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LE RATIONALISME

 

 

1 Corinthiens  2 v. 6-16

 

 

William Kelly

 

Le plan et les sous-titres ont été ajoutés par Bibliquest

ME 1873 p. 355-386

 

Table des matières

1     Il existe un abus de la raison en rapport avec la Sainte Écriture

2     Problèmes au niveau de l’autorité de l’Écriture

2.1      Christ la cite comme règle suprême

2.2      Le rationalisme rabaisse Christ

2.3      Jésus appuyant Moïse, les Psaumes et les prophètes

2.4      Jésus repoussant Satan par les Écritures

3     La révélation de Dieu répondant aux besoins de l’homme

3.1      Le récit des Écritures et la chute de l’homme

3.2          Révélation orale quand l’homme vivait longtemps

3.3      Une révélation de Dieu écrite et confiée à un peuple particulier

4     Les prétendues obscurités de l’Écriture en rapport avec sa communication

4.1      Dieu communique la vérité de manière appropriée à l’homme

4.2          Distinction entre la Parole écrite et Jésus-la Parole

4.3      Jésus est la vérité

4.4      Pas de connaissance de Dieu en direct

4.5      Dieu le Père n’est connu que par Celui qui est Dieu ET homme

4.6          L’Esprit, aussi, est la vérité

5     Les prétendues obscurités de l’Écriture en rapport avec sa compréhension

5.1          L’Écriture ne se comprend pas si la volonté est contraire à Dieu

5.2      La foi surmonte les vraies difficultés

5.3          L’homme s’oppose à la Parole car elle met à nu son état

5.4          L’homme ne voit pas les beautés et perfections de l’Écriture

6     Christ dans sa personne, et l’Écriture, sont la mesure de toute vérité

6.1          Comment avoir une juste idée de l’homme ? par Christ

6.2          Comment avoir une juste idée du ciel ? par l’Écriture

6.3      Christ est la mesure de l’état de toute âme

6.4      La vérité sur la justice est mesurée par le fait d’accepter ou de rejeter Christ

6.5          Contraste avec ceux pour qui l’homme est la mesure de tout

6.6      La vérité sur l’état de l’homme et du monde est mesurée d’après Christ

7     Conclusion : Notre sauvegarde est la Parole de Dieu

 

 

 

1                    Il existe un abus de la raison en rapport avec la Sainte Écriture

Mon but, en écrivant ces lignes, n’est pas de diminuer la part de la raison. C’est un admirable instrument que Dieu a mis entre les mains de l’homme, mais dont l’action ne doit point sortir de sa propre sphère. Le rationalisme est l’abus de la raison, mais nullement son résultat nécessaire. Le rationalisme est la raison s’introduisant dans la sphère de Dieu et de sa révélation de manière à nier l’un et l’autre, en fait sinon ouvertement : c’est ce que je veux chercher à combattre, non en exposant, comme il serait facile de le faire, la folie des prétentions de ce système et le danger de ses conclusions, mais autant que possible en présentant la vérité. Le rationalisme ne prétend pas à la vérité, au contraire son but constant est d’en rendre l’acquisition incertaine. Il tend donc à plonger l’homme dans ces mêmes ténèbres que la révélation de Dieu a pour but de dissiper.

L’apôtre, dans le passage que nous venons de lire (1 Cor. 2:6-16), indique l’origine de cette séduction pour l’esprit de l’homme, et le même principe se trouve presque partout dans l’Écriture. Le fait même de l’existence d’une Bible témoigne contre les assertions de la sagesse humaine, car d’un bout à l’autre la Bible admet en principe qu’elle est la parole de Dieu, et non pas seulement qu’il y a dans ses pages un élément divin que la raison doit découvrir et séparer des éléments humains qui l’enveloppent. Dans aucune partie de sa Parole, Dieu n’enseigne, ni ne donne à entendre, ni n’admet une semblable assertion.

 

2                    Problèmes au niveau de l’autorité de l’Écriture

2.1   Christ la cite comme règle suprême

Heureusement aussi, nous vivons à une époque de la révélation divine, où nous pouvons introduire ce que tous, sauf des incrédules déclarés, doivent reconnaître pour une autorité décisive. Je ne fais pas allusion aux assertions des hommes, quels qu’ils puissent être. Je parle du plus saint et du plus humble d’entre ceux qui sont nés de femme, de Celui qui, véritablement homme, n’estima point comme un objet à ravir d’être égal à Dieu. Or, toutes les fois que le Seigneur Jésus-Christ cite l’Écriture, c’est comme une règle suprême dont on ne peut faire appel. Il en maintient pleinement l’autorité, de manière à exclure toute idée qu’il puisse s’y trouver rien qui trahisse l’infirmité des instruments dont Dieu s’est servi. Quoique donnée par le moyen de l’homme, jamais elle n’est appelée la parole de l’homme, mais la parole de Dieu. Ceux qui l’écrivirent furent inspirés de telle sorte que tout en conservant leur caractère individuel, ils présentent d’une manière parfaite la vérité de Dieu et elle seule. Ainsi se manifeste en partie la sagesse de Dieu dans l’inspiration. Elle ne met pas l’homme de côté, mais elle introduit Dieu avec une perfection invariable, car l’introduire en partie aurait laissé subsister les difficultés et l’incertitude.

Ce fait ne peut être nié par aucun de ceux qui reçoivent les paroles du Seigneur Jésus telles qu’elles ont été données par ses disciples. En effet, il est évident que Lui-même parle toujours comme nous donnant les paroles de Dieu et qu’il a promis à ses disciples la puissance du Saint Esprit, afin qu’ils pussent aussi communiquer la parole de Dieu. L’un de ses principaux disciples, fut le grand apôtre Paul, qui sans doute ne connut pas Jésus dans les jours de sa chair, mais qui affirme n’être en rien inférieur aux plus excellents en paroles et en oeuvres. (Jean 3:34 ; 7:16 ; 14:26 ; 1 Cor. 2:13 ; 2 Tim. 3 ; 2 Pier. 3:15-16).

