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Que dit l’ÉCRITURE ? (Rom. 4:3)

 

 

Réponse (par W.J.Lowe puis Élie Périer) à des questions posées par les lecteurs du périodique «le Salut de Dieu» entre 1873 et 1917

 

 «Sondez les Écritures, car vous, vous estimez avoir en elles la vie éternelle, et ce sont elles qui rendent témoignage de moi» Jean 5:39

 «Toute écriture est inspirée de Dieu, et utile pour enseigner, pour convaincre, pour corriger, pour instruire dans la justice, afin que l’homme de Dieu soit accompli et parfaitement accompli pour toute bonne oeuvre» 2 Timothée 3:16, 17

«Et ils reçurent la parole avec toute bonne volonté, examinant chaque jour les Écritures pour voir si les choses étaient ainsi» Actes 17:11

Sommaire

11.          Ps. 22 ; Matt. 27:46. Caractères de l’abandon de Christ

17.          Lam. 3:27 ; Matt. 11:29-30. Porter le joug

20.          Matt. 5:13 ; Marc 9:50. Signification du sel

21.          Matt. 5:25-26. Se mettre en règle avec sa partie adverse

22.          Matt. 11:3, 11. Jean le baptiseur. Sa question au Seigneur

23.          Matt. 11:12. Le royaume pris par violence

24.          Matt. 12:32. Le péché qui ne sera jamais pardonné

25.          Matt. 16:18. Les portes du hadès ne peuvent pas prévaloir contre l’Assemblée

26.          Matt. 16:24 ; Luc 9:23. Prendre sa croix

27.          Matt. 16:28. Voir le Fils de l’homme venant dans son royaume

28.          Matt. 17:3. Pierre reconnaît Moïse et Élie

29.          Matt. 18:12-14 ; Luc 15:1-7. S’agit-il des mêmes paraboles ?

30.          Matt. 19:23-24. Le royaume de Dieu et le royaume des cieux

31.          Matt. 24. La grande tribulation et le jugement des nations

32.          Matt. 24:21 ; Apoc. 7:14. S’agit-il de la même grande tribulation ?

33.          Matt. 25. Le jugement des nations est-il final ?

35.          Luc 5:36 ; Matt. 9:16. Le drap neuf et le vieil habit

103.        Héb. 13:17 et Matt. 23:8. Quelle différence faut-il faire entre ces conducteurs ?

104.        Héb. 13:7, 17 et Matt. 23:8. Faut-il reconnaître ou être sur ses gardes vis-à-vis de ces conducteurs ?

120.        Apoc. 7:9-17. Une grande foule. Dans Matt. 20:16 ; 7:14 : Peu d’élus

 

11        Est-ce comme Dieu ou comme homme que Christ a été abandonné, lorsque sur la croix il a crié : «Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ?» (Matthieu 27:46 ; Psaume 22:1). Dans le Psaume 22:5, il dit : «Moi, je suis un ver, et non point un homme».

Il est évident, d’après les Écritures, que le Seigneur Jésus Christ «s’est anéanti, étant fait à la ressemblance des hommes», et cela afin de mourir (Philippiens 2:6-8 ; Hébreux 2:9). La mort est entrée par un homme qui a péché, de même la résurrection des morts est introduite par un homme, par Christ, qui est appelé «le second homme» (1 Corinthiens 15:21, 47). Or on ne peut pas ressusciter sans avoir passé par la mort. Nous avons donc là un témoignage bien clair, relativement à l’humanité de Christ en rapport avec la mort, et il y en a d’autres, par exemple Romains 8:3.

Mais, d’un autre côté, il faut se garder de perdre de vue la divinité du Seigneur. Il était la Parole «faite chair» qui habita au milieu de nous, «et la Parole était Dieu» (Jean 1:1, 14). En devenant homme, Il n’a pas mis de côté sa divinité. «Avant qu’Abraham fût, Je suis», dit-il, et les Juifs comprirent si bien que par ces paroles il affirmait sa divinité de la manière la plus positive, qu’ils prirent des pierres pour le lapider. Ce fut la même chose, lorsqu’il a dit : «Moi et le Père, nous sommes un» (Jean 8:58, 59 ; 10:30, 31, 33).

Il est donc impossible de séparer en Christ l’humanité et la divinité. Dans sa nature, il était Dieu, et il est devenu homme en entrant dans ce monde. On comprend donc que dans sa mort il puisse être vu sous différents aspects, ainsi que nous le voyons dans les quatre évangiles. Dans les deux premiers, Matthieu et Marc, Il nous est montré comme «abandonné» sur la croix. Là il est donc question de l’expiation. Dans Matthieu, Christ est présenté comme «fils de David, fils d’Abraham» (Matthieu 1:1), par conséquent, il s’agit plutôt de son humanité.

Mais dans Marc, il est «Fils de Dieu» (Marc 1:1), le parfait serviteur de Dieu, son Fils bien-aimé en qui il trouvait son plaisir (vers. 11). Nous trouvons donc là davantage sa divinité, et ainsi nous avons une réponse à la question.

Les Écritures sont encore plus explicites sur ce point : Matthieu et Marc, les deux seuls évangélistes qui rapportent les paroles de Christ : «Pourquoi m’as-tu abandonné ?» sont aussi les seuls qui donnent le témoignage du centurion au sujet de la mort de Jésus : «Certainement celui-ci était Fils de Dieu» (Matthieu 27:54 ; Marc 15:39). De plus, Marc appuie davantage sur l’expression : «Certainement, cet homme était Fils de Dieu», et il fait ressortir très clairement que la mort du Seigneur était un acte délibéré, et non l’effet de l’assujettissement de notre race déchue au péché et à la mort. Le Seigneur avait pris volontairement sur lui nos péchés, aussi remet-il son esprit au Père de sa propre volonté ; il laissa sa vie de lui-même (Marc 15:37-39 ; comparez Jean 10:17-18). «Ayant jeté un grand cri, il expira». C’est là ce qui frappe tellement le centurion et lui fait rendre ce témoignage : «Cet homme était Fils de Dieu».

Enfin n’oublions pas que la rédemption obtenue par le Seigneur est une «rédemption éternelle», infinie dans sa valeur. Il fallait donc un sacrifice à la hauteur de cette rédemption, celui de l’Agneau de Dieu, préconnu dès avant la fondation du monde (1 Pierre 1:18-20). C’est par le sang de son propre Fils que Dieu a acquis l’Assemblée (Actes 20:28). Et c’est ainsi que la vie et l’incorruptibilité ont pu être mises en lumière par l’évangile (2 Timothée 1:10).

L’expression : «Je suis un ver, et non point un homme», montre le profond degré d’abaissement auquel le Seigneur de gloire avait bien voulu descendre.

 

17.       Dans le chapitre 3 des Lamentations, verset 27, quelle différence y a-t-il avec le «.joug» du chap. 11:29-30 de Matthieu ?

