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Méditations sur la Parole de Dieu

 

Éphésiens

 

 

Louis Chaudier

 

 

Table des matières :

1        Bénédictions divines et célestes — Divers passages de l’épître aux Éphésiens

2      Les rapports du chrétien avec Christ — Éphésiens 1 ; 3 ; 4

3      Intégrité morale — Éphésiens 1:3, 22 ; 2:18-22 ; 4:1-3, 11, 25 ; 6:10-18

4      L’ordre divin dans l’assemblée — Éphésiens 1:19-23 ; 2:19-22 ; 3:9-10 ; 4:10-12 ; 6:12-13

5      Le corps, l’épouse, la maison — Éphésiens 1:20-23 ; 2:19-22 ; 3:4-6, 9-12, 20-21 ; 5:25-27, 29-30, 32 ; 1 Corinthiens 3:10-17 ; 12:13, 27 ; 2 Timothée 2:19-22

6      L’Église du Seigneur — Éphésiens 1:20-23 ; 3:4-6, 8-10 ; 2:22 ; 4:1-3 ; 5:29-30, 32 ; 1 Timothée 3:14-15

7      Les principes du rassemblement des chrétiens — Éphésiens 2:1-7 ; 4:1-4, 8 ; 6:10-18

8      Un christianisme vivant — Éphésiens 2:4-7 ; 4:20-31 ; 5:18-19

9      La position chrétienne et la réalité — Éphésiens 3:2-21 ; 4:17-32 ; 5:1-22, 25, 33 ; 6:1-9, 23-24

10    Le chrétien séparé — Éphésiens 4:1-4

11    Méditation sur l’Assemblée — Actes 2:42 ; 9:31 ; Éphésiens 4:8, 11-16 ; 1 Timothée 3:1-15

12    Les dons de grâce, les dons spirituels — 1 Corinthiens 12:28-31 ; Éphésiens 4:11

13    L’état d’homme fait — Éphésiens 4:11-16, 20-24 ; 5:1-21 ; 6:10-18

14    Marcher selon la vérité — Éphésiens 4:20-32 ; 5:1-23, 25, 33 ; 6:1-9  ; 1 Timothée 3:1-15

15    Tristesse et joie — 2 Corinthiens 6:9-10 ; 7:9-12 ; Galates 5:22 ; Éphésiens 4:30 ; Hébreux 12:11

16    L’ordre selon le Seigneur dans l’assemblée — Apocalypse 3:7, 8, 11, 14-18 ; Éphésiens 5:7-9 ; 1 Corinthiens 5:8, 11-13

17    Le mariage chrétien — Réunion de mariage : Éphésiens 5:22-33 ; 1 Pierre 3:1-7

18    La cellule familiale — 1 Corinthiens 11:1-19 ; Éphésiens 5:22 à 6:4

19    Christ et l’Assemblée — Éphésiens 5, du milieu du verset 25-27, 28-30, 32

20    Combats — Éphésiens 6:10-24 ; Galates 5:16-18 ; Jude 3-4 ; Colossiens 4:12-13

21    Combats et lieux célestes — Josué 1:1-8 ; 4:19 ; 5:9-15 ; Juges 1:27-35 ; 2:1-5 ; Éphésiens 6:10-18

22    Faire mourir la chair — Romains 8:12-14 ; Éphésiens 6:10-18 ; 1 Jean 2:12-17

23    Le combat chrétien — Éphésiens 6:10-18

24    La mort, force du croyant — Romains 6:4, 6, 11, 12, 14 ; 8:12-14 ; Éphésiens 6:10-20

25    Vivre dans les lieux célestes — Éphésiens 6:10-20, 23-24

 

 

 

Le texte de ces méditations a été révisé par Bibliquest dans sa forme, par rapport à diverses éditions papiers précédentes. Les révisions ont été limitées à ce qui était nécessaire à une expression et une compréhension correctes. Le texte reste marqué par son caractère oral, non révisé par l’auteur. Dans certains cas d’expressions au sens discutable, l’imperfection de celles-ci a été laissée de peur d’en perdre une certaine vigueur.

Certains textes ont été repris de l’ouvrage «Méditations sur la vie chrétienne» édité en 1995 par F.R., et sont notés comme tels. Ces textes ont fait l’objet (par F.R.) d’une révision un peu plus poussée.

 

 

1   Bénédictions divines et célestes — Divers passages de l’épître aux Éphésiens

 

[LC n° 98]

Dimanche 8 juin 1952

 

«Béni soit le Dieu et Père de notre seigneur Jésus Christ, qui nous a bénis de toute bénédiction dans les lieux célestes en Christ» (1:3).

C’est une chose bien désirable que, dans notre coeur, une louange comme celle du vers. 3 du chap. 1 soit toujours prête ! Combien ce serait désirable, que notre coeur soit un vase duquel s’exhale cette reconnaissance, cette louange envers Dieu : «Béni soit le Dieu et Père de notre seigneur Jésus Christ». Notre Dieu et Père attend cela de chacun de ses chers enfants. Nous pensons trop, peut-être, que ce sera au ciel que nous louerons le Père et le Fils ; alors que le service actuel, et le service le plus précieux, du croyant, de la famille de Dieu et, à un autre point de vue, de l’Église, c’est celui-là. Il y a assez de voix, il y a assez de coeurs dans ce monde, qui sont remplis d’autre chose, qui expriment autre chose, ce que Dieu entend tout le long du jour, lui qui fait lever son soleil sur les bons et les méchants ! Quelle réponse reçoit-Il ? Quels remerciements ? Qu’est-ce qu’Il trouve, dans les coeurs des hommes, Lui qui n’a pas besoin qu’une pensée soit traduite en parole pour la connaître entièrement ? Quand nous pensons à cela, quelle douleur, quelle offense, pour le coeur de Dieu, en sondant le coeur de sa créature sous tous les cieux, d’y découvrir ce qu’Il y découvre ! Dieu attend de chacun de nous, bien-aimés enfants de Dieu, croyants, rachetés, autre chose ; et Il attend quelque chose d’entièrement opposé à ce qu’Il entend, à ce qu’Il trouve, dans les coeurs des hommes. Nous le disons plutôt à notre condamnation que pour nous élever, car nous pouvons tous reconnaître, sans exception, que trop souvent, nos coeurs sont en harmonie avec les coeurs des infidèles, des incrédules, et que lorsque l’oreille de Dieu se penche vers notre coeur, elle n’entend pas autre chose que ce qu’elle entend chez un inconverti. Cela arrive peut-être plus souvent que nous ne le pensons !

Enfin, voilà cette parole qui est là, que Dieu nous adresse. Ce n’est pas une exhortation, mais c’est bien plus : «Béni soit le Dieu et Père de notre seigneur Jésus Christ». Si notre coeur était plein de Jésus, et conscient de ce que Dieu nous a donné en Jésus, la vie de notre coeur serait un cantique continuel. Que Dieu nous fasse faire des progrès ! Tandis que, souvent, nous sommes comme des enfants gâtés, mécontents. Nous savons ce qu’est un enfant mécontent : plus on le gâte, plus il est ingrat. Que de fois cela nous arrive, d’être des enfants ingrats, au lieu de penser à ce que Dieu nous a donné et a établi pour nous, et au lieu de bénir Dieu sans cesse ! Nous sommes beaucoup moins fidèles que le psalmiste, qui ne pouvait pas dire ce que nous lisons ici, et qui pourtant s’exprime ainsi : «Je bénirai l’Éternel en tout temps ; sa louange sera continuellement dans ma bouche» (Psaume 34:1).

Oh, que Dieu nous donne, chers amis, de connaître ce bonheur ! Si nous le réalisions, nous serions toujours heureux. Et, quoi que la main de Dieu nous enlève ou nous donne, nous aurions ce cantique dans notre coeur : «Béni soit le Dieu et Père de notre seigneur Jésus Christ». Ce que Dieu attend de son peuple, c’est cette louange, ces actions de grâce ; tandis que nous nous plaignons très souvent : pourquoi est-ce que Dieu m’envoie ceci, permet cela ? Et on se plaint de Dieu, de tout le monde. Quand nous nous plaignons, c’est que nous sommes en mauvaises relations avec Dieu ; nos rapports avec Dieu ont à être réglés. «Béni soit le Dieu et Père de notre seigneur Jésus Christ, qui nous a bénis de toute bénédiction spirituelle dans les lieux célestes en Christ» : c’est le Saint Esprit qui peut faire jaillir cette louange. Si nous étions heureux dans le Seigneur, pratiquement, nous ne serions pas insensibles à ce que nous rencontrons ici-bas ; mais cela ne serait pas au premier plan. Eh bien, il n’y a, au fond, que l’Église, qui ait été proprement instruite de cette façon, l’Église qui est composée de tous les vrais croyants. Il faut le redire (c’est la vérité qui sanctifie, et la saine doctrine) : Elle est composée de tous les vrais croyants, depuis la Pentecôte jusqu’au moment, qui n’est pas défini, où le Seigneur viendra enlever les siens. Eh bien, c’est l’Église seule qui est bénie de toute bénédiction spirituelle dans les lieux célestes en Christ. Il y a eu d’autres bénis ; il y en aura d’autres. Même dans l’avenir, il y aura la bénédiction de la vigne et du figuier qui s’ajoutera à d’autres bénédictions ; tandis que l’Église n’a rien de la vigne et du figuier. Le Seigneur n’a rien promis à l’Église, quant à la vigne et au figuier. Le Seigneur n’a rien trouvé, n’a rien eu dans ce monde, de cet ordre-là ; aucune bénédiction de l’ordre de la vigne et du figuier, aucune bénédiction temporelle. L’Église, ici-bas, est une Église souffrante, moralement glorieuse, et qui sera un jour manifestée en gloire. Mais, pour le moment, c’est une Église souffrante. Il n’y a rien, comme bénédiction temporelle, qui soit attribué à l’Église, et le Seigneur nous invite à réaliser cet état d’âme individuellement. C’est une des grandes causes de nos douleurs dans ce monde, et de nos difficultés aussi, de la douleur des chrétiens, que nous ne saisissions pas que toutes nos bénédictions sont spirituelles ; et nous voulons saisir les deux, les matérielles et les spirituelles. On a pu dire que les chrétiens qui veulent les bénédictions matérielles et spirituelles, le Seigneur peut leur donner les matérielles, mais ne leur donne pas la jouissance des autres. Il y a beaucoup de chrétiens qui ne désirent pas jouir des bénédictions spirituelles, ni souffrir. Souffrir pour Jésus, qui est à la droite de Dieu dans le ciel et qui est complètement sanctifié, séparé du monde, chercher à avoir communion avec Jésus mort au monde, et avoir communion avec Jésus à la droite de Dieu ? Un grand nombre de chrétiens a reculé, devant cet appel ; la très grande masse de chrétiens a reculé, devant cet appel. Et c’est une cause de conflit, cela, dans la vie d’un chrétien, dans les corps chrétiens, dans les masses ; c’est une des causes des conflits qui ont surgi. Que le Seigneur nous donne de penser dans nos coeurs à ces choses.

Le Seigneur permet que toutes sortes de choses traversent notre chemin : l’épreuve, la mort, le brisement, le brisement de la volonté, justement parce que le Seigneur veut à tout prix prendre notre coeur et le placer auprès de Lui dans le ciel. Le Seigneur veut que le coeur de son Église soit avec Lui, comme le coeur de l’épouse est avec son époux (ou bien, elle est infidèle) ; et c’est cet ordre d’infidélité qui caractérise l’infidélité de l’Église, exactement, ni plus, ni moins. Oh, dira quelqu’un, moi, je suis très fatigué, très chargé ; j’ai une profonde épreuve, j’ai un fardeau, et je ne vois rien autour de moi qui soit propre à remplir mon coeur de cette joie dont vous parlez. Oh, mais si nous avons affaire au Seigneur, il fera, dans notre coeur que personne ne peut apaiser ni contenter, jaillir cette source ! Comme disait quelqu’un : Oh, j’ai une source chez moi ! Je suis dans le désert ; je ne trouve rien, pas un buisson, pas une feuille verte ; mais j’ai une source chez moi. Avons-nous cette source chez nous, frères et soeurs croyants ? Est-ce que nous connaissons cette source, fraîche, toujours fraîche ? On ne se fatigue pas de boire l’eau que Dieu donne, quand c’est vraiment l’eau que Dieu donne. Le sable est brûlant, la terre maudite ; les hommes sont ce qu’ils sont ; mon coeur est ce qu’il est ; mais j’ai la source du coeur de Dieu. Le ciel est dans mon âme ; je suis heureux. Et non seulement cela, mais je peux bénir Dieu, et je peux appeler la bénédiction de Dieu sur d’autres. Ce n’est pas moi qui parle, mais un homme comme l’apôtre Paul ! Nous sommes souvent loin de cela, chers amis, très souvent. Nous comptons nos misères ; nous nous appesantissons sur elles et toutes sortes de choses, au lieu de compter les biens, les dons de Dieu, au lieu de nous arrêter devant ce que Dieu a fait. En avançant dans la vie, de quoi approchons-nous de plus en plus, nous et ceux qui ont la plus grande partie de leur carrière derrière eux, ceux sur lesquels déjà des hivers ont passé ? Du dépouillement total, du moment où tout ce que l’homme aime ici-bas, tout ce qu’il recherche, tout ce qu’il poursuit dans le secret, tout cela sera entièrement séparé du coeur ; et ce sera le dépouillement total. Le Seigneur, qui est bon, pense à nous, pour nous faire réaliser le dépouillement progressif. Le Seigneur est bon de nous séparer peu à peu, de nous sevrer. Il nous sèvre, comme dit le Psaume : «je suis près de toi comme l’enfant sevré» (Ps. 131:2). Un enfant sevré souffre. Le Seigneur nous sèvre, et nous souffrons ; mais c’est pour notre bien qu’il fait cela. Il nous sèvre de ceci et de cela et, en avançant dans la vie, il veut que notre coeur boive à une source qui ne jaillit pas de la terre. L’apôtre Paul n’était pas porté en triomphe, quand il écrit cela. C’était un ambassadeur lié de chaînes — nous savons comment le monde traite les ambassadeurs de Dieu ! Les ambassadeurs, dans ce monde, entre eux, se traitent très bien ; on les honore, on les entoure. Ils ont des responsabilités, mais aussi des positions privilégiées. Les ambassadeurs de Dieu, on les a toujours traités de la même manière qu’on a traité Celui qui les envoie.

On comprend que l’apôtre pouvait dire, devant les rois : «Plût à Dieu que vous tous vous devinssiez tels que moi hormis ces liens» (Actes 26:29). Voilà un homme heureux, au ciel, chers amis. Si nous étions heureux, au ciel, personne ne pourrait nous donner notre joie, et personne nous l’enlever. Tandis qu’il suffit d’être bouleversés, déçus, et, à la fin du jour, voilà notre joie qui part. Pourquoi ? Parce que notre volonté n’est pas brisée.

Et puis alors, il y a le développement sur ce que Dieu a fait. Il a fallu l’intervention du Seigneur et sa mort, le sang de Christ ; ce passage en parle.

Est-ce qu’il y aurait quelqu’un ici qui ne serait pas lavé dans le sang de Jésus ? Quelqu’un qui pourrait écrire un livre sur le sang de Jésus, et qui ne serait pas lavé dans son sang ? Il y a beaucoup d’hommes qui ont écrit des livres sur Jésus, qui continuent, et ne sont pas lavés dans son sang. Y aurait-il quelqu’un ici qui ne serait pas lavé dans le sang de Jésus ? Ce verset 3 n’est pas encore pour lui. Mais il lui est offert, aujourd’hui, ici même, la voie que le Seigneur Jésus, par son sang versé sur la croix, ouvre à tout pécheur, cette voie qui conduit du monde jusque dans les lieux célestes. On entre dans les lieux célestes par la foi en Christ. Oh, nous le savons tous ! Mais autre chose est de le savoir, et autre chose de le croire. Aujourd’hui, il faut prêcher un évangile le plus saisissant possible, parce que les hommes en savent trop, en surface. C’est difficile, de prêcher l’évangile. Aujourd’hui, dans les milieux chrétiens, les hommes savent tout, en apparence. Cela n’a pas la force de la nouveauté, d’un fait prêché pour la première fois. Mais enfin, Dieu est puissant !

Oh, que le Seigneur nous donne de trouver nos joies au ciel, chers amis ! Cela n’exclut pas la joie que Dieu nous donne dans notre vie quotidienne, dans nos relations entre frères, dans nos relations familiales ; cela a sa place, mais ces liens sont d’un jour. C’est bien solennel, c’est douloureux, c’est très douloureux, qu’un lien cher soit là, rompu ou sur le point de l’être ; c’est toujours profondément émouvant. Mais c’est là qu’on sent que le Seigneur n’est pas venu pour rien, quand on sent cette emprise de la mort sur tout, dans ce monde. La mort est entrée dans le monde ; elle ne ménage personne. Elle entre dans le foyer, dans la société, elle entre partout ; elle ne ménage personne. La mort est entrée. Mais, à sa suite, le Seigneur est aussi entré, et c’est cela, l’évangile : dire que la mort a été vaincue, et que les conséquences de la mort sont annulées par le Seigneur Jésus lui-même, suivant ce verset remarquable de l’épître de Jean : Jésus est venu «détruire les oeuvres du diable» (1 Jean 3:8). Ce n’est pas seulement cela, mais il a fait cela. Est-ce que tout le monde est converti, ici, chers amis ? Né de nouveau, enfant de Dieu ?

Au chapitre 2, nous voyons que nous sommes vus comme des morts. Les pécheurs sont vus quelquefois comme des morts, et quelquefois comme des vivants. Si quelqu’un n’est pas né de nouveau, c’est un mort, pour Dieu. Il peut dire : Je suis très vivant. Certainement, vous êtes très vivant dans le péché (épître aux Romains) ; mais ici, vous êtes comme un mort, étranger à la vie de Dieu. Vous êtes un mort, pour tout ce qui a la vie de Dieu ; vous êtes comme un mort. Il n’y a, dans un pécheur, dans l’homme de ce monde le plus excellent, le meilleur, le plus honnête, comme le plus intelligent et le plus puissant, rien en lui qui soit de la vie divine. C’est triste de le dire. C’est triste, de condamner un homme comme cela ; mais c’est Dieu qui le fait. Il y a bien des sages ! Les sages, les premiers, sont morts dans leurs fautes et dans leurs péchés. «Nos fautes et nos péchés» : nous en avons fait, des fautes, et commis, des péchés ! Un homme disait une fois que, si Dieu écrivait sur le dehors de la maison de chaque homme, même des vrais chrétiens, ce qu’il a fait dans sa vie, personne n’oserait sortir de chez soi. C’est bien vrai. Nous faisons bonne figure, devant les hommes. Nous nous contentons de cette bonne petite mesure humaine, hypocrite ; mais avec Dieu, cette mesure ne va plus. Dieu regarde jusqu’au fond de notre coeur. Nos pensées sont enregistrées, et toutes nos paroles ! On nous dit souvent, avec juste raison : Vous n’avez pas le droit de sonder la pensée d’un homme. C’est vrai ; mais Dieu en a le droit, et il le fait. Lisons le Ps. 139 ; nous y voyons cela. Voilà un homme qui ne sait pas où aller. Il ne peut se tenir nulle part : devant Dieu, il ne peut pas ; loin de Dieu, il ne peut pas. Dieu voit tout, sait tout, compte tout. Il ne peut pas se tenir devant Dieu parce qu’il sait qu’il a péché. Voilà un homme qui n’a aucune place ; cet homme, dans l’univers, ne peut se tenir nulle part. C’est très remarquable : «si je vais au shéol, tu y es ; au fond de la mer, tu y es…». Et nous nous croyons très forts, chers amis ! On se demande ce qu’il y a de plus triste en nous, si ce n’est pas cet aveuglement orgueilleux ! C’est ce qui nous fait aussi mesurer l’effroyable profondeur de la chute dans laquelle le péché d’Ève et d’Adam nous a amenés, une chose sur laquelle nous passons à la légère. Mais c’est une chose épouvantable. Voilà donc un homme, tous les hommes ; aucun ne peut subsister nulle part, parce que Dieu est partout, et je ne peux pas me tenir devant Dieu. Et, si je veux me tenir devant Dieu, c’est impossible ; Dieu ne peut me voir : je suis un pécheur.

Nous trouvons que nous étions loin, et Dieu nous a approchés par le sang de Christ. Il y a une possibilité de s’approcher de Dieu et de se tenir devant Dieu. Chacun ici est-il heureux, en pensant à Dieu ? Trouve-t-il ses délices dans la présence de Dieu, du Seigneur Jésus ? Est-ce que c’est notre bonheur, chers amis ? Est-ce que quelqu’un trouverait ses délices dans la présence des hommes, loin de Dieu, s’asseyant au siège des moqueurs ? Heureux, bienheureux, celui qui trouve son bonheur avec Dieu. Bienheureux sommes-nous s’il en est ainsi pour nous, chers amis. Nous, des morts, Dieu nous a sauvés, ressuscités, et déjà fait asseoir ensemble avec Christ dans les lieux célestes. On ne peut condamner un homme qui est déjà assis au ciel. Voilà ce qu’il faut, en prêchant l’évangile, dire au pauvre pécheur. Il ne faut pas s’arrêter à la croix ; il faut faire monter un croyant jusque dans le ciel. L’épître aux Romains nous montre comment, à un homme bien vivant dans le péché, Dieu donne la vie divine. Un homme vivant dans ses fautes et ses péchés, Dieu le tue. Voilà la façon de faire de Dieu.

Si le même homme est considéré comme mort dans ses fautes et dans ses péchés, Dieu le vivifie ; c’est Éphésiens 3. Mais le pécheur considéré comme n’ayant fait que pécher, et ayant fait cela toute sa vie, Dieu le tue. C’est la seule façon de se débarrasser d’un pécheur ; puisqu’un pécheur est incorrigible, Dieu s’en débarrasse en le tuant. Il nous a tués, nous qui avons cru. Comment nous a-t-il tués ? En Christ. Voilà deux aspects de la vérité du travail de Dieu dans le pécheur pour en faire un croyant.

Et ensuite, est-ce que nous sommes heureux dans les lieux célestes, chers amis ? Heureux de ce que nous sommes assis dans les lieux célestes en Christ ? Il découle de cette position que Dieu place devant nous ce que nous avons à faire. Tout le monde a à travailler avec Dieu. Nous sommes collaborateurs de Dieu ; nous travaillons avec Dieu. Est-ce que quelqu’un perdrait son temps, pour faire de ce monde un monde accompli, pour en faire un monde orné ? On peut chercher à orner le monde ; mais il y a une tache indélébile que personne ne peut ôter. Il y a cette lacune ineffaçable à la beauté du monde, à quelque degré qu’elle atteigne. Quelle est cette lacune, qui est là et qui sera là jusqu’à la fin ? Cette lacune, c’est la croix de Jésus. Personne ne peut ôter cela.

Est-ce que nous cherchons à être collaborateurs pour Dieu, chers amis ? Quel titre, d’être collaborateurs de Dieu, de travailler avec Dieu ! Quelqu’un dira : Mais moi, je n’ai pas de don ! Ne pouvez-vous pas prier tous les jours ? Pour vous d’abord, pour les vôtres, pour les pauvres pécheurs. Ces prières sont le meilleur et le plus grand des services. Est-ce que nous allons passer notre temps sans rien faire ici-bas, chers amis ? Nous n’aurons pas d’excuses. Devant nous sont placées les bonnes oeuvres que Dieu a préparées à l’avance afin que nous marchions en elles ; non pas les bonnes oeuvres pour être sauvés, mais l’obéissance.

Au chap. 4, nous avons des exhortations pratiques, parce que Dieu est toujours pratique. Il suffit de penser à la vie du Seigneur ; elle a été la perfection vécue. Il est remarquable qu’il soit dit, dans Actes 1:1 : «Voilà les choses que Jésus commença de faire et d’enseigner». La perfection de Jésus a été envers tout le monde. Sa vie a été une vie de perfection pratique — Dieu est toujours pratique. Un enseignement qui n’est pas traduit dans la pratique est une tromperie, pour le chrétien ; c’est une séduction. Nous parlons des conséquences pratiques les plus simples ; ne nous perdons pas dans un mysticisme dangereux.

On peut jouir des lieux célestes, être dans les lieux célestes en Christ, et être un chrétien extrêmement sage, dans les choses courantes de la vie. La perfection de Jésus était marquée dans les plus infimes détails. Voyez comment Il parle, comment Il se tait, son attitude dans la maison du pharisien, comment Il respecte toutes les nuances (une perfection dans la nuance, qui nous fait sentir l’infini de la présence de Dieu). C’est notre modèle.

À la suite de cela, le Seigneur nous exhorte à faire comme Il a fait. Où est-ce qu’il y a eu de l’humilité, de la douceur ? Il pouvait dire : Je suis débonnaire et humble de coeur.

«Je vous exhorte donc, moi, le prisonnier dans le Seigneur, à marcher d’une manière digne de l’appel dont vous avez été appelés, avec toute humilité et douceur, avec longanimité, vous supportant l’un l’autre dans l’amour» (4:1-2). Ceci se rattache à la fin du chap. 2, au fait que «nous sommes une habitation de Dieu».

«Avec toute humilité et douceur…» : est-ce que l’apôtre, ici — ou plutôt, le Saint Esprit — fait appel aux qualités naturelles des frères et des soeurs ? Non ; Dieu a condamné tout homme, les patients et les impatients, ceux qui ont bon ou mauvais caractère. Ils sont tous condamnés, sans exception : «il n’y a point de juste» (cf. Romains 3:10). C’est ce que nous trouvons lorsque le jeune homme riche se jette aux pieds de Jésus et lui dit : «Bon maître…». Le Seigneur lui dit : «Nul n’est bon, sinon un seul, Dieu» (Marc 10:17-18). C’est le Seigneur qui vient donc, une fois pour toutes, nier toute bonté dans l’homme : «Nul n’est bon…» ; ces paroles ne font plaisir à personne, parce que tout le monde se croit bon et meilleur que les autres. C’est une pensée que tout le monde a eue, et que tout le monde a, s’il n’est pas près de Dieu. Il semble que les disciples soient surpris : «Tu as laissé partir celui-là, mais tu n’en retrouveras pas de semblable ; tu laisses partir un jeune homme aussi excellent que cela» ! Le Seigneur avait dit : «nul n’est bon». Le Seigneur est obligé de laisser partir tout le monde. Pour entrer au ciel, il n’a pu mettre le doigt sur quelqu’un duquel il puisse dire : Toi, tu peux entrer au ciel tel que tu es. Il n’y en a point eu. Et sur qui le Seigneur a-t-il mis le doigt, pour qu’il entre au ciel ? Sur celui qui était à ses côtés sur la croix. C’est de toute beauté, cette scène : «Aujourd’hui tu seras avec moi dans le paradis» (Luc 23:43) ; il y est depuis ce jour-là. Est-ce que nous sommes contents d’être mis au rang d’un brigand, chers amis, tout à fait contents ? Voilà le niveau moral de l’humanité. C’est cette position que le Seigneur nous donne, qui précède l’entrée dans le ciel avec Lui. Il n’y a pas d’autre chemin ; c’est toujours le même. Il faut toujours que nous arrivions à être persuadés que nous sommes comme un brigand sur la croix ; alors cela va très bien. Ce brigand ne pouvait pas ouvrir la bouche et dire qu’il était bon ou qu’il était juste. Alors, que le Seigneur nous donne de suivre ses traces. Quel bonheur ! Nous serions bien plus heureux, si nous suivions ses traces !

Encore un mot des vers. 20 à 24 du chap. 4, quelque chose que nous avons souvent signalé. Il n’y a donc aucun homme qui soit bon. Mais il y a maintenant, dans un chrétien, quelque chose qui est bon. Un vrai chrétien a reçu en lui un nouvel homme. Voilà les ressources divines, le résultat de l’opération de Dieu dans un homme qui n’est qu’un pauvre pécheur condamné, sans espoir ! Cet homme, Dieu travaille en lui et lui donne la vie divine. Il est né de nouveau ; il est devenu un chrétien. Est-ce que chacun, ici, est un homme converti, né de nouveau, un homme qui a quelque chose d’autre que ce qui est dans tout homme, un homme qui a à la fois ce qu’il avait avant d’être converti, ce qui est entièrement perdu, mauvais, et une nouvelle chose, une chose divine, un don de Dieu ? Il nous a donné une nature divine, le nouvel homme. C’est un fait ; quand quelqu’un est né de nouveau, c’est un fait, pour ainsi dire historique, dans la vie de cet homme. Ce n’est pas une question de sentiment ; ce n’est pas parce qu’il a été ému aux larmes en entendant une prédication ou en lisant quelque chose. Dieu a travaillé en lui et lui a donné une vie nouvelle. Il y a un nouvel homme, et ce nouvel homme ne peut pas pécher, ne pèche jamais.

Les exhortations qui sont données : ne pas mentir, ne pas dérober, ne pas se mettre en colère (sauf dans certains cas), ne sont pas pour le nouvel homme, mais pour le chrétien dans son état complexe actuel. Le nouvel homme n’a pas besoin qu’on lui dise pourquoi la Parole entre dans les détails pratiques. «Ne pas mentir» : il y a bien des façons de mentir. Que Dieu nous accorde d’être vrais, tout simplement, comme le Seigneur l’était. On peut mentir d’une infinité de manières. Que Dieu nous aide à ne pas le faire. «Que le soleil ne se couche pas sur notre irritation» (cf. Éph. 4:26). Il peut y avoir une sainte colère, mais elle doit s’éteindre avant le jour ; sinon, la chair s’en empare.

Nous voyons le Seigneur : «Il les regardait tous à l’entour avec colère» (cf. Marc 3:5), indigné par toute leur perversité.

Et puis, nous voyons ensuite les paroles : aucune parole déshonnête, mais celle qui communique la grâce (Éph. 4:29). Puis nous trouvons les péchés qui caractérisent le vieil homme. On doit l’éliminer de la vie pratique. Voilà à quoi nous sommes conduits. De même, la cupidité (Éph. 5:3), qui est de l’idolâtrie (cf. Colossiens 3:5). Et l’amour, la lumière, nous sont présentés.

Et je termine en rappelant ce verset : «Réveille-toi, toi qui dors, et relève-toi d’entre les morts, et le Christ luira sur toi» (Éph. 5:14). Un chrétien qui dort est semblable à un mort. «Relève-toi d’entre les morts» : ce n’est pas un mort, mais il est comme «entre les morts». Un chrétien qui est comme un mort, à qui on présentera une convoitise, il la prendra. Tandis qu’à un chrétien heureux dans le Seigneur, on lui présentera la même convoitise, il ne la prendra pas. Un chrétien qui ne jouit pas du Seigneur est comme un homme du monde.

«Soyez remplis de l’Esprit» (Éph. 5:18). C’est pour chacun, l’Esprit tenant nos coeurs et tout notre être intérieur sous sa grâce et sa puissance.

Les résultats sont des hymnes, des cantiques, des actions de grâce. Que nos coeurs en soient pleins, nuit et jour !

 

2   Les rapports du chrétien avec Christ — Éphésiens 1 ; 3 ; 4

 

[LC n° 99]

Saint Agrève — dimanche soir 30 mai 1966

 

Les épîtres sont presque entièrement consacrées aux saints. Il y a des passages pour les inconvertis ; mais l’ensemble est pour les saints.

La situation d’un chrétien, sur la terre, a été l’objet, d’avance, de la sollicitude divine. Sa situation, nécessitant une telle sollicitude, ne peut être prise à la légère par chacun des chrétiens. Une fois que nous sommes convertis, nous ne pouvons pas penser que tout est fait. Nous ne pouvons pas penser que tout ce que Dieu doit faire à notre égard est achevé.

De nos jours, on constate qu’il y a négligence, à l’égard de la Parole de Dieu, et, par conséquent, une sorte de mépris à l’égard de cette sollicitude, qui avait prévu nos difficultés.

Il ne s’agit pas d’ignorer la réalité. Une fois convertis, nous avons de rudes heures à passer. Une quantité de questions surgissent, sans qu’on les appelle. La marche quotidienne, la vie d’un jour, nous suffit pour nous en rendre compte. Voilà pourquoi les épîtres sont là, aux instructions diverses, plusieurs répondant aux difficultés qui surgissent parmi les saints, et auxquelles le Saint Esprit a répondu d’avance, pour que la réponse fut utile à tous ceux qui viendraient après. La vérité de ce temps-là doit être adaptée à nos jours. N’attendons pas que Dieu change quoi que ce soit à ce qu’il a donné, et qu’il supporte l’insulte qui lui serait faite, si on pensait un seul instant que ce qu’il a donné n’était pas valable pour tous les temps.

Un fait fondamental, pour un chrétien, dès l’instant où il est un chrétien, c’est qu’il a le privilège d’avoir des rapports avec Christ homme dans la gloire, et qu’il ne peut pas se passer de ces rapports-là. Il est impossible de vivre en chrétien, dans ce pauvre monde, avec le coeur naturel que nous avons tous, et dont nous devons connaître la perfidie. Pour tout chrétien, sa ressource permanente, essentielle, c’est qu’il a des rapports avec l’homme Christ Jésus, qui est entré dans la mort, qui est ressuscité, glorifié, et qui a entre les mains toute autorité, toute puissance. Est-ce que ces vérités sont fréquemment présentées, dans l’assemblée des saints ? Que les frères y pensent. C’est très bien, de dire : «Jésus, dans sa vie, est mon modèle» (il est le modèle des chrétiens, mais pas des inconvertis). Mais, voulez-vous bien m’aider à imiter ce modèle ? Voilà la question. Que faut-il, pour vivre en chrétien ici-bas ? De la puissance. Ce qui se passe, au cours d’une heure, nécessite, pour que vous ne soyez pas toujours battus, de la puissance. N’avez-vous pas eu honte, quelquefois, de vous être mis en colère ? Est-ce normal, qu’un chrétien se mette en colère, qu’il nourrisse des pensées d’orgueil ? Est-ce normal, qu’un chrétien soit satisfait de lui, aime le monde ? Est-ce normal, qu’il ait une idole dans le coeur, sans que personne ne sache rien, bien que les fruits visibles ne tarderont pas à se manifester ?

Où allez-vous trouver la force pour enlever l’idole ? Jésus est mon modèle. Il ne s’est jamais mis en colère, lui, sauf quand il fallait s’y mettre ! Nous n’avons pas, nous, de saintes colères, mais, facilement, de mauvaises colères.

L’évangile de Dieu, dans son plein sens, comprend tout ce que Dieu a fait pour un pécheur pour qu’il devienne un croyant ; puis, pour un croyant, jusqu’à ce qu’il soit enfin recueilli dans le repos. L’évangile, c’est cela.

Comment voulez-vous que les chrétiens ne boitent pas, s’ils ne sont pas nourris et enseignés ? Voilà pourquoi il y a tant de soins indiqués, à l’égard des chrétiens. Nos rapports sont avec un Christ glorifié et puissant. Jésus, dans sa vie, est le modèle du chrétien (Phil. 2). «Qu’il y ait donc en vous cette pensée qui a été aussi dans le Christ Jésus» (v. 5). Il faut de la force pour être humble, n’est-ce pas ? L’orgueil est une plante qui n’est pas facile à arracher. Pour Dieu, ce sont les réalités qui comptent. La façade, qu’est-ce que c’est ? Rien du tout.

Rien, dans la vie chrétienne, ne devrait se faire par routine, dans la vie de l’individu ou dans la vie de l’assemblée. Tout ce que le Saint Esprit donne est frais et puissant. Sinon, c’est une vie intenable, la vie d’un chrétien réduite à la routine ! C’est une mort ! La routine n’est pas une force, pas du tout ! La force d’un chrétien, c’est Christ dans la gloire.

Le chrétien a affaire au Seigneur. Le Seigneur est la tête du corps. L’Église est le corps de Christ : «l’Assemblée qui est son corps». Les chrétiens sont des membres. Alors que les évangélistes, de toutes parts, appellent les âmes, Dieu répond et opère des conversions. Beaucoup ne savent pas ce que le Seigneur poursuit, en faisant cela. Le Seigneur se sert de qui il veut, et de personne s’il le veut. Le Seigneur accomplit ce travail de la conversion. Et le Saint Esprit accomplit l’oeuvre de la formation de l’Église. Nous avons été baptisés d’un seul Esprit, pour être un seul corps. Voilà le dessein de Dieu. C’est la période chrétienne. Quand le corps sera complet, le Seigneur viendra et le prendra. Et le Saint Esprit partira avec l’Église.

Le Seigneur est la tête du corps. Il a donc toute autorité. Les conséquences pratiques sont très grandes. Les hommes sont portés à se former des relations très hautes et puissantes. Mais le chrétien a la plus haute des relations. Il a des relations avec celui qui a reçu tout pouvoir et toute autorité. Le Seigneur a toutes les gloires. Le chrétien est relié avec quelqu’un qui est le vainqueur de la mort. Dans ce monde, on forme des associations, pour lutter contre telle ou telle maladie. Mais il n’y a rien, contre la mort. On n’ose pas en parler. Mais le chrétien en parle, parce qu’il connaît celui qui est le vainqueur de la mort. Pour nous, moralement, la mort est derrière. La gloire de Jésus est au-dessus de toutes les gloires, sa puissance au-dessus de toute puissance. Voilà mon chef, mais voilà aussi mon meilleur ami ; «mon gain dans la vie et la mort…» ; quelqu’un qui peut faire ce que ne peut faire un mère pour son enfant. C’est un monde singulier que ce monde. Quelqu’un a dit : «Un linceul est toujours étendu sur le monde». C’est vrai. Voilà le triomphe de la foi. Elle met le chrétien en relation avec un homme qui est dans la gloire de Dieu. Il est en relation avec un homme qui a triomphé de toutes les puissances qui sont contre l’homme.

L’Assemblée est formée de tous les vrais chrétiens qui sont dans le monde. L’Assemblée est dispersée ; mais le Seigneur connaît tous ses membres. Il les voit comme étant ensemble. Et il aurait désiré que les chrétiens le représentassent lui-même, que l’Église le remplaçât, pour ainsi dire, pour être le vase de la gloire des perfections divines. Elle ne devrait pas être mondaine, mais chacun étant dévoué, obéissant et accomplissant son service. Dans ce monde, dont Satan est le chef, il aimerait que nous soyons serviteurs de cet homme glorifié. Que le Seigneur nous accorde de le réaliser ! Ce n’est jamais trop tard. Le Seigneur peut nous donner la force pour cela.

L’apôtre Paul avait beaucoup voyagé. Mais avec des moyens beaucoup moins puissants, il y avait des effets beaucoup plus grands ; parce que les moyens, c’est nul, exactement zéro. Qu’est-ce qui compte ? La puissance de l’Esprit. C’est tout. Donner la vie éternelle, atteindre une conscience, vivifier un croyant, qui peut faire cela ? Personne ! La consolation d’une âme, qui l’opère ? Qui donne l’encouragement, l’intelligence ? Le Saint Esprit. Le Seigneur peut se servir des serviteurs. Mais les dons ne sont que des canaux.

Quand le nombre des chrétiens s’est accru, il a été nécessaire qu’il y ait plusieurs assemblées locales, chacune représentant l’Assemblée universelle. Il se trouve que, par une grâce extraordinaire, le Seigneur a bien voulu remettre tout cela au jour. Le Témoignage n’est rien d’autre qu’une expression limitée de ce qu’eût dû être l’Église, depuis son commencement. On n’aurait pas le moindre droit d’abaisser le Témoignage. C’est cela ou rien. C’est la pensée totale de la vérité du Seigneur, ou rien, ou les systèmes. Sur quel terrain ? Sur le terrain de la résurrection, c’est-à-dire de l’autre côté de la mort ; sur le terrain de la liquidation définitive et sans appel du premier Adam, c’est-à-dire de la volonté de l’homme, la mauvaise comme la bonne.

La perfection, pour un homme, c’est d’obéir, à tous égards, en toutes choses.

Toute notre vie, avant que nous fussions convertis, est derrière. Non pas dans notre souvenir, car il est fort nécessaire que nous puissions nous souvenir de ce que nous avons pu être. Mais toute cette vie est derrière. Nous n’allons pas demander de l’aide au premier Adam. Si nous avons été éclairés sur ces points, nous tâchons de le tenir le plus à l’écart possible.

Le chrétien est un homme des lieux célestes. Les sources de sa vie sont toutes célestes. Elles sont toutes en Christ, dans le ciel (2 Cor. 5:16).

Nous sommes réunis sur le terrain de l’unité du corps. Nous sommes tous membres d’un corps dont Christ est la tête. Un apôtre, s’il y en avait un, n’est qu’un membre du corps. Il n’y a pas de hiérarchie. Tous les chrétiens du monde sont tous serviteurs les uns des autres. Mais celui qui a le plus d’autorité est le serviteur de tous. C’est le secret pour être parfaitement heureux, même au milieu de bien des difficultés, et bien des combats.

La Parole ne reconnaît aucun rassemblement, sinon celui-ci : «réunis autour du Seigneur». Où que j’aille, je puis dire : «Je suis chez moi, car où que le Seigneur se trouve, je suis chez moi» ; mais pas là où un frère éclipse, plus ou moins, la présence du Seigneur. Voilà ce qui fait qu’avec beaucoup de douleur, beaucoup de larmes, on ne peut pas aller partout. Il faut avoir, pour soi-même, la lumière dans son âme. C’est avec douleur qu’on doit se tenir à distance. «Je cherche mon Seigneur, et je ne sais où on l’a mis» (Jean 20:13). Voilà ce qui devrait nous caractériser. Nous nous séparons, parce que nous ne pouvons pas nous passer du Seigneur. La présence du Seigneur devrait être goûtée par tous. Que le Seigneur nous exerce à goûter cette présence ! Si un chrétien est léger, mondain, il contriste l’Esprit. Et la réalisation de la présence du Seigneur en souffre d’autant. «Ta présence est le bien suprême» : c’est profondément vrai.

S’il y a du bonheur dans les réunions, il n’y a pas besoin de faire du recrutement. Là où les frères sont fidèles, le Seigneur amène des âmes. Si nous sommes engagés dans les choses de la terre une grande partie de la semaine, les réunions s’en ressentiront. Il y aura une souffrance. «Nul ne peut servir deux maîtres» (Matt. 6:24).

Les saints auront toujours le Seigneur comme appui, s’ils sont dans le chemin de l’obéissance. Ils l’auront toujours avec eux, quand les difficultés arriveront. On peut prendre le Seigneur au mot. Le Seigneur répond. Le Seigneur nous aidera pour continuer, car il n’est pas possible qu’il n’y ait pas des difficultés. Lisez les épîtres. Un frère peut tenter d’usurper les droits du Seigneur. Mais alors, l’assemblée sera là pour lui aider et pour le reprendre, en temps utile. Les frères doivent s’aider entre eux.

L’assemblée est responsable de juger le mal dans son sein. C’est un devoir.

