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Méditations  de  J. N. Darby

 

 

 

1     Méditations de J. N. Darby    Juges  1:21-36 ;  2:1-5

2     Méditations de J. N. Darby    Juges  2    Le Combat au Milieu de la Ruine

3     Méditations de J. N. Darby    Juges  3:1-4

4     Méditations de J. N. Darby    Juges  16:6-25

 

1              Méditations de J. N. Darby    Juges  1:21-36 ;  2:1-5

n°35 : ME 1888 p. 395

Le livre de Josué contient le récit de l’accomplissement des promesses faites à Abraham. Les fils d’Israël devaient séjourner en Égypte, puis en la quatrième génération revenir en Canaan, car l’iniquité des Amorrhéens n’était pas encore venue à son comble (Gen. 15:16). Les Cananéens représentaient le monde sous l’influence de Satan ; le monde sur lequel Dieu ne prononce le jugement que lorsque son iniquité est arrivée aux dernières limites.

Le livre des Juges est le livre de l’infidélité des Israélites, après que Dieu eut tenu envers eux les promesses qu’il leur avait faites par Josué. Cette infidélité a pour conséquence le châtiment du peuple par les nations même qu’il avait laissé subsister à ses côtés ; ces dernières pillent les Israélites, car Dieu les a vendus en la main de leurs ennemis. Alors Dieu suscite à Israël des juges, pour le délivrer de la main de ceux qui le pillaient.

Les quelques traits que nous venons de tracer nous peignent l’histoire de l’homme depuis le commencement. Chaque fois que Dieu l’a placé dans la bénédiction, il en déchoit aussitôt pour se livrer à l’iniquité, et c’est ce qui arriva à Israël dès son entrée en Canaan.

Mais, comme nous l’avons vu, Dieu n’exerce un jugement définitif que lorsque l’iniquité est parvenue à son comble. La mort de Christ est le comble de l’iniquité d’Israël, le comble de l’iniquité du monde. Aussi l’arrêt est-il déjà prononcé, sans retour, sur le monde et son prince (Jean 16:11). Si le monde n’était pas déjà condamné, Dieu lui donnerait une loi comme règle de conduite, ainsi qu’il le fit jadis à Israël. Avant de condamner les hommes, Dieu a employé tous les moyens possibles pour agir sur leurs coeurs et leurs consciences. Quand Dieu leur envoie ses prophètes, ils les lapident ; quand il envoie son Fils, ils ne l’écoutent pas davantage, l’abreuvent d’outrages et le crucifient. Dès lors le monde est jugé.

Et maintenant, que fait Dieu ? Exécute-t-il son jugement ? Non, il agit en grâce et envoie son évangile. Il fait annoncer dans le monde la bonne nouvelle de la réconciliation ; il réconcilie des hommes, ses ennemis, avec lui-même, il en fait ses enfants et les retire du monde, parce que le monde est jugé. Est-il étonnant que l’amitié du monde soit inimitié contre Dieu ? Si j’avais vu hier la ville de Lausanne crucifier mon père, il me serait impossible d’être aujourd’hui le compagnon ou l’ami de telles gens. L’évangile de la grâce est le seul langage que le chrétien puisse tenir dans ce monde. Au commencement des Actes, les disciples comprennent très bien cette nouvelle situation qui leur est faite, comme conséquence de la croix de Christ. Ils ne peuvent être les amis du souverain sacrificateur et des chefs du peuple, mais ils leur annoncent la grâce et la miséricorde de Dieu.

Aujourd’hui l’état du monde est, au fond, le même qu’alors. Rien n’est changé dans ses principes. Ce qu’il y a dans le monde, convoitise des yeux, convoitise de la chair, orgueil de la vie, s’y trouve aussi bien aujourd’hui qu’alors ; et de plus, la preuve de ce qu’est le coeur de l’homme a été livrée définitivement à la croix.

