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Méditations  de  J. N. Darby

 

 

 

1     Méditations de J. N. Darby    Luc  2    Gloire à Dieu dans les Lieux Très-Hauts !

2     Méditations de J. N. Darby    Luc  2:1-16

3     Méditations de J. N. Darby    Luc  2:1-20

4     Méditations de J. N. Darby    Luc  2:1-20    La Naissance du Sauveur

5     Méditations de J. N. Darby    Luc  4:1-13 : Jésus en face de l’Ennemi

6     Méditations de J. N. Darby    Luc  4:1-14

7     Méditations de J. N. Darby    Luc  4:16-44    Christ, Accomplissement des Promesses et Puissance de Dieu

8     Méditations de J. N. Darby    Luc  5:12-15

9     Méditations de J. N. Darby    Luc  7:31-50

10          Méditations de J. N. Darby    Luc  8:40-56

11          Méditations de J. N. Darby    Luc  9 : Le Royaume de Dieu

12          Méditations de J. N. Darby    Luc  9:18-45

13          Méditations de J. N. Darby    Luc  9:18-45 :  La Croix et la Gloire

14          Méditations de J. N. Darby    Luc  10:9-24

15          Méditations de J. N. Darby    Luc  11

16          Méditations de J. N. Darby    Luc  11:14-36

17          Méditations de J. N. Darby    Luc  12:13-59

18          Méditations de J. N. Darby    Luc  15 : La  Grâce  qui  cherche et  la  Grâce  qui  reçoit

19          Méditations de J. N. Darby    Luc  16:1-16

20          Méditations de J. N. Darby    Luc  17:11-19

21          Méditations de J. N. Darby    Luc  19:1-10

22          Méditations de J. N. Darby    Luc  22:1-38

23          Méditations de J. N. Darby    Luc  22:14-30

24          Méditations de J. N. Darby    Luc  22:39-46

25          Méditations de J. N. Darby    Luc  23:32-46

26          Méditations de J. N. Darby    Luc  23:33-44

27          Méditations de J. N. Darby    Luc  24:36-53 : Jésus et les siens après sa Résurrection

 

 

 

 

1              Méditations de J. N. Darby    Luc  2    Gloire à Dieu dans les Lieux Très-Hauts !

n°240 : ME 1929 p. 256

Les anges sont occupés de Lui. Ils ne s’occupent pas, du péché de l’homme. Ils ne parlent point de l’inhumanité de ceux qui laissent ce petit enfant dans la crèche. Mais, occupés de Jésus, ils voient la création délivrée du mal. Il y a là un principe important : penser à Jésus a la puissance de faire oublier même le péché. Comment me soustraire aux souillures et à toute la misère du péché ? Le seul moyen, c’est que Jésus m’occupe au point de m’empêcher de penser à ces choses. Ce n’est point là de l’endurcissement, mais le coeur qui s’affaissait sous le poids du péché a maintenant un objet qui peut le remplir, l’objet qui occupe les êtres célestes ! On ne voit que la grâce.

Le mal n’a pas cessé, ce n’est pas le paradis terrestre revenu, mais je m’occupe de l’amour de Dieu, je le vois surmontant le péché dans la pire manifestation de celui-ci, et l’ôtant. Que je contemple la crèche ou la croix, je trouve bien la haine de l’homme contre Dieu, le péché dans toute son horreur, mais combien la bonté, la grâce, l’amour de Dieu le dépassent ! Il y a, là pour moi délivrance, sanctification et joie. Et il en sera ainsi dans les détails de la vie, cela est très précieux : c’est toujours la puissance de Jésus qui délivre. Dans les soucis, les difficultés, la foi introduit Jésus, trouve là sa force, et le coeur se repose. Y a-t-il beaucoup de coeurs ici qui se reposent ? Vous ne le pourriez, ni ne le devriez, si vous avez conscience d’être au milieu du péché. Mais lorsqu’on trouve le Seigneur Jésus dans le lieu même du péché, dans ce monde, le coeur peut se reposer, rempli de sa pensée. Cela s’applique à toutes les circonstances de la vie et à tous les besoins du coeur. Dieu veuille que nous l’éprouvions davantage.

Les anges sont ainsi occupés exclusivement de ce que Dieu fait, de la venue de Jésus en grâce. «Gloire à Dieu dans les lieux très hauts !» Jamais Dieu n’a été glorifié de cette manière. En un sens, Dieu est glorifié dans la création qu’il a tirée du néant, mais ici il vient créer à nouveau ce qui avait été déshonoré par le péché. Il n’est pas seulement au-dessus du néant, il est au-dessus du mal. Alors que Satan est le prince de ce monde, la faiblesse de Dieu est plus forte que ce monde et son prince, et un enfant dans une crèche est le Sauveur ! Il trouve dans le mal même, déploiement du pouvoir de l’ennemi, l’occasion de manifester l’impuissance absolue de l’homme, et de montrer sa toute-puissance à lui. Quant à son amour, sont-ce les anges qui en sont les objets ?

C’est l’homme qu’Il visite, l’homme qui ne veut pas de Lui. Les anges ont vu dans la naissance de Jésus un amour dont ils n’avaient aucune idée. «Gloire à Dieu dans les lieux très hauts !» Dieu manifeste son amour en ce que lorsque nous étions encore pécheurs, Christ est mort pour nous. Tout était gâté, l’ennemi était venu, et il pouvait croire les plans de Dieu écartés, se réjouir que tout fût ruiné ; les anges voyaient cette ruine de ce que Dieu avait fait. Mais ici ils voient Celui qui vient pour accomplir les conseils de Dieu. Ces desseins de Dieu vont trouver leur réalisation par le fait même que le péché a tout détruit. L’homme n’y est pour rien, c’est Dieu qui est à l’oeuvre dans son amour. «Gloire à Dieu dans les lieux très hauts !» Je sais où est cet amour, je puis contempler Dieu de près : l’enfant est dans la crèche, venu tout près de moi qui ai besoin de l’amour divin. Il nous l’a apporté pour que nous en profitions, que nous le possédions. C’est là ce que les anges n’avaient jamais vu encore, et ils célèbrent Dieu comme ils ne l’avaient jamais célébré.

«Paix sur la terre !» Que Jésus fût là assurait aux anges l’établissement de la paix ici-bas. L’homme l’a rejeté (aussi ne voyons-nous pas la paix établie maintenant) et il fallait qu’Il fût rejeté pour que la paix fût obtenue. Mais ce n’est pas la question ici. Tout dépend de la présence de Celui qui est là dans la crèche. Du moment où je vois en Jésus la grâce venue au milieu des hommes, j’ai la certitude absolue de l’accomplissement des desseins de Dieu en lui, et je vois d’avance la paix sur la terre. Quel bonheur pour nos coeurs de voir les effets de la grâce en Sa personne ! Cela aussi est de toute importance en pratique. Si mon coeur s’éloigne de Jésus, me voilà occupé de moi, et il n’y a que doute et que trouble. Mais je pense à lui, me voilà assuré qu’il me prendra à lui, que je serai tel qu’il est. C’est en lui seul que j’ai cette assurance. En lui j’ai la nouvelle vie, et la gloire m’appartient. Par cette assurance je ne fais, remarquez-le, qu’attribuer à Jésus la gloire qui lui revient : le Fils de Dieu est venu dans ce monde, et comment cela n’entraînerait-il pas des résultats certains ? Il est là Lui-même, somme de la gloire, certitude de toute espérance, et c’est Lui que je possède. Les anges célèbrent la paix sur la terre en regardant à Lui : elle était renfermée dans Sa personne.

«Bon plaisir dans les hommes !» Quelle merveille ! Non seulement il y a gloire pour Dieu, paix et repos pour le coeur, mais voici que sont révélées les pensées de Dieu. Cela ne doit-il pas être une source infinie de jouissance pour moi que de connaître les pensées de Dieu ? Ayant maintenant la paix de la conscience, j’apprends à connaître le Dieu qui m’a donné cette paix, j’apprends ses pensées. Et quelles pensées ? Son bon plaisir est dans les hommes. Ce bon plaisir s’est trouvé, non dans les anges, mais dans les hommes. Il est devenu un homme dans la personne de son Fils. Il a voulu être un petit enfant dans ce monde, croître en sagesse et en stature. Le bon plaisir de Dieu est dans l’homme, j’en ai la certitude en voyant que Jésus est né homme dans ce monde. Il a visité l’homme et non les anges de cette manière. Il s’est intéressé à l’homme et il a voulu que l’homme le comprît. Si un ange veut voir l’amour de Dieu, il lui faut regarder ici le petit enfant. Voilà manifesté le bon plaisir de Dieu, toute la satisfaction de son amour dans toute son étendue. Dieu est connu, le coeur qui a connu Jésus sait où l’affection de Dieu se repose, c’est dans les hommes en la personne de Jésus, et ceux qui sont à lui participent à ce bon plaisir.

Avez-vous trouvé tout cela avec les anges, comme les bergers ? Ceux-ci montrent de la foi. «Allons voir cette chose qui est arrivée». Et ils vont voir l’enfant dans une crèche ! Cela nous met en dehors de ce monde et de tout ce qu’il admire, mais nous fait trouver la source de toute joie. Si le coeur s’égare ailleurs, il n’est point de Sauveur.

Avez-vous vu Dieu glorifié si parfaitement que votre pensée peut s’arrêter avec Lui sur un objet qui est entièrement en dehors du péché ? Votre coeur a-t-il trouvé cette paix qui n’est pas maintenant dans ce monde, mais que Christ a faite par le sang de la croix, en ôtant le péché par le sacrifice de lui-même ? C’est là ce que les anges ont célébré, et ce que je suis heureux de croire. Il est venu vers moi, et c’est quand Il a quitté les anges pour venir vers moi que ceux-ci ont pu le célébrer, mais maintenant je le connais mieux qu’un ange, qui ne peut le connaître qu’extérieurement pour ainsi dire, alors que, entrant dans le secret de son coeur, je jouis de son bon plaisir en Jésus.

Dieu vous donne de connaître, de comprendre et de savourer son amour qui a surabondé dans ce don de Jésus. Qu’Il vous donne par là de chanter Sa gloire, la paix, le bon plaisir divin, déjà sur la terre puisque c’est sur la terre que Jésus a été vu. «C’est ici la vie éternelle, qu’ils te connaissent seul vrai Dieu et celui que tu as envoyé, Jésus-Christ».

 

 

 

 

2              Méditations de J. N. Darby    Luc  2:1-16

n°83 : ME 1895 p. 354

La naissance de Jésus est un thème pour les pensées mondaines ou superstitieuses des hommes ; mais le fait est que toutes les circonstances de cette naissance sont propres à bouleverser les idées du monde. Tout l’empire romain est mis en mouvement pour l’enregistrement ordonné par l’empereur ; c’est de ce dernier que le monde entier est préoccupé et non de Dieu, et cependant, de cette circonstance ordonnée de Dieu, dépend l’accomplissement des prophéties au sujet de son Fils. Au milieu de la foule, personne n’est moins considéré que Joseph et Marie. En les estimant selon leur rang dans le monde, on les loge dans une écurie. Rien n’exprime mieux le taux d’appréciation du monde que la place donnée aux voyageurs dans une hôtellerie. Quant à Jésus, on ne trouve point de place pour lui.

Pour Dieu, il n’y a rien de grand ou de petit. Ce qui était grand pour le monde, c’était le décret de l’empereur ; ce qui était très petit, ce qu’il ignorait même, c’était le voyage de Joseph à Bethléhem ; et cependant, sans cette circonstance, rien de ce que la Bible nous dit n’aurait pu s’accomplir. C’est pour l’enfant qui va naître à Bethléhem et dont Dieu et les anges sont occupés, que tout l’empire romain est mis en mouvement, car, dans la pensée de Dieu, les passions, la politique des hommes, tout en un mot, doit aboutir à Jésus et à sa gloire.

Dieu s’est humilié, jusqu’à devenir un petit enfant, et les anges le contemplent, désirant sonder de telles choses jusqu’au fond. C’est en voyant, d’un côté, Jésus homme, de l’autre, l’amour de Dieu pour nous, qu’ils comprennent la grâce de Dieu, d’un Dieu qui va jusqu’à prendre une Marie de Magdala, possédée de sept démons, pour la faire asseoir dans la gloire de Christ lui-même. Toute la bonté et tous les conseils de Dieu se manifestent ainsi en Jésus. Où nous faut-il aller le chercher ? Le monde irait sans doute le chercher à la cour d’un roi, ou à Jérusalem, la ville sainte, mais qui songerait à l’aller trouver à Bethléhem dans une crèche ? Le signe donné par les anges que Dieu est là, c’est qu’il est couché dans une crèche, et qu’il n’y a point de place pour lui dans le monde. L’homme ne trouve pas de place pour Dieu. Quand ce dernier vient en grâce pour les hommes, il vient au milieu des bêtes d’une étable, dans la plus basse humiliation. Il faut que l’homme cherche Dieu comme il se manifeste, et non pas autrement, car ce qui le glorifie dans les lieux très hauts, c’est de s’être humilié. S’humilier, se mettre au-dessous du niveau de l’homme, était la seule chose nouvelle pour Dieu. Le résultat de son amour, c’est qu’il se fait serviteur pour nous sauver.

Le monde parle beaucoup d’ordre ; l’ordre de Dieu, c’est que son Fils naisse dans une écurie. Il commence par la crèche, il finit par la croix. Cela montre que tout était en désordre dans le monde, et que Dieu ne pouvait avoir place au milieu de ce désordre engendré par le péché.

Tout ce que l’homme reconnaît pour haut et élevé, Dieu ne peut le reconnaître ; ce qu’il place en haut, Dieu le place en bas. Et, quant aux coeurs de ceux qui lui appartiennent, impossible, quand nous voyons Jésus n’avoir pas un lieu où reposer sa tête, de nous trouver à l’aise dans un monde où il n’y a pas de place pour lui. Nous ne pouvons nous tenir que près de la crèche ou de la croix. D’un autre côté, nous voyons dans cette humiliation de Christ, l’amour de Dieu qui prend la dernière place pour nous servir, dans la puissance de son amour. Il y a une distance infinie entre le trône de Dieu et mon coeur de péché. Le Seigneur Jésus a rempli de son amour tout cet intervalle. Je vois Jésus descendre jusqu’à ce monde de pécheurs, s’abaisser jusqu’à la croix, puis remonter jusqu’au trône de Dieu, et je puis dire : Il n’y a rien entre Dieu et moi qui ne soit rempli de l’amour de Christ.

Le bon plaisir de Dieu se manifeste, en Jésus, envers les hommes (v. 14) ; la source de toutes les louanges à Dieu parmi les anges, c’est l’amour que Dieu a eu pour toi, pour moi, pauvres pécheurs. Dieu qui est amour est ainsi glorifié ; c’est en Jésus, et seulement en lui, que nous trouvons cet amour.

Ce qui attache nos coeurs à Jésus, c’est son humiliation, ce qu’il est, et ce qu’il est devenu pour nous. Cela condamne entièrement le monde, où Christ n’a pas même pu trouver la place que vous et moi nous y occupons. Quelle place désirons-nous dans ce monde, où Jésus n’en a point trouvé ? Occupons-nous toujours de cet amour qui a fait descendre Jésus dans la crèche et jusqu’à la croix !

 

 

3              Méditations de J. N. Darby    Luc  2:1-20

n°184 : ME 1912 p. 154

Il est merveilleux de voir comment Dieu agit, quand il veut s’occuper de ce monde et prendre une part dans ce qui s’y passe, et en outre quels signes il donne de son intervention.

Il n’y a aucun rapport entre les voies de Dieu et celles des hommes ; elles se contredisent même totalement. L’empereur et son édit sont pour Dieu des instruments, mais de peu d’importance. César Auguste agit en vue de ses grands desseins et de la formidable puissance de son empire, mais il est simplement, sans le savoir, un instrument de Dieu pour accomplir la prophétie, disant que Jésus naîtrait à Bethléem. Tout le train de ce monde est en dehors des pensées de Dieu. Le fait capital pour Dieu et pour son royaume, fait auquel l’empereur ne pensait pas, était la naissance de ce petit enfant. L’édit remue tout l’empire, mais, au milieu de cette agitation, et par elle, Dieu réalise et effectue calmement ses pensées.

Mais ce passage nous parle encore d’un autre point. Toute intelligence des choses de Dieu vient de la révélation que Dieu a faite de ces choses, et non des raisonnements ou de la sagesse de l’homme. Les simples vont plus loin dans cette intelligence que les raisonneurs, car Dieu agit de manière à mettre de côté toute apparence de sagesse chez l’homme. Celui-ci a bien de la peine à se soustraire à l’empire de ses raisonnements et à laisser Dieu agir. Heureux celui qui a assez saisi le but de Dieu pour s’identifier avec ce but, et n’a besoin d’autre chose que de Dieu seul ! Tel est le cas des pauvres bergers. Ils avaient peu de connaissance du but visé par l’enregistrement, mais c’est à eux que Dieu se révèle. Ils deviennent sages par la révélation de Dieu.

(v. 8-14). — La vue de la gloire de Dieu effraie toujours l’homme. Les bergers épouvantés ne peuvent douter que la gloire de Dieu ne soit là. Mais Dieu qui se manifeste ainsi, les rassure et leur révèle l’espérance d’Israël dans la personne de Jésus, pivot de tous les conseils de Dieu en grâce : Dieu lui-même se faisant chair et se manifestant au milieu de la misère et du péché de l’homme.

Tout roule ici autour du fait que Dieu est devenu chair, est devenu homme, car Adam lui-même n’était qu’une image de Celui qui devait venir et qui était de toute éternité dans la pensée de Dieu.

Le signe donné par révélation à de pauvres bergers, que toutes les promesses sont accomplies par l’intervention de Dieu dans ce monde — ce signe est un enfant dans une crèche, tout ce qu’il y a de plus faible et de plus humilié, mais Dieu se trouve là !

De telles choses sont au-dessus de la portée de l’homme, mais Dieu les met à la portée de la foi, comme signe de son intervention, et la foi les sonde et y pénètre toujours davantage.

Ce signe est une faiblesse complète : un petit enfant qui ne fait que vagir et pleurer, un petit enfant couché, faute de place, dans une crèche, quand il lui aurait fallu toutes sortes de soins, et c’est là que l’on trouve le Seigneur ! C’est là ce que Dieu choisit et nous donne comme signe ; c’est à cette bassesse que l’on reconnaît Dieu et son intervention.

Certes, l’homme n’aurait pas inventé cela ; c’est une révélation. Joseph et Marie, très pauvres, ne trouvent place qu’à l’écurie, mais, à cette occasion, la multitude de l’armée céleste loue Dieu. Rien ne peut faire éclater davantage en louanges ceux qui ont l’intelligence des pensées divines ; c’est là que les créatures célestes voient Dieu. Dieu manifesté en chair a été vu des anges. La pensée qui s’attache pour eux au nom de Jésus est : «Gloire à Dieu dans les lieux très hauts ; et sur la terre paix, et bon plaisir dans les hommes». Dieu déclare que, par sa grâce, il va trouver ses délices dans les hommes.

Nous voyons donc ici la grâce de Dieu indépendante de tout le train de ce monde. Ces choses sont invisibles, sauf à l’oeil spirituel, quand elles ne sont pas le sujet d’une révélation particulière. Qui aurait pensé à voir dans ce petit enfant, au milieu de telles circonstances, Dieu, le Seigneur, le Christ ? Dieu s’était révélé autrefois à Israël dans les flammes de feu d’un buisson, qu’elles ne consumaient pas ; ici, c’est en grâce, dans ce qu’il y a de plus faible, de plus méprisable pour le monde, mais infini pour la foi.

L’âme a de la peine à accepter cette vérité, que l’oeuvre de Dieu et de son Christ s’accomplit toujours dans la faiblesse. Paul est faible à Corinthe ; les chefs et les anciens ne voient dans les apôtres que de gens de rien, mais la force de Dieu s’accomplit dans l’infirmité. «Quand je suis faible, alors je suis fort». L’écharde dans sa chair rendait Paul méprisable ; il pensait qu’il vaudrait mieux qu’elle lui fût ôtée ; il avait besoin d’apprendre la leçon : «Ma grâce te suffit». C’est la manière de faire de Dieu, de choisir les choses faibles. Il faut que tout repose sur Sa puissance, autrement Son oeuvre ne pourrait s’accomplir. Combien nous avons de peine à croire qu’il faut que nous soyons faibles pour accomplir l’oeuvre de Dieu ! C’est qu’il faut que la force soit divine. Christ a été crucifié en faiblesse ; c’est ainsi qu’il a accompli l’oeuvre ; mais la faiblesse de Dieu est plus forte que les hommes. Cette oeuvre dure et demeure, alors que toute la terre sera secouée, ébranlée et, finalement, entièrement détruite

 

 

 

4              Méditations de J. N. Darby    Luc  2:1-20    La Naissance du Sauveur

Lausanne, 29 août 1852    n°236 : ME 1927 p. 273

Les choses ont une tout autre apparence aux yeux de la foi et aux yeux de la chair. Ce qui était grand pour les hommes, c’était Auguste, qui pouvait à son gré faire d’Hérode un roi ou le révoquer, et mettre tout le monde habité en mouvement en ordonnant que chacun allât à sa ville pour y être recensé. Or ce recensement ne fut pas même achevé, et tout ce mouvement des populations eut lieu afin seulement qu’une humble femme allât avec son fiancé pour être enregistrée à Bethléem. Les plus puissants de ce monde ne font rien, ainsi, qu’accomplir ce que Dieu a voulu. L’important à ce moment-là ce n’était en réalité ni Auguste, ni le recensement, mais le fait qu’un petit enfant naquît à Bethléem. L’éternité y est intéressée ; il n’est pas une âme, qu’elle ait vécu avant ou après, dont le sort ne dépende de ce petit enfant, et qui ne doive avoir affaire avec lui comme Sauveur ou comme juge.

Il s’agit donc pour nous de venir trouver ce petit enfant ; seuls des coeurs simples l’ont trouvé, mais ils sont en présence des anges chantant les louanges de Dieu. Tout parle là de l’état moral où nous sommes, hommes pécheurs : aussi bien toute la vie de Jésus, tous les sentiments de son coeur, jusqu’à la croix, supposent le péché autour de lui. Ce n’est pas vers l’homme innocent qu’il est venu ; sans péché l’homme n’aurait pas besoin de la grâce. Mais il est venu apporter une grâce dont l’étendue est en proportion des besoins de l’homme pécheur, et c’est pourquoi il est né au milieu des hommes dans cet état. Le voici emmailloté dans une crèche, il s’est fait petit pour moi, il est né au sein de l’extrême humilité. Il n’y avait pas de place pour le Sauveur dans l’hôtellerie, et c’est là le signe donné aux bergers : vous le trouverez là où personne n’aurait mis un enfant ! C’est le témoignage d’un amour qui dépasse tout, la misère comme l’égoïsme de l’homme, et c’est la marque que le Sauveur est là. La gloire de Dieu dans les lieux très hauts est vue. Au milieu de ce peuple qui n’a aucune place pour Dieu, Il s’est fait une place pour lui-même, au milieu des hommes et cependant mis dehors par l’homme qui ne veut pas de Dieu. Notre état moral est effrayant : non seulement je ne puis retrouver un chemin vers le ciel, mais Dieu n’a pas de place dans mon coeur, comme le monde n’avait pas de place pour Jésus dans l’hôtellerie où d’autres étaient admis ; eh bien, le Sauveur venant ici-bas accepte dans son amour parfait d’être dehors, et d’avoir là une crèche pour berceau. Cette place d’abaissement, il s’y est mis par sa puissance et par sa bonté, quand la méchanceté de notre coeur l’y a mis. Et c’est en face de ce fait précieux, le Seigneur emmailloté dans une crèche, que l’Esprit de Dieu nous amène. Il nous fait sortir du monde pour regarder à Jésus. Quelle place Jésus a-t-il dans nos coeurs ? S’Il n’y chasse pas le monde, c’est le monde qui chasse Jésus.

Dieu visite les bergers pour attirer leur coeur vers Jésus. Ils suivaient leurs occupations ordinaires qui les tenaient hors du monde agité, mais ils étaient très ignorants, et l’ignorance nous sépare de ce que Dieu fait. Mais Dieu dans sa grâce leur envoie annoncer que le Christ est né : «un Sauveur, qui est le Christ, le Seigneur». Il est l’accomplissement de toutes les promesses de Dieu ; on ne peut le trouver en dehors de Lui, car l’Homme innocent n’avait pas besoin de promesses, et l’homme pécheur n’a aucun droit à en jouir, tout est dans le second Adam. Si Dieu avait donné des promesses à Abraham et au peuple lorsque celui-ci était en relations reconnues avec Lui, toutes ces promesses sont en Christ, et toutes sont amen en lui. Pour que le pécheur y ait part, il faut la grâce, par laquelle Dieu se montre au-dessus du péché. Le lépreux disait à Jésus : Si tu veux, tu peux me rendre net. Jésus dit : Je veux. Dieu seul peut parler ainsi, et chasser le péché en touchant le lépreux sans être souillé. Dieu a employé tous les moyens possibles pour mettre en évidence cette vérité qu’il est impossible que le Dieu de sainteté entre en relations avec le pécheur sans la grâce qui le sauve ; et pourtant, que de personnes prétendent être en relation avec Lui autrement que par la grâce souveraine ! Dieu a fait passer l’homme par toutes les circonstances on l’on peut le supposer en relation avec Lui, et toujours il a été démontré que cela était impossible à cause du péché. Et c’est dans cet état qu’il nous visite ! De sorte que la démonstration suprême a été celle-ci : lorsque le Fils de Dieu est venu visiter l’homme, il n’a point trouvé de place. Mais il a montré en même temps que l’amour qui était en Lui était supérieur au péché qui était en l’homme.

L’homme ne s’occupe pas du petit enfant, mais tout le ciel est en émoi et s’en occupe. Les anges chantent. Remarquez qu’ils ne disent rien de la gloire céleste de Christ ; ce n’est pas ce sujet-là qui fait résonner le cantique : Gloire à Dieu dans les lieux très-hauts ! Il ne s’agit point de la venue de Jésus en gloire sortant du ciel pour juger le monde. Ce qui émeut le ciel, ce n’est pas un fait céleste, c’est quelque chose qui nous regarde, nous les hommes, ici-bas, c’est l’amour de Dieu envers nous, c’est l’enfant qui est né, c’est la présence de Jésus sur la terre.