Aucune activité, aucun service chrétien, ne peut être réalisé sans la dépendance de celui qui est le Seigneur. Aucun membre ne peut agir, sans dépendre, pratiquement de la tête. Si un frère se met à avoir des activités indépendantes, il est en faute.

Dans le cas d’Ananias et de Saphira, personne n’a pu prier pour eux. Il y a des cas où on ne peut pas.

Le Seigneur, dans le ciel, est actif. Envers chacun de nous, aujourd’hui, il a exercé une activité. Il est notre avocat auprès du Père ; c’est-à-dire qu’il s’emploie, pour chacun, à rétablir la communion. Pourquoi la communion est-elle si importante ? La communion avec le Seigneur, c’est la force du chrétien. Il a Dieu avec lui. C’est ainsi que nous avons affaire au Seigneur glorifié, dans notre vie individuelle, et pour la vie de l’assemblée. Nous avons besoin de sagesse ? Nous la demandons. Il est toujours vivant pour intercéder pour nous.

Que chaque membre fasse son travail. Même sans avoir de dons, un frère peut rendre service à tout le monde, s’il dépend du Seigneur, et aussi du Saint Esprit. Chaque frère, chaque soeur, devrait prier pour toutes les réunions, pour qu’on goûte la présence du Seigneur. Les uns et les autres, nous venons à la réunion pour rencontrer le Seigneur. Tout chrétien a besoin de cela, et à plus forte raison s’il est en mauvais état. Il y aura peut-être là de quoi transpercer sa conscience, et aussi lui rappeler que les joies que le Seigneur donne sont les seules joies.

Que le Seigneur nous exerce, pour que nous rappelions que nous sommes réunis autour du Seigneur, et qu’un frère n’est rien. Quand le Seigneur retire un frère, sa tâche était terminée. Remettons les choses au Seigneur. Nous n’avons pas de souci à nous faire, bien que nous puissions avoir le coeur déchiré, comme l’apôtre Paul, en Actes 20 : «Je sais qu’après mon départ il entrera parmi vous des loups redoutables qui n’épargneront pas le troupeau… vous souvenant que… je n’ai cessé nuit et jour d’avertir chacun de vous…» (v. 29, 31). Qui était Paul ? Un serviteur. On peut avoir passé sa vie au service des frères et des soeurs ; on reste un serviteur, jusqu’à la fin. On n’a acquis aucun droit sur eux. C’est là le secret du parfait bonheur : n’être rien, ne rien vouloir.

Que le Seigneur nous donne d’apprécier hautement, très hautement, le privilège, l’honneur, qu’il nous fait, de nous réunir autour de lui ! Avons-nous mérité cela ?

Toutes les fois que nous ouvrons la Parole de Dieu, nous devrions le faire dans la crainte. Il vaut mieux garder ses lèvres de prononcer le nom du Seigneur, que de le prononcer hors de propos. C’est ainsi qu’on fait sentir à d’autres qu’on n’entre pas à la légère dans les choses de Dieu, dans la maison de Dieu. Il faut se déchausser, pour le faire. Nous avons des rapports avec les lieux célestes. Le ton de notre vie chrétienne, spirituelle et morale, nous le prenons dans les lieux célestes. Et là, tout est selon Dieu, de Dieu qui est amour et lumière.

Tant que nos enfants ne sont pas convertis, ils sont aussi loin que des impies. Il faut prier le Seigneur qu’il mette l’étincelle, qu’il rende vivant tout ce bagage. C’est ce qui fait que l’enfant, ou le jeune homme, entre dans le royaume de Dieu. Ne confondons jamais l’éducation chrétienne avec la conversion. C’est très sérieux. Et même, il serait difficile d’affirmer que tous ceux qui rompent le pain ont la vie. Voyons les choses de cette manière. Cela nous rendra sérieux, heureux et sérieux.

Le scandale de la croix est toujours là. Personne ne peut l’anéantir. Cela veut dire qu’il est impossible de rendre le vrai christianisme de Dieu attrayant pour un inconverti. Il est impossible de faire accepter à un inconverti qu’il est entièrement condamné dans tout son être. Voilà le scandale de la croix !

Le croyant bénit Dieu à jamais de ce que Dieu lui a fait comprendre qu’il n’est qu’un être entièrement vil, et qu’il a amené cet être entièrement vil dans sa propre présence, non pas demain, mais déjà aujourd’hui.

 

3   Intégrité morale — Éphésiens 1:3, 22 ; 2:18-22 ; 4:1-3, 11, 25 ; 6:10-18

 

[LC n° 100]

11 août 1968

Méditations sur la vie chrétienne, édition FR 1995, p. 341

 

Pour avoir la pensée de Dieu concernant l’Église, il faut savoir ce que le Seigneur en dit et comment il la voit. Le livre des Actes nous dit comment elle a commencé, et l’épître aux Éphésiens comment elle doit marcher. L’Église est céleste. «Béni soit le Dieu et Père de notre seigneur Jésus Christ, qui nous a bénis de toute bénédiction spirituelle dans les lieux célestes en Christ» (Éph. 1:3). L’Église doit trouver son bonheur dans les choses qui ne se voient pas ; elles ont un effet bien plus profond que toutes les richesses de la terre. Christ est un homme céleste, et l’Église aurait dû avoir toutes ses joies en Lui. Elle est le complément du corps, «la plénitude de celui qui remplit tout en tous» (Éph. 1:23). Christ est la tête, l’Église est le corps, l’ensemble est l’homme mystique, représenté en figure par Adam et Ève.

Une assemblée locale, placée sur le terrain scripturaire, représente l’Église tout entière. Elle doit s’appliquer à vivre comme l’Église aurait dû le faire. Christ est Seigneur dans l’assemblée et Seigneur des individus. Si nous étions fidèles, personne ne chercherait son propre intérêt, chacun serait serviteur des autres, et tous ensemble serviteurs du Seigneur. La morale chrétienne, c’est Christ qui vit dans le chrétien. Sa conduite est céleste. Il ne va pas disputer la terre aux gens de ce monde. Avec la Parole de Dieu, il ne perd pas son temps dans les imaginations humaines, mais il est sage et de sens rassis dans sa marche ici-bas. Le Seigneur n’a pas promis au croyant la fortune, ni le monde, ni la culture du «moi» même sous les formes les plus distinguées. Il doit avoir la première place dans l’Assemblée et dans les affections. S’il se retirait, on ne donnerait pas cher des rassemblements des frères.

Un frère qui n’a pas un service apparent, mais qui vit avec le Seigneur, est parfois plus heureux qu’un autre. C’est l’état d’âme qui compte, la piété, la soumission, l’obéissance, l’humilité, pour les frères comme pour les soeurs. Mais les frères et les soeurs, qui ne sont pas engagés dans le combat d’une manière ou d’une autre, sont des traîtres, comme des soldats qui se cachent au jour de la bataille. Un frère ou une soeur qui dort peut paraître un élément de paix, mais, si cette personne est indifférente, elle est coupable de haute trahison. Il y a «un temps de se taire, et un temps de parler» (Eccl. 3:7), mais jamais un temps d’être à l’écart de la vie de l’assemblée. Il faut que tout le monde soit mobilisé pour le bien de l’assemblée locale et de l’Assemblée en général. S’il n’y a pas cet exercice-là, toute l’assemblée en pâtit.

Ce ne sont pas tellement les dons qui manquent, mais la piété. Nous sommes enclins à nous satisfaire d’un niveau de vie élevé. Mais que dire du niveau spirituel ? Le développement général de l’instruction et de la technique est plus grand maintenant parmi les frères. Mais le développement spirituel ? Moins on a de bagages, mieux cela vaut. On ne fait pas deux carrières en même temps, et la carrière chrétienne se fait pas à pas, sans savoir ce que le Seigneur demandera demain. Notre christianisme d’aujourd’hui ne nous coûterait-il plus rien ? Il ne garantit rien à la chair. Un jour, nous saurons ce à quoi des chrétiens ont renoncé dans le secret, pour le Seigneur. Mais nous connaîtrons aussi ceux qui auront fait fléchir la vérité en faveur de leurs intérêts propres. Si un fidèle accepte un renoncement pour le Seigneur, il ne le dit à personne ; c’est un secret entre lui et Christ, et le fidèle ne le regrette jamais ; il a déjà sa récompense (Apoc. 2:17). Ces justices des saints, toutes leurs fidélités, seront la parure de l’Église aux noces de l’Agneau.

Une assemblée locale est «une habitation de Dieu par l’Esprit» (Éph. 2:22) ; on doit y reconnaître les caractères du Maître, la sainteté, le sérieux, l’amour, la paix, la lumière, l’humilité. Le chapitre 4 de l’épître aux Éphésiens fait suite au chapitre 2 : être une habitation de Dieu par l’Esprit oblige à marcher soigneusement. Garder l’unité de l’Esprit, c’est garder la communion par le lien de la paix. Quand un trouble se fait jour, tout le monde devrait être sur ses genoux. Si nous réalisons que nous sommes des enfants de Dieu dans la maison de notre Père, les différences d’ordre naturel disparaissent. Avec les gens du monde, on peut avoir des contacts, mais pas de communion ; et des frères très différents peuvent réaliser une communion intime entre eux.

Le Seigneur nous a arrachés à l’esclavage de Satan, et il nous confie des services. Il brise nos chaînes et nous enrôle dans son armée, à son service. Mais Satan n’est pas en enfer ; il est dans les lieux célestes. S’il y rencontre un chrétien, il y a lutte, car il ne veut pas qu’un chrétien y reste. Un chrétien mondain a abandonné la lutte. Il n’est plus un témoin, ou alors très faible, et Satan a remporté un succès. Mais Satan n’a rien pu contre Christ ; il croyait être le maître en envoyant Christ à la mort, mais il ne pouvait rien contre cet homme parfait. Christ s’est livré lui-même, et Dieu l’a ressuscité ; «Christ a été ressuscité d’entre les morts par la gloire du Père» (Rom. 6:4), arrachant au pouvoir de la mort tous ceux qui croient en lui et auxquels il donne le bénéfice de sa propre victoire.

Il faut demander des dons. «Désirez avec ardeur les dons spirituels, mais surtout de prophétiser» (1 Cor. 14:1). Pour suppléer à leur carence, des frères prennent des initiatives pour grouper des membres du corps autour d’eux. Or, seul le Seigneur est chef ; il est la tête du corps. Quelqu’un peut bien enseigner sans être docteur, ou faire une visite sans être pasteur, ou exhorter sans être prophète, pourvu qu’il ne dépasse pas sa mesure. Les soeurs ont à lire la Parole comme les frères ; elles peuvent avoir un don, mais doivent l’exercer dans le respect de la Parole, sans exercer d’autorité sur l’homme. Dépendons du Seigneur et de l’Esprit Saint ; alors on verra agir les dons à leur place. Si nous ne sommes pas dépendants du Saint Esprit en tout, nous pouvons nuire gravement à l’assemblée des saints.

«Qu’il se retire de l’iniquité, quiconque prononce le nom du Seigneur» (2 Tim. 2:19). Pour participer à la cène, il faut abandonner tout ce que l’Écriture condamne. Quand quelqu’un demande sa place à la table du Seigneur, il faut s’assurer qu’il possède la vie et le Saint Esprit. S’il en est ainsi, il a sa place à la table du Seigneur, où l’unité du corps est réalisée par le Saint Esprit. Une demande à prendre sa place ne devrait jamais être présentée en vue d’avantages extérieurs. On cause du dommage à tout le monde en agissant à la légère. Que de maux seraient épargnés si chaque frère et chaque soeur priaient pour l’assemblée à laquelle ils se rattachent. Là où nous sommes exercés, les peines sont payantes, parce que le Seigneur est là.

Nous devons toujours pouvoir justifier notre marche par l’Écriture. Il faut des coeurs pour qui Christ soit tout. On ne mesure jamais assez les conséquences d’un chemin où on fait passer le Seigneur à la seconde place, et peut-être même à la dernière. Notre corps provisoire, mortel, «le corps de notre abaissement» (Phil. 3:21), n’est que l’organe qui sert aux manifestations soit du nouvel homme, soit du vieil homme. Le vieil homme, c’est le «moi», c’est la volonté propre ; il ne fait jamais le bien ; il a été condamné à la croix. Le nouvel homme a la nature divine, il ne pèche jamais. Si nous n’avions pas l’Écriture comme règle de vie, nous serions tourmentés. Dans les jours de relâchement, comme aujourd’hui, nous risquons d’oublier les opérations subjectives, intérieures, du Saint Esprit. Notre christianisme est souvent un christianisme édulcoré, où les choses humaines prennent la première place. Il est facile de tenir à l’argent, à son «moi», à ses petites habitudes, à sa quiétude. La valeur d’un chrétien réside dans l’intégrité morale de la vérité, le souci d’être vrai, sans chercher à paraître aux yeux des hommes ce qu’il n’est pas. La simplicité, c’est l’oubli de soi dans la lumière de Dieu, sans vouloir paraître plus pieux qu’on est.

Le Seigneur peut nous laisser faire des expériences amères, mais il intervient toujours au moment voulu ; il avait prié pour Pierre avant qu’il ne tombe. Ce n’est pas de nous-mêmes que nous revenons en arrière ; c’est la grâce de Dieu qui produit la repentance. Le premier pas coûte, mais l’intercession du Seigneur nous y aide et conduit à la confession. «On ne se moque pas de Dieu» (Gal. 6:7). Si Dieu a été déshonoré par la faute, il est honoré par la confession. Par la confession, je me condamne et je donne gloire à Dieu ; Dieu m’ouvre ses bras. Bien des chrétiens, au cours des siècles, nous ont donné de grandes leçons de droiture morale, et ils avaient beaucoup moins de lumières que nous.

Tous ceux qui aiment le Seigneur devraient être attirés par le rassemblement des saints. Mais si on fait du recrutement par des moyens humains, on fait le travail de l’ennemi. Réaliser l’unité du corps, c’est garder la vérité morale qui se rattache à la nature de Dieu, tandis que la vérité doctrinale se rattache davantage aux actes de Dieu ; Dieu est amour, Dieu est lumière, «il n’y a en lui aucunes ténèbres» (1 Jean 1:5). Les frères perdent leur temps si leurs motifs sont terrestres, même s’ils sont reconnus par les hommes comme des gens très sérieux, très moraux. Nous ne résisterons pas aux assauts de l’ennemi si nous employons d’autres armes que celles que Dieu nous donne.

Que les droits du Seigneur soient reconnus dans l’assemblée ; qu’on ne cherche pas à faire plier le Seigneur à nos propres exigences !

 

4   L’ordre divin dans l’assemblée — Éphésiens 1:19-23 ; 2:19-22 ; 3:9-10 ; 4:10-12 ; 6:12-13

 

[LC n° 101]

2 novembre 1969

Méditations sur la vie chrétienne, édition FR 1995, p. 347

 

La présence et la condition de l’homme sur la terre n’ont aucun sens sans l’Écriture. Quand on veut réduire l’homme au niveau d’un animal supérieur, on fait fausse route, parce que la qualité supérieure de l’homme n’est pas l’intelligence, mais la conscience ; c’est par elle que la lumière divine entre dans l’âme. L’homme est un être étrange, marqué d’un côté par les plus hautes aspirations et de l’autre par les tendances et les sentiments les plus honteux, chez les gens les meilleurs comme chez les autres. Si nous avons affaire à Dieu, nous perdons nos illusions sur nous-mêmes, et c’est une excellente chose. Nous ne pouvons avoir de rapport avec Dieu que par une transformation intérieure.

Il y a une oeuvre de Dieu extérieure à nous, c’est la croix ; il y a une oeuvre intérieure en nous, c’est le Saint Esprit qui l’opère. Le Saint Esprit fait comprendre l’oeuvre de Christ à l’âme. Il ne faut jamais rabaisser le niveau des vérités divines les plus élevées. L’Écriture n’est pas un texte qu’on peut manipuler à son gré. Elle n’a pas besoin qu’on la défende ; elle a sa puissance intrinsèque, une gloire que le fidèle contemple et dont il nourrit son âme. Ce n’est pas un texte de littérature offert à la curiosité des hommes, c’est une Parole qui nous juge et qui nous jugera tous. Le salut de l’âme, c’est l’entrée dans une relation nouvelle et vivante avec un Dieu connu, précieux, adoré. La gloire et le privilège du chrétien, c’est d’entretenir des rapports constants avec Dieu. Nous n’allons pas chercher Dieu dans la création ; laissons les savants à leur place.

Quand Dieu sauve une âme, il prépare la réalisation finale de son conseil, l’Église formée de tous les vrais croyants de la période chrétienne, depuis la Pentecôte jusqu’au retour du Seigneur. Ce ne sont pas les frères qui ont inventé l’Église ; elle est révélée dans l’Écriture. Un chrétien possède la vie divine et il est scellé du Saint Esprit : l’état chrétien comprend cette double réalité. Il est membre du corps de Christ, non pas membre d’une assemblée locale. L’Église se forme ; c’est le «mystère caché dès les siècles en Dieu» (Éph. 3:9). Le Saint Esprit révèle, il communique, par lui on reçoit : ce sont les trois phases de l’opération divine qui produit l’édification. Nous réalisons la présence du Seigneur par son Esprit. Si l’Esprit est attristé dans l’assemblée, la réalisation de la présence du Seigneur est affaiblie, mais l’Esprit fait le même travail aujourd’hui qu’au commencement. Le Seigneur nourrit et chérit l’Assemblée.

Au début, tous les chrétiens étaient ensemble à Jérusalem. Quand le nombre de chrétiens s’est accru, le Saint Esprit a formé des rassemblements dans différentes localités. Une assemblée locale représente l’Assemblée universelle ; elle est «une habitation de Dieu par l’Esprit» (Éph. 2:22). Les chrétiens ne sont pas réunis pour se voir entre eux et s’encourager à être honnêtes. C’est le Seigneur, le Saint Esprit, qui donne le ton dans l’assemblée. Les apôtres seraient-ils tous là, ce ne sont pas eux qui donneraient le ton ; mais un apôtre nous remettrait à notre place si nous ne respections pas cet ordre moral, l’expression de la volonté de Dieu. Les frères n’ont aucun droit à faire valoir leur volonté. Plus ils sont pieux, moins ils en ont le droit. La seule affaire, c’est d’obéir. Ce fut la seule règle de vie de Christ. À Gethsémané, il s’est courbé, il a obéi.

La réalisation de l’habitation de Dieu par l’Esprit constitue le seul frein à la manifestation de la chair ; elle ouvre la porte à toutes les bénédictions spirituelles ; c’est la joie en Dieu, la communion avec Dieu, c’est le ciel. Que nous faut-il de plus ? La fortune, le monde, le monde religieux ? C’est une très grande perte si on aime mieux ses caprices et ses convoitises que la joie sainte et pure devant Dieu qui seule satisfait l’âme. Que Dieu nous garde d’un christianisme de surface, de forme, de routine ! Réalisons la présence du Seigneur de telle manière que les chrétiens désemparés y trouvent le refuge qu’ils recherchent et que même un inconverti puisse dire : «Dieu est véritablement parmi vous» (1 Cor. 14:25).

Un chrétien a besoin des encouragements divins, sinon, une fois ou l’autre, il chavire et il est emporté. De même, une assemblée toute entière peut être emportée : ne voit-on pas des menaces peser sur les rassemblements des saints, auxquels l’enseignement et les soins nécessaires font défaut ? Ainsi le déclin spirituel s’établit dans les âmes qui ne sont plus satisfaites ; elles regardent à droite et à gauche ; elles cherchent autre chose, et il n’est pas difficile de trouver quelque chose qui éloigne du Seigneur. Les frères et les soeurs ont la responsabilité de demander au Seigneur qu’il maintienne la réalisation de sa présence au milieu d’eux ; elle ne dépend pas des qualités humaines des frères et des soeurs, mais de leur piété, de leur valeur spirituelle, de la crainte de Dieu, de l’attachement au Seigneur.

Nos combats sont dans les lieux célestes. «La chair convoite contre l’Esprit, et l’Esprit contre la chair» (Gal. 5:17) ; c’est un conflit incessant. Le combat est contre Satan et ses anges. Quand le peuple d’Israël a franchi le Jourdain, il est entré dans le pays de la promesse et il a pensé pouvoir se reposer. Mais Josué lui dit : le combat commence. Il faut conquérir le pays de haute lutte. Il faut conquérir ce que Dieu nous donne. Satan est dans les lieux célestes et il cherche à nuire aux saints. Il a de la prise sur la chair d’un chrétien, mais aucune sur le nouvel homme. Dieu se sert de Satan pour les siens, pour les tenir en haleine ou pour les châtier. L’apôtre livrait à Satan des personnes qui troublaient le témoignage, pour qu’il tourmente leur corps ou leur esprit. Satan ne veut pas que nous soyons célestes. Il sait que si nous sommes heureux dans le ciel, le monde ne nous attirera pas ; il sait bien que notre force est là. Un chrétien devient mondain quand il a perdu la source de ses joies en haut. Il aurait été très difficile de détourner l’apôtre Paul des joies en Christ. Il a davantage connu les prisons que les palais ; la pauvreté est moins dangereuse que la fortune. Il avait les mêmes passions que nous ; il aurait pu aimer l’argent, ou poursuivre les honneurs ; il était bien placé pour cela, mais c’eût été sa perte. Nos devanciers aussi ont tourné le dos aux avantages de la terre ; ils les considéraient comme une perte. Christ dans le ciel était la source de leur joie. Combien de chrétiens sont allés au bûcher sans crainte, en chantant. Aujourd’hui, il n’est pas plus facile d’être fidèle que jadis : le monde s’embellit chaque jour davantage pour distraire les gens. Or, la distraction est une plaie pour les chrétiens, une vraie maladie morale.

Personne n’est satisfait s’il n’a pas Christ dans son coeur. Lors d’une visite à un malade ou à une personne en mauvais état, notre devoir c’est de lui apporter Christ, et, pour un inconverti, de le mettre en rapport avec Dieu. Voilà notre affaire ; Lui, il agira. C’est le but du ministère de la Parole : mettre les âmes en rapport vivant avec Dieu. Une assemblée locale ne marche pas par elle-même, elle a besoin d’être enseignée continuellement. Nos corps ont besoin d’être nourris, nos âmes aussi. Aujourd’hui les dons manquent, et les âmes risquent de se tourner vers le monde ou vers le monde religieux.

Il y a un seul Chef, un seul Seigneur, un seul Maître. La tête seule commande, les frères obéissent. Il n’y a pas de frères qui commandent aux autres, ils sont tous serviteurs les uns des autres. Nous sommes unis à un Christ ressuscité et glorifié et nous nous attendons à lui pour la bénédiction dans nos réunions. Rien ne doit être organisé d’avance. Si nous nous écartons de ce principe, nous devenons un système. Nous ne devons jamais encourager un frère à user d’une autorité personnelle. Personne ne doit s’interposer entre le Seigneur et les saints. Le frère le plus dévoué est serviteur jusqu’à sa mort, et serviteur de tous les autres sans avoir rien à demander en compensation. S’étant dépensé toute sa vie pour ses frères, il dira : j’ai un maître qui m’a bien payé ; son approbation me suffit. Il ne faut jamais chercher à être le centre. Le bon serviteur fait son travail, puis se retire et se soustrait même aux louanges ; Il doit les fuir. N’encourageons pas les frères qui manifestent une tendance égocentrique par des activités personnelles ; montrons au moins une grande réserve à leur égard, si nous ne pouvons pas faire autrement. Personne ne peut remplacer le Seigneur.

Qu’il nous garde de toute activité dissidente, de mettre le «moi» en avant à la place de Christ. Respectons sa présence, et respectons ceux que lui-même attire. Si un frère a des tendances dissidentes, qu’il soit averti ; il ne faut pas tolérer cela. Nous n’avons pas le droit de laisser ruiner l’Assemblée du Seigneur, ou alors le Seigneur nous accusera de haute trahison. Satan est toujours là pour consommer la ruine ; elle ne vient pas en un jour. En ne voulant faire de peine à personne, on peut faire beaucoup de peine au Seigneur. Le support du mal est toujours grave. Il faut attendre le moment du Seigneur pour agir, mais ne jamais montrer de la complaisance envers le mal, et encore moins l’encourager. Le Seigneur peut permettre des désordres capables de dégénérer en véritables désastres, parce que des frères ont supporté ce qu’ils n’auraient pas dû supporter. Sous prétexte de ne faire de mal à personne, on ne fait rien. À quoi servent les hautes vérités qui nous sont familières si, le moment venu, nous ne les appliquons pas ? Il aurait mieux valu ne pas les connaître. Un jour, il nous sera demandé quel usage nous avons fait des lumières que nous avons eues sur l’Église. Une assemblée locale est responsable de manifester toute la gloire du Seigneur comme si elle vivait au jour de la Pentecôte. Si, par l’action d’un frère ou d’une soeur, ou d’un mal non jugé dans l’assemblée, la présence du Seigneur n’est plus sentie, Il s’en ira ; jamais nous ne forcerons le Seigneur à rester. Que le Seigneur soit le seul Maître, même si nous avons à reconnaître l’autorité morale d’un frère ou le don que le Seigneur lui a accordé. Il donne des pasteurs, non un pastorat. Il nous faut grandir dans le respect de ce qui est selon Dieu, de toute autorité, quelle qu’elle soit. Nous avons même à reconnaître un don chez un croyant catholique ; qui suis-je pour contester la réalité de ce don, même si j’ai le devoir de garder mes distances à son égard pour d’autres raisons ?

Demandons qu’il y ait des dons et qu’ils soient manifestés ; des frères n’exercent pas leur don, parce que leur intérêt personnel passe avant. On ne peut pas servir à la fois le monde et le Seigneur. Que le Seigneur aide la jeunesse à faire une part dans sa vie pour s’occuper de sa Parole et s’en nourrir. Les frères qui ont été utiles ont passé beaucoup de temps à l’étude et à la méditation des Écritures. On n’improvise pas dans ce domaine, encore moins que dans d’autres. Ce n’est pas une question de mémoire ; la mémoire n’est qu’une servante, mais, sans l’Esprit, c’est une dangereuse illusion. Un précieux frère, pour qui Christ était sa vie, sa joie, sa force, qui a dépensé sa vie pour les frères, disait : «Je suis exigeant sur deux points : l’absence de toute organisation humaine dans l’assemblée et l’absence de toute activité personnelle à tendances dissidentes».

N’importe quel chrétien doit obéir d’abord au Seigneur. Tout le monde ne voit pas les choses de la même manière au même moment, mais n’encourageons jamais celles qui sont mauvaises. La capacité spirituelle varie d’une personne à l’autre ; ce n’est pas une question de connaissances, mais de piété. Le secret d’un chrétien spirituel, c’est de n’être ni mondain ni charnel. Des frères voient clair tout de suite, d’autres ne voient rien jusqu’à ce que le désastre soit consommé. Il faut prendre garde aux réserves manifestées par des frères et des soeurs sérieux. Il y a de grands dangers à se mettre en avant. Si nous empêchons le Seigneur de se manifester, nous privons les saints de leur bonheur, donc de leur force, et nous frustrons Dieu de sa gloire. Dieu nous bénira si nous cherchons sa gloire, son honneur, ses intérêts. Nos conducteurs étaient cinq quand ils ont commencé ; ils n’avaient ni argent ni or (Act. 3:6), et ceux qui en avaient ont tout donné.

Que le Seigneur mette de l’ordre dans les assemblées, dans les consciences, dans les maisons !

 

5   Le corps, l’épouse, la maison — Éphésiens 1:20-23 ; 2:19-22 ; 3:4-6, 9-12, 20-21 ; 5:25-27, 29-30, 32 ; 1 Corinthiens 3:10-17 ; 12:13, 27 ; 2 Timothée 2:19-22

 

[LC n° 102]

Dimanche après-midi 28 janvier 1951

Méditations sur la vie chrétienne, édition FR 1995, p. 333

 

Dieu n’envisage pas qu’un croyant reste seul. Jésus est venu «pour rassembler en un les enfants de Dieu dispersés» (Jean 11:52). L’expression «enfants de Dieu» ne s’applique pas aux croyants de l’Ancien Testament, et les vrais croyants en Israël n’étaient pas rassemblés comme tels. Il y avait une masse d’incrédules et, disséminés dans cette masse, des croyants, comme David, Jonathan ou la plupart des prophètes ; il n’y avait pas un rassemblement séparé de croyants se détachant de la masse incrédule. L’un des objets pour lesquels Jésus est mort est de détacher l’ensemble des croyants de la masse incrédule. Au commencement, les croyants étaient détachés, de sorte qu’une lettre portant l’adresse «Aux chrétiens qui sont à Corinthe» serait arrivée à destination. Une assemblée était un corps d’hommes et de femmes à part, connu pour être un corps chrétien aux yeux du monde. Un homme saisi par la grâce de Dieu était arraché à son milieu, juif ou païen ; on n’avait pas besoin de lui dire d’en sortir. La puissance de l’Esprit de Dieu, toujours la même, jadis comme aujourd’hui, surmonte tous les obstacles (et il y en a, dans un coeur d’homme !), rompt les chaînes, et dirige vers Dieu l’homme qu’il a appelé. Cette puissance de l’Esprit est caractéristique de la période chrétienne. «Avez-vous reçu l’Esprit sur le principe des oeuvres de loi ?» (Gal. 3:2). L’apôtre fait allusion au fait évident que les Galates avaient reçu le Saint Esprit. Tout le monde le savait ; il y avait eu là une preuve, un témoignage de puissance auquel l’apôtre se réfère pour leur dire : réalisez-vous que vous avez reçu le Saint Esprit ? À ce moment-là, l’action du Saint Esprit était une preuve extérieure du travail de Dieu pour arracher un homme au paganisme ou au judaïsme et l’amener dans la présence de Dieu.

Cette puissance du Saint Esprit est moins visible aujourd’hui, au point même qu’on a nié la présence du Saint Esprit dans le monde, et pas seulement sa puissance. Or le Saint Esprit est venu sur la terre à la Pentecôte. Comme Dieu, il est partout ; mais la période inaugurée à la Pentecôte est une parenthèse unique dans l’histoire des conseils de Dieu : le Saint Esprit habite sur la terre depuis bientôt deux mille ans, et il n’a pas encore quitté la terre. Mais la chrétienté, qui aurait dû être le vase de la puissance du Saint Esprit au milieu du monde, est devenue aujourd’hui le vase d’une puissance adverse. Au lieu d’agir avec des démonstrations de puissance, en particulier par les dons miraculeux qui existaient au commencement, le Saint Esprit agit de façon limitée ; mais quand il travaille, il est aussi efficace qu’autrefois. Nous devrions tous demander que son travail dans les âmes pour leur révéler Christ soit aussi lisible et évident qu’avant, même s’il n’est pas accompagné de signes semblables de puissance. Le Saint Esprit restera jusqu’à l’instant précis où le dernier élu sera sauvé. Son travail terminé, il s’en ira, et la parenthèse de la grâce sera fermée, le temps où la grâce illimitée et souveraine de Dieu est manifestée dans le monde.

Non seulement Dieu produit le salut individuel du pécheur, mais il produit en même temps la formation du corps de Christ, de l’Assemblée. Quand un enfant est converti, notre joie est double : une âme est passée de la mort à la vie, et une pierre vivante a été ajoutée à la maison de Dieu, un membre au corps de Christ. Souvent, nous pensons simplement au bonheur d’une âme et nous oublions que, suivant un dessein divin d’avant les temps des siècles, cet enfant converti est ajouté à l’Assemblée, à la gloire de Christ ; par l’Esprit, un témoin de la puissance de Christ et de l’accomplissement du dessein de Dieu s’ajoute à d’autres.

En Éphésiens 1 et 5 et en 1 Corinthiens 12, l’Assemblée de Dieu est présentée comme le corps mystique de Christ ; c’est une réalité insondable, que nous ne pouvons pas analyser, que nous recevons par la foi. Ce corps est formé par le Seigneur ; «nous avons tous été baptisés d’un seul Esprit pour être un seul corps» (1 Cor. 12:13). L’unité du corps ne provient pas de l’unité de vie ; nous ne sommes pas baptisés en un seul corps simplement parce que nous avons la vie divine. Abraham, par exemple, a eu la vie, il sera dans la gloire, mais il ne fait pas partie de l’Assemblée des élus qui sont baptisés par l’Esprit pour être un seul corps, il ne fait pas partie du corps de Christ. On pourrait se dire : oh, ces pensées sont peut-être bonnes pour les frères anciens qui ont du temps pour les examiner de près ; elles ne sont pas bonnes pour les jeunes ! Où trouvons-nous que l’épître aux Éphésiens soit réservée aux personnes âgées ? Comment pourrons-nous honorer le Seigneur, et l’aimer comme il nous aime, si nous ignorons ses desseins à notre égard ? Si le Saint Esprit ne nous donne pas le sentiment de l’union du corps avec la tête et de l’épouse avec l’époux, comment y aurait-il dans l’assemblée des affections pour lui ? Il y a des affections individuelles, chaque racheté peut dire : Jésus est mon Sauveur, le «Fils de Dieu… m’a aimé et… s’est livré lui-même pour moi» (Gal. 2:20), mais quand nous rompons le pain, le Seigneur attend davantage ; il attend l’expression des sentiments de l’épouse pour l’époux ; et lorsque l’Assemblée se lie au monde, elle ne se rend pas seulement coupable du péché d’un individu infidèle au Seigneur, mais de l’infidélité de l’épouse vis-à-vis de l’époux. La chrétienté professante est jugée de la façon la plus grave parce qu’elle s’est liée au monde ; elle a été infidèle tout en professant être l’épouse de Christ.

Nous avons besoin de revenir à ces vérités. À une assemblée locale, l’apôtre dit : «Vous êtes le corps de Christ» (1 Cor. 12:27) ; l’assemblée de Corinthe était, à Corinthe, l’expression du corps de Christ ; tous les membres du corps de Christ n’étaient pas à Corinthe, il n’était pas possible qu’ils soient tous en un même lieu. Le rassemblement en un des enfants de Dieu dispersés, pour lequel Christ est mort, ne peut matériellement pas se réaliser en un seul et même endroit. Mais partout où une assemblée de Dieu porte ce nom selon la Parole, elle est l’expression du corps de Christ tout entier à cet endroit. Ceci donne une extrême importance à la réalisation d’une assemblée locale selon le coeur du Seigneur ; il n’y a rien que le Seigneur aime autant et que le diable déteste autant. Le diable ne s’attaquera pas tellement à un grand corps de chrétiens plus ou moins mondains, qui associent leurs pensées à celles de la Parole ; mais toutes les fois que le peuple de Dieu se place sur le terrain de Dieu, l’Ennemi s’acharne contre lui. Rien n’est glorieux dans ce monde comme une assemblée de Dieu, formée peut-être même seulement de trois fidèles ; ils gênent l’Ennemi plus que le monde chrétien entier, qui compte pourtant de nombreux vrais chrétiens, mais qui sont emportés dans le courant de ce monde.

Dans une assemblée locale, il y a un sentiment collectif et une pensée collective. On peut être infidèle au Seigneur en donnant la main au mal, en l’approuvant, en le tolérant ou, premier signe du déclin, en abandonnant le premier amour : «J’ai contre toi que tu as abandonné ton premier amour… J’ôterai ta lampe de son lieu» (Apoc. 2:4, 5). Cette menace a été exécutée ; les affections n’étaient plus les mêmes, non pas celles des individus, mais celles de l’Église, comme cela arrive aussi dans la vie d’un chrétien, quand, au bout d’un certain temps, mille choses se sont placées entre Christ et son coeur. Quand une assemblée commence, souvent le départ est beau ; mais il faudra, une fois ou l’autre, qu’elle passe par l’épreuve et que le criblage se fasse. Après tout ce que Jésus a fait pour nous, pensons à tout ce que nous pouvons faire contre lui. Il pourrait nous dire à tout moment, à une assemblée comme à chacun de nous : voilà ce qui n’est pas par moi, ni de moi, ni pour moi. Qu’est-ce qui répond à l’amour ? — l’amour. Qu’est-ce qui satisfait le coeur de Christ ? — l’amour de l’Église. Nous pourrions donner notre vie pour être brûlés ; si ce n’est pas pour Christ, cela ne sert à rien. Les chrétiens les plus fidèles sont ceux dont le coeur n’est pas double, ceux dont le coeur ne vagabonde pas tout en se réclamant du Seigneur.

«Christ a aimé l’assemblée et s’est livré lui-même pour elle» (Éph. 5:25). Il la sanctifie en lui parlant ; il ne parle pas qu’aux individus, il parle à l’Église. Seule la vérité sanctifie l’Église. Le mensonge souille, la vérité sanctifie. «Sanctifie-les par la vérité ; ta parole est la vérité» (Jean 17:17). La sanctification a un double caractère ; il y a une sanctification initiale et définitive, qui sauve et qui met à part pour Dieu ; et il y a une sanctification pratique et progressive par la vérité, qui est Christ, la Parole, le Saint Esprit. Un chrétien peut dire au Seigneur (et c’est mieux de ne le dire qu’au Seigneur) : il y a cinq ans, ou dix ans, je tolérais cela dans ma vie, et je m’en humilie devant toi. Voilà le progrès : on a l’oeil ouvert sur les dangers sur lesquels on avait autrefois l’oeil fermé. Mais même les progrès dans la sanctification, il faut les oublier ; on ne se nourrit pas de ses progrès et, quand on se nourrit de Christ, on voit qu’il en reste beaucoup à faire avant d’être connu pour porter la croix de Christ comme notre bannière. Nous avons encore beaucoup de choses à lâcher ; que Dieu nous y aide ! Ne soyons pas mondains ! Un chrétien est comme un arbre : il se nourrit par une infinité de petits filaments, non par son tronc, ni par ses grosses racines. Le monde entre chez un chrétien par d’innombrables petits fils qui lui apportent une mauvaise nourriture. Comment s’opère la sanctification ? Le Seigneur coupe un fil, puis un autre, les relations avec le monde sont peu à peu coupées ; les détails sont aussi importants dans la vie d’un chrétien que dans la vie d’une assemblée.

L’Assemblée est présentée aussi comme une maison (Éph. 2:19-22), une habitation : Dieu habite par son Esprit dans l’Assemblée, qui est formée de pierres vivantes. Il avait un temple autrefois, mais Dieu a ordonné qu’on le jette par terre. Dans ce temple, il y avait trois parties : le parvis, le lieu saint, le lieu très saint ; le voile était le symbole d’un accès impossible, le signe de l’interdiction absolue d’entrer dans la présence de Dieu. Le souverain sacrificateur, une fois l’an et avec d’infinies précautions, passait à travers le voile et entrait dans le lieu très saint. Dieu avait dit : j’habiterai dans l’obscurité profonde (1 Rois 8:12). On n’entrait pas auprès de Dieu ; on n’a pu y entrer que quand Dieu en est sorti. Maintenant le voile a été déchiré depuis le haut jusqu’en bas. Jésus est mort sur la croix, il a fait propitiation ; dès lors, Dieu est favorable à l’homme, ayant été satisfait par le sacrifice de Christ, qui a démontré qu’il est juste et saint et amour. L’entrée dans sa présence est libre pour tout pécheur qui vient à lui par Jésus. Dieu habite dans l’Assemblée. Elle est une habitation de Dieu par l’Esprit.

Dieu habite dans une assemblée locale, expression de l’Assemblée universelle. Cette vérité n’est pas une doctrine toute théorique ; notre façon d’être dans l’assemblée n’est pas liée à nos rapports les uns avec les autres, mais découle directement de la présence de Dieu. Beaucoup de nos douleurs viennent, au fond, du fait que nous avons oublié cette habitation de Dieu par l’Esprit dans l’Assemblée. Nous nous sommes vus les uns et les autres, nous n’avons vu que les hommes, nous n’avons vu que les frères. Dieu habite dans cet édifice et le vrai croyant fait partie de l’Assemblée qui est de Dieu, qui est mise à part pour Dieu et pour Christ ; et Dieu habite dans une assemblée locale. La Parole nous enseigne «comment il faut se conduire dans la maison de Dieu, qui est l’assemblée du Dieu vivant» (1 Tim. 3:15) : nous sommes chez le Seigneur, nous sommes devant Dieu. Si nos coeurs à tous n’oubliaient pas de telles réalités, que de questions ne seraient même pas soulevées et seraient facilement réglées ! Que Dieu nous donne d’avoir à coeur sa gloire ! Il sera contre nous, s’il le faut, pour la gloire de son saint Fils et pour notre bien.

La maison est devenue une grande maison ; la chrétienté est devenue une très grande maison. Mais Dieu, dans sa miséricorde, a placé dans sa Parole deux ou trois versets qui, s’il n’y étaient pas, nous laisseraient désemparés ; il y a Matthieu 18:20 et 2 Timothée 2:19-21, qui nous laissent les directives de Dieu pour les temps de ruine ; ils sont une lumière dans notre sentier et une joie pour notre coeur. Que son nom soit béni et glorifié dans l’Assemblée !

 

6   L’Église du Seigneur — Éphésiens 1:20-23 ; 3:4-6, 8-10 ; 2:22 ; 4:1-3 ; 5:29-30, 32 ; 1 Timothée 3:14-15

 

[LC n° 103]

2 février 1969

 

Nous avons toujours besoin de revenir aux Écritures. Et cela est d’autant plus nécessaire qu’à mesure que les années passent, en général, les manifestations, parmi les croyants, de l’expression de la pensée de Dieu, cette expression, s’atténue.

Si nous nous en tenions à ce qui s’est manifesté dans le monde chrétien, nous ne nous y retrouverions pas. Il y a trop de différences entre les manifestations extérieures et ce qui est enseigné dans la Parole de Dieu. Mais la pensée de Dieu ne change pas. Et nous n’avons aucune excuse pour nous en écarter.

Dieu a eu son peuple, le peuple juif, qui a rejeté son Messie. Mais Dieu a recueilli son Messie dans la gloire. Il est devenu la tête de ce corps mystique. Il y a, dans ce qui est l’Église, corps de Christ, ce qui est le plus élevé et le plus glorieux, Christ, tête de l’Église, corps mystique. C’est le mystère caché dès les siècles en Dieu. L’Église sera unie un jour dans la gloire, dans sa position. L’Église, quant à sa présence sur la terre, a bientôt deux mille ans. Son histoire n’est pas belle. Comme l’a dit quelqu’un, c’est la plus triste histoire qui eut existé. Ce sont les annales de l’enfer. Ce qui s’est passé, Dieu le sait.

