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L’ATTENTE ACTUELLE de l’ÉGLISE

 

 

et PROPHÉTIES qui ÉTABLISSENT la VÉRITÉ du

 

 

RETOUR PERSONNEL du SAUVEUR,

 

 

exposées en ONZE SOIRÉES à Genève (1840)

 

J. N. DARBY

Note générale de Bibliquest : le mot économie est fréquemment utilisé dans le sens de dispensation ; il dérive du mot grec oikonomia, traduit ailleurs par administration

 

TABLE DES MATIÈRES

       Soirée : 2 Pierre 1 — Introduction

       Soirée : Éphésiens 1 — L’Église et sa gloire

       Soirée : Actes 1 — Seconde venue de Christ

       Soirée : Luc 20:27-44 — Première résurrection ou Résurrection des justes

       Soirée : Daniel 2 — Progrès du mal sur la terre

       Soirée : Daniel 7:15-28 — Les deux caractères du mal : Apostasie ecclésiastique et apostasie civile

       Soirée : Psaume 82 — Jugement des nations, qui deviennent l’héritage de Christ et de l’Église

       Soirée : Romains 11:21 — Promesses absolues de bénédictions terrestres faites à Israël

       Soirée : Ézéchiel 37 — Bénédictions terrestres faites à Israël (Suite)

10°     Soirée : Ésaïe 1 — Bénédictions terrestres faites à Israël (Suite)

11°     Soirée : Apocalypse 12 — Résumé et Conclusion

 

 

*      *      *

 

Première Soirée : 2 PIERRE 1 — Introduction

 

Le chrétien doit chercher à connaître non seulement le salut qui est en Christ, mais aussi tous les fruits de ce salut. Il doit non seulement s’assurer qu’il est dans la maison de son Père, mais encore jouir des privilèges de la maison.

«Dieu nous a appelés par la gloire et par la vertu» (2 Pierre 1:3).

Dans la gloire de Christ et de l’Église, Dieu nous donnant un avenir que lui-même a rempli de ses desseins, l’étude de cette précieuse vérité vient remplir nos pensées de la manière la plus utile ; et c’est sûrement un des buts qu’il s’est proposés en nous dispensant la prophétie, laquelle, nous révélant ses intentions, nous fait, en qualité d’amis (Jean 15:15 ; Éph. 1:9), participer aux pensées qui l’occupent. Il ne pouvait nous donner un plus tendre gage de son amour et de sa confiance (Gen. 18:17), ni rien qui eût pour nos âmes une efficace plus sanctifiante. En effet, si c’est par le but qu’ils poursuivent que les hommes sont caractérisés, notre conduite dans le présent se ressentira de l’avenir qui fait notre espérance ; elle en portera nécessairement le reflet et la couleur. Ceux qui n’ambitionnent que dignités, ceux qui ne rêvent que richesses, ceux qui n’attendent leur bonheur que des plaisirs du monde, agissent chacun selon ce qui est dans son coeur ; leur vie respective est réglée par les objets qu’ils affectionnent. Il en est de même de l’Église. Si les fidèles comprenaient leur vocation, qui est de participer à une gloire à venir toute céleste, qu’arriverait-il ? Ils vivraient ici-bas comme des étrangers et des voyageurs. En connaissant les prophéties qui regardent cette terre, ils comprendraient mieux la nature des promesses faites aux Juifs, les distingueraient de celles qui nous concernent, nous chrétiens ; ils jugeraient l’esprit du siècle, et s’affranchiraient de préoccupations humaines, et de soucis toujours funestes à la vie chrétienne ; ils apprendraient à s’appuyer sur Celui qui a tout réglé, qui connaît l’issue des choses dès le commencement, et à se livrer tout ensemble à l’espérance qui leur a été donnée, et à l’observation des devoirs qui en découlent.

On prétend que le véritable usage à faire des prophéties est de montrer la divinité de la Bible par celles qui sont déjà accomplies. C’est bien un des usages qu’on en peut faire, mais ce n’est pas là le but spécial pour lequel elles ont été délivrées. Elles sont données, non au monde, mais à l’Église, pour lui communiquer les pensées de Dieu, et lui servir de guide et de flambeau avant l’arrivée des événements qu’elles annoncent, ou durant le cours de ces événements. Que dirait-on d’un homme qui n’emploierait toutes les confidences d’un tendre ami que pour se convaincre plus tard qu’il a dit la vérité ? Hélas ! où en sommes-nous ? Avons-nous à ce point perdu le sentiment de nos privilèges et de la bonté de Dieu ? N’y a-t-il donc rien pour l’Église dans toutes ces saintes révélations ? car, certes, l’Église n’en est pas à se demander si Dieu, son céleste ami, a dit la vérité.

Mais il y a plus : la plupart des prophéties, et, dans un certain sens, on peut dire toutes les prophéties, s’accomplissent à l’expiration de l’économie qui nous concerne ; or, à cette époque, il sera trop tard pour être convaincu de leur vérité, ou pour les employer à en convaincre autrui : le jugement éclatant qui tombera sur ceux qui en doutent, en sera la démonstration assez évidente. Je prends un exemple dans les prédictions du Seigneur. À quoi bon l’avertissement qu’il avait donné à ses disciples de s’enfuir dans telle ou telle circonstance, s’ils n’avaient point compris ce qu’il disait, ni cru d’avance à la vérité de sa parole ? C’était précisément cette connaissance et cette foi qui les distinguaient de tous leurs compatriotes incrédules. Il en est de même de l’Église : les jugements de Dieu vont frapper les nations ; l’Église en est avertie ; grâce à l’enseignement du Saint Esprit, elle le comprend, le croit, et échappe aux malheurs qui doivent arriver.

Mais on objecte : ce sont des idées purement spéculatives. — Ruse de Satan ! Si, m’élevant au-dessus du présent, au-dessus du sentiment de mes besoins et des circonstances du moment ; si, franchissant le domaine des êtres matériels, je m’élance dans l’avenir, dans ce champ livré à l’intelligence de l’homme, tout y sera vague et sans influence, ou je le remplirai soit de mes pensées, soit des pensées de Dieu. Mes pensées ! voilà la spéculation. Les pensées de Dieu, c’est la prophétie qui les expose et les développe ; car la prophétie est la révélation des pensées et des conseils de Dieu relativement à l’avenir. Quel est l’être portant le nom de chrétien qui ne jouisse pas de la perspective que «la terre sera pleine de la connaissance de l’Éternel, comme les eaux couvrent le fond de la mer» ? Eh bien ! c’est une prophétie. Si nous demandons : comment s’accomplira-t-elle ? Ce n’est pas de la bouche de l’homme que doit sortir la réponse ; la parole de la même prophétie nous instruit sur ce point, et fait taire les imaginations et la vaine gloire de nos coeurs orgueilleux.

En effet, bien que la communion de Dieu nous soulage et nous sanctifie, bien que cette communion, qui doit être éternelle, nous soit déjà donnée, Dieu a voulu agir sur nos coeurs par des espérances positives, et il a fallu qu’Il nous les communiquât pour qu’elles fussent efficaces, et que notre avenir ne fût ni vague, ni rempli de fables ingénieusement imaginées. Or, le Dieu de grâce et de bonté en soit loué ! notre avenir n’est ni vague, ni rempli de fables ingénieusement imaginées. «Car», dit l’apôtre, lorsqu’il veut entretenir la piété, la vertu, l’amour fraternel, la charité dans les âmes des fidèles, et faire qu’ils puissent se souvenir continuellement de ces choses, «ce n’est pas en suivant des fables ingénieusement imaginées, que nous vous avons fait connaître la puissance et la venue de notre Seigneur Jésus Christ, mais comme ayant été témoins oculaires de sa majesté. Car il reçut de Dieu le Père honneur et gloire, lorsqu’une telle voix lui fut adressée par la gloire magnifique : «Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j’ai trouvé mon plaisir». Et nous, nous entendîmes cette voix venue du ciel, étant avec lui sur la sainte montagne. Et nous avons la parole prophétique rendue plus ferme, (à laquelle vous faites bien d’être attentifs, comme à une lampe qui brille dans un lieu obscur), jusqu’à ce que le jour ait commencé à luire et que l’étoile du matin se soit levée dans vos coeurs, — sachant ceci premièrement, qu’aucune prophétie de l’Écriture ne s’interprète elle-même. Car la prophétie n’est jamais venue par la volonté de l’homme, mais de saints hommes de Dieu ont parlé, étant poussés par l’Esprit Saint» (2 Pierre 1:16-21).

En étudiant les traits les plus généraux de la prophétie, nous examinerons ces trois grands sujets : l’Église, les nations, et les Juifs.

En poursuivant cette étude, nous trouverons, selon la mesure de lumière qui nous est donnée, un résultat des plus doux, à savoir le plein développement des perfections de Dieu selon les deux noms ou caractères sous lesquels il s’est révélé dans ses relations avec nous. Aux Juifs, c’est comme l’Éternel qu’il se révèle (Exode 6:3) ; à l’Église, c’est comme Père. Jésus, par conséquent, est présenté aux Juifs en qualité de Messie, centre des promesses et des bénédictions de l’Éternel envers leur nation ; à l’Église, il apparaît comme Fils de Dieu, réunissant à Lui ses «plusieurs» frères, et partageant avec nous son titre et ses privilèges. Nous sommes «enfants de Dieu», «membres de sa famille» et «cohéritiers du Premier-né», qui est l’expression de toute la gloire de son Père. Dans la consommation des siècles, quand Dieu réunira toutes choses en Christ, alors sera aussi réalisé le plein sens du nom sous lequel il s’est révélé à Abraham, chef des fidèles, de ce nom sous lequel il a été célébré par Melchisédec, type de ce sacrificateur royal, qui sera le centre comme l’assurance de la bénédiction de la terre et des cieux réunis, du nom de «Très-haut, possesseur des cieux et de la terre».

 

Deuxième Soirée : ÉPHÉSIENS 1 — L’Église et sa gloire

 

Des trois objets que je vous ai indiqués dans notre première soirée comme devant faire l’objet de notre étude, celui de l’Église et de sa gloire est le premier que nous allons considérer. Il nous introduit, comme nous l’avons dit, à celui du Père, caractère sous lequel Dieu s’est révélé à nous, et d’où découlent pour l’Église les fruits de la grâce et toutes les circonstances de son état dans la gloire, comme elles découlaient pour Israël du nom de l’Éternel. À cela nous pouvons ajouter un autre principe signalé dans l’épître aux Éphésiens, et étroitement lié à notre sujet principal, c’est que le Père a donné l’Église à Christ comme son Épouse, de sorte qu’elle participera pleinement à toute sa gloire. En nous adoptant pour ses enfants, le Père nous a associés aux droits et à la gloire du Fils, premier-né entre plusieurs frères. Comme Épouse de Jésus, nous jouissons de tous les privilèges qui Lui appartiennent en vertu de son incomparable amour.

Le Père aime le Fils et lui a donné toutes choses. Voilà le premier grand principe que je désire poser. Et comme le Fils a glorifié le Père, ainsi le Père glorifie le Fils.

Second principe : nous participerons à la gloire du Fils, comme il est dit (Jean 17:22) : «La gloire que tu m’as donnée, moi, je la leur ai donnée». Et c’est afin que le monde sache que le Père nous aime comme il aime Jésus lui-même. En nous voyant dans la même gloire, le monde sera convaincu que nous sommes les objets du même amour ; et la gloire que nous aurons au dernier jour ne sera que la manifestation de cette précieuse et étonnante vérité.

Ainsi, l’espérance de l’Église, ce n’est pas seulement d’être sauvée, d’échapper à la colère de Dieu, mais d’avoir la gloire du Fils lui-même. Ce qui fait la perfection de sa joie, c’est d’être aimée du Père et de Jésus ; puis, comme conséquence de cet amour, d’être glorifiée. De plus, le Père a voulu communiquer la pleine connaissance de ces richesses, et nous en donner les arrhes par la présence du Saint Esprit dans tous les sauvés.

Avant de développer par d’autres témoignages de la parole de Dieu ces idées, que nous n’avons puisées qu’à cette source, faisons quelques remarques sur le chapitre que nous avons lu.

Dès les premières lignes, Dieu se présente comme Père, et sous les rapports déjà indiqués.

Il est «notre Père» (v. 2), et le «Père de notre Seigneur Jésus Christ».

Jusqu’au verset 8 inclusivement, l’apôtre expose le salut. Dieu «nous a prédestinés pour nous adopter pour lui... à la louange de la gloire de sa grâce» ; et ce salut est actuellement accompli : «nous avons la rédemption par son sang».

Dans les versets 8-10, nous voyons que cette grâce du salut nous introduit par sa puissance actuelle, par le Saint Esprit, dans la connaissance du propos arrêté de Dieu quant à la gloire de Christ ; preuve touchante, comme nous l’avons dit, de l’amour de Dieu, qui nous traite en amis, et qui tranquillise notre âme d’une manière ineffable, en nous faisant voir où aboutiront tous les efforts et toute l’agitation des hommes de ce monde. Voici ce propos arrêté de Dieu : Dieu réunira toutes choses en Christ, tant celles qui sont aux cieux que celles qui sont sur la terre.

Jusqu’à ce 8° verset, nous avons vu notre prédestination à l’état d’enfants du Père, ou l’accomplissement actuel du salut :  «Nous avons la rédemption par son sang». Dans ce qui suit, nous avons le propos de Dieu, quant à la gloire de Christ, en relation avec toutes choses  ; ensuite depuis le 11° verset, notre participation, encore future, à la gloire ainsi désignée, et de plus le sceau du Saint Esprit nous est accordé pendant que nous sommes dans l’attente de cette gloire. «En qui nous avons aussi été faits héritiers... afin que nous soyons à la louange de sa gloire». Avant le 8, verset, c’était «à la louange de la gloire de sa grâce» ; maintenant, c’est «à la louange de sa gloire» (v. 12) ; et puis, «ayant cru, vous avez été scellés du Saint Esprit de la promesse, qui est les arrhes de notre héritage jusqu’à (*)  la rédemption de la possession acquise, à la louange de sa gloire» (v. 14). Le reste du chapitre est une prière de l’apôtre pour que les fidèles comprennent leur espérance, et la puissance de la résurrection et de l’exaltation de Christ, à qui l’Église est unie, puissance qui a agi en eux.

(*) note bibliquest : «jusqu’à» au lieu de «pour», texte initial de 1840 conforme à la note de traduction JN Darby à Éphésiens 1:14

Cette position de l’Église rachetée, qui jouit de la rédemption, et qui attend aussi la rédemption de l’héritage, a son type parfait en Israël. Ce peuple, racheté d’Égypte, n’entra pas en Canaan, mais dans le désert, tandis que la terre de Canaan était encore au pouvoir des Cananéens. La rédemption d’Israël était accomplie, la rédemption de l’héritage ne l’était pas. Les héritiers étaient rachetés, mais l’héritage n’était pas délivré des mains de l’ennemi. «Ces choses, dit l’apôtre, leur arrivèrent (aux Israélites) comme types, et elles ont été écrites pour nous servir d’avertissement, à nous (l’Église) que les fins des siècles (économies) ont atteints» (1 Cor. 10:11).

Christ attend le moment où il doit prendre l’Église à lui, pour que tout lui soit assujetti, assujetti non pas de droit seulement, mais de fait, ce moment solennel où l’Éternel mettra tous ses ennemis pour le marchepied de ses pieds. Jusqu’à ce que soit arrivée cette époque, gardée comme un secret dans les profondeurs des conseils divins (*), il siège à la droite de la Majesté dans les lieux très hauts.

(*) C’est pourquoi il me semble qu’il est dit, dans Marc 13, que le Fils même n’en pourrait dire l’heure ni le jour, parce qu’il était lui-même l’objet de ce décret de l’Éternel. Il recevra toutes choses de la main de Dieu en qualité d’homme serviteur, comme aussi maintenant Dieu l’a souverainement élevé. Parlant comme prophète, Christ annonçait sa venue comme le jugement terrible qui devait tomber sur la nation incrédule ; mais le conseil de Dieu quant à ce jugement, ou du moins quant au moment de son arrivée, était renfermé dans ces paroles : «Assieds-toi à ma droite, jusqu’à ce que ...». Christ, serviteur anéanti, s’attendait (comme toujours, et c’était sa perfection) à la volonté de son Père, et à recevoir le royaume quand le Père le voudrait. On doit remarquer que le Psaume 110 et Marc 13, se rapportent parfaitement au même objet : les ennemis sont les Juifs qui le rejetaient (Luc 19:27).

Christ prendra l’héritage de toutes choses comme homme, afin que l’Église, rachetée par son sang, puisse hériter de toutes choses avec Lui, cohéritière purifiée d’un héritage qui aura été lui-même purifié.

Rappelons donc ces deux principes :

1° Christ, dans les conseils de Dieu, possède toutes choses ;

2° En qualité d’Épouse de Christ, l’Église participe à tout ce qu’il a, à tout ce qu’il est, sauf à sa divinité éternelle, bien que, dans un sens, nous participions de la nature divine (2 Pierre 1:4).

Venons-en aux passages qui développent les pensées que nous avons émises.

Toutes choses, disons-nous, sont à Christ.

Il est «établi héritier de toutes choses» (Héb. 1:2). Elles lui appartiennent de droit, puisqu’il en est le Créateur (Col. 1:15-18). Remarquez dans ce passage deux primautés de Christ : Il est d’abord appelé «premier-né (ou chef) de toute la création», puis, «premier-né d’entre les morts», chef de l’Église qui est son corps. Distinction qui jette beaucoup de lumière sur notre sujet. Toutes choses ont été créées pour lui comme par lui. Aussi les possédera-t-il comme homme, second Adam, auquel Dieu a voulu, dans ses conseils, assujettir toutes choses.

C’est ce que nous lisons dans le Ps. 8, qui est appliqué à Christ par Paul (Héb. 2:6), et qui est effectivement comme la pierre angulaire de la doctrine de l’apôtre sur ce sujet. Il cite ce psaume trois fois dans ses épîtres, dans des passages qui présentent l’idée principale de l’assujettissement de toutes choses à l’homme-Christ, sous trois aspects différents, dont chacun est important pour nous.

1° D’après Héb. 2:6, la prophétie n’est pas encore accomplie, mais l’Église a, dans l’accomplissement partiel de ce qui est annoncé dans le passage, le gage de son accomplissement total. Toutes choses ne sont pas encore assujetties à Jésus ; mais, en attendant, Jésus est déjà couronné de gloire et d’honneur, gage certain que ce qui reste s’accomplira dans son temps. Sous l’économie actuelle, dont l’objet est le rassemblement des cohéritiers, toutes choses ne lui sont pas assujetties ; mais Lui est glorifié, et les fidèles reconnaissent ses droits. Nous avons donc en Héb. 2, l’application du passage ci-dessus du Ps. 8:5, 6, et nous sommes avertis que l’assujettissement de toutes choses au second Adam n’a pas encore eu lieu.

2° Dans Éph. 1:20-23, nous voyons également Jésus exalté, souverainement élevé à la droite de la Majesté dans les lieux très hauts, et l’assujettissement de toutes choses sous ses pieds est aussi offert à notre attention, mais comme devant avoir pour effet l’introduction de l’Église dans la même gloire. Jésus nous est présenté dans cette gloire comme chef de l’Église, son corps, la plénitude de celui qui remplit tout en tous, autre vérité sur laquelle nous avons insisté.

3° Ensuite, dans 1 Cor. 15, ce même fait, la glorification de Jésus et l’assujettissement de toutes choses à lui, nous est montré, mais sous un autre point de vue, c’est-à-dire comme devant avoir lieu à la résurrection, selon la puissance de laquelle Jésus a été déclaré dernier Adam, et comme un royaume qu’il possédera comme homme, et qu’il doit rendre à Dieu le Père. Alors lui-même, comme dernier Adam, doit être assujetti à Celui qui lui a assujetti toutes choses — au lieu de régner comme homme, ainsi qu’il le faisait auparavant, sur toutes choses — toutes, hormis Celui qui les lui aura assujetties.

Il s’agit donc d’un assujettissement encore à venir de toutes choses à Christ, d’une domination qu’il partagera avec l’Église en tant qu’elle est son corps, et qui aura lieu, par conséquent, à la résurrection de ce même corps, de l’Église ; il s’agit enfin d’un pouvoir qu’il remettra à Dieu le Père, dans les temps arrêtés afin que Dieu soit tout en tous.

Christ, glorifié dans sa personne, à l’heure qu’il est et pendant que l’Église se rassemble, est assis sur le trône de Dieu, attendant qu’elle soit au complet, que le moment soit venu où il sera investi de sa puissance royale, et que l’Éternel ait mis ses ennemis pour le marchepied de ses pieds.

Une distinction assez importante ressort des passages que nous avons cités, et je dois vous la faire remarquer : c’est, outre la réconciliation de l’Église, la réconciliation de toutes choses. Vous avez dû l’entrevoir dans les paroles par la lecture desquelles nous avons commencé notre réunion : nous avons entendu que le propos arrêté de Dieu est de réunir toutes choses en Christ ; que la réconciliation de l’Église est présentée, dans les versets qui précèdent le 8°, comme une chose accomplie, et la gloire comme une chose future, dont nous n’avons encore que les arrhes par la présence du Saint Esprit en nous après avoir cru. Mais nous voyons, au chapitre 8 de l’épître aux Romains, que la délivrance de la création doit avoir lieu à l’époque de la manifestation des enfants de Dieu. Quant au présent, c’est-à-dire pendant que Christ est assis à la droite de Dieu, tout est dans un état de misère, toute la création reste enchaînée à la corruption. Il est vrai que nous sommes rachetés, et même que le prix du rachat est déjà donné pour la création, et de plus que nous avons reçu les prémices du Saint Esprit comme arrhes de la gloire ; mais c’est en attendant que le Dieu Fort entre dans l’exercice de sa puissance, qu’il règne et soit le possesseur de fait, comme il l’est de droit, des cieux et de la terre. Attachés par le corps à la création déchue, comme par l’Esprit nous le sommes à Christ, nous avons, d’un côté, la certitude d’être des enfants acceptés, rendus agréables dans le Bien-aimé, et la joie de l’héritage en espérance par l’Esprit qui en est les arrhes ; mais, de l’autre côté, par le même Esprit, nous exprimons, en tant que nous sommes dans le corps, les soupirs et les gémissements de la création, aux misères de laquelle nous participons par ce corps mortel. Tout est en désordre, mais nous connaissons Celui qui nous a rachetés et nous a faits héritiers de toutes choses, qui nous a initiés à l’amour du Père. Nous jouissons de ces privilèges ; mais, comprenant aussi la bénédiction qui se répandra sur l’héritage quand Christ le prendra et que nous apparaîtrons en gloire, sentant en même temps le triste état où se trouve actuellement cet héritage, nous servons, par l’Esprit, de canal à ces soupirs qui montent au trône du Dieu de miséricorde.

Le passage déjà cité, en partie, de l’épître aux Colossiens constate cette distinction très clairement. Il est dit, verset 20 : «Et, par lui, à réconcilier toutes choses avec elle-même, ayant fait la paix par le sang de sa croix, par lui, soit les choses qui sont sur la terre, soit les choses qui sont dans les cieux. Et vous (les fidèles)... il vous a toutefois maintenant réconciliés dans le corps de sa chair, par la mort». L’Église est déjà réconciliée. Les choses des cieux et de la terre, il les réconciliera plus tard, selon l’efficace de son sang déjà répandu (*). L’ordre des cérémonies du grand jour des expiations exprimait typiquement cette réconciliation, mais en rapport spécial, quand on en vient aux détails, avec la part que les Juifs auront à ces bénédictions.

(*) il faut remarquer qu’il s’agit ici de choses, et nullement des pécheurs restant dans leur incrédulité.

Nous voyons très clairement en Colossiens 1:16, quelles sont les choses qui se trouvent comprises dans cette réconciliation : «Toutes choses ont été créées par lui et pour lui». Tout ce qu’il a créé comme Dieu, il en héritera comme le restaurateur de toutes choses. Y eût-il un brin d’herbe, pour ainsi dire, qui ne fût pas assujetti à la puissance de Christ en bénédiction, Satan aurait conquis quelque chose sur Christ, sur ses droits et sur son héritage. Or, c’est le jugement qui donnera gain de cause à Christ.

En outre, Christ, quand il viendra, sera la source de la joie pour toutes les intelligences créées, joie réfléchie et rehaussée par la bénédiction qui se répandra sur toute la création ; car la joie de voir le bonheur d’autrui, et même celle qui découle de l’affranchissement de la création de la servitude de la corruption, est une partie divine de nos jouissances ; nous la partageons avec le Dieu de bonté.

Pour nous, c’est dans «les lieux célestes» que nous trouverons notre place. Les bénédictions spirituelles dans les lieux célestes dont nous jouissons dès à présent, en espérance et entravés de mille manières, seront dans ce jour-là pour nous des choses naturelles, notre état physique et normal, si je puis dire ainsi. Mais la terre ne manquera pas d’en ressentir les effets. Les puissances spirituelles de méchanceté dans les lieux célestes (Éph. 6:12) y seront remplacées par Christ et son Église ; elles cesseront d’être les causes continuelles et fécondes des misères d’un monde assujetti à leur puissance par le péché. L’Église, au contraire, avec Christ, réfléchissant la gloire à laquelle elle participe, et jouissant de la présence de Celui qui en est pour elle la source et la plénitude, rayonnera sur le monde en bénédiction ; et les nations de ceux qui sont sauvés marcheront à sa lumière. «Aide semblable à lui» [Gen. 2:18] dans sa gloire, toute pleine des pensées de son Époux, et jouissant de son amour, elle sera le digne et libre instrument de ses bienfaits, comme elle sera, par son état même, la vivante démonstration de leur efficacité. Car Dieu a fait ces choses pour montrer, «dans les siècles à venir les immenses richesses de sa grâce, dans sa bonté envers nous dans le Christ Jésus» [Éph. 2:7]. La terre jouira des fruits de la victoire et de la fidélité du dernier Adam, et en sera le magnifique témoignage à la vue des principautés et des puissances, comme elle est maintenant, par le dégât qu’a fait le péché, le témoignage de la faiblesse, de la ruine et de l’iniquité du premier Adam. Sans doute, la joie la plus excellente, la joie des joies sera la communion de l’Époux et du Père ; mais être témoin de sa bonté, y avoir part et en être l’instrument envers un monde déchu, certes, c’est goûter les joies divines ; car Dieu est amour.

Chers amis, c’est cette terre que nous habitons, que Dieu a voulu prendre pour en faire le théâtre de la manifestation de son caractère et de ses oeuvres de grâce. C’est dans cette terre que le péché est entré et qu’il s’est fixé ; c’est ici que Satan a déployé son énergie pour le mal ; c’est ici que le Fils de Dieu a été humilié, qu’il est mort, qu’il est ressuscité ; c’est sur cette terre que le péché et la grâce ont déployé tout leur effet ; c’est sur cette terre que le péché a abondé, si la grâce y a surabondé. Si Christ est caché maintenant dans le ciel, c’est sur cette terre qu’il sera révélé ; c’est sur elle que les anges ont le mieux pénétré les profondeurs de l’amour de Dieu ; c’est sur elle qu’ils en apprendront les résultats quand ils seront manifestés dans la gloire. Sur cette terre où le Fils de l’homme a été humilié, le Fils de l’homme sera glorifié. Si cette terre en elle-même est peu de chose, ce que Dieu y a fait et ce que Dieu y fera ne sont pas peu de chose pour Lui. Pour nous (l’Église), les lieux célestes sont la cité de notre demeure, car nous sommes des cohéritiers (non l’héritage) : nous sommes héritiers de Dieu et cohéritiers de Christ ; mais l’héritage est nécessaire pour la gloire de Christ, comme les cohéritiers sont l’objet de son plus tendre amour, ses frères, son épouse.

Je viens de vous exposer, chers amis, brièvement et faiblement, je le reconnais, quelle est la destinée de l’Église ; l’Esprit seul peut nous faire sentir toute la douceur de la communion de l’amour de Dieu, et l’excellence de la gloire qui nous est donnée. Mais, du moins, je vous ai présenté assez de passages de la Parole pour vous faire comprendre, avec l’aide du Saint Esprit, ce que je demande pour vous comme pour moi-même, les pensées dont j’avais à coeur de vous faire part ce soir. Il en résulte très clairement que nous vivons pendant le temps dans lequel les héritiers sont rassemblés, et qu’il est une autre économie à venir que nous verrons prendre place à la venue du Sauveur, celle où les héritiers auront la jouissance de l’héritage de toutes choses, celle où toutes choses seront soumises à Christ et à son Église comme unie à lui et révélée avec lui. Ce qui suivra ultérieurement ne fait pas maintenant le sujet de nos recherches ; j’entends cette dernière période, où Dieu sera tout en tous, et où Christ lui-même, comme homme, sera assujetti à Dieu, et chef d’une famille éternellement bénie, dans la communion du Dieu qui l’a aimée, et qui aura son tabernacle au milieu d’elle, Dieu Père, Fils et Saint Esprit, éternellement béni. Amen.

C’est en s’occupant de ces sujets pleins d’espérance par l’Esprit, que l’Église sera détachée du monde et revêtira le caractère qui lui sied comme fiancée de Christ, à qui elle doit tout son coeur et toutes ses pensées.

 

Troisième Soirée : Actes 1 — Seconde venue de Christ

 

note Bibliquest : une fausse doctrine répandue à l’époque soutenait l’idée d’un millénium par le St Esprit, avant ou sans le retour du Seigneur. Cette idée est réfutée ci-après

Je désire vous parler de la venue de Christ. Plusieurs sujets se lient à ce fait principal, par exemple, le règne de l’Antichrist ; mais je me bornerai ce soir au fait même de la venue du Seigneur.

J’ai ouvert cette séance par la lecture d’Actes 1, parce que la promesse du retour du Seigneur nous y est désignée comme l’unique espérance des disciples, et le premier objet qui a dû fixer leur attention, lorsqu’ils suivaient en vain des yeux le Seigneur, qui s’éloignait en l’air et allait se cacher en Dieu.

Dans ce chapitre, il y a trois choses à remarquer à l’occasion de l’enlèvement du Seigneur. La première, c’est que les disciples désiraient savoir quand et comment Dieu rétablirait le royaume d’Israël. Or, Jésus ne dit pas que ce royaume ne sera pas rétabli, mais bien le contraire ; il dit seulement que l’époque de cette restauration n’est pas révélée. La deuxième, c’est que le Saint Esprit devait venir ; et la troisième, c’est que, pendant que les disciples avaient les yeux levés vers le ciel, deux anges leur dirent : «Pourquoi vous tenez-vous ici, regardant vers le ciel ? Ce Jésus, qui a été élevé d’avec vous dans le ciel, viendra de la même manière que vous l’avez vu s’en allant au ciel».

Ils devaient attendre le retour de Christ.

Si nous étudions l’histoire de l’Église, nous la verrons décliner exactement dans la proportion dans laquelle elle a perdu de vue le retour du Seigneur et que l’attente du Sauveur a disparu des coeurs. En oubliant cette vérité, elle s’est affaiblie, mondanisée. Mais, désirant ne point sortir de la sphère de la Parole, je me propose de vous démontrer par elle comment cette pensée du retour de Christ dominait l’intelligence, soutenait l’espérance, inspirait la conduite des apôtres, et je vais le faire par des citations textuelles des divers livres du Nouveau Testament.

Actes 3:19-21 : «Repentez-vous donc et vous convertissez, pour que vos péchés soient effacés : en sorte que viennent des temps de rafraîchissement de devant la présence du Seigneur, et qu’il envoie Jésus Christ ...» Le Saint Esprit est venu ; il est demeuré avec l’Église ; mais les temps de rafraîchissement viendront «de devant la face du Seigneur» quand il enverra Jésus Christ. Il est impossible d’appliquer ce passage au Saint Esprit, puisqu’il était déjà, à cette heure-là, descendu, et qu’il disait par la bouche de l’apôtre : «Lequel il faut que le ciel reçoive, jusqu’aux temps du rétablissement de toutes choses ...» Et, de fait, le Saint Esprit n’a pas rétabli toutes choses. Celui qui doit venir, selon ce passage, ne doit pas venir pour juger les morts, ni pour que le monde soit brûlé et détruit ; c’est, avant tout, pour le «rétablissement de toutes choses dont Dieu a parlé par la bouche de ses saints prophètes».

Je vous cite ces passages pour vous faire comprendre ce que j’entends par la venue du Seigneur ; ce n’est pas le jugement des morts, ce n’est pas le grand trône blanc ; c’est le retour de Jésus Christ en personne, présent et visible, quand il sera envoyé du ciel. Si vous comparez ces versets avec ce qui se trouve en Apoc. 20, vous verrez clairement que la venue de Jésus Christ et le jugement des morts sont deux événements distincts ; que, lorsque le jugement des morts aura lieu, il n’est pas parlé de Christ revenu du ciel sur la terre ; car il est dit qu’alors le ciel et la terre s’enfuiront de devant sa face.

