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Discerner les choses excellentes — Philippiens 1:9 à 11

 

Paul Fuzier

 

ME 1949 p. 113. Les sous-titres ont été ajoutés par Bibliquest

 

Table des matières :

1     Rechercher le meilleur

2     Que l’amour (pour le Seigneur) abonde de plus en plus

3     Amour en connaissance et toute intelligence

4     Amour pour le prochain en connaissance et toute intelligence

5     Trois résultats

5.1      Pureté

5.2      Préservés des chutes

5.3      Porter du fruit

 

Nous rappelions, dans le premier numéro du Messager Évangélique de l’année 1947, les paroles de l’apôtre : « il y a ce qui me tient assiégé tous les jours, la sollicitude pour toutes les assemblées » (2 Cor. 11:28) et, dans celui de janvier 1948, deux des prières qu’il formulait en faveur des assemblées auxquelles il pensait avec tant d’amour (Éph. 3:14-21 ; Col. 1:9-21)). Nous désirons ajouter à ce que nous avions considéré sur ce sujet, quelques réflexions relatives à une autre prière de l’apôtre, celle qu’il adressait à Dieu pour les Philippiens.

« Discerner les choses excellentes » est le point central de cette requête. Dans la première partie (v. 9) l’apôtre demande à Dieu ce qui nous est nécessaire pour pouvoir les discerner, dans la seconde (fin du v. 10 et v. 11) il présente les fruits qui en résulteront.

 

1                        Rechercher le meilleur

Dans notre vie chrétienne, toute action est-elle précédée d’un exercice secret avec le Seigneur ? Et s’il y a quelque exercice, ne nous contentons-nous pas, fréquemment, d’avoir le sentiment que ce que nous nous proposons de faire n’est pas mauvais en soi ? — C’est ce qui explique le « il n’y a vraiment pas de mal à cela » si souvent répété pour essayer de justifier notre conduite. Ce n’est pas suffisant. Parmi tout ce qui n’est pas mauvais et qui peut s’offrir à notre activité, il y a encore un choix à faire : il est des choses bonnes, il en est d’excellentes. Puissions-nous les discerner, ne nous satisfaisant pas de ce qui est bon, mais recherchant le meilleur ! — Une bénédiction particulière est promise à ceux qui choisissent les choses auxquelles Dieu prend plaisir : « je leur donnerai dans ma maison et au dedans de mes murs une place et un nom meilleurs que des fils et des filles ; je leur donnerai un nom éternel, qui ne sera pas retranché » (Ésaïe 56:4-5).

 

2                        Que l’amour (pour le Seigneur) abonde de plus en plus

C’est l’amour qui est la clef du discernement des choses excellentes. Les Philippiens aimaient le Seigneur, ils aimaient l’apôtre et lui en avaient donné des preuves touchantes (4:10 à 20). Mais dans ce domaine, il n’y a jamais trop : l’apôtre demandait à Dieu que leur amour « abonde encore de plus en plus ». Le croyant a reçu une nouvelle nature, la nature même du Dieu d’amour. La vie divine en lui se développera et portera des fruits selon la mesure dans laquelle elle sera nourrie de Christ. Aussi, l’apôtre présente Christ tout au long de cette épître : vie et modèle du croyant, but vers lequel il court, force et joie dans le chemin. Nourri de Christ, l’ayant comme seul objet, vivant de Lui afin de vivre pour Lui, le croyant sera rendu capable d’aimer comme le Seigneur aime, son amour abondera encore de plus en plus.

