été donné ; et le Seigneur est le vengeur de toutes ces choses. Puis, en plaçant devant eux, par contraste, l’amour fraternel, les saints étant enseignés de Dieu à s’aimer l’un l’autre, il les avait exhortés sérieusement à chercher à vivre paisiblement, à faire leurs propres affaires et à travailler de leurs propres mains.

Mais comme la ferveur de leur espérance avait quelque peu faibli dans leurs coeurs, au moment où il écrivait sa seconde épître, il devait aussi constater que certains avaient pris trop à la légère son exhortation à marcher honorablement envers ceux de dehors afin de n’avoir besoin de rien ni de personne. Ce n’était pas, à mon avis, le fait d’être trop absorbé par la venue du Seigneur qui poussait certains à négliger leurs devoirs journaliers ; c’était peut-être plutôt cette crainte fiévreuse du jour du Seigneur, comme s’il était déjà là, qui en détournait quelques-uns d’un travail honnête. Les craintes, qui découlaient naturellement d’une telle erreur, étaient ensuite colportées comme cela a souvent été le cas depuis. Quel que soit le motif, le fait douloureux était que certains parmi eux marchaient maintenant dans le désordre dénoncé précédemment ; l’apôtre par conséquent adopte un langage encore plus solennel pour indiquer aux saints comment faire face au déshonneur ainsi causé au Seigneur. C’est à ce nom qu’il rattache l’injonction de se retirer ou de se tenir à l’écart de «tout frère» marchant ainsi d’une manière indigne. Ceux qui marchent dans le désordre ne sont pas décrits comme des méchants, mais sont nommés des frères ; c’était néanmoins une conduite que même la morale humaine jugerait déshonorante, et cela était aggravé par leur indifférence, sinon leur mépris, pour l’exhortation que l’apôtre leur avait donnée précédemment et à laquelle il est fait allusion ici.

Ils étaient ainsi inexcusables, puisque le chrétien est sauvé pour glorifier le Seigneur. En présence de ces choses, qu’est-ce que leurs frères avaient à faire si son nom gouvernait leur coeur sans partage ? Il n’y a jamais eu d’illusion plus grande que d’imaginer l’assemblée abandonnée à une sorte d’instinct spirituel qualifié d’autorité du Seigneur. Bien au contraire. «Si quelqu’un pense être prophète ou spirituel, qu’il reconnaisse que les choses que je vous écris sont le commandement du Seigneur». «Dès le commencement» il en a été ainsi ; et cela est assurément tout aussi nécessaire maintenant. L’Église est appelée à obéir même dans l’exercice de ses fonctions les plus sérieuses. Il y a la tentation si fréquente de prétendre à un pouvoir discrétionnaire ; et partout la chrétienté est tombée dans ce piège. Mais avoir une telle prétention, c’est en fait s’écarter du seul devoir invariable d’obéissance, seul chemin à la gloire du Seigneur et pour la bénédiction des saints eux-mêmes. Ce chemin ne devrait pas être pénible pour quiconque aime son nom ; il est la sécurité pour ceux qui n’ont pas la capacité de faire face à une tâche au-delà de l’homme, et qui sont ici seulement comme Ses témoins. Et nous avons pour nous servir d’avertissement le cas du seul concile dont parle l’Écriture (Actes 15). En une occasion de la plus grande importance pour le triomphe de la vérité et pour la liberté de l’Évangile, alors que tous les apôtres étaient présents, sans parler d’autres conducteurs, il y eut une grande discussion devant tous à Jérusalem, comme il y en avait eu précédemment parmi les Gentils, à cause des judaïsants, jusqu’à ce que le jugement définitif en accord avec «les paroles des prophètes» fût rendu par Jacques et que des ordonnances rédigées en conséquence fussent envoyées pour être gardées dans les assemblées. Même eux, les apôtres et les anciens avec toute l’assemblée, avaient besoin des Écritures et les avaient comme terme à la controverse.

