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Quelques réflexions

 

 

sur le ministère de l’apôtre Pierre

 

 

Et en ces jours-là, Pierre se levant au milieu des disciples... (Act. 1:15)

 

 

Philippe Laügt

 

Table des matières :

1     Changement de Pierre entre les Évangiles et les Actes

2     Service pour tous, service dans l’humilité

3     Actes chapitre 1

4     Actes chapitre 2

5     Actes chapitre 3

6     Actes chapitre 4

7     Actes chapitre 5

8     Actes chapitre 6

9     Actes chapitre 8

10      Actes chapitre 9

11      Actes chapitre 10

12      Actes chapitre 11

13      Actes chapitre 12

14      Pierre en Galates 2

15      Pierre dans ses épîtres

15.1    1° épître de Pierre

15.1.1     Privilèges

15.1.2     Souffrances, épreuves

15.1.3     Suivre Christ

15.2    2° épître de Pierre

15.2.1     2 Pierre chapitre 1

15.2.2     2 Pierre chapitre 2

15.2.3     2 Pierre chapitre 3

16      Conclusion

 

 

 

L’attention du lecteur de la Parole de Dieu se porte souvent sur la seconde partie du livre des Actes. Elle rend essentiellement compte des voyages missionnaires de Paul. Cet apôtre déclare : «l’évangile de l’incirconcision m’a été confié, comme celui de la circoncision l’a été à Pierre» (Gal. 2:7-8).

Notre intention est d’envisager plutôt maintenant le service confié à l’apôtre Pierre, au moment de la formation de l’Église. Ce livre en donne un précieux compte-rendu, dans ses deux premières parties (Act. 1-11).

1                    Changement de Pierre entre les Évangiles et les Actes

Mais voyons d’abord un instant combien le comportement de Pierre dans les Évangiles et dans les Actes, est différent. À lui s’applique, de façon évidente, cette déclaration de l’Écriture : «Si quelqu’un est en Christ, c’est une nouvelle création. Les choses vieilles sont passées ; voici toutes choses sont faites nouvelles» (2 Cor. 5:17).

Dans les Évangiles, Pierre a de la ferveur, mais il manque d’équilibre. Il est, par exemple, prompt à sortir de la barque à la rencontre du Seigneur, mais prompt aussi «voyant que le vent était fort», à douter (Matt. 14:28-31). Tandis que dans les Actes, il agit avec hardiesse mais fermeté aussi. Il est le premier à parler, le jour de la Pentecôte, et se montre plein de courage devant la foule de ceux qui ont mis à mort le Seigneur (Act. 2:22-23) et devant leurs chefs (Act. 4:13).

Appelé par le Seigneur alors qu’il lavait ses filets (Luc 5:10-11), Pierre a réalisé qui il est, et devenu un disciple, à cette question : «Et vous, qui dites-vous que je suis» ? il répond : «Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant». Jésus lui dit : «Tu es bienheureux, Simon Barjonas, car la chair et le sang ne t’ont pas révélé cela, mais mon Père qui est dans les cieux. Tu es Pierre ; et sur ce roc je bâtirai mon Assemblée... Et je te donnerai les clefs du royaume des cieux» (Matt. 16:18-19).

Pourtant, peu après, quand le Seigneur annonce à ses disciples qu’il va être mis à mort, Pierre le prenant à part, se met à le reprendre, disant : «Seigneur, Dieu t’en préserve, cela ne t’arrivera point» ! Il est devenu, à son insu, un instrument dans la main de l’Ennemi. Le Seigneur lui dit : «Va, arrière de moi, Satan, tu m’es en scandale, car tes pensées ne sont pas aux choses de Dieu, mais à celles des hommes» (Matt. 16:21-23).

Dans ce livre des Actes, au contraire, Pierre reçoit le Saint Esprit, et par son moyen un don de discernement (1 Cor. 10:12) ce qui lui permet de démasquer Ananias et Sapphira (Act. 5:3-10) et Simon le magicien (Act. 8:18-21). Il prononce des «paroles enseignées de l’Esprit» (1 Cor. 2:13) et applique, avec à propos, des versets tirés des Psaumes et des Prophètes, au cas de Judas. Il en rappelle ensuite d’autres qui annoncent que Dieu répandra son Esprit sur toute chair dans les derniers jours, et en cite aussi plusieurs qui ont trait à la résurrection du Seigneur (Act. 1:20 ; 2:16, 25, 34).

Dans les Évangiles, Pierre parle parfois sans réfléchir. Par exemple, sur la montagne de la Transfiguration, il propose à Jésus : «Faisons trois tentes, une pour toi, et une pour Moïse, et une pour Élie, ne sachant ce qu’il disait» (Luc 9:33-34).

Dans une autre circonstance, averti pourtant par le Seigneur : «Ce que je fais maintenant, tu ne le sais pas maintenant, mais tu le sauras dans la suite. «Pierre s’oppose au service d’amour du Seigneur, sans doute par déférence pour Lui : Tu ne me laveras jamais les pieds». Alors Jésus lui dit : «Si je ne te lave, tu n’as pas de part avec moi», et Pierre, toujours aussi imprévisible, répond : «Non pas mes pieds seulement, mais aussi mes mains et ma tête» (Jean 13:7-9).

Dans les Actes, ses paroles sont pleines de sagesse, ses prédications d’une conviction et d’un à propos remarquables. Prenez comme exemple sa réponse aux chefs du peuple. En termes concis, très clairs, il parle de la «bonne oeuvre» qu’ils viennent de faire, et met en évidence l’incrédulité de ses interlocuteurs. Il s’appuie sur l’Écriture et donne l’essentiel du message de l’Évangile, en termes inoubliables (Act. 4:8-12). Ses interventions ont un caractère vraiment biblique, et montrent la force de conviction dont cet apôtre est désormais animé.

Avant la crucifixion, une servante a suffit pour faire trembler Pierre, et l’amener à nier toute relation avec son Maître ! (Matt. 26:70). Mais dans les Actes, il le confesse désormais, malgré les pires menaces, avec un courage indomptable. Il déclare : «Jugez devant Dieu s’il est juste de vous écouter plutôt que Dieu. Car, pour nous, nous ne pouvons pas ne pas parler des choses que nous avons vues et entendues». Plus loin, il affirme : «Il faut obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes» (Act. 4:19-20 ; 5:29).

Il se montre présomptueux quand il affirme au Seigneur, peu avant de le renier : «si tous sont scandalisés en toi, moi, je ne serai jamais scandalisé en toi. Quand même il me faudrait mourir pour toi, je ne te renierai pas» (Matt. 26:33, 35).

Dans les Actes, après une expérience très amère, Pierre a appris à se connaître un peu. Il est plus mesuré dans ses paroles, et il accepte sans faiblir d’être jeté en prison, à plusieurs reprises. La seconde fois, aussitôt libéré, il retourne avec ses compagnons de captivité, dans ce temple où il a été pourtant arrêté ! Battus, les apôtres «se réjouissent d’avoir été estimés dignes de souffrir des opprobres pour le Nom» (Act. 5:17-21 ; 41).

Enfin, on peut citer dans les Actes un exemple de cette puissance dont Pierre est désormais revêtu. Sous la direction du Saint Esprit, par son témoignage, il est à l’origine de la conversion d’environ trois mille âmes (Act. 2:41).

D’où vient donc ce grand changement dans son comportement ? Pierre, dans les Évangiles, avec ses qualités naturelles, est très confiant en lui-même et sa chair non bridée offre une prise facile à l’Ennemi. Dans les Actes, il est rempli du Saint Esprit (Act. 2:4 ; 4:8). Christ habite en lui par la foi. Il peut dire désormais, comme Paul : «Pour moi, vivre c’est Christ» (Phil. 1:21).

2                    Service pour tous, service dans l’humilité

La prédication de Pierre, son activité en faveur de l’Évangile et pour l’édification des croyants, occupent donc la majeure partie des onze premiers chapitres du livre des Actes. Il se sert des clefs du Royaume des cieux, au chapitre 2, à l’égard des Juifs qui se repentent, au chapitre 10, en faveur des nations.

Dans l’Évangile, le Seigneur lui avait annoncé qu’il ferait de lui un pêcheur d’hommes (Luc 5:10). Avant même sa chute, il lui dit : «Et toi, quand une fois tu seras revenu, fortifie tes frères» (Luc 22:32). Plus tard, au moment de sa restauration publique, le Seigneur l’appelle, par trois fois, à prendre soin de Son troupeau (Jean 21:15, 16, 17). Pierre va accomplir, avec le secours du Seigneur, un grand travail dans l’Église. Mais il n’occupe pas la place qu’on a voulu lui donner par la suite. Jésus-Christ seul est le chef de l’Église ; il n’a pas de «vicaire» pour le remplacer sur la terre.

Comme son Seigneur, Pierre n’a ni argent ni or (Act. 3:6). Il ne donne «d’absolution» à personne, mais incite à maintes reprises le pécheur à se repentir de sa méchanceté : «Supplie le Seigneur, afin que, si faire se peut, la pensée de ton coeur te soit pardonnée» (Act. 8:22). Il n’accepte pas que l’on se prosterne devant lui (Act. 10:25-26). Au Concile de Jérusalem, tous apprécient fort son exposé, mais c’est Jacques qui en tire les conclusions, qui vont d’ailleurs dans le même sens, et elles sont acceptées de tous (Act. 15:19-20, 28-29). Enfin, le ministère de l’apôtre Paul occupe les seize derniers chapitres des Actes, et Pierre, loin de se sentir lésé, recommande la lecture des épîtres du «bien-aimé frère Paul», reconnaissant «la sagesse qui lui a été donnée» (2 Pier. 3:15-16). Il s’associe à lui et accepte d’être repris par ce serviteur, pourtant plus jeune que lui dans l’apostolat (Gal. 2:9-11, 14).

3                    Actes chapitre 1

Au début des Actes, les disciples regardent fixement vers le ciel, tandis que le Seigneur s’en va (Act. 1:10). Une nuée le reçoit, Il est élevé dans le ciel. l’Église aurait toujours dû garder l’attitude de ces disciples. Avec quelle émotion, ils quittent ces lieux et montent dans la chambre haute. Là, séparés d’un monde agité, ils attendent avec confiance et dans la joie, la «promesse du Père», le Saint Esprit.

Ce n’est pas encore l’heure du témoignage public, il faut d’abord la descente du Saint Esprit. Mais, dans cette chambre haute, «ils persévérent d’un commun accord dans la prière, avec les femmes et avec Marie, la mère de Jésus», dont le nom est cité ici pour la dernière fois dans l’Écriture (Act. 1:14).

Quel exemple pour les assemblées encore aujourd’hui. Hélas, l’action de la chair, destructrice de la communion et du «commun accord», s’est développée, très tôt et souvent, au cours de l’histoire de l’Église sur la terre.

Pierre, dans le récit inspiré, est toujours nommé «le premier» (Matt. 10:2). Il se lève en ces jours-là, au milieu des disciples (Act. 1:15). C’est un Pierre entièrement restauré après sa chute. L’Écriture a conservé le premier discours de cet apôtre, et d’autres encore, tous sous l’inspiration du Saint Esprit (Act. 2:14 ; 3:12 ; 4:14 ; 5:29 ; 10:34 et 15:7). Ils donnent un aperçu complet des vérités évangéliques, telles que Dieu les fait connaître à ce moment-là.

