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Méditations  de  J. N. Darby

 

 

 

1     Méditations de J. N. Darby    Éphésiens  1

2     Méditations de J. N. Darby    Éphésiens  1

3     Méditations de J. N. Darby    Éphésiens  1:1-7

4     Méditations de J. N. Darby    Éphésiens 1:8-14 : Quelques grands faits du Christianisme

5     Méditations de J. N. Darby    Éphésiens  1:15  à  2:10

6     Méditations de J. N. Darby    Éphésiens  2

7     Méditations de J. N. Darby    Éphésiens  2:10-22

8     Méditations de J. N. Darby    1  Rois 13 ;  Éphésiens  3

9     Méditations de J. N. Darby    Éphésiens  4

10          Méditations de J. N. Darby    Éphésiens  4    Conséquences Pratiques de l’Union de Christ et L’Église

11          Méditations de J. N. Darby    Éphésiens  4:1-16 : Avoir  Conscience de notre Position devant Dieu

12          Méditations de J. N. Darby    Éphésiens  5

13          Méditations de J. N. Darby    Éphésiens  5

14          Méditations de J. N. Darby    Éphésiens  6

 

 

 

1              Méditations de J. N. Darby    Éphésiens  1

Lausanne, 24 décembre 1857    n°205 : ME 1915 p. 114 / 136

On peut considérer le salut de deux manières distinctes : du côté des privilèges de la grâce et des conseils de Dieu, ou du côté des besoins de l’âme. Si je pense à ces besoins, à l’état de péché de l’homme et à la réponse que l’Évangile y apporte, je trouve cela dans l’épître aux Romains. Dans les Éphésiens, au contraire, comme aussi dans l’évangile de Jean et dans sa première épître, la grâce et les conseils de Dieu sont présentés, avant qu’il soit question des péchés de celui auquel cette grâce s’adresse. Sa position est dans les lieux célestes. Dans l’épître aux Hébreux, le chrétien est considéré comme en chemin sur la terre, au milieu d’exercices divers, de tentations et d’infirmités. Il n’est donc pas vu en Christ, ni dans les lieux célestes, mais il a une libre entrée dans le lieu saint. Une de ces vérités est, à sa place, aussi précieuse que l’autre. J’apprends dans l’épître aux Romains ce que Dieu est pour moi ; dans celle aux Éphésiens, j’ai la conscience de mes privilège et la connaissance de la grâce et des conseils de Dieu ; dans celle aux Hébreux, j’apprends à connaître la condescendance, la tendresse et les sympathies de Christ.

L’épître aux Éphésiens parle donc de nos privilèges, et il ne peut en être autrement, parce qu’elle s’occupe de l’Église. Quand je pense à l’Église, corps de Christ, je ne suis pas occupé du péché, mais de la position que Dieu nous a faite à tous ensemble, en tant que nous sommes en Christ. Je suis occupé de l’Église, non des individus ; ces derniers cheminent sur la terre ; mais, quand je pense à l’Église, ce n’est pas ma marche individuelle qui m’occupe : c’est le corps de Christ, uni à sa Tête et qui en possède tous les privilèges.

L’Église est considérée à deux points de vue. À la fin du premier chapitre, elle est le corps de Christ. Envisagée dans sa perfection absolue, elle est la «plénitude» du Chef. C’est la Tête, Christ, qui dirige et fait tout, mais cette Tête a besoin d’un corps. À la fin du deuxième chapitre, l’Église est envisagée comme une maison. C’est le second point de vue. Jésus-Christ est la maîtresse pierre du coin ; l’édifice est en croissance, mais il n’est pas dans le ciel. C’est une habitation de Dieu par l’Esprit ; elle s’élève comme un temple saint au Seigneur ; elle est la demeure de Dieu sur la terre. Tels sont donc les deux caractères de l’Église : corps de Christ, et édifice où Dieu demeure par l’Esprit.

Plus on fait de progrès, plus on voit l’importance de distinguer ces deux points de vue, mais aussi de les distinguer, l’un et l’autre, des individus qui les composent, de leur responsabilité, de leurs changements, de leurs états d’âme. Cela est important de nos jours, où plusieurs sont occupés de ces questions. Il nous faut avoir une vue scripturaire de la pensée de Dieu au sujet de l’Église.

C’est l’Église de Christ qui caractérise ce premier chapitre. Si je veux connaître ma position, ma bénédiction, il faut que je pense à Christ, duquel tout découle, auquel tout est uni. C’est pourquoi il dit au vers. 1 : «Aux saints et fidèles dans le Christ Jésus». Il est impossible de comprendre la bénédiction du corps en laissant une partie du corps de côté. Depuis son exaltation à la droite de Dieu, Christ a reçu le Saint-Esprit pour le corps, la «promesse du Père». Lui-même avait été oint du Saint-Esprit sur la terre ; les disciples ne l’avaient pas été. Dieu pouvait oindre Jésus du Saint-Esprit, comme sceau de la justice personnelle qui était en lui ; les disciples n’ayant pas cette justice personnelle, ne pouvaient pas être oints de cette manière. Pour qu’ils pussent l’être, il fallait que le grain de blé, Christ, tombant en terre, mourût, sinon il demeurait seul. L’idée, si commune aujourd’hui, de l’union de Christ avec l’humanité, par l’humanité, est entièrement fausse. C’est un Christ ressuscité qui est le chef de la nouvelle création, ainsi que le commencement d’une nouvelle famille. 1 Cor. 15, qui nous parle de sa résurrection, nous le présente comme le Chef, le second Adam. Après être devenu justice de Dieu pour d’autres, il a reçu le Saint-Esprit et l’a envoyé pour habiter en ceux qui, par sa grâce, croyaient en lui. L’Esprit est venu prendre la place du Seigneur Jésus sur la terre, lorsque lui, le grain de froment, a été mort et ressuscité. Christ, ayant glorifié Dieu à l’égard du péché, la justice de Dieu était tenue de lui donner la place qui lui était due comme homme. Il reçoit alors des dons pour les hommes ; il envoie le Saint-Esprit, et l’Église est formée.

Le Saint-Esprit est donné comme sceau de la justice. C’est autre chose qu’une nouvelle naissance. Celle-ci ne signifie pas que j’aie la justice ; j’ai par elle une nature juste, mais le péché est en moi. Il me faut donc autre chose, car je ne puis me présenter ainsi devant le tribunal de Dieu. Christ est notre justice, justice parfaite et déjà présentée à Dieu, et nous recevons le Saint-Esprit comme sceau de cette justice que Christ a acquise personnellement pour nous. «Celui qui est uni au Seigneur est un seul Esprit avec lui» (1 Cor. 6:17), et membre de son corps.

Au commencement du chap. 1 des Éphésiens, l’apôtre parle de la bénédiction des individus qui composent l’Église, et, à la fin du chapitre, de la bénédiction de l’Église comme corps de Christ et de toutes les gloires dont il jouit lui-même.

«Le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus-Christ», tels sont, au commencement de ce chapitre les deux caractères de Dieu. Le croyant jouit personnellement et individuellement de toutes les conséquences de ce que Christ est en la présence de Dieu. Il y est dans cette double relation, comme homme, et comme Fils. «Je monte», dit-il, «vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu». Auparavant, il ne pouvait mettre ses disciples sur le même pied que lui. Étant encore sous la loi, ils n’avaient pas l’adoption d’enfants ; mais Christ a porté la malédiction de la loi, et après sa résurrection il dit : Mon Père et votre Père, mon Dieu et votre Dieu. Nous l’avons déjà dit : l’idée de l’union de Christ avec l’humanité est une fable. La Tête dans le ciel ne s’unit pas avec l’humanité déchue ici-bas, mais les croyants, les membres de Christ, sont unis avec lui, leur Tête dans le ciel. Comment le Fils de Dieu pourrait-il s’unir avec le péché ? Impossible ! Une telle pensée renverse, de fait, la nécessité de la rédemption. Si le péché n’est pas ôté, nous ne pouvons être unis à Dieu, et Dieu ne peut s’unir à nous. Mais, la rédemption étant accomplie, il y a un nouvel homme ; nous pouvons être unis à Lui. Notre position, notre nature, sont devenues celles de notre Chef.

«Bénis de toute bénédiction spirituelle dans les lieux célestes en Christ». Plus une seule bénédiction ne nous manque. Elles sont toutes entièrement célestes. Nous ne sommes pas comme les anges, mais beaucoup au-dessus d’eux, en Christ. C’est le mot de ce mystère, de cette révélation ; Dieu nous place en Christ, avec qui nous avons part à toutes les bénédictions qui sont dans le ciel, sans qu’il en manque aucune.

«Élus en Lui». Nous aurions pu être élus autrement qu’en Lui. Il y a des anges élus (1 Tim. 5:21), qui ne sont pas élus en Christ, nous sommes en Lui, formant une partie de ce Christ.

«Avant la fondation du monde». Nous sommes élus en Lui, entièrement en dehors de ce monde, avant que le monde fût. Cette élection se réalise ici-bas, mais le monde n’y est pour rien. La souveraineté divine pourrait nous élire dans le temps ou avant le temps, mais cette élection est en Christ. Elle est en dehors du gouvernement du monde. Dieu le gouvernera, mais Christ n’en est pas, ni n’en fait partie, et nous n’en faisons pas plus partie que Lui. La vie, la gloire, que nous avons reçues a donc sa source dans ce qui existait avant que le monde fût.

«Saints et irréprochables devant Lui, en amour». Christ est cela. Il est l’image du Dieu invisible, et ces termes présentent le caractère de Dieu lui-même qui est saint, irréprochable dans ses voies, et qui est amour. Nous sommes élus en Christ, afin que nous soyons aussi cela. C’est la perfection. Dieu l’est en lui-même ; nous le sommes en Christ devant lui. Pour être devant Dieu, il me faut une nature sainte, capable d’aimer, mais il me faut aussi un objet parfait pour que j’aie la possibilité d’en jouir. Je l’ai, quand je suis devant Dieu. Il ne pourrait trouver ses délices en moi qui ai toute sorte de défauts. Cependant, si nous avons le Dieu parfait comme objet, nous sommes aussi ses objets à Lui, car, en Christ, nous possédons toutes ces perfections. Ce petit mot «en Lui» me dit que je puis être pour Dieu un objet de délices !

Dieu aurait pu nous prendre seulement comme serviteurs, mais non : il veut nous bénir en Christ, en son Fils, et il nous adopte pour être ses fils. C’est une nécessité de sa nature, de nous avoir saints et irréprochables devant Lui, mais non de faire de nous ses enfants, ce qui est une toute autre chose. Mon père est bon pour tout le monde, mais il n’est pas père de tout le monde.

«À la louange de la gloire de sa grâce, dans laquelle il nous a rendus agréables dans le Bien-aimé». Tout ce qui peut être exprimé pour donner une idée de cette affection de Dieu pour nous est déployé ici, pour nous faire comprendre notre position devant lui. Remarquez que l’apôtre n’a pas encore dit un mot jusqu’ici, de l’état des âmes introduites dans cette position. Il veut, quant à cette dernière, que nous la connaissions maintenant, et que cela influe sur notre marche, sur nos affections, sur toute notre vie. Pour avoir des affections saintes, il nous faut la conscience des relations qui les produisent dans le coeur. L’homme ne peut pas avoir cet état subjectif sans un objet dont il soit occupé. Il n’est pas Dieu, pour dire : Je suis ; il dépend de ce qu’il voit, de ce qu’il a. On peut posséder une nature capable d’aimer les enfants, un père, une mère, mais on ne les aime pas quand on ne les a pas. Il faut des coeurs occupés de leur objet pour jouir des relations avec lui et les réaliser.

C’est du côté de Dieu que nous est présentée ici la rémission des péchés. L’apôtre ne les étale, ni ne les détaille, comme en d’autres passages des épîtres ; il dit simplement : «En qui nous avons la rédemption par son sang, la rémission des fautes, selon les richesses de sa grâce». À la naissance de Christ, les anges disaient : «Gloire à Dieu dans les lieux très-hauts !» Les hommes qui les entendaient étaient ignorants et ne savaient ce que cela signifiait. Ils ne voyaient ni l’iniquité de l’homme, ni sa folie qui donnait à Christ une place dans une crèche. De toute manière, l’homme manifestait tristement ce qu’il était, mais le ciel proclamait : «Gloire à Dieu dans les lieux très-hauts ; et sur la terre paix et bon plaisir dans les hommes !» Si moi, je considère la croix, j’y vois tout le détail de mes fautes et la grâce qui couvre mes iniquités, mais quel bonheur de pouvoir envisager les résultats de cette oeuvre du côté de Dieu et en s’élevant au-dessus de l’égoïsme et des souillures de l’homme ! Quand nous avons senti ce qu’est le monde, ce qu’est le péché, quel soulagement de trouver en Christ un être parfait qui a fait triompher le bien au milieu de tout ce mal !

Mon coeur a trouvé un asile, où je puis demeurer, et là, mis à l’abri, et entouré de son amour, je considère le mal comme il l’envisage lui-même. C’est notre privilège, en vertu de la grâce infinie dont nous sommes les objets. S’il importe que nous jugions le péché devant Dieu, il importe aussi que nous nous tenions là où Dieu nous a placés par sa grâce, pour voir le péché d’en haut, comme Lui le voit.

Nous ayant introduits dans cette position et dans cette intimité, Dieu nous parle de Christ (v. 9-11), et de la manière dont il veut glorifier Celui en qui il nous a placés. S’il y a l’appel et l’adoption, il y a aussi l’héritage du Christ, et le Saint-Esprit nous en est donné comme les arrhes. En outre, le sceau du Saint-Esprit est mis sur la justice qui nous appartient désormais.

Je dirai encore un mot sur la fin de ce chapitre. Remarquez, au v. 18, qu’il s’agit de l’appel de Dieu, de l’héritage de Dieu, dont il jouira dans les saints. Puis, au v. 19, nous trouvons «l’excellente grandeur de sa puissance envers nous qui croyons». La même puissance qui a ressuscité Christ d’entre les morts a agi en nous pour produire spirituellement le même effet. C’est ainsi que les membres y arrivent, et c’est ce que je voulais faire remarquer. La puissance qui a ressuscité le Christ d’entre les morts et l’a placé dans la gloire est la même qui agit en nous : «Il nous a ressuscités ensemble, et nous a fait asseoir ensemble dans les lieux célestes, dans le Christ Jésus» (2:6). C’est ainsi que nous avons cette position en Christ et que nous devenons membres de son corps.

Que la chair résiste au Saint-Esprit, nous le savons ; que le monde soit rempli, par Satan, de tout ce qu’il faut pour y résister, nous le savons aussi. Quelque réelle et puissante que soit cette résurrection spirituelle, le monde ne la reçoit pas, parce qu’il ne la voit pas. Nous l’avons, et le Saint-Esprit demeure en nous. Nous possédons ces choses, mais seulement par la foi. Nous avons la vie, nous avons le Saint-Esprit, nous sommes unis à Christ. La vie que j’ai reçue de Christ est plus réelle que celle que j’ai tirée d’Adam. Cela n’a rien de mystique. Cette vie a sa source en Dieu lui-même ; elle nous le révèle et nous donne communion avec Lui. Le Saint-Esprit n’est pas un objet ; il est en nous, et par lui nous avons communion avec le Père et avec son Fils, Jésus Christ, comme objets de nos coeurs.

Voilà ce qu’est, selon toute la force du terme, l’Église selon les pensées de Dieu. Elle est le corps de Christ ; nous sommes unis à Christ, comme membres de ce seul corps, par un seul Esprit.

Je désire, chers amis, que le Saint-Esprit (et cela est de toute importance) donne à ces choses une puissante réalité en nous, dans nos affections. Puissions-nous savourer l’amour qui nous a donné cette position, car tel est l’état normal du chrétien devant Dieu !

Ce que nous avons à chercher, par la grâce de Dieu, c’est d’avoir des coeurs qui reçoivent ces pensées de Dieu, qui les reçoivent de Dieu lui-même afin d’en jouir, des coeurs qui pensent à l’égard de Dieu (et cela ne se peut que dans la communion avec Lui) comme Dieu pense à notre égard, des coeurs qui soient en relation d’intimité avec Lui-même, en Christ. Vivre dans ces relations est la seule manière d’en jouir !

 

 

 

2              Méditations de J. N. Darby    Éphésiens  1

n°28 : ME 1888 p. 55

Ce chapitre nous montre : 1° ce que nous possédons déjà comme rachetés ; 2° l’espérance de la gloire ; 3° le Saint-Esprit qui nous est donné ici-bas, pendant l’absence de Christ, comme arrhes de notre héritage, en attendant la rédemption de toutes choses. C’est du Saint-Esprit, arrhes de notre héritage, source de notre force et de notre communion, que je désire vous entretenir aujourd’hui.

Le Saint-Esprit est donné aux croyants (v. 13). Du temps des apôtres, il manifestait sa présence par des dons extraordinaires. Ces dons ayant pris fin, le fait de sa présence est aujourd’hui méconnu et oublié. On ne voit pas les enfants de Dieu se confier dans la présence et la puissance du Saint-Esprit, pour être dirigés par lui. Le Saint-Esprit gouverne l’Église ; si l’on perd de vue cette vérité, on oublie du même coup que Satan gouverne le monde et en est le prince. Les Écritures ne parlent jamais de l’influence du Saint-Esprit ; elles présentent le Saint-Esprit comme Dieu, comme une personne agissante. Le Saint-Esprit nous communique la vie ; mais ce n’est pas là la présence du Saint-Esprit gouvernant les saints individuellement, et collectivement l’Église.

Le Seigneur dit à ses disciples en s’en allant, qu’il leur enverrait un Consolateur qui serait éternellement avec eux. Après avoir tout accompli, Jésus s’est assis à la droite de Dieu et le Saint-Esprit a été envoyé, non au monde, mais aux disciples seuls.

L’Esprit est l’agent divin immédiat dans la création (Gen. 1:2) et sur nos propres coeurs, mais ce n’est pas là sa présence personnelle en nous. Il faut aussi distinguer entre les dons du Saint-Esprit et sa présence. Il est des hommes qui ont le don de faire des miracles et que le Seigneur n’a pas connus. Balaam qui prophétisait par l’Esprit, était un réprouvé. Judas a fait des miracles sans être converti. Saül était parmi les prophètes et tomba sous le jugement de Dieu. Le Saint-Esprit étant Dieu, agit comme Dieu dans sa souveraineté, sans égard à l’état du coeur. Dans l’Église, il distribue les dons comme il veut. Le Saint-Esprit produit la vie en nous ; c’est par l’efficacité de son opération que nous sommes engendrés de Dieu. Il nous convainc de péché, et nous rend d’abord misérables par la vue de ce que nous sommes. Nous arrivons ainsi à la conviction de notre entière impuissance. L’effet en est de nous introduire dans le sentiment d’une responsabilité toute nouvelle vis-à-vis de Dieu, responsabilité qui découle de la grâce et n’a rien à faire avec la responsabilité de l’homme sous la loi. Quand l’Esprit a fait naître en nous ce sentiment, il nous affranchit et produit la joie. Ces opérations de l’Esprit de Dieu ne sont pas encore sa présence.