 

2.2   Le rationalisme rabaisse Christ

Considérons un moment l’importance de ce fait. Je ne puis admettre qu’après avoir reconnu la bonté, l’humilité, la perfection de Jésus, l’on discute ses paroles. C’est ce que fait le rationalisme, mettant ainsi à nu toute sa folie. Rien n’est plus injurieux que de parler du Seigneur Jésus d’une manière protectrice pour ainsi dire ; de reconnaître l’intégrité sans tache du Sauveur et en même temps de se refuser à tirer de ses paroles et de ses actes l’inévitable conclusion qui en découle. Je sais qu’il est de mode chez certaines personnes d’insinuer que le Seigneur Jésus n’était pas au-dessus des préjugés de son temps et qu’il partageait les idées des Juifs. Peut-on parler ainsi et admettre qu’il est Dieu ? Dieu a-t-il des préjugés ? Ne se meut-il pas au-dessus des notions variables de l’homme sur la terre ? Or le Seigneur Jésus, pendant tout le cours de son ministère, s’est attaché à mettre en évidence de la manière la plus simple, la plus claire, la plus pressante, un sujet qui ne le cède à aucun autre en importance vitale, qui vous concerne, qui concerne tout enfant des hommes, non seulement le croyant, mais l’infidèle ; sujet pour lequel toute âme devra rendre compte à Dieu. Il est donc impossible de rien trouver qui nous touche d’une manière plus pratique, plus immédiate, plus solennelle.

Partout, d’une manière générale comme dans les moindres détails, dans la joie et la douleur, dans ce qui regarde les autres et dans ce qui le concerne Lui-même, dans sa vie et jusque dans sa mort, en tout temps et en toutes circonstances, partout le Seigneur Jésus nous montre l’estime qu’il fait, que Dieu fait de l’Écriture, de la parole écrite de Dieu. Cela ressort d’une manière remarquable à une époque où même ceux qui usent de l’Écriture avec une liberté touchant à l’inconvenance, doivent cependant l’accepter comme une autorité décisive. Je dis ceci pour ceux qui voudraient insinuer que «dans les jours de sa chair», notre Seigneur Jésus pouvait être affecté par les passagères opinions de son siècle. Mais en supposant que cela fût, dira-t-on la même chose de Jésus ressuscité ? Prétendra-t-on que la résurrection ne délivra pas même Jésus de ce qui appartient à un monde où les sens, l’imagination et les traditions exercent leurs influences variées sur l’esprit et le langage de l’homme ? Or le Seigneur ressuscité apparaît à ceux qui l’aimaient et qui, n’ayant pas compris les Écritures, étaient profondément éprouvés par sa mort. Dans un entretien des plus doux et des plus intéressants, Jésus part du point où ils en étaient. Et de quelle arme fait-il usage pour les convaincre ? Certes il aurait pu tirer ses paroles des profondeurs insondables de son esprit ; il aurait pu ouvrir ces sources riches et puissantes de vérité divine qui, découlant de son coeur, auraient emporté toutes les difficultés de l’âme de ceux qui s’attachaient à Lui et étaient abattus par la pensée de la croix (cette croix même où il avait accompli leur rédemption). Mais non, notre Seigneur prend les Écritures, la simple parole écrite de Dieu.

 

2.3   Jésus appuyant Moïse, les Psaumes et les prophètes

Il commence par Moïse, il cite les Psaumes, il les renvoie aux prophètes, rappelant ainsi cette division bien connue de l’Ancien Testament en trois parties. J’indique ce fait parce qu’il prouve de la manière la plus décisive que les difficultés de spéculation sur lesquelles un si grand nombre vont faire naufrage ne sont en réalité que leurs préjugés, les nuages passagers de l’opinion du jour et non la vérité de Dieu. Il est faux, il est blasphématoire de penser que le Seigneur, le Créateur éternel, cédât aux préjugés de son temps ; ce qui est vrai, c’est que les hommes qui font ces objections sont entraînés par les pensées profanes de leur époque. Le Seigneur a marqué du sceau de sa divine autorité la Bible, toute la Bible et rien que la Bible. Il nous la donne précisément telle que les Juifs la possédaient alors. Le peuple d’Israël avait traversé de grandes révolutions et de profondes épreuves. Il était impossible que, sans les soins les plus immédiats de Dieu, les Écritures transcrites en hébreu seulement, eussent échappé à toute altération durant ces crises terribles. Jusqu’à l’époque du Seigneur elles n’avaient été traduites que dans une seule langue et ainsi l’on n’avait point ce contrôle que fournissent les différentes versions ; car, bien que des traductions puissent trahir plus ou moins la faiblesse humaine, néanmoins, faites en différents temps et par des personnes si diverses, leur accord présente, en faveur du texte, un témoignage tel qu’il faudrait un esprit singulièrement constitué pour échapper à sa puissance. C’est dans un temps où ce témoignage, tiré de la diffusion des Écritures dans tout le monde et en un si grand nombre de langues, n’existait pas, que notre Seigneur en appelle à Moïse, aux Psaumes et aux prophètes.

 

2.4   Jésus repoussant Satan par les Écritures

Ce sujet ne doit pas seulement être considéré sous un point de vue général, mais aussi dans ses applications pratiques. Suivons par exemple notre Seigneur, dans toutes les circonstances de sa vie, dans les plus ordinaires comme dans les plus remarquables ; il emploie toujours la même arme. Au désert, attaqué par Satan, il le repousse par la parole de Dieu ; et Satan lui-même à ce moment, ne se hasarde pas à employer l’artifice dont il se sert de nos jours : il n’insinue pas que la divine autorité des Écritures est compromise par des erreurs de copiste, par la difficulté de conserver l’intégrité du texte, etc. Le résultat de la lutte entre le Sauveur et l’ennemi fut évident ; mais tout dépendait de l’obéissance, d’une foi constante en la parole de Dieu. Plus tard dans le cours de son ministère, dans sa marche de chaque jour, le Seigneur en réfère constamment aux Écritures, comme à l’arbitre qui doit lever tout doute et mettre fin à toute controverse, comme à la vraie, divine et unique solution de toute énigme dans ce monde d’obscurité.

 