Trop souvent, la Parole de Dieu est mal connue, et quand des difficultés surviennent, elles semblent insurmontables. On est incapable de s’appuyer sur l’Écriture pour les vaincre. Les disciples, même dans ce chapitre premier, se tiennent sur le terrain sûr de la dépendance totale de Dieu. Pierre se réfère à la Parole de Dieu. Le Seigneur leur a ouvert l’intelligence pour les entendre (Luc 24:45) et le Saint Esprit, déjà reçu comme puissance de vie (Jean 20:22) vient en aide à l’apôtre Pierre. Pierre fait pourtant partie de ceux que les chefs des Juifs tiennent pour des «hommes illettrés et du commun» (Act. 4:13). Mais il applique avec à-propos les enseignements de la Parole à la situation présente et montre la nécessité de remplacer Judas, «qui a été le guide de ceux qui ont pris le Seigneur Jésus» (Act. 1:16). Des paroles inspirées, tirées des Psaumes de David, vont s’accomplir : «Que sa demeure soit déserte et qu’il n’y ait personne qui l’habite» et encore «Qu’un autre prenne sa place de surveillant» ! (Act. 1:20).

Douze apôtre (chiffre indiquant dans l’Écriture une parfaite administration) doivent être les témoins, «officiels» de la résurrection du Seigneur Jésus avec ses conséquences fondamentales (1 Cor. 15:4, 15-19). Constamment rappelée dans ce livre des Actes (2:24,31-32, 3:15 ; 4:2, 10, 30 ; 5:30 ; 10:40 ; 13:30, 34, 37 ; 17:18, 31-32 ; 23:6 ; 24:15, 21 ; 26:8, 23), la résurrection tient une place essentielle dans la prédication de l’Évangile. Mais les apôtres sont aussi appelés à rendre témoignage de ce que le Seigneur à dit et fait durant son ministère ici-bas (Act. 1:21-22).

Parvenus au terme de leurs exercices, les disciples estiment que deux frères parmi eux sont susceptibles d’être choisis : «Et priant, ils dirent :Toi, Seigneur, qui connais les coeurs de tous, montre lequel tu as choisi... «(Act. 1:24). La décision Lui appartient. Ils jettent le sort, étant encore sur le terrain de la Loi (Prov. 16:33). Matthias est désigné et «adjoint aux onze apôtres» (Act. 1:26). Par contre une décision, comme celle d’Actes 13:2, ne pouvait pas être prise avant la venue du Saint Esprit.

4                    Actes chapitre 2

Quelques jours se sont déjà écoulés depuis l’ascension du Seigneur. Sa promesse, qui est aussi celle du Père, va s’accomplir (Luc 24:49 ; Act. 2:1). Le Saint Esprit, Personne divine, descend du ciel et se pose sous forme de langues divisées, sur les disciples, assemblés en un même lieu. Ils sont désormais tous unis par l’ Esprit en un seul Corps, pour former l’Église ou l’Assemblée (1 Cor. 12:13).

La puissance du Saint Esprit se montre aussitôt en eux. Ils sont capables de s’exprimer dans des langues qu’ils ne connaissent pas. Or une foule considérable de Juifs, dispersés au milieu des nations, est montée à Jérusalem pour la Pentecôte. Ils sont confondus de les entendre annoncer dans leur propre langue «les choses magnifiques de Dieu» (Act. 2:11). Ainsi le Seigneur s’adresse à tous, par le moyen de ses serviteurs, revêtus de la puissance d’en Haut.

Certains, se moquant, disent : «Ils sont pleins de vin doux». Il y a toujours des moqueurs parmi les inconvertis et des professants. On n’est pas toujours disposé à recevoir la parole d’exhortation, on peut même être déterminé à la rejeter, à son propre détriment (Luc 7,29-30).

C’est au verset 14 de ce chapitre 2 des Actes que commence le second et très important discours de Pierre. Il se lève, et les onze avec lui, et parle avec la hardiesse qu’il reçoit du Saint Esprit. Après notre conversion, scellés du Saint Esprit, (Éph. 1,13), notre responsabilité est de rendre courageusement témoignage au Seigneur. Posons-nous la question : quelle est mon attitude quand l’occasion se présente ?

L’étendue et la clarté de l’exposé de Pierre, sont remarquables. La pensée centrale en est la résurrection et l’exaltation du Seigneur Jésus avec, pour conséquence immédiate, la descente du Saint Esprit sur la terre. Il affirme, de façon concise, des faits fondamentaux du christianisme et termine en s’appuyant sur un passage de l’Écriture.

1 — Les versets 14 à 22 du chapitre 2, s’adressent aux «hommes juifs, et à tous ceux qui habitent à Jérusalem». L’apôtre réfute brièvement l’accusation dont ils ont été l’objet, d’être ivres et cite un passage du livre de Joël (2:28-32).pour prouver que la puissance qui agit au milieu d’eux est d’origine divine. L’accomplissement complet de ces choses aura lieu après l’enlèvement de l’Église. L’Esprit sera répandu sur un Résidu repentant (Act. 2:17-18). Mais, aux jours de l’apôtre Pierre, le peuple d’Israël, dans son ensemble, n’est pas disposé à recevoir le témoignage du Saint Esprit.

2 — Dans les versets 22 à 28. Pierre parle aux «hommes israélites». Il rend un bref témoignage, propre à toucher leur conscience, — touchant d’abord la vie de «Jésus le Nazaréen, homme approuvé de Dieu» auprès d’eux par les miracles, — mais témoignage aussi concernant sa crucifixion et sa résurrection..Touchant la mort de Jésus, le côté de Dieu et celui de l’homme sont mis en évidence : «Il a été «livré par le conseil défini et la préconnaissance de Dieu» mais Pierre ajoute : «Lui, vous l’avez cloué à une croix et vous l’avez fait périr par la main d’hommes iniques» (Act. 2:23). Les hommes ont accompli, inconsciement ce que Dieu a déterminé, mais leur responsabilité est indiscutable (Marc 14:21). L’apôtre cite un psaume et fait remarquer ses paroles ne peuvent pas s’appliquer à David. Touchant la résurrection, c’est le Seigneur qui montre toute sa confiance en Dieu : «Tu ne permettras que ton Saint voit la corruption», d’autres sont l’expression de sa sûre attente : «Tu me feras connaître les chemins de la vie et tu me rempliras de joie par le regard de ta face» (Ps. 16:8 à 11).

3 — Enfin, aux versets 29 à 36, dans la dernière partie de sa prédication, Pierre s’adresse aux «hommes frères» et établit que la descente du Saint Esprit sur la terre est directement liée à la résurrection et à l’exaltation du Seigneur Jésus : Christ a reçu de la part du Père l’Esprit Saint promis et a répandu «ce que vous voyez et entendez» (Act. 2:33).

Finalement, il cite le plus court, mais peut être le plus saisissant des Psaumes messianiques : «Le Seigneur a dit à mon seigneur : «Assieds-toi à ma droite, jusqu’à ce que j’ai mis tes ennemis pour marchepied de tes pieds» (Ps. 110:1). Il termine par cette déclaration capitale : «Que toute la maison d’Israël donc sache certainement que Dieu a fait et Seigneur et Christ, ce Jésus que vous avez crucifié» (Act. 2:36).

Plusieurs ont «le coeur saisi de componction», vraiment transpercé de douleur. Leur conscience est travaillée, et ils s’écrient : «Que ferons-nous, frères ?». Pierre répond : «Repentez-vous, et que chacun de vous soit baptisé au nom de Jésus-Christ, en rémission de péchés, et vous recevrez le don du Saint Esprit». Et «par plusieurs autres paroles, il conjurait et exhortait, disant : Sauvez-vous de cette génération perverse», c’est à dire de la masse incrédule de ce peuple juif, sur lequel pèse le jugement de Dieu (Act. 2:38-41). La prédication de Pierre touche donc trois mille personnes. Elles se convertissent et sont baptisées. Pour elles la Loi a vraiment été leur conducteur jusqu’à Christ (Gal. 3:24). La grâce de Dieu est magnifiée à l’égard de ce peuple qui a crié : «Ôte ! ôte ! Crucifie-Le ! (Luc 19:15)

L’état, si remarquable, de l’Assemblée à Jérusalem, témoigne des effets de cette prédication. La fin de ce chapitre (Act. 2:42-47) précise qu’ils persévéraient dans la doctrine (c’est la base de tout), la communion des apôtres (auparavant, ils avaient plutôt tout en commun avec le monde), la fraction du pain (signe de la mort du Seigneur et expression de leur communion (1 Cor. 19:17) et les prières (ils n’ont pas de puissance personnelle, toutes leurs ressources sont en Dieu). Ces traits sont distinctifs de l’Église primitive. Ils devraient aujourd’hui caractériser l’Église ! Dieu attend des siens cette attitude de coeur : toute âme craignait de déplaire au Seigneur, et avait une sainte horreur du mal (Rom. 12:9). Cette crainte s’est grandement affaiblie aujourd’hui !

Dieu confirme Sa Parole par un déploiement de puissance spirituelle (Marc 16:20). L’amour des disciples se manifeste de façon pratique : «ils vendaient leurs possessions et leurs biens et les distribuaient à tous, selon que quelqu’un pouvait en avoir besoin» (Act. 2:45).

Un témoignage puissant est rendu au peuple, cette attitude est tellement contraire à l’égoïsme foncier de notre coeur ! L’accent est mis sur leur persévérance à se retrouver dans le temple, un temple, qu’ils vont pourtant abandonner peu à peu, avec le changement de dispensation. Ils se réunissent aussi dans leurs maisons, pour y rompre le pain et prendre avec joie leur nourriture, en simplicité de coeur. Une part heureuse de leur vie appartient à la louange. «Le Seigneur ajoutait tous les jours à l’assemblée ceux qui devaient être sauvés» (Act. 2:47).

5                    Actes chapitre 3

On trouve, au début du chapitre 3 des Actes, une nouvelle prédication de Pierre. On ne sait pas exactement à quel moment elle a lieu, mais les circonstances en sont précisées. Une grande partie de l’activité apostolique n’est pas relaté dans ce livre historique. Seuls quelques faits le sont pour montrer comment le Saint Esprit opère pour rendre témoignage à Jésus ressuscité.

Pierre et Jean, ces hommes de caractère si différent, se rendent ensemble au Temple. Un homme, boiteux dès sa naissance, représentatif de l’état de l’homme en général, leur demande l’aumône. Pierre lui dit : «Regarde-nous». Il obéit, loin de s’attendre au don qu’il va recevoir : une guérison miraculeuse, opérée au seul nom de Jésus-Christ (Act. 3:6). En un instant, pour lui, tout est changé. À la porte jusqu’ici, il entre maintenant dans le Temple, tenant Pierre et Jean par la main : «Tout le peuple le vit, marchant, et sautant, et louant Dieu» (Act. 3:9).