Lisons maintenant quelques passages qui nous parlent de ce dernier fait :

Gal. 4:6. Rom. 8:15. Au commencement de la vie chrétienne, avons-nous dit, l’Esprit communique la vie, mais, lorsqu’on est enfant, on reçoit le Saint-Esprit comme gage de l’adoption, et l’on crie : Abba, Père.

2 Cor. 1:20-22. Jean 7:39. Le Saint-Esprit est donné à ceux qui croient.

Éph. 1:13. Rom. 8:15. Le Saint-Esprit est le sceau de notre salut ; ce don est la conséquence de l’accomplissement de ce salut. L’Esprit ne pouvait être donné avant cet accomplissement, avant que Jésus fût glorifié. Auparavant, il était un Esprit prophétique, tandis que maintenant il est nécessairement, pour les croyants, le sceau de ce qui est accompli, le sceau de leur salut. Il rend témoignage dans nos coeurs des pensées de Dieu. Il ne peut être en nous un esprit de crainte ; il ne nous place pas sous la loi ; il nous révèle les pensées de Dieu, et ces pensées sont que Dieu nous considère non comme des serviteurs, mais comme des enfants. Depuis la Pentecôte, quand il est question de l’Église, c’est le mot nous qui est employé. Il nous a aimés, nous a lavés, nous a fait rois et sacrificateurs, nous a ressuscités. Désormais, l’Esprit n’est plus un esprit de prophétie, en sorte que celui qui parle puisse être étranger aux événements qu’il annonce ; c’est un esprit d’accomplissement, de communion, le sceau de mon adoption, de mon salut, et les arrhes de ma gloire.

Ce n’est pas l’humilité qui dit : Je ne sais pas si j’ai le Saint-Esprit. Le témoignage de l’Esprit ne peut être douteux. De ce que quelques-uns rêvent, il ne s’ensuit pas que ceux qui veillent ne puissent avoir la certitude de ce qu’ils voient. Le Saint-Esprit est le gage de tout ce que nous possédons ; il est un esprit de liberté, de joie, de force. Il est vrai qu’on peut être joyeux sans être converti ; qu’on peut écouter l’évangile avec joie, sans que la conscience soit atteinte ; mais quand l’Esprit est là, son fruit se manifeste bientôt, et nous fait voir si cette joie était vraie ou fausse. On trouve toujours chez celui qui est vraiment converti, à côté de la joie et malgré elle, une conscience vivifiée, parce que l’âme a été introduite en la présence de Dieu. L’enfant de Dieu n’est pas seulement joyeux de son pardon ; il est joyeux de faire la volonté du Père. C’était la joie de Christ. Si nous ne faisons pas cette volonté, loin d’être joyeux, nous serons tristes et mal à l’aise. Notre conscience ne peut être satisfaite quand nous perdons, par notre désobéissance, la communion avec Dieu. C’est cette communion qui fait que l’enfant de Dieu hait le péché même, et non pas les conséquences du péché, qu’il le hait par amour pour son Père et non pas pour échapper au châtiment. Celui qui serait joyeux d’être pardonné et qui, alors même que le péché lui permettrait d’entrer au ciel, ne haïrait pas le péché, celui-là ne serait pas un enfant de Dieu. La joie d’un homme inconverti n’est pas une joie dans la présence et dans la communion de Dieu lui-même. Elle peut être produite par la présence des enfants de Dieu, ou par une bonne prédication. Une conscience délicate, plus joyeuse dans la présence de Dieu que hors de cette présence, ne peut se trouver que chez un vrai enfant de Dieu. Il se sent mal à l’aise dans le monde, il peut se sentir tout à fait au large en la présence de Dieu. L’effet d’une fausse joie est d’endormir la conscience.

Voilà ce qui distingue la présence du Saint-Esprit dans l’âme de l’enfant de Dieu qui est affranchi.

Un autre caractère du Saint-Esprit est la connaissance et l’intelligence des choses de Dieu. L’onction de la part du Saint (1 Jean 2:20) est un Esprit d’intelligence qui fait connaître toutes choses. Ce n’est pas l’onction du Sage, mais celle du Saint. Si nous pratiquons le péché et contristons l’Esprit, nous ne pouvons avoir cette connaissance dans une grande mesure. C’est dans la communion de Dieu, que nous connaissons et comprenons les pensées de Dieu. Dieu est un ami dont nous connaissons les pensées intimes. Celui qui est habitué à voir en Christ les conseils, les pensées, les promesses de Dieu, comprend les pensées de Dieu ; elles ne se révèlent pas à celui qui ne vit pas dans sa communion. Ces choses sont cachées aux sages et aux intelligents et révélées aux petits enfants. Quand nous nous sentons petits, nous comprenons la puissance et la richesse de Dieu. C’est le péché seul qui nous obscurcit la parole de Dieu, car l’onction de la part du Saint nous fait connaître toutes choses.

Le Saint-Esprit, en nous révélant l’accomplissement du salut, est le sceau de notre adoption ; il est un esprit de joie, d’affranchissement, de liberté. Il est un esprit de force ; le nouvel homme n’est pas la force, mais l’Esprit est la force du nouvel homme. Ceux qui croient ont la vie éternelle ; le Saint-Esprit devient la puissance de cette vie ; il fortifie ceux qui la possèdent. Il nous communique les choses de Christ avec la conscience qu’elles sont à nous, ce qui le distingue de l’esprit prophétique. Si je passe dans ce monde souillé, le coeur occupé de Dieu, c’est par le Saint-Esprit qui est un esprit de force, car il m’enlève à ce qui m’entoure et m’entretient de Christ, du ciel, de Dieu, et me fait jouir des choses de Christ comme étant miennes. Il nous donne, dans la communion de Dieu, la certitude que Dieu est pour nous. L’oeil est simple, le corps plein de lumière ; nous sommes du parti de Dieu dans le monde.

Si tout cela est vrai, l’Église de Dieu rend témoignage par son état, qu’elle a contristé, que nous avons contristé le Saint-Esprit. Elle est faible, privée de connaissance, de certitude, de puissance. Elle ne se distingue pas, aux yeux du monde, par les résultats de sa communion avec Dieu. C’est un état humiliant. Nous nous sommes, hélas ! contentés de peu de chose. Rebroussons chemin ; humilions-nous devant Dieu ; prions pour nous-mêmes ; intercédons pour l’Église.

 

 

3              Méditations de J. N. Darby    Éphésiens  1:1-7

Lausanne, 17 septembre 1856    n°201 : ME 1913 p. 396 / 412

Deux grandes vérités forment les deux côtés de l’Évangile. La première est la communication de la vie divine ; la seconde est d’être placés devant Dieu, nous des êtres responsables, comme étant justifiés. Nous avons besoin de ces deux choses : une justice devant Dieu, et la vie éternelle, la vie divine. L’épître de Jean et son évangile aussi, ont pour sujet principal la vie ; mais, dans l’évangile, le Fils lui-même est manifesté comme vie, tandis que, dans l’épître, cette vie qui nous a été manifestée, nous est communiquée.

Nous qui n’avions point de vie, nous possédons maintenant la vie éternelle, et nous sommes faits la justice de Dieu en Christ. Quand il s’agit pour l’homme de s’approcher de Dieu, la Parole nous le présente sous deux aspects : le premier, comme dans l’épître aux Romains, nous montre l’état de l’homme selon la nature, sa souillure, sa culpabilité, et la réponse à tous ses besoins dans l’Évangile. Cette épître nous fait voir l’homme sans loi, les païens, leur idolâtrie, leur iniquité — puis l’homme sous la loi, la violant et la transgressant — enfin, elle nous montre comment Dieu justifie l’un et l’autre. Mais la Parole commence aussi par l’autre bout, et nous fait voir d’abord les intentions de Dieu à l’égard des pécheurs.

C’est ce que l’apôtre fait au chap. 1 de l’épître aux Éphésiens ; ensuite, au chap. 2, nous trouvons cette parole : «Lorsque vous étiez morts dans vos fautes et dans vos péchés» ; car il importe que nous sachions ce que c’est que le péché, et il faut que la lumière pénètre dans notre conscience.

L’épître aux Éphésiens ne considère pas, comme celle aux Romains, l’homme comme vivant dans le péché, mais comme déjà mort. C’est lorsque nous étions morts que Dieu vient faire l’oeuvre tout entière et d’un bout à l’autre. Nous pouvons voir, dans cette épître, Dieu et son oeuvre de grâce à lui, dans toute son étendue. Notre âme en jouit dans la mesure dans laquelle elle est travaillée. Une terre labourée, laissée à elle-même, se durcit de nouveau ; il en est ainsi de nous. Il faut un travail continuel de Dieu, afin que nous connaissions les choses divines, autrement qu’à la surface ; que nous y soyons fondés, enracinés, que l’âme en jouisse, et que les vérités divines, excellentes et glorieuses, deviennent réelles et vitales au dedans de nous. L’épître aux Éphésiens nous présente ces richesses insondables de la grâce.

Le chap. 1 a quatre parties distinctes :

v. 1-7. — Les pensées de Dieu à l’égard du chrétien ; la position chrétienne ; la grâce qui nous est faite, vue dans les pensées et les intentions de Dieu.

v. 8-11. — Dieu place devant nous ses pensées et ses conseils à l’égard de Christ. Il nous traite en amis, comme il révélait à Abraham les choses qui regardaient Sodome et Lot. S’il ne nous parlait que d’affaires qui nous concernent, il ne serait pas nécessairement notre ami.

v. 12-14. — L’héritage et, jusqu’à ce que nous y soyons entrés, la présence du Saint-Esprit.

v. 15-23. — La prière de l’apôtre pour les Éphésiens.

C’est de la première partie de ce chapitre que je désire dire quelques mots ce soir, en montrant comment le Dieu de toute grâce nous place en sa présence pour nous faire jouir de cette grâce.

Il est doux, et bien plus que cela, d’avoir devant nos yeux les pensées de Dieu dans leur réalité. Nos coeurs sont petits et très étroits. Qu’est-ce qui peut les élargir, sinon la communication que Dieu nous fait de ses pensées, quand il nous présente ce qui est dans son coeur, afin de nous faire connaître ce qui surpasse toute connaissance, car si ces choses ne dépassaient pas notre intelligence, Dieu ne serait pas Dieu. Nous sommes introduits ainsi dans l’infini. Je ne puis en sortir ; je ne puis le mesurer, ni en toucher les limites, mais j’y suis, et, grâce à Dieu, je n’en sortirai jamais. Si l’amour est infini, je dis : Moi j’aime, et je sais ce que c’est que l’amour. Parce qu’il est infini, je n’en atteindrai jamais le bout ; mais, où que j’aille, je trouverai l’amour manifesté en Jésus. C’est là le repos du coeur. Vérité très simple : nous avons affaire à la perfection d’une nature à laquelle nous avons part, et c’est là le bonheur parfait. Quelle jouissance pour moi, de savoir que la chose dont je jouis est parfaite et infinie !

Mais il y a plus encore. Si Celui dont je jouis est mon Père, j’ai une relation particulière avec Lui. Dieu nous fait jouir de ce qu’il est, dans la relation où il nous a placés avec lui-même.

v. 1-3. — L’apôtre répète très souvent ces mots : En Christ. C’est évidemment la source de tout, l’amour de Dieu, son amour infini en Christ. On trouve en Dieu une compassion qui ne se lasse jamais ; mais cela ne donne pas encore la mesure de ce que Dieu est pour moi. Si je suis faible, je suis heureux de trouver en Dieu quelqu’un qui me soutienne. La mesure de ce bonheur, c’est ma faiblesse. Dieu répond au besoin de mon âme, mais le besoin est la mesure du bonheur que je trouve dans sa réponse.

Cependant, il y a une chose infiniment plus élevée. Dieu me fait jouir de ce qu’il est, par la capacité qu’il m’a donnée de jouir de Lui. C’est la communion. La première des choses dont je parle est très douce, mais elle se rattache à moi, se mesure par moi, quand je trouve en Dieu, par la foi, la réponse à mes besoins et à mes désirs. La seconde est plus grande. On la trouve dans cette parole de Dieu à Abraham : «Je suis ton bouclier et ta très grande récompense» (Gen. 15). Abraham ne la comprend pas, car, faisant retour à ses besoins, il dit : «Que me donneras-tu ?». Il ne comprend pas que Dieu lui-même est sa part. Plus tard, au chap. 17, Dieu lui dit : «Je suis le Dieu Tout-puissant ; marche devant ma face...». Alors Abraham adore ; il a compris ce que Dieu est. Trouver, de la part de Dieu, une réponse à nos besoins, est autre chose que de connaître les profondeurs de sa grâce.

Nous sommes appelés à jouir des pensées de Dieu, telles qu’elles sont dans son coeur à notre égard, et nous aurions entièrement tort si nous mesurions la connaissance de Dieu au besoin que nous avons nous-mêmes. Dans ce dernier cas, toute notre joie finirait au moment où nous arriverions dans le ciel, au lieu d’y commencer réellement, car nous ne trouverons là ni péchés, ni besoins.

Ces bénédictions sont en Christ. Ce que Dieu est pour Christ, il l’est pour moi. «Je leur ai fait connaître ton nom, et je le leur ferai connaître, afin que l’amour dont tu m’as aimé soit en eux, et moi en eux» (Jean 17:26). Dieu nous place dans la jouissance de la relation dans laquelle Christ est lui-même, lui, le second Adam, le Fils bien-aimé du Père, en qui il a mis toute son affection. Dieu nous présente Christ comme objet de ses délices, et il nous place en Christ, pour que nous en soyons les objets au même titre.

C’est en cela que consiste «l’appel de Dieu» ; ensuite, vient son héritage. Nous sommes appelés, d’une part, à jouir de Dieu lui-même ; d’autre part, à hériter de tout ce qu’il a créé. L’appel de Dieu est au-dessus, l’héritage au-dessous de nous.

Nous sommes bénis, non dans les lieux terrestres, mais «dans les lieux célestes», de toute bénédiction spirituelle. Pas une ne manque. Il nous a bénis. Pour comprendre réellement l’amour de Dieu, il faut que nous puissions dire : «Il nous a bénis». Il n’y a pas une seule chose qui puisse me rendre heureux, qu’il ne m’ait donnée. S’il avait gardé quelque chose par devers lui, son amour ne serait pas parfait. Il nous a bénis en Christ. Dieu veut-il garder pour lui quelque chose qu’il ne donne pas à Christ ? La grâce m’a placé dans le second Adam, et mon coeur s’ouvre pour recevoir tout ce que Dieu manifeste de lui-même dans ce second homme. Il ne s’agit pas de proportion entre lui et moi, quant à la bénédiction ; il veut se montrer, Lui. Il le fait pour une pécheresse ou pour un brigand. Quand les anges les voient arriver à la gloire du Fils de Dieu, ils peuvent dire : Voici ce qu’est la grâce !

Au vers. 3, Dieu est nommé «le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus-Christ». Au vers. 4, nous apprenons quelle est notre place devant Dieu, et au vers. 5, devant le Père. Dieu s’est manifesté en Christ comme «saint et irréprochable en amour» ; il nous place en sa présence selon sa propre nature. Si je ne réponds pas parfaitement à sa nature, je ne puis être devant Lui, ni jouir de la plénitude de joie qui appartient à cette position.

Dieu peut avoir devant lui des serviteurs, aussi bien que des enfants ; mais il ne peut avoir des êtres qui ne soient pas saints ; il faut qu’ils lui ressemblent.

Quant à notre relation avec Lui, il nous a adoptés par Jésus-Christ pour faire de nous ses enfants (v. 5). La relation la plus intime est celle avec le Père. J’y suis placé, toujours en Jésus, et c’est pour moi une source de confiance, d’intimité, d’abandon de coeur.

Telle est la position chrétienne ; elle est à la louange de la gloire de sa grâce (v. 6) ; Dieu se glorifie dans ses voies d’amour. Il ne dit pas qu’il nous a rendus agréables en Christ, mais il veut nous faire comprendre ce que nous sommes dans le Bien-aimé, sur lequel sont concentrées toutes ses affections. Dieu a un Bien-aimé ; c’est là ma place ! Quelle peine il se donne pour que nos coeurs se confient en son amour, le comprennent et en jouissent !

Je passe maintenant à un autre verset. L’épître aux Romains décrit les misères, les péchés, et l’état affreux de l’homme devant Dieu. L’épître aux Éphésiens déploie les richesses de la grâce. C’est dans le Bien-aimé lui-même que nous avons «la rédemption par son sang» (v. 7). Dieu nous a tellement aimés qu’il a pu donner pour nous le Bien-aimé. La clef de tout est : «la rémission des fautes». D’esclave que j’étais, me voilà racheté. Il a aboli le péché qui m’avait fermé la porte et m’avait exclu de sa présence ; mais, quand je veux comprendre l’amour, je dis : «Je suis rendu agréable dans le Bien-aimé». Les «richesses de sa grâce» sont manifestées, en tirant une créature pauvre et misérable de la lamentable condition dans laquelle le péché l’avait plongée ; «la gloire de sa grâce» est manifestée dans la position dans laquelle il me place.

Avez-vous jamais pensé que vous serez semblables au Fils de Dieu ? Comment cela est-il possible ? direz-vous. En effet, ce serait une folie, si ce n’était pas ce que Dieu a dit. S’il s’agit de ce que Dieu est pour vous, vous le connaissez déjà. On peut connaître Dieu bien mieux que l’on ne se connaît soi-même. Il y a dans nos coeurs une quantité de choses que nous ne connaissons pas ; mais je sais, par le don de son Fils, qu’il est amour et qu’il ne changera jamais. J’ai un coeur traître, auquel je ne puis me fier deux instants de suite. Lui ne peut changer ; il ne peut être que «Le Même» pour moi. Je suis en Christ, et Dieu est pour moi ce qu’il est pour Christ. Ce qui atteint mon coeur, c’est que je suis rendu agréable dans le Bien-aimé. Par vos besoins, vous avez appris ce qu’il est, mais ce n’est pas là qu’il vous laisse. Il vous conduit plus haut ; il vous place en sa présence en Christ et veut que vous jouissiez de Lui. Il ne veut certes pas nous laisser oublier sa grâce ; mais, quant à nos relations avec Lui, il veut que nous en ayons fini de telle sorte avec le péché, comme question entre Lui et nous, que nous jouissions de Lui, dans la relation parfaite dans laquelle il nous place. C’est la communion.

Bien des chrétiens se contentent de ne connaître Dieu que par le bord de son amour. C’est une preuve que leur marche est défectueuse, car on jouit de Dieu en marchant avec Lui. Il est plus heureux pour moi de me promener avec mon père en jouissant de lui, que de me trouver devant lui comme un criminel auquel il pardonne.

Que Dieu nous donne de marcher avec lui, à la hauteur de l’appel dont il nous a appelés. Que nos coeurs jouissent profondément de sa grâce, mais qu’en même temps nous connaissions son amour, selon la position qu’il nous a donnée en sa présence. Puissions-nous y demeurer !