Le Seigneur reviendra sur la terre.

Je vais vous montrer comment lui-même d’abord, puis le Saint Esprit par les apôtres, ont continuellement dirigé notre attention sur ce retour personnel.

Matt. 24:27-30 : «Alors toutes les tribus de la terre se lamenteront et verront le Fils de l’homme venant sur les nuées du ciel». Certes, l’expédition de Titus contre Jérusalem n’est pas la venue du Seigneur dans les nuées du ciel. Ce n’est pas là non plus le jugement des morts devant le tribunal du grand trône blanc ; à cette époque-là la terre n’est plus, tandis qu’à celle du passage cité, les nations de la terre sont présentes, et qu’il s’agit d’un événement qui concerne cette terre. «Et alors toutes les tribus de la terre se lamenteront». Ce n’est pas un millénium à la suite de l’exercice de la puissance du Saint Esprit ; ce sont les tribus de la terre qui se lamenteront quand elles verront le Seigneur Jésus. Verset 33 : «De même... quand vous verrez toutes ces choses, sachez que cela est proche, à la porte».

Matt. 24:42-51. La fidélité de l’Église dépendait de l’attention continuelle qu’elle donnait à cette vérité du retour de Christ. Dès le moment qu’elle a dit : «Mon Maître tarde à venir», elle a commencé à dominer tyranniquement et à devenir mondaine. «Soyez prêts», dit Jésus, «car... le Fils de l’homme (non pas la mort) vient ...»

Matt. 25:1-13. L’attente du retour de Christ est la mesure exacte, le thermomètre, si je puis dire, de la vie de l’Église. Comme le serviteur devint infidèle du moment qu’il eut dit : «Mon Maître tarde à venir», il en est de même des dix vierges, puisqu’il est dit qu’elles s’endormirent toutes. De plus, ce n’était ni le Saint Esprit, ni la mort, que les vierges devaient attendre fidèlement ; car ni la mort, ni le Saint Esprit ne sont l’Époux de l’Église. Toutes les vierges se trouvaient dans la même situation ; les sages (les vrais saints), comme les folles qui manquaient de l’huile du Saint Esprit, s’endormirent ensemble, oublièrent le retour immédiat de Christ.

Dans Marc 13, nous avons à peu près les mêmes choses. Le verset 26 nous interdit de l’appliquer à l’invasion des Romains (*) ; et, quand il est dit, verset 29 : «Cela est proche, à la porte», il n’est pas question du jugement des morts ni du grand trône blanc. Il ne sera pas question de maison, dans ce jour-là.

(*) Je saisis cette occasion pour vous faire remarquer que, bien qu’il y ait eu, Iors de la prise de Jérusalem par Titus, des circonstances en partie semblables, à certains égards, à celles qui doivent arriver plus tard quand s’accompliront ces prophéties de Marc 13 et Matt. 24, en sorte que les disciples aient pu faire usage des avertissements qu’elles renferment (ce que j’admets, quoique le fait en soit bien peu certain), il y a des difficultés insurmontables à vouloir appliquer «l’abomination de la désolation» à l’armée de Titus ou aux enseignes romaines, car il y a une période qui date de cet événement, et dont on ne voit aucun accomplissement en comptant de la prise de Jérusalem. Aussi, a-t-on été obligé de rapporter cette partie de la prophétie au papisme, qui, à coup sûr, n’a rien à faire avec l’invasion de Titus. Le passage de Luc a plus de rapport aux événements qui ont eu lieu Iors de la prise de Jérusalem par cet empereur ; mais, encore une fois, vouloir y appliquer les passages qui nous occupent, c’est se donner une peine inutile.

On ne compte que quatre passages, dans le Nouveau Testament, qui parlent de la joie de l’âme délogée. La première occasion, c’est lorsque le brigand avait dit au Seigneur : «Souviens-toi de moi, Seigneur, quand tu viendras dans ton royaume». C’est à la venue de Jésus en gloire qu’il pensait, vérité qui était familière aux Juifs. Et le Seigneur lui répondit : Tu ne dois pas attendre pour cela que je revienne, «aujourd’hui tu seras avec moi dans le paradis». La deuxième circonstance est celle d’Étienne qui dit : «Seigneur Jésus, reçois mon esprit». La troisième, lorsque Paul dit : «Absents du corps et... présents avec le Seigneur» (2 Cor. 5). La quatrième (Phil. 1:22, 23) : «Ce que je dois choisir, je n’en sais rien... déloger et... être avec Christ, car cela est de beaucoup meilleur». En effet, il est beaucoup plus avantageux d’attendre la gloire, en étant présent avec Christ dans le ciel, qu’en restant ici-bas ; non qu’on soit dans la gloire quand on déloge, mais on est quitte du péché, à l’abri du péché, et l’on jouit du Seigneur sans pécher. Oui, c’est un état beaucoup meilleur, mais c’est aussi un état d’attente, comme celui où se trouve Christ lui-même, assis à la droite du Père, et attendant ce qui reste.

Luc 12:35 : «Que vos reins soient ceints et vos lampes allumées ...» Ici, nous retrouvons la parabole du serviteur infidèle. Seulement, le Sauveur ajoute que le serviteur «qui a connu la volonté de son maître, et qui ne s’est pas préparé (voilà la chrétienté)... sera battu de plusieurs coups ; et celui qui ne l’a point connue (les païens)... sera battu de peu de coups». Tous seront jugés, mais la chrétienté est dans un état infiniment pire que celui des Juifs et des païens.

Luc 17:30 : «Il en sera de même au jour où le Fils de l’homme sera manifesté».

Luc 21:27 : «Alors on verra le Fils de l’homme venant sur une nuée avec puissance et une grande gloire».

Le figuier, dont le Sauveur parle à cette occasion, est spécialement le symbole de la nation juive. «Veillez donc, ajoute-t-il, afin que vous soyez estimés dignes... de vous tenir devant le Fils de l’homme».

Ces deux chapitres de Luc, savoir 17 et 21, comme Matt. 24 et Marc 13, concernent les Juifs.

On peut ajouter Luc 19, où les serviteurs appelés, et les ennemis qui ont rejeté l’homme noble, sont très clairement les serviteurs de Christ et la nation juive (voir les v. 12, 13, 27).

Jean 14:2 : «Dans la maison de mon Père, il y a plusieurs demeures... Je vais vous préparer une place. Et... je reviendrai».

Le Seigneur lui-même reviendra prendre l’Église, afin que l’Église soit là où il est.

Actes 1:11 : «Ce Jésus, qui a été élevé d’avec vous dans le ciel, viendra de la même manière ...».

Actes 3:20. Voici la prédication de l’apôtre aux Israélites : Convertissez-vous et Jésus reviendra. Vous avez tué le Prince de la vie, vous avez renié le Saint et le Juste ; Dieu l’a ressuscité. Repentez-vous et il reviendra. Mais ils n’ont pas voulu se convertir. Pendant trois ans, Jésus avait vainement cherché du fruit sur le figuier. Au contraire, les vignerons ont tué le fils de celui qui les avait établis dans la vigne. Le Fils de Dieu, Jésus, a demandé leur pardon sur la croix, d’où sa voix est toujours efficace, en disant : «Pardonne-leur, car ils ne savent ce qu’ils font». Maintenant, le Saint Esprit, par la bouche de l’apôtre, répond à l’intercession de Jésus : «Je sais que vous l’avez fait par ignorance» : repentez-vous donc, il reviendra ; «repentez-vous... en sorte que viennent des temps de rafraîchissement de devant la face du Seigneur ...». Mais nous savons qu’ils ont obstinément résisté au Saint Esprit (Actes 7:51).

Verset 21. «Et qu’il envoie Jésus Christ... lequel il faut que le ciel reçoive, jusqu’aux temps du rétablissement de toutes choses dont Dieu a parlé par la bouche de ses saints prophètes de tout temps».

Voilà le grand but de tous les conseils de Dieu. Comme nous avons vu le secret de sa volonté, que Dieu réunirait toutes choses en Christ, nous voyons ici qu’il en a parlé (*) par la bouche de tous ses saints prophètes. Comment toutes ces choses doivent-elles s’accomplir ? Est-ce par l’effusion du Saint Esprit ? Non, parce qu’il est dit que c’est quand il aura envoyé Jésus. Sans doute, je crois que le Saint Esprit sera répandu, et il le sera spécialement sur les Juifs ; mais, dans le passage cité, l’événement aura lieu par la présence de Jésus. Le ciel est ici hors de question. Il ne peut y avoir de révélation plus explicite que les choses dont ont parlé les prophètes recevront leur accomplissement par l’envoi de Jésus. Je ne sais comment on peut éluder la force et la simplicité de cette déclaration.

(*) C’est-à-dire ici de la partie terrestre.

Nous voyons la chute, la ruine de l’homme, nous voyons même toute la création assujettie à la corruption. L’Épouse désire que l’Époux soit manifesté. Ce n’est pas le Saint Esprit qui rétablira la création, ni qui est l’héritier de toutes choses ; c’est Jésus. Quand Jésus apparaîtra dans la gloire, le monde le verra, tandis qu’il ne peut voir le Saint Esprit.

Tout genou se ploiera au nom de Jésus. L’oeuvre du Saint Esprit n’est pas de rétablir toutes choses ici-bas, mais d’annoncer Jésus qui reviendra. Encore une fois, c’est le Saint Esprit qui était en Pierre qui a dit «lequel il faut que le ciel reçoive» ; reçoive qui ?...non le Saint Esprit, il était là déjà ; et notre part, c’est de le croire.

Maintenant je passe aux épîtres, afin que, par elles encore, nous reconnaissions que la venue du Sauveur était l’attente vivante et constante de l’Église.

Nous voyons, Rom. 8:19-22, toute la création en suspens jusqu’au moment de cette venue, qui est clairement marquée, si l’on compare Jean 14:1-3, et Col. 3:1, 4.

1 Cor. 1:7: «Vous ne manquez d’aucun don de grâce pendant que vous attendez la révélation de notre Seigneur Jésus Christ».

Éph. 1:10, dont nous avons déjà parlé. Puisque, au dernier jugement, les cieux et la terre auront passé, c’est avant cette époque que Dieu réunira en Christ toutes choses.

Phil. 3:20, 21 : «Car notre bourgeoisie est dans les cieux, d’où aussi nous attendons le Seigneur Jésus Christ comme Sauveur, qui transformera le corps de notre abaissement en la conformité du corps de sa gloire ...».

Col. 3. «Quand le Christ qui est notre vie, sera manifesté, alors vous aussi, vous serez manifestés avec lui en gloire».

Les deux épîtres aux Thessaloniciens roulent entièrement sur ce sujet.

1 Thess. Tout y est en vue de la venue de Christ ; tout ce que dit Paul de sa joie et de son oeuvre s’y rapporte.

Premièrement, la conversion même se rapporte à cette vérité (1:10).

Les fidèles de Thessalonique, qui avaient été pour modèles à ceux de la Macédoine et de l’Achaïe, et dont la foi était si célèbre qu’il n’était besoin d’en rien dire, avaient été convertis «des idoles vers Dieu, pour servir le Dieu vivant et vrai, et pour attendre des cieux son Fils qu’il a ressuscité d’entre les morts, Jésus, qui nous délivre de la colère qui vient». Il est remarquable que cette église, une des plus florissantes de celles auxquelles les apôtres ont écrit, soit justement celle que le Seigneur a choisie pour lui révéler avec le plus de détails les circonstances de son avènement. «Le secret de l’Éternel est pour ceux qui le craignent».

Voilà donc la foi des Thessaloniciens ; on parlait dans tout le monde de leur foi, savoir, qu’ils attendaient Jésus des cieux. Et c’est là notre affaire d’avoir cette foi, cette même foi que les Thessaloniciens ; et il faut, comme eux, attendre le Seigneur avant la période de mille ans. Ils ne disaient certainement pas : Il s’écoulera mille ans avant que le Seigneur arrive.

2:19 : «Car quelle est notre espérance... N’est-ce pas bien vous devant notre Seigneur Jésus, à sa venue 

3:13 : «Pour affermir vos coeurs sans reproche en sainteté devant notre Dieu et Père en la venue de notre Seigneur Jésus avec tous ses saints». C’est l’idée qui domine les pensées et les affections de l’apôtre.

4:13-18. Il est remarquable que la seule consolation que donne l’apôtre à ceux qui entouraient le lit de mort d’un fidèle, est son retour avec Jésus et leur mutuelle rencontre. On dit : «Oh ! soyez tranquille, il est allé dans la gloire, bientôt vous le suivrez». Non, cela n’est pas venu à la pensée de l’apôtre ; au contraire, la consolation qu’il donne à ceux qui assistaient aux derniers moments des fidèles, c’est : Soyez tranquilles, Dieu les ramènera. Il faut qu’il se soit fait un changement immense dans les sentiments habituels des chrétiens, puisque la seule consolation que donne l’apôtre est tenue pour une folie aujourd’hui. Les fidèles de Thessalonique étaient tellement pénétrés de la pensée du retour de Christ, qu’ils ne s’imaginaient pas pouvoir mourir avant cet événement ; et, lorsqu’un d’entre eux délogeait, ses amis s’affligeaient en pensant qu’il ne serait pas présent à ce moment-là. Or Paul les rassure en leur disant que «avec lui, Dieu amènera ceux qui se sont endormis par Jésus». Nous pouvons comprendre, par cet exemple, combien l’Église a mis de côté l’espérance qui occupait l’esprit des premiers fidèles ; combien nous sommes éloignés des pensées apostoliques, que nous avons remplacées par l’idée d’un état intermédiaire de bonheur (l’âme séparée du corps), état vrai sans doute et supérieur de beaucoup au nôtre sur la terre, mais vague, et qui même est aussi un état d’attente. Jésus lui-même attend, et les saints endormis attendent. Je ne désire pas affaiblir la vérité de cet état intermédiaire de bonheur ; voici comment l’apôtre en parle (2 Cor. 5:2) : «Car aussi nous qui sommes dans la tente, nous gémissons, étant chargés ; non pas que nous désirions d’être dépouillés, mais nous désirons d’être revêtus, afin que ce qui est mortel soit absorbé par la vie... Nous avons donc toujours confiance, etc.». C’est-à-dire : Si le corps mortel n’est pas absorbé par la vie (n’est pas transmué), la confiance que j’ai n’est pas interrompue à la mort ; j’ai déjà reçu la vie de Christ dans mon âme, elle ne peut pas manquer. Il peut arriver que je déloge, mais la vie de mon âme n’en reçoit pas d’atteinte : j’ai déjà la vie de Christ ; si je déloge, je serai avec Lui.

Encore une remarque sur 1 Thess. 4:15-17 : «Nous, les vivants (ceux qui seront restés vivants sur la terre pour l’arrivée du Seigneur)... nous ne devancerons aucunement ceux qui se sont endormis. Car le Seigneur lui-même, avec un cri de commandement, avec une voix d’archange, et avec la trompette de Dieu, descendra du ciel ; et les morts en Christ ressusciteront premièrement ; puis nous, les vivants (ceux qui seront restés)... nous serons ravis ensemble avec eux dans les nuées à la rencontre du Seigneur, en l’air ; et ainsi nous serons toujours avec le Seigneur».

Si l’apôtre avait attendu un millénium du Saint Esprit, avant la venue de Jésus, comment aurait-il pu dire : Nous qui vivrons encore à la venue de Christ ? C’était donc chez lui une attente continuelle de la venue de Christ, dont il ne savait pas le moment, mais qu’il avait raison d’attendre. S’est-il trompé en cela ? Non, pas du tout ; il ne faisait qu’attendre ; et cette attente avait cela de bon, qu’elle le maintenait dans un parfait détachement du monde. Si l’on attendait d’un jour à l’autre l’arrivée du Seigneur, où seraient tous ces plans que l’on fait pour sa famille, pour sa maison, pour flatter l’orgueil de la vie, pour s’enrichir ? C’est la nature de l’espérance que nous avons qui forme notre caractère, et, quand le Seigneur viendra, Paul jouira des fruits de son attente. L’espérance qui l’animait produisait ses beaux fruits ; c’était à l’occasion de cette espérance qu’il disait : «Que votre esprit, et votre âme, et votre corps tout entiers, soient conservés sans reproche en la venue de notre Seigneur Jésus Christ» (1 Thess. 5:23).

1 Thess. 5:2-4. Remarquez que ce jour ne doit pas surprendre les fidèles comme un larron.

2 Thess. 1:9, 10 ; 2:3-12. Au lieu du monde béni par un millénium sans la présence de Jésus, vous verrez l’homme de péché empirant toujours jusqu’à ce qu’il soit détruit par l’apparition de la venue de Christ. Il est pour moi de toute évidence que ce millénium de l’Esprit seulement est une fausseté, parce que le mystère d’iniquité, qui se mettait en train du temps de l’apôtre Paul, devait se poursuivre jusqu’à ce que fût manifesté l’homme de péché, qui sera détruit par l’apparition de la venue de Christ lui-même, par le souffle de sa bouche. Or, dans cet état de choses, où y a-t-il place pour un tel millénium ?

Pour le sens de l’expression «esprit (*) de sa bouche», voyez Ésaïe 11:2.

(*) note Bibliquest : la traduction JND utilise le mot «souffle».

1 Tim. 6:14-16 : Garde «ce commandement, sans tache, irrépréhensible, jusqu’à l’apparition de notre Seigneur Jésus Christ, laquelle le bienheureux et seul Souverain, le roi de ceux qui règnent et le Seigneur de ceux qui dominent, montrera au temps propre, lui qui seul possède l’immortalité, qui habite la lumière inaccessible, lequel aucun des hommes n’a vu, ni ne peut voir, — auquel soit honneur et force éternelle ! Amen».

2 Tim. 4:1 : «Je t’en adjure devant Dieu et le Christ Jésus, qui va juger vivants et morts, et par son apparition et par son règne».

Tite 2:11-13. La grâce est apparue, nous enseignant la manière de vivre, premièrement ; et, secondement, l’attente de la gloire. L’apparition de la grâce est déjà arrivée ; elle nous enseigne à attendre l’apparition glorieuse.

Héb. 9:28 : «Ainsi le Christ aussi, ayant été offert une fois pour porter les péchés de plusieurs, apparaîtra une seconde fois, sans péché, à salut à ceux qui l’attendent». Comme Souverain Sacrificateur, lorsqu’il aura terminé son oeuvre d’intercession, il sortira du sanctuaire. Voyez aussi Lév. 9:22-24.

Jacq. 5:9 : «Le Juge se tient devant la porte».

2 Pierre 1:16-21 : «Car ce n’est pas en suivant des fables ingénieusement imaginées, que nous vous avons fait connaître la puissance et la venue de notre Seigneur Jésus Christ, mais comme ayant été témoins oculaires de sa majesté… Car il reçut de Dieu le Père honneur et gloire, lorsqu’une telle voix lui fut adressée par la gloire magnifique : «Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j’ai trouvé mon plaisir». Et nous, nous entendîmes cette voix venue du ciel, étant avec lui sur la sainte montagne. Et nous avons la parole prophétique rendue plus ferme, (à laquelle vous faites bien d’être attentifs, comme à une lampe qui brille dans un lieu obscur), jusqu’à ce que le jour ait commencé à luire et que l’étoile du matin se soit levée dans vos coeurs, sachant ceci premièrement, qu’aucune prophétie de l’Écriture ne s’interprète elle-même. Car la prophétie n’est jamais venue par la volonté de l’homme, mais de saints hommes de Dieu ont parlé (*), étant poussés par l’Esprit Saint».

(*) Ce passage explique aussi Matt. 16:23. Voyez 17:1 ; Marc 9:1, 2 ; Luc 9:27, 28.

La transfiguration était donc comme un spécimen, un échantillon de la venue de Jésus en gloire.

1 Jean 3:2-3 : «Nous savons que quand il sera manifesté, nous lui serons semblables, car nous le verrons comme il est». Nous ne lui serons semblables que lorsqu’il apparaîtra, pas avant. «Et quiconque a cette espérance en lui se purifie». Sachant que, lorsque Jésus apparaîtra, je lui ressemblerai, je dois être autant que possible, dès maintenant, tel que Jésus. Voyez la puissante efficace de cette vérité du retour de Christ, et quel effet pratique découle de cette attente. Cette espérance est pour nous la mesure de la sainteté, comme elle en est le motif.

Ceux aussi qui sont dans le ciel (Apoc. 5:10) disent dans leurs chants : «Ils régneront sur la terre», et c’est là le langage des fidèles qui sont déjà en haut entourant le trône. Ils disent : Ils régneront, et non pas : Ils règnent ; ils sont eux-mêmes dans un état d’attente, comme Jésus Christ lui-même : attendant ce qui reste, que ses ennemis soient mis pour le marchepied de ses pieds.

Étudions encore la parabole de l’ivraie et du bon grain (Matt. 13). L’ivraie, c’est-à-dire le mal que Satan a fait là où le blé a été semé, doit croître jusqu’à la moisson, qui est la fin de cette économie. Le mal qu’il a causé par les hérésies, les fausses doctrines, les religions fausses, tout ce mal doit continuer et croître et mûrir ; cette ivraie doit augmenter, pulluler dans le champ du Seigneur jusqu’à la moisson. Voilà une révélation positive, qui contredit formellement l’idée d’un millénium par le Saint Esprit sans le retour du Seigneur.

Maintenant, nous avons vu que la venue de Christ se lie à toutes les pensées, à tous les motifs de consolation et de joie, et à la sanctification de l’Église, même au lit de mort, et que celui qui quitte ce corps, Christ le ramènera. Nous avons aussi vu en passant, d’un côté, que c’est la venue du Sauveur qui sera le moyen du rétablissement de toutes choses, et, de l’autre, que le mal doit augmenter dans le champ du Seigneur jusqu’à la moisson.

Que le Seigneur applique ces vérités à nos coeurs, chers amis, d’un côté, pour nous détacher des choses de ce monde, et, d’un autre, pour nous attacher à sa venue, à lui-même en personne, afin que nous nous purifiions, comme il est pur. Certes, il n’y a rien de plus pratique que ces vérités, rien de plus propre à nous détacher d’un monde qui doit être jugé, en même temps qu’à fortifier notre communion avec Celui qui va venir pour le juger. Non, il n’est rien qui puisse mieux nous montrer ce que doit être notre purification, et la provoquer en nous, rien qui puisse autant nous consoler, nous ranimer et nous identifier avec Celui qui a souffert pour nous, afin que nous qui souffrons nous régnions avec lui, cohéritiers en gloire. Assurément, si l’on attendait le Seigneur de jour en jour, il y aurait un renoncement qui ne se voit guère parmi les chrétiens d’aujourd’hui. Que nul ne dise : «Mon Maître tarde à venir !».

 

Quatrième Soirée : Luc 20:27-44 — Première résurrection ou Résurrection des justes

 

Le sujet sur lequel je me propose de vous parler ce soir est la résurrection, et spécialement la résurrection des justes comme tout à fait distincte de celle des méchants.

Nous avons parlé de Christ héritier de toutes choses, de l’Église cohéritière avec Lui, et de la venue de Christ avant les mille ans pour régner, avènement qu’il ne faut pas confondre avec le jour de la résurrection des méchants et du jugement qui se tient devant le trône blanc, lequel n’aura lieu qu’après le millénium. Maintenant, nous avons à voir l’Église participer à cette venue de Christ ; c’est ce qui s’effectue par la première résurrection.

Je n’ai pas besoin de vous parler de la résurrection de Jésus comme étant le sceau de sa mission : sous ce rapport, je la regarde comme une vérité admise ; il suffit de vous citer pour ce premier point, Rom. 1:4, où l’apôtre nous dit que Jésus Christ a été «déterminé Fils de Dieu, en puissance, par la résurrection des morts (*)». La résurrection était le grand fait qui démontrait que Jésus est le Fils de Dieu ; mais c’était aussi, en même temps, le grand thème des prédications des apôtres, la base de leurs épîtres et de tout le Nouveau Testament.

(*) Ce n’est pas exclusivement par sa résurrection à Lui, quoique ce fût là la première et la plus importante preuve. Le lecteur fera bien d’être attentif à l’expression : «d’entre les morts», employée ailleurs, expression qui se distingue de celle-ci. Elle indique l’introduction d’une puissance divine dans l’empire de la mort, puissance qui en fait sortir quelques-uns de manière à les distinguer complètement des autres. C’est ce qui étonnait les disciples (Marc 9:10). La résurrection était la croyance de tout Juif orthodoxe ; mais ce qu’ils ne comprenaient pas. c’était une résurrection d’entre les morts.

Disons-nous bien, chers amis, en passant, que la difficulté sur les sujets que nous traitons ne provient pas de ce que la parole de Dieu ne soit pas simple, claire et convaincante ; mais de ce que, le plus souvent, des idées préconçues nous en dérobent le sens naturel. Il est des habitudes de penser qu’on s’est faites en dehors des Saintes Écritures ; on apporte des idées à cette Parole plutôt que de les en rapporter ; on trouve alors des inconséquences, de l’incompatibilité dans ce qui nous est présenté, et nous ne soupçonnons pas que cette incompatibilité n’est due qu’à des idées tout humaines.

La doctrine de la résurrection est importante sous plus d’un rapport. Elle lie nos espérances à Christ et à toute l’Église ; en un mot, aux conseils de Dieu en Christ ; elle nous fait comprendre que nous sommes entièrement affranchis en Lui, par notre participation à une vie dans laquelle, étant unis à Lui par le lien de l’Esprit, nous trouvons, par la puissance de ce même Esprit, la force pour le glorifier même dès maintenant ; elle établit notre espérance de la manière la plus solide ; elle exprime enfin tout notre salut, en ce qu’elle nous introduit dans une nouvelle création par laquelle la puissance de Dieu nous place, dans le dernier Adam, au-delà de la sphère du péché, de Satan et de la mort. L’âme en délogeant va à Jésus, mais n’est pas glorifiée. La parole de Dieu parle d’hommes glorifiés, de corps glorifiés, jamais d’âmes glorifiées. Mais, comme je l’ai dit, des préjugés, des enseignements humains ont pris la place de la parole de Dieu, et l’attente de la résurrection a cessé d’être l’état habituel de l’Église.

La résurrection était la base de la prédication des apôtres.

Actes 1:22 : «Il faut donc que... quelqu’un d’entre eux soit témoin avec nous de sa résurrection». Voilà le sujet constant de leur témoignage. Voyons maintenant les termes mêmes de ce témoignage.

2:24 : «Lequel Dieu a ressuscité ...».

De même (v. 32) : «Ce Jésus, Dieu l’a ressuscité, ce dont nous, nous sommes tous témoins».

3:15 : «Et vous avez mis à mort le Prince de la vie, lequel Dieu a ressuscité d’entre les morts ; ce dont nous, nous sommes témoins».

4:2. Nous voyons que cette doctrine de la résurrection était reconnue pour la doctrine publiquement prêchée par les apôtres, laquelle n’était pas que l’âme en mourant ira dans le ciel, mais que les morts revivront.

Comme les pharisiens étaient ce qu’il y avait de plus opposé au Seigneur pendant qu’il était sur la terre, c’est-à-dire les faux justes, opposés au seul vrai Juste, vous verrez de même Satan susciter après sa mort les sadducéens, qui étaient ennemis de la doctrine de la résurrection (Actes 4:1 ; 5:17).

Actes 10:38, 40, 41. Pierre rend témoignage à cette même vérité fondamentale devant le centurion Corneille et ses amis. Paul la prêchait de même aux Juifs d’Antioche en Pisidie (Actes 13:34), leur disant : Dieu vous donne les grâces assurées de David, en ce qu’il a ressuscité Jésus Christ d’entre les morts.

Actes 17:18, 31. Il annonçait au milieu des savants gentils cette doctrine, qui était la pierre d’achoppement de leur sagesse charnelle. Socrate et d’autres philosophes croyaient bien à l’immortalité ; mais, quand ces savants et d’autres curieux entendirent parler de la résurrection du corps, ils se moquèrent. Un incrédule peut discourir de l’immortalité ; mais, s’il entend parler de la résurrection des corps, il tourne ce sujet en dérision. Et pourquoi ? Parce que, au moyen de l’immortalité de l’âme, il peut s’exalter lui-même, il peut rehausser sa propre importance. C’est quelque chose qui s’allie à l’homme tel qu’il est ; mais la poussière ressuscitée ! en faire un être vivant et glorieux, c’est une gloire qui n’appartient qu’à Dieu, une oeuvre dont Dieu, Dieu seul est capable ; car, si Dieu, qui a réduit en poussière tous les éléments de notre corps, peut de nouveau les réunir et en faire un homme vivant, assurément il peut tout faire.

Voyez encore, Actes 23:6 : que l’apôtre ait eu raison ou non d’en appeler aux préjugés des pharisiens, l’important est qu’il affirme directement que c’était pour la prédication de cette doctrine qu’il était mis en cause. En 24:15, il expose la même vérité ; en 26:8, il la présente au roi Agrippa comme la chose en question ; de même aussi verset 23.

On voit par ces passages que la résurrection était constamment le fond de la prédication des apôtres et l’espérance des fidèles.

Venons-en maintenant à la seconde partie de notre sujet, la résurrection de l’Église à part, ou la résurrection spéciale des justes.

«Il y aura, nous a dit l’apôtre, une résurrection, tant des justes que des injustes» ; mais la résurrection des justes et de l’Église est une chose tout à fait à part, qui n’a point de rapport avec celle des méchants, qui n’a pas lieu au même moment que cette dernière ni d’après le même principe ; car, bien qu’elles doivent l’une et l’autre être accomplies par la même puissance, il y a dans la résurrection des justes un principe particulier, savoir, l’habitation du Saint Esprit en eux, qui est étranger à la résurrection des méchants.

Remarquez que la vertu de la résurrection embrasse la vie, la justification, la confiance, la gloire de l’Église. Dieu lui-même nous est présenté sous le nom du Dieu qui ressuscite les morts, qui introduit sa puissance dans les dernières profondeurs des effets de notre péché, dans le domaine de la mort, pour en faire sortir les hommes par la puissance d’une vie qui dès lors les met au-delà de toutes les funestes conséquences du péché, une vie auprès de Dieu.

Rom. 4:23-25. C’est en Dieu «qui ressuscite les morts» que nous sommes appelés à croire : c’est la résurrection de Jésus qui est la puissance, l’efficacité de notre justification. Voilà la vérité que nous présente ce passage. Notre union à Jésus ressuscité, voilà ce qui fait que nous sommes acceptés de Dieu. Nous devons nous voir déjà au-delà du tombeau.

C’est pourquoi la foi d’Abraham était une foi justifiante : il ne regardait pas à son corps qui était déjà amorti, mais il croyait en un Dieu «qui ressuscite les morts» ; c’est pourquoi sa foi lui a été imputée à justice. La résurrection de Jésus était la grande démonstration, et, en même temps, quant à tous ses effets moraux, l’établissement de cette vérité, que l’objet de notre foi est que Dieu ressuscite les morts. Nous voyons cette vérité nettement exprimée dans l’épître de Pierre (1 Pierre 1:21). L’application nous en est faite à nous-mêmes par notre union avec le Seigneur.

Col. 2:12: «Étant ensevelis avec lui dans le baptême, dans lequel aussi vous avez été ressuscités ensemble par la foi en l’opération de Dieu qui l’a ressuscité d’entre les morts». L’Église donc ressuscite d’abord, parce que Christ est ressuscité comme son chef. La résurrection de l’Église n’est pas une résurrection qui ait le jugement pour but ; elle est simplement la conséquence de son union avec Christ qui a subi le jugement pour elle.

Nous voyons aussi dans ce passage comment ces vérités se tiennent. La résurrection de l’Église est une chose spéciale, parce que l’Église participe à la résurrection de Christ ; nous sommes ressuscités non seulement parce que Jésus Christ nous appellera du tombeau, mais parce que nous sommes un avec Lui. C’est pourquoi aussi, en participant à la foi, nous sommes déjà ressuscités avec Christ, ressuscités quant à l’âme, quoique nous ne le soyons pas encore de fait quant au corps. La justification de l’Église c’est qu’elle est ressuscitée avec Christ.

C’est ce même fait qui est exprimé dans Éph. 1:18 et suiv. et 2:4-6. Paul ne disait jamais : «Du moment que je suis sauvé, je m’en contente» : il savait que c’est l’espérance qui rend l’âme active, qui excite les affections, qui anime et dirige tout l’homme, et il désirait que l’Église eût le coeur plein de cette espérance. Il ne doit pas nous suffire de dire : «Je suis sauvé» ; ce n’est pas assez pour l’amour de Dieu, qui n’est pas satisfait si nous ne sommes pas participants de toute la gloire de son Fils, et certes, nous ne devons pas être indifférents à sa volonté.