 

Il y a donc entre le chrétien et le monde une barrière infranchissable. Hélas ! quant à nos affections et nos habitudes, nous sommes si souvent du monde ! Israël désirait bien posséder Canaan, mais, dans le désert, il regrettait les oignons d’Égypte. Pour posséder le ciel, il nous faut vaincre le monde et ses habitudes dans les circonstances où nous sommes. Il n’y a que la grâce de Dieu et une nouvelle vie, qui puissent nous en donner la force. C’est en vain que nous désirons le ciel, s’il n’y a pas en nous la persévérance, produit de l’Esprit de Christ, et cette décision qui fait arracher l’oeil et couper la main droite. Il faut souvent rompre les liens les plus intimes, et en cela l’approbation de Dieu peut seule nous soutenir et nous suffire. Dieu, en nous mettant en relation avec lui, veut que nous rompions toute alliance avec le monde, car le monde est jugé. On ne peut être du monde et de Christ en même temps.

Dieu avait pleinement manifesté sa puissance en faveur d’Israël, au pays de Canaan. Les murs de Jéricho étaient tombés. Sans doute, le péché d’Acan, s’appropriant l’interdit, c’est-à-dire les choses du monde, avait momentanément affaibli le peuple, mais Israël avait été relevé pour marcher de victoire en victoire. Toutes les fois qu’il combat ses ennemis, l’Éternel est avec lui, et il a le dessus ; l’ennemi est vaincu par la force de Dieu. Mais que trouvons-nous au chap. 1 du livre des Juges ? Au lieu de s’appuyer sur l’Éternel, les Israélites admettent les païens à vivre avec eux ; ils font alliance avec des ennemis jugés. Mais Dieu ne peut être avec les siens, quand ils s’allient avec ce que lui, a condamné. Quand l’Église fait ses concessions au monde, le monde peut souvent lui venir en aide, mais elle devient son esclave. Elle a perdu l’heureux sentiment de la toute-puissance de Dieu, et elle tombe.

C’était à Guilgal qu’Israël avait été sanctifié, mis à part pour Jéhova ; l’Ange de l’Éternel y était, et c’est de là qu’il monte à Bokim. Bokim signifie «pleurs». L’alliance des chrétiens avec le monde les conduit à la tristesse et aux larmes. L’Éternel avait fait monter Israël hors d’Égypte et avait tout accompli en sa faveur ; mais il n’avait pas écouté sa voix. Pourquoi avait-il fait cela ? (2:2). Dieu laisse alors subsister les Cananéens à côté d’Israël, comme un jugement qu’il prononce contre son peuple (v. 3). Dieu ne peut reconnaître ceux qu’Israël reconnaît ; il ne peut donner sa sanction au monde qui a condamné son Fils.

Le coeur des Israélites avait manqué de confiance envers l’Éternel ; alors ils avaient traité avec leurs ennemis, mais désormais ils ne pouvaient plus être à l’aise avec Dieu. Celui qui souffre à côté de lui l’autel d’un faux dieu, n’ose pas monter à Jérusalem (1:21). La communion avec Dieu et le discernement se perdent ; la conscience même s’endurcit et ne peut plus condamner le mal. Alors une tristesse continuelle s’empare de l’âme, et cela est encore un bienfait, car si l’âme se trouvait à son aise, c’est que l’Esprit de Christ n’y serait plus.

Accepter les principes du monde, voilà la source de la chute du chrétien et de l’Église ; car c’est reconnaître ce que Dieu a condamné. C’est cette infidélité qui nous conduit de Guilgal à Bokim. — Dieu permet ce relâchement, mais ne le sanctionne jamais. Seulement, il se sert, dans sa grâce, de nos ennemis qui sont là, et de la mondanité, pour éprouver notre fidélité et nous apprendre ce que c’est que la guerre (3:2), jusqu’à ce que le repos arrive.