Curieuse, admirative, cette foule accourt vers Pierre et Jean, au portique de Salomon (Act. 3:11). Mais Pierre, avec humilité, cherche aussitôt à attirer l’attention de la foule vers Jésus seul. Ce n’est pas par leur propre puissance ou par leur piété que cet homme s’est mis à marcher. C’est le nom de Jésus qui a raffermi cet homme. Jésus a marché en grâce au milieu d’eux, chassant les démons, ouvrant les yeux de l’aveugle, guérissant les malades et ressuscitant les morts. L’apôtre parle sans détours à leur conscience et montre quelle a été la méchanceté d’Israël. Remarquons dans ses paroles ces antithèses frappantes : «Le Dieu de nos pères a glorifié son serviteur Jésus, que vous, vous avez livré et que vous avez renié devant Pilate. «Vous, vous avez renié le Saint et le Juste, et vous avez demandé qu’on vous accordât un meurtrier, et vous avez mis à mort le Prince de la vie, lequel Dieu a ressuscité d’entre les morts (Act. 3:13-15). La sainte hardiesse avec laquelle Pierre parle de leur reniement montre qu’il a vraiment l’assurance que Dieu lui a pardonné le sien ! Il poursuit en disant que la guérison de cet impotent montre de façon éclatante, la puissance du Prince de la vie.

Pierre et tous les apôtres ont été témoins que Dieu l’a ressuscité (Act. 3:13-15). Il y a beaucoup de grandeur et de simplicité dans le témoignage de l’apôtre.

Les paroles de Pierre, sous la conduite du Saint Esprit, montrent que c’est au peuple Juif qu’il s’adresse d’abord. Il ne leur parle pas du «Dieu et Père de notre Seigneur Jésus Christ», mais du «Dieu d’Abraham et d’Isaac et de Jacob, le Dieu de nos pères». C’est sous ce caractère que Dieu a conclu une alliance avec son Peuple. Il n’y a pas d’autre mention de ce titre divin dans le reste du Nouveau Testament.

L’apôtre de la circoncision déclare ensuite : «Et maintenant, frères, je sais que vous l’avez fait par ignorance, de même que vos chefs aussi». Pour parler d’ignorance dans ce peuple, Pierre s’appuie sur les paroles du Seigneur sur la croix : «Père, pardonne leur, car ils ne savent ce qu’ils font» (Luc 23:34 ; 1 Cor. 2:8).

Dans sa merveilleuse grâce, Dieu attend encore avant d’exécuter le jugement. Si maintenant ils se repentent et se convertissent, «des temps de rafraîchissement» (És. 35:6-7) ou le «le temps du rétablissement de toutes choses», deux expressions de portée voisine, viendront aussitôt de devant la face du Seigneur (Act. 3:19, 21), Christ, que le ciel a reçu, reviendra pour régner. Mais la suite du récit montre que le peuple ne s’est pas repenti. Toutefois les conseils de Dieu vont s’accomplir à l’aube milléniale. Alors «Ils regarderont vers Celui qu’ils ont percé, et ils se lamenteront sur Lui, comme on se lamente sur un fils unique (Zach. 12:10).

Dieu a parlé aux pères par les prophètes. Pierre s’appuie sur l’Écriture et cite Moïse et Abraham. Il tient compte des origines de ceux qui composent de son auditoire. Il faut le faire aussi et se mettre à leur portée, avec le secours de l’Esprit (1 Cor. 9:20-22).

Pierre leur rappelle : «Vous, vous êtes les fils des prophètes et de l’alliance... à vous premièrement, Dieu ayant suscité son Serviteur (És. 42:1 ; 52:13), l’a envoyé pour vous bénir, en détournant chacun de vous de ses méchancetés» (Act. 3:25-26). Ce mot premièrement ouvre de vastes perspectives. D’autres peuples, jusqu’au bout de la terre, ont part aux bénédictions de l’Évangile (És. 49:6) ! Mais Pierre va avoir besoin d’une révélation spéciale, pour comprendre et accepter que le salut soit désormais présenté aux païens comme aux Juifs.

6                    Actes chapitre 4

L’impact de ces deux premières prédications de Pierre, le nombre croissant de chrétiens d’origine juive, attire l’opposition des adversaires. À leur tête se trouve les sacrificateurs, le commandant du temple et les sadducéens. Ces derniers en particulier sont en peine de ce «que Pierre et Jean «enseignaient le peuple et annonçaient par Jésus la résurrection d’entre les morts» (Act. 4:2). Ces rationalistes estiment, sans se tromper, que c’est prêcher la doctrine de la résurrection générale (1 Cor. 15:12). Pierre et Jean passent la nuit en prison, mais malgré la persécution, un grand nombre se tourne vers le Seigneur, «environ cinq mille» hommes (Act. 4:4). C’est la dernière fois que le nombre des convertis est indiqué dans les Actes. Depuis lors, Dieu seul connaît le nombre des membres du Corps de Christ sur la terre.

Le lendemain, le Sanhédrin s’assemble et les fait comparaître. Il y a là les principaux responsables de la crucifixion du Seigneur : Caïphe, les sacrificateurs, les anciens et les scribes. Ces derniers posent habilement la question suivante : «Par quelle puissance et par quel nom avez-vous fait ceci ?». Ils savent bien que ce nom est celui de Jésus, mais ils veulent leur arracher cet aveu (Act. 4:10) pour les accuser d’être des blasphémateurs, en substituant le nom de Jésus à celui de Jéhovah. Même ce petit mot «ceci» montre leur ruse. Ils n’osent pas avancer comme grief, cette guérison miraculeuse, dont tous ont été témoins. De plus, l’homme en question est présent, «plein de santé» (Act. 4:10) !

Alors Pierre, «rempli de l’Esprit Saint», prononce sans crainte un nouveau discours, le plus bref de tous. D’accusé, il devient accusateur. Dieu lui accorde un secours particulier à cette heure si difficile (Luc 12:11-12). Il reçoit une «bouche» et une «sagesse» à laquelle les adversaires ne peuvent pas résister (Luc 21:15). Il s’étonne : Sont-ils «vraiment interrogés par les autorités pour avoir accompli une bonne oeuvre ? (Act. 4:9). Il affirme, à deux reprises, que ce miracle a été opéré au nom de Jésus-Christ le Nazaréen. Il ajoute courageusement : «Vous, vous l’avez crucifié», et il proclame que Dieu l’a «ressuscité d’entre les morts» (Act. 4:10). Il montre que dans l’Écriture, Jésus est dorénavant la pierre de touche par excellence. «Pour les uns» Il est la maîtresse pierre de coin, élue, précieuse», sur laquelle tout l’édifice repose. Pour ceux auxquels appartient en Israël la responsabilité de bâtir, et qui ont rejeté cette «pierre angulaire», Il devient une pierre d’achoppement et un rocher de chute (Act. 4:11 ; 1 Pier. 2:4-8). C’est une admirable application du Ps. 118:22.

L’enseignement des Actes, au chapitre 4, verset 12, est fondamental. La valeur unique et la nécessité absolue du nom de Jésus pour être sauvés est établie : «Il n’y a point d’autre nom sous le ciel, qui soit donné parmi les hommes, par lequel il nous faille être sauvés». Ce nom merveilleux de Jésus est souvent rappelé dans ce chapitre (Act. 4:2, 10, 12, 18, 27, 33).

Les chefs du peuple, en particulier la caste des pharisiens, sont malgré eux impressionnés par ce double témoignage : la présence de cet homme boiteux, maintenant guéri, et la hardiesse de Pierre et de Jean, ces «galiléens», pour eux, un terme de mépris (Act. 2:7), réputés sans instruction ! Ils sont obligés de les reconnaître «pour avoir été avec Jésus» (Act. 4:13). Ils n’ont rien à opposer» et s’interrogent «Que ferons-nous à ces hommes ?»

C’est l’une des circonstances où l’on peut se faire une idée de l’inspiration dans les Saintes Écritures. Personne n’a rapporté à Luc, l’écrivain des Actes, ce qui s’est dit dans le prétoire, après que l’on aie fait sortir les apôtres, mais le Saint Esprit, ici comme ailleurs, a tout vu et tout entendu.

Hélas, les membres du Sanhédrin ne montrent aucune repentance. Ils ne veulent pas accepter ce qui vient de leur être présenté avec puissance. Ils reconnaissent qu’il «est apparent pour tous les habitants de Jérusalem qu’un miracle notoire a été fait parmi eux» et qu’ils ne peuvent pas le nier» (Act. 4:16). Alors, que faire ? Ils veulent surtout empêcher que la nouvelle de ce miracle ne se répande davantage parmi le peuple ! À regret, ils décident de se contenter de défendre avec menaces aux apôtres de parler ou d’enseigner au nom de Jésus» (Act. 4:17).

Mais Pierre et Jean déclarent à nouveau, avec le courage que donne une foi vivante : «Jugez s’il est juste devant Dieu de vous écouter plutôt que Dieu. Pour nous, nous ne pouvons pas ne pas parler des choses que nous avons vues et entendues» (Act. 4:19-20). Il nous faut la même hardiesse pour faire cette belle confession devant beaucoup de témoins, durant l’absence de notre Seigneur (1 Tim. 6:13). Peu nombreux sont ceux qui ont une telle hardiesse. La crainte de l’homme conduit souvent à cacher ses convictions et à céder devant des autorités et des chefs ecclésiastiques qui rejettent le saint Fils de Dieu.

Dieu veille sur ses serviteurs, et contre toute attente, ils sont relâchés et s’en vont «vers les leurs», c’est à dire vers ceux qui ont reçu en partage une foi de pareil prix (1 Pier. 1:1). C’est une compagnie séparée du monde (Act. 4:23), en contraste avec ceux que la Parole appelle «les autres» (Act. 5:13).

Ensemble, les disciples d’un commun accord, s’adressent à Dieu : Une voix s’élève, mais c’est la prière de toute l’assemblée. La louange est la première note de cette prière. Les hommes peuvent-ils s’opposer à Celui qui a crée l’univers ? C’est en vain que les nations se déchaînent contre le Seigneur et contre son Oint (Ps. 2:1-2). Il y a une grande simplicité dans leurs requêtes : Regarde à leurs menaces, donne à tes serviteurs d’annoncer la Parole avec hardiesse, étend ta main pour guérir (Act. 4:29-30). Ils ne cherchent pas leurs aises, ils ne demandent pas que l’opposition et les persécutions cessent, ils confient entièrement en Dieu (Act. 14:22).

Un des caractères de la foi, la hardiesse, est souvent mentionnée dans le livre des Actes, et plus particulièrement dans ce chapitre (Act. 4:13, 29, 31 ; 14:3 ; 18:26 ; 19:8 ; 28:31). Elle n’a rien de commun avec l’énergie charnelle qui, dans le passé, poussait Pierre en avant, pour l’abandonner l’instant d’après.

7                    Actes chapitre 5

Le chapitre 4 commence par un «mais» qui annonce une attaque contre ces serviteurs de Dieu, fomentée de l’Ennemi. Ses agents viennent du dehors. Tandis que le chapitre suivant débute aussi par un «mais», qui annonce le mauvais travail de l’Adversaire «au-dedans». Son but est de corrompre l’Assemblée en formation. Ananias et Sapphira sont des croyants et cette scène met en évidence ce que la chair peut produire chez un enfant de Dieu, si elle est laissé libre d’agir. Satan sait comment nous séduire et amorcer ces convoitises, toujours à l’état latent dans notre coeur.

Ananias et Sapphira cherchent à se donner une apparence de piété. Ils veulent faire croire à leur entourage qu’ils sont complètement détachés des biens de la terre. D’autres disciples, en effet, guidés par leur premier amour pour Christ, vendent leurs champs et leurs maisons. Ils en apportent, comme Barnabas, le prix aux pieds des apôtres. Ces dons sont distribués selon que l’un ou l’autre peut en avoir besoin. Il y a entre eux un amour réel et une grande sollicitude : «Une grande grâce était sur eux tous» (Act. 4:34, 37). Par contre, le mauvais état spirituel d’Ananias et de Sapphira produit en eux de l’hypocrisie et du mensonge. Ils ont oublié la présence du Seigneur dans l’Assemblée. «De connivence avec sa femme» est-il écrit. Sapphira ne se comporte pas comme une aide.

