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Méditations  de  J. N. Darby

 

 

 

1     Méditations de J. N. Darby    Matthieu  3:11  à  6:11

2     Méditations de J. N. Darby    Matthieu  3:13  à  4:11

3     Méditations de J. N. Darby    Matthieu  11

4     Méditations de J. N. Darby    Matthieu  13

5     Méditations de J. N. Darby    Matthieu  13

6     Méditations de J. N. Darby    Matthieu  13:44-58

7     Méditations de J. N. Darby    Matthieu 15    La Religion de l’Homme, le Coeur de l’Homme et le Coeur de Dieu

8     Méditations de J. N. Darby    Matthieu  22:1-14

 

 

 

1              Méditations de J. N. Darby    Matthieu  3:11  à  6:11

n°167 : ME 1908 p. 434

J’ai lu ces versets avec le désir de faire ressortir la relation qui existe entre la joie de la foi et la vie de la foi. On y voit comment ces deux choses se lient. Jésus y est déclaré Fils bien-aimé du Père, et, du moment qu’il en a reçu le témoignage, il est engagé dans le combat avec l’ennemi. Il est précieux d’avoir ici Jésus, non seulement pour Sauveur, mais pour exemple. C’est un de nos privilèges d’être ainsi rapprochés de ce qu’il était lui-même. Il désire, non seulement que nous ayons sa joie accomplie en nous, mais que nous le suivions.

Nous trouvons ici le commencement de sa vie publique avec ce qui faisait sa joie, le témoignage de l’amour du Père envers lui. Lorsqu’il dut prendre une place ouverte et publique dans ce monde, il reçut un témoignage connu de lui-même. Du même coup, il rencontra les tentations et le diable voulut le faire sortir du chemin d’obéissance où Dieu l’avait introduit. S’il n’avait pas eu, comme homme, la pleine assurance de sa position comme Fils de Dieu dans ce monde, il n’aurait pu nous servir de modèle, ni se montrer fidèle dans cette position, et il en est de même de nous.

Jésus commence par être manifesté comme Fils de Dieu, Il l’était à la fois dans sa nature et comme né du Saint-Esprit. Comme tel, il veut accomplir toute justice ; il s’identifie, pour cela, avec l’état de misère et de ruine où se trouve son peuple. Il prend la place inverse de celle qu’il veut nous donner. Il se soumet aux circonstances d’Israël en faisant ce qui était commandé à ce peuple ; il s’humilie. Celui au sujet duquel Jean-Baptiste avait dit qu’il n’était pas digne de délier la courroie de ses sandales, accomplit la justice en se plaçant dans les rangs du peuple vis-à-vis du prophète. C’est alors qu’il voit le ciel ouvert et le Saint-Esprit descendant sur lui. Il n’y a rien entre lui et le ciel : il voit. Il a une pleine certitude, lui que le Père a scellé, il entend sa voix, lui qui se soumet au baptême de Jean, comme s’il avait besoin de repentance. Nous avons ce même privilège : le Père nous aime comme il aime Jésus (Jean 17), mais nous avons cette position d’une manière tout autre que Lui ; nous avons part à sa justice en nous soumettant à la justice de Dieu, tandis que lui, identifié avec son peuple, l’avait de son plein droit. Mais il nous identifie avec Lui, et le Saint-Esprit rend témoignage avec notre esprit que nous sommes enfants de Dieu. Le Fils nous a déclaré le nom du Père, afin que l’amour dont le Père l’a aimé, soit en nous.

On trouve avec raison du danger dans un pareil privilège ; mais il n’y a pas une position du chrétien où il ne soit en danger. Affranchissement de la loi, liberté, sanctification, troisième ciel, il y a des dangers partout, de tous côtés, dans toutes les positions. Jésus a-t-il dû renoncer à sa position, à cette pleine certitude d’être Fils de Dieu, parce qu’il a été tenté ? S’il y avait renoncé, il aurait été sans force, mais il a tenu bon dans ce monde de péché, parce qu’il était Fils de Dieu. Si nous ne sommes pas enfants de Dieu, où serait notre force ? Mais nous devons être enfants de Dieu dans ce monde de péché, plein de tentations, et même de tentations que Satan prépare, précisément parce que nous sommes enfants de Dieu.

Jésus est conduit dans le désert pour être tenté. Et à propos de quoi ? À propos du témoignage qu’il est Fils de Dieu. «Si tu es Fils de Dieu». Il n’aurait pu accomplir ce qu’il avait à faire ici-bas, sans la parfaite certitude d’être Fils de Dieu. Si l’on perd la pleine conscience de l’amour de Dieu, comment tenir en face de l’ennemi, comment marcher en avant et maintenir sa position d’enfant en présence de la tentation ? Jésus descendait du trône de Dieu, et c’était pour lui une chose nouvelle que l’obéissance ; nous sortons d’un état de péché pour être obéissants.

Jésus jeûne ; il se soustrait à la nature de l’homme, pour se trouver aux prises avec Satan. Moïse, lui, se soustrait, par le jeûne, à cette nature, pour se présenter devant Dieu.

Satan engage le Sauveur à faire ce qui satisfait aux besoins de la nature, puis il lui présente les promesses de Dieu, puis les royaumes du monde, pour le faire sortir de son état d’humiliation, d’identification avec la condition du peuple. Il lui présente, avant le temps, la gloire qui lui appartient ; il met en avant les promesses faites au Messie, pour le faire sortir de sa position d’obéissance. Jésus lui répond par les passages du Deutéronome, où le peuple était déjà considéré comme ruiné.

Quand Satan se manifeste pleinement, le Seigneur a le droit de le renvoyer, mais, en commençant, l’ennemi ne se montre pas encore ouvertement ; il présente d’abord des choses subtiles, la faim, les promesses, puis il se dévoile. Alors Jésus le renvoie. Lorsque l’enfant de Dieu se tient près de Lui, il peut aussi renvoyer Satan, car il a l’avantage sur lui. Les tentations se présentent aussi à nous d’une manière subtile, mais l’enfant de Dieu sait discerner que telle n’est pas la position que Dieu lui a donnée, une position d’anéantissement total. Être rempli du Saint-Esprit, c’est être mort à soi-même, à sa volonté, c’est avoir annulé l’homme qui existait avant que le Saint-Esprit fût donné. Ne pas avoir une volonté, c’est l’anéantissement au sens moral. La seule chose que Jésus prenne dans ce cas, c’est la misère et l’affliction du peuple avec lequel il s’idenitifie.

Notre sagesse est de faire comme Lui, de nous anéantir. Mais nous n’avons pas à douter de notre qualité d’enfants de Dieu ; ce serait nous priver de toute force pour le service. Ce n’est que comme enfants de Dieu que nous pouvons nous anéantir, que nous en trouvons la capacité, et si nous n’en usons pas, notre marche sera la faiblesse même. Moïse tua l’Égyptien et fut obligé de fuir. Chez lui, l’énergie de la chair ne pouvait faire la volonté, ni accomplir l’oeuvre de Dieu.

Après avoir reçu témoignage, Jésus est exposé à la tentation ; sa sécurité est de garder sa position d’anéantissement. Le témoignage que nous avons d’être enfants de Dieu, nous délivre du moi et de la chair, mais nous sommes tenus à de la vigilance, afin de ne pas leur donner l’occasion d’agir ; à suivre notre modèle qui ne voulait rien faire sans la volonté de Dieu et voulait demeurer dans son anéantissement. Ayons le même sentiment que Lui ! Que nos coeurs s’arrêtent et considèrent Jésus tel qu’il était ici-bas. En faisant ainsi, nous trouverons la paix et la tranquillité de nos âmes, et la force où Lui la trouvait. Que Dieu nous enseigne à regarder à Lui. Nous ne trouverons pas la force en nous vantant d’être fils, mais en gardant notre position d’anéantissement.