Les grands principes des voies de Dieu envers l’homme, que nous trouvons dans l’Ancien Testament, sont vrais, quelle que soit la forme spéciale de la «dispensation» sous laquelle on vit. Bien loin de perdre leur valeur sous la dispensation chrétienne où nous sommes, ils ont une double application : d’abord ils nous font comprendre comment Dieu agit dans son gouvernement ; ensuite ils nous donnent l’intelligence du sentier dans lequel a toujours marché, en homme divinement parfait, celui qui est à la fois notre modèle et notre Seigneur, savoir Jésus Christ. Toute la parole de Dieu se rapporte à lui (Luc 24:27, 44).

«Il est bon à l’homme de porter le joug dans sa jeunesse». Voilà le grand principe moral. «La jeunesse» est, en effet, le moment propice et ordonné de Dieu pour apprendre l’obéissance. (Comparez le livre des Proverbes, surtout ch. 1 à 4, 8, 10:1, etc.). Que de peines, que d’expériences pénibles sont évitées lorsqu’on apprend jeune encore cette précieuse leçon ! Si l’on a été habitué «au joug» dans sa jeunesse combien plus faciles deviennent les leçons de la vie, et soi-même plus apte à en profiter !

Voyez, ensuite, dans l’évangile de Luc, la gloire morale de Celui qui, par sa sagesse à l’âge de douze ans, étonnait les docteurs dans le temple à Jérusalem, mais qui était pourtant «soumis» à ses parents (chap. 2:41-52). Contemplez le «joug» que portait de si bon gré celui qui est venu pour faire la volonté de Dieu, Celui qui, «étant en forme de Dieu», n’avait pas été dans la position d’obéir, mais qui «s’est anéanti lui-même, prenant la forme d’esclave», afin de se trouver dans la plénitude de sa grâce tout près de nous dans ce monde de souffrance et de misère, et nous apprendre à être parfaits en tout, dans le sentier de l’obéissance. «Il a appris l’obéissance par les choses qu’il a souffertes» ; il a souffert, étant tenté : par conséquent il est à même de secourir ceux qui sont tentés. Dans le sentier de l’obéissance, le chrétien n’est pas seul ; il y trouve, pendant toute la durée de sa course, la force et l’encouragement que donne la sympathie de Jésus. Paul désirait connaître Christ en souffrant avec Lui dans son sentier à travers la terre (Philippiens 3). Nous aussi, nous avons à apprendre de Celui qui a toujours été débonnaire et humble de coeur, en portant son joug dans les détails journaliers d’une vie dévouée au Seigneur, lui étant soumis en toutes choses. Nous jouirons ainsi de ce repos de l’âme que l’on ne trouve qu’en suivant de près Celui qui faisait toujours ce qui était agréable à son Père. On possède ainsi une joie céleste qui inonde le coeur et fait éprouver en pratique que son joug est aisé et son fardeau léger.

 

20.       Que représente le «sel» dans les passages Matthieu 5:13, et Marc 9:50 ?

D’une manière générale, le «sel» présente un contraste avec la corruption. Il est un agent conservateur contre la corruption, pour le maintien efficace de la pureté. En outre, il a de la «saveur», et il en donne. Voyez Job 6:6. On comprend donc pourquoi, dans les directions données pour les sacrifices, il est mentionné en rapport avec l’alliance de Dieu. Toute offrande devait être «assaisonnée de sel» (Lévitique 2:13). Cela rappelait au coeur du fidèle Israélite que les sacrifices n’étaient pas une simple formalité à laquelle tout homme, pur ou impur, pouvait prendre part. Dieu, qui sonde le coeur, veut la vérité dans l’homme intérieur (Psaume 51:6). Il demande la droiture, la pureté des intentions et des affections chez tous ceux qui s’approchent de lui en vertu de cette alliance, laquelle, du côté de Dieu, ne peut jamais faire défaut.

Le Seigneur, dans le chap. 9 de Marc, à la fin du passage solennel qui met devant nous l’alternative entre «la vie» et les tourments de la géhenne, fait allusion, non seulement aux injonctions citées ci-dessus au sujet des sacrifices, mais aussi à «la saveur» du sel, mentionnée également dans l’Évangile de Luc, chap. 14. «Tout sacrifice», dit-il, «sera salé de sel». Le mot «sacrifice» ici doit évidemment être compris dans le sens que l’apôtre lui donne dans l’épître aux Romains (chap. 12:1 ; 15:16) ; en un mot, c’est un croyant véritable, qui appartient à Dieu en vertu de la grâce dont il est l’objet, et qui doit être maintenu dans un état de pureté répondant à ses relations établies avec Dieu. C’est donc à cela que le croyant doit faire attention, veillant à ce que rien ne contrevienne à ces relations, soit par les agissements d’un coeur charnel, soit dans ses rapports avec autrui. «Ayez du sel en vous-mêmes», dit le Seigneur, «et soyez en paix entre vous».

Si l’on ne fait pas attention à garder une conscience sensible et délicate, le «sel» peut «perdre sa saveur». Et dans ce cas-là, qu’est-ce qui agira sur nous pour redresser des affections déréglées, ou pour nous rendre attentifs quand nous avons manqué à nos devoirs ? Le Saint Esprit, par le moyen de la parole de Dieu, occupe nos coeurs de Christ, et nous sommes ainsi gardés dans le jugement de nous-mêmes qui convient à un chrétien marchant dans la présence de Dieu. Mais il faut de la vigilance ; il faut du courage pour obéir ; il faut persévérer dans la prière, en attendant le retour de Christ. (Voyez Jude 20:21).

Dans le passage de Matthieu 5:13, le Seigneur dit que les chrétiens sont «le sel de la terre», — précieux privilège, en effet, qui réveille les affections implantées dans le croyant, et les exerce en faveur d’un monde qui «gît dans le méchant». Si la patience de Dieu s’exerce constamment envers les pécheurs pendant ce jour de grâce, les chrétiens doivent comprendre leur responsabilité de «prier pour tous les hommes», afin que Dieu, dans sa bonté, suspende le jugement jusqu’à ce que les pécheurs soient convertis (1 Timothée 2:1-6). Le Seigneur a trouvé un trésor dans le «champ» de ce monde, et il l’y a caché ; mais il nous dit qu’il a acheté le champ à cause du trésor (Matthieu 13:44). Il convient donc que nous soyons pénétrés de cette pensée, et que notre attitude vis-à-vis du monde soit caractérisée par la grâce du Seigneur qui est venu pour le sauver et qui, dans ce but, a laissé sa vie. C’est dans ce sens que les croyants sont le sel de la terre, car c’est à cause d’eux que Dieu a patience envers la terre et qu’il ne la détruit pas à cause de sa corruption. Raison de plus pour que le chrétien veille à ce que le sel ne perde pas sa saveur,

21.       Comment faut-il comprendre le passage, Matthieu 5:25, 26 ?

En premier lieu, le Seigneur faisait sans doute allusion à sa présence au milieu du peuple, présence qui caractérisait son appel à la repentance, car «le royaume des cieux s’était approché» (chap. 4:17). Il fallait se mettre en règle avec Dieu pendant que l’occasion était offerte pour le faire, avant de comparaître devant Celui qui jugera chacun d’après les principes de Sa justice, sans faire acception de personnes. C’était un moment de grâce, dont on ne devait pas abuser. Les pauvres en esprit, les débonnaires, ceux qui menaient deuil, étaient bienheureux. Bientôt le jugement serait établi, et alors l’invitation à profiter de la grâce cesserait. Avant toute chose, il fallait se placer en vérité devant Dieu, qui connaît et sonde tous les coeurs, selon leur état actuel, et non pas quant à ce qu’on aurait désiré être ou faire.