Ananias vend donc une possession et met de côté une partie du prix, qu’il veut conserver secrètement. Il porte ensuite le reste aux pieds des apôtres. Il veut faire croire qu’il s’agit du tout. Telle est la pensée de la chair, même chez un saint. Derrière ce mensonge, se cachent la convoitise et la vanité. Les péchés vont souvent ensemble.

Ici encore Pierre, qui a reçu un don de discernement, intervient (1 Cor. 12:10). Éclairé par le Saint Esprit, et rempli d’une sainte indignation, il interroge : «Ananias, pourquoi Satan a t-il rempli ton coeur, que tu aies menti au Saint Esprit ?». Ananias et sa femme n’ont pas menti aux hommes, mais à Dieu. Ce couple est frappé tour à tour par un effet du gouvernement de Dieu, dès que leur responsabilité personnelle est établie. «La convoitise, ayant conçu ; enfante le péché et le péché étant consommé, produit la mort» (Jac. 1:14). Cette discipline touche leur corps. Ce n’est pas un châtiment de l’âme. Le sort éternel n’est pas en question. «Une grande crainte s’empare de toute l’assemblée». Cette discipline sévère au milieu d’eux les garde de ce que la Parole appelle le «peuple mélangé» (Néh. 3:13).

C’est un avertissement très sérieux pour tous les croyants, au moment où la crainte de Dieu fait sérieusement défaut. «D’entre les autres (c’est à dire des incrédules) nul n’osait se joindre à eux... mais des croyants d’autant plus nombreux se joignaient au Seigneur» (Act. 5:11, 13-14). Dieu bénit ceux qui Le craignent, et le montrent par leur conduite.

Aussitôt cette triste affaire d’Ananias et de Saphira jugée, un déploiement de puissance extraordinaire se produit et le peuple loue hautement les apôtres (Act. 5:13). Une fois encore, le Méchant a donc fait une oeuvre trompeuse (Prov. 11:18). Comme le Seigneur l’a annoncé (Jean 14:12), beaucoup de miracles et de prodiges s’accomplissent par le moyen des apôtres. «Le peuple les louait hautement» (Act. 5:13). Ces manifestations de puissance préparent les coeurs à recevoir l’Évangile. Mais c’est seulement la Parole qui peut aujourd’hui encore agir sur la conscience, et conduire à une repentance à salut.

Lors du passage de Pierre, le peuple porte dans les rues des infirmes et ceux qui sont tourmentés par des esprits immondes, avec l’espoir qu’au moins son ombre passe sur eux ! Et «ils sont tous guéris» (Act. 5:16). C’est un avant-goût de ce que l’épître aux Hébreux appelle les miracles du siècle à venir (Héb. 6:5). L’Écriture ne dit pas que son ombre a guéri un seul infirme. Mais des miracles ne peuvent-ils pas s’accomplir de la sorte, tout aussi bien que par la main ou par le bras ? Ce sont des «moyens» que Dieu emploie, s’il le juge bon. Un malade peut évidemment être guéri sans intervention directe.

Satan, toutefois, ne tarde pas à reprendre l’offensive. Il excite la jalousie des Sadducéens, témoins du zèle pour Dieu des apôtres. Ces derniers sont à nouveau jetés en prison. Leur captivité est très courte, car de nuit, un ange du Seigneur leur ouvre les portes et leur dit : «Allez, et vous tenant dans le temple, annoncez au peuple «toutes les paroles de cette vie». Ce qui nous parait impossible est aisé pour Dieu. Libres, la conduite des apôtres n’évoque pas celle de prisonniers échappés, qui cherchent à se cacher, mais plutôt celle d’hommes dérangés dans leurs occupations, et qui y retournent dès que possible.

Arrêtés à nouveau sans violence par les huissiers et leur commandant qui «craignaient d’être lapidés par le peuple» (Act. 5:26), ils comparaissent à nouveau devant le Sanhédrin. Le Souverain sacrificateur passe sous silence leur délivrance surnaturelle et les accuse d’avoir, malgré son interdiction formelle, enseigné au nom de Jésus. Mal à l’aise dans sa conscience, il affirme : «Vous voulez faire venir sur nous le sang de cet homme». A-t-il oublié les cris de son peuple : «Que son sang soit sur nous et sur nos enfants» ? (Matt. 27:25).

Pierre et les apôtres, répondent sans hésitation : «Il faut obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes». Une fois encore un témoignage éclatant à la résurrection de Jésus est rendu devant tous ces chefs religieux. Pierre rappelle que Celui qu’ils ont fait «mourir, le pendant au bois» (Act. 5:30), Dieu l’a exalté par sa droite Prince (Celui qui a toute autorité dans le ciel et sur la terre) et Sauveur (Celui qui a accompli l’oeuvre du salut). En se tournant vers Lui avec un coeur repentant, Israël peut recevoir la rémission des péchés. Les apôtres déclarent qu’ils sont témoins de ces choses, de même que le Saint Esprit, que Dieu a donné à ceux qui Lui obéissent» (Act. 5:29-32; Jean 15:26-27).

Devant un témoignage si clair, les membres du Sanhédrin «frémissaient de rage et tenaient conseil pour les faire mourir». Cette même haine conduit plus tard au martyr d’Étienne (Act. 7:54). Mais ici Dieu juge bon de se servir d’un pharisien, Gamaliel, «docteur de la loi, honoré de tout le peuple», qui a eu pour disciple, Saul de Tarse (Act. 22:3). Il donne d’abord l’ordre de faire sortir les apôtres pour un peu de temps. Puis il déclare à ses pairs : «Prenez garde à vous-mêmes et voyez ce que vous allez faire» (Act. 5:33-35). Il rappelle comment des hommes, tels que Theudas ou Judas le Galiléen, ont d’abord attiré un grand peuple après eux, pour être finalement «réduits à rien». Touchant les apôtres, il conseille à ces Juifs religieux ; Laissez ces hommes : «Si leur oeuvre est «de Dieu», personne ne pourra les détruire. «De peur que vous ne soyez même trouvés faire la guerre à Dieu» (Act. 5:39).

Les apôtres, rappelés dans la salle d’audience, sont battus ! Défense leur est faite à nouveau de parler au nom de Jésus. Relâchés, ils se réjouissent «d’avoir été estimés dignes de souffrir pour le nom de Jésus» ! (Act. 5:41 ; 1 Pier. 4:13-14). «Ils ne cessaient tous les jours d’enseigner et d’annoncer Jésus comme le Christ, dans le temple et de maison en maison» (Act. 5:42).

8                    Actes chapitre 6

Au chapitre 6, le tableau harmonieux offert jusqu’alors par l’Assemblée, est assombri par les murmures des Hellénistes contre les Hébreux. Ces Hellénistes étaient aussi des Juifs, mais leur langue maternelle était le Grec. Une rivalité et de la jalousie se manifestent entre ces chrétiens. Si la chair n’est pas tenue en bride, elle produit les mêmes fruits, aujourd’hui aussi, dans les assemblées. Le Destructeur cherche toujours à troubler la communion des enfants de Dieu et il trouve un allié dans nos coeurs ! (1 Cor. 10:10). Ces difficultés, comme dans le cas d’Ananias et de Sapphira, sont en relation avec l’argent. Il s’agit ici d’assurer une distribution journalière équitable de l’aide que l’assemblée accorde aux veuves. C’est une conséquence inattendue, fâcheuse, de la mise en commun de toutes les possessions des fidèles.

Sans faire de reproches, «les douze» proposent que sept diacres, ayant un bon témoignage, remplis de l’Esprit Saint, soient choisis parmi eux pour qu’aucune veuve ne soit négligée. Étienne et Philippe, en particulier, sont présentés aux apôtres. Ces derniers pourront ainsi continuer à persévérer dans la prière et le service de la Parole (Act. 6:3-6).

Pierre est très souvent en compagnie de Jean dans ces premiers chapitres des Actes (Act. 1:13 ; 3:1:3, 11 ; 4:13, 19 ; 8:14). Il est bon et agréable que des frères habitent unis ensemble.

9                    Actes chapitre 8

La lapidation d’Étienne (Act. 7:57-60) est suivie d’une grande persécution contre l’assemblée, et d’une dispersion générale. Mais Dieu se sert même de la colère de l’homme pour l’avancement de ses desseins à l’égard de la terre entière. Philippe, jusqu’alors un des diacres de l’assemblée à Jérusalem, va maintenant prêcher le Christ dans une ville de Samarie, selon la volonté du Seigneur (Act. 1:8). Les foules «d’un commun accord» sont attentives et la Parole, confirmée par des miracles, touche leur coeur. Nombreux sont ceux qui croient et sont baptisés,

Parmi eux se trouve un certain Simon, «qui jusqu’ici exerçait la magie et étonnait le peuple de la Samarie, se disant être quelque grand personnage» (Act. 8:9). Crédules, tous s’attachaient à lui, croyant reconnaître «la puissance de Dieu appelée la grande» ! Mais cet homme n’était qu’un trompeur ! Satan cherche toujours à imiter la puissance de Dieu. Après l’enlèvement de l’Église, quand le Saint Esprit aura quitté la terre, ces manifestations diaboliques atteindront leur apogée. Il y aura «toutes sortes de miracles et signes et prodiges de mensonge» (2 Thess. 2:9).

Il semble que la foi de Simon soit très superficielle, comme pour les personnes dont parle Jean 2:23-25. S’agit-il de la vraie foi, celle qui sauve ? En tout cas, impressionné devant les prodiges et les grands miracles de Philippe, Simon se tient toujours auprès de lui.

C’est à ce moment-là que «les apôtres qui étaient à Jérusalem, ayant appris que la Samarie avait reçu la parole de Dieu, leur envoyèrent Pierre et Jean» (Act. 8:14). Ces derniers prient pour les croyants, leur imposent les mains, des mains apostoliques, et ils reçoivent le Saint Esprit (Act. 8:15-17). Ce que voyant, Simon leur offre de l’argent, pour recevoir, lui aussi, «ce pouvoir» de conférer le Saint Esprit ! Il voudrait trafiquer des choses saintes ! Cette pratique a d’ailleurs été depuis désignée sous le nom de «simonie». Cet homme montre ainsi ce qui se passe dans son coeur : «L’arbre est connu par son fruit» (Matt. 12:33). Le travail de la repentance n’a pas eu lieu en lui, sa manière de d’agir le trahit.

Deux Simons, dans des dispositions intérieures bien différentes sont face à face : Il y a ici Simon Pierre et Simon le magicien. Toute l’indignation qui fait vibrer l’apôtre Pierre est perceptible dans sa réponse : «Que ton argent périsse avec toi, parce que tu as pensé acquérir avec de l’argent le don de Dieu. «Tu n’as ni part ni portion dans cette affaire, car ton coeur n’est pas droit devant Dieu» (Act. 8:20-21). Ce n’est pas une condamnation définitive. Il exhorte Simon à la repentance et à la prière. Mais Pierre parle de façon dubitative. Rempli du Saint Esprit, il discerne que Simon est «dans un fiel d’amertume et dans un lien d’iniquité» (Act. 8:23). De fait Simon «le magicien» montre ensuite plutôt sa crainte du jugement qu’un sentiment d’horreur à l’égard de son péché. Il demande la prière des apôtres, il a peur du châtiment. Il semble que Simon n’a pas trouvé la paix avec Dieu, sinon cette conversion aurait sans doute été rapportée dans la Parole, comme l’un des plus beaux trophées de l’Évangile.

