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Approche de quelques Psaumes qui parlent de Christ

Jacques-André Monard

 

Ce livre présente quelque vingt-cinq psaumes caractéristiques. En principe, l’approche est la suivante : tout d’abord, on considère le psaume dans son sens premier ; puis, à la lumière du Nouveau Testament, on cherche à découvrir ce que Dieu a bien voulu nous y révéler concernant Christ.

L’exposé ne craint pas de faire des incursions dans d’autres livres de la Bible, lorsque le sujet du psaume y conduit.

La rédaction de cette étude a été faite en supposant que le lecteur a sous les yeux le texte biblique considéré.

 

 

Table des matières abrégée :

1        Introduction

2        Psaume 2

3        Psaume 8

4        Psaume 16

5        Psaume 17

6        Psaume 18

7        Psaume 20

8        Psaume 21

9        Psaume 22

10      Psaume 23

11      Psaume 24

12      Psaume 40

13      Psaume 45

14      Psaume 69

15      Psaumes 93 à 100

16      Psaume 101

17      Psaume 102

18      Psaume 109

19      Psaume 110

 

Table des matières détaillée :

1        Introduction

2        Psaume 2

2.1         La rébellion générale contre Dieu et contre son Oint — 2:1-3

2.2         La réponse du Dieu souverain — 2:4-6

2.3         Le Messie, Fils de Dieu — 2:7

2.4         La domination du Messie sur toute la terre — 2:8, 9

2.5         Dernier appel de la grâce — 2:10-12

3        Psaume 8

3.1         Le psaume lui-même

3.2         Le fils de l’homme

3.3         Une vision du premier homme, en Daniel 2

3.4         La vision du fils d’homme, en Daniel 7

3.5         Le fils de l’homme dans les Évangiles

3.6         Les citations du psaume 8 dans le Nouveau Testament

3.6.1          Hébreux 2:5-9

3.6.2          1 Corinthiens 15:20-28

3.6.3          Éphésiens 1:19-23

4        Psaume 16

4.1         Portée générale

4.2         Application à Christ

5        Psaume 17

5.1         Présentation du psaume

5.2         Application à David

5.3         Application à Christ

5.4         Application au chrétien

5.5         Application prophétique à Israël

6        Psaume 18

6.1         Application à David et à Israël

6.2         Application à Christ

7        Psaume 20

8        Psaume 21

8.1         Présentation du psaume

8.2         Application à Christ

9        Psaume 22

10      Psaume 23

10.1      Le Berger du berger

10.2      Jésus, la brebis parfaite

10.3      Jésus, le bon Berger

10.4      Les brebis du bon Berger

11      Psaume 24

11.1      À l’Éternel est la terre et tout ce qu’elle contient — 24:1, 2

11.2      Qui est-ce qui montera en la montagne de l’Éternel ? — 24:3-6

11.3      Le roi de gloire entrera — 24:7-10

12      Psaume 40

12.1      Le contexte du psaume 40

12.1.1       Les circonstances de David

12.1.2       Les circonstances du résidu

12.2      Christ dans le psaume 40

12.2.1       La délivrance et la louange — 40:1-5

12.2.2       L’entrée de Christ dans le monde — 40:6-8

12.2.3       Son ministère en Israël — 40:9, 10

12.2.4       Ses souffrances à cause du péché et ses supplications — 40:11-17

13      Psaume 45

13.1      Ce que les Israélites pouvaient saisir

13.2      La gloire royale de Christ

13.3      L’épouse du roi

14      Psaume 69

14.1      Qui parle dans ce psaume ?

14.2      Ô jour d’angoisse, où Dieu cachait sa face !

14.3      Ils m’ont rendu la haine pour mon amour

14.4      Ma folie et mes fautes

14.5      L’opprobre m’a brisé le cœur

14.6      Aucun consolateur

14.7      En un lieu de sûreté

15      Psaumes 93 à 100

15.1      « L’Éternel règne » — Ps. 93:1

15.2      « Dieu des vengeances ! fais luire ta splendeur » — Ps. 94:1

15.3      « Le jugement retournera à la justice » — Ps. 94:15

15.4      « Chantez à l’Éternel un cantique nouveau » — Ps. 96:1

15.5      « Il est saint » — Ps. 99:3

15.6      « Célébrez-le, bénissez son nom » — Ps. 100:4

16      Psaume 101

17      Psaume 102

17.1      Affliction et restauration d’Israël

17.2      Christ dans le Psaume 102 : Détresse et solitude

17.3      Ne m’enlève pas à la moitié de mes jours ! — 102:24

17.4      Tes années sont de génération en génération ! — 102:24

18      Psaume 109

19      Psaume 110

19.1      Fils et Seigneur de David

19.2      « Assieds-toi à ma droite »

19.3      Le Fils de l’homme assis à la droite de Dieu

19.4      Sous ses pieds

19.5      Sacrificateur selon l’ordre de Melchisédec

19.6      Melchisédec et Abraham

 

 

1         Introduction

Sur le chemin d’Emmaüs, le jour de sa résurrection, le Seigneur Jésus fit brûler le cœur de deux disciples, en leur expliquant, « dans toutes les Écritures, les choses qui le regardent » (Luc 24:27). Ceci nous encourage à sonder l’Ancien Testament pour y découvrir ce que l’Esprit de Dieu y a inscrit concernant le Messie, ce « témoignage des souffrances qui devaient être la part de Christ et des gloires qui suivraient » (1 Pierre 1:11).