 

 

4              Méditations de J. N. Darby    Éphésiens 1:8-14 : Quelques grands faits du Christianisme

28 décembre 1857    n°285 (ex 280) : ME 1969 p. 45

Un caractère particulier du christianisme est qu’il ne se perd pas en de vaines spéculations soit quant à l’état de l’homme, soit quant aux actes de Dieu. Il s’agit de faits. Il prend les hommes tels qu’ils sont, avec la Bible ou sans la Bible, de même que les Juifs avaient la loi et les païens non. Les philosophes disent ce que l’homme peut être ou devrait être, mais pas un ne nous dira ce que les hommes sont. Après six mille ans je trouve des gens qui se mettent à me faire comprendre je ne sais quoi ; or, de fait, il y a des hommes qui tuent leurs parents âgés, qui brûlent les veuves, et partout une corruption et une dégradation complètes. On raisonne sur ce que Dieu et l’homme peuvent être, mais voilà les faits. Même si l’on fait des religions, la superstition gouverne le coeur de l’homme. Entre tant de conceptions et de systèmes, que croire ? Je m’y perds ; il n’y a pas deux personnes du même avis. Je ne puis être en relation avec Dieu sur un pied pareil, si j’ai une âme.

Sans doute, bien des faits me prouvent la bonté et la sagesse divines, mais à côté de cela tout est une énigme. Avec quel Dieu prétend-on me mettre en rapport ? Dieu a-t-il fait la misère ? Que signifient les dégradations de toutes sortes, l’adoration des bêtes, des démons, etc. ? Il est étrange que l’on écrive tant de choses, qu’on remue tant de pauvres et incertaines pensées, et qu’on laisse de côté les faits de l’état moral des hommes, que la Bible, elle, constate avec tant de vérité.

Mais je trouve d’autres faits aussi dans cette révélation divine, savoir la venue d’une Personne au milieu de ce monde. Le christianisme ne consiste pas dans une doctrine, mais dans une Personne, qui est le sujet de la doctrine. Qui croit au Fils de Dieu a la vie éternelle. C’est une révélation personnelle de Dieu dans le monde ; je suis placé vis-à-vis de Dieu, pour apprendre de Lui ce qu’il est. Au milieu de tout ce monde si énigmatique, je trouve Dieu lui-même, je me suis entretenu avec Lui, et non plus de Lui avec d’autres aussi ignorants que moi. Les apôtres ont connu dans ce monde Dieu manifesté en chair, et quand j’ai reçu dans mon coeur la vérité du christianisme, j’ai trouvé Dieu. Non une théorie sur Dieu, ou une représentation de Dieu, mais Dieu lui-même. C’est ce qui est si précieux pour l’âme. Elle a Dieu en Christ. J’ai trouvé en lui une bonté parfaite, un modèle comme homme, avec une puissance qui n’appartient pas à l’homme, et un amour inaltérable. Je le connais, et je l’ai trouvé pour l’éternité. Il m’a témoigné son amour malgré toutes mes fautes, ma misère, mon ignorance pour le comprendre. Et il ne peut changer. Voilà ce qui m’est présenté en Christ — non point une spéculation, mais un fait.

Christ, révélé ainsi au milieu du mal, est la clef du propos de Dieu «pour l’administration de la plénitude des temps». Dieu veut que je traverse cette scène de mal avec la connaissance de Lui-même, et avec la force de la vie divine qu’il me communique. Le temps viendra de cette «plénitude des temps», l’accomplissement des temps — non pas l’éternité — où Dieu arrangera toutes choses selon ses pensées à Lui. Il veut «réunir en un toutes choses dans le Christ» ; ce n’est pas encore fait, mais déjà «nous sommes faits héritiers en lui», en attendant que tout ce qui est créé soit ainsi réuni en un, avec Christ comme héritier et nous comme cohéritiers de Christ.

Si nous jetons un regard sur l’état actuel de cette sphère dans laquelle Dieu déploiera le résultat de ses voies en grâce, nous y voyons tout en désordre. Les deux tiers de la race humaine sont plongés dans l’idolâtrie. N’ayant pas voulu glorifier Dieu comme Dieu, ils l’ont imaginé selon leur coeur destitué d’intelligence, jusqu’à en faire un esprit dénué d’entendement. Ils n’ont pas gardé la pensée de ce que Dieu doit être, et Dieu n’a pas permis qu’ils gardent la pensée de ce que l’homme devrait être. Tel est le désordre, pour ne pas parler du monde christianisé. La pensée de Dieu est de réunir toutes choses dans le Christ. «En lui toute la plénitude s’est plue à habiter, et, par lui, à réconcilier toutes choses avec elle-même» (Col. 1:19). Dieu l’a «établi héritier de toutes choses» (Héb. 1:2), et la position de cohéritiers qui nous est faite en Lui est déjà établie, nous sommes réconciliés, mais l’ordre n’est pas encore rétabli. Selon le Psaume 8 cité au verset 22 de notre chapitre, toutes choses seront mises sous les pieds de Christ — à l’exclusion évidemment de Celui qui les lui a assujetties (1 Cor. 15:27). Il ne s’agit pas là des méchants mis comme ses ennemis pour marchepied de ses pieds, afin d’être jugés (Psaume 110), mais de toute la création réunie, selon le dessein de Dieu, sous la domination de l’homme Christ Jésus. Il en a le droit à la fois parce qu’il est le Créateur et qu’il est le Fils de Dieu, mais aussi parce que le conseil de Dieu est de placer toutes choses sous l’autorité de l’homme. Il est le Dieu qui a créé, le Fils qui hérite, et l’Homme qui doit tout avoir sous ses pieds.

Mais Christ doit-il être seul à prendre cet héritage ? Il est héritier avec plusieurs frères. Dieu veut nous rendre semblables à Christ en tout, et il nous fait hériter avec lui. Ce sont là non des doctrines mais des faits : la doctrine part des faits, accomplis ou à accomplir. Nous trouvons là non seulement le conseil de Dieu mais le caractère de Dieu, de sorte que je le connais parfaitement, et que dans les circonstances où je me trouve, je sais ce qu’il est pour moi tel que je suis, et ce qu’il fera de moi. Dans la première venue de Christ, Dieu a montré ce qu’il est pour moi et ce que je suis. Dans la seconde il montrera ce qu’il fera de moi, ce que je serai de la main de Dieu, par la puissance de Dieu. J’ai en Christ, en voyant ce que Christ est, la connaissance de la grâce qui m’a visité. Dieu va placer Christ à la tête de tout, mais «Il l’a donné comme Chef sur toutes choses à l’Assemblée». Il nous place avec lui dans tout ce que cet homme doit être, à la louange de la gloire de Dieu.

Il en est ainsi et de ceux qui ont espéré à l’avance dans le Christ (les Juifs qui ont cru en lui avant son arrivée), et de ceux qui, ayant entendu la parole de la vérité, ont aussi espéré en Lui. «Ayant cru, vous avez été scellés du Saint Esprit». Ils ont, non encore l’héritage, mais les arrhes de cet héritage. Nous avons le Saint Esprit ; ce n’est pas une spéculation sur ce qu’il est, mais nous l’avons, c’est un fait. Le monde ne croit que ce qu’il voit, aussi n’a-t-il pas le Saint Esprit ; comme le Seigneur l’a dit, «il ne peut pas le recevoir, parce qu’il ne le voit pas et ne le connaît pas ; mais vous, dit-il aux siens, vous le connaissez». Pourquoi ? «parce qu’il demeure en vous». Celui qui a reçu le Saint Esprit sait ce qu’il est parce qu’il demeure en lui. Il n’est pas possible qu’il soit en moi et y agisse sans que je ressente l’effet de sa présence. Je ne puis être heureux de la présence de Dieu sans le savoir ; je ne sais peut-être pas l’expliquer, mais les effets sont là. Par exemple, un homme violent devient doux. Le monde sait que lorsque le christianisme est vrai, il produit des effets. On dit : Il y a tant d’hypocrites ! C’est vrai, mais il n’y a de fausse monnaie que parce qu’il en existe une vraie. L’ivrognerie n’a pas ses hypocrites. Il n’est de faux chrétiens que parce qu’il y a de vrais chrétiens.

Il est à bien remarquer que ceux qui ont été scellés ainsi du Saint Esprit de la promesse sont des personnes qui ont cru. On confond souvent la présence du Saint Esprit en nous avec la nouvelle naissance, ou la régénération. Ce sont deux choses bien distinctes. Dieu ne met pas un sceau sur la chair. Que l’Esprit opère pour le bien, c’est autre chose que sceller ce qui est bon ; qu’Il produise la naissance spirituelle est autre chose que mettre le sceau sur ce qui est né. Dieu ne reconnaît pas un scellé dans un homme mort : il agit en lui pour le vivifier, mais cette action n’est pas le sceau. Me convaincre de péché ce n’est ni me sceller ni m’oindre. Mais «parce que vous êtes fils, Dieu a envoyé l’Esprit de son Fils dans vos coeurs». Christ lui-même est né du Saint Esprit, et il a été scellé du Saint Esprit trente ans plus tard. Pour nous, nous naissons du Saint Esprit et d’eau, et il se peut que nous ne soyons oints que bien après. Avoir la vie, la recevoir de la part de Dieu, est différent du fait que Dieu demeure en moi. Quelqu’un en qui Dieu agit peut ne pas avoir l’idée d’être enfant de Dieu ; mais quand l’Esprit d’adoption est en lui, il dit : Abba, Père.

«La Parole de la vérité» est «l’évangile de votre salut». Ce n’est pas l’évangile du royaume, ou quelque autre bonne nouvelle. C’est l’évangile de votre salut, le plein évangile. La prédication d’avoir à se repentir n’est pas proprement une bonne nouvelle, ni celle de la régénération, car ce n’est pas non plus une bonne nouvelle de dire : Il vous faut être régénérés. La bonne nouvelle apporte quelque chose au lieu d’exiger. Une vérité n’est pas pour autant une bonne nouvelle : Dieu exige la sainteté, voilà une vérité, mais ce n’est pas une bonne nouvelle pour quelqu’un qui est incapable d’être saint ; mais quand Dieu nous dit qu’il nous châtie pour nous rendre participants de sa sainteté, voilà une bonne nouvelle, car je n’ai pas la sainteté mais Lui la procure. Ainsi la bonne nouvelle de notre salut est une bonne nouvelle pour nous en tant que perdus. Je vois quelqu’un faire des efforts pour gagner le ciel ; je dis : Faites toujours, vous ne sentez point le besoin d’être sauvé puisque vous ne vous croyez pas perdu ! Christ, le second Adam, n’est pas venu parce qu’il y avait quelque bien dans le premier Adam. La bonne nouvelle qui m’a été apportée, ce n’est rien moins que mon salut, et elle m’est apportée parce que j’avais besoin d’être sauvé. S’il y avait du bien dans l’homme, il n’aurait pas à être sauvé. Mais il est perdu. Il n’est plus mis à l’épreuve pour savoir s’il peut se sauver, la preuve est faite. Elle a été poursuivie quatre mille ans, avant la loi, sous la loi, avant Christ, avec Christ. L’homme est démontré irrémédiablement pécheur. Il n’a pas voulu Christ, comme il n’a pas voulu la loi ; il a mieux aimé être sans loi, sans Dieu, pour faire sa volonté sans que rien le gêne. Un homme sait bien qu’il aime le péché, et qu’il ne voudrait pas empêcher son enfant d’apprendre et de savoir ce qu’il a appris et su lui-même ; c’est sa façon de considérer le monde, et à son point de vue il a raison. Mais voici que Dieu vient lui-même : Christ arrive dans le monde, second Adam mais Dieu manifesté en chair. Avant de parler de la justice, c’est la grâce qui surabonde où le péché abondait. Dieu vient à l’homme, non l’homme à Dieu. Christ se place dans toutes les circonstances où l’homme se trouve : il travaille comme charpentier, il est tenté par tout ce en quoi l’homme l’est, il va au baptême de repentance comme s’il en avait besoin, il va au désert pour être tenté par le diable et il le vainc, lie l’homme fort et pille ses biens. L’homme avait cru Satan, au lieu de lui résister. Les effets du péché, mort, maladies, possessions démoniaques, faim, disparaissent devant un mot de Jésus. Mais cela ne suffit pas : l’homme aime le péché plus que Dieu, il n’aime pas avoir Dieu si proche. Les Gadaréniens prient Jésus de s’en aller. Ce n’est pas là seulement l’effet de l’action de Satan sur l’homme, mais c’est l’homme lui-même qui ne peut pas aimer Dieu ; la pensée de la chair est inimitié contre lui. Dieu alors renonce-t-il à aimer le monde ? avait-il ignoré cet état du coeur de l’homme ? Christ avait lui-même annoncé ce qu’il en serait. Loin de renoncer, il va tirer l’homme de sa terrible condition. Satan dit : Si tu te portes garant pour ces pécheurs, il faut que tu en portes les conséquences. Et Dieu dit : Cela est parfaitement juste. Jésus dit : J’en porterai les conséquences. C’est ainsi que la grâce règne, la grâce supérieure au péché. Christ est mis à l’épreuve jusqu’au bout par la crainte de la mort, il sue des grumeaux de sang, il est en agonie, il prie dans la pleine conscience de ce qu’il en est, mais parfaitement soumis. Cela non plus n’est pas de la spéculation, c’est un fait. Et c’en est un que Jésus a été sur la croix, abandonné de Dieu. Il n’y aurait pas d’évangile de notre salut sans cela. Il avait entrepris notre cause, il s’est chargé de notre péché et il a été placé sous la justice de Dieu. Lui, l’homme parfaitement obéissant, a été abandonné de Dieu. Ce n’est pas la mort d’un juste proposée là comme exemple : Étienne, lui, serait un bon exemple, mais ici rien de semblable, c’est un homme qui déclare que Dieu l’a abandonné après qu’il a été juste toute sa vie. Quel exemple serait-ce là ? La mort de Jésus est aussi loin que possible d’être l’expression de l’état d’un juste en la présence de Dieu : c’est celle d’un homme chargé de nos péchés, parce qu’il les a pris sur lui. Tout le long de sa vie il a souffert pour la justice, mais il n’a pas été, alors, abandonné du tout. «Il y a douze heures au jour», dit-il, et il les emploie à faire la volonté de Dieu, sans relâche et sans crainte. Mais à la croix, il a souffert pour la justice de la part des hommes, et de la part de Dieu pour le péché. Il fallait ces souffrances et cette mort pour que, ayant triomphé par la mort, il puisse dire : «J’annoncerai ton nom à mes frères». Voilà l’évangile de notre salut. Il a reçu de la main de Dieu ce qui m’était dû à moi, pécheur, et ensuite vient la justice : il est «Jésus Christ le juste, la propitiation pour nos péchés». Ce juste est à la droite de Dieu. Il avait dit : «Glorifie-moi, toi, Père», et Dieu lui dit : «Assieds-toi à ma droite». La gloire divine est due à Celui dont la gloire morale a brillé pour Dieu ici-bas. Voilà la place du nouvel homme selon la justice, et celui qui a été fait péché pour nous afin que nous devinssions justice de Dieu en lui vient nous annoncer le salut. «Louez-le, glorifiez-le», etc. Il prend place à la droite de Dieu, et il prend place au milieu de l’Assemblée des croyants. La justice est accomplie, la grâce règne, et ses objets sont déclarés cohéritiers de Christ. Il est lui-même descendu dans le bourbier, nous y a pris tels que nous sommes, et nous en a fait sortir. Il présente à Dieu la justice. L’amour est descendu du trône de Dieu et la justice est remontée de la mort jusqu’au trône de Dieu. J’ai la certitude de la justice devant Dieu et en Dieu pour moi. La grâce agit en délivrance quand j’ai ainsi ma place devant Dieu selon la justice de Christ.

Me voilà enfant, héritier de Dieu. Le premier Adam me montre ma place comme homme déchu, le second Adam entré dans le paradis céleste me montre ma place comme homme en Christ. Christ sorti de la mort, il n’est plus question de péché ni de jugement, il n’y a plus que grâce. Il se hâte de déclarer à ses frères qu’Il va vers son Père et leur Père, son Dieu et leur Dieu. Il a pris leur place sous le péché, ils ont la sienne dans la justice ; la chose est faite, il faut que ses frères en jouissent. Il est plus précieux d’être ses frères que de recevoir l’héritage. J’ai ma place devant Dieu, et c’est celle de Christ. Toutes choses sont faites nouvelles : vous étiez dans la vieille création et ses péchés, vous êtes dans la nouvelle, prémices de la justice. Il était seul sous la colère de Dieu, personne ne pouvait comprendre ses souffrances : «Mon Dieu, pourquoi ?» Mais quand le salut est accompli, et que, ressuscité, il entonne le chant, ses frères chantent avec lui.

Et Dieu peut sceller que nous sommes «justice de Dieu en Christ». Le Saint Esprit est donné comme sceau. «Si je ne m’en vais, le Consolateur ne viendra pas...» Une fois qu’il a présenté la justice à Dieu, il peut envoyer le Saint Esprit à ceux qui croient. Les Gentils étaient en dehors de la promesse, mais Jésus dit : «Mes frères» en allant au ciel. Il est dans le ciel, et là il n’est plus question de Juifs et de Gentils, il n’y a que des croyants en un Christ qui vit dans le ciel. Dieu met son sceau sur Corneille avant que l’Église ait pu mettre le sien. Nous n’avons pas que des promesses, mais des réalités. Notre salut n’est pas une promesse, mais une chose accomplie par Christ. «La rédemption de la possession acquise» est encore future, mais les cohéritiers de Christ ont le Saint Esprit comme arrhes de leur héritage, jusque-là, et tout sera «à la louange de sa gloire».

 

 

 

5              Méditations de J. N. Darby    Éphésiens  1:15  à  2:10

Lausanne, 5 septembre 1850    n°206 : ME 1915 p. 148

L’Évangile contient tant de richesses, tant de parties diverses, dans lesquelles la grâce et l’amour de Dieu se manifestent envers les hommes, qu’il n’est pas difficile de se rendre compte comment il peut répondre à mille besoins divers. Une âme qui a le sentiment de sa faiblesse y trouve de quoi encourager le plus faible ; une conscience réveillée devant la sainteté de Dieu y trouve cette parole : «Combien plus le sang du Christ purifiera-t-il votre conscience !»

Mais l’Évangile ne place pas seulement la croix devant nous ; il nous parle aussi de la gloire, pour nous encourager : «La gloire que tu m’as donnée», dit Jésus, «je la leur ai donnée» ; et encore : «Je vous prendrai auprès de moi, afin que là où je suis, moi, vous soyez aussi».

Une chose, enfin, est encore propre à nous encourager ; nous la trouvons dans ce chapitre : c’est la connaissance de la puissance qui agit en nous et pour nous (1:19-20). Elle ne change pas la chair, il est vrai, mais elle nous fait jouir de notre position en Christ et nous rend capables d’en manifester les effets ; car, si elle n’avait pas un résultat pratique, la connaissance de cette puissance ne ferait que nous enorgueillir.