Quant à Pierre et Jean, «après avoir rendu témoignage et annoncé la Parole du Seigneur, ils reprennent la route de Jérusalem, évangélisant au passage plusieurs villages de Samaritains (Act. 8:25). Les conseils de Dieu doivent s’accomplir. Le temps est venu d’aller dans les chemins et le long des haies, pour contraindre les gens d’entrer, afin que la maison de Dieu soit remplie. Tous ceux qui ont commencé unanimement à s’excuser, ne goûteront pas de Son souper (Luc 14:18, 23-24).

10               Actes chapitre 9

Chaque conversion est un miracle de la grâce de Dieu. Au début du chapitre 9 des Actes, la puissance divine arrache à Satan un de ses meilleurs instruments et l’enrôle au service de Dieu. Saul, devenu Paul, après un temps de retraite et de formation, deviendra l’apôtre des nations, et la seconde partie de ce livre des Actes nous entretient en détail de son service. Mais il passe d’abord «des jours en grand nombre» à Damas, où il prêche aussitôt Jésus dans les synagogues, à la surprise générale. Son témoignage fidèle provoque bientôt de la haine (Act. 9:20-21, 23). Les disciples dévalent Paul par la muraille, dans une corbeille (2 Cor. 11:23). Il échappe ainsi à ceux qui veulent le tuer et se rend à Jérusalem (Act. 9:25-26). Il est venu dans l’intention précise de faire la connaissance de Pierre, il sera son hôte pendant une quinzaine de jours (Gal. 1:16-19). Leurs entretiens sont certainement heureux : «ceux qui craignent l’Éternel, parlent l’un à l’autre». C’est à Jérusalem, alors qu’il prie dans le temple, que Paul reçoit cet ordre du Seigneur : «Va, car je t’enverrai au loin vers les nations» (Act. 22:21).

Mais pour l’heure le service de Pierre se poursuit et se poursuivra en tout cas jusqu’au v. 17 du chapitre 12. Il parcourt toute la contrée, descend vers les saints à Lydde, pour affermir et développer leur foi (Act. 9:32). Un homme paralysé depuis huit ans, couché sur son petit lit, s’y trouve. Il est rétabli sur le principe de la foi. Pierre lui dit : «Jésus Christ te guérit ; lève-toi, et fais toi-même ton lit». Énée ne raisonne pas, il obéit. «Tous ceux qui habitaient Lydde et le Saron le voient et se tournent vers le Seigneur.

Il ne faut pas s’attacher au serviteur, et si c’est le cas, l’on peut se demander si c’est vraiment le Maître seul qui a été présenté ? Énée signifie «louange», c’est une figure d’Israël.. Bientôt ce peuple sera guéri de sa paralysie et deviendra une manifestation éclatante de la grâce et de la miséricorde divines, ce récit est prophétique.

À Joppé, Dorcas, une disciple, «pleine de bonnes oeuvres et d’aumônes», tombe malade et meurt (Act. 9:37). Elle est mise dans la chambre haute et les disciples, ayant appris que Pierre est à Lydde, près de Joppé, envoient vers lui deux hommes avec ce court mais pressant message : «Ne tarde pas de venir jusqu’à nous. Et Pierre se levant, s’en alla avec eux» (Act. 9:38-39). Suit une scène émouvante, où les affections tiennent une grande place. Un frère a fait remarquer qu’un vrai chrétien n’est pas un saint de glace. L’attitude de Paul en est la démonstration (Phil. 2:27).

Notons la conduite ici de Pierre. Comme le Seigneur (Matt. 9:25), il les met «tous dehors». Seul avec Dieu, dans cette chambre haute, à genoux, il prie avec foi et dit : «Tabitha, lève-toi». Elle, voyant Pierre, se dresse sur son séant. Il lui donne la main et la présente vivante aux saints et aux veuves. Ils peuvent tous jouir des consolations du Saint Esprit (Act. 9:32-43). Plusieurs dans cette ville crurent au Seigneur. Dorcas, elle aussi, est une figure d’Israël. Ce peuple, relevé d’entre les morts, va devenir une source de bénédiction pour les nations. Prions pour sa restauration ! (Ps. 122:6 ; És. 62:7).

Ces miracles marquent la fin du ministère de Pierre à l’égard du peuple juif seul.

11               Actes chapitre 10

Il est tout à fait remarquable que Dieu ait choisit Pierre, l’apôtre de la circoncision, pour ouvrir la porte aux nations (Matt. 16:9), plutôt que Paul, qui leur sera pourtant envoyé. Pierre pour remplir cette mission aura besoin d’une préparation spéciale, même s’il est rempli par le Saint Esprit et formé par une vie de service dans la dépendance du Seigneur.

Il a déjà déclaré le jour de la Pentecôte : «À vous est la promesse et à vos enfants, et à tous ceux qui sont loin, autant que le Seigneur, notre Dieu en appellera à lui» (Act. 2:39). Il ne mesure certainement pas alors la portée de cette déclaration, prononcée sous la direction du Saint Esprit : ceux qui sont loin, ce sont les nations ! (Éphés. 2:11-18). Cet événement décisif dans l’histoire du salut : l’entrée des païens convertis dans l’Église, est maintenant rapportée (Act. 10 et 11 ; És. 49:6).

Dans sa grâce immense, Dieu prépare son serviteur Pierre et Corneille, ce centurion romain, «pieux et craignant Dieu avec toute sa maison» (Act. 10:2). Leur rencontre aura des conséquences extrêmement bénies, pour Corneille et pour son entourage d’abord, mais ensuite aussi pour toutes les nations ensuite.

Au moment où ils reçoivent une révélation divine, l’un et l’autre vaquent à la prière. Corneille, en particulier, prie continuellement et jeûne aussi. Soudain, tout effrayé, il voit un ange de Dieu l’appeler par son nom : «Corneille» ! et lui annoncer que «ses prières et ses aumônes sont montées pour mémorial devant Dieu». Puis cet ange lui donne l’ordre d’envoyer chercher Pierre à Joppé et lui indique même, avec précision, où le trouver ! (Act. 10:3-6).

Les auditeurs sont prêts, mais le prédicateur ne l’est pas encore ! L’apôtre est monté sur le toit où il prie, au moment même où les hommes, envoyés de Césarée par Corneille, approchent de Joppé. Il a brusquement très-faim, on lui apprête un repas, mais une extase lui survient inopinément (Comparer avec 2 Cor. 12:1-4). L’apôtre voit un vase, comme une grande toile dévalée du ciel en terre. Une voix l’invite à tuer et à manger de son contenu, composé de «tous les quadrupèdes, des reptiles de la terre, et des oiseaux du ciel» (Act. 10:13-16). Sa première réaction est de refuser : «Non point, Seigneur, car jamais je n’ai rien mangé qui soit impur ou immonde». Il reconnaît pourtant cette voix comme celle de Dieu, d’où un conflit de devoirs. Mais cette voix s’adresse de nouveau à lui, pour affirmer : «Ce que Dieu a purifié, toi ne le tiens pas pour impur» (Act. 10:15).

On peut comprendre ses réticences à obéir. Sans doute Pierre aurait pu choisir, parmi ces animaux, ceux qui sont purs. Mais il a compris l’intention divine d’effacer la distinction entre animaux purs et impurs, établie par la Loi (Lév. 11), et respectée par les Juifs, désireux de se soumettre à Dieu. Garder cette prescription est d’ailleurs, avec d’autres commandements mosaïques, un moyen de nourrir leur orgueil individuel et national, et un esprit de supériorité à l’égard de tous les païens, tenus pour souillés.

Le but de cette vision, trois fois répétée, n’est-il pas d’impressionner fortement l’esprit de Pierre ? Dieu veut convaincre son serviteur de ne plus faire de distinction entre un peuple, qui s’estime pur, et les nations, réputées impures. Juifs et nations sont, aux yeux du Dieu saint, des pécheurs souillés «renfermés dans la désobéissance» pour devenir les objets d’une même miséricorde (Rom. 10:12 ; 11:30-32). Pierre, conduit par l’Esprit de Dieu, doit comprendre l’application spirituelle de cette vision extraordinaire.

C’est à ce moment où Pierre, perplexe, médite sur la signification de cette vision, que les messagers de Corneille arrivent. Dieu s’occupe toujours des moindres détails. Apprenons à le laisser faire ! Tous ses conseils sont la fermeté même et ses desseins ne failliront jamais. Soyons sans inquiétude, il mène tout à bonne fin. L’Esprit avertit l’apôtre. «Lève-toi, et descends, et va avec eux sans hésiter, parce que c’est moi qui les ai envoyés» (Act. 10:20). Cette mise en garde est nécessaire, car ceux qui le cherchent sont des Gentils. Pierre peut fort bien refuser de les recevoir (Act. 10:28). Obéissant à Dieu, il les fait entrer. Aussitôt, ils exposent le motif de leur démarche. Corneille, «homme juste et craignant Dieu... a été averti divinement par un saint ange de faire venir Pierre dans sa maison, et d’entendre des paroles de sa part» (Act. 10:22). On voit comment Dieu aide l’apôtre à déchiffrer peu à peu l’énigme que lui pose la vision. Il reçoit ces hommes chez lui, ce qui est certainement contraire aux us et coutumes des Juifs. Le lendemain, c’est tout un groupe qui part pour Césarée, à dix heures de marche. Pierre ne ressemble du tout à Jonas, qui s’enfuit à Joppé, plutôt que d’aller à Ninive et d’obéir à Dieu. Pierre a pris sagement avec lui des frères, car il réalise de plus en plus l’importance de cette entrevue. Dieu va ouvrir la porte aux nations et détruire le «mur mitoyen de clôture», qui les sépare jusqu’ici des Juifs (Éph. 2:13-18). L’apôtre et ces frères qui l’accompagnent, pourront ensuite rendre compte à Jérusalem, de ce qui s’est passé (Act. 11:12 ; Deut. 19:15).

Corneille attend ce messager du ciel. Il assemble «ses parents et ses intimes amis» (Act. 10:24). Confiant en Dieu, il sait que Pierre va venir avec ses messagers. Aussi, au moment où l’apôtre franchit le seuil de sa maison, Corneille tombe à ses pieds pour lui rendre hommage. Mais Pierre le relève aussitôt, en disant : «Lève toi, et moi aussi je suis un homme». On doit se prosterner seulement devant Dieu (voir Apoc. 19:10 ; 22:9). Pierre explique ensuite pourquoi il accepte d’entrer dans la maison d’un homme des nations, chose illicite pour un Juif. Il déclare : «Dieu m’a montré «à moi» (noter l’insistance), «à n’appeler aucun homme impur ou immonde» (Act. 10:28).

C’est ensuite au tour de Corneille de raconter comment il a reçu l’ordre de faire venir Pierre. Dieu lui a révélé jusqu’au lieu où l’apôtre loge, chez Simon le corroyeur, au bord de la mer ! Il y a d’autres cas semblables (Act. 8:26 ; 9:11). Il conclut : «Maintenant donc nous sommes tous présents devant Dieu, pour entendre tout ce qui t’a été ordonné par Dieu (Act. 10:33). Avec un tel auditoire, la prédication portera certainement des fruits ! Que de personnes sont prêtes à entendre seulement des paroles réconfortantes tirées de l’Écriture, mais ne supporte pas la parole d’exhortation (Héb. 13:22).