Dieu agit en nous, et Satan dans le monde ; si nous faisons cette distinction, nous sommes toujours les plus forts. C’est parce que nous sommes sortis d’Égypte pour être le peuple de Dieu, que nous devons combattre toutes les habitudes trompeuses du monde. Que Dieu nous donne d’être rendus clairvoyants, par la présence de son Esprit, pour discerner ce qui est du monde et nous en séparer. Une simple erreur de discernement montre que notre oeil n’était pas simple. «Vous n’êtes pas du monde», dit Jésus à ses disciples, «comme moi je ne suis pas du monde».

 

 

2              Méditations de J. N. Darby    Juges  2    Le Combat au Milieu de la Ruine

Genève, 1850    n°233 : ME 1926 p. 92

Ce chapitre nous fournit un exemple de la manière dont l’homme est privé par son infidélité de la bénédiction dans laquelle il avait été placé, et nous y voyons aussi comment Dieu tire le bien du mal.

Dieu avait accompli par Josué tout ce qu’il avait promis à Israël (Jos. 24), mais le peuple s’était corrompu par les faux dieux, et n’avait pas complètement détruit le mal qu’il avait trouvé dans le pays de Canaan. Alors Dieu permit qu’il restât quelque puissance ennemie, quelques Cananéens, pour éprouver son peuple. Cela est vrai pour nous aussi ; si, après notre conversion, nous éprouvons quelque gêne dans notre vie chrétienne, c’est que nous avons conservé de l’interdit, une habitude peut-être qui donne prise à Satan, et nous sommes exercés par cela même.

Dieu avait conduit Israël dans le désert pour l’humilier, l’éprouver (Deut. 8) et pour savoir s’il garderait Ses commandements ou non. Mais ici Dieu emploie un autre moyen. Il laisse subsister devant le peuple les nations ennemies. Il y avait en Israël une infidélité positive ; nous aussi nous sommes infidèles quand nous ne rompons pas nos liens avec le monde ; et la Parole de Dieu est là pour nous le montrer, quand notre conscience est éclairée par le Saint Esprit. Un coeur fidèle discernera entre ce qui est de Canaan et ce qui est de Dieu. «Tout ce qui est dans le monde... n’est pas du Père, mais est du monde» (1 Jean 2:16).

Il n’y a qu’un seul chemin droit, et si mon coeur en est occupé, je n’ai pas même besoin d’en connaître d’autres. Si l’on est fidèle, on voit bientôt toutes les choses qu’il faut quitter, et si l’oeil est simple, tout le corps est plein de lumière. Il y a de l’infidélité dans l’alliance avec ce qui est du monde. Si nous nous épargnons nous-mêmes en quelque chose, Dieu emploie comme châtiment précisément ce que nous avions cherché comme adoucissement. Nous sommes souvent assez insensés et assez imprudents pour ne pas rompre avec tout ce qui n’est pas de Dieu et de Christ. Quoiqu’Israël eût fait alliance avec les Cananéens qu’il s’était asservis, il en reçoit du mal. Josué était mort ; Israël est seul et faible. Il a la paix, mais étant moins aguerri dans les choses de Dieu, les choses mauvaises reprennent le dessus et font la guerre à l’âme. Israël avait préféré ces choses à l’Éternel. Or préférer une petite chose, insignifiante, peut-être, un fruit défendu, à la faveur de Dieu, est un très grand mal. Dieu nous livre à la puissance de cet objet, et nous fait éprouver l’angoisse d’avoir un autre maître que Lui (Juges 2:14, 15).

Il nous est très facile de rompre les mauvais liens, si nous sommes droits de coeur devant l’Éternel ; mais si nous voulons nous épargner, Dieu nous livre à l’influence de l’interdit, et nous ne pouvons subsister devant l’ennemi (v. 15). Dieu suscitait des Juges, mais parmi le peuple il y en avait qui ne voulaient pas écouter le juge ; tous n’étaient pas fidèles. La foi ne peut pas s’adresser à Dieu sans obtenir de réponse, car l’oreille de Dieu est toujours ouverte : «Il te sera fait selon ta foi».