Parmi tous les écrits prophétiques concernant Christ, le livre des Psaumes occupe une place éminente. C’est là tout particulièrement que sont évoqués les sentiments qui ont été dans le cœur de notre Seigneur.

La manière dont les psaumes nous parlent de Lui est extrêmement diversifiée. Certains d’entre eux l’ont en vue du commencement à la fin (Ps. 22), tandis que d’autres ne font allusion à Lui que dans quelques versets seulement (Ps. 31). Par ailleurs, certains psaumes nous le présentent de façon directe, en des termes qui ne peuvent s’appliquer qu’à Lui (Ps. 2), tandis que d’autres nous Le présentent de façon typique, à travers les expériences et les sentiments de l’auteur du psaume (Ps. 18), ou de ceux dans la bouche desquels il met des paroles.

Il est important de remarquer que le livre des Psaumes est essentiellement israélite et prophétique. Cela n’empêche pas que les croyants de tous les temps trouvent en lui une source inépuisable d’encouragements, de consolations et d’instructions. Mais pour profiter pleinement du message de ce livre, il est nécessaire de distinguer clairement, au moins dans les grandes lignes, les diverses dispensations de Dieu, c’est-à-dire les différentes époques dans lesquelles Dieu s’est révélé, et leurs caractères distinctifs.

Les Psaumes, comme tout l’Ancien Testament, appartiennent à la dispensation de la loi. Dieu s’était révélé à un seul peuple, Israël, qu’il avait choisi pour être « son peuple ». Il lui avait donné sa loi et ses commandements, par Moïse, et lui avait promis la bénédiction, sous condition de son obéissance. Chacun sait quel a été le résultat de ce test de l’homme. Mais dès les origines de ce temps, Dieu avait annoncé à Abraham la bonne nouvelle que les bénédictions qu’Il voulait accorder dépasseraient les étroites limites du peuple élu et seraient pour toutes les nations. Il avait aussi annoncé que sa grâce allait être proclamée, et que l’homme y aurait part sur le principe de la foi (Gal. 3:8). La dispensation de la grâce allait succéder à celle de la loi.

Mais cette nouvelle dispensation est fondée sur l’œuvre de Christ à la croix. Son sacrifice était nécessaire pour que le pécheur puisse être justifié. Et tout au long de l’Ancien Testament, Dieu s’est plu à annoncer la venue de Celui qui est le centre de ses desseins éternels.

Le livre des Psaumes nous place donc sur le terrain d’Israël. La venue de Christ et les événements qui l’accompagnent en sont un des thèmes principaux. Mais souvenons-nous que nous nous situons aujourd’hui entre deux venues de Christ, une passée et une future, tandis que le peuple qui a reçu les Psaumes se trouvait avant ces événements. La perspective prophétique ne distingue pas toujours les diverses étapes de la venue de Christ — tout comme la vue d’un massif montagneux lointain ne distingue pas les différentes chaînes dont il est formé. La prophétie nous fournit une grande richesse de détails concernant la venue de Christ, mais, souvent, ne nous indique pas comment ces détails s’inscrivent dans le temps.

Les promesses de Dieu à Israël sont toujours en rapport avec la terre. Les chrétiens, par contre, sont « participants à l’appel céleste » (Héb. 3:1), et ont leur espérance dans le ciel. Il nous faut tenir compte de cette différence lorsque nous lisons les Psaumes. À Israël, Dieu avait promis un royaume de paix, de justice et de gloire sur la terre, et la personne du Roi est évidemment au centre de ces révélations. Les chrétiens se penchent avec bonheur sur ces communications, bien qu’elles concernent l’établissement d’un royaume terrestre auquel ils n’auront pas directement part, car rien de ce qui concerne la gloire de leur Sauveur ne leur est indifférent.

Le psaume 1, déjà, pose quelques jalons essentiels. Il distingue d’une part « les justes », c’est-à-dire les hommes pieux, ceux qui sont attachés à la loi de l’Éternel, et d’autre part « les méchants », « les pécheurs », « les moqueurs ». Le jugement va venir sur la terre (v. 5), et les méchants en seront balayés, tandis que les justes y subsisteront. D’autres psaumes (Ps. 3, 4, etc.) montrent que les hommes pieux auront à souffrir en attendant la délivrance que le Messie apportera.

Les fidèles qui attendent cette délivrance — et plus particulièrement ceux qui, au temps de la fin, demeureront fidèles au milieu des tribulations les plus grandes qui aient jamais eu lieu — constituent ce que la prophétie appelle le résidu d’Israël (voir entre autres És. 4:3 ; 10:20-22). C’est le résidu, ou le reste, parce que la masse du peuple s’étant détournée de Dieu et n’ayant que son jugement à attendre, seul un « petit troupeau » le craint, s’attache à lui et s’attend à lui. C’est ce résidu qui, finalement, prend la place du peuple d’Israël et reçoit toutes les bénédictions promises.

On peut dire que le sujet général des psaumes, c’est le résidu d’Israël, son histoire, ses souffrances, ses cris de détresse, sa repentance, sa délivrance, ses louanges. Dans ce contexte, le Messie a une place de premier plan.

Notre propos n’est pas d’entrer dans l’histoire prophétique du résidu, ni d’étudier l’enchaînement des psaumes. Nous considérerons quelques psaumes caractéristiques, ayant surtout le but d’y chercher Christ.