L’apôtre Pierre fait part de la conviction que le Saint Esprit a, peu à peu, formée en lui : «En vérité, je comprends que Dieu ne fait pas acception de personnes» (Act. 10:34). Cette vérité, déjà énoncée plusieurs fois dans l’Ancien Testament, prend une toute nouvelle signification. «En toute nation celui qui le craint et qui pratique la justice, lui est agréable». La bonne nouvelle de la paix (És. 52:7) d’abord apportée aux fils d’Israël, l’est maintenant à quiconque croit en Lui. C’est le seul moyen de recevoir la rémission des péchés. Une pensée domine la déclaration si claire de Pierre : Parlant de Jésus Christ, il déclare : «Lui est Seigneur de tous» (Act. 10:37). Puis il décrit, d’une manière admirable de concision, le ministère du Seigneur, depuis son onction par le Saint Esprit jusqu’à sa mort sur la Croix. Sa vie sainte est une suite ininterrompue de bienfaits, «guérissant tous ceux que le diable avait asservis à sa puissance» (Act. 10:38-40). De ces choses précieuses, les apôtres sont les témoins, «choisis de Dieu». N’ont-ils pas «mangé et bu avec Lui après qu’il eut été ressuscité d’entre les morts» ? Pierre proclame que «c’est Lui qui est établi de Dieu juge des vivants et des morts». Tous les prophètes lui rendent témoignage que, par son nom, quiconque croit en Lui, reçoit la rémission des péchés». L’universalité du salut offert est proclamée par Pierre, comme elle le sera par Paul (Rom. 3:22). Quelle joie pour ses auditeurs d’entendre de telles paroles ! Les paroles du Seigneur, quand il était sur la terre, s’accomplissent : «J’ai d’autres brebis qui ne sont pas de cette bergerie ; il faut que je les amène, elles aussi ; et elles écouteront ma voix, et il y aura un seul troupeau et un seul berger» (Jean 10:16).

De plus, au moment où Pierre commence à parler (Act. 11:15), le Saint Esprit tombe sur Corneille et les siens, «comme il était tombé sur nous au commencement» dira plus tard Pierre (Act. 11:15). La Parole est reçue, et le Saint Esprit vient sceller cette oeuvre divine. Aussitôt, ils parlent en langues et magnifient Dieu. L’apôtre s’incline devant ces faits merveilleux : «Quelqu’un pourrait-il refuser l’eau, afin que ceux-ci ne soient pas baptisés, eux qui ont reçu l’Esprit Saint comme nous-mêmes ? Il commande qu’ils soient baptisés au nom du Seigneur. Les assistants le prient de rester là quelques jours, réalisant leur besoin de recevoir d’autres enseignements, pour affermir leur foi.

12               Actes chapitre 11

Les apôtres et les frères qui sont en Judée apprennent sans tarder que les nations aussi ont reçu la Parole de Dieu. Voilà qui parait proprement incroyable et pour certains, même inacceptable ! Aussi, dès son retour à Jérusalem, Pierre est soumis à rude épreuve. Il rencontre l’opposition de «ceux de la circoncision», ou plus exactement de la «concision» (Phil. 3:2 ; Gal. 5:2) qui forment déjà un solide parti dans l’Église. Ils disputent vivement avec lui : «Tu es entré chez des hommes incirconcis et tu as mangé avec eux». C’était ce fait, rapporté de façon partiale et incomplète, qu’ils ont retenu. Leur émotion est toutefois compréhensible : ce sont des hommes qui ont pratiqué jusqu’alors toutes les ordonnances mosaïques. Nous sommes généralement si lents de coeur à croire à l’étendue de la grâce divine ! Ces Juifs pensent que Pierre s’est rendu impur dans sa démarche auprès des nations et qu’il a ouvertement méprisé la Loi.

Mais à travers le récit de Pierre, le Saint Esprit va leur enseigner que la miséricorde de Dieu est sans limite. L’apôtre ne répond pas sur le même ton qu’eux : «Une réponse douce détourne la fureur» (Prov. 15:1). Avec humilité, il entreprend de leur exposer les faits «par ordre», sans rien laisser dans l’ombre, ce qui est toujours une bonne chose quand une difficulté surgit. Il ne fait pas état de son autorité apostolique et de la mission reçue du Seigneur. Il présente les six frères qui sont venus avec lui. Leur témoignage est d’autant plus important, qu’ils sont, eux aussi, des Juifs convertis. Il conclut fermement : «Si donc Dieu leur a fait le même don (celui du Saint Esprit) qu’à nous qui avons cru au Seigneur Jésus-Christ, qui étais-je, moi, pour pouvoir l’interdire à Dieu» ? (Act. 11:17). Il s’est conformé à Sa volonté, clairement manifestée.

L’indignation cède la place à la joie. «Ils se turent et glorifièrent Dieu, disant que Dieu a donc donné aux nations la repentance pour la vie ! (Act. 11:18). Une nouvelle dispensation commence : Les nations deviennent «cohéritières et d’un même corps et coparticipantes de sa promesse dans le Christ Jésus» (Éph. 3:6).

Des Grecs en grand nombre se tournent vers le Seigneur. Une assemblée prospère se forme à Antioche, où Barnabas et Saul exercent leur ministère. C’est là que, pour la première fois, des croyants sont appelés chrétiens (Act. 11:26).

13               Actes chapitre 12

Le chapitre 12 est la conclusion de cette première partie des Actes, celle où l’activité de Pierre est prépondérante. Les frères en Judée vont connaître de nouvelles persécutions. Hérode Agrippa, triste successeur de son oncle Hérode Antipas et de son grand père, Hérode le grand, fait décapiter Jacques. Puis, voyant que cela était agréable aux Juifs» (Act. 12:3), dont il cherchait les faveurs, il fait prendre Pierre et le met en prison. Il le livre à quatre bandes de quatre soldats chacune, pour le garder». Son intention est de le produire devant le peuple, après la Pâque. Les conditions de l’emprisonnement de l’apôtre sont donc beaucoup plus dures que précédemment. Peut-être le pouvoir se souvient-il de la manière miraculeuse dont il a déjà été libéré ! (Act. 5:19, 23) ? Mais même dans ces conditions difficiles, ni les chaînes, ni les seize soldats qui se relaient autour de lui, ni les intentions meurtrières d’Hérode, n’empêchent Pierre de dormir paisiblement dans son cachot. Si seulement le peuple de Dieu savait toujours goûter ce repos paisible, repos de la foi !

Aucun obstacle ne peut toutefois empêcher le Seigneur de délivrer son cher serviteur, dès lors qu’Il le juge convenable (Ps. 121:4). Quelques heures avant qu’Hérode ne mette à exécution ses sinistres projets, un ange réveille Pierre et le fait sortir de cette prison, avec puissance et sollicitude (Act. 12:7-10). Dieu connaît «l’attente criminelle des Juifs» et il entend aussi les «instantes prières» de l’assemblée en faveur de Pierre. Peut-être l’assemblée ose t’elle seulement demander à Dieu de le soutenir au moment du supplice ? Que de fois nous doutons... quand la délivrance est à la porte ! La réponse ne dépend pas de notre foi, mais de Sa fidélité. Pierre délivré, laissé par l’ange au bout d’une rue, s’oriente et se rend à la maison de Marie, mère de Jean surnommé Marc «où plusieurs étaient assemblés et priaient». Il frappe à la porte du vestibule, sans obtenir de réponse. Rhode vient écouter, elle reconnaît sa voix, mais «de joie, elle n’ouvrit point». Elle rentre en courant et rapporte que Pierre est là. «Tu es folle», lui répondent-ils. Mais elle insiste, alors ils affirment : «C’est son ange». Enfin, ils ouvrent et le voient, et sont «hors d’eux-mêmes» ! (Act. 12:12-16).

Combien peu ils s’attendent à une délivrance si rapide ! Pierre leur raconte les circonstances de sa libération et demande qu’on avertisse les frères. En Actes 5:20, l’ange, avant de quitter les apôtres délivrés, leur dit : «Allez, et vous tenant dans le temple, annoncez au peuple toutes les paroles de cette vie». Rien de comparable ici.

Pierre sort, pour s’en aller «dans un autre lieu» (Act. 12:17). Il ne veut pas, probablement, faire courir des dangers à ses frères, en restant avec eux. Il n’est plus question de lui dans ce livre des Actes, en dehors de son intervention publique dans l’Assemblée à Jérusalem (Act. 15:7).

Actes chapitres 13 à 15

Désormais un rôle capital est confié à Paul, pour faire connaître les mystères que Dieu lui a révélé et accomplir son service au milieu des nations : Dieu se sert de ses serviteurs quant il lui plaît, en vue de l’utilité et pour l’édification de l’Assemblée. L’Esprit Saint dit à l’assemblée d’Antioche : «Mettez-moi maintenant à part Barnabas et Saul, pour l’oeuvre à laquelle je les ai appelés» (Act. 13:2).Ils jeûnent, leur imposent les mains et les laissent aller, pour ce qui sera le premier voyage missionnaire de l’apôtre Paul (Act. 13:3).

C’est lors d’une «grande discussion» à Jérusalem, où la vérité et la liberté de l’Évangile sont en péril, qu’une dernière fois la voix de Pierre se fait entendre (Act. 15:7).

Par une attaque très subtile, l’Ennemi cherche à convaincre ceux qui sont issus du judaïsme que ces chrétiens tirés des nations doivent être assujettis aux exigences de la loi de Moïse. C’est affirmer que l’oeuvre de Christ ne suffit pas pour être sauvé. À défaut, Satan voudrait au moins provoquer une scission entre l’assemblée à Jérusalem et celles qui se forment désormais parmi les nations. Antioche est troublée par quelques personnes descendues de Judée. Elles enseignent que pour être sauvés, ceux des nations doivent se soumettre au rite de la circoncision.

Sagement, les frères «résolurent que Paul et Barnabas et quelques autres d’entre eux monteraient à Jérusalem vers les apôtres et les anciens» pour s’occuper ensemble de cette question (Act. 15:2). Au passage, en Phénicie et en Samarie, et lors de leur arrivée à Jérusalem, Paul et Barnabas racontent «la conversion des nations». Devant cette oeuvre de Dieu, les frères se réjouissent d’une grande joie. Les dangers qui menacent l’Église n’ont pas ruiné le ministère de l’Évangile ! Toutefois «des pharisiens qui avaient cru, s’élevèrent, disant qu’il faut les circoncire et leur enjoindre de garder la Loi de Moïse» (Act. 15:5). Ils ont gardé leur vieux goût (Jér. 48:11).

Les apôtres et les anciens s’assemblent pour examiner cette affaire. Pierre se lève et présente d’abord ses lettres de créance : «Dieu m’a choisi parmi vous afin que par ma bouche les nations entendent la parole de l’Évangile et qu’elles croient» (Act. 15:7). Lui qui «connaît les coeurs, leur a rendu témoignage, leur a donné l’Esprit Saint comme à nous-mêmes, ayant purifié leur coeur par la foi» (Act. 15:8). Ils n’ont pas été circoncis, comme les autres chrétiens présents, d’origine juive. Personne d’ailleurs n’a pu, sinon l’Homme Christ Jésus, accomplir les exigences de la Loi. Tous les hommes, sans distinction de race, sont sauvés par la grâce seule, moyennant la foi (Éphés. 2:8).