Nous pouvons être reconnaissants envers Dieu, d’avoir bien voulu amener à l’existence un groupe de chrétiens, l’amener à retrouver la position de l’Église, et à vivre en se tenant sur le terrain de l’Écriture. Il faut à tout prix, chacun pour son compte, être profondément convaincu de ce pour quoi nous sommes réunis. Ceci parle de séparation. Voilà une notion qui ne plait pas toujours à la chair, à l’homme, et peut-être pas non plus aux frères. Avez-vous pensé à la carrière d’Hénoc ? Trois cents ans de brillant témoignage ! Il marche avec Dieu. Ce qui est de Dieu est appelé à se séparer. C’est même une sorte d’instinct spirituel. Ce n’est pas étrange, d’être appelé à se séparer. Il y a un «dedans» et un «dehors». Les frères n’ont pas inventé ces mots-là. Dans le sens général du mot, le «dedans» est tous les croyants, et ceux du «dehors» sont ceux qui ne le sont pas. Bien tôt, des chrétiens fidèles, formés à cette fidélité, ont été menés à se séparer du monde tout court, du monde chrétien ; mais, plus encore — et c’est là que plusieurs frères achoppent — d’être amené à se séparer d’authentiques chrétiens. Pour pouvoir le faire, il faut la Parole. «Qu’il se retire de l’iniquité, quiconque prononce le nom du Seigneur».

Les frères n’ont jamais dit qu’ils étaient l’Église. Si des frères prétendent être l’Église, ils sont coupables. Si nous ne sommes pas conduits à nous tenir séparés, comme l’Église aurait dû le faire, nous n’avons plus de raison d’être. Nous sommes une secte de plus. Il y a des chrétiens, et même des frères, qui ne pensent qu’à l’évangélisation. C’est une erreur ! L’Église n’évangélise pas ; l’Assemblée n’évangélise pas. On ne trouve pas cela, dans l’Écriture.

Si nous aimons le Seigneur, nous aimerons ce que le Seigneur aime. C’est le lien le plus cher, le plus merveilleux. Ne penser qu’à l’évangélisation n’est pas la pensée de Dieu. Or, quand on aime quelqu’un, on cherche à connaître ses pensées, pour se conformer à ses pensées. Tout le reste, ce ne sont que des paroles. Notre amour pour le Seigneur prime toujours.

Il y a un «dedans» et un «dehors». Quelqu’un qui est en communion est «dedans». Ces deux situations ne sont pas identiques. Quant à ce qui regarde l’Église, deux croyants, l’un en communion, l’autre pas, sont sur le même plan, c’est-à-dire «dedans». Mais, quant au témoignage de la fin, il y a un «dedans» et un «dehors». Ce n’est pas la même chose. La situation n’est pas du tout la même. Ne le croyons pas.

Les milieux larges, au fond, reculent devant la simple discipline du Seigneur. On laisse de la liberté à la chair.

Les frères sont responsables d’être attentifs à la direction du Saint Esprit dans l’assemblée. Jamais nous ne serons trop attentifs à cela. Bien des difficultés disparaîtraient, alors. On dira : Oui, mais vous aussi, vous pouvez devenir hiérarchique. Oui, mon cher ; mais, étant sur un terrain scripturaire, on supplie le Seigneur ; et le Seigneur répond. Et n’est-ce pas, chers amis, si nous ne nous tenons pas près du Seigneur, nous aurons tendance à faire fléchir la volonté du Seigneur devant nos tendances naturelles. Alors que, si nous sommes fidèles, nous dirons au Seigneur : Ta volonté à tout prix ; ta volonté d’abord. Non pas le dire seulement, mais le faire.

Si ce n’est pas le Saint Esprit qui dirige, c’est la chair. Jamais nous ne serons trop attentifs à cela ! Si la présence du Seigneur était visible au milieu de nous, bien des décisions que nous prenons ne seraient pas prises ; bien des difficultés ne verraient pas le jour. Mais nous ne pourrons jamais dire : «Seigneur, tu n’étais pas là ; tu ne nous conduis pas».

Il y a quelques temps, nous avons été amenés à parler ensemble de ces croyants de l’Est, ayant à subir de pénibles persécutions ; et nous avons été amenés à prier pour eux. C’est très bien. Mais quand nous pensons à notre vie chrétienne, que de compromis avec ce monde, avec nos intérêts ! Si ces croyants avaient fait un compromis avec ce monde — et cela leur aurait été facile — ils auraient pu éviter bien des souffrances. Mais ils ne l’ont pas fait. Et on veut faire passer nos intérêts avec les intérêts du Seigneur ! La Parole ne supporte pas d’être discutée. Quand on fait des compromis, faisant fléchir pour un moment nos intérêts les plus chers, il y a de quoi déchirer nos vêtements.

 Le Seigneur met tout à l’épreuve, même la foi véritable d’un Abraham, qui lève le couteau sur son fils. Eh bien oui ! Nous nous croyons de bons chrétiens. Pierre dit : «Seigneur, avec toi, je suis prêt à aller et en prison et à la mort» (Luc 22:33). Eh bien, on va voir !

Nos bénédictions ne sont pas terrestres, mais entièrement célestes. Vous n’avez jamais vu un chrétien, dont tout va bien ici-bas, faire des progrès spirituels.

Les jeunes disent : «Seigneur, je te suivrai où que tu ailles» (Matt. 8:19). Et, à la première circonstance marquante, on fait passer nos intérêts en premier. Quand nous nous connaissons un peu, nous disons : «Seigneur, aide-moi». Une jeunesse trop facile est en général une mauvaise jeunesse. Ne poussez pas les jeunes au service. C’est le Seigneur qui les enverra. Laissez-lui le soin de le faire. Une jeunesse éprouvante n’est pas une mauvaise école.

Aucun frère n’a le droit de s’interposer entre un croyant et Dieu. Paul était serviteur jusqu’à la fin.

Quand le Saint Esprit est là, on n’a pas besoin d’organisation.

Nous ne devons attacher personne à nous-mêmes, et ne nous lier à personne. Quand on est dans cet esprit, on n’a pas envie d’organiser. Il n’y a pas une réunion qui ne peut être faite sans la dépendance du Saint Esprit. Et si non, le Seigneur ne se manifestera pas à nous. C’est pourquoi la grande affaire, c’est l’état intérieur ; c’est avoir Christ dans son coeur. L’Assemblée lui est très chère. C’est pourquoi il désire que nos coeurs soient dans un état tel qu’il puisse se manifester à nos âmes. Vous n’avez pas l’humilité que, dans la présence de Dieu, il n’y a que la présence de Dieu qui peut nous procurer l’humilité. Vous avez des personnes qui, par nature, sont plus humbles que d’autres. Mais atteignez un point sensible : elle se révoltera comme une autre. Voilà l’importance d’une réunion solennelle et heureuse. Quand la chair agit, elle rompt l’unité de l’Esprit. Ananias et Saphira, voilà deux menteurs. Ils ont trichés. Cela n’a l’air de rien. Mais, dans la présence de Dieu, la moindre apparence du mal est en abomination devant lui. Voilà pourquoi la fraude est quelque chose de très grave. Le mensonge est quelque chose de très grave.

On pourrait dire que le péché d’Acan n’est pas grand chose, après tout (oui, une infraction à l’autorité de Dieu, une faute cachée). Qu’est-ce qui distingue un croyant fidèle ? C’est la crainte. On ne se préoccupe pas de ce que les frères diront, de ce que les soeurs diront, mais de ce que le Seigneur dira.

Que le Seigneur nous soit en aide. Qu’il nous donne d’être remplis de sa pensée à l’égard de son Église. Qu’il veuille bien mettre, dans sa grâce, de l’ordre dans les familles, dans les coeurs, dans les assemblées. Sa présence est le secret du bonheur.

Qu’il veuille nous garder d’être emportés par les appâts du monde. Si la coupe de notre coeur est pleine, Satan n’y pourra rien mettre. Si Christ est dans votre coeur, vous avez le secret de la victoire, et Satan ne pourra rien y mettre.

«Je vous ai écrit, jeunes gens, parce que vous êtes forts, et que la parole de Dieu demeure en vous, et que vous avez vaincu le méchant» (1 Jean 2:14).

Les «jeunes gens» ont appris la victoire, alors que les «pères» sont plus égaux. Ils ont appris à se connaître. Que le Seigneur nous soit en aide. Qu’il nous accorde de lui laisser, dans nos coeurs, dans nos familles, dans l’assemblée, la place qui est la sienne, c’est-à-dire la place suprême.

 

7   Les principes du rassemblement des chrétiens — Éphésiens 2:1-7 ; 4:1-4, 8 ; 6:10-18

 

[LC n° 104]

17 mai 1970

 

Je désire m’adresser particulièrement aux chrétiens, à propos d’un sujet qui n’est peut-être pas fréquemment considéré, mais qui est très riche en instructions.

Tout ce qui touche aux principes d’un rassemblement selon l’Écriture, aux principes de son maintien dans le témoignage, aux principes de sa vie toute entière, a une grande valeur, pour ceux qui se trouvent placés dans de tels rassemblements. Qu’un grand nombre de chrétiens soit dispersé un peu partout, c’est une anomalie très douloureuse, et que le Seigneur permet parce que, depuis trop de siècles, il n’a pas été honoré. Le christianisme est devenu un état de choses extrêmement mélangées, où seul l’oeil du Seigneur peut discerner véritablement ceux qui sont à lui.

Il y a eu, au siècle dernier, un travail puissant de l’Esprit de Dieu, pour que des saints éclairés quittent les milieux auxquels ils appartenaient, souvent avec de profonds déchirements, acceptant la rupture de liens très chers, mais réalisant que le Maître qui les appelait devait avoir la première place. Puissions-nous, dans des circonstances beaucoup moins éprouvantes que les leurs, avoir, par la foi, la force d’honorer celui que nous prétendons servir.

Dans tout ce travail de Dieu, qui se poursuit depuis une vingtaine de siècles, il y a une intention dont Dieu ne s’est jamais départi. C’est la formation de l’Épouse de Christ. Si un frère est évangéliste, qu’il sache que le travail qu’il fait n’est pas seulement en vue du salut de l’individu, mais en vue de l’accomplissement de ce qui est plus cher au coeur de Christ que quoi que ce soit, son Épouse.

Nous n’aimons le Seigneur que quand nous lui obéissons et que nous nous appliquons à faire sa volonté. «Celui qui a mes commandements et qui les garde, c’est celui-là qui m’aime» (Jean 14:21). C’est absolu.

L’Église comprend tous les vrais chrétiens qui sont dans le monde. Si nous n’embrassons pas, dans notre pensée, tous les croyants, nous sommes sectaires. Nous rompons, en cela, l’unité de Christ. Les bénédictions de l’Église sont entièrement célestes. Nous avons évidemment nos circonstances matérielles, personnelles. Tout cela a sa place. Mais, dans une famille chrétienne, tous les membres peuvent être des chrétiens, sauf un. Ce dernier fait bien partie de la famille, mais pas de la famille de la foi, de l’Église, même s’il a vécu des dizaines d’années, et marché, extérieurement, comme le reste de la famille.

 

8   Un christianisme vivant — Éphésiens 2:4-7 ; 4:20-31 ; 5:18-19

 

[LC n° 105]

15 août 1971

Méditations sur la vie chrétienne, édition FR 1995, p. 186

 

Dieu lie, dans sa Parole, les déclarations les plus élevées avec les exhortations les plus élémentaires. Si quelqu’un pense que le christianisme n’est que pour la terre, Dieu dit : vous êtes assis dans les lieux célestes. Et si quelqu’un pense que, dans une telle position, il n’y a plus de difficultés et qu’il suffit de se laisser aller, Dieu donne les exhortations les plus fortes et rappelle les dangers que font courir les passions les plus ordinaires. Les chrétiens sont du ciel ; ils sont dans le ciel ; le ciel est à eux, mais ils sont encore dans leur corps sur la terre. Ces hautes perspectives célestes sont la source de nos plus grandes joies, mais nous avons besoin, en même temps, des exhortations les plus simples pour notre comportement de chaque jour. Un chrétien est un être complexe : il aime ce qui est de Dieu, il y trouve son plaisir, et, en même temps, sa nature l’entraîne à se conduire comme un incrédule ; il n’est pas au-dessus de la condition humaine.

Comme membres du corps de Christ, nous sommes liés à Christ qui est la tête dans le ciel. Ce lien est créé et entretenu par le Saint Esprit. La vie en elle-même n’a pas de puissance, elle est dépendance. La puissance du chrétien, c’est le Saint Esprit. Nous sommes assis dans les lieux célestes ; nous pouvons le réaliser dans notre vie personnelle quotidienne par la communion avec le Père et avec le Fils, et jouir des relations de l’âme avec le Seigneur. Nos relations sont dans le ciel, et il serait vain de rechercher de hautes relations sociales. Que le Seigneur nous garde des fausses valeurs de ce monde !

Il y a une morale chrétienne. La morale humaine est un ensemble de principes énoncés par des hommes responsables pour retenir et contrôler les foules. Dieu s’en sert, et s’il permet que ces moyens disparaissent, c’est l’anarchie ou le despotisme qui apparaît. Mais la morale chrétienne est constituée des enseignements que Dieu donne aux croyants, non pas aux inconvertis. Dieu donne le pouvoir aux chrétiens de surmonter leurs convoitises, leurs passions, les influences du monde ; ils sont en position de combat, et s’ils l’oublient, le sommeil les gagne et ils s’identifient avec l’état du monde.

Le ciel, on veut bien y penser, et même en parler. Quelqu’un qui craint Dieu ne parle pas des choses de Dieu à la légère, à tort et à travers. Il préfère se taire quand il ne peut pas en parler avec le Seigneur. Il est dangereux d’avoir contact avec les choses saintes sans que son coeur et sa conscience soient touchés ; c’est la cause de bien des chutes. Parler des choses de Dieu sans Dieu, c’est la porte ouverte à toutes les misères. C’est une faute grave de pousser quelqu’un au service de la Parole sans savoir s’il est en état de le remplir. Toute organisation fait intervenir la volonté et l’activité humaines. Dieu se sert des chrétiens, mais c’est lui qui fait le travail ; quand nous servons le Seigneur, nous sommes des serviteurs qui accomplissent la volonté de leur maître par la puissance du Saint Esprit.

Qu’il nous soit donné de jouir du ciel, de chanter des cantiques ! Les orgues des cantiques célestes, ce sont nos coeurs. Lorsque nos coeurs sont pleins, le chant est beau. Un cantique peut être très bien chanté, mais avec des coeurs secs. Que la forme ne prenne pas le pas sur la réalité intérieure !

Des exhortations très simples nous sont données dans cette épître aux Éphésiens : ne mentez pas, «que le soleil ne se couche pas sur votre irritation» (4:26). Les fautes qui se commettent dans les assemblées, produisent une sainte colère chez le fidèle ; l’apparence de douceur ne serait qu’une trahison. Toutefois, nous sommes invités à ne pas nourrir cette colère. Quelqu’un qui reste passif et indifférent devant un mal manifesté dans l’assemblée est un traître. Qu’on ne vienne pas invoquer la charité ou l’amour de la paix ! L’amour de la paix et la tolérance d’un mal ne vont jamais ensemble. Les moyens à employer contre le mal exigent la crainte de Dieu. Tandis que Moïse se trouvait sur la montagne du Sinaï, le peuple a fait un veau d’or ; l’attitude d’Aaron n’a pas été brillante. Moïse a brisé les tables de la loi, il a eu une réaction forte. Dans une sainte indignation selon Dieu, il s’est écrié : «À moi, quiconque est pour l’Éternel !» (Ex. 32:26). Les fils de Lévi s’avancent et transpercent les membres de leur famille. Voilà une sainte indignation ! L’indifférence, dans ce cas, eût été une haute trahison. Dans une assemblée, c’est la même chose. Quand nous prenons l’attitude de l’indifférence, nous cherchons notre réputation. Nous aimons à ce qu’on dise du bien de nous et craignons les critiques. Paul, lui, reprit les Corinthiens et les menaça de les livrer à Satan. L’amour supporte tout, mais l’amour selon Dieu n’est pas aveugle. La chair, elle, est aveugle, elle s’épargne elle-même. La nature divine a horreur du mal, elle ne le tolère pas. Le médecin n’a pas peur de faire souffrir son malade, si c’est pour son bien.

Le mensonge, la fraude, sont des fautes graves. Nous devons veiller à être intègres, à marcher dans la lumière sans attitudes équivoques et changeantes. Le Seigneur apprécie la marche et le service d’un croyant ; il considère les faits extérieurs, la parole, les actes, mais il voit plus loin, il sonde les motifs. La valeur des actes est toujours dans les motifs qui font agir. Je peux être, par exemple, charitable envers quelqu’un pour qu’il me le rende : nous ne trouvons jamais cela ni chez le Seigneur, ni chez Paul.

Ne faisons pas du christianisme un système théorique ! Le christianisme est vivant. Il tue et il fait vivre. Les vrais chrétiens, scellés du Saint Esprit, sont au-dessus de la scène de ce monde, tout en étant des modèles d’humilité. Nous avons la bonne part, comme Marie : écouter le Seigneur, être à ses pieds. Le christianisme peut rendre un homme aussi heureux aujourd’hui qu’il a pu rendre heureux l’apôtre Paul. Il est impossible qu’un homme avec Dieu ne soit pas heureux. Dieu donne le bonheur, il ne le vend pas. Plus un chrétien donne, plus il est heureux, car il est riche en Dieu, même s’il est pauvre des biens de la terre.

 

9   La position chrétienne et la réalité — Éphésiens 3:2-21 ; 4:17-32 ; 5:1-22, 25, 33 ; 6:1-9, 23-24

 

[LC n° 106]

Dimanche après-midi 8 avril 1951

Méditations sur la vie chrétienne, édition FR 1995, p. 190

 

Le Seigneur a donné à Paul la révélation du mystère de l’Église. Pour l’homme naturel, la pensée de Dieu est insaisissable, mais Dieu la fait connaître par l’Écriture. Sans révélation, Dieu est inaccessible et inconnaissable ; la pensée de l’homme ne peut pas saisir Dieu. Un mystère, dans l’Écriture, est une chose qu’il est impossible à l’homme de connaître par lui-même, mais que Dieu a révélée à la foi.

Le mystère de l’Église, c’est «que les nations seraient cohéritières et d’un même corps et coparticipantes de sa promesse dans le christ Jésus, par l’évangile» (Éph. 3:6), alors que le Juif devait être séparé des nations. Bien que Dieu se réservât toujours le droit et la puissance de manifester sa grâce envers qui que ce soit, et sans rien demander à personne, un «mur mitoyen de clôture» (Éph. 2:14) séparait Israël des nations. Ce mur ayant été aboli par la croix de Christ, le païen le plus obscur, enfoncé dans le mal, loin de Dieu, peut être appelé à faire partie de l’Église de Christ. Tout le monde peut être appelé, où qu’il soit, mahométan, hindou ou païen éloigné de la connaissance de Dieu. Dans cette Église, il y a des rachetés «de toute tribu, et langue, et peuple, et nation» (Apoc. 5:9) ; ils font partie de ce corps qui est uni à la tête, Christ, par le Saint Esprit.

La sagesse si diverse de Dieu est donnée à connaître aux principautés et aux autorités dans les lieux célestes par l’assemblée (Éph. 3:10). Elle a été donnée à connaître partiellement par d’autres moyens, par la création ou par le gouvernement du monde, par exemple. Les principautés qui sont dans les cieux célestes peuvent lire la sagesse si diverse de Dieu dans l’Assemblée, même si l’Assemblée n’a pas toujours offert, depuis sa fondation, un spectacle à la gloire de Dieu. C’est pourquoi Paul dit ailleurs : la femme, à cause des anges, doit avoir la tête couverte (1 Cor. 11:10). Les anges devraient voir la gloire de Dieu dans l’Assemblée, dans les siens, dans leur façon d’être, de se tenir, de se vêtir, de se taire ou de parler, car l’ordre divin dans l’Assemblée est clairement défini. Mais dans la chrétienté aujourd’hui, on se moque de Dieu en méprisant ce qu’il a dit ; c’est un outrage à l’égard de Dieu devant les anges.

L’Assemblée est descendue du ciel ; elle vient du ciel ; elle est descendue sur la terre pour déployer dans son sein la gloire de Dieu ; telle est la pensée de Dieu. Même si cela n’a guère été réalisé, la pensée de Dieu n’a pas changé et, si nous désirons être bénis, nous n’avons pas à nous adapter aux péchés introduits dans l’Église. Nous avons à rechercher la pensée originelle de Dieu pour toutes choses. La sagesse de Dieu est vue dans l’Assemblée ; elle aurait dû être manifestée sur la terre. Dans ce qui nous est présenté au début des Actes, les anges ont pu voir le déploiement de la gloire de Dieu dans le rassemblement des chrétiens, sans prétention, sans puissance humaine, mais où Dieu était présent d’une façon évidente. Ayons à coeur la gloire de Dieu déployée devant les principautés qui sont dans les lieux célestes !

L’apôtre, par l’Esprit, demande que, selon les richesses de la gloire de Dieu, les saints soient «fortifiés en puissance par son Esprit, quant à l’homme intérieur» (Éph. 3:16). L’homme intérieur, c’est le nouvel homme ; il a besoin d’être fortifié ; il n’a pas de force en lui, il est dépendant et obéissant ; il ne peut être fortifié que par l’Esprit, pour comprendre la largeur, la longueur, la profondeur et la hauteur des conseils de Dieu et du déploiement de sa gloire. Nous réalisons si peu ces choses, parce que nous les comprenons si peu. Nous vivons si peu par la foi dans la présence de Dieu et dans la jouissance de ses pensées. Nous nous élevons si peu à ces hauteurs. Nous faisons de notre christianisme un ensemble de petites vérités auxquelles nous nous tenons. Nous sommes très contents de savoir que le ciel est à nous au bout de notre chemin, mais nous n’avons guère le désir d’être dans le ciel dès maintenant, de découvrir cet horizon dans lequel, par la foi, nous pouvons déjà entrer. Le Saint Esprit seul peut remplir notre âme de la gloire de Dieu déployée en Christ et nous rendre intelligents quant à la position de l’Église. Que Dieu nous donne d’être capables — c’est une prière — de comprendre avec tous les saints, et de connaître l’amour du Christ, afin que nous soyons remplis jusqu’à toute la plénitude de Dieu ! Si les yeux de notre coeur avaient devant eux la gloire de Dieu en Christ, ce qui nous entoure dans ce monde nous retiendrait beaucoup moins.

C’est dans cette épître, où le déploiement des gloires de Christ est présenté à l’âme pour qu’elle en jouisse, que Dieu condescend à nous instruire sur la façon dont nous avons à mettre un pied devant l’autre. Dans ce monde, il n’y a pas de chemin sûr, paisible, sans danger. Il n’y a pas un seul chrétien qui ne soit en danger, quelque sérieux qu’il soit, et avec quelque précaution qu’il marche. Pour marcher en sécurité, il faut que l’âme soit remplie des pensées de Dieu quant à Christ par le Saint Esprit. On dit souvent que Dieu «peut faire infiniment plus que tout ce que nous demandons» (Éph. 3:20), lorsque nous avons une difficulté, des combats, des épreuves. C’est vrai, mais ce verset ne parle pas de la puissance qui opère pour nous ; il parle de celle qui opère en nous, pour développer la vie de Christ dans notre âme, pour que Christ nous soit plus précieux, qu’il entre davantage dans notre coeur, dans nos pensées, dans notre vie, et que l’homme intérieur soit fortifié et nourri.

Nourrissons-nous le vieil homme ou le nouvel homme dans notre vie quotidienne ? C’est l’un ou l’autre. Notre nourriture est-elle de nature à fortifier l’homme intérieur ou à l’affaiblir ? Ce qui fortifie l’homme intérieur, c’est Christ, c’est la Parole de Dieu : «L’homme ne vivra pas de pain seulement, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu» (Matt. 4:4). Une lecture profane nourrit le vieil homme. Il y a des chemins où l’homme pieux ne s’engagera pas. Tous les chrétiens ont continuellement à examiner et à choisir. Il faut savoir trancher, sans se poser toujours les mêmes questions. Lot aurait pu dire : quel mal y a-t-il à être assis à la porte de Sodome ? Abraham n’est pas aussi courageux que moi. Or, il aurait dû fuir la plaine de Sodome, parce que Sodome était une offense à Dieu. Nous devons faire attention aux décisions que nous prenons, sinon des questions sans réponse se poseront tout au long du chemin dans lequel nous nous sommes engagés à la légère.

Même si nous sommes des chrétiens portés peut-être à rappeler facilement que nous sommes dans les lieux célestes en Christ, Dieu connaît la fragilité du vase. Plus un chrétien est pieux, plus il sent le besoin d’être gardé ; ce n’est pas lui qui a le plus d’assurance ; devant certaines situations, il s’enfuira, tandis qu’un autre s’y engagera pour sa perte. C’est ce que signifie «marcher soigneusement». La vie chrétienne est tellement sérieuse que plus nous vivrons près de Dieu, plus nous sentirons l’emprise du monde sur nous, et plus nous dirons : Seigneur, viens !

Les jours sont mauvais. Nous ne devons pas marcher comme le reste des nations (Éph. 4:17). Les croyants d’Éphèse étaient sortis des nations, et les autres étaient restés dans les ténèbres. Il était très difficile de vivre le contact direct et constant avec le diable et ses anges en activité dans le paganisme. Le christianisme a apporté un bouleversement complet, même si la chrétienté est devenue un lieu où le diable habite : «Je sais où tu habites, là où est le trône de Satan» (Apoc. 2:13) ; et là, dans la maison chrétienne, chacun aura à répondre de sa profession de christianisme ; nous aurons tous à répondre de la place que nous y aurons prise. Le Seigneur dit que le méchant esclave qui n’aura pas fait son service, qui aura mangé et bu avec les ivrognes, sera coupé en deux (Matt. 24:49-51). Cet esclave sera traité en fonction de sa position de serviteur du maître. Cela s’applique à nous de la même manière ; nous occupons une position de laquelle nous aurons à répondre. Le chrétien perdu dans des milieux où on ne lit même pas l’Écriture n’aura pas à rendre compte de sa qualité de témoin au même degré que nous. Au «reste des nations», on peut ajouter aujourd’hui le christianisme professant encore inconnu à ce moment-là ; et le christianisme professant peut très bien commencer à l’intérieur des murs du local ; c’est sérieux !

Dépouiller le vieil homme, revêtir le nouvel homme (Éph. 4:22, 24), c’est un fait. Mais il serait commode de dire que nous avons dépouillé le vieil homme, et de faire ce que nous voulons. Dieu, qui nous connaît, nous serre de très près et entre dans le détail de notre vie ; il descend avec nous dans notre chemin quotidien. Dieu est un Dieu de loin et un Dieu de près : de loin quand on le fuit, mais même si nous fuyions au bout du monde, Dieu y serait avant nous ; c’est un Dieu de près, il sait tout ce qui nous concerne, ce que nous aimons, ce que nous pensons, quelle idole est dans notre coeur, ce temple secret où nul oeil ne pénètre, sinon l’oeil de Dieu. Il voit les idoles érigées dans ce temple, et l’idolâtrie est une abomination. «Enfants, gardez-vous des idoles» (1 Jean 5:21) ; l’idole est ce qui prend la place de Dieu ; un peu d’or, beaucoup d’argent ou telles autres passions ; les idoles chassent Dieu. Même ce que Dieu a créé, le diable en a fait des idoles pour l’homme : le soleil, devant lequel se prosternent des anciens d’Israël qui tournent le dos à la maison de Dieu (Éz. 8:16). Que notre coeur soit pur ! «Que la grâce soit avec tous ceux qui aiment notre seigneur Jésus Christ en pureté !» (Éph. 6:24).

Dieu est un Dieu de près : ne mentez pas, «parlez la vérité chacun à son prochain» (Éph. 4:25). Il dit cela à ceux qui sont dans les lieux célestes en Christ. Rien n’est plus important pour la vie du chrétien que la droiture et la vérité.

Après la droiture, l’amour : «soyez bons les uns envers les autres» (Éph. 4:32). La vie chrétienne n’est pas compliquée, c’est nous qui la compliquons ; elle consiste à manifester la nature de Dieu, la lumière et la vérité. Que le Seigneur nous aide les uns les autres à cela !

 

10                  Le chrétien séparé — Éphésiens 4:1-4

 

[LC n° 107]

8 décembre 1962

Méditations sur la vie chrétienne, édition FR 1995, p. 355

 

La Parole de Dieu porte en elle-même la puissance de son propre témoignage, elle n’a besoin de personne ; elle est contre l’opinion du monde, contre la chair de tous les hommes, elle les condamne tous. Mais le chrétien peut y trouver tous les jours ce qui est sa raison de vivre et sa force. Le chrétien est en mauvais état s’il trouve que la Parole de Dieu est trop gênante et doit être adaptée aux goûts du jour. Il est bon d’être nourris dans nos âmes, intérieurement, de ce qui est bon, de ce qui est vrai, de ce qui est Dieu. Avec ces ressources, nous pouvons faire face à nos difficultés quelles qu’elles soient. La carrière du chrétien se joue dans son coeur. Demandons au Seigneur que nos coeurs et nos consciences soient tous les jours visités par lui, traités par lui, pour que nous soyons préservés ou restaurés.

Nous ne pouvons pas savoir ce qu’est l’Église en regardant ce qui porte son nom de nos jours. Mais la Parole de Dieu nous place sur un terrain clair et pur, et l’Église sera un jour ce que le Seigneur a voulu qu’elle soit. L’Église, présente sur la terre, est formée de tous les chrétiens qui ont le Saint Esprit. Vingt siècles ont passé depuis le temps où l’apôtre a révélé le mystère de l’Église. Le désordre qui y règne aujourd’hui empêche les vrais chrétiens d’être un, groupés ici et là dans diverses localités. Mais chaque assemblée locale, qui désire réaliser la pensée de Dieu en vérité, représente l’Assemblée universelle. Voilà le terrain de la vérité ! Si on touche à ces choses-là, les fondements sont ébranlés. La qualité des personnes n’a aucune place dans ces appréciations spirituelles. Quand l’Église sera avec le Seigneur, les sentiments humains auront complètement disparu. L’Église est le complément, «la plénitude de celui qui remplit tout en tous» (Éph. 1:23). Le Seigneur a laissé son Église sur la terre durant son absence pour manifester les pensées et les sentiments divins à l’exclusion de tout autre. C’est en nous plaçant devant la vérité originelle, celle qui était réalisée dans les Actes, que nous prenons la vraie mesure des choses. Après, les pensées et les sentiments humains ont entraîné la déchéance.

Le chrétien est heureux dans la mesure où, sans se préoccuper des autres, il donne la première place à celui qui en a seul le droit. Si la vie collective ne favorise pas cela, le Seigneur nous ouvrira toujours un sentier où nous pourrons le faire : «Poursuis la justice, la foi, l’amour, la paix, avec ceux qui invoquent le Seigneur d’un coeur pur» (2 Tim. 2:22). Le témoignage de l’Église a été remis en lumière au siècle dernier, mais pas de la même manière qu’il était réalisé au temps des Actes. Dans l’Église, le «moi» disparaît, il n’y a plus trace d’égoïsme. «Que celui qui a des oreilles écoute ce que l’Esprit dit aux assemblées» (Apoc. 2:7), et que celui qui n’a pas d’oreilles n’écoute pas. Le Seigneur ne sème pas dans les épines le grain de blé qui portera du fruit à sa gloire. Si nous nous recherchons nous-mêmes, ne disons pas que nous aimons le Seigneur !

Celui qui règle la conduite et donne le ton dans son habitation, c’est le maître. L’habitation de Dieu par l’Esprit doit donc manifester les caractères de Dieu, refléter sa gloire et effacer les traces que la chair laisse partout où elle passe. Ces caractères sont l’humilité, la douceur, la longanimité, le support (Éph. 4:2) ; ils ne peuvent être manifestés sans que la chair ne soit tenue en échec, et il faut l’action de Dieu pour cela ; les philosophes et les moralistes ne peuvent pas nous y aider. Dieu a le pouvoir de dompter ce qui dompte l’homme, a dit un frère. Nous ne pouvons pas avoir l’aide de Dieu si nous entretenons notre orgueil. Il faut avoir affaire avec Dieu en toute humilité. Un frère peut être très calme et patient, mais très ferme, au point qu’il préférerait laisser sa vie plutôt que céder sur la vérité de Dieu. Il n’a pas à défendre ses propres intérêts, mais ceux du Seigneur. Que la fermeté ne soit pas le fruit de notre caractère naturel, mais le fruit de l’obéissance à Dieu ; et l’apôtre trace un sentier clair dans un temps de ruine comme le nôtre. Nous devrions faire chaque jour des progrès et connaître le Seigneur bien mieux qu’il y a un an ou dix ans ; nous devrions compter sur lui bien mieux qu’au jour de notre conversion. La joie devrait être croissante, parce que la source en est mieux connue ; on ne se nourrit pas de sa joie, mais de la source de sa joie. Nous avons de la peine à trouver cette source, parce que nous ne savons plus méditer la Parole ; nous laissons nos esprits s’encombrer de tant de choses. Le chrétien a peut-être aujourd’hui moins de joies collectives, mais sa ressource, c’est Christ, aujourd’hui comme toujours. La source du bonheur n’est pas tarie, même si nous avons plus de peine à la trouver ; le Seigneur doit labourer plus profond, mais elle est à la portée de chacun.

Supportez-vous l’un l’autre dans l’amour (Éph. 4:2). La conversion est un commencement, ce n’est pas une fin. Le converti est uni à d’autres chrétiens, dans le respect mutuel des uns envers les autres, et le Seigneur pourvoit aux besoins d’un troupeau local. Nous avons l’honneur de le servir ; qu’il nous accorde cette grâce d’être ses serviteurs dans chacun de nos services, et de nous considérer comme le dernier de ses serviteurs, en tout humilité. «Dieu résiste aux orgueilleux, mais il donne la grâce aux humbles» (Jacq. 4:6 ; 1 Pierre 5:5) ; il ne donne pas la grâce à contretemps. L’humilité est une condition de bonheur. Nous aurions dû être plus humbles que d’autres, dans une position de séparation de tout mal dictée par l’Écriture. C’est un devoir pénible, mais on doit cela à Christ. L’assemblée est «la colonne et le soutien de la vérité» (1 Tim. 3:15) ; s’il n’y avait que trois frères pour porter ce caractère, eux seuls auraient le caractère d’Assemblée de Dieu. La conséquence de cette fidélité serait la jouissance incomparable de la présence du Seigneur. Si le Seigneur nous est indispensable, nous ne reculerons pas devant sa volonté. Marie de Magdala disait : «On a enlevé mon Seigneur, et je ne sais où on l’a mis» (Jean 20:13). Autrefois, des âmes lassées des entorses à la vérité qu’elles voyaient dans le milieu où elles étaient, trouvaient leur plaisir à venir dans le témoignage où elles trouvaient le Christ que leur coeur désirait. Le Seigneur est seigneur dans l’assemblée, et le Saint Esprit en communique la puissance. Rien de bon n’est fait sans le Saint Esprit. La crainte de Dieu est la crainte de profaner quelque vérité de Dieu. Quel privilège et quelle responsabilité d’être sur un terrain conforme à la pensée du Seigneur ! Si vous aimez le Seigneur, tout votre coeur vous porte à accomplir ses désirs ; c’est la preuve la plus grande de votre attachement au Seigneur, désirer connaître sa pensée et marcher selon elle. Le Seigneur aime les coeurs vidés du monde, non partagés, non prostitués aux mondanités religieuses. Qu’il nous donne d’en éprouver la joie !

 

11                  Méditation sur l’Assemblée — Actes 2:42 ; 9:31 ; Éphésiens 4:8, 11-16 ; 1 Timothée 3:1-15

 

[LC n° 72]

16 août 1964

 

La période de l’Assemblée est une parenthèse dans le temps. Cette parenthèse s’ouvre à la Pentecôte et se termine à la venue du Seigneur pour enlever les saints. Il n’y a pas eu, et il n’y aura plus, de période comme celle-là.

En tout temps, la foi a été nécessaire. On n’a pas de rapport avec Dieu sans la foi, la foi vraie. Mais ce qui distingue cette période, c’est que toutes les bénédictions de ceux qui, vitalement, en font partie, sont célestes. La source de toutes les bénédictions chrétiennes est céleste. Vous ne trouvez nulle part que le Seigneur ait ouvert une autre source que celle-là. Cela tient au fait que l’Église est le complément du corps de Christ, l’Église formée de tous les vrais croyants, scellés du Saint Esprit (on n’est pas un vrai chrétien, sans cela). Tous les vrais croyants de cette période-là sont des membres du corps de Christ. Cela n’était pas vrai d’Adam, ni de David, ni de Jean le Baptiseur. Ce n’était pas vrai des Juifs, pas davantage des fidèles du millenium. C’est une période extrêmement distincte. C’est ce conseil que Dieu avait avant le temps, et c’est ce qu’il a révélé en dernier lieu.

Jésus est la tête du corps ; l’Église est le corps : «l’assemblée, qui est son corps, la plénitude de Celui qui remplit tout en tous» (Éph. 1:23) (le mot plénitude veut dire : complément). La tête et le corps ne font qu’un seul. C’est l’homme complet formé par Christ et son Église (Adam et Ève n’en étaient qu’une image). Tous les vrais chrétiens, vivifiés et scellés, font partie de cette Église. Les hommes religieux s’occupent beaucoup de l’Église. Ils cherchent toujours la vérité ; et pourquoi la cherchent-ils ? Parce qu’ils ne l’ont pas. Un chrétien ne cherche pas l’Église ; il la connaît, il sait où elle est, ce qu’elle est. Il ne passe pas sa vie à se tourmenter sur des questions jamais réglées. Cela peut arriver pendant un temps ; mais normalement, le chrétien doit trouver la réponse, de la part de Dieu, aux questions qui se posent dans son âme.

Quelle tristesse de voir tout ce qui se passe, de nos jours, dans cette chrétienté ! Voilà de quoi mener deuil, de quoi pleurer, à cause du lamentable état extérieur de l’Église. Mais encore bien plus, quand nous voyons ce qui se passait au commencement, dans le livre des Actes, nous constatons que nous sommes bien loin de ce moment-là. Nous devons toujours, devant le Seigneur, nous reporter à cette époque, et dire : «Seigneur, voilà la distance entre cet état brillant et sans tache, et le nôtre».

Voilà comment les frères peuvent servir le Seigneur, et peuvent servir tous les chrétiens du monde, dans tous les systèmes. Ce n’est pas en accablant ceux-ci et en condamnant ceux-ci, ni en s’estimant supérieurs à eux, mais en menant deuil, parce qu’on éprouve mieux que d’autres quelle est la profondeur de la chute. C’est dans ce sens-là que les frères sont sérieux. Un frère, dans la mesure où il est conscient de sa position, est grave, et les soeurs aussi, évidemment. Le Seigneur souffre de cela. Mais Il ne raccommode pas ce que l’homme a gâché. Retenez bien cela, jeunes chrétiens, et les autres aussi. N’allons pas nous mettre en avant d’une façon prétentieuse, pour dire : Voilà des chrétiens qui vont mettre un peu d’ordre dans les choses. Non, pas du tout ; le Seigneur ne raccommode pas cela. Le témoignage de Philadelphie, du siècle dernier, n’a pas été une reprise identique à celle du début des Actes. Mais il lui a particulièrement ressemblé. Sans aucun doute, plusieurs éléments étaient absolument à la hauteur de ceux-là. Pour eux-mêmes, n’en doutons pas, ils l’ont réalisé. Mais l’ensemble n’en était pas là. Nos conducteurs ont eu à soutenir bien des controverses vis-à-vis des adversaires. Le bien réveille l’ennemi. Il ne peut pas supporter qu’il y ait du bien ; il veut le détruire.

Nos devanciers ont dit ceci, qui exprime aussi leur humilité : «Ce qui manque, c’est la puissance, les miracles, le pouvoir de désigner des anciens, le pouvoir de livrer à Satan, le cas échéant». Les ornements de l’Église ont disparu. Aujourd’hui, nous savons que bien des milieux chrétiens, même dits évangéliques, se livrent à des efforts pour reproduire une imitation des Actes. Attention ! Qui dirigeait les serviteurs du Seigneur, à ce moment-là ? Le Saint Esprit. Et un grand trait qui prouve la présence en action du Saint Esprit, un grand trait utile de nos jours, c’est l’ordre moral. Le Saint Esprit ne produit jamais de désordre. Quand Dieu travaille, par son Esprit, dans les siens, Il produit l’ordre : l’ordre dans les esprits, l’ordre dans les coeurs, l’ordre dans la vie, l’ordre dans des corps de chrétiens. Il est un Dieu d’ordre.

Je ne veux pas dire que ce qui a été manifesté au siècle dernier n’a pas donné autant de satisfaction au Seigneur qu’au début des Actes ; mais le Seigneur ne rétablit pas ce que l’homme a gâté.

Chers frères et soeurs, nous voilà, de nos jours, dans la faiblesse, bien plus qu’il y a trente ans. Il y avait une grande puissance morale, une grande puissance spirituelle, en action par la Parole sur les âmes ; mais la puissance extérieure devant les hommes, non ! Dieu a retiré ce qui, en soi-même, était un honneur pour l’Église. Il a retiré l’ornement, parce que l’Église l’a offensé par toute sa mondanité. Les vérités chrétiennes, chers amis, sont saintes, droites. Un de ces conducteurs disait : «Dans le chemin de Dieu, il n’y a pas moyen de se fourvoyer». Nous ne demandons pas assez à Dieu ce qu’il veut ; mais quelquefois aussi, nous demandons avec l’arrière-pensée de ne pas nous y conformer. Croyez-vous que Dieu va donner sa pensée à celui dont Il sait très bien qu’il sera retors ? Cela explique le piétinement de beaucoup de chrétiens, parce que la vérité de Dieu engage. Elle doit engager. Elle est absolue.

«Les assemblées étaient en paix, marchant dans la crainte du Seigneur, croissant par la consolation du Saint Esprit». La crainte du Seigneur dans notre vie, ce n’est pas la frayeur. Nous avons facilement le Seigneur à la bouche ; c’est un mot de notre vocabulaire des frères. Faisons attention ! Ne profanons pas les choses saintes qui sont nôtres, mais qui le sont dans la mesure où c’est l’âme renouvelée, animée par le Saint Esprit, qui s’en empare ! Le même corps peut être au service de la volonté propre, et au service du Saint Esprit. Voilà la condition où nous nous trouvons. Le même mot, je peux le dire simplement avec mon esprit, et je peux le dire avec le Saint Esprit. C’est la nuit et le jour. Que le Seigneur nous accorde d’être de plus en plus dépendants pour parler de Lui, dépendants du Seigneur et du Saint Esprit ! C’est une grande cause de faiblesse dans notre vie individuelle.

Notre responsabilité est dans cette sphère-là, à l’écart de tant d’autres ; et nous devons savoir pourquoi. Si nous ne le savons pas, il faut revenir en arrière. Nous sommes mal partis. Que le Seigneur nous accorde à chacun, dans notre vie privée, de marcher avec Lui, là où Il est le seul témoin de notre cheminement de tous les jours. Le plus grand de tous les exploits, c’est un homme qui marche avec le Seigneur aujourd’hui, puis demain, et jusqu’à la fin, toute sa vie. Il n’y a rien de supérieur à cela. On n’a pas besoin d’être un apôtre, pour cela. Ce qui est au-dessus de tous les dons et de tous les services, c’est la vie chrétienne de l’individu. Des personnes auront manqué leur vie à cause de leur service. Voilà un miracle : un homme qui marche avec le Seigneur, dans sa crainte. Si vous en connaissez un, vous avez avantage à le fréquenter. Car celui-là ne parlera pas à tort et à travers des choses de Dieu ; il n’en parlera pas en temps et hors de temps. Cela suppose de la dépendance. N’est-ce pas, frères et soeurs, que nous avons besoin de revoir cela ? Un tel chrétien sera heureux et recherchera l’ombre avec le Seigneur. Si le Seigneur le fait rester dans l’ombre, il sera heureux ainsi. Si le Seigneur le fait avancer pour le service, il sera heureux de servir, avec Lui, devant Lui.