 

 

 

5              Méditations de J. N. Darby    Luc  4:1-13 : Jésus en face de l’Ennemi

Lausanne, 12 septembre 1852    n°273 (ex 268) : ME 1963 p. 324 et ME 1968 p. 319

«Satan se retira de lui pour un temps». Je désire examiner, parallèlement à la tentation qui nous est relatée ici, quelle a été l’autre occasion dans laquelle Satan s’est présenté au Seigneur, et considérer comment Jésus a remporté une victoire finale : tout ce qui était entre nous et Dieu, Il l’a traversé, et nous sommes dans la paix qu’Il nous a acquise.

Le premier fait du ministère de Jésus, c’est une rencontre avec Satan. Il est en présence de l’ennemi de nos âmes, celui qui enchaîne l’homme, le rend tellement ignorant de Dieu qu’il l’oublie et devient comme une bête brute. Sous sa puissance l’homme tombe dans un état de folie complète, puisqu’il oublie Dieu, c’est-à-dire la chose la plus importante, pour les affaires du moment. Le fou a de l’intelligence, mais mal dirigée, elle est en activité à faux. Voilà l’homme ; il passe sa vie à des joujoux d’enfants, au lieu de s’occuper de la seule chose vraie, et Satan emploie ces joujoux pour entretenir cette folie qui oublie Dieu et pour tromper l’homme par ses convoitises. Mais d’un autre côté, Satan a l’empire de la mort, et il manie cette épée terrible — qui est en même temps le jugement de Dieu — vis-à-vis de la conscience, comme un moyen de séparer l’homme de Dieu. Par la crainte de la mort, il peut tenir l’homme en esclavage et éloigner complètement son coeur de Dieu. Ainsi il a l’empire du plaisir et l’empire de la mort. Il place les tentations, les plaisirs, entre l’âme et Dieu, et s’il ne réussit pas il place devant l’homme la mort et ses terreurs. Et l’homme, en face de ces choses, veut tout, excepté Dieu ; la mort fait peur, car il y a là le jugement de Dieu. La mort est entrée dans le monde par le péché, et elle porte ce caractère d’une condamnation ; pour l’homme pécheur, jugement et condamnation sont la même chose : si la mort existe, c’est parce que l’homme est pécheur, et le jugement est nécessairement la condamnation. «N’entre pas en jugement avec ton serviteur, car devant toi nul homme vivant ne sera justifié» (Ps. 143:2). Ainsi l’homme est entraîné par le monde dont Satan est le prince, et il préfère, par crainte de la mort, avoir affaire à Satan qu’à Dieu.

Le Seigneur Jésus est venu, Il s’est placé en face de toute cette puissance de Satan, et, se présentant comme un homme, Il lui a permis de faire tout ce qu’il pourrait contre Lui. Satan a employé contre Lui successivement ses différentes armes. Au commencement, il n’emploie aucune frayeur ; c’est ce que nous trouvons ici. Il cherche à l’entraîner hors de la volonté de Dieu par des choses agréables ; mais Jésus n’a pas voulu même satisfaire sa faim sans la volonté de Dieu. Satan est vaincu par cette obéissance, et il se retire de Lui «pour un temps». À la fin, Satan est venu dans le second de ses caractères, pour jeter le trouble, l’angoisse de la mort dans l’âme de Jésus, et l’empêcher ainsi d’accomplir la tâche que le Sauveur avait entreprise. C’est alors que celui-ci déclare : «Le chef de ce monde vient», et : «Mon âme est saisie de tristesse jusqu’à la mort».

Telles sont les deux occasions où Jésus a rencontré Satan : au désert, et à Gethsémané (Ce n’est pas à la croix : Il s’adresse ici à son Père ; ce qu’Il montre, ce n’est pas la frayeur de l’homme, qui accable le coeur et le rend incapable de servir Dieu, mais c’est l’obéissance ; sur la croix Il a porté le jugement de Dieu pour nous délivrer non de l’ennemi, mais de la justice de Dieu). Dans les deux cas Jésus a triomphé, opérant la délivrance pour nous. C’est une délivrance complète. Maintenant nous qui en sommes les objets nous possédons en tout temps le Saint Esprit pour employer la parole de Dieu afin que Satan ne nous touche pas, et pour le chrétien en tant que chrétien la mort même est un gain, elle n’apporte plus aucune frayeur ; remettre son esprit à Jésus ne cause aucun effroi.

Il vaut la peine de considérer attentivement ce que Jésus a fait pour nous donner une délivrance aussi merveilleuse.

Quand Jésus est venu, Il nous a rencontrés dans un état de péché épouvantable, Il s’est trouvé en face non seulement de la folie de l’homme, mais de son inimitié contre Dieu, à ce point que, parce que Lui venait pour plaire à Dieu en toutes choses, l’homme ne devait pas vouloir de Lui : la pensée de la chair est inimitié contre Dieu.

Au désert, première victoire. Satan place devant Jésus tout ce que l’homme peut rencontrer dans ce monde, faim, objets pour les convoitises, etc... Jésus se présente absolument dans les circonstances où l’homme se trouvait. Adam a été tenté dans l’innocence, et dans la jouissance de ce que Dieu lui avait donné. Jésus n’est pas venu pour l’homme dans cet état-là, mais Il vient lorsque l’homme est dans la misère, l’affliction, et Il se place en présence de Satan dans ces circonstances. Jésus, après quarante jours, a faim ; mais Il n’a pas de parole de Dieu pour faire du pain de ces pierres. Le Fils de l’homme a droit au monde entier, et Satan vient lui dire : Tu n’as pas besoin de tant de souffrances pour l’acquérir, reconnais-moi, et je te donne tout. Enfin Satan emploie la parole de Dieu elle-même pour le faire douter de la fidélité de Dieu. Si je reste dans le chemin de l’obéissance, je suis sûr de la fidélité de mon Père, et je n’ai pas besoin d’en faire l’essai ; essayer si Dieu sera pour nous ou non, ce n’est pas, comme on le dit, aller trop loin dans le chemin de la foi, c’est l’opposé de la foi, c’est tenter Dieu.

Jésus n’a pas dit : Je suis Dieu, va-t-en. Cela n’aurait été pour nous ni un secours ni un exemple. Il a cité la parole donnée à l’homme, en homme obéissant, et l’homme fort a été vaincu. Satan a gardé l’homme esclave par ses convoitises, mais Christ a vaincu Satan parce que l’obéissance était dans le coeur de Christ, et que désobéir l’eût détaché de son Père, privé de la joie de la communion avec Lui. L’homme fort n’avait pas d’armes qui pussent atteindre le coeur de Jésus. Son impuissance ayant été rendue manifeste, Jésus a commencé à piller ses biens, guérissant les malades, ressuscitant les morts, détruisant toutes les oeuvres du démon. «Lève-toi», dit-il à la fille de Jaïrus ; Il rend la vie au fils de la veuve ; Il nettoie le lépreux... Tous les signes de la puissance de Satan sur l’homme disparaissent. Un seul mot du vainqueur de l’homme fort suffit. Satan est impuissant devant le Seigneur Jésus ; il dit : «Ne me tourmente pas avant le temps». De sorte que si l’homme avait reçu Jésus, Jésus aurait pu ressusciter Abraham, Isaac et Jacob, comme tous les autres, Il aurait pu rendre l’homme heureux dans ce monde par la grâce du Fils de Dieu venu pour détruire les oeuvres du démon. La mort ne peut résister à la puissance de cette parole. Voilà le bonheur sur la terre. Pénurie, maladie, démons, mort, tout disparaît. L’homme malheureux et enchaîné par Satan est délivré.

Tel est l’effet de cette première victoire de Jésus. Satan rendu impuissant, le monde pouvait devenir le séjour du bonheur !

Mais c’est maintenant que nous allons voir ce que c’est que le péché, — quelque chose de beaucoup plus grave que d’être sous la puissance de Satan par les convoitises. Si c’était une joie pour l’homme de voir ses maladies, ses maux divers disparaître dès que Jésus s’occupait de lui, lorsque Jésus dévoile les pensées de Dieu à l’égard du coeur de l’homme on n’en a pas voulu. Il est allé de village en village amener le bonheur sur la terre de la part de Dieu, et on l’a chassé de village en village. Les Gadaréniens l’ont renvoyé : ils s’accommodaient d’une légion de démons mais d’un seul Seigneur, jamais ! L’homme est sous les chaînes de tous ses péchés, le Seigneur vient, et ce que l’homme ne peut réussir à détruire, Lui le fait ; mais c’est là la preuve d’une puissance qui est plus intolérable au coeur de l’homme que la puissance de Satan, et le monde n’en veut pas !

Un tel refus montre la misère de l’homme bien plus que ne le font tous les maux dont il souffre. Alors que Christ aurait pu faire du monde le séjour du bonheur et de la paix, l’homme n’en a pas voulu du moment que c’était le Seigneur qui le faisait. Voilà ce que c’est que le péché dans le coeur de l’homme. Il n’y a pas seulement esclavage, mais c’est la pensée même de la chair qui est inimitié contre Dieu. La raison, la source du mal est en nous qui ne voulons pas Dieu, et qui ne pouvons pas nous délivrer de cette nature rebelle.

Jésus s’occupe de l’homme qui en est là, si bas, si loin, si misérable, et Il va de nouveau à la rencontre de Satan. Mais il s’agit du péché, et cette fois Satan semble se ranger du côté même de Dieu, car il y a là le jugement de Dieu. Si l’homme cherche ainsi sa satisfaction au-dessous de l’homme, c’est qu’il n’a pas voulu ce qui est au-dessus de l’homme, et Dieu l’a abandonné à la souillure parce qu’il a préféré la souillure à Dieu. L’homme peut-il être sauvé ? C’est la deuxième partie de l’oeuvre de Jésus. Du moment qu’il s’agit de rencontrer Dieu, il trouve la frayeur de la condamnation et de la mort prête à se placer entre lui et Dieu. Satan fait valoir cette frayeur : le pécheur ne peut se présenter devant Dieu. Il ne peut le voir que comme un juge, et la mort est là pour l’écraser ; devant elle il est comme un voleur en face du gendarme qui va le conduire devant le tribunal. Pour sauver l’homme il a fallu que Jésus se présentât devant Satan qui manie cette arme terrible : la frayeur de la mort. Il n’a pas reculé. Il ne fallait rien moins que la grâce souveraine, absolue, pour venir ainsi chercher et prendre là l’homme pécheur, comme il ne fallait rien moins que l’oeuvre de la croix pour le racheter et l’introduire auprès de Dieu sur un pied entièrement nouveau. C’est lorsqu’elle a été clairement manifestée comme indispensable que Jésus se présente pour l’accomplir. Les circonstances de sa vie, et des derniers jours particulièrement, montrent en effet d’une manière frappante que le péché dans l’homme est sans remède. Ses amis l’abandonnent, c’est l’opposé de ce qu’un ami devrait être : Judas trempe au plat avec lui et le trahit ; le sacrificateur, au lieu d’intercéder, accuse ; le juge, au lieu de justifier l’innocent, le livre. Chaque homme agit contrairement à ce que son caractère ou sa position l’appellent à être. Il est le jouet du mal ; Jésus à Gethsémané dit : «C’est ici votre heure et le pouvoir des ténèbres». Mais ce précieux Sauveur a tout accepté, Il s’est placé dans l’état désespéré où nous étions. Pour nous, impossible de vaincre, de nous échapper, de nous soustraire à cet état ; Christ a voulu le faire pour nous, et Il vient lui-même se placer là. Telle est sa grâce infinie : quand l’homme a été démontré entièrement méchant et inimitié contre Dieu, Jésus a voulu le sauver et l’introduire dans la présence de Dieu, où le mal ne peut pas entrer.

Le voici en présence d’une telle oeuvre à accomplir. Il est là dans l’agonie, dans le combat, avec toute la puissance de la mort pesant sur son âme. Il s’y place lui-même. Satan, qui s’était retiré pour un temps, revient, et Jésus se livre complètement à la puissance de l’ennemi. Mais Il est là en perfection. «Père, dit-il, s’il est possible, que cette coupe passe loin de moi...». Au lieu que Satan réussisse à placer cette frayeur entre son âme et Dieu, Jésus place cela devant son Père en obéissance. Il ne pouvait pas aimer la colère de Dieu ni la mort. Sa piété lui en faisait sentir toute l’horreur, ce que notre folie nous empêche de sentir ; mais Satan n’aboutit qu’à le faire aller, pour prier, vers son Père, et à prendre la coupe de la main de son Père. Il ne la prend pas de celle de Satan, ni de Judas, ni des sacrificateurs, mais de la main de Dieu, comme juste jugement du péché dont Il vient se charger. Si Satan avait pu réussir, l’homme était perdu à tout jamais. Mais tout ce que Satan fait, c’est de le pousser plus près de Dieu, et Il prend la coupe de la colère et non de la tentation. Il traverse la puissance de Satan, et, au lieu que Satan puisse lui cacher la colère de Dieu ou l’effrayer en l’étourdissant, Il va se placer droit devant cette colère de Dieu, prêt à la subir pour nous, mais sans qu’il y ait rien entre Dieu et lui. Il s’est placé où nous sommes. Nous sommes des pécheurs devant la colère de Dieu, et Satan peut nous étourdir là-dessus ; mais Christ est allé se placer où nous sommes, sans voile, sans Satan, sans frayeur autre que la colère de Dieu lui-même. Le péché nous avait placés là, et c’est la plénitude de l’amour de Jésus qui l’y conduit. Puis, ayant pris la coupe, Il l’a bue sur la croix, quand Il s’est écrié : «Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ?» Ensuite Il en a fini avec le péché, le monde, le combat, la douleur ; l’heure est venue où Il est passé de ce monde à son Père, et, remettant son esprit à son Père, Il a pris place dans la perfection de la lumière d’un autre monde. Mourant à la mort et au péché, vivant à Dieu, quittant cette scène où Satan exerce sa puissance, Il entre dans une autre où Il est tout à Dieu. Et c’est là qu’Il nous introduit. Il ôte pour nous la frayeur, la colère de Dieu, parce qu’Il a bu la coupe, et en vertu d’une nouvelle vie Il nous place au-delà de toute question de tentation, de jugement, de puissance de Satan. Ce terrible débat entre la vie et la responsabilité qui a commencé au jardin d’Eden, Christ l’a résolu. Il a subi les conséquences de la malédiction et Il devient, par delà la malédiction, la puissance de vie pour nous. Tout ce que le péché pouvait faire contre lui a été fait, mais la vie a passé outre, la question de notre responsabilité a été entièrement vidée. Il n’est rien de ce que le péché a introduit dans le monde que Christ n’ait traversé en grâce, et Il se trouve au delà, victorieux, dans la lumière. Quelle délivrance Il a opérée, quel amour que le sien ! Quoi que cela lui ait coûté, rien n’a été de trop pour son amour ; son amour a été le plus fort, et a tout traversé. Il s’était fait homme pour souffrir, et Il était Dieu pour être capable de tout souffrir.

Êtes-vous maintenant en sa présence, sauvés ? Jouissez-vous de cette rédemption que Jésus a effectuée, telle que l’exigeait l’état de l’homme ? Avez-vous cru à cette rédemption ? Vos âmes sont-elles en liberté parce que Jésus est dans le ciel, selon la puissance de la vie divine, après avoir tout traversé et être sorti victorieux ? C’est la liberté selon laquelle Christ nous affranchit. Vos âmes ont-elles goûté que le Seigneur est bon ? En croyant en Lui vous jouirez de tout cela. «Tu as oint ma tête d’huile, ma coupe est comble», peut dire le racheté.

Quand il saisit Celui qui a accompli une telle oeuvre, le coeur s’attache à Lui. On aura des combats ici-bas, mais on jouit de son amour, on en connaît le prix, et la fidélité, et, dans la certitude de la perfection de la délivrance opérée par Lui, on marche avec l’espérance sûre qu’Il nous prendra bientôt à Lui dans la Maison du Père.

 

 

6              Méditations de J. N. Darby    Luc  4:1-14

n°186 : ME 1912 p. 352

Il était nécessaire que le Seigneur Jésus, le Fils de l’homme, le second Adam, fût tenté comme le premier. Il a dû l’être, afin qu’il fût victorieux comme second Adam, car il n’aurait pu se prévaloir de sa victoire et de sa puissance, s’il n’était entré dans le combat. Notre péché avait donné à Satan le droit de mettre Jésus à l’épreuve ; mais, à part cela, cette épreuve eut lieu, afin qu’il pût sympathiser avec nous. Pour compatir à nos infirmités, il a dû être tenté en toutes choses, comme nous, à part le péché.

Adam innocent fut induit en tentation par sa faiblesse qui le porta à écouter l’Ennemi ; nous avons, de plus que lui, dans notre coeur, les mauvaises convoitises par lesquelles Satan nous amorce. Jésus est venu, par amour et par obéissance, au point où notre désobéissance nous avait placés. Seulement nous sommes tentés par notre propre volonté et par le péché, tandis que Jésus a été conduit par le Saint-Esprit dans le désert pour y être tenté. Il y avait entre ces deux tentations un contraste absolu, car c’était la grâce qui conduisait l’Agneau de Dieu pour le mettre aux prises avec la puissance de Satan.

Moïse a jeûné quarante jours, Élie a fait au désert un repas qui lui a donné de la force pendant quarante jours ; mais si Moïse et Élie ont dû jeûner quarante jours, c’était pour rencontrer Dieu. Ici, nous avons tout autre chose : Jésus jeûne quarante jours pour rencontrer Satan. Moïse jeûnait par l’énergie de Dieu qui le soutenait d’une manière surnaturelle pour le rendre capable de recevoir la loi de la main de l’Éternel. Les circonstances d’Élie étaient différentes ; il atteignait la fin de l’économie commencée par Moïse avec Dieu et qu’Israël avait enfreinte dès le premier moment en faisant le veau d’or. Élie, comme plus tard Jean-Baptiste, prêchait au peuple la repentance et lui rendait témoignage pour le ramener au vrai Dieu ; et, voyant que la repentance ne pouvait pas sauver Israël, il revint, en désespoir de cause, à Horeb, au Sinaï, la montagne de Dieu. Alors Dieu lui révèle qu’il s’était réservé en grâce 7000 hommes. Mais, qu’il s’agît d’entrer en relation avec Dieu sur le pied de la loi, ou sur celui de la repentance, l’homme ne le pouvait que s’il était extraordinairement soutenu de Dieu.

Jésus, au contraire, était habituellement avec Dieu ; la force de Dieu était sa vie, mais il devait être placé dans la plus extrême faiblesse, comme séparé extérieurement de Dieu, afin de rencontrer Satan, et non, comme Moïse ou Élie, séparé de l’homme pour rencontrer Dieu.

Comme second Adam, il vient donc, en grâce, visiter les hommes dans leur état de péché, et quand ils ne sont que pécheurs. Il entre dans les circonstances où l’homme pécheur se trouve, reconnaît sa ruine et son absolue faiblesse, et se place en face de Satan afin de manifester que, pour l’homme, la puissance de Dieu se trouve dans l’obéissance. Il descend ainsi en grâce jusqu’au niveau des circonstances de l’homme pour être tenté, reconnaissant que l’homme est sous la puissance de Satan, mais voulant être tenté et combattre pour lui et vaincre l’Ennemi par l’obéissance.

C’est par l’obéissance d’un homme que Satan est vaincu, et cela nous sert d’exemple. Les réponses que Jésus lui fait sont des réponses d’homme et nous montrent comment nous devons nous y prendre pour remporter la victoire sur l’Ennemi.

L’évangile de Matthieu nous fait ce récit en suivant l’ordre historique (les pains, le temple, la montagne) et termine par les paroles : «Va arrière de moi, Satan !» Luc omet ces dernières pour présenter les faits dans l’ordre moral, rapportant en dernier lieu la tentation, la plus subtile de toutes (Les pains, la montagne, le temple).

La première tentation invite l’homme à satisfaire à sa manière les besoins de la chair. La seconde est plus subtile. Bien des personnes qui ne voudraient pas de la première, désirent cependant avoir une place convenable dans le monde. Jésus avait le droit de posséder le monde, mais pour cela il lui fallait abandonner Dieu. En dernier lieu, Satan se sert des promesses pour tenter Jésus. Il le traite de Fils de Dieu et le pousse à agir selon sa propre volonté, en se basant sur ces promesses. Cette tentation est la plus subtile de toutes.

Jésus agit dans une parfaite obéissance ; il ne veut pas faire sa volonté, même pour se nourrir. Tout en lui était obéissance ; c’était pour obéir qu’il ne montait pas à Jérusalem (Jean 7:8), puis, pour obéir, qu’il montait y mourir. Quand la volonté de Dieu nous est révélée, nous pouvons aller de l’avant avec une parfaite certitude (Jean 11:6-8). Dieu est là, si seulement nous obéissons.

Quand Satan nous offre le monde, c’est afin que nécessairement l’hommage lui soit rendu. Jésus lui répond par l’obéissance : «Il est écrit». Il est des tentations très grandes, malgré que leur caractère satanique soit très évident et les fasse aisément reconnaître ; mais l’âme, quand elle se trouve devant elles, sent sa faiblesse et n’a de ressource que dans l’obéissance. Les avantages mondains, l’amitié du monde, nous sont offerts, mais les accepter ne serait pas l’obéissance et je perdrais Dieu.

Dans la dernière tentation, Satan présente la Parole, mais en la tronquant. Vouloir obtenir les promesses de Dieu hors du chemin de l’obéissance, c’est manquer de foi. Jésus répond : «Tu ne tenteras pas le Seigneur, ton Dieu», c’est-à-dire, tu ne douteras pas que Dieu ne soit avec toi. Tenter Dieu, c’est le mettre à l’épreuve, parce qu’on n’est pas sûr qu’il soit avec nous. Les Israélites, après avoir refusé d’entrer en Canaan quand Dieu l’es y invitait, voulurent s’y rendre ensuite quand Dieu le leur défendait, afin d’essayer si Dieu ne serait pas avec eux (Deut. 1:26, 42). C’était tenter Dieu ; mais la hardiesse qui compte sur Dieu dans le chemin de l’obéissance n’a jamais ce caractère.

Christ a passé victorieux par les tentations les plus subtiles. Satan le laisse pour un temps, mais revient à la fin, toujours pour l’empêcher de suivre le chemin de l’obéissance. Dans le premier cas, le Seigneur lie l’homme fort pour piller ses biens ; dans le second, il prend la place de l’homme coupable pour subir la mort et le jugement ; alors Satan revient pour le dissuader, par l’effroi, d’entreprendre cette oeuvre. Venu une première fois lui présenter tous les royaumes de la terre pour le tenter, il revient à la fin avec tous les royaumes de la terre contre Lui, pour l’effrayer, mais il ne l’empêche pas de se charger de la croix. Tout est dans ce moment-là contre Celui qui obéit, mais il n’hésite pas à prendre le chemin des souffrances, parce que l’obéissance l’y conduit. C’est par elle que sa grâce sort triomphante de ces deux tentations.

Nous aussi, nous trouvons, par grâce, dans l’obéissance, la force qui se glorifie dans notre infirmité. Notre Sauveur a entièrement renoncé à sa volonté, et c’est la place à laquelle son exemple nous convie.

 

 

7              Méditations de J. N. Darby    Luc  4:16-44    Christ, Accomplissement des Promesses et Puissance de Dieu

Lausanne, 16 septembre 1851    n°228 : ME 1924 p. 289

Deux choses ressortent de ce que nous venons de lire et je désire vous en faire remarquer les conséquences. La première est que Christ est venu en accomplissement des promesses. Quelque précieuses que soient des promesses comme aide le long du chemin, et quelque glorieux qu’en soit le résultat, ce qui nous est présenté ce ne sont plus des promesses, mais leur accomplissement. Je puis désormais, et c’est là chose nouvelle, être avec Dieu dans la pleine certitude de son amour révélé en Christ, je ne me fonde pas sur des promesses seulement, mais sur cette révélation parfaite. La seconde chose, c’est que, Christ étant venu, la puissance du Seigneur lui-même est là, Il la fait valoir, elle s’exerce en notre faveur, et tout ce qui s’oppose à elle est absolument impuissant. De sorte que notre ressource est : «Ma grâce te suffit, ma force s’accomplit dans l’infirmité»

 

1

 

Abraham a reçu des promesses, et il a vu les choses de loin, mais il n’avait pas la possession de «ce qui avait été promis, Dieu ayant en vue quelque chose de meilleur pour nous». Jésus peut dire à ses disciples : «Plusieurs prophètes et plusieurs justes ont désiré de voir les choses que vous voyez, et ils ne les ont pas vues, et d’entendre les choses que vous entendez, et ils ne les ont pas entendues». Mais il dira aussi, ne l’oublions pas : «Bienheureux ceux qui n’ont point vu, et qui ont cru», et c’est dans cette dernière consolation que nous avons une paix parfaite. Ce qui a tout changé, c’est que Christ est venu. «Les yeux de tous ceux qui étaient dans la synagogue étaient arrêtés sur lui. Et il se mit à leur dire : «Aujourd’hui cette écriture est accomplie, vous l’entendant». Voilà la parole, et me voici ! Abraham avait pu tressaillir de joie à la pensée qu’Il viendrait, mais maintenant Il est venu. La réalité est mieux que l’espoir ; être hors de prison est mieux qu’espérer en sortir bientôt. L’Écriture annonçait : «Maintenant cette écriture est accomplie».

Désormais le croyant possède Jésus. Il ne dit plus : Il viendra, comme tous les fidèles depuis Adam ont dû dire. Mais : «Maintenant, Seigneur, tu laisses aller ton esclave en paix... car mes yeux ont vu ton salut», dit Siméon. Nous possédons le Seigneur ; nous le possédons même mieux que lorsqu’il était sur la terre, car, dit-il, «il est avantageux pour vous que je m’en aille». En parlant à un croyant je puis dire : Le Messie est venu, il a pris place au milieu de nous ; tout est renfermé dans ce simple fait : voici le Sauveur lui-même. Il a accompli la rédemption, et tout ce qui était nécessaire pour que nous fussions entièrement purifiés. Ce n’est pas une promesse, mais un fait, et sur lequel il n’y a pas à revenir ; Il ne peut mourir de nouveau. Il n’est plus question de promesse ni de prophétie, mais quant au coeur, quant à l’âme, Dieu m’a donné la vie éternelle, et cette vie est dans son Fils, et celui qui a le Fils a la vie (1 Jean 5:13). Il n’y a pas d’autre objet pour la foi, croire autrement ne serait pas croire : ce serait renier le Sauveur que de ne pas considérer sa venue et son oeuvre comme des réalités. Le possédant, je possède la vie éternelle, cette vie qui était auprès du Père et qui a été manifestée (1 Jean 1:1-2). Quel repos, quelle paix, quelle certitude pour le coeur ! Celui qui est le pardon, la vie éternelle, le salut, est là, je le possède, et je trouve en Lui plus que ce qui était manifesté lorsqu’Il lisait dans la synagogue de Nazareth.