Dieu veuille que Christ soit vraiment le seul objet de notre cœur ! — Nous rechercherons alors continuellement sa présence, car celui qui aime désire la compagnie de la personne aimée. Vivant près de Lui, nous connaîtrons les désirs de son cœur. Si les trois hommes dont il nous est parlé dans le chap. 23 du second livre de Samuel (v. 13 à 17) n’étaient pas venus près de David, ils n’auraient pas su quel était le désir du roi rejeté et, par conséquent, n’auraient pas eu le privilège qui fut le leur. Mais seraient-ils venus dans la caverne d’Adullam si David n’avait été l’objet de leur cœur ? — David n’a pas donné un ordre, il a seulement exprimé un souhait. Cela suffit pour un cœur qui aime. Les trois hommes ne raisonnent pas, rien ne les arrête, ils forcent le passage... Ils risquaient leur vie, mais qu’importe ! ils en avaient fait le sacrifice. Pensons à la joie de David quand ils rapportèrent l’eau du puits de Bethléhem, et à leur propre joie quand ils virent celle de David ! Ils avaient su « discerner les choses excellentes » parce que leur amour « abondait encore de plus en plus ». — Souvenons-nous de cet exemple dans tant de circonstances de notre vie où il s’agit aussi de « forcer le passage », de procurer un peu d’eau, quelque rafraîchissement, à notre David, « au temps de la moisson », dans un jour où tout ce qui est fait pour Lui a un si grand prix à ses yeux !

 

3                        Amour en connaissance et toute intelligence

Mais nous pourrions avoir un réel amour pour quelqu’un et agir cependant d’une manière qui ne convienne pas. C’est pourquoi l’apôtre ajoute : « en connaissance et toute intelligence ».

En connaissance. — Pour saisir la pensée exprimée ici, il nous faut prendre un exemple. Marie de Magdala aimait ardemment le Seigneur : alors que les disciples étaient rentrés chez eux, elle se tenait près du sépulcre, dehors, et pleurait. « On a enlevé mon Seigneur, et je ne sais où on l’a mis ». — Il était le seul objet de son cœur ! Et pourtant, elle allait chercher parmi les morts Celui qui était ressuscité ! — Marie de Béthanie, assise aux pieds de Jésus pour écouter sa parole, avait acquis une connaissance qui faisait défaut à Marie de Magdala ; aussi n’est-elle pas venue au sépulcre. Était-ce manque d’amour pour le Seigneur ? — Bien au contraire. S’arrêtant aux apparences, on aurait pu affirmer : nul n’a aimé le Seigneur comme Marie de Magdala. Certes, son amour était précieux pour le cœur de Celui qui est venu se manifester à elle et l’a chargée d’un si merveilleux message, mais seul l’amour de Marie de Béthanie avait « abondé encore de plus en plus en connaissance ».

Et aussi « en toute intelligence ». Le Seigneur donne l’intelligence de ses pensées à celui qui vit dans sa communion. Marie de Béthanie avait non seulement la connaissance qui lui permettait de ne pas chercher parmi les morts Celui qui était vivant, mais encore l’intelligence spirituelle qui l’a conduite, au moment convenable, à oindre le corps du Seigneur pour sa sépulture. D’autres femmes sont venues de très grand matin au sépulcre, le premier jour de la semaine, apportant des aromates pour embaumer le corps du Seigneur Jésus. Là encore, celui qui ne considérerait que les apparences pourrait aller jusqu’à dire : ces pieuses femmes ont manifesté de l’amour pour le Seigneur, alors que dans cette circonstance, Marie de Béthanie a manqué d’amour : elle n’était pas là... Comme il nous arrive souvent de nous tromper dans les appréciations que nous formulons ! S’il est vrai que ces quelques femmes aimaient profondément Celui dont elles venaient s’occuper, il leur manquait pourtant l’intelligence que Marie de Béthanie avait acquise dans la communion avec le Seigneur, à ses pieds, et qui l’avait conduite à agir selon la pensée de Dieu. Non, elle n’avait pas manqué d’amour ; au contraire, son amour avait « abondé encore de plus en plus en connaissance et toute intelligence ».

L’amour est la somme, ou la plénitude, de la loi : amour pour Dieu, amour pour le prochain. L’homme étant incapable d’accomplir la loi, « Dieu, ayant envoyé son propre Fils en ressemblance de chair de péché, et pour le péché, a condamné le péché dans la chair, afin que la juste exigence de la loi fût accomplie en nous » (Rom. 8:3-4) — en nous qui possédons la vie divine provenant du Saint Esprit.