Mais l’infidélité d’Israël fait que Dieu ne dépossède plus les ennemis devant lui, ils servent au contraire à éprouver Israël. Dieu nous montre ainsi qu’il veut que les siens soient exercés. Ce n’est pas la même chose que souffrir avec Christ ou être persécuté, ce qui est une gloire. Mais Dieu veut que nous sachions ce que c’est qu’être fidèle ; il veut nous exercer, nous faire comprendre la grandeur de sa force, en nous mettant dans la nécessité de faire la guerre et de rencontrer des ennemis ; Il veut que nous sachions ce que c’est qu’être fidèles au milieu des difficultés. Si l’on marche dans la mondanité, on ne peut être un peuple céleste ; tel a été le péché de l’Église et Dieu la laisse là. Cela ne signifie pas que nous devions en rester là. Dieu tire ainsi le bien du mal ; car c’est à cause de l’infidélité de l’Église qu’on y trouve de la mondanité. Ce n’est pas Dieu qui l’a fait, mais Il laisse subsister cette mondanité afin de nous exercer, et afin que nous puissions manifester sa fidélité en nous abstenant de tout ce que Dieu a cependant laissé subsister.

Si l’Éternel avait permis que des faux dieux restassent en Israël, ce n’était certes pas pour que le peuple les servît, mais bien dans le but d’exercer la fidélité de son peuple pour les détruire. Or notre foi compte sur la puissance de Dieu, pour que nous ne soyons pas entraînés par l’influence des idoles.

Le peuple ne se trouve pas seulement aux prises avec les attraits du mal, mais avec la puissance de l’ennemi. Dieu veut que nous apprenions la guerre. Soyez bien certains que Satan présentera devant vous des montagnes en apparence infranchissables ; mais la foi reconnaît que Dieu est plus puissant que tout cela. Faire la paix avec Satan est une chose terrible ! Ce n’est donc pas de la joie que nous trouvons dans ces circonstances, mais le combat qu’Il nous faut soutenir. Cela peut parfois nous étonner, et la bénédiction nous semble être plutôt de l’autre côté de la montagne. Mais si nous résistons à Satan, il s’enfuit loin de nous. Du moment que nous sommes fidèles et faisons la guerre à l’ennemi, en nous fiant à la puissance de Dieu, cet ennemi disparaît. Satan n’est pas seulement battu, mais il s’enfuit. Ainsi nous voyons qu’en commençant notre carrière chrétienne, nous devons nous attendre à la guerre. Dieu donne premièrement la joie à l’âme pour la fortifier, mais elle doit s’attendre à la lutte.

Ensuite si nous avons laissé s’implanter quelqu’habitude, si nous avons admis dans notre vie quelque lien qui ne soit pas de Dieu, Il nous fera sentir toute la force de ces choses, par lesquelles à l’occasion nous serons battus et maltraités, et moissonnerons enfin ce que nous avons semé. Mais, du moment où nous découvrons que ces choses viennent de l’ennemi, prenons courage et combattons : Dieu sera avec nous. Nous aurons la victoire. L’ennemi disparaîtra et nous jouirons de la joie et de la paix de Dieu. Ainsi nos propres infidélités sont une occasion pour manifester la fidélité de Dieu, quand, dans Sa grâce, Il nous réveille et nous ramène dans son chemin.

 

 

 

3              Méditations de J. N. Darby    Juges  3:1-4

n°115 : ME 1897 p. 332

Nous voyons, dans ce livre, comment l’infidélité de l’homme le prive de la bénédiction dans laquelle Dieu l’avait placé et comment Dieu, malgré tout, tire le bien du mal. L’Éternel avait accompli par Josué tout ce qu’il avait promis à Israël (Jos. 24), mais bientôt le peuple, pour ne pas avoir détruit complètement le mal, tomba dans la corruption des faux dieux. Dieu laissa au milieu d’eux quelques puissances ennemies, quelques restes des Cananéens, pour les éprouver plus tard. Si, lors de notre conversion, nous gardons quelque interdit, quelque habitude qui donne à Satan prise sur nous, nous serons, plus tard, exercés par ces choses.