La conséquence pratique de cela est d’une immense portée. Au lieu de dire : J’espère, je dis : Je sais que Dieu m’aime ; j’ai avec Dieu une communion fondée sur ce qu’Il est en amour pour moi ; je puis me tenir en sa présence, Christ m’a purifié. Dieu m’aime, car Il a donné son Fils. Telle est ma relation chaque jour avec celui qui m’a sauvé ; j’ai communion avec le Père et avec son Fils Jésus-Christ ; son Esprit me fait jouir ainsi de la faveur de Dieu. Je puis le bénir, le louer, être rassasié de moelle et de graisse, parce qu’entre moi et Dieu il n’y a que Christ, preuve éternelle que Dieu m’a aimé, et d’un amour sans bornes. Comment le coeur ne trouverait-il pas là son repos ? Dieu ne m’a pas envoyé un message, Il est venu Lui-même en la personne de son Fils. C’est à Lui que j’ai affaire ; je ne sais pas seulement que je suis sauvé, mais Lui-même est venu me dire : Je t’aime. Je réponds : Je crois. Son amour est la force de mon coeur, c’est comme s’il parlait entre moi et Dieu. Je ne puis pas vivre avec Dieu d’une autre manière que dans une confiance illimitée en son amour. Je me vois faible, mais Lui ne manque jamais, et ma communion est établie avec le Père et avec son Fils Jésus Christ. Telles sont nos relations avec Dieu ; le croyant ne peut en connaître d’autres que celles fondées sur l’amour parfait manifesté dans le don de Jésus sur la croix. Tout, je le répète, se résume en ceci : il n’y a pas entre moi et Dieu d’autre pensée que celle qu’Il est amour.

 

2

 

S’il s’agit de marcher, d’une manière conséquente, nous trouvons au dedans la faiblesse, au dehors les tentations. Alors interviennent des promesses, sans doute : «Je ne t’abandonnerai point», etc. Mais là encore il y a plus que des promesses : «Ma grâce te suffit, ma puissance s’accomplit dans l’infirmité». Il est avec moi, sa puissance est là. Satan peut m’entraîner, mais la puissance de Dieu est plus forte que l’Adversaire ; il est un ennemi vaincu. «Résistez au diable, et il s’enfuira loin de vous». Résister ! Mon méchant coeur le peut-il ? Hélas, un bon désir ne suffit pas, il faut la puissance, et je n’en ai pas ; il me faut, à chaque moment, une autre puissance qui vienne à mon secours. Mais Jésus est le même, Il nous aime, et pour nous Il est allé à la rencontre de l’ennemi et du jugement de Dieu, de sorte que nous avons avec nous, pour nous, toute la puissance que Jésus peut exercer. Nous avons à demander à Dieu la grâce de penser à Lui plus continuellement ; Lui pense à nous, même quand nous l’oublions, comme un bon père vient au secours de son enfant tombé et n’attend pas qu’il se relève pour intervenir.

Que surviennent les combats, les tentations, les difficultés, Jésus est toujours là avec nous. C’est ce que montrent les signes qui confirment ses paroles dans notre chapitre. Voici un homme possédé d’un démon : la puissance qui est là rend Satan impuissant. Encore une fois il ne s’agit pas de promesse ni d’espoir en la venue d’un libérateur. Il est là, et voilà ce que nous trouvons en lui : la délivrance. C’est un Sauveur qui est venu et qui a accompli toute rédemption, et mon âme est placée dans la jouissance de sa puissance et de son amour. Il a mis en nous ses affections, c’est la grâce, cette grâce qui nous est montrée ici, en Naaman le Syrien et dans la veuve de Sarepta, franchissant toutes les barrières pour aller partout où est le besoin. Par elle nous avons la jouissance actuelle de l’amour de Dieu versé dans nos coeurs par le Saint Esprit qui nous a été donné. Il faut de la vigilance, nous avons des ennemis spirituels dans les lieux célestes mêmes, mais la grâce est là, elle nous suffit, la puissance du Seigneur s’accomplit dans l’infirmité.

Telle est la précieuse réalité présente. Dans l’avenir, il reste une chose, une seule, c’est de Le voir tel qu’Il est, et c’est ce que le coeur désire. Dans la Jérusalem céleste, la gloire de Dieu éclaire la sainte cité, mais c’est Jésus qui en est la lampe.

Que Dieu nous donne de tenir notre coeur près de Lui, que notre vie actuelle se passe dans la jouissance de l’amour divin, et soit une vie de communion avec cet amour. Et qu’il nous donne de réaliser la pleine suffisance de sa grâce, en attendant que le Seigneur vienne afin que là où Il est, nous y soyons aussi avec Lui !

 

 

 

 

8              Méditations de J. N. Darby    Luc  5:12-15

n°105 : ME 1897 p. 95

Ce passage nous présente une guérison complète, opérée par le Seigneur Jésus, la guérison d’un mal qui chassait l’homme de la présence de Dieu et de la société de ses enfants. Jésus l’opère par sa seule parole. Le lépreux ne pouvait demeurer dans le camp et encore moins s’approcher du tabernacle.

Le péché nous est dépeint de plusieurs manières : il nous paralyse ; c’est une mort ; ici, il nous empêche d’entrer dans la présence de Dieu. Si Dieu veut nous bénir, ce ne peut être qu’en sa présence. Adam, quand il a péché, se cache de lui. Dieu a fait sortir Israël d’Égypte pour habiter au milieu de lui. Cette présence de Dieu est la seule source de joie et la seule force de l’âme convertie. L’inconverti sait que, malgré lui, il lui faut avoir affaire à Dieu, que cela doit arriver infailliblement ; mais il n’y a point de joie pour lui en la présence de Dieu et il ne peut avoir aucune idée du bonheur du ciel. Ce qui donne de la joie dans le ciel lui est étranger. Quand Adam se voit nu, il sent qu’il ne peut se présenter devant Dieu. L’âme inconvertie peut s’étourdir, mais elle n’est pas heureuse ; elle est malade et le montre par son malaise ; elle n’a aucun goût pour les choses de Dieu et Sa présence le trouble.

Pierre, au v. 8 de ce même chapitre, sent qu’il ne peut être tel quel en la présence de Dieu. Il dit : «Retire-toi de moi, car je suis un homme pécheur» ; il sent qu’il ne mérite pas de se trouver devant Lui et que Dieu ne peut pas souffrir un pécheur en sa présence. Dieu a des droits à faire valoir et ne peut pas s’accoutumer au péché. Impossible que Lui et l’homme dans ses péchés se trouvent ensemble. S’il y a un Être saint et pur, il faut que la pureté de cet Être repousse l’impureté où elle se trouve. Le coeur de l’homme sent bien qu’il existe un Être tel, qui a ses droits et qui doit les maintenir. Pierre comprend qu’il ne peut être dans une même nacelle avec Jésus ; il faudrait être endurci pour ne pas sentir que le péché a souillé nos consciences. La conscience peut avoir besoin d’une règle pour juger du péché ; Satan, le monde, peuvent l’aveugler, et l’on peut croire bien faire en tuant les enfants de Dieu — néanmoins la conscience est là et ne peut ignorer, si la lumière l’éclaire, que le péché la souille et qu’il n’est pas convenable que Dieu l’admette en sa présence. La conscience est toujours égoïste, car elle pense toujours à elle-même. Donc la pureté de Dieu et la conscience empêchent que Dieu et le pécheur se rencontrent.

Du moment qu’un homme était lépreux, il était chassé hors du camp, parce que le péché souille tout ce qu’il touche, (Lév. 13:45-46). Le lépreux se condamne lui-même et crie : «Impur, impur». Il en est de même quand la conscience est atteinte. Se couvrir la barbe est l’expression de la douleur. Quand le Saint-Esprit agit dans le coeur, on trouve le sentiment de la misère et l’abattement.

Si l’homme ne peut s’approcher de la source du bonheur et de la vie, et c’est le cas de tous, y a-t-il une ressource ? L’homme le prétend, mais s’il n’était pas réduit à un état d’insensibilité par le péché, il saurait qu’il lui est impossible d’obtenir par lui-même la guérison.

«Seigneur, dit le lépreux, si tu veux, tu peux me rendre net». Tout homme reconnaît que Dieu peut guérir, mais cela ne suffit pas et ne soulage pas, car, en général, plus quelqu’un est puissant, moins il se soucie des choses qui sont au-dessous de lui. Il faut que le lépreux reconnaisse en Dieu, non seulement le pouvoir, mais aussi le vouloir. Lorsque nous reconnaissons à la fois la puissance et la bonté de Dieu dans la personne de Jésus, nous avons tout ce qu’il faut pour nous guérir. S’il s’agit de pureté, notre état est repoussant pour Dieu ; s’il s’agit de justice, Dieu nous repousse.

Jésus étend la main et touche le lépreux ; tout autre en eût été souillé, mais Jésus peut toucher le mal sans en être atteint. Quand il agit en grâce, le péché ne le repousse pas ; au contraire, le péché attire la grâce ; la grâce seule peut s’occuper de lui. Jésus vient nous démontrer que le péché ne repousse pas Dieu, parce que Dieu est amour. Il s’approche de nous et nous touche dans notre état de souillure. Sa présence chasse le péché, le bannit de l’âme. Le péché a été plus puissant que l’homme, mais la foi comprend et saisit que Dieu est plus puissant que le péché. Dieu s’en est approché en la personne de Jésus. Il n’y a rien du tout entre nos péchés et Dieu ; Jésus a touché le lépreux.

La présence de Dieu dans la personne de Jésus est la démonstration de la grâce et que Dieu veut nous guérir, nous rendre nets. Ayant manifesté l’état de péché dans lequel nous sommes tous, nous qui haïssons la loi et la lumière, Jésus vient comme l’un de nous. Cela démontre que Dieu pense à nous et qu’il nous a vus dans notre état de faiblesse et de ruine. Il a pesé lui-même ce que c’était que le péché dans la balance de sa sainteté. Dieu pense à nous, à nos péchés, et n’en a pas été repoussé. Ces péchés sont-ils plus puissants que Dieu qui est là au milieu de nous ? S’il est venu maintenant ce n’est pas pour juger. Il est venu en humiliation pour se soumettre à nos besoins, pour s’intéresser à nous, comme s’il avait été lui-même sous le poids du péché ; il est venu se placer sous l’effet du péché, comme devant en être lui-même responsable !

Le coeur a besoin d’être non seulement attiré, mais aussi encouragé. Lorsque Jésus jette un regard sévère sur quelqu’un, c’est sur ceux qui empêchent un pauvre pécheur de venir à lui. Quand le coeur est brisé par la conscience du péché, Jésus le touche par le sentiment de ses besoins et veut encourager ce coeur à se présenter à Dieu.

Une fois que l’âme en est là, il faut encore que la conscience soit à l’aise. Je sens mes péchés, ma misère, je sais que ces péchés ont attiré ses compassions. Je puis avoir confiance en Dieu, et au lieu de sentir que Dieu doit me repousser, je ne trouve en Jésus que Dieu venu en grâce et j’ai la confiance qu’il s’est occupé du mal pour chasser le péché et le guérir. Mon coeur est réconcilié avec Dieu ; il a mis sa confiance en ce Dieu qu’il avait offensé.

Il y a de plus l’exercice de cette puissance de Dieu. Quand même Jésus serait bon comme il l’est, cela ne change pas la justice de Dieu ; mais son sang nous purifie de tout péché. Dieu savait ce qui était nécessaire pour nous en purifier, et il l’a fait. Il a pesé tous nos péchés et a fait venir sur Jésus l’iniquité de nous tous. Vous ne savez pas juger vos péchés comme il faut, en la présence de Dieu ; Dieu l’a fait, et de plus il a fait ce qui ôte le péché. Il ne s’agit pas de ce que je puis penser de mes péchés. Quand j’en serais accablé, quand ils me plongeraient dans un continuel désespoir, cela ne m’aiderait pas, mais Dieu a vu le péché comme Dieu seul peut le voir et l’a effacé par une oeuvre comme Dieu seul peut l’accomplir.

Il y a enfin la communication de la vie de Dieu à nos âmes. Dieu nous fait participer à la vie de Christ qui, n’ayant point de péché, a touché le péché et a vaincu la mort. Nous avons à faire à Christ ressuscité qui nous communique sa vie. Dieu s’approche des plus grands pécheurs, les choisit et leur communique sa vie. Si Dieu était ici, vous attendriez-vous à ce qu’il choisît les gens de mauvaise vie, pour faire comprendre aux âmes accablées qu’il est plus puissant que le mal ? Tel est Jésus ! Nous avons besoin d’une puissance en nous, d’une vie qui ne succombe pas au péché comme la vie d’Adam ; c’est ce que nous avons en Jésus.

En êtes-vous arrivés à pouvoir dire : «Impur, impur !» Tant que vous n’avez pas dit cela, la fraude demeure dans votre coeur. Personne n’ira de lui-même le dire à ses voisins ; on ne peut le dire qu’en la présence de Dieu et par la lumière de l’Esprit. Mais quand nous avons honte de nous-mêmes, Dieu n’a pas honte de nous et ne nous méprise pas. Croyez-vous que Dieu, qui seul peut mesurer le péché, en a pris toute la mesure en donnant son Fils ? Croyez-vous qu’il l’a expié par la croix de Christ ? Ou cela est vrai, ou bien la sagesse de Dieu lui a fait défaut, car Dieu aurait donné, aurait jugé son Fils en vain !

Que Dieu fasse retentir à vos oreilles la réponse de Jésus : «Je veux, sois net !»

 

 

 

 

9              Méditations de J. N. Darby    Luc  7:31-50

n°119 : ME 1898 p. 133

Il est écrit que les pensées de Dieu et ses voies ne sont pas semblables aux nôtres, et c’est ce que nous voyons ici. Quel que soit son instrument, Dieu agit en grâce, et quand la grâce a touché le coeur, non seulement elle l’attire, mais encore elle prononce positivement sur le sort de ceux qu’elle a attirés. Elle appelle, soit par bonté, soit par menace, et, de plus, elle pardonne et remet les péchés.

On voit ces deux appels aux v. 31-35. Dieu s’y prend de toute manière : il menace, il avertit, disant que la cognée est déjà mise à la racine des arbres ; il vient aussi en grâce vers des péagers et des gens de mauvaise vie. L’homme repousse tout. S’il y a sévérité, il dit : «Il a un démon». S’il y a grâce et débonnaireté, il dit : «C’est un mangeur et un buveur». Mais Dieu ne peut pas classer les hommes en justes et en injustes, comme l’homme le fait dans son aveuglement ou dans son hypocrisie. Il faut qu’il s’y prenne ainsi : ou il doit se séparer de tout, comme Jean Baptiste, et agir en justice, selon la perfection de cette justice ; ou bien aller en grâce vers des gens de mauvaise vie, selon la perfection de sa grâce. Dieu se sépare de nous tous, s’il veut garder la place qui convient à sa justice, ou bien il vient en Jésus vers les plus mauvais, pour démontrer la richesse de sa grâce. Il faut que l’homme ait affaire à Dieu, soit en justice, soit en grâce, à Dieu tel qu’il est. Selon la grâce, vous pouvez tout recevoir de Dieu. Vous ne pouvez être entre la grâce et la justice et présenter votre justice à Dieu. La justice de Dieu a déjà dit : «Il n’y a pas de juste, non, pas même un seul». «Aucun homme vivant ne sera justifié devant toi» (Ps. 143:2). Votre sentence est aussi absolument prononcée que si vous étiez déjà devant le grand trône blanc.

S’agit-il de la justice de Dieu, nous sommes déjà jugés. Dieu a déjà prononcé le jugement de toutes nos âmes, et c’est une pensée sérieuse. Ou il nous faut rejeter le témoignage de Dieu (mais le jugement ne peut être rejeté), ou il nous faut admettre qu’il n’y a pas un juste au milieu de nous. Si Dieu juge, c’est en justice. Y a-t-il une plus grande folie et une plus grande témérité, que d’avoir la moindre espérance d’entrer dans le ciel, quand le jugement de Dieu a déjà prononcé qu’il n’y a pas un juste ?

L’homme a démontré son propre péché et son injustice en rejetant tout ce que Dieu a fait pour lui, et en montrant qu’il ne voulait pas de Dieu, quand Dieu venait à lui en bonté dans la personne de Jésus. Il n’y a personne parmi nous qui n’ait pas rejeté des avertissements et des appels personnels de Dieu, et repoussé ainsi les moyens que Dieu emploie pour nous amener à sa connaissance. Si le Saint-Esprit agit dans le coeur, cela même peut devenir, une occasion de conviction de péché, en manifestant que notre coeur ne désire point se soumettre à Dieu.

Si, en me comparant à un autre homme, je me trouve juste et lui pécheur, je ne pense pas à Dieu. Oui, l’homme a oublié Dieu, s’il peut se croire juste ; et il ne peut se trouver juste, lorsqu’il se place en la présence de Dieu. On pourrait penser que plus tard, moitié par miséricorde, moitié par l’éloignement du jugement, on échappera quand le jour viendra. Cela aussi est l’oubli de Dieu. La conscience n’aime pas la lumière et le coeur n’aime ni la grâce, ni la beauté de Jésus ; c’est ce que manifeste la présence en grâce du Seigneur. Mais la sagesse de Dieu, dans le témoignage de Jean Baptiste et dans le témoignage de Jésus, a été justifiée par ses enfants.

Les pharisiens se croyaient plus justes que les autres. Jésus ne se détourne de personne, pas plus d’un pharisien que d’un péager ; la lumière est la même devant tous ; elle a le même caractère et met tout en évidence selon ce caractère. Rien de plus dégradé, de plus misérable, quoique Dieu puisse en avoir compassion, qu’une femme de mauvaise vie. Le pharisien met en doute ce qu’est Jésus pour en juger, mais il se place devant la lumière et il est jugé lui-même. Il faut être dans de bien profondes ténèbres pour prétendre juger Jésus. Simon ne comprenait pas qu’il y eût en Dieu de l’amour et de la grâce ; il ne voit pas que Jésus est prophète ; il ignore que Dieu est là ; c’est le terme de toute la sagacité de l’homme. Mais Jésus, étant prophète, discerne les pensées de Simon, avant de lui parler de cette femme. C’est ce que Dieu fait. On peut juger la parole de Dieu, mais celui que vous voulez juger, Dieu, dans sa Parole, discerne vos pensées, les secrets de votre coeur, et sait si vous recevez la Parole ou si vous la jugez. La lumière met en évidence tout ce qu’elle atteint. Le pharisien se montre entièrement ignorant de Dieu ; il ne voit pas que la justice de Dieu l’atteint lui-même et il ne voit pas que la grâce de Dieu peut atteindre même une femme de mauvaise vie.

Il faut que nos coeurs aiment Dieu ; c’est ce que-la loi commande et ce que la grâce produit. Si une créature aime Dieu parfaitement, elle est pure. C’est ce que Jésus propose à Simon : Celui à qui il aura été plus pardonné, aime plus. Le Seigneur applique cela directement à Simon lui-même. La parole de Dieu va droit à la conscience et dit : Tu es cet homme. Dieu dit de vous, de chacun de vous : Il n’y a pas un juste. Il a patience et ne frappe pas encore, mais le mépris de ses appels trouvera sa rétribution au jour du jugement. Jésus juge Simon par son propre jugement. L’homme peut juger droitement, quand il s’agit de quelque chose qui ne le touche pas, mais non pas quand il s’agit de se condamner lui-même. Simon se trouve ainsi plus éloigné de Dieu qu’une femme de mauvaise vie. L’homme pense plus à sa propre réputation qu’au jugement de Dieu ; c’est une hypocrisie de coeur qui fait qu’on veut paraître bon devant les hommes, quand on est plein de souillures devant Dieu. Simon avait invité Jésus pour le juger, et il se trouve jugé par lui.

Nous avons, de la bouche même de Celui qui jugera les vivants et les morts, ce qu’il pense de Simon et de la pécheresse. Pour Simon, Jésus était un charpentier qui s’était fait prédicateur, et il voulait en juger ; il n’avait ni discerné, ni estimé, ni aimé le Fils de Dieu. Les affections n’étaient pas atteintes par la présence de Celui en qui Dieu a mis tout son bon plaisir. Tout ce qui était en dehors de ce monde maudit, était au delà de son intelligence. Le monde ne peut supporter la présence du Seigneur Jésus, et Simon n’avait pas même observé les convenances de la vie envers lui.

La pécheresse avait discerné ce que Jésus était ; elle ne craint pas d’entrer dans la maison du pharisien ; elle est si préoccupée de Jésus qu’elle oublie les convenances de la vie ; elle a besoin de lui, elle est attirée vers lui et ne pense qu’à lui ; rien ne l’arrête pour le chercher au moment où on peut le trouver ; elle sait que c’en est fait d’elle, si elle ne le trouve pas ; alors tout disparaît ; il faut le posséder, et elle oublie tout dans le besoin qu’elle a de lui.

Le Seigneur avait l’air de ne pas faire attention à cette femme, il la laisse faire ; il veut mettre en évidence le jugement de Dieu. Elle ne se borne pas à estimer Jésus ; elle ne lui apporte pas de l’eau, ce que Simon avait négligé de faire ; elle arrose ses pieds de larmes et les couvre de baisers. Elle était accablée du poids de ses péchés et attirée vers lui ; elle discernait en lui la grâce, et que Dieu était amour, et qu’il pouvait avoir compassion d’une pécheresse, dont le monde même ne pouvait avoir compassion. En même temps, elle dépense inutilement pour lui tout ce qu’elle a, car l’amour ne calcule pas. Simon, avec toute sa sagesse et sa sagacité, ne discerne pas la manifestation de Dieu en Christ ; il ne cherche pas Dieu ; il n’a point d’amour, pas même assez pour offrir de l’eau afin de laver les pieds du Seigneur. Son coeur n’est pas touché, quand il voit la bonté du Sauveur pour cette pauvre femme ; il n’a pour lui ni eau, ni baisers. La femme, dans sa conviction de péché, n’ose pas lui adresser la parole ; elle oublie tout, et, dans son besoin, fait pour lui ce qu’elle peut, lui donne ce qu’elle a.

Lequel des deux est le plus près de Dieu ? Auquel des deux ressemblez-vous ? Auquel aimeriez-vous ressembler ? À Simon, ou à cette pauvre femme, perdue de réputation, mais préoccupée de Celui qui attire son coeur, par la conviction terrible de ses péchés ? Alors, tout est changé ; Jésus prononce l’appréciation de Dieu sur ce coeur attiré. Quand on voit qu’il ne nous repousse pas, cela soulage, mais ce n’est pas la paix, car la paix se lie au pardon. Le Seigneur prend décidément et publiquement le parti de cette femme et s’identifie avec elle et non avec Simon. Elle était convaincue de péché, mais, pour elle, Jésus était tout. Ayant trouvé Dieu, elle trouve la grâce, la justice et un Dieu qui prend décidément son parti. Elle avait tout perdu, sauf Jésus, et Simon est laissé de côté. Ce dernier peut porter sur Christ le jugement qu’il veut ; le coeur de la femme est touché et brisé et le Seigneur lui répond. L’homme blâme l’Évangile, le critique, le juge... et l’homme sera jugé, tandis que les élus seront sauvés par le même Évangile que l’homme a critiqué. L’homme perdu et pécheur a besoin d’être sauvé. Si vous n’avez pas ce besoin, Jésus vous laissera là, pour aller vers le plus misérable d’entre les hommes.

Toute l’érudition, toute la sagesse, tous les jugements du monde sont mis en balance avec un coeur brisé. Dieu est avec celui-ci et rejette les autres. Si je trouve dans ce chapitre ma sentence de la bouche de Dieu, je trouve aussi la pensée de Dieu sur l’âme attirée : «Tes nombreux péchés sont pardonnés ; ta foi t’a sauvée». Jésus nous donne la connaissance et l’assurance de notre salut. Si vous croyez au Fils de Dieu, comme un pauvre pécheur perdu, Dieu vous dit aussi : «Ta foi t’a sauvé ; va-t’en en paix». C’est une appréciation prononcée pour l’éternité, et Satan, ni quoi que ce soit, ne peut empêcher ce pardon et cette paix.

Que Dieu vous donne d’avoir le coeur brisé de cette pauvre femme et de trouver ainsi votre place avec elle !

 

 

 

 

10         Méditations de J. N. Darby    Luc  8:40-56

n°174 : ME 1910 p. 389

Cette partie de l’évangile de Luc nous montre la puissance de Jésus, s’élevant contre celle de Satan, pour chasser les démons, guérir les malades, ressusciter les morts. Dans le passage que nous venons de lire, une femme vient par la foi, mais en tremblant, toucher le Seigneur et elle est guérie. Jaïrus, de son côté, vient demander la vie de sa fille, alors qu’elle était incapable de s’intéresser à elle-même. La femme a un sentiment intime et profond de la puissance de Jésus, la fille de Jaïrus n’en a aucun, et c’est la foi d’autrui qui agit pour elle.

Le péché est une maladie qui ne meurt ni ne guérit, mais qui tourmente continuellement ; la mort est une autre forme du mal ; elle ronge, et ne s’arrête jamais dans son oeuvre de destruction ; cet état est exprimé par «le feu qui ne s’éteint point et le ver qui ne meurt point».

