[ Page principale | Nouveautés | La Bible | la Foi - l'Évangile | Plan des sujets | Études AT | Études NT | Index auteurs + ouvrages + sujets ]

 

Exposé de l’Évangile de Marc

 

William Kelly. Les titres et sous-titres sont des ajouts de Bibliquest

 

Édité, avec des ajouts, par E. E. Whitfield, Elliot Stock, 1907 — et publié par STEM Publishing
La plupart des références et notes de l’édition de Whitfield n’ont pas été reprises dans le texte ci-après.

 

«Le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi, mais pour servir» (Marc 10:45).

 

Table des matières abrégée :

1        Introduction

2        Marc 1

3        Marc 2

4        Marc 3

5        Marc 4

6        Marc 5

7        Marc 6

8        Marc 8

9        Marc 9

10     Marc 10

11     Marc 10:46-52 — Jéricho et la guérison de Bartimée l’aveugle qui criait au Fils de David

12     Marc 11

13     Marc 12

14     Marc 13 — Discours prophétique sur le Mont des Oliviers

15     Marc 14

16     Marc 15

17     Marc 16

 

Table des matières détaillée :

1        Introduction

1.1        Biographie de MARC

1.2        Dessein Divin

1.3        La Critique Textuelle

2        Marc 1

2.1        Ch. 1:1-18

2.1.1          Ch. 1:1

2.1.2          Ch. 1:2

2.1.3          Ch. 1:3-5

2.1.4          Ch. 1:6-8

2.2        Ch. 1:9-11

2.3        Ch. 1:12-13

2.4        Ch. 1:14-20

2.4.1          Ch. 1:14-15

2.4.2          Ch. 1:16-20

2.5        Ch. 1:21 -28

2.5.1          Ch. 1:21-22

2.5.2          Ch. 1:23-28

2.6        Ch. 1:29-34

2.7        Ch. 1:35-39

2.8        Ch. 1:40-45

2.8.1          Différences entre les évangiles : ordre chronologique ou non

2.8.2          Ch. 1:40-42

2.8.3          Ch. 1:43-44

2.8.4          Ch. 1:45

2.8.5          Sommaire sur le ch. 1

3        Marc 2

3.1        Ch. 2:1-12 — Le paralytique apporté par quatre hommes à travers le toit

3.1.1          Ch. 2:1-2 — Capernaüm

3.1.2          Ch. 2:3-4 — Une foi persévérante

3.1.3          Ch. 2:5 — La racine du péché surmontée par la grâce

3.1.4          Ch. 2:6-7 — L’incrédulité contre la grâce et la dignité de Jésus

3.1.5          Ch. 2:8-12 — Une personne divine peut seule pardonner les péchés et guérir le corps

3.1.6          Ch. 2:10 — Fils de l’homme

3.2        Ch. 2:13-17 — À table avec les publicains et les pécheurs

3.3        Ch. 2:18-22 — Le christianisme ne répare pas l’ancien système, mais a sa propre puissance

3.4        Ch. 2:23-28 — Une violation du sabbat ?

3.4.1          Dieu peut-Il changer Ses pensées ?

3.4.2          Les vrais fidèles dans le judaïsme n’étaient pas ceux qui insistaient sur la loi, mais ceux qui attendaient le Messie

3.4.3          Comment la justice de la loi s’accomplit dans ceux qui marchent par l’Esprit et non dans ceux qui ne font que tenir pour la loi

3.4.4          C’est l’attente du Messie, Christ, qui rendait et rend les croyants saints et pieux

3.4.5          Mêler les anciennes ordonnances juives avec la vérité chrétienne ne fait que tout obscurcir

3.4.6          Jour de sabbat : les disciples arrachent des épis de blés ; la réponse du Seigneur au reproche des pharisiens

3.4.7          Ch. 2:25-26 — David rejeté, image du Seigneur et de Ses disciples rejetés

3.4.8          Ch. 2:27 — La leçon de l’Ancien Testament au sujet du sabbat : « le sabbat a été fait pour l’homme »

3.4.9          Ch. 2:28 — Le Fils de l’homme est Seigneur du sabbat

4        Marc 3

4.1        Ch. 3:1-6 — Guérison de l’homme à la main sèche

4.1.1          Des opposants qui s’attendaient à ce que Jésus fasse du bien

4.1.2          Le Seigneur voulait que la grâce soit manifeste devant tous

4.1.3          La grâce parait abominable quand le cœur est perverti et a de la haine contre Dieu

4.1.4          Par rapport à ch. 2:23-28, le récit de ch. 3:1-6 apporte en plus la manifestation de ce qu’est Dieu

4.2        Au sujet de notre rapport avec le sabbat

4.2.1          Ce que faisaient les apôtres le jour de sabbat (7ème jour de la semaine) était différent de ce qu’ils faisaient le dimanche (1er jour de la semaine)

4.2.2          Quand les chrétiens allaient parler dans les synagogues

4.2.3          Différence de base et de caractère entre le sabbat et le jour du Seigneur (dimanche)

4.2.4          Différences radicales de principe entre le sabbat et le jour du Seigneur

4.2.5          Différence entre garder par obligation et par amour

4.2.6          Ce qui est commandement et ce qui n’en est pas

4.2.7          Non pas suivre un commandement, mais suivre ce que le Seigneur faisait, d’un cœur simple

4.2.8          Beauté de la forme chrétienne du Jour du Seigneur

4.2.9          Sabbat et jour du Seigneur dans l’avenir

4.3        Ch. 3:7-12 — Ministère de guérison et délivrance depuis une barque

4.3.1          Rappel de 3:1-6

4.4        Ch. 3:13-19 — Appel des douze disciples

4.5        Ch. 3:20-30 — Accusation de chasser les démons par le chef des démons

4.5.1          La parenté qui le juge fou, est aveugle quant aux choses divines

4.5.2          Les scribes L’accusent d’être mené par Satan

4.6        Ch. 3:31-38 — Substitution des disciples aux liens naturels

5        Marc 4

5.1        Ch. 4:1-20 — Description du ministère du Seigneur

5.1.1          Bref rappel de ce qui précède

5.1.2          Description, sous forme de paraboles, du ministère du Sauveur : le Semeur

5.1.3          Les graines tombées au bord du chemin

5.1.4          Les graines tombées sur un sol rocailleux

5.1.4.1     Ne pas négliger la repentance

5.1.4.2     La joie superficielle conduit à des abandons faciles

5.1.5          Les graines tombées parmi les épines

5.1.6          Les graines tombées dans une bonne terre

5.1.7          La parabole pour ceux de dedans. La nation coupable est aveuglée

5.2        Ch. 4:21-25 — Rôle de la Parole autre que celui de semence

5.2.1          Ch. 4:21-23 — La parole comme une lampe destinée à briller en témoignage à la grâce et à la vérité de Dieu

5.2.2          Ch. 4:24-25 — Responsabilité de communiquer ce que nous avons reçu

5.3        Ch. 4:26-29 — L’œuvre de Dieu dans le royaume en l’absence du Seigneur

5.4        Ch. 4:30-34 — À quoi mène la croissance du royaume de Dieu

5.5        Ch. 4:35-41 — Épreuves auxquelles les disciples sont exposés dans leur travail et leur effet

6        Marc 5

6.1        Ch. 5:1-20 — Le démoniaque du pays des Gadaréniens

6.1.1          Puissance victorieuse du Seigneur qui a été crucifié en faiblesse

6.1.2          Réalité de la puissance de Satan et des possessions démoniaques

6.1.3          Mission donnée aux disciples de chasser les démons

6.1.4          Le témoignage à la victoire de Christ se fait par l’Évangile qui rassemble en dehors du monde

6.1.5          L’Évangile n’améliore pas le monde, mais en sépare

6.1.6          Condition misérable du démoniaque

6.1.7          Identification de l’homme et de l’esprit démoniaque

6.1.8          Les démons allant dans les pourceaux. Raison de la permission de Jésus

6.1.9          Les gens ayant plus peur de Jésus et Sa grâce que du diable, veulent se débarrasser de Jésus

6.1.10       Le démoniaque guéri s’attache à Jésus et est envoyé en témoignage

6.2        Ch. 5:21-43 — La fille du chef de synagogue et la femme avec une perte de sang

7        Marc 6

7.1        Ch. 6:1-6 — Le rejet incrédule de Christ dans Son propre pays

7.1.1          Aveuglement général à l’égard du Seigneur Jésus

7.1.2          Le Seigneur s’abaisse devant Son rejet mais poursuit Son œuvre

7.2        Ch. 6:7-13 — Envoi des Douze pour prêcher la repentance. Grave culpabilité de ceux qui les rejettent

7.2.1          L’envoi de messagers de grâce démunis, mais pourvus de puissance, montre le caractère divin de Celui qui envoyait

7.2.2          Gravité du rejet du message de repentance venant du Fils de Dieu

7.3        Ch. 6:14-29 — Une conscience cautérisée se fait coincer par Satan

7.4        Reprise du chapitre sous l’angle des principes du service

7.4.1          Ch. 6:1-6 — Le Seigneur méprisé comme serviteur : Son travail devient discret car Il est empêché de faire de grandes choses

7.4.2          Ch. 6:7-13 — Envoi des Douze : messagers du Roi, démunis, mais investis de la puissance contre Satan

7.4.3          Ch. 6:14-29 — Contraste entre ceux qui chassent les esprits impurs et ceux qui y cèdent

7.4.3.1     La Parole de Dieu touchant une conscience sans qu’il y ait repentance

7.4.3.2     La résistance à l’Esprit Saint. Le message de Jean le Baptiseur

7.4.3.3     Le temps de la patience de Dieu avant que le jugement tombe sur les coupables

7.4.3.4     Le moment où la conscience n’agit plus pour retenir Satan

7.5        Ch. 6:30-44 — Le Seigneur menant à l’écart après le service

7.5.1          Ch. 6:30-31 — Tout dire à Jésus et se reposer à l’écart pour ceux qui se sont acquittés de leur tâche. Besoin d’être stimulés pour d’autres

7.5.2          Ch. 6:32 — Départ dans une barque, le Seigneur s’occupant de tous les détails

7.5.3          Ch. 6:33-34 — Pas de froideur vis-à-vis des intrus malgré la fatigue

7.5.4          Ch. 6:35-36 — Les disciples veulent renvoyer les foules

7.5.5          Ch. 6:37 — Le Seigneur veut que les disciples aient du cœur pour répandre la grâce. C’est l’incrédulité qui dit que la puissance n’est pas suffisante

7.5.6          Ch. 6:38 — Le Seigneur fait usage des ressources que nous avons, même très faibles

7.5.7          Ch. 6:39 — Ordre des arrangements du Seigneur. La foi a besoin qu’on soit dépendant

7.5.8          Ch. 6:41 — Le Seigneur se servant des disciples malgré leur défectuosité

7.5.9          Ch. 6:41-44 — Simplicité des soins du Seigneur et vigilance quant à ce dont ils témoignent

7.6        Ch. 6:45-52 — Un type du Seigneur monté en haut et des disciples peinant en Son absence

7.7        Ch. 6:53-56 — Un type de l’aboutissement des promesses et du ministère du Seigneur

8        Marc 8

8.1        Ch. 8:1-9 — [Seconde multiplication des pains]

8.1.1          [La multiplication des pains est la preuve que Jésus était le Messie selon le Ps. 132]

8.1.2          [Importance de cette promesse du Ps. 132]

8.1.3          [Sur les bénédictions dans le règne millénaire]

8.1.4          [Le cœur de l’homme ne sera pas changé pendant le règne millénaire]

8.1.5          [Ne pas minimiser les bénédictions terrestres promises dans l’AT]

8.1.6          [Rechercher le pourquoi de ces deux miracles de multiplication de pains si proches l’un de l’autre]

8.1.7          [La première multiplication des pains et sa suite : un type de la dispensation actuelle où Christ laisse Israël et devient intercesseur en-haut]

8.1.8          [La seconde multiplication des pains et sa suite : bonté bienfaisant du cœur du Seigneur pour répondre aux besoins des Siens, malgré Son rejet]

8.1.9          [Il n’y a pas ici un type des voies du Seigneur lorsqu’Il s’est présenté à Israël, mais il s’agit de Sa bonté et de Ses ressources pour les pauvres qui Le suivent]

8.1.10       [Symbolique des sept pains et sept corbeilles]

8.2        Ch. 8:10-13 — [Les pharisiens demandent un signe du ciel]

8.2.1          [Inconvenance de demander encore un signe, et un signe du ciel]

8.2.2          [Raisons du refus du Seigneur de donner un signe supplémentaire]

8.3        Ch. 8:14-21 — [Incompréhension des disciples quant au levain des pharisiens]

8.3.1          [Le levain des pharisiens : danger spécial de l’attachement à des formes religieuses, car elles cachent Christ]

8.3.2          [Le levain d’Hérode mêlé au levain des pharisiens]

8.3.3          [En quoi consistait l’obstacle à la compréhension des disciples]

8.3.4          [La difficulté de compréhension n’est pas d’ordre intellectuel, mais provient de ce que Christ n’habite pas par la foi dans le cœur]

8.4        Ch. 8:22-26 — Guérison de l’aveugle de Bethsaïda

8.4.1          [Guérison en deux étapes]

8.4.2          [Une manière de guérir qui gagne le cœur]

8.4.3          [L’acquisition de la vision, distincte de l’application de la vision]

8.4.4          [Il fait toutes choses bien]

8.5        Ch. 8:27-29 — [Ce que les hommes disent quant à Christ]

8.5.1          [L’homme est dans l’obscurité]

8.5.2          [Distinction entre les récits de Matthieu et Marc quant à la confession de Pierre]

8.5.3          [La confession, selon Matthieu, du Fils du Dieu vivant amène la révélation de l’Église]

8.5.4          [L’Église est une chose absolument nouvelle inconnue dans l’Ancien Testament]

8.5.5          [Ce qui est révélé dans Marc suite à la confession de Pierre n’est que partiel]

8.6        Ch. 8:30 à 9:1

8.6.1          Ch. 8:30-31 — [Le Seigneur défendant de dire qu’Il est le Christ. Il est le Fils de l’homme qui va être humilié jusqu’à la mort]

8.6.2          [Le Fils de l’homme rejeté et souffrant reviendra en gloire et en puissance]

8.6.3          Ch. 8:32-38 — [Pierre réprimandé à cause de son dégoût charnel de la croix de Christ]

8.6.4          [Raisonnements qui poussaient Pierre à reprendre le Seigneur]

8.6.5          Ch. 9:1 — [La promesse de voir le royaume de Dieu]

9        Marc 9

9.1        Ch. 9:2-13 — La transfiguration

9.1.1          Ch. 9:2a — Les souffrances et la gloire

9.1.2          Ch. 9:2b-3 — Changements de la Personne et des vêtements

9.1.3          Ch. 9:4-8 — Avec Moïse et Élie. Mélange de choses terrestres et célestes

9.1.4          Ch. 9:9-10 — Résurrection d’entre les morts

9.1.5          Ch. 9:9-11-13 — Élie qui vient premièrement

9.2        Ch. 9:14-29 — Le père et l’enfant dont les disciples n’ont pas pu chasser le démon

9.3        Ch. 9:30-32 — Incompréhension des pensées du Seigneur

9.4        Ch. 9:33-37 — Dispute pour savoir qui sera le plus grand

9.5        Ch. 9:38-42 — Pour ou contre Christ : celui qui faisait des miracles mais ne suivait pas Christ

9.6        Ch. 9:43-51 — Avertissements solennels

9.6.1          Ch. 9:43-48 — L’enfer (géhenne) où le feu ne s’éteint pas

9.6.2          Ch. 9:49-51 — Avoir du sel et son effet

10     Marc 10

10.1      Ch. 10:1-12 Commencement du dernier voyage vers Jérusalem

10.1.1       Ch. 10:1 — Début du voyage et enseignement des foules

10.1.2       Ch. 10:2-9 — Mariage : ce que Dieu a établi au commencement

10.1.3       Ch. 10:10-12 — Répudiation

10.2      Ch. 10:13-16 — Laisser les petits enfants venir à Jésus

10.3      Ch. 10:17-22 — Le jeune homme riche

10.3.1       Ch. 10:17-18 — Pourquoi m’appelles-tu bon ?

10.3.2       Ch. 10:19-21 — La réponse du Seigneur au jeune homme riche

10.3.3       Ch. 10:22-27 — Ce que le Seigneur Jésus avait fait par rapport à ce qu’il proposait au jeune homme riche

10.4      Ch. 10:23-27 — Difficulté pour les riches d’entrer dans le royaume de Dieu

10.5      Ch. 10:28-31 — Quitter pour le Seigneur. La rétribution

10.6      Ch. 10:32-34 — Annonce de ce qui va arriver à Jérusalem. Craintes des disciples

10.7      Ch. 10:35-45 — La demande d’une belle place dans le royaume de Dieu

10.7.1       Ch. 10:35-41 — Ce qui occupait les pensées des disciples

10.7.2       Ch. 10:42-45 — Être l’esclave de tous

11     Marc 10:46-52 — Jéricho et la guérison de Bartimée l’aveugle qui criait au Fils de David

11.1.1       Où a eu lieu la guérison de l’aveugle ?

11.1.2       La supplication de Bartimée

11.1.3       Comment le Seigneur a répondu à l’aveugle

12     Marc 11

12.1      Ch. 11:1-11

12.1.1       Ch. 11:1-3 — L’envoi de disciples pour chercher un ânon

12.1.2       Ch. 11:7-10 — L’entrée triomphale à Jérusalem

12.1.3       Ch. 11:11 — La fin du premier jour de la visite de Jérusalem

12.2      Ch. 11:12-14 — La malédiction du figuier

12.3      Ch. 11:15-18 — Nettoyage du temple

12.4      Ch. 11:19-26 — Fin du premier jour de visite et second jour

12.4.1       Ch. 11:19 — Il sortit de la ville

12.4.2       Ch. 11:20-26 — Le figuier séché

12.5      Ch. 11:27-33 — Confrontation avec les chefs religieux

12.5.1       Enquête pour savoir par quelle autorité Jésus agit

12.5.2       Réponse du Seigneur Jésus à l’enquête des chefs religieux

13     Marc 12

13.1      Ch. 12:1-12 — La parabole des cultivateurs : la mise à l’épreuve morale de l’homme

13.1.1       Ch. 12:1-2 —Dieu a préparé les meilleures conditions possibles, mais l’homme est pécheur

13.1.2       Ch. 12:3-5 — Le retour fait par l’homme : de mal en pis

13.1.3       Ch. 12:6 — L’envoi du Fils bien-aimé. L’opposition à Dieu manifestée

13.1.4       Ch. 12:7-8 — Le Fils bien-aimé mis à mort. Satan devient dieu de ce monde

13.1.5       Ch. 12:9-12 — Ce que fait le Maître de la vigne. La pierre exaltée

13.2      Ch. 12:13-17 — Payer les impôts romains

13.3      Ch. 12:18-27 — Les conditions de vie dans la résurrection et la certitude de la résurrection

13.4      Ch. 12:28-34 — Le premier de tous les commandements. Pas loin du royaume de Dieu

13.5      Ch. 12:35-37 — Fils de David et Seigneur de David

13.6      Ch. 12:38-40 — Contre la recherche des honneurs

13.7      Ch. 12:41-44 — La vraie libéralité est en rapport avec ce qu’on garde, pas en rapport avec ce qu’on donne

14     Marc 13 — Discours prophétique sur le Mont des Oliviers

14.1      Ch. 13:1-13 — Avertissements prophétiques communs aux trois évangiles

14.1.1       Ch. 13:3-7 — Avertissements prophétiques donnés en tant que Serviteur

14.1.2       Pour les Juifs la fin n’est pas encore, pour l’Église la fin est proche

14.1.3       Ch. 13:8 — Dans les autres évangiles, ces mêmes instructions sont ailleurs

14.1.4       Ch. 13:9-13 — Des orientations pour le service

14.2      Ch. 13:14-23 — L’abomination de la désolation et la détresse de la fin, avec de nouveaux séducteurs

14.3      Ch. 13:24-32

14.3.1       Dieu s’interposant en puissance

14.3.2       Ch. 13:32 — L’heure qui n’est pas connue du Fils

14.4      Ch. 13:33-37 — Le parfait Serviteur laissant l’ouvrage à faire à Ses serviteurs

15     Marc 14

15.1      Ch. 14:1-11

15.1.1       Deux repas

15.1.2       La volonté de Dieu prévaut : la mort de Jésus a lieu pendant la fête de Pâque

15.1.3       L’amour attire la haine de ceux qui n’ont pas d’amour

15.1.4       Agir envers le Seigneur Jésus personnellement est le plus excellent

15.1.5       Une personne corrompue entraîne même les vrais fidèles

15.2      Ch. 14:12-16 — Tout puissant, mais acceptant l’humiliation pour faire la volonté du Père

15.3      Ch. 14:17-21 — Judas : La méchanceté qui accomplit les plans divins. Proche de la bénédiction, mais éloigné d’elle moralement

15.4      Ch. 14:22-25 — Le souper du souvenir

15.5      Ch. 14:26-31

15.5.1       Le Berger frappé, les brebis dispersées. Effets de la croix outre l’expiation

15.5.2       Confiance en soi de Pierre. Ignorance de la pression de la mort et du rejet du monde

15.6      Ch. 14:32-42

15.6.1       Douleur en face de la profondeur de l’épreuve

15.6.2       Le Seigneur ressentant l’horreur de l’état de ce qui L’entourait

15.6.3       Le Seigneur associé de cœur à la condition du peuple

15.6.4       Pas de sympathie pour le Seigneur dans l’expiation

15.6.5       Différence entre la croix et Gethsémané

15.6.6       Le Seigneur s’occupant des disciples à Gethsémané

15.7      Ch. 14:43-52 — Devant la mort et l’hostilité ouverte : se courber ou abandonner et fuir

15.8      Ch. 14:53-65 — Le motif de condamnation

15.9      Ch. 14:66-72

15.9.1       Pierre reculant de terreur pour peu de chose

15.9.2       Qui dites-vous que Je (Christ) suis ?

15.9.3       C’est la Parole de Dieu qui produit la repentance

16     Marc 15

16.1      Ch. 15:1-5

16.1.1       Qui a été responsable de la condamnation ?

16.1.2       Christ, Dieu et Homme peut tout faire connaître

16.1.3       Christ est la mesure de toutes choses

16.1.4       Condamné pour cause de vérité

16.1.5       Un double témoignage de ce qu’était Christ

16.2      Ch. 15:6-15 — Barrabas, un brigand, plutôt que Jésus

16.3      Ch. 15:16-21 — Jésus bafoué, mais quand même pour la bénédiction d’autrui

16.4      Ch. 15:22-32

16.4.1       Juste avant la crucifixion

16.4.2       L’écriteau

16.4.3       Les brigands crucifiés

16.4.4       Les moqueries des chefs religieux sur Son incapacité à se sauver

16.4.5       Différence de réaction entre le croyant et l’incroyant

16.4.6       La mort de Jésus n’était nécessaire que pour le salut, pas en tant qu’homme

16.4.7       Le brigand converti signalé seulement dans Luc

16.5      Ch. 15:33-41

16.5.1       Une heure de ténèbres unique

16.5.2       Jésus n’est pas mort d’épuisement

16.5.3       La mort de Jésus n’était pas une mort naturelle

16.5.4       Il appelle Élie ?

16.5.5       Le déchirement du voile du temple

16.5.6       Le témoignage du centurion

16.6      Ch. 15:42-47 — Joseph d’Arimathée, la mise au sépulcre. Mort rapide du Seigneur

17     Marc 16

17.1      Ch. 16:1-8

17.1.1       Effet de la résurrection sur l’incrédulité ?

17.1.2       Chronologie après la résurrection

17.1.3       Ch. 16:1-4 — Connaître le fait de la résurrection sans en connaître la puissance

17.1.4       Ch. 16:5-6 — La peur pour l’homme en Adam. Paix donnée par le dernier Adam

17.1.5       La résurrection proclame la victoire, mais sa manifestation est pour plus tard

17.1.6       Ch. 16:7-8 — Égards du Seigneur pour Pierre. Encore connaître le fait de la résurrection sans en connaître la puissance

17.2      Ch. 16:9-11

17.2.1       Ch. 16:9 — Mention particulière de Marie de Magdala et de ses démons chassés

17.2.2       Marie de Magdala et le Seigneur ressuscité selon l’évangile de Jean

17.2.3       Ch. 16:10-11 — Voir, ou savoir, sans avoir de foi

17.3      Ch. 16:12-13 — Disciples d’Emmaüs

17.4      Ch. 16:14-18

17.4.1       Ch. 16:14-15 — L’incrédulité qui prépare à prêcher à d’autres

17.4.2       Ch. 16:16 — Place du baptême

17.4.3       Ch. 16:16b — … sera condamné

17.4.4       Ch. 16:17-18 — Les signes qui accompagneront ceux qui auront cru

17.5      Ch. 16:19-20 — Le Seigneur continuant à servir

 

 

 

1        Introduction

1.1        Biographie de MARC

Marc (Marcus) était un prénom romain commun. Son nom juif était Jean. Il s’était converti par l’intermédiaire de Pierre (1 Pierre 5:13 ; cf. Actes 12:12). Au tout début de son parcours chrétien, Barnabas (son parent) et Paul l’emmenèrent avec eux dans leurs voyages missionnaires (Actes 12:25 ; 13:5). Jean Marc avait une idée légère, mais si commune, de la responsabilité du service chrétien : il pensait pouvoir entreprendre et abandonner l’œuvre de Dieu comme bon lui semblait, et il laissa les deux missionnaires poursuivre seuls l’œuvre tandis qu’il rentrait chez lui (Actes 13:13 ; 15:36). Nous le perdons alors de vue pendant six ou sept ans, ce qui, pour autant que nous le sachions, peut n’avoir été que du temps perdu. Après cela, il devint la cause passive d’une dispute extrêmement malheureuse. Paul et Barnabas organisèrent une nouvelle mission, mais Barnabas «se proposa» de reprendre avec eux son parent, tandis que Paul «ne jugea pas bon» de prendre quelqu’un qui avait déserté son poste. Cela donna lieu à une contestation si vive que les deux anciens combattants se séparèrent ... La plupart d’entre nous, peut-être, auraient pensé qu’il eut mieux valu laisser Marc tranquille après cela ; et c’est avec une certaine surprise que nous le trouvons finalement chargé du grand honneur d’écrire l’un des quatre Évangiles. Non seulement Pierre le prit en charge avec le soin affectueux qu’il y avait lieu d’attendre d’un homme comme lui, mais Paul, qui avait porté sur lui un jugement si désobligeant dans le passé, fut capable de reconnaître et d’admettre la valeur du service ultérieur de Marc. Il le mentionne comme l’un de ses cinq compagnons d’œuvre qui étaient pour lui «une consolation» (Col. 4:11 ; cf. Philémon 24) à Rome vers l’an 64, et deux ans plus tard il dit à Timothée de prendre Marc avec lui et de l’amener, car il lui était utile pour le ministère (2 Tim. 4:11).

Cet évangéliste, comme Luc — les deux sont mentionnés ensemble en 2 Tim. 4:11 — était sans doute prophète, car le caractère prophétique du don est spécialement en exercice pour écrire l’Écriture (Rom. 16:26). Cela explique la véritable source de l’autorité de ces saints écrits. L’attribuer à Pierre pour l’un (Marc) et à Paul pour l’autre (Luc) trahit le caractère sans valeur de la tradition ancienne, telle qu’elle apparaît dans les spéculations d’Eusèbe de Césarée.

 

1.2        Dessein Divin

Le deuxième Évangile a pour dessein de présenter le service «de Jésus Christ, le Fils de Dieu». Celui qui avait d’abord failli, mais qui a finalement été déclaré «utile pour le ministère», était, par la puissance du Saint Esprit, aussi apte à remplir cette tâche que Matthieu qui a été appelé à être apôtre lorsqu’il était assis au bureau des impôts, et a eu la tâche d’écrire le premier Évangile. Christ Lui-même sert dans l’Évangile, et accomplit des œuvres puissantes qui l’accompagnent, comme le décrit Marc.

Marc fournit des précisions de temps, soit par son «aussitôt» caractéristique qui revient si souvent, soit par des spécifications encore plus précises — par exemple « en ce jour-là » de Marc 4:35 ; cela nous permet de clarifier certaines difficultés dans l’ordre des événements relatés dans les trois évangiles synoptiques. Une comparaison attentive fait voir que, sur les quatre écrivains inspirés, deux ont été conduits, sauf exception, à suivre l’ordre chronologique ; deux, à cause de leurs desseins respectifs, ont subordonné cet ordre, quand c’était nécessaire, à un groupement d’événements ou de discours indépendants ; et parmi ces deux paires, dans chaque cas, l’un était apôtre, l’autre ne l’était pas. Matthieu et Luc ne sont pas toujours liés à la simple séquence historique, tandis que Marc et Jean y adhèrent en règle générale.

Aucun d’entre eux ne peut être qualifié à juste titre de «fragmentaire», car l’œuvre de chacun est marquée par un but précis, et tout ce qui est inséré ou omis peut s’expliquer par ce but. Lorsqu’un incident illustre ce qui est du ressort des quatre, ils l’introduisent tous, comme, par exemple, la multiplication des cinq pains et des deux petits poissons. Lorsqu’il relève du domaine d’un seul, il est donné là, et nulle part ailleurs — comme l’impôt du Temple (didrachme) en Matthieu 17, ou le sourd qui parlait avec peine en Marc 7, ou la pécheresse repentante de Luc 7, et la Samaritaine de Jean 4, pour ne mentionner qu’un seul des nombreux faits, signes (miracles) et discours propres à chacun, et à Jean en abondance. Dans certains cas, trois donnent le même sujet, dans d’autres cas, deux seulement.

Mais ce n’est pas tout. S’il y a des phrases et des paroles notables communes à tous, il y a des différences tout aussi notables dans la façon dont elles sont exprimées. C’est pourquoi des esprits spéculatifs ont tenté irrévérencieusement de couper les nœuds qu’ils étaient incapables de dénouer, et par ailleurs des âmes non exercées ne parviennent pas à recueillir le profit voulu par l’Esprit par le moyen de chaque nuance de différence. Car c’est une perversion de la vérité que de dire que les écrivains étaient inspirés, mais pas leurs écrits. Si 2 Pierre 1:21 justifie l’inspiration des écrivains, l’inspiration des écrits est revendiquée de façon encore plus nette et explicite en 2 Tim. 3:16. Au v. précédent (2 Tim. 3:15), le titre de « saintes lettres » est appliqué à l’Ancien Testament ; mais au v. 16, l’Esprit de Dieu qualifie d’inspiré «tout» ce qui tombe sous la désignation d’«Écriture». Il n’est pas question d’infirmité humaine : il s’agit de la puissance de Dieu. Toute Écriture est inspirée par Dieu (θεόπνευστος). Non seulement les hommes étaient inspirés, mais également le résultat, selon l’apôtre Paul. D’ordinaire, leurs écrits, comme leurs paroles, auraient été susceptibles des imperfections de la parole humaine et des limites de la pensée humaine ; mais toute Écriture, tout écrit qui entre dans cette catégorie, est inspiré de Dieu, et n’est nullement «laissé» aux simples accidents des facultés humaines. Il est illégitime et illogique, pour ne pas dire malhonnête, de mêler à l’inspiration les multiples erreurs commises par les copistes au cours des âges, car il s’agit là d’une tout autre question. Tout ce que nous défendons, c’est le caractère divin indiscutable de l’Écriture.

Il y a donc des différences, mais au lieu que ce soit des discordances comme l’incrédulité les appelle hâtivement et improprement, par ignorance, elles sont l’effet et la preuve belle et instructive des desseins variés de Dieu. Prenons l’exemple de Matthieu 8, «une assemblée solennelle de témoins», comme quelqu’un l’a appelé à juste titre. Le lépreux est venu, en fait, bien avant ce qu’on appelle le Sermon sur la Montagne. Le «et voici» du v. 2 ne nous relie à aucune date. Mais comme le Saint Esprit avait déjà donné un résumé des prédications de grâce et des actes de puissance en grâce du Seigneur en Matt. 4:23-24, Il présente les détails de Son enseignement dans les chapitres 5 à 7, et les détails de Ses miracles au ch. 8 et encore d’une autre manière au ch. 9, où la date cède le pas à des considérations plus profondes, et où des preuves choisies sont regroupées à dessein. En Marc 1:40-45, où aucun dessein de ce genre n’est en jeu, nous voyons la guérison du lépreux à sa place historique. Luc confirme le fait que c’était «l’un de ces jours» où Christ était à Capernaüm, et avant la guérison du paralytique, qui, chez Matthieu, est réservée au premier cas de Matt. 9.

Mais, entrons dans les détails : la guérison du lépreux était une attestation appropriée de la puissance présente de l’Éternel-Messie qui débute Matt. 8. Cela prouvait Sa grâce envers le Juif venu dans son impureté et sa foi (même si elle était chancelante) ; la grande foi du centurion Gentil suit ensuite, et ce n’est qu’ici que cette relation est faite. Dans l’Évangile de Luc, elle occupe une place différente, et dans Marc elle n’en a aucune. Le troisième fait du ch. 8 de Matthieu est la guérison de la belle-mère de Pierre, si intéressante pour un Juif ; elle assure que la grâce envers les Gentils n’a pas détourné le cœur du Messie d’Israël ; il semble qu’elle est insérée ici dans ce but, alors qu’historiquement elle précède en date les deux miracles précédents, comme le montrent Marc 1 et Luc 4. Il en est de même, bien sûr, de la guérison de nombreux démoniaques et malades le soir après le sabbat, en accomplissement d’Ésaïe 53:4. Il n’est pas du tout difficile de croire que le Saint Esprit a conduit Matthieu à introduire à cet endroit ce que Luc présente dans un tout autre contexte (Luc 9:57), et avec un ajout également. Ceux qui veulent harmoniser les évangiles imaginent des événements doublés, mais ils ne sont pas plus fidèles que les commentateurs qui taxent les écrivains inspirés de divergences. La conversation avec un scribe (Matt. 8:18-22), quel que soit le moment où elle ait eu lieu, semble avoir été donnée dans le premier Évangile pour montrer le grand vase de la puissance et de la grâce divines — c’est-à-dire le Messie consciemment rejeté, le Fils de l’homme qui n’avait aucun lieu où reposer sa tête, mais réclamant pourtant d’un disciple d’être suivi, même si son père était mort. Nous savons aussi avec certitude que la tempête qu’Il calma et la délivrance des démoniaques eurent lieu après que les paraboles de Matthieu 13 aient été entendues et expliquées.

Le septénaire (série de sept événements) du ch. 9 de Matthieu est un groupement semblable de témoignages à la suite du ch. 8, qui indiquent non seulement Sa puissance divine déployée en Israël, mais la haine et la jalousie croissantes qu’elle excitait chez les scribes, jusqu’à ce qu’elle culmine chez les pharisiens cherchant à empoisonner les foules par leur blasphème : «Il chasse les démons par le chef des démons». Mais il n’est pas nécessaire de prouver davantage que Matthieu a été conduit, lorsqu’il le fallait, à énoncer les faits et les paroles de manière à donner le mieux possible l’ordre dispensationel, tandis que Luc a tout autant été conduit à présenter l’ordre moral. Prenez la généalogie du Seigneur comme une preuve évidente ; elle se trouve non pas en Luc 1, mais en Luc 3, après l’information de la mise en prison de Jean, et la scène merveilleuse qui suit, celle de Son baptême, bien que, naturellement, elle ait précédé de longtemps ce qui est relaté ici. Prenons encore les tentations, où Luc place la troisième tentation en second lieu selon un ordre moral, alors que les faits réels, tel qu’ils sont représentés par Matthieu, coïncident avec l’ordre dispensationel qu’ils avaient pour fonction de faire connaître. D’où la nécessité de l’omission remarquable dont témoigne le texte vrai et ancien, à la différence de l’erreur commune introduite par les copistes (va, arrière de moi, Satan, Luc 4:8), et par ceux qui harmonisent et d’autres, dont les fausses assimilations provoquent d’autant plus de doutes fâcheux chez leurs adversaires.

Quant au dessein divin, combien il est intéressant d’observer que l’Évangile de Marc ne fait pas mention de la lecture d’Ésaïe 61 par le Seigneur et de Sa prédication dans la synagogue de Nazareth, — pas plus d’ailleurs que Matthieu ou Jean ! Elle était réservée à Luc (ch. 4), comme une introduction grandiose de Christ au témoignage public, comme nous le verrons plus en détail à sa place. L’introduction de l’Évangile de Matthieu était l’application frappante, mais totalement différente, d’Ésaïe 9, où était promise la lumière brillante dans la Galilée méprisée. Il n’a pas été donné à Marc d’en faire état, mais seulement à Matthieu, dont le rôle était aussi et avant tout, de mettre en évidence l’accomplissement de la prophétie dans le Messie encore plus méprisé ; pareillement lui seul avait mentionné la visite des Mages, et la fuite en Égypte, et le massacre des petits enfants, tous allant dans le même sens.

De même, Marc n’a pas été conduit à présenter la remarquable guérison de l’esclave du centurion, qui occupe une place si importante dans le premier Évangile (Matt. 8:5-13), et une place encore plus grande dans le troisième (Luc 7:2-10). Marc donne bien la purification du lépreux, suivie de la guérison du paralytique, et dans les deux cas de façon très vivante ; mais il n’avait pas l’intention d’apporter le témoignage que la puissance de l’Éternel appellerait les Gentils quand Israël serait rejeté, comme en Matt. 8, pas plus que de montrer, comme en Luc 7, la foi du Gentil, — une foi comme on n’en voyait pas en Israël : elle reconnaissait la puissance de Dieu en Jésus pour commander souverainement et par amour, et elle était dans une âme rendue si humble par la grâce que cette âme discernait Son peuple dans les Juifs dégénérés, aimés et honorés à cause de Son nom.

De même, dans le premier et le second Évangile, nous n’avons aucun récit du fils de la veuve ressuscité des morts près de Naïn. Cela n’avait aucun rapport avec leur champ d’application particulier, et on peut présumer que c’est là la raison de l’omission ici. Mais ce récit était de la plus haute importance pour illustrer la puissance divine dans sa forme la plus élevée, unie à la plus grande sympathie humaine chez notre Seigneur Jésus, ce qui est donc exactement en accord avec le but spécial de l’Évangile de Luc, qui est seul à relater cet épisode.

C’est sur le même principe que l’on peut expliquer une grande partie de la matière intermédiaire donnée dans les parties centrales des premier et troisième Évangiles, et qui ne figure pas dans l’Évangile de Marc. Nous sommes ainsi délivrés des théories qui ont occupé beaucoup d’érudits, à leur propre détriment et à celui de ceux qui se fient à eux. Car ils ont cherché, sur des bases humaines, à expliquer les différents phénomènes des Évangiles synoptiques, les uns soutenant l’existence d’un document commun, les autres une tradition apostolique générale. On a encore attribué une intention supplémentaire à ceux qui ont suivi au fur et à mesure le premier dans sa contribution à la somme qui s’est formée et développée peu à peu. S’ils avaient cru au dessein spécial imprimé par le Saint Esprit sur chacun d’eux, on aurait évité des spéculations erronées, et cela aurait été à l’honneur de la parole de Dieu et pour le bénéfice spirituel de Ses enfants. On aurait alors su sans doute que les différences qui se produisent ne sont en aucun cas des divergences, mais elles découlent de la sagesse de Dieu, et non de la faiblesse de l’homme, et elles ajoutent une valeur incalculable au témoignage de Christ, et par conséquent à l’intelligence spirituelle de celui qui accepte tout comme venant de Dieu, dans la foi en Sa vérité et en Son amour. (*)

 

(*) Sur le «Dessein divin» retracé chapitre par chapitre, voir la suite de ce qui précède dans Bible Treasury, vol. 13, p. 124 et suivantes.

 

La critique légitime peut chercher à retrouver le vrai texte à partir de documents fiables, et différant plus ou moins dans le temps en raison de l’infirmité ou des fautes humaines. Mais elle suppose à juste titre un dépôt divin à l’origine. Aucune personne intelligente ne voudrait mélanger cette question avec l’inspiration de Dieu ; les diverses leçons relèvent du domaine distinct de la responsabilité de l’homme, tandis que l’Écriture relève de la grâce divine. Le problème du vrai critique est d’utiliser tous les moyens, externes et internes, pour retrouver ce qui a été écrit à l’origine (voir plus loin). Ce qu’on appelle la «haute critique» est essentiellement fallacieuse, soit qu’elle nie Dieu comme Auteur, soit, si elle ne va pas jusque-là, qu’elle prétende effrontément parler en Son nom. Même les chrétiens sont en danger de tenir compte de ce que supposent ces ennemis de la parole écrite, lorsqu’ils disent que celle-ci ne revendique nulle part l’autorité divine. Il n’y a pas seulement une preuve par déduction donnée dans la Bible en général, mais il y a aussi la preuve déterminante de la révérence à l’égard de tout ce qui était déjà écrit, — preuve manifestée par notre Seigneur, le Seigneur de tout. C’est une vérité dogmatique que l’inspiration de Dieu est revendiquée pour toute l’Écriture — non seulement pour tout ce qui a été donné avant que l’apôtre Paul écrive sa dernière épître, mais aussi pour la partie qui restait à écrire. Car telle est la force de 2 Tim. 3:16 : «Toute Écriture est inspirée de Dieu et utile», etc. Si l’on avait voulu parler du corps d’écritures existant, l’article aurait été nécessaire, comme au v. 14, qui ne parle que de l’Ancien Testament. Si le sens avait voulu être que l’inspiration concernait l’ensemble existant, il aurait fallu l’article avant Écriture, comme au v. 14 (2 Tim.3), qui ne parle que de l’Ancien Testament. L’absence de l’article est tout à fait correcte, car elle accrédite la même source et le même caractère pour tout ce que Dieu a pu vouloir accorder jusqu’à ce que le canon soit complet.

En effet, l’Apôtre avait antérieurement fait en substance la même affirmation en 1 Cor. 2. Là où les oracles hébreux s’arrêtaient, le Nouveau Testament a révélé tout ce qu’il y a à communiquer pour la gloire et la bonté de Dieu (1 Cor. 2:9-13) : «Lesquelles choses aussi nous disons, non pas en paroles enseignées par la sagesse humaine, mais en paroles enseignées par l’Esprit, communiquant du spirituel par du spirituel» ou, si nous comblons le vide, «communiquant des [choses] spirituelles par des [paroles] spirituelles». Les paroles étaient aussi positivement de l’Esprit Saint que les pensées. Telle est la propriété essentielle de l’Écriture. Ainsi tout était de l’Esprit de Dieu — la révélation, la communication, et aussi la réception. Le rationalisme nie Dieu en tout cela, en l’attribuant à l’esprit de l’homme qu’il peut élever à celui de Dieu, alors qu’il est dans les ténèbres et marche dans les ténèbres, ne sachant où il va, parce que les ténèbres ont aveuglé ses yeux (1 Jean 2:11).

Encore une fois, la traduction, comme l’interprétation et l’édition du texte issu de différents témoins, relève de l’utilisation responsable de l’Écriture, et est tout à fait distincte du fait de l’inspiration divine. Sans doute la conviction que Dieu a inspiré toute Écriture devrait agir puissamment sur l’esprit de tout croyant qui entreprendrait des travaux aussi sérieux, et elle est destinée à lui faire sentir sa dépendance à l’égard de Dieu dans l’emploi de toute diligence et de tous les moyens appropriés pour atteindre le but visé. Mais l’inspiration signifie, comme le dit l’un de ceux qui y sont employés, que des hommes ont parlé de la part de Dieu, mus (ou entraînés) par le Saint Esprit (2 Pierre 1:21). Ainsi, l’Écriture n’est pas de l’esprit ou de la volonté de l’homme, mais de Dieu, comme personne ne l’a jamais montré plus clairement que notre Seigneur, et donc par une autorité finale et divine. D’où aussi le danger et le mal pour quiconque de donner, quelle que soit la cause de cette faute, sa propre pensée et non celle de Dieu en éditant, traduisant ou interprétant. Ce que Dieu a communiqué est capable de rendre sage à salut par la foi qui est dans le Christ Jésus (2 Tim. 3:15). «N’est-il pas écrit ?» ; si on applique vraiment cette question, elle est absolument concluante dans le jugement de Celui qui jugera vivants et morts. «Et l’Écriture ne peut être anéantie» (Jean 10:35).

Combien le privilège est immense, aussi ! Dans sa dernière partie, c’est la révélation de Dieu, non seulement de Dieu, mais de Lui-même, et de Dieu qui nous parle en Fils — non pas simplement le Premier-né, mais le Fils unique, la révélation du Père et du Fils par le Saint Esprit. Oh, la grâce, aussi, de Son Fils daignant devenir un homme, afin que ce qui est absolu nous soit rendu relatif dans les tendres affections d’un homme même, de Celui qui pourtant était et est Dieu comme Son Père. D’où le changement total de notre regard sur les choses, visibles ou invisibles, selon Dieu, où les plus grandes sont ramenées jusqu’à notre cœur, et où, par les plus petites, nous apprenons à être proches de l’amour de Dieu ; rien n’est trop grand pour nous, rien n’est trop petit pour Dieu, comme disait quelqu’un d’autre qui a quitté ses travaux pour être avec Christ. Christ seul, Christ pleinement, explique les deux, et l’Écriture est la véritable maison du trésor ainsi que la norme de tout cela, selon que l’Esprit a été envoyé du ciel pour nous le faire éprouver de toutes manières. Aucune tradition ne peut servir pour une tâche aussi gigantesque.

L’Esprit de Dieu qui enregistre ne se limite pas aux simples paroles que Jésus a prononcées. Je considère que c’est là une question importante pour former un jugement sain sur les Écritures. La notion dans laquelle les orthodoxes s’enferment parfois, dans leur zèle pour l’inspiration plénière, est à mon avis tout à fait mécanique ; ils pensent que l’inspiration donne nécessairement et uniquement les mots exacts que Christ a prononcés. Il me semble qu’il n’y a pas la moindre nécessité à cela. Il est certain que le Saint Esprit donne la vérité, toute la vérité, et rien que la vérité. Les différences ne sont pas dues à quelque infirmité, mais à Son dessein, et ce qu’Il nous a donné est incomparablement meilleur qu’un simple rapport de tant de mains qui seraient toutes censées donner les mêmes paroles et les mêmes faits... Matthieu et Luc nous donnent tous deux la parabole du semeur, mais Matthieu l’appelle la parole du royaume, tandis que Luc l’appelle la parole de Dieu. Le Seigneur Jésus peut avoir employé les deux dans Son discours à cette époque... L’Esprit de Dieu ne nous a pas donné d’avoir les deux dans le même Évangile, mais Il a agi avec une souveraineté divine. Il ne réduit pas les évangélistes à de simples rapporteurs littéraux. ... Le simple système mécanique ne peut jamais expliquer l’inspiration. Il se trouve entièrement déconcerté par le fait que les mêmes paroles ne sont pas données dans tous les évangiles. Prenez Matthieu (5:3) : «Bienheureux les pauvres», et Luc (6:20) : «Bienheureux, vous pauvres». Voilà une difficulté gênante pour le schéma mécanique de l’inspiration ; ce n’en est pas une pour ceux qui tiennent à la suprématie du Saint Esprit dans l’emploi d’hommes différents comme vases de Ses divers desseins.

 

1.3        La Critique Textuelle

Bien que des critiques compétents aient cherché pendant un siècle à éditer le Nouveau Testament grec sur la base de manuscrits grecs, d’anciennes versions et de citations anciennes, aucun n’a encore réussi à obtenir une confiance plus que partielle. C’est pourquoi tout érudit prudent et consciencieux qui veut vraiment connaître les sources doit comparer plusieurs de ces éditions et rechercher les raisons de leurs différences, afin d’avoir une vue correcte et élargie du texte et de juger honnêtement les leçons contradictoires qu’elles revendiquent... Un jugement spirituel mûr, avec une dépendance continuelle du Seigneur, est tout aussi essentiel qu’une familiarité saine et approfondie avec les anciens témoignages de toutes sortes.

Lachmann publia un manuel du Nouveau Testament, se disant basé sur l’idée de Bentley de présenter le texte tel qu’on le lisait au quatrième siècle... d’un seul coup, il condamnait la masse des témoins survivants à une mort ignominieuse, et nous présentait un texte formé sur des principes absolus d’une singulière étroitesse.... Négliger des preuves internes est un obstacle fatal. Mais la grande erreur consiste à dire qu’un manuscrit du quatrième ou du cinquième siècle doit donner de meilleures leçons qu’un manuscrit du septième ou du huitième siècle. Or cela n’est nullement certain. Il y a une présomption en faveur du manuscrit le plus ancien, car chaque transcription successive tend à introduire de nouvelles erreurs en plus des précédentes qu’on répète. Inversement, une copie du neuvième siècle peut avoir été faite à partir d’une copie plus ancienne que toutes celles existantes, et il est certain que certains documents anciens sont plus corrompus que beaucoup de témoins plus récents. Tout érudit honnête doit reconnaître, pour le moins, que les manuscrits les plus anciens ont quelques mauvaises leçons, et que les manuscrits modernes en ont de bonnes. La distinction n’est donc pas à faire entre les preuves unies tirées des documents les plus anciens (Manuscrits, Versions, citations des Pères), et la masse des documents plus récents ; car rarement, sinon jamais, il n’y a un témoignage ancien unanime sans qu’il soit considérable soutenus par des témoins ultérieurs. En vérité, là où les documents anciens sont vraiment d’accord, il y a presque toujours une grande confirmation ailleurs, et là où les anciens diffèrent, les modernes aussi. Il est donc tout à fait sans fondement de traiter cette question comme une question pure et simple entre l’ancien et le nouveau. Le point important n’est pas non plus de rechercher quelles leçons particulières existaient à l’époque de Jérôme. Car des erreurs notoires de toutes sortes s’étaient déjà glissées dans les copies grecques et latines, et aucune ancienneté ne peut sanctifier l’erreur. La vraie question est la suivante : en se servant de tous les moyens disponibles pour former un jugement, quel était le texte primitif ? On oublie souvent que nos plus anciens documents ne sont que des copies. Plusieurs siècles se sont écoulés entre l’Écriture originale du Nouveau Testament et tous les manuscrits existants actuellement. Tous, par conséquent, sont basés sur des copistes ne différant que par le degré. Il ne s’agit donc pas de comparer un seul témoin oculaire avec de nombreux rapporteurs par ouï-dire, à moins de disposer des autographes originaux. En fait, nous savons que le récit d’un historien, trois siècles après les faits allégués, peut être, et est souvent, corrigé, cinq cents ou mille ans après, par le retour à des sources plus dignes de confiance, ou par un filtrage plus patient, plus complet et plus habile des preuves négligées.

Ma conviction personnelle est que dans certains cas, surtout pour des paroles isolées, la copie la plus ancienne qui existe peut être corrigée par une autre généralement inférieure presque à tous égards, et que les preuves internes doivent être utilisées, dans la dépendance de l’Esprit de Dieu, quand les autorités externes sont en conflit.

 

2        Marc 1

Voir «Leçons introductives aux Évangiles», p. 140-156.

 

2.1        Ch. 1:1-18

Cf. Matt. 3:1-11 ; Luc 3:1-17 ; Jean 1:19-30.

 

Marc nous donne le ministère du Seigneur. Son récit est bref ; et il y a peu d’événements qui ne sont pas rapportés par Matthieu et Luc. Néanmoins, quelle lacune il y aurait dans notre vision de la vie et de l’œuvre du Sauveur ici-bas si nous cachions Marc ! Personne n’a une manière plus caractéristique de présenter ce qu’il nous donne. Nulle part ailleurs, nous n’avons des images aussi vivantes de la vie de notre Maître — non seulement ce qu’Il a dit et fait, mais comment Il regardait et ressentait. En outre, il y a le dessein évident d’attirer notre attention sur Son service de l’Évangile ; et tous les incidents choisis, ainsi que la manière particulière dont ils sont traités, portent sur ce sujet de poids et touchant : le Seigneur Dieu comme le serviteur, dans le ministère humble et fidèle de l’Évangile ici-bas.

 

2.1.1        Ch. 1:1

Le début même de l’ouvrage de Marc illustre ce qui vient d’être dit : «Commencement de l’évangile de Jésus Christ ; le Fils de Dieu ; comme il est écrit dans le prophète Ésaïe : Voici, moi j’envoie Mon messager devant Ta face, lequel préparera Ton chemin. La voix de celui qui crie,» etc. Nous entrons tout de suite dans la grande affaire dont le Saint Esprit s’occupait. Il n’y a pas de sonnerie de trompettes pour annoncer le Roi dans un style et avec un titre appropriés. Cela a sa juste place dans Matthieu, qui retrace la généalogie depuis Abraham et David, ainsi que la lignée royale élue de Salomon, ce qui s’accorde si admirablement avec l’objectif de Dieu. Les circonstances avant et après Sa naissance suivent, toutes tendant au même but : présenter Jésus comme le vrai et précieux Messie d’Israël. Luc et Jean, on pourrait le démontrer aisément, ont été doués par l’Esprit d’une sagesse également frappante et appropriée pour maintenir le but respectif de leur Évangile ; mais l’espace ne permet pas de tarder à parler de ces détails.

 

2.1.2        Ch. 1:2

Il est bon, cependant, en notant le beau caractère direct du tableau mis ici sous nos yeux, d’observer qu’il n’y a aucune précipitation, aucune omission de ce qui était une préface des plus importantes pour le récit de Jésus exerçant ainsi Son ministère, — à savoir l’apparition et les services préalables de Jean le Baptiseur. C’est à cela que semble faire allusion les paroles du début. C’était plus qu’une prophétie, bien que conforme aux prophètes, comme le prouvent les v. 2 et 3. Il nous est dit ailleurs que «la loi et les prophètes ont été jusqu’à Jean» (Matt. 11:13) qui a fait un grand pas en avant comme «commencement de l’évangile de Jésus Christ». Telle était la voix de celui qui criait dans le désert, après le long silence qui avait régné sur le témoignage de Dieu à Jérusalem.

En outre, n’est-il pas touchant de voir qu’étant sur le point de suivre les pas du fidèle Serviteur de Dieu, le seul parfait, le Saint Esprit, dans Sa souveraine sagesse, a opéré dans Sa citation de Mal. 3:1 un changement qui atteste la gloire divine de Jésus ? Dans la prophétie, c’est l’Éternel qui envoie Son messager pour préparer le chemin devant Lui. Dans l’évangile, c’est encore l’Éternel qui envoie Son messager, mais c’est maintenant devant «Ta face» — c’est-à-dire la face de Jésus Christ. La vérité est que Jésus, aussi humble qu’Il fût, était l’Éternel. Matthieu tire la même vérité de Son nom. «Tu appelleras Son nom Jésus, car c’est Lui qui sauvera Son peuple de ses péchés» (Matt. 1:21). Or, les Juifs n’étaient le peuple de personne d’autre que de l’Éternel. Ce changement dans la citation de Malachie au début de notre Évangile est d’autant plus remarquable que Marc, à la différence de Matthieu, cite rarement les Écritures. On voit combien c’est parfaitement en harmonie avec cet Évangile, et aussi à sa partie initiale. Si le Seigneur de gloire venait ou vient sous la forme d’un serviteur et à la ressemblance des hommes, il était tout à fait approprié que la prophétie ne soit pas anéantie, mais se plie devant Lui, et qu’un nouveau témoignage encore plus béni commence.

 

2.1.3        Ch. 1:3-5

Mais où crie cette voix du héraut, et où baptisait-il ? «Dans le désert». Quel était donc l’état de Jérusalem et du peuple de Dieu ? Ils devaient sortir vers Jean s’ils voulaient prendre leur juste place devant Dieu. Ce qu’il présentait était le baptême de repentance pour la rémission des péchés. L’effet était grand ; je ne dis pas salvateur, mais étendu, et touchant la conscience. «Tout le pays de Judée et tous ceux de Jérusalem sortaient vers Lui ; et ils étaient baptisés par lui dans le fleuve du Jourdain, confessant leurs péchés». Tout cela est ici esquissé par Marc, clairement mais rapidement et brièvement, sans s’arrêter en chemin pour mettre devant nous, comme Matthieu avait besoin de le faire selon le dessein de Dieu, les hommes orgueilleux et faux de cœur qui tenaient la place de chefs religieux de l’époque, et qui allaient être les objets du jugement de Dieu, certain et scrutateur.

 

2.1.4        Ch. 1:6-8

Mais si Jean avait une place particulière, et si sa demeure, ses vêtements et sa nourriture témoignaient de sa séparation d’avec l’état mauvais d’Israël, sa tâche plus heureuse était de témoigner de la supériorité de la personne de Christ et de Son ministère, par rapport à lui et au sien. Rien n’est dit ici du baptême de feu, comme en Matthieu et en Luc où ce sujet était requis. Mais Marc a été inspiré de ne parler que de la partie du témoignage de Jean directement associée à l’œuvre du Seigneur dans l’Évangile, à savoir le baptême du Saint Esprit. Ce n’est pas, bien sûr, que la repentance eût cessé avec Christ, ni que, dans un monde de péché, elle puisse jamais cesser d’être le chemin nécessaire d’une âme qui est née de Dieu. Cependant, le fait qu’une âme se tourne vers Dieu, dans le sentiment du péché et dans le jugement de soi, est différent de la puissance divine qui écarte le mal sur la base d’une rédemption accomplie par la grâce de Dieu. C’est la bénédiction caractéristique du christianisme.

 

2.2        Ch. 1:9-11

Matt. 3:13-17 ; Luc 3:21-22 ; Jean 1:31-34.