C’est là ce que nous avons tous à faire ; car le jour de la grâce dure encore. Nous sommes «en chemin avec la partie adverse», avec Dieu qui nous condamnera sûrement, si nous ne profitons pas de la grâce qui nous est offerte.

22.       1) Dans le chapitre 11 de Matthieu, Jean le baptiseur manifeste-t-il un doute au sujet de la personne du Messie quand il envoie ses disciples à Jésus pour lui demander s’il est celui qui doit venir ?

2) Comment le plus petit dans le royaume des cieux est-il plus grand que Jean ?

Il ne faut pas oublier la position dans laquelle se trouvait alors Jean le baptiseur. Le témoignage public qu’il avait eu à rendre au Messie se trouvait terminé du fait de son emprisonnement. Il semblait abandonné et oublié de Celui qu’il avait annoncé, et qui, cependant, montrait sa puissance divine par les miracles dont Jean entendait parler. Mais au moment où l’espérance des fidèles, nourrie par toutes les prophéties, semblait sur le point d’être réalisée, Jean s’aperçoit qu’au lieu d’établir la gloire du royaume et de faire valoir son autorité en puissance sur la nation, Jésus se borne à accomplir des oeuvres de grâce au milieu des pauvres de la terre, et laisse en prison celui qui avait été envoyé devant sa face comme son ambassadeur.

En présence de cette profonde épreuve pour son coeur et pour sa foi, la question de Jean paraît toute naturelle : «Es-tu celui qui vient, ou devons-nous en attendre un autre ?» Dans un sens, il y a donc doute et trouble chez Jean. Mais remarquons combien la vraie foi diffère essentiellement de l’intelligence humaine : elle ne raisonne pas, elle attend un éclaircissement de celui qui seul peut le donner. Jean sentait que Jésus, et Jésus seul, pouvait répondre à sa question, calmer son inquiétude et dissiper ses doutes. Il s’adresse donc à Jésus. S’il y a défaillance et preuve de l’infirmité humaine chez celui qui était «le plus grand parmi ceux qui sont nés de femme», il n’y a pas moins chez lui une foi toute simple en celui vers qui il envoie ses disciples.

Citons quelques lignes des Etudes sur la Parole : «Dieu a permis cette question pour mettre chaque chose à sa place. Christ étant la parole de Dieu, dut être son propre témoin. Il dut rendre témoignage à lui-même, aussi bien qu’à Jean, et ne pas recevoir témoignage de Jean ; c’est ce qu’il fit en présence des disciples de Jean. Il guérissait toutes les maladies des hommes et prêchait l’Évangile aux pauvres, et les envoyés de Jean devaient porter à leur maître ce vrai témoignage de ce que Jésus était. Jean devait le recevoir...»

Ayant placé Jean sous la responsabilité de la réception du témoignage qui mettait tout Israël à l’épreuve, et qui distinguait le résidu de la nation en général, le Seigneur rend témoignage à Jean. En s’adressant à la foule et en rappelant à cette foule de quelle manière elle avait écouté les discours de Jean, il fait voir le point précis où Israël était arrivé dans les voies de Dieu. L’introduction du royaume faisait la différence entre ce qui précédait et ce qui suivait. Personne n’a été aussi près du Seigneur, ne lui a rendu un témoignage plus précis, plus complet que Jean le baptiseur. Il a été séparé de tout mal, par la puissance de l’Esprit de Dieu, et sa séparation était telle qu’elle le rendait propre à l’accomplissement d’une pareille mission au milieu du peuple de Dieu. Mais Jean n’avait pas été dans le royaume ; le royaume n’était pas encore établi. Or, être dans la présence de Christ, dans son royaume, jouissant de l’effet de l’établissement de sa gloire, valait mieux qu’aucun office de prophète témoignant et annonçant que ce royaume allait arriver. Cet établissement de la gloire du royaume n’est pas l’établissement de l’Église, mais des droits du roi, tels qu’ils se manifesteront dans la gloire. Les bases de ce royaume étant posées, les chrétiens sont dans le royaume, quoique d’une manière toute particulière et exceptionnelle. En effet, ils ont part au royaume et à la patience de Jésus Christ, glorifié, mais caché en Dieu. Ils partagent ici-bas le sort du roi absent ; ils souffrent avec lui, et ils régneront avec lui dans la gloire quand il apparaîtra (voyez Apocalypse 1:9 ; 2 Timothée 2:12 ; Romains 8:17).

Comme chrétiens, nous sommes donc dans une position plus excellente que celle de Jean ; mais être dans cette position et y être fidèle, ce sont deux choses bien différentes : rappelons-nous cela. Ayons l’intelligence spirituelle de nos hauts privilèges et des saintes responsabilités qui en découlent, pour que nous y marchions à la gloire du Seigneur qui s’est donné lui-même pour nous racheter.

23.       Comment faut-il entendre le verset 12 du chapitre 11 de Matthieu ? «Depuis les jours de Jean le baptiseur jusqu’à maintenant, le royaume des cieux est pris par violence, et les violents le ravissent».

Au moment où le Seigneur Jésus, parlant aux foules, rendait son témoignage à Jean comme étant «le plus grand de ceux qui sont nés de femme», celui-ci était dans la prison d’où il ne sortit plus vivant, et il ne se passa pas longtemps avant que le «roi», dont Jean avait annoncé la venue, fût également mis à mort. Une prophétie du Seigneur a eu ainsi son accomplissement. Répondant à ses disciples qui l’interrogeaient au sujet de la prophétie de Malachie (chap. 4:5), Jésus leur dit : «En effet, Élie vient premièrement, et il rétablira toutes choses ; mais je vous dis qu’Élie est déjà venu, et ils ne l’ont pas reconnu ; mais ils lui ont fait tout ce qu’ils ont voulu ; ainsi aussi le Fils de l’homme va souffrir de leur part». Les disciples comprirent qu’il leur parlait de Jean le baptiseur, qui était en effet le précurseur du Seigneur (Matthieu 17:9-13).

Jésus a daigné faire voir aux disciples pour quelques instants la gloire de son avènement futur «dans son royaume», mais le royaume n’était pas encore établi et ne pouvait l’être avant que Jésus eût accompli l’oeuvre de la rédemption en subissant la croix. Lorsque le Seigneur était sur le point d’entrer dans Jérusalem, peu de jours avant sa mort, la foule qui l’accompagnait pensait «que le royaume de Dieu allait immédiatement paraître». C’est alors qu’il leur montra par une parabole que, pour recevoir le royaume, il devait aller d’abord «dans un pays éloigné», c’est-à-dire au ciel, et ensuite «revenir» (Luc 19:11, 12). Sans cela, la prophétie de Daniel ne pouvait être accomplie, car il y est dit expressément que le Fils de l’homme viendra «avec les nuées des cieux», au moment où il lui sera donné une domination éternelle et un royaume qui ne sera pas détruit, pour que tous les peuples, les peuplades et les langues le servent (Daniel 7:13, 14).