Il est précieux de voir, dans tout ce chapitre, que Jésus est en chemin. Il va de ville en ville, agissant de la même manière, dans l’activité de la grâce. Il cherche ce qui est perdu ; et c’est encore aujourd’hui le temps favorable, le jour du salut. Son amour, au lieu d’être épuisé par la mort, y a trouvé une nouvelle occasion pour dire, par le Saint-Esprit, beaucoup plus qu’il ne pouvait dire pendant qu’il était présent sur la terre. Jésus avait passé la mer de Galilée pour guérir le démoniaque. Les Gadaréniens l’avaient repoussé, et il s’en revient. Sur le désir du chef de la synagogue, il va avec lui. En chemin, il est entouré par la foule. Il y avait alors, comme on le voit aujourd’hui quand l’Évangile est prêché, beaucoup d’âmes attirées qui ne se convertissaient jamais. Ce que le Saint-Esprit fait dans les autres, les attire, mais ensuite elles se retirent et ne portent pas de fruit. La semence se répand, indifféremment de leur état, de tous côtés. Cela n’empêche pas Jésus d’être en chemin. Écoutez ce que Dieu dit à Israël : «Pendant que tu es en chemin avec ta partie adverse, efforce-toi de te mettre en règle avec elle». Aujourd’hui Jésus est en chemin ; il a pris la forme de serviteur ; il est là pour répondre aux besoins de vos âmes. Si celui qui l’insultait hier, le cherche aujourd’hui, il trouvera en Lui le serviteur du Père pour le recevoir. Jésus a démontré quelle était sa volonté en se dévouant ainsi à la volonté du Père. On aurait pu répondre à Jaïrus : Ne l’importune pas, il est occupé ; mais Jaïrus comptait sur la bonté de Jésus, à laquelle il n’avait peut-être guère pensé auparavant, comme chef de synagogue, car un chef de synagogue vaut plus, dans le monde, qu’un fils de charpentier. Mais la bonté de Jésus, en se faisant connaître, avait gagné le coeur de cet homme, et il vient à celui qui ne se refuse pas à son appel. Jésus se met en chemin, va comme si la jeune fille n’était pas mourante, et la trouve morte.

La femme, par contre, sentait sa maladie et sa misère depuis fort longtemps. À d’autres, le Seigneur ne dit pas : Venez à moi, vous tous qui sentez que vos péchés vous travaillent, mais seulement : vous tous qui êtes travaillés et chargés, vous tous qui avez des besoins et des misères. Je comprends votre maladie ; vous ne sauriez trouver ni soulagement, ni repos. Venez à moi ; mon remède est la grâce de Dieu, et je vous promets le repos. La femme avait consulté toute sorte de médecins, mais le monde n’a point de remèdes ni de guérison pour l’âme. Quand le voile qui couvrait la réalité de son mal est ôté, il ne lui est plus possible de chercher du repos. Le monde craint cette découverte ; il y perdrait la raison ; c’est pourquoi il cherche à oublier et à s’étourdir. Mais alors, de deux choses l’une : ou bien les passions qu’il cultive pour ne pas penser à son état, s’emparent totalement de son âme, ou bien il tombe dans l’ennui, ne trouvant pas un objet qui l’intéresse. Il n’est pas étonnant, dans ce cas, que l’on cherche des médecins, car on ne peut se contenter de rester dans sa misère. On dépense tous ses biens à chercher ce qui peut enrayer cette maladie terrible qui nous épuise. Un tel sentiment produit toujours du malaise, car on n’aime à dévoiler son état, ni aux autres, ni à soi-même. Mais le monde sait que cette misère existe.

Cette pauvre femme était fermement convaincue que Jésus avait une ressource pour elle, mais elle se tenait au milieu de la foule sans oser se présenter devant lui. Elle avait un profond besoin de la grâce, en même temps que la honte du péché. Peut-être aurait-elle eu plus de courage, si elle eût rencontré Jésus tout seul ? Elle n’osait pas confesser le Fils de Dieu, mais elle était convaincue qu’en touchant le bord de son vêtement elle serait guérie. Elle croyait à l’efficace de la personne de Christ d’une manière remarquable. C’était une âme délicate, angoissée, qui n’osait se montrer, tout en se confiant en Lui. Aussitôt la puissance de Dieu se manifeste et la guérit.

On touche ici du doigt la différence entre la foi et l’empressement des mille personnes qui entouraient le Seigneur. Dans une certaine mesure, tout le monde voudrait de l’Évangile, mais on ne touche pas Jésus, quoiqu’on le presse et qu’on aille après lui. Dans ce cas, aucune vertu ne sort de lui, comme cela arrive nécessairement quand on le touche par la foi.

Cette femme aurait voulu être guérie sans être manifestée en public. Cela arrive à bien des âmes, bénies sous d’autres rapports, qui n’osent pas même dire à Jésus : C’est toi que je veux. Mais lui, connaissait la présence de cette femme et voulait établir une relation entre Lui et elle. Comme nous le voyons, en Luc 18:39, ceux qui entourent la Parole et l’Évangile, sans conscience, ne peuvent supporter ceux qui ont de vrais besoins. La femme vient en tremblant, comme si elle avait mal fait, elle trouve alors une entière ouverture de coeur. La timidité qui osait à peine toucher le Sauveur déclare tout, quand il le lui demande. Son coeur obéit instantanément, elle ne cache rien devant la foule, parce que Jésus est le tout de son âme. Dès ce moment, elle ne veut rien que Lui, et a maintenant autant de force qu’elle avait auparavant de faiblesse. Guérie, elle n’a besoin que d’être rassurée, car la gloire de Jésus est tout pour elle. Il veut la mettre à l’aise vis-à-vis de lui-même. Il ne lui dit pas : Ma vertu t’a guérie, mais : Ta foi t’a guérie. Il veut la rassurer, Lui qu’elle craignait tant, mais estimait si haut, en lui montrant que la foi est l’instrument, le moyen employé, pour la guérir. En même temps, le Seigneur montre publiquement l’intérêt qu’il lui porte ; sa gloire y est intéressée. Il ne voit que sa foi, là où elle ne voyait qu’une misère qui la couvrait de honte.

Pour trouver la paix, il faut deux choses : la foi, et la réponse du Sauveur. La foi réelle peut produire le sentiment du besoin, mais c’est la réponse de Christ qui affranchit l’âme. Lui qui connaît ses besoins et sa foi, la rassure, sans rien lui reprocher, pas même d’avoir cherché d’autres médecins que Lui. Il lui dit : Ta foi t’a sauvée, et veut être avec elle dans une relation qui soit connue de tout le monde.

Souvenez-vous que Jésus est en chemin pour se mettre en rapport avec vous ; sa présence peut attirer une foule qui n’en remportera aucun profit, parce qu’elle entoure Jésus en se défendant de l’avoir touché, mais au milieu d’elle un petit nombre est sauvé. La manière dont le Seigneur reconnaît la foi, là où il n’y a encore ni paix, ni confiance, et lui donne une réponse, rassure l’âme.

Quant à nous, chrétiens, mettons Jésus en avant, afin que, s’il se trouve ici une âme avec des besoins, elle se manifeste en y trouvant la réponse. Combien de fois il s’en rencontre au milieu des foules qui entendent la parole du Seigneur. Cela peut arriver à chaque instant ; nul de nous ne le sait, mais le Seigneur qui est en chemin, les connaît.

 

 

 

11         Méditations de J. N. Darby    Luc  9 : Le Royaume de Dieu

Genève, 22 octobre 1848    n°275 (ex 270) : ME 1964 p. 316

C’est au commencement de ce chapitre que nous trouvons le dernier témoignage rendu au Royaume de Dieu par les disciples du vivant de leur Maître. Le Seigneur les envoie deux à deux au milieu des Juifs, avec puissance de guérir et commission d’annoncer l’évangile du Royaume. Si les Juifs ne veulent pas reconnaître tout le bien que Jésus leur a apporté et ne reçoivent pas le témoignage des disciples qui leur annoncent le royaume, la porte sera désormais fermée et le peuple restera en dehors de la bénédiction (v. 1-6).

Nous assistons ensuite à l’incrédulité du peuple au sujet de Christ. Les uns disaient que Jean Baptiste était ressuscité d’entre les morts, d’autres qu’Élie était apparu, d’autres encore que l’un des anciens prophètes était ressuscité (v. 7-10, 18, 19). En contraste avec cette incrédulité nous trouvons la foi dans la bouche de Pierre : «Tu es le Christ de Dieu». La foi est une conviction, une parfaite certitude de ce que Dieu dit. Mais «s’adressant à eux avec force Jésus leur commande de ne dire ceci à personne». Les Juifs ne le recevant pas, toute possibilité d’établir maintenant le règne de Dieu sur la terre était annulée. Au lieu de cela il fallait que le Fils de l’homme souffrît beaucoup et fût mis à mort et ressuscité. Le royaume ne pouvait être établi qu’à la suite des souffrances de Christ. Pour être ses disciples il fallait le suivre dans le chemin du renoncement. Comme il fallait désormais être sauvé par la croix, il fallait aussi marcher en portant sa croix. Ce n’était pas que l’établissement du royaume de Dieu fût abandonné, et le Seigneur encourage ses disciples en donnant à quelques-uns d’entre eux un avant-goût de cette bénédiction future : «Je vous dis, en vérité, que de ceux qui sont ici présents, il y en a quelques-uns qui ne goûteront point la mort jusqu’à ce qu’ils aient vu le royaume de Dieu» (v. 27).

Après cela Il monte sur une montagne pour prier, prenant ainsi le caractère dépendant du serviteur. «Comme il priait l’apparence de son visage devint tout autre, et son vêtement devint blanc et resplendissant comme un éclair ; et voici deux hommes qui étaient Moïse et Élie parlaient avec lui, lesquels, apparaissant en gloire, parlaient de sa mort qu’il allait accomplir à Jérusalem» (28-31). Les disciples ont ainsi par anticipation la vue de ce royaume futur que nous n’avons pas encore atteint et que le monde ne connaîtra qu’en vertu des jugements. Aussi Pierre dit-il : «Nous vous avons fait connaître la puissance et la venue de notre Seigneur Jésus Christ comme ayant été témoins oculaires de sa majesté. Car il reçut de Dieu le Père honneur et gloire, lorsqu’une telle voix lui fut adressée par la gloire magnifique : Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j’ai trouvé mon plaisir». Et il ajoute : «Nous entendîmes cette voix venue du ciel, étant avec lui sur la sainte montagne» (2 Pierre 1:16-18).

Moïse et Élie étaient aussi avec Jésus sur la montagne et parlaient familièrement avec Lui. Telles sont les deux premières conditions du bonheur : Être avec Jésus et parler avec Lui. Ces hommes parlaient de sa mort qu’Il allait accomplir à Jérusalem, c’est-à-dire qu’ils sympathisaient avec Lui et avaient l’intelligence de ce qui occupait le coeur de leur Maître. Jésus avait voulu entretenir ses disciples de ce sujet, mais Il n’avait pas trouvé en eux des sentiments pour y correspondre. Pierre comprenait bien que le bonheur était d’être avec Jésus, car il dit : «Il est bon que nous soyons ici», mais il plaçait Moïse et Élie au même niveau que son Maître en proposant de faire trois tentes. Alors une voix vient de la nuée : «Celui-ci est mon Fils bien-aimé, écoutez-le». Moïse et Élie ont disparu : Jésus se trouve seul. — Aussitôt qu’il est question pour nous de mettre quelque chose à la place de Jésus, il faut que le coeur du Père rende témoignage de l’affection qu’Il a pour son Fils. Il révèle ce qu’il y a dans son coeur, afin que les disciples aient communion avec Lui. Il veut nous amener à l’intelligence de ses pensées. Le Père aime le Fils et nous n’avons pas à attendre d’être dans le ciel pour le savoir. Cette vérité était communiquée à Pierre et à ses compagnons sur la terre. Je désire que nous soyons aussi maintenant pénétrés de ce bonheur !

 

 

 

12         Méditations de J. N. Darby    Luc  9:18-45

27 juin 1847    n°219 : ME 1917 p. 136

Je suis frappé de la manière dont le Seigneur Jésus ramène ici les pensées de ses disciples à sa croix et à ses souffrances. Il ne veut pas être reconnu comme le Christ, ni prendre sa place comme Messie dans le monde ; il prend une place beaucoup plus basse : «Il faut que le Fils de l’homme souffre beaucoup» (v. 22), et prenne sur lui les conséquences du péché de l’homme. Il s’agit pour Lui, de se placer là où Dieu prend connaissance du péché dans lequel l’homme se trouve. Cela fait de la croix de Christ une chose plus admirable même que sa gloire. Ayant dit cela, il veut que nous vivions dans un dévouement d’amour qui a toujours ici-bas le caractère de la croix (v. 23). L’amour qui descend d’en haut a toujours l’aspect d’un sacrifice qui monte à Dieu en bonne odeur. C’est ainsi que Jésus veut se présenter en amour au milieu du mal (Éph. 5:2).

D’autre part, une gloire se rattache au sacrifice : «Il y en a quelques-uns qui ne goûteront point la mort, jusqu’à ce qu’ils aient vu le royaume de Dieu» (v. 27). C’est la transfiguration. Nous voyons là, en un tableau, quel sera le bonheur de Jésus avec les siens, dans ce jour que nous attendons. La première pensée de l’Esprit de Dieu est la gloire de la personne de Jésus. Après la croix sur la terre, il reçoit la gloire. Ensuite nous voyons les saints célestes paraître en gloire et s’entretenir familièrement avec Lui, dans une parfaite intelligence de ses pensées. C’est alors que nous réaliserons une entière intimité de conversation avec Lui. Dieu veut nous glorifier avec et comme Lui ; nous apparaîtrons avec Lui en gloire. «La gloire que tu m’as donnée», dit-il, «je la leur ai donnée» ; mais ce n’est pas tout d’apparaître avec Lui. Ce qu’il y a de plus émouvant pour son coeur et ce qui est l’objet des conseils du Père, fait le sujet des entretiens des saints avec Lui. «Ils parlaient de sa mort qu’il allait accomplir à Jérusalem» (v. 31). Mais déjà nous annonçons sa mort, dans la faiblesse ici-bas, jusqu’à ce qu’il vienne, faisant ce qui nous est présenté ici comme notre portion dans la gloire.

Pierre, ne sachant ce qu’il disait, voulait placer Moïse et Élie sur le même pied de gloire que Christ. Cela était impossible. Alors un autre personnage entre en scène ; Celui qui est la source de tout, le Père.

On voit, dans tout ce tableau, le fruit anticipé des souffrances de Christ : «Il reçut de Dieu, le Père, honneur et gloire» (2 Pierre 1:17). Lors même que nous avons la même gloire que Jésus, tout est mis de côté pour laisser la place à Lui seul. Dès que nos pensées s’arrêtent sur notre gloire, sans donner tout honneur à Christ, il faut que le Père lui rende ce témoignage devant nous et que son coeur place Jésus à la hauteur unique de sa propre gloire. Moïse et Élie disparaissent : «Celui-ci est mon Fils bien-aimé. Écoutez-le» (v. 35).

Nos coeurs répondent par le Saint Esprit aux pensées du Père à l’égard de Jésus, et c’est notre joie. La transfiguration fut, pour Lui, un court moment de soulagement et de bénédiction. Il fallut ensuite qu’il rentrât dans la carrière de la foi. Jésus n’était pas toujours sur la montagne. Il en redescend, et agit, dans la vie de la foi, selon toute la perfection qui a été manifestée en Lui. S’il trouve le Père sur la montagne, il rencontre ici-bas le démon, la puissance de Satan, et l’incrédulité des disciples, impuissants devant le pouvoir du diable. Tout en s’écriant : «Jusqu’à quand vous supporterai-je ?» il dit : «Amène ici ton fils», montrant ainsi la perfection de son amour et de sa puissance. Le monde s’en étonne ; il s’étonne de la grandeur de Dieu, et non de la puissance de Satan, à laquelle il est accoutumé. Mais, comme tous s’étonnent, Jésus dit à ses disciples : «Vous, gardez ces paroles que vous avez entendues, car le Fils de l’homme va être livré entre les mains des hommes» (v. 44). Il ramène les pensées de ses disciples à la croix et à son amour, et non pas au déploiement de sa puissance ici-bas.

 

 

 

 

13         Méditations de J. N. Darby    Luc  9:18-45 :  La Croix et la Gloire

n°254 : ME 1949 p. 277

Il est instructif de voir dans ce passage de quelle manière le Seigneur Jésus ramène les pensées de ses disciples de la contemplation de sa gloire à sa croix et à ses souffrances.

Jésus ne veut pas être connu pour être le Christ et prendre dans le monde sa place comme Messie. Il Lui faut une place beaucoup plus basse, mais en un sens beaucoup plus glorieuse. Il faut que le Fils de l’homme souffre beaucoup, qu’Il prenne sur Lui les conséquences du péché de l’homme, et qu’Il se place là où Dieu prend connaissance du péché dans lequel l’homme se trouve, afin d’ôter le péché et de réconcilier l’homme avec Dieu ; ce qui fait que la croix de Jésus est encore plus admirable que sa gloire manifestée.

Ayant ainsi parlé de ses souffrances, Jésus exhorte ses disciples, nous exhorte tous, à le suivre avec ce dévouement d’amour qui, ici-bas, a toujours le caractère de la croix. C’est ce que nous voyons en Lui. Il s’est offert en offrande et sacrifice, en parfum de bonne odeur (Éph. 5:1). Si l’amour descend d’en haut, il a toujours le caractère d’un sacrifice qui monte de la terre à Dieu comme un parfum excellent. Ainsi Jésus qui, au milieu du mal, s’est offert à Dieu, en parfum de bonne odeur.

Mais une gloire s’y rattache. Jésus annonce aux siens que de ceux qui étaient là présents, il y en aurait qui ne mourraient point jusqu’à ce qu’ils aient vu le royaume de Dieu. Et six jours après, Il prit Pierre, Jean et Jacques avec Lui sur une montagne, et fut transfiguré. Nous voyons, dans cette révélation de la gloire de Jésus, quelque chose de ce que sera son bonheur avec les siens en ce jour que nous attendons.

La gloire de la personne de Jésus est ici la première pensée de l’Esprit de Dieu, v. 29. Au v. 22, c’est la croix sur la terre ; ici Christ en gloire. On voit ensuite les siens parler avec Lui et apparaître en gloire, dans la personne de Moïse et d’Élie. C’est un entretien familier dans l’intelligence des pensées de Christ, intelligence dans laquelle on peut réaliser une entière familiarité de conversation avec Jésus. Dieu a voulu nous glorifier avec Jésus et comme Jésus. Il n’est pas dit seulement que nous apparaîtrons avec Lui, mais que nous apparaîtrons en gloire. Jésus dit : «La gloire que tu m’as donnée, moi, je la leur ai donnée... afin que le monde connaisse... que tu les as aimés comme tu m’as aimé» (Jean 17:22, 23). Moïse et Élie s’entretiennent avec Jésus de sa mort à Jérusalem, c’est-à-dire de ce qu’il y a de plus émouvant pour le coeur de Jésus et de ce qui occupe les conseils du Père. Nous, nous annonçons la mort du Seigneur jusqu’à ce qu’Il vienne.

Pierre, en proposant de faire trois tentes, ne savait pas ce qu’il disait, et il voulait placer Moïse et Élie dans la même position que Christ. Cela ne se pouvait pas, Jésus ne peut pas, quoiqu’Il n’ait pas honte de nous appeler ses frères, être mis dans les pensées de Dieu au même rang que Moïse et Élie. Un autre personnage apparaît sur la scène, Celui qui est la source de tout, le Père, dont la voix se fait entendre dans la nuée. «Il reçut de Dieu le Père honneur et gloire, lorsqu’une telle voix lui fut adressée par la gloire magnifique : «Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j’ai trouvé mon plaisir». C’est Celui-ci qui occupe particulièrement les pensées du Père et qui est le centre et l’objet de ses affections. Quand bien même nous avons la même gloire que Jésus, tout disparaît pour laisser place à Jésus seul. Aussitôt que la pensée s’arrête à notre gloire, sans donner toute la gloire à Christ, il faut que le Père nous rende ce témoignage : «Celui-ci est mon Fils Bien-aimé», et que le coeur du Père place Jésus à la hauteur de sa gloire. Moïse et Élie sont mis de côté et Dieu met en honneur Celui que ses affections et sa justice distinguent. Nos coeurs répondent par le Saint Esprit aux pensées du Père envers Jésus. C’est là notre joie.

La révélation de la gloire de Jésus était pour Lui un moment de soulagement et de bénédiction. Il faut qu’Il rentre maintenant dans la carrière et dans la marche de la foi. Il descend de la montagne et agit selon la perfection dans laquelle Il a été manifesté en gloire. Il trouve le Père là-haut ; ici-bas Il rencontre un démon et l’incrédulité de ses disciples qui étaient demeurés impuissants devant la puissance de Satan. Mais Jésus montre la perfection de son amour et de sa puissance. Tout en disant : «Jusques à quand vous supporterai-je ?» Il ajoute : «Amène ici ton fils». Le monde s’étonne de la puissance de Jésus, car il ne se fie pas à la puissance de Dieu à laquelle il n’est pas accoutumé ; mais il ne s’étonne pas de celle de Satan dont il subit les effets.

«Vous, gardez bien ces paroles que vous avez entendues» (v. 44). Jésus ramène alors ses disciples à la pensée de la croix, à son amour, après leur avoir montré sa gloire et sa puissance.

 

 

 

 

14         Méditations de J. N. Darby    Luc  10:9-24

n°185 : ME 1912 p. 215

La grande chose que nous avons à apprendre dans les évangiles, c’est Christ lui-même, le coeur de Christ. Les miracles sont à la surface du récit, pour attirer l’attention sur ce que Lui est ; mais Jésus a des choses particulières à communiquer à ses disciples, et ces choses ne sont pas, comme les miracles, une preuve pour le monde. Quoiqu’elles lui échappent et soient à peu près pour lui, comme les perles devant les pourceaux, elles ont pour effet de fortifier immensément la foi des disciples. Elles ne peuvent être communiquées au monde, parce que, pour les recevoir, il faut être avec Jésus et jouir de son affection. Ces choses, nous les voyons, et elles nous rendent heureux (v. 23), mais le monde ne les voit pas, parce qu’elles sont le privilège de l’obéissance (bien que le témoignage qui conduit à l’obéissance soit pour tout le monde). Le croyant sent qu’il possède ce que le monde ne peut ni donner, ni offrir ; ce dont il n’a pas même l’idée.

On voit dans les trois premiers évangiles la réjection progressive de Christ et ce qui se passe dans son coeur pour ses disciples, à mesure qu’il est ainsi rejeté. Sa face était résolument dressée vers Jérusalem pour y souffrir ; il était en chemin pour la mort, et ceux qui étaient près de lui comprenaient qu’il réalisait cette pensée : «Il faut que je sois rejeté». Tous s’étonnaient de le voir agir ainsi, mais Lui dit à ses disciples : «Vous, gardez bien ces paroles : Le Fils de l’homme va être livré entre les mains des hommes», au milieu desquels il a fait ces miracles (9:43, 44). Malgré tout cela, le Seigneur continue d’agir en patience. Nous trouvons dans les chapitres précédents un résumé de ce que Jésus faisait envers les Juifs et envers les gentils. Les chap. 9 et 10 contiennent diverses manifestations de sa puissance et de sa grâce. Il agit envers le monde par le moyen de ses disciples. Plus il est près de sa fin, plus il en envoie. Au chap. 10, ce sont les soixante et dix, afin que le témoignage fût rendu à tous en Israël. Il les envoie, munis d’autorité quand, au fond, tout était déjà fini, car ils étaient comme des agneaux au milieu des loups, et le Messie était déjà rejeté. Aussi le témoignage devait-il être prompt et évident. Les disciples n’ont pas le temps de s’arrêter pour saluer en chemin ; ils apportent la paix, mais, si on la rejette, elle retourne à eux. Plus la mort était près de lui, plus le Seigneur sentait l’importance de sa mission et de son témoignage. C’est ce qui nous arrive aussi quand la puissance de l’amour de Jésus est dans nos coeurs.

Les soixante-dix reviennent avec joie, car, disent-ils, les démons leur sont assujettis. Jésus reconnaît le fait sans s’y arrêter. Il y voit même la fin de tout, Satan chassé du ciel. Si la croix de Christ chasse Satan de la conscience, la puissance du Fils de l’homme chassera Satan du ciel et de la création. Mais Jésus montre ici à ses disciples, de quoi il veut faire jouir ceux qui le suivent, car il ne s’agit pas seulement pour nous de la manifestation de sa puissance, mais de ce que Lui seul peut nous révéler, c’est-à-dire que nos noms sont écrits dans les cieux. Il était nécessaire, comme résultat final, que Satan fût chassé du monde, car, aussi longtemps qu’il s’y trouve et en est le prince, c’est un monde d’iniquité et de misère, malgré la présence des chrétiens. Cependant nous pouvons être employés, en un temps pareil, dans l’activité du témoignage rendu à Christ, et c’est ce qui a lieu continuellement. Le Seigneur ouvre la porte, malgré les obstacles ; la puissance de Dieu agit pour écarter les difficultés et c’est une grande joie ; mais Jésus n’exerce pas encore sa puissance pour chasser Satan et nous délivrer complètement en ôtant le mal.

Malgré tout cela, le Seigneur nous donne une joie, que lui seul peut donner (v. 20), et qui a pour vrai sujet, que nos noms sont écrits dans les cieux. Quel repos cela apporte à l’âme ! C’était la joie secrète du coeur de Christ, qui allait souffrir. Voyant le monde prêt à le rejeter, il déploie d’autant plus de puissance pour lui rendre, par ses disciples, témoignage de Sa grâce et de Ses droits. Plus Satan a de puissance, plus il est nécessaire, par un principe d’amour, de montrer aux âmes les conséquences du mépris de ces droits du Seigneur. Il fallait que le monde rejetât Christ en connaissance de cause. Nous apportons la paix, mais, qu’on la reçoive ou non, le royaume, les droits de Christ, sont venus jusqu’au monde.

Ensuite, Jésus insiste auprès de ses disciples sur la joie d’avoir leurs noms écrits dans les cieux. Le coeur de Jésus est serré par le mal qui l’entoure, mais d’autant plus énergique dans son témoignage, pour révéler aux siens ce qu’il a en réserve pour eux. Vos noms sont écrits dans les cieux ! De combien cela dépasse ce qu’il fera comme Messie !

Tel est le témoignage de Christ lui-même, ferme, solide et précieux, et auprès duquel, même les miracles ne peuvent, en aucune manière, avoir une pareille puissance de joie. Les miracles, leur dit-il, et ce que je vous ai donné jusqu’ici, ne suffisent pas ; j’ai des droits bien plus élevés que celui de faire des miracles ici-bas. Je vous ai associés à toute ma gloire ; vos noms sont écrits dans les cieux ! C’est une chose intime, une preuve d’affection, un conseil de grâce, car c’est Dieu qui les a écrits. Le Fils de Dieu vient du ciel et peut nous dire ce qui y est écrit. Ce n’est pas une chose passagère, mais une chose écrite, solidement établie, et il peut nous la communiquer. Le nom des Juifs était écrit sur la terre et en rapport avec elle, mais ce que Dieu écrit dans le ciel est pour le ciel. Quoique nous soyons sur la terre, nos noms sont déjà en la présence de Dieu, mais la connaissance de ce fait nous est donnée sur la terre pour notre joie. Si l’on saisit, une telle source de grâce, il n’y a aucune difficulté à comprendre la gloire qui en découle ; cela nous rend le ciel naturel et familier, que d’y avoir nos noms écrits.