Dieu avait d’abord conduit Israël dans le désert pour l’éprouver, pour l’humilier, et pour savoir s’il garderait ses commandements ou non (Deut. 8). Ici, Dieu emploie un autre moyen pour éprouver Israël ; il se sert dans ce but de ce qui était de la part du peuple une infidélité positive (3:1).

Ce qui donne prise à Satan sur nos coeurs doit être rejeté ; c’est une infidélité de ne pas rompre tel lien avec le monde. Nous avons, pour discerner ces choses, la Parole et la conscience éclairée par le Saint-Esprit. Le coeur fidèle sait faire la différence entre ce qui est de Canaan, le pays maudit, et de Dieu ; il est simple quant au mal et prudent quant au bien. Il n’y a qu’un seul chemin droit et, si mon coeur en est occupé, je n’ai pas besoin de connaître les autres chemins. La fidélité discerne facilement tout ce qu’il faut quitter. Si l’oeil est simple, le corps est rempli de lumière. Il y a infidélité à s’allier avec ce qui est du monde, et si, dans ces choses, nous nous épargnons nous-mêmes, Dieu emploie pour notre châtiment ce que nous avions recherché pour nous satisfaire.

Nous sommes souvent assez insensés et assez imprudents pour ne pas rompre résolument avec tout ce qui n’est pas de Dieu et de Christ. Partout où Israël fait alliance avec les Cananéens asservis, il en reçoit du mal. Josué n’était plus ; Israël reste seul et faible ; il a la paix, mais il est beaucoup moins aguerri dans les choses de Dieu. Au bout de peu de temps, les choses mauvaises qui font la guerre à l’âme, reprennent force ; Israël les avait préférées à l’Éternel. Préférer le moindre objet, un fruit défendu, à ce qui est agréable à Dieu, c’est un très grand mal. Dieu nous livrera à la puissance de cet objet et nous fera sentir l’angoisse d’avoir un autre Maître que lui (2:14, 15). Nous pouvons rompre très facilement les mauvais liens, si nous sommes droits de coeur devant l’Éternel, tandis que, si nous voulons nous épargner, Dieu nous livre à la domination de l’interdit, et nous ne pouvons subsister devant l’ennemi.

Dieu suscitait des juges en Israël ; mais parmi le peuple tous n’étaient pas fidèles, car ils ne voulaient pas écouter le juge. L’oreille de Dieu reste toujours ouverte et la foi ne peut s’adresser à lui sans qu’il nous réponde : «Il te sera fait selon ta foi».

L’infidélité d’Israël fait que Dieu ne dépossède plus ses ennemis, et l’Éternel s’en sert pour éprouver son peuple. Dieu veut aussi que l’Église soit exercée de la même manière. Cela ne s’appelle pas souffrir avec Christ ou être persécuté, ce qui serait une gloire. Si l’Église devient mondaine, refusant d’être un peuple céleste, Dieu la laisse où elle s’est placée. Ce n’est pas à dire que nous devions en rester là, car Dieu se sert de ces choses pour nous éprouver. Il veut nous aguerrir, nous exercer, nous faire comprendre la puissance de Dieu, soit en faisant la guerre, soit en rencontrant des obstacles, et en apprenant ainsi ce que c’est que d’être fidèles au milieu des difficultés, en comptant sur Dieu. Dieu tire ainsi le bien du mal. C’est l’infidélité de l’Église, que sa mondanité ; ce n’est pas Dieu qui a fait cela. Dieu la laisse subsister pour que l’Église en soit exercée ; voyant ce qui était dans le coeur, il n’a pas aboli ces choses qui devaient être plus tard des épines à nos yeux (Nomb. 33:55). Il ne les a pas laissées pour qu’on les acceptât, mais pour qu’elles servissent à manifester la fidélité qui n’accepte aucune de ces choses. Si la providence divine avait laissé en Israël des vestiges de faux dieux, ce n’était pas pour qu’on les suivit, mais pour exercer la fidélité du peuple à les détruire. Si les faux dieux sont puissants, est-ce une raison pour nous entraîner après eux ? Non, la foi compte, à leur égard, sur la puissance de Dieu.