En vue de l’établissement du royaume des cieux, le Seigneur, de même que Jean, avait prêché la repentance. Jean n’avait fait aucun miracle, mais Jésus avait accompagné sa prédication de beaucoup de miracles de grâce et de bonté, qui cependant ne firent pas une impression durable sur le peuple incrédule. Il le compara à de petits enfants assis dans les marchés et criant à leurs compagnons : «Nous vous avons joué de la flûte, et vous n’avez pas dansé ; nous vous avons chanté des complaintes, et vous ne vous êtes pas lamentés». Ils n’avaient pas prêté l’oreille à l’austère prédication de Jean pour venir à la repentance, et ils ne s’étaient pas laissés attendrir par l’intervention puissante du Dieu de toute grâce, pour chercher auprès de lui le pardon et la paix.

La foule, la nation en général, était indifférente ; les chefs tenaient déjà conseil contre Jésus pour le faire périr, et il fallait peu de chose pour engager la foule à se ranger du côté des chefs et à crier : «Crucifie-le». Tel était le moment solennel où Jésus parlait de Jean, le plus grand et le dernier des prophètes d’Israël. Le royaume était annoncé, mais pas encore établi, et pour y prendre part, en s’associant au roi rejeté, il fallait aller à l’encontre du monde qui ne voulait nullement la gloire et la sainteté de Dieu.

Selon les paroles d’un autre : «L’énergie de l’Esprit poussait l’homme à faire son chemin à travers toutes les difficultés et toute l’opposition des chefs de la nation et d’un peuple aveugle, pour jouir coûte que coûte du royaume d’un roi rejeté par l’aveugle incrédulité de ceux qui auraient dû le recevoir. Il fallait, puisque le roi était venu dans l’humiliation et qu’il avait été rejeté, il fallait cette «violence» pour y entrer... Si le royaume avait paru dans la gloire et dans la puissance de son chef, la violence n’aurait pas été nécessaire pour y entrer ; les enfants du royaume en auraient joui, comme de l’effet assuré de cette puissance ; mais Dieu voulait qu’ils fussent mis à l’épreuve moralement». (Études sur la Parole).

24.       Quel est le péché qui ne sera jamais pardonné aux hommes «ni dans ce siècle, ni dans celui qui est à venir» ? (Matthieu 12:32).

Le passage parallèle, dans l’évangile de Marc, ne laisse substituer aucun doute sur ce sujet ; car nous y trouvons l’explication des «paroles injurieuses contre l’Esprit Saint» auxquelles le Seigneur faisait allusion. Il y est ajouté : «C’était parce qu’ils disaient : Il a un esprit immonde».

Attribuer ouvertement à Satan les oeuvres miraculeuses par lesquelles le Seigneur démontrait sa puissance divine, c’était fermer la dernière porte que la grâce de Dieu avait ouverte en faveur de son peuple incrédule et rebelle, c’était aller au devant d’un jugement inévitable en portant à son comble la haine du coeur naturel contre Dieu et contre son Fils bien-aimé. Personne ne pouvait nier les miracles que Jésus faisait. Les reconnaître comme venant de Dieu, c’était reconnaître Jésus comme le Messie. C’est ce que les scribes de Jérusalem ne voulaient pas faire. Pour maintenir leur autorité, ils ne voyaient qu’une chose à faire, déclarer que le Christ chassait les démons par Béelzébul, le chef des démons. Leur folie fut mise en évidence par le Seigneur, et en même temps leur jugement.

25.       Dans le chapitre 16 de Matthieu, le Seigneur dit que les portes du hadès ne prévaudront pas contre son Église. Comment faut-il comprendre ce passage ? Est-ce que la ruine actuelle de l’Église professante a tellement changé les choses que ce passage n’a plus son application ?

La confession de Pierre d’après la révélation qu’il avait reçue du Père, déclarait la vérité quant à la personne du Sauveur, sûr fondement de l’Église. Jésus est lui-même le roc sur lequel il bâtit son assemblée. C’est lui-même révélé, non seulement comme le Christ, dépositaire et garant de toutes les promesses, mais encore comme le Fils du Dieu vivant, qui était dès l’éternité dans le sein du Père, existant avant toute promesse et indépendamment de tout ce qui a été fait. D’ailleurs tout ce qui a été fait était son oeuvre, créé par lui et pour lui. L’Église, étant bâtie sur ce fondement, partage ce caractère de vie impérissable, contre laquelle le pouvoir de Satan ne saurait prévaloir. Car c’est dans ce sens qu’il faut envisager «les portes du hadès». Les «portes» étaient le siège de l’autorité. Il s’agit donc du pouvoir de la mort et de celui qui a ce pouvoir, c’est-à-dire de Satan (voyez Hébreux 2:14).

Par conséquent, il n’est nullement question ici des manquements des hommes, des erreurs de toute espèce qui se sont glissées dans l’Église, et de leurs suites funestes, suites rendues toujours plus désastreuses à cause de la faiblesse des hommes et de leur insoumission à Christ. Il s’agit de ce que Christ fait lui-même, par sa propre puissance et d’après ce qu’il est en lui-même. Il ne se trompe jamais, ni ne peut se tromper ; et, au milieu de toute la confusion extérieure, demeure pour les fidèles cette précieuse consolation appelée le «sceau» du «solide fondement de Dieu» : «Le Seigneur connaît ceux qui sont siens» (2 Timothée 2:19). Celui qui a commencé cette oeuvre merveilleuse l’achèvera en son temps, car elle n’est pas encore terminée. Une fois complète, l’Église, après avoir été enlevée pour être avec le Christ dans le ciel, sera manifestée «descendant du ciel, d’auprès de Dieu, ayant la gloire de Dieu» (Apocalypse 21:10).

Il est bien vrai que les hommes ont eu leur part dans la construction de l’Église, et que tout ce qui a été fait par les hommes sera soumis au jugement. L’apôtre le démontre clairement dans le chapitre 3 de la 1° Épître aux Corinthiens. Mais dans ce passage de Matthieu il ne s’agit que de l’oeuvre de Christ, oeuvre qu’il garde entre ses mains seules, et qu’il achève pour le Père, selon ses propres perfections. Ce sera l’accomplissement le plus élevé de cette parole : «Lui bâtira une maison à mon nom» (2 Samuel 7:13). Tout vrai croyant est une «pierre vivante» dans cet édifice (voyez 1 Pierre 2:4-5). Une fois placé par le Seigneur sur le fondement inébranlable, il y reste ; sa mort, si elle survient, n’infirme en rien sa position dans l’Église de Dieu.

26.       Comment faut-il comprendre l’expression dont le Seigneur se sert, en parlant d’un «disciple» : «Qu’il prenne sa croix» ? (Matthieu 16:24 ; Luc 9:23).