 

 

2              Méditations de J. N. Darby    Matthieu  3:13  à  4:11

Juin 1850    n°207 : ME 1915 p. 394

Tout ce qui nous fait mieux connaître le Seigneur nous sanctifie, et en même temps nous rend heureux au milieu de ce pauvre monde où nous rencontrons tant de chagrins, de difficultés et de pièges ; où toute habitude, même religieuse, devient un piège, car ce qu’on fait par habitude, on finit par le faire machinalement, et le coeur s’éloigne peu à peu de la source de la vie et de la dépendance de Dieu.

La tendance de tout ce qui nous entoure dans le monde, c’est de nous éloigner de Dieu, de nous distraire ; il n’y a que le Saint Esprit qui puisse nous délivrer de cette tendance, et il le fait en nous communiquant les choses qui sont de Lui, non au moyen d’une connaissance qui enfle, mais par la révélation de Christ à l’âme, en sorte que celle-ci s’approprie le Seigneur et peut dire : «Je sais qui j’ai cru, et je suis persuadé qu’il a la puissance de garder ce que je lui ai confié». Alors on peut dire aussi : Je le connais, et je sais que, comparées à Lui, toutes choses sont comme des ordures.

C’est dans cette pensée, chers amis, que nous allons voir dans ces versets, ce qui nous est dit de ce précieux Sauveur et ce qu’il a fait dans son amour pour nous.

Il y a plusieurs choses à observer dans ces chapitres, et d’abord remarquons que Jean-Baptiste y annonce le jugement, et que l’effet de ce témoignage, pour ceux qui le reçoivent, est la repentance. Ils reconnaissent que le jugement leur est dû, et se tournent vers Dieu.

«Déjà», leur disait Jean, «la cognée est mise à la racine des arbres ; tout arbre donc qui ne produit pas de bon fruit, est coupé et jeté au feu». En présence de cette menace, plusieurs gens de mauvaise vie se retournèrent vers Dieu ; le seul moyen, pour l’homme, de produire de bon fruit, c’est de reconnaître qu’il est méchant ; la première manifestation du bien dans l’homme, c’est la conscience qu’il est mauvais. La mission de Jean-Baptiste, annonçant que la cognée ferait son oeuvre là où il n’y avait pas de bon fruit, était le ministère de la repentance. Or, aussitôt qu’il y avait un pas à faire dans le chemin de la foi, Jésus s’identifiait avec les siens. Il n’y a pas un seul mouvement de nos coeurs pour Lui sans que Jésus y réponde aussitôt et ne vienne au-devant de nous. On pouvait dire : Il n’y a que les méchants qui se rendent à ce baptême ! Eh bien, dit Jésus, j’y vais. Du commencement à la fin, il nous accompagne, et nous n’avons pas un pas, pas un sacrifice à faire, pas un opprobre à porter, qu’il ne soit là avec nous, car c’est son opprobre. S’agit-il de la souffrance attachée au service, nous sommes heureux de pouvoir dire avec Paul : «J’accomplis dans ma chair ce qui reste encore à souffrir des afflictions du Christ pour son corps qui est l’Assemblée».

La première chose donc que nous remarquons dans les versets que nous avons lus, c’est la condescendance de Jésus qui nous suit partout, en sorte que nous ne pouvons jamais être dans les difficultés, dans les douleurs, dans les opprobres, sans pouvoir dire : Il y est. Il s’est même abaissé jusqu’à recevoir le baptême de la repentance pour être partout avec son peuple. Il est évident que Lui, Jésus, n’avait pas besoin de ce baptême, ainsi que le Saint Esprit le fait constater par Jean : «Moi, j’ai besoin d’être baptisé par toi, et toi, tu viens à moi !» Mais Jésus répond : «Il nous est convenable d’accomplir toute justice». Pour Lui, ce baptême était la perfection de la justice, car l’amour et l’obéissance envers son Père s’y manifestaient. Cet amour et cette obéissance l’ont amené où nos péchés nous avaient amenés. Il accomplissait la justice, là où nous confessions le péché. C’est ainsi qu’on se rencontre toujours avec Jésus, lorsqu’on reconnaît comme sien le mal qu’il a pris sur Lui, et que l’âme se place dans la position que Lui a prise en grâce pour nous. Il est descendu là avec son peuple, et c’est alors que le ciel s’est ouvert sur Lui, et que le Père s’est adressé à Lui comme homme, en disant : «Celui-ci est mon Fils bien-aimé». Il s’est abaissé comme Fils de l’homme jusqu’à la position où l’homme doit se placer, et c’est sa perfection aux yeux de Dieu et de la foi. Ce n’était ici que le commencement de sa carrière, il est vrai, mais ce principe s’étend jusqu’à la croix où il a tout accompli.

«Et Jésus, ayant été baptisé, monta aussitôt, s’éloignant de l’eau ; et voici, les cieux lui furent ouverts, et il (Jésus) vit l’Esprit de Dieu descendant comme une colombe, et venant sur Lui. Et voici une voix qui venait des cieux, disant : Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j’ai trouvé mon plaisir». Nous voyons ici Christ, ayant accompli la justice, recevoir le témoignage de Dieu. Le ciel s’ouvre sur Lui dans ce monde, et le Saint Esprit descend sur Lui. Il est doux de penser qu’il y avait là sur la terre, une personne que le Père pouvait reconnaître comme possédant toute son affection — et de savoir que ce Jésus est avec nous, et qu’il a reçu ce témoignage en venant s’associer avec ceux qui croient. En s’ouvrant sur Lui, le ciel s’est ouvert sur nous, car maintenant nous avons été scellés et oints du Saint Esprit ; placés dans la même position que Lui ; nous sommes pleinement acceptés et établis en la présence de Dieu, non seulement comme étant pardonnés, mais comme introduits dans la joie d’une relation d’amour. Jésus avait la joie d’accomplir la volonté de son Père et celle de recevoir le témoignage de Dieu, et nous aussi, nous possédons cette même joie.

Je désire que nous saisissions bien cela, et que nous sachions que, comme Jésus a reçu le témoignage de l’amour du Père, nous aussi nous l’avons reçu, afin que, selon le désir de son coeur, sa joie soit en nous et qu’elle y soit accomplie. La réaIité de ces choses a-t-elle empêché les difficultés sur son chemin ? Nullement, et il en est de même pour nous. Aussitôt après cette scène, nous le voyons tenté par Satan. L’ennemi cherche aussi à nous soustraire à l’efficace du témoignage de Dieu et à nous détourner, même par des choses innocentes en elles-mêmes, telles que satisfaire notre faim, de faire la volonté parfaite de Dieu. Mais ces choses innocentes, quand elles ne sont pas la volonté de Dieu, sont le péché. C’était comme si Satan avait dit à Jésus : Le ciel t’est ouvert ! Eh bien ! fais maintenant quelque chose pour toi ; peu importe quoi. Les privilèges que nous recevons de Dieu nous introduisent, nous aussi, dans la lutte. Dieu nous place dans une position de bénédiction spirituelle, comme il nous avait placés auparavant, comme créatures, dans une position de bénédiction naturelle, et c’est de cette position-là que Satan travaille à nous faire descendre. Les mauvais anges ont abandonné leur premier état, le premier Adam en a fait autant. Satan cherche à nous priver, nous aussi, de notre état de joie spirituelle et des rapports immédiats avec Dieu dont nous sommes appelés à jouir. Il cherche à empêcher le témoignage de Dieu de retentir dans nos coeurs. C’est tout autre chose d’entendre le Père nous dire : Tu es mon cher enfant, que de savoir seulement que nous sommes enfants. Il y a une joie profonde dans ce témoignage de l’amour et, pour en jouir, le chrétien doit se mettre en garde contre les attaques de Satan qui cherche à l’en priver, et qui fait ce qu’il peut pour l’empêcher de marcher dans la puissance de l’Esprit Saint.

Il est de toute importance pour les enfants de Dieu de se garder eux-mêmes, en sorte que le malin ne les touche point. Quand une femme faible est seule dans sa maison et qu’un voleur est dehors, qu’importe sa faiblesse, si la porte est solide et bien fermée ; la femme n’a pas affaire avec le voleur, et celui-ci n’a affaire qu’à la porte. Si Christ est entre nous et l’ennemi, tout est paix et joie à l’intérieur.