Nous voyons ici l’oeuvre parfaite de Christ. Dieu veut nous introduire dans la demeure de sa sainteté, et Jésus s’en est chargé. C’est pourquoi aussi il dressait résolument sa face pour monter à Jérusalem. Toute la puissance qu’il pouvait développer sur la terre perdait sa gloire et son éclat, comparée à sa joie d’accomplir pour nous ce qui nous rend capables d’avoir part à l’héritage des saints dans la lumière. Il nous veut pour le ciel et n’épargne rien pour arriver à ce résultat ; il était à l’étroit, jusqu’à ce que le sacrifice fût accompli. Il voulait présenter au Père, tels qu’il les désire, ceux dont les noms sont écrits dans les cieux. La croix nous révèle ainsi tout l’amour de Dieu et toute la perfection de l’oeuvre de Christ. Le sang répandu fait oublier à Dieu nos péchés, et nos âmes sauvées sont un témoignage de l’efficace de l’oeuvre de son Fils, témoignage infiniment précieux pour le Père, car le sacrifice de Jésus est lié à la gloire du Père.

Nos noms sont écrits là où le mal ne peut entrer, où Christ jouit d’un repos parfait. Il faut que Dieu trouve son repos, non seulement en lui-même, mais dans le résultat de son travail de grâce. Pour jouir de cette joie, il est nécessaire d’être près de Dieu. Nous serons avec Jésus dans le ciel, dans la conscience de la joie de Christ lui-même, car c’est là que, comme Médiateur, il trouve son repos et sa joie, joie que le Père lui a préparée, digne d’être sa récompense après tout son travail.

Christ tient à ce que nous voyions sa gloire et que nous y soyons sensibles (Jean 17). La vue de Jésus, foulé aux pieds par le monde, est pénible à nos coeurs, et, pour effacer toute mémoire de ce mépris, il veut que nous contemplions toute la gloire dont il jouira, et que le Père lui a préparée avant que le monde fût. C’est là que nous jouirons en paix de ce repos éternel, mais nous en jouissons déjà par le témoignage que Christ, qui s’y trouve, a pu nous en rendre.

Ces bénédictions se rattachent à la croix de Christ, à l’efficace de son sang. L’oeuvre de Christ nous place dans ce repos. Lors même qu’on pourrait faire des miracles, c’est là que l’âme revient toujours. La croix est le centre de ce qui manifeste l’amour de Dieu ; elle répond à tout ce que Dieu est, en face du péché, et en venant à Dieu nous ne pouvons rien apporter que le péché. Or Dieu ne supporte ni mal, ni péché ; il ne veut que lui-même ; et la croix, c’est l’amour, la sainteté, la majesté de Dieu, en présence du péché. Si je n’ai pas même le pouvoir de voir la croix, Dieu la voit et, en elle, la perfection de sa nature et de son Être, dans ce qui justifie le pécheur devant Lui.

Nous avons de la peine à nous dégager de nous-mêmes pour ne rien voir que la croix et ce que Dieu en pense. Impossible, quand on est en présence de Dieu, de voir du bien dans l’homme. Ceux qui sont sauvés doivent en venir là et trouver tout en Dieu. La puissance de l’Esprit de Christ le réalise en nous et détruit ce triste moi qui nous empêche de glorifier Dieu sur la terre

 

 

 

15         Méditations de J. N. Darby    Luc  11

16 juin 1844    n°211 : ME 1916 p. 256

Combien de choses le Seigneur Jésus a dû traverser dans son chemin d’amour au milieu du monde ! Le v. 54 de notre chapitre montre ce qu’il y a trouvé. Personne comme Lui ne fut aux prises avec toutes les difficultés de la foi que Satan suscite. Cela est encourageant pour nous, êtres faibles que nous sommes, car Celui qui a remporté la victoire l’a fait pour nous. La vie en Jésus a suscité de tous côtés l’opposition la plus terrible de la chair et des ténèbres, car la lumière ne peut s’accommoder aux ténèbres, et la conséquence en a été une manifestation épouvantable de ce que contenait le coeur de l’homme. Pour ceux qui marchent selon le Seigneur, il y a une abondante provision de lumière et de grâce, mais en même temps le caractère des ténèbres est mis à découvert.

Quand il n’y a pas de besoins réels, on est rebuté par la première difficulté qui se présente, mais là où existe un désir sincère, un oeil simple, un besoin produit par la grâce, on trouve une réponse de Dieu. Daniel prie et jeûne trois semaines ; la réponse était préparée dès le commencement, mais Dieu éprouve ainsi la sincérité de son désir et lui répond au bout de ces trois semaines d’exercice.

Il faut avoir le Saint Esprit pour être conduit à travers le monde ; sa présence déroute toutes les idées naturelles. Dieu n’est pas descendu dans le monde pour laisser le coeur de l’homme où il se trouve. Christ est venu, parce que le train du monde est le chemin  large qui conduit à la perdition ; Sa présence a démontré le mal irrémédiable dans lequel le monde est plongé, et son chemin est la sagesse selon Dieu, un chemin que l’oeil de l’aigle ne pouvait découvrir.

La manifestation de la puissance de Dieu en Jésus a pour résultat que l’homme l’attribue à Béelzébul (v. 15) et que, d’autre part, il demande un signe (v. 16) ; mais Jésus n’en donne point, car ceux qui ont l’oeil simple n’ont besoin que de la Parole de Dieu, et d’un guide, la puissance du Saint Esprit. Le bonheur consiste en cela. Dans ce monde qui aime mieux renier sa raison en attribuant au diable la bonté de Dieu, que d’ouvrir les yeux à cette bonté, la présence de Christ fait ressortir le mal que Satan voudrait cacher. Jésus dit : «Bienheureux ceux qui écoutent la parole de Dieu et qui la gardent» (v. 28). Il refuse de leur donner un signe. Jonas était une figure de Sa mort : la mort et la réjection du Messie, signe accordé à cette génération, démontrait l’iniquité totale de cette dernière. C’est aussi le même signe que Dieu donne aujourd’hui pour convaincre le monde. Jonas ne faisait pas de miracles : il prêchait, et la conscience était mise à l’épreuve. Le Seigneur insiste sur cette action sur la conscience. Jean le Baptiseur n’avait pas, non plus, fait de miracles. Jésus, en leur demandant si son témoignage était du ciel ou des hommes, en appelait à leur conscience. La lumière était là, dans sa personne ; la lumière du corps n’est pas cette lumière qui était là, mais l’oeil. Il s’agissait de l’intention du coeur, de la netteté de l’oeil. Si l’oeil est net, le corps tout entier est éclairé. Je n’ai qu’une question à me poser : Est-ce que mon oeil est simple ? Du moment que l’intention du coeur est portée sur Christ seul, il n’y a aucune incertitude. Quand je vois clair, je sais où mettre le pied, où poser la main. Oserait-on dire que Christ n’a pas donné la lumière, que la faute est à Lui ? Si l’on ne voit pas clair, on regarde à quelque autre chose qu’à Christ.

Nous avons une promesse attachée à cet état de l’âme. Dieu ne veut pas la conduire si elle est dans un mauvais état, parce que le mal demeurerait. C’est un grand privilège que d’avoir Christ comme lumière. Quand il n’y aurait que Christ dans le monde, et que nous aurions telle ou telle chose à faire, nous n’hésiterions jamais, et il en sera de même si nous n’avons que Christ dans le coeur.

Oseriez-vous dire que Christ vous conduira dans un chemin qui aura pour vous de mauvaises conséquences ? Je n’ai pas besoin d’autre chose que de voir Christ : puis-je dire que la lumière manque ? Non, la lumière ne manque pas, c’est l’oeil qui manque. «Prends garde que la lumière qui est en toi ne soit ténèbres» (v. 35). Quand la lumière du corps est ténèbres, quand l’oeil n’est pas net, le dedans est plein de rapine et de méchanceté (v. 39), tandis que, dans la même proportion, le dehors prend de l’importance. On attribue une grande valeur aux formes, au cérémonial, à ce qu’il y a extérieurement de respectable dans la religion ; on tient à la première place, aux salutations, aux marques de déférence en public. Mais Jésus considère l’oeil, c’est-à-dire les motifs du coeur. Dans l’oeil mauvais il n’y a pas d’apparence de mal : on professe un très grand respect pour le témoignage rendu dans les siècles passés et l’on rejette le témoignage présent. C’est que le témoignage passé dont on se vante n’atteint pas la conscience et qu’on ne reçoit pas celui que Dieu envoie aujourd’hui.

À la fin du chapitre, le Seigneur signale les ténèbres qui règnent là où Christ n’est pas. Ce n’est pas de relations extérieures avec Christ qu’il s’agit : toute la question roule autour de ce point : «Si ton oeil est simple, tout ton corps aussi est plein de lumière».

La foi regarde à Christ, comme s’il n’y avait que Lui dans le monde

 

 

 

16         Méditations de J. N. Darby    Luc  11:14-36

16 juillet 1843    n°193 : ME 1913 p. 186

Dans cet évangile, les discussions entre le Seigneur et les Juifs mettent à nu l’état moral de ces derniers et aussi de nos propres coeurs. La lumière est entrée dans le monde ; quel accueil l’homme lui a-t-il fait ? Va-t-il être sauvé par elle, ou est-ce qu’il la repoussera ? Ainsi la lumière manifeste l’état du coeur de l’homme : il l’évite et la fuit, parce que les ténèbres ne l’ont point comprise. Mais il nous est dit aussi que la vie est la lumière des hommes, et cette lumière est celle de la grâce. Quand Dieu agit dans le coeur selon l’efficace de cette grâce, la lumière est reçue, comprise, et l’on devient lumière dans le Seigneur.

Jésus développe dans ses discours les phases du combat entre la lumière et les ténèbres, et montre les caractères divers que présente le coeur de l’homme. Lui est le semeur qui sème dans le coeur la bonne parole de Dieu, parfaitement adaptée aux besoins des hommes. Si le coeur est endurci, elle n’y entre pas et Satan enlève tout ; si le coeur, avec ses affections naturelles, la reçoit avec joie, elle germe de suite, mais sans résultat ultérieur ; le terrain est insuffisant, la conscience n’est pas atteinte, et tout sèche à la première difficulté qui surgit. Les épines, d’autre part, les soucis de la vie, étouffent tout ; enfin, la Parole peut lever dans un terrain préparé pour cela. Jésus décrit ainsi les divers caractères qui se rencontrent pour recevoir la Parole.

Ce ne sont pas les qualités de la lumière, ni sa valeur qui sont en question, mais la manière dont le coeur la reçoit. Les Juifs ne pouvaient nier que Jésus chassât les démons, mais disaient que c’était par Béelzébul ; et d’autres lui demandaient un miracle. Quand la lumière entre, elle a pour effet de mettre en mouvement tout ce qui est dans le coeur : un homme voit chasser les démons, et, malgré ce fait, attribue cette puissance au diable ; un autre, plus léger, voit ces choses, et demande un signe du ciel ; d’autres encore n’ont pas une volonté hostile aussi prononcée, et discourent au sujet du Seigneur. L’un dit : C’est Élie ; l’autre, un prophète ; l’autre, Jean-Baptiste. Il n’y avait pas eu jusqu’alors une force assez complète, dans le témoignage rendu, même par Jean-Baptiste, pour manifester tout ce qui était dans le coeur de l’homme et le mettre en évidence. Cela n’a lieu que lorsque, avec Jésus, la pleine lumière est venue. Partout où elle entre, elle produit toute sorte d’oppositions et d’incertitudes, parce qu’elle oblige chaque coeur à se montrer devant Dieu, tel qu’il est ; et, quand le fond du coeur est remué, on y trouve un égout. Plus la lumière est parfaite, plus ce résultat se produit ; elle force chacun à prendre parti pour ou contre elle, et les choses prennent aussitôt leur vrai caractère devant Dieu.

Nous devons désirer que Dieu agisse dans les coeurs avec toute la puissance de son Esprit, afin que ceux qui aiment la lumière arrivent à la posséder clairement. Si elle met en évidence nos péchés, c’est afin de les ôter, car Celui qui est lumière a aussi fait l’expiation. La puissance de Satan est à l’oeuvre, cherchant à retenir les hommes dans les ténèbres (v. 21-23), et toute la question revient à ceci : êtes-vous pour Christ ou contre lui ? «Celui qui n’est pas avec moi est contre moi». Cela résoud toute la question de la puissance de Satan, car Celui qui est la lumière est plus puissant que le prince des ténèbres. Ce n’est pas la lumière qui manque, mais c’est la foi. La lumière du corps, c’est l’oeil (v. 34), et non le soleil ; car ce qui est en question ici, c’est l’état de celui qui reçoit la lumière, et non la manifestation de cette dernière en Christ. Il y a toujours une lumière en nous, l’oeil, c’est-à-dire ce que nous voyons, le but et l’objet du coeur. Quand il s’agit de voir clair, tout dépend de cet objet, et de rien d’autre. Il est certain que tout est lumière en Christ, et qu’il y a assez de grâce en Lui pour la faire jaillir, mais, moralement, la lumière est l’oeil, et il importe que cette lumière en nous ne soit pas ténèbres. Pour voir, il ne s’agit ni de miracles, ni de signes ; la foi n’est jamais basée sur des miracles ; si elle ne se fonde que sur eux, elle ne vaut rien ; c’est une conviction qui n’est pas dans la conscience ; ce n’est pas la vie de Dieu, et Christ ne s’y fie pas (Jean 2:24).

Il en est de la Parole écrite comme de la lumière ; elle est une Parole vivante ; rien ne lui est caché ; elle discerne jusqu’aux intentions du coeur ; elle manifeste Dieu au coeur et manifeste le coeur à Dieu. Quand il y a des besoins dans l’âme, la lumière, tout en nous condamnant, ne nous effraye pas, mais nous attire.

Le Seigneur dit ici (v. 29) : «Cette génération est une méchante génération». Pourquoi ? «Elle demande un signe». En présence de la lumière, elle en demandait la démonstration. Elle n’aura d’autre signe, dit Jésus, que celui de Jonas ; il sera trop tard alors pour qu’elle soit épargnée. La résurrection du Christ est la conséquence de son rejet par cette génération, et ce rejet est la cause de son jugement ; de plus, Jonas était non seulement un signe, mais un prédicateur sans miracles. À sa voix, Ninive se repentit et fut épargnée. La reine de Sheba condamnait aussi cette génération ; elle venait pour entendre la sagesse de Salomon, qui ne faisait pas de miracles. Or il y avait là plus que la prédication de Jonas, et la sagesse du grand roi. La lumière de Christ était-elle moins évidente que celle des temps passés ? Non, mais cette génération actuelle était méchante.

La lumière du corps, c’est l’oeil. Dieu soit béni qu’il en soit ainsi ! Cela nous amène à nous juger, et nous fait désirer d’être débarrassés du mal que la lumière manifeste en nous. Or tel est le but de Dieu : il envoie la lumière afin que l’on voie, et si elle met tout en évidence, c’est précisément ce que Dieu désire. Il veut que la lumière soit vue et la place sur un pied de lampe (v. 33).

Il n’y eut jamais un temps plus pénible que celui où Jésus vint ici-bas. Tout était contre Dieu ; les plus éloignés de Lui étaient les sacrificateurs qui servaient de lien entre le peuple et l’Éternel ; la justice des pharisiens n’était qu’hypocrisie. Cependant ceux qui attendaient la rédemption d’Israël reconnurent déjà le Messie dans le petit enfant. Anne en parlait à tous ceux qui attendaient la délivrance. Il y avait assez de lumière pour que tous pussent accepter ce témoignage. Ici, Jésus applique la lumière à la conscience : la lumière du corps, c’est l’oeil. Quand il est question de voir, il faut qu’elle entre en nous par nos yeux. Si elle ne manifeste pas ce que nous sommes, elle ne vaut rien. Il ne s’agit pas ici de discerner entre le vrai et le faux au dehors, mais il faut que la lumière entre en nous et y manifeste tout, en nous révélant notre état à nous-mêmes. Elle devient ainsi la source de toute bénédiction.

«Prends donc garde que la lumière qui est en toi ne soit ténèbres». Si nous avons un autre but que la gloire de Dieu, la lumière est ténèbres ; l’oeil n’est pas net ; il est mauvais. Tout cela est très encourageant. Ne reculez pas devant la lumière, quelque pénible que soit son action sur votre conscience. Nous n’avons ni à juger la Parole, ni à savoir quelle est la bonne religion ; car c’est la Parole qui juge l’âme, la pénètre et s’en empare. Quand un homme me tient sans que je puisse lui échapper, je sais qu’il est fort. La Parole nous saisit, elle veut que nous soyons jugés et purifiés ; elle met à nu tout notre péché pour nous en débarrasser. La grâce et la vérité sont venues par Jésus-Christ. La vérité nous juge, mais elle est inséparable de la grâce. Ce même Jésus qui manifeste jusqu’au fond de l’âme ce que c’est que le péché, l’a lavé dans son propre sang. Il remue et amène à la surface tout le mal en nous, afin de l’ôter entièrement. La lumière pour le croyant est toujours grâce. L’homme qui, pour garder sa réputation, l’évite, se prive avec elle de la grâce.

Dieu ne nous laisse pas ; il nous aime ; il s’est imposé la tâche de nous bénir et de nous faire tout le bien possible. Il y a en nous une quantité de choses que la lumière manifeste. L’homme, en présence de la pureté de Dieu, est tellement sale que ses vêtements même l’ont en horreur (Job 9:30-31). Pourquoi Dieu serrait-il Job de si près ? Il laissait agir Satan pour que le mal, que Dieu seul voyait, se manifestât. Il y a en nous, chrétiens, comme en Job, beaucoup de choses qui ne sont pas de Christ, mais viennent de nous-mêmes. Alors Dieu fait entrer la lumière pour mettre en évidence les choses qui nous empêchent de jouir de la communion avec Dieu. Quand la recherche de lui-même s’établit dans le coeur du chrétien, elle est une source de misère ; il lui faut en être débarrassé pour qu’il n’y ait aucun obstacle entre Christ et lui. Dieu agit pour produire cela, et c’est l’histoire de toute la vie chrétienne. Dieu ne peut nous bénir dans le mal, mais il agit en grâce ; et s’il nous manifeste sa pureté, sa sainteté, ce n’est pas autre chose que la grâce. Confiez-vous en Lui avec un entier abandon ; il veut vous purifier pour que vous puissiez jouir de la clarté de sa face

 

 

 

 

17         Méditations de J. N. Darby    Luc  12:13-59

n°67 : ME 1894 p. 356

Ces discours n’ont pas été prononcés dans le ciel, mais sur la terre, par Celui qui a fait l’expérience de ces choses dans le ciel et sur la terre. Christ a éprouvé toutes les difficultés, et la contradiction des pécheurs ; les torrents des méchants l’ont épouvanté (Ps. 18:4). Si, chose impossible, on peut sonder le coeur de Jésus, on y trouve la puissance de l’amour agissant dans l’expérience de toutes nos difficultés. La croix elle-même, est l’expression de l’amour de Dieu, dans l’expérience de tous les maux dans lesquels le péché nous a plongés. Jésus a été élevé de la terre pour attirer tous les hommes à lui. Jésus crucifié, voilà ce qui convient à tous les coeurs travaillés et chargés.

Mais les promesses de Christ sont très précieuses au coeur de ceux qui lui appartiennent et au milieu de leurs difficultés ; elles franchissent tous les obstacles, et nous portent dans le ciel, dans la gloire. Sommes-nous dans la crainte, les promesses s’appliquent aux circonstances où nous nous trouvons, pour fortifier nos âmes. Christ a fait l’expérience de la manière dont les promesses de Dieu s’appliquent à nos misères et à nos difficultés, et il en a senti la force. Il sait parfaitement comment les appliquer à l’âme, et combien la présence du Père est douce à un coeur délaissé. Il nous parle du sein de nos misères selon son amour qui est entré en elles toutes. Il les connaît parfaitement. Personne n’a jamais pu sonder la profondeur de son angoisse et de sa détresse, non plus que la profondeur de son amour.

Aux v. 13-32, Jésus dépeint la folie de ce monde qui cherche sa satisfaction dans les choses qui périssent. Dans tout ce que le monde recherche, il n’y a que des difficultés pour la vie éternelle. Le Seigneur nous montre en même temps notre impuissance à rien faire même selon le monde. Il veut que les disciples sachent que Dieu fait grand cas d’eux, et veille sur eux, sachant tout ce dont ils ont besoin. Il nous révèle le nom de Père que Dieu prend pour les siens, et nous place envers Dieu dans la même relation que lui-même. Si nous sommes les disciples de Jésus, si la grâce a dirigé nos coeurs vers lui, le Seigneur nous dit : «Ne crains point». Il nous est naturel de craindre ; nous vivons au milieu de gens qui sont les ennemis du Seigneur ; Satan cherche à nous effrayer par la contradiction des pécheurs. Mais il cherche aussi à nous inspirer confiance en nous-mêmes et à compter sur nos propres ressources, afin que nous soyons vaincus, comme Pierre lorsqu’il marcha sur la mer, ou bien quand il entra dans la cour du souverain sacrificateur. Toutes les circonstances sont contre nous ; Satan est plus fort que nous ; nous ne sommes qu’un petit troupeau faible devant la puissance de l’ennemi.

Mais Christ se trouve là. Il a plu au Père de nous donner le royaume ; Christ lui-même nous en donne la certitude, lui qui a traversé toutes les difficultés de ce monde. Il nous communique la volonté du Père, et ces difficultés ne sont plus que le chemin par lequel il nous conduit au royaume. Ce qui est sorti du coeur de Jésus est notre joie ; il satisfaisait son coeur en annonçant au petit troupeau les desseins du Père. Celui qui est venu du Père et qui a passé dans les circonstances où je me trouve, m’a dit ces choses. Christ nous sépare de ce monde et nous en détache en nous montrant que le royaume nous appartient. C’est le bon plaisir du Père de nous le donner, et c’est Christ lui-même qui se fera notre serviteur dans la gloire, afin que nous y soyons dans une joie parfaite. Toute sa joie sera de nous rendre heureux, car il est amour. Il est le plus grand, parce qu’il rend heureux ; il est ainsi le serviteur de notre bonheur, et c’est de cette manière que le coeur de Christ se révèle à nous.

Il nous engage à attendre sa venue. Cette attente doit nous délivrer de bien des misères. Nous ne savons quand il viendra ; mais, s’il nous trouve veillant à son arrivée, Christ nous établira sur tout ce qu’il a. Il nous fait connaître les circonstances où nous nous trouvons, afin que nous ne soyons pas effrayés (v. 51-53). C’est l’effet certain de l’Évangile de Christ. Ce n’est pas la paix dans le monde : Christ a été haï du monde, et celui-ci ne peut pas supporter que Christ réclame ses droits sur le coeur et qu’il établisse sa suprématie sur quelque âme. Ce n’est certes pas un état que Dieu approuve, mais la venue de Christ dans le royaume du prince de ce monde produit toujours la division (v. 49-53), car Satan combat pour ne pas perdre les siens.

Christ (v. 58) était en chemin avec les Juifs et avait des droits à revendiquer contre eux. Ils n’ont pas voulu se réconcilier avec lui et ont été livrés au jugement de Dieu. C’est le sort de toute âme à laquelle Jésus est annoncé et sur laquelle les droits de Christ sont réclamés. Sous l’Évangile aussi, les inconvertis sont en chemin avec le Seigneur qui réclame ses droits et la soumission de leur âme pour être sauvés ; s’ils le rejettent, il ne reste pour eux que la condamnation.

Christ parle sur la terre, au milieu de toutes nos difficultés. Certain de la parole de Christ lui-même, je puis dire : Il a plu au Père de me donner le royaume. Par là, tout devient facile, quoique le chemin puisse présenter des difficultés. À tout moment, il nous faut vivre comme des serviteurs qui attendent leur Maître. Toutes les difficultés sont indiquées d’avance et ont été rencontrées par Christ.

Que Dieu nous fasse comprendre l’amour parfait de Celui qui vint du sein du Père au milieu de nos misères, pour nous introduire dans la maison du Père.

 

 

 

18         Méditations de J. N. Darby    Luc  15 : La  Grâce  qui  cherche et  la  Grâce  qui  reçoit

n°268 (ex 264) : ME 1962 p. 67

Dans les trois paraboles de ce chapitre, le Seigneur montre aux pharisiens que, malgré toutes leurs récriminations, Il ne voulait pas cesser de manifester sa grâce et de condamner leur propre justice. Le frère aîné, dans la parabole de l’enfant prodigue, représente bien tout homme dans sa propre justice et notamment ces chefs religieux qui murmuraient parce qu’Il allait dans la maison des pécheurs, les recevait et mangeait avec eux. Nous n’avons pas de justice pour Dieu, mais Il a une justice pour nous, laquelle a été satisfaite dans l’oeuvre du Seigneur Jésus. Si la loi de Dieu a parlé à la conscience dans toute sa force, l’âme comprendra bien qu’elle est loin de l’accomplir, car la loi dit : «Tu aimeras ton prochain comme toi-même». Or aucun homme ne l’a fait, si ce n’est le Fils de Dieu venu en grâce ici-bas. La loi dit aussi : «Tu ne convoiteras pas», et la convoitise est dans mon coeur. L’homme est jugé par la loi, car celle-ci n’a pas été donnée pour sauver, mais pour juger l’état de tout enfant d’Adam. Christ étant venu pour chercher et sauver ce qui était perdu a accompli la loi et a souffert pour nous. Quand nous étions pécheurs et éloignés de Dieu, Dieu s’approcha de nous ; Il fut manifesté en chair dans la personne de Jésus qui accomplit l’oeuvre de la rédemption, afin que nous soyons avec Lui et rendus semblables à Lui en gloire.

La loi exigeait que nous fussions sans reproche, mais n’a pu que nous condamner ; Christ a subi la malédiction d’une loi violée, afin que la bénédiction reposât sur nous (Gal. 3:13, 14).