Au commencement de notre chapitre (1:1-7), nous apprenons à connaître la position que Dieu nous a donnée actuellement : «Élus en Christ avant la fondation du monde, pour que nous fussions saints et irréprochables devant Dieu en amour». Il nous est nécessaire d’être bien au clair à l’égard de la position que nous occupons devant Dieu par la grâce. Une telle chose n’aurait jamais pu entrer dans la pensée de l’homme. S’il s’agit de sa responsabilité, l’homme y a complètement manqué, et l’Évangile commence par établir ce fait : Nous sommes tous perdus. Or Christ est venu chercher et sauver ce qui était perdu. C’est là, quant à l’état de nos âmes, que la vérité commence.

La conséquence en est que l’homme est absolument et définitivement mis de côté. Son état est entièrement condamné par le juste jugement de Dieu ; la chair n’est pas autre chose qu’inimitié contre Lui. Il n’y a aucun moyen de revenir à ce que nous étions au commencement. En Éden, l’homme était innocent, mais ce n’est pas la pensée de Dieu qu’il y ait jamais un homme innocent dans le ciel. Pas plus l’homme innocent que l’homme pécheur n’y entreront. Or, comme créature, le premier Adam n’a que ces deux alternatives : être innocent ou pécheur.

Mais il s’agit ici du second Adam, de Christ. Toutes les promesses de Dieu sont «Amen» en Lui. Les promesses ont été faites à Abraham et à sa semence qui est Christ (Gal. 3:16). Dieu, ayant entièrement mis de côté l’homme, tel qu’il est, comme pécheur, il l’introduit en sa présence dans un état entièrement nouveau, celui de Christ lui-même. Tous les conseils de Dieu se résument en Christ, pour ceux qui Lui appartiennent. Dieu trouve en nous ses délices, parce qu’il les trouve en Christ. Il a voulu montrer, dans les siècles à venir, les immenses richesses de sa grâce envers nous, et c’est sa gloire de nous introduire devant Lui en Christ, saints et irréprochables, en amour. Là nous jouissons de tout l’amour qui a donné Jésus pour nous, qui nous a placés en Christ et avec Christ devant Lui, qui nous a aimés du même amour dont il l’a aimé. Nous sommes, sans doute, bien indignes de tant de grâce, mais tout cela est à la louange de la gloire de la grâce de Celui qui a accompli cette oeuvre.

Il nous est donc impossible d’entrer dans le ciel comme innocents, et plus impossible encore d’y entrer comme pécheurs. Il nous faut y entrer dans une condition et avec un caractère entièrement nouveaux, c’est-à-dire en Christ lui-même.

Nos âmes ont une grande tendance à s’enfermer dans leurs propres pensées, dans ce qui s’agite en nous. La foi laisse Dieu penser et le laisse agir en conséquence. Il nous donne une position digne de Lui et de son amour, mais combien nous avons de peine à nous élever à la hauteur de ses pensées pour nous ! Les soucis de la vie tendent à nous cacher les choses célestes et l’amour de Dieu ; leur effet est d’empêcher notre âme d’échapper à son milieu misérable. Combien, hélas ! nous sommes faibles ! mais ce qui peut nous relever, c’est de nous nourrir des pensées de Dieu à notre égard. La révélation de Christ produit cet heureux résultat : la foi le saisit ; la grâce de Dieu nous l’applique.

Dieu veut que vous ayez une confiance pleine et entière dans son amour ; il ne veut pas que l’étendue de ses grâces soit pour vous une chose étrange, sinon votre coeur ne peut être formé par elles. Mon état répond toujours au degré de connaissance de Celui avec lequel je suis en relation.

Pour que nous soyons «à la louange de la gloire de sa grâce» (v. 6) ; Dieu nous fait voir qu’avant d’entrer dans la gloire, Christ a absolument et parfaitement accompli la rédemption, et c’est là la base de nos affections chrétiennes, ce qui donne un fondement à nos coeurs : «Par une seule offrande il a rendu parfaits à perpétuité ceux qui sont sanctifiés». Avons-nous tout juste la rémission de nos fautes ? Non certes, car elle est «selon les richesses de sa grâce». Le Dieu qu’il fallait satisfaire est le Dieu qui est amour. C’est ce que l’apôtre montre ici : il nous introduit dans les pensées de Dieu, et nous fait jouir de ses grâces selon ce que Dieu est, et non pas selon nos pensées.

«Nous étions, par nature, des enfants de colère» (2:3). C’en est fait de nous ; voilà ce que nous sommes ! Il est donc nécessaire que nos pensées soient formées par ce que Dieu est. Cette colère s’exécutera-t-elle sur nous ? Aucunement : «Dieu est riche en miséricorde» (v. 4). En ayant fini avec nous-mêmes, il nous faut, comme de droit, nous adresser à Dieu, et que trouvons-nous en Lui ? Selon les richesses de sa grâce, il nous a donné la rémission de nos péchés. «Je ne me souviendrai plus jamais», dit-il, «de vos péchés ni de vos iniquités», bien différent de l’homme qui peut pardonner une offense, mais non pas l’oublier. Dieu nous accorde la parfaite rémission de nos péchés pour que nous comprenions la valeur immense du sang de Christ. Le pardon des péchés est le fruit de l’amour parfait qui a donné Jésus. Le moyen par lequel ce pardon est obtenu est la preuve d’un amour ineffable et digne de Dieu lui-même.

Dieu est pour nous ; pour entrer en sa présence, il faut que nous soyons parfaits. Quand je pense à ce que je suis, j’ai honte et je suis effrayé et découragé ; car, pour entrer devant Lui, ayant conscience de sa sainteté, il faut que je sois sans péché. Si je pouvais me tenir devant Dieu avec le péché, ce serait la négation du ciel et du christianisme. Nos consciences nous disent que nous ne pouvons aborder Dieu ainsi. Il ne peut accepter quelque chose de souillé. Tout chrétien, même un Juif, reconnaît que pour l’adorer il faut être sans péché.

Cela nous fait sentir jusqu’à quel point il a fallu que notre conscience fût purifiée ; et cela ne pouvait avoir lieu que selon les richesses de sa grâce. Le Fils de Dieu, le Bien-Aimé, s’étant offert pour nos péchés sur la croix, ils sont entièrement effacés selon les richesses de cette grâce. Dieu m’a reçu, selon la valeur du don de son Fils. Tel est le fondement que Dieu a posé pour nous introduire devant Lui en Christ.

Mais ce n’est pas tout. Christ ne jouirait pas du fruit du travail de son âme, s’il ne nous avait pas pour toujours avec Lui, devant Dieu. «Le Dieu de notre Seigneur Jésus-Christ, le Père de gloire, vous donne l’esprit de sagesse et de révélation dans sa connaissance, les yeux de votre coeur étant éclairés pour que vous sachiez quelle est l’espérance de son appel» (non pas du vôtre), «et quelles sont les richesses de la gloire de son héritage dans les saints» (non pas du vôtre). L’apôtre veut nous faire comprendre comment Dieu appelle, et à quoi il appelle ; il nous présente les choses entièrement du côté de Dieu ; il nous le montre jouissant de la gloire de son héritage dans les saints. «En lui est le oui, et en lui l’amen, à la gloire de Dieu par nous». C’est ainsi qu’il se glorifie ; il Lui faut des objets de son amour, et, au lieu de prendre les anges, c’est nous qu’il choisît. Sa gloire est de donner selon les richesses de sa grâce, et ce sont des êtres tels que nous qui en sont les objets. Il prend une Marie de Magdala dont il chasse sept démons, un brigand sur la croix, et les place avec Lui dans la gloire de Dieu.

«Qu’il vous donne l’esprit de sagesse et de révélation dans sa connaissance». Je désire, chers amis, que cette parole agisse sur votre conscience et vous encourage. Je dis : «votre conscience», car, dès qu’elle est en activité, il y a encouragement. Le premier effet de la grâce de Dieu, c’est de parler à la conscience, afin de bénir. Il est étonnant de voir combien de choses nous tolérons habituellement dans nos vies. Quand la présence de Dieu est puissamment sentie, tout change de face et prend une autre tournure. Là où manque la confiance en la grâce, on est découragé. Il est très bon d’être humilié, mais pas découragé. Je ne puis l’être, si, avec la lumière dans ma conscience, je vois en Dieu un Dieu de grâce. Ce passage a pour effet, à la fois de me mettre dans la poussière et de me remplir de confiance. «Et quelle est l’excellente grandeur de sa puissance envers nous qui croyons, selon l’opération de la puissance de sa force, qu’il a opérée dans le Christ, en le ressuscitant d’entre les morts» (1:19-20). Il s’agit d’une puissance qui s’exerce ici-bas, car on ne croit pas dans le ciel. Mais croyez-vous, chers frères, que lorsque Dieu donne efficace à sa grâce envers vous, il use de la même puissance qui a placé Christ dans le ciel, en le ressuscitant d’entre les morts, et que cette puissance est en vous ? Il est humiliant de penser que, la possédant, je sois ce que je suis, que mon coeur soit si peu élevé au-dessus des choses de la terre. Cependant, il est dit : «Soyez parfaits, comme votre Père qui est aux cieux est parfait». Soyez comme Lui : il fait luire son soleil sur les justes et sur les méchants ; il agit en grâce. Faites de même ; faites du bien à vos ennemis ; soyez parfaits. Dans le sens de notre acceptation, il nous a déjà rendus parfaits devant Dieu, mais il veut que nous manifestions ce caractère. Nous sommes participants de la nature divine ; nous demeurons en Lui ; mais, comme Moïse, nous sommes appelés à refléter sa gloire. Moïse n’en savait rien, il n’examinait pas sa figure ; il ne se donnait pas de la peine pour la rendre resplendissante. Il avait passé quarante jours avec Dieu, l’oeil fixé sur sa gloire, et la conséquence en était que cette gloire se reflétait sur son visage. Il faut être en Christ pour faire paraître Christ : «Portant toujours, partout, dans le corps, la mort de Jésus, afin que la vie aussi de Jésus soit manifestée dans notre corps». Il n’est besoin d’aucun effort pour le faire ; la vie que nous possédons en Lui est la source de cette manifestation.

Ce pauvre monde a besoin de la manifestation de Dieu en grâce ; il a besoin d’apprendre que la bonté et la grâce de Dieu sont au-dessus de tout le mal de l’homme.

Vos coeurs désirent-ils manifester la bonté et la grâce de Dieu ? Savez-vous que la puissance de Dieu, qu’il a opérée en ressuscitant Christ, est en vous ? Si vous le savez, n’est-il pas humiliant de penser que le train de votre vie, les motifs de votre coeur, le caractère de votre vie intérieure, n’en sont pas influencés ? D’un autre côté, cette vérité est bien encourageante ; car, malgré tout, elle est une chose vraie. L’apôtre veut, il demande à Dieu, que les saints comprennent l’excellente grandeur de sa puissance envers nous qui croyons selon l’opération de cette puissance. Oui, elle agit en nous. Par la foi, Dieu nous a placés dans le ciel avec Christ. Votre place est dans le second Adam, après qu’il a lavé vos péchés, et la puissance qui agit pour vous la faire réaliser est en vous.

N’est-il pas merveilleux de voir à quel point absolu Dieu nous a placés dans cette position. Vivifiés ensemble avec le Christ, ressuscités ensemble, assis ensemble dans les lieux célestes en Lui ! (Éph. 2:5-6).

Au 10° chapitre de l’épître aux Hébreux, l’apôtre nous montre les sacrificateurs, se tenant debout continuellement, parce que leurs sacrifices ne pouvaient jamais ôter les péchés, mais Celui-ci, ajoute-t-il, ayant offert un seul sacrifice pour les péchés, s’est assis à perpétuité. Il n’a plus rien à faire ; tout est accompli. Mais Dieu vous a aussi fait asseoir en Lui. Vous avez entièrement la place qu’il possède, la seule que vous puissiez avoir, car, sans Lui, vous n’en auriez aucune.

Telle est notre place. Dieu qui, par la foi, nous fait comprendre que nous la possédons, nous a laissés ici-bas pour manifester la vie de Christ dans nos corps mortels au milieu de ce monde. Telle est l’excellente grandeur de sa puissance envers nous. Au chap. 3:20, nous trouvons la puissance qui opère en nous. «À Lui soit gloire dans l’assemblée, dans le Christ Jésus, pour tous les âges du siècle des siècles !»

Si Dieu permet que les siens traversent toute sorte d’exercices d’âme, il n’a d’autre but que notre sanctification. Le Saint-Esprit agit en nous par toutes ces choses, et nous pouvons nous glorifier dans toutes les épreuves et toutes les peines. Fondés et enracinés dans l’amour, nous savons que bientôt nous Lui serons semblables et que nous paraîtrons avec Lui, tels que Lui.

Quelle tendresse il manifeste dans tous les détails de ses voies, pour nous faire comprendre qu’il est amour, et si nous comprenons cela, nous serons remplis du désir, du besoin de manifester Jésus. Ce sera notre seule affaire dans ce monde. Si vous avez ce désir, ne vous contentez pas d’avoir une mesure plus basse que celle de le montrer tel qu’il est. Bien-aimés, si vous n’avez pas réellement le désir de glorifier Celui qui vous a tant aimés, qui s’est donné lui-même pour vous, qui vous a sortis d’entre les morts et vous a fait asseoir en Lui dans les lieux célestes, soyez-en humiliés, mais aussi, que vos coeurs soient encouragés à la pensée de tant d’amour, de grâce et de puissance de sa part. Que Dieu nous donne de chercher en Lui la force nécessaire et nous fasse trouver dans la joie de sa communion, la puissance pour manifester aux autres la vie de Christ !

 

 

 

6              Méditations de J. N. Darby    Éphésiens  2

22 août 1849    n°175 : ME 1911 p. 11 / 27

Si nous voulons vivre en chrétiens, deux choses sont nécessaires : d’abord, que nos affections soient nourries et en activité ; ensuite, que nous ayons, au moyen de la Parole, appliquée par le Saint Esprit, l’intelligence des relations dans lesquelles Dieu nous a placés.

Il est très difficile à une personne qui n’est pas père ou mère, d’expliquer leurs sentiments ; tandis que ceux-ci n’ont aucune difficulté à les exprimer. On comprend une position dans laquelle on se trouve, et cela est bien clair, parce que le coeur y est ; on ne peut la connaître par l’enseignement. Rien de plus simple, de fait, que les choses de Dieu qui nous paraissent souvent les plus profondes. Prenons, par exemple, l’union de Christ avec l’Église. Jésus l’a révélée en un seul mot à Saul de Tarse, sur le chemin de Damas : «Je suis Jésus que tu persécutes». Cette parole amène Saul à la connaissance de la précieuse vérité qu’il a si bien comprise, savoir que le moindre des croyants est membre du corps de Christ, de sa chair et de ses os.

Dans les épîtres, cette vérité s’est développée et a grandi aux yeux de son âme, mais, lors de sa conversion, elle avait été saisie par lui dans toute sa simplicité. Rien n’est plus simple que cela, mais, pour jouir de cette relation, il faut être non seulement dans la dépendance de Dieu et sous la puissance du Saint-Esprit, il faut encore la connaître et la cultiver, quand elle existe.

Nous trouvons, dans l’épître aux Éphésiens, deux relations qui n’ont été mises en évidence qu’après la résurrection de Christ. La première est celle d’enfants. Elle nous place dans l’obligation d’imiter notre Père : «Soyez donc imitateurs de Dieu, comme de bien-aimés enfants» (v. 1). Quel principe puissant de sanctification découle ici de notre union avec Christ ! Il ne s’agit pas de faire un effort pour imiter Dieu, mais d’agir selon ce que nous sommes en Christ. «Marchez dans l’amour, comme aussi le Christ nous a aimés et s’est livré lui-même pour nous, comme offrande et sacrifice à Dieu, en parfum de bonne odeur». (v. 2). «Marchez comme des enfants de lumière» (v. 8). Toutes ces choses découlent de ce que nous sommes devant Dieu en Christ. Il n’y a donc pas d’effort à faire pour cela. Comme il est facile d’être imitateurs de Dieu, quand on marche dans l’amour ! Et quand je sais que je suis enfant, je n’agis pas comme un étranger ou un esclave. Un père n’est-il pas attristé, lorsque son enfant doute de son amour. Or Dieu veut que nous en ayions conscience, comme aussi de la grande valeur que nous avons à ses yeux. Nous en sommes absolument indignes quant à nous-mêmes, mais nous Lui sommes précieux en Christ.

La seconde des relations contenues dans cette épître est celle d’Épouse. L’une et l’autre de ces relations était inconnue avant que Jésus fût monté vers son Père. Quand l’enfant est encore petit, il n’est en rien différent d’un esclave, il a des maîtres, des pédagogues, quelqu’un ou quelque chose qui s’interpose entre lui et le père ; il fait son temps d’école ; mais quand il a grandi, il entre en relation directe avec son père. Avant la révélation du Père, la loi disait à l’homme : Fais ceci ou cela ; ce n’était pas une relation filiale. Maintenant, Christ homme est venu, le Fils bien-aimé de Dieu, et cette relation, manifestée dans sa personne, est devenue la nôtre, à nous qui lui appartenons et qui sommes en Lui. «Je monte», a-t-il dit, «vers mon Père et votre Père, et vers mon Dieu et votre Dieu» (Jean 20:17). La rédemption ayant été accomplie sur la croix, Christ ne pouvait nous placer dans la même relation que Lui, avant de monter vers le Père. Il y est maintenant et nous a envoyé l’Esprit d’adoption, afin que nous ayons conscience et que nous jouissions de notre relation d’enfants.

Quant à la relation de Christ avec l’Église, elle était aussi entièrement cachée, et cette pensée ne pouvait pas monter au coeur de l’homme avant l’ascension de Jésus. Le Juif le plus éclairé, le plus instruit par le Saint-Esprit, ne connaissait, n’attendait qu’un Messie glorieux, sous le règne duquel le monde serait béni ; mais il ignorait entièrement que ce Messie, comme Fils de Dieu, aurait un corps, dont Lui-même serait la Tête, et Juifs et gentils les membres. Dans les conseils de Dieu, ce mystère était réservé pour le temps où le Christ serait rejeté par Israël.

Jusque-là, Dieu avait mis l’homme à l’épreuve de toutes les manières, et il avait entièrement manqué. Désobéissant et transgresseur, il avait perdu tout droit aux promesses. Christ fut alors présenté aux hommes comme Celui dans lequel toutes les promesses étaient accomplies, mais, comme tel, ils l’ont rejeté et mis à mort.

Dieu avait été fidèle envers Israël et avait usé, à son égard, d’un long support. Il avait tout employé : patience, châtiment et grâce. Qu’y avait-il plus à faire qu’il n’eût fait à sa vigne ? Tout avait été inutile, et n’avait eu d’autre résultat que de manifester l’inimitié de toute chair contre Dieu. Juifs ou gentils, n’importe, tous ont été rebelles à Dieu et se sont montrés des enfants de colère. L’arbre de la nature était mauvais et ne pouvait produire que des fruits sauvages. Il ne restait donc plus rien à faire, quand tout ce que Dieu avait fait n’avait servi qu’à démontrer un mal incurable.