Au chap. 7 des Actes, Étienne vit le ciel ouvert et Jésus assis à la droite de Dieu. C’était quelque chose de différent de ce qui est dit dans notre chapitre. Le ciel s’ouvrit sur Jésus, sur un homme parfaitement agréable à Dieu sur la terre ; dans les Actes, Étienne sur la terre voit au-dessus de lui le ciel, non pas qui s’ouvre, mais qui est ouvert. Christ étant monté en haut, en vertu de la justice qu’il a accomplie pour nous, le ciel est maintenant ouvert et reste ouvert à ceux qui sont devenus la justice de Dieu en Lui. Nous pouvons toujours, comme Étienne, voir par l’Esprit le ciel ouvert sur nous (je ne parle pas d’une vision), et nous n’avons qu’à rester en relation avec Celui qui s’y trouve. Christ a accompli toute justice, afin que, malgré tout, nous ayons la jouissance des choses célestes.

Soit qu’il s’agisse de Jésus s’humiliant jusqu’au baptême de la repentance, soit qu’il s’agisse de Lui, reconnu et glorifié par le Père, c’est toujours de Lui que le Saint-Esprit nous occupe. Il nous le montre nous accompagnant depuis le commencement jusqu’à la fin, et condescendant à s’associer à nous dans toutes nos circonstances, dans toutes nos difficultés. Qu’il s’agisse de la vie ou de la mort, Jésus est là, et nous pouvons dire que, pour nous, vivre c’est Christ et mourir un gain.

Christ est-il si présent à vos coeurs qu’il se trouve toujours plus près de vous que toute autre chose ? Peu importe ce que nous faisons dans la vie ordinaire, pourvu que nous le fassions avec Lui. Même en travaillant pour Lui, que pourrais-je faire de bien s’il ne remplit pas mon coeur ? S’il y est, toutes les attaques de Satan ne sont qu’un moyen de me faire remporter des victoires. Quand vous succombez aux tentations, dites-vous que Christ n’était pas l’objet le plus proche de votre coeur ; sans cela, vous auriez trouvé la puissance pour vaincre l’Ennemi. À celui qui a, il sera donné, s’il a Christ pour premier et seul objet de ses affections. Souvenons-nous toujours que, depuis le baptême de la repentance jusqu’à la gloire, il est avec nous, et que, comme dit l’apôtre, rien ne pourra jamais nous séparer de son amour.

Que Dieu nous donne de nous tenir continuellement tout près de Lui.

 

 

3              Méditations de J. N. Darby    Matthieu  11

n°58 : ME 1893 p. 391

Le Seigneur fait entendre ici la voix de Dieu dans le monde. Jean, comme précurseur, lui avait rendu témoignage. Il rend ensuite lui-même témoignage à Jean, mais, dit-il, le plus petit dans le royaume des cieux, le moindre des rachetés sous le nouveau régime, était plus grand que Jean-Baptiste, qui n’était pas appelé à avoir part ici-bas aux privilèges immenses apportés par l’oeuvre du Sauveur. Jean, plus près de Christ qu’aucun autre membre de l’ancienne alliance, prophétise de lui et est bien plus qu’un simple prophète. Mais, quoique le plus grand de ceux qui sont nés de femme, il est plus petit que le moindre enfant, né de Dieu, dans sa position ici-bas. Le Saint-Esprit n’avait pas encore été envoyé pour être le lien entre Christ glorifié et les siens. Cette présence du Saint-Esprit dans les fidèles, les met en relation avec le Père et les introduit dans la jouissance des choses célestes ; elle les rend ainsi plus grands que Jean Baptiste.

Le monde, en tant que monde, ne connaît pas ces privilèges et ne peut supporter de voir les enfants de Dieu affirmer qu’ils les possèdent. Mais la foi brise les barrières que le monde lui oppose : le royaume de Dieu est forcé. Sous la loi, il n’en pouvait être ainsi ; on appartenait au système juif par sa naissance. Aujourd’hui, il faut cette violence de la foi qui s’empare de nos privilèges en dépit du monde et, dans ce but, nous rend même ennemis de ceux de notre maison (Matt. 10:37).

Dieu avait employé tous les moyens à l’égard du monde ; les doux sons de la grâce, les appels à la repentance et les menaces (v. 16-17). Jean représente la seconde de ces choses. Séparé du monde, retiré dans le désert, il vient avec des airs lugubres, dans la voie de la justice, prêchant la repentance et annonçant les jugements. Jésus, Dieu lui-même, vient au contraire pour faire grâce, pour gagner à Dieu le coeur de l’homme ; il s’assied avec des publicains et des pécheurs ; il joue pour ainsi dire de la flûte à leurs oreilles. Jean et Jésus ont été rejetés. Tous les moyens dont Dieu disposait pour manifester sa justice ou sa grâce étaient épuisés. La grâce de Dieu envers les pécheurs était un scandale pour le monde.

Jésus, comme homme, a douloureusement senti sa réjection ; son âme s’est fondue au dedans de lui comme de la cire ; mais il se soumet (v. 25-26) ; il voit en cela ce qui est bon aux yeux du Père, le fruit de son amour, et il rend grâces. Les sages et les intelligents rejetaient le Seigneur ; c’était là sa souffrance ; et c’est ce dont il loue Dieu !

Mais le moment où il exprime sa soumission parfaite est pour Dieu l’occasion de déployer la grâce et la gloire de la personne de son Fils (v. 27) : «Toutes choses m’ont été livrées par mon Père». C’est aussi la bénédiction du chrétien quand le monde le méprise et le rejette ; il peut dire que tout lui a été donné en Christ et par Christ.

«Nul ne connaît le Fils, si ce n’est le Père» : l’union de l’humanité et de la divinité dans sa personne est inscrutable.

Jésus a fait l’expérience du monde : c’est un bourbier fangeux. Le monde ne peut consoler un pécheur ; le monde est fatigué de lui-même ; fatigué et chargé, sans la grâce. Jésus a fait l’expérience que le monde a méprisé les remèdes que l’amour de Dieu lui a présentés. Il sait que personne ne peut connaître le Père que celui à qui le Fils voudra le révéler. C’est par cette connaissance seulement qu’il donne le repos et la paix. C’est pourquoi il dit : «Venez à moi». Jésus introduit l’âme dans la connaissance et la jouissance de l’amour de Dieu. Il nous présente le Père comme il le connaît. Le Père aime le Fils et lui a livré toutes choses, mais il ne l’a point épargné pour nous. En nous présentant ainsi le Père, Christ nous donne le repos du coeur ; il nous place avec le Père dans la même relation où il se trouve lui-même.

Il n’y a pas de repos sans la certitude du salut et de l’amour du Père. Jésus nous donne cette certitude. Il nous a sauvés lui-même, et le Père nous a donné le Fils quand nous étions ses ennemis. Jésus nous donne le repos de la conscience, car il n’y a désormais plus rien à débattre entre Dieu et nous. Je n’ai point de repos, si j’ai à craindre de perdre ce que je possède. Dieu nous aime pour l’éternité.

Le repos se trouve aussi dans la soumission à la volonté de Dieu. «Prenez mon joug sur vous, et apprenez de moi, car je suis débonnaire et humble de coeur ; et vous trouverez le repos de vos âmes».

Jésus a voulu nous faire comprendre que l’amour de Dieu s’introduit dans toutes les circonstances de notre vie. Jésus est l’ami des pécheurs, à qui il offre la grâce. Christ était Dieu au milieu des pécheurs ; il les cherche ; je vois en lui ce que Dieu est pour eux, un Dieu qui pardonne tout, qui donne tout !

Cela fond le coeur, de comprendre cette grâce. Il n’y a pas de moment où nous connaissions Dieu davantage que lorsque nous avons vu sur la terre Dieu en Jésus, pardonnant aux pécheurs !

