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EPHPHATHA ! — Marc 7:31-37 ; 8:22-26

 

 

Philippe Laügt

 

Table des matières :

1     Le Seigneur s’occupe de qui reconnaît sa misère et son indignité

2     Nos besoins : sourds et aveugles

3     Comment le Seigneur agit et guérit

3.1      Il manifeste Sa souveraineté et Sa miséricorde

3.2      En direct avec le Seigneur

3.3      Dans le secret

3.4      Une guérison graduelle — Le Seigneur portant nos langueurs et nos maladies

3.5      Il nous fait prendre conscience de nos besoins et nous fait voir l’invisible

3.6      Voir désormais Jésus seul

 

 

Les sous-titres ont été ajoutés par Bibliquest ; ME 1980 p. 74-80

1                    Le Seigneur s’occupe de qui reconnaît sa misère et son indignité

L’Évangile de Marc nous présente tout particulièrement Celui au sujet duquel le prophète avait rendu témoignage : «Voici, mon serviteur agira sagement» (És. 52:13). Le Fils de Dieu, ayant pris volontairement la forme d’esclave, a passé sur cette terre de lieu en lieu, faisant du bien (Actes 10:38). Son service inlassable et dévoué ne lui laissait même pas le temps de prendre de la nourriture (Marc 3:20 ; 6:31).

Lui, le vrai Joseph, «branche» fertile dont «les rameaux poussent par-dessus la muraille» (Gen. 49:22), se dirige vers les frontières de Tyr et de Sidon. Là, son coeur si souvent attristé par notre incrédulité, connaît la joie de pouvoir enfin répondre à la foi vivante d’une pauvre étrangère. Cette femme syrophénicienne prend sa vraie place devant Dieu, reconnaît sa misère et son indignité, mais se confie entièrement dans l’amour et la puissance du Seigneur. Or rien n’a plus de prix à Ses yeux que la foi jointe à l’humilité.

 

2                    Nos besoins : sourds et aveugles

Mais, dans sa grâce immense, Jésus est à nouveau attiré vers les brebis perdues de la maison d’Israël, et il revient dans le pays de la mer de Galilée. Il connaît parfaitement leur état désespéré, si bien illustré dans deux scènes particulières à l’évangile de Marc. L’une présente, dans la Décapole, un «sourd qui parlait avec peine» (Marc 7:31-37), l’autre, de nouveau en Galilée, à Bethsaïda, un aveugle (Marc 8:22-26). Ce peuple dont Jésus s’occupe, est encore maintenant sourd et aveugle. Seule l’action puissante du Saint Esprit fera, à l’aube milléniale, s’ouvrir leurs yeux et leurs oreilles, cesser leur long silence vis-à-vis de Dieu (És. 32:3, 4 ; 35:5, 6).

 

Mais, par delà Israël, c’est l’état naturel de tout homme sous les conséquences de la chute qui nous est ici présenté. Séparés de Dieu comme nous le sommes, notre entendement est obscurci et toutes nos facultés sont inopérantes pour le bien (Éph. 4:18). Le péché nous a rendus sourds à la voix de Dieu et incapables de voir la vraie lumière qui pourtant, venant dans le monde, éclaire tout homme. Nous sommes dès lors bien souvent inaptes à comprendre et à exprimer nos besoins.

Le Seigneur veut nous délivrer de tout ce qui dans nos vies nous rend spirituellement aveugles et sourds. L’oreille qui entend, et l’oeil qui voit ont été faits par Lui (Prov. 20:12). Il est toujours «celui qui ouvre» (Apoc. 3:7). Il ouvrira aussi, si nous le laissons faire, notre intelligence spirituelle, en appliquant la Parole à nos coeurs par son Esprit (Luc 24:45, 32 ; Éph. 1:18).

 

3                    Comment le Seigneur agit et guérit

3.1   Il manifeste Sa souveraineté et Sa miséricorde

Deux hommes donc, ici, sont l’objet des soins attentifs de leur entourage. Le Seigneur passait, l’occasion est saisie. Ayant très vite constaté notre impuissance, à qui donc irions-nous, si ce n’était à lui ? Apportons au Seigneur par la prière tous ceux qui ont des besoins. N’y a-t-il pas à proximité un «sourd» ou un «aveugle» qu’il faut lui amener ? On le prie d’imposer les mains à l’un, de toucher l’autre. Mais il ne convient pas de dicter au Seigneur comment il doit agir. La faiblesse de notre foi ne se montre-t-elle pas souvent en ce que nous voudrions que la bénédiction nous soit accordée de telle ou telle manière, par tel ou tel moyen, qui nous paraissent appropriés à nos besoins ? Le Seigneur honore toujours la foi, mais il agit toujours d’une façon qui met en évidence sa souveraineté pleine de miséricorde. Dans sa parfaite connaissance, il opère envers chacun d’une manière infiniment variée, divinement adaptée à nos besoins. Ses rachetés sont spirituellement aussi façonnés d’une étrange et admirable manière (Ps. 139:14). La gloire lui sera rendue quand il sera «dans ce jour-là, glorifié dans ses saints et admiré dans tous ceux qui auront cru» (2 Thess. 1:10).