Nous voyons dans ces paraboles deux côtés de la grâce de Dieu, la grâce qui cherche et la grâce qui reçoit, quand on vient à Lui. Lorsqu’une âme est amenée à la repentance, le ciel s’en réjouit ; telle est la vérité qui ressort de ces trois récits. Il y eut aussi de la joie dans le coeur du fils prodigue lorsqu’il fit l’expérience de l’amour de son père, mais il n’en est pas fait mention ici : c’est la joie de Dieu qui nous y est montrée d’une manière si touchante. Dans les deux premières paraboles, Dieu cherche sa brebis perdue et la drachme perdue. Il y a de la joie dans le coeur du Berger lorsqu’il a trouvé sa brebis égarée ; de même la femme, ayant trouvé sa drachme perdue, invite ses amies et ses voisines à partager sa joie (Luc 15:9). Dans la troisième parabole, nous retrouvons le même fait, mais avec plus de détails sur les péchés et l’état de dépravation de l’homme — ou du fils prodigue — puis sur sa réception dans la maison du Père. Le Seigneur dépeint son état affreux de dégradation et de ruine morale, afin que nous sachions que le plus vil pécheur peut être reçu en grâce, car Dieu regarde au coeur.

Le péché était déjà dans le coeur du jeune homme quand il quitta la maison de son père ; étant entré dans le chemin où Satan l’entraîne, il se plonge dans la corruption, cherchant en vain, dans la satisfaction de ses convoitises, le bonheur qu’il a perdu. L’homme aime tout au monde sauf Christ. On peut parler de tout dans ce monde, mais prononcez le nom de Christ et vous verrez immédiatement se manifester l’hostilité du coeur naturel contre Lui. On n’a pas honte de professer une fausse religion ou un christianisme à principes mélangés, mais on craint l’opprobre de Christ. Combien il est humiliant de voir comment l’homme tourne le dos à Jésus pour pouvoir faire sa propre volonté !

Le fils prodigue arrive dans le pays lointain et y trouve la famine. Dieu se sert de l’épreuve pour amener beaucoup d’âmes au sentiment de leur misère et les rendre malheureuses, jusqu’à ce qu’enfin elles regardent à Lui, la source de toute grâce. Toutefois, avant de le faire, l’homme cherche toujours à se tirer d’embarras par ses propres ressources, espérant se sauver sans avoir besoin de Dieu. C’est ce que nous voyons chez le fils égaré de la parabole : il se met au service de «l’un des citoyens de ce pays-là» (v. 15). Chose affreuse, l’homme tombe ainsi sous le pouvoir de Satan qui se plaît à le voir se dégrader de plus en plus et l’envoie «paître des pourceaux». Voilà où conduit cette soif d’indépendance qui caractérise l’homme déchu : il aime mieux se jeter dans les bras de Satan que d’être dans les mains de Dieu. Une fois au dernier échelon de la misère, périssant de faim sous l’esclavage du maître impitoyable qu’il a choisi, il revient à lui-même et jette un regard sur le passé. Un rayon de lumière a lui dans son âme et il s’écrie : «Combien de mercenaires de mon père ont du pain en abondance, et moi je péris ici de faim !» (v. 17). Il se repent, passe condamnation sur sa vie de péché, reconnaît sa dégradation et sa misère et voit qu’il n’a plus qu’une ressource : retourner à Dieu. Il n’a pas encore goûté la joie du pardon et du salut, mais il se lève pour aller à son père ; c’est la conversion. Lorsque Dieu agit dans un coeur, celui-ci, reconnaissant son état de péché, est amené à chercher sa bonté, au lieu qu’auparavant il avait peur de s’approcher d’un Dieu qu’il regardait comme un juge. Avec la réception de la grâce, vient la confiance en l’amour de Dieu. Il sait qu’il serait mieux sous le toit de son père où il y a du pain en abondance, de sorte que, si celui-ci veut le recevoir, il sera heureux d’être traité comme un mercenaire (v. 19). Toutefois il se sent indigne d’être appelé fils ; sa conscience est pleinement réveillée, mais cela ne l’empêche pas de se mettre en route. Par l’effet de la grâce, il se lève et s’en va vers son père, et que trouve-t-il ? Un amour inexprimable qui fait infiniment plus que tout ce qu’il aurait pu demander ou penser. C’est Dieu qui fait tout pour le salut et le bonheur éternel du pécheur perdu.

Le fils était converti, mais il n’avait pas encore rencontré son père et n’avait pas encore la conscience de son amour et de sa faveur ; mais, lorsque le père l’a couvert de baisers et l’a fait revêtir de la plus belle robe (v. 20-22), il n’a plus aucun doute à ce sujet. Dieu est lumière et amour. La lumière manifeste tout ce qui est caché et ce qui est contraire à la volonté de Dieu ; son action est bien manifeste dans l’expérience du fils prodigue. Dieu est venu ici-bas dans la personne de Jésus pour montrer aux hommes ce qu’ils étaient, et combien ils s’étaient éloignés de Lui. C’est parce que nous étions des pécheurs perdus qu’Il est venu en grâce pour nous sauver.

«Comme il était encore loin, son père le vit et... se jeta à son cou et le couvrit de baisers» (v. 20). Puis son fils repentant, humilié, confesse et dévoile son état de péché, et le père envoie chercher «la plus belle robe» (v. 22). Alors, ayant reçu le témoignage de sa grâce surabondante, le fils ne demande plus à être traité comme l’un des mercenaires ; mais il a la certitude qu’il est un fils et reçu comme tel par son père, quoiqu’il soit encore couvert de haillons et qu’il ne soit pas encore entré dans la maison. Ses relations avec son père sont toutes nouvelles et les pensées de ce dernier lui sont révélées : «la plus belle robe», «l’anneau» et «les sandales à ses pieds» (v. 22) en sont l’expression. Le père fait maintenant préparer dans la maison un festin auquel son fils pourra prendre part. Il est plein de joie de ce que ce fils «était mort et est revenu à la vie, il était perdu et il est retrouvé» (v. 24).

La loi condamne entièrement l’homme car, autant elle est sainte, juste, et bonne (Rom 7:12), autant l’homme est «vendu au péché» (v. 14). Le christianisme nous révèle un Sauveur venu dans la forme d’un Homme pour apporter l’expression de l’amour de Dieu à tous ceux qui en sentent le besoin et qui le cherchent. Il est venu à nous lorsque nous ne pouvions pas aller à Lui, car Il était caché derrière le voile, comme nous le voyons dans le tabernacle dressé dans le désert. Lorsque Dieu vient dans la Personne de son Fils, Il nous révèle tout son amour. Christ meurt à la croix, le voile se déchire du haut en bas, l’accès à Dieu nous est ouvert par son sang répandu, et tous ceux qui s’approchent de Dieu par Lui sont reçus comme le fils prodigue repentant le fut par son père. Ce n’est pas une promesse non accomplie, mais un fait positif et actuel que l’homme régénéré est vu par Dieu comme assis en Christ dans les lieux célestes. Le Seigneur Jésus a bu pour nous la coupe des douleurs ; Il fut cloué à la croix, abandonné de Dieu, puis, l’ayant parfaitement glorifié dans toute son oeuvre, Il a été élevé à la droite du Père. Par son sang répandu, les péchés de tous ceux qui croient en Lui sont éloignés, effacés à tout jamais. En le ressuscitant d’entre les morts, Dieu a mis le sceau de son approbation sur l’oeuvre de Christ, de sorte qu’Il n’impute plus aucune culpabilité à ceux qui le reçoivent par la foi. S’il en était autrement, Christ serait mort en vain, mais le croyant, étant justifié, sera introduit dans la gloire, qui surpasse infiniment ce que le fils prodigue espérait recevoir de son père. Quand il est délivré de ses haillons et revêtu de la plus belle robe, il apprend à connaître l’étendue de la grâce. Dès que nous jouissons du pardon, nous sommes en Christ devant Dieu. Il n’y a maintenant aucune condamnation pour ceux qui sont en Lui. Puisqu’Il a porté mes péchés et a été élevé dans la gloire, Dieu ne m’impute plus aucune culpabilité. Tout vient de Lui, c’est Lui qui nous a revêtus de la plus belle robe. «Ce que Dieu a préparé pour ceux qui l’aiment» n’est pas monté au coeur de l’homme, mais «Dieu nous l’a révélé par son Esprit» (1 Cor. 2:9, 10). Dieu veut que, dans nos relations avec Lui, nous ayons une entière confiance : «Parce que vous êtes fils, Dieu a envoyé l’Esprit de son Fils dans nos coeurs, criant : Abba, Père» (Gal. 4:6). Plus le croyant sent son indignité, plus il réalise l’amour du Père pour lui. Une fois revêtu de la plus belle robe, il peut entrer dans les lieux célestes ; il ne s’appartient plus à lui-même, mais Christ vit en lui. C’est mon devoir de marcher d’une manière digne de la relation nouvelle dans laquelle je me trouve avec Dieu, et les «sandales aux pieds» du fils prodigue nous parlent d’une nouvelle puissance, celle du Saint Esprit, par laquelle nous marchons en nouveauté de vie et dans la liberté de fils devant Dieu. «Celui qui dit demeurer en lui, doit lui-même aussi marcher comme lui a marché» (1 Jean 2:6).

C’est par l’oeuvre du Saint Esprit en nous que nous sommes amenés à la jouissance de la paix et de la réconciliation avec Dieu, effectuées par l’oeuvre de Christ à la croix. Le Père nous aime comme Il aime Jésus. Qu’Il nous donne de comprendre dans quelle relation avec Lui nous avons été amenés.

 

 

 

19         Méditations de J. N. Darby    Luc  16:1-16

n°151 : ME 1905 p. 228

Au chapitre 15 de cet évangile, il s’agit particulièrement de ce qui convient à Dieu, de sa grâce qui va chercher ce qui était perdu. Le chap. 16 va plus loin : l’homme a prouvé qu’il n’est pas digne de la confiance de Dieu. La parole de Dieu présente l’Évangile sous tous ses aspects divers, pour saisir les âmes, dans quelque état qu’elles se trouvent. Aux chap. 15 et 16, on voit ces différents états. Dieu ne cherche pas les justes, mais les pécheurs ; il cherche ceux qui ne le cherchent pas : c’est le chap. 15. La brebis, la drachme, le fils prodigue, font la joie de celui qui les retrouve ; c’est la joie de Dieu. Il est doux, pour une brebis fatiguée de ses égarements, d’être retrouvée ; il est infiniment doux aussi, pour le fils prodigue, de retrouver son Père, mais Dieu est heureux de l’avoir trouvé, malgré ses haillons.

Il n’y a aucune difficulté pour l’âme humiliée de se trouver en présence de la grâce de Dieu, mais c’est une grande difficulté pour ceux qui se justifient devant les hommes ; telle était la position des pharisiens. Semblables au fils aîné, les Juifs avaient tous les biens de Dieu à leur disposition, les oracles de Dieu, les promesses, les alliances, le don de la loi, le service divin. Dans un autre sens, tout homme possède les biens de Dieu et est l’économe de Dieu ; c’était aussi bien le cas d’Adam que celui des Juifs. La chrétienté est encore plus dans ce cas, parce que Dieu lui a confié extérieurement la Bible, une lumière. En un mot, cela est vrai de tout homme, mais particulièrement de ceux qui jouissent de privilèges extérieurs. Tout homme est donc détenteur des biens de Dieu. Il n’y a personne d’entre vous qui n’ait entendu l’Évangile et joui du privilège de pouvoir lire la Bible. Vos facultés naturelles sont aussi des biens de Dieu. Vous les avez employées infidèlement ; vous êtes donc des économes infidèles aux privilèges que Dieu vous a confiés.

Dieu vous ôtera tout cela ; il ne veut pas avoir dans sa maison et employer pour sa gloire des personnes infidèles qui le déshonorent. Il vous demande compte et vous ôtera tout ; il vous condamne comme économes infidèles. Sauf les anges élus, toute créature a manqué à la confiance que Dieu a mise en elle. Il ne s’agit pas ici de ce qui est dû à Dieu, mais du fait que l’homme, que nous tous, nous avons manqué à ce qu’Il nous a confié. Adam a déshonoré Dieu, a péché contre Celui qui lui avait confié la création et a été chassé d’Éden. Dieu lui a enlevé le gouvernement. Dès lors, il a éprouvé l’homme de toute manière, et quand enfin le Fils lui a été envoyé, l’homme l’a crucifié.

L’homme ne glorifie pas Dieu ; il peut être honnête et se glorifier lui-même devant les hommes aux dépens de Dieu ; il peut se justifier devant les hommes (v. 15), au milieu de la plus grande dureté de coeur ; il peut se donner une bonne apparence, quant au fond il n’y a que méchanceté et malice. Mais pouvez-vous dire : Ce que je fais, je le fais au nom du Seigneur Jésus, pour la gloire de Dieu ? Nous avons manqué à la confiance que Dieu a mise en nous et nous avons été infidèles. Qu’un économe soit très prudent et garde pour lui-même ce qui lui est confié, en est-il moins infidèle ? L’homme est très prudent pour veiller à ses intérêts et à sa gloire, et à tout moment il dérobe à Dieu la sienne. Un homme qui cherche sa propre gloire est essentiellement infidèle, parce qu’il est placé dans le monde pour la gloire de Dieu ; il est donc déjà condamné ; il a employé pour lui-même et pour le péché ce que Dieu lui avait confié. Dieu ne peut nous remettre plus longtemps ses biens. Que faire ? Nous ne pouvons bêcher la terre, gagner la vie éternelle quand nous l’avons perdue. La prudence qui emploie les richesses iniques pour la gloire et l’amour de Dieu est reconnue de lui ; c’est la fin de la parabole.

Mais il y a encore un autre principe dans cette expression : les richesses iniques. Ce mot «richesses», nous dit tout ce qui est de ce monde ; sans le péché, rien de ce qui s’y trouve, n’aurait existé. Impossible qu’Adam, ni ses enfants, fussent riches. Tout ce qui représente le système actuel de ce monde est l’effet du péché, même nos habits. Les richesses qui tendent à nous faire trouver du confort loin de Dieu, après qu’il a chassé l’homme d’Éden, sont iniques. Tout a acquis une position nouvelle par le péché. L’homme se figure que Dieu lui a donné seulement certaines règles de conduite, mais Dieu ne donne pas de règles à des personnes qu’il a chassées de sa présence. Dans l’Évangile, il ne fournit pas de règles pour arranger un système qu’il a condamné. Dieu ôte à l’homme l’administration. Il établit un système, un royaume entièrement nouveau, le royaume de Dieu (v. 16). Ceux qui ont la foi quittent le système que Dieu a condamné et entrent dans le nouveau système que Dieu a établi. La loi et les prophètes ont régné jusqu’à Jean Baptiste. Tout était déjà condamné, mais cela n’était pas encore manifesté. La loi suppose que l’homme est encore placé dans le monde comme économe ; l’homme est déjà infidèle, mais pas encore absolument rejeté de son administration. Lorsque Jean Baptiste parait, tout change ; la loi et les prophètes sont abandonnés ; Dieu déclare que le monde est jugé et condamné, et il ôte à l’homme l’administration de ses biens. Celui qui est sauvé doit entrer dans son royaume à Lui. Lorsque Moïse trouva l’idolâtrie en Israël, il dressa un pavillon hors du camp, et quiconque voulait être avec Dieu, sortait du camp et allait vers Moïse. Tout est sous la condamnation, et Dieu ne donne pas de règles pour un système condamné. La loi ne nous profite ainsi de rien ; il faut sortir du monde, et non chercher une règle dans le monde ; il faut rompre avec lui, être traité comme fou dans sa famille. Il n’était pas besoin d’une chose nouvelle, si la première n’était pas infidèle. Jusqu’à nos amis s’élèvent contre nous, quand ils voient que nous les quittons. Le monde sent que la manière de faire des chrétiens le condamne, lorsque ces derniers, se sentant condamnés eux-mêmes, ne veulent pas rester sous cette condamnation. Outre toutes les difficultés extérieures, il y a à se faire violence à soi-même (v. 16), ce qui est plus difficile encore. Il faut rompre avec le monde et avec soi-même, et c’est ce qui est appelé la violence. Nous avons d’un côté le monde condamné ; de l’autre, le royaume établi par Christ, dans lequel il faut entrer de force. C’est la pure grâce qui fait cela, qui fait entrer dans le royaume, mais on ne peut trouver son salut en marchant à la fois avec le monde et dans le royaume de Christ. Pour être sauvé, il faut rencontrer toute sorte de difficultés de la part du monde, des amis, de la famille et de soi-même. Même cela ne doit pas nous décourager.

Cela brise le coeur, il est vrai, car le premier anneau de la chaîne du monde est attaché au coeur. Ne nous laissons pas abattre ; nous aurons le monde contre nous ; nous rencontrerons même la persécution, mais toutes ces choses ne sont que des preuves de la vérité de Dieu et par là même un encouragement ; il importe d’y faire attention.

Si vous avez quelque espérance d’être sauvés en suivant certaines règles de conduite, vous n’entendez rien au salut. Honnêtes gens, Dieu ne veut pas de vous. C’est le péché qui a organisé le monde tel qu’il est ; c’est lui qui règle les rapports entre vous et Dieu. Dieu ne veut pas vous donner des règles pour vos péchés ; il veut que vous entriez, dépouillés de tout, dans le royaume qu’il a établi en Christ. Quand vous commencez à vous justifier, vous démontrez votre grande inimitié contre Dieu. Ceux qui veulent se justifier devant les hommes n’ont pas fait le premier pas dans la voie du salut. Dieu condamne le tout ; le coeur de l’homme est mauvais, et Dieu lui a déjà demandé compte de l’administration de ses biens. Tout est pure grâce pour un pécheur condamné, et la grâce lui fait comprendre qu’il vaut mieux être sauvé en perdant tout dans ce monde.

Dieu nous transporte par sa grâce dans le royaume de son Fils bien-aimé. Tout ce qui est grand dans le monde est en abomination devant Dieu, et n’est pas autre chose que des péchés splendides.

Que Dieu nous fasse la grâce de comprendre en simplicité que lorsque nous avions manqué à tous égards, et que la condamnation était prononcée, Dieu a pourvu à un moyen de grâce et de salut en Christ, et qu’il ne s’agit plus de se sauver dans le monde, mais de se sauver du monde, pour entrer là où Christ se trouve, où sa gloire est établie.

 

 

 

20         Méditations de J. N. Darby    Luc  17:11-19

n°2 : ME 1886 p. 28

Le fait que Dieu nous a communiqué ses pensées est un don immense de sa part. Dieu agit envers nous en ami, et nous dévoile ses desseins. La parole de Dieu nous rend témoignage de Christ, et nous voilà comme des enfants, mangeant le bon pain de la maison de notre père. Tout ce qu’il y a de grâce en Dieu est à nous ; toutes les pensées de Dieu à l’égard de Christ nous concernent. Il nous arrive souvent, sans doute, de ne pas trouver dans la Parole tout ce qui nous appartient ; mais, néanmoins, Dieu a révélé dans sa Parole tout ce qu’il y a de gloire et de grâce dans son Fils, et nous communique tout cela.

Ce qui donne aux évangiles leurs caractères particuliers, c’est que le Saint-Esprit nous montre, dans chacun d’eux, l’un des caractères de Christ. Nous trouvons, en Matthieu, Christ accomplissant les promesses ; en Marc, Christ serviteur ; en Luc, Christ fils de l’homme ; en Jean, Christ fils de Dieu. Nous possédons de cette manière toute la plénitude de Jésus. Mais l’histoire des évangiles est toujours celle de la réjection du Sauveur. On y voit la méchanceté de l’homme qui va en croissant. En Matth. 5:1-4, Jésus commence par bénir, tandis qu’en Matth. 23, il doit finir par maudire.

À mesure que Satan gâte ce que Dieu a fait, Dieu produit quelque chose de meilleur. Le premier Adam est suivi du second ; la loi, de l’évangile. Dieu ne rétablit pas ce qui est corrompu ; il fait quelque chose de plus excellent pour sa gloire.

Il nous est difficile de juger de tout ce qui est ici-bas, selon ce qui se trouve dans le ciel. C’est le caractère que nous présente le chap. 16 de notre évangile : le principe du jugement de toutes choses est changé sous la nouvelle économie ; les richesses y sont considérées comme un malheur. L’introduction du ciel dans nos pensées change tout à nos yeux. C’est un principe de toute importance pour le chrétien et fort difficile pour lui à réaliser, car les habitudes de penser sont difficiles à déraciner. Un mondain a de la peine à se débarrasser des pensées de la société qui l’entoure ; on trouve aussi les mêmes habitudes fâcheuses dans les pensées et le langage religieux. De fait, un chrétien n’a pas de place dans ce monde : Jésus n’en avait pas. Quand il y entre, il n’y a pas même de place pour lui dans l’hôtellerie ; il est relégué à l’étable. Si, au lieu des pensées de l’homme, nous prenons ce que Dieu a dit de lui-même, et recevons les pensées de Dieu, tout en nous sera joie, liberté, affranchissement.

Sur les dix lépreux, il y avait neuf Juifs et un Samaritain. La lèpre était un type du péché ; de là l’exclusion des lépreux juifs ou samaritains, tout lépreux étant également impur. Chrétien de profession, juif ou païen, tout pécheur est également impur devant Dieu. Tous doivent également se tenir loin, et bien des âmes s’écrient comme les lépreux : «Jésus, maître, aie pitié de nous !»

Jésus les renvoie au sacrificateur, pour le rendre témoin de leur guérison ; ils croient et obéissent à la parole. En s’en allant, ils sont rendus nets, mais ils vont se placer sous le joug de la loi. Ils avaient reçu un bienfait, une grâce, mais cela ne les empêche pas d’aller, de nouveau, se mettre sous la loi qui allait être abolie.

Le Samaritain revient seul à la source de toute grâce. Il donne gloire à Dieu ; et Jésus ne le renvoie pas sous le joug de la loi. Bien des personnes qui ont trouvé grâce et guérison n’ont pas compris cela, et, au lieu de se tenir avec le Sauveur, se sont replacées sous la servitude de la loi, et n’ont pas compris qu’elles avaient trouvé Dieu dans la bénédiction reçue. Quand Dieu nous fait grâce, nous trouvons non seulement la grâce, mais Dieu lui-même. Dieu commence par justifier le méchant, afin qu’il ne reste plus une seule chose entre Dieu et lui. Pourquoi revenir à la loi, et nous replacer ainsi sous le péché et la condamnation, quand nous avons rencontré Dieu avec tous nos péchés, et reçu grâce ? Nous n’avons pas à regarder continuellement à ce que nous trouvons en nous, mais à ce qui se trouve en Dieu pour nous. Nous n’avons, comme le Samaritain, qu’à glorifier Dieu à haute voix. Autrement, nous jugeons de Dieu selon nous-mêmes, au lieu de nous juger selon la pensée de Dieu.

La foi perce droit au coeur de Dieu. J’ai rencontré la meilleure chose de Dieu, dans mon plus mauvais état ; le Fils de Dieu, dans mon état de péché. À la croix, nous rencontrons Dieu, donnant son Fils pour nos péchés. Connaissant Dieu de cette manière, nous connaissons ce qu’il est pour nous : la grâce a été d’autant plus grande que mes péchés ont été grands. Le seul Dieu que je connaisse est celui qui m’a aimé, dans le don de son Fils pour mes péchés. Quand on a connu Dieu de cette manière, il n’y a pas de bornes à la joie. Tout ce qu’il y a en Jésus d’attrayant, de bon, de puissant, est à moi. L’amour de Dieu m’a placé dans la gloire de Christ ; je suis dans cette seule relation avec Dieu ; il m’aime ; c’est dans ma lèpre qu’il m’a guéri ; c’est dans mes péchés qu’il est venu à moi, qu’il est mort pour moi et m’a donné la guérison.

Si Dieu a voulu se glorifier, c’est en Jésus. L’amour de Dieu en nous, lie tous les chrétiens ensemble ; ce que tous connaissent de Dieu, c’est la manifestation de son amour.

 

 

21         Méditations de J. N. Darby    Luc  19:1-10

n°212 : ME 1916 p. 312

Il est étonnant de voir à quel point l’homme tient à son aveuglement ; mais Dieu ne veut pas cesser d’agir en grâce, quoique l’homme s’oppose à l’action de cette dernière. Il faut qu’il reçoive la pensée de Dieu pour avoir la même pensée au sujet de lui-même. Alors l’âme voit clair, comme Dieu voit clair, et cette vision n’est pas renvoyée à un monde futur ; elle a lieu dans celui-ci. La connaissance claire et simple du jugement que Dieu a porté sur nous, c’est là ce qui nous donne la paix.

Jésus montait à Jérusalem, sachant ce qui allait lui arriver, mais résolu de marcher à la mort. Ceux qui le blâmaient de manger avec des pécheurs étaient prêts à le détruire et en guettaient l’occasion. Ils se plaignaient de ce que Jésus n’était pas assez exact dans sa conduite. Zachée n’était pas un homme de mauvaise vie ; il dépeint, au v. 8, sa conduite habituelle ; seulement il était dans une fausse position comme instrument d’asservissement du peuple de Dieu aux gentils. Cependant il était plus qu’un honnête homme, et cela met en lumière le blâme que jetaient sur lui ceux qui n’avaient dans le coeur que haine et mépris pour Jésus. Plus l’homme est mal avec Dieu, et plein d’hostilité contre lui, plus il se rassasie d’ordonnances. Jésus savait ce qu’il devait attendre de la part de l’homme : les injures, les crachats, la mort. On voit, en Zachée, un homme dans une position que les Juifs sans conscience pouvaient blâmer avec raison, mais qui avait une conscience droite dans cette position. La présence de Jésus était la seule lumière au milieu de cette confusion, tandis que la loi n’était pas cette lumière, car le pécheur, même sans conscience, peut encore l’endurcir contre Dieu, en observant certaines ordonnances qui exaltent l’homme.