Pierre demande alors avec raison : «Pourquoi tentez-vous Dieu, en mettant sur le cou des disciples un joug que ni nos pères ni nous n’avons pu porter» ? (Act. 15:10). Tenter Dieu, entraîne son jugement. Nous connaissons sa volonté et lui opposons notre incrédulité et nos révoltes. Pierre affirme : «Nous croyons être sauvés par la grâce du Seigneur Jésus, de la même manière qu’eux aussi». Il ne dit pas «ils sont sauvés comme nous». Les pharisiens s’en seraient servis pour chercher à placer les nations sur le terrain juif. Cette façon de parler fait ressortir la vraie humilité de l’apôtre Pierre. Il montre qu’il a retenu la leçon apprise en relation avec Corneille. Il ne le nomme pas, mais parle «des nations». Ce qui s’est passé à Césarée a une portée universelle

L’effet de ses paroles est remarquable : «Toute la multitude se tût» (Act. 15:10-12). Paul et Barnabas rendent témoignage des miracles et des prodiges que Dieu a fait par leur moyen au milieu des nations. Jacques intervient, et appuie par l’Écriture les paroles de Pierre. La prophétie d’Amos 9:11-12 aura son accomplissement complet dans le Millenium. Mais ce que Pierre vient de rapporter est en accord avec cette prophétie. Déjà, dans la dispensation présente, Dieu visite en grâce les nations. Jacques, dirigé par le Saint Esprit, ajoute ses conclusions : «Il ne faut pas inquiéter ceux des nations qui se tournent vers Dieu». La cause est entendue. Les nouveaux convertis ne doivent pas être asservis à de «faibles et misérables éléments» (Gal. 4:9). Le croyant, quelque soit son origine, n’est pas sauvé sur le principe des oeuvres, mais par la grâce, de sorte que personne ne se glorifie.

Pierre a servi, dans sa propre génération, comme David, au conseil de Dieu (Act. 13:36). «Que chacun travaille comme le Seigneur le lui a départi, chacun comme Dieu l’a appelé» (1 Cor. 7:17). C’est un apôtre choisi pour servir en faveur du peuple Juif (Gal. 2:8 ; Rom. 1:16). Dieu dirige les circonstances pour que Pierre soit à Césarée, au moment convenable. Il a ainsi l’occasion d’user de la «seconde» clef (Matt. 16:19). Dieu visite les nations pour en tirer un peuple pour son nom (Act. 15:14).

14               Pierre en Galates 2

Après le «concile de Jérusalem», la Parole de Dieu relate une défaillance de Pierre. Quand il vient à Antioche, Paul lui résiste en face (Gal. 2:11). Pourquoi donc une telle attitude ? Paul s’en explique : «Avant que quelques uns fussent venus d’auprès de Jacques», Pierre mange avec ceux des nations, c’est une marque de communion avec eux. Mais ensuite «il se retira, et se sépara lui-même, craignant ceux de la circoncision» (Gal. 2:12). D’autres Juifs l’imitent, et même Barnabas, le compagnon d’oeuvre de Paul ! On voit comment des pensées erronées se répandent et combien grande peut être l’influence de ceux qui sont à la tête !

Pierre placé dans la liberté, l’abandonne au lieu de tenir ferme (Gal. 5:1) et ne mange plus avec les Gentils. Or il s’agit du premier des apôtres ! Sa façon d’agir a des répercussions sur d’autres serviteurs du Seigneur. Paul réalise que ce changement d’attitude de la part de Pierre, vient d’un abandon de la vérité de l’Évangile. Même dans les affaires ordinaires de la vie, il faut faire intervenir Christ et se soumettre à la vérité révélée : sinon cela devient un mensonge contre la grâce. Paul s’entretenait habituellement avec Pierre dans le privé. Mais s’il s’agit du fondement de la grâce, il résiste à Pierre devant tous «parce qu’il était condamné». L’apôtre Pierre fait donc un faux pas justement où Dieu lui a donné une responsabilité particulière pour maintenir la vérité. Prenons garde aux compromis, nous pouvons être guidés par une prudence purement humaine ou manifester une timidité de mauvais aloi. Veillons à garder ce que le Seigneur veut bien nous confier.

15               Pierre dans ses épîtres

Pierre est l’apôtre de l’espérance (vivante, dans une Personne vivante), comme Paul est l’apôtre de la foi, et Jean, celui de l’amour. Il faut lire attentivement les deux épîtres de Pierre, dont nous aimerions rappeler quelques traits essentiels.

15.1                   1° épître de Pierre

La première est probablement écrite à Babylone, où l’apôtre Pierre est en exil (1 Pier. 5:13). À cette époque l’évangile s’est déjà beaucoup répandu parmi les Juifs dispersés. Pierre écrit comme un vrai berger, qui prend soin de son troupeau. Il parle aussi comme un apôtre, choisi par le Seigneur. Il a reçu une autorité de Sa part, et cet ordre : «fortifie tes frères» (Luc 22:32).

Les mots clefs dans la première épître sont la souffrance (21 fois), l’espérance et ce qui est «précieux». Cette dernière pensée se retrouve souvent : 1 Pierre 1:7, 19 ; 2:4, 6, 7 ; 3:4 ; et aussi dans la seconde épître : 2 Pier. 1:1, 4. L’accent se trouve dans 1 Pier. 2:7 : «C’est pour vous qui croyez qu’elle a ce prix».

Ces chrétiens d’origine juive ont à endurer beaucoup de tribulations de la part de leurs frères de race et des nations où ils ont été dispersés, essentiellement, à ce moment-là, en Asie Mineure, la Turquie actuelle. Leur foi est mise à l’épreuve (1 Pier. 1:7).

15.1.1    Privilèges

Pierre rappelle les incomparables privilèges du racheté : le salut des âmes, et un héritage céleste à l’abri de toute atteinte (1 Pier. 1:4). Dieu garde cet héritage pour les siens, et eux-mêmes sont gardés pour l’héritage, dont ils ont un avant-goût, «une joie ineffable et glorieuse» (1 Pier. 1:8).

Cette épître est remplie de Christ, «lequel, quoique vous ne l’ayez pas vu, vous aimez». Le Seigneur est présenté dès le début, comme le Fils du Père (1 Pier. 1:3), «préconnu dès avant la fondation du monde», pour accomplir l’oeuvre de la Croix (1 Pier. 1:19-20). Sa marche parfaite est proposée comme exemple aux «enfants d’obéissance» (1 Pier. 1:13 ; 2:21). Sa mort, comme notre Substitut devant la juste colère divine, sa victoire et son exaltation sont proclamés (1 Pier. 1:18-19 ; 2:24 ; 3:18 ; 4:1 ; 1:3, 21 ; 3:22 ; 4:13).

Ce message encourage le croyant et lui donne l’assurance du triomphe final. L’enseignement de l’apôtre repose sur l’appel céleste du chrétien, en contraste avec la part promise à Israël sur la terre. Cet appel «en haut» a des conséquences pratiques sur notre conduite. Le chrétien doit annoncer les vertus de Celui qui l’a «appelé des ténèbres à sa merveilleuse lumière» (1 Pier. 2:9). Ayant ceint les reins de son entendement, il est sobre et veille pour prier (1 Pier. 1:13 ; 4:7). Il rejette toute malice et toute fraude, l’hypocrisie et l’envie, et toutes médisances. Son ardent désir comme un enfant nouveau-né, est de recevoir le pur lait intellectuel (1 Pier. 2:1-2).

Les croyants, qui ont reçu l’évangile par la foi, forment maintenant le peuple de Dieu (1 Pier. 2:10). Ils sont désormais «forains et étrangers» sur la terre, en route vers leur patrie céleste et la gloire (Héb. 11:13-16). Ils ne possèdent rien dans le temps présent, (quel contraste avec Israël !), si ce n’est ces choses essentielles : la vie de Dieu et le Saint Esprit. Toutes les autres bénédictions spirituelles sont à venir, même si la foi s’en empare dès maintenant. L’épître aux Hébreux est écrite dans la même optique.

Les croyants assurés de leur salut par la foi (1 Pier. 1:9), sont les objets d’un salut journalier, qui se traduit par des délivrances temporelles. Comme des pierres vivantes, ils forment une maison spirituelle, une sainte sacrificature, pour offrir des sacrifices spirituels agréables à Dieu. C’est aussi un peuple acquis pour annoncer Ses vertus ! (1 Pier. 2:5-9).

Leur privilège c’est de vivre le reste de leur temps pour la volonté de Dieu. Ayant reçu des dons variés de Sa grâce, ils s’en servent pour manifester un amour fervent les envers les autres (1 Pier. 4:8-10).

15.1.2    Souffrances, épreuves

La souffrance, nous l’avons dit, tient une grande place dans cette épître, plus grande que dans toutes les autres portions de l’Écriture. Elle est surtout la conséquence de la fidélité du croyant (1 Pier. 2:20), mais elle peut parfois être la conséquence de ses fautes : C’est alors un effet du gouvernement de Dieu.

Dans sa sagesse, Dieu permet l’épreuve. À son école, on apprécie mieux les choses à venir, et l’on se détache des choses présentes. Voyez comment dans cette épître, la gloire à venir est mise en contraste avec la souffrance actuelle (1 Pier. 4:13-14 ; 5:1, 10).

Des épreuves diverses, sont envoyées seulement «si cela est nécessaire». Les unes sont liées à la foi (1 Pier. 1:6), d’autres traversées «par conscience envers Dieu» (1 Pier. 2:19). Certaines découlent d’une marche dans la justice pratique, au milieu des injustes (1 Pier. 3:14). Nous pouvons ainsi connaître un peu certaines souffrances de Christ, celles qu’Il a connu dans sa marche pure (1 Pier. 3:14 ; 4:13 ; 5:1) : l’ingratitude, le mépris, les insultes, la contradiction de la part des pécheurs (1 Pier. 4:12-14). Enfin, d’autres souffrances sont liées pour le racheté au fait qu’il résiste au diable, refusant de céder à ces convoitises charnelles qui font la guerre à l’âme (1 Pier. 2:11 ; 5:8-9). À travers toutes ces tribulations, la puissance de Dieu garde les siens jusqu’au salut final, «prêt d’être révélé au dernier temps (1 Pier. 1:5).

15.1.3    Suivre Christ

L’apôtre Pierre dirige continuellement les yeux du croyant vers Christ. Il a souffert pour nous, a laissé un modèle, afin que nous suivions ses traces (1 Pier. 2:21) : C’est la dernière injonction du Seigneur à Pierre : «Toi, suis-moi». Les motifs du coeur dévoué du Seigneur : son obéissance constante à la volonté du Père, son renoncement, dirigent-ils notre coeur aussi ?.

Christ est présenté comme l’Agneau de Dieu, qui nous a racheté par son sang précieux, en contraste avec l’argent et l’or dans l’Ancien Testament (1 Pier. 1:19). Il a souffert dans sa chair, le juste pour les injustes, pour les péchés (1 Pier. 3:18 ; 4:5). Il est la Pierre vivante, choisie et précieuse auprès de Dieu, le fondement de la Maison de Dieu (1 Pier. 2:4-5). Il est aussi notre Souverain Pasteur (1 Pier. 5:4).