3                    La révélation de Dieu répondant aux besoins de l’homme

3.1   Le récit des Écritures et la chute de l’homme

J’ai touché d’abord à ces applications pratiques ; arrêtons-nous encore quelques instants à considérer le principe général. Nous verrons ainsi de quelle manière admirable la révélation répond aux besoins de l’homme et aux exigences de la gloire de Dieu. Dieu n’a pas créé l’homme dans l’état où il est maintenant. Il n’a pas lancé le monde loin de Lui plein de la confusion morale où nous le voyons, sans parler de toutes les misères physiques qu’il recèle. Celui qui peut concevoir qu’un être suprême a fait l’homme et le monde tels qu’ils sont, doit avoir l’idée d’un démon, d’un Ahriman et non celle du vrai Dieu. Quoi ! un pouvoir infini aurait créé l’homme pour être victime de tant de douleurs ; pour avoir le coeur déchiré par des maux si divers, si intenses et incessants ; pour que le mal moral, suivant la parole de Dieu elle-même, fût inhérent à sa nature (doctrine que les faits confirment chaque jour) ! Pour accepter un fait semblable il faudrait avoir de Dieu une notion moins digne de Lui que le rationalisme même ne peut la concevoir. La parole de Dieu seule fournit la clé de cette énigme insoluble sans elle. Suivant l’Écriture, Dieu créa l’homme droit ; en sortant de ses mains le monde et tout ce qu’il renferme étaient bons. Mais l’homme s’est séparé de Dieu et moralement il a perdu Dieu. Les fondements étant renversés, Dieu abandonné et l’homme tombé par son orgueilleuse rébellion, quoi d’étonnant si la misère a été introduite dans le monde ! car la seule source possible de bonheur pour des créatures est dans leur communion avec Dieu. Le péché détruit nécessairement cette communion et l’homme ayant perdu Dieu, est devenu la proie de tout le mal que l’ennemi de Dieu a pu apporter dans le monde pour séparer plus profondément et, si possible, d’une manière plus irréparable la créature de son Créateur. Tel est le récit des Écritures. Nul autre ne peut lui être comparé et expliquer tout, de manière à justifier Dieu et à rendre compte de l’état de l’homme. Faire Dieu l’auteur du mal moral qui se trouve en l’homme est une impiété odieuse ; la conscience le reconnaît, même chez l’homme qui, pour s’excuser, désire qu’il en soit ainsi. Dès le début, donc, se montre l’immense et singulière valeur de la parole de Dieu. Une remarque d’une importance générale trouvera ici sa place : Avant que d’être écrite, la parole de Dieu fut adressée verbalement à l’homme. Alors comme toujours elle était le seul lien entre lui et le Dieu dont il s’était séparé. Le péché avait brisé la relation qui existait entre le Créateur et la créature ; la parole de Dieu vient établir des relations nouvelles. L’homme n’est pas plus tôt tombé, que Dieu apparaît sur la scène et annonce de la manière la plus touchante, non pas qu’il détruirait Lui-même celui qui avait introduit le mal, mais que la semence de la femme briserait la tête du serpent. Cette parole de Dieu devint la ressource sinon encore le repos de la foi. D’autres paroles y furent ajoutées en temps convenable, mais la première promesse de grâce suffisait pour que celui qui la recevait avec foi, y trouvât l’origine d’une nouvelle nature en regardant à la semence de la femme, au Seigneur Jésus-Christ. La parole de Dieu a été révélée avant que la bénédiction pût venir et afin qu’elle vînt pour l’homme séparé de Dieu.

 

3.2   Révélation orale quand l’homme vivait longtemps

À cette époque la sagesse et la bonté divines ne se manifestaient pas de la même manière qu’elles le font maintenant. La durée de la vie humaine sur la terre était considérable ; elle atteignait presqu’à mille ans et ainsi différait peu du terme auquel elle doit arriver (si même alors la dissolution du corps a lieu) quand le second homme prendra le gouvernement du monde. Alors la bénédiction de l’homme sur la terre sera complète et la vie arrivera à son plus haut développement. Mais l’homme ne la devra point à ses inventions ingénieuses, à quelque panacée qu’il aurait découverte ; cette gloire est réservée à la semence de la femme, à Jésus. On comprendra donc aisément pourquoi il n’était pas nécessaire qu’à cette époque la parole de Dieu fût écrite. Mais quand la vie de l’homme fut réduite à des proportions beaucoup moindres, quand Dieu cessa d’avoir ses communications de grâce avec des individus, mais choisit un peuple entier, alors sa parfaite sagesse se manifesta en confiant sa parole à l’écriture.

 

3.3   Une révélation de Dieu écrite et confiée à un peuple particulier

L’ensemble de ces écrits fut appelé la loi, contenue quant à ses traits généraux et à ses fondements dans tout l’Ancien Testament, mais plus particulièrement dans les cinq livres de Moïse. À ceux-ci se joint le remarquable livre de Job, le témoin de ce que Dieu est pour un homme ; non pour un Juif, mais pour quelqu’un du dehors. Chose étonnante à dire, les Juifs ignorants de la valeur de ce trésor sans égal, sont cependant ceux à qui nous le devons. Ils nous l’ont transmis sans voir que ce livre condamne leur étroitesse, sans apercevoir à quel point y est supposée et même affirmée la miséricorde de Dieu envers un étranger, et sans en conclure que le Dieu d’Israël est le Dieu qui a eu compassion de l’homme plongé dans la misère et dans l’iniquité, de l’homme jouet du pouvoir de Satan, mais restant cependant toujours dans la main de Dieu qui accomplit son propre dessein d’épreuve et de grâce, dessein arrêté avant que Satan ait introduit la tentation, dessein que Satan ne fait qu’accomplir en cherchant à l’entraver, à le corrompre et à le détruire.

Une quantité d’autres témoignages, rendus en temps convenable, ont suivi les livres de Moise. C’est à cette collection, nommée l’Écriture, que notre Seigneur emprunte diverses citations, quand l’occasion l’y appelle, mais en s’en servant toujours comme d’une autorité décisive. C’est le principe qu’Il pose en Jean 5 dans sa discussion avec les Juifs. Il y justifie le jugement à venir par le poids et la variété des arguments adressés à leurs consciences. Il en appelle d’abord au témoignage de Jean Baptiste que les Juifs reconnaissaient comme un prophète. Il y avait un témoignage plus grand encore : les oeuvres de Jésus, ses miracles dont n’approchèrent jamais, en grandeur et en caractère, ceux qui furent accomplis auparavant, car ils avaient une portée toute spéciale et beaucoup plus étendue. Ensuite le Père Lui-même rendait témoignage de Jésus. Mais quel est le témoignage que le Seigneur réserve pour le dernier et par conséquent pour le plus grand moralement ? Ses paroles ? non — mais les écrits de cet homme même qui, s’il fallait en croire notre siècle, n’a écrit aucun des livres qui portent son nom, mais tout au plus quelques légendes fragmentaires réunies plusieurs siècles plus tard dans ce qu’on appelle la loi de Moïse. Tel n’était pas le langage du Seigneur de gloire. Il a recommandé la lecture des livres de Moïse, il s’en est servi comme d’une autorité revêtue d’un caractère supérieur à toute parole. C’est là un point d’une importance capitale. Jésus censure les Juifs qui méprisaient Moïse au lieu de le croire ; il leur dit positivement que s’ils n’ajoutent pas foi à ses écrits, Lui-même ne peut s’attendre à ce qu’ils reçoivent ses paroles. Ceci n’implique nullement que les écrits de Moïse eussent en eux-mêmes quelque chose de plus divin que les paroles de Jésus ; Dieu nous garde d’une telle pensée. Mais le Seigneur attribue aux écrits de Moïse une autorité que nulle parole ne pourrait avoir. Qui niera que ce soit la doctrine du chapitre 5 de Jean et la conclusion claire et évidente qu’on doit en tirer ?