Éph. 2:6, nous présente la même vérité.

La présence du Saint Esprit dans l’Église, voilà ce qui caractérise notre position devant Dieu. Ainsi que l’Esprit témoigne que nous sommes enfants de Dieu, qu’il est notre consolateur, qu’il nous aide dans nos infirmités, et nous rend capables de servir Dieu ; de même, c’est à cause du Saint Esprit qui est en nous que nous serons ressuscités, et c’est ce qui fait aussi que le principe de la résurrection de l’Église est tout autre que celui de la résurrection des méchants. Notre résurrection est la conséquence de la demeure du Saint Esprit en nous (Rom. 8:11) : différence bien essentielle. Le monde ne reçoit pas le Saint Esprit, parce que le monde ne le voit pas et ne le connaît pas. Or notre corps est le temple du Saint Esprit ; et comme notre âme, par conséquent, est remplie, du moins doit être remplie de la gloire de Christ, ainsi notre corps, qui est le temple du Saint Esprit, sera ressuscité selon la puissance du Saint Esprit qui habite en nous, pour participer à la gloire ; ce qui ne saurait se dire des méchants.

C’est la résurrection qui, nous ayant introduits dans le monde du dernier Adam, même dès maintenant comme participant à cette vie, nous introduira de fait dans un monde nouveau dont il sera le chef et la gloire, puisqu’il l’a acquis et qu’il y règne comme un homme ressuscité.

Observez encore que, parmi les passages où il est question de la résurrection, aucun ne parle d’une résurrection simultanée des méchants et des justes, et que ceux qui concernent la résurrection des justes en parlent comme d’une résurrection distincte.

Tous ressusciteront. Il y aura une résurrection des justes et une des injustes, mais elles n’auront pas lieu ensemble. Je citerai successivement les passages qui s’y rapportent.

On sait que c’est à la venue de Christ que nous devons ressusciter (Phil. 3:20, 21 ; 1 Cor. 15:23).

L’idée d’une résurrection des justes était familière aux disciples du Sauveur, et elle nous est représentée comme telle par le Saint Esprit. Luc 14:14 : «La pareille te sera rendue en la résurrection des justes».

Je suis pleinement convaincu que la manière dont l’espérance des chrétiens se rattache exclusivement à l’immortalité de l’âme n’a pas sa source dans l’Évangile, qu’elle vient au contraire des Platoniciens, et que ce fut justement lorsque la venue de Christ était reniée dans l’Église, ou du moins commençait à être perdue de vue, que ce fut à cette époque même que la doctrine de l’immortalité de l’âme commença à remplacer celle de la résurrection. C’était au siècle d’Origène. Il n’est pas besoin de dire que je ne doute pas de l’existence éternelle de l’âme ; je signale seulement le fait que cette idée a remplacé la doctrine de la résurrection du fidèle — et sa mort par conséquent a remplacé sa résurrection comme époque de sa joie et de sa gloire.

Mais, pour en venir aux preuves directes, lisons Luc 20:35, 36 : «Ceux qui seront estimés dignes d’avoir part à ce siècle-là et à la résurrection d’entre les morts». Donc, la résurrection dont il s’agit ici n’appartient qu’à ceux qui en seront rendus dignes. «Ceux qui seront estimés dignes d’avoir part à ce siècle-là», c’est-à-dire ce monde de joie, le règne de Christ. Donc cette résurrection d’entre les morts appartient à cette période-là, et non pas seulement à l’éternité. «Car aussi, ajoute le Seigneur, ils ne peuvent plus mourir ; car... ils sont fils de Dieu, étant fils de la résurrection». Les méchants seront ressuscités pour être jugés, mais ceux-là seront ressuscités, parce qu’ils ont été rendus dignes d’obtenir la résurrection que Jésus a obtenue. Nous voyons dans le passage cité la preuve d’une résurrection qui concerne seulement les enfants de Dieu : ils sont fils de Dieu étant fils de la résurrection. Être fils de Dieu et avoir part à cette résurrection, c’est le titre et l’héritage des mêmes personnes.

Jean 5:25-29 : «En vérité, en vérité, je vous dis que l’heure vient, et elle est maintenant, que les morts entendront la voix du Fils de Dieu, et ceux qui l’auront entendue vivront. Car comme le Père a la vie en lui-même, ainsi il a donné au Fils aussi d’avoir la vie en lui-même ; et il lui a donné autorité de juger aussi, parce qu’ils est fils de l’homme. Ne vous étonnez pas de cela ; car l’heure vient en laquelle tous ceux qui sont dans les sépulcres entendront sa voix ; et ils sortiront, ceux qui auront pratiqué le bien, en résurrection de vie ; et ceux qui auront fait le mal, en résurrection de jugement». On oppose ce passage à la résurrection des justes à part des injustes ; mais nous verrons qu’il énonce, et même explique, et fortifie les preuves de la vérité qui nous occupe.

Deux actes de Christ sont présentés comme les deux attributs de sa gloire, l’un qui consiste à vivifier, l’autre à juger. Il vivifie ceux qu’il veut, et tout jugement lui est confié, afin que tous, même les méchants, honorent le Fils comme ils honorent le Père. Jésus a été outragé ici-bas : eh bien ! Dieu le Père pourvoit à ce que les droits de la gloire de son Fils soient reconnus. Il vivifie ceux qu’il veut, leur âme premièrement, puis leur corps. Ceux-ci le glorifient de bon gré. Quant aux méchants, la manière de revendiquer les droits de Jésus à leur égard, c’est de les juger. Dans l’oeuvre de vivification, le Père et le Fils agissent de concert, parce que les vivifiés doivent être en communion avec le Père et le Fils. Mais, quant au jugement, le Père ne juge personne, parce que ce n’est pas le Père qui a été outragé, mais le Fils. Les méchants honoreront Jésus Christ malgré eux, quand ils seront jugés. En quel temps ces choses seront-elles accomplies ? Elles le seront pour les méchants lors du jugement, tant des vivants, que des morts, devant le grand trône blanc. Elles s’accompliront pour les enfants de Dieu, lorsque leurs corps participeront à la vie déjà communiquée à leurs âmes, à la vie de Christ lui-même, lors de la résurrection des justes. La résurrection pour ceux-ci n’est pas une résurrection de jugement ; c’est simplement, pour le redire encore, l’acte envers les enfants de Dieu de la puissance vivifiante de Jésus, qui a opéré déjà quant à leurs âmes, et qui, lorsque Dieu le trouvera bon, opérera aussi quant à leurs corps. «Ceux qui auront pratiqué le bien, dit notre texte, en résurrection de vie ; et ceux qui auront fait le mal, en résurrection de jugement».

On objecte : Jésus a dit (v. 28) : «L’heure vient en laquelle tous ceux qui sont dans les sépulcres entendront sa voix» ; donc, les méchants et les justes doivent évidemment ressusciter ensemble. — Mais il est dit, trois versets avant celui-là (v. 25) : L’heure vient, et elle est maintenant, où ceux qui auront entendu la voix du Fils de l’homme vivront. Heure comprend ici tout l’espace de temps qui s’est écoulé depuis la venue du Sauveur, et, sous ce mot, sont renfermés deux états de choses bien différents, vu que les morts ont entendu la voix du Fils de l’homme de son vivant, et qu’ils l’entendent depuis plus de dix-huit siècles déjà. Voici donc ce qui nous est exposé : l’heure (*) viendra pour la vivification de l’âme ; c’est une heure qui dure depuis près de vingt siècles ; et l’heure aussi viendra pour le jugement.

(*) Pour l’emploi de ce mot, voyez Jean 5:35 ; 16:4, 25, 26 ; Luc 22:53 ; 1 Jean 2:18 ; 2 Cor. 7:8 ; Philém. 15.

Le mot heure a le même sens dans les deux passages ; c’est-à-dire, qu’il y a un temps de vivification et un temps de jugement ; il y a une période pendant laquelle les âmes sont vivifiées, et une période où les corps seront ressuscités. La résurrection, pour moi, c’est seulement l’application de la puissance vivifiante de Jésus Christ à mon corps. Je serai ressuscité, parce que je suis déjà vivifié en mon âme. La résurrection est le couronnement de toute l’oeuvre, parce que je suis enfant de Dieu, parce que l’Esprit habite en moi, parce que, relativement à mon âme, je suis déjà ressuscité avec Christ.

Il y a une résurrection de vie, qui appartient à ceux qui auront été d’abord vivifiés dans leurs âmes, et une résurrection de jugement, pour ceux qui auront rejeté Jésus.

1 Cor. 15:23. Ici, se voit très clairement la liaison qui se trouve entre la venue de Christ et la résurrection des morts, et l’ordre de la résurrection nous y est très explicitement exposé. Christ est les «prémices de ceux qui sont endormis» ; «de ceux qui sont endormis», et non pas des méchants. Ceux qui sont du Christ ressusciteront à sa venue ; après cela viendra la fin, époque où il rendra le royaume à Dieu le Père. Quand il arrivera, il prendra le royaume, mais à la fin il le rendra. L’apparition de Christ aura donc lieu avant la fin ; ce sera pour la destruction du méchant ; il viendra pour purifier son royaume. Christ, les prémices : puis, ceux qui sont du Christ, à sa venue ; puis, la fin.

1 Thess. 4. Lorsque Christ viendra, il ramènera les croyants avec Lui, et ceux qui sont morts en Christ ressusciteront premièrement. C’est le complément de nos espérances ; c’est le fruit de notre justification, la conséquence de l’habitation du Saint Esprit en nous.

Les justes qui ont passé par la mort ressusciteront d’abord ; puis, les justes vivants seront transmués, et ils iront ensemble en l’air à la rencontre du Seigneur. C’est ici une chose qui appartient exclusivement aux fidèles, à ceux qui dorment en Christ, et qui seront, dès ce moment-là, pour toujours avec le Seigneur.

Phil. 3:10 et suivants : Pour connaître Jésus Christ «et la puissance de sa résurrection... si en quelque manière que ce soit je puis parvenir à la résurrection d’entre les morts».

Pourquoi parler ainsi, s’il est vrai que bons et méchants doivent ressusciter ensemble et de la même manière ? Cette résurrection d’entre les morts est justement cette «résurrection première» que Paul avait toujours devant les yeux. «Je consens, veut-il dire, à tout perdre, à tout souffrir, si, coûte que coûte, je parviens à la résurrection des justes : voilà tout mon désir».

Évidemment, «la résurrection d’entre les morts» était une chose qui regardait exclusivement l’Église. Elle pouvait dire comme l’apôtre : «Je cours droit au but pour le prix de l’appel céleste de Dieu dans le Christ Jésus».

Quant à la période ou à l’intervalle qui s’écoule entre la résurrection des fidèles et la résurrection des méchants, c’est là une circonstance qui est tout à fait indépendante du principe même, c’est-à-dire de la distinction des deux résurrections ; notre foi sur ce point doit dépendre entièrement d’une révélation expresse, qui n’a d’importance toutefois que parce que Dieu l’a ainsi voulu pour sa gloire. Cette période ne se trouve mentionnée que dans l’Apocalypse, sous l’expression de mille ans. Entre les deux résurrections mille ans s’écoulent ; le seul point sur lequel donc je cite ce livre est celui de la durée du règne du Fils de l’homme sur la terre. Nous régnerons avec Lui mille ans. Le passage se trouve dans le 20° chapitre de l’Apocalypse : «Et je vis des trônes ...».

Le monde saura alors que la grâce nous a été donnée, que nous avons été aimés comme Jésus lui-même a été aimé du Père.

Si la première résurrection, celle des justes, n’est pas littérale, pourquoi la seconde, celle des injustes, le serait-elle ? Comme objet de notre espérance, et source de notre consolation et de notre joie, c’est peu de savoir que tous, même les injustes, ressusciteront ; mais la chose précieuse, essentielle, c’est de savoir que la résurrection des fidèles sera la consommation de leur bonheur ; que, par elle, Dieu accomplira son amour envers nous ; qu’après avoir donné la vie à nos âmes, il donnera la vie à nos corps, et fera, de la poussière de la terre, une forme appropriée à la vie qui nous a été donnée de la part de Dieu. Nous ne voyons jamais dans la parole de Dieu des esprits glorifiés, mais toujours des corps glorifiés. Il y a la gloire de Dieu, et la gloire de ceux qui seront ressuscités.

Quant à cette expression : La vie et l’immortalité ont été mises en évidence par l’Évangile (2 Tim. 1:10), l’immortalité veut dire l’incorruptibilité du corps, et non l’immortalité de l’âme.

Je désire, chers amis, que la connaissance de cette vérité, par la puissance de Christ, de laquelle dépend tout son accomplissement, nous vivifie en nos coeurs pour nous rendre parfaits. Car cette connaissance, dans toute son étendue, est ce que les Écritures appellent «la perfection». Christ ainsi a été rendu parfait quant à son état et à sa position devant Dieu ; nous aussi, nous sommes maintenant parfaits par la foi, en reconnaissant que nous sommes ressuscités avec Lui, comme nous le serons plus tard quant à nos corps. Que votre corps, votre âme et votre esprit soient conservés sans reproche pour la venue de notre Bien-Aimé ; que cette vérité de la résurrection de l’Église soit liée, dans nos esprits, à toutes les vérités précieuses de notre salut consommé en Christ, et s’accomplisse par la plénitude de notre salut quant à nos corps mêmes !

 

Cinquième Soirée : Daniel 2 — Progrès du mal sur la terre

 

Nous avons parlé jusqu’ici de l’union de Christ et de l’Église, qui lui est semblable ; de la venue de Christ proprement dite, et de la résurrection de l’Église, par laquelle elle a part à cette gloire de Christ comme cohéritière.

Le sujet qui va nous occuper ce soir n’est pas aussi plein de joie et de bonheur ; mais il faut que nous connaissions bien le témoignage que Dieu rend du mal qui est en l’homme. J’espère, chers amis, que la conséquence en sera de nous rendre sérieux. La vue du progrès du mal et du jugement qu’il attire, a pour effet, d’abord, de nous faire éviter ce mal ; puis, de nous convaincre de la puissance de Dieu, qui seul peut l’ôter. «Prenez garde que vous ne refusiez pas celui qui parle», etc. (Héb. 12:25-29). Voilà la pensée de l’apôtre sur le grand changement qui aura lieu quand la puissance du mal sera renversée.

Ce que j’ai à vous présenter ce soir tend à vous montrer ceci, qu’au lieu de pouvoir espérer un progrès continu du bien, nous devons attendre, au contraire, un progrès du mal ; et que l’espérance que la terre sera remplie de la connaissance de l’Éternel avant l’exercice de son jugement et la consommation de ce jugement sur la terre, est une fausse espérance.

Nous avons à nous attendre au mal, jusqu’à ce qu’il devienne si flagrant qu’il faudra que le Seigneur le juge.

Premièrement, je vous montrerai que le Nouveau Testament nous présente constamment le mal comme allant en croissant jusqu’à la fin, et que Satan l’augmentera jusqu’à ce que le Seigneur détruise son pouvoir ; secondement, je tâcherai de vous montrer le caractère que revêtira le mal sous sa force extérieure, comme une puissance séculière.

En d’autres termes, ce que j’ai à dire revient à ces deux points :

Premier point : l’apostasie qui a lieu dans la chrétienté même. Second point : la formation, la chute et la ruine de la puissance mondaine de l’Antichrist, dans le sens d’une puissance visible.

Je commence par Matt. 13:36, la parabole de l’ivraie. Vous savez qu’elle nous présente cette circonstance, que, pendant que les hommes dormaient, l’ennemi a semé l’ivraie dans le champ du maître de maison ; et que, sur la demande des serviteurs si l’ivraie doit être arrachée, il leur est répondu que non, que le bon grain et l’ivraie doivent croître ensemble jusqu’à la moisson. C’est donc la sentence du Seigneur, que le mal que Satan a fait dans le champ où la bonne semence de la Parole a été semée, y demeure et mûrisse jusqu’à la fin. C’est une déclaration expresse que les efforts des chrétiens n’aboutiront pas à ôter le mal jusqu’au jour du jugement : «Laissez-les croître tous deux ensemble jusqu’à la moisson».

«La moisson», c’est la fin du siècle, c’est-à-dire de l’économie actuelle.

Ce qui agit maintenant dans le règne de Dieu, c’est la grâce, et non pas le jugement ; nous n’avons point à juger le monde. Lors même que nous pouvons dire de quelqu’un : C’est un enfant de Satan — il est par là-même hors de notre juridiction ; c’est de l’ivraie. Nous avons affaire avec la grâce ; c’est-à-dire, je ne puis pas toucher au mal que Satan a produit ; mais je puis agir comme instrument de la grâce, car Dieu nous permet de semer du bon grain.

L’ivraie, ce ne sont pas simplement des hommes méchants, ou des païens, car ces derniers n’ont pas été semés parmi le bon grain. L’ivraie, c’est quelque chose de mal qui a été fait par l’Ennemi, après que Jésus Christ eut semé le bon froment. Ce que je puis appeler hérésie, corruption de la vérité, restera donc jusqu’à la moisson ; le mal que Satan a produit par la religion corrompue subsistera jusqu’à la fin ; tous nos efforts doivent tendre non à ôter l’ivraie, mais à recueillir les enfants de Dieu, à rassembler les cohéritiers de Jésus Christ (*).

(*) On lit, dans 2 Sam. 23:1-7, une prophétie très remarquable du jugement des méchants, qui ne peuvent être pris avec les mains de l’homme (v. 6), et de la beauté et de la bénédiction de la venue de Celui qui régnera en justice, et dont les bienfaits seront mis en regard de la fidélité qu’il met à garder son alliance pendant notre état de misère.

1 Tim. 4:1 : «L’Esprit dit expressément qu’aux derniers temps quelques-uns apostasieront de la foi, s’attachant à des esprits séducteurs et à des enseignements de démons, disant des mensonges par hypocrisie...»

On ne doit pas s’attendre au progrès universel de l’Évangile proprement dit ; il pourra y en avoir, et il y en aura certainement autant qu’il sera nécessaire pour le rassemblement des membres de la famille de Dieu ; mais ce que nous devons attendre, c’est ce qui est renfermé dans ces paroles comme tableau des derniers temps : Il y en a qui «apostasieront de la foi» (comp. 2 Pierre 2:1-3).

2 Tim. 3:1-5 : «Or sache ceci, que dans les derniers jours il surviendra des temps fâcheux ...». Est-ce que nous devons nous en tenir à ce que disent les hommes ? Non, mais à ce que dit Dieu. Voyez le langage que tient Jérémie à Hanania (Jér. 28:6 et suiv.). On nous répondra que la connaissance de l’Éternel remplira la terre comme les eaux le fond de la mer. Je crois sans doute que la connaissance de l’Éternel remplira la terre, mais ce n’est pas là la question ; la question est : Comment cela s’accomplira-t-il ? Je réponds : Par des jugements de Dieu. «Lorsque tes jugements sont sur la terre, les habitants du monde apprennent la justice».

Revenons à notre passage : «Les hommes seront égoïstes ...». Ce ne sont pas les païens, ce sont les chrétiens, les chrétiens de nom ; car il est dit : «ayant la forme de la piété, mais en ayant renié la puissance». Les caractères qu’indique l’apôtre comme appartenant à ceux qui professent le christianisme sont les mêmes que ceux des païens, tels qu’ils sont dépeints, dans le plus bas degré de leur avilissement, au commencement de l’épître aux Romains, et à peu près dans les mêmes termes. Et il est ajouté concernant ces hommes des derniers temps : Ils «iront de mal en pis».

Nous voyons la même attente du mal en 2 Tim. 4:1-4 : «Je t’en adjure devant Dieu», etc.

Une chose à remarquer c’est que l’ivraie était déjà semée du vivant même des apôtres ce qui est très heureux pour nous. Si cela était arrivé plus tard, nous n’aurions pas eu le témoignage de la Parole à cet égard pour nous en avertir, nous diriger quand ces événements fâcheux seraient arrivés, et pour nous communiquer la parfaite lumière de Dieu sur cet état de choses.

1 Pierre 4:17 : «Car le temps est venu de commencer le jugement par la maison de Dieu». Comparez ces paroles avec Actes 20:28-31 : «Prenez donc garde à vous-mêmes, et à tout le troupeau au milieu duquel l’Esprit Saint vous a établis surveillants pour paître l’assemblée de Dieu, laquelle il a acquise par le sang de son propre Fils. Moi je sais qu’après mon départ il entrera parmi vous des loups redoutables qui n’épargneront pas le troupeau ; et il se lèvera d’entre vous-mêmes des hommes qui annonceront des doctrines perverses pour attirer les disciples après eux».

Ces choses commencèrent du vivant des apôtres.

1 Jean 2:18. On voit par ce passage que «les derniers temps» signifient non pas le temps de Jésus Christ, mais le temps de l’Antichrist. Il y avait des précurseurs du grand Antichrist. Ce qui caractérise les derniers temps, ce n’est pas l’Évangile répandu sur toute la terre, mais la présence de l’Antichrist.

Jude. Cette épître est proprement un traité sur l’apostasie, et, dans le verset 4, nous trouvons une description succincte de son caractère. L’apôtre annonce qu’il a été nécessaire d’exhorter les croyants à combattre pour ce qu’ils avaient déjà reçu ; que parmi eux se glissaient, déjà dans ce temps-là, des gens qui étaient des fauteurs de l’apostasie ; et cela doit continuer jusqu’au jugement de Jésus Christ ; car nous voyons qu’après avoir décrit leur caractère plus en détail, il ajoute, verset 15, que c’est cette classe même qui doit être l’objet du jugement du Seigneur, quand il reviendra ; c’est-à-dire que le mal, qui s’est manifesté dans l’Église dès le commencement, doit durer jusqu’à la venue de Christ. Dans le verset 11, nous avons les trois sortes d’apostasie et les hommes caractérisés par leur esprit : l’apostasie naturelle, l’apostasie ecclésiastique, la révolte ouverte, sur laquelle tombera le jugement. Nous voyons premièrement le caractère de Caïn : apostasie de la nature, haine, injustice ; deuxièmement, le caractère de Balaam : enseignement de mauvaises choses pour une récompense ; c’est une apostasie ecclésiastique ; et troisièmement, le caractère de Coré, c’est-à-dire de celui qui s’est élevé contre les droits de la sacrificature et de la royauté, la royauté de Christ dans les types de Moïse et d’Aaron.

Hélas ! ce qui rassemblera le monde, ce n’est pas l’Évangile, c’est le mal. «Et je vis sortir de la bouche du dragon, et de la bouche de la bête, et de la bouche du faux prophète, trois esprits immondes ...», etc. (Apoc. 16:13, 14). On peut discuter pour décider à quoi les traits de ces trois esprits impurs s’appliquent, mais on est sûr que ce n’est pas à l’Évangile, mais au mal.

Mais, nous dira-t-on, on voit que la puissance temporelle de la chrétienté corrompue a disparu par le jugement, et l’on prétend que la destruction de son influence donnera place à l’Évangile. Or l’Esprit dit : «Les dix cornes (rois) que tu as vues et la Bête (empire romain), celles-ci haïront la prostituée (puissance ecclésiastique) et la rendront déserte et nue, et mangeront sa chair et la brûleront au feu ; car Dieu a mis dans leurs coeurs d’exécuter sa pensée, et d’exécuter une seule et même pensée, et de donner leur royaume à la Bête, jusqu’à ce que les paroles de Dieu soient accomplies» (Apoc. 17:16, 17). Voilà ce que les chrétiens désireraient, la destruction de l’influence de la prostituée sur le monde. Mais, sa puissance extérieure serait-elle détruite, les royaumes seront-ils donnés à Jésus Christ ? Au contraire, les rois donneront leur puissance à la Bête. Longtemps la prostituée a dominé la Bête ; à la fin, sa domination et ses richesses lui seront ôtées, mais seulement pour que les dix cornes donnent leur puissance à la Bête, que toute incertitude soit dissipée, et que sa volonté et son caractère blasphématoire soient pleinement manifestés dans sa dernière apostasie. C’est la puissance de corruption et de séduction qui cédera le pas à la puissance de rébellion ouverte contre Dieu.

2 Thess. 2:3-12 : «Ce jour-là ne viendra pas que l’apostasie ne soit arrivée auparavant et que l’homme de péché n’ait été révélé, le fils de perdition, qui s’oppose et s’élève contre tout ce qui est appelé Dieu».

Voilà ce qui doit arriver avant que le jour du Seigneur vienne. Il faut prendre les choses comme la parole de Dieu les dit. Les chrétiens, ayant vu dans l’Écriture la promesse que la terre doit être remplie de la connaissance de l’Éternel, ont dit : «Eh bien, nous l’en remplirons» ; tandis que, dans l’Écriture, cet événement est attribué à la gloire du Christ.

Le souffle de sa bouche, par lequel le Seigneur détruira l’inique, n’est pas l’Évangile, mais la force et la puissance de Christ en jugement. Voyez És. 11:4 : «Par le souffle de ses lèvres il fera mourir le méchant» ; És. 30:33 : «Le souffle de l’Éternel» allume le jugement.

Nous verrons que cet Antichrist réunira les caractères de la méchanceté qui ont paru dès le commencement. Premièrement, l’homme en Eden a voulu faire sa propre volonté ; deuxièmement, s’exalter comme Dieu ; troisièmement, il s’est mis sous la conduite de Satan. Eh bien, ce sont les trois choses que nous verrons se reproduire dans l’Antichrist ; toute l’énergie de l’homme s’exaltant contre Dieu. C’est là ce qui se produira à la fin sous la dernière forme de l’empire romain, ou quatrième Bête. C’est le fruit mûri du coeur humain, qui est lui-même un Antichrist.

Vous savez qu’il y a eu trois Bêtes successives : l’empire de Babylone, puis l’empire des Perses, puis l’empire des Grecs, ou d’Alexandre spécialement, et qu’une quatrième est l’empire romain. Mais ce dernier a un caractère tout à fait à part.

Au commencement, ou plutôt avant le commencement de ces quatre monarchies, vous savez que le trône de Dieu sur la terre était à Jérusalem. Au-dessus de l’arche où était sa loi, dans son temple, l’Éternel manifestait sa présence d’une manière sensible. Eh bien, au commencement de la période actuelle, qui est celle des gentils, le trône de l’Éternel a été ôté de Jérusalem. Vous trouvez cela décrit très clairement dans les chapitres 1-11 du prophète Ézéchiel. La gloire de l’Éternel que le prophète avait vue près du fleuve Kébar, au premier chapitre, il la voit partir de Jérusalem au onzième ; de la maison, 10:18, 19 ; de la ville, 11:23. C’est un fait très remarquable que la gloire de l’Éternel a quitté son trône terrestre. De plus, au même instant, cette puissance terrestre a été transférée de Jérusalem aux gentils (gouvernement des hommes) ; c’est ce que nous voyons dans Daniel 2:36-38 : «C’est là le songe, et nous en dirons l’interprétation devant le roi. Toi, ô roi, tu es le roi des rois, auquel le Dieu des cieux a donné le royaume, la puissance, et la force, et la gloire ...».

Vous voyez que, par la destruction du dernier roi des Juifs, la domination humaine a passé aux gentils dans la personne de Nébucadnetsar. Ce roi a commencé par établir la fausse religion par la force ; il a fait une statue pour que tout le monde l’adorât, et il s’est enorgueilli ; et voilà pourquoi il a été comme une bête pendant sept ans ; c’est-à-dire qu’au lieu de se tenir comme un homme humblement devant Dieu, comme devant Celui qui lui avait donné la puissance, d’un côté il s’est exalté lui-même, et, de l’autre, il s’est mis à ravager le monde pour satisfaire sa volonté.

Omettant la deuxième et la troisième monarchies, qui n’ont pas pour nous en ce moment une importance aussi directe, et poursuivant le caractère de la quatrième, nous y rencontrons certains traits dignes de remarque. Les Juifs sont dans un état de captivité depuis Nébucadnetsar jusqu’à ce jour. Il est bien vrai qu’il y a eu un retour de ce peuple de la captivité, mais sans qu’il ait cessé d’être sous la puissance des gentils ; le trône de Dieu n’a nullement été rétabli, et, si Dieu a permis que les Juifs rentrassent momentanément dans leur pays, c’est qu’il a voulu faire paraître son Fils au commencement de la quatrième monarchie. Et, en effet, c’est au moment où la quatrième monarchie, sous sa forme impériale, était devenue la puissance universelle, c’est justement alors que le Fils de Dieu, de droit Roi des Juifs et des gentils, leur a été présenté. Et qu’ont-ils fait ? Ils l’ont crucifié. Les grands sacrificateurs. qui étaient les représentants de la religion de la terre, selon Dieu, et Ponce Pilate, celui de la puissance terrestre, se sont unis pour rejeter et mettre à mort le Fils de Dieu. Voilà la quatrième monarchie coupable d’avoir rejeté les droits du Messie. Les Juifs, comme nous le verrons plus en détail dans une autre réunion, sont mis de côté, et alors a lieu l’appel de l’Église pour les lieux célestes. Mais, quant à ce qui regarde l’état de l’Église sur la terre, nous l’avons vue altérée par la semence du Malin, et l’apostasie qui en résulte ; nous avons vu ensuite que la corruption de la chrétienté fera place à une révolte plus ouverte et plus prononcée de la Bête elle-même, c’est-à-dire de cette même quatrième monarchie, sous une nouvelle et dernière forme encore à venir. C’est ce qui donnera lieu à son jugement (Dan. 7:9-11, 13, 14) : «Je vis jusqu’à ce que les trônes furent placés (*), et que l’Ancien des jours s’assit. Son vêtement était blanc comme la neige, et les cheveux de sa tête, comme de la laine pure ; son trône était des flammes de feu ; les roues du trône, un feu brûlant. Un fleuve de feu coulait et sortait de devant lui. Mille milliers le servaient, et des myriades de myriades se tenaient devant lui. Le jugement s’assit, et les livres furent ouverts. Je vis alors, à cause de la voix des grandes paroles que la corne proférait, je vis jusqu’à ce que la Bête fut tuée ; et son corps fut détruit et elle fut livrée pour être brûlée au feu». Versets 13 et 14 : «Je voyais dans les visions de la nuit, et voici, quelqu’un comme un fils d’homme vint avec les nuées des cieux, et il avança jusqu’à l’Ancien des jours, et on le fit approcher de lui. Et on lui donna la domination, et l’honneur, et la royauté, pour que tous les peuples, les peuplades et les langues, le servissent. Sa domination est une domination éternelle, qui ne passera pas, et son royaume, un royaume qui ne sera pas détruit».

(*) On traduit ordinairement «roulés» ; mais «placés» est plus exact. C’est ainsi que traduisent les Septante et bon nombre d’autres autorités.

Voilà le royaume donné au Fils de l’homme lorsque la quatrième Bête est détruite. Or, ce jugement et cette destruction de la quatrième monarchie ne sont pas encore arrivés. Je citerai comme preuve Dan. 2:34, 35 : «Tu vis, jusqu’à ce qu’une pierre se détacha sans mains ; et elle frappa la statue dans ses pieds de fer et d’argile, et les broya ; alors furent broyés ensemble le fer, l’argile, l’airain, l’argent et l’or, et ils devinrent comme la balle de l’aire d’été ; et le vent les emporta, et il ne se trouva aucun lieu pour eux ; et la pierre qui avait frappé la statue devint une grande montagne qui remplit toute la terre». C’est-à-dire qu’avant que la pierre coupée sans main s’étende et remplisse toute la terre, elle détruit complètement la statue ; or, argent, airain, fer, terre sont emportés comme la balle de l’aire. Eh bien, cela n’est pas le moins du monde accompli. Dans l’action de la pierre, il ne s’agit pas d’un changement du caractère de la statue ; c’est un coup, un coup soudain ; c’est un coup qui brise, qui détruit, qui ne laisse pas même de trace de l’existence de la statue, comme il est dit ici, qu’«il ne se trouva aucun lieu pour eux» ; l’empire romain, les pieds, et, avec les pieds, tout le reste, disparaît. Par ce seul coup tout est pulvérisé, détruit, anéanti, et, après ce jugement, la pierre qui a frappé la statue devient une montagne qui remplit toute la terre.

Chers amis, est-ce que le christianisme a frappé la quatrième monarchie quand il a commencé à s’étendre ? Au contraire, l’empire romain a continué d’exister, il est devenu chrétien lui-même ; bien plus, les pieds de la statue n’existaient pas à cette époque. L’acte de destruction qui est signalé dans la chute de la petite pierre sur les pieds de la statue, ne représente nullement la grâce de l’Évangile, n’a aucun rapport avec l’oeuvre que l’Évangile accomplit. Enfin, c’est après la destruction totale de la statue que la pierre commence à grandir, c’est-à-dire que la connaissance de la gloire de l’Éternel, qui doit remplir toute la terre, ne commencera à se répandre qu’après que la quatrième Bête aura été jugée et détruite.