 

2         Psaume 2

Bien que ce psaume n’ait pas de suscription indiquant l’auteur, nous savons par la citation qui en est faite en Actes 4:25 qu’il a été écrit par David. Cependant nous n’avons pas ici, comme dans beaucoup d’autres psaumes, une expérience personnelle de David, dont Dieu se serve comme type pour nous parler de Christ. De toute évidence, c’est bien du Messie qu’il est question, et il nous est présenté comme tel, directement.

 

2.1        La rébellion générale contre Dieu et contre son Oint — 2:1-3

Les premiers versets nous montrent les nations qui s’agitent, qui se révoltent contre l’autorité de Dieu : « Les princes consultent ensemble contre l’Éternel et contre son Oint ». L’Oint de l’Éternel, comme l’indique le passage d’Actes 4, c’est « son Christ » (*). Les premiers chrétiens de Jérusalem disent explicitement que ces versets du psaume viennent de s’accomplir : « En effet, dans cette ville, contre ton saint serviteur Jésus que tu as oint, se sont assemblés et Hérode et Ponce Pilate, avec les nations et les peuples d’Israël, pour faire toutes les choses que ta main et ton conseil avaient à l’avance déterminé devoir être faites » (Act. 4:27, 28) Ces trois premiers versets ont donc déjà eu leur accomplissement, ou plutôt un premier accomplissement, lorsque Jésus est venu ici-bas et qu’Il a été rejeté et crucifié, les Juifs et les Gentils étant unis dans une même révolte contre Dieu et contre Celui qu’il avait envoyé.

 

(*) Les termes Messie, Christ et Oint sont équivalents. Messie est la forme hébraïque (ou araméenne) du mot Oint, et Christ la forme grecque.

 

Il reste toutefois un accomplissement futur de cette prophétie, au terme de la période de jugements terribles qui précédera l’établissement du millénium. Le chapitre 19 de l’Apocalypse nous montre Christ sortant du ciel assis sur un cheval blanc. « Et il juge et combat en justice » (v. 11). « Et les armées qui sont dans le ciel le suivaient sur des chevaux blancs » (v. 14). Et alors, comme dans le psaume 2, le prophète voit « les rois de la terre, et leurs armées assemblées pour livrer combat à celui qui était assis sur le cheval et à son armée » (v. 19).

 

2.2        La réponse du Dieu souverain — 2:4-6

Dans les versets 4 à 6, on voit l’effet que cette rébellion produit sur « celui qui habite dans les cieux ». Il se rira d’eux, Il s’en moquera. Rien de ce qui se passe sur la terre ne saurait troubler son trône, ni entraver l’accomplissement de ses décrets. Il a oint son roi sur Sion, et toute opposition à sa volonté ne peut que rencontrer sa colère et son jugement. « Alors il leur parlera dans sa colère, et, dans sa fureur, il les épouvantera » (v. 5). Il est bien évident que cette partie de la prophétie est exclusivement future. Lors de la première venue de Christ, son rejet par l’humanité n’a pas eu pour conséquence le jugement immédiat de Dieu. Au contraire, Dieu a fait proclamer sa grâce, et il le fait encore aujourd’hui.

 

2.3        Le Messie, Fils de Dieu — 2:7

Le verset 7 est particulièrement remarquable. « Je raconterai le décret : l’Éternel m’a dit : Tu es mon Fils ; aujourd’hui, je t’ai engendré ». C’est le Messie qui parle. Le roi d’Israël est non seulement l’Oint de l’Éternel, mais il est reconnu par lui comme étant son Fils.

David, le roi prophète à qui ces choses étaient révélées, pouvait sans doute reporter ses pensées sur la promesse que Dieu lui avait faite touchant sa descendance : « J’affermirai le trône de son royaume pour toujours. Moi, je lui serai pour père, et lui me sera pour fils » (2 Sam. 7:13, 14). Mais ici, la révélation est plus précise : « Tu es mon Fils ; aujourd’hui, je t’ai engendré ». Le Messie est reconnu comme Fils parce qu’il est engendré de Dieu à un moment précis. C’est le moment où s’accomplit la chose extraordinaire annoncée par l’ange Gabriel à la vierge Marie : « L’Esprit Saint viendra sur toi, et la puissance du Très-Haut te couvrira de son ombre ; c’est pourquoi aussi la sainte chose qui naîtra sera appelée Fils de Dieu » (Luc 1:35). Admirons la richesse de la prophétie de l’Ancien Testament, qui déjà nous annonce le mystère de l’union de l’humanité et de la divinité, dans celui que l’Éternel a oint comme roi. Et, en passant, notons ceci : le fait que Jésus soit appelé Fils de Dieu comme ayant été engendré de lui dans le temps n’exclut en aucune manière qu’il soit, de toute éternité, « le Fils unique, qui est dans le sein du Père » (Jean 1:18). Il est le Fils unique que Dieu a envoyé dans le monde (1 Jean 4:9).

 

2.4        La domination du Messie sur toute la terre — 2:8, 9

« Demande-moi, et je te donnerai les nations pour héritage, et, pour ta possession, les bouts de la terre » (v. 8). Ce verset évoque la domination de Christ sur toutes les nations, et non seulement sa royauté sur Sion, comme au verset 6. Ici de nouveau, la prophétie nous place dans des scènes futures. Christ n’a pas encore demandé, et Dieu ne lui a pas encore donné les nations pour héritage, et les bouts de la terre pour sa possession.