Voilà la vie du chrétien. Est-ce pénible ? C’est le bonheur parfait ici-bas. Que le Seigneur nous apprenne à savoir nous taire, et à savoir parler ! Les personnes qui ont la crainte du Seigneur sont généralement lentes à parler. La crainte du Seigneur est un élément à présenter même devant un inconverti. Cela peut le garder de beaucoup de choses.

Il nous reste le Seigneur. Ces serviteurs très utiles, hommes ou femmes, ont été utiles, parce qu’ils savaient se contenter du Seigneur. Quand ils parlaient de Lui, ils parlaient de quelqu’un de connu. «De l’abondance du coeur la bouche parle» (Matt. 12:34). Quand nous parlons du Seigneur, est-ce que cela traduit vraiment ce qu’Il est pour notre coeur ?

Nous pouvons trouver cet état d’âme chez des personnes éprouvées, chez des malades, chez des personnes que la vie n’a pas gâtées, et qui ont eu besoin du Seigneur plus que d’autres.

Que le Seigneur accorde à chacun de nous d’apprendre à Le connaître comme Quelqu’un de vivant ! C’est offert à tout le monde.

Le Seigneur rassemble les siens. Un rassemblement est un troupeau. Mais un troupeau n’est que l’expression du troupeau tout entier. Ce serait impossible que tous les vrais croyants du monde entier soient ensemble. Du temps des apôtres, il y avait certainement beaucoup d’assemblées, comme aujourd’hui. Le Seigneur a pensé à tout cela, en nous parlant des rassemblements locaux : l’assemblée qui est à Corinthe, l’assemblée qui est à Éphèse. Les assemblées locales représentent l’ensemble de l’Assemblée. Quelle est l’importance d’une assemblée locale ? Quelle est sa raison d’être ? Une assemblée locale est réunie au nom de Christ. Le Seigneur n’est pas Seigneur de l’Assemblée, mais Seigneur dans l’Assemblée. Il est Seigneur des individus. Il nourrit et chérit son Assemblée. Il en prend soin. Il prend soin des membres de son corps en se servant de croyants qui servent les autres. Dans ces croyants qui servent, nous avons deux classes : les dons et les charges. Les dons sont des dons de l’Esprit, donnés par le Seigneur aussi. Ils sont vus comme distribués par l’Esprit (1 Cor. 12), donnés par le Seigneur (Éph. 4). Nous les trouvons encore en Romains 12 et 1 Pierre 4.

Il y a des dons fondamentaux (Éph. 4). Il nous donne les dons nécessaires pour la formation du corps de Christ, jusqu’à la fin. Ce sont des dons qui vont jusqu’à la fin : apôtres, pasteurs et docteurs, prophètes, évangélistes. L’évangéliste travaille pour que les âmes entrent et, une fois entrées dans le corps, le Seigneur en prend soin. Il s’occupe d’elles. Il ne s’arrête pas à la conversion. Il veut sanctifier son Église. Il veut attacher les siens à Lui-même. Il veut les occuper des choses qui ne se voient pas. Il veut leur communiquer la paix et la joie qui sont les siennes, et qui sont la part des siens. Il veut les faire vivre de Lui-même.

Les docteurs enseignent, développent l’Écriture. Si on ne développe pas l’Écriture, on s’en tiendra bientôt au simple salut de l’âme. C’est de toute importance qu’il y ait des docteurs. Il serait très désirable que des jeunes frères soient, de la part du Seigneur, engagés dans cet exercice. Pour cela, il faut qu’ils aient affaire au Seigneur. Ils ne doivent pas se laisser pousser ; ils doivent avoir affaire directement avec le Seigneur, pour le moment et la manière.

Les pasteurs s’occupent des âmes, de tout ce qui peut arriver à une âme, chez un chrétien. Un chrétien peut verser vers le monde ; il peut être emporté par sa volonté propre… Les pasteurs doivent soigner les âmes malades.

Le prophète présente la Parole de Dieu d’une façon telle qu’elle s’implante dans la conscience, sans que personne n’ait rien su. Le chrétien dit : «Dieu a parlé» ; et il peut être arrêté sur une mauvaise voie, être saisi par la crainte du Seigneur.

Mais ce sont des dons fondamentaux et, en un sens, ce qui est représenté en Éphésiens 4 par les jointures du fournissement. Un don est un don de l’Église toute entière. Un don est donné par le Seigneur à son Assemblée. Par conséquent, si quelqu’un est vraiment un pasteur qualifié, il peut soigner les âmes où que ce soit.

Le docteur découpe l’Écriture dans les grandes parties, comme les vérités de détail, où qu’il soit. Il ne faudrait pas croire que les services, dans l’Assemblée de Dieu, se réduisent à l’activité des apôtres, des prophètes, des pasteurs et docteurs, des évangélistes. Il ne faut pas oublier que, dans une Assemblée, tous les croyants, tous les frères, toutes les soeurs, sont des membres du corps. Il n’y a pas que des dons fondamentaux ; il y a des dons de toute sorte. La définition la plus complète, la plus vraie, du mot «don», est celle-ci : un don, c’est l’action du Saint Esprit dans un membre du corps. Voilà la définition la plus complète ; de sorte que ce serait une profonde erreur de restreindre les actions du Saint Esprit aux frères qui, de toute évidence, possèdent un des dons fondamentaux dont je viens de parler. Ce serait faire du rassemblement quelque chose de bien pauvre, tandis que le Saint Esprit peut agir en chacun. Et c’est sur ce point que je désire attirer l’attention des frères, et ensuite des soeurs.

Les soeurs, dans l’Assemblée, n’ont rien à dire. L’ordre du Seigneur est formel. Que nos théologiens s’emploient à tordre l’Écriture, c’est leur affaire. Nous le savons fort bien. La Parole est formelle. Quand on est simple et droit, la Parole est simple et droite et absolue, et on y trouve son bonheur. Cela ne veut pas dire que les soeurs sont des membres morts, et cela ne veut pas dire qu’elles ne peuvent pas être très supérieures, avoir beaucoup de discernement spirituel, avoir une vie chrétienne fervente, beaucoup de communion avec le Seigneur. Nous en avons eu, et nous en avons encore sûrement. Que les soeurs ne pensent pas qu’elles n’ont qu’à venir s’asseoir et suivre d’une manière passive, comme si elles étaient en dehors de l’action du Saint Esprit. Elles sont responsables, et le Seigneur leur demandera compte des raisons pour lesquelles une Assemblée, à laquelle elles se sont rattachées peut-être pendant un demi-siècle, a connu telle ou telle misère. Une soeur est responsable comme un frère. Le seul fait de ne pas se sentir coupable de fautes extérieures ne la disculpe aucunement, si elle est restée indifférente, inerte et passive, sans avoir commis aucune faute en apparence, soit de comportement, soit de langage. Elle n’atteint pas à ce que le Seigneur attend d’elle. Que peut faire une soeur ? Beaucoup prier. Les soeurs ont souvent une tâche très lourde. Les frères ont aussi la leur. Il leur faut beaucoup prier en travaillant, prier sans cesse, prier beaucoup. Que manque-t-il alors ? L’engagement du coeur pour les intérêts du Seigneur. Une soeur peut avoir un don de discernement ; pourquoi pas ? Un don ; pourquoi pas ? À la rigueur même, un don pastoral donné à une soeur ; pourquoi pas ? Que font donc toutes les soeurs ? Que voyons-nous, dans l’Écriture ? Nous voyons des soeurs très honorées, et bien plus honorées que des frères. Peut-être que les soeurs ont à être exercées sur ce point. Elles peuvent être utiles d’un très grand nombre de manières, et avoir un rôle opposé également de beaucoup de manières. Les soeurs sont responsables, comme les frères. Elles peuvent être des aides ou des entraves, comme les frères. Est-ce que chaque soeur prie pour chaque réunion, avant la réunion ? Plusieurs fois ? Les frères, bien sûr, doivent prier, mais les soeurs aussi. Est-ce qu’elles prient pour les choses dont elles savent très bien qu’elles devraient être autrement ? Est-ce qu’elles prient pour les besoins, les lacunes de l’Assemblée, quelles qu’elles soient ? Depuis quand trouvons-nous, dans l’Écriture, que c’est la part de trois ou quatre frères de porter toutes les charges et, le cas échéant, de régir à eux seuls toute une assemblée ?

Les soeurs sont, plus d’une fois, plus spirituelles que les frères ; et elles doivent répondre à ce que le Seigneur leur a donné. Elles doivent le faire d’une autre manière, sur un autre terrain (en dehors de tout exercice d’autorité devant les frères), mais elles ne sont pas du tout autorisées à être paresseuses. La paresse, dans la vie chrétienne, c’est l’indifférence. C’est le plus mauvais de tous les états ; c’est l’état laodicéen.

On a connu des soeurs dont le Seigneur s’est servi ; parfois une soeur toute seule a été l’instrument par lequel une assemblée a persévéré à travers de très nombreuses difficultés et a été sauvée. Peut-être que les soeurs oublient qu’elles ont à lire l’Écriture et les écrits que nous possédons. Une soeur a la vie divine, et toute vie a des besoins. Une soeur qui ne se nourrit pas, que voulez-vous qu’elle fasse ? Et la prière ? Personne n’échappe aux exhortations que le Seigneur donne.

Dieu veuille susciter des dons dans l’Assemblée, de nos jours ! Mais chaque frère est un membre du corps et peut être animé par le Saint –Esprit, et peut accomplir ainsi, par le Saint Esprit, au moment voulu, ce que le Seigneur veut donner aux siens. On entend dire souvent : «Je ne suis pas doué». En êtes-vous sûr ? Le Saint Esprit agissant dans un frère, voici un don, un don qui peut être très utile. Prononcer cinq paroles pour l’édification des saints ; tout frère peut être appelé à cela, et ne doit pas laisser reposer toutes les charges sur un ou deux. Annoncer un cantique, c’est très sérieux, mais c’est offert à chacun. Qu’il y ait un exercice indispensable, cela va de soi, et les frères qui ont le plus d’expérience sur ce point savent très bien qu’ils doivent être exercés pour une prière, une lecture, un cantique. Cela ne se fait pas sans exercice. Mais si nous sommes exercés dans notre vie quotidienne à dépendre du Seigneur et du Saint Esprit, nous le serons aussi dans l’Assemblée.

Que le Seigneur nous encourage, dans nos assemblées respectives ! Les dons fondamentaux sont d’une incalculable valeur pour présenter les grandes vérités, comme les vérités de détail, et empêcher que le troupeau ne s’égare et ne soit emporté par les fantaisies de l’un ou de l’autre, quelquefois par l’erreur, quelquefois par l’hérésie. Les grands dons de pasteurs ou docteurs manquent beaucoup, dans le Témoignage. C’est un besoin présenté devant les jeunes frères. Que le Seigneur veuille les engager sans bruit. Cela demande du temps, et cela demande du travail. Cela demande aussi un engagement du coeur, avec le Seigneur ; et c’est même un secret. Que les frères, dans les assemblées, n’oublient pas que le Saint Esprit habite en chacun d’eux, qu’il peut se servir, et que normalement il doit se servir, de l’un ou de l’autre, sans qu’on le sache à l’avance. Si un frère, fort de cette liberté, l’employait mal, cela n’irait pas. Mais cela ne veut pas dire que cette liberté n’existe pas. C’est une caractéristique de la période actuelle. Le Seigneur est monté au ciel, mais Il a donné des dons aux hommes, et chacun peut le servir.

Nous ne devons pas oublier la dépendance. Et, d’un autre côté, nous ne devons pas laisser croire que les dons sont donnés à deux ou trois frères, et que les autres n’en ont pas. C’est une erreur. À nous de considérer ce qui nous empêche, d’un côté ou de l’autre. Prenons les choses très au sérieux. Nous devrions être exercés pour un cantique, au culte, une prière, mais avoir la liberté. Au préalable, chez nous, dans le secret, il nous faut être exercés, vivre avec le Seigneur ; et alors nous saurons, au moment voulu, ce qu’il faut faire. Dans les Actes, les dons agissaient avec une grande puissance ; mais à Philadelphie, il est dit : «Tu as peu de force» (Apoc. 3:8). Les frères, comme les soeurs, doivent prier beaucoup, avant les réunions. La vie de l’Assemblée dépend de chacun des frères et soeurs qui en font partie.

Il n’est jamais parlé, dans l’Écriture, de membres d’une assemblée. On est membre de l’Assemblée universelle, mais pas membre d’une assemblée locale. On se rattache à une assemblée locale. Un chrétien est membre du corps de Christ, formé par tous les croyants du monde. Ces vérités sont de toute importance pour la vie des rassemblements. Nous n’avons pas de chef ; nous ne devons pas en avoir. Le frère le plus spirituel, le plus dévoué, reste jusqu’à la fin le serviteur de tous les autres, et jamais leur maître. D’autre part, il ne faudrait pas penser que quelques frères ont à se dépenser ainsi, jusqu’à la mort, et les autres se laisser aller paresseusement et sans exercice ; car alors, cela est très grave. Alors ne disons pas que nous aimons le Seigneur. Fermons la bouche quand nous chantons des cantiques, car alors nous disons des mensonges. Que le Seigneur nous réveille ! Ce n’est pas un réveil qui attirerait l’attention du pays ; c’est un réveil intérieur, dans notre conscience, dans notre coeur. Et, si ce réveil est produit, des actes suivront nécessairement, sans même que nous nous en préoccupions. Un chrétien qui a affaire au Seigneur, va avec le Seigneur ; et le reste ne pèse pas lourd, comme préoccupation dans son coeur.

Il n’y a pas de traditions dans la vie chrétienne, pas d’habitudes. La vie chrétienne est une vie active, continue. La vie divine n’est jamais faite d’habitudes, jamais. Voyez un homme actif dans la vie ; ce qui le caractérise justement, c’est que sa vie n’est pas faite d’habitudes, mais elle est spontanée ; et il fait face continuellement à des situations auxquelles il ne s’attendait pas. Dans la vie divine, c’est la même chose. Si notre vie est faite d’habitudes, nous sombrons dans le sommeil ; et quelqu’un qui dort est semblable à un mort. Nous avons besoin de nous réveiller, et que nos affections, notre conscience, soient réveillées.

Prions pour que les réunions soient bonnes. Les réunions «bonnes» ne sont pas celles où nous ne recevons que des encouragements, mais quelque vérité qui nous attaque comme une flèche, sans que nous ayons à le dire à personne. Le Seigneur défriche, et puis Il sème. Il ne défriche pas autrement qu’avec un soc et une charrue. Notre coeur devient très vite comme un terrain sur lequel le monde entier passe, et il est dur comme ce terrain-là. Alors le Seigneur prend la charrue : quelquefois des épreuves individuelles, et aussi des épreuves collectives. Il permet des situations qui sont très angoissantes, parce qu’Il veut nous faire voir que nous avons remplacé la dépendance, la confiance, la ferveur d’esprit, par une sorte de vie mécanique et automatique.

Nous répétons nos chants dimanche après dimanche, semaine après semaine, et nous ne sommes pas exercés pour que le Seigneur, au milieu du désert, nous donne cette eau vive. Dans le désert, c’est du sable partout, et du sable brûlant. Mais le Seigneur peut faire jaillir cette eau vive dans l’assemblée la plus dénuée en apparence. Ce qui est le plus important, c’est la présence du Seigneur réalisée. Il vaudrait mieux ne rien dire, que de troubler cette réalisation.

Tant qu’une assemblée est reconnue par le Seigneur, et tant qu’elle n’est pas mise de côté, le Seigneur est là. Mais de quelle manière le réalisons-nous ? On le réalise de façon très variable. Cela ne devrait pas être. Nous avons tant de beaux cantiques, qui ont été donnés par des chrétiens vivants, comme celui-ci : «Ta présence est le bien suprême». C’est profondément vrai dans l’Assemblée, cela ! Mais parfois, si le Seigneur nous arrêtait, Il nous dirait : «Mais vous ne le réalisez pas» ! Que le Seigneur nous donne de prendre cela très au sérieux !

Prenons notre part de charges, d’exercices, chers frères. Que chaque frère, chez lui, prie beaucoup pour l’Assemblée. Qu’il recherche le Seigneur. Si on veut faire ses affaires et toutes ses affaires, et seulement cela, alors il faut tout abandonner. Alors il vaut mieux sombrer dans la chrétienté. Mais un frère qui fait ainsi a abandonné la partie.

Nous pouvons retrouver beaucoup des joies qui étaient au commencement. Ne prenons pas trop vite notre parti du fait que la faiblesse condamne à l’isolement. Ce serait manquer de foi, souvent. Que le Seigneur nous donne d’avoir cela à coeur. Dans nos familles, prions beaucoup pour chaque réunion.

Si le Seigneur appelle un frère à parler dans l’Assemblée, même s’il parle un mauvais français, cela vaut beaucoup mieux qu’un discours. Ne croyons pas, parce que le niveau général d’instruction s’élève, que nous soyons mieux à même d’entrer dans le service pour le Seigneur. Donnez-nous un homme, une femme, rempli de l’Esprit ; nous verrons le travail de Dieu se faire. L’action du Saint Esprit, chers amis… il ne s’agit pas de mysticisme. C’est justement le Saint Esprit qui nous en garde. Que chaque assemblée locale soit très exercée. Il y a des assemblées très petites en apparence, mais le Seigneur suffit à tout.

Il y a aussi des charges de toute importance. Une charge est locale. Surveillant, ancien, évêque, c’est la même chose. Il n’y a pas de qualification officielle ; mais demandons au Seigneur qu’il donne à des frères plus ou moins âgés (pas nécessairement très âgés) cette qualification morale qui fait qu’ils pourront être utiles dans l’Assemblée. L’ancien est pour l’ordre extérieur. Il veille sur le comportement, l’attitude. Autrefois, un frère n’aurait pas hésité (ou attendu) des mois pour prendre contact en privé, si quelque chose n’allait pas. Il ne s’agit pas de brutaliser quelqu’un en public. Quelqu’un disait : «L’Assemblée n’est pas le seul lieu au monde où la chair puisse faire ce qu’elle veut». Ce serait épouvantable. N’importe quel corps humain a une discipline. Les chrétiens ont la chair en eux, comme les incrédules. Cette chair a besoin d’être surveillée. Si le chrétien n’est pas assez fidèle pour demander au Seigneur de la surveiller, les frères peuvent venir au secours du défaillant. C’est très important, cela. Même le désordre dans les réunions, les anciens ont à veiller à cela.

Un frère peut très bien enseigner sans être docteur, faire une visite à une âme sans être un pasteur. Un frère qui prophétise donne cinq paroles par l’Esprit. Il a donné une prophétie, c’est-à-dire ce qui était propre à l’édification, à l’instruction, à l’instant voulu. En cela, il est un prophète. «Ne méprisez pas les prophéties» (1 Thess. 5:20) ; c’est la même chose.

Il serait très désirable qu’il y ait des réunions d’études dans chaque assemblée locale, études suivies sur les différents sujets scripturaires ; sinon, la vie de l’assemblée s’en ressent. Là où cela n’a pas lieu, certainement, c’est une lacune. Mais si cela a lieu, priez beaucoup pour cela. On n’invente pas la vérité ; on la reçoit par l’exercice de la foi, et aussi l’étude, avec le secours de l’Esprit et dans la prière. Il faut s’y consacrer.

Nous avons vu qu’il y a deux dangers pour l’ancien : qu’il soit nouvellement converti, qu’il n’ait pas un bon témoignage. Nouvellement converti, il risque de tomber dans la faute du diable ; c’est l’orgueil. Un jeune chrétien qui aspire à la surveillance risquerait d’être emporté par le péché qui a emporté le diable (le diable n’est pas tombé par une tentation extérieure, comme l’homme, mais par une tentation intérieure). Le piège du diable, c’est un piège que le diable tendrait à un jeune converti, s’il n’avait pas un bon témoignage de ceux du dehors.

Les femmes peuvent être servantes, servantes de l’Assemblée. Elles peuvent s’occuper de soins de diverses manières, se consacrer au service des saints. C’est très précieux, cela !

Les charges sont locales. Un ancien au Brus n’est pas ancien à Saint-Agrève. Les problèmes locaux sont à résoudre localement ; bien que souvent, on a à prendre contact avec des assemblées plus éloignées.

La vie collective des saints est encore plus difficile que la vie individuelle. Elle en résulte. Que le Seigneur nous accorde de ne pas nous écarter du chemin tracé. On est heureux là.

Nous avons à être gardés aussi de toute prétention vis-à-vis des chrétiens, quels qu’ils soient. Un frère conscient de ce que le Seigneur lui a donné, s’il oublie qu’il y a des chrétiens un peu partout, risque de recevoir le châtiment du Seigneur, ou sa place ne serait pas dans le témoignage. Avoir devant soi tous les saints, aimer tous les saints, tout en étant tenu aux réserves nécessaires suivant le cas, voilà le chemin.

Connaissant la vérité de l’Église, et que le témoignage des derniers jours doit être l’expression de ce que l’Église aurait du être en tout temps, colonne et soutien de la vérité, si des frères enseignés dans la vérité relative à l’Église piétinaient les frontières, ils auraient affaire au Seigneur, pour avoir méprisé des privilèges qui ont plus de valeur que l’or le plus pur.

Nous ne serons jamais assez reconnaissants pour les lumières que le Seigneur nous a données, le chemin dans lequel Il nous a engagés. Nous n’avons pas eu à essayer plusieurs chemins ; nous avons à reconnaître qu’il est véritablement le bon. C’est en cela que nous ne suivrons pas les hommes, bien qu’ils puissent nous aider.

Chaque frère doit suivre le Seigneur comme s’il était tout seul à le faire.

 

 

12                  Les dons de grâce, les dons spirituels — 1 Corinthiens 12:28-31 ; Éphésiens 4:11

 

[LC n° 87]

14 juin 1970

 

1 Cor. 12:28-31 donne une liste de dons spirituels ; Éph. 4:11 énumère les dons fondamentaux nécessaires à la formation de l’Église. Les frères ne sont pas ennemis de l’évangélisation, s’il y a accord entre l’accomplissement de ce service et son objet. Les dons divers agissent dans un même but divin. Les païens ont divers esprits ; les dons spirituels, eux, sont animés par une seule puissance, le Saint Esprit.

La caractéristique d’un rassemblement selon Dieu, c’est la libre action du Saint Esprit. Cela donne un sens très élevé à un rassemblement, même si une assemblée ne réalise pas toujours sa position. Les bases restent les mêmes ; elles sont divines. Le Saint Esprit est l’agent, le Père et le Fils sont les objets ; c’est donc l’Esprit qui agit. Un vase n’a pas les mêmes qualités qu’un autre, mais le Seigneur n’emploie pas un vase qui a une volonté propre. Le vase doit être brisé pour servir. Le Seigneur a choisi Pierre, un illettré. Une assemblée excellente peut être formée de gens peu instruits, car la puissance spirituelle dépend de la puissance morale : «Les esprits des prophètes sont assujettis aux prophètes» (1 Cor. 14:32). Un frère qui agit est responsable de son action. La puissance morale, chez un frère, ne provoquera jamais de désordre. Les frères les plus utiles ne sont pas toujours les plus instruits, mais ce sont ceux qui vivent le plus près du Seigneur. Même intellectuel, un homme ne deviendra jamais spirituel par ses propres efforts. L’assemblée peut être bénie par la seule prière d’un frère tout simple. Le don n’est pas la chose essentielle, mais bien la place que Christ tient dans le coeur.

Paul avait certainement tous les dons, et un frère peut en avoir plusieurs. Le don de pasteur, rare et très utile, consiste à s’occuper de l’état pratique des âmes. Pour être un bon pasteur, il faut connaître la saine doctrine. Docteur et pasteur sont des dons qui vont ensemble.

Si, dans l’assemblée, un frère est tombé, les réunions s’en ressentent, même si nous n’en connaissons pas la cause. Le Saint Esprit est très sensible à tout ce qui est contraire à la nature de Dieu. C’est pourquoi nous devons juger, tous les jours, nos pensées et nos sentiments. Ce ne sont pas seulement des choses grossières qui attristent l’Esprit. Les frères et les soeurs en vue ont à veiller plus que les autres, car leur chute aura, pratiquement, beaucoup plus de conséquences. L’assemblée devrait être à même de s’en rendre compte, par l’exercice de leur ministère.

Le don de prophète est davantage public. Il atteint les âmes sans rien connaître de leur état. Pour édifier l’assemblée, un frère ne doit parler que de ce qu’il a vécu avec le Seigneur. La vérité doit opérer en lui avant d’opérer dans les autres par lui. «Il n’y a point de juste, non pas même un seul» (Rom. 3:10) ; il enseignera cela avec profit, s’il a appris à se connaître lui-même. Enseigner une vérité qu’on n’a pas éprouvée pour soi-même est une forme d’intellectualisme. On rencontre ce danger à un haut niveau, chez les théologiens. Si le Seigneur nous appelle à faire un pas, faisons-le sous l’action du Saint Esprit. Qu’il agisse en nous d’abord, même s’il peut agir par nous sans nous : il a fait parler l’ânesse de Balaam ! Conscients de son action, nous ne sommes plus qu’un simple canal. S’il y a progrès moral, le ministère d’un frère ne sera plus le même dix ans plus tard.

Les soeurs doivent se taire dans les assemblées (1 Cor. 14:34-35), bien qu’une soeur soit souvent plus spirituelle qu’un frère. Il n’est pas rare qu’un frère fasse appel au jugement d’une soeur. Une soeur spirituelle pourrait parfois donner, dans l’assemblée, plus qu’un frère, mais elle sera plus utile en restant à sa place et en priant.

C’est très délicat de pousser des jeunes dont on ne connaît pas toujours l’état intérieur. Nous n’avons pas à prendre la place du Seigneur. C’est contraire à l’enseignement de la Parole, de pousser des frères à l’action. Encourager un frère trop craintif, c’est autre chose. Nous avons à être dépendants du Seigneur, et la dépendance exclut les initiatives. De même, nous n’avons pas à préparer une réunion, sinon par une préparation morale de notre vie et l’étude régulière de la vérité. Ayant son propre bagage, l’âme discerne par l’Esprit la vérité à présenter. Cette préparation continuelle de l’Esprit est un fruit de la piété de l’ouvrier. Nous n’avons pas à nous préoccuper du déroulement d’une réunion, mais à nous attendre au Seigneur et au Saint Esprit ; c’est ce qui distingue les frères.

Les réunions d’étude se passent un peu différemment, parce que le sujet est connu. Des questions peuvent être posées librement ; plus de trois frères peuvent intervenir. Le ministère de Paul et Barnabas s’accomplissait peut-être de cette manière, au début des Actes.

C’est une insulte à l’autorité de Dieu et du Seigneur que de créer des systèmes susceptibles de tout arranger, pour faire face à tout. Ne faisons pas passer la pensée de l’homme avant celle du Seigneur !

 

13                  L’état d’homme fait — Éphésiens 4:11-16, 20-24 ; 5:1-21 ; 6:10-18

 

[LC n° 108]

13 juin 1948

Méditations sur la vie chrétienne, édition FR 1995, p. 197

 

Le Seigneur a donné des dons pour que l’Assemblée soit formée et édifiée. Nous sommes exhortés à désirer avec ardeur des dons de grâce (1 Cor. 12:31 ; 14:1), et ce désir peut être aussi bien celui d’un individu que celui d’une assemblée. Désirer avec ardeur des dons de grâce, et surtout celui de prophétiser, ce n’est pas les demander au Seigneur un jour et, le lendemain, courir après d’autres objets. Désirer avec ardeur une chose, c’est avoir le coeur engagé dans cette chose. Nous ne pouvons servir deux maîtres, ni désirer avec ardeur deux choses. Il se peut qu’un chrétien, après avoir désiré avec ardeur beaucoup de choses légitimes de la terre, se mette à désirer des choses célestes ; mais, pour lui, le temps sera passé, la fraîcheur aussi ; cela peut arriver.

C’est le Seigneur qui donne les dons. Il forme le vase et met le don dans le vase, «selon sa propre capacité» (Matt. 25:15). Nul autre ne peut s’arroger cet honneur. Le Seigneur prépare le don ; il avait préparé Paul dès avant sa naissance, vase naturel extraordinaire dans lequel le Seigneur a déposé un don extraordinaire, pratiquement tous les dons. Les dons sont liés aux personnes. Le don est déposé dans un homme ; il faut reconnaître Dieu dans les siens.

Le pasteur prend soin des âmes, il doit avoir beaucoup de qualités. Il doit être discret, savoir ensevelir dans son coeur tout ce qu’il apprend, ne dire de ce qu’il a appris que ce qui doit être dit et à qui cela doit être dit. Il doit avoir la connaissance du docteur et l’appliquer à tel état d’âme ; on trouve des âmes dans des situations affreuses, inextricables. Il doit savoir aborder cette situation, car Dieu n’est jamais dépassé par une situation donnée. Mais on ne s’occupe pas des âmes à distance, et les serviteurs de Dieu seront en présence de toutes les laideurs du coeur de l’homme, de ses plaies, de ses horreurs, comme un médecin se penche sur les plaies les plus hideuses s’il veut faire son devoir. Le pasteur est un médecin pour les âmes ; il est en contact avec la réalité de l’état de l’âme ; il ne doit pas reculer devant sa tâche, mais y faire face comme le Seigneur lui-même : soigner, laver les pieds, sans se rebuter, même en face d’une attitude hostile. Que l’âme s’ouvre ou qu’elle se ferme, il doit toujours la mettre en contact direct avec Dieu. S’il n’est pas bien reçu, il peut se demander s’il a bien commencé son service par où il fallait, s’il a d’abord parlé du malade au Seigneur avant de parler du Seigneur au malade.

Quand un homme est converti, on pense que l’essentiel est fait. Certes, il peut mourir. Mais il faut soigner le peuple de Dieu tous les jours. Nous ne sommes pas responsables chacun seulement pour soi-même, mais chacun aussi, à des degrés divers, pour nos frères et nos soeurs, ne fût-ce que par la prière. Une mère prend soin de son enfant : il a la vie, mais si elle ne le soigne pas, il mourra ; il en est de même pour le chrétien. Dès qu’un homme est né de nouveau, l’Ennemi l’assaille et veut lui faire porter sa livrée à la place de celle de Christ. Satan ne peut pas lui ravir la vie éternelle, mais lui ôter son privilège de servir Christ.

Les docteurs sont importants dans l’édification du corps ; là où la doctrine n’est pas connue, les âmes sont ballottées par l’erreur, et l’erreur ne vient jamais de Dieu. Il est bon que des frères aient affaire avec la Parole de Dieu, qu’ils la découpent droit, selon la saine connaissance, et que les jeunes y soient encouragés. Si un chrétien ne connaît pas la Parole de Dieu, il n’aura rien à donner, comme un médecin qui ne connaîtrait pas les remèdes. Que les jeunes frères puissent croître dans la connaissance de la Parole, à genoux, avec le Seigneur ! Qu’ils aient l’intelligence spirituelle de l’Écriture, en la lisant et en lisant les écrits de ceux qui l’ont exposée avec justesse !

Le docteur développe la pensée de Dieu ; le prophète l’applique à la conscience au moment voulu, et ce don est celui pour lequel la plus grande puissance spirituelle est nécessaire. Le prophète donne une parole telle qu’une âme dira : il connaît toutes mes pensées et toutes mes circonstances. L’évangéliste travaille au-dehors ; son service est avec les inconvertis. C’est un service de toute beauté.

S’il y a du désordre dans l’exercice des dons, cela amène du mal partout ; si un docteur se met à remplacer un évangéliste, le travail ne sera jamais fait comme Dieu le veut. Un docteur peut annoncer l’évangile à sa mesure, mais il n’a pas pour autant le don d’évangéliste. Un évangéliste n’est pas là pour nourrir les âmes ou les soigner ; chaque serviteur a sa place. Il faut de l’ordre dans chaque service, et de la dépendance pour chacun. C’est une vérité éprouvante. Le but de tout ministère est l’édification du corps de Christ, pour que nous parvenions à l’état d’homme fait et «que nous ne soyons plus de petits enfants, ballottés et emportés çà et là par tout vent de doctrine» (Éph. 4:14). Un homme fait, qui a compris sa position en Christ, ne se pose pas toujours les mêmes questions ; il les a tranchées une fois pour toutes. On demande : quel mal y a-t-il à cela ? Peut-on aimer ceci ou cela ? Si on se pose les mêmes questions jusqu’à la mort, on est ballotté çà et là. Il faut bien faire son travail, chaque âme a ses devoirs ; mais une âme est ballottée quand elle aime autre chose que Christ. Tout ce qui nous rend Christ moins précieux est mauvais ; il faudra le laisser, et si nous ne le laissons pas dans la puissance de l’Esprit, il faudra le laisser dans le dépouillement que Dieu opérera en nous, à un moment ou à un autre. Le progrès consiste à réaliser ce dépouillement dans la puissance de l’Esprit. Lorsqu’un chrétien est indécis, ballotté, il ne cherche pas uniquement Christ ; il y a autre chose dans son coeur, sinon son chemin serait clair comme le plein midi. Un homme fait, un homme parfait, peut dire : mes délices, mon but, ma vie, c’est Christ dans la gloire ; le monde, je le traverse, mais de plus en plus, je vois que tout y est faux. Christ, le Christ de Dieu, l’homme Christ Jésus, c’est le but de ma vie. Si nous en étions là, bien des questions qui se posent parmi nous ne se poseraient plus. Ces questions ont deux causes : soit un mauvais enseignement, soit l’activité de la chair qui n’est pas jugée, qui poursuit à la fois un but terrestre et un but céleste. Nulle part dans l’Écriture, je ne vois que la personne de Christ ne doive pas contrôler toute notre vie. Devrait-il y avoir deux parts dans notre vie, une pour Christ et une pour nous ? Pour traverser ce monde en chrétien, il faut avoir Christ dans la gloire devant soi et la puissance de Christ avec soi. Sans cela, on le traverse comme un homme du monde, et peut-être plus mal encore ; car là où l’Ennemi laisse un homme du monde tranquille, il ne laisse pas tranquille le chrétien.

Chez un inconverti, il n’y a qu’un homme, que le vieil homme ; mais l’apôtre dit aux chrétiens : vous avez dépouillé le vieil homme, vous avez revêtu le nouvel homme (Eph. 4:22, 24). C’est une chose faite une fois pour toutes ; par la conversion, un homme reçoit une vie nouvelle, le nouvel homme ; c’est Christ en lui. Dieu a condamné le vieil homme, tout ce qui constituait notre être moral avant notre conversion, cet être qui aime le monde et les choses qui y sont ; et Il nous a donné une nature qui aime Dieu, les choses de Dieu, qui trouve ses délices en Christ. «L’Esprit lui-même rend témoignage avec notre esprit, que nous sommes enfants de Dieu» (Rom. 8:16). Telle est la position chrétienne. Si ce n’est pas notre cas, ou bien nous ne sommes pas chrétiens, même si nous aimons beaucoup de choses du christianisme, ou bien nous sommes des chrétiens en mauvais état. Beaucoup de personnes se seront dites chrétiennes sans l’être. Le nouvel homme, c’est un fait ; l’état chrétien est un fait ; ce n’est ni une influence, ni une question d’éducation. Là où il y a un témoignage collectif, les croyants fidèles sont responsables de ne laisser entrer dans ce témoignage que ceux en qui le travail de Dieu a été fait ; sinon c’est la profession chrétienne.

Les déclarations de Dieu sont solennelles : je suis chrétien ou je ne le suis pas ; j’ai le nouvel homme ou je ne l’ai pas ; je suis sauvé ou je suis perdu ; je suis du royaume de Dieu ou du royaume des ténèbres, c’est l’un ou l’autre. Seul Dieu peut faire passer des ténèbres à la lumière ; il faut prier pour cela et il n’est pas possible que Dieu ne réponde pas aux cris qui lui sont adressés.

La position chrétienne entraîne des conséquences pratiques. Il faut tenir en bride le vieil homme ; «tenez-vous vous-mêmes pour morts» (Rom. 6:11). «Si par l’Esprit vous faites mourir les actions du corps…» (Rom. 8:13), vous ne faites pas mourir le vieil homme, mais vous faites mourir ses actions. Un chrétien est comme un arbre greffé ; le vieil homme, c’est ce qui est au-dessous de la greffe, et le nouvel homme, c’est ce qui est au-dessus de la greffe ; il faut nettoyer sans cesse la partie inférieure, couper tout bourgeon qui apparaît ; c’est faire mourir les actions du vieil homme ; pour cela il faut la puissance du Saint Esprit. Que voit-on en nous : le vieil homme ou le nouvel homme ? Lit-on en nous tous les jours Christ ou Adam ? Le dernier Adam seul glorifie Dieu.

Vous êtes la lettre de Christ, lue et connue par tous les hommes (2 Cor. 3:2). Le chrétien est une lettre de Christ ; on devrait pouvoir lire Christ en lui, mieux qu’on ne pouvait lire Dieu sur les tables de la loi. S’il n’est pas nourri de Christ, c’est le vieil homme qui s’empare de l’activité extérieure. Il faut à tout prix que le nouvel homme croisse, sinon le vieil homme le supplante. Là est la cause de tant de défaillances, de tant de vies manquées, même sans faute grave extérieurement. Si des exhortations de la Parole concernent des choses graves, d’autres concernent des faits ordinaires, une parole folle, une plaisanterie. Les hommes aiment amuser la société et ils en sont fiers ; le chrétien doit l’éviter, car ce n’est pas le Saint Esprit qui produit cela en lui. Les frères du temps passé que nous avons connus étaient des frères à la parole grave, se méfiant d’eux-mêmes. Le Seigneur dit dans le sermon sur la montagne : que votre oui soit oui et votre non non (Matt. 5:37) ; ce qui est de plus vient du méchant. Si la communion avec le Seigneur est perdue, la joie sainte, qui est notre force, est perdue aussi. Et si notre joie n’est pas pleine en Christ, nous irons chercher les choses du monde à droite et à gauche. C’est à ce moment que nous dirons : quel mal y a-t-il à ceci et à cela ? Nous sommes déjà en chute. Si Dieu sonde notre âme, ne reculons pas : Seigneur, je comprends pourquoi j’en suis là. Ne continuons pas comme si tout allait bien. Plus un chrétien souffre lorsqu’il a perdu la communion avec le Seigneur, meilleur est son état ; c’est un bon signe. S’il y a négligence dans ses voies, le Seigneur peut l’endurcir, et il ne souffre plus ; c’est un triste état. «Réveille-toi, toi qui dors, et relève-toi d’entre les morts, et le Christ luira sur toi» (Eph. 5:14). Un chrétien qui dort à la vie, mais il est comme mort. Lorsqu’un chrétien est endormi par la mondanité, vous lui parlez de Christ, il est indifférent ; il doit être réveillé. Dieu peut envoyer un serviteur fidèle pour cela. Si nous étions fidèles, nous dirions, une fois, dix fois peut-être : Seigneur, vois ce chrétien qui dort ; et il nous dirait peut-être : va pour l’éveiller. Nous ne devrions jamais prendre notre parti de voir un chrétien aux mains du monde. J’ai le devoir de ne pas aller avec lui, mais aussi de l’arracher à sa situation. Là est l’amour. Abraham n’est pas allé avec Lot, et un beau jour, avec trois cents hommes armés, il l’a délivré.

«Soyez remplis de l’Esprit, vous entretenant par des psaumes et des hymnes et des cantiques spirituels» (Eph. 5:18-19). Si je ne chante pas par l’Esprit, je me séduis moi-même. Mais nous pouvons chanter des cantiques par l’Esprit, et c’est un moyen d’édification et de sanctification. Cela peut se faire dans le privé, et même individuellement.

On devrait voir dans les chrétiens des gens qui descendent du ciel, qui sont du ciel, dont l’appel est céleste, qui jouissent de Christ, qui sont d’un autre monde et qui peuvent dire : vous savez, nous connaissons la vérité ; nous connaissons Dieu, nous connaissons Jésus, nous savons ce qu’est le monde, nous connaissons la solution que Dieu a donnée au problème du bien et du mal. S’il en était ainsi, nous serions comme des luminaires au milieu d’une génération tortue et perverse (Phil. 2:15).

Quand nous nous rencontrons, si nous étions dépendants du Seigneur, nous saurions que nous dire, ou alors nous taire ; on parle quelquefois mieux à quelqu’un en ne disant rien. Si nous étions dépendants, au lieu de parler des choses du monde, nous saurions toujours donner la parole de grâce qui fait retrouver la saveur perdue des choses célestes. Voilà notre mission de chrétien ! Nous devons veiller à notre vie quotidienne dans tous ses détails, à la prière, à la lecture de la Parole, à nos pensées. Ne pensons pas à notre prospérité matérielle avant notre prospérité spirituelle. Que le Seigneur nous garde de parler des choses de Dieu si nous n’en jouissons pas ! Ne donnons pas le change aux autres ; nous ne le donnons pas à Dieu. Mais éprouvons notre coeur et réglons nos voies. La puissance de Dieu dans un chrétien se manifeste dans la mesure où il dépend du Seigneur pour marcher avec l’Esprit. Christ est notre bannière, notre gloire. Il n’y a que Christ pour Dieu, il n’y a que Christ pour nous ; pour Dieu toujours, et pour nous toujours.

 

14                  Marcher selon la vérité — Éphésiens 4:20-32 ; 5:1-23, 25, 33 ; 6:1-9  ; 1 Timothée 3:1-15

 

[LC n° 109]

12 décembre 1948

 

Cette lecture est très facile. Elle ne présente guère de points susceptibles d’arrêter, et nous la présentons devant chacun de nous pour qu’il la repasse dans son coeur. Il est remarquable que ce soit dans l’épître aux Éphésiens que nous trouvions les instructions que nous avons lues, et qu’elles fassent suite au déploiement des plus hautes vérités chrétiennes. C’est que le Seigneur ne perd jamais l’équilibre. Nous, nous le perdons facilement : tantôt nous risquons de réduire les enseignements chrétiens à un ensemble de préceptes détachés de la source qui les produit ; tantôt nous risquons de nous complaire à jongler avec les plus hautes vérités chrétiennes, en oubliant qu’une vérité a de la valeur dans la mesure où on y marche. Que nous ayons toujours à être sur nos gardes sur ce point, chacun le sent bien ! C’est l’un des faits frappants de cette épître aux Éphésiens, que, bien qu’elle fasse monter le chrétien au ciel, elle lui montre comment il faut bien marcher sur la terre, comment on fait un pas après un autre. Et il n’y a guère de contraste plus saisissant que celui que nous trouvons au chapitre 5, entre le verset 2 et le verset 3.