 

 

4              Méditations de J. N. Darby    Matthieu  13

20 mars 1842    n°101 : ME 1897 p. 15

On ne sème pas là où l’on va recueillir du fruit, ni là où l’on a déjà planté. Semer suppose que, selon la nature, le terrain qu’on ensemence n’aurait rien produit. Le coeur naturel n’est, par lui-même, capable d’aucun bien (Rom. 3:11-12). Jésus était venu chercher du fruit sur son figuier, les Juifs. Ceux-ci avaient des privilèges : les alliances, les oracles de Dieu, la loi, les prophètes ; et ces choses, les chrétiens de nom les possèdent aussi. Mais Jésus, n’ayant point trouvé de fruit sur son figuier, le maudit (Matth. 21). Il avait déjà prononcé la condamnation des Juifs en Matth. 12:38-45, et encore aux v. 47-50. Il ne s’agit plus maintenant des liens nationaux comme Juifs, ou naturels, comme descendance de David et d’Abraham. Dès lors il ne s’adresse plus à la nation d’une manière simple et claire, mais en paraboles (13:13) ; c’est pourquoi il sème à nouveau. Il ne trouve rien de bon, ni chez les Juifs, ni chez les gentils, mais un monde vide et désert où un semeur va semer de bon grain, parce qu’il n’y a rien là que de mauvaises herbes. Rien, dans le coeur de l’homme, ne peut fructifier pour Dieu ; il faut semer, pour qu’il y ait du fruit. C’est sur ce terrain-là que le Seigneur nous place tous, comme hommes naturels. Il a renoncé à chercher du fruit dans le coeur de l’homme ; il a porté sur lui un jugement définitif. L’orgueil seul peut s’imaginer le contraire.

La semence produit des effets variés, et le Seigneur présente ces effets sans parler ici de la doctrine. Une seule classe produit du fruit pour Dieu. Le Seigneur dit : «Qui a des oreilles pour entendre, qu’il entende» : il y va du salut de celui qui écoute. Dieu nous présente ici les difficultés, les dangers ; il sait très bien que nous sommes en la présence de Satan avec de mauvais coeurs et que le semeur, après tous ses soins, ne recueille du fruit que d’un seul terrain, sur quatre, car, à part le bon terrain, le coeur est, ou bien un chemin dur sur lequel tout le monde passe, ou un coeur léger qui rejette aussi légèrement qu’il a reçu, ou encore un coeur envahi par le monde.

Dans sa bonté, le Seigneur vient pour semer. Il trouve le coeur de l’homme sans une bonne pensée pour lui. Il en a fait la démonstration (Luc 13:34-35). Quand la loi eut été violée, les prophètes rejetés et maltraités, son témoignage à lui repoussé, Jésus recommence tout de nouveau et sème, car il lui faut la grâce. Il trouve des coeurs qui pullulent de mauvaises choses. Il y a des hommes aimables et qui ont de belles qualités, mais ils les dépensent pour eux-mêmes et pour le monde ; c’est un égoïsme plus subtil, où rien ne s’adresse à Dieu ; l’homme ne glorifie pas Dieu, et cela est d’autant plus mauvais. «Les hommes ont vu et haï et moi et mon Père» ; telle est l’amabilité de l’homme. Jésus n’a rien trouvé dans le monde qui fût aimable envers lui, et plus l’homme qui rejette Dieu se trouve heureux, plus son apostasie est grande. Voilà pourquoi le Père travaille jusqu’à maintenant et Jésus aussi. Dieu sème ; il rend témoignage à sa grâce, à sa bonté, et place nos coeurs sous la responsabilité de recevoir le témoignage de la grâce. Le Seigneur nous présente dans cette parabole ce qui empêche l’homme de le faire.

1° Le coeur est un chemin battu où tout ce qui est du monde passe. La politesse peut s’entretenir de tout, politique, commerce, commérages, mais non du Seigneur Jésus. Si la Parole vient, l’homme n’y comprend rien ; il lui suffit d’être juste et honnête ; Satan ravit tout le bon grain. Néanmoins le Seigneur a semé ; il a fait tout ce qu’il fallait ; il s’est approché de ceux qui n’osaient et ne pouvaient s’approcher de lui. Mais l’homme n’a pas besoin d’un Sauveur et de la grâce ; tout cela lui est incompréhensible. Il ne garde pas mieux la mémoire de la Parole ; il sort, cause avec le voisin et ne pense pas que Satan a arraché de sa mémoire tout ce qu’il a entendu. La chair, même dans l’enfant de Dieu, est exactement la même chose ; les coeurs des hommes sont un chemin battu.

2° Nous trouvons un autre cas, la légèreté. La Parole lève très vite, parce qu’elle n’entre pas profondément. On entend dire que Jésus reçoit le plus grand pécheur, et cela touche ; on voit Jésus rejeté et l’on en est ému, mais la conscience n’étant pas atteinte, on ne voit pas ce qu’il y a entre Dieu et nous ; on reçoit l’Évangile, non par la conscience, mais pour la joie, et quand l’Évangile ne donne pas de la joie, on y renonce. Pour ses enfants, Dieu a voulu qu’il y eût des difficultés tout le long du chemin, mais ces gens-là, si les difficultés surviennent, quittent l’Évangile. Lorsque la semence de l’Évangile entre profondément dans le sol, on connaît son propre coeur ; quand elle atteint la conscience, on voit tant de mal qu’on est honteux de soi-même. C’est ce qui arrive quand la Parole pénètre réellement, mais, dans ce cas, ce qu’elle produit n’est pas la joie. Il y a dans l’Évangile, nous l’avons dit, des choses qui attirent les affections naturelles, mais ces impressions ne durent pas. Les filles de Jérusalem pleuraient sur Jésus ; il leur dit : «Pleurez sur vous-mêmes». La joie qui résulte de la connaissance de son péché et de la grâce qui s’y applique est tout autre. Ici, c’est une joie qui ne connaît pas notre état de péché et de condamnation ; il n’y a point là de racine ; c’est pourquoi cela ne peut durer qu’un temps (v. 20, 21).

3° La Parole n’est pas oubliée, mais elle produit des effets contraires à notre attente. La Parole est reçue dans un coeur plein du monde ; on l’écoute, en un sens on la reçoit, mais les épines montent. On voit une âme altérée qui recherche les chrétiens, mais il faut renoncer à des plaisirs, à un commerce, à une soirée ; ces choses montent, envahissent, et la Parole disparaît ; il n’y a point de fruit. Ce que la parole de Dieu appelle des soucis, le monde l’appelle souvent des devoirs ; c’est ce que l’on voit au grand souper, en Luc 14. L’homme préfère ses boeufs, ses terres, sa famille, au souper. Il parle de ses devoirs ; cela signifie que son coeur est à telle ou telle chose et ne tient pas à être libre avec Jésus. Les prétendus devoirs font oublier le devoir envers Christ. Il y a aussi la tromperie des richesses. On y met de l’importance. Quand on s’enrichit, on a une haute opinion de soi-même ; on se croit quelque chose quand on n’est rien, et c’est un sujet de jalousie pour les autres. Le pauvre est incrédule, il ne s’attend pas à la bonté de Dieu ; c’est un souci ; son travail est peine perdue : «C’est en vain qu’il se lève matin et qu’il se couche tard, qu’il mange le pain de douleurs», tandis que Dieu «donne le sommeil à son bien-aimé» (Ps. 127). Les soucis n’empêchent pas la Parole de germer, mais ils l’étouffent. Mais n’oublions pas que la chair du chrétien aime les mêmes choses que la chair du mondain, qu’elle a les mêmes devoirs, recherche les mêmes plaisirs, et c’est contre cela que le Seigneur Jésus nous prémunit. Ce ne sont pas les péchés qui empêchent qu’on soit chrétien ; c’est d’être occupé des choses de la terre. Satan vous permet d’être aussi honnêtes gens que vous voudrez, pourvu que vous n’ayez pas Christ, ni la vie éternelle. Toutes ces choses étouffent la seule chose nécessaire, la vie éternelle. Vous ne pouvez avoir la vie, si vous ne la recevez pas tout de nouveau de Dieu.