 

4                        Amour pour le prochain en connaissance et toute intelligence

Nous venons de considérer ce qui concerne l’amour pour Dieu ; nous pouvons l’étendre à l’amour pour le prochain. Rappelons un exemple qui a été parfois cité : un croyant gravement malade, dont l’état est sans espoir, reçoit deux visites. La première est celle d’un chrétien qui, désirant manifester beaucoup d’amour, ému de compassion, prie avec ferveur pour la guérison de ce mourant ; la seconde, celle d’un autre chrétien qui, vivant habituellement près du Seigneur, ayant recherché sa pensée, a discerné qu’il se trouvait en présence d’un cas où, selon 1 Jean 5:16, il ne pouvait pas « demander ». Contrairement à tout ce que les apparences pourraient laisser croire, c’est le second visiteur qui aime vraiment, qui aime selon Dieu, car il obéit à la Parole. Son amour abonde « en connaissance et toute intelligence ».

La connaissance de la pensée de Dieu révélée dans sa Parole, l’intelligence spirituelle que donne la communion réalisée avec Celui qui est l’objet du cœur, peuvent seules nous conduire à aimer comme Dieu aime et à manifester cet amour comme Il le désire. L’amour se témoigne par l’obéissance (Jean 14:21, 23 ; 1 Jean 5:2). — On ne peut aimer les enfants de Dieu d’un amour vrai sans aimer Dieu lui-même, et pour aimer Dieu, il faut garder ses commandements. « Celui qui ne m’aime pas ne garde pas mes paroles » (Jean 14:24). Que notre amour abonde encore de plus en plus, mais demandons-nous toujours s’il y a seulement une apparence ou si, au contraire, notre amour est un amour vrai, « en connaissance et toute intelligence ». Nous sommes en danger, chacun, d’aimer pour soi, au lieu d’aimer pour Dieu et selon Dieu, dans l’obéissance à la Parole et, recherchant le bien de ceux que nous aimons. Le vrai amour n’est pas aveugle, il va avec le discernement.

 

5                        Trois résultats

Si notre amour abondait encore de plus en plus en connaissance et toute intelligence, nous saurions discerner les choses excellentes et trois conséquences en résulteraient :

 

5.1   Pureté

« Afin que vous soyez purs ». Notre marche serait le reflet de celle de Christ ici-bas. Homme parfait sur la terre, seul Il a vraiment et toujours discerné les choses excellentes, Lui qui a pu dire qu’Il faisait toujours les choses qui plaisaient à son Père (Jean 8:29). Une telle marche nous séparera donc de tout ce qui est opposé à la pensée et à la volonté de Dieu, et qui est le péché avec la souillure qui le caractérise. C’est ainsi que nous serons gardés purs au milieu d’un monde dans lequel tout est opposé à Dieu.

 

5.2   Préservés des chutes

« Et que vous ne bronchiez pas jusqu’au jour de Christ ». Un croyant dont la vie spirituelle est nourrie de Christ, qui vit de Lui afin de vivre pour Lui, dont l’amour abonde ainsi de plus en plus en connaissance et toute intelligence et qui est rendu capable de discerner les choses excellentes, est préservé de chutes. C’est le secret pour être gardé dans le chemin. Pour ne pas broncher, il faut veiller sur ses pieds mais sur son cœur d’abord. Le jour de Christ manifestera la fidélité de tous ceux qui, ayant discerné les choses excellentes, auront été gardés purs de toute souillure et n’auront pas bronché dans le chemin et ce sera à la gloire du Seigneur lui-même (cf. 2 Thess. 1:10).

 

5.3   Porter du fruit

« Étant remplis du fruit de la justice, qui est par Jésus Christ à la gloire et à la louange de Dieu ». Le croyant possède une justice « qui est par la foi en Christ, la justice qui est de Dieu, moyennant la foi » (Phil. 3:9). Des fruits doivent la manifester. En discernant les choses excellentes, nous serons gardés du mal et préservés de chutes — caractères négatifs — mais encore, nous pourrons porter des fruits qui seront par Jésus Christ à la gloire et à la louange de Dieu.

 

Reprenons pour nous-mêmes la prière que l’apôtre adressait à Dieu pour les Philippiens : « que notre amour abonde encore de plus en plus en connaissance et toute intelligence, pour que nous discernions les choses excellentes, afin que nous soyons purs et que nous ne bronchions pas jusqu’au jour de Christ, étant remplis du fruit de la justice, qui est par Jésus Christ à la gloire et à la louange de Dieu ». Puissions-nous ensuite rechercher ce que nous aurons ainsi demandé !