Le Seigneur venait de parler pour la première fois de sa mort ; c’était au moment où il devait quitter la Galilée pour se rendre à Jérusalem où le supplice de la croix l’attendait. Personne sauf lui, ne le comprenait ; mais la circonstance était bien propre à faire peser sur la conscience de ses disciples le caractère du chemin qu’il suivait en accomplissant la volonté du Père. La croix était nécessaire pour qu’une expiation fût faite. Sans la propitiation, nos péchés auraient barré pour toujours tout accès auprès de Dieu. Sans la mort de Jésus, personne n’aurait pu avoir part avec lui (Jean 12:24). Tout le témoignage du Seigneur, tout son service devait avoir cet aboutissement ; et, étant appelés à le suivre, nous devons comprendre quel est le chemin où il a marché. Il n’y en a pas d’autre, où, en nous attachant à ses pas, nous puissions porter le caractère d’un «disciple». Ce fait, qui éprouve le coeur humain plus que toute autre chose, est exprimé par la figure de «prendre la croix». Si nous trouvons à la croix de Jésus la délivrance de tout le fardeau de nos péchés, nous devons aussi accepter la croix comme caractérisant le chemin que Christ a parcouru en traversant le monde qui n’a pas voulu de lui. Son chemin devient ainsi notre chemin, sa croix, notre croix. L’apôtre Paul l’a envisagé de cette façon, comme on peut le voir facilement dans l’épître aux Galates (5:11, 24 ; 6:14). Par conséquent chaque disciple doit apprendre à se charger de sa croix en suivant son maître, et en l’attendant. Luc ajoute «chaque jour».

27.       Comment faut-il comprendre le dernier verset du chapitre 16 de l’évangile de Matthieu : «Il y en a quelques-uns de ceux qui sont ici présents, qui ne goûteront point la mort jusqu’à ce qu’ils aient vu le Fils de l’homme venant dans son royaume» (v. 28) ?

Pour la première fois, le Seigneur, venait d’entretenir ses disciples de sa mort prochaine et de sa résurrection. Il allait bientôt quitter définitivement la Galilée, se rendant à Jérusalem pour subir la croix. L’occasion était favorable pour insister sur le caractère de son chemin qui ne pouvait qu’imprimer son cachet sur celui de ses disciples. Jésus, inconnu du monde, rejeté des siens, devait mourir. C’est pourquoi tout disciple fidèle avait à se renoncer lui-même et à prendre sa croix, en suivant son Seigneur. Comment le faire ? La chair n’aime pas à s’avancer vers la mort. À vues humaines, c’était difficile, pour ne pas dire impossible.

Toutefois, Jésus veut fortifier le coeur des siens, en leur montrant la gloire où ce chemin aboutissait, afin qu’ils soient à même de choisir, en connaissance de cause, entre «le monde» et le salut de leur âme. Il leur dit que quelques-uns étaient là qui ne goûteraient point la mort jusqu’à ce qu’ils aient vu le Fils de l’homme venant dans son royaume. Puis, à une semaine d’intervalle, il prend avec lui trois de ses disciples sur la montagne, et là il est transfiguré devant eux. C’est alors qu’ils entendent cette voix «de la gloire magnifique» qui reconnaissait Jésus comme le Fils bien-aimé. Nous comprenons l’importance de cette déclaration par le témoignage de l’apôtre Pierre, dans sa seconde épître.

L’espérance de voir Jésus dans sa gloire plutôt que d’attendre la mort est aujourd’hui celle du chrétien. Du reste, nous savons que les croyants vivants sur la terre, lorsque le Seigneur reviendra, seront ravis à sa rencontre sans passer par la mort. Voyez Jean 21:23 ; 1 Corinthiens 15:51 ; 1 Thessaloniciens 4:17, et d’autres passages. La même espérance encouragera le résidu fidèle et persécuté parmi les Juifs aux derniers jours (Psaumes 102:16 ; Ésaïe 33:17 ; etc.).

28.       Comment se fait-il que Pierre ait pu reconnaître Moïse et Élie sur la montagne de la transfiguration ? (Matthieu 17:3).

Est-ce que la grande bénédiction de ce passage, pour nous, ne se trouve pas précisément dans le fait qu’une révélation n’a pas été alors nécessaire pour Pierre, comme précédemment lorsqu’il s’agissait de dire qui le Seigneur était ? Dans sa deuxième épître, l’apôtre appelle la nuée lumineuse : «le ciel». C’était en effet, pour un petit moment, le ciel sur la terre. Dans le ciel il n’y a pas besoin d’une révélation spéciale pour connaître quoi et qui que ce soit. Nous connaîtrons comme nous avons été connus (1 Corinthiens 13:12). Sur la terre il faut la révélation du Père pour discerner le Fils (Matth. 16:16, 17). Cette révélation nous l’avons dans sa Parole, et la connaissance qui en résulte, c’est «la vie éternelle» (Jean 17:3).

29.       La parabole de Matthieu 18:12 à 14, est-elle la même que celle de Luc 15:1 à 7 ? Est-ce que «les quatre-vingt-dix -neuf» brebis «qui ne se sont pas égarées» doivent être considérées comme des «justes» qui n’ont pas besoin de repentance ?

Les deux Paraboles nous paraissent essentiellement différentes, non seulement à cause du caractère différent des évangiles de Matthieu et de Luc, mais aussi à cause des termes dans lesquels elles sont présentées. En Matthieu, il est particulièrement question des petits enfants, et pas un mot n’est dit de «la repentance». Dans l’évangile de Luc, au contraire, du commencement à la fin, la nécessité de la repentance forme l’un de ses grands traits. Par conséquent, on ne peut pas rapprocher ces deux paraboles, bien que dans les deux le Seigneur se serve de la même figure.

Il est à noter qu’en parlant de son oeuvre, le Sauveur ne dit pas en Matthieu qu’il est venu «chercher» ce qui est perdu. Cette expression est à sa place cependant dans Luc 19:10, où un «pécheur» Zachée, qui ne connaît pas encore ce que Christ est venu faire, s’efforce de faire valoir sa justice devant lui, — chose qu’un petit enfant ne fait pas ; et pour la simple raison qu’il n’est pas encore arrivé à l’état de connaissance qui, pour satisfaire à notre orgueil, exige de tels efforts. En Matthieu 18:11, le Seigneur dit que «le Fils de l’homme est venu pour sauver ce qui était perdu». Chacun, quant à sa nature, est né «perdu» dans ce monde, et puisque Dieu n’a pas voulu, à cause de cela, faire sévir son jugement sur toute la race, il a envoyé son Fils pour opérer le salut. Jésus est devenu le Sauveur dans ce but. C’est ce qui nous donne l’assurance que les petits enfants qui meurent avant d’avoir atteint l’âge de la connaissance, sont sauvés.

Un autre trait précieux du passage de Matthieu, c’est que l’idée qui domine est celle de maintenir l’intégrité du troupeau. L’homme qui possédait les cent brebis ne veut pas se contenter de quatre-vingt-dix-neuf : il veut les avoir toutes, quelle que soit la peine que cela lui coûte.