4° Il y a un terrain qui produit du fruit, mais en quantités diverses. On écoute la Parole et on la comprend, ce qui n’a pas lieu dans le terrain pierreux. L’âme comprend que Dieu agit en grâce, que c’est Dieu qui entre en scène et que, sauf la manifestation du péché, tout s’efface en sa présence. Du moment que Dieu a donné son Fils, il avait vu l’état de péché de l’homme et que le plus petit péché n’avait besoin de rien moins que de la mort du Fils de Dieu. C’est en Christ seul qu’est la vie ; alors la Parole est comprise. «Si vous demeurez en moi, vous porterez beaucoup de fruit». Mais le coeur de l’homme produit de mauvaises herbes, et il y ajoute encore l’orgueil ! Il blâme Dieu ! L’orgueil, c’est le péché du diable.

Pourquoi donc Dieu pense-t-il à nous ? Par grâce ! Et qui peut rendre raison de la grâce ? Dieu est amour et agit en amour. Le monde peut mépriser Jésus jusqu’à ce qu’il revienne en gloire ; mais il reste sous la responsabilité de recevoir la parole de la grâce que Dieu a semée dans son coeur.

 

 

5              Méditations de J. N. Darby    Matthieu  13

28 mai 1844    n°203 : ME 1915 p. 36

Nous trouvons dans ce chapitre trois choses distinctes : 1° La parabole du semeur. 2° Trois paraboles adressées par Jésus à la multitude. 3° Une interprétation, puis trois paraboles qu’il adresse à ses disciples.

La parabole du semeur n’est pas une similitude du royaume des cieux. On y voit le Saint-Esprit agissant individuellement, en contraste avec le système juif, où Dieu agissait envers la nation comme ensemble. Dans ce chapitre, les Juifs, comme nous le voyons au chap. 12, sont déjà jugés (v. 41-42). La nation étant ainsi condamnée d’avance, Jésus se présente comme un Semeur ; il est alors question de l’effet, produit par la semence, dans chaque coeur individuellement. Chacun est responsable individuellement et sera aussi jugé individuellement selon ses oeuvres. Les consciences ne forment pas une unité, quoique tous les enfants de Dieu soient appelés à former un seul corps ; mais la semence tombe sur chaque individu, et il est démontré que ce n’est pas elle qui fait défaut, mais le terrain qui la reçoit.

Les trois premières paraboles, celles de l’ivraie, du grand arbre et du levain, nous montrent le résultat extérieur de la semence semée dans le monde. La récolte, étant mélangée avec de l’ivraie, est cachée au monde, mais elle y est jetée ; il en est de même du grain de moutarde et du levain.

Ce n’est qu’aux disciples qu’il est donné de connaître les mystères du royaume des cieux : le monde et les incrédules voient les faits extérieurs, mais il faut être un disciple, assis aux pieds de Jésus dans la maison, séparé du monde et de la multitude, pour avoir la connaissance de ce que le Seigneur pense de tout cet état de choses. Les justes resplendiront comme le soleil dans le royaume de leur Père (v. 43) et, dans ce temps-là, le froment aura déjà été assemblé dans le grenier. Nous savons ainsi ce qui aura lieu sur l’autre rive, quand le bon grain aura été entièrement retiré du monde. Alors le Père aura, autour de lui, une famille qui répondra à son désir et sera le reflet de Lui-même. Il ne s’agit donc plus de la nation juive dont Jésus aurait été le Roi si elle l’avait reçu, tandis qu’elle l’a rejeté.

Dans les paraboles du trésor et de la perle, Jésus laisse entrevoir les conseils de Dieu accomplis dans la gloire de l’Église et fait connaître à ses disciples sa propre joie à la vue de ce résultat. Devant cette gloire à venir, il abandonne tout ce qui lui appartient pour venir chercher et posséder ceux qu’il veut en rendre participants. Qu’était-ce, en vue de cela, que son titre de Messie des Juifs ? Pour conquérir le trésor caché dans le champ, il achète le champ. Il possédera le monde, et son motif, en l’achetant, c’est le trésor caché qu’il y a trouvé. Il est ici sur le seuil de cette découverte ; il voit la gloire de l’Église qui fera suite à sa réjection de la part des Juifs, et ce motif gouverne son entière obéissance à la volonté du Père. Mais cette gloire de l’association avec Lui, car «le soleil» est Christ lui-même, cette joie dans les conseils de Dieu quant à l’Église, s’empare aussi de notre âme de telle sorte qu’elle n’est pas seulement la règle de sa conduite, mais de la nôtre, et que nous abandonnons tout pour l’atteindre, Lui, comme il a tout abandonné pour acquérir son trésor et sa perle de grand prix.

Le marchand, Christ, se connaît en belles perles ; il s’y entend ; il les cherche. Il avait le discernement de tout ce qui était beau et parfait aux yeux du Père ; c’est ce qu’il cherchait, et il l’a trouvé dans l’accomplissement des conseils de Dieu à l’égard de l’Église. Les portes de la nouvelle Jérusalem seront d’une seule perle ; on trouve cette perfection dès l’entrée de la cité céleste. La perle de grand prix n’est pas seulement pour lui la joie d’un trésor trouvé, mais la jouissance d’un objet parfait selon Dieu, trouvé par Christ dans l’Église. Le discernement sérieux et réfléchi de tout ce qui est précieux aux yeux de Dieu le dirige. C’est autre chose — bien qu’il faille les deux — que l’énergie pour s’emparer d’un objet.

Il en est de même pour nous. La joie du salut est la première chose qui s’empare du coeur de l’enfant de Dieu ; mais, plus il étudie la Parole, plus il connaît Dieu et ce que Dieu est pour nous, plus aussi il considère toute autre chose comme des ordures. Quand il s’agit de gagner Christ et de le connaître, toute autre chose a entièrement perdu sa valeur. Ce qui gouverne le coeur du croyant devient alors ce qui gouvernait le coeur de Christ. Il communique la révélation du trésor et de la perle de grand prix à l’enfant de Dieu et le pénètre de leur valeur. Il ne doit pas y avoir chez nous seulement une règle de conduite, mais aussi une énergie de motifs. S’il y avait d’autres belles perles, nous serions empêchés de n’acquérir que celle-là. Est-ce ainsi, chers amis, que nous avons saisi Christ et le royaume de Dieu ?

On apprend ces choses quand on a quitté la multitude et qu’on est entré avec Christ dans la maison où il peut épancher son coeur dans celui de ses disciples et leur parler de ce qui est son motif à Lui. Tout s’explique là ; c’est là que l’on reçoit la connaissance du conseil de Dieu ; c’est là que Jésus nous apprend pourquoi le chemin qu’il poursuivait l’a conduit même à la mort pour acquérir son Église. L’apôtre Paul avait, comme son Maître, un objet dans un autre monde. Jusqu’à quel point la connaissance du conseil de Dieu en Christ agit-elle sur nos coeurs, pour nous faire dire : Lui est mon tout ? En vue de la joie qui lui était proposée, il a méprisé la honte et enduré la croix !

 

 

6              Méditations de J. N. Darby    Matthieu  13:44-58

n°42 : ME 1892 p. 194

Les trois paraboles qui précédent sont adressées à la multitude, les trois dernières aux disciples, comme on le voit au v. 36. Les paraboles du grain de moutarde, de l’ivraie et du levain, montrent des faits, s’occupent de l’état de choses qui caractérise la chrétienté. Aussi, les trois mesures de farine sont une partie du monde que l’évangile christianise ; un grand arbre, dans la parole de Dieu, est l’image d’une puissance capable de protéger d’autres personnes (Pharaon et Nébucadnetsar sont des arbres) ; l’Église, comme puissance extérieure, a pris le même caractère.

Dans les trois dernières paraboles, on voit quelqu’un d’intelligent qui agit avec joie, cherche quelque chose et vend tout ce qu’il a pour l’acquérir. C’est Christ, mais les enfants de Dieu doivent comprendre ces choses et se les appliquer. La parabole du trésor caché montre ce que Christ a fait pour l’Église. Ce trésor, c’est la gloire de Dieu manifestée dans l’Église, le conseil de Dieu à son égard. Christ seul connaissait le prix de ce trésor, et pour l’avoir, il a acheté le champ qui est le monde.