 

Pourtant, Jésus, le Baptiseur du Saint Esprit, fut Lui-même baptisé par Jean dans le Jourdain, et Lui-même reçut le Saint Esprit ! Quelle vision et quelle vérité ! Infiniment au-dessus du péché et des péchés (qu’Il ne connaissait même pas, 2 Cor. 5:21), Il fut pourtant baptisé d’eau. Il n’avait pas d’injustice à confesser, mais c’est ainsi qu’il Lui convenait d’accomplir toute justice (Matt. 3:15). C’est de Nazareth en Galilée qu’Il venait, Lui qui était sur toutes choses Dieu béni éternellement (Rom. 9:5). C’est là qu’Il demeurait, comme nous le dit Matthieu, afin que la parole des prophètes s’accomplisse en cela, comme en tout le reste. Le ciel pouvait-il rester impassible en contemplant une telle grâce ? Impossible : «Et aussitôt qu’il sortit de l’eau, il vit les cieux se fendre, et l’Esprit descendre sur lui comme une colombe». Quelle signification avait cet acte de baptême dans la pensée de Dieu ! «Et une voix se fit entendre des cieux, disant : Tu es mon Fils bien-aimé, en Toi j’ai trouvé mon plaisir» (*). «Lui que Dieu le Père a scellé» dit l’évangile de Jean (6:27). Ce n’est pas seulement le fait qui est rapporté ici, mais «Il vit» (1:10), etc. Bien que véritablement Dieu, Il était homme ; bien que Fils, Il devint un esclave, et Il était maintenant sur le point d’entrer dans Son ministère. Il reçut l’Esprit en même temps que la reconnaissance de Sa filiation. Il avait justifié la sentence de Dieu sur Israël et l’appel qu’Il lui adressait — Il s’était joint en grâce aux âmes qui s’étaient courbées devant cette sentence dans les eaux du Jourdain ; mais cela ne pouvait avoir lieu sans la réponse du Père pour la joie de Son cœur dans le chemin qu’Il allait parcourir. L’un (le baptême d’eau au Jourdain) était l’accomplissement de toute sorte de justices, et non pas seulement la justice légale (ceci en grâce, car il n’y avait aucune nécessité de mal dans Son cas), l’autre (la voix du Père) était Sa reconnaissance par le Père dans une relation personnelle de haute proximité, sur laquelle Sa soumission au baptême aurait pu jeter du trouble à des yeux charnels.

 

(*) En raison de son association avec tous ceux qui, en Israël, ressentaient et reconnaissaient leur condition aux yeux de Dieu... le Sauveur s’identifiait avec le résidu craignant Dieu.

 

2.3        Ch. 1:12-13

Matt. 4:1-11 ; Luc 4:1-13.

 

«Et aussitôt l’Esprit Le pousse dans le désert ; et Il fut dans le désert quarante jours, tenté par Satan ; il était avec les bêtes sauvages, et les anges Le servaient». Quelle image de Sa position en quelques mots de Dieu ! Moïse, le législateur, avait été avec Dieu sur la montagne pendant quarante jours ; Élie, le prophète, avait été dans le désert avec Dieu pendant la même période, soutenu sans qu’il fût besoin de nourriture de l’homme. Mais qu’étaient ces deux miracles comparés à la situation de Jésus ? Pour Lui, le Fils, être avec Dieu était, et avait été Sa part de toute éternité, — Sa place naturelle, pour ainsi dire ; mais maintenant Il était descendu sur la terre, homme parmi les hommes, et dans le désert, auquel le péché avait réduit cette belle création, Il est tenté pendant quarante jours par Satan. L’homme n’était pas là, mais il y avait les bêtes sauvages, comme notre évangéliste l’ajoute avec force ; et là aussi, les anges étaient à son service. Voilà toute Sa merveilleuse préparation pour un service non moins merveilleux.

Nous avons vu jusqu’ici en Christ les grands préparatifs pour le service de Dieu, le début étant, bien sûr, modifié par Son absence intrinsèque et absolue de péché. Et je crois qu’il en est de même, dans une certaine mesure, pour quiconque est appelé par le Seigneur à suivre Son chemin. Il y a, tout d’abord, la reconnaissance de notre vraie place devant Dieu. Quelle jouissance réelle de notre relation spirituelle peut-il y avoir tant que nous ne nous courbons pas devant Dieu dans la vérité de notre condition ? Il peut y avoir une sorte de joie à la pensée du pardon des péchés ; mais ce pardon, aussi doux et important soit-il, n’est, après tout, qu’un acte — un acte immense et divin — de la grâce souveraine par le sang versé du Sauveur. Il n’est pas en soi l’existence ou la jouissance de notre nouvelle relation de fils avec le Père. Cela est donné ensuite, avec le sceau de l’Esprit. Nous aussi, conduits par l’Esprit, nous avons l’heureux témoignage que nous sommes enfants de Dieu. Mais ensuite, il faut prendre conscience de ce qu’est la puissance de Satan, et aussi du désert, avant d’avoir la pleine capacité de servir les autres dans la puissance de Dieu.

 

2.4        Ch. 1:14-20

Matt. 4:12-22 ; Luc 4:14-15, Luc 5:1-11.

 

2.4.1        Ch. 1:14-15

«Mais après que Jean eut été livré, Jésus vint en Galilée, prêchant la bonne nouvelle du royaume de Dieu». C’était le moment approprié pour Son ministère public. C’était une heure peu adaptée à la nature, alors que le précurseur du Messie goûtait l’inimitié du monde ; mais Jésus n’est pas venu pour échapper aux peines de l’amour dans un monde haineux, mais pour faire connaître ce qu’est Dieu, malgré, et même à cause, d’un tel monde. C’est pourquoi Il dit : «Le temps est accompli, et le royaume de Dieu (*) s’est approché. Repentez-vous et croyez à la bonne nouvelle (l’évangile)». Il n’y avait plus de délai pour le témoignage de la grâce. Il n’était plus question de la loi, mais de se repentir et de croire à l’Évangile.

 

(*) Matthieu utilise «royaume de Dieu» dans quelques passages où «royaume des cieux» ne pouvait être utilisé (Matt. 6:33 ; 12:28 ; 21:43). Ainsi, le royaume de Dieu était là lorsque Christ le Roi était là ; le royaume des cieux a commencé lorsque Christ est allé au ciel. Bientôt, lorsque Satan cessera de régner, ce sera le royaume des cieux (et de Dieu aussi, bien sûr), non pas en mystère, mais en manifestation. Le royaume de Dieu a aussi une force morale que le royaume des cieux n’a pas, et c’est de cette manière que Paul l’utilise fréquemment, et qui convenait particulièrement au dessein de l’Esprit dans Luc.

 

2.4.2        Ch. 1:16-20

Mais, bien que ce fût alors le temps de l’action divine, la grâce voulait avoir des participants à sa propre joie. Ainsi, nous avons Simon et André, Jacques et Jean, appelés à devenir pêcheurs d’hommes. Ils avaient connu et cru en Jésus auparavant, mais maintenant ils doivent Le suivre et être avec Lui. Bateaux, filets et père (c'est-à-dire leur propriété terrestre, leur occupation ordinaire et leur relation naturelle) doivent céder à l’appel de Jésus. Non pas que tous soient appelés à suivre Jésus de cette manière ; mais assurément c’est le Saint Esprit qui conduit l’âme qui est née de nouveau à L’appeler Seigneur. Cette confession est-elle réelle ou dénuée de sens ? Par son sang, nous sommes rachetés pour Dieu. Nous ne sommes pas à nous-mêmes ; nous avons été achetés à un prix. Il est notre Seigneur, non seulement dans les grandes choses, mais aussi dans les plus petites affaires de la vie quotidienne. Et je suis sûr qu’une crise survient dans l’histoire des âmes croyantes, lorsqu’elles doivent être mises à l’épreuve pour savoir dans quelle mesure cela est vrai expérimentalement. Car Satan cherche à nous tenter, à nous faire sortir de l’heureuse place de serviteurs de Christ, à nous faire en quelque sorte des seigneurs. Cherchons-nous nos propres intérêts, notre propre plaisir, nos propres aises ? Luttons-nous pour notre propre volonté ? Cherchons-nous à être quelque chose dans le monde, ou, en tout cas, quelque chose dans l’Église ? Qu’est-ce que c’est, sinon d’être des seigneurs au lieu d’être Ses serviteurs ? Mais Le reconnaître comme Seigneur, faire sa volonté, voilà ce qui nous appartient en propre. C’est pour cela que nous sommes sauvés. C’est pour cela qu’Il est mort, et c’est pour cela que nous devons vivre — pour reconnaître Jésus comme Seigneur. Vivre pour nous-mêmes en quoi que ce soit, c’est Le priver de Ses droits, et c’est nier, jusqu’à un certain point, le grand prix qu’Il a payé pour nous faire Siens.

 

2.5        Ch. 1:21 -28

Luc 4:31-37.

 

2.5.1        Ch. 1:21-22

«Ils se rendent à Capernaüm, et aussitôt, le jour du sabbat, il entra dans la synagogue et enseigna. Et ils étaient étonnés de sa doctrine, parce qu’il leur enseignait comme ayant autorité, et non pas comme les scribes». C’est le premier point essentiel dans le ministère de la parole de Dieu : qu’elle soit prononcée avec autorité. La chair peut l’imiter. Le monde pense que la volonté propre est la seule chose qui puisse servir à atteindre un but quelconque. Mais quelle que soit la force de la volonté de l’homme dans les choses des hommes, la certitude de la volonté de Dieu est la seule chose par laquelle le Saint Esprit revêt d’autorité la parole dans les choses divines. C’est ce qui a eu lieu en premier avec Christ, car Lui seul, en tant qu’homme, avait toujours le Seigneur devant Lui (Ps. 16:8). Mais même dans notre cas, il faut parler avec l’assurance de la pensée et de la volonté de Dieu (1 Pierre 4), si tant est que nous parlions pour Dieu ; sinon, il vaudrait mieux se taire. Il n’en était pas ainsi avec les scribes. Ils pouvaient raisonner ou éblouir, selon que l’argument ou la fantaisie l’emportait. Mais pour nous, il vaut mieux ne pas parler si nous n’avons pas la certitude de ce que Dieu aurait dit à un moment donné. En parlant avec incertitude, on ne fait que communiquer aux autres nos doutes ou nos ténèbres. Mais si par grâce nous avons la certitude de la vérité de Dieu, qu’elle soit dite avec autorité. C’est en tant que serviteur que Christ le fait ici. Il était Lui-même la perfection de l’humilité ; car parler avec la plus grande autorité n’est nullement incompatible avec un esprit humble, quand on n’a aucun doute sur la pensée de Dieu.

 

2.5.2        Ch. 1:23-28

Mais ensuite, nous trouvons «qu’il y avait dans leur synagogue un homme possédé d’un esprit impur, et il s’écria, disant : Ha ! qu’avons-nous à faire avec toi, Jésus Nazaréen ? Es-Tu venu pour nous détruire ? Je sais qui Tu es, le Saint de Dieu. Et Jésus le tança (réprimanda) en disant : Tais-toi, et sors de lui. Et quand l’esprit impur l’eut déchiré, et qu’il eut crié d’une voix forte, il sortit de lui». Combien ces possessions démoniaques apparaissaient de manière frappante en présence de Jésus ! En lisant les Évangiles, on pourrait presque penser que tous les cas existants et possibles à l’époque s’étaient pressés autour de Lui. Mais la vérité est qu’il y en avait peut-être autant auparavant, mais la présence de la lumière divine les faisait tous ressortir ; la présence de Jésus, le Fils de Dieu, mettait Satan aux abois et faisait tomber le masque qui avait pu couvrir ses victimes auparavant. Dans une certaine mesure, cela peut être observé partout où la puissance de la vérité et de la sainteté de Dieu est à l’œuvre. Élève-t-il une bannière ? L’opposition se fera immédiatement sentir, et l’ennemi se déclarera. L’esprit impur serait volontiers resté tranquille, mais il reconnaît la puissance de Jésus de Nazareth, le méprisé. La puissance de Satan ne pouvait que sentir la présence et la suprématie du méprisé des hommes, mais qui était le Saint de Dieu. Jésus, cependant, le tance, et délivre le possédé, à l’étonnement de tous ceux qui reconnaissaient la nouvelle doctrine en raison de la puissance qui jugeait et chassait l’ennemi.

 

2.6        Ch. 1:29-34

Matt. 8:14-16 ; Luc 4:38-41.

 

Et ce n’est pas tout. La parole divine était ressentie, et les démons étaient chassés. La maladie aussi s’enfuyait à Son contact, et cela non seulement dans le cas individuel de la mère de la femme de Simon, mais dans des foules d’autres personnes, misérables et affligées de toutes manières. À cet égard, nous n’avons qu’à nous humilier devant Dieu, car l’Église était autrefois le siège de cette même merveilleuse énergie de réprimer les maladies et de chasser les démons. C’était les puissances du siècle à venir. Mais Dieu a dépouillé l’Église de ses ornements à notre honte, et il nous convient d’en être humiliés. Mais tournons-nous vers Jésus. Il était inlassable dans Sa journée de labeur et de service pour les autres ; cela n’a pas changé. Il poursuit toujours Son œuvre d’amour ; car «au coucher du soleil, on Lui apporta tous ceux qui se portaient mal et ceux qui étaient possédés par des démons, et toute la ville était rassemblée à la porte ; Il guérit beaucoup de gens atteints de diverses maladies, et Il chassa beaucoup de démons, et Il ne permettait pas aux démons de parler, parce qu’ils Le connaissaient». Il refusait ce témoignage mixte. Il faut qu’il soit divin pour qu’Il l’accepte.

 

2.7        Ch. 1:35-39

Luc 4:42-44.

 

Mais ce qui est si béni pour nous et si instructif aussi, c’est le prochain beau trait que nous trouvons dans le Seigneur comme serviteur sur la terre. «S’étant levé le matin, bien avant le jour, Il sortit et s’en alla dans un lieu désert, et là Il priait». Bien qu’Il ait été occupé tôt et tard par les souffrances des autres, nous Le trouvons ici devançant l’aube de beaucoup, alors qu’il faisait encore nuit noire, afin de s’entretenir avec Son Père. Et quelles étaient les communications entre un tel Père et un tel Fils ? L’Ancien Testament nous dit : «Le Seigneur l’Éternel m’a donné la langue des savants, afin que je sache soutenir par une parole celui qui est las. Il me réveille matin après matin, Il réveille Mon oreille pour que j’écoute comme ceux qu’on enseigne» (Ésaïe 50:4). Le Nouveau Testament nous dit comment Il se rendait longtemps avant le jour dans un lieu désert, et qu’Il y priait. Et s’Il se retirait ainsi pour être avec Dieu, Lui-même le Seigneur Dieu, avant de se mettre au travail de la journée, pouvons-nous nous étonner que nous faillissions tant dans le travail au dehors, nous qui faillissons encore plus quant à l’intimité intérieure avec notre Père ? Soyons assurés que le secret de la force sainte et de l’endurance dans le service se trouve uniquement là.

 

2.8        Ch. 1:40-45

Matt. 8:1-4 ; Luc 5:12-16.

 

2.8.1        Différences entre les évangiles : ordre chronologique ou non

Avant de parler de la purification du lépreux, considérons un peu la structure de notre Évangile par rapport aux autres. Un examen attentif convaincra bientôt le lecteur que Marc suit l’ordre des faits, comme le fait Jean, à une très légère exception près, dans la mesure où il nous donne un récit historique. Ni Luc ni Matthieu n’adhèrent à l’ordre successif évident des événements : le premier, en vue de développer la portée morale des faits, a enregistré la condition réelle de l’homme et les ressources admirables de la grâce divine ; le second, afin de manifester plus vivement le changement de dispensation consécutif au rejet du Messie. Je crois que tel était le but du Saint Esprit dans leurs Évangiles respectifs, sans prétendre dire jusqu’à quel point les auteurs ont pu entrer dans les vastes desseins de Dieu dans leurs propres écrits inspirés. En général, le caractère de l’inspiration du Nouveau Testament est une communion intelligente avec la pensée de Dieu, et non pas un moyen instrumental seulement, comme c’était le cas habituel pour les prophètes juifs (1 Pierre 1). La grande question, cependant, est de savoir quelle était l’intention de Dieu, qui avait en vue l’instruction et la bénédiction permanentes de Son Église par la parole écrite.

Il existe des différences, fréquentes et graves, entre les différentes présentations du Seigneur dans les Évangiles, à la fois dans l’ordre des récits et dans la manière dont les circonstances et les discours particuliers nous sont présentés. À quoi faut-il attribuer ces nuances variant sans cesse ? Est-ce à la simple infirmité d’hommes de bien, qui ont fait de leur mieux, mais dont on ne pouvait attendre une concordance absolue, car même les meilleurs et les plus doués ne sont pas d’accord dans leurs pensées, leurs sentiments, leurs compréhensions et leurs jugements ? Ou, au contraire, faut-il attribuer ces divergences apparentes, non pas à la faiblesse de l’homme, mais à la sagesse de Dieu ? Et faut-il considérer avec respect toutes les divergences qui les séparent, comme chargées de vérité autant que leurs points de concordance évidents ? N’oublions pas un seul instant que les livres de l’Écriture Sainte offrent un magnifique maintien du style et de la manière propres à leurs auteurs pris individuellement. Mais souvenons-nous tous et toujours que soutenir l’individualisme est une chose bien distincte de permettre l’erreur, et que l’inspiration divine n’admet pas l’erreur et ne détruit pas l’individualité.

Qu’il y ait des différences nombreuses et frappantes entre les Évangiles, c’est évident pour tout le monde, sauf pour le lecteur le plus négligent ; que ces différences soient divinement données, et non des défauts d’inadvertance, c’est également certain pour le croyant. Confesser l’inspiration des évangélistes, tout en attribuant aux évangiles une erreur quelconque, c’est se tromper soi-même et pécher contre Dieu. L’inspiration n’est plus l’inspiration si elle est compatible avec l’erreur. Rendre compte des nuances, montrer combien elles sont toutes nécessaires, raisonnables et divinement parfaites, c’est une autre affaire, qui dépend de notre degré d’intelligence et de puissance spirituelles ; mais aucun chrétien ne devrait hésiter un instant à s’opposer à toute mise en doute de la parole de Dieu. Or, Dieu a pris soin que, parmi les auteurs des Évangiles, deux (Matthieu et Jean) soient des apôtres, et deux (Marc et Luc) ne le soient pas, bien que tous, bien sûr, soient pareillement inspirés. De plus, Sa sagesse a voulu que, de ces deux classes, l’une (Marc et Jean) s’en tienne à l’ordre chronologique, et que l’autre (Matthieu et Luc) adopte, dans une certaine mesure, un groupement des faits nécessairement différent de la simple transcription des faits tels qu’ils se sont produits. Il est remarquable que c’est à notre évangéliste (Marc), bien qu’il ne soit pas apôtre, que nous devons la vue la plus claire de la ligne historique du ministère de notre Sauveur, suivie de ce qui la clôt et la couronne, depuis la croix jusqu’à l’ascension. Les preuves que Marc, dans son esquisse brève, rapide, mais très vivante, conserve la série intacte, apparaîtront de temps en temps, à mesure que nous poursuivrons son cours. Le fait est énoncé ici, et son importance est manifeste s’il est accepté comme vrai ; car nous disposons ainsi d’une norme, quant à la séquence, qui permet de mesurer, comme sur une échelle absolument parfaite, les déplacements de Matthieu et de Luc. Il nous faut donc considérer en détail le principe et les objectifs que le Saint Esprit avait en vue lorsqu’Il a conduit ces évangélistes à regrouper certains incidents, miracles ou discours, les sortant de leur place, mais suivant un ordre tout aussi réel que celui de Marc, et plus approprié, bien sûr, à leur dessein spécifique.

L’omission ou l’insertion de points particuliers dans un ou plusieurs évangiles, et non dans les autres, est due à la même cause. Par exemple, la première apparition de la vraie lumière dans le cœur d’André, de Jean, de Pierre, etc. n’est donnée qu’en Jean 1. «Il appelle ses propres brebis par leur nom, et Il les mène dehors» (Jean 10:3). D’autre part, ce n’est pas Jean, mais les autres évangélistes qui nous montrent leur convocation officielle à suivre Christ et à devenir pêcheurs d’hommes ; mais parmi eux, seul Luc (ch. 5) fournit (en dehors de sa date effective) les détails de la pêche miraculeuse que le Seigneur fit agir avec une telle puissance sur l’âme de Pierre et de ses associés, en les sondant. Pour le reste, la succession des événements dans Luc coïncide avec celle de Marc, sauf que Luc commence par la scène de la synagogue de Nazareth (Luc 4:16-27), qui décrit de façon si vivante l’intervention de la bonté divine, Jésus oint du Saint Esprit et de puissance, et le débordement de la grâce sur les Gentils après Son rejet par Son peuple. Matthieu (4:23-25) ne donne pas de détails ici, mais s’attarde sur Sa prédication et Ses miracles dans toute la Galilée, et Sa renommée largement répandue et ses effets ; après cette large esquisse, suit le sermon sur la montagne, transposé de son lieu et de sa date, de manière à donner dès le début un exposé plus complet des principes du royaume. Marc n’a pas ce sermon ; sa tâche n’était pas d’exposer le caractère du royaume des cieux en opposition à la loi (comme le prophète plus grand que Moïse le fait dans Matthieu), mais de raconter les œuvres et le ministère du Seigneur dans l’Évangile. Sa place, si elle avait été insérée là, aurait été, je crois, au milieu du ch. 3. Ainsi, la comparaison de la ligne chronologique des choses dans Marc, comme étant, pour ainsi dire, une échelle fixe, facilite grandement notre perception des déplacements de récits dans Matthieu et Luc, ainsi que notre considération de la sagesse divine qui, dans l’un et l’autre, a ainsi ordonné leurs récits.

 

2.8.2        Ch. 1:40-42

Revenons à l’évangile de Marc. «Un lépreux vient à Lui, Le supplie, se met à genoux devant Lui et Lui dit : «Si Tu veux, Tu peux me rendre net». Quelle image de la misère sans ressources que ce lépreux agenouillé devant Jésus ! Non pas, cependant, sans espoir, car il implorait le Sauveur dans sa profonde détresse. Il n’y avait pas de remède contre la lèpre ; mais seulement si Dieu guérissait, il y avait des offrandes pour la purification. «Suis-je Dieu, pour tuer et faire vivre», disait le roi d’Israël alarmé (2 Rois 5:7), «que cet homme envoie vers moi un homme pour le délivrer de sa lèpre ?». En vérité, être lépreux, c’était être «comme un mort-né dont la chair est à demi-consumée quand il sort du ventre de sa mère» (Nombres 12:12).

Pourtant, ce lépreux importune Jésus, ne doutant pas de Sa puissance. «Si Tu veux, Tu peux me rendre net». C’était la seule question dans un cœur brisé par le sentiment de sa condition réelle, et de son besoin urgent et extrême. Jésus le voulait-il ? Et quelle réponse vint à la faible foi ! Car Dieu veut être Dieu éternellement, et surpasser même les pensées les plus vraies que nous avons de Lui. «Mais Jésus, ému de compassion, étendit la main et le toucha, et lui dit : Je veux, sois net». Quelle était cette nouveauté sur la terre ? Un homme très certainement, mais aussi sûrement infiniment plus qu’un homme : un cœur touché avec d’exquis sentiments de pitié ; une main tendue pour toucher un lépreux ! Était-ce la loi ? S’il ne s’était agi que de la loi, et d’un simple homme, il y aurait eu, non pas la purification de l’impur, mais la souillure de celui qui s’aventurait à entrer en contact avec cet objet répugnant et interdit. Mais, si bas qu’Il puisse descendre en grâce, Jésus était le Fils de Dieu, une personne divine, qui seule, parmi tous les hommes, pouvait dire sans péché : «Je veux, sois net». Aucune action de puissance ne pouvait répondre ainsi aux besoins du lépreux, aux besoins de son âme comme de son corps. La tendresse, l’amour parfait et désintéressé qui l’a touché — cela ne devrait-il pas être beaucoup pour nos cœurs ? Assurément, cela a révélé le cœur de Jésus comme aucune parole seule n’aurait pu le faire ; et pourtant les paroles ont révélé Celui qui était Dieu sur terre. C’était la grâce divine dans un homme, en Jésus, le parfait serviteur de Dieu, qui servait les nécessités de l’homme de manière d’autant plus bénie qu’Il servait ainsi parfaitement Dieu. C'est pourquoi une purification immédiate suivit, l’inverse même de subir une contamination. «Et comme Il parlait, aussitôt la lèpre se retira de lui, et il fut net».

 

2.8.3        Ch. 1:43-44

Il lui fit des reproches sévères et le renvoya aussitôt, en lui disant : «Prends garde de n’en rien dire à personne», etc. Il était important que le prêtre (sacrificateur), à la vue du lépreux purifié, soit obligé de reconnaître, de témoigner et, pour ainsi dire, de prendre formellement connaissance de la preuve que la main de Dieu était là à l’œuvre, — non pas une main en train d’écrire un jugement sur la profanation orgueilleuse de l’homme, mais une main agissant en puissance de grâce, et en même temps dans la plus profonde condescendance, une main travaillant à la guérison d’une misère et d’une souffrance abjectes et autrement sans espoir, le type permanent du pécheur. En outre, la grâce respectait et maintenait la loi jusqu’à ce que la mort et la résurrection introduisent une autre gloire, d’ordre supérieur et durable, en faveur de ceux qui y ont part par la foi ; la grâce ne cherche pas non plus son propre crédit, mais elle cherche à ce qu’en toutes choses Dieu soit glorifié par Jésus Christ, à qui appartiennent la gloire et la domination éternellement (1 Pierre 4:11). Amen.

 

2.8.4        Ch. 1:45

«Mais il sortit et commença à beaucoup publier, et à divulguer ce qui était arrivé, de sorte que Jésus ne pouvait plus entrer ouvertement dans la ville, mais il se tenait dehors dans les lieux déserts ; et on venait à Lui de toutes parts». Jésus ne cherchait pas Ses propres affaires ; et de même que dans la scène précédente (1:37) les applaudissements humains n’étaient que l’occasion pour Lui de se détourner de l’éclat des miracles pour se consacrer à d’autres travaux plus méprisés, de même ici il évite la ville au profit des lieux sauvages négligés, bien qu’Il soit toujours ouvert à l’appel du besoin, d’où qu’il vienne.

 

2.8.5        Sommaire sur le ch. 1

Nous avons vu le Seigneur officiellement introduit et entrant dans Son ministère public de l’Évangile, doté de la puissance de l’Esprit et tenté en vain, quoique jusqu’à l’extrême, par le diable. Nous L’avons vu, après avoir appelé des témoins choisis, exposer et expulser l’esprit immonde qui possédait un homme. C’était là la puissance de Dieu, non moins que l’autorité de la Parole. Une maladie extrêmement violente s’est enfuie et la force a été communiquée par Son intervention — la force d’exercer le ministère ; les maladies et les démons ont tous deux céder à ce Ministre du bien dans un jour mauvais, qui ne cherchait pas leur témoignage, mais la face de Son Père, en secret pendant que les hommes dormaient. Mais si la prédication de l’Évangile et chasser les démons étaient Son service principal, Son cœur et sa main compatissants étaient ouverts à tout cri de détresse, comme le prouve le lépreux venu confesser sa misère abjecte ; et il soumet sa guérison à la loi lévitique de la purification, obligeant ainsi les prêtres (sacrificateurs) eux-mêmes à voir, dans cette soumission même à la loi, la preuve de la présence et de la puissance de Celui qui était au-dessus d’elle.

 

 

3        Marc 2

3.1        Ch. 2:1-12 — Le paralytique apporté par quatre hommes à travers le toit

Matt. 9:1-8 ; Luc 5:17-26.

 

3.1.1        Ch. 2:1-2 — Capernaüm

Après un temps passé dans des lieux déserts avec ceux qui affluaient vers Lui, tenu loin des villes à cause de la renommée, nous trouvons notre Seigneur une fois de plus à Capernaüm. Aussitôt des foules assiègent la maison, jusqu’à la porte même, pour entendre la Parole qu’Il annonçait. Hélas, Capernaüm ! n’as-tu pas été élevé jusqu’au ciel ? N’es-tu pas redescendue en enfer ? (Matt. 11:23). Les œuvres puissantes accomplies en toi étaient moins puissantes que la Parole qui t’attirait comme celle de quelqu’un qui a une voix agréable et qui sait bien jouer d’un instrument (Ézéc. 33:32) ; et cependant tout est tombé sur des cœurs insensibles et des consciences non labourées ; et ils n’ont pas connu, bien qu’ils l’aient su, et ils le sauront encore, qu’un prophète, et plus qu’un prophète, était parmi eux (Matt. 11:9).

 

3.1.2        Ch. 2:3-4 — Une foi persévérante

Mais si la masse n’écoutait qu’avec ses oreilles, il y avait une foi qui persévérait en face des difficultés, et qui ne manqua pas de faire sa requête à Jésus. Quel cas pouvait paraître plus désespéré ? Le lépreux au moins pouvait venir à Lui, pouvait supplier, pouvait se mettre à genoux devant Lui : mais le paralytique, comment pouvait-il percer la foule qui le séparait du Sauveur ? S’il ne pouvait pas venir lui-même, on pouvait l’amener. Et il en fut ainsi. On vint apporter le paralytique sur sa couche, porté par quatre personnes. «Et comme ils ne pouvaient s’approcher de Lui à cause de la foule, ils découvrirent le toit du lieu où il était ; et quand ils l’eurent percé, ils descendirent le petit lit sur lequel le paralytique était couché». Seigneur, combien il est doux, combien cette confiance en Toi est rafraîchissante pour Ton cœur, combien cet appel à Ton amour et à Ta puissance est très éloquent, même s’il est silencieux ! C’était la foi, non seulement du malade, mais de ceux qui le portaient ; et la foi, maintenant comme toujours, n’obtient pas seulement ce qu’elle demande, mais beaucoup plus et mieux.

 

3.1.3        Ch. 2:5 — La racine du péché surmontée par la grâce

Voyant leur foi, Jésus dit au paralytique : «Mon enfant, tes péchés te sont pardonnés».

Oui ! c’était la racine du mal, plus profonde que la lèpre ou la paralysie — le péché. L’homme considère cette racine comme si peu de chose, comme une simple cicatrice morale superficielle ! Qu’est-ce que le péché n’était pas, pour Celui qui a été fait péché sur la croix ? Qui a ôté le péché par le sacrifice de Lui-même ? Rempli d’amour, et voyant la foi qui L’avait cherché, Il agit dans la souveraineté de la grâce et prononce ces paroles merveilleuses : «Mon enfant, tes péchés sont pardonnés». Lui qui connaissait tous les hommes, et qui ne s’engageait pas vis-à-vis d’eux ; Lui qui connaissait Dieu et Son œuvre, s’engage vis-à-vis de la foi. Cette foi peut être faible, mais elle est de Dieu, et Son œil a été prompt à la voir, et à la bénir selon tout l’amour de Son cœur. «Mon enfant, tes péchés sont pardonnés».

 

3.1.4        Ch. 2:6-7 — L’incrédulité contre la grâce et la dignité de Jésus

Mais Satan, lui aussi, avait sa troupe. «Quelques-uns des scribes étaient assis là et raisonnaient dans leur cœur : Pourquoi cet homme parle-t-il ainsi ? Il blasphème. Qui peut pardonner les péchés, sinon Dieu seul ?» Ils étaient sages dans leurs propres conceptions ; ils étaient juges de la loi et de l’Évangile, et mais n’étaient ni pratiquants de l’une ni croyants de l’autre. Ils étaient pires. Rejetant Christ et Sa miséricorde, leur raison orgueilleuse dédaignait la vérité bénie de Dieu ; leur orgueilleuse propre justice rejetait et haïssait cette grâce dont ils n’avaient jamais connu le besoin. Il avait été accordé la preuve la plus éclatante de la puissance sainte, de la puissance de Dieu, en opposition à Satan et en compassion envers l’homme ; mais qu’était-ce pour des scribes raisonneurs, habitués au monde tel qu’il est, et jaloux de leur propre importance religieuse ? Quelqu’un ici-bas, prononçait le pardon des péchés à un misérable pécheur qui ne l’avait même pas demandé ! C’était à leurs yeux surprenant, blasphématoire, un empiètement sur la prérogative de Dieu. Non pas qu’ils se souciaient de Dieu ou qu’ils aimaient l’homme, mais ils haïssaient Jésus pour Sa grâce ; et si celle-ci était la vérité, leur occupation ordinaire disparaissait. Mais non, cela ne pouvait pas être ; c’était inouï depuis le commencement du monde : «Pourquoi cet homme parle-t-il ainsi ? Il blasphème. Qui peut pardonner les péchés, sinon Dieu seul ?» Ah ! voilà le secret ; la gloire de Jésus était inconnue, Sa dignité divine était entièrement laissée de côté. Le principe qu’ils défendaient était vrai, l’application mortellement fausse. Combien de fois c’est là le roc sur lequel les incrédules religieux se divisent et périssent !

 

3.1.5        Ch. 2:8-12 — Une personne divine peut seule pardonner les péchés et guérir le corps

Et pourtant, Il leur donna aussitôt la preuve de ce qu’Il était et qui Il était, car Il perçut dans Son esprit qu’ils raisonnaient ainsi dans leur cœur, et leur reprocha leurs pensées cachées, en leur demandant s’il était plus facile, par une parole, de faire savoir le pardon ou de guérir le corps. Lequel des deux était le plus facile ? Qui, si ce n’est une personne divine, ou le détenteur de la puissance divine, pouvait dire ou l’un ou l’autre ? Autant c’était facile pour Dieu, autant c’était impossible pour l’homme. «Mais afin que vous sachiez», dit-il (en faisant à l’évidence référence au Ps. 103 v.3), «que le Fils de l’homme a le pouvoir (ἐξουσίαν, le droit aussi bien que la capacité) sur la terre de pardonner les péchés, Il dit au paralytique : Lève-toi, prends ton petit lit, et va dans ta maison. Aussitôt, il se leva, prit son petit lit et sortit devant eux tous, de sorte que tous étaient dans l’étonnement et glorifiaient Dieu, disant : «Nous n’avons jamais vu pareille chose». Le signe extérieur de puissance garantissait le don de la grâce, et tous deux étaient le gage que Celui qui parlait était le Fils de l’homme sur la terre.

 

3.1.6        Ch. 2:10 — Fils de l’homme

On remarquera que, si le Seigneur s’approprie ici le double caractère de miséricorde qu’Israël devra encore attribuer à l’Éternel selon le Ps. 103, ce n’est pas en tant que Christ ou Messie, proprement dit, mais en tant que «Fils de l’homme». C’est ainsi qu’Il a toujours eu l’habitude de parler. C’est le titre de Son humanité, aussi bien dans la souffrance du rejet que dans la gloire ; comme tel, Il bénit la foi ici ; c’est aussi comme tel qu’Il jugera l’incrédulité plus tard (Jean 5). Il justifiait ainsi sur terre, au moyen de la puissance du monde à venir, la miséricorde qui pardonnait l’âme pécheresse devant eux. Quelle réprimande sévère pour les scribes discuteurs ! Quel témoignage triomphant de l’évangile de la grâce dans le nom de Jésus ! Et Dieu ne se laisse pas maintenant sans un témoignage où Son Esprit porte au cœur la puissance de ce Nom, — un témoignage qui ne manque pas de parler aux consciences, là où il y a des yeux pour voir la force et la liberté, dans la sainteté, de quelqu’un qui était auparavant dégradé dans le péché, la honte et la folie. Le péché dessèche l’homme, tout en le couvrant de culpabilité. Celui qui pardonne communique la vie et la puissance, à la gloire de Dieu, et ceci comme Fils de l’homme, le nom de la miséricorde envers les ruinés qui se prosternent devant Lui.

 

3.2        Ch. 2:13-17 — À table avec les publicains et les pécheurs

Matt. 9:9-13 ; Luc 5:27-32.

 

Après la mention de ce qu’Il enseignait au bord de la mer, la scène suivante, ouvre et manifeste encore davantage la grâce qui s’épanche : l’appel de Lévi, le publicain (ou Matthieu, comme il se fait appeler). Quelle étape et quel changement ! Du bureau des impôts pour se mettre à suivre Jésus, bientôt apôtre lors de l’ordination des Douze (ch. 3) ! Aucune activité, aucun nom, n’était plus scandaleux en Israël. C’était justement l’occasion de la grâce, comme notre Seigneur le prouve par Son choix. Et ce n’est pas tout, car tandis que Jésus se mettait à table dans sa maison, «beaucoup de publicains et de pécheurs étaient à table avec Jésus et Ses disciples ; car ils étaient nombreux, et ils le suivaient» (2:15). Aux yeux des pharisiens, Il ne pouvait pas descendre plus bas dans l’amour familier, sauf à se tourner carrément vers les Gentils ; car les bergers n’étaient pas plus une abomination pour les Égyptiens (Gen. 46:34) que les collecteurs d’impôts (publicains) ne l’étaient pour les scribes et les pharisiens. Aussi, quand ils Le virent manger avec ces réprouvés, ils dirent, non pas à Jésus, mais à Ses disciples (car ils n’avaient que de l’orgueil et de la malice dans le cœur) : «Comment se fait-il qu’il mange et boit avec des publicains et des pécheurs ?» Mais cet effort pour Le saper auprès de Ses disciples, et ainsi les ébranler, ne fait que tirer du Seigneur une expression de Sa grâce forte, et toujours plus forte, tout en mettant à nu l’orgueil autodestructeur de Ses ennemis qui étaient aussi leurs ennemis : «Jésus, ayant entendu cela, leur dit : Ceux qui sont en bonne santé n’ont pas besoin de médecin, mais ceux qui sont malades. Je ne suis pas venu appeler des justes, mais des pécheurs». Ne démontraient-ils pas eux-mêmes qu’ils n’avaient rien à réclamer dans tout ce qu’Il avait à accorder ?

 

3.3        Ch. 2:18-22 — Le christianisme ne répare pas l’ancien système, mais a sa propre puissance

Matthieu 1:14-17 ; Luc 5:33-39.

 

Ensuite, un même esprit de malhonnêteté et de mauvaise volonté s’empare aussi des disciples de Jean, et va à Jésus pour se plaindre de Ses disciples ; les disciples de Jean et les Pharisiens avaient l’habitude de jeûner, et viennent Lui demander pourquoi Ses disciples ne le font pas. Le Maître prend fait et cause pour eux, et montre qu’une sagesse supérieure à la leur les a guidés dans leur faiblesse. Où était le sens, la convenance, la révérence de jeûner si l’Époux était là ? Jean Baptiste avait annoncé des choses meilleures ; mais le pharisaïsme méprisait Jésus, et n’avait pas de cœur pour les joies de Sa présence. Ils avaient tous à apprendre que des jours allaient venir où Lui serait ôté, et ils devraient alors jeûner en ce jour-là.

En vérité, toute la scène indiquait à ceux qui avaient des oreilles pour entendre, que le grand changement d’économie était proche, et que la présence du Messie n’était maintenant que transitoire. Son appel de Lévi, le fait de manger et boire avec les publicains étaient des signes clairs qu’Israël comme tel était perdu ; les disciples jouissant de Son bref séjour avant que Lui leur soit ôté signifiait clairement la catastrophe abrupte et imminente — apparemment la Sienne, mais en réalité la leur ; et les versets qui suivent témoignent du caractère nouveau des voies de Dieu et de leur incompatibilité avec le judaïsme. Ni la forme affichée (habit) ni la puissance intérieure de l’économie nouvelle (vin dans les outres) ne pouvaient se fondre dans l’ancienne : le royaume de Dieu, n’étant pas en paroles mais en puissance, il a besoin d’un véhicule nouveau et adapté pour travailler dedans. Les formes légales ne font que prouver leur faiblesse s’il y a l’énergie du Saint Esprit. Le vêtement juif usé et les vieilles outres disparaissent : le vin nouveau exige des outres neuves. Le christianisme, dans son principe et sa pratique, est un développement nouveau et complet de la bénédiction divine. Il ne s’agissait pas de réparer l’ancien, mais d’accepter le nouveau.

 

3.4        Ch. 2:23-28 — Une violation du sabbat ?

Matt. 12:1-8 ; Luc 6:1-5.

 

3.4.1        Dieu peut-Il changer Ses pensées ?

L’incident du premier sabbat est relaté ici, et il a eu lieu, en fait, juste à ce moment-là ; nous devons constamment garder à l’esprit que Marc suit l’ordre historique. Notre Seigneur fait comprendre la rupture qui était sur le point d’intervenir avec le judaïsme, et l’introduction du caractère et de la puissance nouveaux du royaume de Dieu. C’est toujours une vérité très sérieuse, mais c’était particulièrement solennel pour Israël. Quoi de plus troublant pour une personne pieuse que l’idée même que Dieu puisse changer Ses pensées ? Quelle difficulté plus grande que l’idée que Dieu puisse, pour ainsi dire, se dédire et défaire ce qu’Il avait précédemment établi ? Et je pense que nous devrions faire preuve d’une grande délicatesse dans nos rapports avec des âmes chez qui nous trouvons une jalousie pieuse à ce sujet, même si elles sont ignorantes et imbues de préjugés. Malgré tout, il est évident que ce que Dieu avait établi dans un but précis en Israël n’a jamais reflété pleinement Ses pensées. La vérité éternelle, perçant les nuages du judaïsme, resplendissait dans la personne de Christ, et elle est maintenant vérifiée par l’expérience et par la foi par l’action de l’Esprit dans les enfants de Dieu.

 

3.4.2        Les vrais fidèles dans le judaïsme n’étaient pas ceux qui insistaient sur la loi, mais ceux qui attendaient le Messie

En bref, le but de Dieu n’a jamais été de se révéler et de faire ressortir toutes Ses pensées en relation avec les Juifs, mais cela a été le cas avec l’Église. Le christianisme, et non le judaïsme, est l’expression des pensées de Dieu. Christ Lui-même, à proprement parler, est l’image du Dieu invisible, et le christianisme en est le résultat pratique actuel. C’est l’application de la vie, des pensées et des affections de Christ au cœur et à la marche de ceux qui sont amenés à Dieu — cela étant fondé sur Son œuvre et correspondant à Sa position dans le ciel par l’Esprit envoyé ici-bas. Tout au long du système juif, ainsi qu’avant lui, il y a eu des âmes qui attendaient Christ, et les seules personnes qui ont jamais honoré Dieu dans le système juif étaient celles qui, par la foi, étaient au-dessus de ce système. Ceux-là seuls qui attendaient le Messie, marchaient sans reproche dans les diverses ordonnances de la loi. C’était cette attente, donnée par l’Esprit de Dieu, qui les élevait au-dessus des pensées terrestres, des désirs de bas étage, de l’égoïsme de la nature. Elle les élevait au-dessus d’eux-mêmes, si l’on peut dire, aussi bien qu’au-dessus de leurs semblables, car il y a toujours une puissance divine en Christ ; cette attente se manifesta bien plus pleinement après la venue de Christ ; et de même qu’avant le lever du soleil on peut voir l’aurore et des traînées qui annoncent le jour à venir, ainsi ceux qui regardaient par la foi en Christ au-delà des simples ombres passagères qui satisfont la religiosité de la nature — ceux-là seuls honoraient Dieu même dans les ordonnances extérieures d’Israël.

C’est le même principe aujourd’hui que toujours, mais d’une manière plus complète, car il est certain que la justice de la loi est accomplie dans le saint de Dieu, dans le chrétien. Mais comment est-elle accomplie ? Jamais en s’efforçant de garder la loi. Elle n’a jamais été accomplie de cette manière et ne peut pas l’être. En fait, comme nous le savons, les hommes qui étaient ainsi jaloux pour la loi ont été les ennemis les plus grands et les plus acharnés du Seigneur Jésus. Vous savez que c’est l’orgueil charnel à l’égard de la loi qui les aveuglait en leur faisant croire que notre bienheureux Seigneur lui-même ne l’honorait pas suffisamment. Il est facile de comprendre que Paul a reçu la même accusation et qu’Étienne, lui aussi, a été lapidé à cause de cette erreur féconde et fatale. Ainsi, nous pouvons établir solidement que les hommes qui mettent les ordonnances, ou les règles extérieures de Dieu, à la place de Dieu et de Christ Lui-même, sont des hommes qui ne l’observent jamais ; de même Étienne dit aux Juifs qu’ils avaient reçu la loi par la disposition des anges, et qu’ils ne l’avaient pas gardée : ils étaient les hommes dont les voix étaient les plus fortes au sujet de la loi, et contre ceux qui honoraient réellement Dieu dans cette loi comme dans la foi au Messie.

 

3.4.3        Comment la justice de la loi s’accomplit dans ceux qui marchent par l’Esprit et non dans ceux qui ne font que tenir pour la loi

Chez tout croyant, il y a, malheureusement, le danger que notre propre nature agisse, et cette nature ne croit pas en Jésus ni ne garde la loi, mais elle est quelque chose qui viole la loi et renie Christ : La chair est inimitié contre Dieu Lui-même, et la nature agissant à sa guise déshonore toujours Dieu.

Mais prenez le croyant, non pas quand il cède à sa propre nature corrompue ; prenez-le là où, en pure vérité, pour ainsi dire, nous pouvons à bon droit le considérer comme tel, dans l’exercice de sa foi, dans la manifestation de la vie nouvelle que la grâce de Dieu lui a donnée : quel est le caractère de cette vie ? Elle s’attache à Dieu, elle se complaît dans Sa parole, elle aime Sa volonté, elle est attirée par tout ce qui Le manifeste. Tout prouve que le croyant aime Dieu dans son cœur et dans son âme, qu’il L’aime mieux que lui-même, — car il se haït lui-même et est prêt à reconnaître, dans la mesure où la foi est en action, sa propre folie, ses manquements fréquents et honteux, tandis qu’il cherche à justifier Dieu et à s’attacher à Lui, et il se plaît à Le faire connaître.

Comment cela arrive-t-il ? C’est ce principe divin de vie, l’énergie de l’Esprit de Dieu, agissant dans l’homme nouveau qui jouit de tout ce qui vient de Dieu et Le manifeste, et qui est l’exercice de la nouvelle nature que nous tenons de Dieu. Encore une fois, le croyant, dans la mesure où il a Christ devant son âme, marche par l’Esprit selon la volonté de Dieu. S’il n’a pas Christ devant lui, c’est comme s’il n’avait pas de nouvelle nature. La vie est là, mais c’est seulement Christ qui la maintient, la manifeste et la fait ressortir, en lui donnant son plein exercice et sa portée. Le cœur du croyant se tourne vers la misère, vers les pauvres pécheurs coupables. La chair méprise et hait, ou bien elle est indifférente ; mais la nouvelle nature, sous la puissance de l’Esprit, sort dans la compassion et avec le désir de la bénédiction d’autrui. Voilà, dis-je, ce qu’est l’amour de nouveau ; et ainsi vous avez les deux grands principes moraux, l’amour de Dieu et l’amour de l’homme. Le croyant, et le croyant seul, y marche. S’il a Christ dans les yeux, il les a dans le cœur, et le Saint Esprit le fortifie pour qu’il marche en conséquence. C’est ainsi que la justice de la loi est accomplie chez ceux qui marchent selon l’Esprit. L’Esprit de Dieu a soin de montrer qu’elle s’accomplit dans ceux qui marchent selon l’Esprit, et non dans ceux qui ne font que tenir pour la loi.

 

3.4.4        C’est l’attente du Messie, Christ, qui rendait et rend les croyants saints et pieux

Prenez le Juif, à qui la loi a été donnée. Manifeste-t-il un véritable amour ? Je ne dis pas que certains ne sont pas des hommes droits, doués d’une bienveillance naturelle. Il s’agit maintenant de la manifestation d’un amour actif envers Dieu et envers les hommes. Si les hommes n’ont que la loi devant eux, qu’en est-il ? Le Juif lui-même est l’exemple le plus frappant et la preuve que la chair n’est bonne à rien ; il est préoccupé de ses propres affaires dans ce monde, il convoite une position partout, il aime l’argent, et ainsi de suite, ce dont nous sommes tous susceptibles d’être coupables par nature. C’est sans aucun doute le cas de l’Israélite simplement non converti ou du chrétien de nom, dans lequel le Saint Esprit n’agit pas. Si Christ, soit comme objet d’espérance avant qu’Il soit venu, soit comme objet de foi maintenant depuis qu’Il est venu, n’est pas devant le cœur, il n’y a pas de réalité, et il ne peut pas y en avoir, car la chair est quelque chose qui est faux et qui a de la haine. Si l’homme n’a pas une nouvelle nature distincte et supérieure à la sienne, il n’y a jamais de véritable amour, c’est-à-dire d’amour divin. Le seul moyen d’accomplir la loi est d’avoir Christ devant nous et au-dessus de nous, mais en cela notre part est par la foi. C’est pourquoi Énoch et Noé, et les patriarches Abraham, Isaac et Jacob, qui n’avaient jamais entendu parler de la loi, ont pourtant obéi et plu à Dieu. N’étaient-ils pas des hommes saints et pieux ? Certainement, ils l’étaient. Qu’est-ce qui les rendait tels ? La foi en la semence de la femme, le Fils promis, le Messie. Ensuite, quand la loi a été donnée, qu’est-ce qui a fait de Moïse et d’Aaron des saints du Seigneur ? La loi ? Jamais. C’était Christ. C’était de L’avoir devant leur âme. Non pas que la loi de Dieu n’était pas honorée, mais ce qui leur permettait de prendre plaisir à l’expression des pensées de Dieu — quelles qu’elles soient — c’est qu’ils attendaient et croyaient en la promesse bénie de Dieu de la venue du Libérateur, du Proche parent-Rédempteur (Ruth 4). Et maintenant qu’Il est venu, ce qui nous a délivrés de la colère et du jugement nous délivre aussi (dans la mesure où c’est l’objet de nos âmes) pratiquement de nous-mêmes et du monde, de la corruption et de la violence de toute sorte. Si Christ est oublié par un croyant, quel en est l’effet ? Il montre ce qui est du vieil homme, orgueil, vanité, folie, malice. Il ne s’agit pas, bien sûr, de ce qui lui est propre en tant que croyant, mais de ce qui lui appartenait en tant qu’homme avant qu’il ait cru. Le moi est autorisé à sortir et à montrer ses couleurs haïssables lorsque Christ n’est pas la seule norme et le seul objet qui remplit les pensées par les yeux et par le cœur.

 

3.4.5        Mêler les anciennes ordonnances juives avec la vérité chrétienne ne fait que tout obscurcir

Or, notre Seigneur, en ce moment même, fait ressortir, dans ses actes précis liés au jour du sabbat, une illustration de ce que nous venons de voir, et je saisis cette occasion pour m’y attarder un peu d’une manière pratique et aussi doctrinale, en recherchant l’instruction pour nos propres âmes que le Seigneur nous donne dans ces incidents.

Le premier et principal objet était, certes, de compléter ce qu’Il avait déjà montré. Mettre une nouvelle pièce sur un vieux vêtement ne ferait qu’aggraver la déchirure ; de même, verser du vin nouveau dans de vieilles outres ne ferait que risquer de perdre à la fois le vin et les outres. La tentative de mélanger les formes nouvelles et l’esprit nouveau du royaume de Dieu avec les vieilles façons de faire du judaïsme ne peut aboutir qu’à la ruine de l’un et de l’autre, sans que le judaïsme soit amélioré et sans que le christianisme soit préservé. Or c’est précisément ce qui s’est passé dans l’histoire de la chrétienté.

L’échec flagrant de la profession chrétienne extérieure est la preuve pratique de cette vérité. Le but de Satan était de mélanger les anciennes ordonnances juives avec la vérité chrétienne, et le résultat a été cette confusion si pénible où la lumière de la vérité et la grâce de Dieu sont complètement obscurcies — un embrouillamini si complet que les âmes simples sont perplexes, pour leur plus grande perte et dommage. Dans un tel état, elles ne peuvent pas voir la différence entre la grâce et la loi, ni ce que c’est que d’être amené sous le nom de Christ. Toutes ces choses sont dans le brouillard devant elles, d’où il ne sort qu’incertitude de l’âme et impuissance pratique à glorifier Dieu.

 

3.4.6        Jour de sabbat : les disciples arrachent des épis de blés ; la réponse du Seigneur au reproche des pharisiens

Notre Seigneur poursuit cela par l’instruction du jour du sabbat. «Il arriva qu’Il traversa des champs de blé un jour de sabbat ; et ses disciples, en chemin, se mirent à arracher les épis. Les pharisiens lui dirent : Voici, pourquoi font-ils le jour du sabbat ce qui n’est pas permis ?». Or il est clair qu’il n’y avait aucune loi de Dieu contre cette affaire. Ce qu’ils censuraient, était une loi qui leur était propre, et une notion de gens qui, partant d’un fait extérieur, en font un système — c’est un danger constant chez l’homme. Il est vrai que Dieu avait ordonné le repos des hommes et des bêtes au jour du sabbat, mais il n’y avait aucune raison tirée de la loi de Dieu pour interdire à un homme affamé, lorsqu’il traversait un champ, de cueillir des épis pour satisfaire son besoin ; bien au contraire, il était tout à fait conforme à la bienveillance de Dieu de pourvoir à un besoin aussi urgent, en se servant de l’abondance parmi Son peuple. Il y avait en Israël une sollicitude remarquable pour l’étranger, et celui qui était dans le deuil ou qui souffrait. Les pauvres du pays ne devaient pas être oubliés dans la joie de la moisson, et une ordonnance expresse de Dieu interdisait de moissonner les coins des champs (Lév. 19:9 ; 23:22).

Mais comment se faisait-il qu’il y eût des Israélites affamés en train de traverser un champ de blé ? Et si ce besoin existait, était-ce Dieu ou Son ennemi qui faisait du jour du sabbat un étau de fer affligeant les malheureux par la volonté de religieux sans cœur ? C’est ainsi que les pharisiens, avaient à la fois un prétendu désir d’honorer Dieu, et à la fois ils montraient leur complète ignorance de Son cœur et de Son caractère : ceux-ci respirent une plénitude de miséricorde envers le besoin et la misère ; les pharisiens écartaient tout cela par une misérable règle de détail ajoutée par l’homme à la volonté de Dieu. Mais il y avait Quelqu’un sur la terre qui détecta immédiatement la main du faussaire qui se mêlait d’ajouter au premier Testament. Le Seigneur prit la défense des non coupables. «N’avez-vous jamais lu ce que fit David quand il était dans le besoin et qu’il avait faim, lui et ceux qui étaient avec lui ? Comment il entra dans la maison de Dieu du temps d’Abiathar, le souverain sacrificateur, et mangea les pains de proposition, qu’il n’est pas permis de manger, sinon aux sacrificateurs, et il en donna aussi à ceux qui étaient avec lui ?»

 

3.4.7        Ch. 2:25-26 — David rejeté, image du Seigneur et de Ses disciples rejetés

Notre Seigneur souligne ici le rejet de l’objet des conseils de Dieu — de David, par exemple, en son temps, qui était le roi oint, tandis qu’il était le méprisé et chassé pour sa vie sur les montagnes d’Israël. Lui et sa troupe étaient un type de Jésus, et Jésus se trouvait maintenant dans des circonstances moralement semblables à celles de David, oint, mais pas encore parvenu à la couronne. C’est ainsi que le Seigneur défend les disciples et maintient le principe selon lequel, lorsque le témoignage de Dieu est refusé, c’est une folie pour ceux qui le rejettent de prétendre glorifier Dieu. Méprisaient-ils donc un plus grand que David ? Qu’était-ce aux yeux de Dieu, de parler du jour du sabbat pour imposer des fardeaux plus lourds sur les justes ? Le Seigneur de gloire était sur la terre, et comment se faisait-il que Ses disciples avaient besoin d’épis de blé pour calmer leur faim ? Quelle histoire cela raconte ! Comment se fait-il que les disciples de Jésus étaient aussi misérables ? Comment les fondements étaient-ils déréglés au point que le Seigneur et Ses disciples manquaient des nécessités les plus ordinaires de la vie ? Qui étaient ces bavards discourant des paroles malveillantes sur le jour du sabbat qui prétendaient interdire même cette maigre pitance, alors que la miséricorde de Dieu ne voulait la refuser à personne, et encore moins ce jour-là ? Mais les pharisiens, rejetant le Seigneur Jésus, leur propre Messie — avaient l’audace d’abuser du sabbat contre Ses disciples ! David, lorsqu’il était dans le dénuement à cause de la méchanceté de Saül, qui occupait le trône de façon mauvaise — David et ses disciples pouvaient manger les pains de proposition qui n’étaient que pour les sacrificateurs si les choses étaient en ordre. Si les pains saints étaient ainsi devenus communs, qu’était le passé par rapport au présent ? En présence du mal qui méprise les témoins bien-aimés et fidèles de Dieu sur la terre, les ordonnances extérieures du Seigneur perdaient pour l’instant leur application. Le caractère sacré du rituel disparaissait devant le rejet du Seigneur et de Son peuple.

 

3.4.8        Ch. 2:27 — La leçon de l’Ancien Testament au sujet du sabbat : « le sabbat a été fait pour l’homme »

«Et il leur dit : Le sabbat a été fait pour l’homme, et non l’homme pour le sabbat». Le sabbat n’a pas été conçu pour être un moyen d’accroître les souffrances d’un homme pauvre. Si Dieu l’a sanctifié après la création, et en a fait une ordonnance lors du don de la loi, était-ce que Dieu voulait rendre son peuple misérable ? Au contraire, le sabbat a été fait pour l’homme à la fois par son caractère supérieur et avec la pensée de Son repos, dont il est un type. Les pharisiens pouvaient faire du sabbat un instrument de torture pour l’homme, mais, dans les pensées de Dieu, le sabbat est venu avec la plus grande miséricorde. Il y avait les jours de travail que Dieu Lui-même avait connus en figure, car il y avait eu le temps où Il avait travaillé et fait la terre ; et Dieu Lui-même s’est plu à se reposer le jour du Sabbat, et à le sanctifier. Puis le péché est entré, et Dieu n’a plus pu le reconnaître, et Sa parole est restée silencieuse. Il n’est plus question du sabbat jusqu’à ce que Dieu se charge de Son peuple dans une miséricorde de délivrance, et lui donne la manne du ciel. Alors le jour du sabbat est redevenu quelque chose ayant une marque de distinction, et le repos a suivi, un type de Jésus envoyé d’en haut. Il disparaît du début du premier livre de l’Écriture (Genèse) et réapparaît dans le second (Exode). Dieu a de nouveau introduit le repos. Dieu donnait à l’homme en grâce lorsqu’Il faisait sortir Israël d’Égypte. Le sabbat en était le signe approprié. Mais Israël, ne comprenant pas la grâce de Dieu, accepta les conditions de Sa loi. Ils s’appuyèrent sur leur propre justice lorsque Dieu leur donna les dix commandements, et la conséquence a été que l’homme sous la loi a failli lamentablement, déshonorant Dieu, élevant des veaux d’or, jetant le discrédit, la honte et le scandale sur le nom de Dieu dans le monde entier. Ce n’est rien de plus que ce que nous avons tous fait. Les Israélites ont commis cette erreur fatale lorsqu’ils étaient autour de la montagne de Sinaï. Au lieu de rappeler à Dieu Sa promesse à Israël, au lieu de confesser qu’on ne pouvait pas leur faire confiance, et que seule la miséricorde de Dieu rend capable de faire Sa volonté, ils entreprirent au contraire hardiment de gagner les bénédictions promises par leur propre obéissance. Mais ils furent de plus en plus dans la débâcle, jusqu’à la crise du rejet de David en Israël. Dieu montra où était Son cœur, comme Il aime le faire dans de tels moments. Il est vrai que les pains de proposition n’étaient destinés que pour les sacrificateurs, mais garder leur pain consacré tout en laissant le roi oint mourir de faim aurait été un étrange hommage à Dieu et au roi. Et maintenant le Fils de David, le Seigneur de David, était là, et plus rejeté, plus méprisé, que David lui-même l’avait été.