Pareillement ici, bien que l’occasion fût moins importante, l’apôtre donne des ordres aux frères au nom de notre Seigneur Jésus Christ. Tous sont tenus de marcher selon l’enseignement apostolique.

Mais les fautes mineures sont réprouvées par l’Écriture au même titre que les grandes. L’amour pour Christ ne tolèrera pas non plus une tache, aussi insignifiante soit-elle, parmi ceux qui portent son nom. L’assemblée ne doit jamais être le refuge du mal : ce qui n’est pas digne du Seigneur ne saurait convenir à ceux qui Le représentent sur la terre. Mais le retranchement n’est pas selon Sa volonté dans tous les cas qui offensent sa justice. Même autrefois, Il pouvait dire qu’il haïssait la répudiation (*) dans ce qui est terrestre ou naturel. Dans le domaine spirituel, cette mesure extrême ne peut être appliquée, conformément à sa Parole, que lorsque cela est impérativement dû à Sa gloire. De la légèreté dans des questions aussi sérieuses ne peut traduire que de la volonté propre ; cela est indigne de ceux qui connaissent la valeur qu’a l’Église pour Celui qui s’est donné Lui-même pour elle. Mais dans les choses grandes ou petites, c’est le Seigneur qui règle tout par sa Parole, que ses serviteurs sont responsables d’appliquer fidèlement par l’Esprit. Aussi l’apôtre exprime-t-il ici Sa volonté au sujet de quelques-uns qui marchaient dans le désordre à Thessalonique. Ignorer cet état aurait été non seulement une perte pour eux, mais un déshonneur pour Lui. Laisser la chose dans le vague aurait ouvert la porte à la suffisance de l’homme toujours disposé à légiférer et à exiger. Il a été donné à l’apôtre de traiter cette faute avec sérieux, mais avec mesure. C’était juste, et l’homme (comme il y est toujours tenu) doit être dans la position de l’obéissance.

(*) Mal. 2:16, litt. : renvoyer (Ed)..

Mais même en enjoignant aux saints de manifester leur réprobation à l’égard de ce désordre, l’apôtre fait appel au coeur et à la conscience de tous. «Car vous savez vous-mêmes comment il faut que vous nous imitiez ; car nous n’avons pas marché dans le désordre au milieu de vous, ni n’avons mangé du pain chez personne gratuitement, mais dans la peine et le labeur, travaillant nuit et jour pour n’être à charge à aucun de vous ; non que nous n’en ayons pas le droit, mais afin de nous donner nous-mêmes à vous pour modèle, pour que vous nous imitiez» (v. 7-9). De quelle manière bénie il peut les exhorter à le suivre, conscient qu’il était de suivre le Maître ! une «imitation de Jésus Christ» incomparablement plus vraie que l’ouvrage écrit par des moines et qui est si populaire dans la chrétienté. Toutefois celui qui pouvait dire avec bonne conscience : «Nous n’avons pas marché dans le désordre au milieu de vous», n’était pas inférieur aux plus grands apôtres.

Il ne réclamait rien des saints qu’il avait visités auparavant, ni des convertis à Thessalonique qui apprenaient de lui les voies de Christ ; mais il était un modèle de grâce désintéressée, quel qu’en soit le prix pour lui. De quelle manière la leçon avait-elle été apprise par certains de ceux qui avaient été engendrés par l’évangile qu’il prêchait ? Et que dire de la chrétienté qui refuserait le moindre droit au ministère à celui qui suivrait un tel chemin, sur les traces du grand apôtre des Gentils ? Si je ne me trompe, l’interdiction de toute occupation ou travail temporel pour un ministre de la Parole, figure au premier plan du canon ecclésiastique. Mais ceux qui inventent des tests et des règles ne craignent pas de contredire l’Écriture et, en fait, de censurer l’apôtre. Leur imitation de Christ est davantage sentimentale et pleine de prétention ; la sienne était d’autant plus profonde et réelle qu’elle était très simple et passait inaperçue excepté par ceux qui l’évitent et la méprisent : les petites sectes comme ceux qui, plus ouvertement, cherchent le monde cher à leurs coeurs. L’apôtre (rempli de l’amour qui est de Dieu, et non pas du monde, comme Christ n’en est pas) n’avait pas recherché leurs biens, mais eux-mêmes, et il pouvait prendre pour exemple ses propres voies de chaque jour, alors qu’il était au milieu d’eux au commencement de l’évangile. Elles témoignaient d’un renoncement de soi qui, en lui-même, reprenait de la manière la plus forte, mais aussi pleine de grâce, les frères vivant dans le désordre, qui ne travaillaient ni le jour ni la nuit, et qui n’avaient pas honte de manger le pain de quiconque voulait bien les entretenir gratuitement.