 

4                    Les prétendues obscurités de l’Écriture en rapport avec sa communication

4.1   Dieu communique la vérité de manière appropriée à l’homme

Ceci me conduit à un autre point sur lequel je désire m’arrêter un moment. On parle «de l’obscurité» de l’Écriture. Il n’est pas étonnant que l’Écriture soit profonde, et la révélation de Dieu infiniment au-dessus de l’homme. Mais pour cela est-elle obscure ? Certainement pas dans le sens de cette vague et sombre incertitude dont souffrent les hommes qui ont conscience de leur propre faiblesse. Je comprends qu’un homme obscurcisse l’expression de sa pensée par un nuage de paroles, précisément parce que la matière lui manque ou parce que, sans que peut-être il s’en rende compte, les idées sont peu nettes dans son esprit ; mais pour l’Écriture c’est le contraire qui est vrai. Non seulement Dieu voit toutes choses telles qu’elles sont en réalité, mais Il a dû communiquer la vérité (car tel est l’objet de la révélation) de la manière la mieux appropriée à l’homme et au moyen des instruments qui conviendraient le mieux à sa gloire. C’est ce qu’Il a fait. Le coeur, les moeurs, le caractère de chaque auteur inspiré se montre dans les Écritures ; chacun a son style et sa manière et cette variété que Dieu a voulu mettre dans sa révélation en est une des grandes beautés. Mais le trait essentiel et distinctif que nie le rationalisme, est que ce livre qui porte le nom choisi, le nom spécifique et bien approprié d’Écriture, soit la Parole de Dieu.

 

4.2   Distinction entre la Parole écrite et Jésus-la Parole

D’autres voudraient appliquer exclusivement à Jésus l’expression : «Parole de Dieu». Il est vrai que Jésus est le Verbe ou la Parole de Dieu et qu’ainsi il existe entre Jésus et l’Écriture un lien très étroit et caractéristique. Je fais cette remarque parce que, comme il arrive souvent, on trouve dans ces oppositions mêmes un rapport qui les concilie. Il est vrai que les Écritures se nomment elles-mêmes la parole de Dieu, et que d’un autre côté Jésus porte le nom de Parole de Dieu, mais l’Écriture est la parole de Dieu dans un sens tout spécial en ce que Dieu a continuellement devant Lui Jésus comme objet de la parole écrite. Jésus est de toute éternité et personnellement, la Parole de Dieu ; l’Écriture est la parole de Dieu écrite dans le temps, mais le fil, pour ainsi dire, qui en unit toutes les parties, de la Genèse à la Révélation, est le Seigneur Jésus Christ qui, directement ou indirectement, nous y est partout présenté par le Saint-Esprit

 

4.3   Jésus est la vérité

La raison de ce fait a une portée des plus profondes, et comme elle est d’un caractère général nous y jetterons un coup d’oeil. Jésus est la vérité. La vérité ne se trouve nulle part ailleurs. On peut découvrir bien des choses dans toutes sortes de domaines, mais la vérité est en Lui et séparée de Lui elle n’existe point. C’est une chose remarquable que jamais l’Écriture ne dit que le Père est la vérité et qu’elle n’emploie point cette expression favorite du rationalisme que «Dieu est la vérité», expression dont se servent aussi un grand nombre de théologiens, sans réfléchir qu’ils parlent ainsi en rationalistes. Ils n’ont, sans doute, aucune mauvaise intention, mais certainement ils ont tort. L’Écriture a raison, elle qui seule a une autorité divine. D’où vient donc qu’elle appelle Jésus la vérité et que jamais elle n’applique ce nom ni à Dieu, ni au Père ? C’est que la vérité révèle et exprime pleinement ce qu’est en réalité une personne ou une chose. Or Dieu est Celui qui subsiste par Lui-même et qui seul peut dire : «Je suis». Il s’est plu à se révéler non seulement dans la parole écrite, mais en Celui et par Celui qui étant Dieu a été fait homme et qui seul a pu être ainsi pour l’homme l’expression de Dieu même. Ainsi la vérité est l’expression de ce que Dieu est et non pas seulement l’être même de Dieu. Elle est donc grande la bénédiction que nous apporte la révélation qu’Il a faite de Lui-même par la Parole en personne, par ce Fils qui nous a fait connaître, comme Père, le Dieu que personne ne vit jamais. C’est pourquoi Christ est appelé dans l’Écriture «l’image du Dieu invisible».

 

4.4   Pas de connaissance de Dieu en direct

Les rationalistes qui disent volontiers que Dieu est la vérité, reculent devant les déclarations de l’Écriture qui donnent ce nom à Christ. D’où vient cela ? C’est qu’ils prétendent connaître Dieu directement et immédiatement par eux-mêmes et, qu’ainsi, en fait, sinon d’une manière formelle, ils excluent l’idée d’un Médiateur. Ils affirment que l’homme a la puissance de trouver Dieu sans secours étranger, sans une révélation, sans une expression personnelle de Lui-même. Tel est le vice fatal de leur système. Il peut n’être pas poussé en tous au même degré : la piété, le respect et la tradition arrêtent parfois son entier développement. Néanmoins le rationalisme considéré dans son principe et suivi jusqu’à ses dernières conséquences, conduit à l’exclusion absolue de la vérité comme révélée dans la personne de Christ. Ou bien il affirme que l’homme a, par lui-même, la faculté de connaître Dieu, ou bien il lui ôte tout espoir d’arriver à la vérité. Il est conduit au panthéisme qui fait de l’homme une partie de la Divinité, ou à l’athéisme qui nie le Dieu qu’il ne peut parvenir à connaître. Telle est la philosophie du jour sous ses formes variées.