Le Seigneur, après avoir ainsi tiré de l’Écriture la véritable leçon pour ce jour, fait ressortir le but général du sabbat, un but bienfaisant de Dieu pour tous les jours : «Le sabbat a été fait pour l’homme». Les pharisiens pensaient et parlaient comme si l’homme était fait pour le sabbat, pour y être assujetti ; mais le sabbat a été fait pour le bien et le repos de l’homme, élevant ses pensées au-dessus du simple travail de ses mains.

 

3.4.9        Ch. 2:28 — Le Fils de l’homme est Seigneur du sabbat

Mais le Seigneur introduit un autre principe : «Le Fils de l’homme est aussi le Seigneur du sabbat». Il fait le lien avec le sabbat fait pour l’homme, mais Il fait jaillir une vérité plus grande : la personne de Christ est au-dessus de toutes les ordonnances. Sa gloire, même en tant qu’homme rejeté, éclipse tous les rites fugaces institués par le Seigneur lui-même. Je n’hésite pas à dire que le Seigneur qui avait donné la loi au Sinaï, et Celui qui ensuite est né et a vécu comme homme sur la terre, étaient la même personne divine et bénie. Celui qui a toujours agi en gouvernement dans tout l’Ancien Testament, Celui qui est descendu, a souffert et est mort sur la croix en grâce, — c’est Lui qui soutient maintenant qu’Il est Seigneur du sabbat non seulement parce qu’Il est Divin, mais aussi parce qu’Il est Fils de l’homme ; quelle est l’importance de cela ?

«Fils de l’homme» est le titre de Son rejet. «Fils de l’homme» est le nom qu’Il a pris lorsque les Juifs L’ont refusé comme le Messie. Vous en trouverez une preuve remarquable en Matthieu 16:13 et Luc 9:18 (le même fait est rapporté par les deux évangélistes). Il interdit à Ses disciples de dire qu’Il est «le Christ». Il met de côté pour un moment la gloire de Son caractère de Messie : comme tel, Il était venu et s’était présenté aux Juifs, mais ils ne voulaient pas de Lui. Maintenant Il dit, pour ainsi dire «c’est trop tard. Je leur ai donné amplement des preuves — miracles, prophéties, Mes propres voies et Mes paroles. Tout montre que je suis le Messie, mais ils ne veulent pas de moi. Ce n’est pas les preuves qui manquent, mais leur cœur est endurci contre toute évidence. Ils sont les ennemis de Dieu, et ils l’ont prouvé en refusant ce que Dieu a pleinement accordé». Il prend désormais un tout autre caractère, celui de «Fils de l’homme». Et ce qui a bien de quoi nous toucher profondément, c’est qu’Il a souffert sur la croix en tant que Fils de l’homme. «Il faut que le Fils de l’homme souffre beaucoup, qu’Il soit rejeté par les anciens, les principaux sacrificateurs et les scribes, qu’Il soit mis à mort, et qu’Il ressuscite le troisième jour».

«Le Christ» était un titre particulièrement en rapport avec Israël selon la chair. Il était leur Messie. Il n’appartenait à aucune autre nation. Il était le Roi promis des Juifs. Mais les Juifs ne voulaient pas de Lui. Eh bien, dit le Seigneur, vous ne pouvez nier que je suis Fils de l’homme. C’est un nom humble, mais, après tout, le Fils de l’homme ouvre la voie à Ses droits et Sa gloire magnifiques sur toute l’humanité. Le Fils de l’homme vient sur les nuées du ciel avec puissance et une grande gloire. Le Fils de l’homme va régner sur toutes les tribus, nations et langues. Qu’est-ce qui conduit à tout cela ? Son rejet comme Messie. Il souffre d’abord comme Fils de l’homme, parce que dans les conseils et la grâce de Dieu, il est déterminé qu’Il aura des compagnons avec Lui dans la même gloire. Parce que Christ a souffert en tant que Fils de l’homme et qu’à cause de cela Il a pris Sa gloire, c’est précisément pour cela que nous serons avec Lui — que tous les chrétiens seront sans tache, ni souillure, ni rien de semblable. Tout cela vient du Fils de l’homme souffrant. Mais si je Le vois humilié, je vois le Fils de l’homme glorieux.

 

Dans le cas présent, cependant, le Seigneur ne va pas plus loin que «Le Fils de l’homme est aussi Seigneur du sabbat». Il accepte Son rejet, mais Il plaide pour Ses disciples devant ceux qui se vantaient et disputaient au sujet du sabbat, alors qu’ils déshonoraient le Seigneur du sabbat.

●         Pouvaient-ils nier ce que David avait fait, et que Dieu avait scellé, sanctionné et enregistré pour l’instruction d’Israël ? C’est la première défense.

●         La suivante est que le sabbat a été fait pour l’homme, et non pas l’homme pour lui.

●         Le troisième argument, qui est plutôt une conséquence, est que Celui qui était un Homme béni — le Fils de l’homme — est Seigneur du sabbat. C’est la gloire de Sa personne en tant qu’Homme rejeté et souffrant : en tant que tel, et non seulement en tant que Dieu, Il est au-dessus du jour du sabbat — Il en est le Seigneur.

 

4        Marc 3

4.1        Ch. 3:1-6 — Guérison de l’homme à la main sèche

Matthieu 12, 9-14 ; Luc 6, 6-11.

 

4.1.1        Des opposants qui s’attendaient à ce que Jésus fasse du bien

Jésus est dans la synagogue un autre jour de sabbat, et il y avait là un homme qui avait une main desséchée, et ils Le regardaient pour savoir s’Il allait le guérir le jour du sabbat, afin de pouvoir L’accuser. Combien il est remarquable que Satan ait un sens instinctif de ce que le Seigneur allait faire. Satan se surpasse lui-même dans ses serviteurs en s’attendant au bien de la part du Seigneur et du peuple du Seigneur. C’est une chose remarquable. Et encore, si vous trouvez un enfant de Dieu faisant quelque chose de mal, le monde le ressent immédiatement. Même eux ont un sentiment instinctif de ce que l’enfant de Dieu devrait faire. Ils savent qu’il n’a rien à faire avec les plaisirs et les vanités du monde. Ils sont surpris d’y voir un chrétien s’en mêler. Pourquoi ? Ils n’ont pas un brin de conscience eux-mêmes. Ceux qui ont une conscience purifiée ou ceux qui n’ont pas de conscience du tout sont beaucoup plus susceptibles de voir ce qui est juste que ceux qui ont une mauvaise conscience. L’homme qui n’avait pas de conscience du tout proposait de suivre le Seigneur partout où il allait. Il n’y avait aucune lutte en cela, aucune réalité, aucun but moral. C’était la simple vanité de la chair, le même genre de présomption qui disait : «Tout ce que l’Éternel a dit, nous le ferons». (Ex. 19:8) La chair s’estime toujours compétente, tandis que la foi sent que c’est Dieu seul qui peut faire quelque chose de bon, et qui peut faire mûrir les fruits des arbres de Sa plantation.

 

4.1.2        Le Seigneur voulait que la grâce soit manifeste devant tous

Ces hommes, je dois le répéter, qui étaient assemblés dans la synagogue, s’attendaient à ce que le Seigneur fasse du bien. Ils s’attendaient à cela ; mais d’après leurs propres pensées, ils jugeaient combien ce serait affreux de guérir le jour du sabbat ! Notre Seigneur savait ce qu’ils pensaient à ce sujet, mais la foi et l’amour sont des choses très différentes de la prudence humaine. La simple prudence aurait conduit à ne pas offrir le moindre prétexte, mais la grâce ne se soucie pas de donner prise aux gens s’ils sont prêts à s’en saisir. La grâce veut plaire à Dieu, que les gens veuillent ou non, et c’est pourquoi Jésus dit à l’homme à la main desséchée : «Étends ta main». Il lui donne une publicité, et Il marque le caractère de l’opération de manière très manifeste — Il en fait un signe de ce que la grâce était devant eux tous. Il leur dit : «Est-il permis de faire du bien le jour du sabbat ou de faire du mal ? de sauver la vie ou de tuer ? Mais ils gardèrent le silence, et les ayant regardés à l’entour avec colère, attristé de l’endurcissement de leur cœur, il dit à l’homme : Étends ta main ; il l’étendit, et sa main fut rétablie».

 

4.1.3        La grâce parait abominable quand le cœur est perverti et a de la haine contre Dieu

Mais ceux qui ne voulaient pas laisser notre Seigneur faire le bien, étaient prêts, comme Il le laissait entendre Lui-même, à faire le mal le jour du sabbat. Ils conspirèrent pour le tuer, — Lui le Seigneur, et Le tuer pour quoi ? Parce qu’Il apportait la bonté de Dieu sous leurs yeux, et qu’ils haïssaient Dieu. Ils ne voulaient pas un seul instant admettre que Jésus était un homme bon, tellement le jugement est aveugle et perverti quand le cœur n’est pas droit ! Toute la grâce de Jésus n’apparaissait à leurs yeux que comme l’iniquité la plus abominable. Nous pouvons bien penser à ce qu’est le cœur de l’homme, et apprendre ainsi ce que sont nos propres pensées et sentiments naturels, qui ne valent pas mieux que les leurs.

 

4.1.4        Par rapport à ch. 2:23-28, le récit de ch. 3:1-6 apporte en plus la manifestation de ce qu’est Dieu

L’intérêt de ce second récit n’est pas tant la disparition des simples ordonnances en présence de Christ rejeté, ou la suprématie de Sa personne au-dessus des plus hautes prétentions terrestres ; c’est plutôt la supériorité nécessaire de la grâce en tant que caractère et œuvre de Dieu dans un monde de péché et de misère. Comment cet homme avec la main desséchée est-il venu en Israël ? C’était par le péché quelque part, et le signe évident de la misère. Dieu pouvait-Il se reposer là où régnait le péché ou la misère ? L’un ou l’autre étaient-ils la manifestation de Dieu ? Et qu’étaient ces sabbatistes orgueilleux, ennemis de la grâce et de Jésus ? Était-ce eux ou Lui, le vrai témoin de ce qu’est Dieu ? Ils étaient aussi sûrement de faux représentants du caractère de Dieu, que Jésus était la vraie manifestation de la puissance et de l’amour de Dieu. Jésus montrait les deux, dans cette parole : «Étends ta main», et par le rétablissement de cette main, Il prouvait que Dieu, la Bonté suprême, était là. Et Il était là, non pas en train de maintenir les Pharisiens dans leurs pensées sur Sa loi, mais en train de justifier Sa propre grâce, — car la grâce seule peut apporter la bénédiction dans un monde frappé par le péché.

Ceci peut suffire pour l’enseignement général du second jour du sabbat, qui me semble plein d’instruction, comme nous donnant le témoignage de ce que notre Seigneur exerçait Son ministère patient et plein de grâce en actes aussi bien qu’en paroles.

 

4.2        Au sujet de notre rapport avec le sabbat

4.2.1        Ce que faisaient les apôtres le jour de sabbat (7ème jour de la semaine) était différent de ce qu’ils faisaient le dimanche (1er jour de la semaine)

Mais il faut maintenant dire quelques mots sur notre relation avec le sabbat. Lorsque Dieu a sanctifié et institué ce jour, que l’on prenne le temps de la création ou celui du don de la loi, il s’agissait bien du septième jour et non d’un autre. Aucun homme n’aurait pu être considéré comme honorant Dieu s’il avait gardé le quatrième ou le cinquième jour, ou tout autre jour que le dernier de la semaine. Au lieu de cela, garder le premier jour de la semaine aurait été un acte de rébellion contre Dieu. D’où vient ce puissant changement ? Est-ce que le premier jour est simplement substitué au septième jour ? Est-ce là ce qu’enseigne l’Écriture ? Si nous prenons les Actes des Apôtres, nous y trouvons que les apôtres et d’autres avaient l’habitude d’aller le jour du sabbat à la synagogue des Juifs — ils avaient l’habitude d’enseigner les Juifs ce jour-là, chaque fois qu’il y avait une porte ouverte. Le premier jour, ils avaient l’habitude de se réunir avec les chrétiens pour prendre la Cène du Seigneur, ou de se réunir à tout autre service qui pouvait avoir lieu. Il n’était pas question de remplacer un jour par un autre. S’il y avait eu une substitution, ils n’auraient pas continué d’aller le jour du sabbat avec les Juifs, et le premier jour avec les chrétiens. Pourtant, ils firent les deux.

 

4.2.2        Quand les chrétiens allaient parler dans les synagogues

Au début, les chrétiens qui étaient des Juifs allaient à la synagogue, et ils avaient la liberté de prendre part à la lecture des Écritures. Si cela se faisait aujourd’hui, en général la personne serait considérée comme un intrus, mais dans une synagogue juive à l’époque, c’était permis et bienvenu. Les apôtres et d’autres étaient donc parfaitement dans leur droit d’utiliser cette liberté pour la vérité ; ils agissaient dans l’esprit de la grâce. Partout où l’on peut aller avec une bonne conscience, et sans s’associer à quoi que ce soit de contraire à la Parole de Dieu, on peut et on doit aller si c’est un service pour le Seigneur. Mais là où l’on est obligé de se joindre à ce ou ceux que nous savons être opposés à la volonté de Dieu, comment serions-nous libres d’y aller ? Avons-nous la liberté de prendre à la légère ce que nous savons être une désobéissance ? Mais dans ce cas, il n’y avait rien de la sorte, car à la synagogue, on lisait simplement la Parole de Dieu et on donnait la permission de l’expliquer. Qui pourrait dire que c’était mal ? Si nous savions que l’Écriture et rien que l’Écriture était lue n’importe quel jour de la semaine dans une soi-disant église ou chapelle, et qu’il restait une place parfaite pour aider, ne serait-on pas ravi d’y aller, s’il n’y avait effectivement pas d’obligation pour nous ? S’il s’agissait d’une simple foule de païens en train de lire l’Écriture, on pourrait y entrer et parler avec eux. La porte serait, je crois, ouverte de la part du Seigneur, et la grâce en profiterait.

 

4.2.3        Différence de base et de caractère entre le sabbat et le jour du Seigneur (dimanche)

Ces faits suffisent donc pour montrer que c’est une grande erreur de supposer que le Jour du Seigneur est un simple substitut du Sabbat. Au contraire, le Jour du Seigneur (ou journée dominicale) a un caractère bien plus élevé que l’ancien jour de repos. Il n’est pas question d’oublier un instant que le jour du sabbat a été divinement établi. Il était fondé sur deux grandes vérités de Dieu. Premièrement, il impliquait, montrait et promettait, pour ainsi dire (du moins en type), le repos de la création ; il témoignait du repos après que Dieu eut terminé Son œuvre de création. Le deuxième point qui se rattache au jour du sabbat était le suivant : c’était le jour de la loi. C’est à ces deux occasions d’importance capitale pour l’homme et pour Israël, que Dieu a introduit le sabbat avec une solennité particulière. Le jour du sabbat repose donc sur une base divine, qui est la base de la création et celle de la loi. L’une ou l’autre sont-elles la position chrétienne ? Nullement. Êtes-vous simplement un enfant d’homme, une créature ? Alors vous êtes assurément pécheur et devez être jeté en enfer. Êtes-vous sur le terrain de la loi ? Alors vous êtes perdu et condamné, car vous êtes sous la malédiction. Mais le chrétien n’est sur le pied ni de la création ni de la loi. Sur quoi repose-t-il alors ? Il appartient à la nouvelle création et se tient sur une base de grâce — tout le contraire, net et exact, des fondements du jour du sabbat. C’est pourquoi le premier jour de la semaine se présente à nous comme une chose entièrement nouvelle, le saint mémorial de la bénédiction divine, propre au chrétien individuellement et à l’Église de Dieu. Et sur quelle base repose-t-il ? Lorsque Christ est sorti du tombeau avec une vie nouvelle à donner à toute âme qui croit en Lui, Israël a été immédiatement mis de côté. Ressuscité d’entre les morts, qu’est-ce qui L’attachait plus à Israël qu’aux Gentils ? Il était entièrement au-dessus des deux. Nous Le rencontrons là, Son œuvre accomplie, dans la vie de résurrection. Après cette rencontre, on ne Le trouve qu’avec des disciples, non pas avec des Juifs et des Gentils, mais au milieu de l’assemblée ou de ce qui en est le type. Mais Il rencontra d’abord des saints individuels, Marie de Magdala et d’autres. Nous Le trouvons dans l’assemblée le premier jour de la semaine. Et le Jour du Seigneur a ce caractère pour nous maintenant. C’est d’abord le jour de la résurrection de Christ, où non seulement l’œuvre de la rédemption a été accomplie, mais où l’œuvre de la nouvelle création a commencé en puissance. Ainsi, le jour nouveau est fondé, non pas sur la création, mais sur la rédemption, et il est l’expression de la grâce, non de la loi.

 

4.2.4        Différences radicales de principe entre le sabbat et le jour du Seigneur

Telles sont les manières scripturaires de présenter la question. Il ne s’agit donc pas de soutenir que le chrétien n’a pas de jour particulier où il rencontre son Sauveur, car il en a un incomparablement plus béni que le sabbat de l’homme. Ce n’est pas qu’il ait un jour moins bon que le sabbat d’Israël : il en a un infiniment meilleur. Il ne se souvient pas simplement d’une création qui est du passé, mais il est entré dans une nouvelle création. Il n’est pas occupé d’un paradis perdu, mais il regarde en avant avec confiance vers le paradis gagné. Le paradis de Dieu lui est ouvert. Il n’est pas en train de suivre et de s’occuper d’Adam qui est tombé ; il a devant son âme le second homme, le dernier Adam, qui est ressuscité. Voilà nos espérances. Il n’est donc pas dans le domaine de la loi qui veut le maudire, mais dans l’atmosphère de la grâce par laquelle il est sauvé. Cela nous montre pourquoi les gens, qu’ils comprennent ou non la différence — tous les chrétiens — gardent le premier jour et non le sabbat. Ils peuvent l’appeler le jour du sabbat, mais c’est une erreur, et une erreur grave. Ceux qui le considèrent comme le sabbat peuvent être d’excellentes personnes, mais cette notion est une grave erreur de doctrine et de pratique. C’est un principe juif et terrestre, et il est du devoir du chrétien, s’il le sait, de ne pas épargner ce principe, quels que soient ses sentiments pour les préjugés des gens pieux.

 

4.2.5        Différence entre garder par obligation et par amour

J’ai entendu des croyants qui disaient : Il n’y a pas de mal à travailler le jour du Seigneur. Qui leur a mis une telle idée en tête ? Chercher à faire du gain pendant le jour du Seigneur ! Le monde lui-même a (avait !) honte de ceux qui agissent ainsi. La chrétienté possède le Jour du Seigneur. Elle peut ne pas y entrer intelligemment. Ces croyants ne peuvent pas en apprécier les racines et les fruits. Mais un chrétien qui se comporte de manière plus égoïste ou plus relâchée qu’un homme du monde — quelle image ! Comment le jour du Seigneur doit-il donc être gardé ? Il est remarquable que nulle part ce jour ne soit érigé en commandement. Ce n’est pas le caractère du christianisme. Lorsque le Seigneur (comme dans Jean) parle de commandements, ils sont toujours de nature spirituelle, et non comme une ordonnance. Prenez même le baptême. Les gens peuvent l’appeler une ordonnance, mais c’est une idée fausse. Pareillement pour la Cène du Seigneur. Lorsque le Seigneur dit : «Faites ceci en mémoire de moi», comment peut-on abaisser cet appel au niveau d’un commandement ? Supposons que vous soyez au chevet d’une personne mourante qui vous aime plus que quiconque en ce monde. S’il vous disait : «Voici ma Bible, prenez-la et gardez-la en souvenir de moi», appelleriez-vous cela un commandement ? Est-ce que la raison de garder cette Bible serait parce que vous avez reçu une injonction péremptoire de la garder ? Une telle pensée montrerait que vous n’auriez pas de cœur, et guère plus de tête non plus. Je peux comprendre qu’une personne en position d’autorité, si un enfant manque de cœur et de sens, impose quelque chose comme une charge positive, simplement parce que l’enfant manque de cœur pour agir correctement, sauf si on en fait une question d’obligation et de risque de punition stricts. Mais ce n’est pas ainsi que le Seigneur nous parle. Si vous aimez la personne qui vous donne la Bible pour la garder en souvenir d’elle, ce n’est pas comme un simple commandement, mais son cœur vous donne ce gage de son amour pour vous, et votre amour le garde, bien sûr, et le garde le mieux possible parce que c’est l’amour qui le fait.

 

4.2.6        Ce qui est commandement et ce qui n’en est pas

Il y a des endroits où les commandements arrivent de façon très belle. Où, dans le Nouveau Testament, entendez-vous le plus parler de commandements ? Dans les Évangiles, où la Cène, le baptême chrétien, ou les deux, sont présentés, les commandements pour le chrétien ne sont pas mentionnés en tant que tels. Par contre, c’est dans l’Évangile de Jean que nous avons l’Esprit de Dieu si plein des nouveaux commandements que le Seigneur nous impose. Ceux-ci étaient l’expression de Ses pensées. Ils introduisaient non seulement Son amour, mais aussi Son autorité, qui est bénie chaque fois qu’elle entre en jeu, et l’enfant de Dieu aime et apprécie les deux à fond. Mais si vous introduisez de telles pensées dans la Cène du Seigneur, quelle incompréhension totale de la pensée du Seigneur ! C’est falsifier le baptême et la Cène que de les transformer en choses enjointes par voie de commandement. Ce sont les institutions les plus précieuses du Seigneur, le symbole et la reconnaissance des grands faits permanents du christianisme.

 

4.2.7        Non pas suivre un commandement, mais suivre ce que le Seigneur faisait, d’un cœur simple

Quant au Jour du Seigneur, je dois encore rappeler la manière remarquable dont il est présenté dans le Nouveau Testament. Il n’y a pas de parole positive du genre : «Tu garderas le premier jour de la semaine». La méchanceté en déduit qu’il ne faut pas l’observer. Certains en profitent pour ne pas observer ce jour parce que le Seigneur n’en fait pas une question de commandement positif. Une autre classe de personnes en profite sous une autre forme, et estime que c’est l’affaire de l’Église de décider en la matière. L’un est le laxisme humain, l’autre l’autosuffisance de l’homme. Le Jour du Seigneur se présente à nous comme ceux qui sont vivifiés par Christ, marqués de Sa présence particulière. Christ était, et je crois qu’Il est, avec Ses disciples d’une manière particulière propre à ce jour-là. Je ne dis pas que le Seigneur n’a pas rendu visite à Ses disciples d’autres jours, mais Il était spécialement et de manière prééminente avec ceux réunis ce jour-là. Cela me suffit. Si je reconnais la Parole de Dieu comme celle qui a le pouvoir suprême sur mon âme, si j’estime que chaque acte de Christ est celui dont je dois recueillir une instruction divine, comment cela peut-il être perdu pour moi ? Mais le Saint Esprit y donne suite. Ce jour que notre Seigneur a consacré par Sa propre présence au milieu de Ses saints réunis, le Saint Esprit l’imprime sur les Siens. Il ne le fait pas sous forme de loi, d’injonction ou de menace ; mais l’Église de Dieu, quels que soient les autres jours où elle se réunissait, prenait un soin particulier à se réunir en ce jour-là. Il y a aussi une douce relation entre la Cène du Seigneur et Son jour. Les premiers disciples prenaient ce repas tous les jours ; ils semblaient avoir du mal à se séparer quand ils se réunissaient, et ils se réunissaient aussi souvent qu’ils le pouvaient, et tout donnait lieu à cela. Non pas que je pense que l’état de choses à la Pentecôte fût le plus mûrement béni. Il y avait en eux une puissance singulière de simplicité, et une manifestation très merveilleuse de la grâce divine ; mais je ne doute guère qu’il y ait eu beaucoup d’âmes qui ont continué à grandir et à jouir du Seigneur plus qu’elles ne l’avaient jamais fait en ce jour-là. C’est une notion mauvaise et sans fondement que de penser que le croyant recule forcément depuis la première jouissance du Seigneur ; la chair tend constamment à cela, mais il n’est pas du tout nécessaire de décliner. Il y a une sorte de ferveur et de fraîcheur initiales qui risquent toujours beaucoup de se perdre dans l’âme ; mais s’il y a une réelle intégrité de cœur envers le Seigneur, une croissance positive dans la grâce et dans la connaissance du Seigneur Jésus Christ viendra à la suite. Et bien qu’au bout de dix ou vingt ans, il puisse y avoir une certaine forme de joie moins grande qu’elle ne l’était au premier jour de la connaissance du Sauveur, je ne crois pourtant pas que ce soit un état plus spirituel ou plus glorifiant pour Dieu. L’un est la bénédiction d’un enfant, l’autre la bénédiction d’une âme adulte, plus ferme, plus calme, moins égoïste, peut-être, honorant Dieu à sa manière, pourvu que l’âme, en même temps qu’elle accroît sa connaissance, maintienne sa simplicité de cœur pour le Seigneur. C’est là où nous faillissons ; mais dans la mesure où la puissance de l’Esprit de Dieu s’exerce, il n’y a aucune raison pour qu’une âme ne soit pas aussi heureuse après cinquante ans qu’au début.

 

4.2.8        Beauté de la forme chrétienne du Jour du Seigneur

Dans le Nouveau Testament, je pense que vous trouverez cette même chose — l’Esprit de Dieu prenant le premier jour, et montrant qu’il n’était pas simplement un sentiment hâtif des disciples, mais un sentiment vraiment pieux. L’Esprit de Dieu l’a dirigé lorsque les apôtres étaient là, et non seulement Il les a conduits, mais Il en a conservé le témoignage pour nous. C’est pourquoi, en Actes 20:7, il est rapporté qu’il en était ainsi après la situation à Jérusalem lorsqu’ils montaient au Temple pour adorer, et qu’ils avaient l’habitude de rompre le pain à la maison. C’est en contraste avec le culte dans le Temple. Ils avaient l’habitude de prier dans le Temple parce qu’ils avaient été Juifs, et ils prenaient leur repas de fête chrétien à la maison. Il se peut que ce soit toujours les mêmes maisons où les personnes allaient. Il n’est pas question de se déplacer de maison en maison, mais c’était chez quelqu'un, c’est-à-dire dans une maison privée et non dans le Temple. Après que cet état de choses eut disparu, nous entendons parler de l’assemblée réunie pour rompre le pain le jour du Seigneur, le premier jour de la semaine (Actes 20). Et, quand on y pense, il y a une force et une bénédiction particulières à ce que le premier jour de la semaine soit le jour chrétien. Quelle est l’idée du jour du sabbat ? Je prends les six premiers jours pour moi, pour le monde, pour les choses terrestres, et puis à la fin, quand je suis fatigué de me servir et de servir les autres, je finis avec le Seigneur, et je Lui donne le dernier jour. Mais maintenant, combien est belle la forme chrétienne de la vérité qui est intervenue ! C’est le premier jour. Je commence avec le Sauveur. Je commence avec Sa grâce. Je commence avec Celui qui est mort pour moi et qui est ressuscité. Je ne suis pas un Juif, je suis un chrétien, et n’oublions donc pas que c’est le septième jour (le sabbat) pour l’un, mais le premier jour (le jour du Seigneur) pour l’autre — le jour de Celui qui, par Son propre sang, Sa mort et Sa résurrection, a acquis un juste droit à ma bénédiction éternelle et céleste. Il l’avait en Sa propre personne : Il était l’Éternel, le Seigneur de tous, avant même de venir dans le monde ; mais maintenant Il est Seigneur sur un autre terrain — celui de la rédemption, parce qu’Il est mort et ressuscité. Voilà la porte ouverte de ma bénédiction — de votre bénédiction — de la bénédiction divine pour toute pauvre âme qui est amenée par la grâce à Le recevoir et à s’incliner devant Lui.

 

4.2.9        Sabbat et jour du Seigneur dans l’avenir

Nous ne nous attarderons pas davantage sur ce sujet maintenant. J’ai voulu communiquer avec simplicité le principe général de ces deux jours, Sabbat et premier jour de la semaine. Au lieu de poursuivre les sujets du ch. 3 pour le moment, il m’a semblé préférable de faire ressortir le caractère divin du jour du sabbat, et le caractère encore plus béni et également divin du premier jour, l’un étant le jour des Juifs, l’autre celui des chrétiens.

Le jour du sabbat réapparaîtra sur la terre au cours du millénium. Je veux dire que le septième jour de la semaine sera alors observé par les Juifs. Les prophéties indiquent clairement que le sabbat du Seigneur doit encore être observé. Mais par qui ? Par Israël et par les Gentils aussi, car les Gentils seront bientôt subordonnés à Israël, et tous deux sur le terrain terrestre. L’intention de Dieu est d’élever Israël à la première place sur la terre. Entre temps que deviennent les chrétiens ? Ils seront enlevés de la terre, ils seront au ciel ; toute question de jours particuliers sera complètement terminée ; nous serons dans le jour d’éternité, nous serons entrés dans le repos de Dieu, le sabbatisme qui demeure. En esprit, nous l’avons déjà fait, car nous avons reçu Christ et la vie éternelle en Christ. Mais alors nous serons manifestement dans le jour éternel, où il n’y aura ni premier ni dernier jour, mais un seul jour infini dans l’état glorifié, dans le service béni de notre Dieu et de l’Agneau.

Mais sur la terre, lorsqu’Israël sera restauré et ramené dans son pays, et qu’il y sera converti par la bonté de Dieu, observeront-ils le jour du Seigneur ? Non ; ils garderont le sabbat. Si vous regardez Ézéchiel, vous verrez exactement la force de cela. Vous pourriez y dresser une carte de la condition d’Israël dans le pays ; elle y est donnée de façon si distincte et si positive qu’une personne peut sans trop de peine établir les territoires de chaque tribu d’Israël. Ainsi la Parole de Dieu est claire quant à la disposition future de chaque tribu à l’intérieur des frontières de la Terre Sainte. Ils auront non seulement une ville et un temple glorieux — dont le nom est «l’Éternel est là» (Ézéchiel 48:35) — mais quand ce jour de gloire viendra, ils ne seront pas comme nous, gardant le jour de la résurrection, mais ils garderont le sabbat, qui était un signe entre le Seigneur et Israël. En regardant les Écritures, vous trouverez combien de fois il est dit que le jour du sabbat est le signe de l’Éternel pour eux, et Il fera en sorte que Son peuple alors garde le jour du sabbat. Ils le feront d’une manière bien plus bénie qu’ils ne l’ont jamais fait ; ils se reposeront sur Christ, bien qu’ils n’auront pas la même assurance céleste que le chrétien a maintenant. Lorsque Christ est ressuscité d’entre les morts, Il en avait fini avec le monde, et nous aussi, en Lui, nous en avons fini avec le monde maintenant dans l’esprit de nos âmes et dans le caractère de notre relation avec Dieu. «Ils ne sont pas du monde». Jusqu’à quel point ? «Comme Moi, je ne suis pas du monde» (Jean 17:16). Christ est la mesure et la norme de ce que nous ne sommes pas du monde, et n’étant pas du monde, nous avons un jour qui porte l’empreinte de la joie. Le jour où Christ est ressuscité d’entre les morts et s’est manifesté comme n’étant pas du monde, voilà le jour pour les chrétiens. Mais dans la mesure où le monde sera alors un monde béni, et où le Seigneur en fera Son propre monde, ils auront un jour adapté au monde — le jour du sabbat. Rien ne peut être plus clair ou plus important sur le plan pratique.

 

Que nos âmes, chacun pour soi, apprennent la vérité, et, l’ayant apprise, puissions-nous en être des témoins en paroles et en actes ! Puissions-nous nous tenir, par Sa grâce, comme ceux qui n’ont rien d’autre à faire dans ce monde que la volonté de Dieu, pour la gloire du nom du Seigneur Jésus Christ ! C’est l’affaire de toute âme qui aime Jésus, et qui se repose sur Son sang et qui est ressuscitée avec Lui.

 

4.3        Ch. 3:7-12 — Ministère de guérison et délivrance depuis une barque

Matt. 12:15-21 ; Luc 6:17-19.

 

4.3.1        Rappel de 3:1-6

Jésus était maintenant manifesté dans la grâce sainte et la puissance de Son ministère, vainqueur de Satan, et cependant soumis à Dieu, supérieur aux ordonnances, même comme Fils de l’homme, ; Il affirmait le droit de Dieu de faire le bien dans un monde mauvais. L’homme voulait bien tirer profit de Sa puissance et de la miséricorde avec laquelle Il l’exerçait, mais l’inimitié contre Dieu en Lui se manifesta bien vite. Les propre justes et les profanes tinrent conseil pour Le faire périr (3:6).

 

Mais, Son heure n’étant pas encore venue, Jésus se retire avec Ses disciples vers la mer, se soustrayant à la malice hypocrite de Ses ennemis ; toutefois Il reste infatigable dans Sa mission d’amour pour laquelle Il était envoyé. «Une grande foule le suivit de Galilée, de Judée et de Jérusalem, et d’Idumée, et d’au-delà du Jourdain, et des environs de Tyr et de Sidon ; une grande foule, ayant appris les grandes choses qu’Il faisait, vint à Lui. Il dit à ses disciples qu’une petite barque fût là à Sa disposition à cause de la foule, afin qu’elle ne Le pressât pas. Car Il guérissait beaucoup de gens, de sorte que tous ceux qui étaient affligés de quelque fléau, se jetaient sur Lui pour Le toucher». Après tout, l’homme ne peut guère arrêter le flot de la bénédiction ! Jusqu’à ce que le temps de Dieu arrive pour céder à la croix, le flot de témoignage pouvait être dévié, mais il coulait pour la joie éternelle des pauvres et des nécessiteux qui se courbaient devant Jésus. À la croix, il a débordé. Mais le Seigneur, soucieux de meilleures bénédictions pour l’homme, se prémunissait contre la surpression d’une foule trop absorbée par le soulagement de la faiblesse et de la souffrance corporelles.

Il refusait le témoignage des esprits impurs, qui étaient contraints de s’incliner et de reconnaître Sa gloire. Ce n’était pas à eux de Le faire connaître. Il ne recevait pas témoignage de l’homme comme tel (Jean 5:34), et encore moins de la part de démons. Quelle était la valeur de reconnaitre Sa personne si cette reconnaissance n’était pas le fruit de l’œuvre de Dieu par l’Esprit ?

 

4.4        Ch. 3:13-19 — Appel des douze disciples

Matt. 10:1-4 ; Luc 6:12-16.

 

Loin, cependant, de cacher la lumière sous le boisseau, notre Maître franchit maintenant une étape nouvelle et capitale dans le témoignage de la grâce. «Et il monte sur la montagne [car le ministère a sa source en haut, et n’a en aucun cas l’approbation de la foule] et Il appelle ceux qu’Il voulait ; et ils vinrent à Lui, et Il en établit douze pour être avec Lui, et pour les envoyer prêcher et avoir l’autorité (de guérir les maladies et) de chasser les démons». C’était un acte non seulement nouveau et étrange aux yeux de l’homme, mais en vérité indépendant d’Israël et de l’homme, et très significatif à tous points de vue. Le Seigneur se sépare des hommes pour se tourner vers Dieu, et convoque dans un choix souverain ceux qu’Il voulait ; et ils vinrent. Et s’Il en a fait venir douze spécialement pour être avec Lui et pour être envoyés par Lui, c’était, dans Son cas, tout spécialement en vue de la prédication, mais avec le droit et la capacité de guérir les maladies et de chasser les démons ; parmi les apôtres, une place particulière fut assignée dès le début à Simon, qu’Il appela Pierre, et aux fils de Zébédée, qu’Il appela Boanergès ; les autres furent à la suite, bien que l’un d’eux, André, ait certainement été parmi les premiers à voir et à suivre Jésus, et qu’il ait été le moyen d’amener à Jésus son propre frère Simon. Mais il y a des derniers qui deviennent premiers, et le Seigneur, qui appelle et ordonne tout, est seul sage et digne. Quel témoignage sur la condition des hommes et des choses à l’entour ! Les hommes — les Juifs — avaient besoin qu’on leur prêche, car tout était déraillé. Il n’était pas question des païens seulement. C’est au milieu d’un Israël satisfait de lui-même que l’humble Fils de Dieu agissait ainsi.

 

4.5        Ch. 3:20-30 — Accusation de chasser les démons par le chef des démons

Matt. 12:22-32 ; Luc 11:14-23.

 

4.5.1        La parenté qui le juge fou, est aveugle quant aux choses divines

À leur retour à la maison, une foule s’assembla de nouveau, de sorte qu’ils ne pouvaient même pas manger leur pain. Et Ses proches, ressentant l’opprobre du monde et ayant entendu cette singulière nouvelle, sortir pour s’emparer de Lui, comme s’Il avait perdu la raison ! Ils avaient honte d’un parent, fou à leurs yeux, qui condamnait virtuellement le monde entier, surtout dans ce qu’Il venait de faire. C’était la nature, toujours aveugle dans les choses divines.

 

4.5.2        Les scribes L’accusent d’être mené par Satan

Ce n’est pas tout : «les scribes qui étaient descendus de Jérusalem disaient : Il a Belzébul, et c’est par le prince des démons qu’il chasse les démons». Ils étaient remplis et guidés par l’ennemi, et savaient bien qu’il ne s’agissait pas d’un fou, mais d’une puissance réelle qui chassait les démons. Leur malice attribuait cela à Satan dans leur effort pour expliquer, affaiblir et diffamer ce qu’ils ne pouvaient nier. L’énergie qui traitait avec Satan, et agissait en miséricorde envers l’homme, était reconnue ; mais s’ils reconnaissaient qu’elle était de Dieu, leur importance religieuse, leur occupation, leur gain, tout disparaissait. Et il est proverbial que les occupations les plus élevées sont les commerces les plus vils ; et le commerce des âmes et de la vérité ou du mensonge expose les hommes à Satan. Le dé fatal était jeté. Ces orgueilleux docteurs, se prétendant autorisés par Dieu à rejeter Son Fils, s’enfoncèrent dans du pur esclavage de Satan. Avec quelle solennité et quel calme imperturbable le Seigneur les traite ! «Et les ayant appelés à Lui, Il leur dit en paraboles : Comment Satan peut-il chasser Satan ? Et si un royaume est divisé contre lui-même, ce royaume ne peut pas subsister. Et si une maison est divisée contre elle-même, elle ne peut subsister. Et si Satan s’élève contre lui-même et est divisé, il ne peut subsister, mais il vient à sa fin. Personne ne peut entrer dans la maison d’un homme fort et piller ses biens, s’il ne lie d’abord l’homme fort ; et alors il pillera sa maison. En vérité, je vous le dis, tous les péchés seront pardonnés aux fils des hommes, et les blasphèmes par lesquels ils blasphèmeront ; mais celui qui blasphémera contre le Saint Esprit n’aura jamais de pardon, mais il est passible du jugement éternel ; c’était parce qu’ils disaient : Il a un esprit impur». Ce n’était pas seulement auto-contradictoire et attribuer le bien au méchant, mais c’était blasphématoire — c’était même blasphémer contre le Saint Esprit ; et le jugement, le jugement éternel, était la sentence sortant de Sa bouche, «parce qu’ils disaient : Il a un esprit impur».

 

4.6        Ch. 3:31-38 — Substitution des disciples aux liens naturels

Matt. 12:46-50 ; Luc 8:19-21.

 

La scène finale est la suite grave et appropriée, car c’est là que le Seigneur, la foule qui L’entourait L’écoutant, renonce, pour ainsi dire, à tous les liens naturels, fussent-ils les plus proches, ceux de sa mère et de ses frères ; Il leur substitue Ses disciples, et tous ceux qui font la volonté de Dieu, les mettant dans cette relation avec Lui dont Israël apostat était en train de déchoir.

 

5        Marc 4

5.1        Ch. 4:1-20 — Description du ministère du Seigneur

Matt. 13:1-23 ; Luc 8:4-15.

 

5.1.1        Bref rappel de ce qui précède

Le Seigneur Jésus avait été annoncé comme le Messie par Son précurseur ; Il s’était pleinement manifesté comme tel, de sorte que tous étaient responsables, depuis les autorités principales jusqu’au grand public. Le ch. 3 a montré quel en serait le résultat — le couronnement du témoignage de l’Esprit rejeté, aussi bien que le Fils de l’homme en personne, le péché impardonnable de cette race rebelle et apostate, et la formation de nouvelles relations, caractérisées par l’accomplissement de la volonté de Dieu, à la place des liens naturels qui étaient maintenant solennellement et publiquement désavoués par le Seigneur.

 

5.1.2        Description, sous forme de paraboles, du ministère du Sauveur : le Semeur

Ceci ouvre la voie à une description, sous forme de paraboles, du ministère du Sauveur, de son déroulement et de ses résultats, de Son attitude entre-temps et à la fin, ainsi que des circonstances de Ses disciples pendant qu’ils étaient engagés sous Sa direction. Marc ne présente pas une vue complète de la dispensation du royaume des cieux, qui a sa place dans Matthieu. Néanmoins, Marc et Luc nous donnent tous deux la parabole du Semeur, d’une manière très complète et adaptée au but particulier de leur évangile respectif.

« Il leur enseignait beaucoup de choses par des paraboles, et leur dit, dans Son enseignement : Écoutez : Voici un semeur sortit pour semer, et il arriva qu’en semant, quelques grains tombèrent au bord du chemin, et les oiseaux vinrent et les dévorèrent. Et d’autres tombèrent sur un terrain rocailleux, où il n’y avait pas beaucoup de terre ; et aussitôt ils levèrent, parce qu’ils n’avaient pas une terre profonde ; mais quand le soleil se leva, ils furent brûlés ; et parce qu’ils n’avaient pas de racine, ils furent séchés. D’autres tombèrent parmi les épines, et les épines montèrent et les étouffèrent, et ils ne donnèrent pas de fruit. D’autres tombèrent dans la bonne terre, et donnèrent du fruit, montant et croissant, et rapportèrent, les uns trente, les autres soixante, et les autres cent. Et il dit : Qui a des oreilles pour entendre, qu’il entende » (4:2-9).

C’était Son œuvre maintenant, disperser la semence de la Parole. Il n’y avait rien dans l’homme qui soit acceptable pour Dieu. Il s’agissait de quelque chose de nouveau et de divin, le fruit de l’opération de la grâce. Il doit y avoir une vie nouvelle si l’on veut attendre du fruit pour Dieu. Il n’y avait rien de semblable auparavant : même la prédication de Jean n’a pas été diffusée aussi largement, et encore moins la loi et les prophètes.

Mais alors il y a diverses leçons à tirer, car l’action est toujours responsable, même si elle n’est pas efficace. La semence était bonne : il n’y avait aucun défaut de ce côté-là ; mais l’homme, en tant que tel, n’est bon à rien ; et, là où il n’y a pas l’œuvre de l’Esprit pour sauver, tôt ou tard l’effet est nul. À ce point de vue, beaucoup était, par conséquent, perdu.

 

5.1.3        Les graines tombées au bord du chemin

La première classe, où tout échoue quant au résultat, est constituée par les auditeurs au bord du chemin. «Quand ils ont entendu», dit le Seigneur dans Son explication, «Satan vient aussitôt et enlève la parole qui a été semée en eux» (4:15). Ceci correspond aux oiseaux qui viennent dévorer la semence tombée au bord du chemin. C’est la puissance directe et destructrice de l’ennemi qui empêche l’entrée de la Parole. Elle ne pénètre pas sous la surface, elle ne va jamais plus loin que le discours, la spéculation ou l’admiration du prédicateur. L’état moral de mort n’est évidemment pas touché, et Satan a tout comme il lui plait.

 

5.1.4        Les graines tombées sur un sol rocailleux

Ensuite, nous avons le cas des grains qui tombèrent sur un sol rocailleux, où ils n’avaient que peu de terre, et l’effet fut plein de promesses immédiates. «Aussitôt ils levèrent, parce qu’elle n’avait pas une terre profonde ; mais quand le soleil se leva, ils furent brûlés ; et comme ils n’avaient pas de racine, ils furent séchés» (4:5-6). Ici, nous avons la chair ou la nature qui fait de son mieux, mais qui prouve sa totale faiblesse. «Ce sont ceux qui, lorsqu’ils entendent la parole, la reçoivent aussitôt avec joie ; et n’ont pas de racine en eux-mêmes, mais ne sont que pour un temps ; puis, une tribulation ou une persécution s’élèvent à cause de la parole, aussitôt ils sont scandalisés» (4:16-17).

 

5.1.4.1       Ne pas négliger la repentance

Ici l’œuvre n’est pas allée plus loin que les affections, sans atteindre la conscience ni la convaincre devant Dieu. Prendre la joie du christianisme là où il n’y a pas eu de jugement de la vie et de l’état aux yeux de Dieu, c’est vraiment Le mépriser et L’ignorer complètement, en faisant grand cas de soi-même. La hâte dans la réception de la bénédiction est tout sauf l’indication d’une œuvre divine. D’où l’importance primordiale de la repentance, que l’on a trop perdue de vue en voulant préserver la liberté de la grâce et délivrer l’Évangile des entraves du légalisme. Mais ce remède est au moins aussi dangereux que la maladie qu’il était censé guérir. Nous ne devons pas affaiblir l’action solennelle du Saint Esprit sur la conscience. Il est bon, sain et essentiel que l’âme pèse son état à la lumière de Dieu et prononce Son jugement sur elle-même, bien que, sans doute, la repentance soit de la foi, et non une préparation à la foi. Pourtant, il se peut qu’il n’y ait encore aucune sorte de paix et seulement du désespoir. Le cœur peut être profondément labouré et n’avoir guère plus qu’un espoir de miséricorde, qui l’empêche de sombrer complètement ; et le Seigneur, en temps voulu, apporte la parole : «Tes nombreux péchés sont pardonnés. ... Ta foi t’a sauvé : va en paix». Alors, en effet, il y a, immédiatement et durablement, la paix et la joie en croyant.

 

5.1.4.2       La joie superficielle conduit à des abandons faciles

Là où le cœur n’est pas sondé ainsi moralement, comme devant Dieu, on trouve la même rapidité à recevoir facilement et ensuite à abandonner sans difficulté dès que l’épreuve ardente arrive. L’âme peut être ainsi captivée dans l’abstrait par une joie imaginative, par un simple sentiment de la beauté, de la vérité, et de l’attrait de l’amour désintéressé de Dieu ; elle peut se méprendre et confondre cela avec ce qui est la jouissance personnelle profonde de Sa grâce pour l’âme convaincue de péché — c’est très bien si l’âme découvre son erreur fatale et, après s’en être détournée, si elle retourne (ou plutôt, se tourne en réalité) vers Dieu dans le sentiment, divinement formé, de son péché et de sa culpabilité, pour trouver dans le Christ, Jésus, la seule réponse à ses besoins.

 

5.1.5        Les graines tombées parmi les épines

Le troisième cas est celui où des graines tombent parmi les épines, mais sont étouffées par les épines qui croissent ; aucun fruit n’est produit. Tels sont «ceux qui entendent la parole, mais les soucis de ce monde, la tromperie des richesses, et les convoitises à l’égard des autres choses entrent et étouffent la parole, laquelle est alors sans fruit» (4:18, 19) : c’est grave, mais ce n’est pas rare.

Prenons garde ! Le mal agit sous diverses formes ; ici il s’agit de la convoitise mondaine et d’un véritable égoïsme, dans la défiance à l’égard de Dieu et l’indifférence à Ses intérêts, de sorte que le cœur est ou bien accablé d’inquiétude, ou bien occupé de la poursuite des choses présentes. L’apparence même de dévouement est perdue, et l’âme retourne, parfois avec une avidité intense, au monde qu’elle avait semblé délaisser. Nous avons tous besoin de la garde de Dieu contre tous ces dangers. Vous qui êtes pauvres, prenez garde aux soucis qui vous envahissent ; vous qui êtes riches, ne vous laissez pas séduire par la tromperie des richesses ; les uns et les autres, prenez garde aux «convoitises à l’égard des autres choses».

 

5.1.6        Les graines tombées dans une bonne terre

Enfin il y a des semences qui tombent en bonne terre, et qui portent du fruit, l’un trente, l’un soixante, l’un cent : là encore, le résultat est très variable, car ce qui est fatal à l’incroyant peut nuire gravement à la fécondité du fidèle. «Que celui qui a des oreilles pour entendre, qu’il entende» (4:9). C’est une affaire très sérieuse pour toute âme —sérieuse pour celui qui entend ; et alors qu’en est-il pour celui qui n’a pas d’oreille pour entendre ?

 

5.1.7        La parabole pour ceux de dedans. La nation coupable est aveuglée

«Et quand Il fut seul, ceux qui L’entouraient avec les Douze L’interrogèrent touchant les paraboles. Et Il leur dit : À vous il est donné de connaître le mystère du royaume de Dieu ; mais pour ceux qui sont dehors, tout se traite en paraboles : afin qu’en voyant, ils voient, et n’aperçoivent pas ; et qu’entendant, ils entendent, et ne comprennent pas ; de peur qu’ils ne se convertissent, et que leurs péchés ne soient pardonnés. Et Il leur dit : Ne connaissez-vous pas cette parabole, et comment donc connaîtrez-vous toutes les paraboles ?» (4:10-13).

Il explique la pensée de Dieu, non pas aux Douze seulement, mais à ceux qui étaient autour de Lui. Ils étaient ceux du dedans : tous les autres étaient «dehors», ceux auxquels toutes choses se traitent en paraboles, un peuple rebelle sans même quelqu'un pour les réprouver maintenant. Mais ceux du dedans ont le privilège de connaître le mystère du royaume : la grâce distingue ainsi ceux qui sont séparés pour Christ d’avec la nation coupable, livrée de plus en plus à des ténèbres judiciaires, bien qu’elle leur reproche leur manque de compréhension. Cette parabole n’était pas difficile à interpréter, elle était élémentaire et fondamentale, une sorte d’introduction à celles qui allaient suivre. Néanmoins, le Seigneur plein de grâce, s’Il réprimande, procède à son explication, comme nous l’avons aux v. 14-20.

 

5.2        Ch. 4:21-25 — Rôle de la Parole autre que celui de semence

Luc 8:16-18.

 

5.2.1        Ch. 4:21-23 — La parole comme une lampe destinée à briller en témoignage à la grâce et à la vérité de Dieu

Mais, en plus de sauver l’âme, la parole implantée donne un témoignage ; et c’est la déclaration qui suit, caractéristique du Seigneur dans notre Évangile. «Il leur dit : Apporte-t-on une lampe pour la mettre sous le boisseau ou sous le lit, et non sur le chandelier ? Car il n’y a rien de caché qui ne doive être manifesté ; et il ne se passe rien de secret qui ne doive être mis en lumière. Si quelqu’un a des oreilles pour entendre, qu’il entende» (4:21-23).

La parole n’est pas seulement une «semence» destinée à produire du fruit, mais une lampe destinée à briller en témoignage à la grâce et à la vérité de Dieu dans ce monde de ténèbres, de même que Christ, tout humble qu’Il était, et serviteur de tous, en a été personnellement l’expression parfaite. Était-elle donc venue pour être mise sous un boisseau ou sous un lit, et non pas plutôt sur son propre support approprié ? C’était impossible : car, en vérité, «il n’y a rien de caché qui ne doive être manifesté, et il n’y a rien de secret qui ne doive être mis au jour. Si quelqu’un a des oreilles pour entendre, qu’il entende». Ainsi nous avons la responsabilité de briller dans le monde, en portant la parole de vie ; et cela avec la certitude bien arrêtée que tout doit venir au jour, soit bien soit mal. Cela se termine une fois de plus par l’appel solennel à la conscience individuelle.

 

5.2.2        Ch. 4:24-25 — Responsabilité de communiquer ce que nous avons reçu

Il leur dit encore : «Prenez garde à ce que vous entendez ; de la mesure dont vous mesurerez, il vous sera mesuré ; et à vous qui entendez, il sera ajouté. Car à quiconque a, il sera donné ; et à celui qui n’a pas, cela même qu’il a sera ôté». C’est encore la responsabilité dans le service et le témoignage du Seigneur. Nous devons donc faire attention à ce que nous entendons : car ce que nous recevons, nous sommes tenus de le communiquer. Le manque d’apprécier le trésor de Dieu, le manque de confiance en Sa grâce, font récolter une moisson amère. «De la mesure dont vous mesurerez, il vous sera mesuré ; et à vous qui entendez, il sera ajouté». Telle est la connexion particulière ici. Ceux qui possèdent, sont seulement ceux qui donnent libéralement en grâce, et alors ils recevront encore plus abondamment ; tandis que ceux qui, en réalité, n’ont pas, perdront même l’apparence d’avoir.

 

5.3        Ch. 4:26-29 — L’œuvre de Dieu dans le royaume en l’absence du Seigneur

La parabole suivante, propre à notre Évangile, en est singulièrement caractéristique. Il s’agit de l’œuvre du royaume. «Ainsi en est-il du royaume de Dieu : c’est comme si un homme jetait de la semence sur la terre, et dormait, et se levait nuit et jour, et que la semence germe et croisse, sans qu’il sache comment. La terre produit spontanément du fruit, d’abord l’herbe, puis un épi, puis le blé complet dans l’épi. Et quand le fruit est produit, aussitôt on y met la faucille, parce que la moisson est arrivée».

L’absence du Seigneur et le mépris apparent pour Lui sont supposés, non pas Sa manifestation et Son intervention active. La moisson étant venue, Il moissonne, au lieu d’envoyer Ses anges, comme dans Matthieu.

 

5.4        Ch. 4:30-34 — À quoi mène la croissance du royaume de Dieu

Matt. 13:31-35 ; Luc 13:18-19.

 

Suit la graine de moutarde, qui montre sa croissance à partir d’un petit début jusqu’à un grand développement, et un système de protection sur la terre même pour les émissaires du dieu de ce monde. «Et par plusieurs paraboles de cette sorte, Il leur annonçait la parole, selon qu’ils pouvaient l’entendre. Mais Il ne leur parlait pas sans parabole, et en privé, Il expliquait toutes choses à Ses disciples».

 

5.5        Ch. 4:35-41 — Épreuves auxquelles les disciples sont exposés dans leur travail et leur effet

Matt. 8:18, 23-27 ; Luc 8:22-25.

 

La scène finale du chapitre expose les épreuves auxquelles les Siens sont exposés dans leur travail, Lui étant au milieu d’eux. Leur incrédulité folle et égoïste est aussi évidente que Sa calme suprématie sur ce qu’Il est seul à pouvoir contrôler ; on voit aussi Sa juste réprimande de leur timidité aveugle vis-à-vis de la gloire de Sa personne.

 

6        Marc 5

6.1        Ch. 5:1-20 — Le démoniaque du pays des Gadaréniens

Matt. 8:28-34 ; Luc 8:26-39.

 

Nous avons encore le récit du service de Jésus. Dans ce chapitre, il ne s’agit pas simplement du ministère de la Parole, avec ses divers obstacles et ses succès mesurés, selon ce qu’il plaît à Dieu d’opérer à la fois en puissance vivifiante et en fructification, et cela jusqu’à la fin. — Ce n’est pas non plus (comme en 4:35-41) un tableau de la condition des disciples ballotés par la tempête, tandis que Jésus est avec eux dans leurs dangers, ne faisant en apparence pas attention à leur situation jusqu’à ce qu’ils fassent appel à Lui, et pourtant les Siens étant gardés tout du long en sécurité.

 

6.1.1        Puissance victorieuse du Seigneur qui a été crucifié en faiblesse

Maintenant, nous avons autre chose, à savoir le ministère de Jésus en présence de la puissance de Satan, et de la faiblesse et de la misère de la nature avouées complètement. C’est une leçon instructive, en effet, car non seulement nous voyons la puissance, victorieuse de tout, de Celui qui a été crucifié en faiblesse, mais aussi l’étendue de la délivrance manifestée en celui qui a été libéré de l’emprise de Satan et est devenu ensuite le témoin actif envers d’autres de la grandeur et de la puissance du Seigneur.

 

6.1.2        Réalité de la puissance de Satan et des possessions démoniaques

Il ne s’agit pas simplement ici du péché, ou des convoitises de la chair et du monde. Nous savons combien Dieu sauve continuellement de la violence et de la corruption humaines et de leurs conséquences. Dans celui qui est nommé Légion, nous avons, plutôt, l’opération directe de Satan au plus haut degré. Sur ce point, les hommes sont généralement incrédules ; ou, s’ils admettent que Satan ait pu agir ainsi, ils le limitent à l’époque de Christ sur terre. Que la puissance de l’ennemi ait pu s’élever davantage contre le Fils de Dieu lorsqu’Il était ici-bas est une affirmation très différente, et je la crois ; mais une conclusion tout à fait erronée est d’affirmer que sa puissance a été alors tellement fracassée que les cas de possession démoniaque ne sont jamais réapparus ensuite. Le Nouveau Testament réfute cette illusion.