On peut remarquer que, là aussi, ce n’est pas la première fois que l’apôtre rappelle ses travaux afin de pourvoir à son propre entretien, tandis qu’il évangélisait parmi eux à Thessalonique et enseignait les jeunes convertis ; car il en parle en des termes similaires dans le deuxième chapitre de sa première épître. C’était un dévouement céleste et la mention qui en est faite est pleine de simplicité. Il ne voulait être à charge à aucun d’eux. Plus tard il a pu dire : «pour moi, vivre c’est Christ». Sans doute, cela se manifestait d’abord dans la dépendance de Christ en qui il trouvait ses délices, dans l’élévation du coeur par l’Esprit, se reposant et se réjouissant habituellement dans le Seigneur, au-dessus de tout ce qui attire et séduit, et dans la victoire qui en résultait sur les ruses et la puissance de Satan. Mais la vie extérieure correspond à la vie intérieure et la puissance et la grâce de Christ se trouvent non seulement dans les affections spirituelles, mais se manifestent aussi dans l’amour pour Dieu dans une marche tout empreinte de Christ et de son parfum divin. S’il exhortait son fils Timothée, dans sa dernière épître, à se fortifier dans la grâce qui est dans le Christ Jésus, il savait lui-même depuis très longtemps ce que c’était. Et cela ne peut que se manifester en donnant une couleur nouvelle aux choses ordinaires de cette vie, de sorte qu’elles deviennent en vérité les plus extraordinaires.

L’apôtre prend néanmoins soin de faire valoir le droit de l’ouvrier, bien qu’il parle, comme il a travaillé, avec un désintéressement total : «non que nous n’en ayons pas le droit, mais afin de nous donner nous-mêmes à vous pour modèle, pour que vous nous imitiez» (v. 9). C’est une chose d’affirmer le droit que le Seigneur donne dans son service, c’en est une autre de le faire lorsque cela pourrait être mal interprété ou mal appliqué. Ici, comme à Corinthe, il renonce à ce droit divinement donné — comme il l’a expliqué soigneusement — qu’il est très important de maintenir tant pour ceux qui donnent que pour ceux qui reçoivent, en notant également la sagesse de Celui qui nous a ainsi fait connaître sa volonté. Une charité débordante, ne pensant qu’à la bénédiction des autres et par-dessus tout à la gloire de Christ, remplissait son esprit et explique tout, qu’il s’agisse de maintenir un principe parfaitement juste en soi et important pour les autres, ou d’abandonner en ce moment ses justes droits pour la gloire de Christ et de l’évangile.