Reste une difficulté qui peut se présenter dans l’histoire de cette Bête. On peut alléguer que l’empire romain n’existe pas aujourd’hui. C’est une preuve de plus à l’appui de ce que nous venons de dire. Apoc. 17:7, 8 : «L’ange me dit... La bête que tu as vue était, et n’est pas», c’est-à-dire que l’empire romain, en tant qu’empire, a cessé d’exister ; mais qu’est-ce qui suit ? Mais elle doit «monter de l’abîme et aller à la perdition ; et ceux qui habitent sur la terre... s’étonneront». Elle existait ; puis elle n’existe plus, puis elle sortira de l’abîme. Elle aura proprement un caractère diabolique, elle sera l’expression de la puissance de Satan.

Ce que nous apprenons donc, en général, sur le caractère de cette Bête, c’est que : 1° dès son commencement, l’empire romain a été coupable du rejet de Jésus comme Roi de la terre ici-bas ; 2° que plus tard, dans cette quatrième monarchie, il y a une petite corne qui dit de grandes choses ; et, enfin, 3° que cette quatrième Bête, après avoir cessé d’exister pour quelque temps, sortira de l’abîme pour exister de nouveau, et puis être détruite, à cause des grandes paroles que la petite corne profère. Cela se lie avec 2 Thess. 2:9 : Et quant à la venue du méchant, il est, «selon l’opération de Satan, en toute sorte de miracles et signes et prodiges de mensonge» ; et sa destruction se trouve au verset 8.

Il y a encore une description de la dernière tête de la Bête (voir Apoc. 17:11), qui est la Bête même.

Dan. 11:36, etc. Le rapport entre ce passage et 2 Thess. 2:9, est reconnu : nous y voyons la même exaltation de soi-même contre Dieu. Cette dernière épître y ajoute la force de Satan, parce que le Méchant est présenté dans son caractère d’apostasie et d’iniquité ; tandis qu’en Dan. 9, c’est dans son caractère terrestre et royal. Quant au troisième caractère d’iniquité que nous avons signalé, la volonté de l’homme y apparaît clairement : «Le roi agira selon son bon plaisir».

Je désire vous faire remarquer aussi ce qui est décrit dans Jean 5:43. La nation juive recevra celui qui viendra en son propre nom.

Voilà l’iniquité du coeur de l’homme parvenue à son comble sous le dernier chef de la quatrième monarchie.

És. 14:13-15, dépeint son exaltation de lui-même sous le titre de roi de Babylone : «Tu as dit ...».

Ce sont exactement tous les privilèges, tous les droits de Christ que ce roi s’arroge. «Je monterai aux cieux» ; c’est ce que Christ a fait. «J’élèverai mon trône au-dessus des étoiles de Dieu» ; le trône de Christ est au-dessus des puissances. «La montagne de l’assignation, au fond du nord», c’est le palais du grand roi, le roi d’Israël à Jérusalem. «Je monterai sur les hauteurs des nues, je serai semblable au Très-haut». Christ doit venir sur les nuées ; il est l’image du Dieu invisible. «Toutefois, on t’a fait descendre dans le shéol, au fond de la fosse».

Ce soir j’ai heurté des idées bien chères, justement chères aux âmes fidèles, je veux dire leur espérance que l’Évangile doit s’étendre sur toute la terre pendant l’économie actuelle. C’était bien à l’Église d’accomplir cette tâche, de faire retentir la proclamation de la gloire de Christ partout ; mais, de fait, si nous nous exprimons selon la Parole nous verrons tout ce qui est efficace, tout ce qui est puissant dans ce monde, nous verrons tout cela en activité, mais sans égard à Dieu ; tous les moyens de l’homme, toutes ses facultés, tous ses talents, toutes ses connaissances seront déployés ; tout ce qui peut séduire le coeur et dominer l’esprit, tout ce qu’il y a de ressources dans le caractère et dans la nature de l’homme, mais sans aucune conscience, étonnera le monde, et l’entraînera sur les traces de l’Antichrist et lui fera reconnaître la Bête, parce qu’on veut accomplir la gloire de l’homme, s’exalter contre Dieu, et non servir Christ, ni s’humilier sous Lui. «Car quiconque s’élève, sera abaissé».

Mais, nous dira-t-on, c’est décourager toutes les entreprises que nous pourrions faire pour la propagation de l’Évangile sur la terre, si elles ne doivent aboutir qu’à un semblable résultat. — Oui, si l’on conçoit de fausses espérances, on s’est déjà trompé. En effet, s’attendre à de grandes choses, et voir toutes ses espérances déçues, ce n’est certes pas encourageant. Et il est bien vrai que cette vue des progrès du mal semble offrir peu d’encouragement à nos efforts ; mais c’est parce que nos espérances ont été fondées sur nos propres pensées. Mais le véritable effet de ces vues est exactement le contraire. Est-ce que le fait que Dieu avait dit à Noé : Je vais détruire le monde, et que Noé était pleinement convaincu que le jugement de Dieu allait bientôt venir, l’empêchait de prêcher à ses contemporains ? C’est précisément, au contraire, ce qui l’y poussait, afin de gagner ceux qui avaient des oreilles pour écouter. La conviction que le faux christianisme se montrera plus raffiné, plus corrompu dans le monde, cette conviction ne donnera que plus d’énergie et d’action à l’amour de celui qui croit ; et la proximité des jugements de Dieu, au lieu de paralyser nos efforts, nous poussera aussi avec infiniment plus de force, de suite, de fidélité, à présenter l’Évangile, le seul moyen de faire éviter aux hommes les justes malheurs qui les menacent.

Quand je dis que l’ivraie, au lieu de diminuer, continuera de croître, est-ce à dire que le bon grain ne puisse augmenter aussi ? Nullement. Si le mal doit empirer pour le jugement, Dieu donne en même temps efficace au témoignage qui doit en séparer le bien. Je crois que c’est toujours ainsi que Dieu procède. Si nous voyions trois mille âmes converties en un jour à Genève, on dirait : Voici le millénium, l’Évangile va se répandre par toute la terre. — Eh bien, il n’y en a peut-être pas trois cents de converties en une année. La conversion de plusieurs milliers de personnes à Jérusalem, qu’est-ce que cet événement prouvait, sinon que Dieu allait juger cette ville, et qu’il sauvait de la génération perverse ceux qui devaient être sauvés ? Toutes les fois que nous voyons le mal croître, et Dieu agir pour en retirer ceux qui croient, c’est seulement un signe que le jugement de Dieu est proche. On ne peut le nier, Dieu agit visiblement de nos jours, nous devons Lui en rendre grâces de tout notre coeur, et c’est ce qui me prouve encore plus que le temps approche où Dieu va retirer les siens du monde.

Il y a deux signes de l’imminence du jugement : l’un que le mal grandit, que l’impiété augmente, que toutes les ressources de l’homme se déploient d’une manière étonnante ; l’autre, que des chrétiens se retirent de cet état de choses. Eh bien, il n’y a rien là qui doive nous empêcher de travailler à l’oeuvre de Dieu. Je vois que le bien s’opère, se répand, s’étend, que Dieu sépare ses enfants du mal ; je vois, d’un autre côté, tous les principes du Méchant se développer visiblement ; je vois dans la parole de Dieu une déclaration expresse que l’économie présente va prendre fin, et le mal arriver au plus haut degré, jusqu’à ce que le Méchant soit détruit par l’avènement de Christ.

Rom. 11:22. Voici pour conclure, l’avertissement que le Seigneur nous donne : «Considère donc la bonté et la sévérité de Dieu : la sévérité envers ceux qui sont tombés ; la bonté de Dieu envers toi, si tu persévères dans cette bonté ; puisqu’autrement, toi aussi, tu seras coupé».

Est-ce que l’Église a répondu à cette bonté de Dieu ? La chrétienté s’est complètement corrompue, les gentils ont été infidèles aux dispensations de Dieu à leur égard. L’Église peut-elle être rétablie ? Impossible. Comme l’économie juive a été retranchée, la chrétienté le sera aussi. Que Dieu nous fasse la grâce de nous tenir fermes dans notre espérance, et de nous appuyer sur sa fidélité, qui ne nous manquera jamais !

 

Sixième Soirée : Daniel 7:15-28 — Les deux caractères du mal : Apostasie ecclésiastique et apostasie civile

 

Jusqu’à présent, chers amis, nous n’avons parlé que du bonheur qui appartient à l’Église, sauf que, dans notre dernière soirée, nous avons retracé les progrès que fera le mal sur la terre jusqu’à la fin. Ce mal présente un double caractère, sur lequel je me propose de dire encore ici quelques mots, attendu que les relations qui existent entre la puissance du mal et les jugements qui l’attendent, intéressent spécialement les enfants de Dieu. Quand le mal est venu à son comble, Dieu le détruit.

Les versets que j’ai lus en commençant sont l’interprétation que l’ange donne à Daniel de la vision que ce prophète a eue des Bêtes ; et, comme il arrive toujours dans l’interprétation des prophéties symboliques, ils renferment plusieurs traits nouveaux. Ici, par exemple, dans l’explication donnée à Daniel, est ajouté tout ce qui arrivera aux saints ; mais, enfin, ce que j’ai lu de Dan. 7:15-28, et le chapitre entier se rapportent à la Bête qui s’exalte, et s’élève contre le Dieu Tout-puissant.

J’ai dit, chers amis, qu’il y a deux caractères du mal qui se développent sur la terre : le premier, c’est l’apostasie ecclésiastique et le second, l’apostasie de la puissance civile elle-même.

Premièrement, l’état d’apostasie de l’Église vue dans sa responsabilité extérieure ; il est arrivé. Quant au principe de son existence, il y en aura une manifestation plus ouverte plus tard. De l’autre côté, la puissance civile s’élèvera contre Celui à qui appartient le gouvernement, contre Christ que Dieu établira Roi sur la terre. C’est par la quatrième Bête (empire romain) que cette révolte arrivera.

Avant d’entrer directement dans notre sujet d’aujourd’hui, je désire faire quelques remarques sur Matt. 25, sur lequel nous reviendrons quand nous parlerons des nations ; car tous les peuples de la terre qui existeront à la fin des temps, seront ou soumis à Christ, et par conséquent sauvés, ou en rébellion, et par conséquent détruits. Mais, pour lever des doutes quant au sujet de ce chapitre, il faut en dire quelques mots. On croit ordinairement que le jugement dont il s’agit dans ce chapitre est le jugement dernier, le jugement général : on se trompe. C’est le jugement des nations vivantes, sur cette terre, et non pas celui des morts ; aussi, n’en ai-je pas parlé quand nous traitions de la résurrection des morts. Dans ce chapitre de Matthieu, je le répète, il n’est pas du tout question de la résurrection : il s’agit du jugement des gentils. On voit, dans le 24° et le 25° chapitre, le jugement des Juifs, ce qui arrivera aux Juifs ; puis ce qui arrivera aux croyants ; puis, ce qui arrivera aux gentils. C’est le jugement des vivants, et non pas celui des morts.

Je dis que c’est le jugement des vivants. C’est ce qu’on lit : Il rassemblera toutes les nations et il les séparera comme un berger sépare les brebis d’avec les chèvres. Ce qui a donné lieu de croire qu’il s’agit du jugement des morts, c’est qu’il est dit que les méchants s’en iront dans les tourments éternels, et les justes, dans la vie éternelle. Mais cela veut dire seulement que le jugement des vivants sera final comme le sera celui des morts. Certainement, quand Dieu juge les vivants, son jugement envoie les uns aux peines éternelles, et les autres à la vie éternelle. Le jugement des vivants est aussi certain que celui des morts. Nous pourrons en parler en son lieu.

Dans notre dernière soirée, j’ai parlé principalement de l’ivraie et de l’apostasie ecclésiastique, des progrès du mal en rapport avec la révélation, et de ce qui est arrivé dans la sphère de l’Église en tant que sur la terre. Maintenant nous avons à voir l’apostasie de la puissance civile sous sa forme extérieure, et le jugement qui la frappera de la part de Dieu ; car sa colère tombera sur cette puissance civile. Si le mal ecclésiastique a quelque peu disparu à la fin, sous le rapport d’une puissance séculière et de sa forme extérieure, et si le mal civil s’est exalté, le mal ecclésiastique n’en reste pas moins vivace ; seulement, il n’a pas la suprématie : voilà la différence. En d’autres termes, ce n’est nullement que la puissance ecclésiastique s’améliore ; seulement, elle ne s’exerce pas de la même manière, et son influence n’en est que plus pernicieuse. Ce n’est plus une puissance ecclésiastique disposant du bras séculier, qui est montée sur la Bête, et qui la domine ; aussi, a-t-elle un caractère plus mystérieux, et par conséquent plus dangereux. L’influence occulte de cette puissance continue, mais elle est privée de son éclat extérieur ; car, par leur orgueil, les hommes, préparant les voies au fils de perdition, s’élèvent maintenant et se coalisent contre Dieu.

Quoique le mal ecclésiastique soit toujours le pire, cependant, comme nous venons de le dire, l’apostasie civile elle-même aura lieu et se manifestera. Vous savez que toute puissance civile est de Dieu ; or, de même que l’Église perd son caractère par sa révolte contre Dieu, le gouvernement civil aussi se trouve en état de révolte ou d’apostasie quand, au lieu d’être soumis à Dieu, il s’élève contre Dieu qui lui avait communiqué son autorité.

L’Esprit de Dieu étant la vraie force de l’Église, la révolte de l’Église commence quand, au lieu d’être assujettie à Christ, elle n’obéit qu’à la volonté et à la puissance de l’homme, s’appuie sur l’homme, et renonce à la vérité pour suivre le mensonge. Christ est le chef ; le Saint Esprit est l’unique force par le moyen de laquelle l’Église agit, et, quand l’Église n’est pas dirigée par le Saint Esprit, et n’est pas, dans ce sens, véritablement assujettie à Christ, la chrétienté est moralement apostate. Eh bien, la puissance civile se trouvera, à la fin de l’économie actuelle, dans ce même état de révolte, et il faut rappeler que l’apostasie dans l’ordre civil est quelque chose de beaucoup plus extérieur et de beaucoup plus saillant que dans l’Église. Cela aura lieu au sein de la chrétienté, et, à ce qu’il paraît même, le mal ecclésiastique en sera la source et le principal moteur. C’est ce qui s’est toujours vu. Lorsque Absalom était en révolte contre David, il avait un conseiller, Akhitophel (2 Sam. 15). La source première de cette rébellion était sans doute Satan, mais c’était toujours Akhitophel qui dirigeait la conjuration contre le roi. Lorsque les enfants d’Israël, Dathan et Abiram, se révoltèrent contre Moïse, on appela cela la révolte du lévite Coré, qui les avait séduits. De même, Dieu accuse les sacrificateurs et les prophètes, dans le royaume de Juda, de l’iniquité du peuple, parce que ce sont leurs mauvais conseils que la puissance civile a suivis. Et voilà ce qui est arrivé dans la chrétienté, c’est-à-dire que ceux qui auraient dû édifier l’Église, être la sagesse de Dieu, rappeler au gouvernement ses devoirs devant Dieu, étant eux-mêmes en révolte contre Dieu, ont caché la vérité, ont pris une forme qui a séduit le monde, et entraîné la puissance civile dans les mêmes égarements.

Il y aura une révolte de cette dernière, mais la puissance ecclésiastique en sera l’âme.

Que voyons-nous à Armagédon ? Un faux prophète qui tombe avec la Bête. Depuis le commencement jusqu’à la fin, toujours il y a une Bête, et, avec la Bête, le faux prophète ; c’est l’un ou l’autre qui dirige le mal ; mais, à la fin, la Bête prend le dessus, pouvant agir plus librement et plus directement ; aussi, est-ce la Bête qui se trouve enfin l’objet direct du jugement. C’est là ce que nous dit le 7° chapitre de Daniel.

Dès le moment que la Bête, ou la puissance civile de la quatrième monarchie, se mettra en révolte contre Dieu, cette monarchie se trouvera en relation avec les Juifs, et c’est ce qui nous ramène à l’histoire de ce peuple. Vous savez, chers amis, que, lorsque la quatrième Bête parut sur la scène de ce monde, il y avait des Juifs à Jérusalem ; vous savez que Christ a été présenté comme Roi des Juifs à la quatrième Bête, devant Ponce Pilate ; qu’il a été rejeté dans ce caractère de Roi des Juifs, qu’il ne perdra jamais. À la fin des temps, le même fait se reproduira : les Juifs, rétablis dans leur terre, sans être convertis, se trouveront en relation avec la quatrième Bête ; il y aura des saints parmi eux, et cette quatrième Bête, et particulièrement celui qui la représentera en Palestine, s’exaltant contre Dieu, se mettra en opposition directe aux droits de Christ comme Roi des Juifs. Cette opposition à Christ s’élèvera, il est vrai, beaucoup plus haut qu’autrefois ; car elle s’arrogera les droits de Christ comme Roi des Juifs, et c’est alors que Christ, venant du ciel, la détruira avec l’Antichrist, prendra le résidu des Juifs comme son peuple terrestre, et mettra toutes les nations sous ses pieds.

Ce que je viens de dire vous fait comprendre qu’il y a beaucoup de choses qui s’appliquent aux saints, c’est-à-dire au résidu fidèle d’entre les Juifs, et non pas à l’Église. Par exemple, nous savons que, durant le temps de l’apostasie ecclésiastique, il y a eu bien des persécutions contre les fidèles ; mais, dans les derniers temps, quand il sera question de la persécution des saints, elle s’exercera contre le résidu des Juifs, dont le sang sera répandu comme de l’eau.

Si l’on prend l’histoire de la Bête d’une manière très générale, même dès l’époque de Tibère Auguste et des autres empereurs ; si l’on prend la Bête même, non sous son caractère païen, mais comme étant sous l’influence du christianisme corrompu dans le moyen âge, on voit qu’il y a eu, à cette époque aussi, des persécutions contre les saints, et l’on peut dire qu’alors aussi les saints ont été mis à mort. Mais, quand on vient au moment où la puissance civile lèvera ouvertement l’étendard de la révolte, au moment où ces faits prophétiques se réaliseront pleinement, c’est sur les Juifs que tomberont les persécutions. Dès qu’il s’agit des droits de Christ comme Roi des Juifs, ce sont les Juifs qui apparaissent sur la scène, parce que les Juifs sont le peuple terrestre de Dieu. Mais qu’en sera-t-il alors de l’Église ? Elle sera entièrement hors de la scène lors de ces dernières persécutions.

Avant que nous citions les chapitres de l’Écriture qui traitent du Méchant, c’est-à-dire de la puissance civile apostate, substituée à la puissance ecclésiastique apostate, insistons encore sur ce principe, c’est qu’il n’est point vrai que la révolte de la puissance ecclésiastique soit moins fâcheuse parce qu’elle n’a pas la suprématie. Comme nous l’avons déjà remarqué, c’est cette puissance, au contraire, qui est le conseiller secret de tout le mal. Le seul changement qu’il y ait, c’est que la puissance ecclésiastique cesse d’avoir, extérieurement, la prépondérance ; et c’est ce qui a induit en erreur. Parce qu’on ne l’a regardée que des yeux de la chair, et qu’on a vu qu’elle ne pouvait pas déposer des rois, on a cru que toute cette puissance ecclésiastique avait absolument disparu. On n’a pas fait attention à ce que les enfants de Dieu doivent voir dans la parole de Dieu, c’est-à-dire que son existence morale survivrait à la destruction de son influence politique, et que c’était précisément elle qui conduirait la puissance politique proprement dite à la révolte contre Dieu, et enfin à sa destruction. Je ne veux pas dire que ce ne soit pas la volonté de l’homme qui, de sa propre force, conduise la Bête à sa perte ; je crois qu’il en est bien ainsi ; mais, en attendant, c’est l’apostasie ecclésiastique qui s’est arrogé la puissance de Dieu, ou qui a fermé la porte à la manifestation de la volonté de Dieu, et par ses corruptions et ses machinations, entraîne les habitants de la terre à reconnaître et à adorer la Bête.

J’en viens aux passages qui se rapportent à ce que nous venons de dire :

D’abord, la fin du chapitre 7 de Daniel, où est la quatrième Bête ; ensuite, Apoc. 16, et spécialement 17, où se trouvent deux choses tout à fait différentes, la grande prostituée, ou Babylone, et la Bête. Dans le chapitre 17, c’est la femme vêtue de pourpre (puissance dont l’élément principal est ecclésiastique) ; elle était montée sur la Bête (puissance civile). Après cela, «les dix cornes... haïront la prostituée (puissance ecclésiastique) et la rendront déserte et nue, et mangeront sa chair et la brûleront au feu ; car Dieu a mis dans leurs coeurs... de donner leur royaume à la Bête».

Examinons maintenant les passages qui concernent les sources du mal, et plus particulièrement de celui de cette puissance qui est en révolte contre Dieu, de la quatrième monarchie, et voyons la forme que revêtira la révolte.

Le chapitre 12 de l’Apocalypse montre la source de cette puissance : le grand dragon roux. Nous y sommes comme admis dans les coulisses de la scène, et nous voyons aussi la puissance de Satan désirant détruire Celui qui doit gouverner toutes les nations avec un sceptre de fer, Christ ; et, en Christ et avec Christ, l’Église. C’est proprement la puissance de Satan, et le grand combat. La parole de Dieu met en contraste le Père et le monde, la chair et l’Esprit, Satan et le Fils de Dieu ; ici, c’est le grand dragon, ou Satan, qui veut dévorer Celui qui doit gouverner les nations avec un sceptre de fer ; mais c’est dans le ciel que nous le voyons. Ensuite, v. 9, il en est chassé, événement qui n’a pas encore eu lieu.

Ici naît pour quelques esprits une difficulté. Parce que Satan est chassé de la conscience, ce qui est vrai (*), on s’imagine qu’il est chassé du ciel. Il est parfaitement vrai que Satan n’a pas de pouvoir sur notre conscience, si nous avons compris la valeur du sang de Christ ; il est vrai aussi, bien que nos consciences soient purifiées, que Christ intercède dans le ciel, où Satan accuse les enfants de Dieu. Nous voyons, Éph. 6:12, que les malices spirituelles sont dans les lieux célestes ; il y aura donc une bataille dans le ciel, bataille qui sera l’effet non d’un acte d’intercession ou de sacrificature, mais de puissance ; qui se livrera peut-être par le moyen des anges, mais qui sera toujours une oeuvre de puissance. En même temps, bien que Satan doive être précipité du ciel, il le sera sur la terre ; mais il ne sera pas encore lié dans l’abîme, et les fruits de sa malice ne seront pas encore à leur terme ; aussi, descendra-t-il «en grande fureur, sachant qu’il a peu de temps».

(*) C’est dire que son pouvoir d’accusation est annulé par la vertu du sang et de l’oeuvre de Jésus Christ.

Satan, précipité du ciel sur la terre, y agira par l’intermédiaire de l’empire romain. Apoc. 13 décrit ce qui apparaîtra sur la scène quant aux moyens providentiels par lesquels il assurera son pouvoir sur la terre. «Je vis monter de la mer une Bête qui avait dix cornes et sept têtes (*)». Voilà les instruments terrestres. Cette Bête réunira les caractères des trois autres Bêtes.

(*) Il est à remarquer que le Dragon a ses couronnes sur ses têtes ; la Bête du 13° chapitre les a sur les cornes. Il n’en est pas question sur la Bête dans sa toute dernière forme.

Nous voyons ici la puissance du Dragon s’établir dans l’empire romain, la Bête à sept têtes et dix cornes.

«Je vis l’une de ses têtes comme frappée à mort», c’est-à-dire une des formes gouvernementales de l’empire romain ruinée. Mais enfin la plaie mortelle est guérie, et la forme détruite, rétablie. De plus, si nous comparons les caractères et les actes de la petite corne de la même Bête de Daniel, nous verrons que la petite corne, c’est-à-dire cette petite corne de Daniel «qui proférait de grandes choses», et qui détruisait trois des dix cornes, nous verrons qu’elle imprime tout son caractère à la Bête elle-même ; elle devient son expression morale devant Dieu ; ainsi, nous pouvons dire, par exemple, que Napoléon était l’empire français, parce qu’il représentait toute la force de l’empire. Cette Bête sera la puissance civile, l’empire romain apostat, ou en révolte ouverte contre Dieu.

Mais il y a aussi une autre Bête (qui n’est pas l’empire romain), qui exerçait la puissance de la première devant elle.

Versets 11- 14 : «Et je vis... Et elle séduit ceux qui habitent sur la terre». Voici quelque chose qui ressemble à la puissance de Christ, et qui plus tard au milieu des Juifs revêtira la forme du christianisme ; mais, comme le comprend l’apôtre, c’est Satan.

C’est donc la seconde Bête qui séduira les habitants de la terre, et qui fera qu’ils suivront la première, c’est-à-dire la puissance civile, l’empire romain.

Et la Bête avait reçu un coup mortel. C’est ce qui est arrivé à la forme impériale ancienne de l’empire romain ; mais la plaie doit être entièrement guérie. Nous voyons ici que la Bête perd son caractère impérial pendant un temps, et que sa plaie est ensuite guérie, et c’est quand elle est ainsi rétablie que, dans toute la terre étonnée, on va après elle.

On reverra donc encore sur la terre la Bête impériale, et, dans toute la terre, on sera dans l’admiration. Mais nous avons aussi vu que la seconde Bête, par les grands prodiges qu’elle fait, séduit les habitants de la terre. Eh bien, cette seconde Bête paraîtra, à la fin, sous le caractère non d’une Bête, mais d’un faux prophète, c’est-à-dire que toute sa puissance séculière sera perdue. Ce ne sera plus une Bête ravisseuse et dévorante ; ce caractère sera entièrement effacé, et l’on verra le faux prophète (*), que l’on reconnaîtra pour la seconde Bête, à la parfaite ressemblance de son caractère : en somme le personnage qui a fait les choses que la seconde Bête a faites, mais qui paraît sous cette nouvelle forme (comp. Apoc. 13:14, avec 19:20).

(*) Le faux prophète n’est pas Mahomet. C’est la seconde Bête qui a exercé toute la puissance de la première Bête devant elle ; or, Mahomet ne l’a pas exercée.

Si nous prenons le côté moral des événements déjà accomplis, nous savons qui a exercé toute la puissance en présence de la puissance civile ; mais il y a encore une puissance séductrice, qui fera des prodiges de toute espèce, et qui séduira les habitants de la terre.

Nous verrons plus tard la suite de tout cela. En attendant, résumons ce que nous avons dit. Le 12° chapitre nous présente le Dragon dans le ciel comme l’origine, la cause première de toute cette révolte ; le 13° nous montre, comme agent providentiel visible, l’empire romain sous la forme impériale. Cette Bête a été blessée à mort, mais sa plaie mortelle est guérie ; il y a aussi en sa présence une autre puissance qui séduit les habitants de la terre, et c’est quand la plaie de la première Bête est guérie, que tout le monde est dans l’admiration, et va après elle. Ajoutez ici la circonstance du 19° chapitre, c’est que la seconde Bête cesse d’en être une, et apparaît à la fin comme faux prophète.

Dans le chapitre 17, il y a une description de la première Bête, qui nous fournit d’autres particularités la concernant. Versets 7 et 8 : «Et l’ange me dit : Pourquoi es-tu étonné ? Je te dirai, moi, le mystère de la femme et de la Bête qui la porte, qui a les sept têtes et les dix cornes. La Bête que tu as vue était, et n’est pas, et va monter de l’abîme et aller à la perdition ; et ceux qui habitent sur la terre, dont les noms ne sont pas écrits dès la fondation du monde au livre de vie, s’étonneront, en voyant la Bête, — qu’elle était, et qu’elle n’est pas, et qu’elle sera présente».

Elle «va monter de l’abîme», c’est-à-dire devient positivement la puissance de Satan à la fin ; et c’est précisément ce qui arrivera quand Satan, étant chassé du ciel, événement qui aura lieu quand l’Église aura été enlevée dans le ciel, sera en grande fureur sur la terre. Alors, sous son influence, la Bête (l’empire romain) qui a été, et n’est pas, et qui est présente, reprend sa force et sa forme, c’est-à-dire que la puissance civile, au lieu d’être soumise à Dieu, prend entièrement le caractère de Satan, et se signale, après lui et à son instigation, par une révolte ouverte contre la puissance de Dieu.

Pour chercher toutes les marques auxquelles on peut reconnaître cette dernière forme de la puissance de la Bête, il faut attendre que la tête impériale de l’empire romain, le huitième roi d’Apoc. 17:11, fasse son apparition dans le monde, et c’est ce qui doit arriver pour sa ruine.

Quand l’empire romain existait autrefois sous sa forme païenne, il n’y avait pas dix rois ; mais, quand cette Bête existera de nouveau (souvenons-nous toujours que c’est l’empire romain), dix rois lui donneront leur puissance ; ce ne sont pas dix rois qui la remplacent. De plus, c’est après avoir été détruite qu’elle existera de nouveau, c’est-à-dire que ce n’est pas le Bête païenne, ce n’est pas l’histoire du pré-moyen âge, où certains rois barbares (si même on en peut trouver dix) ont remplacé l’empire. Mais qui «sera présente» ; c’est-à-dire que la plaie mortelle sera guérie, et que la Bête impériale reparaîtra.

Les dix rois «donnent leur puissance... à la Bête», c’est-à-dire qu’il y aura un chef impérial, ou empereur, et dix rois qui lui donneront leur puissance ; les royaumes continueront d’exister, mais ce sera une confédération de royaumes, comme nous avons vu sous Napoléon les royaumes d’Espagne, de Hollande, de Westphalie, etc. Ce n’est que pour m’expliquer que j’y fais allusion.

Il y a eu la Bête, il a pu y avoir dix rois, mais jamais dix rois donnant leur puissance à la Bête qui n’était pas, et qui existait de nouveau.

«Les sept têtes sont sept montagnes». C’est toujours l’empire romain. «Ce sont aussi sept rois : cinq sont tombés ; l’un est», savoir la tête impériale qui existait du temps de Jean ; «l’autre n’est pas encore venu, et, quand il sera venu, il faut qu’il demeure un peu de temps. Et la Bête qui était et qui n’est pas, est, elle aussi, un huitième» roi (parce que les sept sont passés) ; «et elle est d’entre les sept, et elle s’en va à la perdition», c’est-à-dire qu’il y aura une huitième tête, une tête particulière, qui réunira toute la puissance de la Bête, qui sera la Bête même, et qui, tout en étant une tête à part, est une des sept. C’est la tête impériale, mais sous une forme nouvelle ; car il y a dix rois qui donneront leur puissance à cette huitième Bête, et c’est dans cette forme qu’elle ira à sa ruine. C’est justement ici que l’avènement de Christ et de l’Église se lie avec le sujet que nous traitons (Apoc. 19, et 2 Thess. 2).

Je dois encore vous citer Dan. 11:36-45 : «Le roi agira selon son bon plaisir ...» (comp. avec 2 Thess. 2:3, 4 et suiv.). Nous voyons dans Dan. 11, que ce n’est plus une question de suprématie ecclésiastique ; il s’agit dans ce chapitre de guerres entre puissances civiles en Orient. Avec le verset 36 commence l’histoire de l’Antichrist, du roi «qui agira selon son bon plaisir», comme nous avons vu la petite corne faire également sa volonté, et qui enfin, après divers incidents, va à Jérusalem et y trouve sa fin. C’est un roi comme un autre, un roi de la terre, mais exerçant sa puissance dans la terre sainte. Il n’est pas question de la forme du christianisme, celle-ci avait précédé l’apparition du Méchant dans les Thessaloniciens ; on voit que le roi a tout à fait dépassé les questions ecclésiastiques ; c’est un roi de cette terre qui se trouve en butte aux attaques du roi du Midi et du roi du Nord.

Une remarque sur 2 Thess. 2, pour notre consolation au milieu de ce triste concours d’événements. «Or nous vous prions, frères, dit l’apôtre, par la venue de notre Seigneur Jésus Christ et par notre rassemblement auprès de lui, de ne pas vous laisser... troubler». Ceux qui aiment la vérité échapperont entièrement à cette énergie d’erreur, à laquelle, au contraire, seront livrés, par le jugement de Dieu, ceux qui n’ont pas reçu l’amour de la vérité, et qui ont pris plaisir à l’iniquité. Voilà le mal qui vient, et il importe que le monde en soit averti, parce que quelques-uns peuvent en être salutairement effrayés, et conduits à penser à la vérité de Dieu. Et pourquoi cela est-il annoncé aux enfants de Dieu ? C’est afin qu’ils en retirent la plus grande consolation, et qu’ils soient détachés de tout ce qui entraîne à cette fin même. Je dis que nous ne nous trouverons pas compris dans cette catastrophe, mais que, prévenus des jugements qui auront lieu à ce dénouement terrible, nous sommes conduits à nous détacher, dès maintenant, des causes qui l’attirent par leur nature et par la justice de Dieu.