Dans la parabole de la perle, c’est encore Christ qui a connaissance de la beauté, de la pureté morales qu’il a dans l’Église. L’Esprit de Christ produit en nous le même effet. Quand nous connaissons le trésor caché, nous vendons tout pour l’avoir. C’est une chose qui n’est comprise que de certaines personnes. Lorsque j’ai vu la gloire de Dieu en Christ, que je connais la résurrection et mon héritage, tout le reste est comme du fumier pour moi. La perle est la beauté morale, la sainteté, la pureté, la charité, la patience. La chair est en activité partout où ces choses ne nous occupent pas. Il faut les chercher par l’Esprit de Christ qui nous donne le discernement spirituel.

La dernière parabole nous offre de nouveau ces deux choses réunies, le trésor et le discernement. Le royaume des cieux est l’état de choses intérieur et extérieur ici-bas pendant que Christ, est dans le ciel. Les pêcheurs du commencement sont, à la consommation du siècle, des anges, ministres de la providence de Dieu. Dans ces paraboles, ils s’occupent toujours du jugement des méchants, tandis que moi, comme chrétien, je ne m’occupe d’eux que pour leur offrir la grâce, discerner le mal, le juger si c’est nécessaire, mais toujours dans le sens de l’oeuvre de la grâce, en admettant même le cas extrême où le méchant est livré à Satan. Nous avons le même objet qu’avait le coeur de Christ en venant au monde. Quand je vois un mondain, je n’ai que la grâce à lui présenter ; tandis que les anges sont envoyés pour lier en faisceaux les méchants, ou pour les séparer du milieu des justes et les jeter dans la fournaise de feu (v. 30, 49). Dans notre parabole, ce sont les serviteurs qui mettent les bons dans des vaisseaux et les anges qui jettent les méchants dans la fournaise de feu.

Le ministère de la grâce est confié aux enfants de Dieu, à l’Église. Ayant l’Esprit de Christ, nous avons la pensée de Christ qui est d’accomplir le but de Christ. C’est pour nous un privilège immense. L’enfant de Dieu agit par des principes que le monde ne comprend point du tout, et ne craint pas de passer par la bonne et la mauvaise réputation. L’homme spirituel discerne toutes choses et n’est jugé par personne. Nous avons la pensée de Christ. C’est là l’intimité de pensée et d’intelligence entre Christ et l’Église, comme elle existait entre Dieu et Abraham, l’ami de Dieu. Où il y a cette intelligence, il y a aussi la force de Christ par son Esprit qui nous donne cette intelligence. Notre coeur est attaché à Christ, par la connaissance de sa pensée et de ses désirs. Si j’ai de l’incertitude à quelque égard sur ses intentions, c’est que j’ai péché, que mes affections sont hors de Christ, que mon oeil n’est plus net.

Trois choses se rattachent à cette communion.

1° Nous avons les mêmes intérêts que Christ, quoique nous ne comprenions pas encore bien tous ses plans. Nous ne sommes pas à nous-mêmes, mais à Christ qui nous a rachetés.

2° Nous avons l’intelligence, la pensée de Christ. Si mon esprit est formé selon l’Esprit de Christ, je comprendrai tout ce qu’il veut.

3° Nous avons la force de Christ qui, pour nous, est dans l’obéissance.

Le docteur, ou le scribe (v. 52) était bien instruit dans les choses anciennes. Il voit, comme scribe, les pensées de Dieu dans l’Ancien Testament, et, par la foi en Jésus-Christ, il voit les pensées de Dieu dans le Nouveau.

Mais il y a, dans le Nouveau Testament, des choses nouvelles qui ne se trouvent pas dans l’Ancien : le mystère caché en Dieu, l’union de l’Église avec Christ. Nous devons comme chrétiens avoir cette double lumière, produire de notre trésor des choses nouvelles et des choses vieilles.

Puis-je dire que j’estime toutes choses comme des ordures à cause de l’excellence de la connaissance de Christ ? S’il y a de l’eau dans mon vin, il y reste du vin, mais l’eau gâte tout. Si Christ n’est pas notre seul objet, ce qui n’est pas lui, gâte tout. C’est une grâce immense d’avoir part aux intérêts, à l’intelligence et à la force de Christ !

 

 

7              Méditations de J. N. Darby    Matthieu 15    La Religion de l’Homme, le Coeur de l’Homme et le Coeur de Dieu

n°283 (ex 278) : ME 1967 p. 77

Ce chapitre nous présente trois sujets importants : la religion de l’homme, le coeur de l’homme et le coeur de Dieu. Le principe selon lequel Dieu agit envers nous est l'amour, et nous trouvons ici ce qu'est cet amour et ce qu'il a fait pour nous; nous y voyons aussi la religion de la chair, par laquelle l'homme se donne de l'importance et se fait une justice de choses extérieures, tout en ayant le coeur fort éloigné de Dieu. Dieu avait donné une loi pour éprouver l'homme, mais elle fut transgressée avant même d'avoir été promulguée. L'homme irrégénéré fait son devoir et cela lui suffit; ce qui lui plaît le plus, c'est de faire quelque chose pour son salut, comme si Dieu avait besoin de nous pour cela. Quand la loi parle à la conscience, celle-ci sent aussitôt qu'elle est coupable et le coeur n'aime pas cette lumière. Quand la loi dit: «Tu aimeras Dieu», l'homme accepte immédiatement, mais elle dit aussi: «Tu aimeras ton prochain comme toi-même», et ce commandement le gêne dans son égoïsme. Dieu a encore ajouté: «Tu ne convoiteras pas», mais l'homme naturel peut-il s'y soumettre? Il accepte cependant la loi, suit une religion de formes et oublie Dieu de jour en jour. Il cherche à étouffer la voix de sa conscience et à satisfaire ses convoitises, sans tenir compte de la sainteté divine. Cette religion extérieure endort la conscience, mais ne la purifie nullement.

Qu'est-ce que Jésus a trouvé dans le coeur de l'homme quand il vint ici-bas? Rien pour Dieu, et le mal remplissant toutes ses pensées. Y avait-il quelque rayon de lumière au milieu de ces ténèbres profondes? Non, car Il a dû dire: «Du coeur viennent les mauvaises pensées, les meurtres, les adultères... ce sont ces choses qui souillent l'homme» (Matt. 15:19, 20) . Il faut que l'homme se reconnaisse entièrement perdu, et il ne peut le faire que lorsqu'il est amené dans la lumière divine qui sonde et juge tout ce qui est en lui. Loin de la présence de Dieu, l'homme s'approche des lèvres et accomplit les devoirs extérieurs de sa religion, mais son coeur et sa vie sont étrangers à la connaissance de Dieu. Tandis que Moïse recevait la loi sur la montagne, le peuple faisait un veau d'or; plus tard, lorsque fut instituée la sacrificature, les fils d'Aaron, Nadab et Abihu, apportèrent un feu étranger et tout fut perdu. Le royaume ayant été établi avec gloire, Salomon prit des femmes étrangères et corrompit la royauté.