Mais le jour vient où il en sera ainsi. Ce jour sera terrible pour tous ceux qui ne l’ont pas reçu. C’est ce que dit le verset 9 : « Tu les briseras avec un sceptre de fer ; comme un vase de potier tu les mettras en pièces ». Lorsque le temps de la grâce aura pris fin, Christ reviendra et exercera sur ce monde un jugement sans miséricorde. Il appartient à la gloire de celui qui s’est abaissé jusqu’à la mort de la croix de recevoir l’honneur d’une domination universelle. Le chapitre 2 de l’épître aux Philippiens nous montre le rapport qu’il y a entre son abaissement et sa gloire. Après les versets 6 à 8 qui évoquent son abaissement, nous lisons : « C’est pourquoi aussi Dieu l’a haut élevé et lui a donné un nom au-dessus de tout nom, afin qu’au nom de Jésus se ploie tout genou des êtres célestes, et terrestres, et infernaux » (v. 9, 10).

 

2.5        Dernier appel de la grâce — 2:10-12

Les derniers versets formulent la conclusion pratique de l’enseignement qui vient d’être donné. « Servez l’Éternel avec crainte », « Baisez le Fils, de peur qu’il ne s’irrite ». En d’autres termes : « Soyez réconciliés avec Dieu » pendant que dure encore le temps de sa patience, avant que sa colère s’embrase tant soit peu. Tel est le message que l’évangile fait encore retentir aujourd’hui (2 Cor. 5:20). Si nous connaissons pour nous-mêmes le bonheur de « la paix avec Dieu », acquittons-nous de la noble fonction d’ambassadeur que le Seigneur nous a confiée !

 

3         Psaume 8

3.1        Le psaume lui-même

Le psaume 8 place devant nous la position de l’homme dans la création, selon les desseins de Dieu. Le Nouveau Testament en fait plusieurs citations, qui montrent que l’homme que Dieu y a en vue, c’est avant tout Celui qui, étant Dieu, est venu comme homme ici-bas, Celui qui se nomme lui-même constamment le Fils de l’homme. C’est dans ce psaume que l’on trouve pour la première fois ce nom.

Les versets d’introduction (2:1, 2) expriment une louange à l’Éternel, dont le nom est magnifique par toute la terre et dont la majesté s’élève au-dessus des cieux. En dépit de ses adversaires, Dieu aura soin de faire proclamer sa gloire, même s’il le faut, par la bouche des petits enfants (cf. Matt. 21:16). Et cette gloire n’a pas un caractère limité à une nation. Elle doit briller sur toute la terre, et même s’étendre au-dessus des cieux.

Au verset 3, le psalmiste élève ses yeux vers l’immensité des cieux, vers la lune et les étoiles disposées là par les mains du Créateur. Puis sa pensée se tourne vers l’homme, être infime au milieu de cet immense univers : « Qu’est-ce que l’homme, que tu te souviennes de lui, et le fils de l’homme, que tu le visites ? » (2:4). Si petit qu’il soit dans la création, il est l’objet de l’intérêt et de l’attention de Dieu.

Le verset 5 introduit une nouvelle pensée. Chose extraordinaire, l’homme est à la fois petit et grand. Petit comme un grain de poussière dans l’univers, mais grand parce que Dieu lui a donné une place privilégiée. S’il a été fait inférieur aux anges, c’est pourtant lui que Dieu a destiné à dominer sur toute la création. « Tu l’as couronné de gloire et d’honneur ; tu l’as fait dominer sur les œuvres de tes mains ; tu as mis toutes choses sous ses pieds » (2:5, 6). Et les versets suivants évoquent les différentes catégories de créatures que Dieu lui a assujetties. Nous avons sans aucun doute dans ces versets un écho de ce que Dieu avait dit au sixième jour de la création : « Faisons l’homme à notre image, selon notre ressemblance, et qu’ils dominent sur les poissons de la mer, et sur les oiseaux des cieux, et sur le bétail, et sur toute la terre, et sur tout animal rampant qui rampe sur la terre » (Gen. 1:26).

Le psaume se termine par la louange par laquelle il avait commencé : « Éternel, notre Seigneur ! que ton nom est magnifique par toute la terre ! » (2:9).

 

3.2        Le fils de l’homme

Ce psaume ne mentionne pas explicitement le Messie. Nous pouvons pourtant le discerner au verset 4, lorsqu’il est parlé de l’homme, ou du fils de l’homme.

Le Nouveau Testament nous montre que devant Dieu, il y a deux hommes : « le premier homme » qui est de la terre, et « le second homme » qui est du ciel. Et il n’y en a que deux : « le premier homme Adam » et « le dernier Adam », Jésus Christ (1 Cor. 15:45, 47). Toute l’Écriture nous décrit la faillite totale du premier homme, à la race duquel nous appartenons naturellement par la naissance. Mais elle nous présente aussi le second homme, l’homme parfaitement obéissant à la volonté de Dieu, et qui l’a entièrement glorifié là où le premier l’avait déshonoré. C’est à ce second homme, ce dernier Adam, que nous sommes vitalement unis par la nouvelle naissance.