Ce n’était pas qu’il ne lui en coûtât rien. Un homme riche peut prêcher et enseigner publiquement et en privé ; mais alors il échappe nécessairement à l’obligation de travailler de ses mains de jour ou de nuit. Lorsqu’il est fatigué par son travail spirituel, il n’a pas besoin de penser à consacrer à un autre travail chaque minute libre qu’il lui est possible de gagner pour subvenir à ses besoins matériels. L’apôtre, dans une énergie d’amour dévoué qui n’a jamais eu sa pareille parmi les fils des hommes, nous dit en quelques mots la vérité toute simple quant à sa vie ordinaire, tout en donnant aux saints des directives sur la manière de manifester le sentiment qu’ils avaient à l’égard du désordre à Thessalonique. Et il leur fait savoir fidèlement qu’il leur donnait en exemple ce vrai zèle chrétien afin qu’ils l’imitent. Quel en fut l’effet, d’une façon générale, sur les Thessaloniciens, nous ne savons pas ; mais nous pouvons être sûrs qu’un tel renoncement gratuit à ses aises charnelles et aux habitudes prévalant dans le monde était éminemment propre à infliger le reproche le plus sévère aux paresseux qui, préférant parler plutôt que travailler, s’imposaient à leurs frères et déshonoraient le Seigneur. Quelle bénédiction quand la faute d’autrui nous amène à découvrir à nouveau la grâce de Christ telle qu’elle s’applique dans un monde de péché, d’égoïsme et de misère ! Combien plus lorsque celui qui enseigne ainsi a lui-même marché du début à la fin dans la grâce qu’il recommande aux autres ; et cela concerne non seulement, comme ici, les saints en général, mais les anciens en particulier, comme nous le lisons plus tard dans son discours d’adieu aux anciens d’Éphèse, à Milet : «Vous savez vous-mêmes que ces mains ont été employées pour mes besoins et pour les personnes qui étaient avec moi. Je vous ai montré en toutes choses, qu’en travaillant ainsi il nous faut secourir les faibles, et nous souvenir des paroles du Seigneur Jésus, qui lui-même a dit : Il est plus heureux de donner que de recevoir».

Quel fossé immense entre ce désintéressement sincère et la vile mendicité de certains ordres monastiques. On y fait appel d’une manière naturelle aux sentiments humains en faisant montre d’une austérité qui dépasse ce qu’enseigne l’Écriture. Il est connu que certains moines finissaient par amasser ainsi d’immenses richesses et par gagner ce que les hommes apprécient encore davantage, une influence et une puissance incalculables, sauf aux yeux de ceux qui démasquaient leurs prétentions à la spiritualité, ou étaient jaloux d’une réputation qui éclipsait la leur. Dire comme certains que travailler ainsi c’est être comme une vigne clôturée, est bien au-dessous de ce que faisait l’apôtre ; l’amour humble était chez lui en activité. C’était vivre Christ chaque jour, sans la servitude d’un voeu, dans la liberté qui pouvait accepter l’offrande de ses chers et pauvres enfants à Philippes. Car on ne peut douter d’une part du droit au soutien matériel et d’autre part du devoir des saints de l’apporter de bon coeur. Mais la grâce sait comment et quand il sied à des serviteurs de s’en passer, si, comme ici, la gloire de Christ ou une instruction spéciale pour des âmes le requiert. Et combien réelle et fidèle est la direction de l’Esprit ! Car qui peut supposer que l’apôtre, au début et encore dans son pays natal, lorsqu’il travaillait ainsi de ses propres mains à faire des tentes à la clarté d’une lampe dans la nuit, prévoyait qu’il serait dans la nécessité de rappeler aux saints de Thessalonique ses travaux habituels et incessants dans ce domaine durant sa brève visite dans leur ville ? Mais quel croyant voudrait mettre en doute que l’Esprit de Dieu conduisait cet homme béni, aussi bien quand il travaillait de cette manière lorsqu’il était là, que maintenant qu’il exhortait les saints, donnant ainsi à ses paroles un poids que rien ne saurait égaler.

Il est possible et même probable que ces frères qui manifestaient peu d’empressement à travailler aient profité de l’amour qui abondait en faveur de ceux qui étaient engagés dans le ministère de la Parole. L’égoïsme sait vite trouver moyen de faire valoir cet amour en sa faveur alors qu’aucun service de ce genre n’était rendu. Un oeil simple quant à Christ met à l’abri d’un piège semblable ou de toute autre sorte, et permet de détecter le mal et de le traiter comme il convient là où il apparaît. Et la Parole écrite, venant de Celui qui voyait tout ce qui était nécessaire du début à la fin, répond parfaitement à tous les besoins qui pourraient surgir, mais non indépendamment de l’Esprit Saint qui seul peut nous guider selon les Écritures et manifeste ainsi notre état, bon ou mauvais. Car nous sommes sanctifiés pour l’obéissance — l’obéissance de Jésus.