 

6.1.3        Mission donnée aux disciples de chasser les démons

Après la mort et la résurrection de Christ (ce qui a dû aller, plus que toute autre chose, dans le sens d’une destruction de l’énergie de Satan), Il a chargé Ses serviteurs de prêcher l’Évangile avec l’accompagnement du signe suivant : «En mon nom, ils chasseront les démons» (Marc 16:17). Et c’est ainsi que nous trouvons dans les Actes des Apôtres la Parole confirmée par ce signe. On apportait des malades et des personnes tourmentées par des esprits impurs, «et tous étaient guéris» (Actes 5:16). Cela a aussi eu lieu après la descente du Saint Esprit, de sorte que même cet événement puissant postérieur à la rédemption, n’avait pas éteint de lui-même les cas de possessions. Cela ne se limitait pas non plus à Pierre ou aux autres apôtres ; une puissance semblable accompagnait Philippe, l’évangéliste, à Samarie. «Car des esprits impurs, criant à haute voix, sortaient de beaucoup de ceux qui en étaient possédés ; et beaucoup de paralytiques et de boiteux furent guéris» (Actes 8:7). Je n’ai pas besoin de m’attarder sur des cas aussi forts que celui de la pythonisse de Philippes, ou celui d’Éphèse (Actes 19), que les sept fils de Scéva subirent à leurs dépens : ils sont bien connus.

 

6.1.4        Le témoignage à la victoire de Christ se fait par l’Évangile qui rassemble en dehors du monde

En vérité, la grande victoire de Christ est pour la foi, la délivrance et la joie de l’Église, même si, sans doute, elle a été largement attestée au monde par des signes miraculeux, comme elle le sera bientôt dans une puissance qui liera Satan d’abord, et qui finalement l’écrasera pour toujours. Mais en attendant, l’Église est le lieu où la victoire et la puissance de Christ sont concrétisées par le Saint Esprit. Le monde, loin d’être amélioré, se révèle plus éloigné de Dieu que jamais, puisque Satan est reconnu comme son prince et son dieu dans la croix de Christ ; mais c’est pour cette raison même que, pour le moment, l’objet le plus complet du témoignage de la grâce de Dieu est au nom du Crucifié. L’Évangile qui est envoyé avec tant d’abondance pour rassembler hors du monde — non pas pour bénir le monde, mais pour rassembler en dehors de lui — l’Évangile, disons-nous, considère le monde comme déjà condamné et n’attendant qu’un jugement impitoyable lorsque Jésus sera révélé du ciel.

 

6.1.5        L’Évangile n’améliore pas le monde, mais en sépare

C’est pourquoi la séparation d’avec le monde est le devoir primordial du chrétien, et la seule voie juste pour lui. La culpabilité du sang de Jésus repose sur le monde, et la seule échappatoire pour toute âme est la foi en ce sang, qui, s’il rapproche de Dieu, place le croyant en principe en dehors et au-dessus du monde — tel est le fondement, la recherche et la marche de la foi. Par conséquent, l’amélioration possible du monde et de l’homme, en tant que tels, est un déni pratique de l’Évangile et un déshonneur profond, bien qu’involontaire dans bien des cas, pour le Seigneur Jésus. Aucune ignorance ne justifie d’admettre de telles pensées, et plus la connaissance de la vérité divine est grande, plus elles sont coupables. La grâce de Dieu suppose la ruine totale des objets de la grâce, et la révélation du Seigneur Jésus du ciel exécutera la vengeance divine sur ceux qui ne sentent pas leur péché et leur ruine, et qui méprisent Sa grâce.

 

6.1.6        Condition misérable du démoniaque

Marc décrit donc en détail et très concrètement le tourment de cet homme atteint d’un esprit impur. «Il sortit de la barque, et aussitôt, un homme possédé d’un esprit impur, qui avait sa demeure dans les sépulcres, sortant hors des sépulcres, Le rencontra ; et personne ne pouvait le lier, pas même avec des chaînes ; car il avait été souvent lié avec des fers et des chaînes, et il avait rompu les chaînes, et brisé les fers ; et personne ne pouvait le maîtriser. Et nuit et jour, il était continuellement dans les tombeaux et dans les montagnes, criant et se meurtrissant avec des pierres» (5:2-5). La solitude de la mort, le rejet des contraintes et des influences humaines, l’agitation permanente et la cruauté de ce qui le possédait, étaient très visibles, tout autant que sa reconnaissance d’une puissance et d’une gloire supérieures en Jésus. «Voyant Jésus de loin, il courut se prosterner devant lui, et criant d’une voix forte, il dit : Qu’ai-je à faire avec toi, Jésus, Fils du Dieu très haut ? Je t’adjure par Dieu, ne me tourmente pas. Car il lui disait : Sors de cet homme, esprit impur» (5:6-8).

 

6.1.7        Identification de l’homme et de l’esprit démoniaque

Il est remarquable, soit dit en passant, que l’homme soit identifié à l’esprit impur, tout comme maintenant, en grâce, le Saint Esprit se mêle très intimement avec le croyant. L’homme s’écrie : «Ne me tourmente pas», bien qu’il s’agissait de traiter avec l’esprit. De même il répond donc : «Mon nom est Légion, car nous sommes nombreux. Et il le supplia beaucoup de ne pas les renvoyer hors du pays».

 

6.1.8        Les démons allant dans les pourceaux. Raison de la permission de Jésus

D’autre part, il importait de donner la preuve très nette que l’habitation des démons dans un homme est aussi certaine et réelle que de la plus grande gravité. C’est pourquoi le Seigneur écoute leur demande d’être envoyés dans le grand troupeau de porcs qui paissait à proximité. «Et aussitôt Jésus le leur permit. Et les esprits impurs sortirent et entrèrent dans les pourceaux ; et le troupeau se précipita violemment dans la mer par un endroit escarpé, environ deux mille, et fut étouffé dans la mer» (5:13). Dans certains cas, les possédés avaient aussi une maladie grave. Dans le cas de Légion, nous n’en entendons pas parler ; mais même s’il y en avait eu, il serait absurde de supposer le transfert de la maladie à tous les porcs et un effet tel que leur course immédiate et frénétique vers la destruction. Mais l’expulsion de tous les démons de l’homme et leur prise de possession du troupeau furent l’occasion de montrer leur amour de la destruction lorsqu’une main plus puissante ne contrôlait plus leur malice.

 

6.1.9        Les gens ayant plus peur de Jésus et Sa grâce que du diable, veulent se débarrasser de Jésus

Mais, hélas ! qu’est-ce que l’homme en présence de Jésus, ou de la puissance miséricordieuse qui a ainsi secouru la victime des tortures du diable ? «Ils sortirent pour voir ce qui s’était passé. Ils arrivent à Jésus, et voient le démoniaque, celui qui avait eu Légion, assis, vêtu et dans son bon sens ; et ils eurent peur» (5:14-15). Oui, ils étaient effrayés devant Celui qui brise la captivité du diable ; et encore plus effrayés de Jésus et de Sa grâce que du diable et de ses œuvres ! Et pire encore. «Ceux qui l’avaient vu, leur racontèrent comment cela était arrivé au démoniaque, et aussi au sujet des pourceaux. Et ils se mirent à le prier de s’éloigner de leur territoire» (5:16-17). Hélas ! Hélas ! les pourceaux et les démons étaient pour eux des voisins plus agréables que le Fils de Dieu. Ils n’avaient jamais cherché à se libérer de l’un ou de l’autre, mais ils cherchèrent à se débarrasser de Jésus. Tel est l’homme ; tel était et tel est le monde.

 

6.1.10    Le démoniaque guéri s’attache à Jésus et est envoyé en témoignage

Il est doux de voir le contraire de cela dans le cœur de celui qui fut affranchi. Non seulement il était à l’aise devant le Sauveur, «assis, vêtu, et dans son bon sens», mais toutes ses affections étaient vers Lui, et là où Jésus allait, son désir était de Le suivre. «Et comme Jésus montait dans la barque, celui qui avait été démoniaque Le pria de pouvoir être avec Lui. Et Il ne lui permit pas, mais lui dit : Va dans ta maison, vers les tiens, et dis-leur tout ce que le Seigneur t’a fait, et comment Il a usé de miséricorde envers toi» (5:18-19). Le sentiment spirituel qui liait son âme à Jésus était de Dieu, et serait gratifié et satisfait en temps voulu. Mais la grâce du Seigneur pensait à d’autres, dans cette scène misérable des ruses de l’ennemi, à qui il voulait apporter la bénédiction par le témoignage de celui qui avait connu si douloureusement la puissance de Satan. Ce sont donc les «siens», plutôt que des étrangers, qui devaient entendre le message. «Dis-leur», dit le Sauveur, «tout ce que le Seigneur a fait pour toi». «Et il s’en alla, et commença à publier dans la Décapole tout ce que Jésus avait fait pour lui ; et tous étaient dans l’étonnement». Et nous pouvons nous aussi nous étonner, non seulement devant les grandes choses faites, mais devant la foi simple manifestée. Pour lui, «le Seigneur» était «Jésus».

 

6.2        Ch. 5:21-43 — La fille du chef de synagogue et la femme avec une perte de sang

Matt. 9:18-26 ; Luc 8:40-56.

 

Nous avons ensuite le Seigneur qui se rend à l’appel d’un des chefs de synagogue pour guérir sa fille malade et à l’article de la mort (*). En chemin et dans la foule, Son vêtement est touché par une femme qui avait une perte de sang depuis douze ans. Ici aussi, l’homme n’y pouvait rien. Au lieu de trouver un soulagement auprès des plus compétents, «elle avait beaucoup souffert d’un grand nombre de médecins, et elle avait dépensé tout ce qu’elle avait, et n’en avait tiré aucun profit, mais allait plutôt en empirant» (5:26). Quel tableau du malheur humain, et combien c’est banal ! Elle disait : «Si je touche, ne serait-ce que Ses vêtements, je serai guérie» ; elle avait raison, comme c’est toujours le cas pour la foi. «Aussitôt son flux de sang tarit, et elle sut en son corps qu’elle était guérie du fléau» (5:29). Mais même l’assurance consciente ne suffit pas pour la grâce de Dieu. Elle avait volé, pour ainsi dire, la bénédiction ; il fallait qu’elle l’ait comme un don gratuit et complet du Seigneur, face à face. «Et Jésus, sachant aussitôt en Lui-même que la puissance était sortie de Lui, se retourna dans la foule, et dit : Qui a touché mes vêtements ? Ses disciples lui dirent : Tu vois la foule qui se presse contre toi, et tu dis : Qui m’a touché ? Et il regarda de tous côtés pour voir celle qui avait fait cela. Et la femme, effrayée et tremblante, sachant ce qui s’était passé en elle, vint se jeter à terre devant Lui, et Lui dit toute la vérité» (5:29-33). Précieux Seigneur, si d’une manière ou d’une autre c’est Ta main qui a opéré, il est bon d’être amené à Te dire toute la vérité ! Car, en vérité, ce n’est que pour que la coupe soit remplie par Toi jusqu’à déborder. Il lui dit : «Ma fille, ta foi t’a guérie ; va en paix, et sois guérie de ton fléau». La bénédiction était-elle moindre maintenant que le gain du croyant était contresigné par le Seigneur ? L’acte de puissance n’était-il pas renforcé par les paroles de grâce qui le scellaient, pour elle, de son propre sceau ?

 

(*) C’est ici l’une des rares transpositions, sinon la seule dans Marc, car il semblerait, d’après Matthieu 9:18, que le chef Jaïrus vint pour sa fille pendant que le Seigneur parlait du vin et des outres (Marc 2:22).

 

Telle est maintenant la bénédiction que la foi saisit alors que le Seigneur est en route pour guérir la fille malade du chef de synagogue. Et si de mauvaises nouvelles sont parvenues à l’oreille du chef alors que Jésus couronnait de Sa miséricorde celle qui L’avait touché, combien Sa bonté est prompte à protéger du désespoir un cœur faible ! «Ne crains pas, crois seulement». Ce n’est pas le Maître qui était troublé, mais Son travail. Avec des témoins choisis, piliers de la circoncision, Il s’en va, chasse les vains pleureurs qui méprisaient Ses paroles de réconfort et, en présence des parents et de Ses compagnons, Il réveille la jeune fille du sommeil de la mort, à leur grand étonnement. Ainsi, à la fin des temps, Il ressuscitera Israël.

 

7        Marc 6

Matt. 13:53-58 ; cf. Luc 4:16-30.

 

Il y a trois divisions que je voudrais faire dans la portion de l’Écriture qui nous occupe, en vue de l’examiner plus commodément :

●         Premièrement (6:1-6), le rejet incrédule de Christ dans «Son propre pays» ;

●         Deuxièmement (6:7-13), la mission des Douze ;

●         Troisièmement (6:14-29), la puissance — mais aussi, hélas ! la faiblesse fatale — d’une conscience non purifiée, comme l’illustre le comportement du roi Hérode à l’égard de Jean le baptiseur.

 

7.1        Ch. 6:1-6 — Le rejet incrédule de Christ dans Son propre pays

(Premièrement) D’abord, le Serviteur infatigable vient dans Son pays, suivi de Ses disciples. «Et quand le sabbat fut venu, il se mit à enseigner dans la synagogue. Beaucoup l’entendirent et furent étonnés, disant : D’où viennent ces choses à cet homme ? et quelle est cette sagesse qui lui est donnée, et d’où vient que de tels miracles s’opèrent par ses mains ? N’est-ce pas là le charpentier, le fils de Marie, le frère de Jacques, de Joses, de Jude et de Simon, et ses sœurs ne sont-elles pas ici avec nous ? Et ils étaient scandalisés en lui» (6:2-3).

 

7.1.1        Aveuglement général à l’égard du Seigneur Jésus

Quelle leçon ! La puissance de Son enseignement était reconnue, ainsi que les miracles accomplis par Ses mains ; mais même les Nazaréniens méprisés butaient contre le Seigneur humble — le Serviteur humble — Seigneur et Serviteur de tous. Le moindre des hommes n’est pas exempt du même esprit du monde qui aveugle les plus grands. En vérité, le dieu de ce monde aveugle tous ceux qui sont perdus. Le fait est peut-être plus évident chez les princes de ce monde, dont les ressources ne peuvent les aider à discerner et à proclamer le Seigneur de la gloire ; mais l’universalité de l’aveuglement moral est démontrée par la conduite d’hommes tels que ceux de Nazareth vis-à-vis du Seigneur Jésus. Que le véritable héritier du trône de David, pour parler de Sa gloire royale, soit un «charpentier», c’était et c’est encore trop pour la chair et le sang. Et pourtant, quand on le croit, la grâce de Son humiliation est aussi frappante que le besoin de cette grâce était urgent et absolu, s’il fallait que Dieu soit glorifié et que l’homme soit délivré selon Ses pensées. Il est clair, également, que la grâce de tout ce qu’Il est devenu et a enduré n’est justement perçue que par ceux qui voient en Lui le Fils — Il est le Dieu véritable et la vie éternelle (1 Jean 5:20).

 

7.1.2        Le Seigneur s’abaisse devant Son rejet mais poursuit Son œuvre

Ici, cependant, même en tant que prophète, Il est rejeté ; et Jésus s’incline devant ce fait qui est le lot commun de ceux qui travaillent pour Dieu dans un monde qui les connaît trop bien pour leur rendre honneur, et qui pourtant ne les connaît pas, comme il ne L’a pas connu, Lui. «Un prophète,» dit-il, «n’est pas sans honneur, si ce n’est dans son pays, parmi ses parents, et dans sa propre maison» (6:4). Et comme Il parlait, ainsi Il agissait, ou plutôt n’agissait pas. Car «il ne put faire là aucun miracle, si ce n’est qu’il imposa les mains à quelques infirmes et les guérit» (5:5). Quelle admirable perfection de Son service ! Il me semble que rien ne la montre mieux que ce genre de façons d’agir : «Il ne put faire là aucun miracle». Oui, Lui, le Créateur de tout, le Soutien de tout, ne put rien faire là de puissant. Il était l’homme toujours dépendant et obéissant qui était venu pour faire, non pas Sa propre volonté, mais la volonté de Celui qui L’avait envoyé. «Toutes choses ont été faites par Lui, et rien de ce qui a été fait n’a été fait sans Lui» (Jean 1:3) ; pourtant, Il ne put accomplir là aucun miracle. Seigneur bienheureux ! Tu es plus grand pour moi dans Ta faiblesse que dans Ta force, par laquelle toutes choses subsistent. Et pourtant, il y avait l’exercice en grâce de la guérison, dans la mesure où c’était moralement compatible aux yeux de Dieu avec les personnes et le lieu. Car «Il imposa les mains à quelques infirmes et les guérit». «Et Il s’étonnait», ajoute l’Esprit de Dieu, «de leur incrédulité» (6:6). Cela n’empêcha cependant pas Son témoignage dans le voisinage, car Il «visitait l’un après l’autre les villages à la ronde en enseignant» (6:6).

 

7.2        Ch. 6:7-13 — Envoi des Douze pour prêcher la repentance. Grave culpabilité de ceux qui les rejettent

Matt. 10:1-15 ; Luc 9:1-6.

 

7.2.1        L’envoi de messagers de grâce démunis, mais pourvus de puissance, montre le caractère divin de Celui qui envoyait

Deuxièmement, il appela les Douze, et commença à les envoyer deux par deux, et leur donna autorité (pouvoir) sur les esprits impurs, et leur ordonna de ne rien prendre pour leur voyage, sauf un bâton seulement, etc. Je ne pense pas que l’importance de l’envoi de Ses serviteurs (que ce soit les Douze ou d’autres) par le Seigneur, soit suffisamment apprécié par la plupart des gens. Avant Sa mort et Sa résurrection, ce n’était pas encore, et ça ne pouvait pas être, une mission avec un plein caractère de grâce pour le monde entier. Néanmoins, cet envoi de Ses messagers avec un message de grâce est basé sur un principe des plus précieux, car c’était quelque chose de nouveau sur la terre. Et combien cela nous fait un récit de la gloire réelle, bien que cachée, de Celui qui les a envoyés ! En effet, qui pourrait ainsi mandater, qualifier et munir de pouvoir sur les esprits impurs, si ce n’est celui qui était consciemment Divin ? Et quelles injonctions pour Ses ambassadeurs ! «Pas de portemonnaie, pas de pain, pas d’argent dans leur ceinture, mais chausser des sandales, et ne pas porter deux manteaux» (6:8b-9). En vérité, Son royaume et Son service n’étaient pas de ce monde, sinon le Seigneur aurait pris d’autres dispositions.

 

7.2.2        Gravité du rejet du message de repentance venant du Fils de Dieu

Pourtant, ils sont partis avec le sens le plus complet de l’autorité. Il leur dit : «En quelque lieu que vous entriez dans une maison, restez-y jusqu’à ce que vous partiez de là» (6:10). Quelle sagesse et quel soin pour la dignité de Ses messagers, et quelle vigilance pour que le message ne soit pas compromis par l’égoïsme de ceux qui en étaient chargés ! «Et quel que soit le lieu où on ne vous recevra pas et on ne vous écoutera pas, quand vous partirez de là, secouez la poussière de dessous vos pieds, pour leur servir de témoignage» (6:11). Le fait qu’Il était le Fils de Dieu, le Sauveur, ne diminuait pas, mais aggravait, la criminalité de ceux qui Le méprisaient personnellement. La substance de cette prédication était que les hommes devaient se repentir. Il n’y a pas d’œuvre divine dans le pécheur sans repentance. Sans elle, il peut y avoir une sorte de croyance sans valeur ; rien n’est plus commun dans la chrétienté. Mais il n’en est pas ainsi là où le Saint Esprit est à l’œuvre, labourant la conscience et faisant entrer dans le cœur la bonne graine qui peut avoir été semée. Des signes extérieurs accompagnaient ces disciples, car ils chassèrent beaucoup de démons, ils oignirent d’huile beaucoup de malades et les guérirent.

 

7.3        Ch. 6:14-29 — Une conscience cautérisée se fait coincer par Satan

Matt. 14:1-12 ; Luc 9:7-9.

 

Le troisième point à remarquer maintenant est l’histoire solennelle de la conscience du roi Hérode, qui, en entendant la renommée de Jésus, attribua les miracles à Jean le Baptiseur, comme ressuscité d’entre les morts. Il y avait la variété habituelle d’opinions et d’incertitudes parmi les autres hommes, mais la mauvaise conscience d’Hérode le poussa à affirmer positivement qu’il s’agissait de Jean qu’il avait décapité. Quel tourment même ici, si ce n’est dans le cas encore plus désespéré de ceux qui sont religieusement endurcis (cautérisés) ! Le Saint Esprit se détourne alors pour donner le récit des circonstances, et pour expliquer pourquoi Hérode était ainsi mal à l’aise et perplexe. La méchante Hérodias que le tétrarque avait coupablement épousée, bien qu’elle fût la femme de son frère, avait cherché en vain à se venger. Car, malgré son blâme, Jean était haut-estimé par Hérode comme étant un homme juste et saint. Hérode, lorsqu’il l’avait entendu, faisait beaucoup de choses et l’écoutait volontiers. Mais les comparutions correctes en restèrent là. Satan trouva le moyen de l’enfermer dans une voie dont il ne pouvait sortir que par la repentance et la reconnaissance de ses péchés. Elle émergea d’une fête royale où la fille d’Hérodias dansa pour la satisfaction d’Hérode et de ses invités, et elle obtint du roi la promesse irréfléchie, avec serment, de lui donner ce qu’elle demandait, jusqu’à la moitié de son royaume. C’était là l’occasion rêvée de vengeance de la femme adultère, qui chargea sa fille d’exiger sur-le-champ la tête de Jean le Baptiseur sur un plat. Le roi (dont la crainte à l’égard de Jean n’avait pas de source plus élevée que la nature), fut très désolé, mais céda pour faire bonne figure devant ses invités ; il envoya immédiatement un des gardes pour achever le prisonnier, et présenta sa tête à la fille, qui transmit à sa mère. Quel filet évident de Satan pour prendre les pieds de celui qui n’était pas dépourvu de sentiments ! et combien la conscience est impuissante quand le serviteur de Dieu est sur le plateau d’une balance et que sur l’autre il y a l’engagement d’un pauvre honneur ! Comme tout est simple dans la présence de Dieu ! Les promesses du diable sont plutôt brisées que tenues.

 

7.4        Reprise du chapitre sous l’angle des principes du service

7.4.1        Ch. 6:1-6 — Le Seigneur méprisé comme serviteur : Son travail devient discret car Il est empêché de faire de grandes choses

Cette dernière partie du chapitre, aussi bien que la première, est singulièrement pleine d’instructions pour le service du Seigneur. Tout d’abord, nous avons eu la part du Seigneur Lui-même. Non seulement Il était refusé dans Son titre de Roi ou de Messie, mais méprisé comme serviteur de Dieu. Ils entendaient Sa doctrine et étaient étonnés de Sa sagesse non moins que de Sa puissance, mais ce qui l’emportait sur tout dans leur esprit, c’était : «N’est-ce pas le charpentier ?» (6:3). Et effectivement Il l’était. Il apparaît donc que notre Seigneur a réellement travaillé de cette manière. Il n’était pas seulement le fils d’un charpentier, mais charpentier Lui-même. Le Créateur du ciel et de la terre a passé une partie considérable de Son séjour dans ce monde à faire ce modeste travail, jour après jour.

Notre Seigneur, étant empêché de faire de grandes choses, se tourne donc vers un travail discret. Bien qu’empêché par leur incrédulité de rendre un témoignage éclatant de Sa gloire, Il imposa les mains à «quelques infirmes, et les guérit» (6:5). Il n’y avait pas chez notre Seigneur le sentiment d’être mortifié ; Il se détourna calmement du mépris qui entravait ses miracles pour s’occuper de cas peu nombreux et insignifiants. Pouvons-nous méconnaitre en cela la perfection de Christ en tant que serviteur ?

 

7.4.2        Ch. 6:7-13 — Envoi des Douze : messagers du Roi, démunis, mais investis de la puissance contre Satan

Nous avons eu ensuite l’envoi des Douze. Il y avait en eux la combinaison de deux éléments difficiles à concilier. Ils allaient être placés dans des circonstances qui les exposeraient au mépris de tous. Ils ne devaient pas avoir d’argent dans leur ceinture, pas même deux manteaux, pas de chaussures mais des sandales ; ils devaient être sans portemonnaie ni provisions pour la route. Y avait-il une condition plus démunie et plus dépendante d’autrui ? Pourtant, ils étaient envoyés en tant que messagers du Roi et étaient investis de Sa propre puissance. Une preuve remarquable en est la puissance qui leur était donnée sur les esprits impurs. «Il se mit à les envoyer deux par deux (il y avait une association dans leur service), et leur donna pouvoir sur les esprits impurs» (6:7). Et ainsi envoyés, non seulement ils prêchèrent la repentance aux hommes, mais ils chassèrent beaucoup de démons, oignirent d’huile beaucoup de malades et les guérirent (6:12-13). La chose primordiale dans la pensée du Seigneur était de s’occuper de la puissance de Satan. Il y a beaucoup d’incrédulité parmi les hommes à ce sujet. Le monde a grandi dans les inventions matérielles, et à mesure que le temps passe, les hommes se sont tellement habitués au pouvoir donné à l’homme sur la nature extérieure qu’ils sont enclins, par ces circonstances mêmes, à oublier et à nier la puissance et les ruses invisibles de Satan. Il était donc d’une grande importance qu’en parcourant le pays d’Israël, les disciples, appelés et envoyés par l’autorité de Dieu, soient revêtus de la puissance divine pour l’amour de Christ, dans la mesure où cette puissance pouvait être communiquée.

 

7.4.3        Ch. 6:14-29 — Contraste entre ceux qui chassent les esprits impurs et ceux qui y cèdent

7.4.3.1       La Parole de Dieu touchant une conscience sans qu’il y ait repentance

Mais il y a aussi une autre chose qui est d’une grande importance pour le service du Seigneur. Tandis qu’ils appelaient les hommes à se repentir, il y avait une réponse étonnante dans la conscience. La parole atteignait le cœur même là où c’était le moins probable, comme dans le cas d’Hérode, qui est l’exemple donné ici par l’Esprit de Dieu. Si les hommes ne se repentent pas, il y a quand même une conscience, et la Parole ne manque pas de la sonder. Ils peuvent ne pas tenir compte de l’avertissement, ils peuvent s’en détourner, ils peuvent essayer de l’oublier, et réussir pendant un certain temps à étouffer tout sentiment juste, mais l’aiguillon est là, et bien que, par exemple chez un homme fort, l’effet d’une blessure ne soit pas sensible pendant un temps, néanmoins, quand le jour de la faiblesse arrive, la vieille blessure réapparaît ; et ce que la vigueur de la jeunesse a permis de tolérer, peut plus tard générer des ennuis croissant jusqu’à la clôture de toute la scène. L’affaire d’Hérode donne l’histoire d’une âme dont la conscience a été atteinte par la parole de Dieu, mais sans rien de plus.

 

7.4.3.2       La résistance à l’Esprit Saint. Le message de Jean le Baptiseur

Nous savons bien qu’il y a une résistance au Saint Esprit chez les hommes inconvertis ; c’est très banal là où la parole de Dieu est connue, bien qu’il ne s’agisse pas seulement de résister à la Parole, mais à l’Esprit de Dieu. C’est pourquoi Étienne a dit, en s’adressant aux Juifs : «Vous résistez toujours au Saint Esprit ; comme vos pères l’ont fait, vous le faites aussi» (Actes 7:51). Le Saint Esprit utilise la Parole jusqu’à toucher la conscience, et quiconque la refuse résiste à la fois à la Parole et à l’Esprit de Dieu. Dans le cas d’Hérode, il n’y avait que le témoignage de Jean, mais c’était un témoignage puissant quant à la conviction de péché. Jean le Baptiseur n’avait pas la prétention d’introduire la rédemption ; son objectif principal était d’indiquer Celui qui allait venir. Mais il a accompli une œuvre puissante en amenant les hommes à comprendre qu’ils ne pouvaient pas se passer du Seigneur. Ainsi, il fit comprendre aux hommes que tout était ruiné aux yeux de Dieu, et que, bien loin que les choses soient prospères ou heureuses, la hache était placée à la racine de l’arbre, et le jugement était à la porte. Et il en fut ainsi, sauf que tout d’abord, le jugement mérité par l’homme, tomba par grâce sur Christ. C’est sous cette forme inattendue que le jugement divin a eu lieu sur la croix. C’était une action très réelle de Dieu, mais c’était un jugement retenu pour le moment de tomber sur les coupables, un jugement qui tombait sur le Fils de Dieu non coupable, par quoi la rédemption était accomplie. Toute l’œuvre de Christ pour l’Église de Dieu est intervenue pendant le temps où l’homme — Israël — est laissé à lui-même par le Seigneur.

 

7.4.3.3       Le temps de la patience de Dieu avant que le jugement tombe sur les coupables

C’est le temps de la longanimité de Dieu, pendant lequel il est permis au monde de suivre sa propre voie dans le rejet de l’Évangile comme cela a eu lieu dans la crucifixion de Christ. C’est ce que le monde fait maintenant, et qui sera bientôt consommé, quand le jugement viendra. Ainsi, la conscience se manifeste chez un homme qui sentait ce qui était juste, et qui écoutait volontiers la Parole pendant un temps. Mais il n’y avait pas de repentance, pas de soumission de l’âme à la conviction de ce qui était vrai, juste et de Dieu — conviction qui passa un temps dans ses pensées. La conséquence fut que les circonstances furent gérées par l’ennemi et permises par Dieu de façon qu’Hérode fut la démonstration de l’inutilité de la conscience naturelle à l’égard de la personne même qu’il avait reconnue comme prophète. Mais en tout cas, tout était perdu maintenant, et une heure de culpabilité dans un banquet avec le désir de récompenser quelqu’un d’aussi mauvais ou pire que lui, a piégé sa faiblesse et bloqué sa parole.

 

7.4.3.4       Le moment où la conscience n’agit plus pour retenir Satan

Voilà la fin de la conscience naturelle. Hérode ordonne ce qu’il n’aurait pas imaginé qu’il pût faire. Nous connaissons mal la puissance de cet adversaire impur et subtil qu’est le diable. C’est juste la contrepartie de ce que le Seigneur faisait en grâce par Ses disciples : Il leur donnait le pouvoir sur l’esprit impur. Les hommes se repentent, et la puissance de Satan doit être brisée pour cela. Ici, au contraire, il s’agissait d’un homme qui savait qu’il était dans un mauvais cas ; mais la puissance de Satan n’avait jamais été vraiment brisée. Il n’y avait pas de recours à Dieu avec le sens de ne pouvoir se délivrer soi-même. Le résultat fut qu’Hérode continua jusqu’à ce que, dans cette heure mauvaise, l’acte terrible fut perpétré ; tout était fini, et il fut sans doute abandonné au désespoir ou à l’indifférence. S’il avait eu le sens de la grâce qui est en Christ, il y avait assez de grâce pour effacer ce péché comme tout autre péché. Le cœur qui refuse de s’incliner en conscience devant Dieu, ne reconnaît jamais la grâce qui est en Christ.

 

7.5        Ch. 6:30-44 — Le Seigneur menant à l’écart après le service

Matt. 14:13-21 ; Luc 9:10-17 ; Jean 6:1-13.

 

7.5.1        Ch. 6:30-31 — Tout dire à Jésus et se reposer à l’écart pour ceux qui se sont acquittés de leur tâche. Besoin d’être stimulés pour d’autres

Ayant ainsi de nouveau un peu esquissé la vérité dans cette partie du chapitre en ce qui concerne les principes de Dieu pour guider dans le service, nous pouvons passer à autre chose. Les apôtres se réunirent auprès de Jésus, et lui racontèrent tout ce qu’ils avaient fait et ce qu’ils avaient enseigné. Il y avait en cela une grande simplicité, et pour quiconque est engagé dans l’œuvre du Seigneur, c’est quelque chose de très sain que d’aller à Jésus avec ce qu’on a fait et enseigné. Il est bon d’examiner, et peut-être de répéter ; mais à qui pouvons-nous le faire en toute sécurité si ce n’est à Jésus ? Il est possible de partir en service, mais il faut aussi revenir et raconter à Jésus tout ce que nous avons eu à faire ou à dire. Il peut y avoir des occasions où il est bon et convenable d’encourager les autres avec les œuvres merveilleuses de Dieu ; mais il est toujours bon et sain d’en parler au Seigneur. Dans Sa présence, il n’y a aucun danger de s’enfler d’orgueil et d’avoir de nous-mêmes une opinion plus haute que celle qu’il convient d’avoir. C’est là que nous apprenons combien nous sommes petits et ce qui est défectueux même dans ce que nous désirons le plus pour l’édification des autres. Notre Seigneur montre tout à fait Son intérêt et Sa sympathie à cet égard, et leur dit : «Venez vous-mêmes à l’écart dans un lieu désert, et reposez-vous un peu ; car il y avait beaucoup de gens qui allaient et venaient, et ils n’avaient même pas le loisir de manger» (6:31). Ce serait une bonne chose si nous avions besoin ainsi de nous reposer davantage, c’est-à-dire si nos travaux étaient si abondants, et si nos efforts nous renonçant pour la bénédiction des autres étaient si continuels, que nous puissions être sûrs que la parole du Seigneur pour nous serait celle-ci : «Venez dans un lieu désert, et reposez-vous un peu» ! Je crains que parfois nous ayons plutôt besoin d’être stimulés pour sentir quel droit les âmes ont sur nous, ce que nous devons, non pas simplement aux saints de Dieu pour rechercher leur bénédiction, mais à toute créature, car nous sommes débiteurs envers tous. Ayant un Christ tel que nous l’avons, nous devrions sentir que nous avons assez de richesses pour tout — des richesses de grâce en Lui, non seulement pour les saints de Dieu, mais pour le plus pauvre des pécheurs. Les Douze s’étaient si bien acquittés de leur mission que notre Seigneur pouvait leur dire de venir à l’écart et de se reposer un peu. Il y avait plus que du repos pour le corps : avec Lui, quel repos pour l’âme ! C’est une bonne chose, parfois, d’être ainsi seuls, et pourtant pas seuls — séparés des hommes pour être avec Le Seul qui puisse nous donner une force nouvelle et, en même temps, une humilité adéquate pour mieux accomplir notre service, quel qu’il soit.

 

7.5.2        Ch. 6:32 — Départ dans une barque, le Seigneur s’occupant de tous les détails

Ils s’en allèrent donc dans un lieu désert, dans une barque, à titre privé. Cette façon de faire du Seigneur en bonté me semble tellement digne d’être notée ici. Nous ne faisons pas assez cas du Seigneur ; nous ne sommes pas tout à fait simples dans nos pensées sur l’intérêt qu’Il nous porte dans tous les détails des circonstances au jour le jour ; nous ne pensons pas toujours à Lui comme à un ami réel, vivant, tendre, occupé de nous et résolu à notre bien, et daignant même prendre soin de nos corps aussi bien que de nos âmes. Nous en avons ici la preuve à l’égard des Douze.

 

7.5.3        Ch. 6:33-34 — Pas de froideur vis-à-vis des intrus malgré la fatigue

«Et beaucoup les virent partir qui s’en allaient, et les reconnurent, et accoururent à pied de toutes les villes, et les devancèrent. Et (Jésus), étant sorti, vit une grande foule, et fut ému de compassion pour eux, parce qu’ils étaient comme des brebis qui n’ont pas de berger. Et Il se mit à leur enseigner beaucoup de choses» (6:33-34).

Ceci est extrêmement doux, car Son but en se retirant était de donner à Ses disciples du loisir, ils n’avaient pas même le temps de manger, et la hâte de la multitude était vraiment une intrusion, et pourtant le Seigneur se tourne immédiatement vers la foule avec amour. Ici encore, il n’y a pas la moindre expression d’un sentiment perturbé. Il n’y avait aucune froideur à l’égard des intrus. Au contraire, Il entre dans ce nouveau service avec le même empressement avec lequel Il s’était mis à l’écart avec Ses disciples pour leur donner un peu de repos en chemin. Plus encore, Il regardait avec compassion la multitude, «car elles étaient comme des brebis qui n’ont pas de berger. Et il se mit à leur enseigner beaucoup de choses». Lui, au moins, ne connaissait pas le loisir ; en tout cas, en a-t-Il jamais profité, bien qu’il y eût infiniment plus de quoi L’éprouver et Le fatiguer en tant qu’homme qu’il n’y en eut jamais pour aucun autre ? Il se tourne immédiatement vers ces hommes dans le besoin pour leur enseigner ce dont ils ne savaient pas qu’ils avaient besoin.

 

7.5.4        Ch. 6:35-36 — Les disciples veulent renvoyer les foules

«Et comme il était déjà tard dans la journée, Ses disciples s’approchèrent de lui et dirent : C’est un lieu désert, et il est déjà tard dans la journée. Renvoie-les, afin qu’ils aillent dans la campagne et dans les villages d’alentour, et qu’ils s’achètent du pain, car ils n’ont rien à manger» (6:35-36).

Oh, ne voyons-nous pas ici le reflet de nous-mêmes ? «Renvoie-les». Était-ce là tout ce que les disciples pouvaient penser ou dire ? N’avaient-ils pas profité davantage de l’expérience passée de leur Maître ? N’avaient-ils pas profité de la grâce dont le Seigneur avait fait preuve depuis si longtemps envers le pauvre Israël sans berger ? «Renvoie-les». Les renvoyer loin de Jésus ! Sans rafraîchissement de la part de Jésus ! C’est ce que même des disciples pouvaient proposer au Seigneur Lui-même. N’est-ce pas ce que nous apprenons de nos propres cœurs ? Ne découvrons-nous pas continuellement notre faible capacité à compter sur la grâce et à utiliser Ses ressources illimitées pour faire face aux difficultés présentes ? Lorsque nous avons vu les voies du Seigneur, nous pouvons les admirer, mais la foi se manifeste surtout dans le fait de savoir comment se servir de ce qui est en Christ pour répondre au besoin qui se présente à nous. Ici, le manque était chez les autres ; mais quel manque en eux-mêmes lorsque l’incrédulité des disciples se donne libre cours devant le Seigneur ! «Renvoie-les, afin qu’ils aillent acheter du pain».

 

7.5.5        Ch. 6:37 — Le Seigneur veut que les disciples aient du cœur pour répandre la grâce. C’est l’incrédulité qui dit que la puissance n’est pas suffisante

Mais Il leur répondit : Vous, donnez-leur à manger». C’est toujours ainsi qu’Il agit : «donnez». Il aime les généreux donateurs ; Il l’était Lui-même, et Il était maintenant sur le point d’ouvrir le cœur des disciples pour qu’ils le sentent correctement. Il ne s’agissait pas seulement de ce qui était nécessaire pour une mission d’autorité à travers le pays d’Israël quand le royaume allait être établi, mais maintenant Il s’agissait d’avoir du cœur pour les pauvres, les méprisés et les misérables en Israël. Le Seigneur voulait donner aux disciples Ses propres sympathies. Il voulait leur faire connaître ce qui leur manquait à eux — leur apprendre à sentir ce qu’il y a en Christ, même pour les gens qui n’avaient aucun égard pour ses désirs, aucune considération pour le Seigneur dans la retraite qu’Il avait cherchée. Mais cela ne change rien à la grâce qui est en Christ. Quelle que soit la faute d’un autre, nous devons veiller à ce qu’elle fasse s’exhaler de nous la sagesse patiente de la grâce. C’est la chose la plus difficile que nous ayons à apprendre. Ici, les disciples s’effondrent ; mais c’est en présence de Celui qui ne l’a fait que pour les amener à percevoir Sa propre grâce. C’est là le grand point de tout le chapitre ; il s’agit de l’adaptation des autres pour le service à la suite de Son propre rejet, qui était proche et total.

Nous avons ici non seulement une puissance suffisante, mais une affection suffisante. La puissance sur l’esprit impur, nous l’avons vue ; la puissance morale par la Parole, y compris sur la conscience d’un homme naturel, avait été démontrée ; mais maintenant nous avons la perception des sentiments du Seigneur, Sa compassion pour une multitude, même incrédule. Il y en a beaucoup qui croient vraiment à l’amour du Seigneur pour l’Église, mais ils ne comprennent pas du tout la profonde pitié qu’Il a envers l’homme pauvre en tant que tel. Or, c’est ce que le Seigneur montrait ici. Il ne s’agissait pas simplement de croyants, mais nous avons des gens qui, c’est clair, cherchaient simplement à obtenir ce qu’elles pouvaient de Jésus, Le suivant pour leur propre compte — non pas pour la vie éternelle, ni à cause de leurs péchés, ni même pour les miracles qu’ils avaient vus, mais pour ce qu’Il pouvait leur donner pour cette vie. Le Seigneur n’a même pas refusé cela, mais les disciples ne connaissaient rien de cette grâce. L’autorité leur avait été conférée ; ils avaient fait l’expérience de la puissance qui leur avait été communiquée en même temps ; ils étaient venus et avaient raconté au Seigneur ce qu’ils avaient fait et enseigné. Mais où était leur affection répondant à celle du Seigneur ? Le fait qu’ils n’en avaient pas ressort des paroles qu’ils lui adressèrent. Le Seigneur devait maintenant leur communiquer Ses propres pensées et Ses sentiments, et Il le fait de cette manière : «Il leur répondit : Donnez-leur à manger». Ils n’avaient pas besoin d’aller : ils n’avaient pas besoin d’acheter. Ce que Jésus leur dit, c’est de donner : «Donnez-leur à manger». «Et ils lui disent : irons-nous acheter deux cents deniers de pain, et leur donnerons-nous à manger ?». C’était encore ce qu’opérait l’incrédulité chez eux. Ils n’avaient pas la moindre envie d’aller acheter ; mais ils voulaient mettre une difficulté insurmontable devant leur Maître. Mais pour quoi avons-nous besoin de quelqu’un comme Christ, sinon pour ce qu’il nous est totalement impossible de même commencer à résoudre ? Plus la difficulté est grande, plus l’occasion est propice pour le Seigneur de se manifester. Il est le Seigneur de tout ; et s’Il l’est, qu’est-ce qu’une difficulté peut être sinon un appel à Sa puissance, et un appel qui montre que cette puissance a toujours été au-delà de toute mesure. «Donnez-leur à manger».

 

7.5.6        Ch. 6:38 — Le Seigneur fait usage des ressources que nous avons, même très faibles

«Il leur dit : Combien avez-vous de pains ? Allez voir. Et quand ils le surent, ils dirent : Cinq et deux poissons».

C’est là un trait qu’il me semble bon de remarquer, parce qu’il est important sur le plan pratique. Même si le Seigneur travaille en vérité par Sa propre puissance, Il aime se servir de ce que nous pourrions mépriser dans notre sagesse humaine. Moïse pouvait plaider son impuissance, mais le Seigneur voulait se servir de cet homme à la parole lente. S’il employait aussi Aaron, Il voulait mettre la sentence de mort sur tout ce sur quoi la chair s’appuie. Ainsi, notre Seigneur fait maintenant appel aux ressources qui étaient déjà entre les mains des disciples. Les choses qu’ils avaient n’auraient pas pu servir sans Lui, mais Il est toujours avec nous, d’une manière ou d’une autre, toujours prêt à agir et à bénir, selon Sa toute-puissance et Sa bonté.

Lorsqu’ils rapportèrent qu’il y avait cinq pains et deux poissons, c’était sans doute avec la conviction qu’aucune réponse ne pouvait être moins satisfaisante. Étaient-ils sages en pensant qu’il était vain de vouloir nourrir une telle multitude avec ce qu’ils possédaient, quoi que ce fût ? Mais c’est la manière de Dieu de se servir du faible et du petit aussi bien que d’abaisser ce qui se confie en sa grandeur. Et comme le Seigneur était sur le point d’agir sur ce principe avec les Douze, Il se mit à les enseigner à cet égard en rapport avec la nourriture de la multitude qui les entourait. Il s’agissait d’exercer Sa propre puissance créatrice sur ce qui était tout à fait méprisable — du moins, aux yeux des hommes. Les cinq pains et les deux poissons semblaient absurdes pour une telle multitude. Mais qu’est-ce qui ne l’était pas dans les mains de Jésus ?

 

7.5.7        Ch. 6:39 — Ordre des arrangements du Seigneur. La foi a besoin qu’on soit dépendant

Mais il fait autre chose. Il ordonne qu’ils s’assoient par groupes sur l’herbe verte, et ils s’asseyent en rang par centaines et cinquantaines. Le Seigneur n’est pas indifférent à l’ordre et au décor extérieurs dans Ses dispositions. Il était sur le point d’accomplir un miracle stupéfiant, et Il dispose les gens avec soin, leur apportant sous les yeux la conviction de ce qu’il y avait en Lui pour les besoins de l’homme. Il était vraiment là, le promis, celui qui devait nourrir Ses pauvres avec du pain (Ps. 132:15). Où étaient-ils pour n’avoir jamais pensé à Lui, pour ne pas avoir compté sur un tel amour pour un besoin encore plus grand pour le corps que le pain qui périt ? Mais c’était le Seigneur qui agissait de Sa propre bonté, sans aucun égard pour les pensées des disciples. La multitude n’était pas préparée pour l’œuvre, et les disciples étaient tout aussi aveugles. Ils ne s’attendaient pas plus que la multitude à ce qui allait arriver. Le fait que nous soyons croyants ne prouve en rien que nous aurons la foi pour toute cas particulier qui se présenterait à nous et qui en nécessiterait. La dépendance présente de Dieu est nécessaire pour nous donner une idée juste des voies du Seigneur, sinon nous pouvons être aussi stupides que si nous n’avions aucune foi ; et nous serons sûrs d’être ainsi stupides si nous ne mesurons pas les difficultés par Jésus. Faites-Le entrer et la difficulté est terminée.

 

7.5.8        Ch. 6:41 — Le Seigneur se servant des disciples malgré leur défectuosité

Mais, en outre, le Seigneur emploie les disciples comme intermédiaires entre Lui et la multitude. Nous voyons continuellement le Seigneur rendre le bien pour le mal, faire honneur aux pauvres disciples qui appréciaient si peu Ses sentiments d’amour et de compassion ! Il ne distribue pas le pain directement, comme s’Il ne tenait pas compte de Ses serviteurs. Il voulait montrer à Ses disciples que l’amour de Christ aime à agir par des canaux humains. La même incrédulité qui, d’un côté, ne voit rien en Jésus, est capable de l’autre côté de négliger et de nier l’usage que Jésus fait d’instruments appropriés pour dispenser Ses bénédictions dans ce monde. Mais comme c’était Jésus seul qui était la source de tout, les disciples devaient être les canaux, à la fois apprenant et enseignant ce que la grâce pouvait faire pour eux et par eux. Les disciples, en conséquence, prennent le pain des mains de Jésus, et c’est ainsi que l’approvisionnement est assuré pour la grande multitude. C’était la manière du Seigneur alors, et c’est encore la Sienne aujourd’hui. Les miracles de Sa grâce ne sont pas, pour ainsi dire, tous réservés exclusivement à Sa main : car, bien que Lui seul soit la source constante et active de la grâce, en même temps Il agit par qui Il veut, et Il met souvent le plus d’honneur sur le membre le moins convenable ; car, comme nous savons que dans la nature c’est le membre le plus vital et le plus essentiel qui est le plus gardé et le moins apparent, ainsi en est-il dans Son corps, l’Église : «Que celui qui se glorifie se glorifie dans le Seigneur» (1 Cor. 1:31). Lui-même était parmi eux comme «celui qui sert». Il ne s’agit nullement pour le Seigneur de montrer la valeur de tel ou tel, mais de déployer Sa propre grâce et Sa propre puissance selon Sa volonté souveraine. Mais les disciples devaient apprendre que, s’ils étaient réprimandés et que leur incrédulité était mise en évidence, la grâce du Seigneur n’était pas altérée envers eux — bien au contraire, Sa grâce pouvait les employer immédiatement après, pour être les distributeurs du pain à la multitude affamée, le pain que Lui fournissait. Quelle grâce envers eux !

 

7.5.9        Ch. 6:41-44 — Simplicité des soins du Seigneur et vigilance quant à ce dont ils témoignent

Toute cette scène est très instructive, et particulièrement en ce qu’elle nous donne de voir la manière dont Il servait, et les manquements des autres. «Quand Il eut pris les cinq pains et les deux poissons, Il leva les yeux au ciel, Il bénit et rompit les pains, et les donna à ses disciples pour les mettre devant eux. Et Il partagea les deux poissons entre tous. Et ils mangèrent tous et furent rassasiés. Et ils ramassèrent douze corbeilles pleines des morceaux et des restes des poissons. Et ceux qui avaient mangé des pains étaient cinq mille hommes» (6:41-44). Les morceaux de reste dépassaient de loin la provision initiale, mais ils ne devaient pas être oubliés ou méprisés. Quelle simplicité de soins, même là où Il veillait à ce qu’il y ait sous leurs yeux le témoignage du caractère miraculeux de toute l’opération !

 

7.6        Ch. 6:45-52 — Un type du Seigneur monté en haut et des disciples peinant en Son absence

Matt. 14:22-23 ; Jean 6:15-21.

 

La scène suivante a aussi sa leçon pour nous. «Aussitôt, il contraint Ses disciples à monter à bord de la barque, et à passer devant vers l’autre bord, à Bethsaïda, pendant qu’Il renvoyait la foule. Et après les avoir congédiés, Il s’en alla sur la montagne pour prier» (6:45-46).

L’un des grands signes du Messie était qu’Il rassasie Ses pauvres avec du pain, selon le Ps. 132. Le Seigneur aurait dû être ainsi reconnu, mais Il ne le fut pas. Il les renvoya donc. Le peuple, au lieu d’être rassemblé vers le Seigneur comme leur Roi, était mis de côté, au moins pour un temps. Il congédia la multitude à cause de son incrédulité ; Il s’éloignait d’Israël pour un temps, et allait en haut pour prendre une place d’intercession. Et pendant que le Seigneur était là, les disciples étaient exposés à toutes les tempêtes et les fluctuations de la scène d’ici-bas. «Le soir venu, la barque était au milieu de la mer, et Lui seul à terre. Il les vit se tourmenter à ramer, car le vent leur était contraire» (6:47-48a). C’est une petite image de ce qui devait s’accomplir bientôt. Le Seigneur est parti en haut maintenant ; Il n’est pas avec la multitude, Il n’est pas non plus corporellement présent avec les disciples. Il a quitté les Juifs pour le moment ; Il est loin des disciples. Ils ont leur travail à faire, mais apparemment ils ne progressent pas. Mais au milieu des contrariétés de tout ce qui les entoure, Il revient. «Vers la quatrième veille de la nuit, Il vint vers eux, marchant sur la mer, et Il voulait passer à côté d’eux. Mais quand ils Le virent marcher sur la mer, ils crurent que c’était un fantôme, et ils poussèrent des cris. Car tous Le virent et furent troublés. Aussitôt, Il parla avec eux, et leur dit : Ayez bon courage, c’est moi, n’ayez pas peur. Et il monta vers eux dans la barque, et le vent cessa» (6:48b-51a).

 

7.7        Ch. 6:53-56 — Un type de l’aboutissement des promesses et du ministère du Seigneur

Matthieu 14:34-36.

 

Ensuite, nous constatons qu’après être venu à terre avec les disciples, le Seigneur a accompli tout ce qui avait été dit. «Comme ils sortaient de la barque, ils Le reconnurent aussitôt et coururent dans toute la région environnante, se mettant à transporter sur des couchettes les malades, là où ils entendaient dire qu’Il était. Et partout où Il entrait, dans les villages, dans les villes ou dans les campagnes, ils déposaient les malades dans les marchés, et Le priaient de leur permettre de toucher, ne serait-ce que le bord de Son vêtement ; et tous ceux qui Le touchaient étaient guéris» (6:54-56).

C’est une petite image de ce qui sera la conséquence du retour du Seigneur sur la terre. Quand le Seigneur et Ses disciples rejoindront le rivage qu’Il a quitté, quand Il reviendra, tout ce qu’il y a de malheur humain, de misère, de faiblesse, de maladie, dans ce monde, tout fuira devant la présence et le contact du Fils de Dieu. Il manifestera alors et ainsi Sa bonté. En conséquence, ce que nous avons ici, c’est la consommation et le triomphe de tout ministère dans Son propre ministère. Entre temps les disciples sont montrés dans leur faiblesse, mais encouragés par la perspective de Son retour en puissance et en gloire, lorsque tout sera accompli de ce que le Seigneur a toujours promis, et qu’Il a amené les Siens à attendre dans ce monde. C’est une bonne chose pour nos âmes de réaliser que tandis que notre Seigneur est absent, nous n’avons pas à être découragés par les difficultés — ni abattus si le vent est contraire et si nous peinons en vain, mais ce n’est pourtant pas en vain. C’est Lui qui nous a fait traverser cette mer agitée ; c’est Lui qui intercède pour nous entre temps, et c’est aussi sûrement qu’Il viendra à nous ; et quand Il reviendra, Il fournira tout ce qui manque, tout ce qui fait obstacle sera enlevé, et alors l’univers exultera dûment, pleinement, en son Seigneur, notre Seigneur et Maître, quand Il sera exalté d’une mer à l’autre mer, et depuis le fleuve jusqu’aux bouts de la terre (Ps. 72:8). C’est ce qu’illustrent en types les dernières circonstances de ce chapitre. Cela peut nous encourager dans n’importe quel petit service qui est devant nous maintenant. C’est une instruction pour le service du Seigneur, qui commence par Son propre rejet dans la honte et se termine par Son retour glorieux, lorsque toute maladie et toute misère disparaissent devant Sa présence.

 

***********

Traduction du ch. 7 en cours

***********

 

8        Marc 8

8.1        Ch. 8:1-9 — [Seconde multiplication des pains]

Matt. 15:32-39.

 

8.1.1        [La multiplication des pains est la preuve que Jésus était le Messie selon le Ps. 132]

Dans le second miracle de la nourriture d’une foule, nous avons, bien sûr, un témoignage renouvelé à Christ en tant que Messie, et Berger d’Israël, considéré dans la bienfaisance de Sa puissance. C’était en effet exactement ce qui est prédit de Lui : «Je bénirai abondamment ses provisions (vivres), je rassasierai de pain ses pauvres» (Ps. 132:15). C’était un gage très significatif pour Israël.

Avec les autres dominateurs, il y a en général une obligation naturelle que le peuple contribue à leur subsistance et à leur grandeur ; mais le Messie voulait être la source de nourriture de Ses sujets. Ce privilège n’appartient qu’à Lui et n’était révélé que de Lui. Il n’y a jamais eu, et il ne pourra jamais y avoir d’autre souverain avec un tel signe attaché à sa personne et avec une telle caractéristique de son règne que cette source de provisions en grâce pour Son peuple. Partout ailleurs, les ressources sont le fruit de la rapine, volant ce qui est au loin pour le prodiguer à ceux du palais. Le Messie agira par Sa toute-puissance et Son amour pour Israël. Tel est le sens clair de Ps. 132:15. La force de l’Écriture a été grandement affaiblie par la mauvaise habitude de la spiritualiser ; en fait, c’est perdre la compréhension de l’Écriture que de la limiter à de telles applications. Sans aucun doute, on a le droit de prendre l’esprit d’une telle parole, et on peut y voir comment Christ prend soin de ceux qui croient en Lui ; on peut y voir aussi qu’Il manifeste maintenant plus que jamais cette bonté caractéristique en ce qu’Il pourvoit avec amour à leurs besoins.

 

8.1.2        [Importance de cette promesse du Ps. 132]

Mais pour la grande masse des enfants de Dieu actuellement sur la terre, quelle idée se font-ils de la promesse du Ps. 132 ? et quel sens trouvent-ils dans ces miracles, si ce n’est un exercice passager de puissance en compassion ? Il est évident que l’Esprit de Dieu a attaché une grande importance à ce fait, car le seul miracle rapporté dans les quatre évangiles est cette nourriture de la foule — du moins le premier cas, celui où le Seigneur a nourri les cinq mille. Il n’en reste pas moins vrai que, par ces miracles, le Seigneur rendait le double témoignage qu’Il était le Messie, capable et désireux d’accomplir tout ce qui Le caractérisait le plus — ce qu’aucun autre prince ou roi ne pouvait réaliser, car même pour leur propre État, ils dépendent ordinairement des revenus de leurs sujets. Mais le Seigneur Jésus a en Lui cette source et cette réserve singulières de grâce, et Son royaume en sera marqué, de sorte qu’au lieu d’accabler Israël ou de vider le monde de ses richesses pour Le soutenir, le Seigneur Jésus Christ tiendra même la place du seul et unique potentat béni, justement quand la terre Le reconnaitra comme roi.

 

8.1.3        [Sur les bénédictions dans le règne millénaire]

Ce sera un jour où tous les fardeaux seront enlevés et où la terre fournira ses produits. Sans doute le cœur de l’homme s’ouvrira-t-il et «une multitude de chameaux couvrira Sion, les dromadaires de Madian et d’Épha ; tous ceux de Sheba viendront ; ils apporteront de l’or et de l’encens, et ils annonceront avec joie les louanges de l’Éternel. Tous les troupeaux de Kédar seront rassemblés auprès de toi, les béliers de Nebaioth te serviront ; ils monteront sur Mon autel, une offrande agréée, et J’ornerai la maison de Ma magnificence. Qui sont ceux-ci qui volent comme une nuée, et comme des colombes vers leurs colombiers ? Car les îles s’attendront à Moi, et les navires de Tarsis viennent les premiers pour amener de loin tes fils, avec leur argent et leur or, au nom de l’Éternel, ton Dieu, et du Saint d’Israël, car Il t’a glorifiée. ... La gloire du Liban viendra à toi, le cyprès, le pin et le buis, pour orner le lieu de Mon sanctuaire, et Je rendrai glorieuse la place de Mes pieds ... Au lieu d’airain, je ferai venir de l’or, au lieu de fer, je ferai venir de l’argent, au lieu de bois, de l’airain, et au lieu de pierres, du fer. Et je te donnerai pour gouvernants la paix, et pour magistrats, la justice» (Ésaïe 60:6-17). Mais le grand trait distinctif du royaume terrestre du Messie par rapport à tous les autres, sera cette affluence de bienfaits quand la puissance divine entreprendra tout pour l’homme au grand jour où la victoire du Seigneur sur Satan sera concrétisée ici-bas.