 

3.2   En direct avec le Seigneur

Il faut un contact direct, intime avec le Seigneur. Ces scènes parmi tant d’autres, mettent l’accent sur cette impérieuse nécessité. Dans son amour, Il veut se trouver seul avec nous. Quand une âme cherche le salut ou la délivrance d’un état de langueur spirituelle, une autre présence que la Sienne peut être parfois une entrave positive.

 

Avons-nous connu de ces instants bénis où le Seigneur nous ayant attirés vers lui, nous a amenés au désert pour nous parler au coeur ? (Osée 2:14). C’est ainsi seulement que le lieu même où notre communion avec lui a été troublée, peut devenir «une porte d’espérance».

 

3.3   Dans le secret

Il nous faut remarquer aussi que si le message de la grâce apporté par le Seigneur était souvent confirmé par ses actes puissants, il ne désirait nullement la gloire qui vient des hommes (Jean 5:44). Aussi ne cherchait-il pas à provoquer l’émotion, n’encourageait jamais l’excitation (Jean 6:15 ; Luc 23:28). Il nous enseigne ainsi qu’un grand travail peut s’accomplir sans bruit, dans le secret, pour la gloire de Dieu. Un des infirmes est tiré à l’écart, hors de la foule, sans qu’il offre de résistance. L’autre aussi se laisse conduire par Sa main, douce et forte, hors de la bourgade de Bethsaïda. Nous tardons souvent à quitter la «bourgade» où tant de liens subtils voudraient nous retenir, à nous laisser attirer par son amour fidèle au seul lieu de la bénédiction. Puis Jésus regarde vers le ciel, mouvement qui chez lui annonçait la prière du serviteur parfaitement obéissant et dépendant. Il nous montre ainsi clairement d’où peut venir la guérison de notre âme.

 

3.4   Une guérison graduelle — Le Seigneur portant nos langueurs et nos maladies

Généralement Jésus, dans sa puissance infinie, guérissait par une parole, en un instant, parfois même sans que le malade soit présent ! (Matt. 8:8 ; Jean 4:50). Mais ici il s’identifie d’abord ouvertement avec le malade. Son amour plein de compassion se manifeste jusque dans les moindres détails. Il commence par mettre ses doigts dans les oreilles du sourd. Il faut premièrement entendre correctement les sons avant de pouvoir parler de façon intelligible. Il faut d’abord être en mesure d’écouter attentivement le Seigneur avant d’être rendus capables de parler de lui. Jésus touche ensuite sa langue avec sa propre salive. Elle sera également le vrai collyre pour oindre les yeux de l’aveugle. Cette manière d’agir nous confond. En vérité «lui-même a pris nos langueurs, et a porté nos maladies» (Matt. 8:17) avant d’expier nos péchés sur la croix. L’humanité de Jésus était absolument sainte et pure : il pouvait toucher un lépreux dont chacun pourtant s’écartait, sans être souillé par le péché et la corruption. «La sainteté sans tache, que le mal ne peut atteindre, apporte aux pécheurs l’amour dont ils ont besoin» (JND).

 

Le Seigneur va achever son oeuvre à l’égard du sourd. Mais auparavant, dans sa sympathie profonde, fruit de sa communion intime avec Dieu, il soupire, expression de ses sentiments devant les ravages que le péché a produits chez l’homme. Puis, à la parole puissante de Celui qui a amené les mondes à l’existence (Ps. 33:9), les oreilles du sourd s’ouvrent, le lien de sa langue se délie : il parle distinctement. Il pourra désormais entendre les paroles pleines de grâce du Seigneur et rendre un témoignage clair à l’amour et à la puissance qui l’ont délivré. La foule émerveillée ne peut se taire : « Il fait toutes choses bien». Mais ces hommes sentent-ils pour autant leurs propres besoins ?