Nous n’avons pas affaire seulement aux attraits du mal, mais à la puissance de l’ennemi. Dieu veut que nous «connaissions ce que c’est que la guerre» (v. 2). Faites votre compte que, dans le chemin de la fidélité, Satan vous présentera des montagnes infranchissables. La foi reconnaît que Dieu est plus puissant que tout cela et compte sur lui pour vaincre ; car faire la paix avec Satan est une chose honteuse et détestable. Il n’est pas question ici de notre joie, mais de notre combat. Dieu a voulu que nous connussions ce que c’est que la guerre. Quelquefois cela nous étonne et nous nous persuadons facilement qu’il y aurait plus de bénédiction si la montagne était supprimée. Mais du moment que nous résistons à Satan, étant fidèles à faire la guerre en nous fiant à la puissance de Dieu, l’ennemi s’enfuit loin de nous. Il n’est pas seulement battu, mais il s’enfuit ; vous en ferez l’expérience. Dieu veut que nous connaissions ce que c’est que la guerre, pour que nous apprenions que lui est avec nous et pour que chaque âme s’appuie sur lui.

Au commencement de notre carrière chrétienne, Dieu nous ayant donné premièrement la joie pour fortifier nos âmes, nous devons ensuite nous attendre à la guerre. Si nous avons gardé quelque habitude, quelque lien qui ne soit pas de Dieu, Dieu nous y livrera et nous en fera sentir la puissance ; nous moissonnerons ce que nous avons semé et nous serons battus et maltraités par les choses que nous aurons épargnées. Mais quand nous découvrirons que la chose épargnée est un ennemi, prenons courage et faisons-lui la guerre. Dieu sera avec nous, et la fin sera la victoire. L’ennemi disparaîtra pour nous laisser dans la joie et dans la paix que la présence de Dieu nous donne. Nos propres infidélités deviennent ainsi l’occasion de la fidélité de Dieu, quand il nous ramène et nous réveille.

 

 

4              Méditations de J. N. Darby    Juges  16:6-25

n°158 : ME 1907 p. 116

S’il n’était question pour nous que de la jouissance de ce que Dieu est, il ne nous serait pas nécessaire de demeurer ici-bas ; mais nous avons au fond de nos coeurs quelque chose qui n’est pas sondé, et Dieu veut nous sonder. Il veut aussi éprouver notre foi pour se faire mieux connaître à nous, et faire ainsi tourner l’épreuve à son honneur. Il y a un secret de notre communion avec Dieu ; c’est la sainteté, une véritable séparation de nos âmes pour Lui, et cette séparation suppose la mortification de la chair. De plus, si nous désirons rendre témoignage à la puissance de Dieu au milieu du mal, il nous faut nécessairement être en relation immédiate avec ce Dieu auquel nous rendons témoignage. Celui qui est en nous est plus fort que celui qui est dans le monde. Nous avons à manifester, non pas l’innocence de la chair, mais la puissance du Saint-Esprit qui domine la chair.

Samson vivait au temps du joug des Philistins, au temps de la puissance de l’ennemi, Samson était Nazaréen, séparé pour Dieu ; il ne buvait pas de vin et laissait croître sa chevelure, prouvant ainsi qu’il n’avait pas de communion avec les joies de ce monde. Sa force était continuelle ; néanmoins, de temps en temps, l’Esprit agissait particulièrement par son moyen contre les ennemis. Sa vie n’était pas une vie de paix, mais de combat.