 

4.5   Dieu le Père n’est connu que par Celui qui est Dieu ET homme

L’Écriture coupe le principe dans sa racine, en nous révélant Christ comme le Seul qui présente objectivement la vérité — cette vérité qui était révélée dans les paroles de l’Écriture. Elle lève ainsi la difficulté qui résulte de l’impossibilité où est l’homme comme tel de connaître Dieu. En effet, l’être créé qui n’a qu’une existence dépendante et relative ne peut par lui-même arriver à la connaissance de Dieu, l’Être absolu. Une distance infinie existe nécessairement entre le Dieu créateur et la créature considérés comme tels ; que sera-ce quand, à la différence de nature, viendra s’ajouter la séparation morale causée par le péché ? Un abîme a été creusé entre Dieu et l’homme. Qui le franchira ? C’est Celui qui, descendant de Dieu vers l’homme, a daigné s’abaisser Lui-même par amour, et non seulement a mis la Divinité en contact avec l’homme, mais est venu pour être un homme parmi les hommes. Ici se montre la grande vérité fondamentale qui est au fond de toute vérité venant de Dieu et de toute espérance pour l’homme, vérité sur laquelle l’orthodoxie insiste avec justesse et ne peut trop insister : c’est que la même Personne bénie venue d’en haut pour révéler Dieu à l’homme est à la fois aussi véritablement Dieu qu’elle est véritablement homme. Nous avons donc là Celui qui en Lui-même est l’Être absolu, car Il est Dieu ; celui qui, d’un autre côté, étant homme, a pu entrer en relation avec les hommes, combler l’espace qui les séparait de Dieu et Le leur faire connaître. Devenu homme sans cesser d’être Dieu, et unissant Dieu et l’homme dans la même personne, Il est précisément Celui qui pouvait nous donner la vérité impossible à connaître autrement. Le Père demeure dans son inaccessible Divinité ; c’est le Fils, l’homme Christ Jésus qui devient le Médiateur entre Dieu et l’homme.

 

4.6   L’Esprit, aussi, est la vérité

Cependant la connaissance de Dieu n’est pas la seule chose qui manque à l’homme ; son coeur est rebelle ; ni l’amour, la bonté et la vérité que Dieu révèle en Christ, ni le sentiment de ses besoins, de sa misère et de son péché, ne peuvent par eux-mêmes amener l’homme à Dieu et surmonter la résistance de son esprit charnel. Comment cette difficulté sera-t-elle vaincue ? Par un autre grand fait de la nature divine clairement mis en évidence dans la parole de Dieu. Non seulement nous y voyons Celui qui est objectivement la vérité, le Seigneur Jésus, mais aussi Celui qui a la puissance de faire pénétrer la vérité, en grâce, dans le coeur de l’homme, en vertu des conseils de Dieu et de la rédemption de Christ, communiquant ainsi à l’homme une nature toute nouvelle. Quel est-il ? C’est l’Esprit ; et voilà pourquoi il est dit de lui, aussi bien que du Fils, qu’il est la «Vérité», 1 Jean 5:6. Le Fils est ainsi nommé parce qu’il apporte la vérité dans sa propre personne, l’Esprit parce qu’Il nous l’approprie. L’Esprit qui nous apporte la parole écrite et qui la mêle avec la foi en ceux qui l’écoutent devient ainsi le lien immédiat entre Dieu et l’homme. C’est ainsi que Dieu établit la chose et rien ne montre d’une manière plus distincte et plus bénie sa sagesse et sa grâce. Qui se plaindra du manque de clarté, même dans cette exposition de la vérité la plus abstraite ? On pourrait à peine trouver d’un bout à l’autre de la parole révélée de Dieu des communications faites avec une plus grande simplicité. Cependant il s’agit de la vérité la plus haute, de la nature même de Dieu, ainsi que des besoins les plus profonds de l’homme ; néanmoins quoi de plus clair ?

 

5                    Les prétendues obscurités de l’Écriture en rapport avec sa compréhension

5.1   L’Écriture ne se comprend pas si la volonté est contraire à Dieu

Il est bon d’établir un autre fait. La difficulté que l’on éprouve à comprendre la parole de Dieu ne provient pas de ce qu’il s’y trouve quelque obscurité, mais de la volonté de l’homme éloigné et séparé de Dieu par sa propre nature. Au contraire la parole de Dieu est trop claire pour lui ; là est la vraie difficulté s’il voulait le reconnaître. J’avoue bien qu’il y a des cas où un doute loyal produit plus de travail de conscience qu’une foi purement traditionnelle. Celui qui accepte les choses uniquement parce qu’elles sont généralement admises croit l’homme et non pas Dieu ; sous la moindre pression il abandonne ce qu’il avait reçu. Il laissera ce qu’il appelle sa foi avec la même facilité qu’il l’avait acceptée : elle n’a jamais pénétré au fond de son âme, jamais elle n’y a été plantée de Dieu. Quand une chose intéresse profondément, on n’est pas si prompt à recevoir ce qui en est dit, tandis qu’on croit ou on nie n’importe quoi de ce dont on se soucie peu. Une foi qui vient et s’en va si aisément n’est guère que de l’indifférence.

 

5.2   La foi surmonte les vraies difficultés

On ne s’inquiète pas beaucoup de contrôler la vérité d’un récit qui ne nous touche point, alors même qu’il semblerait suspect. Mais que l’on vienne dire à un homme que dans un pays éloigné quelqu’un lui a laissé une grande fortune, son attention est aussitôt fortement attirée. Il ne demande pas mieux que d’être convaincu ; mais les difficultés qu’il rencontre et l’intérêt même qu’il porte à cette affaire, font qu’il hésite à croire et qu’il demande des preuves certaines. Tel est précisément le cas des personnes qui s’intéressent au témoignage de l’Écriture et sur le coeur desquelles l’Esprit de Dieu agit de manière à leur faire réellement désirer que sa parole soit vraie. De tels hommes cherchent, croient du coeur et sont sauvés.

 

5.3   L’homme s’oppose à la Parole car elle met à nu son état

Mais la vraie cause de l’opposition de l’homme à la parole de Dieu c’est qu’elle lui montre sa véritable condition, et met entièrement à nu toutes ses misères. Il n’est rien que l’homme déteste autant et contre quoi il lutte avec plus d’énergie. Je sais bien qu’un homme endurci dans le mal est insensible à tout reproche et ne connaît plus même la honte ; mais, dans son état ordinaire, l’homme n’accepte qu’à la dernière extrémité le fait de l’entière corruption de sa nature. Or c’est là ce que l’Écriture tout entière tend à établir. Nous ne trouvons qu’une seule parole de Dieu qui se rapporte à l’état primitif de l’homme, celle qui lui fut donnée comme règle de conduite dans le jardin d’Éden. Mais depuis la chute, toute parole révélée, pour le repos de la foi, a eu pour objet d’abaisser le premier homme et d’exalter le second, de montrer l’homme à nu, tel qu’il est, déchu d’auprès de Dieu, mais aussi de présenter le second homme, le Seigneur Jésus, comme l’unique libérateur.