L’apôtre fait ressortir dans notre chapitre cet état de l’homme : «Il est mort dans ses fautes et ses péchés». Alors il passe de l’homme à Dieu. Nous n’avons plus à nous enquérir de ce dont l’homme est capable, mais à apprendre ce dont Dieu est capable ; et qui bornera Sa puissance ? Il prend un pauvre pécheur et le place dans la même gloire que son Fils bien-aimé, venu pour le racheter, ce même Jésus que Saul avait rejeté et persécuté. Celui en qui toutes les promesses de Dieu sont oui et amen, n’est pas venu accomplir ces promesses pour nous, mais introduire dans sa propre gloire l’Église, plénitude de Celui qui accomplit tout en tous. C’était un mystère, une chose dont il n’avait jamais été question auparavant. Le fait d’être vivifiés pour former un corps, uni par le Saint Esprit au Fils lui-même qui en est la Tête, voilà ce qui était entièrement nouveau. Dieu voulait, par là, montrer dans les siècles à venir les immenses richesses de sa grâce, dans sa bonté envers nous, dans le Christ Jésus. Maintenant, la sagesse si diverse de Dieu est donnée à connaître aux principautés et aux autorités dans les lieux célestes, par l’Église, selon le propos des siècles, lequel il a établi dans le Christ Jésus, notre Seigneur.

Satan avait dit au premier homme : Si tu manges du fruit, tu seras comme Dieu. Dieu répond à Satan en nous rendant semblables à son Fils, à Celui qui est la pleine manifestation de sa gloire et de ses conseils. Christ, ayant créé toutes choses et soutenant toutes choses par la parole de sa puissance, la gloire lui appartient et il est héritier de toutes choses. Va-t-il être seul pour en jouir ? Non, Dieu lui donne une Épouse, l’Église. De même qu’il a donné Ève pour compagne à Adam, il a voulu que l’Église, acquise par Christ, fût comme lui, avec lui, conforme à lui, et qu’il se la présentât à lui-même, glorieuse, n’ayant ni tache, ni ride, ni rien de semblable, mais qu’elle fût sainte et irréprochable (Chap. 5).

Ces choses, l’apôtre les annonce dans notre chapitre : «Dieu, qui est riche en miséricorde, à cause de son grand amour dont il nous a aimés, alors même que nous étions morts dans nos fautes, nous a vivifiés ensemble avec le Christ, et nous a ressuscités ensemble, et nous a fait asseoir ensemble dans les lieux célestes, dans le Christ Jésus» (2:4-6). C’est une chose toute nouvelle et qui ne pouvait avoir lieu avant l’ascension du Seigneur ; nous sommes les membres de Christ, et celui qui est uni à Lui est un même Esprit.

Jouissons-nous de ces choses ? Sans doute, quant à mon corps, je suis encore ici-bas et non dans la gloire, mais il n’y a rien que je ne possède dès maintenant, pas un seul fondement de bonheur dont je ne puisse jouir. Dieu m’aime autant, aussi parfaitement que lorsque je serai dans le ciel ; j’ai déjà l’amour ; Christ est déjà ma vie ; la puissance du Saint-Esprit me fait déjà jouir de ces choses ; il n’y a, en un mot, pas une source de bonheur que déjà je ne possède. Peut-être pensez-vous que c’est trop dire, mais non ; nous allons le voir.

Dieu m’aime, et Christ me procure le bonheur céleste ; il est ma vie, et, par la foi, je puise à la source du bonheur. Quelle paix cela donne ! Je comprends la grandeur de cette grâce qui m’a placé dans une telle position ; je suis près de Lui pour en jouir, et rien ne peut me séparer de l’amour que Dieu m’a témoigné en Lui. Telle est la position dans laquelle je suis placé. J’ai des motifs puissants de bénir Dieu : «Vous êtes sauvés par la grâce, par la foi, et cela ne vient point de vous, c’est le don de Dieu» (2:8-10).

Je ne dis pas que la chair ne puisse m’empêcher de profiter de ces bénédictions ; sans doute, j’offense et contriste le Saint-Esprit, mais Dieu est mon Père, et rien ne peut me sortir de là ; aucune créature ne peut nous séparer : voilà le bonheur ! C’est en nous qu’il a montré les immenses richesses de son amour, et nous connaissons Celui qui a tout accompli.

Il fallait que le Fils fût auprès du Père pour nous envoyer le Saint-Esprit qui unit le corps à la Tête glorifiée, afin que l’Église eût la conscience de son existence et qu’elle pût jouir de ses privilèges.

Vers. 11-12. — «Souvenez-vous que vous, autrefois les nations dans la chair... vous étiez étrangers aux alliances de la promesse». Il est bon de vous en souvenir, dit l’apôtre, parce que cela fait ressortir la plénitude de la grâce.

Il n’y avait pas de promesses faites à Adam, quoique Dieu eût dit que la semence de la femme (Christ) écraserait la tête du serpent ; mais il y avait des promesses faites aux Juifs, seulement ils n’en voulurent pas. Lorsque la Syrophénicienne s’adressa à Jésus, elle ne réclama que la grâce, et le Seigneur pouvait-il lui répondre : Non, quand il s’agissait de la grâce et non des promesses ? Les promesses appartenaient aux Juifs ; Christ ne voulait pas donner le pain des enfants aux chiens, mais quand cette femme réclame les miettes qui tombent de la table, Christ ne peut les lui refuser. Il ne peut dire : Il n’y a point de grâce pour toi. En Christ, Dieu en a, dans sa maison, une plénitude qui a été entièrement manifestée. Les Juifs avaient, selon les promesses, un Christ vivant parmi eux, et ils n’en ont pas voulu, mais un Christ élevé de la terre, attire tous les hommes à Lui.

Avez-vous reconnu que vous n’êtes justifiés, ni par la loi, ni par les promesses, ni par vous-mêmes, mais que Dieu, dans sa grâce infinie, vous a tout donné, qu’il vous a fait être membres du corps de Christ, son Épouse, que vous entrez, par le Saint-Esprit, dans ces relations bénies avec Lui ? Dieu a unis ensemble Juifs et gentils par le sang de Christ, d’un Christ rejeté. «Car nous qui étions autrefois loin, nous avons été approchés par le sang du Christ ; car c’est Lui qui est notre paix, qui des deux en a fait un, ayant détruit le mur mitoyen de clôture» (v. 13-14). Et remarquez que c’est le sang de Christ qui a fait tout cela. Le péché affreux d’avoir rejeté le Seigneur, cet acte d’iniquité des hommes, devient le moyen par lequel Dieu, agissant en grâce, fait l’expiation pour le péché et réunit en un seul corps Juifs et gentils. Cette union ne pouvait avoir lieu auparavant, car les Juifs avaient les promesses, et non les gentils. Mais les Juifs ayant perdu tout droit aux promesses, Christ «crée les deux en lui-même pour être un seul homme nouveau, en faisant la paix» (v. 15). Le mur de clôture étant rompu, il réunit les deux en lui-même pour former un seul corps devant Dieu par la croix, «ayant tué par elle l’inimitié». Ce qui jusqu’alors avait été caché en Dieu, ce n’était pas seulement qu’il voulait sauver Juifs et gentils, mais qu’il voulait acquérir un peuple céleste, uni à Jésus, qui en ferait son Épouse.

C’était quelque chose de tout nouveau, basé sur un terrain nouveau : un peuple vitalement uni par le Saint-Esprit qui le rassemble en un corps qui n’est pas plus complet sans la tête, que la tête n’est complète sans le corps.

Vus en Christ dans le ciel, nous sommes l’Épouse. Celui qui aime Christ aime l’Épouse, «car nous sommes membres de son corps, de sa chair et de ses os» (5:30). Dieu qui aime son Fils, a voulu que nous soyons une partie de Christ, que nous ayons la conscience qu’il est en nous, et Dieu en Lui, et que le Père nous aime comme il aime son Fils (Jean 17:23). En nous unissant étroitement à son Fils, Dieu a manifesté son amour pour nous : «Toi en moi, et moi en eux».

Le Saint-Esprit nous donne l’intelligence de notre position. Nous sommes assis en Christ, pas encore avec lui, dans les lieux célestes, mais nous pouvons, par la foi, nous y voir en Lui ; aussi Jésus, étant dans la gloire, a pu dire à Saul : «Je suis Jésus que tu persécutes». C’est aussi pour cela que Paul nous parle d’un Christ céleste, car il a vu, de ses propres yeux, Christ dans la gloire.

L’envoi du Saint-Esprit est le sceau et la confirmation de nos privilèges ; c’est par Lui que nous avons été baptisés pour être un seul corps, uni à Christ seul. Ce corps étant à Christ, ce qui le distingue, c’est qu’il est son Épouse, tirant son existence de Lui, lui appartenant uniquement. Ce qui distingue une épouse dans ce monde, ce n’est pas qu’elle soit honnête et aimable, mais qu’elle ait une existence spéciale, par le fait qu’elle appartient à son époux et qu’elle est une seule chair avec lui. Ève était la compagne d’Adam, elle jouissait de tous ses droits d’épouse, et en avait les sentiments pour son mari ; elle ne lui était pas assujettie, et n’avait pas non plus la seigneurie ; elle jouissait de tout ce dont Adam jouissait, et ses affections d’épouse lui faisaient comprendre ce qu’elle était pour lui ; mais, si elle avait ignoré qu’elle fût l’épouse, comment aurait-elle pu en avoir les affections ?

Quelle sera maintenant l’attitude de l’Épouse à l’égard de la venue du Seigneur ? Elle attendra son Époux. Il est l’étoile brillante du matin pour l’Église, parce qu’elle possède des relations célestes avec Lui. Elle sera avec Lui avant le jour, c’est-à-dire avant sa manifestation au monde. L’Épouse dit : Viens ! parce que le Saint-Esprit qui est personnellement en elle, dit : Viens ! C’est Lui qui produit ce désir dans le coeur de l’Église, et l’Époux répond : «Je viens bientôt !»

Comme le Fils est venu pour son incarnation, ainsi il viendra pour sa glorification. L’Église est appelée à rendre témoignage de tout ce que Christ est, car l’Esprit prend les choses de Christ et les lui communique. Elle ne peut pas encore dire : «Je possède l’Époux», mais : «Je possède l’Esprit» ; je sais ce qu’est Jésus ; je possède l’eau vive ; je connais l’amour répandu dans mon coeur ; et j’invite les hommes à venir. Elle peut être le canal pour communiquer la grâce de Dieu à ceux qui sont malheureux et misérables, aux coeurs brisés, pour les soulager.

Si l’Épouse avait ces choses à coeur, le résultat serait l’union, car qu’est-ce qui nous sépare ? Nos propres intérêts. Mais si nous avons Christ, et que la chair soit mortifiée, nous aurons les mêmes pensées. Je sais bien que la chair est un obstacle, mais si mon frère manque à mon égard, cela donne à l’amour l’occasion de s’exercer. Les fautes de mon enfant ne me repoussent pas ; je chercherai à le redresser en m’occupant de lui avec affection, et cela manifestera l’amour. La puissance divine du Saint-Esprit, plus forte que le mal, le chasse, et cette puissance, étant dans le Chef de l’Église, doit être aussi manifestée en elle.

Nous manquons sans doute au témoignage que nous devons rendre, mais je parle de l’unité comme elle est dans la Parole, et comme elle doit être réalisée. S’il en est ainsi, comment laisserais-je un seul membre du corps de côté ? Est-il possible que Christ en néglige un seul ?

Les intérêts du corps sont un, car, jouissant des affections intimes et parfaites de la tête, il a les mêmes intérêts. De même, l’Épouse a tous les avantages de sa position, et jouit de toutes les affections de l’Époux qui la rend, par ses soins, sainte, sans tache et irrépréhensible en amour.

Je suis persuadé que, si les enfants de Dieu réalisaient les relations d’enfants, de membres du corps de Christ et d’Épouse, ils ne trouveraient ni embarras, ni difficultés sur leur route. On ne comprend ces relations qu’en y étant ; l’amour ne se raisonne pas, et ce que nous avons à faire, c’est de le manifester à ceux qui nous entourent.

L’amour de Dieu est sans bornes ; Dieu qui est riche en miséricorde a tout fait. Il a donné son Fils qui nous a rachetés et nous a faits sa chair et ses os, et nos pauvres coeurs peuvent se reposer dans l’amour parfait de Jésus.

La sagesse de Dieu et les richesses de sa grâce seront vues et manifestées aux principautés et aux autorités par l’Église, qui sera vue avec Christ et dans la même gloire que Lui. En attendant que Dieu exécute ses promesses pour les Juifs, l’Église est ici-bas l’objet de son plus tendre amour. Christ est pour elle l’étoile brillante du matin, avant qu’il se fasse voir au monde. Alors, quand il apparaîtra, nous paraîtrons avec lui en gloire.

Oh ! qu’il nous donne d’être fidèles comme une Épouse doit l’être en l’absence de son Époux, et de considérer que tous les membres du corps sont un avec Lui ! Amen

 

 

 

7              Méditations de J. N. Darby    Éphésiens  2:10-22

n°214 : ME 1916 p. 355

Deux pensées sont présentées, quant à l’Église, dans cette épître : ce qu’elle sera dans la gloire de Christ, et ce qu’elle est, ici-bas, comme habitation de Dieu par l’Esprit. Tout cela est autre chose que de saints désirs ou une conscience en activité : c’est une position que Dieu nous a faite.

On rencontre les opérations du Saint Esprit, même avant la connaissance de l’oeuvre de Christ. Ainsi Jean-Baptiste agissait par l’Esprit pour amener les âmes à la repentance ; mais il parlait de Jésus comme de Celui qui baptiserait du Saint Esprit. La présence du Saint Esprit est plus qu’un certain effet produit dans le coeur par Son action. Nous sommes Son ouvrage : c’est une création nouvelle et non pas seulement des sentiments, si bénis soient-ils, produits en nous. Nous sommes l’ouvrage de Dieu (et Lui ne fait pas de mauvais ouvrage), une création en Christ, non pas, comme Adam, une création hors de Christ. La puissance de Dieu nous ayant créés dans le nouvel homme, en Jésus Christ, nous faisons partie de Lui-même, nous sommes de sa chair et de ses os. Dans ce cas, les bonnes oeuvres (v. 10) sont l’expression de ce que Christ est, et non de ce que le premier Adam aurait dû être ; elles reproduisent Christ devant le monde, et n’ont pas pour but de nous approcher de Dieu.

Notre condition naturelle, comme gentils, était d’être sans Dieu dans le monde, mais maintenant, nous qui étions loin, nous avons été approchés de Dieu par le sang de Christ, une création de Dieu en Celui dont le sang ne laisse aucune tache sur nous. C’est l’abolition complète de tout ce qui a précédé ; toutes les distinctions sont effacées ; c’est un homme nouveau, sans aucune relation avec le vieil homme, car, par la croix de Christ, il a effacé les conséquences de l’état de ce dernier.

Christ réunit en un Juifs et gentils et abolit dans sa chair l’inimitié. Étant venu, il a annoncé la bonne nouvelle d’une paix déjà faite, et invite à s’approcher de Dieu par elle. Nous avons accès auprès du Père par un seul Esprit (v. 18). L’Esprit ne peut être nommé avant que toute idée de péché et des relations, proposées auparavant à l’homme sous la loi, soit effacée. Quand cet homme nouveau peut avoir ainsi accès auprès du Père, le Saint Esprit devient, en lui, la puissance de ses nouvelles relations avec Dieu. La présence du Saint Esprit est le résultat du fait que toute question est vidée entre Dieu et l’homme.

Nous trouvons de plus, ici, l’habitation de Dieu ici-bas. Si nous montons en haut, nous avons accès auprès du Père, mais nous sommes ici-bas les gens de la maison de Dieu à laquelle nous appartenons, ayant été édifiés ensemble sur le fondement des apôtres et prophètes, savoir des prophètes du Nouveau Testament. Tout cela a été révélé par le Saint Esprit descendu du ciel. Nous sommes fondés sur cette chose nouvelle qui n’a été déclarée que par les apôtres et prophètes ; tout cela, pour être le tabernacle de Dieu en Esprit ici-bas. Le fait que nous avons, d’une part, accès auprès du Père, de l’autre, que nous sommes sa maison, est le résultat du baptême du Saint Esprit.

La présence du Saint Esprit a pour point de départ l’Homme nouveau, Christ glorifié dans le ciel. Quant à la pratique, la joie qui en découle dépend de la conduite des enfants de Dieu. Là ou est le Saint Esprit, là est la liberté quant à tout ce qui peut gêner le nouvel homme ; la liberté à l’égard des hommes qui voudraient nous retenir loin de Dieu. Jésus dit : «Si le Fils vous affranchit, vous serez véritablement libres» (Jean 8). Notre conduite nous fait jouir de cette liberté en nous affranchissant de tout ce qui pourrait entraver le nouvel homme. Rien de cela ne peut subsister devant l’activité du Saint Esprit. Dans ce cas, amis, parents, tous les liens naturels, perdent leur influence, parce qu’on les aime en vue de Christ. Le don du Saint Esprit n’est pas seulement ici les saints désirs qu’il produit. Paul a eu ces désirs après avoir rencontré Christ sur le chemin de Damas, mais c’est par Ananias qu’il a reçu la puissance du Saint Esprit. Désormais, il était en état d’agir au nom du Seigneur Jésus, et, pour être consacré à cette mission, il a été baptisé du Saint Esprit. Cela reste toujours vrai. Tous les chrétiens sont l’ouvrage de Dieu. Il faut, ou être baptisé du Saint Esprit, si cela n’a pas encore eu lieu, ou, si on l’a été, que Christ soit notre seul motif, et que l’Esprit ne soit pas contristé. Désormais, tout ce qui avait exercé une si grande influence sur Saul de Tarse était tombé. Le Saint Esprit présente Christ ; et tout autre objet disparaît, parce que Lui a remplacé toutes ces choses dans l’âme. Le Saint Esprit nous est donné pour être en nous la puissance de Christ qui Le révèle et produit une vie qui ne s’occupe que de Lui. C’est là ce que nous avons à rechercher, soit pour nous-mêmes, soit pour nos frères. L’important est de comprendre que le Saint Esprit agit en puissance et de voir Jésus assez clairement pour marcher selon Lui, en ne tenant compte que de Lui. Un chrétien, vraiment dirigé par le Saint Esprit, ne peut faire autre chose que la volonté du Seigneur : c’est le résultat de la proximité avec Lui.

 

 

 

8              Méditations de J. N. Darby    1  Rois 13 ;  Éphésiens  3

n°79 : ME 1895 p. 292

Je n’ai pas d’autre but en lisant le premier de ces passages que de faire ressortir l’importance pour nous de l’obéissance toute simple, obéissance qui ne se détourne ni à droite, ni à gauche, même à la voix d’un prophète, quand la volonté de Dieu nous est déjà connue.