Ce tableau se répète constamment de nos jours ; ce n’est pas un état d’athéisme, mais celui d’un peuple religieux, hostile à Dieu. Jésus, sans se laisser arrêter ou détourner par eux, poursuit le chemin de Dieu à travers tout et découvre la plus petite étincelle de droiture, venant de Dieu, dans le coeur. Ce n’est pas encore le salut, mais Dieu sait distinguer des désirs vagues et des besoins réels. Un homme, même spirituel, pourrait ne pas savoir faire cette distinction. Quand même il n’y avait, en apparence, chez Zachée, que de la curiosité, il y avait un besoin chez lui, qui isolait son coeur, la grâce commençant toujours par nous isoler. L’iniquité de l’homme était prête à s’embraser contre le Seigneur, mais Zachée a un besoin qui ne se laisse pas rebuter par les difficultés, un besoin dans l’âme, et c’est ce qui distingue cet homme de la foule. Jésus ne s’y trompe pas ; il sait qu’il n’a à attendre de cette foule que la mort. Souvent les âmes qui désirent connaître Jésus sont, comme Zachée, empêchées de le voir par la foule qui fait profession de le connaître. Zachée était un homme d’une certaine importance mondaine, et il était peu convenable pour lui de monter sur un arbre pour voir Jésus, mais celui-ci le voit. Il avait produit en lui le besoin et tout le reste. Il y avait là un coeur qui avait besoin de Jésus et Jésus avait besoin de ce coeur. Tous deux se rencontrent. Le Seigneur invite Zachée, il méprise le jugement de la foule sur sa conduite. Le coeur de Dieu tenait à cette pauvre âme, comme elle tenait à Dieu. Quand nous n’aurions qu’un besoin de trouver le Seigneur, le Dieu de grâce ne s’arrêtera pas au jugement de l’homme. La foi cherche Jésus, sans s’embarrasser des circonstances : il faut qu’elle le trouve. Êtes-vous assez occupés de Lui, pour ne pas être arrêtés par les circonstances ? Il en était de même de la femme pécheresse chez Simon le pharisien. Jésus non plus ne s’inquiète ni du souper, ni de ceux qui sont à Table avec Lui, mais il répond à cette femme. Rien n’arrête non plus ceux qui apportent le paralytique au Seigneur. Si l’on se laisse arrêter, c’est la preuve que le besoin n’est pas réel et que la foi n’est pas en exercice. Y a-t-il un besoin dans vos âmes ?

Zachée était un homme qui faisait du bien, qui avait une conscience délicate. S’il faisait tort à quelqu’un, il rendait le quadruple ; il avait besoin de l’approbation de Dieu. Quelque chose se réveillait dans son coeur ; il tenait à être approuvé de Jésus. On ne peut l’en blâmer, seulement ce n’est pas le salut. Un homme qui connaît le salut ne dirait pas : Je fais ceci ; je fais cela ; mais Zachée avait besoin de l’approbation de Dieu, car il voyait bien qui était Jésus. Devant les hommes, Zachée était un publicain, haï, méprisé ; devant Dieu, c’était un homme qui avait besoin de Lui ; mais il ne s’agit plus de savoir s’il a fait du bien ou n’a pas fait de tort : Jésus est venu chercher et sauver ce qui était perdu. Il dit : Aujourd’hui le salut est entré dans cette maison. Tout est là. Il y a quelque chose de très précieux dans la netteté de cette réponse divine. C’est une bonne chose de rendre le quadruple, de donner la moitié de son bien aux pauvres, mais ce n’est pas le salut. Jésus est le salut ; non pas un salut à espérer dans un autre monde, mais un salut venu sur la terre et que l’on reçoit aujourd’hui. Vis-à-vis du paralytique, Jésus commence par pardonner, et montre qu’Il en a le droit en guérissant son infirmité, selon qu’il est dit au Ps. 103 : «C’est lui qui pardonne toutes tes iniquités, qui guérit toutes tes infirmités». Il pardonne le péché, et donne la connaissance de ce pardon. C’est ainsi qu’il parle : point d’équivoque, point d’incertitude. On rencontre des âmes qui ne font pas de tort et qui rendent au quadruple, mais cela ne les empêche pas de dire : Si seulement j’étais sauvé ! Celui qui, sur la terre, a le pouvoir de pardonner les péchés est ce salut ; il est venu pour l’apporter dans ce monde. C’est ce que l’Évangile nous présente, afin que nous marchions avec Dieu. Il ne s’agit que d’entendre cette parole : Le salut est venu à toi. Ce qui donne la paix, c’est l’assurance que Jésus nous apporte, que Lui-même est venu, et le salut avec Lui.

Où en êtes-vous ? Vous êtes peut-être de ceux qui fréquentent les réunions, les oratoires, avec la foule qui empêche de voir Jésus et qui est prête à le tuer à l’occasion. Mais il faut que Dieu se révèle. Il est beau de voir la lumière jaillir, là où il n’y avait que ténèbres. Le monde, sans être changé, admire cela et suit cette lumière comme il suivrait les ténèbres, car la foule qui suivait Jésus à Jéricho, suivait à Jérusalem ceux qui le crucifiaient. Si vous ne faites partie que de la foule, vous êtes de ceux qui, après tout, rejetèrent le Seigneur. Mais, quand la grâce agit dans le coeur, l’âme est conquise, car elle a besoin de Jésus pour elle-même. Dans ce siècle de profession, si vous n’avez pas encore été isolés par Lui, vous ne faites partie que de la foule dont le Seigneur ne tient aucun compte.

On peut rencontrer une âme qui est loin de Jésus, mais qui a conscience de s’en rapporter beaucoup plus à Lui, qu’à ceux qui la condamnent, car on ne peut obtenir la paix parmi eux. Vous donneriez la moitié de vos biens ; cela peut être la preuve d’un effet de la parole de Dieu sur votre conscience ; néanmoins, le salut n’est pas là ; c’est un mélange où ne se trouve ni lumière claire pour le suivre, ni connaissance du salut. Cependant c’est la preuve que l’on tient à l’approbation de Dieu, plus qu’à celle de l’homme. Mais il faut quelque chose de plus que tout cela ; il faut, en la présence de Jésus, seul dans la maison avec Lui, avoir sa lumière et le salut en Lui ; il faut savoir que, lorsque nous n’étions que pécheurs, Christ est mort pour nous. Ne jetons pas d’obscurité sur la lumière que sa présence apporte dans ce monde ; elle nous montrera que c’est un monde de péché et d’inimitié contre Dieu. Les Juifs savaient que Dieu pouvait pardonner les péchés, mais le Fils de l’homme est venu ici-bas pour les pardonner, et quand l’âme voit Jésus, elle trouve un salut accompli.

Que Dieu nous fasse comprendre l’étendue de cette grâce, la clarté de cette révélation, l’efficace immense et parfaite, aux yeux de Dieu, du sang de l’Agneau. Il ne s’agit de rien moins que de la mort de Celui qui, étant Dieu, s’est fait homme, afin de mourir pour nous !

 

 

 

22         Méditations de J. N. Darby    Luc  22:1-38

n°10 : ME 1886 p. 217

Toutes les circonstances de la mort de Jésus résument, pour nous, ces deux grands principes : amour de Dieu, haine de l’homme. Ici, le Seigneur fait ses préparatifs de départ ; mais, quoique absent maintenant, il est toujours présent, spirituellement, avec les siens, et veut que les enfants de Dieu s’appuient les uns et les autres sur lui.

Notre force vient de notre faiblesse ; mais le sentiment même de notre faiblesse nous échappe facilement quand la grâce de Dieu agit, parce que nous nous attribuons quelque chose de ses effets. C’est alors que nous avons besoin d’être criblés, car la chair s’est introduite et le mal avec elle.

L’Église est en spectacle au monde, aux anges et aux hommes, pour leur démontrer et leur faire connaître la puissance de Dieu, la puissance du Saint-Esprit dominant sur la puissance du mal — et cela même dans la faiblesse de l’homme. Mais si nous abandonnons l’appui de l’Esprit, la chair reparaît, reprend sa force, nous conduit en tentation et ne nous met pas à l’abri des effets de cette dernière. C’est ce qui arriva à Pierre : la force de la chair suffit pour le conduire en tentation, mais non pour l’en tirer. Jésus permit par là, que Pierre fût criblé et qu’il fit l’expérience de la faiblesse de la chair, afin que, par cette connaissance, il fût rendu propre à fortifier ses frères.

«Vous êtes», dit le Seigneur, «ceux qui avez persévéré avec moi dans mes tentations» (v. 28), et cependant ils ne l’avaient souvent ni compris, ni entouré fidèlement. Le Seigneur laisse, par son départ, ses disciples à eux-mêmes, comme des brebis au milieu des loups ; de là l’instruction du v. 36.

Il leur donne aussi l’exemple de son humilité profonde. Du moment où nous pensons être les bienfaiteurs de qui que ce soit (v. 25, 26), nous prenons la place de Dieu ; l’homme est glorifié, aux dépens de Dieu, au milieu de ses semblables. Nous perdons notre caractère d’enfants de Dieu, quand nous perdons notre place de serviteurs. Jésus était le serviteur de tous (v. 27) ; plus nous serons serviteurs, plus nous lui serons semblables. L’amour nous fait serviteurs des autres à cause de leurs misères. Une mère est servante de son enfant, quoique au-dessus de lui.

Quant à la cène, le Seigneur a voulu donner, à ses disciples, un témoignage de son amour. Mais là aussi il était serviteur (v. 14, 15). Le Seigneur allait se placer dans le ciel, y devenir Nazaréen, séparé des joies de ses disciples et séparé extérieurement des pécheurs. L’amour ne peut être heureux sans que ceux qui sont aimés participent à ce qu’il a. Jésus ne peut être satisfait que lorsque l’Église sera réunie avec lui dans la gloire. Mais avant son départ, il nous laisse un gage d’amour. Il avait fort désiré de manger cette pâque avec eux avant de souffrir. Il s’est fait homme et serviteur, afin que nos coeurs aient un objet d’amour humain et divin en même temps. Le lien d’amour est parfait ; c’est la communion la plus intime de lui avec nous, et de nous avec lui. Jésus est le premier-né entre plusieurs frères, et prend ce caractère comme objet de nos affections. Il ne commande pas l’amour, mais le produit par la manifestation de son amour pour nous. Jésus n’est pas changé ; il nous place dans la même position que lui ; il produit en nous le désir de communion avec lui. Prendre un repas en commun est une marque d’amour et de fraternité ; la joie qui l’accompagne n’est pas à son comble, parce que maintenant le Seigneur est séparé de nous, et ne mange plus personnellement avec nous. Il nous a laissés ensemble dans l’amour. Le chrétien est séparé du monde par son amour pour Celui qui en est loin.

Comment un chrétien peut-il s’abstenir de prendre la cène ? C’est s’excommunier. La cène est un gage de pardon, le mémorial de l’amour de Jésus. Christ est spirituellement présent avec les siens, mais il est aussi absent et nous l’attendons. En participant à un seul pain, nous sommes tous un seul corps, et je ne puis me retrancher, m’excommunier du corps de Christ. Dans la cène, Christ a voulu exprimer son amour, rappeler son amour ; c’était un besoin de son coeur. Le signe de l’amour de Christ, ami mort pour nous, ami absent, doit nous être précieux. Il daigne être un de nous, séparé de nous pour un peu de temps, mais ayant sa joie à nous rendre heureux.

 

 

 

23         Méditations de J. N. Darby    Luc  22:14-30

n°30 : ME 1888 p. 256

À la table où le Seigneur leur parlait de son anéantissement jusqu’à la mort dans l’institution de la cène, les disciples se disputent pour savoir lequel d’entre eux sera estimé le plus grand. Ils n’ont pas compris que le principe de l’enfant de Dieu, du disciple, est d’être serviteur, serviteur de tous, par la puissance de l’amour de Dieu agissant en lui. Être grand ici-bas est l’opposé du principe chrétien. On élève dans le monde des monuments aux bienfaiteurs de l’humanité ; le seul monument que le monde ait élevé à Christ est la croix. Mais la croix, c’est la grâce. La grâce fleurit dans la vallée de l’humilité ; c’est dans les vallées, et non au sommet des montagnes, que tout prospère.

La chair s’élève toujours, mais de plus, elle ne sait faire face à aucune difficulté. Comme dans le cas de Pierre, elle peut bien nous pousser au milieu du danger, mais jamais nous en faire sortir. Devant les obstacles, elle nous fait tomber ou bien elle s’endort. Et pourtant, ce sont ces mêmes disciples auxquels Jésus dit qu’ils ont persévéré avec lui dans ses tentations !

Tant qu’il est ici-bas, le Seigneur se montre comme Juif et Messie au milieu des Juifs ; tout change, quand il monte à la droite de Dieu. Il nous est important de comprendre que nos relations sont avec Christ dans la gloire, et non pas avec Christ sur la terre. Quand bien même Paul l’aurait connu selon la chair, il ne l’aurait cependant plus connu de cette manière dans la suite. Quand on confond ces deux choses, on applique à l’économie actuelle des principes qui concernent les Juifs. Les richesses qui étaient une bénédiction pour eux sont, pour le chrétien, un grand piège. Notre vocation étant céleste, nous y sommes d’autant plus libres que nous avons moins d’attaches ici-bas. Gloire, honneur, richesses, sont autant de liens qui, en nous attachant à la terre, affaiblissent nos vrais liens avec le ciel.

Lorsque Christ, le Créateur, a été mis en croix, tous les fondements ont été renversés. En deçà de la croix, l’homme est désormais ruiné et perdu ; dans la croix, il trouve son salut. Mais il nous faut encore aller au delà de la croix.

Tout ce que possédaient les Juifs était extérieur et terrestre ; c’étaient les rudiments du monde. Or Christ s’est donné lui-même pour qu’il nous retirât du présent siècle mauvais. Le monde est ainsi jugé par la croix de Christ. En condamnant Christ, le monde s’est condamné lui-même, et tout a été rompu entre lui et Dieu. C’est désormais la grâce seule qui est le principe selon lequel Dieu peut agir.

Dans la cène, Jésus donne à ses disciples un gage d’amour ; mais auparavant, ayant joui pour la dernière fois avec eux du mémorial de la délivrance des Juifs, il prend un autre caractère. Il reçoit une coupe, non celle de la cène, il la distribue aux disciples sans en boire lui-même, et il ajoute : «Car je vous dis que je ne boirai plus du fruit de la vigne, jusqu’à ce que le royaume de Dieu soit venu» (v. 18). Il prend désormais, d’une manière ouverte, le caractère du nazaréat, celui de la séparation d’avec les pécheurs. Il était venu au milieu des pécheurs, les cherchant, lui-même sans péché. Il prend désormais la position de séparation, de sainteté, pour s’asseoir à la droite de Dieu. C’est par la résurrection que Jésus a été pleinement déclaré Fils de Dieu en puissance, selon l’Esprit de sainteté. Cette résurrection est une évidence publique de la puissance de la vie de Dieu et de la sainteté de Christ (Rom. 1:4 ; Hébr. 7:26). Christ est maintenant ouvertement séparé des pécheurs. Quand il reviendra, il apparaîtra «sans péché» pour les siens, et repoussera le péché de sa présence, tandis que, sur la terre, Christ a été l’ami des pécheurs et des gens de mauvaise vie. Le chap. 6 des Nombres montre le caractère du nazaréat. Le vin est le signe d’union et de rapports entre convives. C’est pourquoi il est dit que le vin réjouit Dieu et les hommes (Jug. 9:13), mais le nazaréen n’en buvait pas. Le chrétien doit aimer les pécheurs, mais se séparer du péché ; il est nazaréen comme Jésus ; sa sainteté correspond à la position que le Seigneur occupe maintenant, lui qui a dit : «Je me sanctifie moi-même pour eux, afin qu’eux aussi soient sanctifiés par la vérité». C’est par la mort et par la résurrection, que Jésus a pris cette place de séparation vis-à-vis du monde et des pécheurs. Quand le royaume de Dieu sera venu, nous serons tous ensemble dans la joie du Seigneur, avec lui. Maintenant, le chrétien est joyeux, sans doute, mais affligé. Il ne peut être joyeux ici-bas avec le monde qui a tué son Sauveur. Beaucoup de temps s’est écoulé depuis, mais le temps n’y fait pas de différence, le caractère du monde reste le même ; il faut être converti pour ne plus lui appartenir. Si notre coeur appartient à Jésus, il nous est impossible d’être autrement qu’affligé dans le monde. Le monde se divertit, il danse sur le tombeau de notre Sauveur.

Mais, d’autre part, le chrétien se réjouit dans le Seigneur, est joyeux de sa part céleste, à laquelle le monde ne comprend rien. La joie du chrétien est une espérance pleine de gloire ; mais ici-bas il reste toujours nazaréen et ne peut avoir la gloire dans ce monde. Il invite, il conjure les pécheurs de se convertir, mais il ne peut avoir communion avec eux. Jésus a été rejeté du monde et reçu dans le ciel ; c’est aussi la position du chrétien. Notre Souverain Sacrificateur est élevé au-dessus des cieux. Il nous a laissé un mémorial de son amour dans la cène. S’il n’est plus présent avec nous ici-bas, c’est qu’il s’est donné pour nous. Son absence n’est pas indifférence, car la cène est le mémorial de son amour parfait pour nous.

Christ nous introduit par une vie toute nouvelle dans le royaume céleste. Nous ne sommes pas transportés dans le royaume du Fils bien-aimé sans posséder sa vie, celle du second Adam, qui est Esprit vivifiant. Nous sommes rendus participants de la nature divine. La conversion est non seulement un changement, mais la communication d’une vie qui nous était inconnue auparavant, vie cachée en Christ, séparée des pécheurs, séparée du monde.

 

 

24         Méditations de J. N. Darby    Luc  22:39-46

n°37 : ME 1892 p. 32

Comme lors de la tentation au désert, Jésus agit ici, en Gethsémané dans son caractère d’homme, semblable à l’un de nous, mais à part le péché. Les voies, en présence de la tentation, sont : Veillez et priez. Le tentateur peut chercher à nous séduire par des choses agréables, ou à nous effrayer en nous présentant de grandes difficultés dans la voie du Seigneur, où nous sommes entrés.

Jésus fut conduit par l’Esprit au désert pour être tenté. Satan voulait l’empêcher d’entrer dans son ministère. Dans ce but, il lui présente des choses légitimes à accomplir et l’engage à s’appliquer les promesses hors de la voie de l’obéissance. Jésus lui répond comme homme et toujours par la Parole. S’il avait répondu comme Dieu, nous n’aurions pas trouvé dans son exemple la force qui nous est nécessaire contre Satan. Ce dernier, vaincu dans ce combat, quitte le Seigneur pour un temps, pendant lequel Jésus exerce sa puissance pour délivrer l’homme de celle des démons. À la fin de sa carrière, l’Ennemi vient lui livrer un nouvel assaut.

Satan tente les enfants de Dieu d’une manière analogue ; seulement ceux-ci sont conduits en tentation par leur mauvais coeur naturel. Le diable peut leur citer la Parole, comme au Seigneur, mai, il ne les conduit jamais à obéir à cette Parole. Ce qu’il nous faut à nous, pour pouvoir lui tenir tête, c’est d’être en la présence de Dieu, dans la puissance de l’Esprit et d’y trouver la parole de Dieu qui convient aux circonstances où nous sommes. Pour être victorieux de Satan, il faut une pleine confiance en Dieu, et ne pas chercher de secours ailleurs. Nous ne devons pas non plus tenter le Seigneur, douter de sa fidélité, et essayer s’il sera avec nous.

Dans la tentation, Jésus agit comme serviteur, comme homme ; il ne fait rien sans un commandement du Père. Plus nous croissons dans l’amour de Dieu, plus notre zèle se réduit à l’obéissance. Jésus répondait à Satan comme homme, mais jamais selon la chair, tandis que c’est la chair en nous, qui répond aux tentations de Satan. Nous voyons que le Seigneur a toujours résisté aux tentations, par l’Esprit. Lorsque Satan nous tente, nous devons pouvoir le rencontrer par la vie de Christ, lui opposant la présence et l’action de l’Esprit en nous. Ayant la parole de Dieu et l’Esprit en nous pour l’appliquer ; il nous faut encore «veiller et prier» pour rencontrer Satan.

Quand nous sommes en communion avec Dieu, la lumière de sa présence nous fait juger de toutes choses comme lui en juge ; c’est là que nous apprenons réellement ce que nous sommes et ce que le monde est. Si nous ne sommes pas devant Dieu, la chair le manifeste en nous au moment de la tentation. Il est de toute importance que nous soyons habituellement en cette présence et dans la communion du Seigneur pour demeurer paisibles et être gardés dans la tentation. Lorsque nous jugeons la racine du mal qui est en nous, et que nous sommes aux prises avec le monde, nous repoussons ses principes et ses séductions. Possédant les richesses de la grâce de Dieu, nous rejetons tout ce qui lui est contraire. Si nous épanchons toutes nos misères dans le sein du Père, notre vie ici-bas sera sans doute une vie d’épreuves, mais aussi de calme et de joie.

Mais, comme nous l’avons dit en commençant, il y a un autre genre de tentation dans la vie du Sauveur. Quand Satan revient, ce n’est plus pour l’empêcher d’entrer dans son ministère, mais pour l’effrayer et l’empêcher d’accomplir son oeuvre. L’adversaire cherche aussi à nous effrayer ; nous rencontrons des souffrances, des persécutions ; l’opposition de l’Ennemi pour nous empêcher d’être fidèles, non seulement dans les grandes occasions, mais dans les détails de la vie, afin que, trouvés infidèles dans les petites choses, Dieu ne nous confie pas les grandes.

Jésus était dans l’agonie et dans un combat terrible, mais il le livrait à Satan en présence de Dieu et non pas à Judas et aux sacrificateurs. L’effet du combat est non de le décourager, mais de le faire veiller et prier avec plus d’ardeur, aussi, dans le moment critique, est-il plein de calme et de puissance.

Épargne-moi cette épreuve, dit le fidèle. Non, dit Dieu, il faut y passer. Alors le croyant sort de la présence de Dieu avec Sa force, et soumis à Sa volonté. L’épreuve vient, et quelle joie d’arriver de l’autre côté, — car l’autre côté, c’est la gloire, — par l’obéissance et l’accomplissement de la volonté de Dieu.

Il faut veiller et prier pour ne pas entrer en tentation. Si nous avons tout considéré dans la présence de Dieu, l’Esprit nous éclaire et nous fortifie pour le moment critique. Si nous sommes dans la chair et que la tentation arrive, comme dans le cas de Pierre, tous les conseils et tous les avertissements ne servent de rien. Mais quand le combat a été soutenu dans la présence de Dieu, nous y puisons toute force pour remporter la victoire par une heureuse obéissance.

 

 

 

 

25         Méditations de J. N. Darby    Luc  23:32-46

n°31 : ME 1888 p. 275

Le brigand converti a partagé dans ce monde le sort de son compagnon ; dans le ciel, il partage celui de Jésus. La différence entre les deux brigands vient de Dieu, non des circonstances. Dieu peut se servir des circonstances, mais elles ont souvent un effet tout opposé sur les âmes, comme on le voit dans le cas de ces deux hommes. En principe, toute âme sauvée se trouve dans la même situation que le brigand ; et personne n’a jamais été sauvé autrement que lui. On trouve en lui une foi vivante, plus vivante que celle de beaucoup de chrétiens qui passent tranquillement leur vie dans ce monde.

Il y a une oeuvre faite pour le brigand et une oeuvre faite en lui. Quand l’oeuvre est faite en nous, nous jouissons de tous les effets de l’oeuvre faite pour nous. La parole de Dieu nous présente des cas extraordinaires pour nous enseigner de grands principes. Le péché d’Adam n’est pas différent de ceux que nous commettons, mais nous en voyons bien mieux les effets, quoiqu’ils soient les mêmes pour nos péchés. De même, le salut du brigand est exactement semblable au nôtre.

Le brigand avait une grande foi. Jésus était condamné par la puissance civile, abandonné des siens, rejeté du monde, traité comme un malfaiteur. Rien en lui ne pouvait faire reconnaitre le Fils de Dieu. Extérieurement, rien ne devait faire croire en lui ; il était même plus bas que le malfaiteur qui osait l’outrager, parce qu’il s’était dit le Christ, le Fils de Dieu. Toute l’inimitié, toute la haine du coeur charnel était déchaînée contre lui. Et cependant, c’est alors que le brigand l’appelle son Seigneur, et voit en lui le Christ.

Les incrédules peuvent tolérer toutes les idoles, toutes les religions fausses, ils prétendent pouvoir honorer une procession qui passe dans les rues ; on admet tout dans le monde, excepté de prêcher publiquement Christ. Toutes les fois que Satan voit les droits de Christ proclamés ici-bas, il s’en irrite. Même un brigand outrage Jésus qui le supporte sans ouvrir la bouche, se mettant ainsi au-dessous de celui qui l’injurie.

«Ne crains-tu point Dieu ?» dit à son compagnon le brigand dont le coeur est touché. Sa conscience le place en la présence de Dieu ; c’est là le commencement de la sagesse. C’est la foi, reconnaissant Dieu dans ses droits. La philosophie, l’intelligence, jugent Dieu selon leurs pensées, mais du moment que la conscience agit, l’homme prend sa place devant Dieu et se soumet. Toutes les plus belles idées qu’on peut avoir de Dieu ne changent point, comme telles, nos relations avec lui ; la conscience n’en est pas atteinte. Ce n’est qu’en se présentant à Dieu comme pécheur que l’homme se soumet à Dieu. Quand nous voyons dans les souffrances, dans la mort, tous les effets du péché, nous comprenons que nous avons été chassés du paradis par le péché.

On n’a pas de sentiment profond sans en parler ; la religion qu’on garde pour soi est bien faible. Le commencement de la conversion du brigand est de craindre Dieu. Il censure fortement son compagnon. La présence de Dieu avait changé l’état moral et la dureté de son coeur. Cette présence devient pour lui la circonstance dominante. Le péché n’est plus ce qui nuit à notre réputation, mais ce qui offense Dieu justement. Cet homme ne tient plus au jugement de l’homme, il songe à celui de Dieu. Quand la conscience est éveillée, la pensée dominante est la crainte de Dieu ; l’âme est toute préoccupée de Dieu et de son état devant lui. L’homme introduit dans la présence de Dieu, se juge comme Dieu le juge ; tandis que l’homme naturel essaye d’éviter de penser à Dieu, cherche à s’étourdir pour se persuader que Dieu ne pense pas à lui. Mais Dieu ne nous oublie pas, et nous n’en avons pas de plus grande preuve que notre malaise dès que nous pensons avoir à faire avec lui.

La conviction de la justice de notre condamnation suit le réveil de la conscience. C’est là la franchise chrétienne, c’est la vérité dans le coeur. Le jugement de Dieu ayant pénétré dans le coeur, celui-ci se juge justement. «Et pour nous, dit-il, nous y sommes justement». Il ne cache pas son péché et ne perd pas son âme pour garder sa réputation, comme, hélas ! bien des gens le font. Il connaît Dieu et se connaît lui-même, ce que les hommes les plus savants ne peuvent faire, s’ils ne sont pas, comme lui, réveillés par la présence de Dieu.