 

8.1.4        [Le cœur de l’homme ne sera pas changé pendant le règne millénaire]

Le règne millénaire ne sera pas l’homme amené dans l’état éternel, et il aura encore un corps susceptible de mourir. Le mal sera toujours possible dans le monde, mais la caractéristique particulière sera que la puissance du bien par Christ, le grand Roi, prévaudra sur le mal, même si le mal ne sera pas éradiqué et que le péché sera encore dans la nature de l’homme, et que le pouvoir de la mort pourra être utilisé dans des cas particuliers comme jugement sur les péchés flagrants. Ce ne sera pas la lutte du mal avec le bien, mais la suprématie de la bénédiction découlant de l’Éternel-Messie sur toute la terre. S’il y avait un seul endroit de la terre à part, un coin solitaire de la nature qui ne soit pas visité par le courant de bénédiction en «ce jour-là», ce serait, dans cette mesure, le triomphe du mal sur le bien. Nous savons par Apocalypse 20 qu’après le règne millénaire, les nations se révolteront. Aucun bienfait de la part du Seigneur, aucune distribution de pain à Ses pauvres, ne changera le cœur de l’homme déchu — ni aucune manifestation de la gloire ne le dissuadera de sa folle opposition. La triste preuve en sera évidente : tous ceux qui ne seront pas nés de Dieu dans le millénium fourniront à Satan un nouveau combustible pour allumer la dernière rébellion contre le Seigneur ; mais le feu descendra du ciel et les éliminera judiciairement, pris sur le fait. Quelle preuve accablante de ce que l’homme n’est bon à rien quand la gloire lèvera sa lumière sur la terre, autant que le présent siècle mauvais prouve que l’homme est bon à rien par son mépris et son abus de la grâce ! Tandis qu’Il était ici-bas, le Seigneur montrait qu’il n’y avait aucun manque de puissance dans le but de montrer la puissance de Son royaume. Lui qui pouvait nourrir cinq mille personnes aurait pu aussi bien en nourrir cinq millions. Il se plaisait à utiliser les matériaux les plus communs à disposition ; Il était le Seigneur de tout prenant ce qu’il y avait, et il en sera de même dans le royaume millénaire, le Seigneur faisant toutes choses nouvelles — non pas absolument, mais dans une certaine mesure, en figure de l’œuvre complète qui clôturera tout.

 

8.1.5        [Ne pas minimiser les bénédictions terrestres promises dans l’AT]

Les chrétiens qui ne pensent qu’au ciel effacent le témoignage d’une grande partie de l’Écriture, en rendant la scène future non seulement vague, mais en la falsifiant gravement, y compris dans ses aspects les plus forts et les plus importants. Car l’ère à venir sera, pour l’essentiel, sans précédent. L’habitude de tout rapporter au moment présent est très nuisible à notre foi, car elle déshonore l’Écriture. Elle naît de l’esprit d’incrédulité, et s’en nourrit, peut-être autant que de tout autre préjugé.

 

8.1.6        [Rechercher le pourquoi de ces deux miracles de multiplication de pains si proches l’un de l’autre]

Le point suivant que je voudrais remarquer est l’enseignement spécial des deux miracles. Pourquoi nous sont donnés ces deux faits si proches l’un de l’autre ? Y a-t-il quelque chose à glaner dans le fait que, dans un cas, le Seigneur nourrit cinq mille personnes et douze paniers des morceaux furent récupérés ; et dans l’autre, quatre mille personnes furent nourries, et sept paniers furent récupérés ? Certains s’empressent de dire qu’une telle question relève de la curiosité, que c’est céder à la fantaisie que d’essayer d’en dégager un sens précis ; mais j’espère que peu de mes lecteurs ont une idée aussi basse de la Parole de Dieu, que de supposer qu’en dehors des simples faits, nous n’avons pas dans ce qui est rapporté de Lui, une manifestation de Christ au point de vue moral ou au point de vue de la dispensation. Nous avons besoin de peser et d’apprécier les plus simples incidents relatés, mais ne limitons pas l’Écriture à notre horizon. Apprécions chaque fait, et ne méprisons aucune leçon que Dieu peut communiquer par ce moyen. Laissons de la place pour tout ce qu’Il veut nous faire goûter. Même si nous ne savons que peu de choses, nous en savons assez pour tenir la vérité que toute l’Écriture est non seulement inspirée par Dieu, mais qu’elle est utile (2 Tim. 3:16) ; et c’est l’affaire du chrétien de se garder de se complaire dans ses points ou doctrines préférés, et de chercher à comprendre spirituellement toute la parole et la pensée révélée de Dieu.

Nous pouvons donc nous demander ce que nous avons à apprendre de ces miracles, outre la confirmation de la place du Messie dans la gloire terrestre et de Sa sollicitude pour Son peuple.

 

8.1.7        [La première multiplication des pains et sa suite : un type de la dispensation actuelle où Christ laisse Israël et devient intercesseur en-haut]

Dans la première circonstance, le Seigneur a tout d’abord donné à manger à la foule, puis Il les a congédiés et a laissé les disciples, quant à Sa présence corporelle, les envoyant sur une mer agitée et sous un vent contraire, où ils ont louvoyé toute la nuit sans guère progresser, tandis qu’Il était sur une montagne en train de prier Dieu. N’est-ce pas là une image évidente de ce qui s’est passé depuis que le Seigneur a, pour ainsi dire, congédié Israël pour un temps, et a laissé les disciples quant à Sa présence corporelle ? Il est en-haut dans l’intercession. Il a pris une toute nouvelle position ; et on a ici les disciples, pendant Son absence en haut, exposés ici-bas à des éléments conflictuels. Qu’est-ce qui pourrait dépeindre plus exactement la dispensation actuelle — Israël mis de côté après le témoignage qu’Il leur a rendu, les disciples laissés par notre Seigneur dans ce monde orageux, et Lui-même toujours vivant pour intercéder pour eux ? De plus, lorsque tout semble avoir été vain, le Seigneur apparaît à l’improviste, monte à bord avec eux, et «aussitôt le navire se trouve au pays où ils allaient». Qu’est-ce qui pourrait indiquer plus clairement en type, qu’en conséquence de l’incrédulité d’Israël, Il quitterait ce monde pour aller en haut, et qu’Il y prendrait la place, non pas de roi sur la terre subvenant aux besoins de Son peuple (ils n’étaient effectivement pas prêts pour Lui), mais la place d’avocat-sacrificateur dans le ciel, jusqu’au moment où Il descendrait et rejoindrait Ses disciples ballotés par les tempêtes, et apporterait partout la puissance de guérison et la bénédiction ? (Marc 6:34-56). En outre, nous voyons, dans le miracle au début, «douze paniers». Je pense que cela fait référence à la manière dont l’homme devient prééminent. Il est fait pour être le moyen d’exécuter les pensées du Seigneur. Il en sera de même dans un proche avenir.

 

8.1.8        [La seconde multiplication des pains et sa suite : bonté bienfaisant du cœur du Seigneur pour répondre aux besoins des Siens, malgré Son rejet]

Mais dans le récit ici au ch. 8, où quatre mille hommes sont nourris et sept paniers restent, il y a une différence notable. Cela n’a rien à voir avec une quelconque figure des voies dispensationnelles du Seigneur. Nous voyons ici le Seigneur prendre soin, par pure grâce, d’un certain résidu de Son peuple. Ce n’est pas le témoignage de l’ordre des événements depuis Son rejet par Israël jusqu’à Son retour en puissance et en gloire. Il est le Messie, bien sûr, mais c’est la bonté bienfaisante de Son cœur qu’Il montre, malgré Son rejet. Le Seigneur prendra en charge un résidu bientôt dans les derniers jours, lorsque la masse sera apostate, et Il prendra soin d’eux et répondra à leurs besoins. En attendant, Il se tourne vers nous, les Gentils, dans Sa grâce ; et que nous manque-t-il ? Qu’il s’agisse d’un résidu terrestre ou céleste, la scène illustre le fait et la certitude de la tendre sollicitude du Seigneur envers Son peuple, maintenant qu’Il a été rejeté. Il n’y a pas d’abandon des disciples ici ; Il est avec eux tout le temps.

 

8.1.9        [Il n’y a pas ici un type des voies du Seigneur lorsqu’Il s’est présenté à Israël, mais il s’agit de Sa bonté et de Ses ressources pour les pauvres qui Le suivent]

«En ces jours-là, comme il y avait une très grande foule, et qu’ils n’avaient rien à manger, Il appela les disciples auprès de lui» (8:1). Ce n’est pas, comme la dernière fois où les disciples vinrent à Lui, étant inquiets au sujet de la foule. C’est Lui-même qui agit, dans un élan d’amour. Il leur dit : «Je suis ému de compassion envers la foule, car voici déjà trois jours qu’elle demeure auprès de Moi, et ils n’ont rien à manger ; et si je la renvoie à jeun dans leurs maisons, ils tomberont en défaillance en chemin, car quelques-uns d’entre eux sont venus de loin» (8:2-3). On comprend donc que l’objet de la scène n’est pas de fournir un type des voies du Seigneur lorsqu’Il s’est présenté à Israël et qu’Israël n’a pas voulu de Lui. Ici, il s’agit simplement de Ses ressources pour le résidu de Son peuple, pour les pauvres qui vont en Le suivant. Ils peuvent ne guère percevoir Sa gloire, mais Il prend soin d’eux. Il ne s’agit dans ce cas que de la bonté de Christ, veillant sur eux et pourvoyant à leurs besoins, en surabondance, bien que rien ne soit perdu. C’est leur misère qui a fait appel à Son cœur ; et le Seigneur a pris tout en main Lui-même, bien qu’Il ait donné à Ses disciples le privilège d’être les canaux de Sa générosité.

 

8.1.10    [Symbolique des sept pains et sept corbeilles]

En conséquence, même lorsque les disciples Lui demandent : « D’où pourra-t-on les rassasier de pain ici, dans un lieu désert ?» (8:4). Il demande : «Combien de pains avez-vous ? Et ils répondirent : sept» (8:5). Le «sept» au début et à la fin de ce cas ne se réfère pas, semble-t-il, à la question de l’homme servant d’instrument (ce pour quoi «douze» est le symbole habituel dans l’Écriture), mais simplement à la plénitude des ressources, maigre aux yeux de l’homme, mais complète à Ses yeux de grâce et de puissance, dépassant aussi la simple satisfaction de leur besoin présent. C’est le soin et la compassion parfaits du Seigneur pour Son peuple. Non seulement Il les a satisfaits, mais le caractère complet est marqué comme un sceau sur toute l’affaire, à la louange de Sa bonté et de Sa puissance. «Ils mangèrent et furent rassasiés, et ils ramassèrent des morceaux de reste, sept corbeilles. Ceux qui avaient mangé étaient environ quatre mille, et Il les renvoya» (8:8-9).

 

8.2        Ch. 8:10-13 — [Les pharisiens demandent un signe du ciel]

Matt. 15:39-16:4.

 

«Et aussitôt, il monta à bord d’un navire avec ses disciples, et arriva dans les régions de Dalmanutha» (8:10). C’est un autre point de distinction que je désire noter. Dans la première occasion, Il avait laissé Ses disciples et s’en était allé seul ; cette fois-ci, Il les accompagne. Il n’y a aucune référence à ce qui se passe dans la dispensation actuelle, ni à Son ascension pour exercer des fonctions sacerdotales dans le ciel.

 

8.2.1        [Inconvenance de demander encore un signe, et un signe du ciel]

Ce que nous voyons ici, c’est le soin parfait du Seigneur pour Son peuple, et ensuite Sa présence avec les disciples, veillant sur eux et les gardant au milieu des difficultés d’une génération perverse, superstitieuse ou sceptique, mais pareillement incrédule devant Dieu. En effet, «les pharisiens s’avancèrent et se mirent à disputer avec Lui, demandant de lui un signe du ciel» (8:11). Ceci est très pénible, car le fait de demander des signes montrait qu’ils n’avaient aucune pensée sérieuse ni aucun cœur à l’égard des miracles remarquables accomplis par le Seigneur. Pourtant, ces signes auraient dû produire une impression profonde et vaste, car il était impossible que les cinq mille hommes, outre les femmes et les enfants, et ensuite les quatre mille, aient pu être ainsi nourris sans que ce soit ébruité dans tout le pays. La question des Pharisiens, je suppose, était née de la spéculation que suscitait l’accomplissement de ces miracles par le Seigneur. En tout cas, ils voulaient un signe de la part de Celui qui avait déjà fourni sous leurs yeux les signes les plus grands en quantité et en qualité. Pouvaient-ils donner une preuve plus terrible de l’incrédulité de l’homme ? Un signe ! Pourquoi en fallait-il, avec tout ce qu’avait été le ministère du Seigneur ? Un signe du ciel ! Pourquoi en fallait-il alors que le Seigneur était Lui-même le Pain de Dieu qui descend du ciel ; et Il avait montré ce qu’Il était dans la plénitude de Son amour, à Son peuple sur la terre. C’était le cœur de l’homme, capricieux et rebelle, mécontent de tout ce que Dieu donne. Quand Dieu donnait le signe terrestre le plus complet, selon Sa parole, pour un peuple terrestre, eux voulaient un signe du ciel.

 

8.2.2        [Raisons du refus du Seigneur de donner un signe supplémentaire]

Le Seigneur traite cette demande avec une acuité inhabituelle. Il dit, et «gémit (soupira) dans Son esprit» tandis qu’Il disait : «Pourquoi cette génération cherche-t-elle un signe ? En vérité, je vous le dis, il ne sera donné aucun signe à cette génération. Et Il les quitta, et, remontant dans la barque, il partit pour l’autre rive» (8:12-13). Le refus du Seigneur est très frappant à mes yeux. Nous savons que leur demande n’était pas due à un sentiment de besoin, ni à un désir de voir ce besoin satisfait ; le Seigneur n’a jamais refusé ce genre d’appel. Ce n’était pas parce qu’ils étaient de misérables pécheurs, ni qu’ils soutiraient trop de Lui. Ils ne faisaient que changer de forme d’incrédulité, persistant et ingénieusement pervers pour refuser tout ce que la sagesse de Dieu présentait. Il y avait une multitude et une variété de signes comme on n’avait jamais vu ; il y avait la substance même de chaque signe dans Sa propre personne ; mais il n’y avait ni œil pour voir, ni oreille pour entendre, ni cœur pour recevoir, ce que Dieu donnait en Christ. C’est pourquoi Il se détourne brusquement d’eux, monte dans une barque et part vers l’autre rive. En vérité, le temps des signes était presque terminé. Il en avait été donné en abondance ; mais ce n’est jamais la manière de Dieu de multiplier les signes au-delà de l’occasion pour laquelle ils sont introduits ; car ils peuvent bien activer les gens au début d’un témoignage de Dieu, mais s’ils sont poursuivis ensuite, ils vont à l’encontre du but moral qu’Il a en vue, et peuvent même aller jusqu’à perdre leur caractère de signes. Un miracle cesse d’être un miracle s’il se poursuit indéfiniment.

 

8.3        Ch. 8:14-21 — [Incompréhension des disciples quant au levain des pharisiens]

Matt. 16:5-12

 

8.3.1        [Le levain des pharisiens : danger spécial de l’attachement à des formes religieuses, car elles cachent Christ]

Mais au-delà de toute question de ce genre, il y avait le fait suivant : la vérité de Dieu avait été présentée sous toutes les formes possibles, avec toutes les garanties extérieures, gages et sceaux, possibles, pour éveiller, arrêter, et attirer le peuple élu. Les signes ne manquaient pas ; c’est de la foi qu’il y avait besoin. En conséquence, le Seigneur, en passant de l’autre côté, recommande aux disciples de se garder du levain des Pharisiens et du levain d’Hérode. L’omission des sadducéens est à remarquer à cet endroit. Sans doute, le sadducéisme est un mal qui dessèche, mais ce n’est pas le plus dangereux. Le levain des Pharisiens, et aussi celui d’Hérode, peut avoir un caractère pire et faire un plus grand obstacle à l’encontre de la confession de Christ. Car qu’est-ce que le levain des pharisiens ? C’est l’attachement à des formes religieuses extérieures de toute sorte, qui cachent pratiquement le Seigneur et Son Christ. C’est l’effet de l’influence de la tradition, pouvant même être orthodoxe en grande partie ; mais c’est la religion — le moi — qui est adorée, plutôt que le Dieu vrai et vivant connu dans Son Fils.

 

8.3.2        [Le levain d’Hérode mêlé au levain des pharisiens]

Ensuite, il s’y joint le levain d’Hérode — c’est-à-dire la mondanité, le désir de ce qui peut donner une réputation présente ou qui peut maintenir la conformité à ce monde. Ce sont là deux des grands périls contre lesquels les chrétiens doivent veiller.

 

8.3.3        [En quoi consistait l’obstacle à la compréhension des disciples]

Les disciples ne comprirent pas le Seigneur. Ils pensaient qu’il s’agissait d’une question de pains ! «Ils raisonnaient entre eux, disant : c’est parce que nous n’avons pas de pain » (8:16). Nous nous étonnons parfois de la stupidité des disciples, mais si nous réfléchissons à notre propre histoire, ne pouvons-nous pas discerner notre propre obtusité pour comprendre la Parole de Dieu, notre propre lenteur à suivre et à marcher dans Sa volonté ?

Hélas, c’est une image trop vraie de nos propres difficultés et de nos blocages. Tout provient d’un manque de perception de la vérité, de la grâce et de la gloire du Seigneur Jésus Christ, et cela, encore une fois, parce que nous marchons dans un jugement de soi si faible. C’est notre propre volonté dont nous ne rendons pas compte, qui fait que Sa pensée dans l’Écriture est obscure pour nous. Si nous avions l’œil simple, si nous marchions dans un esprit d’humble dépendance, pour ne rien faire d’autre que suivre le Seigneur, neuf de nos difficultés sur dix seraient résolues. Mais nous avons une ancienne nature autant que la nouvelle, et nous faisons bien de juger impitoyablement. Par la miséricorde de Dieu, nous ne sommes pas « dans la chair », mais « dans l’Esprit » ; mais le vieil homme cherche à s’immiscer et à prendre le dessus, et ainsi il empêche le croyant de suivre Christ simplement et pleinement. C’est ce qui se passait chez les disciples. Ils pensaient que les Pharisiens étaient des gens respectables, et ils n’étaient pas préparés à la condamnation radicale de leur Maître. Il n’y a aucune délivrance d’aucun de ces obstacles et de ces pièges si ce n’est en Christ ; et il n’y a aucune possibilité de marcher pratiquement dans la puissance de Christ à moins que la chair ne soit jugée.

 

8.3.4        [La difficulté de compréhension n’est pas d’ordre intellectuel, mais provient de ce que Christ n’habite pas par la foi dans le cœur]

Notre Seigneur réprimanda les disciples très fermement : «Pourquoi raisonnez-vous sur ce que vous n’avez pas de pain ? N’entendez-vous pas encore, ne comprenez-vous pas ? Avez-vous le cœur endurci ?» (8:17). C’était cela en réalité. Notre Seigneur traite la question tout du long comme étant une affaire de cœur, et non pas comme une erreur intellectuelle. Il est important que nous nous habituions à juger les choses d’après leurs racines morales. Si nous suivons une mauvaise voie, gardons-nous de nous excuser ; si nous le faisons, nous ne ferons aucun profit en cours de route ni n’aurons de victoire à la fin. Il nous faut découvrir la cause de l’erreur. Quelle en était la source ? Qu’est-ce qui nous y a exposés ? Christ n’était pas notre seul motif. Je crois que nous ne faisons jamais erreur quand Christ est le seul objet devant nous. Ce n’est pas que la chair n’est pas en nous, mais c’est le Saint Esprit, et non la chair, qui a le pouvoir en nous lorsque Christ est le seul ressort du cœur. Qu’est-ce que la satisfaction de ses plaisirs ou l’estime du monde pour un homme qui est rempli de Christ ? C’est ce que l’Apôtre recherchait si ardemment pour les saints à Éphèse — «que Christ habite dans vos cœurs par la foi». (Éph. 3:17). Il ne s’agissait pas simplement d’avoir Christ comme Sauveur, ni même seulement d’obéir à Christ comme Seigneur, mais qu’Il habite par la foi dans leurs cœurs. C’est l’âme occupée de Christ à l’exclusion de tout autre objet — Christ demeurant comme le trésor du cœur ; et quand il en est ainsi, quelle puissance de discernement et d’action selon Christ ! Par contre, quel est l’effet d’une volonté non jugée ? Même si nous sommes enfants de lumière, même si nous sommes lumière dans le Seigneur, pour nous la lumière n’est pourtant qu’en Lui, et nous ne la voyons pas, si nous pensons, ou parlons, ou agissons loin du Seigneur pratiquement. C’est ainsi que nous ne nous souvenons pas de Ses voies et que nous ne Le comprenons pas.

 

8.4        Ch. 8:22-26 — Guérison de l’aveugle de Bethsaïda

8.4.1        [Guérison en deux étapes]

La guérison de l’aveugle de Bethsaïda n’est pas seulement une leçon frappante, mais aussi une douce leçon instructive. Notre bienheureux Seigneur montre, si je puis dire, tout l’intérêt possible pour le cas, tant avant l’accomplissement du miracle que dans le mode de guérison. «Il prit l’aveugle par la main et le fit sortir du village ; et après avoir craché sur ses yeux et avoir posé Ses mains sur lui, Il lui demanda s’il voyait quelque chose» (8:23). Il agit comme le ferait quelqu’un qui serait profondément concerné, entrant de cœur dans chaque détail. C’est le seul exemple rapporté par Marc opérant par étapes ; en fait, pour autant que je sache, c’est le grand témoignage bien établi d’étapes distinctes dans la guérison de la cécité. Nous avons en Jean 9 le miracle illustre où la vue fut donnée à l’aveugle-né, et non pas d’un coup. Mais il y a une particularité marquée dans le cas qui nous occupe. Le fait est qu’il y a deux choses nécessaires quand une personne n’a jamais vu du tout. L’une est la faculté de voir, l’autre est le pouvoir d’appliquer cette faculté. Supposons qu’un aveugle reçoive la capacité visuelle : il ne s’ensuit pas qu’il puisse voir sur cette base. Il ne serait pas capable de mesurer les distances ou de juger avec précision les divers objets qu’il a sous les yeux. Pour estimer correctement un tel objet, il est indispensable d’avoir l’habitude de voir, de comparer, etc.. Ceci est vrai non seulement pour les autres créatures, mais aussi pour l’homme. Nous l’acquérons tous progressivement ; mais, comme elle se développe dès notre enfance, on a tendance à l’oublier.

8.4.2        [Une manière de guérir qui gagne le cœur]

Tout d’abord, le Seigneur prit l’homme par la main et le conduisit hors du village ; ensuite, Il appliqua sur ses yeux ce qui venait de Sa propre bouche, et posa Ses mains sur lui. Car ici Il est tout du long le vrai serviteur. Il ne suffit pas que la tâche soit accomplie, mais la manière de l’accomplir doit être celle qui doit glorifier Dieu et gagner le cœur de celui qui est guéri. Quelle considération, quelle condescendance, quelle prise de peine, pour ainsi dire ! Un mot aurait suffi. Mais le Fils-Serviteur de Dieu entre pleinement dans le cas, et demande au malade (alors que Lui, Lui seul, savait parfaitement tout ce qui en était) «s’il voyait quelque chose» (8:23).

 

8.4.3        [L’acquisition de la vision, distincte de l’application de la vision]

Dans Jean 9, où les yeux ont été oints avec de la boue de terre, et où l’aveugle s’en est allé se laver à la piscine de Siloé, la guérison complète a suivi immédiatement. Dans le cas qui nous occupe, il y avait une raison particulière de diviser, non pas le remède miraculeux mais plutôt l’effet. Le Seigneur montrait un exercice de la puissance divine, qui, à première vue, ne semble pas être aussi frappant que les cas habituels où il y avait guérison par une parole ou un toucher. L’homme regarda et dit qu’il voyait des hommes, car il voyait des gens qui marchaient alentours, et ils étaient comme des arbres. Il y a une grande différence entre un homme et un arbre, mais il ne pouvait pas encore les distinguer (surtout s’il était, comme je le suppose, né aveugle). Tout était vague devant lui. Il avait pu lorsqu’il était aveugle, distinguer facilement au toucher un arbre d’avec un homme. Mais il n’avait pas encore appris à appliquer sa vision qui venait de naître, et le miracle a délibérément réduit de moitié la guérison. Son esprit ne pouvait guère confondre les hommes en mouvement avec des arbres, mais sa faculté de vision montrait seulement que les deux choses étaient en quelque sorte semblables : ils étaient comme des arbres qui marchent. Tout n’était encore que confusion pour lui. Il n’avait naturellement aucune aptitude à faire usage avec clarté de la faculté qu’il venait d’acquérir.

(*) Note bibliquest : ces deux étapes sont une image de la vision progressive des disciples

 

8.4.4        [Il fait toutes choses bien]

«Puis Jésus lui mit encore les mains sur les yeux, et il le fit regarder ; et il fut rétabli, et vit tout clairement» (8:25). «Il fait toutes choses bien» (7:37). Si c’est là une parole particulière à Marc, c’est une vérité qui y est illustrée partout ; et c’est le grand point que nous avons fait ressortir ici. Ce n’est pas seulement qu’Il a fait ce qu’Il a fait avec une énergie sans faille, mais la manière dont Il a agi n’était pas moins admirable. «Il fait toutes choses bien» (7:37). Et jamais cela ne fut plus visiblement démontré que dans la seconde application des mains du Seigneur sur les yeux entrouverts, par laquelle l’aveugle de Bethsaïda fut amené à voir clairement tous les hommes. «Et Il le renvoya dans sa maison, en disant : Ne va pas au village, et ne le dis à personne dans le village» (8:26).

 

8.5        Ch. 8:27-29 — [Ce que les hommes disent quant à Christ]

Matt. 16:13-16 ; Luc 9:18-20.

 

8.5.1        [L’homme est dans l’obscurité]

Ensuite (8:27 et suivants) nous avons la belle confession, non pas du Seigneur devant Ponce Pilate, mais de Pierre devant le Seigneur, contre une génération incrédule. Le Seigneur pose la question à ses disciples : «Qui disent les hommes que je suis ? Et ils lui répondirent : Jean le Baptiseur ; et d’autres, Élie ; et d’autres encore, L’un des prophètes» (8:28). Tout était incertitude, et c’est tout ce à quoi l’homme arrive toujours, malgré des efforts actifs et laborieux. La recherche pénible et laborieuse de la créature dans des choses trop élevées pour elle n’aboutit qu’à de la perplexité et de la déception amère. Elle laisse l’homme totalement démuni et entièrement dans l’obscurité quant à ce qui, après tout, est la seule chose de première importance. Certains disent une chose, d’autres une autre ; mais qui, parmi tous les fils des hommes, dit ou peut dire ce qui est correct ?

 

8.5.2        [Distinction entre les récits de Matthieu et Marc quant à la confession de Pierre]

«Et Il leur demanda : Et vous, qui dites-vous que je suis ? Et Pierre répond et lui dit : Tu es le Christ» (8:29). Or, nous n’avons pas ici, comme dans Matthieu, le Seigneur prononçant : «Tu es bienheureux, Simon Barjonas». Comment cela se fait-il ? Nous n’avons pas non plus ici, comme là, l’adresse remarquable du Seigneur à Pierre : «Tu es Pierre, et sur ce roc je bâtirai mon Église». Pourquoi cette différence ? Parce que Pierre est représenté comme ayant simplement dit ici : «Tu es le Christ». Là où il est ajouté qu’il a confessé que le Seigneur était «le Fils du Dieu vivant», là aussi il y a la mention spéciale qu’il était béni «car la chair et le sang ne t’ont pas révélé cela, mais Mon Père qui est dans les cieux» (Matt. 16:16-17). La confession si singulièrement riche attira la reconnaissance par le Sauveur de la grâce de son Père envers Simon Barjonas.

 

8.5.3        [La confession, selon Matthieu, du Fils du Dieu vivant amène la révélation de l’Église]

Là-dessus, le Seigneur exerça aussi Ses droits, et lui donna le nouveau nom de «Pierre», et Il ajouta : «Sur cette pierre, je bâtirai mon Église». Il était le Fils du Dieu vivant. S’il n’avait été que le Christ, le Messie d’Israël, cela n’était pas une base suffisante pour l’Église. Sa dignité messianique (dans laquelle Il est aussi qualifié de Fils de Dieu, Ps. 2) pouvait être un roc suffisant pour Israël, car c’était leur foi et leur espérance ; mais «le Fils du Dieu vivant» était une révélation de Sa gloire qui allait bien au-delà. Dès l’instant où vous avez le Seigneur connu et confessé dans Sa gloire la plus haute, c’est alors pour la première fois qu’Il commence à annoncer qu’Il bâtira Son Église. Ce nouvel édifice, qui prend la place d’Israël rejetant Christ, est fondé sur Celui qui n’est pas seulement le Christ, mais le Fils du Dieu vivant. En conséquence, la mort et la résurrection suivent comme ce qui non seulement détermine qu’Il soit le Fils de Dieu avec puissance, mais qui donne au chrétien et à l’Église leur caractère propre (2 Cor. 5:15-19 ; Éph. 1 et 2).

 

8.5.4        [L’Église est une chose absolument nouvelle inconnue dans l’Ancien Testament]

Qu’est-ce qui pourrait montrer plus clairement que l’Église est une chose absolument nouvelle ? La tentative de dégager ce sens de l’Église dans les temps de l’Ancien Testament prouve que la vraie nature du temple actuel de Dieu est inconnue. L’important est de voir les points de distinction et de contraste. Ceux qui confondent les devoirs, l’expérience et les espérances juives

●    avec la révélation de notre Seigneur lorsque le peuple Le rejeta,

●    avec la démonstration pleinement développée de Sa personne dans le Nouveau Testament,

●    avec les responsabilités et les joies nouvelles qui en découlent pour le chrétien,

 

ceux-là effacent, non pas toute la vérité, mais tout ce qui caractérise essentiellement «l’homme nouveau» (Éph. 2), et ils enlèvent ce qui incombe spécialement au chrétien et à l’Église de Dieu. Ceci montre l’importance pour nos âmes de tenir compte de l’Écriture. Il y a ceux qui sont tellement imprégnés de la tradition humaine et si peu au courant des voies dispensationelles de Dieu, que leur dire que l’Église fait partie du mystère caché de tout temps et révélé seulement depuis la Pentecôte serait à leurs yeux une reprise de la monstrueuse et méchante erreur des Manichéens. Mais la parole de Dieu n’en est pas moins positive et parfaitement claire à ce sujet. Et les chrétiens feraient bien de scruter l’Écriture et d’éviter de faire des reproches qui les amènerait à se dévoiler comme luttant contre Dieu.

 

8.5.5        [Ce qui est révélé dans Marc suite à la confession de Pierre n’est que partiel]

Voilà donc la vaste portée de ce qui répondait à la haute confession de Pierre selon Matthieu. Dans Marc, l’Esprit de Dieu n’enregistre qu’une partie de cette confession, et comme Il en laisse volontairement de côté la partie la plus particulière («Fils du Dieu vivant»), c’est aussi à dessein qu’il n’est donné qu’une partie de la réponse de notre Seigneur. Le fait qu’il soit le Fils du Dieu vivant, bien que reconnu, nous l’avons vu, n’était pas, et ne pouvait pas être présenté librement et pleinement avant que notre Seigneur, en mourant et en ressuscitant, mette le sceau, pour ainsi dire, sur cette grande vérité ; et c’est pourquoi c’est l’apôtre Paul qui en fut le grand témoin. Le premier témoignage qu’il rendit dans la synagogue après sa conversion, selon Actes 9:20, c’est que Christ «est le Fils de Dieu». En harmonie avec cela, il a fait ressortir la vocation (l’appel), la nature et les espérances de l’Église de Dieu d’une manière qui dépasse celle de tous les autres.

 

8.6        Ch. 8:30 à 9:1

Matt. 16:21-28 ; Luc 9:22-27.

 

8.6.1        Ch. 8:30-31 — [Le Seigneur défendant de dire qu’Il est le Christ. Il est le Fils de l’homme qui va être humilié jusqu’à la mort]

Mais je voudrais attirer votre attention sur le fait que, bien qu’ici Pierre dise seulement : «Tu es Christ», notre Seigneur leur interdit de rien dire à personne. Il le fait dans les trois évangiles synoptiques. C’est un point instructif dont il faut tenir grand compte. Il leur avait d’abord demandé : «Qui dites-vous que je suis ?». Puis, après avoir entendu Pierre confesser Sa personne, Il leur défend d’en parler à personne. Comment cela se fait-il ? C’était trop tard. Des preuves complètes avaient été accordées. Le temps était passé de Le présenter plus longtemps comme le Messie juif. Le peuple en avait été pleinement informé ; et qui disaient-ils qu’Il était ? Or maintenant, une autre chose est placée non seulement devant Lui, mais aussi devant les disciples, Ses amis. Il s’en va ; Il a donc sur une autre gloire qui lui appartient. Rejeté comme «Fils de David», Il est reconnu par la foi comme «le Fils du Dieu vivant» ; mais Il est aussi «Fils de l’homme». Il était sur le point d’être humilié jusqu’à la mort, et cela ne pouvait se faire que dans Sa nature humaine ; Il reviendra un jour sur la terre comme Fils de l’homme, dans Sa gloire (cf. 8:31, 38). «Il leur défendit expressément de dire cela de Lui à personne. Et il commença à les enseigner : il faut que le Fils de l’homme souffre beaucoup, et soit rejeté des anciens, des principaux sacrificateurs et des scribes, et qu’Il soit mis à mort, et qu’Il ressuscite après trois jours» (8:30-31).

 

8.6.2        [Le Fils de l’homme rejeté et souffrant reviendra en gloire et en puissance]

Ainsi, Il abandonne le titre de «Christ», et insiste sur Sa position de Fils de l’homme — d’abord comme Celui qui souffre, et ceci de la part des chefs d’Israël. Il devait être mis à mort, et ressusciter après trois jours. «Et Il tenait ce discours ouvertement» (8:32a). Il leur interdit de faire connaître qu’Il était le Messie : ce témoignage était clos maintenant. Il ne servait à rien d’en parler ; les Juifs L’avaient refusé, et le refuseraient définitivement, comme le Messie. Il leur avait donné toutes les formes et tous les degrés de témoignage possibles, et l’effet était qu’ils Le rejetaient, plus particulièrement leurs chefs religieux, avec de plus en plus d’acharnement et d’incrédulité. La conséquence serait Sa mort, comme Il le montre ouvertement à Ses disciples. En tant que Fils de l’homme, Il allait souffrir, et en tant que Fils de l’homme, Il allait ressusciter le troisième jour, condition réelle de Sa gloire à venir. En conséquence, nous trouverons à la fin du chapitre le Fils de l’homme revenant dans la gloire avec Ses saints anges, quand ceux qui L’ont méprisé et les incrédules seraient des objets honte pour Lui : juste récompense d’avoir eu honte de Lui et de Ses paroles avant qu’Il vienne ainsi.

 

8.6.3        Ch. 8:32-38 — [Pierre réprimandé à cause de son dégoût charnel de la croix de Christ]

Mais il y a une autre chose d’une grande importance à noter avant de finir. Nous n’avons pas seulement une preuve de ce qu’est l’homme, chez les Juifs, les plus favorisés des hommes ; chez les anciens, les sacrificateurs et les scribes, qui devenaient les plus actifs dans le mépris et le refus du Fils de l’homme : Sa honte n’était pas du goût de Ses disciples. «Pierre le prenant à part, se mit à Le reprendre. Mais Lui, se retournant, et regardant Ses disciples, réprimanda Pierre, en disant : Va arrière de Moi, Satan, car tes pensées ne sont pas aux choses de Dieu, mais à celles des hommes» (8:32-33). Quelle leçon solennelle, qu’à un tel moment où, selon Matthieu, le Seigneur déclare Simon bienheureux, et lui attribue un honneur spécial, Il ait trouvé nécessaire de le réprimander ainsi sévèrement ! Combien les pensées de la chair sont sans valeur, même chez le principal des douze apôtres ! En réprimandant Pierre, à cause de son dégoût charnel de la croix de Christ, Il a été jusqu’à dire : «Va arrière de moi, Satan», parce que c’était l’incrédulité, l’égoïsme et la présomption de la chair, et encore plus parce qu’elle était voilée sous une forme pieuse.

Il n’a jamais dit à un saint : «Va-t’en d’ici», comme Il l’a dit au diable lorsqu’il voulait s’arroger l’adoration due à Dieu (Matt. 4:10). Qu’est-ce qui a tant fait se dresser notre Seigneur ? Le piège même auquel nous sommes tous tant exposés — le désir de se sauver soi-même, la préférence d’un chemin facile à celui vers la croix. N’est-il pas vrai que nous aimons naturellement échapper à l’épreuve, à la honte et au rejet ; que nous reculons devant la souffrance inévitable quand on fait la volonté de Dieu dans un monde comme celui-ci ; que nous préférons avoir un chemin tranquille et respectable sur la terre — bref, le meilleur des deux mondes ? Combien il est facile de se laisser prendre au piège !

 

8.6.4        [Raisonnements qui poussaient Pierre à reprendre le Seigneur]

Pierre ne pouvait pas comprendre pourquoi le Messie devait passer par tout ce chemin de douleur. Si nous avions été à sa place, nous aurions dit ou pensé pire encore. La remontrance de Pierre n’était pas dénuée d’une forte affection humaine. Il aimait le Sauveur de tout son cœur. Mais, à son insu, il y avait l’esprit non jugé du monde. Il ne pouvait supporter que leur Maître soit ainsi déshonoré et souffre ainsi. Il y avait une certaine incrédulité quant à l’iniquité humaine. Les anciens, les principaux sacrificateurs et les scribes pouvaient-ils être si méchants, après tout ? De plus, on ne comprenait pas qu’il n’y eût pas d’autre moyen de délivrer l’homme — que c’était le seul moyen de glorifier Dieu à l’égard du péché de l’homme (Jean 13:31). Il ne pouvait y avoir de salut sans cela. Et Dieu ne veut pas que nous nous glorifiions sinon en la croix, par laquelle le monde nous est crucifié et nous au monde (Gal. 6:14).

Il fallait que tous sachent ceci que dit Jésus, — le peuple, la foule, les disciples : «Quiconque veut venir après Moi, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix et qu’il Me suive. Car quiconque voudra sauver sa vie la perdra ; et quiconque perdra sa vie à cause de Moi et de l’Évangile, la sauvera. Car que profitera-t-il à un homme, s’il gagne le monde entier et perde son âme ? Car que devrait donner un homme en échange de son âme ? Car quiconque aura honte de Moi et de Mes paroles parmi cette génération adultère et pécheresse, le Fils de l’homme aura honte de lui quand Il viendra dans la gloire de Son Père avec les saints anges» (8:34-38).

 

8.6.5        Ch. 9:1 — [La promesse de voir le royaume de Dieu]

Le verset qui ouvre le ch. 9 appartient clairement au discours de la fin du ch. 8. La promesse de notre Seigneur s’est accomplie sur «la sainte montagne». À quelques-uns de ceux qui se tenaient là pendant qu’il parlait, il fut permis de voir «le royaume de Dieu venu en puissance». Une référence au siège et à la destruction de Jérusalem serait arbitraire et incongrue. La forme spéciale de la promesse mérite d’être notée. En Matthieu (16:28), il s’agit du «Fils de l’homme venant dans Son royaume» ; en Luc, il s’agit simplement du «royaume de Dieu». Dans Matthieu, ce qui est mis en évidence, c’est le titre personnel du Seigneur, comme homme rejeté mais glorieux, et venant ainsi dans Son royaume ; dans Luc (9:27), c’est, comme d’habitude, le caractère moral de cette manifestation que les témoins choisis ont eu le privilège de voir — le royaume de Dieu, non pas celui de l’homme. Marc, par contre, a été amené à parler du royaume de Dieu venant en puissance. Dans le fond, c’est la même vérité dans tous les évangiles ; chacun d’eux la présente de manière à répondre au dessein divin qui lui est propre. Dans notre Évangile, le bienheureux Seigneur est toujours l’administrateur en puissance du royaume de Dieu, et même ici, en donnant expression à cet échantillon promis du royaume, Il cache Sa gloire autant que possible, bien qu’en vérité Il ne puisse être caché.

 

9        Marc 9

9.1        Ch. 9:2-13 — La transfiguration

Matt. 17:1-13 ; Luc 9:28-36.

 

9.1.1        Ch. 9:2a — Les souffrances et la gloire

Remarquons que ce sont ces mêmes témoins qu’Il mène «à l’écart sur une haute montagne», et qu’ensuite (Marc 14) Il prend avec Lui à Gethsémané. Quel changement entre les gloires de la première scène et l’extrême tristesse jusqu’à la mort de la seconde ! Pourtant, le lien entre les deux était étroit, et le but du Seigneur plein de tendresse pour les Siens : de même la mention de Son rejet et de Sa mort ouvre la voie à la transfiguration dans les trois premiers évangiles. Qu’y a-t-il là, en effet, de si réel que Ses souffrances et Ses gloires ? Quelle bénédiction de connaître les unes et les autres, et de se reposer sur elles au milieu du vain spectacle des hommes !

 

9.1.2        Ch. 9:2b-3 — Changements de la Personne et des vêtements

Remarquons que, par rapport à Matthieu et Luc, Marc parle moins du changement quant à Sa Personne, et davantage du changement quant à Ses vêtements. «Il fut transfiguré devant eux, et Ses vêtements devinrent brillants, d’une blancheur extrême, comme la neige, tels qu’il n’y a point de foulon sur la terre qui puisse ainsi blanchir» (9:2b-3). Il est toujours le Fils-Serviteur : aussi profond dans Son humilité que dans Son acceptation, avec dignité, de ce qui vient d’en haut — une dignité qui manifeste sa source par une splendeur qui réduit à rien l’orgueil d’une gloire terrestre. En Matthieu, il n’y a pas le contraste avec le foulon sur terre, mais il est ajouté de façon tout à fait caractéristique que «son visage resplendit comme le soleil, et ses vêtements devinrent blanc comme la lumière» — une image très appropriée de la gloire suprême du grand Roi. Dans Luc, combien la description est merveilleusement adaptée ! «Et pendant qu’Il priait, l’apparence de Son visage devint tout autre, et son vêtement devint blanc et resplendissant comme un éclair». Nul autre que Luc ne mentionne le Seigneur se courbant ainsi devant Son Père à ce moment précis, de même qu’il nous dirige vers ce qui était plus personnel que les autres dans le puissant changement qui s’ensuivit.

 

9.1.3        Ch. 9:4-8 — Avec Moïse et Élie. Mélange de choses terrestres et célestes

«Et Élie leur apparut avec Moïse, et ils parlaient avec Jésus. Et Pierre, répondant, dit à Jésus : Rabbi, il est bon que nous soyons ici ; et faisons trois tentes : une pour Toi, et une pour Moïse, et une pour Élie. Car il ne savait que dire, car ils étaient épouvantés. Et une nuée vint et les couvrit ; et une voix sortit de la nuée, disant : «Celui-ci est mon Fils bien-aimé : écoutez-le». Et aussitôt, comme ils regardaient autour d’eux, ils ne virent plus personne, sinon Jésus seul avec eux» (9:4-8). Ayant déjà traité de la scène dans Matthieu, je ne m’attarderai pas davantage sur cette circonstance étonnante, sinon pour remarquer que, dans ce type du royaume de Dieu, le Seigneur révèle ce que les théologiens populaires détestent tant, à savoir les choses terrestres mêlées aux choses célestes (Jean 3) sans qu’elles soient aucunement confondues. Il y a ceux qui sont glorifiés, en la personne de Moïse et Élie ; il y a les hommes dans leurs corps naturels encore inchangés, Pierre, Jacques et Jean ; et il y a la figure centrale du Seigneur, Chef de toutes choses en haut et en bas. Il en sera de même lorsque la puissance et la venue de notre Seigneur Jésus Christ ne seront plus un témoignage en parole de la part des témoins oculaires de Sa majesté, mais qu’elles se réaliseront et se manifesteront dans la journée du Seigneur.

 

Il est tout à fait irrévérencieux de tourner en dérision ce qui sera bientôt une réalité, et que l’on voyait alors par anticipation, en le qualifiant d’«état de choses hétéroclite», de «mélange détestable de choses totalement incompatibles entre elles». Si des aperçus passagers de la gloire, si des visites passagères d’êtres glorieux ont été accordés depuis le commencement jusqu’aux jours de notre Sauveur, est-ce que l’homme peut n’y voir que des histoires racontées ? La sainte montagne ne confirme-t-elle pas la parole prophétique qui déclare que les pieds de l’Éternel se tiendront sur le Mont des Oliviers, non pas encore pour dissoudre toutes choses, mais pour être Roi sur toute la terre — en ce jour où Il viendra, et tous Ses saints avec Lui ? (Zach. 14:4-5). «En ce jour-là, j’exaucerai, dit l’Éternel, j’exaucerai les cieux, et eux exauceront la terre ; et la terre exaucera le blé, le vin nouveau et l’huile ; et eux exauceront Jizreel. Et je la sèmerai pour moi dans le pays ; et je ferai miséricorde à Lo-Rukhama ; et je dirai à Lo-Ammi : Tu es mon peuple ; et ils diront : Mon Dieu» (Osée 2:21-23). «Nous ayant fait connaître le mystère de Sa volonté, selon son bon plaisir qu’Il s’est proposé en Lui-même, pour l’administration de la plénitude des temps, à savoir de réunir toutes choses dans le Christ, celles qui sont dans les cieux et celles qui sont sur la terre» (Éph. 1:9-10). C’est en vain qu’on voudrait pervertir cela en le rapportant à l’état éternel ; c’est aussi distinct de cette condition finale que des voies actuelles de Dieu. Car de même que le rassemblement de l’Église est essentiellement éclectique [rassemblant des individus très divers], et qu’il n’est en aucun cas un rassemblement en un de toutes les choses du ciel et de la terre, de même l’éternité se situe après que toute dispensation (οἰκονομία), administration ou intendance, soit terminée. Le règne millénaire, le royaume de Christ, est la seule réponse à cela, comme aux autres passages de l’Écriture. «Que Ton règne vienne, que Ta volonté soit faite, comme au ciel, ainsi sur la terre» (Matt. 6:10).

 

Reprenons : Dans ce que Marc rapporte sur la voix qui parlait de la nuée (9:7), il a été conduit par l’Esprit, comme Luc, à omettre la clause médiane que donne Matthieu (17:5), à savoir l’expression du plaisir du Père dans le Fils. Or cela met particulièrement en relief le titre que Christ a comme Fils, et la volonté du Père qu’ils L’écoutent Lui, et non pas Moïse et Élie, que la hâte inintelligente de Pierre avait mis au même niveau que Lui. La déclaration divine est également scellée par la disparition soudaine de ceux qui représentaient la loi et les prophètes, Jésus étant laissé seul avec les disciples.

 

9.1.4        Ch. 9:9-10 — Résurrection d’entre les morts

«Comme ils descendaient de la montagne, Il leur enjoignit de ne dire à personne ce qu’ils avaient vu, jusqu’à ce que le Fils de l’homme fût ressuscité d’entre les morts. Et ils gardèrent cette parole, se demandant entre eux ce qu’était ressusciter d’entre les morts».

S’ils connaissaient les Écritures et la puissance de Dieu en résurrection, ce que les Sadducéens ne connaissaient pas, la résurrection d’entre les morts était quelque chose de nouveau pour eux, et cela est encore peu compris par de nombreux disciples.

 

9.1.5        Ch. 9:9-11-13 — Élie qui vient premièrement

C’est pourquoi les difficultés des hommes instruits les rendaient perplexes. «Ils l’interrogèrent, disant : Pourquoi les scribes disent-ils qu’il faut qu’Élie vienne premièrement ? Il leur répondit qu’en effet Élie vient premièrement, et rétablit toutes choses, — et comment il est écrit du Fils de l’homme qu’Il doit beaucoup souffrir et être chargé de mépris. Mais moi, je vous dis qu’aussi Élie est venu, et qu’ils lui ont fait tout ce qu’ils ont voulu, comme il est écrit de lui».

Notre Seigneur ne conteste pas la vérité sur laquelle insistaient les scribes ; mais, de même qu’Il signale Sa propre honte et Ses souffrances prochaines avant de venir dans la gloire de Son Père avec les saints anges, de même il montre une application semblable du cas d’Élie dans la personne de Jean le baptiseur, tandis que la stricte venue d’Élie attend son accomplissement au dernier jour. Pour la foi, le précurseur est déjà venu, ainsi que le Seigneur Lui-même. L’incrédulité devra bientôt se rendre compte de tous les deux.

 

9.2        Ch. 9:14-29 — Le père et l’enfant dont les disciples n’ont pas pu chasser le démon

Matt. 17:14-20 ; Luc 9:37-42.

 

Au pied de la montagne se déroulait une scène bien différente de l’aperçu du royaume par la transfiguration : les disciples étaient encerclés par une grande foule, des scribes disputaient avec eux, et la puissance de Satan dans l’homme n’avait pas disparu. Christ descendit, et tout le monde Le salua avec étonnement. Christ défia les scribes ; mais qu’allait-Il répondre à celui qui avait fait appel en vain aux disciples pour son fils qui était tourmenté par un esprit muet ? «Il répondit : Ô génération incrédule, jusqu’à quand serai-Je avec vous ? jusqu’à quand vous supporterai-Je ? Amenez-le-moi» (9:19). Béni sois-Tu Seigneur Jésus ! Tes voies sont parfaites. Il n’y a pas d’amour, de tendresse, de longanimité comme les Tiens ; pourtant, Tu sentais l’absence de foi qui ne savait pas comment, par la dépendance de Dieu et le renoncement à soi-même, puiser dans cette énergie qui chasse Satan de ses forteresses. Pourtant, même en Ta présence, quand la délivrance est proche, combien Tu éprouves la foi et la patience de ceux qui apprennent tout en Toi ! «Et ils le Lui amenèrent ; et quand Il le vit, aussitôt l’esprit le déchira, et il tomba par terre, et se roula en écumant» (9:20). Le moment de tancer par puissance n’était pas encore arrivé. Il demanda au père : «Depuis combien de temps en est-il ainsi de lui ? Et il répondit : Depuis l’enfance, et souvent il l’a jeté dans le feu et dans les eaux pour le faire périr ; mais si tu peux quelque chose, assiste-nous, étant ému de compassion envers nous. Jésus lui dit : Le « Si tu peux », c’est Crois ! toutes choses sont possibles à celui qui croit. Aussitôt le père de l’enfant, s’écriant, dit avec larmes : Je crois, viens en aide à mon incrédulité» (9:21-24). Ce n’était certes qu’une faible confession ; mais elle était vraie, et le cœur était dirigé vers Lui seul. «Voyant que la foule accourait, Jésus tança l’esprit impur, lui disant : Esprit muet et sourd, je te commande, sors de lui, et n’y rentre plus. Et [l’esprit] poussa un cri, le déchira beaucoup, et sortit, et l’enfant devint comme mort, au point que la plupart disaient : Il est mort. Et Jésus l’ayant pris par la main, le redressa, et il se leva. Lorsqu’Il fut entré dans la maison, ses disciples Lui demandèrent en privé : Pourquoi n’avons-nous pas pu le chasser ? Et Il leur dit : Cette sorte ne peut sortir que par la prière et le jeûne» (9:25-29). C’est un tableau admirable des voies de la puissance en grâce dans la délivrance de l’homme, spécialement d’Israël, de la possession presque fatale de l’ennemi, avec une indication solennelle aux disciples de là où se trouvait le secret de leur faiblesse.

 

9.3        Ch. 9:30-32 — Incompréhension des pensées du Seigneur

Matt. 17:22-23 ; Luc 9:43-45 Jean 7:18-31 ; 10:32-34.

 

Hélas ! ce n’est pas le manque de puissance qu’il nous faut reconnaître, mais le fait de n’entrer que peu dans Ses pensées. L’esprit charnel peut penser et parler de gloire ici-bas, mais la croix s’introduit, n’étant ni comprise ni bienvenue. «Ils partirent de là et traversèrent la Galilée, et Il ne voulait pas que personne le sache. Car Il enseignait ses disciples et leur disait : Le Fils de l’homme est livré aux mains des hommes, et ils Le feront mourir ; et après avoir été mis à mort, Il ressuscitera le troisième jour. Mais ils ne comprenaient pas cette parole, et ils craignaient de l’interroger».

 

9.4        Ch. 9:33-37 — Dispute pour savoir qui sera le plus grand

Matt. 17:24-18:5 ; Luc 9:46-48.

 

La vérité est que d’autres pensées les préoccupaient, qui empêchaient de voir l’éclat de la grâce de Dieu manifestée dans la croix, ainsi que la terrible preuve qu’elle donnait de l’aliénation de l’homme d’avec Dieu. L’esprit charnel qui aboutit à une telle fin chez l’homme, était activement à l’œuvre en eux ; Il le savait, et le met à nu sous leurs yeux. «Il arriva à Capernaüm, et étant dans la maison, Il leur demanda : Sur quoi raisonniez-vous en chemin ? Et ils gardèrent le silence ; car, en chemin, ils avaient disputé entre eux pour savoir qui était le plus grand» (9:33-34). Quelle leçon de grâce et de fidélité ! «Et Il s’assit et appela les Douze, et leur dit : Si quelqu’un veut être le premier, il sera le dernier de tous, et le serviteur de tous. Et ayant pris un petit enfant, Il le plaça au milieu d’eux ; et l’ayant pris dans Ses bras, Il leur dit : Quiconque recevra en Mon nom l’un de ces petits enfants, me reçoit ; et quiconque Me recevra, ce n’est pas Moi qu’il reçoit, mais c’est Celui qui m’a envoyé» (9:35-37).

 

9.5        Ch. 9:38-42 — Pour ou contre Christ : celui qui faisait des miracles mais ne suivait pas Christ

Luc 9:49-50 ; Matt. 18:6.

 

Ce ne sont pas non plus seulement les disciples dans leur ensemble qui avaient besoin de répréhension et de corrections de la part du Maître. Comme Pierre sur la montagne de gloire, au début du chapitre comme avant la fin, Jean trahit l’esprit d’égoïsme qui ensevelit la gloire propre de Christ dans un effort de la nature pour L’exalter. «Jean lui répondit : Maître, nous avons vu quelqu’un qui chassait des démons en ton nom, et qui ne nous suit pas ; et nous le lui avons interdit, parce qu’il ne nous suit pas. Mais Jésus dit : Ne le lui interdisez pas ; car il n’y a personne qui fasse un miracle en Mon nom, et qui puisse aussitôt mal parler de Moi. Car celui qui n’est pas contre nous est pour nous» (9:38-40).

Ce n’est pas comme en Matt. 12, où Christ est rejeté par la puissance de l’incrédulité sous l’instigation de Satan, laquelle est aveugle au témoignage de l’Esprit de Dieu qu’il déteste et blasphème. Là, le compromis est impossible, la tiédeur de cœur est dangereuse et fatale. «Celui qui n’est pas avec Moi est contre Moi, et celui qui n’assemble pas avec Moi disperse» (Matt. 12:30). Lorsqu’il s’agit de choisir entre Christ et la puissance du diable qui obscurcit et blasphème, la seule sécurité est d’être avec Christ, le seul service est de rassembler avec Lui. Mais lorsqu’aucune question de ce genre n’est soulevée, et qu’au contraire, quelqu’un, peu connu et ayant peu de connaissance, est fidèle au nom du Seigneur selon ce qu’il connait, réjouissons-nous de le reconnaître, et de reconnaître l’honneur évident du Seigneur mis sur lui, bien qu’«il ne nous suive pas». Il n’est pas un ennemi, mais un ami de ce nom qu’il reconnaît du mieux de ce qu’il connaît. Dans un tel cas le Seigneur dit que «Celui qui n’est pas contre nous, est pour nous». Ainsi, honorer ce nom dans ce qui est très petit ne doit pas être oublié, et le rabaisser au point de faire trébucher le moindre croyant, est ruineux pour celui qui en est coupable.

 

9.6        Ch. 9:43-51 — Avertissements solennels

Matthieu 18:8-9.

 

9.6.1        Ch. 9:43-48 — L’enfer (géhenne) où le feu ne s’éteint pas

Cela conduit le Seigneur à un avertissement d’une grande solennité. «Si ta main est pour toi un piège (une occasion de chute), coupe-la : il vaut mieux pour toi d’entrer dans la vie mutilé (estropié), que d’avoir les deux mains et d’aller en enfer (dans la géhenne) dans le feu inextinguible où leur ver ne meurt pas, et où le feu ne s’éteint pas. Et si ton pied est pour toi un piège, coupe-le ; il vaut mieux pour toi d’entrer dans la vie boiteux, que d’avoir les deux pieds et être jeté en enfer, dans le feu inextinguible où leur ver ne meurt pas, et où le feu ne s’éteint pas. Et si ton œil est pour toi un piège, arrache-le : mieux vaut pour toi d’entrer dans le royaume de Dieu avec un seul œil, que d’avoir deux yeux et être jeté dans l’enfer de feu, où leur ver ne meurt pas, et où le feu ne s’éteint pas» (9:43-48). Ce refrain «où leur ver ne meurt pas et où le feu ne s’éteint pas», frappe celui qui est atteint dans sa conscience comme la cloche qui sonne le glas de la sentence du criminel. Si seulement cela pouvait enflammer nos cœurs de croyants avec une ardeur extraordinaire en faveur des âmes en perdition ! (2 Cor. 5:10-11).

 

9.6.2        Ch. 9:49-51 — Avoir du sel et son effet

Mais il y a aussi un profit direct pour les disciples. Car s’il est vrai que «chacun sera salé de feu» (9:49a), il est également vrai que «tout sacrifice sera salé de sel» (9:49b) ; la première affirmation, à mon avis, est tout à fait large à l’égard de l’homme comme tel, tandis que la seconde concerne par-dessus-tout et exclusivement les saints mis à part pour Dieu. «Le sel est bon», conclut notre Seigneur, «mais si le sel est devenu sans saveur, avec quoi l’assaisonnerez-vous ? Ayez du sel en vous-mêmes, et soyez en paix les uns avec les autres» (9:50-51). Quelle précieuse exhortation pratique ! La première chose nécessaire est cette sainte énergie préservatrice dans nos âmes, puis d’avoir un esprit de paix l’un envers l’autre. «Le fruit de la justice pour la paix, se sème pour ceux qui procurent la paix» ajoute l’apôtre Jacques (3:18).