Pierre, lui-même marié (Matt. 8:14) exhorte les maris à demeurer vis à vis de leurs femmes «selon la connaissance, comme avec un vase plus faible, c’est à dire féminin, leur portant honneur, comme étant ensemble héritiers de la grâce de la vie, pour que vos prières ne soient pas interrompues» (1 Pier. 3:7).

Les femmes, doivent être soumises à leurs propres maris, «afin que, si même il y en a qui n’obéissent pas à la parole, ils soient gagnés sans la Parole, par la conduite de leurs femmes, ayant observé la pureté de votre conduite dans la crainte». La vraie parure d’une femme, c’est cet «homme caché du coeur, dans l’incorruptibilité d’un esprit doux et paisible». L’exemple de Sara, qui obéit à Abraham et l’appelle seigneur, est rappelé. S’il y a de telles dispositions de coeur, leur part est de faire le bien, et de ne craindre aucune frayeur (1 Pier. 3:1-6),

Les jeunes gens doivent être soumis aux anciens, et d’ailleurs, il convient à tous d’être revêtus d’humilité». Dieu résiste aux orgueilleux mais il donne la grâce aux humbles (1 Pier. 5:5).

Aux anciens, Pierre s’adresse avec une sollicitude particulière : «Moi qui suis ancien avec eux et témoin des souffrances de Christ, qui aussi ai part à la gloire qui va être révélée». Paissez le troupeau de Dieu qui est avec vous, le surveillant, non point par contrainte, mais volontairement, ni pour un gain honteux, mais de bon gré, ni comme dominant sur des héritages, mais en étant les modèles du troupeau. Il y a une promesse : «Quand le Souverain Pasteur sera manifesté, vous recevrez la couronne inflétrissable de gloire» (1 Pier. 5:1-4).

Aux domestiques et de façon plus générale, à ceux qui sont placés sous l’autorité d’autrui, l’apôtre recommande d’être soumis en toute crainte à leurs maîtres, non seulement à ceux qui sont bons et doux, mais aussi à ceux qui sont fâcheux» pour l’amour du Seigneur» (2 Pier. 2:13). Ce grand motif doit guider toute notre conduite à la maison et dans l’Assemblée. Et si quelqu’un, par conscience envers Dieu, supporte des afflictions, souffrant injustement, c’est une chose digne de louange (1 Pier. 2:18-19).

Tous ensemble, soyons d’un même sentiment, sympathiques, fraternels, compatissants, humbles, ne rendant pas mal pour mal» (1 Pier. 3:8), remplis de cet amour fervent qui couvre une multitude de péchés. N’oublions pas d’exercer aussi l’hospitalité sans murmures (1 Pier. 4:7-9).

15.2                   2° épître de Pierre

La seconde épître s’adresse aussi en premier lieu aux croyants d’origine juive. Toutefois l’intitulé de cette lettre : «À ceux qui ont reçu en partage une foi de pareil prix avec nous» (2 Pier. 1:1) élargit beaucoup le cercle des destinataires. L’apôtre fait connaître à tous les croyants de la période chrétienne, les voies de Dieu à l’égard d’un monde qui mûrit pour le jugement. La force de son style peut surprendre, mais l’expression est celle des écrits inspirés. C’est la même atmosphère de trouble, de souffrance et de persécutions que dans la première épître. Mais les mêmes principes invariables règlent la conduite des croyants dans toutes leurs relations.

Dans cette seconde lettre, le mot-clef c’est «connaissance» (16 fois employé). Les saints doivent croître non seulement dans la grâce, mais dans la connaissance, celle de notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ (2 Pier. 3:18). Pierre réveille à nouveau leur intelligence spirituelle (2 Pier. 1:13 ; 3,1) et annonce, dans un langage très simple, l’évolution désastreuse de la profession chrétienne. Cette épître contient aussi une mise en garde solennelle, adressée à ceux qui n’hésitent pas à se réclamer de la profession chrétienne, tout en «s’abandonnant aux délices de leurs propres tromperies» (2 Pier. 2:13).

15.2.1    2 Pierre chapitre 1

Dès le début, Pierre rappelle que «sa divine puissance nous a donné tout ce qui regarde la vie et la piété» (2 Pier. 1:3). Notre foi s’empare de ces très grandes et précieuses promesses, mais elle doit s’accompagner de vertu (de courage moral), pour que nous parvenions à la vraie connaissance. Ce sont les premiers maillons d’une chaîne, les suivants étant la tempérance, la patience, la piété, l’affection fraternelle avec couronnant le tout, l’amour. Sans cela la vie d’un chrétien sera gâtée par l’oisiveté, la stérilité et la myopie spirituelle. «Il ne voit pas loin» ayant oublié la purification de ses péchés d’autrefois. Comment pourrait-il voir à l’horizon la cité céleste et Celui qui en est la gloire ? (Apoc. 21:23).

Pierre exhorte les rachetés à s’affermir dans la vérité présente. Il sait que «le moment de déposer sa tente s’approche rapidement» (2 Pier. 1:14) et redit sans se lasser les mêmes vérités. Il révèle comment, sur la montagne de la transfiguration, ils ont vu la gloire magnifique du Seigneur, recevant de Dieu «gloire et honneur». Témoin oculaire de Sa majesté, il dirige tout au long de cette épître le faisceau de la lampe prophétique sur la gloire prochaine : Il faut être attentifs à la parole prophétique (2 Pier. 1:19). Sans oublier que pour le croyant, Christ est déjà l’étoile du matin, levée dans son coeur (2 Pier. 1:20).

15.2.2    2 Pierre chapitre 2

Les rachetés du Seigneur sont fortement mis en garde contre les faux docteurs, nombreux durant l’ère chrétienne. Comme autrefois les faux prophètes, ils cherchent à introduire furtivement, par des enseignements pervers, l’iniquité et la mondanité au milieu des chrétiens (2 Pier. 2:1). La certitude du jugement est attestée par trois exemples tirés de la Parole : Le sort des anges déchus (Jude 6), le déluge (Matt. 24:36) et la fin de Sodome et de Gomorrhe (Jude 7). Mais au milieu d’une génération impie, Dieu «sait délivrer de la tentation les hommes pieux» (2 Pier. 2:9). Malgré sa position équivoque, Lot est un juste et il est sauvé comme à travers le feu (1 Cor. 3:15). Dieu entend chaque gémissement des siens (Ps. 38:9).

L’apôtre exhorte les croyants à s’affermir dans la vérité présente, dans une vie de continuelle communion avec Dieu. Il doit savoir que Satan emploie couramment deux moyens : Il s’acharne à corrompre (1 Pier. 2) ou il nie ouvertement (1 Pier. 3).

L’épître de Jude met aussi l’accent sur l’apostasie. Quel portrait effrayant la Parole trace de ces conducteurs religieux. Chez eux le mal moral va de pair avec le mal doctrinal : Ils suivent le chemin de Balaam, qui aimait le salaire d’iniquité (2 Pier. 2:12-17 ; Matt. 7:15). Par «d’orgueilleux discours de vanité, ils promettent aux autres la liberté et les amorcent par les convoitises de la chair, alors qu’eux-mêmes sont esclaves de leurs passions, «car on est esclave de celui par qui on est vaincu» ! (2 Pier. 2:19 ; Rom. 6:16). Ce monde souillé sait se montrer captivant : l’illusion dans laquelle vivent ceux qu’un christianisme simplement social ou intellectuel fait sortir momentanément de l’ornière du péché, est mis en évidence. Ils ont connu la voie de la justice, mais ils ne l’ont pas suivie. Simples professants sans vie, ils sont bientôt enlacés à nouveau et se vautrent dans le bourbier du péché (2 Pier. 2:20 et 22). Une truie lavée n’est pas une brebis. C’est tout autre chose de se repentir et d’accepter Jésus comme Sauveur.

Seule la vie de piété permet d’échapper à la corruption. Au fidèle est promis une riche entrée dans le royaume de gloire de notre Seigneur Jésus-Christ (2 Pier. 1:11). Bientôt le Seigneur viendra donner aux combattants l’éternelle victoire !

15.2.3    2 Pierre chapitre 3

La fin cette épître a particulièrement en vue les derniers jours du christianisme. Les incrédules et les moqueurs vivent dans un matérialisme impie. Ils ignorent volontairement tout avertissement (Éphés. 4:18) et se refusent à accepter que le jour des rétributions approche (Ecc. 8:11). Mais ils sont réservés pour un jugement inexorable (2 Pier. 2:9) à la venue imminente du Seigneur (2 Pier. 3:3-5).

Alors le jour éternel de Dieu, celui de sa justice et de sa gloire, sera introduit (2 Pier. 3:10). L’apôtre conclut : «Toutes ces choses devant donc se dissoudre, quelles gens devriez-vous être en sainte conduite et en piété, attendant et hâtant la venue du jour de Dieu» ! (2 Pier. 3:11-12). Retenons ces exhortations dans nos coeurs. «Étudiez-vous à être trouvés sans tâche, et irréprochables devant Lui, en paix». Estimez que la patience du Seigneur est salut» (2 Pier. 3:14-15). Il n’y a pas de retardement, comme l’affirment les moqueurs.

Bien-aimés (un terme d’affection vis à vis des rachetés) se trouve cinq fois dans ce chapitre 3 (1, 8, 14, 15, et 17) «Prenez garde peur qu’étant entraînés par l’erreur des pervers, vous ne veniez à déchoir de votre propre fermeté. Croissez dans la grâce» (2 Pier. 3:17-18).

16               Conclusion

Pierre a accompli son service, servi son Seigneur et ses frères jusqu’au martyre, annoncé par le Seigneur au moment de sa restauration publique. «Quand tu étais jeune, tu te ceignais et tu allais où tu voulais ; mais quand tu seras devenu vieux, tu étendras les mains, et un autre te ceindra, et te conduiras où tu ne veux pas» (Jean 21:18-19).

Son exemple est très encourageant. Voilà un homme, ayant les mêmes passions que nous, avec des élans magnifiques mais des chutes aussi. Il est, comme nous, totalement incapable de servir Dieu avec ses propres forces. Mais la grâce de Dieu le saisit, le Saint Esprit vient habiter en lui et le remplit. Il devient, en Christ un homme nouveau. Même son caractère est changé, son activité est désormais sanctifiée, il porte des fruits abondants pour Dieu.

Ce que Dieu a fait pour son serviteur Pierre, il veut le faire pour chacun des siens. Après la conversion, rejetons tout effort personnel et laissons Le seul agir. Ayant reconnu notre impuissance, laissons-le s’occuper entièrement de nos vies. Nos chutes et nos lâchetés nous humilient. Disons avec Pierre : «Seigneur, tu connais toutes choses et tu sais que je t’aime» (Jean 21:17). Le Saint Esprit veut habiter en nous sans entrave. Alors le racheté peut être un instrument docile dans Sa main. C’est en contemplant à face découverte la gloire du Seigneur, que «nous sommes déjà transformés en la même image, de gloire en gloire, comme par le Seigneur en Esprit» (2 Cor. 3:18).

 

 

Qui me relève dans mes chutes ?

C’est Jésus-Christ.

Qui soutient mon âme en ses luttes ?

C’est Jésus-Christ.

Jésus a parlé ; Je veux croire,

Que je puis lutter pour sa gloire,

Car mon bouclier, ma victoire,

C’est Jésus-Christ