Jésus était là, crucifié parce qu’il était juste, parce qu’il n’avait rien fait qui ne se dût faire. C’est ce que les Juifs n’avaient pas vu, ce que les disciples n’avaient pas compris ; le brigand le reconnaît. Il a la lumière du Saint-Esprit, l’intelligence éclairée pour connaître le Seigneur Jésus comme homme. Il le voit outragé, humilié, ne se vengeant d’aucune insulte, et son coeur est touché. Il prend le parti de jésus, témoigne en sa faveur ; il l’aime. C’est le même mobile qui pousse aussi les chrétiens à se mettre du côté de Jésus contre ceux qui l’outragent. Le brigand voit la gloire et la perfection de Christ.

Il dit aussi : «Souviens-toi de moi, Seigneur, quand tu viendras dans ton royaume. «Quand l’appelle-t-il Seigneur ? Ce n’est pas au milieu d’un monde tranquille, au milieu d’enfants de Dieu, où si souvent même on a honte de le nommer. Ici Jésus, condamné par les puissances ecclésiastiques et civiles, est proclamé Seigneur par un pauvre brigand, avec une simplicité de foi et une conscience parfaites. Cet homme attend son règne, quoiqu’il ne le voie que sur la croix. Il a compris la gloire à venir du Seigneur ; son coeur et ses affections sont à lui. Il oublie ses souffrances corporelles, il ne songe qu’au Seigneur, il le confesse ; il a la force de reprendre son compagnon.

Crainte de Dieu, connaissance de soi-même, connaissance de Jésus, foi en lui et foi en son règne, oubli de soi, désir d’avoir part et jouissance avec lui... cette foi nous fait honte. Pas un de nous n’en a une pareille, aussi vive, aussi efficace. Tels sont les grands traits de la conversion.

La réponse du Seigneur vient au-devant de la confiance et des espérances de cet homme. Comment le brigand qui se disait justement condamné par les hommes, peut-il dire à Jésus de se souvenir de lui ? C’est qu’il y a en Christ quelque chose qui touche le coeur. Il a pris sur lui notre condamnation. La certitude de l’amour de Dieu et la vue de Jésus portant notre condamnation, mettent le coeur au large. Cela produit la confiance et nous fait dire : Seigneur, souviens-toi de moi ! Si tous nos péchés n’étaient pas déjà ôtés de devant Dieu, il faudrait qu’ils fussent produits au grand jour du jugement. La confiance du brigand était fondée ; un moment avait effacé tous ses péchés.

«Aujourd’hui, tu seras avec moi dans le paradis». Ce brigand a été le seul compagnon de Jésus pour passer de la croix dans le paradis. Jésus a pris place avec lui dans la condamnation, lui, entre avec Jésus dans le troisième ciel, et partagera bientôt sa gloire. Son péché a été entièrement effacé ; il a été rendu pur aux yeux de Dieu par l’oeuvre de Christ. Il faut cela pour avoir une vraie paix. C’est parce que notre péché a été placé entièrement devant Dieu et que Jésus l’a confessé et porté, que nous sommes dans la lumière, dans la paix et dans la confiance devant Dieu.

Le brigand était rendu digne d’être «aujourd’hui» dans le paradis. Si nous croyons, la même grâce nous est faite. Nous pouvons être aujourd’hui pleinement en paix, si nous croyons Dieu sur parole, quand il nous dit que le sang de Jésus-Christ, son Fils, nous purifie de tout péché.

Jésus dit au brigand : «Avec moi». C’est la seule consolation apparente que Jésus ait dans ce montent-là. Pendant qu’il était sur la croix, il a pu voir dans le brigand le résultat de la croix.

 

 

 

26         Méditations de J. N. Darby    Luc  23:33-44

n°111 : ME 1897 p. 234

Il est bon d’avoir de la bouche du Seigneur lui-même le témoignage que le brigand reçut sur la croix : «Aujourd’hui tu seras avec moi dans le paradis». L’espérance du malfaiteur n’allait pas jusque-là ; la grâce de Dieu va toujours au delà de nos pensées. Nous avons tellement l’habitude de juger cette grâce selon nos propres coeurs, que nous n’avons qu’une très faible idée de son étendue. Tout se concentre dans cette scène, la certitude du salut, l’iniquité du coeur de l’homme, l’oeuvre de Christ dans le coeur.

Le monde prenait plaisir à mettre Jésus aussi bas que possible. Sa bonté et ses miséricordes ayant attiré l’attention des Juifs, étaient devenues l’occasion de le rendre à leurs yeux aussi méprisable que possible ; jusqu’à le mettre au rang des malfaiteurs. Sa prétention d’être le Fils de Dieu lui attire aussi leurs insultes. Ils ne pouvaient nier que ce Jésus eût sauvé les autres, mais le coeur naturel hait l’Évangile, et quand ils voient Jésus sur la croix, tout en reconnaissant qu’il avait sauvé d’autres personnes, ils se moquent de lui, parce qu’il ne se sauvait pas lui-même. Le monde cherche toujours ici-bas l’apparence de succès. Si l’on veut être chrétien, il faut prendre son parti d’être méprisé par lui. Jésus a été le saint et fidèle témoin ; voilà pourquoi il a été placé plus bas qu’aucun autre, lui, l’élu de Dieu. «Saints et fidèles», ce sont aussi les deux noms donnés à chaque chrétien ; en les portant, nous partagerons la place de Christ. Même l’un des malfaiteurs saisit cette occasion pour se moquer de lui. Les plus méprisables d’entre les hommes et que les gens du monde fouleraient aux pieds, placent encore Jésus assez bas pour faire de lui l’objet de leur mépris. Même un mourant pouvait mépriser le Seigneur Jésus. Voilà le coeur naturel de l’homme quand il est mis à nu par la croix de Christ.

Si le Fils de Dieu est méprisé du monde, c’est sur le chemin du paradis, mais il n’y veut pas entrer seul. Il a fait de la croix la porte du paradis, parce qu’il voulait y faire entrer d’autres hommes avec lui. Descendu du paradis, sa volonté l’a placé sur cette croix où les hommes l’ont cloué, mais où il a donné sa vie par amour, afin que les pécheurs y trouvassent le salut et pussent rentrer dans le paradis avec lui.

Les gens du monde pensent que ce sont les justes qui y entrent, mais si les justes y étaient entrés, cela aurait-il donné aucune joie au coeur de Jésus ? Ce qui a rafraîchi son coeur, c’est d’avoir pu dire au brigand : «Tu y entreras avec moi». S’il a consolé le coeur du brigand, il s’est consolé lui-même en disant : «Avec moi», car il n’était pas venu sauver des justes, mais des pécheurs. Le brigand n’aurait pu y entrer, ni y être chez lui à son aise, si Jésus n’y avait pas été avec lui. C’est un pauvre malfaiteur qui est la consolation et le salaire de l’âme de Jésus sur la croix.

On entend dire que sur la croix il y avait un brigand sauvé, afin que nul ne désespère, et qu’il n’y en avait qu’un, afin que nul n’ait de présomption. Mais personne ne peut être sauvé autrement que le brigand, et aucun de ceux qui m’écoutent ce soir, n’a manifesté autant de foi et de piété que ce malfaiteur. Il ne cherche aucun autre soulagement que d’être avec Jésus dans son royaume. Il est préoccupé de ses péchés, de la grâce de Jésus, du bonheur d’être avec lui, et nullement de ses souffrances. Le brigand incrédule dit : «Sauve-toi toi-même, et nous aussi». Il ne pense qu’aux circonstances actuelles de sa misère sur la croix et ne voudrait qu’en être ôté. Son compagnon le censure fortement. Il faut que la conscience soit réveillée pour censurer le péché, pour parler avec hardiesse à un pécheur du péché que nous avons commis nous-mêmes. Bien plus, il faut pour cela une conscience nettoyée. Pierre a renié le Sauveur ; plus tard, il accuse les Juifs de ce péché qu’il avait commis lui-même et dans des circonstances plus honteuses (Actes 3). Il dit à voix haute devant tout le peuple : «Vous avez renié le Saint et le Juste». Pour censurer ainsi le péché quand on est pécheur soi-même, il faut une conscience purifiée. Quand on se croit juste, il n’est pas difficile de censurer le péché, mais le brigand converti se reconnaît aussi coupable que l’autre ; il a déjà le commencement de la sagesse, savoir la crainte de Dieu. Avec cette crainte, l’opinion des hommes devient peu de chose ; la crainte de Dieu remplace la crainte de l’homme et nous affranchit de l’estime du monde et de la bonne réputation, car il n’y a pas d’esclavage plus triste que celui de sa propre réputation.

«Nous y sommes justement». Lorsque quelque châtiment tombe sur nous, nous nous excusons, nous accusons les circonstances ; le brigand reconnaît que la honte et le châtiment terrible qui est tombé sur lui, lui sont arrivés justement. Y a-t-il dans nos coeurs autant de grâce, de vérité, de crainte de Dieu, de jugement de nous-mêmes ? Le brigand a la vérité dans la conscience et de plus la soumission du coeur.  Être manifesté devant tout le monde comme un malfaiteur, n’est pas facile à supporter. Un coeur réellement brisé peut seul montrer en cela une grande soumission. «Celui-ci n’a rien fait qui ne se dût faire». Dans la cour du souverain sacrificateur, Pierre n’avait pas osé le dire. Les disciples qui se sont tous enfuis n’avaient pas osé le dire. Comment le brigand le savait-il ? Avait-il été son compagnon ? Non, mais il y a une connaissance qui vient du Saint-Esprit et qui, par un trait de lumière dans l’âme, nous fait connaître le caractère et la vie de Jésus. Il voyait qu’étant né de Dieu, Jésus était sans péché ; il était bon juge de cela, parce qu’il y a dans le coeur une certitude, une clarté de vue, une clarté morale, du moment que Dieu nous enseigne. Quand le Saint-Esprit nous enseigne et que la conscience est éveillée, Jésus se fait connaître et se justifie à nos âmes. Si le brigand avait comparé Jésus avec d’autres, avec le souverain sacrificateur, par exemple, il n’aurait pas pu le juger. Nous ne pouvons pas juger la Parole ; c’est la Parole qui nous juge ; nous sommes jugés par la perfection, par la lumière, par Christ, en un mot, et l’on n’a pas besoin de nous dire que la lumière est la lumière, quand nous la possédons. Du moment que nous avons la Parole ; nous sommes aveugles si nous ne pouvons pas dire : «Celui-ci n’a fait aucun mal». On ne peut nous persuader que nous ne voyons pas, quand nous voyons. Quand Dieu nous a donné des yeux et la lumière, il y a pour nous une parfaite certitude.

«Seigneur..». Comment savait-il que Jésus est le Seigneur ? Le souverain sacrificateur ne le savait pas, mais le brigand le reconnaît comme tel. Le Seigneur sur la croix, cela jette du jour sur tout ce que vous êtes ; cela ne s’explique que par l’amour parfait de Dieu envers l’homme pécheur, Pourquoi le Seigneur sur la croix, si le monde marche comme il doit marcher ? Il y a donc là quelque grand désordre. Le Seigneur sur la croix taxe de mensonge tout ce qu’invente la sagesse du monde -mais aussi il annonce la vérité que Dieu est amour, même pour les pécheurs. C’est un grand fait dans lequel je trouve l’amour immense de Dieu qui s’occupe du péché.

«Souviens-toi de moi». Les affections du brigand sont entièrement changées ; il oublie sa misère et ne désire qu’une chose, que Jésus se souvienne de lui dans la gloire. Il reconnaît en Jésus, le Seigneur qui doit revenir en gloire. Désirer que Jésus se souvienne de moi, implique la confiance en lui. La conscience avait parlé auparavant, mais, quand elle se trouve en présence de l’amour infini de Dieu, elle n’est pas troublée par le péché ; l’âme prend confiance et prie Jésus de se souvenir d’elle. Jésus avait pris possession du coeur du brigand, car il pouvait dire : Le Seigneur est à côté de moi ; le péché m’a mis sur la croix ; l’amour y a placé Jésus. Le brigand a confiance qu’il sera l’objet de l’amour de Jésus quand il reviendra. Si le coeur n’est pas brisé et si l’on n’a pas de conscience de péché, on cherche des agréments, une meilleure situation dans le monde, mais quand on est jugé devant Dieu, toutes ces choses s’effacent. Il y a une manifestation d’amour assez grande pour que le coeur, saisi par l’amour de Dieu, sorte de ses préoccupations. C’est quand vous vous verrez décidément coupables devant Dieu, que vous souhaiterez d’être les objets de l’amour de Jésus.

La réponse de Jésus met le sceau à tout ce travail de l’Esprit de Dieu ; elle montre que l’oeuvre de Christ est tellement parfaite que le brigand peut, par la foi au Seigneur Jésus, entrer aujourd’hui même dans le paradis. Le brigand n’attendait rien avant la venue du Seigneur dans son royaume, mais il apprend qu’il est accepté selon l’acceptation complète de Christ, qui, après s’être mis sur le même rang qu’un brigand, est entré dans le paradis selon l’acceptation du Père.

Jésus dit : «Avec moi». C’est bien plus, quant à la jouissance, que d’être simplement dans le paradis. Jésus a acquis des droits pour lui-même. Il nous a obtenu d’être avec lui, d’avoir la même vie, la même gloire, tout ce qu’il a acquis comme homme. Telle est l’efficace de la croix de Christ !

Quand nous avons saisi la vérité que Christ est mort pour des pécheurs, notre âme est en état d’entrer dans le paradis. Il est possible qu’on ne déloge pas de suite, qu’on ait un chemin difficile à traverser, mais, par l’efficace du sang de Christ, le pécheur a le même droit que Jésus et le brigand, d’entrer dans le paradis. Nous sommes tout autant purifiés du péché que cet homme, en la présence de Dieu. Il n’y a pas deux Christ, ni deux efficaces de son sang.

Nous avons vu, dans ce passage, le coeur de l’homme qui méprise tout, même s’il est un brigand crucifié — l’oeuvre qui s’accomplit dans le coeur — la certitude parfaite que donne l’oeuvre de Jésus : «Aujourd’hui tu seras avec moi !»

Bien-aimés, que la crainte de Dieu remplace dans vos coeurs la crainte de l’homme, et que Jésus soit votre lumière, votre salut et votre joie !

 

 

 

27         Méditations de J. N. Darby    Luc  24:36-53 : Jésus et les siens après sa Résurrection

n°278 (ex 273) : ME 1965 p. 182

Le Seigneur nous présente dans ces versets ce qu’Il est pour nous maintenant qu’Il a quitté ce monde, et les relations actuelles des croyants avec Lui. Si une personne aimée nous quitte, le souvenir de son affection pour nous nous reste ; eh bien ! ici, la dernière pensée du coeur de Jésus après sa résurrection, c’est de nous bénir.

Quel message que celui que le Seigneur a envoyé dans ce monde par les disciples ! Il ne se montre plus au monde lui-même, et les croyants sont, par son oeuvre, retirés du présent siècle mauvais. La mort du Seigneur a mis fin à toute relation entre Lui et le monde. Ce n’est pas que la patience de Dieu ait manqué jamais : Dieu a travaillé, pris de la peine, «se levant de bonne heure», comme il l’exprime par le prophète Jérémie (chap. 7), envoyant des serviteurs et enfin l’Héritier. Et maintenant Dieu sauve des âmes en présentant l’évangile. C’est une chose solennelle de penser que, dès que l’homme a été chassé du paradis, dès que le péché est entré dans le monde, Dieu a commencé à s’occuper de l’homme. Il a fait tout ce qu’il était possible de faire pour ramener l’homme à Lui. Et quand Dieu est venu en Christ, l’homme l’a rejeté hors du monde. Le déluge, la loi, les prophètes, enfin l’envoi de son Fils, Dieu a tout essayé envers l’homme. Après la désobéissance d’Adam, Dieu lui dit : «Où es-tu ?» Il était dans le péché. Et à Caïn, après son crime, Dieu demande : «Où est ton frère ?»

C’est, pour ainsi dire, la même question qu’Il pose par son évangile : Où est mon Fils ? — Sans doute, le sang de Jésus crie de meilleures choses qu’Abel. Mais je parle ici, non pas de ce que Dieu a fait par ce moyen, mais de ce que l’homme a fait, de ce que le monde a fait : «Celui-ci est l’héritier, tuons-le». Voilà ce que le monde a fait, comme Caïn qui est précisément à l’origine de ce monde tel que nous le voyons, puisque c’est sa descendance qui y a introduit les arts, les agréments. L’homme s’étourdit, il cherche le bonheur loin de Dieu. Il prend son parti de se passer de Dieu, et d’être aussi heureux que possible sans Dieu, le Fils étant rejeté. Le Sauveur avait toute la puissance nécessaire pour délivrer l’homme ; toute opposition disparaissait devant un seul mot de Jésus. Il était Dieu, mais le monde ne voulait pas de Lui. Il avait toute la puissance nécessaire pour chasser les démons, mais les hommes l’ont prié de s’en aller de leur pays (Matt. 8). Cela montre l’état de l’homme au sein de son péché : il ne voulait pas de Dieu. C’est encore le cas maintenant. Les hommes ne peuvent plus tuer Jésus, mais le coeur ne veut pas de Lui. Au milieu des plaisirs soi-disant innocents, essayez de prononcer le nom de Jésus, on aura vite fait de vous dire : Ce n’est pas le moment. Ce n’est jamais le moment ! La rupture est accomplie de la part de l’homme avant qu’elle le soit de la part de Dieu. Ce n’est que lorsque l’homme a rejeté Christ que le jugement a été prononcé. «Vous me rejetez, vous ne me verrez plus» : voilà la position du Seigneur à l’égard du monde. Mais cela n’a pas arrêté l’amour de Dieu. Si Dieu ne veut agir que d’après l’état de l’homme, il n’y a pour ce dernier que jugement ; Dieu ne peut que condamner.

On ne peut pas non plus parler de degré dans le péché. L’enfant prodigue n’en fut pas réduit tout de suite à manger les gousses des pourceaux ; mais en quittant la maison de son père il était déjà dans la désobéissance. C’est une folie de faire une différence entre des péchés. Supposons que l’un ait commis cent péchés, un autre cent un, ou cent deux, etc... Comment faire une différence entre eux ? Tout le monde a abandonné Dieu. Si je trouve dans mon verger deux sauvageons, je ne tiens pas compte que l’un ait produit cent pommes et l’autre deux cents ; je dis : il faut les couper tous les deux. Vous avez commis le mal parce que vous l’aimiez, et moi aussi parce que je l’aime. Et on ne veut pas de Christ ! Dieu voit tout et pèse tout à la balance du sanctuaire : il ne peut abaisser l’idée du bien et du mal au niveau de l’habitude des pécheurs. Vous ne recevriez pas chez vous telle ou telle personne dans le désordre et la malpropreté : et il faudrait que Dieu reçoive des pécheurs dans sa maison, pour que l’homme soit heureux ! Dieu est bon, mais Il ne l’est pas de cette manière. Quand on dit communément : Dieu est bon, cela veut dire : Dieu sera indifférent à l’égard du péché, et on en profite pour faire le mal.

Il y avait chez les disciples toutes sortes de faiblesses, de misères : l’un avait renié le Seigneur, les autres l’avaient abandonné. Au verset 37 nous lisons : «Et eux, tout effrayés et remplis de crainte, croyaient voir un esprit...». Tout ce qui vient de l’autre monde, tout ce qui le rappelle, effraye l’homme dans ce monde-ci. Quand le voile est déchiré, même d’une manière fausse et superstitieuse, voilà l’homme dans la terreur. Quel état épouvantable ! Ce n’est pas l’état d’un chrétien. Jésus a été dans la mort et Il en est revenu.

L’homme ne peut supporter l’idée de mourir comme une bête ; il a peur, et cela ne le console pas. Vous dites peut-être : j’espère... Mais alors vous pensez entrer dans le ciel avec vos péchés, et Adam a été chassé pour un péché !

Eh bien ! quelqu’un a passé par la mort. Je trouve dans l’évangile que Jésus avait été au milieu de ses disciples ; je viens à Lui : Il a les paroles de la vie éternelle ! Et je suppose que vous avez fait de même...

Comment Jésus avait-Il été avec les siens ?

Toujours plein de bonté. Il ne reproche rien à Pierre. Il est bon et doux en accueillant les pécheurs ; aucun misérable n’est repoussé. Après qu’Il eût fait cela, le monde le rejeta, et ses disciples l’abandonnèrent. Ce Jésus maintenant dans le ciel est le même. Vous avez vu en Jésus celui qui, sur la terre, pardonnait, guérissait, supportait tout : Il n’a pas changé, Il est le même maintenant. Il dit ici à ses disciples : «Voyez mes mains et mes pieds, que c’est moi-même». Le besoin du coeur de Jésus est de montrer sa bonté : me voici, regardez-moi bien, touchez-moi. Quelle bonté ! Il voulait les persuader qu’Il était le même ; Il se donne toute la peine possible pour montrer ce qu’Il est : «Et comme, de joie, ils ne croyaient pas encore et s’étonnaient, il leur dit : Avez-vous ici quelque chose à manger ?» (v. 41). Quelle grâce ! Celui qui avait été abandonné, trahi, leur montre toute affection pour que leurs coeurs soient rassurés. Leurs faiblesses même ne leur avaient pas aliéné son coeur ; Il leur montre son amour au-dessus de toute faiblesse.

En entrant, Il leur dit une chose qu’Il n’avait jamais exprimée durant sa vie. Ce mot est un mot immense qui peut réveiller un besoin dans un coeur : c’est le mot, ou plutôt la chose à laquelle Dieu aime à rattacher son nom : le Dieu de paix. Jamais il ne s’appelle : le Dieu de joie ; la joie peut se perdre. La paix suppose que pas un vent ne saurait élever une vague dans mon coeur. Le Seigneur avait prophétisé à cet égard quand Il disait : «Je vous laisse la paix». Il dit bien ailleurs quelquefois : «Ne crains point». Mais ici Il introduit la paix. Mais peut-il y avoir la paix dans une âme loin de Dieu ? Non, vous n’aurez pas la paix si vous n’êtes pas réconciliés avec Dieu.

Pour la première fois, donc, Jésus leur dit : «Paix vous soit !» Croyez-vous qu’Il laissât Dieu de côté en leur disant cette parole, et qu’Il leur donnât une paix susceptible d’être troublée quand Dieu se montrerait ? Est-ce qu’Il les a trompés ? Jésus peut dire : Moi qui connais ce que c’est, je vous donne la paix. Ils avaient des péchés : mais Lui les avait portés en son corps sur le bois. Ils étaient assujettis à la mort : mais Lui y avait passé pour eux et avait rendu impuissant celui qui avait le pouvoir de la mort. Enfin, Jésus ayant subi le jugement de Dieu, son message est celui-ci : la paix soit avec vous ! Il était un Sauveur qui avait fait la paix. Si vous dites : Je suis perdu, je n’ai de ressource qu’en Jésus, Il vous dit : Je donne ce que j’ai, c’est la paix. Quant à tout ce qui peut troubler une âme, Jésus l’a subi, ôté. Croyez-vous qu’Il ait souffert sur la croix pour vous tromper ? Il parle d’une paix qu’Il a faite. Si vous n’avez pas la paix, c’est que vous ne croyez pas Jésus qui l’a faite et annoncée. Il donne la paix même pour nos circonstances. Est-ce que rien l’a empêché de nous aimer ? Voilà la paix pour le coeur.

Il dit, au verset 46 : «Il est ainsi écrit ; et ainsi il fallait que le Christ souffrît, et qu’Il ressuscitât d’entre les morts le troisième jour». Toute l’oeuvre était arrêtée dans les conseils de Dieu qui en sont le fondement profond ; tout était parfaitement réglé dans ces conseils.

Il fallait prêcher «en commençant par Jérusalem» : la grâce commençait là où il y avait des besoins.

Il fallait prêcher la repentance. Mais de quelle manière ? «En son nom». Que proclame le nom de Jésus ? Amour parfait de son côté ; en même temps, iniquité complète du côté de l’homme. La repentance rappelle tout ce que vous avez fait contre Jésus. Vous avez aimé le monde plus que Lui ; vous avez aimé plus que Lui une jolie parure. Considérez le Fils de Dieu agonisant. Qu’avez-vous appris dans votre coeur, sur lequel Il avait acquis tous les droits ? Lorsque Jésus est révélé, l’état du coeur se révèle tel, qu’il démontre que tout ce que Dieu a fait pour le gagner a été inutile. Le coeur a-t-il été gagné à Christ ? Non, et voilà pourquoi Dieu appelle à la repentance. Il ne s’agit pas seulement de vous reprocher tel ou tel péché ; non, mais enseigné de Dieu, je me joins à Lui pour reconnaître qu’il n’y a que péché en moi.

La seconde chose prêchée est la rémission de tout ce que vous avez découvert ainsi dans la repentance : la rémission des péchés, l’abolition du péché. Si vous sentez l’inimitié de la chair contre Dieu, tout est pardonné. — Ah ! direz-vous, j’en ai joui un peu hier, mais aujourd’hui... Eh bien ! Dieu dit qu’Il ne s’en souviendra plus. Est-ce que vous avez la rémission de vos péchés ? Est-ce que vous le croyez, étant fondés sur le sang de Jésus ? Voilà comment la paix est stable.

Une autre vérité se lie à celle-là. Dieu ne vous donnera pas la force contre le péché avant que vous ayez la rémission de vos péchés. Il faut que vous acceptiez la grâce de celui qui justifie l’impie.

Au v. 49 nous lisons : «Mais vous, demeurez dans la ville, jusqu’à ce que vous soyez revêtus de puissance d’en haut». Maintenant voici la force. C’est lorsque nous sommes en Christ que nous avons la force. Après que nous avons cru nous sommes scellés du Saint Esprit.

En résumé, nous trouvons dans ce passage les pensées suivantes :

- Christ se donnant une peine infinie pour se faire reconnaître de ses disciples ;

- Christ révélant au coeur notre inimitié contre Dieu et contre Lui-même ;

- la rémission des péchés en son nom ;

- la force qui est en Lui ;

- enfin, Jésus levant ses mains en haut pour nous bénir.

Croyez-vous qu’Il puisse vous tromper quand Il dit : Paix ?

Croyez-vous qu’Il cesse de veiller ?

Qu’Il vous donne de ne pas être trompés par ce pauvre monde et qu’Il vous donne tout ce qu’il faut pour le glorifier Lui !