Quant aux desseins de Dieu à l’égard de l’homme, tels qu’ils sont présentés en Genèse 1 et dans le psaume 8, on peut dire que le premier homme a perdu tout droit à les recevoir, mais que Dieu les réalisera entièrement et glorieusement dans le second homme. Cette position de suprématie que Dieu destinait à l’homme, c’est Christ qui en hérite. Les passages qui nous le disent, dans le livre de Daniel et dans le Nouveau Testament, lui donnent le nom caractéristique de fils d’homme, ou de fils de l’homme. Or Galates 4:7, nous indique qu’un fils est aussi un héritier. On peut dire ainsi que le fils de l’homme, c’est l’héritier de ce que les desseins de Dieu avaient destiné à l’homme, en rapport avec la création.

 

3.3        Une vision du premier homme, en Daniel 2

Le livre de Daniel se situe dans un cadre tout à fait caractéristique. Le peuple d’Israël est sous le jugement de Dieu, qui vient de le décréter « Lo-Ammi », c’est-à-dire « pas mon peuple ». La descendance de David a perdu la royauté, en apparente contradiction avec les promesses faites à David, et le peuple a été déporté à Babylone. Dieu se fait connaître sous le nom de « Dieu des cieux », comme s’il prenait ses distances de la terre. Il confie le pouvoir aux Gentils, et le temps des nations commence. Quatre empires universels vont se succéder et détiendront le pouvoir sur le monde jusqu’à l’apparition du Messie. Lorsque celui-ci viendra, les nations seront jugées à leur tour et Dieu établira un royaume qui ne sera jamais détruit.

Le premier tableau de ces empires est donné au chapitre 2. Nebucadnetsar, roi de Babylone, souverain du premier empire, a une vision. Dans un songe, il voit une grande statue, dont les quatre parties successives évoquent les caractères des quatre empires, depuis la tête d’or jusqu’aux pieds de fer mêlé d’argile. Une pierre mystérieuse tombe sur les pieds du colosse ; celui-ci est broyé et la pierre devient une grande montagne qui remplit toute la terre. Le jeune Daniel, à qui Dieu a révélé le songe et son interprétation, est introduit devant le roi. Ce qu’il lui dit a un rapport remarquable avec ce que nous venons de voir dans le psaume 8 et en Genèse 1. « Toi, ô roi, tu es le roi des rois, auquel le Dieu des cieux a donné le royaume, la puissance, et la force, et la gloire ; et partout où habitent les fils des hommes, les bêtes des champs et les oiseaux des cieux, il les a mis entre tes mains et t’a fait dominer sur eux tous. Toi, tu es cette tête d’or » (Dan. 2:37, 38). En confiant le pouvoir universel aux Gentils, Dieu rappelle ce qu’il s’est proposé quant à la domination de l’homme sur toute la création.

Mais comment celui qui a l’honneur d’être représenté par cette tête d’or, Nebucadnetsar, s’est-il acquitté de son mandat ? Pas mieux qu’Adam. Pas mieux qu’Israël. Le chapitre 4 nous le fait voir abaissé au niveau d’une bête.

Globalement, les quatre empires forment un tout, c’est ce qu’évoque la grande statue. Cet homme, le premier homme, l’homme de la terre, est jugé et mis de côté lors de la venue de Christ, représenté ici par la pierre. Et alors « le Dieu des cieux établira un royaume qui ne sera jamais détruit » (v. 44).

La pierre tombe sur les pieds de la statue. C’est à l’époque du quatrième empire, l’empire romain, que Jésus est venu sur la terre. Mais nous savons qu’il a été rejeté et que son royaume ne s’est pas établi ici-bas. Une parenthèse s’est ouverte dans le cours du temps prophétique et le propos de Dieu touchant l’Église s’accomplit Mais à la fin de ce temps de l’Église, la parenthèse se fermera. L’empire romain sera reconstitué. Selon le symbole de l’Apocalypse, la bête qui avait reçu une plaie mortelle reprend vie (13:3, 14 ; 17:8) Et ainsi la prophétie de Daniel s’accomplira à la lettre : c’est l’écrasement des pieds de la statue qui amènera son anéantissement et l’établissement du royaume de Christ.

 

3.4        La vision du fils d’homme, en Daniel 7

Ce chapitre nous présente un nouveau tableau des quatre empires, mais sous la forme de quatre bêtes. La quatrième, qui représente l’empire romain, possède dix cornes. Une autre corne, petite, s’élève au milieu d’elles. Elle a une bouche qui profère de grandes choses (v. 7, 8). À la fin du chapitre, le prophète reçoit une explication : « les dix cornes, ce sont dix rois » (v. 24). Et un autre roi surgira. « Et il proférera des paroles contre le Très-Haut, et il consumera les saints des lieux très hauts, et il pensera changer les saisons et la loi, et elles seront livrées en sa main jusqu’a un temps, et des temps, et une moitié de temps » (v. 25), c’est-à-dire trois ans et demi.