En Luc, la pensée se porte simplement sur la brebis égarée, comme figure du pécheur qui a suivi un chemin de propre volonté, en abandonnant le sentier de la soumission et de l’obéissance. Celui-là a besoin de repentance ; puis pour l’amener à ce point, le Sauveur lui manifeste l’amour qui va à sa recherche, le prend, le met sur ses propres épaules, et ne le laisse pas avant de l’avoir porté jusque dans sa propre maison. Le brigand sur la croix en est l’exemple divinement fourni, comme l’atteste la promesse du Seigneur : «Aujourd’hui tu seras avec moi dans le paradis».

30.       Dans le chapitre 19 de Matthieu, versets 23 et 24, il semble que le Seigneur fait une différence entre le «royaume de Dieu» et le «royaume des cieux». Quelle est cette différence ? Qui sont ceux qui ont part au royaume des cieux, et comment y parviennent-ils ?

En premier lieu, il convient de rappeler que l’expression «royaume des cieux» ne se trouve que dans l’évangile de Matthieu. Une comparaison des passages parallèles des trois premiers évangiles suffit pour faire comprendre que, dans bien des cas, on peut se servir indifféremment de l’une ou de l’autre de ces expressions ; mais, suivant la forme employée, la pensée se reporte, ou bien sur celui dont l’autorité est reconnue, c’est-à-dire Dieu, ou bien sur le centre d’où l’autorité est exercée, c’est-à-dire les cieux. La lecture du chapitre 7 de Daniel rend cette pensée très claire.

Dieu avait établi son royaume au milieu de son peuple d’Israël en lui donnant le roi qu’il avait choisi, et qui devait exercer l’autorité de la part de Dieu pour le bien du peuple sur lequel il régnait. David fut le premier roi qui répondit à la pensée de Dieu, car Saül avait bientôt été mis de côté à cause de sa désobéissance. Or, le trône était assuré aux fils de David à condition qu’ils fussent trouvés fidèles (Psaume 89:19-37). Nous savons ce qui est arrivé. À la mort de Salomon, dix tribus se séparèrent de la famille de David, et formèrent un royaume à part, qui fut plus tard détruit par les Assyriens ; elles furent alors toutes emmenées en captivité. Les tribus de Juda et de Benjamin, qui restèrent fidèles à leur roi légitime, suivirent cependant la même marche d’infidélité à l’Éternel, et la captivité à Babylone fut le châtiment qu’elles eurent à subir. Dès lors, Dieu mit l’autorité sur la terre entre les mains des Gentils (ou nations), mais le caractère véritable des rois de ces nations est dépeint par le prophète sous la figure de «bêtes». Puis il annonce le jugement qui va tomber sur ces royaumes au moment où le temps de la patience de Dieu sera terminé. Au même moment le pouvoir sera placé entre les mains du Fils de l’homme qui viendra avec les nuées des cieux (Daniel 7:13-14). Ce sera, on le comprend, le «royaume des cieux» en contraste avec tout royaume, quel qu’en soit le caractère, qui aurait pour siège de son autorité un lieu sur la terre, comme Jérusalem, Babylone, Suse ou Rome. En un mot, le «royaume des cieux» est l’autorité de Dieu exercée depuis le ciel sur la terre par le Fils de l’homme, et il comprend une partie céleste et une partie terrestre.

Or le Fils de l’homme est venu, non pas pour régner, mais pour accomplir l’oeuvre du salut. Avant qu’il montât en haut, toute autorité lui a été donnée dans le ciel et sur la terre. Il est assis à la droite de Dieu (Matthieu 28:18 ; Marc 16:19 ; Luc 19:12). «Nous ne voyons pas encore que toutes choses lui soient assujetties», mais nous savons que c’est Jésus notre Sauveur qui va régner et qui va revenir bientôt «sur les nuées du ciel, avec puissance et une grande gloire» (Hébreux 2:8 ; Matthieu 24:30). En attendant, «le royaume des cieux» revêt le caractère mystérieux qui est développé et expliqué par le Seigneur dans plusieurs paraboles de l’évangile de Matthieu. Les croyants, instruits dans ces choses, en jouissent, et attendent avec patience le retour de leur Seigneur. Mais le monde est contre eux, comme il a été contre Christ, et ils doivent résister à ses pièges même en souffrant s’il le faut (Matthieu 19:12). Les riches entrent difficilement dans le royaume des cieux, parce qu’ils jouissent des biens de la terre (v. 23). Mais s’il s’agit du royaume de Dieu, c’est-à-dire de reconnaître l’autorité de Dieu dans le coeur, il faut évidemment une oeuvre de Dieu qui produise cela dans l’âme, il faut «être né de nouveau» (Jean 3:3-5), chose qu’un homme ne peut faire pour lui-même. C’est ce qui fait sentir la différence entre les deux expressions «royaume des cieux» et «royaume de Dieu».

31.       Quand aura lieu «la grande tribulation» et le jugement des nations dont il est parlé dans le chapitre 24 de Matthieu ?

Avant d’entrer dans les détails, il convient de remarquer que nous avons un point nettement fixé par l’Écriture, savoir que l’un et l’autre de ces événements précéderont le règne millénaire du Christ sur la terre. Voyez Jérémie 30, surtout le verset 7 : «Hélas ! que cette journée est grande ! Il n’y en a point de semblable ; et c’est le temps de la détresse pour Jacob, mais il en sera sauvé». Quant au jugement des nations, il est écrit qu’il aura lieu «quand le fils de l’homme viendra dans sa gloire, et tous les anges avec lui». Comparez Matthieu 25:31, 32. La «grande tribulation» est mentionnée dans le verset 21 du même chapitre 24 en rapport direct avec la Judée, ce qui confirme le passage de Jérémie cité plus haut. Il y a sans doute, dans ce verset, une allusion au commencement du chapitre 12 du prophète Daniel, où nous lisons ensuite : «Et en ce temps-là ton peuple sera délivré». Voyez aussi Luc 21:23 à 28. La promesse faite à ceux qui garderont «la parole de la patience» du Seigneur se rapporte à la même époque (Apocalypse 3:10). Seulement, il faut bien observer que ceux-ci seront gardés de cette heure d’épreuve, c’est-à-dire qu’ils n’y entreront pas. En d’autres termes, ils seront enlevés pour être avec le Seigneur avant que «la grande tribulation» commence. Voyez aussi 1 Thessaloniciens 4:14-18 ; 5:1-5 ; 2 Thessaloniciens 2:7-8. L’iniquité n’atteindra pas son comble avant que les vrais croyants ne soient retirés de ce monde. En attendant, elle conservera le caractère de «mystère», terme qui indique qu’elle travaillera d’une manière cachée, ne se montrant pas sous son vrai jour. La manifestation de «l’inique» appellera les jugements de Dieu, et c’est à ce moment-là qu’aura lieu la «grande tribulation». Elle atteindra un monde ouvertement incrédule et apostat (Apocalypse 13:1, 6 ; 16:9, 11, 21) ; et les Juifs, qui sont coupables d’avoir crucifié le Fils de Dieu, auront leur part spéciale dans ces détresses qui tomberont sur la terre.