 

10 Marc 10

10.1   Ch. 10:1-12 Commencement du dernier voyage vers Jérusalem

Matt. 19:1-9.

 

10.1.1    Ch. 10:1 — Début du voyage et enseignement des foules

Notre Seigneur entreprend maintenant Son dernier voyage, quittant la Galilée pour les frontières de la Judée et l’autre rive du Jourdain. Lorsque les foules se rassemblèrent auprès de Lui, Il enseigna de nouveau, selon Son habitude. Et Son enseignement est plein de valeur morale et de lumière divine. Puissent nos âmes bien le peser ! Nous avons tendance à ne voir qu’un côté. Si nous saisissons la manifestation spéciale de la grâce de Dieu, nous risquons d’ignorer, de négliger ou d’affaiblir les grands principes immuables du bien et du mal ; si nous tenons ferme ce qui demeure depuis le début jusqu’à la fin, le danger est de ne pas laisser une place suffisante à Son action souveraine à des moments particuliers. En Christ, la vérité, il n’en a jamais été ainsi. Toutes les voies de Dieu ont eu leur place : rien n’a été sacrifié au profit d’autre chose, sans pour autant qu’il y ait nivellement, car même en Dieu, si tout est parfait et harmonieux, chaque attribut n’a pas une place égale, mais il y a ce qui est prééminent. Face au péché et à la confusion, Jésus, Fils et Serviteur de Dieu, maintient la vérité de Dieu de tous côtés.

 

10.1.2    Ch. 10:2-9 — Mariage : ce que Dieu a établi au commencement

Tout d’abord, Il défend, selon la lumière immaculée et la tendre bonté de Dieu, la relation du mariage. C’est l’étape la plus importante de la vie humaine, et le pilier du tissu social. Combien nous devons être reconnaissants que le Seigneur de gloire se soit prononcé sur ce sujet lors de Son passage dans ce monde ! Le besoin était grand. Car, même en Terre Sainte, et parmi ceux qui tenaient haut et fort à leur sainteté, avec la loi de Dieu sous les yeux et en ayant continuellement sur leur langue tous ses préceptes (interprétés correctement ou non), combien la théorie était de bas niveau et relâchée ! combien la pratique était grossièrement égoïste ! Lui était ici-bas dans Son parcours d’amour avec des enjeux éternels, et pourtant Il voulut s’arrêter dans Sa course, et faire briller la lumière du ciel même sur le chemin d’hommes ténébreux et rusés, leur rappelant d’écouter comment Dieu a donné à l’homme de vivre, et soulevant le voile qui empêchait les disciples de voir comment Lui, qui était Dieu, allait mourir.

«Des pharisiens s’approchèrent de Lui et, pour L’éprouver, Lui demandèrent : Est-il permis à un homme de répudier sa femme ? Et Lui, répondant, leur dit : Qu’est-ce que Moïse vous a commandé ? Et ils dirent : Moïse a permis d’écrire un acte de divorce, et de répudier. Jésus leur répondit : C’est à cause de la dureté de votre cœur qu’il vous a écrit ce commandement. Mais au commencement de la création, Dieu les fit mâle et femelle. C’est pourquoi l’homme laissera son père et sa mère, et sera uni à sa femme ; et les deux seront une seule chair, de sorte qu’ils ne sont plus deux, mais une seule chair. Ce que Dieu a donc uni, que l’homme ne le sépare pas» (10:2-9).

Seuls les faits rapportés par les historiens ou les recherches des savants dans les vestiges rabbiniques trahissent l’excessive légèreté des Juifs quant au mariage. Les véritables obligations du lien étaient inconnues, et la place de l’épouse n’avait pas plus de stabilité que celle d’une servante, si même elle en avait. Le Seigneur demanda ce que Moïse avait commandé : ils répondirent ce que Moïse avait permis, tandis que notre Seigneur montre combien, à l’évidence, c’était à cause de leur dureté de cœur qu’il avait ainsi écrit. En vérité, la loi n’avait rien amené à la perfection (Héb. 7:19). Ce n’est pas seulement l’Évangile, mais le commencement de la création qui rendait témoignage de la vraie pensée de Dieu, qui les avait faits mâle et femelle. Combien le Seigneur applique admirablement, non seulement le fait de Gen. 1, mais les paroles de Gen. 2:24 ! Toutes les autres obligations de la nature, y compris filiales, doivent céder la place, comme le Pentateuque le prouvait en principe et historiquement ; et la nouvelle relation était abstraitement indissoluble dès le début. Ils n’étaient plus deux, mais une seule chair, même s’ils n’étaient pas apparentés en esprit. Ce n’était pas seulement un langage d’Adam, mais un acte de Dieu ; et si Lui a uni, que l’homme ne sépare pas. Tel fut le brillant et beau déploiement de la loi par le Seigneur à ceux qui profitaient de ce qui fut permis pour un temps. La grâce et la vérité ornent toujours ce que l’esprit légal pervertit en propre justice d’un côté, ou en satisfaction de l’égoïsme d’un autre côté.

 

10.1.3    Ch. 10:10-12 — Répudiation

Aux disciples (dans la maison, comme seul Marc nous le dit), le Seigneur donne la réponse stricte suivante : «Si quelqu’un répudie sa femme et en épouse une autre, il commet adultère envers elle ; et si une femme répudie son mari et en épouse un autre, elle commet adultère». Voilà le sombre revers du péché dans cette relation : aucune licence de l’homme ne peut consacrer l’annulation de ce lien dans la chair.

 

10.2   Ch. 10:13-16 — Laisser les petits enfants venir à Jésus

Matt. 19:13-15 ; Luc 18:15-17.

 

L’incident suivant est également plein de beauté morale et de grâce divine — plein d’instruction aussi, car ici nous avons, non pas des pharisiens, mais des disciples en conflit pénible avec la pensée du Maître. «Et on lui amena des petits enfants pour qu’Il les touchât. Mais les disciples reprenaient ceux qui les amenaient. Et Jésus, voyant cela, fut indigné et leur dit : Laissez venir à Moi les petits enfants, ne les en empêchez pas, car à de tels est le royaume de Dieu. En vérité je vous dis : quiconque ne recevra pas le royaume de Dieu comme un petit enfant, n’y entrera pas. Et les ayant pris dans Ses bras, Il posa Ses mains sur eux et les bénit» (10:13-16).

Notre évangéliste marque spécialement le profond déplaisir du Seigneur. Ce n’est pas étonnant ! En effet, cela faisait partie de Sa perfection. Car ce n’était pas seulement que les disciples trahissaient l’importance qu’ils se donnaient, à la façon des rabbins, insistant beaucoup sur les cérémonies, sur les connaissances, tandis qu’ils méconnaissaient la puissance de la grâce et la manifestation des affections divines ; de plus, ils prenaient la place qui Lui revenait, et ils donnaient une fausse représentation de Lui et du Dieu de toute grâce qui L’avait envoyé, ainsi que du caractère essentiel du royaume qu’Il allait établir. Ne pas permettre aux petits enfants, aux bébés, de venir à Lui ! Les en empêcher ! Non seulement c’est à de tels qu’est le royaume de Dieu, mais quiconque ne recevrait pas le royaume de Dieu comme un petit enfant n’y entrerait pas. Telle était la sentence solennelle du Seigneur. N’être rien pour être reçu par Jésus, c’est justement la condition d’entrée. Puissions-nous, nous aussi, avoir la foi de mettre nos petits enfants avec nous devant Lui, et compter sur Sa bénédiction qui est certaine !

 

10.3   Ch. 10:17-22 — Le jeune homme riche

Matthieu 9:16-22 : Luc 18:18-23.

 

10.3.1    Ch. 10:17-18 — Pourquoi m’appelles-tu bon ?

Le Seigneur avait défendu le mariage selon son origine divine à l’encontre des pharisiens. Il avait béni les petits enfants malgré les reproches des disciples, et maintenant c’est eux qui étaient réprimandés. Nous Le voyons ensuite recherché avec empressement par le jeune homme riche. «Comme il s’avançait sur le chemin, quelqu’un accourut et se mit à genoux devant Lui et Lui demanda : Bon maître, que ferai-je afin que j’hérite de la vie éternelle ?» (10:17). Il n’y avait aucun manque d’intégrité morale, aucun manque de révérence envers Celui qui était instinctivement ressenti comme supérieur, aucune indolence pour éviter des ennuis ; mais il y avait du sérieux, un respect honnête pour cet homme juste, et un désir sincère d’apprendre une nouvelle leçon et de faire un nouveau pas dans le bien. C’était la nature faisant de son mieux, mais qui était fondamentalement en faute ; car sa question supposait que l’homme était bon et pouvait faire le bien — l’homme tel qu’il est. Sa manière même de saluer Jésus en L’honorant prouve que Sa Personne lui était inconnue, et donc que la vérité tant quant à Dieu que quant à l’homme, lui était inconnue. Si le jeune homme avait cru qu’Il était le Fils du Dieu vivant, il ne L’aurait pas accosté en Le qualifiant de «Bon maître», — expression qui convient à un maître respecté et honoré, mais qui est inutile et impropre pour s’adresser à Celui qui est égal à Dieu et qui est Dieu. Or il ne s’était jamais rendu compte du mal dans l’homme, de l’état de péché et de la ruine totale et désespérée du cœur aux yeux de Dieu. C’est pourquoi le besoin de quelqu’un comme Jésus n’était pas ressenti — quelqu’un qui, à la fois Dieu et homme, soit descendu en amour divin dans les profondeurs du péché, et qui soit élevé au trône de Dieu en justice divine ; quelqu’un qui ait tout souffert sur terre de la part de Dieu en faveur de l’homme coupable, afin que l’homme soit racheté, réconcilié, justifié, glorifié, par et avec Lui dans le ciel, et qu’en tous les deux, comme en toutes choses, Dieu soit glorifié par Jésus Christ.

 

Notre bienheureux Seigneur refuse donc l’honneur qui en ignorait le seul juste fondement ; Il était jaloux de la vérité comme de la gloire de Dieu, qui est d’ailleurs le seul amour réel de l’homme. S’Il n’était pas Dieu, Christ n’était pas bon ; s’Il était bon, Il était Dieu. «Et Jésus lui dit : Pourquoi m’appelles-tu bon ? Nul n’est bon sinon un seul, Dieu. Tu connais les commandements : Ne commets pas adultère, Ne tue pas, Ne vole pas, Ne porte pas de faux témoignage, Ne fais tort à personne, Honore ton père et ta mère. Il Lui répondit : Maître, j’ai observé toutes ces choses dès ma jeunesse. Et Jésus, l’ayant regardé, l’aima» (10:18-21a).

 

10.3.2    Ch. 10:19-21 — La réponse du Seigneur au jeune homme riche

Il est frappant d’observer les deux choses suivantes : a) la relative sévérité de la réponse de notre Seigneur, et b) l’affirmation expresse qu’Il le regarda et l’aima. L’une (a) montre comment Il a traité la nature aimable qui s’introduisait dans ce qu’elle ne connaissait pas ; l’autre (b) montre que l’amour du Sauveur pour ce qui était doux et attirant dans la nature humaine, n’a été entravé ni par de la brusquerie à réprimer l’aveuglement spirituel, ni par la conscience que le jeune homme n’avait pas la foi et allait partir tout triste suite à Sa parole. Notre Seigneur a donné toute sa valeur à son respect des commandements, qu’Il n’a pas contredit ; mais Il l’a rencontré sur le terrain qu’il avait choisi : ce terrain n’était pas celui d’un pécheur au cœur brisé, convaincu de péché, demandant ce qu’il devait faire pour être sauvé ; mais ce terrain était celui d’un homme irréprochable qui n’avait conscience de rien de mauvais dans sa vie, et qui ressentait le désir d’une voie plus excellente de la part de Quelqu’un d’aussi éminemment excellent à ses yeux que Jésus ; en conséquence «Jésus…  lui dit : Une seule chose te manque : Va, vends tout ce que tu as, donne-le aux pauvres, et tu auras un trésor dans le ciel ; et viens, suis-moi, ayant chargé la croix» (10:21).

 

10.3.3    Ch. 10:22-27 — Ce que le Seigneur Jésus avait fait par rapport à ce qu’il proposait au jeune homme riche

Jésus avait fait infiniment plus ; car, «bien qu’étant riche, Il a vécu dans la pauvreté pour nous, afin que par sa pauvreté nous soyons enrichis» (2 Cor. 8:9). Mais cet homme ne connaissait pas la grâce de notre Seigneur, bien qu’il fût forcé de voir Son ineffable beauté morale ; il ne connaissait pas Sa grâce, car Sa gloire lui était inconnue. Il était loin de penser, même lorsqu’il s’agenouilla devant Jésus, qu’il se tenait devant Celui qui, «étant en forme de Dieu, n’a pas considéré comme un objet à ravir d’être égal à Dieu, mais s’est anéanti Lui-même, prenant la forme d’esclave, étant fait à la ressemblance des hommes ; et après avoir été trouvé en figure comme un homme, Il s’est abaissé Lui-même, étant devenu obéissant jusqu’à la mort, et à la mort de la croix» (Phil. 2:6-8). Celui qui répudiait tout bien sauf en Dieu, ne reculait donc pas devant le test qu’Il présentait au jeune homme en quête de bien ; cependant, la seule chose qui manquait au jeune Juif ardent, était incomparablement en retrait du sentier de Jésus, tant dans la vie que dans la mort. C’était une exigence encore bien trop grande pour celui qui était le plus aimable échantillon d’humanité qui croisa le chemin du Seigneur ; son triste chemin par lequel il s’éloigna, mettait en évidence pour les autres, sinon à sa propre conscience, la convoitise de son cœur, la valeur qu’il accordait à ses biens, la confiance qu’il avait dans les richesses, le peu de cœur qu’il avait pour le trésor du ciel, le souci de lui-même plutôt que des autres, spécialement des pauvres auxquels le Seigneur a toujours beaucoup pensé ; et surtout, cela a mis en évidence que prendre la croix et suivre Christ était une mesure plus difficile que ce à quoi il était préparé. Qu’est-ce que l’homme ? (Ps. 8:4). Quel cas doit-on faire de lui ? (És. 2:22). Puissions-nous rendre culte par l’Esprit, nous réjouir dans le Christ Jésus, et n’avoir aucune confiance dans la chair (Phil.3 ). «Nul n’est bon, sinon un seul, Dieu». Combien c’est vrai, et combien c’est une bénédiction pour nous qu’il en soit ainsi ! «En vérité, tout homme, même le haut placé, n’est que vanité» (Ps. 39:5). Jésus n’avait fait que révéler l’ombre, et non l’image même, de la bonté divine en Lui-même ; cependant la beauté de l’aimable dévot s’est consumée comme un rien. «Mais lui, affligé par cette parole, s’en alla tout triste, car il avait de grands biens». Effectivement, tout homme n’est que vanité.

 

10.4   Ch. 10:23-27 — Difficulté pour les riches d’entrer dans le royaume de Dieu

Matt. 9:23-26 ; Luc 18:24-27.

 

Le grand Prophète, le parfait ministre de la grâce et de la vérité, tourna l’incident pour le bien des Siens. «Et Jésus regarda tout autour, et dit à ses disciples : Combien difficilement ceux qui ont des richesses entreront-ils dans le royaume de Dieu ?» (10:23). Même les disciples ne comprirent pas, et furent étonnés de Ses paroles. Eux aussi ne savaient pas qu’il n’y a rien de bon dans l’homme, ni dans les avantages du monde, pour le royaume de Dieu. «Et Jésus répondant encore, leur dit : Enfants, comme il est difficile à ceux qui se confient dans les richesses d’entrer dans le royaume de Dieu ! Il est plus facile à un chameau de passer par un trou d’aiguille qu’à un riche d’entrer dans le royaume de Dieu. Et ils étaient extrêmement étonnés, se disant les uns aux autres : Et qui peut être sauvé ? Mais Jésus, les regardant, dit : Pour les hommes, c’est impossible, mais non pas pour Dieu ; car pour Dieu tout est possible» (10:24-27). Ainsi Jésus n’atténue en rien la rigueur de la vérité. Les bénédictions mêmes, comme disent les hommes, de la chair et du monde se tournent en entraves dans les choses divines. Avec les hommes, donc, le salut est impossible. Il n’est question que de Dieu ; mais, béni soit Son nom, toutes choses sont possibles avec Lui.

 

10.5   Ch. 10:28-31 — Quitter pour le Seigneur. La rétribution

Matt. 9:27-30 ; Luc 18:28-30.

 

Quels cœurs sont les nôtres pour que même la circonstance solennelle du jeune homme riche, et la sentence encore plus solennelle du Seigneur, qui tombèrent aux oreilles stupéfaites des disciples, aient attiré une interrogation pleine d’autosatisfaction de la part de Pierre qui semblait être quelque chose, et même une colonne parmi les plus proches de Jésus ! « Pierre se mit à lui dire : Voici, nous avons tout quitté et nous t’avons suivi. Jésus répondit et dit : En vérité, je vous le dis, il n’y a personne qui ait quitté maison, ou frères, ou sœurs, ou père, ou mère ou femme, ou enfants, ou terres, à cause de Moi et de l’Évangile, qui ne reçoive le centuple maintenant, en ce temps-ci, maisons, frères, sœurs, mères, enfants et champs, avec des persécutions ; et dans le siècle à venir, la vie éternelle. Mais beaucoup de premiers seront derniers, et les derniers seront premiers ». Il faut bien noter que le Seigneur ne parle que de l’abandon de la nature pour l’amour de Lui (et celui de l’Évangile, comme cela est ajouté de manière très appropriée dans ce seul Évangile), alors que Pierre parle de ce qu’ils ont tout abandonné et qu’ils L’ont suivi. Quitter pour la récompense ne vaudrait rien, et, d’ailleurs, ne tient jamais. Christ est le seul attrait efficace, le motif qui gouverne un cœur renouvelé. Il y a de la pâture pour les brebis, il y a aussi le troupeau ; mais les brebis suivent Christ, car elles connaissent Sa voix. Les récompenses suivront plus tard, mais les saints ne suivent pas les récompenses, ils suivent le Seigneur. De même que notre évangéliste parle de ce qui est fait pour l’amour de l’Évangile, de même il montre que le fidèle qui souffre reçoit le centuple maintenant, dans ce temps-ci, à la place de ce qu’il a laissé, avec les persécutions, et dans le siècle à venir la vie éternelle. « Mais », dit le Seigneur (et si cette parole était significative pour Pierre, ne l’est-elle pas pour nous tous ?), « beaucoup de premiers seront derniers, et les derniers seront premiers ». Le jugement juste renversera à la longue bien des pensées fondées sur ce qui est visible. C’est la fin de la course qui compte, et non le départ, bien que Dieu ne soit injuste envers personne ni envers aucun acte. Il est donc bon, ici comme auparavant, de faire confiance à Dieu et à Sa grâce. «Nul n’est bon sinon un seul, Dieu».

 

10.6   Ch. 10:32-34 — Annonce de ce qui va arriver à Jérusalem. Craintes des disciples

Matt. 20:17-19 ; Luc 18:31-34 ; Jean 11:16-55.

 

Ils étaient maintenant en chemin vers Jérusalem, où les disciples savaient bien que l’inimitié envers leur Maître était la plus mortelle. C’est pourquoi, tandis que Jésus allait devant eux, «ils étaient stupéfiés et craignaient en Le suivant». Ils étaient tout à la fois étonnés de Son calme face au danger, et dans la crainte de s’y exposer eux-mêmes. Ils étaient encore attachés à la vie terrestre, bien qu’ils eussent voulu la passer sous le règne du Messie, assis chacun sous sa vigne et sous son figuier, sans personne pour les effrayer. Mais suivre le chemin qui conduisait à la mort à travers la persécution était loin d’être un privilège et un honneur à leurs yeux. Christ même était connu d’eux selon la chair : la gloire de Sa mort et de Sa résurrection n’était pas encore ressentie. C’est pourquoi le Seigneur Jésus «prit encore une fois les Douze avec Lui, et commença à leur dire ce qui allait Lui arriver, en disant : Voici, nous montons à Jérusalem, et le Fils de l’homme sera livré aux principaux sacrificateurs et aux scribes ; ils le condamneront à mort, et le livreront aux nations, et ils se moqueront de lui, le fouetteront, cracheront contre lui, et le tueront ; et après trois jours, Il ressuscitera». Ainsi le témoignage le plus complet a été rendu, non pas indistinctement, mais à des témoins choisis, quoique complets pour les desseins de Dieu parmi les hommes. Matthieu seul, de manière appropriée, distingue cette forme de mort, la croix, qui faisait trébucher l’esprit naturel des Juifs, tandis que Luc, selon sa manière, attire l’attention sur l’accomplissement des Écritures, non pas en détail et avec précision comme Matthieu, mais globalement, et il y rajoute la non-intelligence des disciples.

 

10.7   Ch. 10:35-45 — La demande d’une belle place dans le royaume de Dieu

Matt. 20:20-28 ; Luc 22:24-28.

 

10.7.1    Ch. 10:35-41 — Ce qui occupait les pensées des disciples

Alors viennent à Lui les fils de Zébédée, «Jacques et Jean» (avec leur mère, comme nous le savons par Matthieu), «disant : Maître, nous voudrions que Tu fasses pour nous tout ce que nous Te demanderons. Et Il leur dit : Que voulez-vous que je fasse pour vous ? Ils lui répondirent : Accorde-nous que nous soyons assis, l’un à ta droite, l’autre à ta gauche, dans ta gloire». Combien de fois l’esprit charnel se trahit chez le fidèle, même dans le domaine de la foi ! Combien faibles étaient encore ceux qui étaient destinés à devenir des colonnes ! Combien le Maître brille en présence même des plus bénis de Ses serviteurs ! Ils ne savaient pas ce qu’ils demandaient. Il n’était pas question de cela pour le Fils de l’homme souffrant sur le chemin de la croix ; mais plutôt : Pouvaient-ils boire de ce que Lui devait boire ? pouvaient-ils être baptisés du baptême qui était devant Lui ? Hélas ! l’ambition, même dans les choses du royaume, est bientôt suivie de la confiance en soi : «Nous en sommes capables». Quelle réponse ! Faut-il s’étonner que ces deux-là aussi aient abandonné Jésus et se soient enfuis à l’heure de la croix ? Néanmoins, le Seigneur scelle leur réponse par la promesse de Sa propre part, amère, intérieure et extérieure ; mais Il leur fait savoir que ce n’était pas à Lui d’attribuer ces places élevées à Ses côtés dans la gloire, mais qu’elles étaient pour ceux pour qui elles étaient préparées. Il refuse de quitter cette place moralement la plus élevée dans un monde tel que celui-ci — le serviteur de Dieu parmi les hommes. Mais si les deux fils de Zébédée ont ainsi trahi leur ignorance de la gloire morale de Christ, comment les autres se sont-ils comporté ? Sans tristesse de cœur pour leurs frères. «Quand les dix l’entendirent, ils commencèrent à s’indigner contre Jacques et Jean». Combien de fois notre ressentiment charnel contre l’orgueil d’un autre rend manifeste l’orgueil qui habite notre propre cœur, et éclate en une indignation aussi inconvenante que le mal qui la provoque !

 

10.7.2    Ch. 10:42-45 — Être l’esclave de tous

«Mais Jésus les appela auprès de lui, et leur dit : Vous savez que ceux qui sont réputés gouverner les nations exercent sur elles leur seigneurie, et que les grands d’entre eux exercent sur eux une autorité. Mais il n’en est pas ainsi parmi vous ; mais quiconque voudra être grand parmi vous, sera votre serviteur (ministre) ; et quiconque voudra être le premier d’entre vous, sera l’esclave de tous. Car le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi, mais pour servir et donner sa vie en rançon pour beaucoup».

C’est l’amour qui sert, et non la chair qui cherche à être servie. Voilà le motif et l’esprit qui animent, et non une question de position, ecclésiastique ou ministérielle ; car je ne doute pas que celui (Paul) qui n’était pas à un cheveu en arrière du plus grand des Apôtres était celui qui était, plus que tous, imprégné de la pensée qui était dans le Christ Jésus, et cela non seulement dans sa propre âme, mais aussi dans son service. Paul était l’esclave de tous. «Sa grâce envers moi n’a pas été vaine, mais j’ai travaillé beaucoup plus qu’eux tous, non pas moi, mais la grâce de Dieu qui est avec moi» (1 Cor. 15:10). «Sont-ils ministres de Christ ? (Je parle comme un homme hors de sens), moi outre mesure ; en travaux surabondamment, sous les coups excessivement, dans les prisons surabondamment, dans les morts souvent. J’ai reçu cinq fois des Juifs quarante coups de bâton, sauf un. Trois fois j’ai été battu de verges, une fois j’ai été lapidé, trois fois j’ai fait naufrage, une nuit et un jour j’ai été dans les profondeurs de la mer ; souvent en voyage, dans les périls sur les fleuves, dans les périls de la part des brigands, dans les périls de la part de mes compatriotes, dans les périls de la part des nations, dans les périls en ville, dans les périls au désert, dans les périls en mer, dans les périls parmi de faux frères, en peine et en labeur, en veilles souvent, dans la faim et la soif, dans les jeûnes souvent, dans le froid et la nudité ; outre ces choses exceptionnelles, il y a ce qui me tient assiégé tous les jours, la sollicitude pour toutes les assemblées. Qui est faible, que je ne sois faible aussi ? Qui est scandalisé, que moi aussi je ne brûle ?» (2 Cor. 11:23-29). Il appartenait au Fils de l’homme seul, non seulement d’exercer Son ministère, mais de donner Sa vie en rançon pour beaucoup.

 

11 Marc 10:46-52 — Jéricho et la guérison de Bartimée l’aveugle qui criait au Fils de David

Matt. 20:29-34 ; Luc 18:35-43.

 

11.1.1    Où a eu lieu la guérison de l’aveugle ?

Une nouvelle division de notre Évangile s’ouvre ici. C’est la présentation finale du Seigneur à la nation en tant que Messie. L’œuvre de Son ministère est terminée. Ici, il est considéré comme le Fils de David.

«Ils arrivèrent à Jéricho». C’est cette ville qui s’était opposée en premier à l’entrée d’Israël dans le pays de la promesse, mais elle était tombée par la puissante intervention de Dieu, lorsque Son peuple se soumit à Sa parole par Josué ; cette ville attira la malédiction prédite sur celui la bâtirait de nouveau, et sur ses fils ; les eaux de cette ville furent rendues saines, et la stérilité de la terre fut enlevée, en grâce par le prophète (2 Rois 2). Et maintenant elle est la scène d’un remarquable déploiement de puissance bienfaisante, en réponse à la foi qui reconnaissait la Semence et le Roi promis.

«Comme il sortait de Jéricho avec ses disciples et une grande foule, l’aveugle Bartimée, fils de Timée, était assis au bord du chemin et mendiait». Je ne doute pas qu’il s’agisse du même incident que celui relaté en Matthieu 20 et en Luc 18. Mais les différences sont si grandes qu’elles ont suscité des doutes chez certains. La vérité est que chacun de ces récits est parfait. Matthieu donne la double guérison — fidèle à son habitude (voir Matt. 8) et à l’exigence du témoignage juif. Luc l’énonce de telle manière que l’insouciant pourrait en déduire que la guérison a eu lieu lorsque le Seigneur est entré dans Jéricho (au lieu d’en sortir). Son ordre moral exigeait la juxtaposition de l’histoire de Zachée et de la parabole de l’homme noble s’en allant dans un pays éloigné, comme illustrant la portée des deux avènements, et par conséquent Luc a dû déplacer l’histoire de l’aveugle. Mais Luc prend soin de dire, non pas «comme Il s’approchait de Jéricho» (selon la version autorisée anglaise), mais «comme Il était près de Jéricho», ἐν τῳ ἐγγίζειν αὐτὸν εἰς Ἰεριχώ, sans dire si c’était son arrivée ou son départ. Il était dans ce voisinage. Certains manuscrits donnent «le fils de Timée, Bartimée, un mendiant aveugle, était assis», etc. Le manuscrit du Sinaï donne «aveugle et un mendiant». Comme d’habitude, notre évangéliste relate les faits et même les noms avec une précision caractéristique.

 

11.1.2    La supplication de Bartimée

«Et quand il entendit que c’était Jésus le Nazaréen, il se mit à crier et à dire : Fils de David, Jésus, aie pitié de moi». Aucune expression d’incrédulité de la part des autres ne pouvait étouffer son propre cri de foi. C’était, sans doute, en harmonie avec ses désirs d’invoquer Celui à qui Ésaïe rendit autrefois ce témoignage : « Alors les yeux des aveugles seront ouverts » (Ésaïe 35:5). D’autres connaissaient cette Écriture aussi bien que Bartimée, mais c’est lui qui réclamait la bénédiction du Nazaréen méprisé. Ils disaient qu’ils voyaient, et donc leur péché demeurait (Jean 9:41). Quant à lui, il s’avouait misérable, pauvre et aveugle ; nu, il se contentait de l’être, s’il pouvait plus facilement se rejeter sur le Seigneur. La foule, ne sentant pas son propre besoin, n’avait aucune sympathie pour celui qui ressentait le sien, et cherchait à étouffer son importunité. Mais c’était Dieu qui l’avait mise sur le cœur du mendiant aveugle — Dieu qui, par son appel au Messie rejeté, réprimandait l’incrédulité de Son peuple, aussi misérable, pauvre et aveugle que lui — et même plus encore, incomparablement plus, parce qu’il ne le sentait pas, et ne reconnaissait pas leur Roi. Pour eux, Il n’était que Jésus de Nazareth. «Et plusieurs le reprirent afin qu’il se tût ; mais il criait d’autant plus fort : Fils de David, aie pitié de moi».

L’application de ce titre est ici d’autant plus frappante en ce lieu et à ce moment, du fait qu’il s’agit de la première fois et même de la seule en Marc, tandis qu’elle est commune en Matthieu dès le premier chapitre jusqu’au chapitre correspondant à notre chapitre de Marc. L’expression la plus proche se trouve au ch. 12 avec la référence du Seigneur au Ps. 110. Ceci, joint à Marc 11:9-10, peut montrer à quel point Bartimée a été vraiment guidé par Dieu — un type, sans doute, du résidu des derniers jours, dont les yeux seront ouverts au Messie avant que Celui-ci soit en relation reconnue publiquement avec Jérusalem.

 

11.1.3    Comment le Seigneur a répondu à l’aveugle

Mais passons à la préfiguration de la «bonté qui demeure à toujours». Jésus ne fit aucune réprimande. Au contraire, Il s’arrêta et dit qu’on l’appelât.

«Et ils appellent l’aveugle, lui disant : Aie bon courage, lève-toi, Il t’appelle. Et jetant loin son vêtement, il se leva et vint à Jésus». Marc, et non Matthieu, mentionne le manteau jeté dans l’empressement de répondre à l’invitation de Jésus ; pourtant Matthieu, et non pas Marc, était un témoin oculaire.

«Jésus lui répondit : Que veux-tu que je fasse pour toi ? L’aveugle lui dit : Rabboni (mon maître), que je recouvre la vue. Jésus lui répondit : Va, ta foi t’a guéri. Aussitôt il recouvra la vue, et il suivait Jésus sur le chemin». Luc seul ajoute l’effet moral exprimé, tant de la part de l’aveugle que de la part de tous ceux qui ont vu le miracle : il a glorifié Dieu, et ils l’ont loué. Mais ceci est tout à fait du ressort de Luc, comme a dû le constater tout lecteur d’attention ordinaire.

 

 

12 Marc 11

12.1   Ch. 11:1-11

Matt. 21:1-11 ; Luc 19:28-40 ; Jean 12:12-16.

 

Le Sauveur est en route maintenant pour Son dernier voyage à Jérusalem, pour Sa présentation finale de Lui-même comme Messie, sous forme de témoignage. Sa tâche prophétique a été accomplie et refusée ; il reste devant Lui la grande œuvre de l’expiation. Entre les deux, il y a Sa visite royale officielle, comme on peut l’appeler, à la ville du Grand Roi. Mais cette visite était celle du Roi des rois et Seigneur des seigneurs et elle avait un caractère très différent d’une visite à la manière des rois ordinaires ; car :

●         Il était le prophète prédit comme devant être comme Moïse (Deut. 18:18)

●         Jamais homme ne parla comme cet homme (Jean 7:46)

●         Il était l’antitype de tous les sacrifices, ceux-ci n’étant que l’ombre des biens à venir, non l’image même des choses (Héb. 10:1)

●         Il venait à Ses possessions personnelles ici-bas (son « peculium »), et cela soulevait et déterminait la question de savoir si Son peuple Le recevrait.

 

12.1.1    Ch. 11:1-3 — L’envoi de disciples pour chercher un ânon

« Et comme ils approchaient de Jérusalem, de Bethphagé et de Béthanie, sur la montagne des Oliviers, Il envoie deux de Ses disciples et leur dit : Allez dans le village qui est en face de vous ; et aussitôt en entrant, vous trouverez un ânon attaché, sur lequel aucun homme ne s’est jamais assis ; détachez-le et amenez-le. Et si quelqu’un vous dit : ‘Pourquoi faites-vous cela ?’ dites : ‘Le Seigneur en a besoin’ ; et aussitôt il l’enverra ici» (11:1-3).

Il s’agit par excellence d’une scène où la main de Dieu dirige tout. Il voulait contrôler les sentiments de ceux qui ont assisté à l’enlèvement de l’ânon, et Il l’a fait, de même qu’Il a ensuite dirigé les actions et les acclamations de la foule sur le chemin. «La préparation du cœur est à l’homme, mais la réponse de la langue vient de l’Éternel» (Prov. 16:1). En fait, c’est tellement le cas que je soupçonne que «le Seigneur» est laissé ici (11:3) volontairement vague, comme en Marc 5:19. Le Seigneur avait besoin de l’ânon, aussi bien si ce terme «le Seigneur» désignait l’Éternel, ou bien s’il désignait le roi qui venait en Son nom. Si leur foi reconnaissait réellement le Messie en l’Éternel, c’était très vrai, et tant mieux pour ceux qui le faisaient ; mais je ne suis pas sûr qu’on puisse affirmer que l’intention de l’Esprit implique autant que cela, dans l’un ou l’autre sens. Ce n’est que dans les deux derniers versets de cet Évangile que nous pouvons conclure avec certitude qu’Il est désigné comme «le Seigneur». La convenance de cette réserve jusqu’à la déclaration de Son triomphe final par notre évangéliste qui s’est consacré à Son service ici-bas, est d’une beauté frappante, à la fois dans l’absence de cette désignation auparavant et dans sa présence à ce moment-là.

 

12.1.2    Ch. 11:7-10 — L’entrée triomphale à Jérusalem

«Et ils s’en allèrent et trouvèrent un ânon attaché dehors, à la porte, à la croisée des chemins ; et ils le détachèrent. Et quelques-uns de ceux qui se tenaient là leur dirent : ‘Que faites-vous, en détachant l’ânon ?’ Ils leur répondirent comme Jésus avait commandé, et on les laissa faire. Et ils amènent l’ânon à Jésus, et mirent leurs vêtements sur l’ânon ; et il s’assit dessus. Beaucoup de gens étendaient leurs vêtements sur le chemin, et d’autres coupaient des rameaux des arbres et les répandaient sur le chemin. Et ceux qui allaient devant et ceux qui suivaient criaient : Hosanna ! Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur. Béni soit le royaume à venir de notre père David. Hosanna dans les lieux très-hauts» (11:4-10).

C’était un témoignage singulièrement éclatant rendu aux voies de Dieu, et cela non seulement à l’égard de Celui qui est toujours adorable et qui daignait ainsi s’offrir à l’acceptation de Son peuple ; ce témoignage était aussi brillant par les cris appropriés de la foule, pourtant peu consciente de la vérité de ce qu’elle disait et de la gravité de la situation de sa nation et de sa ville depuis ce jour-là jusqu’à aujourd'hui. Dieu, je le répète, agissait au milieu d’eux. Il voulait qu’un témoignage, vrai mais méprisé, soit rendu au Roi, aussi humble qu’Il fût. Matthieu souligne l’accomplissement de l’oracle prophétique dans le spectacle étrange de ce jour. Luc ajoute le formule «paix au ciel et gloire dans les lieux très-hauts» dans la louange à Dieu qui remplit la bouche et le cœur des disciples ; Luc ajoute aussi les lamentations et les larmes du précieux Sauveur sur Jérusalem. Il était plus conforme au domaine de Marc de dire qu’«Il entra dans Jérusalem et dans le temple ; et après avoir regardé de tous côtés sur tout, l’heure étant déjà avancée, il sortit et s’en alla à Béthanie avec les Douze».

 

12.1.3    Ch. 11:11 — La fin du premier jour de la visite de Jérusalem

Matthieu, comme souvent, ne distingue pas les différentes phases des événements. On ne pourrait pas déduire de son récit qu’au premier jour de Sa visite le Seigneur a simplement tout regardé autour de Lui, et que seulement le lendemain Il a chassé ceux qui profanaient le Temple par leurs commerces ; il est aussi le seul à parler de ce qu’Il a été approché par des aveugles et des boiteux (Matt. 21:14) pour être guéris. Je sais que certains ont essayé de résoudre la difficulté en supposant que Matthieu nous donne une purification du Temple le premier jour, et Marc en donne une le second jour. Mais cela me semble définitivement écarté par la précision du langage de Marc au sujet de ce second jour, qui nous dit (Marc 11:15) qu’alors, et non le premier jour, Il commença à chasser ceux qui vendaient et achetaient dans le Temple.

Jean, par contre, omet entièrement cette purification du Temple, mais en rapporte une (Jean 2) de caractère similaire avant que notre Seigneur entre dans Son ministère public ou en Galilée ; personne d’autre que Jean n’a relaté ce fait. Or cela s’accorde parfaitement avec l’ensemble de son Évangile, qui commence, pour ainsi dire, au point où les autres Évangélistes nous conduisent progressivement — le rejet total du Seigneur par Son peuple, qui L’abhorrait, comme Lui ne pouvait que les abhorrer.

 

12.2   Ch. 11:12-14 — La malédiction du figuier

En comparant la description de Matthieu du figuier maudit avec celle de Marc, on constate en Matthieu une fusion similaire d’un double récit en un seul.

«Le lendemain, comme ils sortaient de Béthanie, Il eut faim ; et voyant de loin un figuier qui avait des feuilles, Il s’approcha, pour savoir si peut-être Il y trouverait quelque chose ; mais s’étant approché, il n’y trouva rien que des feuilles ; car ce n’était pas la saison des figues. Et, prenant la parole, Il lui dit : Que personne ne mange plus jamais de fruit de toi. Et ses disciples l’entendirent». Si cela avait été la saison des figues, les fruits auraient pu déjà avoir été cueillis, mais comme ce n’était pas le cas, on aurait dû y trouver du fruit, à moins que l’arbre ne soit stérile. C’était ainsi l’emblème des Juifs, sans fruit pour Dieu, mais abondant d’une apparence de vie devant les hommes. L’arbre avait des feuilles, mais pas de fruit. C’est pourquoi la condamnation fut prononcée — aussi sûrement vérifiée dans le cas du figuier d’alors que, dès lors, dans la profession vide des Juifs.

 

12.3   Ch. 11:15-18 — Nettoyage du temple

Matt. 21:12-19 ; Luc 19:41-48.

 

Après avoir entendu la sentence du figuier stérile, ils viennent à Jérusalem et entrent dans le Temple, où le Seigneur se met à chasser ceux qui y vendaient et achetaient, à renverser les tables des changeurs et les sièges des vendeurs de colombes, et à ne permettre à personne de porter un vase dans le Temple. Il continua ensuite par enseigner ouvertement ce qui est écrit en Ésaïe 56:7 et Jér. 7:11 : le dessein de Dieu dans le Temple, et le mauvais usage égoïste que l’homme en a fait entre-temps. «N’est-il pas écrit : Ma maison sera appelée maison de prière pour toutes les nations, mais vous en avez fait une caverne de voleurs». La réprobation prophétique n’était pas impuissante, mais elle tombait dans un sol fertile seulement pour produire des épines et des ronces (Héb. 6:8), — un sol sans valeur, et proche de cette malédiction, sinon déjà atteinte par elle, qui venait de manifester leur état. «Les principaux sacrificateurs et les scribes l’entendirent, et ils cherchèrent comment Le faire périr, car ils Le craignaient, parce que toute la foule s’étonnait de sa doctrine» (11:18). En vérité, leur fin était d’être brûlés (Héb. 6:8) : Dieu n’était pas dans leurs pensées, mais l’homme ; ce qui les gouvernait, c’était le moi, non pas la conscience. Mais quel tableau ! Le Serviteur juste et élu, le Fils de Dieu, haï jusqu’à la mort — non pas par la foule qui, si elle était irréfléchie et versatile, était du moins suspendue à des paroles inhabituelles de défense sainte de Dieu, de bonté envers l’homme, de sévère réprobation contre les orgueilleux qui pervertissaient les choses sacrées. Hélas ! ce sont justement ceux-là, les chefs religieux, les théologiens du jour, qui tremblaient à la lumière de Dieu et ne cherchaient qu’à l’éteindre, afin de pouvoir conserver leur influence sur les hommes qu’ils n’aimaient pas, mais qu’ils méprisaient. — Le monde ou sa religion d’aujourd’hui sont-ils meilleurs ?

 

12.4   Ch. 11:19-26 — Fin du premier jour de visite et second jour

Matt. 21:20-22.

 

12.4.1    Ch. 11:19 — Il sortit de la ville

Qu’est-ce qui pouvait retenir Jésus sur une telle scène, d’autant plus révoltante que son titre et sa responsabilité étaient d’être «la ville sainte» ? Rien, sinon la mission d’amour saint pour laquelle Il était venu. C’est pourquoi, le soir étant venu, Son travail de la journée étant terminé, Il sortit, une fois de plus, de la ville. — Qui, si ce n’est l’ennemi, aurait pu insinuer la pensée blasphématoire que c’était parce que cette ville était un sol trop sacré pour que Lui s’y repose encore ?

 

12.4.2    Ch. 11:20-26 — Le figuier séché

Comme ils passaient le lendemain matin, la vue du figuier séché depuis les racines, rappela à Pierre la malédiction du jour précédent. La réponse du Maître fut : «Ayez foi en Dieu» (11:22) — une formulation plus précise que celle de Matthieu, et d’une importance très solennelle pour les serviteurs de Dieu en présence de la culpabilité et de la ruine de ce qui semble le plus beau, ou du moins, le plus estimé parmi les hommes. Tandis que le figuier symbolisait le peuple dans leurs prétentions religieuses, manifestement vaines maintenant, et ainsi jugées par Celui qui avait et a le droit de juger, «cette montagne» (11:23) semble plutôt viser leur «lieu et leur nation» (Jean 11:48), que dans leur incrédulité ils s’acharnaient à maintenir sous le patronage romain («nous n’avons pas d’autre roi que César», Jean 19:15). Aussi forte qu’elle fût aux yeux des Juifs, pour la foi des disciples elle était condamnée, et allait bientôt être violemment déracinée (Matt. 15:13) et perdue dans la mer des Gentils (Marc 11:23). Telle est l’efficacité déclarée de la foi ; mais une autre condition requise est (ce que la foi ferait en effet) l’esprit de pardon en grâce envers quiconque pourrait nous avoir fait du tort ou nous avoir offensés. Chez Matthieu, ce principe a sa place dans le Sermon sur la montagne, et en particulier dans la prière (Matt. 6), tandis que la contrepartie rétributive apparaît dans la parabole du serviteur sans pitié (Matt. 18). Dans Luc, le principe apparaît sous une autre forme.

 

12.5   Ch. 11:27-33 — Confrontation avec les chefs religieux

Matt. 21:23-27 ; Luc 20:1-8.

 

12.5.1    Enquête pour savoir par quelle autorité Jésus agit

La visite suivante à Jérusalem confronte le Seigneur, alors qu’Il se promène dans le Temple, avec les principaux sacrificateurs, les scribes et les anciens, qui Lui demandent par quelle autorité Il faisait ces choses, et qui la Lui avait donnée. Jésus s’engage à parler de Son autorité, s’ils répondent à Sa question sur le baptême de Jean : était-il du ciel ou des hommes ? C’était un appel à la conscience ; mais ils n’en avaient pas, si ce n’est une mauvaise conscience, qui se réfugia aussitôt dans la réserve, craignant de se compromettre, mais ne craignant pas de s’occuper de vétilles avec Dieu et les hommes. Car ils raisonnaient entre eux qu’en admettant que le baptême de Jean était du ciel, ils devaient recevoir son témoignage à l’égard de Jésus ; et en l’affirmant d’origine humaine, ils allaient perdre la faveur du peuple, Jean étant universellement considéré comme étant effectivement un prophète. Ils préférèrent donc s’abriter sous une ignorance apparemment prudente.

 

12.5.2    Réponse du Seigneur Jésus à l’enquête des chefs religieux

Qui étaient-ils donc pour mettre en doute l’autorité de Jésus ? S’ils ne pouvaient que dire «nous ne savons pas», leur incompétence était avouée. Ceux qui ne pouvaient pas résoudre la question du serviteur n’étaient sûrement pas qualifiés pour juger au sujet du Maître. En vérité, leur incapacité était, si c’était possible, moindre que leur méchanceté hypocrite : la volonté était plus en faute que l’intelligence. Le Seigneur pouvait bien être dispensé de répondre à une telle question posée par de tels hommes. Quelle position pour ceux qui examinaient Son autorité ! Laissés dans l’ombre et dans la honte de leur ignorance avouée en présence du plus grave problème religieux qui se posait alors à eux, ils sont obligés de s’incliner devant Celui qui clôt l’enquête avec une indicible dignité et avec la sagesse la plus appropriée : « Je ne vous dis pas non plus par quelle autorité je fais ces choses».

Seigneur, Tu savais tout ; Tu savais que ces hommes Te haïssaient !

 

 

13 Marc 12

13.1   Ch. 12:1-12 — La parabole des cultivateurs : la mise à l’épreuve morale de l’homme  

Matt. 21:33-46 ; Luc 20:9-19.

 

13.1.1    Ch. 12:1-2 —Dieu a préparé les meilleures conditions possibles, mais l’homme est pécheur

La parabole du début de ce chapitre expose en quelques paroles claires, et par touches très significatives, l’histoire morale d’Israël en rapport avec les voies de Dieu. Puis nous voyons ensuite les diverses classes d’Israël se dévoiler successivement, tout en essayant de mettre le Seigneur dans l’embarras. Ils pensaient Le juger ; le résultat fut que c’est eux qui furent jugés.

Dans la parabole du début, le Seigneur expose comment Dieu a agi en rapport avec la nation globalement. «Un homme planta une vigne et l’entoura d’une clôture» (12:1a). Tout a été fait de la part de Dieu à la fois pour leur donner ce qui était de Lui-même et pour les séparer du reste des hommes pécheurs. Ils ont été dûment mis en garde contre la contamination par les corruptions des païens.

Il «creusa une cuve à vin (ou fosse pour pressoir)». Il y avait toute la préparation nécessaire pour les résultats complets de leur travail, y compris une protection complète grâce à la construction d’une tour. Ainsi, le propriétaire «la loua à des cultivateurs, et il s’en alla dans un pays lointain» (12:1c). Cela met en évidence leur responsabilité. Le système juif dans le passé est l’homme sous probation, c'est-à-dire mis à l’épreuve.

«En la saison, il envoya un esclave aux cultivateurs, afin qu’il reçoive des cultivateurs le fruit de la vigne» (12:2). C’est l’épreuve morale de l’homme en prenant comme exemple la conduite d’Israël. L’homme est tenu de faire un retour (donner un revenu) à Dieu, selon la position dans laquelle Dieu l’a placé. Israël avait tous les avantages possibles donnés par Dieu. Ils avaient des sacrificateurs, des ordonnances religieuses, des jours de jeûne, des jours de fête, toute aide extérieure, et même des témoignages miraculeux de temps en temps. Il ne manquait rien à l’homme, si ce n’est Christ Lui-même ; et même quant à Lui, ils avaient sa promesse, et L’attendaient en quelque sorte comme leur Roi. Des promesses leur avaient été faites, et une alliance avait été conclue avec eux. En bref, ils avaient tout ce qui pouvait leur être utile s’il avait été possible d’obtenir quelque chose de bon de l’homme.

Mais peut-il sortir un bien quelconque du cœur ? L’homme n’est-il pas un pécheur ? N’est-il pas complètement souillé et impur ? Peut-on tirer une chose pure de ce qui est impur ? (Job 14:4). C’est impossible par tous les moyens utilisés pour agir sur l’homme. Vous pouvez introduire quelque chose de pur parmi ce qui est impur, mais si c’est simplement une créature qui est introduite, elle devient souillée. Si c’est le Créateur, Il peut délivrer, mais même pas en descendant simplement au milieu des hommes. Il fallait plus que cela : il fallait Sa mort. La mort est la seule porte de la vie et de la rédemption pour les perdus.

 

13.1.2    Ch. 12:3-5 — Le retour fait par l’homme : de mal en pis

Le Seigneur, ensuite, donne l’histoire de ce qu’ils ont rendu à Dieu. L’esclave ayant été envoyé, «ils le prirent, le battirent, et le renvoyèrent à vide» (12:3). Il n’y avait aucun fruit pour Dieu — rien que du mal. Il y avait insulte pour Lui et blessure pour le serviteur. «Et Il leur envoya encore un autre esclave ; et celui-là, ils lui jetèrent des pierres qui lui frappèrent la tête, et ils le renvoyèrent (non seulement à vide, mais) avec des outrages» (12:4). Un péché conduit à un plus grand péché quand il n’est pas jugé. «Et Il en envoya un autre ; et celui-là, ils le tuèrent ; et beaucoup d’autres, battant les uns et tuant les autres» (12:5). Ils glissent rapidement sur la pente de la destruction. Il ne restait qu’un seul motif possible pour agir sur le cœur de l’homme.

 

13.1.3    Ch. 12:6 — L’envoi du Fils bien-aimé. L’opposition à Dieu manifestée

«Ayant donc encore un unique fils bien-aimé, il le leur envoya, lui aussi, le dernier, en disant : Ils auront du respect pour mon fils» (12:6). Celui qui était infiniment plus grand en dignité et absolument sans défaut, ne serait-Il pas acceptable ? Car même les prophètes avaient des défauts ; même s’il y avait une grande puissance de Dieu en eux et par eux, ils étaient enveloppés d’infirmités comme les autres hommes. Mais le Fils était une perfection : que se passerait-il s’Il venait ? Ils devraient certainement sentir que le Fils de Dieu avait droit de manière incomparablement plus grande à leurs affections et à leur respect. Et il en aurait été ainsi si l’homme n’avait pas été complètement perdu.

Quelle leçon morale quant à l’homme, la croix a-t-elle alors apportée ? Il fut alors prouvé que l’homme était totalement corrompu. Dieu a permis que le peuple d’Israël en fasse la démonstration la plus complète possible. Rien ne l’a prouvé aussi complètement que la mission du Fils de Dieu. L’épreuve s’est terminée par Son rejet, mais Son rejet était leur rejet devant Dieu. Quelle que soit la manière dont l’homme est éprouvé et aussi grands que soient les privilèges qu’il avait, l’homme finit par prouver son opposition totale à Dieu, sa ruine sans espoir à Ses yeux.

 

13.1.4    Ch. 12:7-8 — Le Fils bien-aimé mis à mort. Satan devient dieu de ce monde

«Mais ces cultivateurs se dirent entre eux : Celui-ci est l’héritier ; venez, tuons-le, et l’héritage sera à nous» (12:7). C’était une occasion à ne pas perdre pour la volonté de l’homme. Satan les poussa à vouloir avoir le monde pour eux seuls. C’est ce que l’homme apprécie le plus : exclure Dieu de Son monde à Lui, et cela n’a été consommé par aucun acte autant que par leur meurtre du Seigneur Jésus — par Sa croix. C’était le rejet de Dieu par l’homme dans la personne de Son Fils. Désormais, l’homme s’est montré à l’évidence non seulement faible et pécheur, mais aussi ennemi de Dieu.

Alors même que Dieu était en Christ réconciliant le monde avec Lui-même, l’homme a non seulement préféré avoir le monde sans Dieu, mais il a été déterminé à l’avoir ainsi. En fait, cela montre que le monde gît dans le méchant (1 Jean 5:19) ; et Satan, qui était réellement le chef de ce monde auparavant, est devenu le dieu de ce monde lors du rejet de Celui qui était Dieu. L’homme a besoin d’avoir un dieu au-dessus de lui ; s’il rejette le vrai Dieu en la personne de Christ, Satan devient son dieu, non pas seulement dans la réalité, mais de manière manifeste dans ce cas.

«Et ils le prirent et le tuèrent, et le jetèrent hors de la vigne» (12:8). Ceci termine les mesures de mise à l’épreuve (probation).

 

13.1.5    Ch. 12:9-12 — Ce que fait le Maître de la vigne. La pierre exaltée

«Que fera donc le Maître de la vigne ? Il viendra, il fera périr les cultivateurs, et il donnera la vigne à d’autres» (12:9). Il n’est pas question ici que ces « autres » Lui remettront des fruits en leur saison, comme nous l’avons en Matthieu. Ici il s’agit seulement de la rupture des anciens liens avec Israël (en fait, avec l’homme), et de la remise à d’autres de la place de privilège.

Mais ce n’est pas tout : il s’ensuit la destruction des anciens cultivateurs. Cela s’est déjà produit en partie avec la chute du peuple juif et de Jérusalem.

Et ce n’est encore pas tout. «N’avez-vous pas lu cette Écriture : La pierre que les bâtisseurs ont rejetée, celle-là est devenue la pierre d’angle (ou maitresse pierre du coin) : celle-ci est du Seigneur, et elle est merveilleuse à nos yeux» (12:10-11).

 

L’Esprit n’introduit pas ici ce qui se passe ensuite selon Matthieu. Non seulement la pierre doit être exaltée, le prophète rejeté doit devenir le Seigneur exalté (ce qui est tout à fait conforme à l’objet de Marc), mais dans Matthieu les autres positions de la pierre sont développées davantage. Tout d’abord, Lui est une pierre d’achoppement sur la terre ; ensuite, la pierre, après son exaltation, tombe sur ses ennemis à la fin et les réduit en poudre. Ceci se rattache aux prophéties et à leur accomplissement tant pour les Juifs que pour le monde. Les Juifs ont trébuché sur Lui dans Son humiliation lorsqu’Il était sur la terre ; mais lorsqu’ils prendront finalement la place d’adversaires, non seulement dans l’incrédulité, mais dans une opposition mortelle, formant, en fait, le parti de choix de Son grand ennemi, l’Antichrist — alors c’est sur eux que le Seigneur tombera pour leur destruction à la fin du siècle (de l’ère).

 

Dans Marc, cependant, il y a simplement la pierre rejetée qui est exaltée. Les auditeurs le perçoivent immédiatement. «Ils cherchaient à le saisir, mais ils craignaient le peuple ; car ils savaient qu’il avait dit la parabole contre eux. Et ils le quittèrent et s’en allèrent» (12:12).

 

13.2   Ch. 12:13-17 — Payer les impôts romains

Matt. 22:15-22 ; Luc 20:20-26.

 

Vient maintenant l’épreuve des différentes classes fractionnant les Juifs. «Ils lui envoient quelques-uns des pharisiens et des Hérodiens pour le surprendre dans ses paroles» (12:13). Alliance de mauvais augure ! car d’ordinaire, les pharisiens et les Hérodiens étaient des ennemis acharnés. Les pharisiens étaient très à cheval sur les formes religieuses, les Hérodiens étaient plutôt le parti des courtisans, des gens qui cultivaient tous les moyens de faire avancer leurs intérêts dans le monde, comme les autres le faisaient pour s’assurer une réputation religieuse. Mais lorsqu’il s’agit de Christ, les plus opposés peuvent s’unir contre Lui et contre Sa vérité.

«Et s’étant s’approchés, ils lui disent : Maître, nous savons que tu es vrai, et que tu ne t’embarrasses de personne ; car tu ne regardes pas à l’apparence des hommes, mais tu enseignes la voie de Dieu dans la vérité» (12:14a). Ils s’abaissaient à la flatterie et à la fausseté pour arriver à leurs fins malveillantes. Ce qu’ils disaient était, sans doute, vrai en soi, mais c’était tout à fait faux comme expression de leurs sentiments et de leur jugement sur Lui.

«Est-il licite de payer le tribut à César ou non ? Devons-nous donner, ou ne devons-nous pas donner ?» (12:14b). Ils voulaient impliquer le Seigneur dans un Oui ou un Non qui Le compromettrait soit avec les Juifs, soit avec les Romains. S’il disait oui, il renonçait aux espérances d’Israël, en apparence ; Il ne faisait que renforcer leur servitude des Romains. Comment pouvait-Il être un Juif sincère ou, plus encore, le Messie, leur libérateur attendu, s’Il les laissait, comme toujours, esclaves du pouvoir Romain ? S’Il répondait non, Il se rendait détestable vis-à-vis de ce gouvernement jaloux, et leur donnait un prétexte contre Lui, en tant que fomenteur de revendications séditieuses pour le trône de Palestine.

Mais le Seigneur répond avec une sagesse consommée et divine. «Et Lui, connaissant leur hypocrisie, il leur dit : Pourquoi me tentez-vous ? Apportez-moi un denier, afin que je le voie. Et ils le Lui apportèrent… Et Il leur dit : Rendez à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu» (12:17). Cette réponse était complète et absolument parfaite, car en vérité il n’y avait pas de conscience en eux. S’ils avaient eu de la droiture, ils auraient eu honte de ce que la monnaie courante dans leur pays était la monnaie romaine. C’était leur péché : et l’homme qui rejette Christ, refuse de regarder son propre péché.