 

3.5   Il nous fait prendre conscience de nos besoins et nous fait voir l’invisible

La guérison de l’aveugle est opérée elle aussi graduellement. « On lui amène un aveugle, pour qu’Il le touche». Le Seigneur pose sur lui ses mains toujours ouvertes pour bénir, et s’enquiert avec sollicitude de ce que cet infirme peut maintenant distinguer. Une telle question, posée par le Seigneur, peut surprendre. N’a-t-il pas ses yeux sur l’homme, ne voit-il pas tous ses pas ? (Job 34:21). Discernant l’état de leur coeur, il venait justement de reprocher avec amour aux disciples leur aveuglement spirituel (8:17, 18). Mais il fallait que cet homme, comme chacun d’entre nous, prenne conscience de l’étendue des besoins qui restaient à satisfaire en lui, les présente au Seigneur, avant de recevoir une réponse à la mesure de Sa grâce. Il n’y a pas d’état plus grave que de ne pas sentir son dénuement (Jean 9:41 ; Apoc. 3:17). La vision de cet homme était bien imprécise encore. Les hommes étaient pour lui comme des arbres qui marchent ! Quand quelqu’un se tourne vers Dieu, il est souvent tenté de s’occuper des hommes plutôt que de réserver ses regards pour le Maître. Que de fois nous donnons une importance excessive à ceux qui nous entourent ! Leur apparence, leur marche, leur opinion ont trop de prix à nos yeux, tandis que notre appréciation du Seigneur, de celui qui est plus beau que les fils des hommes, reste insuffisante. La vue naturelle doit être éduquée pour apprécier, comparer les dimensions des divers objets qui lui deviennent successivement perceptibles. Il en va de même de la vue spirituelle. Il y a des étapes dans cette perception spirituelle ; si nous laissons faire le Seigneur, elles seront franchies (Prov. 4:18). Sa patience est aussi grande que sa puissance ; il ne laissera pas son oeuvre inachevée (Ps. 138:8 ; Phil. 1:6). Il veut nous rendre capables de contempler ce qui pour l’homme naturel reste toujours invisible (2 Cor. 4:18). Le prophète demandait : «Ouvre ses yeux, afin qu’il voie». Dieu répondit à sa prière. Vision glorieuse ! La montagne, autour d’Élisée était pleine de chars de feu (2 Rois 6:17). Ainsi de nos yeux doivent tomber comme des écailles (Actes 9:18) sinon nous serons souvent prêts à dire, comme le jeune homme d’Élisée : «Hélas ! mon seigneur, comment ferons-nous ?» Même ceux qui nous ont fait du bien, de vrais serviteurs de Dieu, ne doivent pas retenir nos regards. Jean le baptiseur lui-même n’était qu’une lampe. Ardente et brillante, il est vrai. Aussi certains avaient-ils voulu se réjouir pour un temps à sa lumière. Mais Jésus paraît, lui la vraie lumière, et Jean, saisi par sa grandeur, s’écrie aussitôt : «Il faut que Lui croisse et que moi je diminue». Les Corinthiens, encore charnels, se réclamaient de Paul et d’Apollos. Alors l’apôtre, attristé de l’importance qu’on voulait leur donner au détriment de Christ, s’insurge : «Qui donc est Apollos, et qui, Paul ? Des serviteurs par lesquels vous avez cru, et comme le Seigneur a donné à chacun d’eux... Celui qui plante n’est rien, ni celui qui arrose, mais Dieu qui donne l’accroissement» (1 Cor. 3:5, 7).

 

3.6   Voir désormais Jésus seul

Il fallait donc que Jésus pose encore ses mains, si souvent en évidence dans cet évangile, précisément sur les yeux de cet infirme, pour qu’il soit rétabli et voie tout clairement. L’amour du Seigneur est inlassable ; ce petit mot «encore» est là pour nous le rappeler. Les yeux de cet homme peuvent désormais rester fixés sur Jésus, contempler celui en qui la plénitude de la déité habite corporellement. Il pourra dire, lui aussi : «Je sais une chose, c’est que j’étais aveugle et que maintenant je vois» (Jean 9:25). Retenons l’injonction du Seigneur à cet homme. Ne retournons pas dans la bourgade, autrement dit à tout ce qui occupait nos coeurs et arrêtait nos pensées avant de connaître le Seigneur. N’oublions pas la purification de nos péchés d’autrefois. Notre oreille pourrait se laisser distraire par les voix de ce monde, notre vue baisser. Comme pour les disciples sur la sainte montagne, le désir de Dieu pour chacun de nous est qu’ayant regardé de tous côtés, nous ne voyions plus personne, sinon Jésus, seul avec nous (Marc 9:8).

 

Te contempler face à face,

Écouter ta voix d’amour

Qui, par mille soins de grâce,

Nous conduisait chaque jour