Les jugements qui sont décrits dans l’Apocalypse sont de trois espèces : 1° les jugements providentiels, opérés par le moyen des hommes eux-mêmes, ou par les éléments comme la famine, les guerres, les pestes, les tremblements de terre ; 2° le jugement guerrier, mentionné dans le chapitre 19, où le Seigneur, suivi par les armées célestes, anéantira les rois de la terre et leurs armées assemblées pour lui livrer combat ; 3° le jugement opéré par le Roi assis sur le trône de sa gloire, et qui atteindra les nations, au moment où il inaugurera son règne sur la terre.

32.       Quelle est «la grande tribulation» dont il est question dans l’Apocalypse, chapitre 7:14 ? Est-ce la même dont parle le Seigneur dans Matthieu 24:21 ?

Nous voyons en effet que dans les deux passages il s’agit d’une grande et terrible «épreuve» qui doit venir sur la terre habitée tout entière, comme nous le lisons dans Apocalypse 3:10. Plusieurs passages dans les prophètes en parlent ainsi, comme par exemple, Ésaïe 28:22.

Quel bonheur de savoir que tous ceux qui reçoivent aujourd’hui la parole de la grâce, et qui persévèrent dans la fidélité jusqu’à la venue du Seigneur, seront recueillis auprès de lui avant que ce jour d’épreuve arrive.

Voici en quelques mots, d’après plusieurs passages, l’ordre des événements qui vont se succéder.

1) Subitement, sans que rien n’annonce préalablement la venue du Seigneur «dans les nuées», tous ceux qui croient en lui seront ravis à sa rencontre «en l’air» (1 Thessaloniciens 4:17). Ceux-là, ayant reçu l’évangile de sa grâce et de son prochain retour (deux choses qui sont intimement liées dans les Écritures), jouiront alors, auprès du Seigneur, de l’accomplissement de l’espérance dans laquelle le chrétien est censé abonder (Romains 15:13). Les morts en Christ ressusciteront, les vivants seront transmués, et tous ensemble, «en un clin d’oeil», quitteront la terre, afin d’être pour toujours «avec le Seigneur» (1 Corinthiens 15:51-54).

2) Dès lors, le monde — étant privé des prières de ceux qui reconnaissent que «toute autorité dans le ciel et sur la terre» a été donnée au Seigneur Jésus — sera abandonné à sa propre volonté et ne tardera pas à faire la triste expérience de la méchanceté qui se cache dans le coeur de l’homme. Cette méchanceté qui est plus ou moins bridée tant qu’un gouvernement bien intentionné maintient son autorité, n’aura plus de frein ; et en même temps Dieu enverra une énergie d’erreur, prélude des derniers jugements, sur ceux qui n’ont pas reçu l’amour de la vérité pour être sauvés (2 Thessaloniciens 2:10).

3) La «tribulation» qui suivra se divise en deux parties ; la première, dont la durée n’est pas indiquée d’une manière précise, atteindra tout particulièrement les nations ; c’est probablement, celle dont il est question dans Apocalypse 3:10 et 7:14. La seconde suppose que le pouvoir de l’Antichrist est établi, et la persécution sera dirigée spécialement contre le peuple juif (Jérémie 16:17-19 ; 30:7 ; Apocalypse 12:15-17). Ceux qui auront espéré un certain soulagement dans l’état de choses sur la terre seront amèrement déçus, car Satan, chassé des lieux célestes se mêlera plus activement que jamais aux affaires du monde. Par la bonté de Dieu, les événements terribles qui auront pour point culminant l’apparition personnelle du Fils de l’homme, se succéderont avec une rapidité sans précédent ; leur temps sera limité à 1260 jours, ou trois ans et demi, comme le chapitre 12 de Daniel le montre, confirmé par Apocalypse 11:2-3 ; 12:6, 14. Le Seigneur en parle dans la partie du chapitre 24 de Matthieu qui traite particulièrement des Juifs, c’est-à-dire jusqu’au verset 31. Il dit qu’à cause des élus «ces jours-là seront abrégés». (v. 22).

4) L’avènement personnel du Seigneur apparaissant en gloire «avec ses anges» amènera le jugement des nations assemblées alors contre Jérusalem, et achèvera la délivrance de son peuple (Zacharie 14). L’Antichrist aura été détruit «par le souffle de sa bouche» (Ésaïe 11:4 ; 2 Thessaloniciens 2:8) ; et les nations comparaîtront ensuite devant le Seigneur pour être jugées d’après la manière dont elles auront reçu ses messagers pendant ces temps de détresse (Matthieu 25:31-46).

Ensuite sera établi le règne millénaire de Christ.

33.       Le jugement des nations vivantes que nous trouvons dans le chapitre 25 de Matthieu, est-il un jugement final ?

Nous pensons bien que le jugement dont il est ici question est un jugement définitif, mais non pas dans le sens où on l’interprète souvent. C’est-à-dire qu’il ne s’agit pas d’un jugement général, comme de celui des païens, par exemple, qui n’ont pas eu l’occasion de recevoir les messagers du royaume, mais uniquement du jugement de ceux qui auront eu l’avantage de les entendre et qui les ont ou accueillis, ou rejetés. La «vie éternelle» dont il est question pour les premiers, est la vie sur la terre sous le règne du Messie, s’étendant jusque dans l’état éternel qui succédera à ce règne. Ceux qui sont condamnés s’en vont, eux, dans les tourments éternels.

Le jugement des morts se trouve dans le chapitre 20 de l’Apocalypse, et aura lieu mille ans plus tard que le jugement dont parle le chapitre 25 de Matthieu, où il s’agit de ceux qui seront sur la terre quand le Seigneur viendra avec les anges de sa gloire.

On trouvera quelques développements complémentaires sur ce sujet dans les Notes sur Matthieu, de J.N. D.

 

35.       Pourquoi l’évangile de Luc et celui de Matthieu diffèrent-ils dans le passage qui signale la folie de se servir de drap neuf pour raccommoder un vieil habit. ? (Luc 5:36 ; Matthieu 9:16). Et quel est l’enseignement que nous pouvons en retirer ?

L’enseignement du Seigneur ne pouvait nullement s’adapter au formalisme des pharisiens. Ceux-ci croyaient pouvoir établir leur propre justice aux yeux des hommes par des pratiques extérieures fondées en partie sur la foi, en partie sur la tradition. Jésus annonçait une justice toute différente fondée sur la rédemption, justice qui était de Dieu seul. Le péché étant expié, Dieu est juste en justifiant le pécheur qui croit en Jésus. Comment concilier la justice humaine qui est comme un vêtement usé, toujours en défaut, et la justice de Dieu qui ressort de ce qu’il est en lui-même et qui est le fruit de l’oeuvre parfaite d’expiation accomplie par le Seigneur ? Voilà l’idée générale dans les deux passages.

Luc, qui fournit habituellement des développements au point de vue moral propres à agir sur la conscience, montre en outre que celui qui veut la loi en même temps que la grâce, non seulement perd la jouissance de celle-ci, mais par la lumière acquise, se trouve dans l’impossibilité de satisfaire sa conscience par ses efforts légaux. Il a fait une déchirure dans le nouveau vêtement en cherchant à raccommoder son vieil habit ; il n’ose pas paraître dans le nouveau qui est déchiré et gâté, et il sent que l’état misérable du vieux a été davantage mis en évidence.