Cette vision nous place au temps de la « grande tribulation » qui atteindra toute la terre, et particulièrement le résidu juif, au temps de la fin. La petite corne correspond exactement à la première bête d’Apocalypse 13, le chef de l’empire romain reconstitué. Celle-ci aussi a une bouche qui profère de grandes choses et des blasphèmes contre Dieu, elle fait la guerre aux saints et les vainc, et le pouvoir d’agir quarante-deux mois (trois ans et demi) lui est donné (Apoc. 13:5-7). C’est l’apogée de la méchanceté du premier homme, et de sa révolte contre Dieu

Alors Dieu intervient. Dans la vision de Daniel, des trônes de jugement sont placés et l’Ancien des jours apparaît, dans l’éclat terrifiant de sa majesté divine. La bête est tuée, son corps est livré au feu. Mais à ce moment, « quelqu’un comme un fils d’homme vint avec les nuées des cieux, et il avança jusqu’à l’Ancien des jours... Et on lui donna la domination, et l’honneur, et la royauté, pour que tous les peuples, les peuplades et les langues, le servissent. Sa domination est une domination éternelle, qui ne passera pas, et son royaume, un royaume qui ne sera pas détruit » (Dan. 7:13, 14).

Ce fils d’homme, bien évidemment, c’est Christ. Dieu, parce qu’il est Dieu, est «le juge de toute la terre » (Gen. 18:25) ; il est « Dieu, juge de tous » (Héb. 12:23), « celui qui juge justement » (1 Pierre 2:23). Mais il lui a plu de confier le jugement de l’homme à Celui qui est à la fois Dieu et homme, à Celui qui, dans la condition d’homme ici-bas, a été parfaitement fidèle, a répondu entièrement à tout ce que Dieu attendait de l’homme. Plusieurs passages du Nouveau Testament nous le disent très clairement : « Car aussi le Père ne juge personne, mais il a donné tout le jugement au Fils... et il lui a donné autorité de juger aussi, parce qu’il est fils de l’homme » (Jean 5:22, 27) ; « c’est lui qui est établi de Dieu juge des vivants et des morts » (Act. 10:42) ; «il a établi un jour auquel il doit juger en justice la terre habitée, par l’homme qu’il a destiné à cela » (Act. 17:31). Tous les hommes comparaîtront devant celui qui, comme Dieu, possède l’autorité de juge, et qui, comme homme ici-bas, a été parfait dans tous ses actes, toutes ses paroles et toutes ses pensées.

Encore un mot sur Daniel 7. Dans l’explication qui est donnée au prophète, aux versets 18, 22 et 27, ceux qui reçoivent le jugement et le royaume qui ne passera pas, ce sont « les saints des lieux très hauts », ou le « peuple des saints des lieux très hauts ». Le fils d’homme du verset 13 symbolise donc à la fois Christ et ceux qui régneront avec lui. Cette pensée, que Christ s’associera les siens pour la domination et le jugement, court à travers tout le Nouveau Testament. (Voir par exemple Matt. 19:28 ; 1 Cor. 6:2 ; Apoc. 2:26, 27 ; 20:4.)

 

3.5        Le fils de l’homme dans les Évangiles

Les lecteurs de la Bible sont familiers avec l’expression « le fils de l’homme » par laquelle le Seigneur Jésus se désigne lui-même très fréquemment. Nous lui donnons peut-être trop facilement le simple sens de « je » ou « moi », sans penser à sa portée. Dans plusieurs passages, on peut facilement discerner qu’il est utilisé de façon tout à fait caractéristique.

Dans les trois premiers Évangiles, lorsqu’il est devenu manifeste qu’est rejeté Celui qui avait été présenté à Israël comme le Messie, Jésus interroge ses disciples quant à sa personne. Pierre répond : « Tu es le Christ » (Marc 8:29). Le Christ, c’est-à-dire l’Oint de Dieu, c’est le Messie, tel qu’il est annoncé dans le psaume 2, par exemple. Dès ce moment, Jésus défend expressément à ses disciples de dire cela de lui à personne (v. 30). Ce témoignage-là est terminé. Et Jésus commence à enseigner ses disciples : « Il faut que le fils de l’homme souffre beaucoup, ... et qu’il soit mis à mort, et qu’il ressuscite après trois jours » (v. 31). Il engage ses disciples à accepter pour eux-mêmes une position de rejet de la part du monde, jusqu’au jour où « le fils de l’homme... viendra dans la gloire de son Père » (v. 38 — voir aussi Matt. 16 et Luc 9). Et sur la montagne de la transfiguration, Jésus leur donne un avant-goût de la gloire du « fils de l’homme venant dans son royaume » (Matt. 16:28).

À la fin du premier chapitre de l’Évangile de Jean, Nathanaël rencontre Jésus. Saisi par la gloire de sa personne, il lui dit : « Rabbi, tu es le Fils de Dieu ; tu es le roi d’Israël » (Jean 1:50). Il a reconnu en lui le Messie du psaume 2. Mais Jésus conduit les pensées de Nathanaël plus loin, et évoque sa gloire de fils de l’homme : « Désormais vous verrez le ciel ouvert, et les anges de Dieu montant et descendant sur le fils de l’homme » (v. 52).

En Jean 12, après que les chefs du peuple ont décidé de mettre Jésus à mort (11:57 ; 12:10), après que Jésus a fait son entrée à Jérusalem sur un ânon, présenté à son peuple comme le roi d’Israël (v. 13-15), quelques Grecs s’approchent, désirant voir Jésus (v. 20-22). Ces gens des nations qui le recherchent au moment même où Israël rejette son Messie, évoquent dans le cœur du Seigneur ce qui se passera désormais : le salut de Dieu va être prêché à toutes les nations, les privilèges d’Israël vont s’effacer devant la grâce illimitée de Dieu qui sera proclamée jusqu’au bout de la terre. « L’heure est venue, dit Jésus, pour que le fils de l’homme soit glorifié » (v. 23). Mais immédiatement, la pensée de sa mort et de sa résurrection nécessaires conduit le Seigneur à ajouter : « À moins que le grain de blé, tombant en terre, ne meure, il demeure seul ; mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruit » (v. 24).