Versets 10-15. Un trait caractéristique et frappant du christianisme c’est qu’il n’y a en lui rien de trop grand ou de trop élevé pour le saint, rien non plus de trop petit ou de trop insignifiant pour Dieu. Il s’occupe même d’un devoir aussi simple et modeste que le travail quotidien d’un homme et le fait de ne pas vivre aux dépens de ses frères. L’union avec Christ est la clef de tout. Si, par grâce, je suis un avec son Fils, il n’est pas étonnant que mon Père prenne plaisir à m’ouvrir son coeur et ses pensées. Mais pour la même raison cela devient pratiquement une question non seulement de bien ou de mal, mais de Lui plaire comme ses enfants, de représenter non pas simplement un homme honnête, ni même Adam innocent (si cela était possible), mais Christ. Et si nous sommes en Christ en haut, Christ est en nous ici-bas. Notre responsabilité découle de ces immenses privilèges que détruisent par ignorance ceux qui voudraient nous mettre sur le même pied que les Juifs, sous la loi comme notre règle de vie ; une erreur d’autant plus séduisante qu’elle prétend observer les principes moraux, alors qu’en fait elle porte atteinte à l’évangile et à la gloire de Christ, et ainsi à tout ce dont nous nous glorifions.

Qui, d’un autre côté, pourrait penser que des chrétiens pieux seraient assez inconséquents (pour ne pas dire plus) pour vivre sans travailler, et assez égoïstes pour attendre le secours de ceux qui travaillaient ou vivaient du fruit de leur labeur ? Tel était le fait, à ce moment, parmi les saints à Thessalonique et l’apôtre les en avait même avertis quand il était auprès d’eux. C’est un danger qui peut se manifester n’importe où et n’importe quand, mais surtout là où les saints sont jeunes et simples dans la vie de Christ : la bénédiction même expose au danger. Parmi les hommes honnêtes du monde, une telle attitude serait tout à fait exceptionnelle, sinon impossible. Les intérêts ordinaires des hommes ne peuvent qu’en exclure l’idée ; leur égoïsme ressentirait cela comme intolérable.

Ainsi la grâce de Christ a ses dangers autant que ses joies, dangers dans le sens de l’exagération non moins que dans celui de la restriction. La seule sécurité, la seule sagesse, le seul bonheur, est de regarder à Christ, qui certes ne conduit pas à la paresse, mais au service empressé dans un monde perdu. Aucun de ceux qui regardent à Christ ne saurait être un fainéant ; s’il y est enclin, qu’il n’oublie pas l’injonction apostolique : si quelqu’un ne veut pas travailler, qu’il ne mange pas non plus. Ce serait un remède efficace, s’il était scrupuleusement appliqué ; et les saints ne sont-ils pas tenus d’agir ainsi ? C’est une manière d’agir juste et simple, sans doute ; mais le chrétien est certainement à la hauteur de la situation, aussi bien qu’un Juif ou un Gentil. Si quelque chose est contraire à Christ, c’est l’égoïsme qui voudrait tirer avantage de la grâce ; et nous sommes appelés non pas à honorer, mais à reprendre et à réprimer ce qui est si indigne d’un chrétien, car c’est donner une fausse représentation de Christ.

Cette paresse était une véritable marche dans le désordre, et c’est un mal contagieux qui réclame d’autant plus un prompt traitement. «Car nous apprenons qu’il y en a quelques-uns parmi vous qui marchent dans le désordre, ne travaillant pas du tout, mais se mêlant de tout». Voilà ce que le Maître n’a jamais été, ce que le vrai serviteur n’est jamais. Car l’amour, dans un monde de misère, se plaît à servir, non pas à demander à être servi par d’autres ; ce dernier trait caractérise l’orgueil et la paresse. Le Fils de l’homme «n’est pas venu pour être servi, mais pour servir». Et en cela, il est certes un modèle pour nous ; et assurément le grand apôtre a prouvé sa grandeur, là comme en toute chose. Les oisifs à Thessalonique n’avaient donc aucune excuse pour leur paresse. Et il y avait le danger que pire n’arrive, car ceux qui ne travaillent pas sont enclins à se mêler de tout, comme l’apôtre les en avertit avec mordant. Les loisirs sont une occasion pour le mal, et se mêler des affaires des autres sans nécessité est mal en soi.