 

5.4   L’homme ne voit pas les beautés et perfections de l’Écriture

Telle est donc la grande difficulté que le coeur humain rencontre dans l’Écriture. Non seulement elle renferme la vérité, mais elle a un caractère moral : condamner la nature de l’homme ; introduire la volonté de Dieu. Tout, en elle, tend à cette fin. Il n’y a pas une seule portion des Écritures qui ne renferme un élément moral. Dans une simple généalogie, Dieu ne sépare pas la vérité de ce qui semble n’être qu’une sèche nomenclature. Prenons par exemple le premier chapitre de l’Évangile de Matthieu. Les rationalistes pourraient dire que l’écrivain sacré ne savait pas même compter jusqu’à quatorze et qu’ainsi sa science était inférieure à celle du plus mince écolier. Voilà ce que discernerait la sagesse humaine. Mais quoi qu’il en soit j’affirme que ce chapitre, et je parle de cette liste de noms qui en est la partie la plus sèche comme l’on dit, porte la marque et le cachet de Dieu tout aussi réellement, quoiqu’avec moins d’évidence, que le chapitre 17 de Jean. Dans chaque détail il est comme revêtu d’un dessein divin plein de profondeur. Pour ne citer qu’un exemple : qui, si ce n’est Dieu, aurait eu la pensée de commencer cet Évangile par les noms de David et d’Abraham et eût mis ces deux points capitaux en lumière dès le premier verset ? Pourquoi ne pas remonter jusqu’à Adam comme le fait Luc ? C’est que David et Abraham seuls convenaient dans l’Évangile de Matthieu, tandis que si Luc avait commencé à eux ou s’était arrêté là, le dessein que l’Esprit de Dieu se proposait dans son Évangile n’aurait pas apparu avec la même perfection.

J’ai indiqué ces faits pour montrer que l’Écriture décèle en tout un dessein plein de puissance morale, de grâce divine et de profonde sagesse. Quel est ce dessein ? Matthieu le connaissait-il tout entier ? Ce n’est point la question ; la grande affaire pour nous est de savoir que ce dessein était de Dieu et cette sagesse bien au-dessus de celle de Matthieu. Combien d’entre nous cependant ont passé sur ces lignes, les premières de l’Évangile, sans remarquer ce qu’elles renferment ! C’est que nous pénétrons bien peu dans les trésors de sagesse que Dieu a cachés dans les Écritures. Telle est leur beauté que le docteur le plus éclairé et le prédicateur le plus éloquent n’y peuvent rien ajouter, mais seulement aider à découvrir la richesse qui s’y trouve. Cela montre que le vrai ministère, pas plus que l’autorité de l’Église, ne sont en affaiblis en aucune manière par l’affirmation de la divine inspiration des Écritures. Au contraire, c’est l’Écriture qui donne autorité à l’Église en fournissant tous les matériaux nécessaires au ministère. En réalité le ministère en lui-même n’est pas une autorité, puisqu’il implique l’idée de service, même lorsqu’il s’agit «d’être à la tête» (Rom. 12:8) ; car j’affirme que parmi ceux qui exercent le ministère il en est qui «sont à la tête». L’Écriture donc, bien loin d’entraver ou d’affaiblir, en ceux qui servent le Seigneur, ce qui est bon et de Dieu, leur fournit les matériaux les plus excellents et les plus abondants. Elle présente en outre un caractère encore plus distinctif et même unique. Elle n’est pas seulement une source de vérité, une source infiniment plus riche que toutes les autres mines de science spirituelle qui se trouvent dans le monde, mais surtout, quel que soit le sujet dont elle traite, elle donne la pure vérité, sans aucune erreur. Elle n’enseigne ni la science du 19° siècle, ni celle du premier, ni d’aucun autre, et c’est là précisément que nous trouvons la sagesse de Dieu. Elle diffère totalement de toute science humaine quant à son origine, sa nature, son caractère et son but. De l’avis de tous, le langage de la science a souvent changé ; souvent il a dû se modifier parce qu’il est imparfait comme tout ce qui tient à l’homme. Mais la parole de Dieu qui s’abaisse jusqu’aux plus humbles, ne change jamais, même pour les plus élevés. Elle est l’expression du seul Être immuable ; elle est la permanente communication de la vérité pour toutes les âmes, pour tous les lieux, pour tous les temps. Hors d’elle n’existe rien de semblable ; rien même qui en approche.

 

6                    Christ dans sa personne, et l’Écriture, sont la mesure de toute vérité

Si, comme nous l’avons indiqué, ni l’Église, ni le ministère ne sont et ne peuvent être la vérité, nous désirons montrer que l’Écriture est la vérité, parce qu’elle n’en est pas seulement la seule source, mais aussi l’unique mesure. Par elle nous pouvons éprouver toute assertion de l’homme ; en cela se montre par-dessus tout son caractère divin. Comme Christ, la parole écrite est la vérité. Christ dans sa personne, la parole écrite comme mesure de toute vérité, voilà entre les mains de ceux qui craignent le Seigneur, ministres ou non, la pierre de touche pour juger de tout ce qui peut être dit ou écrit. Quel trésor inestimable ! Or l’Écriture porte ce caractère parce que d’une manière directe ou indirecte elle a pour objet constant Christ qui est la vérité. Aussi quelque soit le sujet que vous considériez, ce n’est que par Christ que vous le connaîtrez dans sa réalité. Par exemple, vous désirez connaître Dieu, savoir qui Il est et quel Il est ; sans doute vous pouvez étudier et approfondir toutes les oeuvres qui dénotent une intelligence et une main divines, mais qui vous donnera une conception pleine, claire et adéquate de ce que Dieu est ? Christ seul, ses paroles, ses voies, ses oeuvres, étaient celles de Dieu. Je ne puis connaître Dieu qu’en le contemplant en Christ. Le Seigneur le dit Lui-même : «Celui qui m’a vu a vu le Père». Non pas qu’en aucun sens, la personne du Fils fût la même que celle du Père, mais Il était le seul qui pût nous le révéler. Un ange n’était pas suffisant pour cela, car un ange ne peut me faire connaître qu’une créature. Une personne divine, le Fils, l’image du Dieu invisible, Celui-là me donne la connaissance de ce que Dieu est.

 