Dans tous ces passages, c’est bien le fils de l’homme du psaume 8 que nous trouvons, mais ce qui nous est révélé en plus, c’est que la réalisation des desseins de Dieu nécessite la mort de celui qui est l’objet de ces desseins.

 

3.6        Les citations du psaume 8 dans le Nouveau Testament

Outre celle du verset 2 en Matthieu 21:16, qui n’a pas précisément pour objet le fils de l’homme, il y en a trois. Elles développent de façon admirable la gloire du fils de l’homme établi Dominateur sur toutes les choses créées.

 

3.6.1        Hébreux 2:5-9

Au premier chapitre, l’auteur de l’épître a présenté la gloire du Fils de Dieu. À partir du verset 5 du chapitre 2, il présente celle du fils de l’homme. « Ce n’est point aux anges » que Dieu « a assujetti le monde habité à venir ». C’est à l’homme, ou plus précisément au fils de l’homme. Et il cite les versets 4 à 6 du psaume 8. Ensuite il souligne le caractère universel de la domination que Dieu a confiée à Christ : « car en lui assujettissant toutes choses, il n’a rien laissé qui ne lui soit assujetti » (v. 8). Puis il explique comment le fait se réalise dans le temps. « Nous ne voyons pas encore que toutes choses lui soient assujetties ; mais nous voyons Jésus... couronné de gloire et d’honneur » (v. 8, 9). Pour Dieu, les choses futures sont aussi certaines, aussi réelles, que les choses présentes ou passées. Même si nous ne voyons pas encore l’accomplissement du dessein de Dieu à l’égard du fils de l’homme, nous pouvons le voir, lui, assis à la droite de Dieu (Héb. 1:3 et 13), couronné de gloire et d’honneur, attendant le moment de prendre en mains sa domination effective.

Le verset 9 explique en quoi le fils de l’homme a été « fait un peu moindre que les anges ». C’est « à cause de la passion de la mort ». Les anges ne peuvent mourir. Christ s’est abaissé au-dessous des anges. Il a pris la forme d’un homme parce que sa mort était nécessaire. Il a participé au sang et à la chair (la condition humaine) « afin que, par la mort, il rendît impuissant celui qui avait le pouvoir de la mort, c’est-à-dire le diable » (v. 14).

La fin du verset 9 introduit quelque chose de plus : « en sorte que, par la grâce de Dieu, il goûtât la mort pour tout ». Selon les pensées de la grâce de Dieu envers les pécheurs, Jésus doit goûter la mort pour les sauver. Mais ce n’est pas seulement pour eux qu’il goûte la mort, c’est « pour tout ». Placée dans ce contexte, cette expression nous indique que sa mort lui acquiert des droits nouveaux à la suprématie universelle, des droits que le premier homme ne pouvait pas posséder.

Cette pensée est confirmée par la scène majestueuse que nous trouvons en Apocalypse 5. Dieu est sur son trône, et dans sa main droite se trouve un livre scellé de sept sceaux. C’est le livre de ses jugements envers la terre. Personne n’est trouvé digne d’ouvrir ce livre ni de le regarder. Mais voici que Christ apparaît. Non pas ici sous la forme d’un fils d’homme, comme en Daniel 7, mais comme l’Agneau qui a été immolé. Lui est déclaré digne de prendre le livre et d’en ouvrir les sceaux, car il a été immolé (v. 9). Il « a vaincu » — c’est son œuvre à la croix — « pour ouvrir le livre et ses sept sceaux » (v. 5). Et nous le voyons prendre le livre de la main droite de celui qui était assis sur le trône (v. 7). Les chapitres suivants nous le présentent ouvrant les sceaux. Son œuvre est ce qui le rend digne de déployer toutes les voies de Dieu en gouvernement.

 

3.6.2        1 Corinthiens 15:20-28

Nous sommes ici dans le chapitre de la résurrection. Après avoir présenté celle de Christ et celle des siens, qui lui est essentiellement liée (v. 16 et 20-23), l’apôtre envisage de façon plus générale la victoire de Christ sur la mort. Il a passé par la mort, mais il est ressuscité et sa propre résurrection est le signe de sa suprématie sur la mort. En raison de celle-ci, il vivifiera les corps des siens qui se sont endormis — bienheureuse et glorieuse part ! —, mais il ressuscitera aussi ceux qui auront à subir le jugement éternel (ceci est sous-entendu dans l’expression « ensuite la fin » du verset 24). Le passage mentionne le royaume de Christ sur la terre : « il faut qu’il règne jusqu’à ce qu’il ait mis tous les ennemis sous ses pieds : le dernier ennemi qui sera aboli, c’est la mort » (v. 25, 26). L’apôtre cite alors le verset 6 du psaume 8 : « il a assujetti toutes choses sous ses pieds ». La mort, personnifiée ici comme un ennemi de Christ, devra s’incliner devant la suprématie du fils de l’homme ressuscité. Après que toute principauté, autorité et puissance aura été abolie, elle rendra tous ceux qu’elle retenait, et sera elle-même abolie (cf. Apoc. 20:13, 14).