Le second passage (Éph. 3) nous montre l’importance immense que la parole de Dieu attache à l’Église. Christ lui-même est le centre de tous les conseils de Dieu, mais rien ne lui est plus précieux que l’Église. C’est par elle qu’il fait connaître sa sagesse aux principautés dans les lieux célestes. Paul fut particulièrement le ministre de cette révélation, car si le Saint-Esprit a enseigné les mêmes vérités à tous les apôtres et prophètes, il a donné à chacun d’eux la révélation de quelque partie des richesses du Christ. Pierre, par exempte, insiste davantage sur la gloire personnelle du Seigneur ; Paul sur l’union de l’Église avec lui. Jean fait ressortir le principe que Dieu est amour. Pierre présente Jésus comme la pierre vivante, en vertu de sa résurrection et de sa gloire ; il montre que nous participons à cette gloire. Paul, comme nous l’avons dit, parle de l’union actuelle de l’Église avec Christ. Tous les apôtres avaient accompagné Jésus comme homme ici-bas. Paul seul, arrêté par lui sur le chemin de Damas, apprend à le connaître dans la gloire, et c’est désormais le point de départ de toutes ses pensées, tandis que cette même gloire est au contraire le terme des pensées des autres apôtres.

L’union absolue, l’unité des disciples persécutés avec Jésus, devient le moyen de la conversion de Paul. C’est surtout dans l’épître aux Éphésiens qu’il développe cette unité. Quand il parle de notre position, il la montre en Christ : nous sommes élus en lui avant la fondation du monde, et nos bénédictions sont actuellement dans les lieux célestes en lui. Le monde est le théâtre sur lequel ces choses sont manifestées, mais il n’y entre pour rien. Même les miracles qui s’y accomplissent sont les «puissances du siècle à venir». Cette union est un mystère qui n’avait pas été révélé auparavant, car dans l’Ancien Testament on ne trouve que Christ, et non pas l’Église. Tel est, par exemple, le passage d’Ésaïe 50:7-9, qui concerne Christ et qui, en Rom. 8:33, 34, est appliqué par le Saint-Esprit à l’Église. Dans l’Ancien Testament, le peuple d’Israël voit la manifestation de la gloire de Christ, mais le mystère, l’union de Christ et de l’Église, ne lui est pas révélé. Jésus-Christ a été serviteur de la circoncision, est-il dit en Rom. 15:8.

Avant la mort de Christ, l’Église n’avait point été révélée comme assise dans les lieux célestes, mais quand, après son ascension, il envoie le Saint-Esprit, celui-ci, par la puissance qui agit en nous avec efficace, sépare un peuple élu hors du monde. Unis par lui à Christ, nous sommes un seul Esprit avec lui. C’est la présence du Saint-Esprit qui distingue l’Église de Dieu : Celle-ci manifeste d’une part, au milieu du monde actuel, la présence du Saint-Esprit par des fruits que l’égoïsme même du monde est capable de comprendre. D’autre part, elle manifeste aux principautés et aux puissances dans les lieux célestes, la sagesse de Dieu infiniment variée. Les anges étaient les administrateurs du gouvernement de Dieu sur Israël, et c’était là ce que signifiait l’échelle de Jacob. Mais dans l’Église, on voit Dieu, unissant à lui, dans la personne de son Fils, des êtres qui autrefois n’étaient que de pauvres pécheurs, et les plaçant au-dessus de toutes les principautés et de toutes les puissances dans les lieux célestes.

Dès que nous rabaissons dans nos coeurs la notion de l’Église, nous manquons au but que Dieu se propose, et Dieu ne nous communique sa force que pour accomplir ce qui est selon sa pensée. Comment aussi pourrons-nous jouir de la bonté et de la miséricorde de Dieu, si nous manquons à ce qu’il se propose ? En serons-nous réduits à nous appuyer sur notre sagesse et nos forces pour accomplir des choses qui ne sont pas selon les pensées de Dieu manifestées dans sa Parole ?

Cherchons donc humblement, dans le sentiment de notre responsabilité, à répondre dans toute notre marche, au but et aux pensées de Dieu, avec la certitude heureuse que Dieu est avec nous dans ce chemin.

 

 

 

9              Méditations de J. N. Darby    Éphésiens  4

n°43 : ME 1892 p. 217

Le troisième chapitre de cette épître est une parenthèse, et le quatrième chapitre se relie à la fin du second. L’introduction de cette parenthèse contribue à rendre plus claire la suite des pensées de l’épître. Dans le second chapitre, Paul établit, comme grand principe de la grâce, que le fondement de l’évangile est l’oeuvre de Dieu, non celle de l’homme, ce que Dieu a fait, et non ce que l’homme fait. Tout ce qui a précédé est donc mis de côté. Christ, l’homme ressuscité et glorifié, devient le fondement d’un édifice tout nouveau. Les gentils ne sont plus des étrangers et des gens du dehors, comme sous l’économie juive (2:19).

Pour constituer le peuple de Dieu, la présence de Dieu était indispensable ; pour constituer l’unité du corps, il faut non seulement la vie de Christ mais la présence du Saint-Esprit, car c’est elle qui forme cette unité. La présence de Dieu à Jérusalem, formait le centre et l’unité du peuple juif. Du moment que Dieu n’y est plus, tous sont dispersés. Ainsi, la présence de Dieu distingue, dirige le peuple de Dieu et est le centre de leur union. Ceux qui étaient nés Juifs avaient, par cela même, le droit de monter au temple de Jérusalem. Leur centre était terrestre, car Dieu agissait envers l’homme dans la chair, selon les rudiments du monde. À la mort de Christ, tout cela disparaît. Cette mort introduit le fidèle dans un édifice qui n’a aucun rapport, avec tout ce qui est de la chair. Le système juif est aboli. Notre économie est en principe la manifestation de la présence de Dieu et de sa puissance au milieu des fidèles par l’Esprit. Ce ne sont plus les gentils qui sont des gens du dehors, mais les incrédules ; les croyants sont le tabernacle de Dieu.

Le chapitre 4 nous présente les conséquences que Paul tire de ce grand principe. Il y en a deux :

1° L’unité parfaite de l’Église, par la présence de Dieu, dans la personne du Saint-Esprit. Jean 17:11, 21, 22, reproduit trois fois le grand principe de l’unité. Les Corinthiens qui le méconnaissaient par leurs divisions, sont appelés charnels (1 Cor. 3:1-3). Notre vocation est d’être un en Christ par le Saint-Esprit. Si nous le savons et le sentons, nous montrons inévitablement toute douceur. Impossible à nous d’être alors aigres et orgueilleux, car la présence du Saint Esprit mortifie tout ce qui est de la chair et produit tous ses résultats en humilité, en douceur, en patience. C’est ainsi que nous pouvons marcher d’une manière digne de notre vocation. Au v. 30, cette présence du Saint-Esprit a pour conséquence la sainteté, car chaque pensée de péché le contriste.

2° Une seconde conséquence est la très grande diversité des dons (v. 7). Tous les fidèles sont un par l’Esprit ; mais Dieu, selon sa souveraineté, distribue des dons différents (v. 7-15). Il y a unité, une même pensée, une seule volonté ; tous les membres du corps agissent ensemble, pour l’effet que la volonté d’un seul Esprit veut réaliser. La diversité sert à l’unité du corps, parce qu’elle met les membres dans une dépendance nécessaire les uns des autres. Ces dons ont un effet positif (v. 15-16). Sans nourriture le corps s’affaiblit. Dieu veut que nous croissions dans la connaissance de Jésus-Christ. Étant affermis dans la vérité, nous devenons forts pour repousser l’erreur. Il n’est pas question ici des miracles, mais seulement des dons qui servent à l’accroissement et à la nourriture du corps.

Comme le tabernacle dans le désert, et plus tard le temple à Jérusalem, était le lieu visible de la présence de Dieu, l’Église est aujourd’hui le lieu de la manifestation de l’Esprit de Dieu. Impossible que le monde ait part à cette unité du corps de Christ. Le monde n’a pas l’Esprit, et ne peut l’avoir. Nous avons à garder l’unité de l’Esprit. Il est impossible que nous ne ressentions pas l’état, quel qu’il soit, du corps de Christ. La main ne peut souffrir, sans que le corps entier ne souffre avec elle ; mais si le corps est en bonne santé, la blessure de la main est bientôt guérie. Si le corps est en mauvais état, le mal, quelque léger qu’il soit, s’aggrave. Les membres ont aussi à prendre soin les uns des autres.

 

 

 

10         Méditations de J. N. Darby    Éphésiens  4    Conséquences Pratiques de l’Union de Christ et L’Église

Septembre 1846    n°227 : ME 1924 p. 165

Nous avons, dans les trois premiers chapitres de cette épître, la révélation du mystère de Dieu quant à l’union de Christ et de l’Église et quant à la position céleste que, selon ses conseils, Il a donnée à cette dernière. Dans les chapitres suivants, nous trouvons les conséquences pratiques qui découlent de cette position de l’Assemblée.

Pour pouvoir entrer dans la jouissance de la pleine bénédiction présentée aux Éphésiens, il ne faut jamais abandonner cette pensée que Dieu envisage l’Église dans le ciel ; le chrétien ne jouit des bénéfices actuels de cette position de l’Église, et ne peut marcher d’une manière digne de Dieu, qu’autant qu’il se voit là où Dieu le considère. Il est impossible de présenter les principes du ciel, et ceux de l’homme dans le ciel, si l’on ne réalise pas le ciel par la foi. Pour la plupart des chrétiens, cette parole est dure, et qui peut l’ouïr (Jean 6:60) ; plusieurs n’aiment pas une doctrine qui les sépare si complètement de la terre ; et cependant il est dit : «C’est l’Esprit qui vivifie, la chair ne profite de rien» (Jean 6:63).

Jésus dit souvent dans cet Évangile de Jean qu’il est venu d’en haut ; c’est aussi le témoignage de Jean-Baptiste (Chap. 3:31). L’Église participe à cette origine par son union avec Jésus, l’homme du ciel. Si je ne garde pas la conscience que je suis du ciel, si je ne réalise pas cette position par l’Esprit, par la foi, je ne présenterai jamais le caractère d’enfant, et d’imitateur de Dieu, d’une manière qui réponde convenablement à ce caractère.

Dans l’évangile de Jean qui nous présente plus particulièrement Jésus comme Fils de Dieu et par conséquent dans le caractère céleste de Sa marche, nous lisons : «Le Fils de l’homme qui est dans le ciel» (Chap. 3:13). Jésus parlait sur la terre avec le docteur de la loi, Nicodème ; cependant il se disait dans le ciel. Se trompait-il ? Les chrétiens qui ne peuvent supporter ce langage doivent nécessairement l’expliquer par quelques raisonnements qui en anéantissent la force.

Les anges de Dieu qui sont «envoyés pour servir en faveur de ceux qui vont hériter du salut», bien qu’ils accomplissent une mission de la part de Dieu ici-bas, sont pourtant du ciel par leur vie et leur nature ; eh bien, le chrétien l’est encore plus que les anges par l’union de sa vie et de sa nature avec Jésus, le Fils de Dieu. Il est maintenant «au-dessus de tous les cieux» et les anges, en servant les membres de son corps, savent qu’ils servent des personnes qui sont plus élevées qu’eux devant Dieu. Ils sont heureux dans ce service, et c’est même pour eux un honneur, car, en servant les saints, ils servent Jésus.

Si donc les chrétiens étaient au-dessous des pensées de Dieu quant à leur position actuelle, ils ne sauraient marcher de manière à faire ressortir la dignité dont Dieu les a revêtus en son Fils bien-aimé. L’apôtre, parlant aux Colossiens pour les tenir en garde contre le faux enseignement de ceux qui ne retenaient pas Christ, la Tête de son corps, leur dit : «Si vous êtes morts avec Christ aux éléments du monde, pourquoi, comme si vous étiez encore en vie dans le monde, établissez-vous des ordonnances... selon les commandements et les enseignements des hommes ?» (Chap. 2:20). Paul pensait et jugeait comme «un homme en Christ» doit penser et juger ; et il ne se trompait pas.

Il est évident que la base même du jugement du chrétien, dans tout ce qu’il est appelé à faire, c’est la position que Dieu lui a faite en Jésus ressuscité et glorifié à sa droite. Le chrétien auquel manque cette pleine certitude de foi, qui lui fait dire : Je suis dans le ciel, ce chrétien sera incapable de réaliser les préceptes célestes dans leur étendue, en conformité de pensée et de sentiment avec Christ.

L’apôtre, comme prisonnier dans le Seigneur, en prison, mais réalisant sa position céleste, exhorte les chrétiens à marcher d’une manière digne de l’appel de Dieu ; et cette dignité consiste en toute humilité, et douceur, avec longanimité, se supportant l’un l’autre dans l’amour, s’appliquant à garder l’unité de l’esprit par le lien de la paix.

L’apôtre s’arrête ici, pour présenter, comme base de son exhortation, l’unité de Dieu, Père, Fils et Saint Esprit réalisée dans l’Église, corps de Christ. Il n’y a point de motif plus puissant et plus élevé à présenter aux chrétiens que celui-là, pour leur donner la conscience qu’ils sont du ciel.

Dieu nous a fait être un en lui, par Christ, c’est pourquoi nous devons présenter Dieu par notre vie, qui est sa vie en nous, dans le corps de Christ dont nous sommes les membres ; et comme Dieu est essentiellement amour, c’est l’amour, et les perfections qui en résultent qui manifestent Dieu en nous, et au milieu de nous tous.

Le chap. 5 commence en revenant au même principe ; imitateurs de Dieu, et marchant dans l’amour.

Ensuite il est dit : «Mais à chacun de nous la grâce a été donnée selon la mesure du don de Christ» (4:7). Il s’agit ici de la grâce particulière en vue des dons divers dans le corps. Le chap. 3:19 nous présente la plénitude de Dieu dans chacun des membres du corps dans le sens de comprendre avec tous les saints, quelle est la longueur, et la largeur, et la profondeur et la hauteur des merveilles du mystère maintenant révélé, de toute la nouvelle création en Christ, et la plénitude de l’amour de Christ qui surpasse toute connaissance.

Dans le Chap. 1:23 nous trouvons l’Église, plénitude de Christ comme étant son corps. Dans le Chap. 4 les dons sont une des conséquences au présent pour l’Église, du triomphe de Christ. Tous ses ennemis qui semblaient avoir pu le retenir un moment dans le tombeau, sont devenus ses captifs par son triomphe sur la mort ; tous nos ennemis sont maintenant offerts en spectacle à son triomphe, et Jésus est monté au-dessus de tous les cieux, afin qu’il remplit toutes choses. Le Seigneur Jésus à cette hauteur, et selon son pouvoir sans limite, fait valoir tous ses droits en faveur des siens, et Il prend soin de tout ce qui est nécessaire pour l’accomplissement de son conseil envers l’Église.

Dans les dons de sa grâce pour son corps, il y a la bénédiction du ministère ; l’apôtre nous en parle du v. 11 au 16, puis il reprend son exhortation et continue à présenter des instructions sur la marche chrétienne.

Lorsque Dieu eut déployé son pouvoir magnifique en faisant passer le Jourdain à son peuple, Josué circoncit le peuple, et cela nous enseigne la nécessité du dépouillement du corps de la chair (Col. 2:11) pour pouvoir aller plus avant, c’est-à-dire, pour être comme Israël conduit dans le combat. Dieu se sert des ministères pour accomplir son oeuvre au milieu de l’Église et par l’Église. Il nous a communiqué par le ministère de son apôtre Paul, dans cette épître, les richesses de ses conseils envers l’Église en Christ ; Il nous y manifeste aussi le principe de sa présence au milieu de nous d’une manière merveilleusement élevée ; et il nous montre comment nous pouvons traverser la mort à pied sec, cette mort pratique et continuelle pour le chrétien, comment nous pouvons en triompher toujours par la puissance de sa présence avec nous ; car la présence de l’arche au milieu du Jourdain, faisait que tout le peuple le traversait sans difficulté. C’est ce que les serviteurs de Christ doivent tenir haut élevé au milieu de l’Église, ils doivent rappeler sans cesse, à la mémoire de tous, les conseils de la grâce de Dieu, cette présence glorieuse et puissante du Seigneur au milieu des siens, présence qui est leur force, qui les fait toujours triompher en Lui, et devant laquelle, la mer, le Jourdain, Satan et toutes ses armées ne sont que des captifs dont la présence proclame le triomphe de Christ !

Le chrétien fidèle dans son ministère est certainement une grande bénédiction de Christ au milieu des siens, et les serviteurs qui seront trouvés fidèles auront une grande récompense au jour où le Seigneur distribuera celles-ci à chacun selon le travail qu’Il aura reconnu. Les membres de Christ sont exhortés à estimer très haut dans l’amour ceux qui travaillent parmi eux (1 Thes. 5:12, 13). C’est une chose précieuse pour tous, que la fidélité du ministère dans l’Église ; mais aussi l’infidélité dans ce service devient une source de toute sorte de maux ; et que penser d’un ministère qui ne met pas tous ses soins à ce que Dieu soit honoré au milieu de son peuple, à ce qu’Il occupe toute la place, et qu’Il soit le tout des âmes. Tel est le caractère du serviteur fidèle : sa joie est que son Seigneur soit haut élevé, mais le serviteur infidèle s’élève aux dépens de la gloire de son maître. Ce mal peut se manifester plus ou moins, cependant il suffit de son existence même en une faible mesure pour imprimer le caractère de méchants serviteurs, à ceux qui ne jugent pas et ne condamnent pas cette recherche d’eux-mêmes.

L’Éternel avait dit à Josué de faire prendre, par un homme de chaque tribu, douze pierres du lieu où s’arrêta l’arche, au milieu du Jourdain ; Josué les dressa en Guilgal ; c’était un monument de la puissance de Dieu en faveur de son peuple. Ce fait devait être raconté de génération en génération pour servir de mémorial aux fils d’Israël pour toujours, «afin, est-il dit, que tous les peuples de la terre connussent la main de l’Éternel, qu’elle est forte ; afin que vous craigniez toujours l’Éternel votre Dieu» (Josué 4).

Il est évident que la mémoire de ce que Dieu est pour son peuple, est une source de joie et de force pour ce dernier, ainsi qu’un témoignage de la force de Dieu pour tous les peuples. Josué dressa aussi douze pierres au milieu du Jourdain. Le témoignage des oeuvres de Dieu demeure à toujours ; ces témoignages sont des choses merveilleuses pour ceux qui y sont rendus attentifs ; mais ils s’élèveront en condamnation contre ceux qui les méprisent.

Ils seront une louange éternelle dans la bouche de tous ses bien-aimés ; rien ne peut les effacer ni les annuler ; il est dit de ces pierres, témoignage de la grâce de Dieu en faveur de son peuple, ainsi que de sa puissance et de sa fidélité, qu’«elles sont là jusqu’à ce jour» (4:9). Ce que Dieu fait demeure éternellement ; les oeuvres de la foi demeurent aussi, Dieu en parlera éternellement. Il est très important de considérer l’oeuvre du Seigneur dans son commencement, c’est-à-dire selon ses conseils ; cela donne l’intelligence de sa pensée dans l’état où nous nous trouvons, et pour notre propre bénédiction, et aussi pour pouvoir en parler avec sagesse pour la bénédiction de Dieu envers d’autres.