6.1   Comment avoir une juste idée de l’homme ? par Christ

Supposons maintenant qu’il s’agisse d’une recherche toute différente et qui semble même incompatible avec le développement de ce que Dieu est dans la personne de Christ. Je voudrais me former une vraie idée de ce que doit être l’homme ; où la chercherai-je ? en vous, en moi, en quelque autre même des plus excellents qui existent ou qui aient existé ? Mais ne serait-il pas affligeant de penser qu’il n’existe pas pour l’humanité un idéal plus élevé, un modèle plus excellent que celui que nous trouvons en nous-mêmes ? Remonterai-je jusqu’à Adam, le premier homme ? Non, car je vois en lui un homme placé sous l’épreuve de l’obéissance, mais qui tombe et abandonne Dieu pour se satisfaire lui-même. Rien en Adam ne me donne l’idée de la vraie grandeur de l’homme. Mais l’idéal, le parfait modèle a existé, il existe. Contemplez Christ : voilà l’homme ! En Lui, je trouve ce qui répond à tout ce que le coeur demande, en Lui je vois la vraie noblesse et la perfection de l’homme ; en Lui je puis me reposer. Veux-je savoir maintenant, non plus ce que devrait être l’homme, mais ce qu’il est en réalité ; voir l’étendue de sa perversité ? Assurément je ne puis la trouver en Christ, et cependant, c’est en considérant Christ, que j’en verrai chez les autres, la pleine manifestation. Que l’on étudie l’homme dans tous les temps, nul doute qu’on ne trouve en lui toute espèce de mal. Je le vois méchant dans le paradis quand il tombe dans la désobéissance ; non moins méchant quand, hors du paradis, il tue son frère. Plus tard il apparaît dans toute sa corruption et sa violence jusqu’à ce que l’Éternel le balaie de dessus la terre. Avant que la loi soit donnée, il élève des idoles et adore des démons ; sous la loi il se révolte de la manière la plus criminelle. Où donc trouverai-je l’homme tel qu’il est ? Quand verrai-je toute sa corruption ? C’est lorsque apparaît au monde, dans la personne de Christ, la bonté, la pureté parfaites. Ainsi Christ est toujours et en tout la vraie pierre de touche. Il est la vérité et jamais nous ne possédons toute la vérité d’une chose jusqu’à ce que nous l’ayons comparée avec Christ. Hors de Lui, nous n’avons rien que de fragmentaire ; ailleurs, nous pouvons trouver sur l’homme, tantôt un aperçu tantôt un autre, mais devant Christ l’homme en entier apparaît tel qu’il est. Christ n’a pas frayé seulement avec les pauvres, mais aussi avec les riches ; Il a paru devant les profanes et devant les hommes religieux, devant les pharisiens et les sadducéens, devant Hérode et Pilate. Ainsi, devant Lui,  toute âme est mise à l’épreuve, car Christ, et Christ seul, est la vérité.

 

6.2   Comment avoir une juste idée du ciel ? par l’Écriture

De la même manière nous acquerrons une juste idée de ce que sera le ciel. Est-ce un lieu où brillent l’or et les pierres précieuses ? Nullement. L’Apocalypse, il est vrai, emploie ces expressions comme figures, en parlant de l’Épouse ou de l’Église glorifiée. Mais celui qui n’aurait pas d’autre conception du ciel serait un mahométan plutôt qu’un chrétien, et tout croyant sait bien que tel n’est pas le sens de l’Écriture. Dieu dans sa parole, se sert du langage figuré et symbolique, tout en nous donnant les directions nécessaires pour le reconnaître lorsqu’il l’emploie. Il n’y a donc là aucune des difficultés que l’incrédulité voudrait y voir. Au contraire, rien n’est plus beau que la manière dont Dieu, dans l’Écriture, adapte son langage à l’âme la plus faible, la plus humble, à l’enfant même ; mais c’est en Christ seul que tout est mis en lumière. Ainsi je sais que le ciel est le lieu où Dieu déploie sa propre gloire en couronnant l’homme qui fut rejeté hors du monde et par le monde. C’est le lieu où Christ est exalté, où Il a été reçu dans la lumière, l’amour et la gloire, où Dieu lui-même honore son Fils.

 

6.3   Christ est la mesure de l’état de toute âme

Mais comme Christ nous apprend ce qui constitue le ciel, de même aussi en Le contemplant nous voyons pourquoi et comment il se fait que l’âme la plus simple qui reçoit l’Évangile sera au ciel dans le cercle le plus rapproché du Fils de Dieu. Alors aussi nous comprenons une autre chose qui est un sujet de trouble pour certaines âmes : comment il se fait qu’un homme aimable, moral, bienveillant, puisse néanmoins être perdu au lieu d’aller au ciel. Combien n’y a-t-il pas de personnes qui ne comprennent pas cela ! Dieu ne serait-Il pas juste ? Certes Il l’est. Comment donc peut-Il précipiter dans l’enfer une personne consciencieuse, bienveillante, pleine d’amabilité, de délicatesse et de tout ce qui fait le charme de la société humaine ? C’est que Christ est la mesure de toute âme ; et que, si l’homme le plus irréprochable, le plus intelligent à tous les autres égards, emploie ses qualités et s’appuie même sur elles, comme cela arrive constamment, pour rejeter Jésus et refuser d’être sauvé comme un misérable pécheur, je prétends qu’un tel homme est condamné avec justice, car il méprise la grâce de Dieu.

 

6.4   La vérité sur la justice est mesurée par le fait d’accepter ou de rejeter Christ

J’affirme ici solennellement cette vérité : le salut découle de la grâce ; le salut est pour ceux qui sont perdus ; le salut est pour ceux qui en ont besoin. Ce n’est pas seulement un secours, une aide, le salut est beaucoup plus que cela. Quand Dieu reconnaît les Juifs pour son peuple, Il leur donne des secours, des ordonnances, une sacrificature, une loi et tout un ensemble de directions rituelles. Entre les mains de l’homme faible et coupable, tous ces secours n’ont abouti qu’au rejet du Seigneur de gloire, à la crucifixion du Fils de Dieu. Par cet acte même où l’homme met le comble à sa perversité, Dieu a manifesté toute l’étendue de sa grâce. Car, quelque grande qu’elle parût, dans l’envoi de Jésus au monde comme messager d’amour, elle éclate d’une manière bien plus merveilleuse en ce que Dieu donna Jésus afin qu’Il mourût pour ses ennemis ; et, en ce qu’il fait, de leur plus horrible péché, la seule porte, non d’espérance seulement, mais de salut pour le plus misérable des pécheurs. Voilà ce que Dieu a fait, voilà la vérité, et à moins d’être aveugles, nous devons voir aussi en cela la plus haute expression de la justice, de la justice de Dieu maintenant révélée dans l’Évangile. En effet, il ne peut plus être question de réclamer la justice de la part de l’homme, comme le fait la loi, mais de la révéler de la part de Dieu ; telle est la signification précise de ce que nous avons tous lu en Romains 1 et 3 et 10. Arrêtons-nous un moment sur ce sujet afin d’apprendre à connaître de Lui-même, dans sa propre parole, «la justice de Dieu».

C’est une nouvelle espèce de justice, la justice justifiante de Dieu, par la rédemption qui est en Jésus-Christ notre Seigneur, en vertu de son sang et de sa mort. C’est la justice de Dieu, justifiant maintenant le pécheur par la foi en Jésus. Elle est pour l’homme perdu qui croit en Jésus, par lequel Dieu a trouvé le moyen de réconcilier ses ennemis avec Lui-même. C’est la justice de Dieu par l’oeuvre de Christ. Voilà la vérité. En conséquence salut ou perdition, motif du rejet de l’homme le plus moral, ou de l’acceptation du plus dépravé, tout trouve son explication dans ce fait que Dieu mesure tout par Christ. Si Christ est rejeté, tout est perdu : s’Il est reçu, tout est changé ; les choses vieilles sont passées, toutes choses sont faites nouvelles.