L’apôtre, dans l’assemblée des Thessaloniciens, avait beaucoup parlé de ces choses, et leur avait enseigné à attendre la venue du Sauveur. Or, qu’est-ce que Satan avait fait ? Il avait tâché d’épouvanter les fidèles, en leur disant que le jour du Seigneur était là. Non, dit l’apôtre ; je vous conjure par la présence du Seigneur et par notre rassemblement auprès de lui, qui doit précéder ce jour-là, je vous conjure de ne pas vous laisser troubler comme si nous y étions déjà. Ce jour viendra sur le Méchant, et non pas sur vous, puisque vous serez déjà montés vers Christ, et que vous l’accompagnerez personnellement dans ce grand jour où il reviendra.

Le jour est là, disaient les séducteurs, le jour est arrivé. Non, répond l’apôtre, ce jour ne viendra pas que vous, fidèles, n’ayez été d’abord enlevés dans les nuées, et que le Méchant n’ait été révélé.

Ces consolations sont confirmées dans le second passage cité : Cet homme qui viendra «en toute séduction d’injustice pour ceux qui périssent, parce qu’ils n’ont pas reçu l’amour de la vérité».

J’ajouterai seulement que nous avons dans ce chapitre la description du caractère moral, de l’iniquité du Méchant sans frein et du pouvoir de Satan. Dans le 11° chapitre de Daniel, nous avons le tableau du caractère extérieur du Méchant.

Ce soir, chers amis, j’ai cherché à vous exposer quelque chose qui est probablement un peu en dehors de votre manière de considérer ces sujets ; j’ai tâché de faire ressortir la distinction et l’union à la fois de la puissance civile et de la puissance ecclésiastique, ainsi que la distinction et l’union à la fois de la révolte ecclésiastique et de la révolte civile. Les deux choses sont étroitement liées, puisque nous voyons que la seconde Bête exerce toute la puissance de la première Bête devant elle, et que le faux prophète, qui est cette seconde Bête, se trouve jeté dans l’étang de feu avec la première.

Nous remarquons aussi que ce fait se lie avec celui de la présence des Juifs à Jérusalem, au voisinage de laquelle la Bête trouvera sa fin, événement qui terminera la présente économie, en manifestant la puissance de Christ sur la terre ; ce qui nous amènera à voir l’union de Christ avec le résidu des Juifs, et, à la suite de cela, la mise de toutes les nations sous son sceptre.

Nous n’avons parlé que de la quatrième Bête.

Il y a deux points dignes de remarque dans l’histoire d’Israël : premièrement, les nations qui se trouvaient liguées contre Israël, quand ce peuple était reconnu de Dieu, et, secondement, les nations qui l’ont emmené en captivité. Jusqu’ici, ce n’est que de ce qui est appelé «les temps des gentils» [Luc 21:24] que nous avons parlé, cette période pendant laquelle le royaume s’est trouvé transféré des Juifs aux gentils, c’est-à-dire aux quatre Bêtes de Daniel. Ézéchiel, lui, parle des nations avant ces quatre Bêtes et après, mais jamais des «temps des gentils» mêmes.

C’est pendant la période qui embrasse l’histoire de ces quatre Bêtes, que prend place la chrétienté, et qu’a lieu la révolte morale. La puissance ecclésiastique, nous l’avons vu, a servi d’instrument pour amener un tel résultat. Elle s’est mise à la place de Dieu, ôtant la foi et en même temps dégoûtant la raison : elle a mis de côté la religion naturelle en prétextant les droits de la révélation, et cela pour corrompre et perdre cette révélation même, de sorte que les hommes n’eussent point d’autre objet qu’eux-mêmes. Cette puissance, ayant joué un tel rôle dans le drame d’iniquité perpétré par l’ennemi de nos âmes et de notre Seigneur, succombera elle-même à la malice et à la violence de la volonté humaine qu’elle a émancipée. Aussi incapable, par ses prétentions à la religion, de servir ouvertement Satan qu’elle le sera de servir Dieu avec sincérité, incapable, en un mot, de vérité, elle deviendra la lâche conseillère d’une iniquité dont elle ne peut pas se constituer l’acteur. Elle provoquera des crimes qu’elle n’ose pas consommer, et dont la puissance civile deviendra le chef et l’exécuteur. Chers amis, quand la conscience naturelle est plus droite que les formes religieuses, c’en est fait de l’Église : elle est près de sa chute, et le chandelier sera ôté là où elle aura été l’instrument de plus d’iniquité que le monde n’en saurait imaginer ; car, comme il a été dit, la corruption de ce qu’il y a de plus excellent est la pire des corruptions. Quant à l’Antichrist proprement dit, il niera que Jésus soit le Christ, il reniera le Père et le Fils (1 Jean 2:22) ; il ne confessera pas Jésus Christ venu en chair (2 Jean 7) ; il reniera tout : le Père et le Fils, Jésus le Messie, Jésus venu comme vrai homme. Voilà son caractère, ses actes, sa forme, la source de sa puissance. Voilà ce qui lui conférera le trône. Nous l’avons déjà vu, ce sera une espèce d’imitation satanique de ce que Dieu a fait : le Père a donné le trône au Fils, et l’Esprit agit selon la puissance du Fils dans l’Église devant Lui ; de même le Dragon (Satan) donnera son trône à la Bête, et une grande autorité, et la seconde Bête (puissance spirituelle, vrai Antichrist et faux prophète) exercera toute la puissance de cette dernière (puissance civile) devant elle (Apoc. 13:12).

Le jugement décidera, chers amis, dans un tel état de choses. Que Dieu nous rende attentifs au vrai caractère et à la fin de l’orgueil de l’homme. La force de sa volonté peut employer et mettre en usage tous les moyens que Dieu lui a départis, et ils sont grands ; et les résultats, aussi longtemps que Dieu le laisse agir dans sa patience, seront grands aussi ; mais c’est l’homme qui en sera le centre ; le sentiment de sa responsabilité envers Dieu n’y entre pour rien ; Dieu est en réalité déshonoré et dégradé ; le but le plus élevé, le plus digne que l’homme puisse se proposer, Dieu lui-même, manque dans tout cela. Au reste, chers amis, c’est le même principe et la même source de péché depuis le commencement jusqu’à la fin. L’homme agissant par sa propre volonté pour satisfaire ses convoitises, avide de connaissances pour lui-même, s’exaltant jusqu’à Dieu, désobéissant et, par conséquent, agissant sous l’influence et par l’énergie de Satan, tel est le caractère de l’Antichrist, telle est l’histoire d’Adam dans sa première chute, son premier péché.

C’est le commencement et la consommation du même mal, dont l’évidence en même temps que le contraste a paru dans la mort de notre bien-aimé et parfait Sauveur, qui en a fait pour nous l’expiation. Que son nom de grâce et de gloire soit éternellement béni, et qu’il grave ces choses dans vos coeurs ! Il préservera assurément son Église de tous ces malheurs qui menacent le monde, car son Église est unie à Lui.

 

Septième Soirée : Psaume 82 — Jugement des nations qui deviennent l’héritage de Christ et de l’Église

 

Le dernier verset de ce Psaume renferme le sujet qui doit nous occuper ce soir : «Lève-toi, ô Dieu ! juge la terre ; car tu hériteras toutes les nations». C’est Dieu qui doit juger la terre, et, à la suite de ce jugement, avoir en partage toutes les nations.

Nous avons parlé de Christ, héritier de toutes choses avec l’Église sa cohéritière, puis de l’avènement de Christ, ou du moment où il prend son héritage, et de la résurrection de l’Église, ou du moment où l’Église ressuscitée participe avec Lui à cet héritage. Les âmes des saints endormis, heureuses avec Lui, attendent elles-mêmes la résurrection de leurs corps, pour jouir de la plénitude de la bénédiction et de la gloire ; c’est pourquoi un chrétien peut désirer la mort, parce qu’il est par là délivré de toute affliction et de toute peine ; mais il attend la résurrection pour la consommation de sa gloire. Nous avons parlé du progrès du mal, et prouvé que, loin que le monde soit converti par la prédication de l’Évangile, l’ivraie doit croître et mûrir jusqu’à la moisson. Et, dans notre dernière soirée, nous avons vu le mal atteindre sa plus haute expression dans la Bête qui va à la destruction, dans l’apostasie de la puissance civile de la quatrième monarchie, et dans le faux prophète qui exerce sa puissance devant elle, et qui est détruit avec elle.

Nous avons vu qu’il y a deux Bêtes, et que la seconde se transforme dans le faux prophète (comp. Apoc. 13, avec la fin de 19).

Maintenant la scène s’étend un peu, et nous verrons non seulement la quatrième Bête détruite, mais toutes les nations jugées. Toutes les races d’hommes existant sur la terre, qui se sont formées à la suite de la division des enfants de Noé, se trouveront à la fin rassemblées et jugées de la part de Dieu ; tout ce qui est hautain, orgueilleux, sera abattu par sa puissance et sa gloire afin que Dieu, dans une pleine bénédiction, jouisse du royaume, et qu’il ait l’héritage de toutes les nations.

J’ai traité, dans notre dernière réunion, la partie la plus difficile, le point où les deux économies se rencontrent, et où le mal causé par l’apostasie de l’économie actuelle exige l’intervention de Dieu et, par conséquent, le jugement qui termine cette économie. J’ai parlé de cette apostasie de l’Antichrist spécialement, parce que c’est en effet la consommation même de l’apostasie. Mais, du moment que l’événement a lieu, il y a aussi le jugement de toutes les nations. Dieu ne juge pas seulement la révolte dernière de l’Antichrist ou de la Bête ; mais, ayant fait éclater sa puissance, le moment de sa colère étant venu, il juge toutes les nations.

C’est ce qu’on lit, en Apoc. 11:15-18 : «Et le septième ange sonna de la trompette : et il y eut dans le ciel de grandes voix, disant : Le royaume du monde de notre Seigneur et de son Christ est venu, et il régnera aux siècles des siècles. Et les vingt-quatre anciens qui sont assis devant Dieu sur leurs trônes, tombèrent sur leurs faces et rendirent hommage à Dieu, disant : Nous te rendons grâces, Seigneur, Dieu, Tout-puissant, celui qui est et qui était, de ce que tu as pris ta grande puissance et de ce que tu es entré dans ton règne. Et les nations se sont irritées ; et ta colère est venue, et le temps des morts pour être jugés, et pour donner la récompense à tes esclaves les prophètes, et aux saints, et à ceux qui craignent ton nom, petits et grands, et pour détruire ceux qui corrompent la terre».

Poursuivons les passages qui traitent du même sujet.

Nous avons vu que le Seigneur Jésus, le Messie, le vrai Roi de toute la terre, s’est présenté à la quatrième Bête et aux Juifs, c’est-à-dire à l’Empire Romain et aux Juifs ; aux gentils, dans la personne de Ponce Pilate, et aux Juifs, dans la personne du souverain sacrificateur. Il s’est présenté au monde et aux siens, et il a été rejeté. Mais nous verrons qu’il est un sens beaucoup plus étendu, dans lequel il est dit que les nations sont irritées, et que la colère de Dieu éclate contre elles par le jugement remis entre les mains de son Fils.

Dans le Psaume 2, nous voyons deux choses. Premièrement, que le Fils est sacré Roi sur Sion, la montagne de sa sainteté, et qu’il a l’héritage des nations : Sion, voilà son trône ; mais son héritage, ce sont les nations. Secondement, sa manière de traiter ces nations, manière tout à fait opposée à l’Évangile : «Tu les briseras avec un sceptre de fer». Le sceptre de Christ, si on veut l’employer comme figure dans le langage de l’Évangile, est un sceptre de bonté et d’amour ; c’est tout ce qu’il y a de plus doux, de plus puissant dans son amour ; ce n’est point un sceptre de fer. Mais il s’agit ici des rois de la terre. Maintenant donc, ô rois ! adorez le Fils. Le décret de Dieu est que son Fils soit oint ; c’est-à-dire que Dieu a voulu établir Jésus roi de toute la terre, et il invite les rois de la terre à se soumettre à Lui. Il leur dit : Je vais parler dans ma colère : je donne l’héritage des nations à Christ ; il vous brisera avec un sceptre de fer, il vous mettra en pièces ; maintenant donc, soumettez-vous à Lui, à mon Fils, Roi en Sion. Ces rois suivent leurs propres conseils ; leur parti est pris selon la sagesse de l’homme, et ce n’est pas à Christ, Roi en Sion, qu’ils pensent. Allez leur parler de Christ, Roi en Sion, vous passerez aussitôt pour être hors de sens. Cependant, Dieu l’a décrété sûrement, irrévocablement, et c’est ce qu’il fera, malgré les rois de la terre ; il établira Christ Roi en Sion, et lui donnera pour héritage les nations, et pour sa possession les bouts de la terre. «Maintenant», dit-il par la bouche de Michée, «il sera grand jusqu’aux bouts de la terre» (5:4).

À la naissance de Christ, nous voyons la haine éclater à la moindre apparence de sa royauté. Dès qu’on entend dire : Il y a un roi, on cherche à s’en défaire. Mais, à la fin, est-ce que les nations écouteront l’invitation qui leur est faite de se soumettre à Lui ? Nous trouvons la réponse dans le Psaume 82. Il faut que ces juges de la terre, ces Élohim rendent compte de leur conduite ; «ils ne connaissent ni ne comprennent». «Moi j’ai dit : Vous êtes des dieux», parce que Dieu lui-même les avait placés comme ayant une autorité sur la terre, et parce que les autorités qui existent sont établies de Dieu ; mais Dieu peut les juger. Ce ne sont pas les chrétiens qui tiennent le langage ci-dessus, c’est Celui qui a le droit de juger ceux qu’il a nommés juges, de destituer ces puissances subalternes, afin de faire éclater sa grande puissance et d’agir en Roi.

Nous voyons encore (Ps. 9:1-7) que le lieu où ce jugement s’exercera est la terre d’Israël, et que le Seigneur se révélera par cet acte de sa puissance. Verset 5: «Tu as tancé les nations, tu as fait périr le méchant (l’Antichrist)... Tu as aussi rasé des villes, leur mémoire a péri avec elles». La fin du Psaume 5:15-20, n’est pas le langage de l’Évangile, c’est la demande prophétique, la juste demande du jugement ; c’est là ce qui explique les Psaumes dans lesquels les chrétiens trouvent quelquefois de fort grandes difficultés, faute d’avoir compris la différence des économies. Convertir le méchant, lui faire grâce, voilà l’Évangile ; nous avons tout autre chose ici, parce que ce n’est pas l’Évangile. Une fois que l’Évangile a eu son cours, Christ réclame le jugement contre le monde. Ce n’est pas Christ à la droite du Père pour envoyer le Saint Esprit, et assembler ses cohéritiers ; mais c’est Christ demandant justice, la demandant généralement, par son Esprit, dans la bouche des humbles et des débonnaires de la nation juive, contre l’homme orgueilleux et violent. Si Dieu n’exécutait pas le jugement, le mal ne ferait qu’empirer, sans qu’il y ait aucun soulagement pour les fidèles. Dieu ne l’exécute que lorsque le mal est arrivé à son comble. L’Antichrist et les nations s’élèveront contre Dieu et contre son Christ, et il faudra que la terre soit débarrassée de ces ennemis, pour faire place au règne de Dieu lui-même. Ce n’est pas David qui demande à dominer sur ses ennemis, mais c’est Christ qui demande le jugement, parce que le moment est venu.

Dans le Psaume 10, vous verrez cette même vérité. L’Éternel est Roi, et les nations ont été exterminées (v. 15, 16).

J’ai voulu, chers amis, vous faire remarquer comme principe général, dans ces Psaumes, le jugement terrible de Dieu sur la méchanceté des nations, Dieu agissant en juge au milieu des juges.

Un passage, Ésaïe 2:12-22, nous présente encore le grand jour de Dieu sur la terre : «Il y a un jour de l’Éternel des armées contre tout ce qui s’exalte et s’élève... pour frapper d’épouvante la terre». Ce n’est pas pour le jugement des morts, c’est pour le jugement de la terre.

Pour vous faire voir encore que ce jugement s’appliquera à toutes les nations, et que c’est par ce moyen que Dieu veut remplir la terre de la connaissance de son nom, je vous citerai Sophonie 3:8 : «C’est pourquoi, attendez-moi, dit l’Éternel, pour le jour où je me lèverai pour le butin. Car ma détermination c’est de rassembler les nations, de réunir les royaumes pour verser sur eux mon indignation, toute l’ardeur de ma colère ; car toute la terre sera dévorée par le feu de ma jalousie». L’ordonnance de Dieu, c’est d’assembler les nations, afin de répandre sur elles son indignation. C’est là un jugement terrible. Quant à notre attente à nous, que la connaissance de l’Éternel remplisse la terre, nous la voyons au verset 9. La chose arrivera après qu’il aura exécuté le jugement, et chassé les méchants. Ce passage en est la révélation très explicite.

Pour le dire en passant, cette même vérité, que la connaissance de Dieu se répandra par l’effet de ses jugements, nous est présentée en Ésaïe 26:9-11 : «Est-il fait grâce ? l’homme n’apprend pas la justice, mais dans le pays de la droiture il fait le mal. Mais, lorsque les jugements de Dieu sont la terre, les habitants du monde apprennent la justice».

Certainement, l’ordonnance de l’Éternel est d’assembler les royaumes, afin de répandre sur eux son indignation et toute l’ardeur de sa colère. Ce sera un jour terrible, et un jour auquel le monde doit s’attendre.

Un autre passage, à l’appui de la même vérité, se lit au Psaume 110 : «L’Éternel a dit à mon Seigneur : Assieds-toi à ma droite, jusqu’à ce que je mette tes ennemis pour le marchepied de tes pieds». Jésus est assis à la droite du Père, jusqu’à ce que ses ennemis soient mis pour son marchepied. Jusque-là, il agit par son Esprit pour assembler les chrétiens, il envoie le Saint Esprit, le consolateur ici-bas, pour convaincre de péché, de justice et de jugement ; mais Dieu mettra un jour les ennemis de Christ pour marchepied de ses pieds ; et c’est pourquoi Jésus dit que «le Fils même ne connaît pas le jour où ces choses doivent arriver». Il a été écrit qu’il doit hériter de toutes choses. Voilà ce qui a été prophétisé de moi ; l’Éternel m’a dit : Assieds-toi à ma droite, jusqu’à ce que j’aie réduit tes ennemis à être ton marchepied. Ce n’est pas telle année, ou tel jour ; mais je vais être assis à la droite de Dieu «jusqu’à ce que», c’est-à-dire jusqu’au moment où le Père accomplira ce conseil ; car le Seigneur Jésus, toujours Dieu éternellement béni, reçoit le royaume comme Homme-Médiateur. Or voici l’accomplissement du décret : «L’Éternel enverra de Sion la verge de ta force ...». Nous voyons le terme de cette économie très clairement marqué. Christ est assis à la droite de l’Éternel, jusqu’à ce que l’Éternel mette ses ennemis sous ses pieds. Après cela, il dit : «Domine au milieu de tes ennemis !» Voilà ce que l’Éternel accomplira encore, lorsque le Seigneur, au moment où sa puissance devra s’exercer, «brisera les rois au jour de sa colère. Il jugera parmi les nations, il remplira tout de corps morts, il brisera le chef d’un grand pays».

Jérémie 25:28. C’est au sujet continuellement présenté à nos âmes par la parole de Dieu, et c’est la fin de tout ce que nous voyons autour de nous. «Et il arrivera que, s’ils refusent de prendre la coupe de ta main pour boire, alors tu leur diras : Ainsi dit l’Éternel des armées : Certainement, vous en boirez». Voyez encore le verset 31.

Il est encore deux points que je dois vous faire remarquer. Premièrement, c’est à Jérusalem surtout que tout ce désastre aura lieu ; secondement, Dieu a nommé toutes ces nations dans sa Parole, et nous verrons reparaître sur la scène, au moment du jugement de Dieu, tous les descendants de Noé, dont nous trouvons l’énumération dans la Genèse ch. 10. Nous les retrouverons à peu près toutes ou sous la Bête ou sous Gog.

Quant aux passages qui concernent Jérusalem, nous pouvons citer Joël 3:1 et 9-17 ; Mich. 4:11-13 ; Zach. 12:3-11 : «Et il arrivera, en ce jour-là, que je ferai de Jérusalem une pierre pesante pour tous les peuples : tous ceux qui s’en chargeront s’y meurtriront certainement ; et toutes les nations de la terre seront rassemblées contre elle. En ce jour-là, dit l’Éternel, je frapperai de terreur tous les chevaux, et de délire ceux qui les montent, et j’ouvrirai mes yeux sur la maison de Juda, et je frapperai de cécité tous les chevaux des peuples. Et les chefs de Juda diront en leur coeur : Les habitants de Jérusalem seront ma force, par l’Éternel des armées, leur Dieu. En ce jour-là, je rendrai les chefs de Juda semblables à un foyer de feu au milieu du bois et à une torche de feu dans une gerbe, et ils dévoreront à droite et à gauche tous les peuples d’alentour, et Jérusalem demeurera encore à sa place, à Jérusalem. Et l’Éternel sauvera premièrement les tentes de Juda, afin que la gloire de la maison de David et la gloire des habitants de Jérusalem ne s’élèvent pas contre Juda. En ce jour-là, l’Éternel protégera les habitants de Jérusalem, et celui qui chancelle parmi eux sera en ce jour-là comme David, et la maison de David sera comme Dieu, comme l’Ange de l’Éternel devant eux. Et il arrivera, en ce jour-là, que je chercherai à détruire toutes les nations qui viennent contre Jérusalem. Et je répandrai sur la maison de David et sur les habitants de Jérusalem un esprit de grâce et de supplications ; et ils regarderont vers moi, celui qu’ils auront percé, et ils se lamenteront sur lui, comme on se lamente sur un fils unique, et il y aura de l’amertume pour lui, comme on a de l’amertume pour un premier-né. En ce jour-là, il y aura une grande lamentation à Jérusalem, comme la lamentation de Hadadrimmon dans la vallée de Meguiddon». Zach. 14:3, 4 : «Et l’Éternel sortira et combattra contre ces nations comme au jour où il a combattu au jour de la bataille. Et ses pieds se tiendront, en ce jour-là, sur la montagne des Oliviers, qui est en face de Jérusalem, vers l’orient ; et la montagne des Oliviers se fendra par le milieu, vers le levant, et vers l’occident — une fort grande vallée ; et la moitié de la montagne se retirera vers le nord, et la moitié vers le midi».

Il est dit (Actes 1:11) que Jésus reviendra «de la même manière que vous l’avez vu s’en allant au ciel», et l’on voit ici que cela va jusqu’au point où ses pieds se tiennent sur la montagne des Oliviers (comp. Ézéch. 11:23). Dans ce jour-là, ses pieds se tiendront debout sur le mont des Oliviers, dit l’Esprit par Zacharie (14:4). «Ses pieds», les pieds de l’Éternel. Bien qu’il ait été homme de douleurs, Jésus est l’Éternel, comme il l’a été dès l’éternité.

Quant au second point, il est à remarquer que les nations, les descendants de Noé, se trouveront soit sous la Bête, soit sous Gog, les deux principales puissances. Si vous consultez le dixième chapitre de la Genèse, vous y verrez, verset 5, les îles des gentils divisées par leurs terres. Dans le dénombrement des enfants de Japhet, vous avez Gomer, Magog, Madaï, Javan, Tubal, Méshec et Tiras. De ces peuples, vous trouvez Gomer, Magog, Tubal, Méshec sous les mêmes noms (Éz. 38) à la suite de Gog ; vous y trouverez aussi Pérès (ou les Perses), qui était uni à Madaï (les Mèdes), et des mains duquel celui-ci reçut la royauté, comme nous le voyons en Dan. 5, et ailleurs, de sorte que, de toutes ces nations, il ne reste en dehors que Javan et Tiras. L’énumération d’Ézéchiel renferme toutes les nations qui comprennent, la Russie, l’Asie Mineure, la Tartarie et la Perse, toutes les peuplades dont se compose la Russie, ou qui sont sous son influence, sous la domination de Gog, prince de Rosh (Russes), Méshec (Moscou), et Tubal (Tobolsk). (*)

(*) Rappelons que ceci a été écrit en 1840 (Éd.)

Les enfants de Cham nous sont indiqués, Gen. 10:6. De ceux-ci, il est vrai, Canaan a été détruit, et son pays est devenu celui d’Israël. Cush et Puth se trouvent sous Gog (Éz. 38:5) ; ceux de Cush, seulement en partie, et voici pourquoi : une partie de la famille de Cush s’établit sur l’Euphrate, une autre sur le Nil, c’est-à-dire au nord et au midi d’Israël ; ceux du nord sont donc, par leur position, en rapport direct avec les partisans de Gog. Mitsraïm ou l’Égypte (car Mitsraïm n’est que le nom hébreu qui désigne l’Égypte), le reste de Cush et de Puth, vous le retrouverez en Dan. 11:43.

Maintenant, parmi les enfants de Sem, Hélam est la même chose que le pays des Perses dont nous avons déjà parlé. Assur se trouve nommé dans le jugement qui aura lieu aux derniers temps (Mich. 5 ; És. 14:25 ; 30:30-33 ; dans la coalition du Ps. 83 ; et dans d’autres endroits aussi). Arpacsad est un des ancêtres des Israélites. La famille de Joktan manque ici ; c’est un peuple de l’Orient. Aram ou la Syrie a été déplacé par Assur, et se trouve indiqué sous le titre de roi du Nord. Il en est de même de Lud, semble-t-il. Javan se trouve dans le dernier combat (Zach. 9:13). De toutes ces nations, Tiras est la seule, outre Joktan, qui ne se trouve pas nommée pour ce dernier jugement. Je ne parle que de la parole de Dieu ; les auteurs profanes réunissent Tiras à Javan, mais je n’ai pas à m’en occuper.

Aujourd’hui, nous voyons la Russie étendre sa puissance précisément sur les nations qui se trouvent sous le sceptre de Gog (*).

(*) Le Gog d’Ézéchiel 38 est à distinguer de Gog et Magog d’Apocalypse 20:8 (Éd.)

Dans le 11° chapitre de Daniel, il y a deux autres puissances auxquelles il faut faire attention, le roi du Midi et le roi du Nord. Ce chapitre renferme d’abord une longue relation d’événements déjà accomplis ; viennent après cela les navires de Kittim (v. 30) ; puis il y a une interruption dans l’histoire des deux puissances. Ces rois ont été les successeurs du grand roi de Javan: l’un est celui qui possédait l’Assyrie ; l’autre l’Égypte. L’enjeu de leurs combats était la Syrie et la Terre-Sainte. Aux versets 31, 35, nous avons les Juifs, qui sont laissés de côté pendant longtemps ; il est dit : «D’entre les sages il en tombera (les Juifs) pour les éprouver ainsi, et pour les purifier... jusqu’au temps de la fin ; car ce sera encore pour le temps déterminé». Et puis, verset 36 : «Le roi agira selon son bon plaisir». C’est l’Antichrist. Au verset 40, nous le voyons dans le pays d’Israël, dans ce territoire, cause du différend qui existe entre le roi du Midi et le roi du Nord : «Et, au temps de la fin, le roi du Midi heurtera contre lui» de ses cornes : c’est-à-dire qu’après un long intervalle, voici de nouveau le roi du Midi sur la scène. Eh bien, ce n’est que depuis quelques années que cela a lieu, après un intervalle d’à peu près deux mille ans. La plupart des nations qui sont aux pieds de Gog, nous les voyons maintenant aux pieds de la Russie. Mais «le roi du Nord fondra sur lui comme une tempête». L’Antichrist sera l’objet de l’attaque à la fois du roi du Midi ou d’Égypte, et du roi du Nord, possesseur de la Turquie asiatique ou Assyrie (*). Je ne dis pas quel sera le roi du Nord à la fin ; mais nous voyons que les circonstances et les personnages, décrits dans ces prophéties qui regardent ce temps déterminé, commencent à paraître. Il y a déjà deux mille ans que le roi du Midi a cessé d’exister ; et, depuis quelques années, il est de nouveau sur la terre (**). De même, nous voyons un peuple qui était presque ignoré il y a un siècle, et qui, aujourd’hui, domine exactement sur les mêmes pays que le Gog d’Ézéchiel. Je ne désire pas arrêter votre attention sur des événements qui arrivent de nos jours ; mais c’est après avoir expliqué la prophétie que nous mentionnons ces circonstances qui se passent sous nos yeux. Nous voyons également toutes ces nations commencer à s’occuper de Jérusalem (Zach. 12:3), et ne savoir que faire ; le roi d’Égypte demande tous ces pays pour lui, le roi du Nord ne veut pas les céder. C’est le Turc qui possède maintenant le Nord, ou le pays d’Assyrie (*). Nous avons actuellement le roi du Nord et le roi du Midi, combattant pour le même pays, qu’ils se sont disputé il y a deux mille ans passés. C’est précisément ce qui est dit ici devoir arriver «au temps déterminé». Je ne dis pas que tout soit encore manifesté ; par exemple, les dix rois ne sont pas encore pleinement en évidence, l’Antichrist n’a pas encore paru ; mais les principes qui sont dans la parole de Dieu agissent visiblement au milieu des royaumes où les dix cornes doivent paraître ; c’est-à-dire que nous voyons toute l’Europe occidentale s’occuper de Jérusalem, se disposer pour ce combat ; et la Russie se préparer de son côté, exercer sa puissance sur les pays cités dans la Parole, et toutes les pensées des hommes politiques du monde se concentrer sur la scène où doit avoir lieu leur rencontre finale devant le jugement de Dieu, où l’Éternel les assemblera comme «la gerbe sur l’aire» (Mich. 4:12). C’est une coïncidence très remarquable. En retraçant ce qui se passe autour de nous, nous reconnaissons ce qui se trouve dans la prophétie ; du moins nous voyons que ceux qui doivent agir, ou sur lesquels Dieu doit agir, se montrent avec les mêmes caractères que signale la prophétie.

(*) Rappelons que ceci a été écrit en 1840 (Éd.)

(**) Allusion à Méhémet-Ali (Éd.)

Eh bien, chers amis, si vous prenez la peine de suivre ces chapitres que je viens de vous citer (il y en a d’autres que vous pourrez trouver sans doute), vous comprendrez le 25° chapitre de Matthieu, qui nous parle du Seigneur assis sur son trône, et assemblant toutes les nations (c’est la citation de Joël 3), les jugeant et les séparant comme on sépare les brebis d’avec des boucs.

Maintenant souvenons-nous d’une chose, nous chrétiens, c’est que nous sommes pleinement à couvert du jugement. Ce soir, je n’ai pas parlé de l’Église ; mais souvenons-nous de sa situation, c’est-à-dire que, pendant ces événements, même dès à présent, la place de l’Église est d’être avec Christ, de l’accompagner. L’Église a ce privilège, cette gloire, ce caractère spécial, d’être unie avec Jésus Christ, et, si l’on cherche l’Église dans l’Ancien Testament, c’est Jésus Christ que l’on trouve. Un exemple frappant de cette vérité, c’est que ce que Paul dit de l’Église (Rom. 8) se trouve dans le chapitre 50 d’Ésaïe [Rom. 8:33-34 ; És. 50:8], où les paroles s’appliquent au Christ. Là le Christ dit : «Qui me condamnera ?» L’Église étant unie à Lui, l’apôtre s’en sert pour montrer la position de celle-ci.

L’union de l’Église en un seul corps, soit Juifs soit gentils, n’était pas révélée dans l’Ancien Testament ; si on l’y cherche, c’est Christ lui-même que l’on trouve. Quoiqu’il y ait bien des choses dans les relations de l’Éternel avec Sion, qui se retrouvent dans les relations de Dieu le Père avec l’Église, cependant ce n’est pas en Sion qu’on doit chercher l’Église ; dans l’Ancien Testament, les privilèges de l’Église sont en Christ lui-même ; c’est dans la personne de Christ, parce que l’Église a la même part que Christ ; c’est elle (voir Éph. 1:22, 23) qui est l’accomplissement de Celui qui accomplit tout en tous ; par conséquent, nous ne pouvons pas chercher l’Église dans ces prophéties, parce qu’elle est le corps de Christ lui-même.