Quel rafraîchissement pour nous de trouver ensuite le coeur de Dieu manifesté sur cette scène de ténèbres! Jésus se rendit dans «les quartiers de Tyr et de Sidon» (v. 21) . Il y rencontra une femme cananéenne qui, en le voyant, s'écria : «Seigneur, Fils de David, aie pitié de moi» (v. 22) . Elle ne savait pas qu'elle était en présence de Dieu manifesté en chair et qu'elle appartenait à une race qui n'avait aucun droit aux promesses faites à Israël et qui aurait dû être anéantie. Les disciples avaient fort peu de coeur et d'intelligence, et ils demandent au Seigneur de la renvoyer, non parce que la gloire de Dieu devait être maintenue, mais parce que l'insistance de cette femme les ennuyait. Comme Fils de David, Jésus aurait dû exercer le jugement sur elle : Il n'était envoyé qu'aux «brebis perdues de la maison d'Israël» (v. 24) . La femme devient plus simple et dit: «Seigneur, assiste-moi» (v. 25). Le Seigneur l'enseigne, en l'amenant à prendre sa vraie place devant Lui: reconnaît-elle qu'elle n'a pas plus de droits aux bénédictions qu'Il apporte que des chiens n'en ont au pain des enfants ? Oui, car elle répond : «Oui, Seigneur; car même les chiens mangent des miettes qui tombent de la table de leurs maîtres» (v. 27) . Elle sait que la grâce de Dieu donne des droits à ceux qui n'en ont point. Jésus ne peut lui dire qu’en cela elle se trompe, car Il était ici-bas la manifestation de la grâce et de la vérité. Il est important de remarquer que, pour le salut, il ne s’agit pas de promesses ; nous n’avons pas à nous demander si nous y avons droit, car ce serait faire place à l’homme dans la chair qui est entièrement mis de côté par l’oeuvre de la croix. Il faut regarder uniquement à Dieu, et c’est ce que fait la Cananéenne qui va droit au coeur de Dieu. Si la croix manifeste ce que nous sommes, elle nous montre aussi les richesses de la grâce divine. Quand la lumière pénètre dans un coeur, elle met au jour tout le mal qui s’y trouve, tout ce qui est contraire à la volonté de Dieu, afin que nous puissions juger foncièrement ce misérable moi et tout ce qu’il produit. On ne voit plus désormais ce que Dieu promet, mais ce qu’Il est. Qui est-ce qui lui a demandé d’envoyer son Fils ici-bas ? Est-ce nous ? Non, mais c’est son amour qui en est la seule cause. Dieu savait comment son Fils serait traité ici-bas, mais Il ne l’a pas épargné, afin que quiconque croit en Lui ait la vie éternelle. Dieu s’est ainsi pleinement révélé à nous en Lui. Il est saint et nous montre la souillure et les ténèbres de nos coeurs. Pareils à la Cananéenne, nous pouvons alors prendre notre place comme de «petits chiens» devant Lui, tout en reconnaissant qu’Il est venu ici-bas justement parce que nous étions tels.

Quand le péché abondait, Dieu a donné la loi ; quand celle-ci fut violée, Il envoya des prophètes que les cultivateurs mirent à mort ; ensuite Il donna son Fils unique que les hommes crucifièrent. Christ a vécu ici-bas pour nous ; puis Il mourut pour sauver les pécheurs. Ce ne sont ni la loi, ni les promesses faites à un peuple sur la terre, qui sont en cause, mais l’amour pur, immérité de Dieu manifesté à la croix. La lumière divine fait sentir le péché. Quand on appelle un docteur, on lui dit tout ce que l’on sait relativement à la maladie pour laquelle on a besoin de ses soins. Dieu veut de même nous amener à la confession de nos péchés, et Il nous applique alors toute la valeur du sang de Christ qui en a fait l’expiation. Aucun d’eux ne sera imputé à celui qui croit. Mais si je poursuis ma route dans ce monde dans l’insouciance, je marche avec les hommes qui rejettent Dieu et sont conduits par Satan. Dieu pardonne aux hommes d’avoir crucifié son Fils unique, s’ils se repentent et croient en Lui, mais ils manifestent toujours davantage leur haine contre Lui. Quel tableau effrayant de la méchanceté de l’homme nous présente l’histoire de ce monde !

Un homme poursuivra la science, l’argent, les plaisirs ; mais laissez-le quelques heures seul, ce ne sera jamais le Seigneur Jésus qui sera l’objet de ses pensées. Le monde n’a pas pu supporter sa présence ici-bas, mais, si tel a été son endurcissement, Dieu a fait asseoir à sa droite et couronné de gloire Celui qui l’a parfaitement glorifié sur cette terre. L’homme peut supporter un brigand, mais non Dieu manifesté en chair ; mais là où le péché a abondé, la grâce a surabondé (Rom. 5:20). Quand le soldat romain perça le côté du Seigneur Jésus, il en sortit du sang et de l’eau ; la puissance qui nous apporte la rédemption et qui nous purifie se trouve dans sa mort. Ainsi nos péchés ont été ôtés et notre histoire de désobéissance a pris fin à la croix ; notre Garant a été élevé dans la gloire à la suite de l’accomplissement de son oeuvre ; Il est assis en justice à la droite de Dieu. Ayant cru le message de l’évangile, tous mes péchés sont ôtés. Je vois dans le ciel même Celui qui a pris ma place sous le jugement. Il a été obéissant jusqu’à la mort de la croix, et Dieu l’a souverainement élevé.

Quand l’âme se rencontre avec Dieu, elle sent le poids de ses péchés et trouve la grâce qui les a ôtés par le sang de Christ versé à la croix. Pour qu’un pécheur ait la paix, il faut qu’il se reconnaisse entièrement perdu ; il doit prendre sa place comme un petit chien devant Lui ; alors il se repose sur Dieu manifesté en Christ. Si ses regards se portent sur lui-même, il sentira sa faiblesse, tandis que, s’ils sont fixés sur Christ, une paix parfaite est son partage. Je ne pouvais m’approcher de Dieu, mais, par la mort de son Fils, Il m’a amené dans sa sainte présence sans tache. Ayant cru Dieu, je suis justifié comme Abraham (Gen. 15:6). Je l’ai rencontré en Jésus venu ici-bas par amour pour les pécheurs. Il a été obéissant jusqu’à la mort, puis Dieu l’a souverainement élevé.

Jésus est toujours présent auprès de Dieu pour nous ; Il est notre souverain sacrificateur et Il nous vient en aide dans toutes nos infirmités et nos luttes. Il est «notre refuge et notre force, un secours dans les détresses, toujours facile à trouver» (Ps. 46:1). Nous sommes devant Dieu, aimés de Lui du même amour que le Seigneur Jésus. Nous serons dans la même gloire que Lui ; Marie de Magdala, de laquelle Il avait chassé sept démons, et la pauvre Samaritaine y seront avec Lui.

Ayant cru le témoignage de Dieu touchant son Fils, nous ne nous appartenons plus à nous-mêmes, mais à Celui qui nous a achetés à prix (1 Cor. 6:20). Nous n’avons plus alors à accomplir seulement nos devoirs d’hommes ici-bas, mais ceux d’enfants de Dieu acquis par Lui en vertu de la mort de Christ. Il a accompli cette oeuvre de grâce nécessaire pour nous amener à Lui-même, et Jésus est assis à la droite de Dieu, parce qu’Il a fait la purification de nos péchés.

Voulez-vous demeurer dans l’indifférence, ou, si vous connaissez le Seigneur, marcher encore avec le monde ? Quel amour que celui qui a amené Jésus ici-bas et qui l’a fait quitter la gloire du ciel, où Il faisait les délices du Père, pour venir sur une scène de péché dans l’humiliation volontaire et pour mourir sur une croix maudite, afin d’amener ses ennemis dans la même faveur que celle dont Il est l’objet de la part du Père ! C’est lorsque nous étions «encore pécheurs» et «ennemis» que «Christ est mort pour nous» (Rom. 5:8, 10), afin de nous sauver de la colère qui vient et de nous introduire dans la gloire pour y jouir d’un bonheur éternel. Que nos coeurs le glorifient pour une oeuvre si grande et si digne de Lui-même !

 

 

8              Méditations de J. N. Darby    Matthieu  22:1-14

n°163 : ME 1908 p. 135

On aurait de la peine à dire ce qui est le plus affligeant : de voir les hommes rejeter Christ, ou de les voir entrer en sa présence avec une certaine profession, sans être revêtus de lui, sans avoir une robe de noces. Combien l’on reconnaît peu la nécessité d’être revêtu de Christ pour pouvoir se tenir devant Dieu !

Dieu invite et dit : Tout est prêt. Il ne pose pas même ici la question du péché qui empêcherait l’homme d’entrer. Celui qui vient sans robe de noces s’est assis à table comme les autres et a eu connaissance de la joie qui remplit la salle du festin ; mais combien ce fait a dû augmenter sa misère quand il a été jeté dans les ténèbres du dehors !

Jésus a d’abord invité les Juifs, puis, après sa mort, il a envoyé d’autres serviteurs pour les convier encore ; ils n’ont pas voulu venir. Alors le roi envoie dans les carrefours des chemins et invite les nations. Mais un homme vient et s’assied au festin sans robe de noces ; il a une profession, mais n’a pas Christ. Nous y reviendrons.