 

6.5   Contraste avec ceux pour qui l’homme est la mesure de tout

Combien le terme de comparaison diffère chez Dieu et chez les philosophes qui prétendent que l’homme est la mesure de toutes choses. Rien de plus faux que cette grande maxime fondamentale de la philosophie grecque. Aucun homme n’est la mesure de toutes choses, si ce n’est Christ, parce que seul Il est la vérité. La parole de Dieu en est la forme écrite, la parfaite expression. Mais à travers tout le saint livre, dans toutes ses pages, ne voyez-vous pas, ne sentez-vous pas vivre une personne que nous pouvons et devons aimer par dessus tout. Je comprends qu’un livre soit apprécié et révéré, mais on aime une personne tout autrement qu’un livre. De là vient que l’on ne peut avoir en Jésus une foi réelle, sans aimer sa Personne, parce qu’Il est la pleine expression de l’amour de Dieu, amour dont la perfection ne se trouve nulle autre part. Car, bien qu’autour de nous, il y ait partout des manifestations de la munificence et de la bonté de Dieu, nous voyons aussi partout une triste et rapide décadence. Combien ce monde n’offre-t-il pas, pour le penseur, de perplexités et de contradictions morales ! Sans doute il y a dans le printemps une magnifique exubérance de vie, mais feuilles et fruits ont disparu avant que l’hiver se termine. De même s’il y a dans la vie de l’homme une fleur de jeunesse, bientôt arrive la décrépitude et à la fin la mort. Ainsi toutes choses, dans ce monde, se flétrissent et tombent, parce que l’homme s’est séparé de Dieu. Mais un autre Homme est monté vers Dieu et a été immédiatement glorifié, non dans le ciel seulement, mais en Dieu Lui-même. C’est maintenant la vraie place où nous devons contempler l’homme, — dans la personne de Christ. Non seulement nous voyons en Lui la parfaite image de l’homme, mais nous apprenons quelle est la place que Dieu a donnée à l’homme, à sa droite dans le ciel, place que Christ est allé nous préparer.

 

6.6   La vérité sur l’état de l’homme et du monde est mesurée d’après Christ

Il y a plus ; en regardant à Christ je connais aussi bien ce que sera, selon Dieu, l’avenir, que je connais la place actuelle du chrétien. Les nations se consument elles-mêmes pour le néant, essayant tantôt un moyen, tantôt un autre d’améliorer le monde. Je ne m’étonne pas si les hommes d’état se lassent et s’usent au milieu de changements et de déceptions continuels, car en fin de compte, dans tous leurs efforts, je ne vois que l’homme, essayant de réparer ce qui ne peut l’être. Mais voici ce que Dieu veut faire : Pour Lui, il n’est point question de réparer ce qui est ruiné, mais d’introduire ce qu’Il nomme une nouvelle création. Son dessein n’est pas seulement de se glorifier en transportant l’homme dans le ciel pour y être avec Christ et pour régner avec Lui, mais aussi de bénir l’homme sous le règne de Christ sur la terre. Dieu a promis à Christ que la terre et tout ce qu’elle contient lui serait assujetti, car la réconciliation ne s’étend pas seulement à ceux qui croient, mais à toutes choses. La vérité donc triomphe de tous les raisonnements de l’homme. Le rationalisme ne veut juger de rien que par l’expérience de l’homme. En conséquence, comme l’homme ne peut faire des miracles, il n’y en a point eu ; l’homme ne peut prophétiser, il n’y a donc point de prophéties. Dans cette école tout se fonde sur ce qui est renfermé dans le petit cercle du pouvoir, de la connaissance et de l’expérience de l’homme. Mais l’homme, bien loin d’être la mesure de toute chose, n’est en réalité la mesure d’aucune. C’est à Christ seul que cela appartient. Christ est la vérité ; voilà ce que j’ai désiré imprimer dans votre esprit.

 

7                    Conclusion : Notre sauvegarde est la Parole de Dieu

Je ne voudrais pas prolonger davantage. J’ai essayé de montrer, en opposition au rationalisme, les grands traits distinctifs de la vérité en Christ. Les hommes peuvent dire, quant à la parole de Dieu, qu’elle renferme une poésie sublime, de merveilleuses biographies, d’admirables maximes, une sagesse que l’on ne trouve nulle part ailleurs et la plus profonde moralité. Tout cela est très vrai, mais inutile ; car à quoi servent la plus haute poésie, l’histoire la plus vraie, les plus saines maximes et les vues les plus profondes sur le coeur, si après tout vient la perdition, lot assuré de ceux qui n’ont pas reçu la vérité, et surtout de ceux qui auront vécu au sein de la chrétienté ? En effet : ce fut le grand crime des Juifs de rejeter Christ ; mais combien sont plus grandes l’apostasie et la culpabilité de ceux qui ont joui de privilèges plus excellents et d’une plus entière connaissance de la vérité. De là vient que le rationalisme est un des plus puissants courants qui emporte avec lui tous ceux qui s’y confient. Que le Seigneur nous délivre de ce qui ne peut que nous attirer dans la destruction : de ce système qui exalte l’homme et abaisse le Christ qu’il fait profession d’honorer, mais qu’en réalité il ne reçoit pas comme étant la vérité.

Que le Seigneur donne à tous ceux qui écoutent d’abord la foi pour recevoir Jésus-Christ, le Fils de Dieu, puis pour lire la parole de Dieu comme la divine expression de Jésus, le Verbe en personne, placé devant nous dans la parole écrite. Notre sauvegarde, que Dieu nous a donnée spécialement pour les derniers jours — ce ne sont pas les ministres fidèles — quoique je sois assuré que Dieu les donnera aussi longtemps qu’il rassemble son Église sur la terre ; — ce n’est pas l’Église — car elle-même a besoin d’être gardée et ainsi ne peut être notre sûreté — c’est la parole de Dieu. Ce n’est pas même l’Esprit, quoique la Parole ne puisse avoir de puissance sans l’Esprit et que l’on ne puisse connaître la valeur de Christ qui est la vérité sans avoir l’Esprit qui est aussi la vérité. Mais pour reconnaître que l’on a l’Esprit de vérité et que l’on n’est pas la proie du fanatisme, il faut que l’âme soit attachée et soumise au Seigneur Jésus, le Fils de Dieu, et cela ne peut exister sans la foi produite et nourrie par la parole de Dieu.