Le Seigneur Jésus les laisse là où leur péché les avait amenés, Il leur fait sentir que c’était leur faute et leur péché qui les avaient mis sous l’autorité des Romains. Il dit simplement : «Rendez les choses de César à César, et les choses de Dieu à Dieu». Si vous êtes ici par votre propre faute, assujettis à César à cause de vos péchés, reconnaissez la vérité de votre état et sa cause, et payez ce qui est dû à César ; mais n’oubliez pas que Dieu ne cesse jamais d’être Dieu, et veillez à Lui rendre les choses qui Lui appartiennent. Ils n’étaient ni des sujets honnêtes de César, ni, et encore moins, des fidèles vis-à-vis de Dieu. S’ils avaient été fidèles à Dieu, ils auraient reçu le Seigneur Jésus. Mais il n’y avait ni conscience ni foi.

 

13.3   Ch. 12:18-27 — Les conditions de vie dans la résurrection et la certitude de la résurrection

Matt. 22:23-33 ; Luc 20:27-38.

 

«Les sadducéens, qui disent qu’il n’y a pas de résurrection, s’approchèrent de lui et l’interrogèrent, disant : Maître, Moïse nous a écrit : Si le frère de quelqu’un meurt, et laisse une femme derrière lui, et ne laisse pas d’enfants, son frère prendra sa femme, et suscitera une postérité à son frère. Il y avait sept frères ; le premier prit une femme, et mourut sans laisser de postérité. Le second la prit, et mourut, et ne laissa point de postérité ; et le troisième de même ; et les sept ne laissèrent pas de postérité. La dernière de tous, la femme aussi mourut. À la résurrection, quand ils ressusciteront, de qui sera-t-elle la femme ? car les sept l’ont eue pour femme» (12:18-23).

Ici encore, il ne s’agissait que d’une difficulté. Les Sadducéens étaient le parti incrédule, et toute la force apparente de l’incrédulité consiste à créer des difficultés, à spéculer sur des cas imaginaires qui n’ont pas d’application, à raisonner en transposant les choses des hommes dans les choses de Dieu. Tout est basé sur une fausse supposition. Le Seigneur leur dit : «Vous errez parce que vous ne connaissez pas les Écritures, ni la puissance de Dieu» (12:24). Ils ont manifesté, comme à l’ordinaire, leur ignorance des Écritures, malgré beaucoup de prétention, sinon ils n’auraient pas présenté un tel cas. Quant aux difficultés, que sont-elles pour la puissance de Dieu, à supposer qu’il y ait des difficultés pour l’homme ? Mais ce qui est au-delà du pouvoir et de la conception de l’homme est très possible à Dieu ; tout est même possible pour celui qui croit.

Mais la vérité est que c’était une ignorance totale de supposer que dans l’état de résurrection une telle éventualité pouvait se produire. La question, d’ailleurs, tenait pour acquise la résurrection, ce qui était exactement ce qu’ils niaient. Le scepticisme est habituellement tordu — aussi faux que la superstition.

À qui appartiendrait cette femme qui a eu successivement les sept maris ? La réponse est qu’elle n’appartiendrait alors à aucun. Il n’y a pas de reprise des liens terrestres dans la résurrection. Les gens ne ressuscitent pas d’entre les morts en tant que maris et femmes, parents et enfants, maîtres ou serviteurs. Ensuite, le Seigneur répond à la question, non pas sur le terrain de leur difficulté ou de leur erreur, mais sur sa pertinence d’après la parole de Dieu. «Quand on ressuscite d’entre les morts, on ne se marie pas ni on est donné en mariage, mais on est comme les anges dans les cieux.

Et quant aux morts et à ce qu’ils ressuscitent, n’avez-vous pas lu dans le livre de Moïse, à la section « du buisson », comment Dieu lui parla, disant : Je suis le Dieu d’Abraham, le Dieu d’Isaac et le Dieu de Jacob ? Il n’est pas le Dieu des morts, mais des vivants» (12:25-27).

Le Seigneur a utilisé cette partie de l’Écriture, non pas parce qu’elle est la plus claire de l’Ancien Testament, mais parce qu’elle se trouve dans les livres de Moïse que les sadducéens appréciaient tout spécialement. Dieu n’a jamais donné la terre d’Israël en possession effective à Abraham, à Isaac ou à Jacob lorsqu’ils étaient vivants dans leur corps naturel ; cependant, Il leur a promis le pays, non pas simplement à leurs enfants, mais à eux-mêmes. C’est pourquoi ils doivent ressusciter pour avoir cette terre qui leur a été promise. Dieu leur a donné la terre en promesse, mais ils ne l’ont jamais possédée ; ils doivent donc la posséder un autre jour. Et comme cette possession ne peut se faire dans leur état de mort, il faut qu’ils revivent pour avoir effectivement la terre promise. La résurrection est donc prouvée par le fait que Dieu s’est déclaré à Moïse comme le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob. Il est impossible que la promesse qu’Il leur a faite ne s’accomplisse pas.

 

13.4   Ch. 12:28-34 — Le premier de tous les commandements. Pas loin du royaume de Dieu

Matt. 22:34-40 ; Luc 10:25-28, Luc 20:39-40.

 

Puis viennent les scribes. L’un d’eux, «les ayant entendus raisonner ensemble, et voyant qu’il leur avait bien répondu, lui demanda : Quel est le premier de tous les commandements ? Jésus lui répondit : Le premier de tous les commandements est le suivant : Écoute, Israël : le Seigneur notre Dieu est un seul Seigneur ; tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta pensée et de toute ta force. C’est là le premier commandement, et le second semblable : tu aimeras ton prochain comme toi-même. Il n’y a pas d’autre commandement plus grand que ceux-là». Le scribe est obligé de reconnaître la sagesse du Seigneur.

Il condense le cœur de la loi de Dieu dans ces deux extraits : l’amour de Dieu, qui est illimité et l’amour du prochain, non pas de toute ton âme et de toute ta force, mais «comme toi-même». Le premier commandement est d’aimer Dieu plus que soi-même, à l’exclusion de tout autre objet qui ferait concurrence ; le second commandement est d’aimer son prochain comme soi-même. En effet, celui qui aime Dieu et son prochain a accompli la loi, comme le dit l’apôtre. La grâce va plus loin que cela, jusqu’au renoncement total à soi-même. Or la grâce de Dieu assimile l’esprit chrétien à la révélation que Dieu a faite de Christ ; et cette grâce de Dieu conduit une personne jusqu’à la mort même, pour l’amour de son frère. «Nous devons laisser nos vies pour les frères» (1 Jean 3:16), plus encore pour Dieu et la vérité. «Et le scribe lui dit : Bien, maître, tu as dit la vérité ; car Il est unique, et il n’y en a pas d’autre ; et L’aimer de tout son cœur, et de toute sa pensée, et de toute son âme, et de toute sa force, et aimer le prochain comme soi-même, c’est plus que les holocaustes et les sacrifices» (12:32-33).

Ce scribe reconnaissait en son âme et conscience que le fait d’aimer Dieu et son prochain était bien meilleur que tout ce sur quoi les Juifs mettent tant d’insistance et de valeur — les formes extérieures et les cérémonies de la loi. Mais il s’arrête là : il n’a pas vu Christ ; la grâce, par conséquent, était inconnue de cet homme. Aussi le Seigneur n’a pu que lui dire : «Tu n’es pas loin du royaume de Dieu» (12:34). Il était donc en dehors, car la grâce seule fait entrer dans le royaume de Dieu par la connaissance de Christ. Qu’une personne soit proche ou éloignée du royaume de Dieu, c’est également la destruction si elle n’y entre pas. Ce scribe reconnaissait ce qui était dans la loi, mais il ne connaissait pas ce qui était en Christ. Il ne connaissait rien de la grâce de Dieu qui apporte le salut. Il reconnaissait le devoir envers Dieu et envers son prochain. Il marquait de son sceau que la loi est bonne et juste (et elle l’est), mais non pas que Dieu est vrai tel qu’il est révélé en Christ. Après cela, plus personne n’osa Lui demander quoi que ce soit. Il leur avait été répondu et ils étaient réduits au silence en tout.

 

13.5   Ch. 12:35-37 — Fils de David et Seigneur de David

Matt. 22:41-46 ; Luc 20:41-44.

 

Le Seigneur pose maintenant Sa question à Lui. Elle était brève, et totalement différente des points soulevés par les hommes. Les questions de l’homme étaient fondées soit sur des choses présentes, soit sur de prétendues invraisemblances, soit sur de la casuistique à propos de devoirs antagonistes. La question de Christ est fondée directement sur les Écritures, et, plus encore, sur le mystère de Sa propre personne, qui seule fait le lien des âmes avec Dieu. La question de Christ n’a rien d’une curiosité, ni d’un simple appel à la conscience, mais d’un sondage des voies de Dieu et d’une soumission implicite à la révélation de Lui-même.

«Comment les scribes disent-ils que Christ est Fils de David ?» (12:35). Le Seigneur ne niait pas que les scribes voyaient la vérité, mais si on avait vraiment répondu à la question qu’Il posait, en s’en tenant à l’Écriture, cela les aurait conduits à la vérité sur Sa propre personne. Il s’agissait donc simplement de ceci : Comment Christ est-Il à la fois Seigneur de David et Fils de David ? Les scribes voyaient bien qu’Il était Fils de David, mais David, écrivant par le Saint Esprit, disait qu’Il était son Seigneur. Comment ces deux choses peuvent-elles être cohérentes, la vérité inférieure dont les scribes s’occupaient et la vérité supérieure sur laquelle le Saint Esprit insiste spécialement ? Comment Christ était-il Fils de David et Seigneur de David ?

Le lien et le fondement de ces deux vérités étaient les suivants : Tout en étant homme, et Fils de David en tant qu’homme, Il était beaucoup plus. Pour être Seigneur de David, Il devait être une Personne Divine ; mais plus encore, Il devait être exalté dans cette position. La Seigneurie de Christ ne repose pas seulement sur le fait d’être une personne divine, mais aussi sur le fait d’avoir été rejeté en tant que Fils de David. Dieu L’a exalté pour être à la fois Seigneur et Christ (Actes 2:36). Ceci ouvre toute la question du traitement de Christ par Israël, ainsi que de l’attitude de l’Éternel à Son égard.

Dans le Ps. 110, nous lisons : «l’Éternel dit à mon Seigneur : Assieds-toi à ma droite, jusqu’à ce que je mette tes ennemis comme ton marchepied». Il ne s’agit plus ici de Dieu envoyant son Fils bien-aimé dans la vigne d’Israël, mais de ce que Lui ayant été chassé, Dieu L’élève à Sa droite dans le ciel. Cela implique donc qu’ils reconnaissent qu’Israël a été jusqu’à rejeter Son Messie, et que Celui-ci ayant été rejeté, Dieu Le place à Sa droite dans le ciel. Ceci, évidemment, était la clé de la position actuelle d’Israël, et faisait place pour l’appel de l’Église ; en un mot, c’est le mystère de la personne de Christ et des conseils de Dieu à la suite de Son rejet.

 

13.6   Ch. 12:38-40 — Contre la recherche des honneurs

Matt. 23 ; Luc 20:45-47.

 

Mais il fait plus que cela. «Il leur disait dans Son enseignement : Gardez-vous des scribes, qui aiment à se promener en longues robes, qui aiment les salutations sur les places publiques, et les premiers sièges dans les synagogues, et les premières places dans les repas» (12:38-39). Ce n’était pas seulement que la doctrine des scribes était tout à fait imparfaite, mais même dans leurs comportements il y avait beaucoup de choses moralement mauvaises et basses. Ils aimaient l’honneur des hommes, l’honneur religieux en particulier, et par conséquent les sièges principaux dans les synagogues, ainsi que les places les plus élevées dans les festins. Ils recherchaient avidement tout ce qui pouvait contribuer à leurs aises et à leur honneur dans ce monde. Bien plus encore, ils dévoraient les maisons des veuves, c’est-à-dire qu’ils profitaient même des peines des gens pour les mettre plus entièrement sous leur influence. À tout cela s’ajoutait une grande ostentation religieuse, en faisant semblant de faire de longues prières. «Ceux-là recevront un jugement plus sévère».

 

13.7   Ch. 12:41-44 — La vraie libéralité est en rapport avec ce qu’on garde, pas en rapport avec ce qu’on donne

Luc 21:1-4.

 

Mais maintenant le Seigneur désigne ceux pour lesquels Il avait de la sympathie sur la terre. «Jésus s’assit en face du trésor, et il vit la foule qui jetait de l’argent dans le trésor, et beaucoup de riches en jetaient beaucoup. Et une pauvre veuve vint et y jeta deux pites, qui font un quadrant. Et Il appela Ses disciples et leur dit : En vérité je vous dis que cette pauvre veuve a jeté plus que tous ceux qui ont jeté dans le trésor» (12:41-43). La raison qu’Il donne : «car tous y ont jeté de leur superflu, mais elle, de sa pauvreté, y a jeté tout ce qu’elle avait pour vivre» (12:44). Dieu ne se base pas sur la quantité donnée ; Il juge non pas sur ce qui est apporté, mais sur ce qui est gardé pour soi. Dans ce cas, ce n’était rien : tout avait été donné. Ceux qui donnaient de leur superflu, réservaient la plus grande partie pour eux-mêmes ; or le test de la libéralité n’est pas ce qui est donné, mais ce qui est gardé. La quantité qu’on garde pour son propre plaisir est la preuve du peu qu’on donne. Mais lorsqu’il ne reste rien, et que tout est versé dans le trésor de Dieu, c’est là que se manifeste la véritable œuvre de l’amour divin et de la foi divine. Voilà ce que Dieu apprécie, parce que c’est l’expression non seulement d’un don généreux, mais d’une confiance totale en Lui-même. Cette pauvre femme était veuve, et il aurait pu sembler que, plus que quiconque, elle avait le droit de garder le peu qu’elle avait ; mais non, si peu que ce fût, tout était pour Dieu. La gestion d’une si petite somme aurait pu être un problème pour ceux qui devaient la compter, mais elle a été remarquée par Dieu, estimée par Lui et enregistrée pour nous, afin que nous puissions nous confier en Dieu et donner ce qui est selon Ses pensées.

 

 

14 Marc 13 — Discours prophétique sur le Mont des Oliviers

14.1   Ch. 13:1-13 — Avertissements prophétiques communs aux trois évangiles

Matt. 24:1-14 ; Luc 21:5-19.

 

Dans le récit succinct que Marc donne du discours prophétique de notre Seigneur sur le Mont des Oliviers, et des questions qui y ont conduit, nous avons les auditeurs privilégiés spécifiés plus particulièrement qu’ailleurs : Pierre, Jacques, Jean et André. Marc se caractérise par cette minutie de détails, bien que son évangile soit de loin le plus court des évangiles.

 

14.1.1    Ch. 13:3-7 — Avertissements prophétiques donnés en tant que Serviteur

À leur demande au sujet de quand ces choses devaient arriver (c’est-à-dire le renversement des grands bâtiments du Temple), et quel serait le signe de l’accomplissement de toutes ces choses, le Seigneur répond en les avertissant de prendre garde que personne ne les séduise. Cet avertissement est commun aux trois évangélistes qui relatent ce discours. Mais ici les avertissements et les instructions du Seigneur sont très manifestement en vue de leur service. Cela a été tout du long le caractère de Marc. Christ Lui-même est le Serviteur parfait de Dieu, le Prophète ici-bas prêchant l’Évangile et accomplissant des œuvres selon l’esprit de ce dernier. Il s’ensuit que, même dans Sa prophétie, Il est le Serviteur qui leur donne encore ce qui serait d’une si haute importance, non seulement pour leurs âmes, mais pour leur travail. Il ne s’agit pas seulement d’une prédiction des jugements à venir, mais d’une mise en garde et d’un avertissement quant à leur témoignage. Ils devraient se méfier des trompeurs. Ensuite, ils ne devaient pas être troublés par les apparences extérieures, telles que les guerres et les rumeurs de guerres, etc. ; mais en présence de l’une ou l’autre, ils devaient savoir que la fin ne serait pas encore.

 

14.1.2    Pour les Juifs la fin n’est pas encore, pour l’Église la fin est proche

En s’adressant à l’Église, il est insisté sur une attitude tout à fait inverse : pour elle, la fin est proche. Le langage est tout à fait différent, et c’est d’autant plus remarquable que le chrétien sait que ces temps troublés de la fin doivent tomber sur le peuple juif, et non pas sur l’Église. Ils ont un caractère rétributif, à cause du rejet du vrai Christ par les Juifs, tandis que l’Église a reçu le vrai Christ et ne tombe donc pas sous ces jugements. C’est pourquoi, dans la parole de Dieu, il est toujours donné au chrétien l’assurance que la fin de toutes choses est proche. «La nuit est fort avancée, et le jour est proche» (Rom. 13:12). Pour les disciples sur le Mont des Oliviers (dans la mesure où ils représentent, non pas les chrétiens, mais le Résidu des disciples juifs dans les derniers jours), ce qui est présenté est que, bien que ces détresses et ces troubles qui précèdent la catastrophe de cette ère allaient venir, la fin n’est pas encore. Le Seigneur pourvoyait doublement à ce dont ils avaient besoin. Il donnait des instructions qui seraient vraies alors et jusqu’à la chute de Jérusalem ; et Il faisait en sorte que ces instructions conviennent aussi aux derniers jours, lorsque Jérusalem serait assiégée une seconde fois, et tomberait au moins en grande partie, — le fléau envoyé par Dieu étant la grande puissance Assyrienne qui s’abattra sur Jérusalem à cause de l’abomination qui cause la désolation.

 

14.1.3    Ch. 13:8 — Dans les autres évangiles, ces mêmes instructions sont ailleurs

«Car nation s’élèvera contre nation, et royaume contre royaume, et il y aura des tremblements de terre en divers lieux, et il y aura des famines et des troubles ; ces choses sont des commencements de douleurs» (12:8). La fin n’était donc pas encore. Mais maintenant, Il se tourne pour introduire une instruction qui n’est pas donnée dans les autres évangiles en rapport avec ce sujet. Même lorsqu’il y a quelque chose de similaire, c’est à un moment antérieur, et pour une mission pour laquelle ils avaient été envoyés, et dont ils étaient revenus. Non que je doute un instant que le Seigneur l’ait donné ici aussi. Le fait est simplement que Matthieu et Luc ont été conduits par Dieu à transmettre des propos similaires ailleurs, tandis que Marc a été inspiré à les donner ici. Le Seigneur a sans aucun doute donné cette instruction au moins dans ces deux occasions.

 

14.1.4    Ch. 13:9-13 — Des orientations pour le service

«Prenez garde à vous-mêmes, car ils vous livreront aux sanhédrins et aux synagogues ; vous serez battus et amenés devant des gouverneurs et des rois, à cause de moi, pour leur servir de témoignage. Et il faut que l’Évangile soit auparavant prêché à toutes les nations. Et quand ils vous mèneront pour vous livrer, ne vous inquiétez pas à l’avance de ce que vous direz [ni ne préparez votre discours], mais tout ce qui vous sera donné en cette heure-là, dites-le ; car ce n’est pas vous qui parlez, mais l’Esprit Saint. Et le frère livrera le frère à la mort, et le père son enfant ; et les enfants s’élèveront contre leurs parents, et les feront mettre à mort. Et vous serez haïs de tous à cause de Mon nom ; mais celui qui aura persévéré jusqu’à la fin sera sauvé» (13:9-13). Il s’agit clairement d’orientations pour leur service au milieu de ces événements prophétiques. Il est évident aussi que cela convient à Marc d’une manière qui lui est propre.

 

14.2   Ch. 13:14-23 — L’abomination de la désolation et la détresse de la fin, avec de nouveaux séducteurs

Matt. 24:15-28 ; Luc 21:20-24.

 

Puis nous arrivons à la scène finale. «Et quand vous verrez l’abomination de la désolation, établie où elle ne doit pas être (que celui qui lit comprenne), alors que ceux de Judée s’enfuient dans les montagnes» (13:14). Il est clair que c’est la vérité générale que l’on retrouve ailleurs.

«Et que celui qui est sur le toit ne descende pas dans la maison, et n’y entre pas, pour emporter quelque chose de sa maison ; et que celui qui est dans les champs ne se retourne pas pour prendre son vêtement. Mais malheur à celles qui sont enceintes, et à celles qui allaitent en ces jours-là ! Et priez pour que cela n’ait pas lieu en hiver. Car en ces jours-là, il y aura une détresse telle qu’il n’y en a pas eu de semblable depuis le commencement de la création que Dieu a créée jusqu’à maintenant, et qu’il n’y en aura jamais. Et si le Seigneur n’avait pas abrégé ces jours, aucune chair n’aurait été sauvée, mais à cause des élus qu’Il a choisis, Il a abrégé les jours» (13:15-20).

Nous trouvons ensuite un jaillissement d’avertissements, non pas simplement comme ceux qui précèdent, mais encore plus déterminés. «Et si quelqu’un vous dit : Voici le Christ est ici, ou voici Il est là, ne le croyez pas. Car il s’élèvera de faux christs et de faux prophètes, et ils feront des signes et des prodiges» (13:21-22). Il est évident qu’il se présentera finalement une nouvelle nuée de ces séducteurs dans les derniers jours, comme lors de la première application de cette prophétie, de manière à séduire, si c’était possible, même les élus. Mais ils étaient avertis : «Prenez garde : voici que je vous ai tout annoncé d’avance» (13:23).

 

14.3   Ch. 13:24-32

Matt. 24:29-36 ; Luc 21:25-33.

 

14.3.1    Dieu s’interposant en puissance

Puis vient la puissance de Dieu s’interposant pour couper court à la méchanceté de l’homme ainsi qu’à la tribulation. «Mais en ces jours-là, après cette tribulation, le soleil sera obscurci, et la lune ne donnera pas sa lumière» (13:24). Il peut s’agir de figures, mais il est clair que c’est Dieu qui s’interposera en puissance ; car l’homme ne peut pas accomplir tout ce que cela signifie, ni Satan non plus. Dieu seul peut changer ou agir sur les sources de la puissance.

«Et les étoiles du ciel tomberont, et les puissances qui sont dans les cieux seront ébranlées» (13:25). Le sens est clair, même si le langage est figuré, montrant une révolution totale et le renversement des puissances gouvernementales.

«Et alors ils verront le Fils de l’homme venant sur des nuées avec une grande puissance et une grande gloire ; alors il enverra ses anges, et il rassemblera ses élus des quatre vents, de puis le bout de la terre jusqu’au bout du ciel» (13:26-27). Il s’agit encore du peuple juif, ou plutôt du Résidu de la nation, les élus d’Israël. En conséquence, la parabole du figuier est rajoutée. «Mais apprenez la parabole du figuier. Quand déjà son rameau est tendre et qu’il pousse des feuilles, vous savez que l’été est proche» (13:28). Le figuier est le symbole reconnu du peuple de Dieu. «De même aussi vous, lorsque vous verrez ces choses arriver, sachez que cela est proche à la porte. En vérité, je vous dis que cette génération ne passera pas que toutes ces choses ne soient arrivées. Le ciel et la terre passeront, mais Mes paroles ne passeront point» (13:29-31).

 

14.3.2    Ch. 13:32 — L’heure qui n’est pas connue du Fils

Mais le Seigneur nous dit aussi, dans un langage propre à cet Évangile, que «quant à ce jour ou à l’heure, personne n’en a connaissance, pas même les anges qui sont dans le ciel, ni le Fils, mais le Père» (13:32). Il avait pleinement pris la place de Fils sur la terre. Je ne pense pas que cela se réfère à Lui, considéré dans Son caractère le plus élevé, comme un avec le Père, mais comme Fils et Prophète sur la terre. Le titre de Fils s’applique à Christ de plus d’une manière. Il est vrai de Lui dans la Déité, vrai de Lui comme né dans le monde, et vrai aussi de Lui dans la résurrection. C’est le second de ces éléments que nous trouvons ici, puisque dans le tout premier verset de cet Évangile, il est dit : «Jésus Christ, le Fils de Dieu». Je ne doute pas que cela se réfère au fait d’être Fils de Dieu ici-bas, engendré dans le temps, et non pas Fils unique du Père, comme nous le trouvons si souvent dans Jean. En regardant de cette manière, il n’y a guère de difficulté à comprendre qu’Il disait ne pas connaître cette heure, parce qu’Il parle en Sa qualité de serviteur dans la position qu’Il a prise ici-bas, le prophète qui servait Dieu sur la terre. Il ne connaissait donc pas cette heure. Nous lisons dans Luc qu’il grandissait en connaissance et en stature. «Jésus avançait en sagesse et en stature, et en faveur auprès de Dieu et des hommes» (Luc 2:52). Il était toujours parfait — parfait comme enfant, parfait comme jeune homme, parfait comme serviteur ; mais, néanmoins, tout cela était bien distinct de ce qui Le concernait en tant que Fils, un avec le Père dans la Déité. Ainsi, ici, sans déroger à Sa gloire intrinsèque, Il pouvait dire que «ni même le Fils, mais le Père» connaissait cette heure.

 

14.4   Ch. 13:33-37 — Le parfait Serviteur laissant l’ouvrage à faire à Ses serviteurs

Matthieu 24:42 ; 25:13 ; Luc 21:36-41.

 

«Prenez garde, veillez et priez», telle est l’application de ce qu’Il a dit.

Puis Il donne une instruction parabolique dans les deux versets suivants, admirablement adaptée à cet Évangile. «C’est comme un homme allant hors du pays, laissant sa maison et donnant de l’autorité à ses esclaves» (13:34). Encore une fois, il n’est pas dit qu’Il donne autorité, à chaque homme, mais «à chacun son ouvrage». Cela s’harmonise entièrement avec Marc. Christ Lui-même était le grand Serviteur. Mais maintenant Son service était terminé ; Il s’en allait, et prenait la place de Seigneur en haut. Il donne donc l’autorité à Ses serviteurs, et à chacun son ouvrage, à tous et à chacun sa place. Remarquez qu’il ne s’agit pas tant ici de dons que d’«ouvrage» ou «travail».

«Veillez donc, car vous ne savez pas quand le maître de la maison viendra : le soir, ou à minuit, ou au chant du coq, ou le matin ; de peur qu’arrivant tout à coup, Il ne vous trouve endormis. Mais ce que je vous dis, je le dis à tous : veillez» (13:35-37). C’est décidément une parole appropriée pour un serviteur veillant en l’absence de Celui qui était parti, qui avait quitté Sa maison, mais qui allait revenir. Ainsi, du début à la fin, Marc est fidèle au grand ton, au caractère et à l’objet de son Évangile. Il s’agit de montrer le Serviteur parfait jusque dans son témoignage prophétique, et de maintenir dans un esprit de service ceux qui L’attendent et guettent Son arrivée ici-bas. Les disciples, dans l’état où ils se trouvaient alors, représentaient, non pas les chrétiens, mais le Résidu dans les derniers jours, qui sera dans le fond dans la même position.

 

15 Marc 14

15.1   Ch. 14:1-11

Matt. 26:1-16 ; Luc 22:1-6 ; Jean 12:1-8.

 

15.1.1    Deux repas

Nous avons ici un souper à Béthanie et un souper à Jérusalem : l’un est un simple souper dans la maison de ceux que Jésus aimait ; l’autre est une nouveauté instituée à l’occasion de la fête de Pâques et qui devait la mettre de côté, tandis que pour l’Église, elle devait être le mémorial permanent du Seigneur Jésus qui devait faire suite.

Or ces deux repas ont une place très importante, la mort du Seigneur Jésus Christ n’étant pas seulement la grande vérité centrale du second repas, mais c’était aussi, dans le premier repas, ce que l’Esprit de Dieu plaçait devant l’instinct spirituel de Marie. Ce qui le lui faisait sentir, n’était pas une communication positive, mais c’était cet amour pour le Sauveur que l’Esprit rendait sensible au danger qui pesait sur Lui, d’une manière qu’elle ne pouvait exprimer. Le Seigneur, qui connaissait son amour et tout ce qui allait se passer, a interprété son geste comme étant fait en vue de la sépulture (ensevelissement) du Sauveur. Dans les deux cas, les disciples n’entrèrent guère dans l’enjeu du bien et du mal, mais Dieu Lui-même a rendu manifeste l’intervention de Sa main et de Ses pensées comme gouvernant tout.

 

15.1.2    La volonté de Dieu prévaut : la mort de Jésus a lieu pendant la fête de Pâque

Cela est d’autant plus frappant qu’à l’occasion du repas de Béthanie, ou plutôt en rapport avec, les principaux sacrificateurs et les scribes, qui cherchaient comment prendre Jésus «par ruse et le mettre à mort», avaient bien décidé que cela ne devait pas avoir lieu «pendant la fête, par crainte d’un tumulte dans le peuple». Dieu, cependant, avait déjà décidé depuis longtemps que ce serait justement ce jour-là et non pas un autre — la fête qui était le fondement de toutes les fêtes, la Pâque, qui était, en fait, le type de la mort du Christ. Ainsi Dieu et l’homme étaient en conflit ; je n’ai pas besoin de dire que Dieu exécuta Sa propre volonté, bien que ce fût par l’intervention méchante des hommes qui avaient décidé qu’il n’en serait pas ainsi. En fait, il en est toujours ainsi. Dieu ne gouverne pas seulement Ses propres enfants ; même la destruction des méchants n’est pas l’accomplissement de leur volonté, mais de la volonté de Dieu. C’est pourquoi il est écrit : «inscrits à l’avance pour cette condamnation» (Jude 4). Encore une fois, ils ont été destinés à trébucher sur la parole, étant désobéissants. Ce n’est pas que Dieu fasse l’homme méchant. Mais lorsque l’homme, tombé dans le péché, poursuit son chemin selon sa propre volonté, aimant les ténèbres plutôt que la lumière, et asservi à Satan, Dieu prouve néanmoins qu’Il tient toujours les rênes, qu’Il garde la haute main ; et même dans un tel chemin que leur convoitise ou leur passion choisit de prendre, Sa propre volonté ne manque pas de s’accomplir. C’est comme un homme ivre qui pense réaliser un de ses desseins, qui cherche, par exemple, à se diriger quelque part à droite, mais tombe en réalité dans un fossé à gauche. L’homme ne peut donc faire que ce que Dieu a déterminé d’avance. Sa volonté est impuissante, sauf à mettre en évidence son péché. La volonté de Dieu gouverne toujours, même si les hommes se montrent inexcusablement méchants dans la manière dont elle s’accomplit. C’est ce qu’on a ici. L’homme a décidé de mettre Jésus à mort, étant résolu à ce que ce ne soit pas pendant la fête. Dieu avait prévu, bien avant leur naissance, que leur acte aurait lieu le jour de la fête. Et ce fut le cas.

 

15.1.3    L’amour attire la haine de ceux qui n’ont pas d’amour

Comme nous l’avons vu, le repas de Béthanie fut l’occasion où fut conçue la trahison de Judas pour la première fois. Satan la mit dans son cœur. C’était une scène d’amour, mais une telle scène attire rapidement la haine de ceux qui n’ont pas d’amour. L’affection adoratrice de Marie pour la personne du Seigneur, et le sentiment qu’elle avait de Son danger, la conduisirent au point que la maison de Béthanie soit remplie de l’odeur agréable du parfum qu’elle répandait. Mais Judas éveilla l’esprit charnel des autres disciples ; il n’avait aucune communion avec elle ; Jésus n’était pas précieux à ses yeux. Lui, donc, critiquait tandis que Jésus était l’objet d’adoration de Marie. C’était trop qu’on prenait sur ses gains mal acquis. Il ne fit que plaider la cause des pauvres, et excita les autres disciples à ce sujet, de sorte que «quelques-uns étaient indignés en eux-mêmes, et disaient : Pourquoi ce gaspillage ?» Mais l’amour, alors qu’il voudrait tout prodiguer, ne gaspille jamais rien ; le moi le fait, la folie oisive le fait, mais l’amour jamais.

 

15.1.4    Agir envers le Seigneur Jésus personnellement est le plus excellent

Le Seigneur plaida sa cause. «Laissez-la, pourquoi la troublez-vous ? Elle a fait une bonne œuvre envers Moi». Il n’y a pas d’œuvre aussi bonne que celle faite pour Jésus. Les œuvres faites par amour pour Jésus sont bonnes, mais ce qui était fait envers Lui était bien meilleur. Elle n’avait pas fait le moins de ce que la grâce avait accompli jusqu’à ce jour. «Elle a fait ce qu’elle pouvait : elle a oint d’avance Mon corps pour la sépulture. En vérité, je vous dis : partout où cet évangile sera prêché dans le monde entier, on parlera aussi de ce que cette femme a fait, en mémoire d’elle». C’est par grâce que la bonne action de cette femme est liée à juste titre au nom de Jésus, partout où Il est prêché ici-bas. Nous n’avons pas son nom ici ; nous apprenons ailleurs qu’il s’agissait de Marie, la sœur de Lazare, et cela par Jean, qui nous le fait savoir de manière appropriée, car lui nous parle de Jésus qui appelle Ses propres brebis par leur nom (Jean 10:3 ; 11:2). Ici, il ne s’agit pas tant de savoir qui l’a fait, mais de savoir que cela a été fait — le ministère, pour ainsi dire, d’une femme à un tel moment, laquelle aimait le Seigneur Jésus et a agi en vue de Son ensevelissement.

 

15.1.5    Une personne corrompue entraîne même les vrais fidèles

En outre, nous voyons comment une personne corrompue peut souiller même ceux qui ont un vrai cœur pour Christ. Les disciples se laissèrent rapidement prendre par les prétentions de Judas, apparemment bonnes, en faveur des pauvres, et ils se laissèrent entraîner par ses insinuations à des murmures qui rejaillirent sur Christ autant qu’ils rabaissaient le dévouement de Marie.

En contraste avec l’amour de Marie, Judas va «vers les principaux sacrificateurs, pour Le leur livrer.

 

15.2   Ch. 14:12-16 — Tout puissant, mais acceptant l’humiliation pour faire la volonté du Père

Matthieu 26:17-19 ; Luc 22:7-13.

 

Mais maintenant vient le souper de la fête de Pâque à Jérusalem, où le Seigneur agit en Maître de cette institution et en Créateur d’une plus grande. De même qu’à Son entrée à Jérusalem, ils avaient réclamé au nom du Seigneur l’ânon de l’ânesse, disant que le Seigneur en avait besoin, de même ici «Il envoie deux de Ses disciples, et leur dit : Allez à la ville, et un homme portant une cruche d’eau viendra à votre rencontre : suivez-le. Et où qu’il entre, dites au maître de la maison : Le Maître dit : Où est Ma chambre d’hôte, où Je pourrai manger la Pâque avec Mes disciples ? Et lui vous montrera une grande chambre haute garnie, toute prête : faites-y les préparatifs pour nous». C’était Celui qui, bien qu’allant mourir, se rendait encore là avec des droits royaux, divins ; Il n’avait pas renoncé à Sa place de Messie, bien qu’allant souffrir comme Fils de l’homme sur la croix. Il prend donc possession des lieux en tant que Maître, et le titulaire de la maison acquiesce immédiatement à Sa demande. Tout était sous Ses yeux. Il ne manquait pas de puissance pour agir sur la conscience et les affections des hommes. Il aurait pu retourner tous les autres comme Il a courbé le cœur de cet homme. Mais comment alors les Écritures auraient-elles été accomplies, comment le péché aurait-il été effacé et Dieu glorifié ? Il fallait donc qu’Il aille à la croix, non pas comme n’importe quelle victime de la nécessité, mais comme Celui dont la volonté était seulement de faire la volonté de Son Père, acceptant de Lui toute Son humiliation.

 

15.3   Ch. 14:17-21 — Judas : La méchanceté qui accomplit les plans divins. Proche de la bénédiction, mais éloigné d’elle moralement

Matt. 26:20-25 ; Luc 22:21-22 ; Jean 13:21-26.

 

«Et le soir venu, Il vient avec les douze. Comme ils étaient à table et qu’ils mangeaient, Jésus dit : «En vérité, Je vous dis que l’un d’entre vous qui mange avec Moi, Me livrera. Et ils commencèrent à être affligés et à lui dire l’un après l’autre : «Est-ce moi ?» et un autre : «Est-ce moi ?». Il y avait une intégrité consciente chez les disciples, aussi faibles qu’ils puissent être et aussi charnels que nous le savons par Luc, même dans cette scène. Mais le Seigneur répond : L’un des douze qui trempe avec Moi dans le plat. Le Fils de l’homme s’en va, comme il est écrit à son sujet ; mais malheur à l’homme par qui le Fils de l’homme sera livré».

C’était le péché de l’homme, la ruse de Satan, le conseil de Dieu et l’amour de Christ. Mais rien de tout cela n’a altéré la méchanceté de Judas : «Il aurait été bon pour cet homme qu’il ne fut pas né». On peut dire qu’il était destiné à cette condamnation : il n’a pas été rendu méchant par Dieu, mais sa méchanceté a pris cette forme pour accomplir les conseils de Dieu.

L’un des membres du groupe choisi pour être avec Jésus ici-bas devait prouver cette terrible vérité : plus un homme est proche extérieurement de la bénédiction, s’il ne la reçoit pas dans son cœur, plus il en est éloigné moralement. Il n’y avait qu’un seul Judas en Israël, et il était le plus proche de Jésus ; il n’y en avait qu’un seul qui a réuni tous les privilèges d’une telle compagnie avec Jésus à toute la culpabilité de Le trahir.

 

15.4   Ch. 14:22-25 — Le souper du souvenir

Matt. 26:26-29 ; Luc 22:14-20.

 

Puis Il institue le souper — son propre souper. Ce n’était pas la fête de la Pâque, et nous apprenons de Luc qu’Il ne voulut pas toucher la coupe Pascale. Il ne voulait plus boire du fruit de la vigne jusqu’à ce qu’Il le boive nouveau avec eux dans le royaume de Dieu. Il refusait ce qui était le signe de communion avec les choses d’ici-bas. Son Père, Dieu, était devant Lui ; Il était souffrant Sa volonté plutôt que la faisant. Mais en attendant, avant que ce royaume vienne, fondé sur Sa souffrance jusqu’à la mort, il y a le souvenir d’une chose totalement différente — non pas le souvenir d’un royaume, d’une puissance et d’une gloire, mais d’une crucifixion dans la faiblesse : Son corps («ceci est Mon corps») et Son sang, «le sang de la nouvelle alliance versé pour beaucoup». Il n’a pas été versé pour les Juifs seulement, mais pour beaucoup.

Rien de plus simple que les termes dans lesquels Il institue le repas, tels qu’ils sont donnés dans Marc. C’était, je n’en doute pas, destiné à la fois à se référer à la Pâque, accomplie maintenant, et à introduire la puissance de la nouvelle alliance pour l’âme avant qu’elle intervienne pour le peuple d’Israël.

 

15.5   Ch. 14:26-31

Matt. 26:30-35 ; Luc 22:31-34.

 

15.5.1    Le Berger frappé, les brebis dispersées. Effets de la croix outre l’expiation

Le Seigneur avertit maintenant les disciples, non seulement de ce qui allait Lui arriver, mais de la manière dont cela les affecterait. «Vous serez tous scandalisés ; car il est écrit : Je frapperai le berger, et les brebis seront dispersées» (Zach. 13:7). La croix a son côté de honte, de douleur et de danger pour nous, aussi bien que de salut par Celui qui y a porté nos péchés. Mais ici c’est la manière dont elle éprouverait, et non pas délivrerait ceux dont parlait le Sauveur. Cette œuvre puissante de souffrance pour nos péchés, l’Expiation, «disperse-t-elle» les brebis ? N’est-elle pas, au contraire, le seul fondement juste sur lequel elles sont rassemblées ? En vertu de la mort de Christ pour nos péchés, les brebis, au lieu d’être dispersées, sont rassemblées en un, y compris d’autres brebis que celles que Christ avait dans la bergerie juive, afin qu’il y ait un seul troupeau et un seul Berger (Jean 10 et 11). Mais le fait que le Berger soit frappé, exprime Son humiliation totale en tant que Messie, retranché et n’ayant rien (Dan.9). «Je frapperai» etc., renvoie au fait que Dieu a donné au Seigneur de ressentir la réalité de Son rejet et de Sa mort. Il ne fait aucun doute que l’expiation a été accomplie par ce moyen. «Frapper» est un terme plus général ; et bien que Christ l’ait pris de la part de Dieu, ce sont littéralement Ses ennemis qui ont commis l’acte, et sont ainsi devenus objets de la vengeance divine, comme dans le Psaume 69. Frapper était la perte, pour ainsi dire ; l’expiation était le gain de tout. Or, ce qui était proprement l’expiation n’était pas l’acte pur, si précieux soit-il, de la mort du Christ. Bien sûr, la mort était nécessaire pour cela comme pour d’autres objets dans les conseils de Dieu ; mais c’est ce que Jésus a traversé de la part de Dieu et avec Dieu lorsqu’Il a été fait péché — mais l’expiation dépend de ce qu’Il a souffert pour nos péchés, non seulement dans Son corps, mais dans Son âme, sous la colère divine. Beaucoup d’autres que Jésus ont été crucifiés, mais il n’y avait pas alors d’expiation. Beaucoup ont souffert d’horribles tourments pour l’amour de la vérité, pendant leur vie et jusqu’à leur mort, mais ils auraient été les premiers à abhorrer l’idée fausse que leurs souffrances étaient expiatoires pour eux-mêmes pas plus que pour d’autres. Beaucoup de saints ont su ce que c’était que d’être «frappé» et blessé par Dieu, comme en témoigne le même psaume. En fait, c’était plus ou moins la place des serviteurs de Dieu, les prophètes, et des hommes justes de temps en temps en Israël, qui acceptaient leur affliction et leur persécution, quelles qu’elles soient, de la part de Dieu, et non de l’homme.

Cette place, le Seigneur Lui-même l’a testée à fond, car en toutes choses Il doit avoir la prééminence. Lui seul a opéré l’expiation, mais Il a connu toutes les douleurs qu’il était possible à un homme parfait, le Fils de Dieu, de subir. Le fait de frapper Celui qui était le Berger, — le chef non seulement des brebis, mais des prophètes mêmes que le Seigneur avait suscités pour Israël, — se réfère au retranchement complet qu’Il a subi sur la croix ; mais le sens de cela, non seulement Il l’a ressenti par anticipation, mais c’est ce qui est arrivé avant la croix. Il y avait là bien plus que de l’expiation. Il réalisait dans Son âme toute la condition dans laquelle était le peuple de Dieu, et aussi Son propre rejet total, par le péché et la folie de l’homme et par la malice de Satan.

L’effet, alors, de toute cette humiliation du Sauveur, avant même qu’elle soit complète sur la croix, fut la dispersion des disciples : «les brebis seront dispersées». Ils ont trébuché et se sont enfuis la nuit avant que le coup tombe effectivement sur leur Maître. Ils ne comprenaient pas la chose, pas plus que certains ne comprennent maintenant les Écritures qui en parlent, bien que le motif de la difficulté soit tout à fait différent. Ils ne pouvaient pas comprendre pourquoi le Messie devait être traité ainsi, et comment Dieu pouvait le permettre. Car il est clair que Christ a tout pris de la part de Dieu (et non de l’homme), et qu’Il a tout considéré comme venant de Lui. La foi ne considère jamais que les afflictions sortent de la poussière (Job 5:6), mais elle reconnaît la main de notre Père en toutes choses, même si elles sont en soi honteuses et cruelles si l’on s’en tient aux agents secondaires.

 

15.5.2    Confiance en soi de Pierre. Ignorance de la pression de la mort et du rejet du monde

«Mais après ma résurrection, j’irai devant vous en Galilée». Le Seigneur assume dans la résurrection Sa place de service humble auprès des disciples.

Pierre, cependant, confiant dans sa propre force et dans son amour pour Christ, assure le Seigneur que, même si tous devaient trébucher, il n’en serait pas de même pour lui.

Hélas ! dans les choses divines, il n’y a pas de précurseur menant plus certainement à la chute que la confiance en soi. Et notre Seigneur lui dit : «En vérité, je te dis qu’aujourd’hui, cette nuit-ci, avant que le coq ait chanté deux fois, tu me renieras trois fois». C’est avec toute ce soin et cette minutie que le récit de l’avertissement du Seigneur est donné dans Marc, beaucoup plus que partout ailleurs. Mais Pierre dit avec d’autant plus de véhémence : «Quand il me faudrait mourir avec toi, je ne te renierai point». De plus, ce n’est pas Pierre seul qui a donné ce vain gage de fidélité, car il est ajouté : «et ils dirent tous la même chose». Ils ne connaissaient pas leur faiblesse ; ils ne savaient pas ce que c’était que d’avoir la puissance de la mort en train de les presser. Ils n’avaient pas le sentiment d’être totalement rejetés par le monde. Tout ce qu’il y a de la nature encore vivant dans nos cœurs est mis en évidence par cela. L’homme comme tel fait la grimace et refuse l’épreuve. Il en est ainsi jusqu’à ce que, par la puissance du Saint Esprit, nous réalisions notre séparation totale d’avec le monde par et dans la mort de Christ. Mais être mort avec Lui n’était pas encore la part connue des disciples ; par conséquent, aucun d’entre eux n’était capable de tenir. Plus tard, cela a été leur privilège, mais ils n’avaient pas encore pris ce chemin. Jésus devait passer le premier. Les brebis peuvent suivre Sa croix en esprit. Mais il faut que Jésus soit le premier. En temps voulu, fortifiés par Sa grâce à travers Sa mort, ils pourront eux aussi glorifier Dieu par leur mort — une mort vraiment pour l’amour du Christ.

 

15.6   Ch. 14:32-42

Matt. 26:36-46 ; Luc 22:39-46.

 

15.6.1    Douleur en face de la profondeur de l’épreuve

Le Seigneur, ayant toute la scène finale devant Son âme, se donne à la prière. Or, l’effet de la prière est, en face d’une épreuve profonde, de rendre l’épreuve plus aiguë. La présence de Dieu ne nous fait pas moins sentir la méchanceté de l’homme, et certainement elle ne nous fait pas moins sentir les manquements, les dangers et la ruine de Son peuple. Dans le cas du Seigneur Jésus, il ne pouvait être question de la moindre imperfection, ni d’aucune douleur de ce genre ; mais Il réalisait d’autant plus la condition dans laquelle se trouvaient ceux qui appartenaient à Dieu.

 

15.6.2    Le Seigneur ressentant l’horreur de l’état de ce qui L’entourait

Ne ressentait-Il pas la trahison de Judas, les reniements de Pierre, la fuite de tous ? Même par rapport aux apostats d’Israël, il n’y avait pas de dure indifférence : combien plus par rapport aux saints, les disciples, qui reculaient tant en un tel moment ? Il se rendait compte de la crise terrible qui attendait le peuple de Dieu ; Il sentait aussi ce que c’était pour Lui, le Messie, que d’être totalement refusé par le peuple, pour leur propre malheur et leur propre destruction — ce que c’était pour Lui, qui était la vie, de traverser la mort, et non seulement cela, mais encore une mort telle que Lui seul pouvait la connaître adéquatement ! Quand Celui qui L’aimait le plus, Lui cachait Sa face ; quand Il serait l’objet du jugement divin ; quand tout ce qu’il y avait en Dieu d’indignation et d’horreur contre le mal allait se concentrer contre Christ !

 

15.6.3    Le Seigneur associé de cœur à la condition du peuple

Puis, encore, quels sentiments de pitié pour le peuple qui abandonnait les miséricordes dont ils avaient été les objets et la lumière de Dieu, au profit d’épaisses ténèbres et des douleurs par lesquelles ils passeraient en rétribution de ce qu’ils étaient en train de perpétrer contre Lui ! Tout cela, et infiniment plus, était devant le Seigneur, ressenti et pesé par Lui comme Celui dont la grâce L’associait à la condition du peuple de Dieu, non pas par substitution seulement, mais en association de cœur et en toute affliction avec eux.

 

15.6.4    Pas de sympathie pour le Seigneur dans l’expiation

Dans l’expiation, Il était absolument seul. Il n’a alors demandé à personne de prier, Il n’a cherché alors aucun réconfort de leur part, et aucun ange n’est alors venu le fortifier. Il dit alors «Mon Dieu» parce que ce qu’Il endurait, était ce que Dieu ressentait contre le péché. Il peut aussi dire «Père», et Il l’a fait, parce qu’Il n’a pas cessé d’être le Fils, pas plus qu’Il n’a cessé d’être l’homme béni, parfait et obéissant. C’est ainsi qu’Il a dit «Père» avant et après avoir été sur la croix. Mais il s’est écrié : «Mon Dieu, mon Dieu», seul cette fois-là, pour autant que l’Écriture du Nouveau Testament parle de ce qu’Il a dit quand Il s’adressait à Lui, — parce qu’alors, pour la première fois, tout ce que Dieu était en haine du mal a éclaté sur Lui sans la moindre atténuation ou considération de faiblesse. Rien n’en a atténué la force. Il était compétent pour porter, et Lui seul a porté tout le jugement ininterrompu et impitoyable de Dieu, et cela sans chercher la sympathie de la créature, homme ou ange.

 

15.6.5    Différence entre la croix et Gethsémané

Il s’agissait d’une question entre Dieu et Lui seul quand, fait péché sur la croix, et rétablissant la gloire de Dieu qui avait été compromise par le monde entier, Il a tout enduré en Sa propre personne. C’est la différence entre la croix et Gethsémané. À Gethsémané, notre Seigneur était, comme il est écrit, «saisi d’effroi et fort angoissé» (14:33). Il avait pris avec Lui trois témoins choisis, et Il «leur dit : Mon âme est saisie de tristesse jusqu’à la mort ; demeurez ici et veillez». Ainsi, même ces élus, Il les laisse derrière Lui ; «Il s’avança un peu et se jeta contre terre, et priait pour que, s’il était possible, l’heure passe loin de Lui». Ce n’eût pas été la perfection s’Il ne l’avait pas ainsi ressenti. Il était impossible que Celui qui était la vie puisse désirer une telle mort d’avec Son Père — d’avec Dieu en colère contre Lui. Cela aurait été de la dureté, non pas de l’amour ; mais bien qu’Il l’ait ressenti parfaitement selon Dieu Son Père, cependant Il soumet entièrement Sa volonté humaine à celle du Père. «Abba, Père,» dit-il, «toutes choses Te sont possibles. Fais passer cette coupe loin de Moi ; toutefois non pas ce que Je veux, mais ce que Tu veux, Toi». Il avait une âme réelle, ce qu’on appelle dogmatiquement une âme raisonnable, non pas un simple principe de vitalité. Il n’aurait pas pu dire cela, s’il avait été vrai, comme certains l’ont affirmé, que la nature divine dans notre Seigneur avait pris la place de l’âme. Il n’aurait pas été un homme parfait s’il n’avait pas pris une âme aussi bien qu’un corps. C’est pourquoi Il pouvait dire : «Non pas ce que Je veux, mais ce que, Toi, Tu veux».

Il y avait la soumission la plus entière au Père, même dans l’épreuve la plus amère qu’on puisse concevoir. Cette coupe était la coupe de la colère à cause du péché ; ne pas dire «Fais passer cette coupe loin de Moi» aurait montré de l’insensibilité de caractère. Mais notre Seigneur était parfait en tout. C'est pourquoi Il dit : «Fais passer cette coupe loin de Moi ; toutefois, non pas ce que Je veux, mais ce que Tu veux, Toi».

 

15.6.6    Le Seigneur s’occupant des disciples à Gethsémané

Il vient, et trouve les disciples endormis au lieu de veiller. Cela L’attriste, et il est juste qu’il en soit ainsi. Cependant Il les avertit pour leur propre bien : «Veillez et priez afin que vous n’entriez pas en tentation». Ils y sont entrés, et ils sont tombés, Pierre surtout, à qui, en effet, notre Seigneur a adressé cet avertissement. Il les appela tous à veiller et à prier, mais c’est à Pierre qu’il dit : «Dors-tu ? N’as-tu pas pu veiller une heure ?» Il avait particulièrement averti Pierre auparavant. Il ajoute : «L’esprit est bien disposé (prompt), mais la chair est faible. Et Il s’en alla de nouveau, et Il pria, disant les mêmes paroles. Et s’étant retourné, Il les trouva de nouveau endormis (car leurs yeux étaient appesantis), et ils ne savaient que Lui répondre. Il revient pour la troisième fois, et leur dit : Dormez dorénavant et reposez-vous ; c’est assez. L’heure est venue ; voici le Fils de l’homme est livré entre les mains des pécheurs». Il était comme quelqu’un livré pour être retranché de la dernière Pâque. À partir de ce moment, l’heure était venue. «Levez-vous, allons ; voici que celui qui me livre s’est approché». Il ne s’agissait pas seulement d’expiation, mais le Berger était sur le point d’être frappé, et les brebis le sentaient, et se dérobèrent avant que le coup réel tombe.

 

15.7   Ch. 14:43-52 — Devant la mort et l’hostilité ouverte : se courber ou abandonner et fuir

Matt. 26:47-56 ; Luc 22:47-53.

 

«Et aussitôt, comme Il parlait encore, Judas s’avance, l’un des Douze, et avec lui une grande foule, avec des épées et des bâtons, de la part des principaux sacrificateurs, des scribes et des anciens». Le traître avait donné le signe du baiser, et leur avait dit de saisir Celui qu’il embrasserait. Il s’approcha directement de Jésus, et dit : «Rabbi, Rabbi, et Le couvrit de baisers ; ils mirent les mains sur Lui et Le prirent». Pierre, assez prêt à combattre, mais non pas à prier, tire son épée et frappe le serviteur du souverain sacrificateur, et lui coupe l’oreille. La guérison n’est pas mentionnée dans cet évangile, car ici le Seigneur est simplement le Fils de l’homme souffrant, le Prophète d’Israël rejeté, le Berger frappé. Ce qui prouve que le sujet ici n’est pas que Sa puissance n’a pas diminué, mais c’est le fait qu’Il se courbe devant toute honte ; et la clé est : «Il faut que l’Écriture soit accomplie» (14:49). Il n’avait jamais été du genre à réclamer un tel traitement de leurs mains — se déchaîner contre Lui comme contre un voleur, mais il faut que l’Écriture s’accomplisse.

«Et tous l’abandonnèrent et s’enfuirent» (14:50). La puissance les aurait gardés, mais céder à la souffrance commençait à produire son effet sur eux. «Les brebis furent dispersées» (Zach. 13:7). «Un certain jeune homme Le suivit, enveloppé d’une toile de lin sur le corps nu ; ils le saisissent, mais il laissa la toile de lin et leur échappa tout nu». La vigueur s’épuise, et la honte aussi. Le premier assaut suffisait à le faire fuir. L’homme est impuissant face à la mort. La seule raison pour laquelle les croyants sont capables de l’affronter — et même de l’accueillir et de s’en réjouir — est à cause de Christ Lui-même et de Sa mort. Il a enlevé l’aiguillon (1 Cor. 15:56), mais ce n’était pas encore fait. C’est pourquoi les disciples L’ont abandonné et se sont enfuis, le jeune homme comme tous les autres. En Christ seul, qui a souffert pour nous, nous pouvons nous tenir debout.

 

15.8   Ch. 14:53-65 — Le motif de condamnation

Matt. 26:47-68 ; Luc 22:47-55, 63-71, Jean 18:2-24.

 

«Et ils amenèrent Jésus au souverain sacrificateur. Et tous les principaux sacrificateurs, les anciens et les scribes s’assemblent auprès de Lui». Là, nous trouvons une nouvelle épreuve. Pierre suit — de loin, il est vrai — dans le palais du souverain sacrificateur, et s’assied avec les serviteurs (huissiers)». «Les principaux sacrificateurs et tout le sanhédrin cherchaient un témoignage contre Jésus pour Le faire mourir, et ils n’en trouvaient aucun». Ils trouvaient de la volonté, mais pas de la puissance ; des gens disposés à témoigner, mais même en cela ils n’ont pas pu réussir. L’homme échoue en tout, sauf dans la malice contre Jésus. Même avec tous les témoignages subornés chez les témoins, et avec tout l’empressement à condamner chez les juges, tout échoue. Les témoignages ne concordent pas. Selon la loi, il fallait deux ou trois témoins qui soient d’accord ; mais ceux-ci ne s’accordaient pas. La conséquence fut que Jésus fut rejeté, non pas à cause du faux témoignage de l’homme, mais sur la base du vrai témoignage de Dieu. C’est sur la base de Son propre témoignage qu’ils L’ont condamné. Il était venu témoigner de la vérité, et Il en a témoigné jusqu’à la mort. Le souverain sacrificateur, étonné, perplexe, ne parvenant pas à Le condamner sur la base du témoignage d’autrui, demande : «Es-tu le Christ, le Fils du Béni ?» Il nous est dit ailleurs qu’il L’a adjuré, mais ici Marc cite simplement la question, sans l’adjuration. Le Seigneur répond : «Je le suis». Il témoigne de la belle confession (1 Tim. 6:13), non seulement devant Ponce Pilate, mais devant le souverain sacrificateur. «Et vous verrez le Fils de l’homme assis à la droite de la puissance, et venant avec les nuées du ciel». Il ne pouvait pas, ne voulait pas, nier la vérité sur Lui-même. Il pouvait s’abstenir de noter les fausses accusations d’autrui, mais Il ne voulait pas, quand on le mettait au défi, enfermer dans Sa poitrine la vérité de Sa gloire personnelle. Il était le Messie, le Fils du Béni. Mais Il était aussi le Fils de l’homme, et Il allait prendre Sa place là-haut, et venir avec les nuées du ciel, selon les sûrs oracles de Dieu. Alors le souverain sacrificateur, ayant déchiré ses vêtements, dit : «Qu’avons-nous encore besoin de témoins ? Vous avez ouï le blasphème». Pour lui, la vérité n’était pas meilleure, tant le chef de la religion des Juifs était plongé dans les ténèbres. «Que vous semble-t-il ?».  Et tous Le condamnèrent comme méritant la mort. Et quelques-uns se mirent à cracher contre Lui, et à lui couvrir le visage, et à le souffleter, et à lui dire : Prophétise ; et les huissiers le frappaient de leurs mains».

 

15.9   Ch. 14:66-72

Matt. 26:69-75 ; Luc 22:56-62 ; Jean 18:17, 25-27.