Mais là aussi, la foi opère par l’amour ; la vérité édifie au lieu de détruire ou de disperser. Le châtiment a sa mesure, la fin étant la restauration. «Mais nous enjoignons à ceux qui sont tels, et nous les exhortons dans le Seigneur Jésus Christ, de manger leur propre pain en travaillant paisiblement». L’effet : se mêler de tout, comme aussi la cause : la paresse, doivent être abandonnés. Le nom du Seigneur était incompatible tant avec l’un qu’avec l’autre ; mais l’apôtre supplie aussi bien qu’il enjoint. Ainsi même ce que la nature pourrait enseigner est lié avec notre Seigneur et Sauveur. Il s’agit du royaume de Dieu et non pas de simple moralité, comme si nous étions seulement des hommes, et que la grâce et la vérité n’existaient pas en Christ.

Mais les saints en général sont exhortés à aller de l’avant dans le chemin de tout ce qui convient et plaît à Christ. Ils ne doivent être ni indifférents ni découragés. La répulsion à l’égard de ceux qui marchent dans le désordre n’est ni la grâce, ni la justice. Ainsi il ajoute un avertissement aux autres : «Mais vous, frères, ne vous lassez pas en faisant le bien. Et si quelqu’un n’obéit pas à notre parole qui vous est adressée dans cette lettre, notez-le et n’ayez pas de commerce avec lui, afin qu’il en ait de la honte ; et ne le tenez pas pour un ennemi, mais avertissez-le comme un frère». Il arrive facilement à d’excellentes personnes de perdre courage en faisant ce qui est convenable et honorable. Le dégoût devant l’égoïsme chez autrui produit bientôt en elles une réaction et de l’aversion. L’apôtre ne voudrait pas qu’il en soit ainsi ; il aimerait plutôt voir une persévérance égale et sérieuse dans tout ce qui est agréable aux yeux du Maître, accompagnée d’un traitement efficace à l’égard de ces frères égarés et de leurs voies déshonorantes. Il fallait s’occuper de la désobéissance. «Notre parole qui vous est adressée dans cette lettre» n’était pas la parole des hommes, mais (ainsi qu’elle l’est véritablement) la parole de Dieu (1 Thess. 2:13), laquelle aussi opère en ceux qui croient, mais laisse ceux qui la méprisent dans une situation pire qu’avant. «Nous» sommes de Dieu, pouvaient dire les apôtres ; «celui qui connaît Dieu nous écoute ; celui qui n’est pas de Dieu ne nous écoute pas». «Vous êtes de Dieu», disent-ils aux saints ; mais que les saints veillent à continuer à vaincre par la foi, comme ils ont vaincu la puissance de mal qui voulait les garder esclaves de l’Ennemi. La foi qui prend garde à la parole de Dieu dans les choses les plus grandes ne la méprisera pas dans les plus petites et ne fermera pas les yeux sur l’incrédulité de l’homme qui porte le nom du Seigneur, mais n’obéit pas à la Parole. Elle le notera et évitera sa compagnie, afin qu’il ait honte de lui-même. Est-il alors retranché des saints, comme un méchant ? Non bien au contraire : «ne le tenez pas pour un ennemi, mais avertissez-le comme un frère». Il était dans une erreur complète ; on refuse sa compagnie ; mais la Parole enjoint de lui donner un avertissement fraternel, et non pas de l’exclure comme s’il était un ennemi et un méchant.