Dieu veut réunir un peuple pour son Fils ; il veut faire un festin pour Lui ; il veut que d’autres viennent se réjouir avec lui et goûter les privilèges de cette fête. Il les y envoie. Il ne fait aucune mention du péché ; il veut avoir là des gens heureux. Le mal signalé ici, c’est qu’ils ne veulent pas venir, et non pas qu’ils en soient incapables. Le roi les déclare indignes après qu’ils ont refusé son invitation. C’est ainsi que le Seigneur a été présenté aux Juifs, son peuple qui avait les oracles de Dieu et possédait les promesses. Sans doute les Juifs ont violé la loi, comme les gentils ont violé la conscience ; mais il s’agit seulement, ici, en dehors de toute autre question, d’une invitation à venir. Ils ne veulent pas. Tel est le caractère d’un coeur entièrement opposé à Dieu. «Vous ne voulez pas venir à moi», dit Jésus, «pour avoir la vie».

Les autres s’en allèrent, l’un à son champ, l’autre à son trafic. C’était faire au roi un immense affront que de mépriser ainsi sa bonté et la gloire de sa maison royale. Dieu a apprêté le festin ; le monde n’en tient pas compte et méprise complètement la bonté de Celui qui a tout fait.

Les Juifs avaient déjà déshonoré Dieu auparavant ; il aurait pu le leur rappeler, mais il ne le fait pas. C’est à Celui qui invite à savoir qui il veut introduire dans sa maison. Il ne s’arrête pas à leur indignité et ne leur impute point le péché ; il ne leur demande rien ; il prépare tout ce qui est nécessaire pour que chacun soit heureux et joyeux dans la salle des noces. «Tout est prêt»; voilà ce que Dieu dit au monde. Il ne s’agit pas de quelque chose que l’homme soit tenu d’avoir avant d’entrer, mais il s’agit de jouir de quelque chose que Dieu a préparé. Les hommes préfèrent tous, les tristes objets qui vont périr avec le monde qui les contient, à l’honneur que Dieu veut nous faire d’assister au festin de noces de son Fils. La justice de Christ, la joie du ciel, rien ne manque à la maison du roi. Il ne demande ni force, ni dignité ; on n’a qu’à s’y rendre si l’on a faim, et c’est outrager le roi que de ne pas y aller. Tout est prêt, la paix, le ciel, l’habit de noces, et tout se trouve en Christ. Hélas ! l’homme n’en tient point compte ; les choses les plus misérables ont plus d’importance pour son coeur que tout ce que Dieu peut lui présenter. Les uns méprisent les invitations de Dieu, les autres maltraitent ses serviteurs, montrant ainsi leur haine contre Dieu. Haine ou mépris, c’est tout ce que Dieu rencontre. Mais Dieu veut que la salle des noces soit remplie ; il ne veut pas que son Fils soit privé de la gloire qui lui appartient. Il donne à sa grâce plus d’éclat en invitant les plus misérables. Il y a, dans Celui qui invite, assez de dignité et de gloire, pour que l’on soit heureux chez lui, sans apporter soi-même quoi que ce soit.

Il est vrai que ceux qui l’ont méprisé, sont jugés (v. 7), car il faut que son Fils soit aussi glorifié par le jugement, mais ce qu’il veut avant tout, c’est de satisfaire à sa gloire en manifestant son amour et en invitant tout le monde indistinctement. Or c’est ce que l’on trouve dans l’Évangile.

Ce n’est qu’ensuite que Dieu distingue entre les appelés et les élus. Tous ceux qui se disent chrétiens sont des appelés. Il est naturel que le roi s’enquière du caractère de ceux qui remplissent sa maison. Il y a un homme — non qu’il n’y en ait qu’un — mais c’est afin de montrer ce grand principe : Dieu voit ceux qui sont revêtus de Christ et ceux qui ne le sont pas. Dans la maison de Dieu, il faut que tout soit d’accord avec la gloire de Dieu et convienne aux yeux de Celui qui a tout fait, tout préparé, et si l’on n’a pas cette chose nécessaire, on ne peut être du festin. Cet homme avait mis son meilleur habit, peut-être, mais ce n’était pas celui que Dieu donne. Il voulait bien profiter du festin, mais il n’avait pas senti la vérité, ni connu le caractère de la présence de Dieu. Les chrétiens de nom veulent bien avoir le ciel ; ils sont dans la profession du christianisme, sans avoir une seule fois pensé à ce que c’est que d’être un chrétien, et sans s’apercevoir qu’ils ne le sont pas, et qu’un chrétien est un tout autre homme qu’eux. Pour l’homme de la parabole, c’était la plus grande stupidité morale ; il ne sentait pas sa condition ; il était assis là fort à l’aise, sans robe de noces, mais ne paraissant pas le remarquer. Ceux qui n’ont pas Christ en eux ne possèdent pas la joie de Christ, mais ils ne s’en aperçoivent pas, et c’est ce dont je les plains. Christ n’est rien pour eux, n’a pas de place dans leur coeur ; ils veulent être chrétiens sans Christ. Une telle conduite dénote chez eux une folie plus grande que chez ceux qui restent dehors. Ils se disent chrétiens sans avoir, dans leurs coeurs, la moindre apparence de Christ. Christ n’a pas été leur joie une seule fois dans leur vie. Ils n’avaient pas l’intention de l’offenser, mais lui n’était pas le motif de leurs actes. Leur motif est la réputation, l’argent ou toute autre chose.

On rencontre des personnes qui font une profession plus positive, qui s’habituent à vivre avec les chrétiens, à les accompagner dans leur marche extérieure, tandis que Christ n’est pas devant leurs yeux, comme motif de leur conduite, lui qui faisait la volonté de son Père, et la cherchait en toutes choses, ainsi que le bien de ceux qui l’entouraient. Si Dieu entre pour voir ceux qui sont à table, verra-t-il, dans ces professants, que Christ a été l’objet de leur vie dès le matin ? S’il ne trouve pas cela, il y aura plus d’angoisse pour eux que s’ils ne l’avaient jamais connu, plus d’angoisse pour celui qui a été dans la salle des noces que pour celui qui a entièrement rejeté l’invitation divine.

Vous est-il difficile de juger cela ? Souvenez-vous qu’il n’est besoin de rien, car Dieu a tout préparé. Il ne parle pas à ceux qu’il invite, de ce qu’il leur faut. Il sait qu’en vous, c’est-à-dire en votre chair, il n’y a aucun bien ; mais il présente ceci à votre conscience : Christ est-il votre objet ? Dès lors il n’est besoin de rien ; Dieu a tout préparé. Vous n’avez rien à préparer avant d’aller au festin ; l’orgueil seul voudrait préparer quelque chose. Mais, je le répète, Dieu, s’il entrait ici, trouverait-il Christ en vous et non pas une vaine profession ? Il est très triste de se laisser tromper en apportant quelque chose qui ne convienne pas à la salle des noces. Le meilleur des vêtements ne vaut rien, s’il n’est pas la robe de Christ.

Encore une remarque qui s’adresse au chrétien. S’il y a en lui une seule chose qui ne soit pas de Dieu, il se déshonore lui-même et montre la folie de son coeur. Vouloir garder quelques haillons avec sa robe de noces, n’est-ce pas une folie ? Dieu nous invite à avoir part au cortège glorieux de son Fils, et si nous apportons quelque chose qui ne soit pas digne de cette solennité, cela le déshonore et nous déshonore. C’est ce que font les chrétiens qui se mondanisent ; ils apportent au festin des haillons ou quelque autre chose et veulent les garder, parce qu’ils ne se croient pas heureux sans cela.

Mais Dieu a tout préparé et ne s’arrête pas à votre indignité. Il ne cherche pas des personnes dignes ; c’est lui-même qui donne la dignité. C’est ce que font aussi les rois de la terre.

S’il y a ici des personnes qui désirent être à Christ, qu’elles se souviennent que Dieu donne tout et que c’est lui faire un affront que de préparer ou d’apporter quelque chose, comme si Dieu n’avait pas tout fait.