Aux versets 1 et 2, il est dit : «Soyez imitateurs de Dieu», et au verset 3, le Saint Esprit parle des péchés les plus graves.

D’autre part, il ne nous faut pas perdre de vue que le déclin, la fin du christianisme, sa corruption, son abandon final, est marqué, justement dans les Écritures, par le fait qu’on a conservé l’accord, pour ainsi dire, des vérités, et qu’on a abandonné la puissance que donne la vérité saisie dans le coeur. On a la forme de la piété, mais on en a renié la puissance. On sait beaucoup de choses, et on sait peut-être enseigner beaucoup de choses. Mais il n’est pas dit que le christianisme mourra faute de docteurs, pas du tout. Il mourra plutôt faute de martyrs.

Dans 2 Timothée, où il est parlé de cette fin du christianisme, il n’est pas dit qu’à la fin, il n’y aura pas de docteurs, mais bien «des docteurs selon leurs propres convoitises» (4:3). Et quelqu’un qui ne parlera pas selon la convoitise des chrétiens, on lui dira, comme aux prophètes d’autrefois, comme à Amos : «va-t’en» ; nous ne pouvons pas supporter tes paroles. C’est d’ailleurs un fait de tous les temps. Dans toutes les époques, quand on a été fatigué d’entendre ce que Dieu disait, qu’est-ce qu’on a fait ? On a tourné le dos à Dieu, on n’a pas tourné sa face vers Lui : «vous m’avez tourné le dos…» (Jér. 2:27). Et, quand on a pu, on a mis à mort le juste. C’est Jacques qui le dit : «Vous avez mis à mort le juste : il ne vous résiste pas» (5:6). D’abord Christ, mais partout, dans toutes les situations où il y a eu un juste, un homme de Dieu pour dire : Voilà ce que Dieu dit, pense, et que la chose n’était pas agréable aux auditeurs, on a fait son possible pour se débarrasser de ce juste.

Chers amis, nous faisons tous cette expérience, que toutes les fois que la Parole s’avance et que nous sentons qu’elle se présente avec son autorité et qu’elle nous gêne, nous avons tous envie de dire au Seigneur : «une autre fois» ; tu me parleras de cela une autre fois ; aujourd’hui, je n’ai pas le temps. C’est bien gênant… C’est l’esprit de la fin.

«Ils s’amasseront…» ; ils foisonneront, les docteurs ! Est-ce que, aujourd’hui, cela se situe dans le futur ? Certainement pas. Ils se sont amassés des docteurs selon leur propre convoitise, parce qu’ils ne pouvaient pas supporter la vérité. Il est bien probable, d’ailleurs, que si quelqu’un prêchait, dans les milieux soi-disant orthodoxes, Jean 3:16 : «Dieu a tant aimé le monde…», cela suffirait pour qu’il se fasse lapider. Dans nombre de milieux dits chrétiens, aujourd’hui, sans parler de la doctrine relative au témoignage et à la marche chrétienne, simplement prêcher le salut par le sang de Christ et dire à un homme : Vous ne croyez pas au sang de Jésus, vous êtes perdu, vous ne serez pas sauvé, eh bien, nous sommes dans des temps où dire cela, affirmer cette vérité de Dieu dans ces milieux, suffit à se faire rejeter.

Peut-être que certains d’entre nous, ici, en ont fait l’expérience (si certains ne l’ont pas faite, ils peuvent toujours la faire). Beaucoup d’entre nous, moralement, l’ont faite. Et peut-être que, parmi nous, lorsqu’on prêche la vérité un peu serrée de près, soit quant au salut, soit quant à la personne de Christ, soit quant aux vérités que la Parole révèle, peut-être que cela n’est pas reçu comme il faudrait ; Dieu le sait !

Je désire insister sur ceci, que la fin du christianisme est marquée, non pas par un manque de propagation de vérités et une pénurie de docteurs, pas du tout, mais par le fait qu’on ne veut pas écouter, qu’on se choisit ses docteurs, et qu’on ne veut plus écouter ce que Dieu dit. Est-ce nouveau ? Pas du tout, c’est le caractère de tous les déclins. Mais c’est plus frappant quand il s’agit du christianisme.

Comme nous l’avons dit plusieurs fois ici, et d’autres ailleurs — et c’est un sentiment qu’on a partout — nous risquons aujourd’hui de nous contenter de déclarer des vérités et de ne rien en faire, ou plutôt, de les renier, dans la pratique. Souvenons-nous que c’est une marque de la fin du témoignage. Qu’il nous soit donné, nous l’avons dit, de savoir peu, mais de vivre ce que nous savons. L’un des caractères de ce déclin, de cette perte de force dans la vie d’un homme, d’un chrétien, d’un témoignage, d’un corps de chrétiens, c’est l’abandon de l’autorité morale que donne précisément une marche pratique. C’est l’abandon de ce qui est moral, et un abandon couvert par la déclaration et la propagation de ce qui est en apparence spirituel.

Ainsi, si l’Esprit de Dieu nous promène dans les hauteurs divines de l’épître aux Éphésiens, dans la même épître, il est dit : «marchez soigneusement».

Dans ce que nous avons lu, il est parlé d’abord du nouvel homme et du vieil homme : avoir dépouillé le vieil homme, et revêtu le nouvel homme. C’est la position chrétienne. Le vieil homme, c’est l’homme naturel, qui aime le monde. On ne peut pas faire grief à quelqu’un qui n’est pas converti d’aimer le monde ; il faut bien qu’il aime quelque chose. Comme c’est un inconverti, il ne peut pas aimer Dieu ; il faut qu’il aime les plaisirs, l’argent, ce qui flatte et nourrit l’orgueil. Il faudrait dire à un homme de ne plus vivre, pour qu’il n’aime rien, dans ce monde.

Mais pour un chrétien, c’est une anomalie, une énormité, lorsqu’il nourrit dans son coeur des affections pour les choses qui sont l’aliment du vieil homme. Nous devons vivre comme ayant dépouillé le vieil homme et ayant revêtu le nouvel homme.

«La vérité est en Jésus, c’est-à-dire, en ce qui concerne votre première manière de vivre, d’avoir etc.» (4:21-22). Vous voyez quelqu’un qui vit dans le monde (un chrétien, peut-être un vrai chrétien, qui nourrit le vieil homme au lieu de nourrir le nouvel homme) ; la corruption, chez lui, va croissant. Il est de plus en plus mondain. Il a commencé avec des concessions de détail et, s’il nourrit le vieil homme (toujours avec le monde), il ira de plus en plus loin. Il n’a pas le droit de dire : Je m’arrêterai en temps utile. C’est l’ennemi qui lui fait dire cela. Il n’aura pas le pouvoir de s’arrêter en temps utile. Vous nourrissez le vieil homme ? Vous en porterez les conséquences. Le vieil homme se corrompt. Dans le monde, vous voyez un homme qui est pris par une passion comme la boisson. Il abandonne cette passion, il en cultive une autre, peut-être l’avarice ou la gloire. Aux yeux de Dieu, il est tout autant dans les mains de Satan qu’auparavant. Aux yeux des hommes, c’est moins répréhensible ; mais il est esclave de Satan, il n’a fait que changer son chemin. Le vieil homme se corrompt. Il faut faire notre compte de cela.

On disait une fois à un chrétien qui s’était laissé aller à une chose grave : On va vous emmener en prison. Il dit : C’est le vieil homme qui a fait cela. Eh bien, on va emmener votre vieil homme en prison.

Ce que je fais, c’est moi qui en suis responsable. J’en porte les conséquences, moi, tel que je suis, aux yeux des hommes et aux yeux de Dieu. Il ne s’agit pas d’user de ruse. Ce mot se trouve dans la Parole, chers amis, et c’est un des premiers mots de l’Écriture. Le serpent était le plus rusé de tous les animaux. La ruse, ce n’est pas l’intelligence ; c’est une intelligence mêlée de manque de droiture. C’est une puissance qui arrive à ses fins en tordant la vérité par un mensonge. C’est une chose laide, dans une vie chrétienne, que la ruse, que de manquer de droiture devant Dieu et devant les hommes. Et que d’hommes, lorsqu’ils ne peuvent pas arriver à leurs fins en toute lumière, se servent de la ruse pour y arriver par des voies de ténèbres — peut-être des chrétiens !

Nous avons à être renouvelés dans l’esprit de notre entendement, c’est-à-dire à croître. Un chrétien qui fait des progrès a besoin de Christ, de plus en plus.

«En justice et sainteté de la vérité» : la justice, la sainteté, la vérité, sont toujours liées à la présence de Dieu. Et, pour le cas où ces déclarations nous paraîtraient un peu difficiles à appliquer dans la vie pratique, le Saint Esprit entre dans les détails. Ce n’est pas dans cette épître que les détails les plus frappants sont donnés, quant à la vie chrétienne. Le tableau de la vie chrétienne — et pratique — le plus complet se trouve en Colossiens 3. Mais nous en avons ici quelques éléments, et nous trouvons : «Avoir dépouillé le vieil homme». Qu’est-ce que cela veut dire ? Eh bien, voici ce que cela veut dire, verset 25 : «ayant dépouillé le mensonge…». Voilà un cas, une application de ce dépouillement : «dépouillé le mensonge». Nous avons à veiller à cela ; et comment ? En parlant la vérité chacun à son prochain.

Quand je ne dis pas la vérité à mon frère, quand je dis un mensonge, je fais tort à Dieu et à mon frère. C’est sérieux, un mensonge ; et une demi-vérité, c’est un mensonge.

Sapphira, à qui on demandait : «Avez-vous vendu le champ pour tant ?» (Act. 5:8), dit oui. Ananias ne s’était pas engagé d’avance à donner tout le champ ; il avait vu Barnabas qui avait vendu son champ et qui apportait son argent aux pieds des apôtres, et il avait dit : C’est bien ; nous allons faire comme lui. Seulement, il n’avait pas la même foi. Ils vendent bien ce qu’ils ont ; ils n’en donnent qu’une partie, ils gardent l’autre. Ils voulaient leur bien, et ils voulaient le prestige que donne le dévouement pour le Seigneur. Que de chrétiens en sont là ! On veut honorer le Seigneur, être compté parmi le peuple de Dieu comme quelqu’un de dévoué, mais on veut rester à soi-même. Voilà un mensonge ; et il n’en avait pas l’apparence.

Parler la vérité l’un à l’autre ; savoir nous taire, savoir parler : le bon ou le mauvais usage de la langue, dans les rapports entre chrétiens, est d’une importance infiniment plus grande que nous ne le pensons !

Voilà un chrétien qui, si on évoquait devant lui la seule pensée de tuer son prochain, en serait effrayé. Or on peut tuer quelqu’un par un mensonge. Un chrétien qui, pour rien au monde, ne prendrait quoi que ce soit, un fétu, à son frère, devrait avoir la même crainte, lorsqu’il s’agit de lui faire du tort par quelque parole qui n’est pas selon la vérité. Et on fait parfois beaucoup plus de tort de cette manière qu’en prenant un fétu à son frère, ou même toute sa fortune !

Voilà ce que c’est que dépouiller le vieil homme ! Voilà le christianisme pratique. Flatter son frère, c’est du mensonge. Dieu ne flatte pas. Élihu dit : «Je ne sais pas flatter ; celui qui m’a fait m’emporterait bientôt» (Job 32:22). Pour avoir les faveurs de quelqu’un, on le flatte. Que de fois on flatte, pour gagner quelqu’un à soi ! Un des caractères de notre temps, c’est qu’on flatte. Les divers partis, qui se partagent les influences, flattent tant qu’ils peuvent les hommes, pour les ranger sous leur pouvoir. C’est à qui flattera le plus, pour frapper ensuite ceux sur qui on aura mis la main.

J’insiste sur l’emploi de la langue et l’usage de la vérité : parler la vérité chacun à son prochain. Que de maux parmi nous, que de maux graves, que de misères d’ordre spirituel, que de choses qui se passent parmi le peuple de Dieu et qui attristent le Saint Esprit, et qui n’ont pas d’autres raisons que l’usage non selon Dieu de notre langue. Il nous faut rappeler les passages qui parlent de la langue (Jacques).

Faut-il ne rien dire ? «Parlez la vérité chacun à son prochain» (Éph. 4:25). Et que de fois les frères ont dû s’ouvrir entre eux, sur telle ou telle chose, mais avec la crainte profonde de dépasser la limite que Dieu leur assigne, et avec le désir de ne savoir de tel ou tel fait qu’exactement ce qu’ils doivent savoir pour avoir la pensée de Dieu, et l’avoir exactement, sur l’affaire.

Que Dieu nous garde ! N’allons pas croire que nous prospérerons spirituellement parce que nous dirons des choses très élevées. Si nous marchons solidement, dans le sentier simple de la vérité et de la crainte de Dieu, alors seulement nous prospérerons.

Absalom nous donne l’exemple de quelqu’un qui ne marchait pas dans la vérité vis-à-vis de David. Il dérobait les coeurs par beaucoup de manifestations d’intérêt pour les autres : «Viens, je m’occuperai de ton affaire ; le roi n’a pas le temps». Il détournait les coeurs de David et montait la conspiration contre David. Et aujourd’hui, que de fois on détourne les coeurs du vrai David, qui est le Seigneur ! Toutes les fois que nous voulons mettre la main sur le coeur de quelqu’un, nous détournons les coeurs du vrai David. Est-ce que nous n’avons pas quelque chose à voir, tous ? Lorsqu’un frère a rendu service à un frère, il ne s’est pas acquis de droits sur ce frère ; il doit rester son serviteur, après comme avant. Sans cela, nous détournons les affections sur nous au lieu de les fixer sur Christ. Un serviteur qui se sert lui-même ne sert pas Christ ; ce n’est pas un serviteur de Christ ! Un service doit rendre le Seigneur précieux au coeur ; il doit présenter Jésus d’une infinité de manières. Mais ceux qui en sont les objets doivent être attirés à Jésus.

Chers amis, je crois que nous avons à prendre garde, dans la pratique, à ce que nous disons et à ce que nous faisons, et à bien laisser le Seigneur sonder notre coeur, pour déceler les motifs qui gouvernent toute notre activité.

Que le Seigneur nous soit précieux, notre Seigneur et notre maître, celui à qui nous appartenons pour toujours !

Je sais un exemple où le courage d’un chrétien, qui a parlé la vérité et qui a rapporté dans la lumière telle parole qui avait été dite dans les ténèbres, a rendu un immense service. Il a accompli son devoir vis-à-vis du Seigneur et vis-à-vis des siens.

Nous devons demander au Seigneur qu’Il nous donne une grande sagesse pour savoir écouter, pour savoir nous taire, pour savoir parler, pour savoir, à l’occasion, dire ce que nous pouvons savoir. Mais il faut se tenir devant Dieu ! Le secret, en tout cela, c’est d’être dans la présence de Dieu. Parlons la vérité l’un à l’autre, car nous sommes membres les uns des autres. Nous avons encore cet enseignement : «Que le soleil ne se couche pas sur votre irritation». On peut être en colère, car il peut y avoir une sainte colère. Il est dit du Seigneur : «les regardant à l’entour avec colère» (Marc 3:5). Seulement, chez Lui, il n’y avait pas le danger qu’il y a chez nous, celui que la colère prenne racine dans notre coeur et devienne une source corrompue de mal et de mauvaises pensées. C’est pourquoi le chrétien peut avoir éprouvé parfois une vraie, une sainte, une juste irritation, mais il doit veiller, en se souvenant que son coeur est une source de mal : «que le soleil ne se couche pas sur votre irritation».

Qu’il nous soit donné de prier beaucoup les uns pour les autres. Et, si nous avons un sujet de plainte contre un autre, commençons par prier pour lui.

Si nous ne jouissons pas davantage du Seigneur — Dieu le sait — en voilà peut-être les raisons. Qui dira l’importance de ces faits, qui ont l’air d’être des faits de détail, et qui sont les menus faits de la vie ? C’est pourquoi «marchez soigneusement». «Ne pas dérober», cela paraît élémentaire ; c’est écrit dans l’épître aux Éphésiens ! Une parole déshonnête ? Non, au contraire, une parole de grâce. Cela ne veut pas dire qu’il faille toujours parler des choses de Dieu. Si je n’en jouis pas, et si je ne suis pas appelé à en parler, il vaut mieux me taire, et ne pas affecter un état que je ne possède pas. De sorte que l’abondance des paroles dans les choses de Dieu est loin d’être un critère de piété et de vie de communion avec Dieu ! On a connu des personnes très abondantes en paroles, et même par écrit, et qui étaient loin de réaliser une vie avec Dieu correspondant à ces témoignages !

«L’amertume, le courroux, la colère, la crierie, l’injure, la malice… Soyez bons les uns envers les autres… Pardonnez». Ce n’est pas toujours facile, de pardonner. Le premier mouvement du coeur, quand quelqu’un vous a fait du tort et du mal, c’est : Je ne veux pas pardonner. Il faut crier à Dieu, trouver la voix de Dieu ; et Dieu permet de surmonter le mal par le bien, dans mon coeur.

Je pense bien que nous sentons tous que ce sont les combats les plus terribles, les plus difficiles, les victoires les plus difficiles à remporter : garder un coeur avec d’heureuses dispositions envers tous les saints, disposé à parler la vérité, même si on n’approuve pas quelqu’un… Ne pas garder, à son égard — même si quelqu’un nous a fait du tort — des sentiments qu’on n’ose pas avoir devant Dieu : «Imitateurs de Dieu».

Encore un mot sur ce que nous avons lu ensuite : la lumière, l’amour. Nous devons aimer comme Dieu aime. Souvent, nous n’aimons pas, ou nous aimons parce qu’on nous aime ou qu’on pourra nous aimer, ou pour qu’on nous rende la pareille. Dieu n’a pas aimé ainsi.

Après l’amour, la lumière. Enfants de lumière, marchons dans la lumière. Et «le fruit de la lumière consiste en toute bonté, justice et vérité, éprouvant ce qui est agréable au Seigneur».

«N’ayez rien de commun avec les oeuvres infructueuses des ténèbres…». Commun est à la base du mot communion ; nous ne devons rien avoir de commun avec les ténèbres. Et qu’est-ce que les ténèbres ? C’est le monde. «N’ayez rien de commun…» ; avec quel monde ? Le monde où on s’amuse ? Oui. Le monde religieux ? Oui, parfaitement. Mais j’ai beaucoup de raisons pour aller dans tel ou tel monde religieux ! Si c’est un monde qui est dans la lumière de Dieu, ce doit être le monde où vous êtes, si vous êtes dans la lumière de Dieu. Le Seigneur peut nous appeler tous à choisir entre lui et beaucoup de choses, ou beaucoup de personnes, que nous aimons.

«N’ayez rien de commun avec les oeuvres infructueuses des ténèbres, mais plutôt reprenez-les» (5:11). Quand je vais voir quelqu’un dans le monde, je suis lié par le fait que j’accepte d’y aller. Lot était lié à Sodome ; et voilà Lot qui va faire la morale aux gens de Sodome ! Ils lui disent : Qu’est-ce que tu viens faire ; puisque tu es avec nous, c’est que tu es comme nous ; si tu n’es pas comme nous, va-t’en !

Nous n’avons pas à aller porter la vérité de Dieu dans les milieux mondains, mais à reprendre, lorsque le monde vient sur notre chemin ou veut se trouver au milieu de nous, les oeuvres des ténèbres, et à ne pas laisser ces oeuvres s’établir dans notre coeur ni au milieu de nous.

Je ne sais pas quelles sont les relations que nous avons, mais les relations mondaines ont tué toutes les vies chrétiennes que nous avons connues et qui entretenaient de telles relations ; toutes, sans exception. Un peu de mondanité au commencement, et on finit par toute la mondanité.

Et voici encore un domaine où Dieu intervient pour que l’ordre soit établi, c’est le domaine de la famille. Il y a des frères plus qualifiés que moi sur ce point, qui ont plus d’autorité de par leurs propres circonstances — le Seigneur leur donnera de dire ce qu’ils peuvent avoir à dire. On ne saurait trop s’arrêter sur la valeur de ces enseignements, dans une période où, comme nous l’avons dit une fois ici, la cellule familiale, dans le monde, se désagrège (elle est désagrégée) : enseignements qui sont donnés aux femmes, aux maris. Sont-ils superflus ? Regardons les faits !

Et des enseignements qui sont donnés aux enfants, qui sont donnés aux parents à l’égard des enfants. Sur ce dernier point, je désire laisser sur le coeur des saints au moins ceci, sans aller plus loin (et c’est une vérité indiscutable, pourtant battue en brèche un peu partout, aujourd’hui), que la responsabilité à l’égard des enfants est considérée, dans les Écritures, comme étant possédée par les parents, exclusivement. Dans ce domaine, responsabilité et autorité vont ensemble. Rien ne remplacera l’exercice de l’autorité scripturaire des parents envers les enfants ; aucune institution au monde ne remplacera cela. Elle pourra chercher à pallier des maux contre lesquels le monde ne peut rien aujourd’hui ; mais elle n’est pas d’institution divine. L’institution divine, c’est que les parents ont à s’occuper de leurs enfants. Que voit-on aujourd’hui, dans un monde chez lequel ce caractère d’apostasie se trouve, comme tant d’autres ? On confie les enfants à d’autres que les parents. On voit cela : la société se charge des enfants. C’est un défi à Dieu, une offense à Dieu, un oubli de ce que Dieu a dit. C’est analogue à ce qu’a dit Lémec dans la Genèse : il a pris deux femmes, il a outragé Dieu en cela ; et il l’a outragé une seconde fois par la parole qu’il a dite, la mettant en parallèle avec celle de Dieu à l’égard de Caïn.

Si nous voulons la bénédiction, l’approbation de Dieu, écoutons ce qu’il dit. Nous avons la Parole entre les mains ; c’est pour nous soumettre à ses enseignements. Aucun domaine ne lui échappe, et le domaine familial pas plus qu’un autre.

Les conséquences du fait que, dans la société actuelle, on a renié l’institution divine, sont incalculables. Personne ne peut les calculer. Et, certainement, cet état de choses ne fait que contribuer à l’accélération de la préparation de ce temps dont il est parlé, l’apostasie, qui doit venir une fois que les saints seront enlevés. Dieu est un Dieu d’ordre, et Il sait ce qu’Il a établi.

Qu’on n’invoque aucun prétexte pour dire que les choses ont changé ! La pensée de Dieu n’a pas changé. Que nous soyons faibles pour la suivre, c’est certain. Mais si nous voulons la bénédiction de Dieu, cherchons sa voix, sa pensée, son chemin.

Il nous reste, dans les temps de la fin où nous sommes, des instructions de Dieu. Nous en avons vu se rapportant aux anciens, aux évêques et aux serviteurs. Les surveillants, ce sont les évêques ou les anciens (c’est synonyme). Ils ont avant tout un caractère moral. Les serviteurs, ce sont ceux qui servent dans l’assemblée ; et les serviteurs doivent remplir des conditions qui sont indiquées, pour que le caractère du service soit approuvé de Dieu et approuvé des siens. Et c’est là que nous trouvons les caractères de sérieux, de gravité, de crainte de Dieu, même chez les femmes. C’est ce que nous trouvons, dans la Parole. Si la Parole n’a plus d’autorité sur nous, nous ne pouvons pas donner cher d’un christianisme où la Parole n’a plus d’autorité ! Dieu n’en donne pas cher !

Que le Seigneur nous donne de vivre près de son coeur, de suivre de très près ses exhortations, qui sont très simples. Nous en avons dit quelque chose aujourd’hui, des choses que les enfants peuvent comprendre. Un enfant sait ce que c’est qu’un mensonge. Un enfant ment très tôt ; on n’a pas besoin de lui apprendre à mentir, car la source est dans son coeur !

Que Dieu veuille, si quelqu’un ici n’était pas converti, lui donner la vie de son propre Fils et, à nous tous qui possédons cette vie, qu’Il nous accorde de la montrer.

 

15                  Tristesse et joie — 2 Corinthiens 6:9-10 ; 7:9-12 ; Galates 5:22 ; Éphésiens 4:30 ; Hébreux 12:11

 

[LC n° 90]

9 mai 1954

 

Je cite aussi de mémoire le passage où se trouvent ces mots : «Mon âme est saisie de tristesse jusqu’à la mort» (Matt. 26:38).

Je rappelle aussi les paroles prononcées par le Seigneur avant de quitter les siens, dont Il sentait que le coeur était brisé à la pensée que Jésus, qu’ils aimaient, allait les laisser tout seuls, aux prises avec un monde dont ils avaient senti la dureté se préciser à l’égard de leur maître bien-aimé. Ce qui fait que Jésus pouvait leur dire : «Vous avez persévéré avec moi dans mes tentations» (Luc 22:28). Le Seigneur leur dit : «Je vous enverrai le consolateur» ; Il l’a envoyé.

Ce sujet précieux de la tristesse et de la joie, dont on vient de nous parler, est bien digne de retenir la méditation de nos coeurs. Pourquoi sommes-nous tristes ? Pourquoi sommes-nous joyeux ? Cela touche à toute la vie pratique, réelle, de notre âme, de notre coeur. La tristesse du coeur, de l’âme, peut avoir son origine dans la conscience ; elle peut aussi avoir son origine ailleurs. Et la Parole répond à tout.

Voilà un coeur qui est brisé par une épreuve, alors que la conscience est bonne. Nous savons tous ce que c’est que de passer par une épreuve sans que la conscience soit chargée. Le coeur est brisé par une tristesse ; «attristés», dit Paul.

Considérons ce genre de tristesse. Il n’est pas un chrétien, pas une famille, pas un corps de chrétien, pas une assemblée — si le Saint Esprit se meut en elle — qui ne connaisse ce genre de tristesse, de peine.

Le Seigneur sait très bien qu’alors, notre coeur est brisé. Et pourtant, en effet, comme cela nous a été rappelé, il nous dit : «Réjouissez-vous toujours dans le Seigneur» (Phil. 4:4). «Toujours» ; il n’y a pas d’exceptions à cela. Dans ce cas d’épreuve, nous pleurons ; les larmes remplissent le coeur de l’assemblée (lequel d’entre nous n’a pas connu cela, dans sa carrière chrétienne ?). Mais alors, il y a la douceur de la présence divine. Jésus vient dans notre coeur et nous donne de réaliser ce miracle que Lui seul peut faire : nous pleurons et nous nous réjouissons en même temps. «Tu mets mes larmes dans tes vaisseaux, ne sont-elles pas dans ton livre ?» (Ps. 56:8). Est-ce que le Seigneur nous demande d’avoir un coeur insensible et sec ? Pas du tout. Et, s’il fallait s’arrêter sur ce point, il suffirait de dire ce que l’Écriture présente, et ce sur quoi d’autres plus qualifiés que nous aujourd’hui ont insisté : il est dit que Jésus a pleuré ; il n’est jamais dit qu’Il ai ri. C’est un fait. Qu’on discute sur ce point, qu’on l’interprète comme on le veut, c’est un fait absolu, divin, que l’Écriture ne donne jamais une trace d’un fait où Jésus ait ri, ni souri.

Ainsi, le Seigneur peut réaliser en nous cette merveille que, tout en étant affligés (c’est écrit — mais nous ne sommes pas affligés «comme les autres qui n’ont pas d’espérance», 1 Thess. 4), nous avons, en même temps, dans nos âmes, cette joie divine, qui est grave, efficace, et qui console nos coeurs. Elle ne nous empêche pas pour autant de pleurer. Mais que de fois cette présence de Jésus avec les siens, dont le coeur est brisé, demeurera pour eux le souvenir le plus brillant de toute leur carrière terrestre ! Mais il faut le Seigneur ; c’est autre chose que des mots !

Ces tristesses liées aux circonstances, nul n’y échappe. Et combien nous avons besoin du Seigneur pour que, véritablement, nous puissions connaître quelque chose de cette joie, de la consolation divine, qui est une joie au milieu de nos larmes. Le Seigneur n’arrête pas d’un seul coup la souffrance du coeur. Ce n’est pas parce qu’il vient dans notre coeur que la souffrance cesse pour autant ; et la souffrance n’est jamais une chose, en elle-même, agréable. Mais Il est avec nous dans la souffrance et la transforme. Il se montre supérieur à elle. Le coeur est même rendu plus sensible à la douleur, avec lui. Mais il est sensible, aussi, à l’efficacité de la consolation qui est fournie. Que de fois ne l’avons-nous pas éprouvée, dans le secret de notre âme ; et c’est ainsi que l’âme s’enrichit dans la connaissance de Jésus.

Le Seigneur a connu la tristesse dans son âme jusqu’à la mort ; nous savons pourquoi. Au moment même où Il disait : «Mon âme est saisie de tristesse jusqu’à la mort» (Matt. 26:38), sa communion avec le Père était parfaite, puisqu’elle n’a été interrompue que pendant les trois heures de la croix. Son coeur était rempli d’une joie accomplie ; et, en même temps, il sentait, à l’infini, toute l’horreur du péché qui l’entourait, toute l’inimitié des pécheurs contre Dieu, qui lui causait une souffrance qui n’a jamais cessé.

«Attristés, mais toujours joyeux». Voilà l’état remarquable de l’apôtre Paul, imitateur de Christ. «Attristé» : il avait bien peu de sujets de joie, dans les saints ! Voilà aussi pour nous un sujet de souffrance, si nous avons à coeur le bien des saints, du témoignage ! Voilà un sujet de tristesse, de souffrance ! L’apôtre était assiégé nuit et jour par sa sollicitude pour toutes les assemblées de Dieu. Il était attristé, en voyant combien les coeurs n’étaient pas, à l’égard de Jésus, ce qu’ils auraient dû être. Et il était toujours joyeux, veillant à l’état de sa propre âme.

Nous pouvons penser, d’ailleurs, qu’il y a des moments de tristesse dans notre vie qui ont une cause tout à fait en dehors de nous. Supposons que, dans une assemblée, un chrétien marche mal, qu’il y ait là quelque péché, quelque faute inconnue, un chrétien qui est mondain ou qui marche mal. Il y a une tristesse qui en résulte, une souffrance chez tous les autres ; et il est impossible qu’il en soit autrement. Chacun a sa responsabilité à cet égard, sans aucun doute. Il peut y avoir des faits très précis à l’origine de ces tristesses et de ces souffrances.

Dans 2 Cor. 7, que nous avons lu, nous trouvons qu’il y a une tristesse selon Dieu, et une selon le monde. La tristesse selon Dieu, c’est ce qui a été lu tout à l’heure, dans l’épître de Jacques ; c’est une tristesse que le Saint Esprit opère dans la conscience à propos de quelque chose qui doit être réglé et ne l’a pas encore été ; c’est une tristesse liée à la repentance. Quant à la tristesse selon le monde, elle opère la mort. Le monde est triste et fait le mal, mais sans exercices de conscience. Il ne se tourne pas vers Dieu. Quel en est le résultat ? Judas en est un exemple : c’est le remords, le désespoir.

Il y a des causes de tristesse pour lesquelles nous avons un remède précis que l’Écriture nous apporte, soit dans Jacques, soit dans Corinthiens ; c’est bien important. Mais toutes les tristesses n’ont pas ces causes-là !

Dans l’épître aux Hébreux (chap. 12), nous trouvons l’école de Dieu, à laquelle nous passons tous, dans laquelle nous sommes tous, car toute notre vie durant nous sommes à l’école de Dieu. C’est ce que signifie le mot discipline. Discipline veut dire : former. C’est l’ensemble des moyens dont Dieu se sert pour nous former. Le verset nous dit «qu’aucune discipline, pour le présent, ne semble être un sujet de joie, mais de tristesse» (Héb. 12:11). Toutes les épreuves par lesquelles Dieu nous fait passer sont un sujet de souffrance. Nous sommes tous sous la bonne main de Dieu. C’est Lui qui nous éduque, qui fait notre éducation morale et spirituelle ; et il est dit, d’une façon expresse, qu’aucune de ces formations ne semble être, pour le moment, un sujet de joie, mais de tristesse. C’est parce que Dieu nous brise en quelque chose, et ce n’est jamais agréable, d’être brisé. Il brise notre volonté en touchant quelque chose qui s’y rattache. Mais nous voyons que, plus tard, cette discipline, cette formation, ce stage à une école, à une classe de l’école de Dieu, porte un fruit paisible. Ce n’est pas le fruit agité que la chair prétend porter, mais le fruit paisible de la justice pratique : des choses agréables à Dieu. Ce chrétien est plus humble, moins mondain, moins volontaire ; il répand davantage le parfum de la vie de Christ. C’est un fruit paisible, le fruit paisible de la justice pratique. Mais ce fruit est porté par ceux qui sont exercés, qui, au lieu de traverser cet exercice en cherchant à maintenir une joie fausse, acceptent la tristesse que la main de Dieu trouve bon de leur dispenser. C’est pourquoi les versets précédents nous disent qu’il y a deux dangers, dans ces circonstances : être découragé, ce qui est, pour ainsi dire, avoir lâché la main de Dieu ; et, d’autre part, traiter la chose à la légère. Voilà les deux dangers : être découragés, ou bien alors dire : ceci est fortuit ; ceci n’a pas de sens, de signification. Et c’est cela qui est appelé mépriser la discipline. Dans toute notre vie, nous avons à avoir l’oeil spirituel ouvert sur le sens des choses que nous rencontrons, tous les jours, tout le temps.

Enfin, nous avons vu que la puissance pratique et la source de la joie, c’est le Saint Esprit. Il n’y en a pas d’autres. C’était le Saint Esprit qui faisait chanter Paul et Silas, dans la prison. C’est lui qui produit la supériorité sur les circonstances et sur la chair. Dans Galates (passage lu), le fruit de l’Esprit, est-il dit, est «l’amour, la joie, la paix, la longanimité, la bienveillance…» ; il s’oppose aux différents fruits de la chair.

Lorsque l’Esprit est contristé en nous, nous ne sommes pas heureux. Si l’Esprit est contristé au milieu de nous par quelque mal qui est là, inconnu, non manifesté encore, il y a en nous une tristesse qui n’est pas de bonne source. Mais nous n’y pouvons rien, tant que la chose n’est pas réglée.

Combien la vie de notre âme est une chose délicate ! Mais des ressources sont à notre disposition. De sorte que nous devrions être des gens qui, dans ce monde, proclament la gloire de Dieu et, pour reprendre un passage qui a été lu ce matin, être un peuple au milieu duquel un chant de triomphe royal retentit. Nous devrions toujours être cela. Nos larmes, nos épreuves, ce n’est pas, au fond, ce qui nous empêche de bénir Dieu. Ce qui nous empêche de le faire, c’est notre volonté non brisée ; c’est du mal non jugé, le manque de séparation du monde, un manque d’exercice avec Dieu et avec le Seigneur. Autrement, nous réaliserions cette merveille d’être attristés mais toujours joyeux. Nous ne pouvons pas ne pas être tristes, quand nous voyons les pauvres pécheurs qui vont tout droit en enfer, et sans le savoir, et qui, croyant parfois être dans le bon chemin, outragent Dieu ou se séduisent eux-mêmes. Quel sujet de tristesse, si nous étions des chrétiens fidèles ! Tandis que, souvent, nous allons boire le vin qu’ils boivent, c’est-à-dire que nous allons prendre la même coupe qu’eux, ce vin qui était interdit au nazaréen, le vin de la communion avec la joie du monde. Que de fois cela arrive ! Ce n’est pas une joie selon Dieu, cela ; c’est une joie pécheresse, coupable, et qui est cause de tristesse, parmi le peuple de Dieu. Combien nous avons à veiller, chacun pour soi. Et, si nous aimons le Seigneur et si nous aimons les siens, nous veillerons, non seulement pour nous-mêmes, mais aussi pour les bien-aimés du Seigneur. «Si un membre souffre, tous les membres souffrent» (1 Cor. 12:26) ; si un membre est glorifié, les autres le sont avec lui. Si un frère est rempli de joie pour le Seigneur, c’est un bénéfice pour le Seigneur et pour les bien-aimés du Seigneur. Si un frère est rempli de la joie du monde, s’il trempe ses lèvres dans la coupe dans laquelle le monde trempe les siennes, ce frère est infidèle au Seigneur, et infidèle à son service envers les saints, absolument infidèle.

Ah, si l’Église avait gardé ce caractère du commencement, elle eût été remplie des manifestations de la gloire de Dieu, et de la joie que Dieu donne à ceux qui se tiennent en sa présence, en communion avec lui !

S’il y avait ici quelqu’un qui soit triste parce que ses circonstances sont pénibles, eh bien, bien-aimés, est-ce que nous savons aller le trouver ? Est-ce que nous savons prier pour lui ? Est-ce que nous savons nous tenir près de lui, pour que Dieu remplisse son coeur de cette joie qui n’arrête pas les larmes, mais qui transforme les larmes amères en des larmes douces ? Faisons-nous cela, chers amis ? Le Seigneur l’a fait. Il vaut mieux aller dans la maison du deuil que dans la maison du rire. Mais est-ce que nous le faisons ? Est-ce que nous pensons à ceux qui ainsi souffrent, dont le coeur est brisé ? Et à l’égard des autres, de quelqu’un qui a besoin de sentir ses misères, de mener deuil et pleurer, il y a aussi un service, au moins la prière. Si nous voyons quelqu’un qui extériorise une joie légère, alors que d’autres sentiments siéraient beaucoup mieux à son âme et à son état, remplissons-nous à son égard le service qui conviendrait devant le Seigneur, au moins par la prière, en demandant pour lui que le sillon de la charrue de Dieu soit tracé dans son coeur, le sillon au fond duquel le Seigneur fait lever son propre blé ? Pensons-nous à lui comme nous avons à le faire, devant Dieu, et accomplissons-nous à son égard ce service délicat auquel l’amour pense, et que l’amour est assez intelligent pour accomplir ? Il y a là un travail persévérant, délicat. Il suffit d’y penser pour sentir, chacun pour soi, qu’on y manque beaucoup. Et quand un frère est dans la tristesse directement par sa faute, eh bien, faisons-nous toujours ce que l’amour du Seigneur nous invite à faire pour que ce frère, qui est peut-être attristé par quelque profond travail de conscience, retrouve avec le Seigneur, avec le Père, cette lumière, cette clarté de la présence de Dieu, qui est le secret de la joie (y en a-t-il une autre part ?) ?

Et veillons-nous ainsi à penser aux épreuves des saints, à ceux qui sont dans le deuil ? Il y a là tout un travail d’amour à remplir, dans le détail, au moins en prière devant Dieu. Il y a évidemment un service pastoral ; mais on n’a pas besoin d’être un pasteur pour penser à son frère et à sa soeur, pour penser à lui en prière devant Dieu. Le plus jeune frère, la plus jeune soeur, a l’occasion d’accomplir ce service pour le Maître et pour ceux qui lui sont si chers.

Et si on voit un frère mondain, est-ce qu’on va lui sauter au cou, comme pour approuver tout ce qu’il fait ? Est-ce qu’on n’a rien à lui dire, à lui montrer ? Est-ce qu’il n’y a pas à l’avertir, d’une façon ou d’une autre ? Car il se prépare de grandes tristesses.

La joie que le Seigneur donne est une joie sainte ; c’est une joie grave, qui remplit le coeur. Nous sommes heureux dans le Seigneur, si nous sommes avec lui. Mais, dans un monde où, on l’a souvent dit, nous avons à serrer nos vêtements autour de nous, nous avons à être des nazaréens, pour être heureux. Le moment vient où notre vigilance cessera, où ce sera la joie pure dont on nous a parlé tout à l’heure : «On ne sera que joyeux», comme il est écrit au sujet de la fête des tabernacles (Deut. 16:15) qui nous parle de la joie éternelle. Nous pourrons alors, mais pas avant, laisser flotter nos vêtements : «mangez, amis, buvez abondamment, bien-aimés» (Cant. 5:1). «En vérité, dit le Seigneur, je vous dis que je ne boirai plus du fruit de la vigne jusqu’à ce jour où je le boirai nouveau avec vous dans le royaume de mon Père» (Matt. 26:29).

 

16                  L’ordre selon le Seigneur dans l’assemblée — Apocalypse 3:7, 8, 11, 14-18 ; Éphésiens 5:7-9 ; 1 Corinthiens 5:8, 11-13

 

[LC n° 159]

28 mars 1971

 

Il faut, individuellement, chacun pour notre compte, revenir aux vérités fondamentales. Nous constatons, chacun pour nous-mêmes, que nous risquons de les mettre au niveau des questions de détails.

Le Seigneur ne présente pas ces vérités selon nos privilèges. Peut-être avons-nous une tendance un peu trop soutenue à nous en tenir à cela.

Le Seigneur, ici, se montre comme un juge. Et le jugement commence par sa propre maison (1 Pier. 4:17). Il est celui qui inspecte, qui visite. Le Seigneur, étant dans le temple, promenait ses regards (Marc 11:11). Ainsi, le Seigneur promène ses regards dans les assemblées. Rien ne lui échappe ; et il n’oublie rien.

Il n’y a pas que les privilèges. On verra que celle qui a été le plus comblée de privilèges, sera l’endroit où se manifestera la plus grande méchanceté.

Le Seigneur nous parle pour nous avertir. Vous avertissez bien vos enfants. Si un père flattait toujours son enfant, son enfant serait en danger de tourner très mal.

Parfois, on aime qu’on nous flatte. Les frères et les soeurs sont très sensibles à cela. Autrement dit, on fait passer les frères et les soeurs avant le Seigneur. Et, avec cela, on lui demande de lui être fidèle, à longueur de journée ! C’est très facile, de lui être fidèle en paroles.

Demeurer dans la vérité et dans la lumière, c’est le moyen de réaliser la sainteté. Et une marche dans la sainteté, c’est éliminer de sa vie tout ce que la vieille nature peut nourrir.

Il est le Saint et le Véritable.

Ce qui est à désirer, c’est qu’il y ait un caractère de Philadelphie. Car il peut germer parmi nous, le caractère  de Laodicée. La sainteté et la vérité, oh, c’est très délicat ; on n’aime pas cela. «Le fruit de la lumière consiste en toute bonté, et justice, et vérité» (Éph. 5:9). «Que Dieu soit vrai et tout homme menteur» (Rom. 3:4).

Est-ce que nous avons à coeur de réaliser la vérité en nous ? Parfois, un mensonge est consommé par un silence. Le Seigneur se moque de nos promesses. Ce qui lui plaît, c’est l’état de nos coeurs. Si l’état de nos coeurs est bon, cela lui plaît. On n’est pas heureux, quand on n’est pas au clair avec lui. Il est «le Saint et le Véritable». «Qu’il se retire de l’iniquité, quiconque prononce le nom du Seigneur» (2 Tim. 2:19).

«Tu as gardé ma Parole, et tu n’as pas renié mon nom» (Apoc. 3:8). Qu’est-ce que cela veut dire ? Comme le disait un frère, l’activité de Philadelphie était trop au-dessous de la surface pour être vue du monde. Chez un homme de Sardes, vous ne trouverez pas ce caractère de Philadelphie, où Christ est tout.