... La conclusion est dans une harmonie parfaite et évidente avec tout ce qui a précédé : «Or le Seigneur de paix lui-même vous donne toujours la paix en toute manière. Le Seigneur soit avec vous tous ! La salutation, de la propre main de moi, Paul ; ce qui est le signe dans chaque lettre : ainsi j’écris. Que la grâce de notre Seigneur Jésus Christ soit avec vous tous !» (v. 16-18).

Les saints, délivrés par la foi de la colère qui vient, servent le Dieu vivant et vrai et attendent des cieux son Fils — Jésus ressuscité d’entre les morts. Même «ce jour» ne les surprendra pas comme un voleur : étant du jour, il sont sobres et ont revêtu les armes de la lumière ; et triomphant de la mort, ils se consolent l’un l’autre par la glorieuse espérance de la venue du Seigneur, lorsque nous serons toujours avec lui. La pire tromperie et la puissance destructrice de Satan ne sont pas un motif réel d’alarme pour eux, quoique personne ne connaisse aussi bien le caractère de l’un et de l’autre au dernier jour ; plus encore, le jour du Seigneur ne présente aucune terreur, bien qu’un homme induit en erreur et séducteur ait lutté âprement pour les troubler par un faux enseignement à ce sujet. Mais maintenant, délivrés à la fois d’une affliction sans espoir par la première épître, et d’une crainte sans fondement par la seconde, leurs coeurs avaient été consolés et affermis en toute bonne oeuvre et en toute bonne parole. L’apôtre pouvait alors demander et demandait leurs prières, afin que la parole du Seigneur coure et qu’elle soit glorifiée, et que ses serviteurs soient délivrés des hommes fâcheux et méchants ; comme il leur avait aussi enjoint, sans se lasser en faisant le bien, de s’occuper avec une fidélité fraternelle des frères marchant dans le désordre.

Il ne restait plus qu’à les recommander, comme il convenait, au Seigneur ; et c’est ce que l’apôtre fait dans ses dernières paroles. Dans la première épître, il avait dit : «Or le Dieu de paix lui-même vous sanctifie entièrement ; et que votre esprit, et votre âme, et votre corps tout entiers, soient conservés sans reproche en la venue de notre Seigneur Jésus Christ», avec l’assurance réconfortante : «Celui qui vous appelle est fidèle, qui aussi le fera». Cela répondait avec une grande beauté à leur état précédent, lorsque ces jeunes croyants avaient besoin qu’on leur rappelle la volonté de Dieu, à savoir leur sanctification ; en effet personne n’était plus exposé aux pièges de l’impureté personnelle que les Grecs de ce temps-là : un mal particulièrement offensant pour l’Esprit Saint donné aux saints, comme l’apôtre l’écrira plus tard d’une manière plus forte encore aux Corinthiens. Sa prière s’accordait bien à la fraîcheur et à l’énergie des Thessaloniciens, étant donné que cette espérance brillait avec éclat devant leurs yeux.

La seconde épître donne une prééminence plus marquée au Seigneur ; la mise à part dans la sainteté n’a plus une place aussi importante. «Or le Seigneur de paix lui-même vous donne toujours la paix en toute manière». Il avait vu des causes de trouble tant dans le monde que dans l’assemblée. Mais Celui qui est en eux est plus grand que celui qui est dans le monde ; et Celui qui est dans l’assemblée est certes compétent pour faire respecter sa présence, à la fois pleine de grâce et de puissance si elle est recherchée, à l’égard de ceux qui osent l’oublier ou qui se découragent. Le Saint Esprit est là pour glorifier Christ : pourquoi alors les siens devraient-ils douter ou craindre ? Pourquoi ne pas compter sur cette paix qui est une faveur inestimable, quelles que soient les menaces naturelles ou les sources d’inquiétudes ?

«Le Seigneur de paix» est un titre béni dans lequel il est en relation avec les saints et se révèle à ceux qui pouvaient et devaient être assurés qu’il ne saurait manquer d’agir en conséquence. Car le nom du Seigneur est l’expression de ce qu’Il est ou fait ; et qu’est notre appréciation de ce qui est dû à ceux qui nous entourent lorsqu’ils ont besoin de secours dans leurs difficultés, en comparaison avec Sa grâce qui ne fait jamais défaut ?