 

15.9.1    Pierre reculant de terreur pour peu de chose

Le Berger doit donc être frappé de toute manière. «Je frapperai le Berger, et les brebis seront dispersées» (Zach. 13:7). Et nous trouvons ainsi que Pierre, s’étant aventuré ainsi jusqu’au palais du souverain sacrificateur, en ressent encore plus immédiatement l’effet. «Comme Pierre était en bas dans la cour du palais, une des servantes du souverain sacrificateur arrive. Voyant Pierre se chauffer, elle le regarde et dit : Et toi, tu étais avec Jésus le Nazarénien. Et il le nia, disant : Je ne sais pas, et je ne comprends pas ce que tu dis. Cependant, il ne pouvait pas rester en présence de sa propre fausseté ; il sort dehors sous le porche : et le coq chanta. C’était l’avertissement que le Seigneur lui adressait. La servante le revoit. Il fallait qu’il en soit ainsi. Il n’y avait apparemment rien qui puisse causer de la terreur, mais même le plus dévoué des disciples (du moins, le plus ardent dans son amour et le plus énergique dans ses démonstrations) était si impuissant à faire face même à la proximité de la mort, qu’il suffit de la parole d’une servante pour lui faire renier le Seigneur ! «Et encore peu après, ceux qui se tenaient là dirent à Pierre : Certainement, tu es de ces gens-là, car aussi, tu es Galiléen». Mais plus ils le pressaient de dire la vérité, plus il reculait, et, dans sa crainte abjecte, il se mit à maudire et à jurer.

 

15.9.2    Qui dites-vous que Je (Christ) suis ?

Tel était Pierre, et tel était le processus dont il allait bientôt sortir comme chef des apôtres. Il fallait qu’il soit brisé pour apprendre le caractère ‘bon à rien’ de la chair. Combien désormais il faut que Christ soit tout, ainsi que la puissance du Saint Esprit ! «Je ne connais pas cet homme dont vous parlez». Pourtant «cet Homme» était son Sauveur, et il le savait — trop bien — trop mal. «Tu es le Christ», avait-il dit auparavant (8:29). Quel contraste maintenant ! «Qui dites-vous que je suis ?» lui avait demandé Jésus, il y a longtemps (8:29), et sa réponse avait été : «Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant» (Matt. 16:16). Nous croyons, et nous savons» (Jean 6:69). Maintenant il dit : «Je ne connais pas cet homme». Jésus n’était, pour lui, plus qu’un homme, inconnu de Pierre. Pourtant, ce n’était pas la chair et le sang qui lui avaient révélé la vérité sur le Christ, mais le Père qui est dans les cieux. Pierre était donc assez proche, lorsque les autres étaient dispersés, pour ajouter un coup plus violent à tous ceux qui tombaient sur Jésus. L’un du petit nombre de disciples était un traître ; un autre, le chef des Apôtres, était un négateur de son Seigneur.

 

15.9.3    C’est la Parole de Dieu qui produit la repentance

«Et pour la seconde fois, un cri de coq. Et Pierre se souvint de la parole que Jésus lui avait dite : Avant que le coq chante deux fois, tu me renieras trois fois. Et quand il y pensa, il pleura». Je ne dis pas que sa repentance fut complète ; vous verrez que le Seigneur l’a touché au vif quelque temps après. Néanmoins, il avait un sentiment authentique de son péché, de sa honte et de l’angoisse d’esprit, bien qu’il n’ait pas encore été sondé à fond. Il pleura en y pensant. C’est toujours la parole du Seigneur qui produit une réelle repentance, que ce soit chez un saint ou chez un pécheur. Ce ne sont pas les sentiments humains, ni la honte, ni la peur d’être découvert — c’est la parole que Jésus a prononcée qui opère à l’intérieur. C’est le lavage à l’eau par la parole (Éph. 5). La parole du Seigneur fait deux choses : elle convainc et elle guérit ; elle purifie et détecte notre mal d’une manière divine. Si Pierre avait cru la parole de Christ quant à son entière faiblesse, il aurait été gardé. Mais il ne l’a pas crue. «Même si tous», dit-il, «étaient scandalisés, je ne le serai pas, moi». Il était prêt à mourir avec Lui, alors qu’en vérité, un simple aperçu de la scène de la mort de Christ l’effrayait, de sorte que plus la vérité de sa relation avec Jésus lui était présentée avec insistance, plus il jurait ne pas Le connaître. Telle est la chair, même chez le saint de Dieu — ‘bon à rien’ partout !

 

 

16 Marc 15

Ésa. 53:3

 

16.1   Ch. 15:1-5

Matt. 27:1-14 ; Luc 23:1-4 ; Jean 18:28.

 

16.1.1    Qui a été responsable de la condamnation ?

Suit la consultation au matin, après que le Seigneur ait déjà été condamné comme «coupable méritant la mort». Le résultat est que les principaux sacrificateurs, les anciens, les scribes, et tout le sanhédrin, et, en fait, tout le peuple, consentirent à livrer Jésus à Pilate, le représentant du pouvoir civil. Jésus devait être condamné par l’homme à tous les titres, religieux et civil ; les Juifs, au nom de la religion, ont eu la culpabilité principale, et étaient les instigateurs des autorités civiles ; ils contraignirent moralement celles-ci à céder contre leur conscience, comme on le voit dans le simulacre de procès devant Pilate. Ainsi, nous Le voyons «méprisé et rejeté par les hommes». Ce n’était pas seulement par un seul, mais par toutes les classes des hommes. Nous verrons que le peuple comme les sacrificateurs, le gouverneur comme les gouvernés, jusqu’aux plus bas d’entre eux, — tous se sont unis pour vilipender le Fils de Dieu.

 

16.1.2    Christ, Dieu et Homme peut tout faire connaître

Pilate lui demanda : «Es-tu, Toi, le roi des Juifs ? Il lui répondit : Tu l’as dit». C’était Sa belle confession (1 Tim. 6:11). C’était la vérité ; et Il était venu pour rendre témoignage de la vérité, qui est particulièrement mentionnée dans l’évangile de Jean, où nous n’avons pas simplement ce que Christ était selon la prophétie, ni même ce qu’Il était en tant que Serviteur et grand Prophète, faisant la volonté de Dieu et répondant aux besoins de l’homme, — mais ce qu’Il était dans Sa propre gloire personnelle. Christ seul est la vérité au sens le plus complet du terme, si ce n’est que le Saint Esprit est aussi appelé «la vérité» (1 Jean 5:6), comme étant la puissance intérieure en celui qui croit pour saisir la révélation de Dieu et la réaliser. Mais Dieu en tant que tel n’est jamais appelé la vérité. Jésus est la vérité. La vérité est l’expression de ce que Dieu est, et de ce que l’homme est. Celui qui est objectivement la vérité doit être à la fois Dieu et homme, pour faire connaître la vérité à leur sujet. Il n’est jamais dit que le Père est la vérité, mais seulement Christ, le Fils, la Parole. Il n’est pas seulement Dieu, mais Il est spécialement Celui qui fait connaître Dieu ; et étant homme, il pouvait faire connaître l’homme — oui, et étant Dieu et homme, Il pouvait tout faire connaître.

 

16.1.3    Christ est la mesure de toutes choses

Ainsi, nous ne savons jamais ce qu’est la vie en totalité, sauf en Christ, et nous ne savons jamais ce qu’est la mort, sauf en Christ. De même, qui peut connaître correctement la signification du jugement, si ce n’est en Christ ? Qui peut estimer ce qu’est la colère de Dieu, sauf en Christ ? Qui peut dire ce qu’est la communion avec Dieu, si ce n’est en Christ ? C’est Christ qui nous montre ce qu’est le monde ; c’est Christ qui nous montre ce qu’est le ciel, et par contraste ce que doit être l’enfer. Il est Celui qui délivre de la perdition, et c’est Celui qui y chasse loin de Sa propre présence. Ainsi Il fait tout ressortir tel que cela est, y compris ce qui est le plus opposé à Lui — la puissance et le caractère de Satan, jusqu’à sa dernière forme, l’Antichrist. Il est la mesure de ce que sont les Juifs et les Gentils à tous égards. C’est ce que certains anciens philosophes pensaient de l’homme. Ils disaient, quoique faussement, que l’homme est la mesure de toutes choses. C’est exactement vrai de Christ, l’homme-Dieu. Il est la mesure de toutes choses, bien que très supérieur à elles, en tant que suprêmement Dieu, comme le Père et comme le Saint Esprit.

 

16.1.4    Condamné pour cause de vérité

Ici, cependant, devant Pilate, notre Seigneur reconnaît simplement la vérité de ce qu’Il était selon l’attente des Juifs. «Es-tu, toi, le roi des Juifs ? Il lui répondit : Tu l’as dit». C’était tout ; Il n’avait rien de plus à dire ici. Les principaux sacrificateurs L’accusaient de beaucoup de choses, mais Il ne répondit rien. Il n’était pas là pour se défendre, mais pour confesser qui Il était et ce qu’Il était. «Et Pilate l’interrogea de nouveau, disant : Tu ne réponds rien ? Vois de combien de choses ils témoignent contre toi. Mais encore Jésus ne répondit rien, de sorte que Pilate s’en étonnait». Son silence produisait un effet bien plus grave que tout ce qui pouvait être prononcé. Il y a un temps pour se taire comme il y a un temps pour parler (Eccl. 3) ; et le silence était maintenant d’autant plus convaincant pour la conscience. Il était manifestement supérieur, moralement, à Son juge. Il les manifestait tous, quoi qu’ils disent ou qu’ils jugent de Lui. Mais en vérité, ils ne jugeaient rien d’autre sauf de dire ce qui était totalement faux, et ils Le condamnèrent pour cause de vérité. Que ce soit devant le souverain sacrificateur ou devant Ponce Pilate, c’est la vérité qu’Il confessait, et c’est pour cette vérité qu’Il fut condamné par les hommes. Tous leurs mensonges ne servirent à rien. Ce n’est donc pas à cause de ce qu’ils ont mis en avant, mais à cause de ce que Lui a dit, que Jésus a été condamné.

 

16.1.5    Un double témoignage de ce qu’était Christ

Ce n’est que dans l’Évangile de Jean que le Seigneur affirme le fait terrible que ce n’était pas Pilate qui disait les choses de lui-même, mais il disait ce que les Juifs lui avaient dit (Jean 18:34). Nous apprenons en outre dans l’Évangile de Jean que ce qui a particulièrement effrayé Pilate, c’est que les Juifs lui avaient dit qu’ils avaient une loi, et que c’est en vertu de cette loi qu’Il devait mourir, parce qu’Il s’était fait Fils de Dieu. Sa filialité était affirmée, et Pilate craignait que ce soit vrai. Sa femme, elle aussi, eut un songe qui ajouta à son inquiétude, de sorte que Dieu veilla à ce qu’il y ait un double témoignage — a) le grand témoignage moral de Christ Lui-même, et aussi b) un signe et gage qui convenait à l’Évangile de Matthieu, une marque extérieure donnée à la femme de Pilate en songe. Notre Évangile est beaucoup plus succinct, et s’en tient à l’ordre des faits sans entrer dans le détail.

 

16.2   Ch. 15:6-15 — Barrabas, un brigand, plutôt que Jésus

Matt. 27:15-26 ; Luc 23:16-25 ; Jean 18:29-40.

 

L’iniquité des Juifs, cependant, apparaît partout. «Or, à l’occasion de cette fête, il avait l’habitude de leur relâcher un prisonnier, quel que soit celui qu’ils demandaient. Or, il y avait un nommé Barabbas, qui était détenu avec ses compagnons de révolte, et qui avait commis un meurtre dans cette révolte. Et la foule, criant à haute voix, se mit à lui demander de faire comme il leur avait toujours fait». C’est donc la foule qui voulut marquer davantage sa complète soumission aux méchants sacrificateurs en préférant Barabbas et en scellant la mort de Jésus. Il aurait encore pu être délivré, mais la multitude imbue d’elle-même ne voulut rien entendre. «Pilate leur répondit : Voulez-vous que je vous relâche le roi des Juifs ? Car il savait que les principaux sacrificateurs L’avaient livré par envie. Mais les principaux sacrificateurs excitèrent la foule pour qu’il leur relâchât plutôt Barabbas», ou, comme le dit l’Évangile de Jean, «Non pas celui-ci, mais Barabbas. Or Barabbas était un brigand». C’était un brigand et un meurtrier — pourtant c’est un tel homme qui eut la préférence de l’homme, plutôt que Jésus. «Pilate prit la parole et leur dit encore : Que voulez-vous donc que je fasse de celui que vous appelez le roi des Juifs ? Et ils s’écrièrent encore : Crucifie-le». Pilate, tout cruel et endurci qu’il était, fit encore une remontrances : «Quel mal a-t-il donc fait ? Et ils s’écrièrent encore : Crucifie-le». Ils ne pouvaient trouver aucun mal, ils l’imaginaient seulement à partir de la méchanceté meurtrière de leur propre cœur. Pilate, sans aucune crainte de Dieu, mais «voulant contenter la foule, leur relâcha Barabbas, et après l’avoir fait fouetter, il livra Jésus pour être crucifié». Ainsi il s’avérait que, même dans cette dernière scène, Jésus délivrait les autres à Ses dépens et dans tous les sens du terme. Juste auparavant, Il avait délivré les disciples de l’arrestation ; Il était maintenant le moyen de délivrer Barabbas lui-même, tout méchant qu’il était. Il ne s’est jamais sauvé Lui-même ; Il aurait pu le faire, bien sûr, mais c’était la perfection même de la gloire morale de Christ que de délivrer, de bénir, de sauver, et en tout, aux dépens de Lui-même.

 

16.3   Ch. 15:16-21 — Jésus bafoué, mais quand même pour la bénédiction d’autrui

Matt. 27:27-31 ; Luc 23:26-43 ; Jean 19:1-16.

 

Mais, en outre, toutes les indignités possibles ont été accumulées sur Lui. «Les soldats l’emmènent dans la cour appelée prétoire, et ils convoquent toute la cohorte. Ils le revêtent de pourpre, et tressent une couronne d’épines et la Lui mettent autour de la tête. Et ils se mirent à le saluer : Salut, roi des Juifs !» Il n’y avait pas de mépris trop grossier pour Lui. «Ils Lui frappaient la tête avec un roseau, et crachaient contre lui et, fléchissant les genoux, ils Lui rendaient hommage. Et après s’être moqués de Lui, ils lui ôtèrent la pourpre, le revêtirent de ses propres vêtements, et le conduisirent pour le crucifier». Et maintenant, dans l’esprit de méchanceté de toute la scène, «ils obligent un certain Simon, un Cyrénéen, qui passait par là, revenant des champs, le père d’Alexandre et de Rufus (cf. Rom. 16), de porter Sa croix». Il semblerait que ces deux fils furent ensuite des convertis bien connus, introduits dans l’Église ; d’où l’intérêt de la mention de ce fait. La bonté de Dieu, je suppose, s’est servie de cette circonstance même, aussi méchante qu’elle ait été de la part de l’homme. Il ne voulait pas permettre que l’indignité même de Son Fils ne tourne pas à la bénédiction de l’homme. Simon, le père de ces deux-là, a donc été contraint de porter Sa croix par ceux qui étaient supposés détenir la vérité, mais la détenaient dans l’injustice.

 

16.4   Ch. 15:22-32

Matt. 27:31-44 ; Luc 23:26-43 ; Jean 19:17-27.

 

16.4.1    Juste avant la crucifixion

«Et ils Le mènent au lieu Golgotha, qui est, selon l’interprétation, le lieu d’un crâne. Ils Lui offrirent à boire du vin additionné de myrrhe, mais Il n’en prit pas». L’objet de cette offre était d’apaiser l’angoisse, la douleur excessive et persistante de la croix, mais Il refusa.

«Et l’ayant crucifié, ils se partagent Ses vêtements en tirant au sort ce que chacun devait prendre». Ceci, nous le savons par ailleurs, était l’accomplissement précis d’une prédiction divine, comme c’était le signe humain de quelqu'un livré à la peine capitale.

 

16.4.2    L’écriteau

«C’était la troisième heure, et ils le crucifièrent. Et la suscription de ce dont Il était accusé était écrite au-dessus : Le Roi des Juifs». Les termes sont très brefs dans l’Évangile de Marc. Il ne mentionne que l’accusation, et non (je pense) toute la formule. Les autres évangiles donnent des formules différentes, et il est possible qu’elles aient été écrites en plusieurs langues — l’un dans une langue et l’autre dans une autre. Si tel est le cas, Marc ne donne que la substance. Matthieu donnerait naturellement la forme hébraïque, Luc la forme grecque (son Évangile étant destiné aux Gentils, comme celui de Matthieu était destiné aux Juifs), tandis que Jean donnerait le latin, la formule de cet empire sous lequel il a lui-même souffert plus tard. Comme ce royaume frappait le serviteur, Jean rapporte ce qu’il a fait au Maître, et cela dans la langue de l’empire. Il y a une légère différence dans chacun d’eux, qui peut provenir des différentes langues dans lesquelles l’accusation a été écrite. Quoi qu’il en soit, nous savons que nous avons la pleine vérité divine en faisant la comparaison ; et parmi toutes les façons de rendre compte de leurs nuances distinctives, la plus indigne de Dieu, et la moins raisonnable pour l’homme, c’est l’idée que ces différences doivent être imputées à l’ignorance ou à la négligence. Chacun a écrit, mais sous la puissance de l’Esprit ; et le résultat de tous est la parfaite vérité de Dieu.

 

16.4.3    Les brigands crucifiés

Marc, comme Matthieu, mentionne les brigands (en fait, tous le font) en témoignage de l’humiliation complète du Serviteur et Fils de Dieu sur la croix. Les hommes ne voulaient pas Lui donner une place singulière, à part. Il était en effet seul dans la grâce et la gloire morale de la croix, mais c’est pour en augmenter la honte que ces deux brigands furent crucifiés avec Lui, l’un à sa droite, l’autre à sa gauche (*). Telle était l’apparence extérieure ; mais ensuite, aussi, Ses paroles furent retournées contre Lui, non seulement lors de Son procès, mais dans Ses derniers moments. Et les passants l’injuriaient, en hochant la tête et en disant : Ah ! toi qui détruis le temple et le rebâtis en trois jours, sauve-toi toi-même et descends de la croix». Combien ils étaient loin de se douter que Ses paroles mêmes étaient en train de s’accomplir complètement à ce moment-là !

 

(*) Bible Treasury : Les meilleurs manuscrits onciaux omettent le verset 28. Son authenticité est très douteuse ici. Il a probablement été emprunté à la citation d’Ésaïe 53:12 dans Luc 22:37.

 

16.4.4    Les moqueries des chefs religieux sur Son incapacité à se sauver

Mais les principaux sacrificateurs poussèrent la chose plus loin, comme d’habitude. Se moquant entre eux avec les scribes, ils disaient : «Il a sauvé les autres, Il ne peut pas se sauver Lui-même». C’était une grande vérité, mais pas dans le sens où ces gens l’entendaient. Les deux phrases sont très vraies quand on les applique correctement ; bien sûr, Il ne s’est pas sauvé ; et Il ne le pouvait pas si la grâce devait triompher en rédemption. «Il a sauvé les autres, Il ne peut pas se sauver Lui-même» : C’est l’histoire de Christ sur la terre ; c’est surtout l’histoire de Sa croix : toute la vérité de Christ y apparaît plus pleinement, bien que ce soit sous la colère divine infligée absolument pour nos péchés, et sous la très grande pression des circonstances extérieures, mais tout cela supporté en perfection. La sainteté de Christ qui, à tout prix, voulait ôter le péché pour la gloire de Dieu, — l’amour de Christ qui, à tout prix pour Lui-même, voulait apporter aux autres une délivrance éternelle, — la grâce de Dieu, tout cela était pleinement visible en Lui : le juste jugement, la vérité et la majesté de Dieu. Il n’y a rien qui n’ait été justifié sur la croix, mieux que nulle part ailleurs. C’est la résurrection, cependant, qui a tout révélé, publiant ce que Dieu ressentait. Il a été ressuscité d’entre les morts par la gloire du Père, comme il est dit. Ce qui a été fait sur la croix, l’était pour les autres ; mais ce qui était à la fois envers Lui et envers les autres, est apparu dans la résurrection et dans le fait qu’Il a été placé à la droite de Dieu.

 

16.4.5    Différence de réaction entre le croyant et l’incroyant

Mais dans la bouche de l’incrédulité, les mêmes expressions portent un caractère totalement différent de celui qu’elles ont dans la bouche de la foi. C’est ainsi qu’un homme du monde, en présence de la mort, peut montrer cette apparence de calme que la foi donne réellement à celui qui a l’œil fixé sur Jésus : chez ce dernier c’est la paix, chez le premier ce n’est pas mieux que de l’insensibilité. Mais chez les croyants ordinaires, qui ne comprennent pas la plénitude de la grâce, il y a des angoisses mentales qui vont au-delà de ce que connaît l’incroyant, parce que celui-ci ne sent pas ce qu’est le péché, ni ce qui convient à la gloire de Dieu. Quand une âme croit et n’est pas encore établie dans la grâce, elle est dans le trouble et le tremblement d’esprit quant au résultat, et il doit en être ainsi jusqu’à ce que le cœur soit en repos par Jésus Christ.

 

16.4.6    La mort de Jésus n’était nécessaire que pour le salut, pas en tant qu’homme

Combien peu ces principaux sacrificateurs connaissaient le secret de la grâce ! Il a sauvé les autres, disaient-ils, et ils ne pouvaient que le savoir. Il ne voulait pas se sauver Lui-même, et Il ne l’a pas fait. Non, dans le sens de l’amour et du conseil divin, Il ne pouvait pas se sauver Lui-même. Il a laissé Sa vie pour nous — nous ne pouvions pas être sauvés autrement ; et, de plus, obéissant au Père à tout prix, Il était déterminé à accomplir Sa volonté, notre sanctification. En ce sens seulement, Il ne pouvait pas se sauver Lui-même. Il n’y avait aucune nécessité de mort dans la nature du Seigneur Jésus Christ. Tous les autres hommes avaient la nécessité de la mort par Adam ; Christ ne l’avait pas, bien que Lui, le dernier Adam, Christ, descendait de lui par Sa mère ; Il n’était pas du tout en Lui-même sous les conséquences du premier Adam, bien qu’en grâce Il en ait porté toutes les conséquences sur la croix, mais pas en tant qu’étant sous ces conséquences : Il les a seulement portées pour d’autres, par la volonté de Dieu et dans Son amour souverain. C’est pourquoi, à propos de Sa mort, Il dit très expressément : «J’ai le pouvoir de laisser Ma vie, et J’ai le pouvoir de la reprendre» (Jean 10:18). Depuis le commencement du monde, Lui seul de tous les hommes pouvait dire cela. Adam dans le paradis ne pouvait pas parler ainsi ; Christ seul avait le droit de le dire selon les droits de Sa personne. Le fait de devenir un homme n’a pas compromis Sa gloire divine. Le fait qu’il soit Dieu n’a pas affaibli Sa souffrance comme homme. Il n’y a pas eu d’abaissement de la déité, mais il y a eu, en conséquence, une exaltation très réelle de l’humanité. Néanmoins, les Écritures devaient s’accomplir : l’Oint devait mourir ; la gloire de Dieu devait être défendue ; la mort devait être affrontée en mourant, et son pouvoir brisé, non par la victoire, mais par la justice. Car tel est le fruit merveilleux de la mort du Christ : la puissance de la mort est épuisée par la justice, du fait que Lui a pris sur Lui la malédiction, le jugement du péché, afin que Dieu soit glorifié jusque là-dedans. D’où la plénitude de bénédiction et de paix pour le croyant. Ceci donne à l’Expiation sa place merveilleuse dans toute la vérité de Dieu. Rien ne peut lui être substitué. Dans l’expiation, Il est le substitut pour tous les autres, et toutes les autres exigences se rapportant à l’offrande pour le péché disparaissent.

 

16.4.7    Le brigand converti signalé seulement dans Luc

Mais quant à ces principaux sacrificateurs, ils s’écriaient en se moquant : «Que le Christ, le roi d’Israël, descende maintenant de la croix, afin que nous voyions et que nous croyions». L’esprit d’incrédulité était si complet que les crucifiés, même au milieu de leurs agonies, eurent le temps de se tourner et d’ajouter à Ses souffrances. Marc ne mentionne pas la conversion d’un de ces brigands. Luc le fait, et nous savons que par la suite, celui qui s’est converti, au lieu de Lui demander qu’Il descende de la croix, L’a reconnu comme le Roi avant que vienne Son royaume, croyant ainsi sans voir. La pauvre âme brilla donc par la grâce de Dieu, d’autant plus qu’elle était auparavant dans l’obscurité ; et l’obscurité des principaux sacrificateurs qui se moquaient formait un sombre arrière-plan qui rendait ce brigand si remarquable. Dans les circonstances mêmes où les principaux sacrificateurs se vantaient de la défaite de Jésus, le voleur Le glorifiait de la délivrance de son âme. Mais cela relève de la compétence de Luc, qui nous montre la miséricorde de Dieu visitant le pécheur dans son état le plus bas — le Fils de l’homme venant chercher et sauver ce qui était perdu. Ceci se trouve tout au long de Luc plus que de tout autre évangile. Comme autre conséquence, il nous montre aussi le bonheur de l’âme dans son état séparé du corps. Ce voleur mourant, lorsque son âme a quitté la croix, serait immédiatement avec Jésus dans le paradis.

Marc, cependant, mentionne l’indignité que les brigands ont accumulée sur Jésus, en compagnie des principaux sacrificateurs et d’autres.

 

16.5   Ch. 15:33-41

Matthieu 27:45-56 ; Luc 23:44-49 ; Jean 19:28-37.

 

16.5.1    Une heure de ténèbres unique

«Et quand la sixième heure fut venue, il y eut des ténèbres sur toute la terre jusqu’à la neuvième heure». C’était plus qu’humain : Dieu a provoqué un témoignage de cette heure qui se distinguait de tout ce qui avait précédé et suivi. Il y avait des ténèbres ; le monde lui-même le ressentait. Comme le Seigneur l’avait dit aux Juifs, les pierres crieraient si les enfants et les nourrissons ne faisaient pas entendre leur voix. Comme Jean le Baptiseur le leur avait dit, de ces pierres Dieu pouvait susciter des enfants à Abraham. Ainsi, l’insensibilité des hommes à l’encontre le Fils de Dieu, les injures et les moqueries, depuis les principaux sacrificateurs jusqu’aux brigands, ont trouvé une réponse de la part de Dieu dans la nature qui s’est voilée en présence de la mort de Celui qui a tout créé ; il y eut des ténèbres sur toute la terre. En haut, en bas, quelle scène !

 

16.5.2    Jésus n’est pas mort d’épuisement

À la neuvième heure, Jésus s’écria d’une voix forte : «Éloï, Éloï, lama sabachthani», ce qui s’interprète : «Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ?» (Ps. 22:1). Ce n’était pas un épuisement de la nature. Jésus n’est pas mort parce qu’Il ne pouvait plus vivre, comme tous les autres. Il avait encore toute l’énergie de la vie. Il est mort non seulement en expiation, mais pour reprendre Sa vie. Comment aurait-Il pu autrement prouver la supériorité de Sa vie sur la mort, s’Il n’était pas mort ? Encore moins aurait-Il pu nous délivrer. «Nous avons été réconciliés avec Dieu par la mort de son Fils» (Rom. 5:10).

 

16.5.3    La mort de Jésus n’était pas une mort naturelle

Mais il y a plus que cela. Le fait qu’Il vive de nouveau, qu’Il se soit relevé du tombeau, qu’Il ait repris la vie, prouve qu’Il a vaincu la mort à laquelle Il s’était si entièrement soumis pour la gloire de Dieu. Il a été mis à mort. Il a été crucifié et tué par des mains méchantes, mais c’était aussi entièrement volontaire. Chez toute autre personne, la mort est involontaire. Ainsi, Jésus était absolument au-dessus de la simple nature, que ce soit dans la naissance ou dans la mort, ou tout au long de Son existence. En outre, ce cri était très particulier, tel qu’on n’en avait jamais entendu de pareil de la part d’un homme saint et béni comme Lui. Ce qui l’a fait jaillir, c’est que Dieu l’ait abandonné là. Ce n’était pas une simple manifestation d’amour, bien qu’il n’y ait jamais eu de moment où le Père ait vu davantage de quoi aimer dans Son Fils qu’à ce moment-là ; oui, jamais Il n’avait vu auparavant une telle beauté morale, même en Lui. Mais s’Il portait le péché, Il devait réellement en subir le jugement. La conséquence était d’être abandonné de Dieu. Dieu devait abandonner Celui qui avait pris le péché sur Lui. Et Il a pris nos péchés, et a enduré cet abandon qui était la conséquence inévitable du péché imputé. Celui qui n’a pas connu le péché en a connu le prix jusqu’à l’extrême limite lorsqu’Il a été fait péché pour nous.

 

16.5.4    Il appelle Élie ?

«Et quelques-uns de ceux qui étaient là présents, l’ayant entendu, dirent : Voici qu’il appelle Élie». Il semble qu’il s’agisse à nouveau d’une simple moquerie. Il n’y a aucune raison de supposer qu’ils ne savaient pas qu’il avait dit : «Mon Dieu, mon Dieu», et non pas Élie. «Et quelqu’un courut remplir une éponge de vinaigre, la fixa sur un roseau, et lui donna à boire, en disant : «Laissez, voyons si Élie vient pour le faire descendre. Et Jésus, après avoir poussé un grand cri, expira».

 

16.5.5    Le déchirement du voile du temple

Maintenant que la mort était consommée, la seule base juste de vie et de rédemption, le «voile du Temple se déchira en deux, depuis le haut jusqu’en bas». Le système juif était condamné, et la sentence était exécutée sur son élément caractéristique et central. Le voile était ce qui séparait le lieu saint du saint des saints ; il n’y avait pas de point unique dans le système juif plus significatif que le voile. Car ce que le voile indiquait en figure, c’était Dieu présent, et l’homme dehors — Dieu ayant affaire avec le peuple, mais le peuple ne pouvant s’approcher de Dieu, L’ayant avec eux dans le monde, mais n’étant cependant pas amenés à Lui, ne pouvant regarder Sa gloire, étant maintenus à distance de Lui sous la loi (cf. Héb. 9:8 ; 10:19-20). Le déchirement du voile, au contraire, prononçait immédiatement que tout en était fini avec le judaïsme. De même que les ténèbres surnaturelles avaient été un témoignage avant Sa mort, de même ce déchirement à Sa mort déclarait la puissance du sang de Christ. Ce n’était pas seulement Dieu descendu vers l’homme, mais maintenant, par le sang de Christ, l’homme avait le droit de s’approcher de Dieu — oui, tous ceux qui connaissent la valeur de ce sang, dans le lieu le plus saint de tous. Mais pour ce qui est de l’économie (dispensation) juive, c’était son abolition en principe. Le déchirement du voile, comme signe et témoignage principal, était une profanation virtuelle du sanctuaire, de sorte que n’importe qui pouvait désormais regarder dans le lieu très saint. Ce n’était plus le souverain sacrificateur seul qui s’y aventurait une fois par an, et cela non sans du sang ; mais maintenant, à cause de Son sang qu’ils avaient répandu, ne sachant guère sa valeur infinie, le voile était déchiré de haut en bas. Ceci était au premier mois de l’année. La fête dans laquelle le souverain sacrificateur entrait, était au septième mois. La destruction du voile était donc d’autant plus marquée maintenant. La vérité est que la véritable application du jour des expiations, et de la fête des tabernacles qui le suit, se fera lorsque Dieu commencera à prendre en charge le peuple juif. Il est dit que nous avons Christ comme notre Pâque ; mais le jour des expiations, considéré comme un type prophétique, attend Israël bientôt.

 

16.5.6    Le témoignage du centurion

Et ce n’est pas tout. Il y eut un témoignage, non seulement dans la nature par opposition au mépris des hommes et aux injures des crucifiés qui étaient avec Lui — non seulement il y eut cette obscurité de la nature et ce déchirement du voile pour le judaïsme, mais un Gentil fut amené, contraint par Dieu, à reconnaître le miracle qui était là et qui se produisait alors. «En vérité, cet homme était Fils de Dieu». Selon toute vraisemblance, c’était un païen qui ne voulait rien dire de plus que de reconnaître que le Christ n’était pas un simple homme, qu’il était d’une manière ou d’une autre ce que le monarque chaldéen avait entendu et dont il avait parlé en Dan. 2 et 4. Or, le centurion allait plus loin que les gens de Babylone. Il sentait que, bien que Sa demeure était dans la chair, pourtant Il était un être Divin et pas simplement le Fils de l’homme. Je ne pense pas que lorsque Nébucadnetsar dit qu’il a vu quelqu’un comme le Fils de Dieu, il ait voulu dire toute la vérité que nous connaissons ; car la doctrine de l’éternité du Fils n’était pas alors révélée, et on ne peut pas supposer que Nébucadnetsar l’ait comprise, car il était idolâtre à l’époque. Mais c’était un témoignage de sa pleine confiance qu’il s’agissait de quelque être surnaturel, «le Fils de Dieu». En même temps, l’Esprit de Dieu pouvait bien donner aux paroles du centurion ou du roi une forme dépassant ce que l’un ou l’autre connaissait. «En vérité, cet homme était Fils de Dieu».

 

16.6   Ch. 15:42-47 — Joseph d’Arimathée, la mise au sépulcre. Mort rapide du Seigneur

Matthieu 27:57-61 ; Luc 23:50-56 ; Jean 19:38-42.

 

Les disciples n’étaient pas là. Ils L’avaient, hélas, abandonné et s’étaient enfuis ; en tout cas, ils ne sont pas mentionnés. Ils étaient tellement en dehors de leur vraie place que Dieu ne pouvait rien dire d’eux. Mais quelqu’un qui, jusqu’à ce moment, avait reculé devant la confession de Jésus, est maintenant mis en avant. «Le soir étant déjà venu, comme c’était la préparation, ce qui est le jour précédent un sabbat, Joseph d’Arimathie, conseiller honorable, qui attendait lui-même le royaume de Dieu, vint et prit sur lui d’entrer auprès de Pilate et demanda le corps de Jésus». Les circonstances mêmes qui auraient pu naturellement le remplir de crainte et de recul devant les conséquences furent, au contraire, utilisées par Dieu pour faire surgir une audace qui n’avait jamais eu place dans le cœur de Joseph auparavant. Il s’identifia avec Jésus. Il n’avait pas eu le précieux privilège de Le suivre de Son vivant, mais la mort de Jésus l’amena au point d’entrer courageusement pour réclamer le corps de son Maître ; il était commandé par ses affections. Pilate, étonné, demanda si Jésus était déjà mort. Naturellement, la crucifixion est une mort lente ; cela peut parfois durer plusieurs jours quand la personne est en santé normale. Mais dans le cas de Jésus, cela ne dura que quelques heures. Il n’y avait rien de plus à faire. Il ne s’agissait donc pas de tarder davantage. De plus, c’était l’accomplissement de la prophétie selon laquelle pas un de Ses os ne serait brisé (c’est Jean qui nous le dit, lui qui est toujours occupé par la personne du Seigneur). C’était selon les Écritures qu’Il soit transpercé, mais pas un os ne devait être brisé ; et Jean a été témoin de cette circonstance des plus remarquables, il nous la raconte. Marc ne le note pas. Pilate «s’étonnait qu’il fût déjà mort ; et appelant le centurion, il lui demanda s’il était mort depuis longtemps». C’est la mort rapide de Jésus, accompagnée de la voix forte, qui a rempli le centurion d’étonnement. Cela montre que ce n’était pas la mort d’un simple homme. Il avait le pouvoir de laisser Sa vie. Ainsi, après avoir reçu l’assurance du centurion, Pilate donne son autorisation.

Joseph «acheta du linge fin, le descendit, L’enveloppa dans le fin lin, Le déposa dans un sépulcre taillé dans le roc, et roula une pierre à l’entrée du sépulcre». Deux des Marie regardaient où on Le mettait. Ici au moins, nous avons donc une affection authentique. S’il n’y avait pas l’intelligence de la foi, il y avait l’amour qui s’attardait sur le Seigneur qu’elles adoraient avec un vrai sentiment — le fruit de la foi qui honorait ainsi Jésus jusque dans Sa mort.

 

 

17 Marc 16

17.1   Ch. 16:1-8

 

Matt. 28:1-8 ; Luc 24:1-11 ; Jean 20:1-10.

 

17.1.1    Effet de la résurrection sur l’incrédulité ?

Non seulement la résurrection témoigne de la puissance de la mort vaincue et de la condition parfaite de l’homme devant Dieu, propre au ciel, mais, quant aux choses d’ici-bas, elle est, pour celui qui croit, le vrai moyen de résoudre toutes les difficultés. Jésus n’a jamais été complètement justifié avant la résurrection. Bien sûr, il y avait auparavant un témoignage riche et puissant, mais il pouvait être contesté même par ceux qui voyaient les miracles — non pas à juste titre, mais par la puissance de Satan. Même celui qui est incroyant en pratique, l’homme sensuel, pouvait dire que ses frères croiraient si quelqu’un revenait d’entre les morts (Luc 16:30). Mais nous verrons que l’incrédulité des hommes subsiste même après la résurrection, à moins que la grâce de Dieu ne la rende efficace.

 

17.1.2    Chronologie après la résurrection

 

(* note de l’éditeur Whitfield) En comparant les différents évangiles on peut arriver au schéma suivant pour la succession des événements :

●         Marie de Magdala (accompagnée de « l’autre Marie ») visite le sépulcre le Samedi soir (Matt. 28:1 ; Jean 20:1)

●         Marie de Magdala va dire à Pierre et Jean, lesquels viennent et s’en vont (Jean 20:3-10 ; Luc 24:12). Marie, revenue, reste et voit Jésus (Marc 16:9 ; Jean 20:11 et suiv.). L’autre Marie, en compagnie de laquelle elle a revisité le sépulcre, transmet l’information à Salomé (Marc 16:1).

●         Les autres femmes viennent (Luc 24:10), voient les anges et s’enfuient, ne disant rien à personne pendant leur fuite, jusqu’à ce qu’elles rencontrent Jésus dont les paroles les font se reprendre, de sorte qu’elles délivrent aux onze leur message au sujet de la Galilée (Marc 16:5-8 ; Matt. 28:5-10 ; Luc 24:9)

●         Marie de Magdala délivre aux disciples en général, le message que Jésus lui a confié au sujet du Père (Jean 20:17-18 ; Marc 16:9-11)

●         Luc 24:13-35 (cf Marc 16:12,13) parle de l’entrevue des deux disciples en chemin pour Emmaüs et de Son apparition aux onze qui a eu lieu deux dimanches de suite (Jean 20:19-29)

●         Dans les 5 semaines suivantes, les disciples ont dû aller en Galilée, puis revenir en Judée pour l’ascension selon la scène décrite en Luc

●         Si Marc parle de Salomé (16:1) tandis que Luc (24:10) parle de Jeanne, l’explication simple est que Salomé est inclue dans les « autres femmes » mentionnées par Luc.

●         Si Marc 16:5 parle d’un jeune homme tandis que Luc 24:4 parle de deux hommes, on peut penser que les femmes étaient troublées, qu’un seul des anges a pris la parole et que les femmes ont eu leur attention attirée sur celui qui parlait

 

17.1.3    Ch. 16:1-4 — Connaître le fait de la résurrection sans en connaître la puissance

Dans ce chapitre, nous voyons les femmes venir au tombeau de Jésus avec amour, mais sans avoir l’intelligence de la résurrection, et par conséquent, dans une grande perplexité. Elles avaient «acheté des aromates» afin de pouvoir venir L’oindre. Le Seigneur avait nettement dit aux disciples qu’Il était sur le point de ressusciter d’entre les morts. La foi de ces saintes de Dieu était si faible que, le jour même où Il les avait préparés à attendre Sa résurrection, elles étaient occupées à ce qui ne convenait qu’à un Christ mort, et non à un Christ ressuscité et vivant.

«De très bonne heure, le premier jour de la semaine, elles vinrent au sépulcre quand le soleil se levait. Et elles se disaient les unes aux autres : Qui nous roulera la pierre de l’entrée du sépulcre ?». Or c’était déjà fait. «Elles regardèrent, et ils virent que la pierre avait été roulée, car elle était très grande». Telle est la vertu de la résurrection, telle est la puissance qui l’accompagne. L’obstacle dépassait leur capacité à l’enlever ; la pierre qui obstruait le tombeau était très grande. Mais cela ne faisait aucune différence pour Dieu, et elle était maintenant roulée.

 

17.1.4    Ch. 16:5-6 — La peur pour l’homme en Adam. Paix donnée par le dernier Adam

«Et entrant dans le sépulcre, elles virent un jeune homme assis du côté droit, vêtu d’une robe blanche ; et elles furent épouvantées (stupéfaites). Et lui leur dit : Ne soyez pas épouvantées. Vous cherchez Jésus de Nazareth, le crucifié ; Il est ressuscité ; Il n’est pas ici ; voici le lieu où on L’avait mis». Ainsi leur terreur s’évanouit : tel est l’usage que les anges on fait de la résurrection de Christ. La peur est naturelle à l’homme dans un monde ruiné où règne le péché. Adam n’avait aucune raison d’avoir peur jusqu’à la chute ; quel motif le croyant a-t-il d’avoir peur, maintenant que Christ, qui est mort pour lui, est ressuscité ? Il a de nombreux motifs de juger le moi et ses voies, mais aucun pour douter des résultats triomphants de l’œuvre de Christ. Toute la substance de la bénédiction d’un croyant réside en Christ et dépend de Lui, et dans la mesure où vous mêlez le moi en quelque manière avec Lui, c’est de l’incrédulité. Si je permets au sentiment que Dieu me donne de ma propre méchanceté d’entraver ma paix en Lui, c’est presque aussi mauvais que le rêve vain de ma propre bonté. C’est une erreur de penser que Christ puisse jamais se mélanger au premier Adam. Il faut que la place soit donnée à Christ ou au moi, les deux à la fois ne peuvent jamais être un objet de confiance. Lorsque nous avons trouvé Christ, certains effets sont produits par Lui par le Saint Esprit ; mais ce sont des effets, non pas une cause. L’incrédulité transforme en cause des choses faites par nous, mais ceci est invariablement faux.

 

17.1.5    La résurrection proclame la victoire, mais sa manifestation est pour plus tard

Maintenant la résurrection proclame la victoire. Bien que ces femmes fussent là en présence d’anges, elles étaient en réalité en présence d’un plus grand que les anges, qu’elles ne voyaient pas : Jésus ressuscité d’entre les morts. Même les saints sont appelés à une bénédiction plus grande que les anges. Pourquoi devraient-ils être effrayés ? Les saints sont amenés à une proximité de Dieu que les anges n’ont jamais eue ni ne peuvent avoir. Les saints régneront avec Christ, ce qui ne sera jamais le cas des anges. Ainsi, Satan a été totalement défait dans toutes ses pensées et tous ses plans. Si son orgueil a été blessé par le dessein divin d’élever l’homme au-dessus des anges, Dieu, néanmoins, a élevé l’homme (déjà en Christ, bientôt dans Son corps l’Église), non seulement au-dessus des anges, mais si haut que celui qui croit, Il l’unit maintenant avec Christ, le Chef de toutes les principautés et de toutes les puissances. Même le monde verra bientôt les saints glorifiés avec Christ et partageant la même gloire avec Lui. «La gloire que tu m’as donnée, je la leur ai donnée» (Jean 17:22). Le millénium sera la manifestation de tout cela, ce qui rend monstrueusement fausse et défectueuse l’idée qu’une telle ère soit apportée par l’Évangile. Cette idée fait que la gloire de l’épouse consiste en ce qu’elle est et fait en l’absence de l’Époux, au lieu de présenter la gloire de Dieu déployée en Christ, et l’Église glorifiée et régnant avec Lui. Si donc il était pénible et inopportun que ces femmes, héritières d’une telle gloire, soient effrayées en présence d’un ange, souvenons-nous que, bien que converties, elles n’avaient pas encore reçu l’esprit d’adoption ; et quelle puissance peut-il y avoir sans cela ? Il peut y avoir les instincts d’une vie nouvelle, mais ni paix ni énergie spirituelle. «Vous cherchez Jésus le Nazaréen». Lui savait que leur cœur était droit.

 

17.1.6    Ch. 16:7-8 — Égards du Seigneur pour Pierre. Encore connaître le fait de la résurrection sans en connaître la puissance

Il est beau de voir que, si dans Marc la chute de Pierre est donnée plus complètement qu’ailleurs, nous y avons les égards particuliers du Seigneur pour Pierre : «Allez dire à ses disciples et à Pierre qu’Il va devant vous en Galilée ; là, vous Le verrez, comme Il vous l’a dit.

Et elles sortirent, et s’enfuirent du sépulcre ; elles tremblaient et étaient épouvantées ; et elles ne dirent rien à personne, car elles avaient peur». Elles ne connaissaient pas encore la puissance de la résurrection : elles connaissaient le fait, mais pas la puissance.

 

17.2   Ch. 16:9-11

Luc 8:2 ; Jean 20:11-18.

 

17.2.1    Ch. 16:9 — Mention particulière de Marie de Magdala et de ses démons chassés

Mais maintenant nous avons la scène vue d’un autre point de vue — celui du service : tout est régi par cette grande vérité. «Or, étant ressuscité le matin, le premier jour de la semaine, Il apparut premièrement à Marie de Magdala, de laquelle il avait chassé sept démons». Il ne s’agit pas seulement du message angélique et des preuves de Sa résurrection, mais c’est Lui-même qui est vu comme ressuscité en premier par Marie de Magdala. Il y a ici une façon de rapprocher les circonstances qui est remarquable. Marie de Magdala avait été mentionnée auparavant ; mais ce n’est qu’ici qu’il est ajouté à son nom : «de laquelle Il avait chassé sept démons». Ces deux choses (avec l’apparition à Marie) sont mentionnées ensemble. Le Fils de Dieu est venu, comme nous le savons, pour détruire les œuvres du diable : Il a été manifesté dans ce but. La défaite de la puissance de Satan dans le cas de Marie de Magdala, avant même cette apparition, a été d’autant plus confirmée que le vainqueur de Satan, une fois ressuscité, est apparu à elle en premier. Le grand fait est tout ce qui nous est donné ici.

 

17.2.2    Marie de Magdala et le Seigneur ressuscité selon l’évangile de Jean

Dans l’Évangile de Jean, on trouve le beau déroulement de la manière dont Il la fait sortir du judaïsme. «Ne me touche pas, Moi» lui dit-Il, «car Je ne suis pas encore monté vers mon Père». Désormais, c’est de cette manière que les disciples Le connaîtraient — non plus selon la chair (2 Cor. 5:16). «Mais allez vers Mes frères, et dites-leur : Je monte vers Mon Père et votre Père, et vers Mon Dieu et votre Dieu». Ne Me regardez pas, Moi, maintenant comme un Messie visible destiné à être Roi sur toute la terre. Je vais prendre une autre place dans le ciel, et vous mettre dans Ma relation sur la terre, comme fils de Mon Père et de votre Père, comme rachetés pour Mon Dieu et pour votre Dieu. Il déclare Son nom à Ses frères ; et sur cela, comme base et forme de relation, Il les rassemble ensuite et entonne la louange au milieu de Ses frères. Il vient là et les remplit de joie. «Les disciples se réjouirent donc quand ils virent le Seigneur» (Jean 20:20). Car Christ n’est pas seulement l’objet de la louange, mais le conducteur de la louange. Il communique aux disciples à la fois la substance et le ton de la louange. L’adoration chrétienne est en vérité Son adoration transférée à nous, et ainsi poursuivie alors que nous adorons Son Père et notre Père, Son Dieu et notre Dieu, en esprit et en vérité. Mais ce sujet est plutôt celui de Jean.

 

17.2.3    Ch. 16:10-11 — Voir, ou savoir, sans avoir de foi

Ici, il est simplement dit : «Elle alla l’annoncer à ceux qui avaient été avec Lui, tandis qu’ils étaient dans le deuil et pleuraient. Et eux, apprenant qu’il était vivant, et qu’elle l’avait vu, ne crurent pas» (16:10-11). Il est très remarquable de constater la simplicité avec laquelle les évangélistes relatent les preuves de l’incrédulité des disciples : ils ne cherchent pas à les escamoter. Matthieu, Marc, Luc, Jean, tous le disent sans ambages. Ils ne connaissaient pas les Écritures, dit Jean, selon lesquelles Il devait ressusciter d’entre les morts. Ils voyaient le fait, mais n’avaient pas saisi le lien avec les plans de Dieu réitérés. Ils y croyaient en raison des preuves qu’ils avaient sous les yeux, mais ils n’y entraient pas par la foi, comme ils allaient bientôt le faire.

 

17.3   Ch. 16:12-13 — Disciples d’Emmaüs

Luc 24:12-35.

 

«Après cela, Il apparut sous une autre forme à deux d’entre eux en chemin, allant aux champs. Et ils allèrent porter la nouvelle aux autres ; mais ils ne les crurent pas». Il s’agit des disciples allant à Emmaüs ; c’est Luc qui en donne le récit de manière complète et caractéristique.

 

17.4   Ch. 16:14-18

Luc 24, 36-49 ; Jean 20, 19-29.

 

17.4.1    Ch. 16:14-15 — L’incrédulité qui prépare à prêcher à d’autres

«Plus tard, Il apparut aux onze, comme ils étaient à table, et leur reprocha leur incrédulité et leur dureté de cœur, parce qu’ils n’avaient pas cru ceux qui L’avaient vu ressuscité» (16:14). Dans leur cas, il est évident que la dureté de cœur est mise à leur charge, comme la racine de leur rejet du témoignage concernant Jésus. C’est pourtant à eux que le Seigneur dit juste après (l’évangéliste omettant d’autres sujets qui pourraient distraire) : «Allez dans le monde entier, et prêchez l’Évangile à toute la création» (16:15). Quel merveilleux processus pour préparer ces hommes à prêcher aux autres ! Il fallait être réduit à néant à leurs propres yeux. La repentance va toujours de pair avec la foi et l’humiliation ; la découverte de ce que nous sommes, spécialement à l’égard de Dieu et de Sa parole, est la manière dont Dieu nous rend utiles aux autres. Le sentiment de notre propre incrédulité passée est utilisé par Dieu lorsqu’Il nous envoie au dehors appeler d’autres à croire ; nous pouvons comprendre leur incrédulité et compatir à leur situation, ayant été nous-mêmes si incrédules. Ce n’est pas la manière de l’homme dans ce qu’il appelle le ministère, mais c’est celle de Dieu. «Allez dans le monde entier, et prêchez l’Évangile à toute la création» (16:15). Après ce que vous avez prouvé de vous-mêmes, ayez confiance en Dieu — non pas en l’homme, mais en ce Dieu qui a été si patient avec vous, et vous a envoyé témoignage après témoignage, jusqu’à ce que vous soyez obligés de venir. Ce même Dieu daigne vous utiliser dans Son œuvre en faveur d’autres personnes, et comme vous avez éprouvé combien Dieu a été persévérant dans Sa bonté envers vous dans votre incrédulité, ainsi, vous, continuez patiemment dans Son service.

 

17.4.2    Ch. 16:16 — Place du baptême

«Allez dans le monde entier, et prêchez l’Évangile à toute la création. Celui qui aura cru et qui aura été baptisé sera sauvé, et celui qui n’aura pas cru sera condamné» (16:15,16). Il ne suffit pas pour vous et pour la gloire du Christ que vous croyiez : «celui qui aura cru et qui aura été baptisé sera sauvé» (16:16a). Le baptême a cette importance — non pas, bien sûr, de sauver l’homme devant Dieu, car le point essentiel à cet égard est de croire ce qui est invisible aux hommes, mais le baptême est un signe et un témoignage ouvert de cela devant les hommes. Ainsi, un homme tient à ce qu’il croit, et le confesse publiquement. Il ne dit pas : «Mon cœur croit en Christ, mais il n’est pas nécessaire que j’en dise quoi que ce soit». Le baptême est le témoignage premier que l’on croit en Christ. Il est fondé sur Sa mort et Sa résurrection. «Nous tous qui avons été baptisés pour le Christ Jésus, nous avons été baptisés pour sa mort. Nous avons donc été ensevelis avec lui par le baptême dans la mort, afin que, comme Christ a été ressuscité d’antre les morts par la gloire du Père, ainsi nous marchions nous aussi en nouveauté de vie» (Rom. 6:3 et suiv.). Non pas comme le premier Adam, qui ne s’est pas fié à Dieu, mais a péché et est devenu un homme mort, mais comme Christ a été obéissant jusqu’à la mort et nous a apporté la vie éternelle par Sa propre mort. Le baptême le reconnaît et revient à dire : «Je renonce à tout ce que je suis, et à toute espérance de la part de l’homme ; je sais que le premier Adam, et moi-même en tant que son enfant, sommes morts : toute mon espérance est dans le dernier Adam». Quand un homme est vraiment amené à ce point, il est un vrai croyant, et le baptême manifeste extérieurement la vérité de Christ. Le baptême a donc une valeur décisive en tant que témoignage devant Dieu et les hommes. Il n’est donc pas étonnant que Pierre dise que «le baptême [tout en évitant soigneusement de suggérer dans la même phrase qu’il ait une efficacité automatique, ex opere operato] nous sauve aussi maintenant» (1 Pierre 3:21). Si un homme refusait d’être baptisé par crainte de la honte, il ne pourrait pas du tout être reconnu comme un chrétien. Paul, en écrivant aux Gentils, montre que la grande chose est ce qui a eu lieu en Christ. Pierre insiste sur le baptême, bien qu’il les garde expressément de trop penser à l’acte extérieur ; mais le point essentiel est l’exigence d’une bonne conscience envers Dieu par la résurrection de Christ.

 

17.4.3    Ch. 16:16b — … sera condamné

C’est pourquoi il est dit ici : «Celui qui ne croit pas sera condamné». L’incrédulité était le mal fatal à redouter par-dessus tout. Qu’un homme soit baptisé ou non, s’il n’a pas cru, il doit être condamné. Il ne pouvait y avoir de promesse de salut, en dépit du baptême, s’il ne croyait pas. Ainsi, le baptême est simplement la conséquence de ce qu’on a cru ; lorsque nous entendons parler de condamnation, c’est sur la base de ce qu’on n’a pas cru. Hélas, des millions de personnes qui ont été baptisées seront condamnées, et cela est bien pire du fait qu’elles ne croient pas.

 

17.4.4    Ch. 16:17-18 — Les signes qui accompagneront ceux qui auront cru

«Voici les signes qui accompagneront ceux qui auront cru : en mon nom, ils chasseront les démons ; ils parleront de nouvelles langues ; ils saisiront des serpents ; s’ils boivent quelque chose de mortel, cela ne leur fera aucun mal ; ils imposeront les mains aux infirmes, et ils se rétabliront» (16:17-18). Il n’y a pas un mot ici quant au temps. Il ne s’agit pas de tous ceux qui croient, mais de «ceux qui ont cru» ; et en outre, il n’est pas dit de ceux qui croient jusqu’à la fin de l’ère. Rien de la sorte n’est suggéré. Au contraire, lorsque, dans Matthieu, le Seigneur leur commande de faire disciples toutes les nations, de les baptiser et de les enseigner, Il leur donne l’assurance de Sa présence avec eux jusqu’à la fin de l’ère (la consommation du siècle). Le Seigneur demeure avec les disciples jusqu’à ce que l’ère soit achevée — tout cela est implicite dans «Voici, je suis avec vous tous les jours» (Matt. 28:20). Mais il en est autrement avec ces signes de Marc. La parole de Notre Seigneur a été pleinement accomplie à la lettre à l’époque particulière où ces signes ont été donnés, mais il n’y avait pas de lien de perpétuité. De cette manière, le contraste avec Matthieu est frappant, et la bouche de l’objecteur ou du trompeur est fermée.

«En mon nom, ils chasseront les démons». Il commence par la puissance sur Satan. Ils devaient aller de l’avant dans la puissance de Sa résurrection. Bien qu’Il s’en allât, loin que cela fasse perdre de la puissance, ils allaient plutôt en gagner. «Celui qui croit en moi… fera des œuvres plus grandes que celles-ci, parce que je vais vers mon Père» (Jean 14:12). La notion que les Juifs avaient, était que toutes les grandes œuvres seraient accomplies quand le Messie serait sur la terre. Il n’en était pas ainsi. En Son nom, pendant Son absence, Ses serviteurs chasseraient les démons, etc.

«Ils parleront de nouvelles langues». Quel merveilleux témoignage de la grâce de Dieu envers tous les hommes ! Ils allaient parler maintenant de Ses œuvres merveilleuses (Actes 2) dans les langues par lesquelles Dieu avait mis la confusion parmi les hommes à la tour de Babel. Cela s’est accompli, d’abord au jour de la Pentecôte pour les Juifs, puis pour les Gentils en temps voulu.

«Ils prendront des serpents» — le symbole extérieur de la puissance de Satan dans ce monde — ce que les hommes détestent instinctivement depuis la chute, à moins qu’ils ne soient dégradés au point de l’adorer.

«Et s’ils boivent quelque chose de mortel, cela ne leur nuira pas». La puissance de la nature, des choses inanimées comme animées, ne pouvait prévaloir contre eux ; mais, au contraire, «ils imposeront les mains aux infirmes, et ils se rétabliront.» La puissance bénéfique du bien en Son nom vainc le mal et le bannit.

 

17.5   Ch. 16:19-20 — Le Seigneur continuant à servir

Luc 24, 50-53.

 

«Le Seigneur donc, après leur avoir parlé, fut élevé au ciel, et s’assit à la droite de Dieu». L’œuvre était achevée : Il s’assied. Sa grande œuvre terrestre étant terminée, Il était le grand Serviteur qui pouvait dire : «J’ai achevé l’œuvre que Tu m’as donnée à faire» (Jean 17:4). Il s’est donc assis à la droite de Dieu, le lieu du pouvoir.

«Et eux, étant partis, prêchèrent partout». Le Seigneur est-il donc inactif ? Non, «le Seigneur coopérant avec eux». Ceci est vrai depuis le premier verset de Marc jusqu’au dernier. Jésus est Celui qui fait toutes choses bien, travaillant pour les hommes dans Sa vie, ou plutôt travaillant pour les pécheurs ; souffrant pour les péchés dans la mort ; travaillant même maintenant avec Ses serviteurs, après être monté au ciel. Il est le serviteur de Dieu tout au long de notre Évangile. Même assis à la droite de Dieu, Il est le Serviteur, mais «le Seigneur coopérant avec eux et confirmant la parole par les signes qui l’accompagnaient».