 

103.     Quelle différence doit-on faire entre les «conducteurs» mentionnés dans Matthieu 23:8, 10 et Hébreux 13:17 ?

D’une lecture attentive des passages, il ressort qu’en Matthieu il s’agit de «conducteurs» qui se mettaient à la place du Seigneur, tandis que dans l’épître aux Hébreux, il est question de ceux qui ont été envoyés par le Seigneur pour annoncer la parole et pour paître le troupeau. La différence ressort dans ce que dit l’apôtre Paul dans ses adieux aux anciens de l’assemblée d’Éphèse (Comparez Actes 20:28-30 ; 1 Pierre 5:2-4).

Servir dans l’humilité, suivant la capacité fournie par le Seigneur est une chose, revendiquer le nom de «conducteur», afin de dominer sur le troupeau en est une autre.

104.     Comment faut-il comprendre l’injonction du Seigneur au sujet des «conducteurs» (Matthieu 23:8, 10), tandis que dans Hébreux 13:7 et 17, nous trouvons l’exhortation de les reconnaître ?

Disons d’abord que les mots traduits par «conducteurs» dans les deux passages, ne sont pas identiques : didaskalos (Matthieu 23), hegoumanos (Hébr. 13). En Matthieu la forme employée donne davantage l’idée d’une autorité imposée, et sous le système juif on le comprend facilement. L’emploi qu’en fait le Seigneur en Matth. 23 concorde bien avec le mot «Rabbi», comme le verset 8 le démontre. Les Juifs étaient habitués à ce terme, et ceux qui se l’attribuaient, voulaient qu’on le leur donnât. Mais pour le chrétien le seul guide ou conducteur, dans ce sens, est Christ ; et tous les fidèles doivent y penser, non seulement pour eux-mêmes, mais dans tous leurs rapports avec leurs frères, afin qu’ils n’interviennent jamais entre le Seigneur et ceux qui lui appartiennent, mais que tout ministère ait pour but de rapprocher l’auditeur, non pas de celui qui parle, mais du Seigneur lui-même. Cela nous rappelle tout le passage de Jean 13:1-17, surtout le verset 13. La tendance du coeur naturel est toujours d’imiter ce qui produit un effet sur les sens, ou qui devient un objet d’admiration pour les hommes. Du temps du Seigneur, les chefs religieux de la nation qui auraient dû être les premiers à l’accueillir, parce qu’ils possédaient les Écritures qui parlaient de lui, ont poussé le peuple à le rejeter et à le faire crucifier. On sait combien la même tendance s’est manifestée dans l’église ; et ce qui a amené le jugement sur les Juifs, l’amènera aussi sur l’église professante. Nous devons nous rappeler que, si nous pouvons entrer spirituellement «dans le ciel» où Jésus est entré pour nous, notre place dans le monde est «hors du camp», c’est-à-dire sous l’opprobre qui a été la part du Christ ici-bas, et dont sa croix est l’expression (Voyez Galates 6:14).

L’Esprit de Dieu rappelle cela dans le chapitre 13 de l’épître aux Hébreux. En gardant cette place, nous éprouverons les soins du Seigneur, pour tout ce qui est nécessaire à notre progrès spirituel. Étant monté en haut, Christ a donné les «dons» divers dans ce but (Éphésiens 4:8-13). Par conséquent les croyants sont exhortés à l’obéissance envers ceux qui veillent sur les âmes et dont les fruits manifestent que leur service est réellement de Dieu. Par contre, ceux qui veulent dominer «sur des héritages» comme dit Pierre, retombent dans le système que le Seigneur a jugé au chapitre 23 de Matthieu.

 

120.     Dans Matth. 20:16, il est dit : «Il y a beaucoup d’appelés, mais peu d’élus» ; puis encore (chap. 7:14) : «Etroite est la porte, et resserré le chemin qui mène à la vie, et peu nombreux sont ceux qui le trouvent». Comment peut-on concilier ces passages avec les v. 9 -17 du ch. 7 de l’Apocalypse, qui parlent d’une «grande .foule que personne ne pouvait dénombrer, de toute nation et tribus et peuples et langues», vêtus de longues robes «blanchies dans le sang de l’Agneau» ?

Les deux premiers passages se rapportent à l’opération de la grâce de Dieu dans ce monde pendant le temps qui est appelé «le jour du salut», où Dieu est patient envers tous, ne voulant pas qu’aucun périsse, mais que tous viennent à la repentance (2 Pierre 3:9, 15). Ils nous montrent la manière dont les hommes accueillent le message de la grâce : le coeur naturel aime le monde et ne l’abandonne pas volontiers pour se tourner vers Dieu. Comme disait le Seigneur aux Juifs, on ne veut pas «aller à lui pour avoir la vie» (Jean 5:40). On trouve que la porte est étroite — elle l’est en effet. À cause de cela, on préfère un chemin large où l’on peut faire sa propre volonté et gaspiller son temps, malgré les avertissements de l’évangile qui disent que le chemin spacieux mène à la perdition. Même lorsque quelqu’un est appelé à la dernière heure et, contraint d’entrer au service d’un maître bon et débonnaire, qu’il n’avait pas connu jusqu’alors, ceux qui s’attachent à la justice selon l’homme trouvent à redire contre la grâce. Ils ne jouissent pas de cet amour libre et parfait qui nous bénit, non parce que nous avons mérité quoi que ce soit, mais parce que Dieu est amour, et qu’il agit vis-à-vis de nous selon ce qu’il est.

C’est là, en effet, ce qui explique le troisième passage. Il se rapporte à un temps tout différent. Il est question du moment où la terre sera abandonnée au méchant, le temps de «la grande tribulation», comme le vers. 14 le dit clairement (comparez Matth. 24:21). Ce sera après l’enlèvement de l’Église, quand le témoignage qui est actuellement rendu dans le monde sera terminé. À la veille des terribles jugements qui seront exécutés sur la terre, Dieu agira d’une manière extraordinaire pour retirer encore un grand nombre d’âmes de la destruction générale et de la puissance de Satan. Celles-ci ne feront pas partie de l’Église, l’épouse de Christ, mais elles jouiront néanmoins du bonheur qui leur est préparé, étant des «bienheureux» qui seront conviés au banquet des noces de l’Agneau (Apoc. 19:9). Qu’elle est merveilleuse la grâce qui se déploie ainsi dans un temps aussi sombre !

Rappelons aussi que le passage de Matthieu parle de l’état des choses dont chacun peut se rendre compte et qui existent autour de nous dans ce monde, tandis que les versets de l’Apocalypse présentent un résultat final. Le temps de la grâce, le jour actuel du salut dure depuis longtemps ; mais à chaque endroit, comme à chaque époque, le troupeau est toujours «le petit troupeau». Toutefois, si on voyait l’ensemble, la réunion de tous ceux qui ont été sauvés depuis le jour de la Pentecôte, n’y aurait-il pas une grande foule aussi ? Et combien seront trouvés que Dieu seul connaît ? Il n’en reste pas moins vrai que la porte est étroite et qu’à quelque époque que ce soit, il faut l’énergie qui vient de Dieu pour se décider à y entrer.