Ce qui a caractérisé Philadelphie, c’est Christ sur la croix, Christ dans le ciel, Christ revenant. Philadelphie avait tout son coeur avec Christ dans le ciel.

N’avons-nous pas tendance à considérer deux chrétiens, et à les apprécier, selon leur position sociale ? Et comme il est bon de le redire, n’est-ce pas ? Le Seigneur nous fera des reproches, un jour. Redisons-le : Les valeurs, dans l’assemblée, sont les valeurs spirituelles ; et il n’y en a pas d’autres. Un frère illettré, dans l’assemblée, mais pieux, viendrait nous apporter quelque chose de la part du Seigneur, ce frère pourra avoir plus de valeur, à Ses yeux, que le frère le plus cultivé. Je prends cet exemple extrême pour nous dépouiller de nos erreurs.

Quel témoignage ce serait, si on pouvait dire : «Vous savez, cet homme, cette femme, vous pouvez le prendre à quelque heure que ce soit, jamais vous ne le prendrez en défaut» ; ne cherchant pas à se faire remarquer, marchant dans l’ombre.

Nous avons à veiller sur nos coeurs, chaque jour, contre l’influence du monde.

Celui qui a Christ sans argent est riche. Celui qui a de l’argent sans Christ est pauvre. S’il y en a un de qui on ne peut pas se passer, c’est bien le Seigneur. Que le Seigneur nous aide, dans les assemblées, à nous exciter à l’amour et aux bonnes oeuvres ; oui, à l’amour divin !

Ne pas renier son nom, c’est son autorité. Nous arrivons ainsi à l’autorité du Seigneur dans l’assemblée.

Quand des assemblées locales ont été formées, dans bien des endroits, dans divers pays, les frères et les soeurs ont été les objets de toutes sortes de moqueries, qui visaient ce rassemblement qui, par la nature des choses, était en contradiction avec tout le reste. On disait : «Comment voulez-vous que cela tienne ?». Est-ce que le mépris ne vous a pas fait reculer, plus d’une fois, d’être fidèle au Seigneur ? Nous aimons tellement les flatteries, qu’on tienne compte de nous.

Ne faisons jamais passer le service avant le Seigneur ! Nous avons à encourager les âmes à rechercher le Seigneur, à nous laisser passer à l’école du Seigneur. Chacun a son expérience propre qui le lie au Seigneur. Ne pas renier le nom du Seigneur : il est dans l’assemblée. Par le Saint Esprit, nous pouvons goûter sa Parole, avoir sa pensée et agir de sa part. La présence du Seigneur peut se faire sentir. Dans cette présence, on est content.

Toutes les fois que la communion avec le Seigneur baisse, la chair fait des siennes. Si ce n’est pas lui qui nous fait nous mouvoir, c’est la chair qui se manifeste. Et on peut s’attendre à tous les malheurs. Et alors, de la part d’un jeune frère, d’une jeune soeur, très aimable, on assiste à des choses effrayantes. Et on devient un ennemi de la vérité, une entrave dans l’assemblée.

Un homme spirituel, voilà ce qu’il faudrait rechercher. Il pourra être une aide, dans l’assemblée. Paul, vous ne l’auriez pas fait fléchir par une flatterie, ni par une menace.

Confiez-vous en Christ ! C’est le Seigneur qu’il faut rechercher, à tout prix.

Mais il a établi l’ordre dans l’assemblée. Les frères et les soeurs sont responsables. Personne ne peut dire : «Je me lave les mains de tout». Il y a un ordre. Dieu est un Dieu d’ordre, dans l’assemblée (1 Cor. 14:33). Si la présence du Seigneur est réalisée, les hommes qui entreront pour la première fois dans cette salle diront : «Vraiment, la présence de Dieu est là !».

Chacun doit savoir ce à quoi le Seigneur l’appelle. Peut-être sommes-nous désobéissants ? C’est probable. Il y a toujours Satan, qui cherche à ravager et à entraîner les chrétiens à la ruine. C’est pourquoi les réunions ont une haute valeur. D’une réunion, on peut emporter un riche bienfait. On vient pour trouver Dieu et goûter sa présence. Comme le disait un frère, il vaudrait mieux ne rien dire et goûter sa présence.

Il faut toujours se dire qu’il y a là, dans les réunions, des frères, des soeurs, qui ont des fardeaux, et des inconvertis. Si nous agissons par la chair, le climat n’est plus le même. Voyez le mal que vous pouvez faire.

L’assemblée doit se purifier de toute iniquité.

Que Dieu nous donne de marcher humblement ! Que Dieu nous donne de réaliser cette humilité qui lui plaît ! La grâce fleurit dans la vallée de l’humilité. Et Dieu sait bien qui est humble. L’orgueil, que de maux il a produit !

Si du mal existe, s’il n’est pas connu, il en résulte une souffrance. Le Saint Esprit est attristé. Chers frères et chères soeurs, que nous priions le Seigneur pour qu’il préserve les assemblées ! Une soeur, plus elle est effacée, meilleure est sa position. On dira : «Mais il y a des situations insolubles !». Pour Dieu, jamais.

Un chrétien orgueilleux peut devenir un méchant. Nous avons à veiller à ce que l’assemblée ne s’accoutume pas au mal. Quelque chose est cachée ? Demandons au Seigneur que le mal soit confessé. Le Seigneur peut très bien faire qu’un frère, ayant péché, se lève à minuit pour aller confesser sa faute. Dieu brise une résistance, une volonté. C’est terrible, une volonté d’homme ! Le mal n’est pas manifesté ? Demandons au Seigneur qu’il le manifeste.

Les liens familiaux dans les assemblées, où trouvez-vous cela, dans les Écritures ? Et avec cela, on chantera des cantiques, et puis à quatre voix ! Est-ce cela, la fidélité au Seigneur ? Non, pas du tout !

J’ai lu l’histoire d’un jeune martyr se rendant au lieu du supplice. Sa mère, pour l’encourager, lui cria : «Vive Jésus et ses témoins». Et aujourd’hui, on ferait facilement plier la vérité pour la considération de quelqu’un.

Jamais nous ne regretterons d’avoir été fidèles au Seigneur. Toujours nous regretterons d’avoir fait passer nos intérêts avant le Seigneur.

L’assemblée peut être amenée à ôter le coupable du milieu d’elle. Alors le Seigneur peut bénir. L’excommunication de quelqu’un, c’est toujours en vue de son retour.

J’ai vu, à propos de difficultés, qu’après le premier amour, on a fait passer des intérêts avant le Seigneur. Et il en est résulté de grands troubles. Il faut veiller à cela, chers amis ! Et, à l’origine de cela, il y a l’esprit de parti et de clan. La Parole, elle, nous sonde.

Quand on connaît un mal, on ne doit pas garder ce mal pour soi. C’est très grave. Un frère a été châtié jusqu’à la mort pour l’avoir caché. Un mal n’est pas contre les personnes, mais contre le Seigneur.

Si le Seigneur venait et visitait l’assemblée, est-ce qu’il approuverait tout ? Certainement pas ! C’est ce qui est dans notre coeur qui compte. Le Seigneur regarde au coeur. Avec Dieu, on est heureux.

On ne doit pas couvrir une faute. On peut faire appel à des frères. L’amour s’occupe du mal, avec Dieu, et de la part de Dieu. Tout cela est très sérieux et très heureux.

Avec nous, nous portons un coeur insondable. La sonde de Dieu est la seule qui aille jusqu’au bout. Nous avons tout à gagner à marcher avec Dieu. La vie d’une assemblée est très sérieuse. Nous sommes chez le Seigneur, dans l’assemblée. Le Seigneur n’est pas mort sur la croix pour que la chair fasse des siennes.

N’en parlons pas trop, de ce sacrifice expiatoire. Ne le profanons pas en en parlant à tort et à travers.

S’il y a un endroit où la chair ne doit pas se manifester, c’est bien dans l’assemblée.

Jug. 21:9 : Les habitants de Jabès de Galaad étaient indifférents. L’indifférence à l’égard du coupable doit être traitée comme le mal. Nous avons à veiller, dans les assemblées, à ce que la table du Seigneur soit gardée pure.

Que nous ne soyons pas indifférents à l’égard de la souillure, qui exclut le Seigneur de l’assemblée !

 

17                  Le mariage chrétien — Réunion de mariage : Éphésiens 5:22-33 ; 1 Pierre 3:1-7

 

[LC n° 110]

29 septembre 1956

Méditations sur la vie chrétienne, édition FR 1995, p. 206

 

Deux apôtres parlent du mariage ; l’un n’était pas marié, l’autre l’était. Paul en parle dans l’épître aux Éphésiens, entre autres passages, où il établit une relation entre l’union de l’homme et de la femme et l’union de Christ avec l’Église, ce grand mystère que nous révèle le Saint Esprit. L’union du mari et de la femme est temporaire, pour le temps et pour notre condition actuels ; mais elle est la figure de l’union éternelle et glorieuse de Christ et de l’Église. Quelle grandeur et quelle noblesse cette union donne au mariage ! Quelle que soit la ruine où le péché a plongé l’homme, le mariage est le reflet incontestable du conseil divin dans lequel la gloire de Dieu sera manifestée d’une manière incomparable. Rien ne déploiera la gloire et la grâce de Dieu comme l’accomplissement de ce mystère caché dès les siècles, révélé aujourd’hui et accompli bientôt en perfection. Le Saint Esprit exhorte les époux à penser à ces choses bien connues, et l’expérience montre que l’exhortation garde une valeur toute actuelle. Elle apporte Dieu dans la vie conjugale, et sans Dieu la vie conjugale a vite perdu sa valeur.

Christ a aimé l’Église et il l’aime ; il la nourrit, il la chérit. Et l’amour de Christ à l’égard de cette Église qu’il aime, pour laquelle il s’est livré, qu’il sanctifie, qu’il purifie et qu’il se présentera à lui-même n’ayant ni tache, ni ride, ni rien de semblable, cet amour invariable, cet amour actif et constant, constitue le fondement des exhortations de Paul au mari. Et le mari est invité à imiter, envers son épouse, l’amour de Christ pour l’Église. Il doit entretenir dans son coeur cette source d’amour pour celle qui est devenue une avec lui.

Les femmes sont exhortées à être soumises à leur mari ; c’est la position selon Dieu de l’Église soumise à Christ par un amour réciproque entre Christ, le chef, la tête, et l’épouse, qui est son corps ; un amour éternel, intarissable.

Dans la gloire, le Seigneur montrera son amour pour l’Assemblée ; il se la présentera à lui-même ; mais c’est Dieu qui présenta Ève à Adam. On verra alors l’efficacité de ce travail d’amour infini, lorsque son Église lui sera semblable, sans tache, comme son coeur la désire. Et l’Église sera toujours soumise à Christ dans une communion d’amour éternelle. C’est ainsi que le mari est appelé à aimer sa femme et la femme à être soumise à son mari ; cette soumission, ni servile ni pénible, est le secret du bonheur de l’un et de l’autre dans cette relation que Dieu a établie pour eux. La grâce de Dieu peut éliminer les fâcheux effets du péché qui a tout gâté, et conserver les courants d’amour et de joie goûtés dans la mesure où le Seigneur Jésus demeure dans nos coeurs, où le conseil de Christ et de l’Église est présent devant nos coeurs, où nos coeurs aiment le Seigneur et sont remplis de lui. Le secret du bonheur ne réside pas dans toutes les qualités que vous pouvez avoir l’un et l’autre ; elles auront l’occasion de montrer leurs limites en étant mises à l’épreuve tout au long du chemin que Dieu vous ménage. Mais si vous regardez à Christ, chacun pour soi d’abord, chacun selon sa fonction dans le foyer, il renouvellera jour après jour la grâce dans vos coeurs pour y faire régner la paix, la joie, la communion, la force et le bonheur. N’essayez pas de faire un bonheur conjugal sans Jésus, ce serait une expérience amère.

Pierre nous place sur un terrain plus ordinaire, mais non moins utile. Nous sommes des pèlerins qui traversent le désert ; il faut pour cela des vertus et des ressources, et le désert n’en offre point ; elles sont ailleurs. Il est étrange de parler de désert à l’occasion d’un mariage, d’un avenir qu’on souhaite heureux. Mais un chrétien, qu’il soit seul ou en famille, est un pèlerin environné du sable du désert ; si nous l’oublions, le Seigneur se charge de nous le rappeler.

Pierre parle aux femmes ; il les encourage à la soumission. Si Christ est là, l’affection est là, et il nous aide à prendre et à garder la place qui est la nôtre. «Soyez soumises» ; cette exhortation est liée à la réalisation intelligente et pieuse de cette soumission dans la paix et la communion avec le Seigneur. Le Saint Esprit suppose même le cas où, dans un couple inconverti, la femme est devenue chrétienne ; il encourage une telle femme à ne pas oublier pour autant sa position vis-à-vis de son mari, mais à y persévérer ; sa conduite, son amour pour le Seigneur, sa piété et son désir de rester à la place que la Parole lui assigne, son attitude persévérante, patiente, fidèle, dans la sainteté et la crainte, pourront amener son mari inconverti au Seigneur. À plus forte raison, une femme chrétienne peut-elle être utile à un mari chrétien ; et ce n’est un secret pour personne, même pas pour le monde, que la valeur d’un foyer dépend souvent des qualités spirituelles et morales de la femme. Sur le terrain chrétien, la qualité de la femme est d’une importance majeure dans un foyer. Le Seigneur ne demande pas à l’épouse de porter un joug ; il lui confie une mission : être en aide à son mari. On le dit dans le monde, le livre des Proverbes le dit encore mieux, bien des maux sociaux n’ont pas d’autre origine que la défaillance de la femme qui ne réalise plus la place que Dieu lui a assignée. Une soeur chrétienne peut être un bien immense pour un mari pieux, pour que sa piété soit nourrie, encouragée, qu’elle se développe et que le foyer tout entier soit marqué du sceau de la présence de Dieu. L’influence de la femme est considérable, sans sortir le moins du monde de la place qui lui est assignée. Nous ne trouvons pas dans la Parole des détails concernant la vie chrétienne de la femme ou celle du foyer, même si notre paresse spirituelle souhaiterait y trouver un code ou un ensemble de préceptes. Ce qu’il y a à faire, le Seigneur l’enseigne à la femme qui s’attend à lui. Et le secret pour cela est l’homme caché du coeur, Christ dans le coeur de l’épouse. Mais une défaillance dans la piété de la femme, un manque de fidélité ou de persévérance, peuvent changer totalement le climat moral et spirituel du foyer. C’est l’occasion pour l’épouse de montrer qu’elle aime le Seigneur et son mari par un service obscur, mais capital.

L’époux doit aimer sa femme comme un vase plus faible. La femme est l’égale de l’homme au point de vue spirituel, et il arrive même fréquemment qu’une femme soit supérieure à son mari, mais la femme est pour l’homme et l’homme pour la femme. La femme est un vase plus faible, mais il peut être mieux rempli.

«Que vos prières ne soient pas interrompues». Que le Seigneur vous encourage à prier beaucoup, chacun séparément, selon le courant de pensées de son âme. Mais que vos prières ensemble ne soient pas interrompues, à l’égard de toutes choses. Que le Seigneur vous l’enseigne ! Rien ne remplace la main du Seigneur vous tenant par la main, vous aidant un jour après l’autre. Vous aurez votre ciel bleu, et vous aurez votre ciel d’orage. Le désert à deux est encore le désert, il ne change pas pour autant ; ce qui change tout, qu’on soit seul ou ensemble, c’est la réalisation de la communion avec le Seigneur, le chef de l’Église qu’il aime, qu’il nourrit, qu’il chérit, qu’il sanctifie et qu’il se présentera à lui-même glorieuse.

 

18                  La cellule familiale — 1 Corinthiens 11:1-19 ; Éphésiens 5:22 à 6:4

 

[LC n° 84]

25 mars 1947

Méditations sur la vie chrétienne, édition FR 1995, p. 211

 

Il n’y a que la Parole de Dieu pour contrôler nos jugements sur toutes choses et nous donner de la lumière sur ce qui concerne la vie chrétienne. Dans le monde actuel, la cellule familiale est particulièrement attaquée par l’ennemi. Une évolution, qui ne date pas d’aujourd’hui, mais qui est plus visible, tend à relativiser l’importance de cette sphère créée par Dieu. Disons, en passant, que cette autre sphère de relations humaines, la nation, est selon Dieu. Dieu a créé les nations lors de la construction de la tour de Babel, et les nations mêmes ont été groupées autour d’Israël (Deut. 32:8).

L’ordre familial est en danger dans la société actuelle ; c’est un fait qu’on peut observer chaque jour. Comme il demeure une forteresse pour la piété, l’ennemi s’y acharne ; la disparition des affections naturelles est un signe certain des derniers jours. Bien que l’homme ait défiguré son aspect, la pensée de Dieu demeure — la chute ne l’a pas changée — et Dieu mesure la responsabilité de l’homme, de nous tous, par rapport à l’état initial, par rapport à la position où il a été placé et dont il s’est écarté. L’origine de la famille se situe à la création et le christianisme apporte une puissance nouvelle aux liens familiaux qu’il met en honneur. Mais si Dieu avait donné une femme à Adam, Lémec en a pris deux (Gen. 4:19) ; l’indépendance a commencé très tôt et la descendance de Lémec a été marquée de ce caractère.

Le chef de la femme, c’est l’homme ; le mari a une place d’autorité de la part de Dieu, la femme une place de soumission de la part de Dieu, les enfants une place d’obéissance de la part de Dieu. «Si quelqu’un paraît vouloir contester», dit l’apôtre, «nous, nous n’avons pas une telle coutume, ni les assemblées de Dieu» (1 Cor. 11:16). Ce n’est pas à un frère qu’il aura à faire, mais au Dieu qui a institué cet ordre de choses, et au Seigneur des saints. Nous désirons, au contraire, nous aider les uns les autres, pour ne pas passer à côté de la pensée de Dieu dans la vie chrétienne et la vie familiale.

1 Cor. 11 nous parle de l’attitude extérieure des frères et des soeurs : Dieu prend note de tels détails, et les anges aussi sont témoins de ce qu’est le peuple de Dieu ; la femme doit avoir la tête couverte, rappel de l’ordre suivant lequel Dieu a créé l’homme et la femme ; c’est la mise en honneur de la pensée profonde de Dieu à ce sujet. Éph. 5 nous le dit : «Ce mystère est grand ; mais moi je parle relativement à Christ et à l’assemblée» (v. 32). Le premier couple, Adam et Ève, comme aussi tous les couples, est une image de la position relative de Christ et de l’Assemblée.

Que de fois la question des cheveux coupés n’a-t-elle pas été soulevée ! On dit : il ne faut pas en parler. Nous répondons : Dieu en parle. Ce ne sont pas les frères qui parlent ; ce n’est pas à eux qu’on rendra compte de sa position à ce sujet. Nous aurons tous à rendre compte de ce que nous aurons lu ou entendu. Cela devrait régler la question dans le fond de nos coeurs. Et s’il nous faut faire comme tous les critiques de tous les temps, prendre des ciseaux et couper les passages qui nous gênent, nous aurons à rendre compte de tout cela à notre Seigneur Jésus Christ. Que nous prenions toujours plus l’habitude de lire la Parole de Dieu avec une sainte attention et, lorsque le tranchant de cette épée nous paraît trop affilé, ne détournons pas ce tranchant de notre coeur et de notre conscience ! Nous aurons la bénédiction de Dieu à ce prix. Sachons dire au Seigneur : «Parle, car ton serviteur écoute» (1 Sam. 3:10). Facilement nous nous réclamons des hommes de foi de la Parole, mais, lorsqu’il s’agit de marcher sur leurs traces, que de fois nous sommes défaillants !

Dieu donne l’autorité au mari : le mari est le chef et la femme est soumise ; aujourd’hui, la tendance à supprimer toutes les nuances se généralise et pénètre dans les familles. Cela, c’est de l’apostasie, l’abandon ouvert et public de ce que Dieu a dit. Que des incrédules ou des chrétiens chancelants s’engagent dans ce chemin, c’est leur affaire ; mais le chrétien qui fait ainsi se met contre Dieu même.

Nous ne doutons pas qu’il n’est pas de parents qui ne désirent ardemment que Dieu bénisse leur foyer. La première condition, c’est de rechercher ce que Dieu a dit et a fait. Si on va sciemment contre ce qu’il a dit et fait, et qu’on mange ensuite des fruits amers, il ne faut pas incriminer Dieu. Si nous ne prenons pas soin de la gloire de Dieu, Dieu en prend soin ; il ne se renie pas lui-même. Il nous faut peser cela, c’est très sérieux, mais très heureux.

Le chef de la femme, c’est le mari ; la femme a été créée à cause du mari, à cause de l’homme, et non pas l’homme à cause de la femme. La femme qui sort de son foyer pour exercer des activités extérieures, c’est un danger. C’est un fait ; je le soumets à votre réflexion sans trancher des cas particuliers, aucunement. Mais nous pouvons tous nous demander si cette habitude qui se généralise ne risque pas de faire oublier à l’homme et à la femme leur place respective. Il n’est au pouvoir d’aucun frère de tracer le chemin à quiconque, absolument pas ; mais il est du devoir de chacun de lire la Parole et d’en tirer les enseignements pour telle ou telle situation. Ces questions peuvent être très complexes. Que faire ? Nous rejeter sur Dieu, crier à Dieu. La bénédiction de Dieu commence par l’obéissance. Savoir et ne pas obéir, c’est le plus triste des états. Abraham aurait pu dire à Dieu : où me fais-tu aller ? Ce n’eût pas été la foi. Il ne savait pas où il allait.

Ces sujets sont brûlants, parce qu’ils sont d’actualité ; ils sont la vie des saints, la vie quotidienne. Chacun peut avoir de la lumière pour son propre compte. Je ne sais si le Seigneur a donné à des frères ou à des soeurs une lumière particulière pour les autres ; ce n’est pas mon cas, mais je libère ma conscience vis-à-vis du Seigneur en soulignant ces vérités de la Parole de Dieu concernant la vie du chrétien et de sa famille. En trente ans, les changements sociaux ont été extraordinaires. Le peuple de Dieu doit-il revêtir les caractères du monde ou ceux de la foi et de la piété ? Que doit faire un jeune ménage ? Qu’il demande son chemin au Seigneur avec piété, avec droiture, sans que, au fond, son coeur ait déjà choisi ! Il s’agit, dans nos maisons, dans nos vies quotidiennes, de peser, à la balance de Dieu, ce qui est selon sa volonté et ce qui est selon la nôtre. Personne d’entre nous ne saurait dire qu’il a toujours fait la volonté de Dieu ; même la connaissance de cette volonté peut demander des années de labourage ; si on est avec Dieu, on attend ; sinon, on n’a pas la patience d’attendre. Je supplie chacun des chers jeunes, engagés dans le chemin de la vie, de s’y engager avec Jésus, sans rien tordre des déclarations de la Parole de Dieu ; qu’ils sèment de la bonne semence dans leur champ ! Qu’ils veillent à ne pas y semer l’ivraie ! Si l’ivraie est semée, on récoltera de l’ivraie, et nous n’en aurons que trop semé à notre insu.

Aujourd’hui, la femme veut être l’égale de l’homme, même la supérieure ; elle se prévaut de raisons très valables, peut-être de dons supérieurs à ceux de l’homme. La femme de foi se soumettra, sans hésitations, à ce que Dieu dit. Combien de fois nous perdons notre vie à la gagner ! Je trouve dans la Parole, dans la pratique, dans l’histoire du témoignage, que c’est en s’abaissant que nous trouvons Jésus ; il faut descendre le chemin que Jésus a descendu avant nous. Je puis rendre témoignage que j’ai trouvé Jésus dans ce qui m’a abaissé, lorsque nul oeil n’était témoin de ce chemin dans l’ombre où le Seigneur me conduisait, parce qu’il y était passé le premier. Ayant vécu dans le faux jour de ce monde, si la lumière de Dieu est projetée un jour dans toute sa gravité, nous disons : Seigneur, comment avons-nous pu nous séduire comme nous l’avons fait ? Mais, pour marcher dans le chemin de la foi, il faut la foi. Vous n’avez pas la foi ? Ne marchez pas dans ce chemin ! Ne simulez pas une mesure de foi que vous n’avez pas, mais demandez au Seigneur qu’il vous augmente la foi ! Faites un pas avec Christ, il vous fera faire le suivant ; mais il ne nous en fait pas faire deux à la fois. Cela parle au chef du foyer, à l’épouse, aux parents. S’il y a discussions sur ce point, il ne s’agit pas de dire : qu’est-ce que ce frère a dit ? Il a ses idées à lui. Il s’agit de savoir ce que Dieu dit. Nous désirons tous la bénédiction de notre foyer, de chaque assemblée ; nous l’aurons dans la mesure où nous prendrons Dieu au mot dans tous les détails.

Le mari est le chef ; la femme lui est soumise ; les parents élèvent leurs enfants dans la discipline et sous les avertissements du Seigneur, sous l’autorité de la Parole de Dieu, pour qu’il y ait la bénédiction du Seigneur sur les enfants. Toute relation crée des devoirs : le père de famille, l’époux, l’épouse, les enfants ; chacun a des devoirs.

Dès qu’un homme s’est engagé dans une profession, il doit en accepter toutes les obligations ; il n’aura pas le droit, devant Dieu, de méconnaître une seule de ses obligations. Nous avons des obligations vis-à-vis de nos supérieurs, de nos égaux, de nos inférieurs. Engagé dans une profession inconsidérément, il ne faudrait pas dire après coup : Dieu d’abord ; non, mes obligations d’abord, Dieu après. On est surpris de voir des frères s’engager à la légère, sans être exercés quant aux conséquences de leurs engagements. Il y a des moments cruciaux où notre vie, ou une partie de notre vie, se décide ; un acte de foi apporte la bénédiction pour toute une carrière. En revanche, ce même acte accompli sans foi prive de la bénédiction. La première chose : avez-vous l’approbation de Dieu ? Sinon, que voulez-vous que les frères fassent ? Ils peuvent prier pour vous ; mais si vous-même n’avez pas marché avec Dieu, vous vous privez de la bénédiction, même si on veut faire croire aujourd’hui qu’on peut faire ce qu’on veut et que le résultat sera identique.

Les dernières années ont fait faire à l’humanité, et à la masse chrétienne, une chute dont elle ne se relèvera jamais. Tout en déplorant cela, nous sentons que le Seigneur est proche. Que nos coeurs brûlent pour lui, et que les frères, les soeurs, les pères, les mères, les enfants, aient tous à coeur de consulter la sainte Parole de notre Dieu ! Qu’ils ne disent pas : un frère a dit cela, il a parlé pour ne rien dire ; mais plutôt : quelle lumière la Parole de Dieu a-t-elle projetée sur notre chemin ?

En 1 Pierre 3:6, Dieu règle les rapports de l’épouse vis-à-vis de son époux ; il prend Sara comme exemple. Or Sara et Pierre sont séparés par des milliers d’années, mais la pensée de Dieu n’a pas changé ; quels que soient les temps, ce que Dieu a établi doit demeurer ; ses pensées sont invariables. «Et Dieu les bénit» (Gen. 1:28) ; tel est son but.

L’ennemi, le monde qui nous entoure bat en brèche la Parole de Dieu ; demeurons-lui attachés de tout notre coeur ! Nous vivons un temps de ruine ; les temps ont changé ; la pensée de Dieu, elle, n’a pas changé.

 

19                  Christ et l’Assemblée — Éphésiens 5, du milieu du verset 25-27, 28-30, 32

 

[LC n° 111]

14 novembre 1948

 

Le Saint Esprit distingue toujours très soigneusement le caractère des relations ; cela se voit dans toute la Parole. Il est dit que Dieu a aimé le monde, mais jamais que Jésus a aimé le monde. L’Assemblée est l’Assemblée de Dieu (Actes), mais il est écrit «le Christ a aimé l’Assemblée». Il nous faut prendre bien soin de respecter ces différences. D’ailleurs, même en ce qui concerne les relations entre les croyants, il y a lieu de veiller à ce qu’elles soient vraies. À cet égard, il faut méditer sur la manière dont l’apôtre Paul, par le Saint Esprit, nuance ses salutations, dans le dernier chapitre des Romains, comme il le fait d’ailleurs dans toutes ses épîtres. C’est très important.

Eh bien, «Christ a aimé l’Assemblée et s’est livré lui-même pour elle». Le mystère de l’Assemblée n’avait pas été révélé. Il était caché dès les siècles en Dieu ; et c’est à l’apôtre Paul qu’il était réservé de l’annoncer.

Les prophètes avaient révélé les gloires du Messie, même celles du Fils de l’homme. Mais la révélation de l’Assemblée était réservée à Paul, l’unité de tous ceux qui ont été baptisés du Saint Esprit : «Nous avons tous été baptisés d’un seul Esprit pour être un seul corps» (1 Corinthiens 12:13).

L’unité du corps de Christ est produite par le Saint Esprit, non pas par la vie ; autrement, l’unité engloberait toutes les économies. Tous ceux qui sont baptisés de l’Esprit Saint, dans quelque dénomination qu’ils se trouvent, forment l’Église du Seigneur, son église universelle. Et, dans un endroit déterminé, ceux qui se réunissent autour du Seigneur en sont l’expression visible dans cette localité. Cela est exposé avec précision dans la première épître aux Corinthiens.

Je souligne trois points, dans les versets que j’ai lus. «Christ a aimé l’Assemblée et s’est livré lui-même pour elle» ; voici pour le passé et le prix qu’a, pour son coeur, son Assemblée. Pour le présent, «Il la nourrit et la chérit, la purifiant par le lavage d’eau, par la Parole», c’est-à-dire en lui parlant. Il ne veut pas que son Église porte la livrée de la chair ou du monde. Il lui parle pour la purifier de cela. Comment y répondons-nous ? Pour l’avenir, «Il se la présentera glorieuse, n’ayant ni tache, ni ride, ni rien de semblable». Mais ce n’est pas parce que le conseil de Dieu relativement à l’Assemblée s’accomplira, que nous pouvons prendre, pour le présent, notre parti de l’infidélité. Tout ce qui détache nos coeurs de Lui, toute mondanité, est une offense à son amour. C’est une offense à ses droits, à sa gloire, mais avant tout à son amour ; pensons-y. Notre coeur, le coeur de l’Assemblée, y serait-il insensible ? L’Assemblée serait-elle insensible à Celui qui lui parle de son amour ? Ah, puisse-t-elle répondre, son Assemblée universelle, et son Assemblée ici, et nous tous ensemble : Non, ce que le Seigneur n’aime pas, nous ne pouvons pas l’aimer.

 

20                  Combats — Éphésiens 6:10-24 ; Galates 5:16-18 ; Jude 3-4 ; Colossiens 4:12-13

 

[LC n° 112]

27 août 1972

Méditations sur la vie chrétienne, édition FR 1995, p. 218

 

Dans l’épître aux Éphésiens, le combat se passe dans les lieux célestes. Satan, l’ennemi des saints, l’accusateur des frères, l’adversaire de l’assemblée, est contre nous. Mais «si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ?» (Rom. 8:31). La puissance de Dieu triomphera des efforts de l’ennemi. C’est pourquoi nous sommes exhortés à nous fortifier «dans le Seigneur et dans la puissance de sa force» (Éph. 6:10). Là est le secours.

Les cinq armes défensives subviennent aux insuffisances de notre faiblesse, et les deux armes offensives, la Parole et la prière, représentent la puissance des ressources divines. Les combats se livrent à genoux, et nous verrons un jour la réponse de Dieu à nos combats dans la prière. Dieu reste au-dessus de tout, et bientôt Satan sera brisé sous nos pieds (Rom. 16:20). Notre affaire est de résister et de tenir ferme.

Dans l’épître aux Galates, c’est le combat contre la chair, et notre arme, c’est l’Esprit. On n’a vu que la pleine puissance de l’Esprit en Jésus ; il a toujours été conduit par l’Esprit ; il est le modèle parfait.

Dans l’épître de Jude, nous ne luttons plus contre quelqu’un ou quelque chose, mais pour la vérité. «Combattre pour la foi», c’est lutter pour l’ensemble des vérités chrétiennes confiées à la foi. À la fin de sa vie, Paul a dit : «J’ai gardé la foi» (2 Tim. 4:7). Notre devoir est de tenir ferme ce que le Seigneur nous a confié jusqu’à ce qu’il vienne. Dans le rassemblement, on sent bien que Satan cherche à agir sur les croyants pour élargir le chemin. Nos devanciers étaient plus fidèles que nous ; leurs écrits le montrent. Ils étaient fidèles et humbles ; c’étaient des hommes de Dieu dans toute la force du terme, comme Timothée. Que le Seigneur nous accorde de nous détourner des choses qui nous entourent, pour saisir les choses éternelles qui demeurent. Il y aura une récompense pour le vainqueur, «à celui qui vaincra» (Apoc. 2 et 3).

Enfin, l’exemple d’Épaphras nous encourage : «combattant toujours pour vous par des prières» (Col. 4:12). La prière est l’expression de la dépendance. C’est un combat qu’il nous faudrait connaître davantage, comme Jésus l’a connu : nous le voyons sept fois en prière, dans l’évangile de Luc. Il était l’homme parfaitement dépendant. L’état des assemblées seraient plus heureux s’il y avait davantage de prières à ce sujet. La prière est une force incontestable ; elle fait mouvoir le bras de Dieu. Élie «pria avec instance» (Jacq. 5:17) ; Samuel aussi, toute sa vie, et il a commencé tout jeune. Nous prions parce que nous sentons que nous avons besoin de Dieu. Combattons, comme Épaphras, pour que les saints demeurent «parfaits et bien assurés dans toute la volonté de Dieu» (Col. 4:12).

«Toutes mes sources sont en toi !» (Ps. 87:7).

 

21                  Combats et lieux célestes — Josué 1:1-8 ; 4:19 ; 5:9-15 ; Juges 1:27-35 ; 2:1-5 ; Éphésiens 6:10-18

 

[LC n° 15]

 

Josué, après avoir pris la succession de Moïse, à qui Dieu a, on peut dire, interdit d’entrer dans le pays qu’il a salué de loin, a été appelé par Dieu à remplacer Moïse. Et ce qui caractérise le service de Josué, c’est qu’il a fait entrer le peuple dans le pays de la promesse. Il est en cela un type du Seigneur qui a fait entrer son peuple dans le ciel. Les saints, les croyants, les chrétiens, sont déjà dans le ciel. La plupart ne connaissent pas cette vérité. Ils peuvent jouir des conséquences de cette vérité sans la connaître. Le Saint Esprit peut leur faire goûter les choses du ciel ; mais toutefois, il est bien préférable que les chrétiens connaissent leur vraie position présente devant Dieu. La Parole ne nous a pas été donnée pour rien. Il y a, dans tous les passages de l’Écriture, des instructions qui sont utiles à des degrés divers, et il n’y a pas de passages inutiles, pas un verset inutile. Josué a donc fait entrer le peuple dans le pays. Le Jourdain a été traversé. Trois faits ont marqué le peuple d’Israël, ce peuple qui reste un peuple merveilleux dès ce temps et au-delà, un peuple qui n’a pas eu son pareil sur la terre, qui a été honoré par Dieu comme nul autre ne l’a été. Et il le savait bien ; c’est ce qui l’a rendu tellement hostile au Messie, qui s’est présenté sous une forme qu’il n’attendait pas. Et cette hostilité demeure et demeurera, en tout cas pour le grand nombre.

Josué a donc traversé le Jourdain. À la Pâque, le jugement de Dieu, dans son caractère absolu quant à ses droits, a été mis en évidence. Le peuple a été racheté, car le sang de la victime avait coulé. Et, s’il n’y avait pas eu cela, Dieu, sortant pour juger les Égyptiens, aurait dû juger en même temps son peuple, car il ne valait pas mieux. À la mer Rouge, c’est la destruction de la puissance de la mort vis-à-vis du peuple de Dieu. Le Seigneur a vaincu la mort. Il a ôté à Satan la puissance que celui-ci détenait. Cela paraît étrange, et on comprend que de jeunes chrétiens aient de la peine, quelquefois, à comprendre de telles paroles. Mais, par la suite, Satan s’est acquis sur l’homme des droits, et des droits que Dieu Lui-même ne peut pas discuter. Jusque-là, les hommes se livraient à Satan. Eh bien, Dieu reconnaît à Satan ce droit-là, dans la mesure où il le contrôlera par la suite. Mais le jugement de Dieu sur l’homme est tombé. Il comprend plusieurs parties, en particulier le fait qu’il était sous le pouvoir de Satan, puisqu’il avait choisi de se mettre là. C’est pourquoi aussi, quand le Seigneur est venu, homme fidèle, entreprenant de reprendre entre ses mains la cause de l’homme tombé, il ne pouvait pas ne pas se placer sous toutes les conséquences résultant de la désobéissance du premier Adam. Et il commence par être, au désert, en face de Satan, devant qui Adam et Ève s’étaient trouvés. Le Seigneur devait refaire cette histoire de l’homme, Lui, le dernier Adam, le second homme. Et il a été mis à l’épreuve, au désert. Il a triomphé par l’obéissance, de sorte qu’il a remporté une première victoire sur Satan, qui ne pouvait plus rien sur lui. À cet égard, Dieu ne pouvait rien permettre à Satan à l’égard de cet homme qui venait, dans l’obéissance, de sortir vainqueur de l’épreuve. C’est pourquoi, à partir de ce moment-là, le Seigneur ayant lié l’homme fort, a pillé ses biens. Il aurait pu, à ce moment, si on avait voulu le recevoir, établir la paix sur la terre. Nous savons ce qui est arrivé. Mais pour entreprendre le salut de l’homme, le Seigneur devait défaire Satan, qui détenait le pouvoir de la mort de la part de Dieu, qui lui avait donné cette autorité pour effrayer l’homme. Et la mort était ainsi, non seulement un jugement de la part de Dieu, mais une manifestation de la puissance que Satan s’était acquise sur l’homme en le portant à la désobéissance.

Le Seigneur Jésus, avant son oeuvre de la croix, a d’abord, à Gethsémané, rencontré Satan. Et nous trouvons là une leçon pour nous tous. Satan met à l’épreuve les saints, dans l’ensemble, de deux manières : d’une part, en les tentant par les choses agréables, comme il a fait pour le Seigneur en lui offrant les gloires du monde ; et, d’autre part, en les effrayant, comme il l’a fait au jardin de Gethsémané en faisant peser sur l’âme de Christ les terreurs qui l’attendaient, lorsqu’il s’agissait d’être abandonné de Dieu. Il a fait tout son effort pour que le Seigneur ne s’avance pas devant ce qui était l’épreuve décisive, aussi bien pour Satan que pour la gloire de Dieu. Et c’est pourquoi le Seigneur a connu là une épreuve et une douleur incomparables. Il en est sorti triomphant par la soumission. Il a dit : Père, puisque vraiment c’est ta sainte volonté que je prenne la coupe et que je la boive, que ta volonté soit faite. Mais trois fois, pour ainsi dire, le Seigneur, dans l’effroi de son âme, par avance, a sondé cela jusqu’au fond, pour être bien sûr que c’était la volonté du Père, qu’il prit la coupe pour la vider sur la croix. Ce fut un moment d’une insondable profondeur. Satan n’avait plus rien en Lui, désormais. Le Seigneur s’est avancé à la croix et là, il n’avait plus à faire avec Satan à cet égard, sauf que Satan a ligué les hommes contre lui. Mais le Seigneur s’est offert sur la croix dans l’obéissance, et, pendant les trois heures, il a connu, à l’écart de tous les regards, la rencontre avec Dieu, cette rencontre qui ne pouvait pas se répéter. Pendant ces trois heures éternelles, il a éprouvé ce que c’était que de subir le jugement de Dieu à l’égard du péché.

Il entre dans la mort volontairement. Satan n’avait rien en Lui. Dieu ne pouvait pas permettre que Satan exerçât à son égard quelque pouvoir que ce fût, comme il peut permettre que Satan trouble des âmes, voire des chrétiens, au moment de la mort. C’est un pouvoir que Satan s’est acquis, et Dieu ne peut pas le discuter. C’est un fait extrêmement solennel que cette chute d’Adam et Ève, sous le regard de Dieu. Le jugement est terrible, et Dieu Lui-même ne pouvait pas revenir sur sa parole qu’il avait dite à Adam et Ève : «Tu mourras certainement» (Gen. 2:17) !

Le peuple a donc connu la Pâque, la traversée de la mer Rouge où le pouvoir de Satan a été détruit, et le Jourdain, où c’est le peuple qui a passé au fond des eaux du fleuve. Les eaux sont arrêtées et, l’arche étant là, le peuple est identifié, pour ainsi dire, avec l’arche qui se tenait au fond des eaux de la mort Et cela, c’est l’image du fait que les chrétiens sont morts en Christ. La mort de Christ est la leur, elle est à eux : «Toutes choses sont à vous… soit vie, soit mort» (1 Cor. 3:21-22). La mort de Christ appartient au chrétien. C’est-à-dire que le chrétien peut être troublé, s’il marche mal ; mais autrement, le chrétien, en pensant à la mort, ne la considère pas comme un jugement de Dieu. Il n’y a plus du tout cela ; c’est une chose passée. Il est mort dans la mort de Christ, ressuscité avec Christ et en Christ. Les deux expressions sont dans le Nouveau Testament. C’est très important à retenir, cela, pour le christianisme pratique, pour les conséquences dans le christianisme pratique. Nous savons très bien que, même parmi nous, il y a des évangélistes, peut-être, qui s’en tiennent à la croix et s’arrêtent, et laissent le pécheur, quand il a cru, à la croix. Dieu ne laisse aucun croyant à la croix. Il l’emmène au-delà de la croix, jusqu’au ciel ; pas quand le croyant ira au ciel, mais dès maintenant. Et c’est la pensée essentielle dont je désirais dire quelque chose ce soir : le fait que nous sommes déjà du ciel, dans le ciel. Le peuple, une fois arrivé de l’autre côté du Jourdain, est dans le pays de la promesse. Là, la circoncision est opérée ; et, en réalité, des chrétiens peuvent réaliser cette circoncision, c’est-à-dire la mise de côté du vieil homme, justement parce qu’ils sont dans le ciel en Christ. C’est dans la mesure où nous réalisons notre position en Christ, que nous avons la force pour mettre en pratique cette circoncision, c’est-à-dire mettre de côté le moi, la volonté. Ils n’ont pas fait cela dans le désert. La carrière du chrétien est double, à cet égard : nous sommes à la fois dans le désert et dans les lieux célestes. Le désert, c’est un sujet plus ordinaire, plus courant, et que nous comprenons facilement. Mais la partie céleste de la vie chrétienne est un sujet plus difficile à saisir, et non moins important.