Nous avons vu que Christ doit frapper, briser les nations ; eh bien, cela est dit aussi de l’Église. L’Église n’a rien à faire avec tout ce dont nous venons de parler, dans ce sens qu’elle y soit assujettie (Apoc. 2:26, 27). Sa place n’est pas d’être au milieu des nations qui seront brisées, mais d’être réunie à Christ, ayant les mêmes privilèges que Christ, et brisant les nations avec Christ. Il n’y a rien de vrai à l’égard de Christ, quant à la place qu’il a prise comme homme glorieux, qui ne le soit aussi de l’Église. Il est toujours précieux pour nous de comprendre notre place, celle de cohéritiers de Christ, et plus nous y penserons, plus nos forces seront multipliées, plus nous serons dans nos esprits comme des héritiers de Dieu, détachés de ce monde, de ce monde qui est jugé, comme l’Église est justifiée. L’Église est justifiée ; nous n’en voyons pas encore l’effet, parce que la gloire n’est pas encore venue. Le monde est jugé ; nous n’en voyons pas encore l’effet, parce que le jugement n’est pas encore venu. L’Église n’a les fruits de la justification que dans la gloire ; le monde n’a ses fruits que dans le jugement. Néanmoins, il est vrai que l’Église est unie à Christ. Le monde est jugé, parce qu’il a rejeté Christ : «Père juste, dit le Sauveur, et le monde ne t’a pas connu». Et voilà ce que la grâce a fait pour nous. De même que l’incrédulité sépare, entièrement et pour l’éternité, de Christ, la grâce, par la foi, nous a unis, entièrement et pour toujours, à Lui, et nous devons en bénir Dieu.

 

Huitième Soirée : Romains 11:21 — Promesses absolues de bénédictions terrestres faites à Israël

 

Nous avons (Rom. 11:1) cette question posée par l’apôtre au sujet d’Israël : «Dieu a-t-il rejeté son peuple ?» Jusqu’au 8° chapitre, il a présenté l’histoire de l’homme pécheur, de nous tous, soit Juifs soit gentils ; il a exposé l’Évangile de la grâce de Dieu, la réconciliation de l’homme, sans différences entre Juifs et gentils, par la mort et par la résurrection de Jésus Christ. Après avoir établi cette doctrine, en montrant qu’elle n’annulait pas les promesses faites à Israël, il commence, au 9° chapitre, l’histoire des économies ; il fait connaître la manière dont Dieu a agi envers les Juifs et les gentils, et, dans ce 11° chapitre, il traite la question : Dieu a-t-il rejeté son peuple ?

Nous avons vu, en étudiant l’histoire des quatre Bêtes et aussi celle de l’Église, que les Juifs ont été mis de côté, et que l’Évangile est apparu dans ce monde pour sauver les pécheurs, soit Juifs soit gentils, pour révéler le mystère caché d’un peuple céleste, et pour faire comprendre aux principautés et aux puissances dans les lieux célestes la sagesse de Dieu infiniment diversifiée (Éph. 3:10). Un Juif qui se convertit maintenant, entre dans l’économie de la grâce ; mais là-dessus vient aussitôt la question : Dieu a-t-il donc rejeté son peuple ?

Il ne s’agit pas ici de son peuple spirituel : il est question de son peuple selon la chair, des siens, des Juifs. L’apôtre dit, verset 28 : «Ils sont ennemis à cause de vous» en ce qui concerne l’Évangile, mais bien-aimés en ce qui concerne l’élection, «à cause des pères». Dans ce chapitre 11°, il ne s’agit donc pas de l’Évangile, de l’appel des Juifs à la grâce par l’Évangile, bien qu’il y eût d’entre ce peuple une élection pour l’Évangile ; il s’agit des Juifs comme peuple de Dieu extérieur, des Juifs selon la chair, qui sont ennemis quant à l’Évangile, mais bien-aimés à cause des pères en ce qui concerne une élection nationale.

Est-ce que Dieu l’a rejeté, ce peuple ennemi par rapport à l’Évangile ? La réponse de l’apôtre est : «Qu’ainsi n’advienne !»

Nous chrétiens, nous nous glorifions de ce principe, que «les dons de grâce et l’appel de Dieu sont sans repentir» ; c’est bien, c’est un principe scripturaire ; mais à qui l’apôtre l’applique-t-il ? Ce n’est pas à nous, c’est aux Juifs. Il est toujours bien important de prendre un passage de la parole de Dieu dans son contexte, et non pas de l’arracher du terrain où Dieu l’a planté.

Pendant l’économie actuelle, Dieu appelle un peuple céleste ; il met de côté, par conséquent, son peuple terrestre, les Juifs. La nation juive ne doit jamais entrer dans l’Église ; au contraire, «un endurcissement partiel est arrivé à Israël jusqu’à ce que la plénitude des nations soit entrée» ; jusqu’à ce que tous les enfants de Dieu, qui forment l’Église dans cette économie, soient appelés.

Mais Israël sera sauvé comme nation. Le Libérateur viendra de Sion ; il n’a pas rejeté son peuple. Ils sont ennemis par rapport à l’Évangile, et ils le seront jusqu’à ce que la plénitude des nations soit entrée ; mais le Libérateur viendra. Voilà l’abrégé du propos divin en ce qui concerne les Juifs.

Du moment qu’on peut dire de l’économie des gentils, qu’elle n’a pas persévéré dans la bonté de Dieu, on peut dire que tôt ou tard elle sera retranchée : bonté «envers toi, si tu persévères dans cette bonté ; puisque autrement, toi aussi, tu seras coupé» (v. 22).

La racine de l’olivier n’est pas seulement Israël sous la loi ; loin de là, c’est Abraham, à qui a été adressé l’appel de Dieu. C’était la vocation d’un seul homme, séparé, élu, dépositaire des promesses ; le choix tombait sur Abraham, et sur la famille d’Abraham selon la chair. Israël a servi d’exemple, comme dépositaire des promesses et de la manifestation de l’élection de Dieu ; maintenant, c’est l’Église.

Pour vous faire comprendre cette racine des promesses, qui est Abraham, je dirai quelque chose sur la suite des économies qui ont précédé.

Premièrement, à la chute de l’homme, nous le voyons laissé à lui-même. Quoique non sans témoignage, il n’a point de loi, point de gouvernement, et la suite de cela fut le mal porté au plus haut degré, de sorte que le monde était rempli de violence et de corruption ; alors Dieu le purifie par le déluge.

Ensuite vient Noé. Un changement a lieu ; ce changement, c’est que le droit de vie et de mort, le droit d’exécuter la vengeance, est mis dans la main des hommes : «Qui aura versé le sang de l’homme, par l’homme son sang sera versé». À cela est ajoutée une bénédiction de la terre plus ou moins grande : «Celui-ci, dit Lémec en parlant de Noé, nous consolera à l’égard... du sol que l’Éternel a maudit» ; et Dieu fait une alliance avec Noé et avec la création, alliance en témoignage de laquelle Dieu donne l’arc-en-ciel : «L’Éternel flaira une odeur agréable ; et... dit ...  : Je ne maudirai plus de nouveau le sol» (Gen. 8:21 ; 9:6, 12 et 13). C’est l’alliance donnée à la terre à la suite du sacrifice de Noé, type du sacrifice de Christ.

Je dirai, en passant, que Noé a manqué à cette alliance, comme a toujours fait l’homme. Au lieu de retirer des bénédictions de la terre, il commence à cultiver une vigne, et il s’enivre. Par sa faute, le principe du gouvernement a également perdu sa force dans ses premiers éléments, et Noé, qui tenait les rênes de ce gouvernement, devient un objet de dérision pour l’un de ses fils.

Nous voyons, dans toutes les économies, la chute immédiate de l’homme ; mais tout ce qui s’est perdu par la folie humaine, sous toutes les économies, sera retrouvé en Christ à la fin : la bénédiction de la terre, la prospérité des Juifs, le gouvernement du Fils de David, la domination du grand roi sur les gentils, la gloire de l’Église. Tout ce qui a paru et qui a été gâté entre les mains du premier Adam, refleurira dans celles du second Adam, Époux de l’Église, Roi des Juifs et de toute la terre.

Une autre chute, encore plus terrible, eut lieu après ce qui arriva à Noé. Dieu avait fait éclater ses jugements dans le déluge, et la Providence s’était ainsi révélée. Or, qu’a fait Satan ? Satan, tant qu’il n’est pas lié, s’empare toujours de l’état des choses ici-bas. Aussitôt donc que Dieu se fut manifesté dans ces jugements providentiels, Satan aussi se présenta comme Dieu, il se fit Dieu. N’est-il pas dit que les choses que les gentils offrent, ils les offrent au démon et non à Dieu ? Satan s’est donc fait le Dieu de cette terre. «Vos pères... ont habité anciennement au-delà du fleuve, et ils ont servi d’autres dieux», dit le Seigneur aux Israélites (Josué 24:2). C’est la première fois que nous voyons Dieu signaler l’existence de l’idolâtrie. Dès le moment qu’elle eut fait son apparition, Dieu appelle Abraham ; et voici, pour la première fois, l’appel de Dieu à une séparation extérieure par rapport à l’ordre de choses ici-bas, parce que Satan s’étant introduit comme le gouverneur céleste du monde, il a fallu que Dieu eût un peuple séparé des autres peuples, où la vérité pût se maintenir ; et toutes les voies de Dieu envers les hommes roulent autour de ce fait, qu’ici-bas le Seigneur a appelé Abraham et sa postérité pour être le dépositaire de cette grande vérité : Il n’y a qu’un seul Dieu. Par conséquent, tout ce que Dieu fait sur la terre se rapporte, entièrement et directement, aux Juifs comme le centre de ses conseils terrestres et de son gouvernement. C’est ce que vous reconnaîtrez, en lisant Deutéronome 32:8.

Vous verrez ces deux principes très distinctement présentés dans la Parole : d’un côté, les promesses faites à Abraham sans condition ; de l’autre, Israël les recevant sous condition, et perdant tout. Mais comme Abraham a reçu les promesses sans condition, Dieu ne peut jamais les oublier, quoique Israël y ait manqué après s’être engagé avec condition. C’est un principe important ; car si Dieu eût manqué à ses promesses envers Abraham, il pourrait manquer aussi à ses promesses envers nous.

En Sinaï, Israël prit les promesses sous condition, et y manqua : mais cela n’a nullement diminué la validité et la force des promesses faites à Abraham, quatre cent trente ans auparavant. Je ne parle pas maintenant de cette promesse spirituelle : «Toutes les nations seront bénies en toi», promesse qui a reçu un accomplissement partiel par l’Évangile sous notre économie ; mais je vais vous montrer qu’il y a des promesses faites à Israël, qui reposent sur la même fidélité de Dieu.

Nous commencerons nos citations sur ce sujet par la promesse faite en Genèse 12. C’est l’appel d’Abraham, qui se trouvait alors au milieu de sa famille idolâtre. C’est une promesse très générale, mais qui embrasse les bénédictions temporelles, aussi bien que celles qui sont purement spirituelles. Les deux espèces de promesses se trouvent dans le même verset, également sans condition. La partie spirituelle de la promesse se trouve répétée une fois, une seule fois, au chapitre 22 ; tandis que les promesses temporelles sont souvent répétées. Au chapitre 15, nous avons la promesse de la terre, promesse fondée sur une alliance faite avec Abraham, aussi sans condition ; c’est un don absolu du pays. Il s’y trouve aussi la promesse d’une nombreuse postérité (v. 5 et 18), et même les limites exactes du pays donné (v. 18 et suivants). Au chapitre 17, versets 7 et 8, la promesse de la terre est renouvelée. Ces promesses sont confirmées à Isaac (26:3, 4), à Jacob (35:10-12). Voilà «les promesses faites aux pères», et à Israël aimé à cause des pères, faites à Abraham sans condition aucune, les promesses terrestres comme les promesses spirituelles. Si l’on dit que les promesses spirituelles sont sans condition, les promesses temporelles sont sans condition aussi. Il y a autant de certitude dans la promesse faite à Abraham : «Je te donnerai ce pays», que dans celles qui nous sont faites, à nous gentils.

Je ne cite pas la lutte de Jacob (Gen. 32). On croit qu’elle était la preuve d’une foi extraordinaire en cet homme : c’est vrai ; mais en même temps c’est une foi qui, exercée après une conduite très répréhensible, a été accompagnée d’une humiliation évidente : c’est Dieu qui a lutté contre lui ; mais Dieu a soutenu sa foi.

Ainsi Dieu s’est fait «le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob», héritiers de ses promesses, et pèlerins sur la terre.

Nous verrons que Dieu se prévaut de ce nom, pour ainsi dire, sur la terre, et que les fidèles en Israël y puisent toujours les motifs de leur confiance. «Tu diras aux enfants d’Israël, dit-il à Moïse : L’Éternel, le Dieu de vos pères, le Dieu d’Abraham, le Dieu d’Isaac et le Dieu de Jacob, m’a envoyé vers vous : c’est là mon Nom éternellement, et c’est là mon mémorial de génération en génération» (Exode 3:15).

Mais, d’un autre côté, Israël s’est mis en relation avec Dieu d’après un principe qui est l’opposé de tout cela, le principe de la propre justice, le principe de la loi, en vertu duquel, reconnaissant que nous devons l’obéissance à Dieu, nous entreprenons d’obéir par nos propres forces. Car l’histoire du peuple d’Israël est, en grand et même dans les détails de ses circonstances, l’histoire de nos coeurs. Exode 19 nous montre le changement immense qui a lieu dans l’état d’Israël. Jusqu’ici, les promesses qui lui étaient faites l’étaient sans condition. Si vous parcourez les chapitres de l’Exode, depuis le 15° jusqu’au 19°, vous verrez que Dieu leur avait donné toutes les choses gratuitement, même malgré leurs murmures : la manne, de l’eau à boire, le sabbat, et qu’il les avait soutenus dans leur combat avec Amalek en Rephidim. Tout cela, il le leur rappelle. «Vous avez vu, leur dit-il, comment je vous ai portés sur des ailes d’aigle, et vous ai amenés à moi. Et maintenant, si ...».

Voici maintenant, introduit dans les relations de Dieu avec Israël, ce petit mot si : «Maintenant, si vous écoutez attentivement ma voix... vous m’appartiendrez en propre d’entre tous les peuples ; car toute la terre est à moi ; et vous me serez un royaume de sacrificateurs, et une nation sainte».

Or, dès qu’il y a une condition, c’en est fait de nous, parce que, dès le premier jour où nous sommes dans cette alliance avec condition, nous ne la gardons pas : voilà la folie d’Israël. En vain Dieu envoie sa loi, qui est bonne, sainte et juste ; pour un pécheur, sa loi est la mort, parce qu’il est pécheur ; et, du moment que Dieu nous donne sa loi et les promesses sous condition d’obéissance à la loi, il nous les donne non parce que nous pouvons obéir, mais pour nous faire comprendre plus clairement que nous sommes perdus, parce que nous avons violé cette condition.

Les Israélites auraient dû dire : Il est vrai, nous devons t’obéir ; mais nous avons manqué tant de fois, que nous n’osons accepter les promesses sous une telle condition. Au lieu de cela, que disent-ils ? «Tout ce que l’Éternel a dit, nous le ferons» ; ils s’engagent à accomplir tout ce que l’Éternel a dit ; ce peuple prend les promesses sous la condition d’obéir exactement. Quelle est la conséquence de cette témérité ? Le veau d’or est fait avant que Moïse soit descendu de la montagne. Quand nous, pécheurs, nous prenons l’engagement d’obéir exactement à Dieu (quoique l’obéissance soit toujours un devoir), et sous peine, si nous n’obéissons pas, de perdre la bénédiction, dans ce cas nous manquons toujours. Il faut que nous disions : «Nous sommes perdus» ; car la grâce suppose notre ruine. C’est cette instabilité totale de l’homme placé sous une condition, que l’apôtre veut démontrer (Gal. 3:17, 20), lorsqu’il dit : «Un Médiateur n’est pas médiateur d’un seul» ; c’est-à-dire que, dès le moment qu’il y a un médiateur, il y a deux parties. «Mais» Dieu n’est pas deux, «Dieu est un seul», et quelle est l’autre partie ? C’est l’homme.

Eh bien, il n’y a rien de stable en l’homme ; c’est pourquoi il a succombé sous le poids de ses engagements, et c’est ce qui arrivera toujours. Mais la loi ne peut pas annuler les promesses faites à Abraham ; la loi, qui est venue 430 ans plus tard, ne peut point abolir la promesse, et la promesse a été faite à Abraham, non pas seulement pour la bénédiction des nations, mais aussi pour assurer le pays et les bénédictions terrestres à Israël.

Le raisonnement de l’apôtre, à l’égard des promesses spirituelles, s’applique également aux promesses temporelles faites aux Juifs. Nous voyons qu’Israël n’a pas pu en jouir sous la loi. En effet, tout fut perdu quand il eut fait le veau d’or. Néanmoins, l’alliance à Sinaï a été fondée sur le principe d’obéissance (Exode 24:7). «Et il prit le livre de l’alliance, et le lut aux oreilles du peuple ; et ils dirent : Tout ce que l’Éternel a dit, nous le ferons, et nous écouterons. Et Moïse prit le sang ...». L’alliance est sanctionnée par le sang sur ce principe : Nous ferons tout ce que l’Éternel a dit. Vous savez que le peuple fit le veau d’or, et que Moïse détruisit les tables de la loi.

Maintenant, si vous lisez Exode 32, vous verrez comment les promesses faites avant la loi furent la ressource de la foi. C’est ce qui soutint le peuple par l’intercession de Moïse, même dans la chute, et vous verrez comment, par le moyen d’un médiateur, Dieu revint à l’homme après sa faute (v. 9-14) : «C’est un peuple de cou roide. Et maintenant laisse-moi faire, afin que ma colère s’embrase contre eux, et que je les consume ; et je ferai de toi une grande nation. Et Moïse implora l’Éternel... Reviens de l’ardeur de ta colère, et repens-toi du mal que tu veux faire à ton peuple. Souviens-toi d’Abraham, d’Isaac, et d’Israël, tes serviteurs, auxquels tu as juré par toi-même, et auxquels tu as dit : Je multiplierai votre semence comme les étoiles des cieux, et je donnerai à votre semence tout ce pays dont j’ai parlé, et ils l’hériteront pour toujours. — Et l’Éternel se repentit du mal qu’il avait dit qu’il ferait à son peuple».

Voici donc, après la chute d’Israël, Moïse suppliant Dieu, pour sa gloire, de se souvenir des promesses faites à Abraham, et Dieu se repentant du mal qu’il voulait faire à son peuple.

Passons à Lévitique 26. Ce chapitre est une menace de tous les châtiments qui devaient venir sur Israël infidèle. Mais, verset 42 : «Je me souviendrai de mon alliance avec Jacob, et aussi de mon alliance avec Isaac, et... avec Abraham, et je me souviendrai de la terre». Voilà comment Dieu revient à ses promesses faites sans condition longtemps avant la loi. Vous verrez que cela est applicable aux derniers temps.

Il y a deux autres alliances faites avec Israël pendant son séjour dans le désert. Nous avons vu que, l’alliance sous la loi ayant été violée, l’intercession de Moïse donna lieu à une autre alliance, dont nous avons les bases en Exode 33:14 et 19. Au chapitre 34:27, l’Éternel dit : «Écris ces paroles ; car, selon la teneur de ces paroles, j’ai fait alliance avec toi et avec Israël».

Remarquez ici avec toi, car il y a un changement très notable dans le langage de Dieu. Dieu avait toujours dit en Égypte : «Mon peuple, mon peuple». Du moment qu’ils ont fait le veau d’or, il ne le dit plus ; il prend le mot qu’ils ont dit : «Ton peuple». «Ton peuple, que tu as fait sortir... d’Égypte» ; car Israël avait dit : «Ce Moïse, cet homme qui nous a fait monter du pays d’Égypte» (Exode 32:1). Dieu les prend selon leur propre langage. Qu’arriva-t-il alors ? Moïse intercéda, et il ne permit pas en quelque sorte à Dieu de dire : «Ton peuple» ; Moïse lui dit : «Ton peuple» ; il insiste toujours sur cette expression : «Ton peuple».

Maintenant, c’est une alliance faite avec Moïse comme médiateur. Voici le principe de la souveraineté de la grâce, principe introduit quand tout était perdu, la condition de la loi ayant été violée. Si Dieu n’était pas souverain, quelle aurait été la conséquence de cette violation ? La destruction de tout le peuple. C’est-à-dire que, bien que la souveraineté de Dieu soit éternelle, elle se révèle lorsqu’elle devient l’unique ressource d’un peuple perdu par ses voies ; et cela a lieu par le moyen d’un médiateur.

Vous verrez encore une alliance, en Deutéronome 28:69 : «Ce sont là les paroles de l’alliance que l’Éternel commanda à Moïse de faire avec les fils d’Israël dans le pays de Moab, outre l’alliance qu’il avait faite avec eux à Horeb». Voici le sujet de cette troisième alliance avec les Israélites : Dieu la traite avec eux, afin que, sous elle, étant obéissants, ils puissent continuer à jouir du territoire.

Ils n’ont pas gardé cette nouvelle alliance ; par conséquent, ils ont été expulsés de leur terre. C’est à l’époque de cette troisième alliance qu’Israël y avait été installé, et, par l’observation de cette alliance, il l’aurait conservé (voyez 29:9, 12, 13 ; voyez aussi, pour cet appel aux promesses sans conditions, Deut. 9:5, 27, et 10:15). Dans Michée 7:19, 20, nous voyons ces mêmes promesses faites à Abraham, comme la source de l’espérance prophétique. Dans Luc, nous voyons que le fidèle Israélite, Siméon, les rappelle comme le sujet de la confiance d’Israël, qui, par ces promesses, se reposait sur la fidélité de Dieu.

Jusqu’ici, nous avons vu en vertu de quel principe Israël est entré dans la terre de Canaan. Mais nous avons aussi vu qu’avant la loi, Dieu lui avait promis la terre, comme possession perpétuelle, par des alliances et des promesses faites sans conditions ; et c’est par le moyen de ces promesses, par la médiation de Moïse, qu’Israël est épargné, et qu’il jouit enfin de la terre promise par la troisième alliance, faite dans les plaines de Moab.

Après la chute des Israélites dans cette terre promise, reste à appliquer à leur rétablissement à venir toutes les promesses faites à Abraham. Après que ce peuple a manqué de toute manière à Dieu, les prophètes nous feront voir que Dieu lui a promis de le rétablir dans son pays, sous Jésus Christ son Roi, rétablissement qui est l’entier accomplissement de toutes les promesses temporelles.

Souvenons-nous, chers amis, que, dans les voies de Dieu que nous venons d’examiner, nous trouvons la révélation du caractère de l’Éternel ; et que, bien que ces choses soient arrivées à Israël, elles sont arrivées de la part de Dieu ; et que, par conséquent, elles sont la manifestation du caractère de Dieu en Israël pour nous. Israël est le théâtre sur lequel Dieu déploie tout son caractère dans le gouvernement du monde ; il ne s’agit pas seulement d’Israël sous le nom de l’Éternel : il y va de la gloire de Dieu et de l’honneur de ses perfections. Si Dieu pouvait faillir à ses dons envers Israël, il pourrait faillir à ses dons envers nous.

Nous poursuivrons l’histoire de l’état de ce peuple dans la réunion prochaine.

 

Neuvième Soirée : Ézéchiel 37 — Bénédictions terrestres faites à Israël (suite 1)

 

Ce qui arrive aux ossements que voit Ézéchiel nous représente bien clairement ce dont je désire vous parler ce soir ; je veux dire ce que Dieu, dans sa bonté, fera en faveur d’Israël. En méditant ce sujet, je suivrai la méthode que j’ai toujours suivie, c’est-à-dire que je vous présenterai successivement les témoignages de la parole de Dieu.

Vous vous rappelez que, la dernière fois, en commençant ce sujet, nous avons vu la différence de l’alliance faite avec Abraham et de l’alliance de la loi sur le mont Sinaï, et que, chaque fois que Dieu a voulu faire grâce à son peuple, il s’est rappelé l’alliance faite avec Abraham. Nous avons vu aussi qu’Israël a joui de l’effet des promesses sous l’alliance faite dans le désert, et non sous celle faite avec Abraham, et que, dès lors, Israël, étant placé sous la condition de l’obéissance pour conserver la jouissance des promesses, a tout à fait manqué ; mais que, cependant, grâce à la médiation de Moïse, Dieu a pu bénir ce peuple.

Je vais vous faire voir comment Israël a failli, encore après cela, même en étant établi dans le pays que l’Éternel lui avait donné ; et que Dieu a suscité les prophètes, d’une manière toute particulière, pour le convaincre du péché dans lequel il était tombé, et pour montrer aux fidèles que les conseils de Dieu à l’égard d’Israël ne manqueraient jamais leur effet ; que, par le moyen du Messie, serait accompli tout ce dont Dieu avait parlé, et que c’est justement lorsque Israël aurait failli, que ces promesses de son rétablissement seraient précieuses pour le résidu fidèle de ce peuple.

Rappelez-vous que, dans l’histoire du péché d’Israël sous la loi, nous avons l’histoire du coeur de chacun de nous ; que, si nous nous plaçons devant Dieu, nous verrons qu’il n’y a que la grâce, qui nous est connue par l’oeuvre de Dieu, qui puisse, non seulement nous soutenir, mais nous retirer de la situation dans laquelle nous nous trouvons par suite du péché.

Je vais vous faire remarquer la déchéance et la ruine d’Israël, sous toutes les formes de son gouvernement, depuis son entrée dans la terre de Canaan. Vous savez que c’est Josué qui a introduit les Israélites dans ce pays. Le livre de Josué est l’histoire des victoires d’Israël sur les Cananéens, l’histoire de la fidélité que Dieu a montrée dans l’accomplissement de ce qu’il avait promis à son peuple. Les Juges et Samuel sont l’histoire de la chute d’Israël dans la terre de Canaan jusqu’à David, mais, en même temps, celle de la patience de Dieu. Voyons d’abord, comment Josué représente aux Israélites leur condition et leur caractère.

Il leur récite (chapitre 24) tout ce que Dieu a fait à leur égard, toutes ses grâces et toute sa bonté ; alors (v. 16) le peuple répond : «Loin de nous que nous abandonnions l’Éternel ...» Et (v. 19) Josué dit au peuple : «Vous ne pourrez pas servir l’Éternel» ; et le peuple dit : «Non, car nous servirons l’Éternel... nous servirons l’Éternel, notre Dieu, et nous écouterons sa voix». Josué traita donc alliance ce jour-là avec le peuple. Ce capitaine de leur salut les a conduits dans la terre de la promesse ; ils jouissent de l’effet de la grâce, et ils entreprennent de nouveau d’obéir à l’Éternel.

Eh bien, nous voyons, Juges 2, qu’ils y ont complètement manqué. Je ne chasserai pas vos ennemis de devant vous, dit Dieu, mais ils seront à vos côtés ; et, verset 11 : «Les fils d’Israël firent ce qui est mauvais aux yeux de l’Éternel, et servirent les Baals... et la colère de l’Éternel s’embrasa contre Israël».

C’est toujours ce que nous voyons : bienfaits de la part de Dieu, et ingratitude de la part de l’homme.

Citons les passages qui montrent comment Israël a prévariqué sous toutes les formes de gouvernement.

1 Samuel 4:11. Éli était le souverain sacrificateur, le juge et le chef d’Israël ; mais le péché de ses fils était insupportable, et nous voyons la gloire d’Israël jetée à terre : l’arche de Dieu fut prise et les deux fils d’Éli, Hophni et Phinées, moururent. Versets 18-21 : Éli lui-même mourut, et sa belle-fille nomma l’enfant qu’elle mit au monde I-Cabod (privé de gloire), disant : «La gloire s’en est allée d’Israël ; — parce que l’arche de Dieu était prise, et à cause de son beau-père et de son mari».

Alors Dieu, qui avait suscité Samuel, nommé le premier de tous les prophètes, gouverne Israël par lui ; mais, bientôt après, Israël rejette le prophète (1 Sam. 8:7) : «Et l’Éternel dit à Samuel : Écoute la voix du peuple en tout ce qu’ils te disent ; car ce n’est pas toi qu’ils ont rejeté, mais c’est moi qu’ils ont rejeté, afin que je ne règne pas sur eux. Selon toutes les actions qu’ils ont commises, depuis le jour où je les ai fait monter d’Égypte jusqu’à ce jour». Dieu leur donna donc alors un roi dans sa colère, et l’on sait ce qui est arrivé à ce roi de leur choix (chap. 15).

1 Samuel 15:26. Le jugement est prononcé ; et Samuel dit à Saül : «Je ne retournerai point avec toi ; car tu as rejeté la parole de l’Éternel, et l’Éternel t’a rejeté, pour que tu ne sois plus roi sur Israël».

Ces divers passages montrent qu’Israël a failli, sous le roi, sous le prophète, sous le sacrificateur ; et le voilà ruiné sous le roi qu’il avait choisi.

David est suscité en la place de Saül ; Dieu agissant par grâce fait ce choix ; c’est Lui qui donne à Israël David, type de Christ, selon la chair, et, père de Christ.

Ainsi, par la bonté de Dieu, Israël devient extrêmement riche et glorieux sous David et sous Salomon. Mais on voit bientôt que ce peuple a prévariqué de nouveau sous ces deux princes (1 Rois 11:5-11). «Et Salomon fit ce qui est mauvais aux yeux de l’Éternel, et ne suivit pas pleinement l’Éternel... Et l’Éternel eut de la colère contre Salomon».

C’est une chose fort triste à voir, comment le coeur de l’homme, dans toutes les circonstances possibles, se détourne de Dieu ; et cela est général ; c’est l’instruction que nous avons à retirer de l’histoire du peuple d’Israël. Vous savez qu’il a été divisé en deux parties, et que les dix tribus sont devenues tout à fait infidèles. Dans la personne d’Achaz, la famille de David, dernier appui humain des espérances d’Israël, a commencé à devenir idolâtre (2 Rois 16:10-14). Le péché de Manassé a mis le comble à toute cette infidélité (2 Rois 21:11, 14, 15).

Telle est, en quelques mots, la conduite d’Israël et de Juda même, jusqu’à la captivité de Babylone. L’Esprit de Dieu résume leur histoire, l’histoire de leurs crimes et de sa patience, dans ces paroles frappantes (2 Chron. 36:15, 16) : «Et l’Éternel, le Dieu de leurs pères, envoya vers eux par ses messagers, se levant de bonne heure et envoyant, car il avait compassion de son peuple et de sa demeure. Mais ils se moquaient des messagers de Dieu, et méprisaient ses paroles, et se raillaient de ses prophètes, jusqu’à ce que la fureur de l’Éternel monta contre son peuple, et qu’il n’y eut plus de remède».

C’est la fin de leur existence dans cette terre de Canaan, où ils avaient été introduits pas Josué. Le nom de Lo-ammi (pas mon peuple) est finalement inscrit sur eux.

Ayant rapidement parcouru l’histoire de leur déchéance, jusqu’à leur déportation à Babylone, nous avons maintenant à considérer les promesses qui ont soutenu la foi du résidu fidèle de ce peuple, pendant l’iniquité et durant la captivité de la nation.

Il y a une promesse importante à signaler, qui servait comme de seconde base à l’attente des Juifs fidèles. Elle se trouve en 2 Samuel 7, et 1 Chroniques 17. Entre ces deux passages il y a cette différence, que celui des Chroniques s’applique directement à Christ ; et cette différence tient à celle qui existe dans ces livres, dont l’un (Samuel) est historique, et l’autre (les Chroniques), un résumé qui lie toute l’histoire, depuis Adam, dans le sens généalogique à Christ et aux espérances d’Israël, et duquel sont exclues, par conséquent, toutes les infidélités et chutes des rois d’Israël. Voici cette promesse : «Et j’ai établi un lieu à mon peuple, à Israël, et je le planterai, et il habitera chez lui et ne sera plus agité ; et les fils d’iniquité ne l’affligeront plus comme au commencement» (2 Sam. 7:10). 1 Chroniques 17:11 : «Et il arrivera, quand tes jours seront accomplis pour t’en aller vers tes pères, que je susciterai après toi ta semence, qui sera un de tes fils, et j’affermirai son royaume. Lui, me bâtira une maison ; et j’affermirai son trône pour toujours. Moi, je lui serai pour père, et lui me sera pour fils ...». L’application de ces paroles à Christ se trouve en Hébreux 1, et nous trouvons, dans ce témoignage, les promesses faites à Abraham et à sa postérité, toutes les promesses faites à Israël, placées sous la sauvegarde et réunies dans la personne même du fils de David.

Maintenant, chers amis, nous avons vu la promesse faite à David, qui est le fond de toutes celles qui concernent la famille de ce nom. Nous avons vu la chute de cette famille, et aussi la promesse faite au fils de David, au Messie.