Que Dieu donne à tous ses enfants de fournir leur course, en réalisant par la foi qu’ils sont ressuscités, et assis dans les lieux célestes en Christ.

 

 

 

11         Méditations de J. N. Darby    Éphésiens  4:1-16 : Avoir  Conscience de notre Position devant Dieu

Lausanne, 24 août 1849    n°263 (ex 260) : ME 1957 p. 75

Je désire parler ce soir des grandes vérités sur lesquelles se fondent les instructions de ce chapitre. Il est important en effet d’avoir bien conscience de notre position devant Dieu : de là découlent notre joie, notre force, notre sécurité. Quand il en est ainsi l’âme, jouit de façon intime et heureuse de son amour et de ce qui est en Lui, dans les relations qu’Il maintient avec nous.

Il est impossible d’avoir les affections chrétiennes réellement formées si l’on n’a pas la conscience de la position à laquelle ces affections se rapportent. Être dans une relation est une chose, éprouver les affections que cette relation suppose en est une autre ; il faut pour les éprouver se savoir dans cette relation. Un enfant est pris par la main dans la rue par un homme aimable : Ah, dit-il, si seulement j’étais l’enfant de cet homme ! S’il découvre qu’il est un enfant perdu, tout est changé. Quand quelqu’un est régénéré et qu’il voit Christ qui attire son coeur, cela produit d’abord des soupirs et de la tristesse : Si j’étais quelque chose pour Lui ! Une fois qu’il a compris qu’il est en Lui, quel changement ! Il y a maintenant paix et joie. L’âme qui a saisi ce que Christ est envers nous, ce que Dieu est envers nous, se voit placée dans la position qui seule rend heureux. Dieu nous donne, par son Esprit, la conscience de la relation dans laquelle il est envers nous, croyants, et c’est là le bonheur. Ainsi en a-t-il été pour l’enfant prodigue, quand le père se jeta à son cou. Des pensées nouvelles sont formées dans son coeur du fait qu’il a devant ses yeux le témoignage de ce qu’il y a dans le coeur du père. C’est quand nous comprenons cela que la joie est produite.

L’enfant une fois là ne raisonne pas. Il est près de son père et jouit de cette proximité. Il a plus d’intelligence de ce qu’est un père que le savant qui raisonnerait là-dessus. Quelqu’un qui n’est pas une mère ne peut en avoir les sentiments, et de même l’enfant seul peut savoir ce qu’est un enfant près de son père. L’esprit d’adoption est donné au croyant, par Lui il sait ce que c’est que d’être fils, et il crie : «Abba, Père».

Voilà donc ce qui est nécessaire pour que nous ayons les affections convenables, devant Dieu et devant Jésus Christ. L’enfant prodigue se sent fils non par ses propres pensées, mais en voyant ce que le père est envers lui. Si le père a un fils, le fils a un père.

Il en va de même quant à la relation entre Christ et l’Assemblée. Si Christ est l’époux de l’Église, l’Église est l’épouse de Christ. Nous avons besoin de bien saisir cela. Quand on l’a saisi, Jésus grandit à nos yeux. On ne peut connaître une telle relation sans connaître, et désirer connaître davantage, qui est ce Christ qui nous y a placés.

J’aimerais suivre un peu ce qui est dit ici de ce que Christ a été et a fait pour nous.

Quelle que soit la position dans laquelle l’homme responsable a été placé, cela n’a fait que mettre en évidence son péché. Il en a été ainsi même et surtout en présence des promesses divines. Rien n’a démontré la méchanceté du coeur de l’homme comme l’accomplissement des promesses de Dieu en Christ. Les hommes — et plus précisément «les siens», son peuple — ont rejeté Christ et perdu tout droit aux promesses. Christ venait avec les promesses de Dieu dans sa main, en grâce, et ils n’en ont pas voulu. Auparavant, il y avait le péché, la transgression, mais maintenant l’homme est démontré un enfant de colère. Mais c’est alors que l’homme est manifesté tel, que Dieu manifeste ce qu’Il est, Lui. Désormais nous n’avons plus un Christ accomplissant les promesses envers ceux à qui ces promesses avaient été faites, mais un Christ qui est la pleine manifestation de ce que Dieu est, — Dieu manifesté en chair. Dieu peut introduire de pauvres pécheurs dans la connaissance de Lui-même. Tel que je suis, je trouve Dieu en Christ, pour mon bonheur éternel.

L’homme était pécheur, captif de Satan, Christ vient accomplir l’oeuvre de son salut. Christ a aimé l’Assemblée et s’est livré lui-même pour elle : elle n’existait pas encore, Il devait la racheter et l’appeler. Voilà ce qu’il y avait dans le coeur de Christ, et c’est la source de toute notre espérance. J’ai trouvé ce que Christ est. Il est venu accomplir la rédemption de ceux qui étaient pourtant coupables d’avoir violé la loi, rejeté les promesses, — une rédemption telle qu’Il fait d’eux sa propre chair et ses os. «Personne n’a jamais haï sa propre chair, mais il la nourrit et la chérit, comme aussi le Christ l’assemblée». Paul en a la révélation dans la gloire : ce qu’il persécutait c’était de pauvres chrétiens qu’il avait liés, mais il apprend qu’en les persécutant il persécutait Christ. Ainsi la pensée de Dieu n’était pas seulement de sauver des âmes, mais de faire des sauvés les membres du corps de Christ, une partie de Jésus, autant et plus encore que ma main est une partie de mon corps. Telle a été la pensée de Dieu, tels sont les résultats de l’amour de Christ. Tout est grâce. Dieu avait donné la loi, Il a envoyé son Fils, Il a présenté les choses à l’homme de toutes manières, pour voir s’il y avait quelque bien en lui ; Il a cherché du fruit sur cet arbre, mais en vain. Tout est arrêté de ce côté-là : l’homme est perdu. Mais maintenant Dieu met en évidence quelque chose qui était caché jusque-là, savoir l’Église. Il unit ce pauvre pécheur à Jésus, Il lui donne la place même que Jésus donne aux siens. Il a seul tout accompli. De telles pensées ne pouvaient monter au coeur de l’homme, même de l’homme le plus pieux avant la venue de Jésus. Un Juif pieux pouvait bien saisir que le Christ fût le Fils de Dieu et le Fils de l’homme, mais après tout un homme ayant son individualité exclusive ; il ne pouvait avoir l’idée d’un Christ qui aurait d’autres personnes comme ses membres. Or, glorifié dans le ciel Il est là le Chef, la Tête, et nous sommes ses membres. C’est une réalité toute nouvelle. Il envoie son Esprit ici-bas, et, baptisés l’un seul Esprit, nous sommes un seul corps. Il n’est pas exact que nos corps le soient individuellement, Il fait de nous un seul corps.

Vos âmes ont-elles réalisé ce que c’est que d’être unis à Jésus, d’être l’Église de Dieu, le corps de Jésus uni à Lui seul afin que nous jouissions avec Lui de tout ce que le Père lui a conféré ? Jamais vous ne jouirez pleinement de toutes les affections divines qui découlent de la bonté de Dieu, à moins d’être dans cette relation pour en jouir. Et il faut que vous compreniez que vous y êtes, par grâce sans doute, sinon vous ne pouvez jouir des choses dont seule elle vous donne le droit de jouir.

«Il est monté en haut». Les Juifs pouvaient lire cette expression dans le Psaume 68, et ils auraient pu en concevoir l’idée d’un Christ glorifié dans le ciel. Mais «qu’il soit monté, qu’est-ce, sinon qu’il est aussi descendu dans les parties inférieures de la terre ?» Nous trouvons ici ce que Dieu a fait pour l’accomplissement du salut. Christ vient ici-bas, dans l’énergie de l’amour de Dieu, d’un amour qui descend là où le péché nous avait placés, et exécute une oeuvre que Dieu seul peut opérer, dans l’infini de son amour. Venu du trône de Dieu, Il descend jusque dans la dernière forteresse de Satan. Puis Il monte. Ayant glorifié Dieu dans son amour et sa justice, en subissant la peine du péché, Il monte en haut et remplit toutes choses, non comme Dieu mais dans la puissance de la rédemption qu’il a opérée. Comme Dieu il a créé toutes choses, et par la rédemption Il a repris ses droits en toute choses.

Si j’ai foi en cela, je n’aurai pas même l’idée que Satan puisse quelque chose contre moi. Christ a vaincu, Il a subi la peine du péché, et il ne reste que la plénitude de l’amour de Dieu et les conséquences de l’oeuvre de Christ.

Il n’est rien qui me rende heureux dans le ciel que je ne possède déjà, sauf un corps ressuscité. L’amour du Père, j’en jouis. L’amour de Christ, j’en jouis. La puissance qui rend capable d’en jouir, savoir le Saint Esprit, et tout ce qui rend le ciel un endroit de bonheur et de joie, nous l’avons déjà. Ce pauvre corps empêche d’en jouir comme il faut, le vase est d’argile ; mais les choses, j’en jouis maintenant, je jouis de l’efficace du sang de Christ qui les assure dans le ciel. Le chrétien marche sous le regard de Dieu avec la conscience qu’il n’y a rien pour lui que l’amour. Dans les psaumes, quand Christ parle de l’homme et de sa conduite, Il demande la vengeance, mais au psaume 22, quand Il parle de ce que Dieu est, tout est amour. Avec la plénitude de l’amour et de la justice de Dieu en Christ, il ne reste rien que ce qui est pour nous. Une fois dans la position où Christ nous place, nous trouvons un Dieu qui, parce qu’Il est amour, a accompli une oeuvre propre à nous donner une parfaite confiance en Lui. Cela manquait à Moïse (Exode 33), parce que Moïse ne pouvait accomplir ce qui ôte le péché. Si nous sommes encore sous la loi, toute révélation de la bonté de Dieu nous fait apparaître encore plus méchants. Mais Christ a apporté ce qui manquait à Moïse, Il a fait propitiation avant de monter. Il ne dit pas : «Je monterai vers l’Éternel : peut-être ferai-je propitiation....».  Les desseins de l’amour de Dieu peuvent s’accomplir à notre égard parce que Christ a fait propitiation.

Quand nous en sommes là, jouissant de la plénitude de l’amour de Dieu, nous pouvons penser en paix à ces conseils de Dieu envers nous. Étant sauvé, dans la conscience de cet amour de Dieu, j’aspire à connaître davantage Dieu et ses pensées. C’est un Dieu infini, mais qui a des pensées à notre égard ; quelles sont-elles ? Il veut nous rendre semblables à son Fils. Il nous a faits le corps de son Fils. L’Église était captive dans les mains de Satan, où nous nous trouvions de par le jugement de Dieu. Christ vient, meurt, se met à notre place sous les coups de Satan qui a des droits contre l’homme pécheur, et Il détruit ainsi le pouvoir de Satan. «Par la mort Il a rendu impuissant celui qui avait le pouvoir de la mort, c’est-à-dire le diable». Christ a asservi l’oppresseur, Il a «emmené captive la captivité», afin de nous posséder selon son amour à Lui, et afin de se présenter l’assemblée à Lui-même, sans tache. Il faut qu’il rende l’Église telle qu’Il la veut. Il nous a si entièrement délivrés qu’Il fait de cette Église le vase de la puissance par laquelle la victoire a été remportée. Il donne des dons aux hommes, à ceux-là mêmes qui étaient sous la puissance de l’ennemi, et qui en ont été si entièrement délivrés par Lui qu’ils deviennent les vases de l’Esprit de Dieu envoyé par Lui d’en haut. Nous sommes, dans nos corps, les temples du Saint Esprit.

L’Église est le vase du Saint Esprit afin qu’elle en jouisse dès maintenant, avant d’arriver dans le ciel. Elle jouit de la conscience de l’amour de Dieu, répandu dans nos coeurs par le Saint Esprit. Elle a la conscience d’être l’épouse de Christ, elle sait que le salut est parfaitement accompli, que Jésus l’aime et qu’Il l’aimera jusqu’à ce qu’Il la prenne sans tache auprès de Lui. L’effet produit dans nos coeurs est de les faire dire : «Viens». Comment ne pas désirer qu’Il revienne et que nous soyons toujours avec le Seigneur ? Mais l’effet pratique est de nous faire sentir que nous sommes exclusivement à Lui, comme la femme est à son mari seul. Elle ne peut être à un autre, par affection, par devoir, par la conscience de sa relation avec lui : «Je suis à mon Bien-aimé». Avoir conscience d’appartenir à Jésus seul remplit le coeur de joie, et c’est le secret de tout vrai progrès de l’âme. La vie chrétienne devient beaucoup plus simple parce qu’elle se ramène simplement à Jésus. Les peines et les difficultés de la vie en sont oubliées, parce que Jésus est là. Il achèvera tout selon son amour. Il aime l’Église comme sa propre chair. Ce n’est pas seulement un Messie accomplissant des promesses, c’est Dieu plaçant l’Église hors de la puissance de Satan.

En jouissez-vous ? Comprenez-vous que nous Lui appartenons ? Avez-vous la conscience d’être une partie de Jésus à ce point qu’Il peut dire à qui persécute les siens : «Je suis Jésus que tu persécutes» ? Soyez sûrs que, si vous avez cette conscience, votre vie sera une vie de joie constante et calme. Le plus grand bonheur de votre coeur sera de dire : «Viens, Seigneur Jésus». Et en attendant vous serez les témoins que tout est grâce, vous pourrez dire aux pécheurs : Je connais le fleuve d’eau vive, je suis heureux, venez ; l’Esprit et la Parole font la joie de mon coeur ; je puis vous dire que Dieu est bon... C’est le témoignage de la grâce qui nous a placés là dans la joie. Si votre coeur est partagé, vous avez bien le droit d’en jouir mais vous n’en jouissez pas, vous délaissez vos privilèges de chrétien pour la vanité et le mensonge. Du côté de Christ tout est fidélité : Il s’est donné pour nous et Il ne s’arrêtera pas avant de nous posséder selon les vœux de son coeur dans la gloire qu’Il nous a destinée. Que notre coeur soit occupé de ce qui occupe le sien.

Ainsi, la grâce manifestée dans une oeuvre qui a ôté le péché, voilà la première chose. La seconde, c’est que Christ nous a placés dans la position qui est la sienne, comme son corps, son Épouse, comme le centre de ses affections. Dieu vous fasse comprendre cet amour qui nous a unis à Lui-même afin que nous jouissions de tout ce qu’Il est pour nous.

 

 

 

12         Méditations de J. N. Darby    Éphésiens  5

n°47 : ME 1892 p. 304

Plus on lit la Bible avec le Saint-Esprit, plus on voit combien la révélation qui nous y est donnée sépare le chrétien de tout ce qui l’entoure. L’enfant de Dieu a ses habitudes, sa vie à part. Ce chapitre nous montre deux grandes relations des chrétiens : 1° celle d’enfants vis-à-vis du Père, 2° celle d’épouse vis-à-vis de Christ.

Le v. 1 contient le grand principe de la vie chrétienne. Nous sommes tenus de manifester devant le monde, à l’honneur de Dieu, le caractère de ses enfants. Il est des choses justes, que le chrétien ne peut faire, parce que ce ne serait pas imiter Dieu. Ainsi, il ne pourrait suivre la loi du talion, car Dieu ne nous traite pas ainsi (4:32 ; 5:1). Si même j’y perdais ma fortune, il serait plus important pour moi de garder mon caractère que mes biens. Ma grande affaire est de me conduire conformément à la gloire qui m’appartient. Nous en trouvons l’exemple et la mesure en Christ (v. 2).

Le v. 14 est un conseil aux enfants de Dieu mêlés au monde, qui dorment parmi les morts et se relâchent au milieu des mondains. Nous avons à prendre garde de marcher soigneusement, parce que les jours sont mauvais et le deviennent toujours plus. Nous appartenions autrefois à cet état de choses, nous étions ténèbres, mais maintenant nous sommes lumière, car nous participons à la nature de Dieu qui est lumière.

Tous les principes de Dieu sont, pour ainsi dire, humanisés en Christ. Comme imitateurs de Dieu, il est notre exemple à tous égards. Du moment que nous avons compris que nous appartenons à Dieu, nous n’avons plus qu’une seule règle, qu’un seul objet à poursuivre. Impossible de marcher dans deux chemins à la fois. La mondanité nous rend malheureux comme chrétiens, car nous n’avons plus tout à fait ni le christianisme, ni le monde.

Quant à notre relation d’Épouse, Christ fait trois choses pour son Église : 1° Il l’a aimée et s’est donné lui-même pour elle. 2° Il la sanctifie et la purifie par la Parole. 3° Il se la présentera glorieuse, pure comme Ève a été présentée à Adam.

Il paraît que les Éphésiens étaient dans un fort bon état, car Paul ne leur fait point de reproches. Le Saint-Esprit, dans cette épître, s’étend sur les privilèges de l’Église, parce qu’il n’a pas à réprimer un caractère terrestre chez les chrétiens. Dieu aime le monde ; Christ aime l’Église. Je puis participer à ces deux caractères ; je dois aimer tous les hommes, mais avoir pour l’Église une affection particulière. Christ et l’Église ont une intimité de relations qui ne peut exister entre Dieu et le monde. Ces mots : «Il s’est livré lui-même pour elle», nous parlent de toute l’efficace de son oeuvre. Il s’est substitué à nous, nous a aimés ; au lieu d’imputer le péché à son Épouse, il l’a pris tout entier sur lui. Il s’est livré lui-même pour elle, parce qu’il y avait du mal en elle. Ce qu’il y a de plus propre à m’humilier, est de penser que Christ a confessé mes péchés comme étant siens. C’est comme pécheurs, et parce que nous sommes pécheurs que Christ s’est livré pour nous, et sa mort est un fait accompli, dont toute l’efficace est devant Dieu. Christ a aimé l’Église ; le coeur de l’Église doit être tout entier à Christ ! Si elle a un seul sentiment pour le monde, elle est une épouse infidèle. Elle doit, en l’absence de son Époux, vivre dans l’attente de son retour, tenant toutes choses en ordre dans la maison, prenant en toute occasion son parti, et n’ayant en vue que sa gloire. Il ne faut pas même que, dans nos habitudes journalières, nous nous conformions au monde. Ce dernier cache la vérité sous les bienséances ; sa politesse est une mauvaise imitation de l’amour chrétien. Il n’y a dans la Parole qu’une seule mesure de sainteté, c’est Christ. Nous sommes morts et ressuscités avec lui. Notre force n’est pas de penser au mal afin de l’éviter, mais de penser à Christ, de nous occuper de lui, chose que la chair ne peut faire.