Voilà donc le peuple qui est dans le pays de la promesse, et nous voyons que sa nourriture change. Il n’a plus la manne. La manne, c’est pour le désert. Nous l’avons encore, la manne ; c’est Christ dans sa vie. Un chrétien se nourrit des perfections de Christ homme, et, en s’occupant de Christ parfait, comme on le trouve dans les évangiles, le chrétien est modelé à l’image de son Maître. Car la vie de Christ homme est le modèle de la vie des saints. Il nous a laissé un modèle afin que nous suivions ses traces (1 Pier. 2:21). Le chrétien seul peut marcher sur de telles traces et, en particulier, le chrétien dans la mesure où il connaît les ressources célestes de la vie du croyant. Nous voyons un autre fait, c’est le vieux blé du pays. C’est la nourriture céleste du pays dans lequel ils sont entrés. Le vieux blé du pays représente Christ ressuscité. Et le chrétien, dans sa vie de tous les jours, peut jouir de Christ, en communion avec Lui dans le ciel – donc Christ ressuscité. Ne cherchons pas Christ à Jérusalem. Nous comprenons que même des frères puissent aller y trouver des émotions plus fortes et légitimes pour prendre connaissance des lieux où se déroula la vie de notre cher Sauveur, mais il n’est pas du tout nécessaire de nous livrer à cela. Nous savons que notre Seigneur est dans le ciel, et nous pouvons avoir avec Lui des rapports beaucoup plus réels et beaucoup plus efficaces, que d’aller chercher le souvenir de son passage dans les lieux mêmes où il a marché et souffert. D’ailleurs, soit dit en passant, dans ce lieu-là, où le sang de Christ a été versé, ce n’est pas, pour l’essentiel, le sang qui parle mieux qu’Abel, comme dit l’épître aux Hébreux (10 :24), mais c’est un sang qui crie (Gen. 4:10 ; Nombres 35:31-34). Il n’a pas encore eu de satisfaction. Il n’y a pas eu d’apaisement, quant à la voix de ce sang qui crie, pour le peuple Juif (pas pour les dix tribus : elles n’étaient pas là, il n’y avait que les deux tribus de Juda et Benjamin). Le peuple Juif, et puis le pouvoir civil, le pouvoir Romain en particulier, l’empire romain — on peut dire l’ensemble du monde — étaient représentés à la croix. Mais particulièrement les Juifs et l’empire Romain sont là sous le coup de la culpabilité de ce crime accompli. Ce n’est pas une voix, un sang qui parle mieux qu’Abel, qu’on trouvera là-bas. Ce n’est pas le chemin qu’il faut prendre pour trouver cette voix qui parle mieux qu’Abel, la voix qui est là, prête d’ailleurs à se faire entendre et à manifester ses effets par des circonstances dont ce peuple ne se doute pas. Cette voix, c’est encore celle qui crie : vengeance ! Le Seigneur n’a pas encore eu de satisfaction, à cet égard, et Dieu non plus.

Le peuple est donc là dans le pays de la promesse. Et nous voyons apparaître un personnage un peu mystérieux, qui est le chef de l’armée de l’Éternel. C’est donc un combat. C’est une chose qui mérite notre attention que, dès le début du livre, Dieu dit à Josué : «Tout lieu que foulera la plante de votre pied, je vous l’ai donné» (Jos. 1:3). Cela, c’est aussi pour nous, chers frères et soeurs : tout lieu que notre pied foulera dans les lieux célestes sera à nous. Et il faut conquérir ce que Dieu donne, le pays que Dieu donne. Et nous avons, au cours de notre carrière ici-bas, à conquérir, pour ainsi dire, le ciel que Dieu nous a ouvert. Nous y entrons pour rendre culte. C’est là que nous rendons culte, en vérité. Mais nous y entrons aussi pour autre chose. La vie d’un chrétien a ses sources, en réalité, dans les lieux célestes. Et quand nous jouissons fortement de la communion avec le Seigneur, nous comprenons ce que cela veut dire. Nous savons très bien que le ciel remplit notre coeur, ce ciel que nous ne nous représentons pas effectivement. Mais nous comprenons qu’il soit dit : «Fixant les yeux sur les choses qui ne se voient pas» (2 Cor. 4:18), ou encore : «Contemplant à face découverte la gloire du Seigneur, nous sommes transformés en la même image, de gloire en gloire, comme par le Seigneur en Esprit» (2 Cor. 3:18). Comment ces passages étranges se réalisent-ils ? Par le Saint Esprit, prenant nos coeurs et les tenant en communion avec le Seigneur que nous n’avons jamais vu. Nous ne l’avons jamais vu et nous ne le verrons jamais. Notre carrière sera achevée, d’une manière ou d’une autre, quand nous le verrons. Le Saint Esprit nous lie donc à Celui que nous n’avons pas vu, et en qui nous nous glorifions. Et nos affections sont dans le ciel. Un chrétien céleste, son coeur est au ciel, parce que son trésor est là. Au fond, c’est vrai pour tout chrétien. Seulement, nos coeurs, pratiquement, se promènent aussi bien facilement sur la terre, et cela est justement un fait qui cause beaucoup de dommages à la vie des chrétiens, et aussi à la vie de l’Église.

Nous voyons le chef de l’armée de l’Éternel : «Es-tu pour nous, ou pour nos ennemis ? Et il dit : Non, car c’est comme chef de l’armée de l’Éternel que je suis venu» (Jos. 5:13-14). Lorsqu’il s’agit du christianisme ordinaire, du christianisme réalisé par les chrétiens vus comme pèlerins ici-bas, il y a des éléments qui interviennent (les relations humaines, les valeurs humaines) et qui ont leur place. Mais lorsqu’il s’agit des relations purement spirituelles, des joies proprement spirituelles, les valeurs humaines, même légitimes, disparaissent Et c’est tellement vrai, que nous trouvons dans le Nouveau Testament, dans l’épître aux Galates en particulier, qu’il n’y a ni homme, ni femme. Il n’y a pas de différence de personne. Quand la communion est dans l’assemblée, quand la communion des saints est puissante par le Saint Esprit, nous nous oublions mutuellement, et nous sommes perdus ensemble, les uns et les autres, dans cette communion avec le Seigneur. Il y a là un caractère, dans notre vie chrétienne, qui est tout à fait particulier, et qui devrait la marquer plus fréquemment. Des qualités, qui peuvent être très utiles dans la vie chrétienne ordinaire, dans la vie du pèlerin dans le désert, n’ont plus de place lorsqu’il s’agit des choses d’ailleurs, lorsqu’on parle d’un christianisme céleste. Combien nous avons à reconnaître que nous reculons souvent, et que nous ne savons pas abandonner telle ou telle chose à quoi nous tenons, et qui nous empêche d’avoir une joie plus grande en Christ et dans les choses qui ne se voient pas. Ce n’est pas nécessairement une idole, mais cela peut être les affaires de la vie. Des chrétiens — nous pouvons dire, sans nul doute, Paul et d’autres aussi — ont réalisé, d’une façon intense, cette vie céleste. Paul pouvait dire : «Nous ne connaissons personne selon la chair» (2 Cor. 5:16). Pourtant, dans la pratique, il s’occupait de ses frères et de ses soeurs. Mais son coeur restait lié à Christ dans la gloire et trouvait sa force et sa joie dans cette communion avec Lui, qui lui permettait de surmonter tous les déboires — et il n’en a pas manqué.

Ce qui est arrivé, c’est que le peuple a remporté des victoires, nous le savons. Le livre de Josué est, au fond, dans l’ensemble, un livre qui nous parle de victoires. Je n’entre pas dans les détails des fautes qu’il y a eu, et même des fautes graves, qui auraient pu mettre en danger la vie du peuple. Quand nous passons au livre des Juges, nous trouvons un accent différent. En général, dans le livre de Josué, ce sont ces victoires, et le ton est beau. Mais, dans les Juges, nous trouvons un accent différent, et il est bon que nous méditions cela. Le peuple n’a pas su conquérir ce qui lui avait été assigné, de même que nous, nous sommes bien loin d’être entrés dans la connaissance des choses que nous avons en Christ dans le ciel : la communion avec Lui, la dépendance de Lui, l’amour qu’il donne, le secret de la communion avec Lui, le fait que notre vie est toute céleste (notre vie chrétienne spirituelle est entièrement céleste). Il n’y a rien, sur la terre, qui soit pour notre vie spirituelle, même les liens familiaux les plus chers, quoiqu’indirectement, ils puissent nous aider. Mais, en eux-mêmes, ils n’entrent pas dans notre vie céleste, pas du tout. Et d’ailleurs, on peut le voir fréquemment, dans les familles ; c’est bien vrai. Il y a un élément de la famille qui est nettement plus spirituel que d’autres de la même famille vivant ensemble. Cette nuance peut se trouver dans le lien le plus étroit, qui est celui de mari et femme. On voit fréquemment la mari plus spirituel que sa femme, ou une femme plus spirituelle que son mari ; et cela tient, tout simplement, non pas à la différence du degré de connaissance, mais au fait que le coeur de l’un est beaucoup plus avec Christ dans le ciel. Et cela, quand cela existe et où que cela se réalise, ne peut pas ne pas se manifester. C’est ce qui fait qu’un chrétien le plus ordinaire (pas nécessairement un apôtre ; le christianisme n’est pas que pour les apôtres, et le Seigneur n’est pas monté dans le ciel que pour les apôtres), mais un chrétien qui a ses sources célestes, cela se saura, inévitablement. Son jugement spirituel est bien meilleur, et il a du discernement. Et, en même temps, il a un secret, pour réaliser une vie chrétienne et faire face aux difficultés, inimitable, qu’on ne peut pas copier. C’est un caractère qui est propre à l’individu, dans la mesure où, justement, il est céleste. Et, s’il est spirituel, on le reconnaît bien ; on peut être sûr que ses rapports avec Christ dans le ciel sont entretenus. Que le Seigneur nous donne de penser à cela. Le contraire d’un chrétien spirituel, cela peut être un chrétien charnel, c’est-à-dire que la chair prend une place marquée, évidente ; non pas quant aux choses grossières, mais la chair intervient dans le domaine où elle n’a aucun droit d’entrer. Dans les problèmes de la vie d’un chrétien, dans les problèmes d’un rassemblement, la chair n’a rien à faire. La nature elle-même n’a rien à dire, n’a rien à voir. La nature, ce n’est pas la chair. Si nous étions plus près du Seigneur, c’est-à-dire ayant des rapports plus vrais et soutenus avec le Seigneur dans sa gloire, eh bien, beaucoup de questions difficiles qui surgissent dans les assemblées ne verraient même pas le jour. C’est donc d’une grande importance. Au contraire, si nous sommes simplement des chrétiens terrestres, sans être proprement engagés dans le monde, mais nous contentant d’un christianisme convenable sans qu’il se nourrisse aux sources, eh bien, nous aurons des ennuis, parce que la force spirituelle ne sera plus la même pour réfréner la chair, la volonté, quand elles se manifesteront. Nous pouvons bien nous dire que, si une assemblée avait existé, étant formée d’éléments de la trempe de l’apôtre Paul, frères et soeurs, ils n’auraient pas souvent eu de problèmes, et que la joie céleste des saints, la puissance de l’Esprit dans les saints, aurait rappelé ce qui s’est passé au début lors de la Pentecôte, où, nous le voyons bien, la nature elle-même était éliminée (au début, à la Pentecôte, l’égoïsme avait disparu), et où la manifestation la plus brillante et la plus puissante était justement de cet ordre-là, que l’égoïsme avait entièrement disparu, que le moi était effacé. Pourquoi ? Parce que le Saint Esprit remplissait tous les coeurs et les occupait de Christ. À ce moment–là, ils ne le voyaient plus. Il était monté au ciel. Qu’il nous soit donné de méditer, de reprendre ces textes, de les étudier et d’en tirer profit.

Le son, dans le livre des Juges, a changé. L’infidélité, Dieu ne peut pas fermer les yeux sur cela. Et alors, il dit : Je vous avais promis le pays ; je vous y ai tous fait entrer, tout le peuple ; mais vous n’avez pas écouté ma voix, et vous n’êtes pas restés séparés des peuples ; vous deviez les abattre. Ils devaient entrer et tuer détruire tous les peuples, entièrement. Ils ne l’ont pas fait. La conséquence, c’est que Dieu les laisse aux effets de leur incrédulité, de leur infidélité. Et quand Dieu parle ainsi, alors nous voyons ce fameux verset qui parle de Bokim. L’ange de l’Éternel n’est plus à Guilgal, et il monte à Bokim. Guilgal, c’était là que Dieu manifestait sa présence, parce que Guilgal était le lieu où le peuple, quand il était en bon état, revenait après les victoires remportées. Ils revenaient se retremper à Guilgal, pour retrouver là la puissance que Dieu donne lorsqu’on vient devant Lui pour confesser ce en quoi on a manqué. Guilgal, c’est la circoncision, en pratique l’application de la mort aux manifestations de la chair. Quand le peuple revenait à Guilgal et repartait de Guilgal, il y avait de la force. Et maintenant, c’est terminé. Cette phase dans l’histoire du peuple d’Israël a pris fin. Plus de Guilgal, et c’est Bokim qui prend la place. C’est le lieu des pleurs, où, tout de même, le peuple adore. Quand a commencé «Bokim», pour l’Église ? Qui peut le dire ? Mais peut-être que nous pourrions faire des réflexions utiles en nous demandant si, plus d’une fois, nous n’avons pas, par notre comportement, entraîné, dans une mesure, le changement de Guilgal à Bokim, dans nos vies personnelles, et même dans la vie des rassemblements. Nous pouvons nous le demander, cela.

Et qu’est-ce qui se passe ensuite ? Nous le savons. C’est la période des réveils, comme il s’en est produit dans l’Église. Le peuple crie. C’est son peuple ; Dieu entend, il envoie un sauveur. Le peuple retombe, et ainsi de suite, jusqu’à la fin de cette période. Qu’il nous soit donné de retenir les instructions à l’égard de cela. Dans chaque assemblée locale, revenons à Guilgal, au jugement de la chair, du moi qui se manifeste de tant de manières, chacun de nous étant exercé dans sa propre vie. Et il ne s’agit pas seulement des actes extérieurs, il s’agit d’abord des pensées, des sentiments intérieurs. La pureté, la sainteté, commencent par le dedans ; et si le dedans est en bon état, la marche pratique s’en suivra.

Qu’il nous soit donné d’être exercés pour que les réunions, étant l’objet de prières de la part de chacun, nous permettent de goûter ensemble nos joies célestes. Que nous soyons toujours exercés pour que la chair ne se mêle pas à l’activité de l’Esprit. C’est un exercice permanent, pour tout service. Nous avons, si j’ose dire ainsi, à repartir de zéro chaque fois. Parce que nous avons été encouragés hier ou avant-hier, cela n’est pas une raison pour partir aujourd’hui d’une manière négligente. Il faut toujours revenir à la dépendance et à l’obéissance, qui sont les caractéristiques de la vie chrétienne.

Et alors, je termine en disant un mot sur ce passage d’Éphésiens. On lit fréquemment le passage d’Éphésiens 2 au culte ; c’est une excellente chose. Le culte se rend dans les lieux célestes. Nous sommes assis dans les lieux célestes en Christ ; c’est une position. On demanderait à bien des chrétiens dans la chrétienté ce que cela veut dire, beaucoup d’entre eux diraient : Nous ne pouvons pas comprendre cela, nous ne comprenons pas ce langage ; je sais que je vais au ciel, j’irai au ciel quand je mourrai, quand le Seigneur viendra. Mais qu’est-ce qu’un chrétien dans les lieux célestes, beaucoup ne sauraient pas expliquer ce que cela veut dire. C’est difficile à expliquer à quelqu’un. Ces choses, en général, se comprennent quand on y est. Vous ne pourrez jamais faire comprendre à quelqu’un ce qu’est que d’être né de nouveau ; c’est impossible ! Ce sont des expressions sur lesquelles achoppent les théologiens les plus attentifs. Ils n’arrivent pas à comprendre ; alors ils donnent souvent des explications fantaisistes, pour dire le moins. Quand quelqu’un est né de nouveau, fût-il un enfant de dix ans, il ne peut pas expliquer ce que c’est, mais il sait qu’il l’est. Il a l’assurance divine qu’il appartient à Dieu, même un enfant. De même, être dans les lieux célestes, nous ne pouvons l’expliquer à personne, mais nous pouvons le réaliser, et goûter ce qui correspond à cela. Il s’agit de la réalisation pratique. Évidemment, l’exercice de chacun joue, mais la position est acquise. Nous sommes pour toujours assis dans les lieux célestes en Christ. Que nous ne tirions pas toutes les conséquences de cette position-là, hélas, c’est autre chose ! Comme de beaucoup de choses, nous ne tirons pas toutes les conséquences du fait que nous avons la vie divine en nous. On devrait voir produits d’autres caractères, dans notre comportement, si nous tirions toutes les conséquences des vérités que nous savons. Que Dieu nous donne de faire des progrès, en tout cas. Alors, dans les lieux célestes où nous sommes entrés, où, par le Saint Esprit, nous entrons, il y a là ce fait qui parait évidemment étrange : Satan est là. Satan et ses anges sont là, de même que les Philistins étaient là, dans le pays de la promesse où le peuple avait déjà posé son pied. Il s’agissait pour le peuple de déloger les Philistins. Pour nous, que s’agit-il de faire ? Chasser Satan ? Non, pas du tout ! Mais nous avons là un genre de combat qui est unique dans l’Écriture. C’est un combat contre Satan et ses anges dans les lieux célestes. En quoi consiste ce combat ? En quoi consiste la défaite ? En quoi consiste la victoire ? Dieu permet que Satan soit dans les lieux célestes. Il n’approche pas de la lumière inaccessible, mais il a accès jusqu’au trône des jugements, et il est un accusateur. Cette expression–là, nous la trouvons en Apocalypse 12 : «l’accusateur des frères». Il est notre accusateur, et Dieu le permet. C’est très solennel. Nous glissons sur beaucoup de vérités, qui pourtant sont liées à des faits réels. Dieu permet cela, et emploie Satan. Il l’emploie à l’égard même des saints. Et par exemple, Dieu peut permettre en rapport avec un frère qui s’endurcit dans une voie, Il peut permettre d’abord que Satan se fasse devant Dieu l’accusateur de ce frère. Pourquoi pas ? C’est un pouvoir que Satan exerce tant qu’il ne sera pas chassé du ciel, d’une part, et lié pendant mille ans, d’autre part, et enfin jeté dans l’étang de feu et de soufre qui est préparé pour lui. Satan joue encore un rôle, et Dieu l’emploie. Quelqu’un écrivait à l’égard de Job : «Voyant l’état de Job, Dieu a envoyé Satan labourer ce coeur en friche». C’est solennel, et nous savons ce que Satan a fait, Dieu le permettant et gardant la haute main, la haute direction. Mais, tant que le travail n’était pas fait dans le coeur de Job, Dieu a laissé l’ennemi agir. De même, nous trouvons Satan employé dans les épîtres. L’apôtre menaçait de livrer quelqu’un à Satan afin qu’il apprenne à ne pas blasphémer. Et, quant à quelqu’un de Corinthe, à l’égard duquel se manifestait une lenteur extraordinaire et insolite quant à la mesure disciplinaire à prendre, l’apôtre dit : «S’il faut, je livrerai cet homme à Satan». Il était le seul à avoir, de la part de Dieu, ce pouvoir. Mais Satan est là, et cet homme aurait été livré au pouvoir de Satan, pour que cet homme, dont Dieu a renforcé l’endurcissement, connût des tourments d’âme et tout autant que de corps. Car Satan a un pouvoir étrange, dans la création même. Nous voyons qu’il a déchaîné un peuple contre Job (1:15, 17). Dieu lui en avait donné la liberté. Cela est à considérer. C’est un sujet très solennel, dont les âmes même de beaucoup de chrétiens n’ont pas idée. On a dit que Satan avait un pouvoir sur la création de loin supérieur à celui des hommes. Et on a, pour faire comprendre la chose, donné cet exemple suivant : avec un verre ordinaire qu’on place en face des rayons du soleil, aucun effet n’est produit au-delà du verre ; mais si on prend un verre grossissant, avec le même soleil, dans les mêmes conditions, on peut enflammer un objet. Et c’est à cela qu’on a comparé le pouvoir exceptionnel de Satan dans les éléments de la création, et Dieu se servant de tout cela.

Satan est dans les lieux célestes, et Dieu s’en sert. Il a accès jusqu’au trône du jugement. C’est très solennel, et bon à savoir. Lorsque le chrétien s’endurcit, Dieu peut se servir de Satan pour l’arracher à cet endurcissement. N’oublions pas cela, chers amis… Ce ne sont pas du tout les possessions démoniaques, qui peuvent avoir lieu surtout dans les pays païens. Il ne s’agit pas de cela ; il s’agit ici d’un ennemi auquel les chrétiens ont à faire dans les lieux célestes. Et qu’est ce que Satan cherche à faire à l’égard des chrétiens, des frères, des soeurs ? Il voudrait à tout prix les empêcher d’être célestes. Car il sait très bien que le jour où nos relations avec un Christ céleste seront coupées, nous deviendrons inévitablement des chrétiens mondains, des chrétiens terrestres, dont l’horizon sera borné aux choses de la terre. Et alors, Satan aura remporté une immense victoire. Ceux qui suivraient cette génération-là, manifesteraient probablement, à moins que Dieu n’intervienne, l’incrédulité et l’apostasie, dans laquelle, d’ailleurs, on s’achemine à grands pas.

Eh bien, n’oublions pas que nous combattons dans les lieux célestes. Satan vient parfois nous empêcher de jouir des choses du ciel. Que le Seigneur nous donne d’avoir à faire à Lui, et que nous lui demandions qu’Il nous garde. Rappelons-nous que Satan a toujours de la prise sur la terre, mais qu’il n’en a jamais sur le nouvel homme. Il a de la prise sur le vieil homme ; et voilà pourquoi, pour être à l’abri de ses attaques, nous avons une armure qui est décrite. Et cette armure revient, dans l’ensemble, à ce que notre état moral soit bon, un état moral droit, un bon état. Car, encore une fois, dans les choses chrétiennes, ce qui est d’ordre moral est supérieur, parce que cela se rattache à la nature de Dieu, et non pas à son gouvernement. Dieu est amour ; Dieu est lumière. Toutes les vérités morales se rattachent à cette nature, qui est l’essence même de Dieu.

Que le Seigneur nous donne de lire ces passages. Il faut lire toute la Bible, en particulier les passages qui sont propres à nous édifier, à nous encourager, à nous relever, à nous instruire, à nous faire prendre connaissance des ressources que nous avons pour tous les combats, contre la chair, contre le monde, et aussi contre Satan et ses anges qui sont dans les lieux célestes. Que le Seigneur nous garde, nous instruise dans les assemblées. Nos frères prédécesseurs ont enseigné cela ; ils ont écrit sur cela. Donnons-nous la peine de lire, et même si cela nous parait difficile. Nous faisons, pour entrer dans la connaissance des sciences de l’homme, les efforts nécessaires. Nous savons consacrer des heures et des années à l’étude de ce dont nous pourrons avoir besoin. Pouvons-nous dire cela de l’étude des choses qui nous sont utiles pour le présent, et qui nous permettront d’être plus heureux sur la terre, parce que, sur la terre comme au ciel, on n’est vraiment heureux que quand on a Christ dans son coeur ?

 

22                  Faire mourir la chair — Romains 8:12-14 ; Éphésiens 6:10-18 ; 1 Jean 2:12-17

 

[LC n° 81]

20 décembre 1969

 

Éph. 6:15 : Les chrétiens sont des gens qui doivent être caractérisés par un esprit de paix. S’il n’en est pas ainsi, nous détruisons l’effet de l’évangile.

Il n’est pas un combat que le Seigneur nous appelle à livrer, il n’est pas une victoire que nous sommes invités à remporter, qui ne soit pas le fruit d’un combat qu’il a livré et d’une victoire qu’il a remportée. Mais Dieu demande à ses enfants que nous combattions de telle manière, que nous remportions la victoire. Et il ne fait pas d’erreur. S’il le demande à ses enfants, c’est parce qu’ils peuvent remporter la victoire. Il leur a donné tous les moyens pour la réaliser. Ce n’est pas rien, bien sûr. Ce n’est pas une petite affaire. Mais Dieu ne nous demande pas notre avis. C’est une réalité, le monde, Satan, la chair. Pour un inconverti, ils le laissent bien tranquille. Il a bien des peines et des ennuis. Mais ces débats le laisse bien tranquille.

Il y a cette question de la chair. Il faut bien en parler. Vous pouvez bien vous rendre compte des manifestations de la chair. Vous pouvez recevoir des excuses de vos proches. Mais Dieu ne fait pas ainsi. Nous ne passons pas inaperçus, devant lui.

Pour des jeunes croyants, ce mot, «orgueil de la vie», semble leur poser des questions. Ils n’en comprennent pas le sens. L’orgueil de la vie, c’est l’état naturel dans lequel chacun se trouve. Chacun de nous à son «moi». Il a une certaine considération intérieure de lui-même. L’orgueil est en chacun de nous, l’orgueil d’être intelligent. On s’oppose contre Dieu, et on a honte de lui faire front. Il en est ainsi chaque fois qu’on s’oppose à Dieu. C’est une redoutable puissance que les convoitises ! Que nous ne pensions pas que nous sommes libres, quand nous ne le sommes pas. La domination de soi-même, se maîtriser soi-même, y a-t-il une manifestation de puissance égale à celle-là ? Probablement pas !

Ce que le chrétien a à faire, c’est de faire mourir les actions de la chair. Et si, la semaine dernière, nous avons nourri une convoitise, nous avons à la juger, et à la confesser avec précision. Alors seulement nous sommes purifiés. Cela demande un exercice de toute la vie. Voilà ce qui fait que la vie chrétienne est une vie de dépendance. Est-ce pénible ? Pas du tout ! C’est la liberté.

Nous sommes remplis de confusion et de honte, lorsque nous avons manqué. Mais, plus que cela, on demande au Seigneur, d’une façon préventive. On sait bien qu’il y a des lieux où le chrétien ne peut pas aller. Sinon, on le laissera à la porte. C’est ce qui fait qu’un chrétien qui est fidèle a beaucoup moins de déboires qu’un chrétien qui a une vie relâchée.

Nous avons une grande puissance en nous. C’est le Saint Esprit : «Si par l’Esprit vous faites mourir les actions du corps, vous vivrez» (Rom. 8:13). Un grand point pour les saints, c’est de ne pas contrister le Saint Esprit. Sinon, il deviendra un Esprit de répréhension.

C’est une question de toute importance que ces questions traitées dans l’épître aux Romains, quant à l’affranchissement du chrétien, au combat chrétien. Dans quels milieux traite-t-on de ces sujets de toute importance ? Dieu le sait.

Nous sommes exhortés à réaliser ces choses. Sans ces vérités-là, le christianisme tombe. Nos anciens frères connaissaient bien l’importance de ces sujets. C’est pourquoi ils tenaient ces vérités de très près. C’est une question de vie ou de mort. Il n’y a pas de compromis possible entre l’Esprit et le monde.

Les habitudes extérieures que vous donnez à vos enfants ne sont rien. Il faut un travail intérieur, personnel, avec Dieu.

Nous sommes dans la présence de Dieu. S’il n’en est pas ainsi, notre rassemblement n’est rien du tout.

Et l’histoire d’Ananias et de Saphira ? C’est très bon, de relire cela. Il est très bon de relire ces sujets. Ce mal est arrivé dans l’Assemblée, et cela de la part de frères et de soeurs, s’il vous plaît ! On a menti au Saint Esprit. Jamais on ne sera trop strict — et chacun pour soi, chers amis.

D’ailleurs, on ne peut être utile que dans la mesure où on a accepté la Parole pour soi-même, personnellement.

Il y a eu des frères et des soeurs qui étaient très stricts, surtout sur des questions morales. On ne les aurait pas fait dévier du chemin. Il y a des frères et des soeurs qui manquent, de nos jours. Avec Christ, on n’envie rien, et on n’envie personne. Il y a le monde, danger pour la jeunesse comme pour les plus âgés, danger pour les uns comme pour les autres. On peut sombrer à tout âge. Dans ce monde, il y a de quoi satisfaire tous les désirs du coeur naturel. Il y a des choses très intéressantes (la science, les arts, la technique). On n’en finit plus. Et on oublie qu’on aura affaire, un jour, à Dieu. Le danger est que, pendant tout le temps passé à ces choses, on aura oublié de penser à son âme, si c’est un inconverti. Et, si c’est un chrétien, il aura oublié de penser à sa carrière chrétienne. Qu’il nous soit donné de veiller !

Ce qui manque, aujourd’hui, c’est la crainte de Dieu. Elle est méprisée, aujourd’hui. Le refus d’autorité est le caractère des derniers jours. Dieu peut prendre un jeune homme dans le monde, et faire de lui un témoin pour le Seigneur. Et pourquoi pas ?

Éph. 6 : Le chrétien a à lutter contre la chair qui est en lui. Et si un chrétien a des tendances, il doit veiller beaucoup plus, lire la Parole beaucoup plus. Et l’orgueil : nous avons tous en nous cet orgueil de nous-mêmes. Il peut y avoir aussi des degrés, dans ce mal. Les uns seront plus orgueilleux que d’autres. Mais un chrétien, même le plus orgueilleux, pourra devenir le plus humble et le plus doux de tous les autres. C’en est un témoignage, celui-là ! Je l’ai souvent dit ici ; mais je le répète, au cas où il y aurait des jeunes qui n’étaient pas là : L’esprit de soumission dans l’humilité est supérieur à tout don.

Là où le Seigneur se manifeste à un coeur, ce pourra être une soeur modeste, passant inaperçue, mais dans laquelle on sent qu’il y a Christ ; et cela, sans ostentation. Il n’y a rien de supérieur à cela ! L’huile qui est dans le vase est plus précieuse que le vase. Le vase, c’est le corps du croyant. Mais ce qui est en lui, la personne de Christ, est ce qui est précieux. Nous avons à veiller à cela, chers frères et soeurs, et surtout si nous accomplissons un service. Nous avons à veiller à ce que notre état intérieur reste et demeure sous le regard de Dieu. Il nous apprendra alors à parler, et il nous apprendra à nous taire. Comme c’est admirable !

Nous avons à beaucoup prier, pour que soit réalisée en nous cette vie de Christ, pour que Christ, sa personne adorable, soit vue en nous ; afin qu’on puisse voir en nous celui dont nous ne pouvons pas nous passer.

Un serviteur du Seigneur avait fait une visite. Une personne parlant à ce serviteur lui dit : «Vous avez fait une bonne visite, aujourd’hui». Il lui a été répondu : «Satan me l’a déjà dit !». Voilà de quelle trempe ces serviteurs étaient. Le Seigneur avait la première place.

Éph. 6 : C’est le combat proprement chrétien. Je me suis souvent demandé combien de croyants, dans le monde chrétien, ont été éclairés comme nous le sommes. Chacun peut étudier cette épître, la plus haute qui soit, la plus complète. Elle est relative à la vie céleste. Nous sommes ressuscités dans les lieux célestes. C’est notre Seigneur, c’est notre Maître, qui se trouve là, et qui a, au fond, au fond de nous-mêmes (de chaque croyant, on peut bien le dire), la première place. Sinon, on n’est pas un chrétien. Ce sont les contemplations des choses célestes qui nous sèvrent, sans effort, de tout ce qui est autour de nous, et qui nous libèrent déjà des joies du monde.

Le croyant ne se réjouit pas dans les bénédictions que le Seigneur donne, mais dans notre part céleste, dans le donateur, dans ce qu’il est. Et cette joie-là ne peut jamais nous être ôtée. Paul, en prison, avait le coeur avec son Seigneur dans la gloire. Il est notre puissance et notre consolateur. Nous avons le Saint Esprit comme notre puissance. L’état normal du chrétien est de jouir des lieux célestes. Il peut dire : «Ma vie est ailleurs. Ah, j’y suis déjà ; et la mort m’y fera entrer !». Il est déjà dans cet autre monde, que nous n’avons jamais vu. Nos yeux sont déjà vers les choses qui ne se voient pas. Il faut bien que cela ait un sens, une réalité, ici-bas.

Quand vous voyez une âme pauvre, une croyante, ainsi heureuse en Christ, c’est une élite, cela ! Toutes les sources de notre christianisme sont dans les lieux célestes. Celui qui est le plus riche, est celui qui se nourrit de Christ dans la gloire.

La Réforme a laissé le chrétien au pied de la croix. Mais ce n’est pas la Parole, cela ! C’est mutiler gravement la Parole que d’agir ainsi. Le chrétien est uni à son chef dans la gloire. Nous avons trois positions, dans la personne de Christ, pour le croyant ici-bas. Nous avons Christ, mourant sur la croix ; Christ, dans la gloire, dans les lieux célestes ; Christ, revenant.

Il faut tout cela, pour la vie chrétienne. C’est un Sauveur glorifié ; c’est un Sauveur que nous attendons. Quelles richesses nous avons là ! Elles sont admirables. On ne peut pas le dire. La vie chrétienne ne se connaît que lorsqu’on la vit.

Satan voudrait qu’on soit des chrétiens très sérieux, et le ciel plus tard, pas maintenant. Les chrétiens de la première heure ont insisté sur tous ces points. Car il est impossible de vivre la vie chrétienne sans réaliser tout cela.

Quand un chrétien est céleste, la plus grande partie de ses difficultés est ôtée. Le principal, c’est que nous soyons des chrétiens célestes. Nous avons, dans les lieux célestes, quelqu’un qui veut nous empêcher de nous y promener de long en large. Nous n’avons pas à attendre que Satan soit précipité du ciel pour en jouir. Car Satan ne sera précipité du ciel que lorsque nous ne serons plus sur la terre.

Si les frères ne sont pas célestes, inévitablement, ils sombreront dans la ruine générale. Il faut, d’une part, la possession de la vie divine, et d’autre part, entretenir cette vie divine dans les lieux célestes. Goûtez-vous de ces joies célestes tous les jours de la semaine ? Ne serait-ce pas le dimanche seulement que vous y entrez ? Alors vous perdez six jours sur sept chaque semaine.

Que faut-il ? Il faut être pieux. Sinon, alors, vous n’êtes pas heureux. Inévitablement, vous n’êtes pas heureux. Le Seigneur voudrait que nous soyons toujours heureux. Et pourtant, tout ce qui nous entoure est bien propre à nous rendre malheureux. Mais cela ne dépend pas de nous.

Las de tout, on pourrait dire : «Seigneur, viens !». Mais ce n’est pas à nous de décider du moment de notre départ.

 

23                  Le combat chrétien — Éphésiens 6:10-18

 

[LC n° 114]

Jeudi 6 août 1970

 

Au chapitre 4, nous voyons que le Seigneur a envoyé des dons, après son ascension glorieuse (v. 8).

Toute la vie de l’Église est liée au ciel. Elle a ses sources, ses origines, ses ressources, dans le ciel, pas sur la terre. Sans doute, la vie divine, dans ses manifestations ordinaires, est devant les saints et devant le monde. Les frères et les soeurs ont un comportement qui est visible pour tous les hommes. C’est selon Dieu, qui désire qu’un témoignage soit rendu aux yeux du monde. Représenter Dieu, représenter Christ, c’est ce que le Seigneur attend des siens. Mais, hélas, dans quelle mesure y répondons-nous ?

Les dons sont donc donnés par le Seigneur qui est en haut, et ils dépendent de lui. Nous sommes heureux de reconnaître tout don que peut posséder un chrétien, dans la chrétienté, si nous avons l’occasion d’en rencontrer un qui soit tel. Cela ne veut pas dire que nous puissions lui manifester la communion normale. Mais nous sommes obligés de reconnaître le Seigneur dans les siens, où qu’ils soient. Si votre oeil n’est pas simple, cela veut dire que vous avez des motifs personnels. Nous avons aussi à aider nos frères, si la chair se manifeste. Nous avons bien conscience de la réalité de notre condition actuelle, qui est pleine d’exercices et de difficultés. Chacun aura à rendre compte pour lui-même.

Si le Seigneur donne un don à un frère, il se chargera lui-même d’attester cela. Le Seigneur fera valoir ce que ce frère donnera, et qu’il a reçu de lui. Mais il ne fera pas valoir ce qu’il donnerait et n’aurait pas reçu. Tout est très précis, dans la vie chrétienne. Le Seigneur connaît les pensées et les intentions du coeur. C’est très heureux, pour nous, de savoir cela !

Quand on voit un frère qui cherche la lumière, c’est bon signe. Mais si quelqu’un s’entoure de ténèbres, c’est qu’il est dans un mauvais état, dont la gravité peut varier beaucoup. La lumière, c’est l’atmosphère dans laquelle un chrétien trouve sa joie. Un chrétien mondain ou un inconverti fuit la lumière.

Au chapitre 6, c’est le combat. Qu’il le veuille ou non, un chrétien est appelé à combattre.

C’est un sujet qui doit nous occuper. Nous avons à être exercés, pour demander au Seigneur ce qu’il veut pour la nourriture de chacun de ses troupeaux. Le Nouveau Testament est la mine dans laquelle nous avons à puiser. Dans l’Ancien Testament, ce sont les figures ; mais dans le Nouveau, ce sont les réalités. Ce sont les choses essentielles. C’est vital.

Nous avons donc la lutte contre Satan et ses anges. Nous sommes dans le ciel, moralement, aussi bien que tout à l’heure, quand le Seigneur nous aura amenés. Plus un chrétien est fidèle, plus il trouve sa joie dans le ciel. Ces vérités prennent vie, pour quelqu’un qui a affaire au Seigneur et en qui le Seigneur les bénit. Pour le chrétien, il n’y a de satisfaction que dans les choses qui ne se voient pas. Sa nature proprement chrétienne n’en trouve que là.

«Fixant nos yeux sur les choses qui ne se voient pas… car les choses qui se voient sont pour un temps, mais celles qui ne se voient pas sont éternelles» (2 Cor. 4:18). Est-ce que la recherche des choses invisibles tient une place dans nos coeurs ? Est-ce que ceux qui nous voient peuvent sentir que, malgré des infidélités inévitables, nous avons des coeurs orientés vers le ciel, des coeurs qui ont leur ressource en Dieu lui-même ? C’est important, pour la vie des familles et la vie des rassemblements. Sinon, c’est Amalek qui remportera la victoire. Et il en remporte !

Dieu permet que Satan soit là. Il veut nous empêcher d’être des chrétiens heureux. Si un chrétien est heureux en Christ, Satan ne peut pas l’entraîner. Mais si un chrétien a perdu sa joie en Christ, il se trouve qu’il y a, dans cette armure, une ouverture. Et Satan, qui est très prompt, qui se promène par toute la terre, connaît l’homme beaucoup plus que nous ne le pensons, et profitera de cette défaillance. Dieu le permet, et s’en sert. Satan cherche ainsi à faire broncher un frère, une soeur, et à le conduire à une déroute complète. On voit cela dans une famille, dans un rassemblement. Avec un départ en apparence sans importance, mais qui n’a pas produit d’exercices, Dieu dit : Je vais te mettre à l’épreuve de nouveau. Dieu le permet. C’est ainsi que Pierre est arrivé à renier son Maître. La restauration de Pierre n’a eu lieu qu’après la résurrection.

Pour être gardés, nous avons une armure. L’armure est, avant tout, un état d’âme. Il n’y a qu’une arme offensive : c’est l’épée de l’Esprit, la Parole de Dieu. Toutes les autres sont défensives.

«Tenez donc ferme, ayant ceint vos reins de la vérité». Il s’agit de la vérité doctrinale, mais aussi de la vérité morale. Si un frère est rempli de lui-même, il n’est pas dans la vérité. Si nous nourrissons des pensées personnelles, nous ne sommes pas dans la vérité.

Qu’est ce qu’un méchant ? C’est quelqu’un dont l’assemblée doit se séparer, parce qu’il a agi d’une manière telle, ou il s’est obstiné d’une telle manière dans une mauvaise voie, que l’assemblée a été obligée de se séparer de lui. Les origines qui conduisent à une telle issue peuvent être très variables : une convoitise, des rapports avec le monde, l’amour du monde, ou bien aussi l’orgueil, la volonté propre, l’obstination, l’affirmation du moi. Tout cela peut conduire à un état tel, que cela devient un danger pour l’assemblée. Et elle a le devoir de s’en séparer.

La liste de 1 Corinthiens 5 est indicative, mais n’est pas complète. Elle correspondait à des dangers que couraient alors les Corinthiens.

Combien il est important, pour un frère, pour une soeur, d’être dans cette vérité morale, dans la présence de Dieu, où on apprend à se connaître, à se juger. Le Seigneur nous avertit, nous dit qu’on est en train de dévier. Plus un chrétien est actif, plus il est en vue, et plus il doit veiller sur cela. Pierre était toujours en avant, très dévoué ; mais il n’avait pas la conscience de ce qu’était sa chair, sa volonté.

Un chrétien obéissant est un chrétien dépendant. Il se méfie des propres sentiments qui sont en lui : orgueil, satisfaction. Il n’est jamais autant en danger que lorsqu’il a eu un service heureux et profitable pour les autres. Dès que cette pensée est dans son coeur, il doit la confesser, tout de suite.

Nous avons à être à la place où le Seigneur nous met. Mais si nous nous y mettons nous-mêmes, il risque de permettre que nous fassions des expériences amères. On ne se moque pas de Dieu.

«Ayant ceint vos reins de la vérité» : ,es reins, c’est la partie profonde de l’être. S’il y a, chez un frère ou une soeur, une affection qui ne soit pas saine, un objet quelconque dans le monde, peut-être l’amour de l’argent (c’est peut-être plus courant qu’on ne le pense), ou la vanité, ou la toilette, attention, ce n’est pas la vérité, cela ; ce n’est pas la lumière ! Toute la vie d’un croyant doit être manifestée à la lumière de Dieu. C’est très précieux. Un homme comme cela est heureux. Et il est fort, parce qu’il a Dieu avec lui, au lieu de l’avoir contre lui. Si vous êtes en mauvais état, Dieu sera contre vous, et il vous jettera par terre pour votre bien.

«Ayant revêtu la cuirasse de la justice» : c’est la justice pratique, être juste aux yeux de Dieu et des hommes. Si un frère est, plus ou moins, malhonnête dans ses relations avec les hommes, Dieu le sait. Et il pourra permettre que, dans une circonstance, il soit mis à l’épreuve ; et il tombera. Il y a des chutes extraordinaires. Mais, quand on les a considérées, on s’aperçoit que l’origine remontait à de longues années antérieures, et que le manque de vigilance était à l’origine de tout cela.

Un frère qui marche avec le Seigneur a de la crainte. Est-ce que vous cherchez à développer la crainte, chez vos enfants ? C’est un état d’âme qui remplit l’Écriture, la crainte de Dieu. Même pour un inconverti, cela peut le garder de bien des misères. Des jeunes, encore inconvertis, qui ont dû quitter leur famille, ont souvent été gardés, dans des conditions très éprouvantes, par ce sentiment de la crainte de Dieu. Cela les a préservés et empêchés de faire des chutes desquelles il est difficile de revenir.