Poursuivons l’étude de ce sujet dans les témoignages directs des prophètes.

Ésaïe 1:25-28, décrit la pleine restauration des Juifs, mais par des jugements qui retranchent les méchants.

4:2-4. «En ce jour-là (temps de grand trouble), «il y aura un germe de l’Éternel pour splendeur et pour gloire, et le fruit de la terre, pour magnificence et pour ornement, pour les réchappés d’Israël ; et le résidu en Sion, et le reste dans Jérusalem, sera appelé saint : quiconque sera écrit parmi les vivants dans Jérusalem, quand le Seigneur aura nettoyé la saleté des filles de Sion, et aura lavé le sang de Jérusalem du milieu d’elle, par l’esprit de jugement et par l’esprit de consomption».

Le chapitre 6 du même prophète nous fait pleinement entrer dans l’esprit de la prophétie. C’était au moment où Achaz allait régner, cet Achaz qu’on a vu envoyer l’autel profane de Damas à Jérusalem ; et Ésaïe allait être envoyé à la rencontre de ce roi, fils de David, qui introduisait l’apostasie. La Parole nous présente d’abord la gloire de Christ, manifesté comme l’Éternel trois fois saint (c’est ce que Jean dit au chapitre 12 de son évangile), cette gloire condamne toute la nation, mais produit par la grâce l’esprit d’intercession, auquel répond la miséricorde qui rétablit la nation. Cette miséricorde, toutefois, qui ne s’accomplit pas sans des jugements qui débarrassent des méchants le peuple et la terre, après un endurcissement prolongé, et porté à son comble par le rejet de Jésus Christ et du témoignage qui lui a été rendu par l’Esprit dans les apôtres (lisez v. 9-13).

11:10. «En ce jour-là... les nations rechercheront» la racine d’Isaï. Nous voyons ici quand et comment la terre sera remplie de la connaissance de l’Éternel : c’est quand Il aura fait mourir le méchant par l’esprit de ses lèvres. Alors le Seigneur rappellera Israël, et y mettra encore sa main une seconde fois (lisez v. 9-12).

33:20-24 ; 49. On a dit que, dans ces chapitres, Sion est l’Église. Mais, quand toute la joie est venue, Sion a dit : «l’Éternel m’a abandonnée». Impossible, si Sion était l’Église. Comment ! L’Église est délaissée au milieu de sa joie ! Lisez donc v.14-23 du chapitre 49. Même remarque sur le chapitre 62 tout entier, sur 65:19-25, où nous voyons très clairement qu’il s’agit de bénédictions terrestres, d’un état de choses jusqu’à aujourd’hui inconnu sur la terre. Dieu lui-même, dans ce jour-là, s’égaiera sur Jérusalem.

Ce sont des promesses qui annoncent assez clairement la gloire à venir soit de Jérusalem, soit du peuple juif. Je passe à des chapitres qui sont encore plus directs sur ce sujet.

Jérémie 3:16-18 : «Il arrivera que, quand etc.» Il y a des choses qui semblent être l’accomplissement de bien des prophéties ; par exemple, le retour de Babylone ; mais Dieu a fait à cela une réponse d’une nature particulière : il a mis ensemble des choses qui ne se sont jamais encore trouvées ensemble. Par exemple, dans ce passage : «Toutes les nations se rassembleront vers elle». Il est clair que cela n’est pas arrivé lors du retour de la captivité de Babylone. On dira : c’est l’Église. Non, «car, en ces jours-là, la maison de Juda marchera avec la maison d’Israël ; et ils viendront ensemble au pays... que j’ai donné en héritage à vos pères». Enfin, nous voyons trois choses réunies : Jérusalem, le trône de l’Éternel, et Juda et Israël réunis, ainsi que les nations assemblées vers le Trône de Dieu ; trois choses qui certainement n’ont pas encore été accomplies simultanément. Quand l’Église fut fondée, Israël était dispersé. Quand Israël est revenu de Babylone, il n’y avait ni Église, ni rassemblement de nations.

Jérémie 30:7-11 : «C’est le temps de la détresse pour Jacob, mais il en sera sauvé... et les étrangers ne se serviront plus de lui ; et ils serviront l’Éternel, leur Dieu, et David, leur roi... Jacob reviendra, et sera tranquille et en repos, et il n’y aura personne qui l’effraye». Certes, voilà pour Israël des événements heureux, qui ne se sont pas encore réalisés.

31:23, 27, 28, 31, jusqu’à la fin. Remarquez ici le verset 28. Qui est-ce que l’Éternel a arraché et démoli et détruit ? Les mêmes dont il dit qu’il les bâtira et les plantera. Il est déraisonnable, en effet, d’appliquer tous les jugements à Israël, et toutes les bénédictions, qui concernent les mêmes personnes, à l’Église. Et, s’il s’agit là de l’Église, que veut dire la tour d’Hananeël jusqu’à la porte du coin, la colline de Gareb, etc. ? Et remarquez ces derniers mots du chapitre : «ne sera plus... renversée à jamais».

32:37-42. Passage touchant quant aux pensées de l’Éternel sur ce peuple. Après leur avoir fait des promesses de bénédiction par la grâce, et avoir assuré qu’il sera leur Dieu, l’Éternel dit : «Je les planterai dans ce pays, en vérité, de tout mon coeur et de toute mon âme. Car... comme j’ai fait venir sur ce peuple tout ce grand mal, ainsi je ferai venir sur eux tout le bien que j’ai prononcé à leur égard».

33:6-11, 15, 24-26. C’est encore la bénédiction d’Israël, de Jérusalem, et cela par la présence du Germe qu’il fera germer de David, qui exercera le jugement et la justice en la terre. Souvenons-nous, chers amis, que la parole de Dieu ne nous présente nullement le Saint Esprit comme le Germe de David, ni sa fonction comme celle d’exercer le jugement sur la terre. D’un autre côté, si l’on songeait à l’appliquer au retour de Babylone, je citerais Néhémie 9:36, 37 : «Voici, nous sommes aujourd’hui serviteurs, nous sommes dans une grande détresse». Combien peu le retour de Babylone a été l’accomplissement de tout ce que nous avons lu quant aux promesses ! Est-ce que l’état dépeint par Néhémie exprime toute l’âme, tout le coeur de Dieu en faveur de son peuple ? Vous voyez comment l’Esprit de Dieu estime ce qui a été fait après le retour de Babylone. Ces promesses de Dieu ne sont donc pas accomplies.

Ézéchiel, 11:16-20. Jusqu’à ce jour Israël, ou plutôt les Juifs, sont sous l’influence du jugement que porte ce passage : «Quand l’esprit immonde est sorti d’un homme, il va par des lieux secs, cherchant du repos, et il n’en trouve point» (Matt. 12:43). Les versets qui suivent, dans Ézéchiel, parlent de leur dernier état, dans lequel nous avons vu qu’ils sont assujettis au jugement, et alors Dieu donne au résidu un nouveau coeur.

34:22, jusqu’à la fin du chapitre, où nous voyons de nouveau que David, leur roi, est au milieu d’eux, et que les bénédictions sont immuables.

36:22-32. Si l’on m’objecte : Mais ce sont là des choses spirituelles auxquelles nous participons, je réponds : Oui, nous participons aux bénédictions de l’olivier franc ; mais cela ne l’a pas dépouillé de ce qui lui appartient. Pourquoi y participons-nous ? Parce que nous sommes entés sur Christ. Si nous sommes à Christ, nous sommes les enfants d’Abraham, et nous participons à tout ce qui est spirituel. Mais il est question aussi ici des choses terrestres, et le passage en parle d’une manière très distincte.

«Vous habiterez dans le pays que j’ai donné à vos pères, etc.». L’Église n’a qu’un Père, qui est le Père de notre Seigneur Jésus Christ.

Maintenant, je ferai remarquer, en passant, l’allusion à cet oracle que renferme un passage très connu (Jean 3:12). Allusion sans doute à ce qui a été dit en plus d’un endroit dans les prophètes, mais particulièrement dans le passage qui nous a occupés en dernier lieu, et dont nous avons presque une citation textuelle dans les paroles que notre Seigneur adresse à Nicodème. C’est pourquoi il lui dit : Comment, vous, docteurs d’Israël, vous qui devez comprendre qu’il faut absolument qu’Israël, pour jouir des promesses, ait un coeur nouveau et purifié : comment, vous ne comprenez pas ce que je vous dis ? Quand je dis qu’il faut être né d’eau et d’esprit, vous ne me comprenez pas ? Et si, quand je vous parle de choses terrestres, vous ne les comprenez pas, comment croirez-vous les célestes ? C’est comme s’il leur disait : Si je vous ai parlé des choses qui s’appliquent à Israël, si je vous ai dit qu’Israël doit être né de nouveau pour jouir des promesses terrestres qui lui appartiennent, et que vous n’ayez pas compris ce dont vos propres prophètes ont parlé, comment comprendrez-vous des choses célestes, la gloire de Christ exalté dans le ciel, et l’Église sa compagne dans cette gloire céleste ? Vous n’avez pas même compris les enseignements de vos prophètes ; vous, docteurs d’Israël, vous auriez dû comprendre au moins les choses terrestres, ce qu’Ézéchiel et d’autres prophètes ont dit sur ce sujet.

Nous voyons effectivement dans ce passage d’Ézéchiel, comme dans plusieurs autres que nous avons cités, le fruit des arbres, le revenu des champs, et autres choses semblables, qui sont les biens terrestres promis à Israël, mais, en même temps, la nécessité d’un changement de coeur pour en jouir. Il faut qu’Israël soit renouvelé dans son coeur pour recevoir les promesses de Canaan ; il faut que Dieu les fasse marcher dans ses statuts en leur donnant un nouveau coeur, et alors, mais seulement alors, ils jouiront des bénédictions prédites. C’est, Nicodème, ce que tu devais comprendre par le langage même de vos prophètes.

Dans le chapitre 37 d’Ézéchiel, nous avons une histoire détaillée du rétablissement d’Israël, la réunion des deux parties de la nation, leur rentrée dans leur terre, leur état d’unité et de fidélité à Dieu dans cette même terre ; Dieu étant leur Dieu ; David, leur roi, étant présent, présent pour toujours, tellement que les nations sachent que leur Dieu est l’Éternel, quand son sanctuaire sera au milieu d’eux à perpétuité.

29:22-29. Il est évident que cela n’est pas arrivé ; puisque, à cette époque, Dieu ne leur cachera plus sa face, comme il le fait encore à l’heure qu’il est, et qu’il les aura rassemblés dans leur terre, sans en laisser aucun reste parmi les nations, ce qui évidemment n’est pas encore accompli.

Rappelons, en terminant, les grands principes sur lesquels ces prophéties reposent. La restauration des Juifs est fondée sur les promesses faites à Abraham sans condition. Leur chute vient de ce qu’ils ont entrepris d’agir par leur propre force, et après avoir exercé de toute manière la patience de Dieu, jusqu’à ce qu’il n’y eût plus de remède. Le jugement est venu sur eux, mais Dieu revient à ses promesses.

Appliquons cela à nos propres coeurs. C’est toujours la même histoire, notre histoire, toujours l’histoire de la chute. Dès que Dieu nous a placés dans telle ou telle situation, nous manquons tout aussitôt. Mais il y a derrière tout cela un principe de force, c’est-à-dire la révélation des conseils de Dieu, et par conséquent des promesses sans condition, et nous avons vu que c’est la médiation et la présence de Jésus qui est le moyen de l’accomplissement de ces promesses. Nous avons aussi vu que Dieu n’exécute le jugement, depuis longtemps prononcé, qu’après une patience extraordinaire, après avoir épuisé tous les moyens possibles qui auraient dû rappeler l’homme à ses devoirs envers Dieu, s’il y avait eu une étincelle de vie dans son coeur ; mais il n’y en avait point.

Les individus vivifiés par la grâce tiennent aux promesses qui doivent trouver leur accomplissement dans la manifestation de Celui qui peut les réaliser, et en mériter la réalisation pour les autres. Rien ne met ces principes plus en lumière que cette histoire d’Israël. «Toutes ces choses, dit l’apôtre, leur arrivèrent comme types, et elles ont été écrites pour nous servir d’avertissement». C’est un miroir où nous pouvons voir, d’une part, le coeur de l’homme, qui manque toujours ; de l’autre, la fidélité de Dieu, qui ne manque jamais, qui accomplira toutes ses promesses, et manifestera une puissance admirable, laquelle surmontera toute l’iniquité de l’homme et la puissance de Satan. C’est quand l’inimitié est venue à son comble qu’il dit : «Engraisse le coeur de ce peuple» ; et même, ce n’est qu’en Actes 28:27, que nous trouvons l’accomplissement de ce jugement, prononcé près de huit siècles auparavant par le prophète Ésaïe. C’est quand ce peuple a tout rejeté, que Dieu l’endurcit, pour en faire un monument de ses voies. Quelle patience de sa part !

Il en est ainsi, pour ce qui nous concerne, nous les Gentils ; l’exécution du jugement est suspendue depuis dix-huit siècles, et Dieu épuise encore toutes les ressources extérieures de sa grâce, pour voir s’il y a une pensée de bien dans les coeurs. Comme dit le Seigneur : «Si je n’étais pas venu, et que je ne leur eusse pas parlé, ils n’auraient pas eu de péché ; mais maintenant ils n’ont pas de prétexte pour leur péché... Si je n’avais pas fait parmi eux les oeuvres qu’aucun autre n’a faites, ils n’auraient pas eu de péché ; mais maintenant ils ont, et vu, et haï et moi et mon Père». Patience admirable ! Grâce infinie de Celui qui s’intéresse à nous, même après notre rébellion et notre iniquité !

À Lui revient toute la gloire !

 

Dixième Soirée : Ésaïe 1 — Bénédictions terrestres faites à Israël (suite 2)

 

Quelques passages des Livres Saints, que je n’ai pu citer la dernière fois, sur la destinée des Juifs, spécialement des passages empruntés aux petits prophètes, cloront la prophétie historique qui concerne ce peuple ; je dis historique, parce que la prophétie est l’histoire que Dieu nous a donnée de l’avenir.

Je vous rappellerai une circonstance très importante en parlant des Juifs ; c’est que leur histoire est spécialement la manifestation de la gloire de l’Éternel. Demander : En quoi toute cette histoire nous concerne-t-elle ? C’est dire : Que m’importe ce que mon père veut faire pour mes frères, et la manifestation de son caractère dans ces actes ? Quand nous voyons combien ce sujet occupe de place dans la parole de Dieu, nous devons être convaincus que la chose est extrêmement chère au coeur de Dieu, si elle ne l’est pas au nôtre. C’est dans ce peuple, par les voies de Dieu envers lui, que le caractère de l’Éternel est pleinement révélé, que les nations connaîtront l’Éternel, et que nous apprendrons nous-mêmes à le connaître.

Une même personne peut être roi d’un pays, et père de famille ; et voilà la différence entre ce que Dieu a été envers l’Église, et ce qu’il a été envers les Juifs. Envers l’Église, c’est le caractère de Père ; envers les Juifs, c’est le caractère d’Éternel. Sa fidélité, son immutabilité, sa toute-puissance, son gouvernement de toute la terre, tout cela est révélé dans l’histoire d’Israël ; c’est pourquoi cette histoire nous fait connaître l’Éternel.

Psaume 126: «Quand l’Éternel rétablit les captifs de Sion... alors on dit parmi les nations : L’Éternel a fait de grandes choses pour ceux-ci !».

Voyez sur le même sujet Ézéchiel 39:6, 7 : «Et j’enverrai un feu en Magog et parmi ceux qui habitent les îles en sécurité, et ils sauront que je suis l’Éternel. Et je ferai connaître mon saint nom au milieu de mon peuple Israël, et je ne profanerai plus mon saint nom ; et les nations sauront que je suis l’Éternel, le Saint en Israël».

Verset 28 : «Et ils sauront que je suis l’Éternel, leur Dieu, parce que je les ai emmenés captifs parmi les nations, et que je les aurai rassemblés dans leur terre, et que je n’en aurai laissé là aucun de reste». Voilà par quel moyen l’Éternel se fait connaître. Le Père se révèle à nos âmes par l’Évangile, par l’Esprit d’adoption ; mais l’Éternel se fait connaître par ses jugements, par l’exercice de sa puissance sur la terre.

J’ai dit que le Père se fait connaître par l’Évangile, parce que l’Évangile est un système de pure grâce, un système qui nous enseigne à agir d’après le principe de la grâce ; ce n’est pas «oeil pour oeil, dent pour dent», ce n’est pas ce que la justice, la loi du talion demande ; c’est un principe d’après lequel je dois être parfait comme mon Père est parfait. Il n’en est pas ainsi du gouvernement de l’Éternel. L’Éternel bénira sans doute les nations ; mais le caractère de son règne est que «le jugement retournera à la justice» (Psaume 94:15). Lors du premier avènement de Jésus Christ, le jugement était en Pilate, et la justice en Jésus ; mais, quand Jésus reviendra, le jugement s’unira à la justice. Maintenant, le peuple de Christ, les enfants de Dieu doivent suivre l’exemple du Sauveur, c’est-à-dire ne pas attendre que le jugement soit selon la rigueur de la justice, mais être doux et humbles au milieu de toutes les injures qu’ils éprouvent de la part des hommes. Unis à Christ, ils en sont dédommagés par la puissance de son amour intime qui les soulage, par les consolations qui découlent de la présence de son Esprit, et, de plus, par les espérances d’une gloire céleste. D’un autre côté, l’Éternel consolera son peuple par une action directe de sa justice en sa faveur, et en le rétablissant dans la gloire terrestre.

Les Juifs, voilà donc le peuple par lequel et dans lequel Dieu établit son nom d’Éternel, et son caractère de jugement et de justice. L’Église, voilà le peuple dans lequel, comme dans sa famille, le Père manifeste son caractère de bonté et d’amour. Qu’arrivera-t-il aux Juifs dans les derniers temps ? C’est ce que nous avons déjà considéré dans Jérémie 30 à 33, et dans Ézéchiel 36 à 39, où nous voyons une série de promesses et de révélations sur ce point.

Je vous citerai quelques autres passages sur le même sujet, en suivant l’ordre des prophètes dans la Bible.

Daniel 12:1... C’est la présence de Celui qui agira pour le peuple de Daniel, c’est-à-dire pour le peuple juif.

Je désire vous faire remarquer quelques traits de cette prophétie. Premièrement, Dieu dans sa puissance, par le ministère de Micaël, tiendra ferme pour les enfants du peuple de Daniel, et ce sera un temps de détresse telle qu’il n’y en aura jamais eu. C’est ce qui nous explique ce qu’on lit en Matthieu 24, et en Marc 13:19.

La résurrection (v. 2) s’applique aux Juifs. Vous trouverez exactement les mêmes expressions dans Ésaïe 26: «Tes morts vivront ...» et dans Ézéchiel 37:12. C’est une résurrection figurée du peuple enseveli, comme nation, parmi les gentils.

«Les uns ressusciteront pour l’opprobre pour être un objet d’horreur éternelle». C’est ce qui arrivera aux Juifs (És. 66:24).

En un mot, d’une part, Dieu tenant ferme pour son peuple dans un temps de détresse, et, de l’autre, un résidu délivré, voilà le sommaire du 12° de Daniel.

Dans Osée 2:14, jusqu’à la fin du chapitre, nous voyons que le Seigneur recevra Israël, l’introduira dans son pays après l’avoir humilié, mais lui avoir aussi parlé selon son coeur ; qu’il le rendra tel qu’il était au temps de sa jeunesse ; que l’Éternel fera une alliance avec lui, le bénira de toute manière dans cette terre, et l’épousera à toujours. Et, de plus, il y a une chaîne ininterrompue de bénédictions, depuis l’Éternel jusqu’aux biens terrestres répandus en abondance sur Israël, lequel est la semence de Dieu (c’est la force du mot Jizreël) ; c’est pourquoi il est ajouté : «Je la sèmerai pour moi dans le pays». Car Israël deviendra le moyen de bénédiction pour la terre, comme la vie d’entre les morts. Maintenant, tout est entravé par le péché ; les malices spirituelles sont dans les lieux célestes et il y a toutes sortes de misères, accompagnées sans doute de bienfaits sans nombre, fruit de ses miséricordes. Dieu fait tout contribuer au bien de ceux qui l’aiment ; mais, au temps d’alors, il y aura plénitude de bénédictions terrestres.

Osée 3:4, 5 : «Car les fils d’Israël resteront beaucoup de jours sans roi, et sans prince, et sans sacrifice, et sans statue, et sans éphod ni théraphim. Ensuite, les fils d’Israël retourneront et rechercheront l’Éternel, leur Dieu, et David, leur roi, et se tourneront avec crainte vers l’Éternel et vers sa bonté, à la fin des jours». Ils n’auront ni vrai Dieu, ni faux dieu ; mais, après cela, ils rechercheront l’Éternel et David, c’est-à-dire le Bien-aimé, — Christ.

Joël 3:16-18, 20, 21. Après avoir parlé des nations lorsque son peuple revient de sa captivité, en des versets cités auparavant à l’occasion du jugement exercé sur les gentils, Dieu parle dans ceux-ci des Juifs. Jérusalem sera nettoyée ; l’Éternel habitera en Sion ; il sera l’asile de son peuple et la force des enfants d’Israël. Voilà ce qui arrivera quand le jugement de Dieu viendra sur les nations.

Amos 9:14, 15 : «Et je rétablirai les captifs de mon peuple... Et je les planterai sur leur terre, et ils ne seront plus arrachés de dessus leur terre». Cela n’est pas encore accompli.

Ce qui précède ces versets est cité dans le 15° des Actes, non pour démontrer que la prophétie fût alors accomplie, mais que Dieu avait de tout temps établi le principe d’un peuple pris parmi les gentils. C’est-à-dire que le langage des prophètes concordait avec Simon Pierre racontant ce que Dieu avait fait dans ce temps-là. Ce n’est pas l’accomplissement d’une prophétie, mais l’établissement d’un principe, par la bouche des prophètes comme par celle de Simon Pierre.

Michée 4:1-8. Cela non plus n’est pas accompli. Nous voyons ici une topographie de Jérusalem et sa première domination rétablie.

5:4, 7 et 8. Le nom de Christ devient bientôt grand jusqu’aux bouts de la terre ; Israël est la pluie de la bénédiction divine partout, et sort vainqueur de tout ce qui s’oppose à lui.

À l’occasion de Michée, vous pouvez remarquer, en rappelant le principe déjà établi, la manière dont l’esprit de prophétie mentionne (7:19 et 20) les promesses faites aux pères sans condition.

Sophonie 3:12, jusqu’à la fin. Quel langage nous avons ici ! Il est dit que Dieu se repose dans son amour. Il est tellement ému qu’il «se repose». Qui est-ce que cela concerne ? Voyez le verset 13 : «Le résidu d’Israël ne pratiquera pas l’iniquité, et ne dira pas de mensonge, et une langue trompeuse ne se trouvera pas dans leur bouche ; car ils paîtront et se coucheront, et il n’y aura personne qui les effraye». L’Éternel est au milieu d’eux, personne ne peut les effrayer.

Zacharie 1:15, 17-21. Nous voyons là aussi les quatre monarchies, qui ont dispersé Israël, dissipées elles-mêmes par la puissance et par les jugements de Dieu.

9:9, jusqu’à la fin : «Réjouis-toi avec transports, fille de Sion ; pousse des cris de joie, fille de Jérusalem ! Voici, ton Roi vient à toi ...».

On peut dire que cela est déjà accompli, mais en partie seulement. Il est à remarquer que, quand le Saint Esprit cite cet endroit de Zacharie (Jean 12:15), il omet ces mots : «il est juste et ayant le salut». Jésus, en effet, ne s’est pas ménagé. Lorsqu’on lui disait avec dérision : «Si tu es Fils de Dieu, descends de la croix», il n’en a rien fait, il ne s’est pas soustrait à la douleur ; loin de se garantir lui-même, il a été notre garant.

10:6, jusqu’à la fin. Quand est-ce qu’Israël a été comme si l’Éternel ne l’avait pas rejeté ? Jamais.

Maintenant, nous allons voir que le peuple d’Israël sera rétabli dans sa terre, mais qu’il n’y aura qu’un résidu qui sera conservé.

Zacharie 12. Le verset 2 mentionne un temps de guerre, même de toutes les nations contre Israël ; mais Dieu fortifiera Israël d’une manière extraordinaire, et les nations seront détruites, et l’esprit de grâce et de supplication sera répandu sur le résidu d’Israël, qui contemplera avec un coeur pénétré de douleur le Messie qu’il a percé.

Je reprends Ésaïe 18, dont la prophétie présente quelque difficulté de traduction ; mais son grand objet est trop évident pour être obscurci par quelque traduction que ce soit. Les fleuves de Cush sont le Nil et l’Euphrate. Les ennemis d’Israël étaient sur ces deux fleuves dans la période biblique de leur histoire. Or, dans cette prophétie, voilà un pays qui est au-delà de ces fleuves, un pays éloigné qui n’était pas encore en relation avec Israël au temps de la prophétie : le prophète a donc en vue un pays qui devait exister plus tard.

Verset 3. Dieu appelle tous les peuples du monde habitable à prendre connaissance de ce qui va survenir. Voici que toutes les nations s’occupent d’Israël ; elles sont sommées, de la part de Dieu, de faire attention à ce qui se passe au sujet de Jérusalem ; elles sont toutes intéressées à son sort ; le monde est convié à assister aux jugements qui vont avoir lieu. En attendant, Dieu demeure tranquille, et laisse agir les peuples (v. 4) ; Israël commence à retourner dans sa terre.

C’est une description d’Israël rentrant en Judée à l’aide de quelque nation éloignée de ce peuple, laquelle n’est ni Babylone, ni l’Égypte, ni d’autres nations qui s’occupaient d’Israël dans les anciens temps. Je ne dis ni que ce soit l’Angleterre, ni que ce soit la France ou la Russie. Les Israélites rentrent dans leur pays, mais Dieu ne s’en occupe pas ; Israël est abandonné aux nations ; et quand tout semble annoncer qu’il va fleurir et prospérer de nouveau, voilà que ses rejetons et ses branches sont retranchés, et sont laissés, tout l’été et tout l’hiver, aux oiseaux de proie et aux bêtes féroces, qui désignent les Gentils. Néanmoins, en ce temps-là, un présent de ce peuple sera apporté à l’Éternel, et de la part de ce peuple, dans la demeure de l’Éternel des armées, en la montagne de Sion.

Psaume 126:4 : «Ô Éternel ! rétablis nos captifs». Sion et Juda seront ramenés, les premiers. Les captifs de Sion étaient déjà ramenés, quand cette prière fut présentée à Dieu (v. 1) ; mais ce sont les arrhes de ce que Dieu fera en ramenant tout Israël.

Je dois vous dire un mot de cette dispersion d’Israël et de Juda et de leur rétablissement. Les premiers à être rassemblés sont ces Juifs qui ont rejeté Jésus, qui sont coupables de la mort de Jésus. Vous savez que les dix tribus comme telles, n’ont jamais été coupables de ce crime. Il y a une différence remarquable dans la nation : les dix tribus ont été dispersées avant l’apparition des quatre monarchies ; ce sont les Assyriens qui ont emmené captives les dix tribus, avant que Babylone existât comme empire. Une circonstance relative à un groupe juif, qui vit au milieu des Arabes, nous est racontée par M. Wolff, qui l’a visité récemment. Ces Juifs se disent descendants d’un groupe qui n’a pas voulu rentrer en Judée avec Esdras, parce qu’il savait que ceux qui rentreraient avec Esdras devaient retrancher le Messie, et il est resté où il était. Même si cette tradition est fausse, son existence est extrêmement remarquable. Quoi qu’il en soit, une chose est vraie, c’est que les Juifs, ayant rejeté le Christ, seront assujettis à l’Antichrist ; ils feront une alliance avec le shéol et la mort (És. 28), mais leur alliance anéantira toutes leurs espérances. S’étant réunis à l’Antichrist, ils subiront les conséquences de cette alliance, et à la fin seront retranchés. Les deux parties des habitants de tout le pays seront retranchées ; dans le pays même d’Israël, après leur retour (Zach. 13:8, 9).

Si vous lisez Ézéchiel 20:32-38, vous verrez qu’il en est tout autrement des dix tribus. Au lieu de deux parties retranchées dans le pays, les rebelles n’entrent pas du tout dans le pays. Dieu fait envers eux ce qu’il a fait envers Israël lors de sa sortie d’Égypte : Il les retranche avant même leur entrée dans le pays.

Il y a donc deux catégories de Juifs, ainsi appelés lors du retour du peuple ; il y a, premièrement, la nation juive proprement dite, c’est-à-dire Juda et ceux qui sont allés avec Juda, qui ont rejeté le vrai Christ ; ils seront réunis à l’Antichrist, et deux parties seront retranchées dans le pays ; secondement, les rebelles des dix tribus seront aussi retranchés, mais dans le désert, avant d’entrer dans le pays.

Matthieu 23:38, 39. Ce jugement, que Jésus a porté sur ce peuple lui-même, nous fait comprendre la certitude de la venue du Seigneur pour rétablir Israël, et régner au milieu de lui. «Jérusalem, Jérusalem, la ville qui tue les prophètes... Voici, votre maison vous est laissée déserte... jusqu’à ce que vous disiez : Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur !».

Israël verra Jésus, mais quand cette parole du Psaume 118:26, sortira de sa bouche. Ce Psaume présente le tableau de la joie d’Israël, en ce temps-là, et c’est de là que le Seigneur a tiré le jugement qui est porté sur les conducteurs juifs, lorsqu’ils le rejettent : «La pierre que ceux qui bâtissaient avaient rejetée, est devenue la tête de l’angle». C’est cette joyeuse salutation, que Dieu a mise dans la bouche des petits enfants qui célébraient le Sauveur dans le temple, précurseurs de ceux qui, dans les temps dont nous parlons, recevront des coeurs de petits enfants, et reconnaîtront le Sauveur jadis rejeté par leurs pères. C’est ce Psaume qui célèbre la joie et la bénédiction d’Israël, dues à la fidélité de l’Éternel, tout en signalant le péché de cette nation, dans le rejet de la «pierre» qui devait constituer le fondement de Dieu en Sion, mais qui devenait aussi, par l’infidélité de cette nation, «une pierre d’achoppement» et de jugement.

Outre ces deux classes d’Israélites qui reviendront sous la conduite de la Providence, mais de leur propre mouvement, le Seigneur, après son apparition, assemblera, d’entre les gentils, les élus de la nation juive qui seront encore parmi eux, et ce rappel s’accompagnera d’une grande bénédiction (voir Matt. 24:31 ; comp. Ésaïe 27:12 et 13, et 11:10-12).

J’ajoute ici deux principes très simples et très clairs, qui distinguent toutes les bénédictions précédentes (le retour de Babylone, par exemple), d’avec l’accomplissement des prophéties que nous venons d’examiner.

Ces deux principes sont :

1° que les bénédictions découlent de la présence de Christ, fils de David ;

2° qu’elles sont une conséquence de la nouvelle alliance.

Ni l’une ni l’autre de ces conditions n’ont été remplies lors du retour de Babylone, et jusqu’à ce jour.

L’Évangile ne s’occupe pas des bénédictions terrestres des Juifs, dont il est question dans ces prophéties.

 

Onzième et Dernière Soirée : Apocalypse 12 — Résumé et Conclusion

 

J’ai lu ce chapitre 12 de l’Apocalypse, non pour vous l’expliquer en détail, mais parce qu’il nous présente avec ordre l’abrégé de ce qui arrivera à la fin des temps, du moins la source céleste des événements, et les malheurs de la terre (*). Mon intention, ce soir, est de résumer, avec ordre aussi, ce que j’ai dit des événements de la fin, autant que Dieu m’a donné de pouvoir le faire.

(*) La délivrance de la terre se trouve ailleurs.

Mais auparavant, chers amis, je désire revenir sur quelques idées émises dans nos premières soirées. Je commence donc, en traitant de ces sujets, par vous en rappeler encore le grand but, qui me paraît être double. Ils doivent avoir pour premier résultat de nous détacher de ce monde, ce qui est un effet constant de toute la Parole, bien entendu quand l’Esprit de Dieu agit, mais la prophétie est tout particulièrement efficace sous ce rapport ; je veux dire qu’elle tend à nous séparer de «ce présent siècle mauvais». En second lieu, elle est spécialement propre à nous faire mieux comprendre le caractère de Dieu et ses voies envers nous. Tels sont les deux grands fruits de l’étude des prophéties, qui me semblent très précieux.