Plus tard il se présentera l’Église glorieuse. Quand il paraîtra, nous lui serons semblables, car nous le verrons comme il est, et il est l’image du Dieu invisible. Plus nous réalisons Christ, plus nous voyons que nous sommes loin de lui être semblables. Cet état de gloire future agit puissamment sur nos coeurs maintenant, car nous savons que nous ne sommes pas dans cet état. Christ ne serait pas satisfait si son Épouse n’était pas avec lui, partageant tout ce qu’il a lui-même. Je serai devant Dieu sans que son oeil voie en moi rien à blâmer, je lui serai présenté par Christ irrépréhensible. Plus il y aura de lumière, plus il sera évident qu’il n’y a devant Dieu ni tâche, ni ride, dans l’Église. Il faudra que le coeur de Christ soit satisfait en nous, qu’il nous voie tels qu’il nous veut, et c’est aussi la joie de notre coeur, de savoir d’avance que nous serons dans cet état.

Christ nourrit et chérit son Église comme son corps, comme étant lui-même. C’est ce qu’il fait continuellement pour nous au milieu de nos misères, aussi est-il évident que nous devons être entièrement à lui. Nous serions plus en état de saisir sa pensée, si nous étions toujours avec lui par le coeur. Nous avons un privilège et une occasion de fidélité en l’absence de Christ. Il est maintenant méprisé, ce qu’il ne sera pas dans la gloire. Nous pouvons ici-bas partager son opprobre !

 

 

 

13         Méditations de J. N. Darby    Éphésiens  5

n°168: ME 1908 p. 452

Cette épître nous entretient des relations les plus élevées entre Dieu et les siens, puis elle déduit leurs conséquences pratiques : «Soyez donc imitateurs de Dieu, comme de bien-aimés enfants».

Dieu a mis l’homme, tel quel, à l’épreuve, pour voir s’il pouvait se mettre en relation avec Lui. Cela aurait pu être si l’homme avait été sans péché, mais, l’homme étant pécheur, Dieu a dû recommencer son travail d’une autre manière. Il place premièrement l’homme en relation de grâce avec Lui, pour en déduire les conséquences de sa conduite ; il nous fait ses enfants et notre conduite en découle. En nous traitant ainsi, il nous communique une vie qui est de lui, et c’est le seul moyen de nous donner part à sa sainteté.

Le devoir de l’homme était d’être juste devant Dieu ; c’est parce que l’homme y a manqué complètement, que Dieu a dû commencer d’une autre manière.

Comment s’y prend-il ? Nous le voyons aux v. 25 à 27 de notre chapitre. Le but de Dieu, son conseil, est d’avoir auprès de lui une Église glorieuse, n’ayant ni tache, ni ride. De toute manière, l’homme est pécheur, envers Dieu, envers son prochain. Dieu ne demande plus à l’homme une justice de l’homme ; il a ses pensées et les poursuit ; il ne veut pas avoir une Église, autrement que sans tache, irrépréhensible et glorieuse. But précieux, quand nous pensons à cette bonté de Christ qui veut nous présenter à lui, entièrement selon son coeur !

Il faut d’abord que Jésus acquière cette Église, pour avoir le droit de la laver, de la sanctifier. Il veut la composer de pauvres pécheurs, mais elle doit être à lui, pour qu’il ait le droit de s’en occuper. D’abord, il se rend responsable de tout ce qu’elle a fait : «Il l’a aimée et s’est livré lui-même pour elle». Il ne lui donne pas quelque chose ; il le fera plus tard ; mais il a dû la prendre telle quelle, avec toute sa dette, avec tout son avoir, quand elle n’avait que le péché. Avant de s’occuper de la purifier, il se charge de tout ce qu’elle a fait, se livre lui-même pour elle. S’il l’a rachetée de son état de péché, personne ne peut plus revendiquer sur elle aucun droit. Elle lui appartient entièrement ; il se l’est appropriée en se chargeant lui-même de tous ses péchés. Cela est parfaitement accompli.

Alors il commence une tout autre oeuvre, celle de la rendre conforme à ses pensées, après l’avoir rachetée. «Il s’est livré lui-même pour elle, afin de la sanctifier», et de la rendre telle qu’il la veut. La Parole est l’instrument qu’il emploie à cet effet. La Parole est l’expression de la pensée de Dieu, dans la révélation de lui-même et de tout ce qu’il a voulu nous faire connaître de notre propre état. En cela, il peut y avoir toujours du progrès. L’âme a à connaître Christ, comme étant sa justice devant Dieu et sa puissance contre Satan. Il importe de voir comment Dieu s’y prend pour le lui faire comprendre.

La Parole peut pénétrer dans une âme, ignorant encore que Jésus s’est donné pour elle. Cela produit dans l’âme du malaise, une conviction de péché, à la suite de ce peu de lumière qui y pénètre. On ne se rend pas encore bien compte de son état ; quand on a compris que Christ s’est livré lui-même pour nous, c’est l’oeuvre proprement dite de la grâce. Pour être chrétien, dans le vrai sens du mot, il faut avoir reçu cela ; nous connaissons alors son amour, sa grâce ; quant à la justice de Dieu, nous savons que Christ est notre justice, et nous trouvons la paix.

Mais il s’est livré afin qu’il sanctifiât l’Église ; il veut se la présenter sans tache. De ce que j’ai la paix, s’ensuit-il que je sois sans tache ? Aucunement. La lumière n’entre pas dans nos coeurs et nos consciences pour éclairer Dieu à notre sujet, mais pour nous éclairer nous-mêmes sur ce que nous sommes. On est réveillé, né de nouveau, mais à mesure que la lumière, la Parole, la révélation des pensées de Dieu, pénètre, elle nous fait connaître ce que nous sommes devant Dieu. Quelque vrai progrès que nous fassions, la parole de Dieu est toujours une lumière dans la conscience, lumière qui nous donne cette connaissance.

Ayant, plus ou moins, été travaillés, nous avons compris que Christ s’est donné pour nous ; la Parole nous fait ensuite découvrir en nous chaque tache, chaque ride, car elle révèle Dieu. Quand l’âme vit près de Dieu, tout est joie et lumière, mais elle voit son état et en est humiliée. Si, par contre, le chrétien ne marche pas selon la lumière, sa conscience devient mauvaise ; il voit non seulement qu’il n’est pas en communion avec Dieu, mais qu’il a commis quelque faute, à la suite de ce manque de communion. Dieu veut mettre tout cela en évidence au dedans de nous, afin que nous en ayons connaissance et que tout mal soit répudié. «En nous, c’est-à-dire en notre chair, il n’habite point de bien». Quand Dieu met en nous la vie, elle juge le vieil homme et nous montre que tout est mauvais en nous. Si notre vie se développe, la lumière nous révèle des choses que nous n’avions pas vues jusqu’alors, et qui sont mauvaises. Lorsque nous comprenons que, devant Dieu, Christ est notre justice, cette révélation a lieu dans la paix ; mais, s’il en est autrement, l’âme perd le prix de cette vérité, qu’il a aimé l’Église et s’est livré lui-même pour elle.

La croissance de la vie en nous est toujours accompagnée de la découverte de choses qui ne sont pas selon le coeur de Christ. Laissez passer ces choses sans y prendre garde, elles s’accumulent ; on ne pense plus à Dieu, parce qu’on le néglige. Alors le coeur est accablé et se fait des reproches. C’est pourquoi l’on voit souvent des chrétiens tristes et extrêmement malheureux ; leur conscience leur reproche d’avoir méprisé l’amour qui s’est manifesté envers eux. Or il faut tôt ou tard que cette oeuvre se produise jusqu’au fond du coeur, que ce travail nous amène à en avoir fini avec tout ce que nous sommes dans notre volonté, notre orgueil et nos convoitises.

Nous l’avons dit : Jésus commence par la grâce et ne peut sanctifier une âme qui n’est pas à lui, une Église qui ne lui appartient pas. Il m’a racheté pour me sanctifier ; il faut que je sois fondé sur cette grâce. Dieu, alors, sonde notre coeur, quant à toutes les choses qui sont répréhensibles à ses yeux ; ce sont nos taches et nos rides. Il le fait en bonté, avec une grâce qui vient prendre soin de nos âmes. Lorsque nous négligeons cette voix du bon Berger qui s’adresse à nous, elle prend des accents de sévérité ; notre âme s’effraie, devient misérable, parce qu’elle a négligé l’amour lui-même. On se dit : Il agissait en amour, ne m’a-t-il pas souvent averti ? et l’on s’attriste profondément, en vertu même de cet amour de Dieu.

À cela il n’y a qu’un remède, mais fort simple, c’est d’être attentifs à la parole de Dieu, appliquée à nos âmes. Si vous voulez croître dans la lumière, discerner les pensées de Christ et en jouir, il vous faut être attentifs en détail, à la parole de Dieu, sinon, vous ne savez pas à quel point ces soins de l’amour de Dieu deviendront pour vous une occasion d’amertume. Quand pareille chose arrive, il faudra que nos coeurs soient vidés devant Dieu. Le secret de toute force sera alors pour nous de ne pas abandonner la certitude que nous sommes enfants de Dieu. Une âme ne se relèvera jamais que par la conscience que Dieu l’aime malgré tout. La médiation de Christ intervient pour nous relever. Dieu ne sort jamais de sa sainteté, ni de la perfection de sa grâce : «Si quelqu’un a péché, nous avons un Avocat auprès du Père», et non pas une loi qui nous condamne.

Dans tous les cas où le chrétien fait une chute, il avait auparavant confiance en lui-même. S’il avait eu conscience de sa misère, il aurait été attentif aux avertissements divins. Dieu ne relève pas l’âme, avant de la ramener à la pensée qu’elle n’a rien que Christ. Il est très humiliant d’avoir négligé ou maltraité cet ami qui nous aime malgré tout. Il faut, en fin de compte, que Christ soit tout pour nos âmes ; alors on le retrouve, ainsi que la puissance de la communion.

La sagesse du chrétien, ayant conscience de la pensée de Christ et la certitude de sa grâce, consiste à être attentif à sa voix, à la Parole par laquelle il lave et sanctifie ceux qu’il a rachetés. Du commencement à la fin, tout est grâce. Dieu a fait l’oeuvre pour nous, avant de faire l’oeuvre en nous. Il a commencé par le don de Christ pour racheter l’Église, afin de pouvoir procéder ensuite à l’oeuvre merveilleuse par laquelle il la prépare pour se la présenter.

Qui peut accomplir le salut ? Voulez-vous être le Christ qui sauve ? Si vous ne le pouvez, renoncez à toute prétention à cet égard. L’oeuvre tout entière est l’oeuvre de Christ et, s’il y met la main, il saura l’amener à bonne fin, mais il ne l’accomplira jamais en passant légèrement sur le péché. Christ l’a entreprise ; il n’avait pas besoin de notre coopération sur la croix ; le penser, c’est un terrible orgueil. Dans votre salut, il ne s’agit pas de vos oeuvres, mais de vos péchés, et c’est ce que l’homme n’aime pas. Mais il est impossible qu’un homme, ou même un ange, y entre pour quoi que ce soit.

Après cela, Dieu fait une oeuvre en nous, pour nous révéler ce qu’il est et ce qu’il veut être. Il a, pour notre sanctification, ses pensées à lui, et ne nous consulte pas plus sur ce point, que sur celui de notre justification.

Chrétiens, ne vous étonnez pas des voies du Seigneur, de la manière dont il cultive l’âme qu’il a rachetée, pour l’avoir sans tache et irrépréhensible en sa présence. Ne vous étonnez pas que Dieu mette au jour ici-bas, ce qui, sans cela, serait des rides et des taches à la journée de Christ. Et vous, qui ne connaissez pas encore le Seigneur, voudriez-vous entreprendre votre propre salut, être votre Christ à vous-mêmes ? Tout genou se ploiera devant Lui, et tant que votre orgueil ne se sera pas courbé devant la grâce de Dieu en Christ, vous ne trouverez jamais le salut !

 

 

 

14         Méditations de J. N. Darby    Éphésiens  6

n°17 : ME 1887 p. 74

Christ (v. 1-9) devient le mobile de tout ce que nous avons à faire ; c’est ainsi que tout s’adoucit pour nous ici-bas au milieu de nos misères. Ce sentiment, tout en agissant puissamment sur la conscience, est en même temps une source de joie. Nous pouvons tout faire en la présence du Seigneur Jésus ; c’est lui que nous devons servir toujours et en toute occasion. C’est un privilège immense que d’introduire Christ de cette manière dans toutes les circonstances de notre vie. Nous trouvons ainsi le calme, précisément dans les moments de trouble et d’orage. Pierre n’aurait pas mieux marché sur une mer calme que sur une mer orageuse. La foi a pour résultat de faire que Dieu soit en tout la circonstance principale, quelles que soient les circonstances extérieures. Il faut de la vigilance pour cela. Ce n’est pas au moment où les difficultés surgissent que nous trouvons des ressources autour de nous. Satan nous dresse des embûches, mais sa force tombe instantanément quand Jésus se manifeste. Dans l’enfant de Dieu, la puissance de l’Esprit est plus forte que celle de Satan. Quand le coeur est sous l’influence des embûches de l’ennemi, celui-ci est fort, témoins les Gadaréniens.

L’économie actuelle est appelée la nuit ; il fait nuit pour le monde, mais la nuit est avancée. Nous avons besoin de toutes les armes de Dieu. Combattre contre le sang et la chair, c’est combattre contre la nature humaine. La chair et le sang signifient toujours l’homme (cf. Hébr. 2:14), quand ces deux expressions sont réunies ; ce n’est pas le péché. Les Israélites, entrant dans la Canaan terrestre, ont eu à combattre les hommes, la chair et le sang. Notre Canaan est céleste, et nos ennemis sont, non pas les hommes, mais Satan et ses pièges. La parole de Dieu fait plus souvent mention de Satan que nous.

v. 13. — Le temps actuel, où nous avons à combattre Satan, en l’absence de Christ, est en général un mauvais jour. Paul, à la fin de sa carrière, se trouvait seul ; à mesure qu’il travaillait, Satan gâtait tout. Il est des temps où Satan déploie plus de puissance ; c’est pourquoi nous avons besoin de toutes les armes de Dieu. Un homme qui irait à la guerre en négligeant une partie de ses arrhes serait un insensé. Il en est ainsi du chrétien qui lit la Parole et néglige la prière, ou prie et ne lit pas la Parole. Les chrétiens succombent facilement, quand ils ne prennent pas toutes les armes de Dieu ; Satan trouvera bientôt leur côté faible et les frappera par cet endroit-là. Notre ennemi est rusé et puissant. Un chrétien qui manque à la vigilance, à la prière, à la lecture de la Parole, a oublié qu’il est en lutte avec Satan et sera bientôt blessé.

v. 14. — La vérité, source de toutes nos espérances, de notre vie, de notre force, doit ceindre nos reins ; elle doit juger toutes nos affections. Dans le ciel, nous pourrons nous laisser aller de tout notre coeur à nos affections. Ici-bas, il nous faut toujours veiller sur elles et sur nous-mêmes ; dans le ciel, tout est pur. Ici-bas, on ne peut louer Dieu sans crainte du monde, parce que ce dernier n’a pas un coeur qui réponde au nôtre ; au ciel, le contraire aura lieu. En présence de l’ennemi, au milieu des tentations et des combats, il faut être soldat et muni de toutes armes. Il ne suffit pas d’être sujet fidèle, il faut être prêt au combat. C’est la vérité agissant sur le coeur, retroussant, pour ainsi dire, toutes nos affections, nous débarrassant de ce qui nous encombre, et nous mettant ainsi en état de combattre.

v. 14. — Être revêtu de la justice est rare dans le sens pratique. C’est ce qui fait qu’on n’ose pas se mettre en avant contre l’ennemi ; on a une mauvaise conscience. C’est une triste chose d’être sans cuirasse quand le combat arrive, et nous ne savons pas quand il arrivera. Ici-bas, pendant ce jour mauvais, nous pouvons nous trouver à chaque instant en présence de l’ennemi ; c’est pourquoi nous devons veiller à avoir toujours une bonne conscience devant Dieu et devant les hommes.

v. 15. — L’esprit de contestation ne vient pas de l’Évangile. Nos pieds, nos démarches, doivent avoir la préparation, la disposition de paix ; toute notre marche doit porter ce caractère. Nous avons ici-bas la paix avec Dieu, mais la guerre avec Satan ; au ciel, la paix sera parfaite. En demeurant en Christ, le chrétien introduit dans son coeur l’esprit de paix, de calme. Dieu est le Dieu de paix, et sa paix garde nos esprits et nos coeurs. Un but, même bon, que nous poursuivons, ne nous donne pas la paix ; il faut combattre pour y arriver ; il n’est d’ailleurs pas en notre pouvoir ; ce qui seul est en notre pouvoir est la marche, le chemin, l’obéissance à la volonté de Dieu. L’Église tombe souvent dans le piège en poursuivant un but, au lieu de ne faire que se soumettre à la volonté de Dieu. L’obéissance est une force divine et non humaine. La communion avec Dieu est la source de notre obéissance et de notre force. Avoir les pieds chaussés de la préparation de l’évangile de paix est une des principales dispositions que doit revêtir le chrétien.

v. 16. — Toutes ces armes dont nous avons parlé sont défensives. Il en est de même du bouclier de la foi ; c’est une confiance parfaite en Dieu. Tous les traits enflammés du malin sont éteints par cette disposition. La présence et les secours de Dieu nous sont bien plus assurés pour demain, que demain lui-même. La foi s’attache à Celui qui fait le bien, et non au bien qu’il a fait. Dieu est Dieu dans toutes les circonstances et la communion avec lui nous met en état de tout supporter sans que Satan nous atteigne.

v. 17. — Le casque du salut, une paisible assurance du salut, nous donne une force indicible. La mort, le supplice ne sont plus rien, quand nous savons que, par eux, le monde nous mène droit à Dieu. Le salut m’appartient et non le jugement de Dieu ; je suis déjà du côté de Dieu qui m’a réconcilié avec lui. Je suis encore dans la bataille, parce que Satan est contre moi, par cela même que je suis pour Dieu et que Dieu est pour moi. Le casque du salut nous rend hardis, et nous fait lever la tête, non par orgueil, mais par joie, par activité.

On devient actif pour frapper l’ennemi par l’épée de la Parole. La chair n’a pas d’épée ; mais l’Esprit a la parole de Dieu qui est une épée à deux tranchants. Sans doute, la chair peut se servir de la parole de Dieu, faire de beaux discours par son moyen, amuser les âmes, leur faire plaisir, mais elle les laisse dans l’endurcissement et ne les pénètre pas.

v. 18. — Si nous avons senti puissamment et sincèrement que Dieu est pour nous, nous serons toujours prêts à nous appuyer sur lui. Le chrétien ne doit rien faire que dans l’esprit de dépendance. Avec les meilleures dispositions, il fait mal, quand il agit sans prendre conseil de Dieu par la prière. Avant d’être roi, David n’a jamais agi qu’une fois sans prendre conseil de Dieu. Après être devenu roi, cela lui est arrivé souvent par orgueil ; de là ses crimes. Nous ne devons rien décider sans prière ; cela calme l’esprit et l’on sort de la présence de Dieu, ayant la pensée de Dieu par une entière obéissance. Quand nous ne veillons pas, les circonstances extérieures agissent sur la chair. La vigilance nous fait en tout recourir à Jésus.