Ps. 86:11 : «Unis mon coeur à la crainte de ton nom». Voilà un beau sujet d’étude, pour les jeunes, dans l’Écriture.

Néh. 7:2 : «Hanani… c’était un homme fidèle, et il craignait Dieu, plus que beaucoup d’autres».

«Ayant chaussé vos pieds de la préparation de l’évangile de paix» : la marche du chrétien, c’est une marche de paix, parce qu’il connaît le Dieu de paix ; et il peut jouir de la paix de Dieu. Ce n’est pas une attitude de contestation.

«Par-dessus tout, prenant le bouclier de la foi» : c’est la confiance en Dieu.

«Prenez aussi le casque du salut» : c’est l’assurance du salut que le chrétien a, sûr de ce que Dieu a fait pour lui en Christ.

Il peut faire son chemin en levant la tête, étant au-dessus des circonstances, car il est du ciel.

Et maintenant, voilà l’arme offensive, l’épée de l’Esprit. Cette arme ne peut être employée que par l’Esprit. Nous ne pouvons pas employer la Parole de Dieu nous-mêmes. L’Esprit seul peut l’employer, en se servant de nous.

«Toutes sortes de prières et de supplications». Que le Seigneur nous donne de réfléchir à cela !

Que notre vie chrétienne soit beaucoup plus céleste ! Nous ne pouvons pas avoir, à la fois, les choses du ciel et celles de la terre ! Que chacun de nous examine ce dont il pourrait se débarrasser pour alléger sa carrière et lui permettre d’être un meilleur soldat de Jésus Christ. Tous les croyants sont des soldats, qu’ils le veuillent ou non. Le Seigneur ne nous demande pas notre avis. Depuis que nous sommes à lui, il nous a enrôlés ; et il nous donne l’occasion de le suivre.

À lui la gloire, dés maintenant, et jusqu’à ce que nous le voyions !

 

24                  La mort, force du croyant — Romains 6:4, 6, 11, 12, 14 ; 8:12-14 ; Éphésiens 6:10-20

 

[LC n° 78]

13 mars 1972

 

Le Seigneur sait dans quelle mesure chacun de nous est disposé à entrer, le plus possible, dans la connaissance de la vérité. Cette remarque toute simple n’est pas faite sans raison. Nous savons bien que c’est une tendance générale de ne pas y entrer toujours davantage, une fois que nous avons l’assurance du pardon. Nous savons qu’il y a eu, au cours des siècles, et de nos jours encore, des chrétiens qui réduisent la doctrine à cela ; et qui, une fois assurés quant à leur avenir, pensent que la marche, le service, le témoignage, sont laissés à leur propre initiative. Ce n’est pas ce que nous trouvons dans l’Écriture. C’est un point que nous avons à méditer. La doctrine de l’Évangile serre les choses de beaucoup plus près que cela. Et, surtout parmi nous, nous n’avons pas de prétexte à faire valoir, si nous ne savons pas cela.

Quelqu’un qui est passé de la mort à la vie (c’est-à-dire qui a reçu la vie divine, étant scellé du Saint Esprit ; car il n’y a pas d’état chrétien sans la présence du Saint Esprit dans l’individu. Cette présence est définitive et éternelle), l’Évangile ne s’arrête pas là. Quand on conteste, on n’a jamais raison, avec Dieu. Quand une âme a reçu la vie divine, le Seigneur dit: «Voilà quelqu’un qui m’appartient». Cette âme-là ne s’appartient plus à elle-même, corps et âme. Ne sommes-nous pas tentés de nous accorder une marge d’activité possible ? Il ne nous en laisse pas. Ne perdons pas cela de vue, chers frères et soeurs ! Cela pourrait régler bien des questions, et nous faire voir clair. Et, quand nous ne voyons pas clair, c’est que nous n’avons pas un oeil simple. Et le contraire d’un oeil simple, c’est un oeil méchant. Il n’y a pas de moyen terme. Est-ce que la vérité vous gêne ? Si oui, c’est que vous êtes en mauvais état. Sinon, vous en prendriez le plus possible.

Il ne faut pas jouer avec Dieu, chers frères et soeurs. Nous serons toujours battus. Et, un jour ou l’autre, vous pourriez le payer très cher ! Gardons-nous des vérités générales, qui n’engagent pas. La vérité est vivante, et aussi pénétrante.

«Mon cher, le chemin, le voilà ! Il n’y en a pas deux». Un frère qui parlerait autrement serait un serviteur de Satan, même au milieu de nous. Est-ce que Dieu oublie qu’il est lumière ? Pas du tout. Il est amour, et aussi lumière.

Que vous le vouliez ou non, vous avez une marche à fournir ; vous avez un combat à livrer. Vous n’êtes pas le maître. Et cela, afin que nous puissions discerner où sont nos ressources, et pouvoir les découvrir. Nous sommes sûrs d’aller au ciel. C’est tout ce qu’il faut pour pouvoir mourir en paix. Et, entre temps, qu’est-ce que nous avons à faire, ici-bas ? La Parole nous donne un secret ; et le secret de quoi ? Le secret de la force. Votre caractère, ne vous a-t-il jamais fait souffrir ? Ne vous a-t-il jamais fait verser des larmes ? N’a-t-il jamais fait couvrir votre visage de honte, même chez un jeune homme de vingt ans ? Comment échapper à cela ? La Parole vous donnera la clé de la liberté. Si vous cherchez, dans ce monde, personne ne la possède. «Il n’y a pas de différence, car tous ont péché et n’atteignent pas à la gloire de Dieu» (Rom. 3:22-23). Entre le plus grand philosophe et le brigand sur la croix, il n’y a pas de différence, en la présence de Dieu.

Les chrétiens sont des gens qui sont morts. Ils sont vivants, sur un point de vue ; mais ils sont morts avant de mourir. Ils sont morts avec Christ, crucifiés avec lui. Votre vieil homme est mort avec Christ. Il doit bien y avoir quelque chose d’utile à cela. C’est la Parole qui parle ainsi. Croyez-vous qu’on en parle, dans les milieux évangéliques ? Est-ce que nous le rappelons assez, dans les assemblées ? On dit: «C’est très commode ! Ainsi, on est libéré une fois pour toutes». Attendez ! Dieu dit: «Vous avez en vous quelque chose qui est abominable, horrible. Et vous n’y pouvez rien ! Chez les uns, c’est la mondanité ; chez les autres, c’est la fraude, plus ou moins avouée». On ne sait jamais, si Dieu n’intervenait pas, ce que pourraient faire les meilleurs jeunes gens, les meilleures jeunes filles. Pour quelqu’un qui n’a pas la vie, évidemment, ce qui l’attend, c’est le jugement éternel, n’ayant avec lui que son vieil homme.

Quand vous trichez, quand vous fraudez, Dieu le sait. C’est inscrit. Et vous ne pouvez pas, ainsi, avoir la même liberté avec Dieu. Un père de famille n’a pas la même liberté avec un enfant désobéissant qu’avec un enfant soumis. Quand j’ai péché, que faut-il faire ? Confesser.

Je dis cela dans l’assemblée, car nous le perdons de vue. La force n’est pas en nous, la force pour refuser. Le Seigneur est non seulement mort pour nos péchés, mais pour la puissance du péché qui est en moi.

En conséquence, comment allons-nous réduire au silence cette puissance, car nous avons un adversaire qui n’aime pas Dieu ? Comment allons-nous nous comporter, devant cette présence qu’il nous faut accepter ?

Nous avons, par la mort de Christ, qui est aussi notre mort, la puissance, par le Saint Esprit qui est en nous, de faire mourir les actions du corps. Voilà ! Un frère a manqué ; il a fait des choses malhonnêtes. Bénissons Dieu de ce qu’il nous a donné la lumière sur ces points. Bien des frères se lancent dans leurs activités, sans exercer ce contrôle sur eux-mêmes. Si un frère s’est emporté par un mouvement d’orgueil ou de colère, qu’est-ce qu’il faut faire ? La confession.

Si vous aviez l’occasion de considérer la carrière de nos frères des derniers temps, au siècle dernier, vous verriez avec quels soins ils contrôlaient leurs comportements intérieurs. Cela a été la puissance de leur service extérieur. Dieu est avec celui qui est intègre. Et ainsi, ils ne craignaient personne. Ils ne fléchissaient devant personne. Ce qui serait mieux, c’est de rester avec le Seigneur. Si je vis avec lui, le méchant ne me touche pas. Ce croyant pourrait traverser tout Paris sans être entamé. Quand Christ remplit le coeur d’un chrétien, il est gardé du mal. «Nous savons que quiconque est né de Dieu ne pèche pas, mais celui qui est né de Dieu se conserve lui-même, et le méchant ne le touche pas» (1 Jean 5:18).

Par le Saint Esprit, nous pouvons faire mourir les actions du corps. Le vieil homme est bien là, mais il est mort. C’est une merveille !

La Parole est parfois comme une épée, qui atteint jusque dans la conscience. L’obéissance est un des traits les plus brillants de la vie chrétienne. Plus un chrétien est spirituel, moins il se laisse éblouir par les apparences. Celui qui ne se juge pas lui-même, a perdu sa clarté spirituelle. C’est normal ; c’est une conséquence inévitable. Ne laissons pas s’accumuler des interdits, dans notre vie. On ne sait jamais jusqu’où un frère ou une soeur peut aller, ainsi. Les grandes chutes ne sont jamais instantanées. Elles sont toujours progressives, pour arriver à des choses étonnantes. Disons-nous bien que nous portons en nous un ennemi irréductible. On peut parfois sentir une gêne, dans les réunions,  sans que nous sachions pourquoi. Tout cela est très sérieux. Un frère, une soeur, qui ne veille pas sur lui-même, fait un mal immense, vis-à-vis de ses frères et soeurs. C’est une chose sérieuse, d’entrer dans le témoignage. Il n’y a pas que des privilèges. Il y a, avant tout, des devoirs. Que Dieu nous garde tous ! Et qu’il nous garde d’abaisser le niveau de nos responsabilités.

Ce qu’il cherche toujours, c’est le coeur. «L’Éternel regarde au coeur» (1 Sam. 16:7). Si nous sommes exercés, nous pouvons être amenés à voir ce qui n’est pas normal. C’est à cette condition-là, chers frères et soeurs, que le Seigneur restera avec nous.

À une période particulièrement difficile, un ancien frère du siècle dernier disait: «Nous étions arrivés à dire: Seigneur, où vas-tu ? Il ne pouvait plus rester».

Éph. 6 nous montre un caractère de la position chrétienne. Ce passage est unique, dans la Parole, sauf en Josué, lorsque le peuple eut traversé le Jourdain et mis les pieds sur la terre promise. Le croyant est mort. La mort a passé sur lui. Le peuple arrive dans le pays promis. C’est Guilgal. C’est l’application de la mort sur eux, ce qui leur appartient. Le peuple devait toujours revenir à Guilgal, pour engager la lutte contre Satan et ses anges. Voilà le pays. Mais le peuple devait en prendre possession. Nous aussi, nous sommes dans les lieux célestes. Et nous sommes appelés à en prendre possession. Si vous demandez à certaines personnes: «Où se trouve Satan ?», beaucoup diront: «Satan est en enfer». Pas du tout ! Satan est dans les lieux célestes. Nous sommes dans les lieux célestes. Qu’est-ce que cela veut dire ? Vous savez ce que c’est que d’entrer dans les lieux célestes. Et je pense que pas un frère, pas une soeur, ne sache pas ce que c’est que de goûter la joie des lieux célestes. Mais, une fois dans les lieux célestes, vous avez à en prendre possession. Ce sont là nos joies en Christ, les plus belles, les plus puissantes, connues avec le Seigneur. L’Église aurait dû être céleste, toute entière. C’était sa mission. On aurait dû savoir que, dans ce monde, il y avait une classe de personnes dont les affections étaient entièrement hors du monde. Rien n’échappe au monde. Comme un chrétien spirituel, on ne sait pas pourquoi il vit. On ne sait pas où il trouve sa joie.

L’Église aurait dû être entièrement céleste, ayant ensemble une source de joie commune, à laquelle le monde ne peut avoir part. C’est pourquoi il y a des réunions autour de Christ, dans sa présence. L’Église vient trouver là une source de joie qu’elle ne trouve nulle part ailleurs. Au cours des siècles, l’Église aurait dû montrer que, dans ce monde, il y avait un tel lieu. Certains ont été fidèles. Ils sont morts, non en gémissant, mais en rendant grâces. Ah, Satan prétend qu’il a remporté la victoire ? Ce n’est pas vrai. C’est Satan qui a été vaincu, et Christ a été victorieux. En attendant, l’Église aurait dû le montrer. Si nous l’avons oublié, nous avons perdu la plus précieuse mission céleste. Et rien n’aurait été plus efficace, pour la conversion des âmes.

Si nous avons à coeur la gloire de Dieu dans l’Église, nous serons bénis au-delà de toute attente. Comment voulez-vous qu’un coeur qui aime le Seigneur, rempli des choses célestes, soit attiré par l’orgueil ? Ce n’est pas possible !

Que le Seigneur encourage les jeunes frères ! Qu’ils ne pensent pas qu’à quatre-vingts ans, ils en auront le temps. Leur vie sera manquée. Que le Seigneur nous occupe de lui, afin que, lorsque nous parlons de sa personne, ce soit de l’abondance d’un coeur que lui seul peut remplir.

 

25                  Vivre dans les lieux célestes — Éphésiens 6:10-20, 23-24

 

[LC n° 113]

 

Je désire inviter chacun de nous à remarquer la répétition, dans cette épître, de l’expression «lieux célestes». L’une des plus connue est au chapitre premier : «Bénis de toute bénédiction spirituelle dans les lieux célestes en Christ» (v. 3). C’est l’une de celles que nous citons le plus volontiers. Nos bénédictions sont dans les lieux célestes et en Christ. Non seulement dans les lieux célestes, mais en Christ, ce qui nous montre bien qu’on ne peut pas penser au ciel sans penser à Christ et que, si on nous demande ce que c’est que le ciel, pour nous, le ciel, c’est Christ.

Ensuite, au chapitre 2, nous sommes assis dans les lieux célestes. «Nous», ce n’est pas «nous, les apôtres», c’est tous les vrais chrétiens ; c’est une position. Si nous voulons savoir quelle place Dieu nous réserve, nous pensons aux lieux célestes. Si nous voulons savoir ce que nous sommes aux yeux de Dieu présentement, nous pensons aux lieux célestes : nous sommes assis dans les lieux célestes en Christ.

Puis nous trouvons aussi, au chapitre 3, qu’il est parlé des lieux célestes à propos de la façon dont la sagesse de Dieu est donnée à connaître aux autorités dans les lieux célestes. Cette sagesse de Dieu est donnée à connaître dans l’Assemblée. Il y a donc une sagesse de Dieu déployée, comme elle ne l’a jamais été, dans l’Assemblée, et elle est donnée «à connaître aux principautés et aux autorités dans les lieux célestes» (v. 10). En voyant l’Assemblée, les autorités voient combien Dieu est sage. Elles ont pu voir la sagesse de Dieu déployée dans la création, et aussi dans le gouvernement d’Israël. Mais il y a une sagesse de Dieu déployée aux yeux des principautés et autorités célestes, dans l’Assemblée.

Nous arrivons à notre chapitre 6, où nous trouvons alors un combat, et ce combat est dans les lieux célestes. Le combat chrétien se livre dans les lieux célestes ; et c’est sur cette pensée que je désirerais dire quelques mots.

Le combat chrétien se livre dans le ciel. Nous l’oublions, et cela peut expliquer bien des choses. Ce chapitre 6, on peut le mettre en parallèle avec le livre de Josué, comme nous l’avons déjà dit. Le livre de Josué commence à la fin de la traversée du désert et raconte comment le peuple, ayant fini le pèlerinage à travers le désert, passe le Jourdain et prend possession du pays de la promesse. Dieu dit à Josué et au peuple : Tout lieu que foulera la plante de votre pied sera à vous» (Jos. 1:3). Tout le pays de la promesse était au peuple ; mais il fallait le conquérir pied à pied. Tout le ciel est à nous ; mais, pour ainsi dire, nous avons à en faire la conquête. Et c’est là l’objet — on peut bien le dire — de la vie chrétienne : nous avons à faire la conquête des lieux célestes.

Le peuple qui a franchi le Jourdain est en face de Jéricho. Il lui arrivera d’avancer et de reculer — car il a fait les deux — , mais quand il part, il commence par avancer, remportant des victoires éclatantes, dont Jéricho. Chacun de nous a pu remarquer que les plus belles victoires d’Israël sont celles où il ne frappe pas un coup, où c’est Dieu qui fait tout. Les plus belles victoires sont celles où le peuple ne fait rien, compte sur Dieu, et regarde comment Dieu agit. Ce sont des victoires qui sont sans tache ; elles sont tout entières à la gloire de Dieu. On voit Dieu agir. L’homme dépend de Dieu et obéit simplement à Dieu, reste tranquille, ou fait, tout simplement, ce que Dieu lui dit, par exemple le tour de Jéricho pendant sept jours, puis sept fois, d’une façon d’ailleurs dérisoire aux yeux des hommes, afin qu’il soit évident pour tout le monde, les gens de Jéricho et tout le peuple, que jamais on n’a pris une ville de cette façon-là, et que, si cette ville murée jusqu’au ciel devait être prise, il était de toute évidence que ce n’était pas les hommes qui l’avaient prise, mais c’était Dieu.

Ce sont les plus belles victoires, où il est de toute évidence que Dieu fait tout. C’est vrai dans notre vie privée comme dans la vie du peuple de Dieu. Seulement, cela exige, comme nous le trouvons pour Jéricho — l’un des exemples les plus remarquables — une très stricte dépendance, et puis une grande sainteté. Le peuple était en très bon état, en sortant du Jourdain. Dieu n’avait rien contre lui.

Immédiatement après Jéricho, il y a eu un péché dans le peuple, et il est arrivé ceci (il faut lire ces choses ; ce n’est pas de l’histoire que Dieu nous donne, c’est un enseignement pratique) : un homme convoite ; il a pris un manteau, l’a caché sous sa tente. Personne ne l’avait vu, sauf la famille de cet homme… personne sauf Dieu. Voilà que Dieu, qui était donc au milieu de son peuple jusque-là, va se retourner contre son peuple. Là où il y a du mal, Dieu l’attaque toujours, et il commence par son peuple. La position du peuple est une position intenable, désormais ; Josué le sent. Nous lisons son angoisse ; on sent un homme qui est près de Dieu. La position du peuple est absolument intenable. Si on a franchi le Jourdain devant tous les ennemis qui sont là (il y avait au moins sept nations), si on s’est engagé dans cette situation éclatante et que, tout à coup, on n’a pas Dieu avec soi, c’est la situation la plus désespérée qui soit.

Si le peuple de Dieu n’est pas dans l’état où Dieu veut qu’il soit, Dieu se mettra contre son peuple. Avant de s’occuper des Philistins, Dieu s’occupe de son peuple. C’est toujours ainsi.

Et le peuple (qui doit être tel que la présence de Dieu puisse être au milieu de lui), pour prendre cette petite ville d’Aï, envoie des gens ; ils sont battus. On aurait pu dire : Il n’y avait qu’à faire un premier essai. Mais Josué sent qu’il ne s’agit pas d’un conseil pour la guerre, et ne réunit pas son état-major. D’ailleurs, il n’y a pas d’état-major, pour le peuple de Dieu ; il y a Celui qui s’est présenté avec une épée nue dans sa main, le chef de l’armée de l’Éternel. Josué sent que le peuple est perdu, qu’il y a quelque chose qui fait que Dieu n’est plus avec le peuple. Cela a été très vite fait. Nous savons la suite. Après cela, en général, le livre de Josué nous parle de victoires. C’est un livre beau, encourageant, où, dans l’ensemble, il y a des victoires. Il y a diverses défaites, mais, dans l’ensemble, c’est un livre où la force de Dieu est à la disposition de son peuple et pour son peuple. Alors l’ennemi recule ; Israël avance, prend le territoire. Il n’a jamais tout pris. Il est remarquable qu’il faille aller jusqu’à David pour que Jérusalem soit complètement prise ; il y avait encore des Jébusiens.

Tout cela est une image de ce qui arrive pour nous. Nous avons à conquérir les lieux célestes, c’est-à-dire que, du moment que nous sommes convertis, que nous sommes chrétiens, le Seigneur nous appelle à jouir du ciel. Nous avons à être du ciel, dans ce monde. Par nos corps, nous sommes dans ce monde ; mais par notre coeur, notre âme, le Seigneur nous appelle à être au ciel, à connaître le ciel. C’est en cela que nous marchons par la foi, non par la vue. Nous aimons Jésus, et nous nous réjouissons en Lui d’une joie ineffable et glorieuse ; quoique ne l’ayant pas vu, nous l’aimons (1 Pier. 1:8). Voilà la vie du chrétien. Il se traîne, comme tout le monde ici-bas, en apparence, connaît la maladie, la souffrance. Mais, s’il est exercé, c’est un homme dont le coeur cherche à jouir du ciel, à avoir communion avec le Seigneur, à être rempli de l’Esprit.

Paul est entré au ciel. Nous pouvons être certains qu’il y est entré comme dans un lieu connu de lui.

Nous sommes donc appelés, étant dans ce monde, à tirer notre vie morale et spirituelle du ciel même, c’est-à-dire de Christ qui est au ciel, à la droite de Dieu. Notre communion n’est pas avec ce qui se voit ; bien que notre activité se déploie dans le cadre de ce qui se voit, mais notre communion est avec Christ qui est à la droite de Dieu. Voilà le secret de la vie chrétienne, et que le monde ne peut pas découvrir. Un homme du monde ne peut pas comprendre cela. Si nous étions fidèles, nous serions une énigme pour ceux avec qui nous sommes tous les jours. Pour comprendre, il faut y être ; il faut être chrétien pour comprendre ce qu’est la nourriture céleste que Jésus donne à un chrétien ; il faut la recevoir et la manger. Quand nous entendons des chrétiens, frères, soeurs, dire qu’ils sont heureux, qu’ils contemplent le Seigneur à face découverte, c’est une réalité, s’ils sont en bon état. Il est impossible de l’expliquer à d’autres, mais la Parole en donne l’expression. Contempler le Seigneur, jouir de Lui tel qu’il est à la droite de Dieu, c’est une réalité, si nous sommes fidèles. C’est le pain que Dieu nous donne ; c’est la joie divine et éternelle que Dieu fait jaillir dans notre coeur. Toute l’Écriture s’éclaire de la lumière d’en-haut, quand nous sommes dans cet état. Elle est comme éclairée par un rayon de soleil venant d’en-haut, pour nous faire jouir de ce que Dieu nous a donné. Nous le saurons tout à fait un jour. Mais c’est triste, si nous disons : Plus tard, je comprendrai ce que c’est que le ciel, qui est Jésus. Le coeur du chrétien exercé dit : Aujourd’hui, je désire savoir qui est Jésus, le connaître un peu mieux, tirer ma vie de Jésus, trouver ma consolation, ma force en Jésus, oublier davantage ce qui se voit, sauf pour y servir mon maître et jouir davantage de ce qui ne se voit pas.

Ici-bas, si nous voulons jouir du Seigneur et être quelque peu célestes, immédiatement, nous rencontrons un obstacle. C’est une réalité à laquelle nous ne pensons pas. Cet obstacle nous est dépeint dans ce chapitre 6 d’Éphésiens ; il n’est ni plus ni moins que le diable et ses anges. Ces autorités, ces principautés, qui sont dans les lieux célestes, s’emploient à l’égard de chacun de nous, comme de tout le peuple de Dieu, et emploient tous les artifices du diable, pour nous empêcher de vivre dans le ciel. Et si ces puissances, qui sont de grandes puissances, par leur ruse, ont réussi à détourner notre coeur du ciel, à le rendre moins heureux dans le Seigneur, moins rempli de la puissance et de la grâce de l’Esprit, c’est une victoire à leur actif, et une défaite au nôtre. Ce qui correspondait autrefois à la victoire des Philistins faisant reculer le peuple de Dieu, correspond aujourd’hui à la victoire de ces principautés, qui nous font reculer et qui, pratiquement, nous chassent de notre domaine que sont les lieux célestes.

L’ennemi emploie toutes sortes de choses, pour cela. Du moment où il a rendu Christ moins précieux à notre coeur, son résultat est atteint. Nous avons joui du Seigneur en prière et méditation pendant une demi-journée. Voilà que les principautés et autorités, le diable, placent devant nous, d’une façon ou d’une autre, une chose en apparence très innocente. Et voilà que notre coeur devient de glace ; il devient froid. Nous avons enregistré une défaite.

Dans la vie du Seigneur, il n’y avait pas de hauts et de bas ; chez nous, il y a des hauts et des bas. Dieu veuille qu’il y en ait de moins en moins, et que notre vie chrétienne soit plus égale, qu’elle soit de plus en plus céleste. On ne le dit pas ; le dire serait déjà une défaite.

Que Dieu nous donne de ne rien dire, mais de suivre sans bruit Jésus, et de le rechercher là où il est. Il saura bien remplir notre coeur et, si nous le cherchons, Il saura bien se faire trouver à notre coeur. Le diable est là, qui veut nous fermer l’accès aux lieux célestes, nous empêcher de jouir du ciel. Il n’est pas chassé des lieux célestes ; il le sera plus tard, mais ne l’est pas encore. Rechercher Jésus là où il est, c’est ce qui fait que les chrétiens sont un peuple céleste, et qui doit vivre par la foi.

Voilà, le diable sera chassé ; et auparavant, nous serons enlevés dans les lieux célestes. Le diable sera chassé. Dans les lieux célestes, il remplit le rôle d’accusateur des frères. Il a un pouvoir anti-sacerdotal, c’est-à-dire qu’il s’emploie avec une activité inlassable à accuser les frères, les croyants. Il a une activité exactement opposée à celle du Seigneur Jésus qui, Lui, s’occupe des saints, les considère, voit un des siens qui a manqué, qui a péché, qui a failli — et nous le faisons de combien de manières, chers amis, par jour — pas aux yeux des hommes, mais de Dieu. Alors le Seigneur s’occupe de nous. Il soigne notre coeur, s’occupe de notre conscience, nous parle ; et Il est notre avocat auprès du Père, pour rétablir la communion perdue entre le Père et nous. C’est une activité incessante de Jésus. Eh bien, il y a l’activité anti-sacerdotale du diable.

Chers amis, certainement — je le dis pour mon compte — nous n’attachons pas assez d’importance aux déclarations de l’Écriture, et nous ne prenons pas avec assez de sérieux ce que Dieu dit, concernant cet état de choses qui paraît étrange ; le diable est au ciel, dans les lieux célestes. Beaucoup de personnes croient qu’il est en enfer ; il n’est pas près d’y être ! C’est une position à propos de laquelle nous ne consultons pas assez l’Écriture ; et c’est ce qui contribue à ne pas nous rendre assez exercés, pour la vie chrétienne. Du jour où nous sommes convertis, nous avons la vie chrétienne. Le jour où nous délogeons, le ciel est à nous et, comme disait quelqu’un, c’est le plus beau jour de notre vie. Seulement, quand il faut marcher ici-bas, il s’agit de marcher pour Christ. Il s’agit d’être un chrétien. On ne peut pas être, après avoir été converti, comme on était avant, ou c’est une anomalie monstrueuse. Il s’agit de marcher en chrétien, de vivre en chrétien, non pas seulement en brave homme, non pas comme quelqu’un à l’égard duquel on dit : C’est un brave homme, un homme honnête. Les hommes peuvent le dire mais, avec ce seul témoignage, s’il est un chrétien, il peut être très mondain. Un chrétien est plus qu’un honnête homme. S’il se contente de cette règle, il risque de ne pas vivre en chrétien. Il risque, par les efforts de l’ennemi, de faire du mal. Nous ne trouvons pas, dans ce que nous avons lu, que nous devions nous appliquer à être de braves gens ; ce n’est pas ce terrain-là qui nous est présenté.

Que le Seigneur remplisse notre coeur, et que nous nous rappelions que, si nous avons quelqu’un auprès du Père, un avocat qui plaide pour nous quand nous avons péché, le souverain sacrificateur, lui, intervient avant le péché, et pour éviter le péché.

Qu’il nous soit donné de nous rappeler aussi, chers amis — cela fait partie de la vérité divine — que nous avons quelqu’un qui ne manquera jamais l’occasion de nous faire du mal. Et le fait que le Seigneur nous a fait passer du pouvoir de Satan à Dieu, il ne nous le pardonnera jamais. N’oublions jamais cela.

Alors c’est ici que se présente, dans notre passage, la déclaration de notre lutte qui est dans les lieux célestes, contre les principautés qui sont dans les lieux célestes. Ce n’est pas contre le sang et la chair, et c’est autrement grave, c’est autrement solennel. Si nous nous représentions tout à coup le peuple de Dieu ayant à affronter, sur le champ de bataille, un peuple ennemi, avec des péripéties plus ou moins sanglantes, des combats, nous aurions peut-être davantage peur. Mais si nous pensions à la lutte que véritablement nous livrons, et à l’adversaire que nous avons contre nous, nous aurions beaucoup plus peur que s’il s’agissait d’affronter un ennemi sur le terrain sanglant d’un champ de bataille. Que le Seigneur nous donne d’avoir affaire à Lui. Quelle grâce qu’Il nous ait révélé cela dans cette partie du chapitre 6 des Éphésiens. Quelle bonté de sa part ! Nous savons à quoi nous en tenir. Et qu’est-ce qui nous est dit ? Premier conseil : «Prenez l’armure…» ; deuxième : «Prenez l’armure complète de Dieu». C’est dit deux fois : «Revêtez-vous de l’armure complète de Dieu». Voilà ce qui nous est dit. À coup sûr, dans ce combat que nous livrons, et avec un adversaire dont le Seigneur connaît la force pour l’avoir brisée, les conseils du Seigneur sont les seuls valables. Un honnête homme ne tiendra pas, devant les artifices du diable, pas même un honnête chrétien. Le diable est plus rusé que quelque homme que ce soit.

Nous lisons donc, au verset 10 : «Fortifiez-vous dans le Seigneur». Se fortifier dans le Seigneur et dans la puissance de sa force, comment peut-on le faire ? Qu’est-ce que cela veut dire ? Cela veut dire : avec la force du Seigneur. On a grand besoin, pour soi, de la force du Seigneur, quand la lutte est serrée, sérieuse. On doit avoir le Seigneur avec soi, marcher avec le Seigneur, réaliser sa présence dans notre vie. Que Dieu nous accorde d’y veiller.

«Revêtez-vous de l’armure…» (v. 11). Quelle déclaration, chers amis. Qu’est-ce qu’il y a donc, dans ce monde invisible des esprits ? Quels sont ces êtres qui sont là, êtres déchus ? Combien nous pouvons bénir Dieu de ce qu’Il nous a révélé leur existence et signalé le danger qu’ils présentent pour nous, et qu’Il nous montre en même temps de quelle façon nous pouvons être préservés. Quand on pense que les hommes s’amusent à chercher des rapports avec ces êtres,  chers amis, que Dieu nous garde dans une sainte crainte à son égard, et à l’égard du Seigneur !

Tenir ferme, cela devrait caractériser la vie chrétienne. C’est une attitude de fidélité ; et c’est souvent plus difficile que de prendre l’offensive : «Après avoir tout surmonté, tenir ferme, ne pas nous laisser emporter par l’ennemi».

Verset 13 : Qu’est-ce que le mauvais jour ? Quand est-ce qu’on rencontre le mauvais jour ? En un sens, c’est tout le temps, pendant toute la vie chrétienne, pendant toute l’histoire du peuple de Dieu. Mais il y a des périodes, dans la vie du chrétien, comme aussi dans la vie du peuple de Dieu, des moments qui sont spécialement caractérisés par le mauvais jour, des moments où l’ennemi montre tout spécialement sa puissance, ses ruses, d’une façon particulière. Nous savons bien que, dans notre vie chrétienne, Dieu nous donne des moments où nous jouissons davantage des époques sans combat : nous jouissons de Dieu, de la communion avec Dieu, avec le Seigneur, et les choses de Dieu sont une réalité pour notre âme. Tandis que, d’autres fois, nous avons affaire à toutes sortes d’exercices ; et cela, c’est le mauvais jour.

Personne ne peut dire d’avance quant il rencontrera le mauvais jour ; nous ne pouvons pas le savoir. L’armure doit, par conséquent, être toujours là. Il faut donc avoir l’armure pour l’éventualité du mauvais jour, qui peut se présenter tout à coup. Une tentation ou, que sait-on, toutes sortes de choses, des attaques réitérées de l’ennemi, tout cela peut se présenter. Et, si nous ne sommes pas revêtus à l’avance de l’armure complète de Dieu, nous serons battus. Un soldat ne s’arme pas quand il est à quelques mètres de son adversaire. Il a toute son armure, et doit savoir se servir de toutes ses armes à temps, avant d’être en face de son adversaire. Il a beau être armé, s’il ne sait pas se servir de ses armes, il est battu ; et c’est une lutte à mort. Que Dieu nous donne de revêtir cette armure complète de Dieu. Ce n’est pas l’armure de l’homme.

Pour préserver la jeunesse dans ce pauvre monde, dans les écoles, les éducateurs et les parents donnent des conseils. C’est une sorte d’armure dont on revêt la jeunesse ; et on prolonge ces conseils aussi loin qu’on le peut. Les parents qui ont de l’expérience savent tout ce qui peut faire tomber la jeunesse ; mais ce n’est pas ce qui préserve. On leur donnera mille conseils ; on leur dira : Ne mentez pas — et la disparition de ces conseils explique aussi la déchéance actuelle de la société, incontestablement, et en particulier la disparition de l’influence que la Bible apportait dans nombre de milieux. Mais il faut l’armure complète.

Un homme peut être honnête, aux yeux des hommes, mais il peut avoir des défaillances qui sont d’un ordre tel que Dieu les qualifie gravement. Il y a des choses pour lesquelles on ne mettra pas un homme en prison, et qui pourtant sont infiniment graves, aux yeux de Dieu. Il nous faut l’armure complète. Qu’est-ce qui nous en est dit ?

Verset 14 : «Tenez donc ferme, ayant ceint vos reins de la vérité». La ceinture, c’est le premier point, les reins ceints. Les reins, c’est ce qu’il y a de plus intérieur en nous. Ils doivent être ceints de la vérité ; c’est-à-dire qu’elle doit remplir en nous ce qui est intérieur. Ce n’est pas une vérité ou des vérités humaines ; la vérité, c’est la vérité divine, c’est Christ, c’est la Parole de Dieu. Et il est aussi écrit quelque part, que l’Esprit est la vérité. Nos reins doivent être ceints de la vérité. Et, quand l’être intérieur est ainsi ceint de la vérité, il devient pour nous le siège de la force. C’est pourquoi on trouve, dans la Parole : «Mes reins sont ceints de force» (cf. Prov. 31:17 ; Ps. 18:32, 39). Les reins sont donc ceints de la vérité, toute la vérité de Dieu. Si nos reins sont ceints du mensonge, de ce qui a cours dans le monde, la première pièce de l’armure manque. Voilà pourquoi il est important, pour le chrétien, de ne pas être comme son voisin de tous les jours. Il se nourrit de tous les mensonges que le monde apporte. Un inconverti ne livre pas ce combat, et il n’a pas de lutte à livrer, vis-à-vis de sa position devant les hommes ; il ne livre pas de lutte chrétienne. Il est dans les mains de Satan ; il n’a pas de lutte à livrer avec lui. Il est le jouet de Satan. Quand nous copions nos voisins, dans ce monde, et nous nourrissons de ce dont ils se nourrissent, nous nous préparons à une défaite. Alors que le mal n’est pas le même pour eux, parce qu’ils sont dans un état tel, qu’ils ne sont pas dans la position chrétienne.

Combien cet état intérieur, caché et profond, est la base de tout le reste ! C’est très remarquable. L’état de notre être intérieur conditionne tout le reste. Si notre état est mauvais, si nos reins, notre coeur, le fond de notre coeur, est rempli de choses qui ne sont pas la vérité, nous pouvons très bien faire du service, être des chrétiens même actifs, nous risquons de ne pas faire un bon service, mais d’être battus par l’ennemi. «Les reins ceints de la vérité…» !

«Revêtus de la cuirasse de la justice» : La cuirasse, c’est la justice pratique. Ce n’est pas celle dont nous sommes revêtus par la foi en Christ. La cuirasse de la justice nous donne une bonne conscience. Il est de toute importance d’avoir une bonne conscience, devant Dieu et devant les hommes ; sinon, c’est un soldat qui s’en va, qui fuit. C’est ce que l’apôtre dit pour lui-même. C’est la justice pratique, une marche agréable à Dieu, où Dieu soit avec nous, où nous ayons Dieu. Quelqu’un dira : C’est impossible, de ne jamais manquer ! Tout à fait juste, la Parole le dit : «Nous faillissons tous à plusieurs égards» (Jacq. 3:2). Mais alors, nous maintenons cette cuirasse en nous jugeant devant Dieu, en confessant au fur et à mesure : J’ai manqué en quelque chose ; je dois régler mes affaires avec le Seigneur, de façon que la cuirasse reste là.

«Chausser les pieds…» : Le chrétien est un homme qui connaît la paix de Dieu : paix de la conscience, paix du coeur. Et, dans ce monde, c’est un homme qui, quand il peut parler de paix, répandre la paix, annoncer aux hommes la paix, le fait. Voilà une belle définition de l’activité du chrétien : «les pieds chaussés de la préparation de l’évangile de paix». «Combien sont beaux les pieds de ceux qui annoncent la paix» (Rom. 10:15). C’est un passage de l’Ancien Testament qui a trait à un autre fait, qui aura lieu plus tard. Mais le chrétien, dans ce monde, est un homme qui peut parler de paix, la paix de Dieu, avec Dieu, et doit être dans cet état d’esprit continuellement. Que Dieu nous aide à le réaliser !

Le bouclier de la foi. C’est la confiance en Dieu, la confiance en Dieu quoi qu’il arrive. Un état fâcheux et très grave pour nous, c’est quand nous perdons la confiance en Dieu et que nous en venons à ce que l’ennemi désire, que nous nous méfiions de Dieu. C’est un état terrible, que de se méfier de Dieu. Tandis qu’en étant exercés, nous aurons toujours confiance en Dieu. Il sera toujours la confiance, le rocher de notre coeur. Il ne déçoit jamais ; il ne trompe jamais. Aucun d’entre nous ne pourrait dire qu’il a toujours été, à l’égard de son meilleur ami, ce que son ami attendait de lui ; mais Dieu est toujours ce qu’Il doit être, toujours le même, pour notre coeur. Ensuite, le casque du salut (verset 17) nous permet de lever la tête, parce que nous sommes sauvés. Quelqu’un qui n’est pas sûr de son salut, le voilà aux prises avec l’ennemi ; il est battu. Il pourra dire : Je suis perdu. Tandis que le casque du salut nous fait avancer, non pas avec prétention, orgueil et fierté, mais avec cette assurance que Dieu donne : Je suis sauvé ; je suis à Dieu, à Christ ; le salut que Christ a opéré est pour moi ; nul ne peut me ravir de la main de mon Père, de la main de Jésus. Cette assurance, que Dieu la garde dans notre coeur ! Elle fait partie de la vérité divine. L’ennemi fait tout ce qu’il peut pour nous ôter cette assurance. Voici ensuite une arme offensive ; c’est la Parole de Dieu, l’épée de l’Esprit. Il n’y a pas d’épée, pour la chair. La mémoire du chrétien peut employer la Parole de Dieu, mais le fera à tort et à travers. C’est l’épée de l’Esprit qui perce le diable. Par exemple, le Seigneur, au désert, réduit le diable au silence par des citations de la Parole. Pour employer la Parole de Dieu avec efficacité, il faut que ce soit par l’Esprit.

Que Dieu nous accorde d’être gouvernés, dirigés par l’Esprit ; nous saurons que dire. Quand nous sommes embarrassés, c’est que quelque chose n’est pas jugé ; et, au lieu d’avoir du discernement, d’avoir toujours une décision liée à l’humilité, eh bien, nous ne savons que faire. Alors que nous devrions savoir employer l’épée de l’Esprit et traiter l’ennemi comme il le mérite.

Verset 18 : la prière, la lecture de la Parole de Dieu, quelle importance ! Est-ce qu’il nous est donné, par la grâce de Dieu, de réserver à la Parole de Dieu la place qu’elle doit avoir, dans notre vie quotidienne ? C’est d’une importance incalculable. Quand un frère, une soeur, un chrétien, n’a pas envie de lire la Parole, c’est alors qu’il en a le plus besoin. Et on a dit que c’est quand un chrétien a le moins envie de prier qu’il en a le plus besoin. Si j’étais en bon état, je prierais sans cesse, «par toutes sortes de prières». On va, on chemine ici et là, on a un exercice : «Seigneur, aide-moi pour ceci, pour cela», en tout temps. On demandait à une chrétienne pauvre, au sens propre du mot (elle faisait des ménages), très fidèle, très pieuse, très humble : «Mais, comment fais-tu pour prier sans cesse ?» ; «Je dis, en faisant mon travail : Seigneur, aide-moi, fais dans mon coeur le même travail que je fais. Fais en moi ce service que j’ai à accomplir». «Toutes sortes de prières et de supplications» : nous nous imaginons que c’est une vie languissante, où il s’agit de paraître aux yeux des hommes. Mais c’est être, toujours et partout, avec Jésus ; c’est une vie simple et claire comme la lumière du soleil. L’ennemi obscurcit nos yeux ; mais c’est une vie d’une clarté, d’une limpidité, divines, la vie que le Seigneur nous présente. Qu’il nous soit donné de réaliser cela. Et c’est alors que, incontestablement, les détails de la vie quotidienne prennent une très grande importance. C’est par les détails que nous sommes infidèles ; et c’est par l’infidélité dans les détails que se préparent les plus grandes infidélités. Là où je ne suis pas avec Jésus, je suis déjà en état de chute. Peut-être pas en état de chute grave, mais, si ce n’était pas la grâce de Dieu, dès que je suis en état de chute, je suis capable de tout. Dès que je ne suis plus en communion avec Jésus, tout est possible, de ma part. Et sans Christ, qu’est-ce que nous sommes ? Nous n’avons pas besoin de le dire !

«Priant par toutes sortes de prières et de supplications, en tout temps, par l’Esprit». La Parole est l’épée de l’Esprit ; nous prions par l’Esprit.

La vie chrétienne, c’est le ciel sur la terre, et c’est le ciel dans tout ce que nous faisons, tous les jours.

Quand nous parlons à un inconverti, que nous parlons à un blasphémateur, que nous soyions avec le Seigneur ! Mais alors, il faut avoir toujours partout l’horreur de tout ce qui nous sépare du Seigneur, l’horreur du mal, comme nous lisons en Romains 12.

Chers amis, que le Seigneur nous soit en aide, afin que nous n’attendions pas le ciel pour que notre coeur soit plein du ciel !