Et ce n’est pas tout. «Le Seigneur de paix lui-même vous donne toujours (ou, en tout temps) la paix». Son serviteur inspiré ne voulait pas éveiller dans leurs coeurs une attente incertaine, mais souhaitait qu’ils réalisent que son désir était de Dieu, sous la direction de l’Esprit de vérité. Il voulait même plus ; non seulement toujours, mais «en toute manière». Est-il possible de concevoir des termes plus appropriés pour exclure toute source d’alarme en tout temps ? une garantie plus forte de paix de la part du Seigneur de paix lui-même (et quelle source de paix peut l’égaler, Lui ?) pour des saints ayant peu d’expérience, traversant un monde plein de troubles en tout temps et menacés d’une période imminente de tribulations sans précédent ?

L’apôtre les dirige à l’attendre de la part du Seigneur «en toute manière». De même qu’il n’y avait pas un instant où leur regard ne pouvait se porter sur Lui pour qu’Il leur donne la paix, quelles que puissent être les circonstances pour les Juifs ou les Gentils en leur temps propre, de même Il leur donnerait la paix, non pas dans une mesure seulement, mais «en toute manière». Combien cela répond parfaitement à Ses propres paroles aux disciples autrefois ! «Je vous ai dit ces choses, afin qu’en moi vous ayez la paix. Vous avez de la tribulation dans le monde ; mais ayez bon courage, moi j’ai vaincu le monde». C’était l’Ennemi et non pas la vérité qui avait pour un temps introduit dans leur âme cette fausse alarme.

...Tout cela, enfin, est couronné par : «Le Seigneur soit avec vous tous !» Un souhait de peu de valeur aux yeux de ceux qui ne voient qu’un homme écrivant à d’autres hommes. Mais quel souhait pour ceux qui savent, par la foi, comment Dieu emploie un serviteur, sous sa propre direction infaillible, afin de communiquer sa pensée et d’ouvrir son coeur à ses enfants tandis qu’ils traversent le monde ! À quoi bon toutes les autres ressources si «le Seigneur» n’est pas avec nous tous ? et pourquoi ne jouirions-nous pas d’une paix parfaite si Lui est avec nous, même si tout venait à nous manquer ?

Il y a un autre lien digne de remarque avec la fin de la première épître, bien que chacune ait peut-être, comme d’habitude, ses caractéristiques propres. «La salutation, de la propre main de moi, Paul ; ce qui est le signe dans chaque lettre : ainsi j’écris». Combien c’est en harmonie avec une toute première communication de l’apôtre, appelé à en écrire de nombreuses, d’authentifier ainsi avec soin ses lettres aux saints d’entre les Gentils ! Encore plus solennellement, dans la première, il avait adjuré les Thessaloniciens par le Seigneur que la lettre soit lue à tous les (saints) frères. L’idée que l’écriture, adressée même à toute l’assemblée, ne devait pas être lue à tous ou par tous, était en opposition avec l’autorité et avec la grâce divines, et ne pouvait se concevoir que dans une époque de déclin et de rébellion, proche de l’apostasie. Que les épîtres de Paul sont, aussi véritablement que tous les autres livres saints, reconnues comme l’Écriture, 2 Pierre 3:16 le confirme d’une manière sûre et claire. Et il était d’autant plus nécessaire qu’elles portent toutes le signe de sa main dans la salutation aux saints, qu’il avait habituellement recours à un scribe (comp. Rom. 16:22 ; 1 Cor. 16:21 et Col. 4:18 avec Gal. 6:11).

Les paroles finales des deux épîtres se ressemblent aussi beaucoup, tout en différant sensiblement. «Que la grâce de notre Seigneur Jésus Christ soit avec vous !» dit la première — soit «avec vous tous» dit la seconde. L’expression ici est plus forte, rendue combien plus nécessaire par les circonstances ; alors qu’en substance, nous trouvons dans les deux épîtres le même adieu, celui du Dieu d’amour.