Nous aussi, nous avons à revêtir les armes de Dieu pour vaincre au mauvais jour. Il y a des moments où le chrétien marche en paix comme ayant domination sur l’ennemi ; il y en a d’autres où le combat est ardent et où, séparé pour Dieu, il est appelé à remporter la victoire.

Aussi longtemps que Samson garde le signe de sa séparation, sa force, la force de Dieu, ne l’abandonne pas. Il avait une force habituelle. Il en est de même pour nous : l’âme vraiment séparée possède une force qui semble lui appartenir en propre et qui ne se manifeste pas toujours de la même manière. Par la puissance du Saint-Esprit, Jésus est conduit au désert pour être éprouvé par l’obéissance ; plus tard, par cette même puissance, il fait beaucoup d’actes miraculeux.

Le nazaréat constant donnait la force, et quand l’occasion s’en présentait, les choses qui demandent cette force s’accomplissaient sans peine dans la carrière de Samson. Elles ne se faisaient pas par un effort extraordinaire du moment, mais par une force habituelle qui, à l’occasion, se manifestait sans difficulté.

La volonté de Samson n’était pas brisée ; on le voit dans toute sa vie. Cela ne lui a pas fait perdre sa force au premier moment ; chez lui, le secret de la communion n’était pas complètement perdu, et Dieu pouvait encore lui donner la force et la victoire. Mais il commence par entrer en relation avec une source de péché. Delila a prise sur son coeur ; il lui résiste longtemps, et ment pour lui échapper ; il évite ainsi les conséquences actuelles du péché, au lieu de se tenir complètement en dehors du mal. Sa force n’était pas encore perdue, mais il était déjà en relation avec le péché, et il perd peu à peu le secret de la communion avec Dieu. Quand Delila a découvert le secret, elle se tourne contre Samson. Si Satan réussit à nous séparer de la communion avec Dieu, toute notre force est perdue.

Samson avait pris l’habitude de constater sa force ; il pensait qu’elle serait toujours là et ne soupçonnait pas que Dieu s’était retiré de lui. Quand il était en communion avec Dieu, il n’avait pas cette fausse sécurité ; il ne pensait pas à lui-même et agissait selon le besoin. Tout est perdu, si nous perdons la dépendance habituelle de Dieu. C’est parce que Samson avait tout perdu qu’il se faisait l’illusion que sa force lui appartenait en propre. La conséquence en est qu’il tombe dans l’esclavage des Philistins.

Il y a ainsi progrès dans le mal ; son affection passe à quelque autre objet qu’à Dieu, puis la communion avec Dieu est perdue ; la dépendance immédiate de Lui est rompue, et la force manque au moment même où elle est nécessaire. Une longue pratique de la bénédiction devient même une occasion de nous faire perdre cette dépendance, et de nous entretenir dans l’illusion qu’il y a quelque force en nous. Samson avait déjà perdu sa chevelure, qu’il se croyait encore fort. On en arrive à oublier même le besoin de communion et, précisément quand la force manque, on ne sent pas qu’elle nous a quittés.

C’est là un avertissement solennel de nous garder de tout ce qui peut nous éloigner tant soit peu de Dieu. Satan ne manquera pas de se vanter de la déchéance d’un chrétien : «Dagon a livré notre ennemi dans nos mains !» C’était un mensonge, mais cela avait l’apparence d’une vérité. Le fait est que Dieu avait abandonné Samson. Il demeure aveugle.

Gardons le sentiment de notre dépendance. Dieu agit par l’homme ; il prépare le vase pour y mettre le don, mais si nous avons la pensée que c’est l’homme et non pas Dieu qui agit, tout est perdu. En théorie, c’est facile à comprendre, mais il faut le sentir à tout moment. S’il y avait parmi nous plus de vraie dépendance de Dieu, Dieu se manifesterait dix fois plus et répondrait plus souvent à la foi.

En un mot, les deux choses qui font notre force sont une séparation entière pour Dieu et la dépendance immédiate de sa puissance et de sa fidélité.