On fait bien des objections à cette étude ; mais c’est ainsi que Satan agit toujours à l’égard de la vérité. Je parle non d’objections contre telle ou telle vue, mais d’objections contre l’étude de la prophétie elle-même ; et Satan agit toujours ainsi à l’égard de la parole de Dieu tout entière. À l’un, il dit d’en suivre la morale, et non pas les dogmes, parce qu’il sait que les dogmes soustrairont les hommes à son pouvoir, par la révélation de Jésus et de sa vérité dans leur coeur. À tel autre, il suggère de négliger la prophétie, parce qu’on y trouve le jugement du monde, dont il est le prince. Mais n’est-ce pas blâmer Dieu, qui nous l’a donnée, et qui même a attaché une bénédiction particulière à la lecture de cette partie réputée la plus difficile de sa Parole ?

La prophétie jette une grande lumière sur les économies de Dieu, et, dans ce sens, elle nous en donne beaucoup aussi pour notre affranchissement spirituel. Ce qui empêche le plus l’âme de trouver cet affranchissement, c’est l’erreur que l’on commet en confondant la loi avec l’Évangile, les économies passées avec l’économie présente. Si, dans notre combat intérieur, nous nous trouvons en face de la loi, il nous est impossible de trouver la paix. Et cependant, si l’on insiste sur la différence qui existe entre la position des saints avant l’économie actuelle, et celle des saints pendant cette économie, cela jette le trouble dans l’esprit de plusieurs. Or, l’étude de la prophétie répand une grande clarté sur ces points, et, en même temps, sur la règle même de conduite pour les fidèles ; car, tout en constatant clairement un salut tout gratuit par la mort de Jésus, la prophétie nous fait comprendre cette différence entière dont nous venons de parler entre la situation des saints d’autrefois et celle des saints d’aujourd’hui, et éclaire de tous les conseils de Dieu le chemin par lequel il a conduit les siens, soit avant, soit après la mort et la résurrection de Jésus.

De plus, chers amis, comme nous l’avons dit, c’est toujours l’espérance qui nous est présentée qui agit sur nos coeurs et sur nos affections. Il y a ainsi toujours devant nous des jouissances qui impriment leur caractère sur notre âme : ce qui occupe le coeur de l’homme comme espérance fait la règle de sa conduite.

De quelle importance n’est-il donc pas d’avoir l’esprit rempli d’espérances selon Dieu ! On prétend que c’est vouloir vainement pénétrer dans des choses cachées ; mais, s’il était vrai qu’on ne doit pas entrer dans la prophétie, il faudrait dire aussi qu’on ne doit pas porter ses pensées au-delà du temps présent. Le moyen de bien savoir ce que Dieu a voulu faire pour l’avenir, c’est assurément d’étudier la prophétie qu’il nous a donnée. La prophétie, c’est l’avenir, le miroir scripturaire des choses futures. Si l’on n’étudie pas ce que Dieu a révélé de l’avenir, on en vient nécessairement à suivre ses propres idées. Dire que «la terre sera remplie de la connaissance de l’Éternel», c’est déjà une prophétie, et l’on ne peut rien espérer de certain quant aux voies de Dieu à cet égard, non plus que pour les choses célestes, sans étudier la prophétie. Sans doute, on peut jouir de la communion de Dieu dans le moment présent, et c’est là une chose qui est à nous dès maintenant ; mais, quant à tous les détails de la gloire à venir, c’est encore là le sujet de la prophétie. Tout ce qui dépasse le présent, et qui n’est pas la prophétie de Dieu, est une spéculation de l’homme.

D’autres fois, on dit que la prophétie est, sans doute, très importante quand elle est accomplie, parce qu’alors cela prouve la vérité de la parole de Dieu. Mais un enfant de Dieu peut-il tenir un tel langage, et prétendre borner l’emploi de la prophétie à un tel usage ? C’est comme si, quelqu’un me traitant en ami, me comblant de bienfaits, me communiquant toutes ses pensées, m’informant de tout ce qu’il saurait devoir arriver, je ne me servais de ce qu’il m’a dit que pour m’assurer plus tard, quand les choses arriveraient, qu’il était un homme véridique. Chers amis, c’est une grande injure à la bonté, à l’amitié de Dieu, que d’agir ainsi envers Lui. Et je dis que vous et moi, comme chrétiens, nous n’avons pas besoin de voir l’événement avant de croire que Dieu a dit vrai. Vous croyez déjà que la prophétie est la parole de Dieu.

D’ailleurs, la plupart des prophéties seront accomplies à la fin, dans les derniers jours, et il sera trop tard alors pour être convaincu de leur caractère divin. Elles nous sont données pour nous diriger maintenant dans les voies du Seigneur, et pour être notre consolation, en nous faisant comprendre que c’est Dieu qui a tout disposé, et non pas l’homme. Ainsi, les passions, au lieu de s’agiter dans la politique, se calment ; je vois ce que Dieu en dit, je lis dans Daniel que tout est réglé d’avance, et je me tranquillise. Tout à fait séparé de ces choses mondaines, je puis étudier d’avance la profonde et parfaite sagesse de Dieu ; je m’éclaire et je m’attache à Lui, au lieu de suivre mes propres vues. Je vois, dans les événements qui se déroulent, le développement des pensées du Très-haut, et non pas un domaine abandonné aux passions humaines. Et c’est par la prophétie, spécialement dans les événements qui s’accomplissent à la fin, que le caractère de Dieu nous est montré, tout ce que Dieu a voulu dire de lui-même, sa fidélité, sa justice, sa puissance, son long support, mais aussi le jugement qu’il exécutera certainement sur l’iniquité orgueilleuse, la vengeance éclatante qu’il tirera de ceux qui corrompent la terre, pour que son gouvernement soit établi en paix et en bénédiction pour tous. En un mot, comme ce qui est prédit par la bouche des prophètes, quant aux Juifs, démontre le caractère de l’Éternel, sa fidélité et tous ses attributs ; de même, ce qui est enseigné à l’égard de l’Église, développe le caractère du Père. L’Église est en rapport avec le Père, et les Juifs avec l’Éternel, qui est le nom caractéristique de leur relation avec Dieu.

On a cité à quelques-uns de vous, dimanche dernier, ce fameux passage de Paul : Je n’ai voulu savoir autre chose que Jésus Christ et Jésus Christ crucifié.

Je désire vous dire un mot là-dessus. On présente constamment ce passage comme une objection contre l’étude de ce qui se trouve révélé dans la Parole. Cela provient de deux causes : l’une est due à l’influence d’autrui, qui fait que souvent l’on cite le passage sans avoir examiné le contexte ; l’autre cause est due, hélas ! à un plus ou moins manque de droiture, à un désir de s’arrêter dans les voies du Seigneur, et d’en savoir aussi peu que possible. Il n’est pas vrai, il n’est même pas dit que nous devions nous borner à la connaissance de Jésus Christ, et de Jésus Christ crucifié. Il faut que nous connaissions Jésus Christ glorifié, Jésus Christ à la droite de Dieu ; il faut que nous le connaissions comme Souverain Sacrificateur, comme Avocat auprès du Père. Nous devons connaître Jésus Christ autant que possible, et ne pas dire : Je ne me suis proposé de savoir parmi vous autre chose que Jésus Christ, et Jésus Christ crucifié. C’est prendre la parole de Dieu pour en abuser.

L’apôtre, parlant au milieu des païens, des philosophes de Corinthe, voulait dire qu’il n’avait pas jugé devoir aborder le champ de la philosophie païenne, mais se bornait à Jésus Christ, Jésus Christ le méprisé des hommes, pour abaisser par la croix cette vaine gloire, et fonder leur foi sur la parole de Dieu, et non pas sur la sagesse humaine. Mais il dit aussi, dans le même chapitre, que, du moment qu’il vient au milieu des chrétiens, il agit tout autrement : il parle de «la sagesse parmi les parfaits». Il ne voulait pas de philosophie humaine ; mais, dès qu’il était avec les parfaits, il dit : «Nous parlons sagesse parmi les parfaits». Vouloir se borner à Jésus crucifié, c’est, je le répète, se borner à aussi peu de christianisme que possible. En Hébreux 6, l’apôtre dit qu’il ne veut pas faire ce qu’on lui fait dire ici ; il condamne tout à fait ce qu’on nous propose sous les termes d’une fausse humilité, et il dit : «Laissant la parole du commencement du Christ, avançons vers l’état d’hommes faits».

Après ces quelques observations sur l’étude générale de la prophétie, je vais maintenant rappeler en peu de mots comment Dieu s’est révélé par elle.

Le 12° chapitre de l’Apocalypse nous présente le grand objet de la prophétie et de toute la parole de Dieu, c’est-à-dire le combat qui a lieu entre le dernier Adam et Satan.

C’est de ce centre de la vérité que rayonne toute la lumière qui se trouve dans la Sainte Écriture.

Cette grande lutte peut avoir lieu ou pour les choses terrestres, et, dans ce cas, c’est dans le peuple juif ; ou pour l’Église, et alors c’est dans les lieux célestes.

C’est pourquoi la prophétie a deux parties : les espérances de l’Église et celles des Juifs, bien que la première, à proprement dire, ne s’appelle guère la prophétie, qui concerne la terre et son gouvernement par Dieu.

Mais, avant d’en venir à ce grand dénouement, le combat entre Satan et le dernier Adam, il faut que l’histoire du premier Adam soit développée, et c’est ce qui est arrivé. Enfin, pour que l’Église soit mise en position de s’occuper des choses de Dieu, il faut avant tout qu’elle ait l’heureuse certitude de sa propre position devant Lui.

À son premier avènement, Christ a accompli toute l’oeuvre que lui avait confiée la sagesse du Père dans les conseils éternels de Dieu ; c’est ce qui a assuré la paix à l’Église. Le Seigneur Jésus est venu afin que la certitude du salut, la connaissance de la grâce de Dieu fussent introduites dans le monde, c’est-à-dire dans le coeur des fidèles. Après avoir accompli ce salut, il le leur communique en leur donnant la vie. Son Saint Esprit, qui en est le sceau dans le coeur, leur révèle les choses à venir comme à des enfants de la famille, héritiers des biens de la maison. Dans la période qui sépare le premier avènement du Seigneur du second, l’Église est rassemblée par l’action du Saint Esprit, pour avoir part à la gloire du Christ quand il reviendra.

Voilà, en peu de mots, les deux grands sujets que je vous ai exposés ; c’est-à-dire que, Christ ayant accompli tout ce qui est nécessaire pour le salut de l’Église, ayant sauvé tous ceux qui croient, le Saint Esprit agit maintenant dans le monde pour communiquer à l’Église la connaissance de ce salut. Il ne vient pas nous proposer l’espérance que Dieu sera bon ; mais un fait, ce fait, encore une fois, que Jésus a déjà accompli le salut de tous ceux qui croient, et, quand le Saint Esprit communique cette connaissance à une âme, elle sait qu’elle est sauvée. Étant donc en relation avec Dieu comme ses enfants, nous sommes ses héritiers, «héritiers de Dieu, cohéritiers de Christ». Tout ce qui concerne la gloire de Christ nous appartient, et le Saint Esprit nous est donné ; premièrement, pour nous faire comprendre que nous sommes enfants de Dieu : c’est un Esprit d’adoption ; mais, de plus, c’est un Esprit de lumière qui enseigne aux enfants de Dieu ce que c’est que leur héritage. Comme ils sont un avec Christ, toute la vérité de sa gloire leur est révélée, la suprématie qu’il a sur toutes choses, Dieu l’ayant établi aussi héritier de toutes choses, et nous ses cohéritiers.

Christ ayant accompli tout ce qui était nécessaire, l’Église, jusqu’à la seconde venue de son Sauveur, est prise d’entre toutes les nations et unie à Lui. Elle a la connaissance du salut qu’il a accompli et de la gloire à venir, et le Saint Esprit est, en ceux qui croient, le sceau du salut accompli et les arrhes de la gloire future.

Ces vérités jettent un grand jour sur toute l’histoire de l’homme. Mais rappelons-nous toujours que le grand objet de la Bible, c’est le combat entre Christ, dernier Adam, et Satan.

Dans quel état Christ a-t-il trouvé le premier Adam ? Dans un état dans les profondeurs duquel il a dû entrer comme chef responsable de toute la création. Il l’a trouvé dans un état de chute, entièrement perdu. Voilà ce qui devait nécessairement se développer avant la venue de Christ : Dieu n’a introduit son Fils comme Sauveur dans le monde, que lorsque tout ce qui était nécessaire pour démontrer que l’homme était incapable en lui-même de tout bien, fût consommé. Tout l’état de l’homme, avant et après le déluge, sous la loi, sous les prophètes, n’a fait qu’attester toujours plus clairement que l’homme était perdu. Il a failli partout, dans toutes les circonstances possibles, jusqu’à ce que, Dieu ayant envoyé son Fils, les serviteurs aient dit : «Voici l’héritier, tuons-le», et la mesure du péché étant alors comblée, la grâce de Dieu a alors aussi surabondé et nous a donné l’héritage, à nous pauvres pécheurs, l’héritage avec Christ dans la gloire céleste, dont nous possédons les arrhes, ayant Christ en esprit ici-bas.

J’entre maintenant un peu plus dans la succession des économies, et aussi dans ce qui concerne le caractère de Dieu à cet égard, et la première chose que je désire vous faire remarquer, c’est le déluge, parce que, jusqu’à cette époque, il n’y avait pas eu, pour ainsi dire, de gouvernement dans le monde. La prophétie qui existait avant le déluge, c’est que Christ devait venir : voilà à quoi tendaient les enseignements de Dieu. «Voici, le Seigneur est venu, disait Énoch, au milieu de ses saintes myriades».

Mais je passe par-dessus ces temps-là.

En Noé, nous avons le gouvernement de la terre, et Dieu entrant en jugement et commettant le glaive à l’homme.

Ce que je désire ensuite vous faire remarquer dans ces temps-là, c’est l’appel d’Abraham. Remarquez que le principe du gouvernement n’est plus mis ici en avant par la Parole, mais le principe de la promesse et l’appel à être en relation avec Dieu, dans la personne de celui qui devient la racine de toutes les promesses de Dieu, Abraham, le père des croyants. Dieu l’appelle, lui fait quitter sa patrie, sa famille, en lui disant d’aller dans un pays qu’il lui montrera. Dieu se révèle à lui comme le Dieu de promesse, qui sépare un peuple pour lui-même par une espérance qu’il lui donne. C’est à cette époque que Dieu s’est révélé sous le nom de Dieu Tout-puissant.

Après cela, parmi les descendants d’Abraham, par ce même principe de l’élection, Dieu prend les enfants de Jacob pour être son peuple ici-bas, objet de tous ses soins terrestres, et du sein duquel Christ doit venir selon la chair. C’est dans ce peuple d’Israël qu’il déploie et développe tout son caractère comme Éternel ; ce n’est pas seulement un Dieu de promesse, mais c’est un Dieu qui réunit les deux principes de gouvernement et d’appel, qui avaient été chacun successivement mis en évidence en Noé et en Abraham. Israël était le peuple appelé, séparé, mais séparé pour des bénédictions terrestres, et pour jouir de la promesse, en même temps que pour être l’objet de l’exercice du gouvernement de Dieu selon sa loi.

Nous avons donc le principe signalé en Noé, celui du gouvernement de la terre, et le principe signalé en Abraham, celui de sa vocation et de son élection ; et voilà l’Éternel qui doit accomplir tout ce qu’il a dit comme Dieu de promesse, «qui était, qui est et qui vient», et gouverner toute la terre selon la justice de sa loi, la justice révélée en Israël.

Nous avons montré que Dieu a fait dépendre l’accomplissement de ses promesses, dans ces temps-là, de la fidélité de l’homme, et qu’il a pris occasion de l’éprouver et de manifester, en détail et comme en un petit tableau, tous les caractères sous lesquels il agissait envers lui. C’est là ce qu’il a fait sous les sacrificateurs, les prophètes, les rois, etc. Maintenant, je désire spécialement vous faire observer que la prophétie nous développe la suite de ces relations de Dieu avec Israël et avec l’homme, non pas seulement comme la manifestation de la chute de l’homme, mais principalement comme la manifestation de la gloire de Dieu.

Quand Israël a transgressé la loi de toutes les manières possibles, même dans la famille de David, qui était le dernier appui de la nation, au moment où elle faillit, la prophétie commence, avec tous ses aspects, et ayant ces deux caractères : l’un, la manifestation de la gloire de Christ, pour démontrer que le peuple avait manqué à la loi ; l’autre, la manifestation de la gloire à venir de Christ, pour être l’appui de la foi de ceux qui désiraient observer la loi, et qui voyaient que tous y faisaient défaut.

Il est trop tard pour faire attention aux prophéties quand elles sont déjà accomplies. Ceux auxquels elles s’adressaient devaient se soumettre aux prophètes lorsqu’ils prophétisaient : la parole de Dieu devait parler à leur conscience. Il en est de même pour nous. En même temps, il y avait des prédictions qui annonçaient que le Messie devait être envoyé, venir et souffrir pour accomplir d’autres choses importantes.

La prophétie s’appliquait proprement à la terre : on ne prophétise pas à propos du ciel ; il s’agissait de choses qui devaient arriver sur la terre, et c’est en quoi l’Église s’est trompée : elle a cru qu’elle devait être elle-même l’accomplissement de ces bénédictions terrestres, tandis qu’elle est appelée à jouir des bénédictions célestes. Le privilège de l’Église est d’avoir sa part dans les lieux célestes, et, plus tard, les bénédictions se répandront sur le peuple terrestre. L’Église est quelque chose de tout à fait à part pendant le rejet du peuple terrestre chassé à cause de ses péchés, et dispersé parmi les nations, du milieu desquelles Dieu choisit un peuple, pour le faire jouir de la gloire céleste avec Jésus lui-même. Le Seigneur, ayant été rejeté par le peuple juif, est devenu une personne entièrement céleste. C’est cette doctrine que l’on trouve spécialement dans les écrits de Paul. Ce n’est plus le Messie des Juifs, mais un Christ exalté, glorifié, et l’Église unie à Lui dans le ciel ; et c’est, chers amis, faute de bien saisir cette vérité réjouissante, que l’Église s’est tellement affaiblie.

Ayant retracé brièvement l’histoire de ces diverses économies, il nous reste maintenant à voir l’Église glorifiée, mais sans que le Seigneur Jésus ait abandonné aucun de ses droits sur la terre. Il était l’héritier ; il devait répandre ce sang qui rachetait l’héritage. Comme disait Boaz, dont le nom signifie : à lui est la force : «Au jour que tu achèteras le champ de la main de Naomi, tu l’achèteras aussi de Ruth, la Moabite, femme du défunt, pour relever le nom du défunt sur son héritage». Il fallait que Christ rachetât l’Église, cohéritière par la grâce (comme Boaz, type de Christ, a racheté l’héritage en prenant comme épouse Ruth), à qui l’héritage était dévolu dans les décrets de l’Éternel.

Voilà donc Christ et l’Église ayant droit à l’héritage, c’est-à-dire à toutes les choses que Christ lui-même a créées comme Dieu. Mais quel est l’état de l’Église actuellement ? Est-ce qu’elle hérite actuellement de ces choses ? Pas d’une seule, parce que, jusqu’à ce que nous soyons dans la gloire, nous ne pouvons rien avoir, rien posséder, sauf l’Esprit de la promesse qui est «les arrhes de notre héritage pour la rédemption de la possession acquise». Jusqu’à ce temps-là, Satan est le prince de ce monde, le dieu de ce monde ; il accuse même les enfants de Dieu dans les lieux célestes, qu’il n’occupe d’ailleurs que par usurpation, ce qu’il ne doit qu’aux passions des hommes, et à la puissance qu’il exerce sur la créature déchue et éloignée de Dieu, quoique, en définitive, la providence de Dieu fasse tout tourner à l’accomplissement de ses conseils.

Et maintenant, chers amis, ayant vu les droits de Christ et de son Église, considérons comment Christ les fera valoir. Or, c’est précisément ce qui nous conduit à voir, dans leur ordre, l’accomplissement de ces choses à la fin. Je dois seulement, arrivé ici (car je n’ai parlé jusqu’à présent que des Juifs), jeter un coup d’oeil sur les Gentils.

Nous avons vu que, lorsque la chute de la nation juive fut complète, Dieu avait transporté le droit de gouvernement aux gentils ; mais le gouvernement sur la terre fut alors séparé de l’appel et des promesses de Dieu. Nous avons vu, réunies dans le peuple juif, ces deux choses, l’appel de Dieu et le gouvernement sur la terre ; elles furent distinctes du moment qu’Israël eut été mis de côté. Nous avons déjà vu ces deux principes : gouvernement en Noé, et appel en Abraham. Chez les Juifs, ces principes étaient réunis ; mais Israël faillit, et il cessa dès lors de pouvoir manifester le principe du gouvernement de Dieu, parce que Dieu en Israël agissait en justice, et qu’Israël injuste ne pouvait plus être le dépositaire de la puissance de Dieu. Dieu donc quitta son trône terrestre en Israël. Toutefois, quant à la vocation terrestre, Israël continua d’être le peuple appelé, car Dieu ne se repent pas de ses dons et de son appel. Quant au gouvernement, Dieu peut le transporter où il veut, et il l’a transporté chez les Gentils. Il y a des appelés d’entre les nations, mais c’est pour les cieux. Jamais l’appel de Dieu pour la terre ne se transfère aux nations : il reste chez les Juifs ; si je veux une religion terrestre, je dois être Juif.

Du moment que l’Église perd son caractère céleste, elle perd tout. Que sont devenues les nations après la remise qui leur a été faite du gouvernement ? Elles sont devenues des «bêtes» ; c’est ainsi que sont appelées les quatre monarchies. Une fois le gouvernement transféré aux gentils, ils deviennent les oppresseurs du peuple de Dieu. Ce sont, en premier lieu, les Babyloniens ; en second lieu, les Mèdes et les Perses ; puis, les Grecs ; puis, les Romains. Eh bien, cette quatrième monarchie a consommé son crime au même instant que les Juifs accomplissaient le leur ; c’est-à-dire qu’elle a accédé, dans la personne de Ponce Pilate, aux voeux de la nation rebelle, pour tuer Celui qui était le Fils de Dieu et Roi d’Israël. La puissance gentile est en état de déchéance, comme le peuple appelé, le peuple juif.

En attendant, qu’arrive-t-il ? Premièrement, le salut de l’Église. L’iniquité de Jacob, le crime des nations, le jugement du monde, celui des Juifs, tout cela devient le salut de l’Église et a été accompli dans la mort de Jésus. Secondement, tout ce qui s’est passé depuis n’a pour but que le rassemblement des enfants de Dieu. Dieu montre en cela beaucoup de patience. Les Juifs, le peuple appelé, devenu rebelle, chassé de la présence de Dieu, les nations devenues également rebelles, mais le gouvernement toujours là : en état de chute, il est vrai, mais la patience de Dieu toujours là aussi, attendant jusqu’à la fin. Puis qu’arrive-t-il ?

L’Église va rejoindre le Seigneur dans les lieux célestes.

Maintenant, supposons qu’au temps arrêté par Dieu, toute l’Église soit assemblée ; que deviendra-t-elle ? Elle ira immédiatement à la rencontre du Seigneur, et les noces de l’Agneau auront lieu, le salut sera consommé au siège même de la gloire, dans les lieux célestes. Où en seront alors les nations ? Le gouvernement de la quatrième monarchie sera toujours là ; les Juifs s’assembleront dans cet état de rébellion, et même, pour la plupart, se soumettront à l’Antichrist, pour faire la guerre à l’Agneau. Pourquoi cela, et pourquoi l’Évangile n’a-t-il pas empêché un tel état de choses ? Parce que Satan, jusqu’à cette heure, n’a jamais été chassé du ciel, et que, par conséquent, tout ce que Dieu a fait ici-bas pour l’homme a été gâté, soit le gouvernement des gentils, soit les rapports actuels des Juifs avec Dieu ; tout a été détérioré par la présence de Satan, toujours là, exerçant sa funeste influence.

Mais, maintenant, Dieu va prendre les choses en main. Et que doit-il faire ? Déposséder Satan, le chasser du pouvoir. C’est ce que Jésus fera quand l’Église sera réunie à Lui, et qu’il commencera à agir pour remettre toutes choses en bon ordre.

Chers amis, dès que l’Église aura été reçue auprès de Christ, la bataille dans le ciel aura lieu, afin que le siège céleste de gouvernement soit purgé de ces sources fécondes en mal, de ces agents actifs des maux de l’humanité et de toute la création. Le résultat d’un tel combat est facile à prévoir ; Satan sera expulsé du ciel, sans être encore lié ; mais il sera précipité sur la terre en grande fureur, parce qu’il sait qu’il n’a que peu de temps. Dès ce moment, la puissance se trouvera établie dans le ciel selon les vues de Dieu. Mais, sur la terre, il en sera tout autrement, parce que, quand Satan sera chassé du ciel, il excitera toute la terre, et soulèvera, en particulier, la terre apostate révoltée contre la puissance de Christ venant du ciel. Il est dit : «C’est pourquoi réjouissez-vous, cieux et vous qui y habitez. Malheur à la terre et à la mer ! ...»

Les cieux créés seront donc occupés par Christ et son Église, et Satan en grande fureur sur la terre, n’ayant que peu de temps. Sous l’influence de l’Antichrist, la quatrième monarchie deviendra la sphère spéciale sur laquelle se déploiera alors l’activité de Satan, qui réunira les Juifs à ce prince apostat contre le ciel. Je n’entre pas ici dans les preuves scripturaires : nous en avons déjà parlé ; je ne résume que les faits dans l’ordre de leur accomplissement. Il n’est pas besoin de dire que le résultat de tout cela sera le jugement et la destruction de la quatrième Bête et de l’Antichrist. Jésus Christ anéantira, dans ce même jugement, la puissance de Satan dans le gouvernement que nous avons vu confié aux gentils. Celui qui manie cette puissance, s’étant joint aux Juifs, et s’étant placé à Jérusalem comme le centre du gouvernement de la terre, sera détruit par la venue du Seigneur des seigneurs et du Roi des rois, et Christ occupera de nouveau ce chef-lieu du gouvernement, qui deviendra le siège du trône de Dieu sur la terre.

Mais, quoique le Seigneur soit descendu sur la terre, que la puissance de Satan soit détruite, et le gouvernement établi dans les mains du Juste, la terre ne sera cependant pas encore réduite sous son sceptre. Le résidu des Juifs est délivré, et la Bête et l’Antichrist détruits ; mais le monde, ne reconnaissant pas encore les droits de Christ, désirera posséder ce qui est son héritage, et il faudra que le Seigneur déblaie le terrain, pour que les habitants de la terre jouissent des bénédictions de son règne sans interruption ni empêchement, et que la joie et la gloire soient établies dans ce monde, si longtemps assujetti à l’Ennemi.

La première chose donc que fera le Seigneur sera de purifier sa terre (le pays qui appartient aux Juifs) des Tyriens, des Philistins, des Sidoniens, d’Édom, et de Moab, et d’Ammon, en somme de tout ce qui se trouve entre l’Euphrate et le Nil. Cela s’effectuera par la puissance de Christ en faveur de son peuple rétabli par sa bonté. Voilà donc le peuple en sécurité ; puis, tout ce qui reste d’Israël sera rassemblé d’entre les nations. Quand le peuple sera ainsi chez lui en pleine paix, un autre ennemi viendra : c’est Gog ; mais il n’y arrivera que pour sa perte.

Je crois qu’il y aura dans ces temps-là, probablement au commencement de cette période, outre ces jugements publics, une manifestation beaucoup plus calme, beaucoup plus intime, du Seigneur Jésus aux Juifs. C’est ce qui aura lieu, lorsqu’il descendra sur la montagne des Oliviers, où ses pieds se tiendront... sur la montagne..., suivant l’expression de Zacharie 14:3 et 4. C’est toujours le même Jésus ; mais il se révélera paisiblement, et se montrera non pas comme le Christ du ciel, mais comme le Messie des Juifs.

À la suite du rétablissement des Juifs et de la présence du Seigneur, viendra aussi la bénédiction des gentils. L’Église aura été bénie, l’apostasie de la quatrième monarchie n’existera plus, le Méchant sera retranché, ainsi que les Israélites infidèles ; enfin, le pays des Juifs sera en paix.

Mais ensuite il y aura le monde à venir, préparé et introduit par ces jugements et par la présence du Seigneur, qui remplacera la présence du mal et du Malin. Ceux qui auront vu cette gloire manifestée à Jérusalem iront en annoncer la venue aux nations. Celles-ci se soumettront à Christ ; elles reconnaîtront les Juifs comme le peuple béni de son Christ, les ramèneront dans leur pays, et deviendront elles-mêmes le théâtre d’une gloire qui, de Jérusalem comme son centre, s’étendra en bénédiction partout où la race humaine pourra jouir de ses effets. Le témoignage de la gloire étant répandu partout, les coeurs, remplis de bonne volonté, se soumettront aux conseils et à la gloire de Dieu en répondant à ce témoignage. Toutes les promesses de Dieu étant accomplies, et le trône de l’Éternel étant établi à Jérusalem, ce trône deviendra pour toute la terre la source de son bonheur ; le rétablissement du peuple de Dieu sera pour le monde comme une vie d’entre les morts.

Une chose est à ajouter, c’est qu’à cette époque Satan sera lié, et, par conséquent, la bénédiction sera sans interruption, jusqu’à ce qu’il soit «délié pour un peu de temps». Au lieu de l’adversaire en haut, au lieu de son gouvernement dont le siège est aujourd’hui dans l’air, au lieu de la confusion et de la misère qu’il produit autant que la chose lui est permise, ce sera Christ et les siens qui seront là, source et moyen de bénédictions toujours nouvelles. Le gouvernement des lieux célestes deviendra la garantie, et non pas l’empêchement ou l’instrument forcé des bienfaits de Dieu. L’Église glorifiée, témoin pour tous, par son état même, de l’étendue de l’amour du Père, et de cette fidélité qui a accompli toutes ses promesses, et a plus que comblé les espérances de nos faibles coeurs, remplira de sa joie les lieux célestes, et fera par son service le bonheur du monde, pour lequel elle sera l’instrument des grâces dont son coeur jouira. Telle sera la Jérusalem céleste, témoin en gloire de la grâce qui l’aura placée si haut. Du milieu d’elle, coulera ce fleuve de vie où se trouve l’arbre de vie, dont les feuilles sont pour la guérison des gentils ; car, dans la gloire même, l’Église conservera ce doux caractère de grâce. En même temps, sur la terre, la Jérusalem terrestre sera le centre du gouvernement et du règne de la justice de l’Éternel. Témoin, par sa position et sa gloire ici-bas, de la fidélité de l’Éternel son Dieu, comme elle l’a été, dans ses misères, de sa justice, elle deviendra comme le lieu de son trône, le centre de l’exercice de cette justice ; «la nation et le royaume qui ne te serviront pas périront». Car, dans cet état de gloire terrestre, bien que placée là par la grâce de la nouvelle alliance, cette ville conservera aussi son caractère normal, afin qu’elle soit témoin du caractère de l’Éternel, comme l’Église l’est de celui du Père. Dieu réalisera la pleine signification de ce nom de «Dieu Très-haut, possesseur des cieux et de la terre» ; et Christ remplira, dans leur plénitude, les fonctions de Sacrificateur selon l’ordre de Melchisédec, qui, après la victoire remportée sur les ennemis du peuple de Dieu, bénira Dieu de la part du peuple, et le peuple de la part de Dieu. (Voir Gen. 14:18 et suivants.)

Chers amis, vous comprendrez qu’il y a une infinité de détails dans lesquels je ne suis pas entré ; par exemple, les circonstances des Juifs qui seront persécutés dans la Judée. Il y a des passages qui nous en instruisent, mais cette esquisse générale vous engagera à considérer par vous-mêmes la parole de Dieu sur ce sujet. J’attache, quant à moi, plus d’importance aux grands traits de la prophétie, et voici pourquoi. Comme je l’ai dit, il y a, d’un côté, la distinction des économies, qui deviennent, par la considération de ces vérités, extrêmement claires ; et, de l’autre, le caractère de Dieu, qui est de cette manière pleinement dévoilé. Quoi qu’il en soit, rien n’empêche d’étudier la prophétie dans ses menus détails. Si l’on examine ainsi les oeuvres des hommes, on trouve bientôt, il est vrai, quantité d’imperfections ; mais c’est le contraire dans les oeuvres de Dieu : plus on entre dans leurs moindres détails, plus on en voit la perfection.

Que Dieu accomplisse en nous, et en tous ses enfants, ce détachement du monde qui doit être, devant Dieu, le fruit de l’attente de l’Église, à la vue des bénédictions célestes, et aussi des jugements terribles dont sera frappé tout ce qui tient le coeur de l’homme lié à ce monde ! car le jugement viendra sur tous ces objets terrestres. Que Dieu accomplisse aussi les désirs de mon coeur, et le témoignage du Saint Esprit !