Ce passage nous révèle ensuite que lorsque toutes choses auront été assujetties au fils de l’homme, lorsque son administration — si l’on peut dire ainsi — aura été manifestée parfaite et complète, il remettra le royaume à Dieu le Père. « Alors le Fils aussi lui-même sera assujetti à celui qui lui a assujetti toutes choses, afin que Dieu soit tout en tous » (v. 28).

 

3.6.3        Éphésiens 1:19-23

Ceux qui étaient morts dans leurs péchés ont été vivifiés ensemble avec le Christ (chap. 2:5). Ils participent de sa vie de résurrection. Il faut qu’ils sachent quelle est l’excellente grandeur de la puissance de Dieu envers eux, la même que celle qui a opéré dans le Christ en le ressuscitant d’entre les morts (1:19, 20). Et après l’avoir ressuscité, il l’a fait asseoir à sa droite dans les lieux célestes. Et pour décrire la gloire de cette position, l’apôtre utilise des expressions qui rappellent et même dépassent ce que nous avons dans le psaume 8. Dieu l’a placé « au-dessus de toute principauté, et autorité, et puissance, et domination, et de tout nom qui se nomme, non seulement dans ce siècle, mais aussi dans celui qui est à venir ; et il a assujetti toutes choses sous ses pieds » (v. 21, 22).

Mais ce passage nous fait encore une autre révélation, bien propre à toucher nos cœurs. Si Christ est « chef sur toutes choses », il a été donné tel « à l’assemblée, qui est son corps, la plénitude de celui qui remplit tout en tous » (v. 22, 23). Dans cette position de gloire, de suprématie sur toutes choses, il n’est pas seul : l’assemblée lui est associée. Elle est son corps, sa « plénitude », ce qui le complète ; le corps est un avec la tête. Christ est celui qui remplit tout en tous, c’est sa gloire divine, mais comme homme, il reçoit une épouse — tout comme Adam avait reçu Ève pour dominer avec lui sur la première création.

 

4         Psaume 16

4.1        Portée générale

David, qui a composé ce psaume, y a sans doute exprimé en toute sincérité ce qu’il ressentait personnellement, les pensées que Dieu avait formées en lui. D’autre part, des Israélites pieux peuvent bien avoir chanté ce cantique de tout leur cœur. Et il demeure pour nous, chrétiens, un modèle de ce que nous pouvons désirer quant à notre état pratique.

Contrairement à beaucoup d’autres, ce psaume ne mentionne ni circonstances particulières, ni ennemis, ni souffrances, ni adversité. Il jaillit spontanément d’un cœur qui vit près de Dieu.

Le verset 1 en fournit la clé : « Garde-moi, ô Dieu ! car je me confie en toi ». C’est l’expression de la dépendance et de la confiance Si seulement nous éprouvions le besoin continuel d’être gardés ! — gardés de nos ennemis spirituels, et de nos propres cœurs, qui sont trompeurs. Et si seulement nous savions nous confier entièrement en Dieu pour être gardés !

Dans tout le psaume, à part les versets 2 et 3, c’est le fidèle qui parle à son Dieu. Mais dans ces deux versets, quelqu’un s’adresse au fidèle et rappelle ce qu’Il a dit. Le verset 2 manifeste son humilité, et le verset 3 montre que c’est en ceux qui craignent Dieu qu’Il trouve toutes ses délices. Ce sont « les saints qui sont sur la terre », et Lui-même se nomme « ton saint » au verset 10.

En contraste, le monde étranger à Dieu, « ceux qui courent après un autre », ne sont que brièvement signalés (v. 4). Leurs misères seront multipliées.

Dans ce psaume, le monde extérieur est comme à l’arrière-plan. L’âme jouit de Dieu lui-même : « L’Éternel est la portion de mon héritage et de ma coupe » (v. 5). Ce ne sont pas les dons de Dieu qui, avant tout, remplissent le cœur, mais c’est Dieu lui-même. Il est le trésor suprême.

Malgré tout, on apprécie ce que Dieu a donné, la part qu’il a bien voulu nous accorder sur la terre, et on en est pleinement satisfait : « Les cordeaux sont tombés pour moi en des lieux agréables ; oui, un bel héritage m’est échu » (v 6). L’apôtre Paul écrit à Timothée : « Or la piété avec le contentement est un grand gain » (1 Tim. 6:6) ; et, même prisonnier, il peut dire : « J’ai appris à être content en moi-même dans les circonstances où je me trouve » (Phil 4:11).

Le verset 7 exprime comme un échange : « Je bénirai l’Éternel qui me donne conseil ». La louange s’élève vers Dieu en reconnaissance, et Dieu instruit son bien-aimé. Il est remarquable de trouver cela déjà dans l’Ancien Testament. Dieu ne prononce pas seulement des commandements, mais dans sa grâce, il donne des conseils. La seconde moitié de ce verset 7 — « durant les nuits même, mes reins m’enseignent » — évoque le discernement spirituel, les saines pensées, fruits de la communion habituelle avec le Seigneur.

« Je me suis toujours proposé l’Éternel devant moi » (v. 8) exprime l’habitude de faire intervenir Dieu, de le mettre au premier plan, dans tous nos projets et dans toutes nos circonstances. Cette présence n’est pas un élément gênant, au contraire, mais une source de force, de sécurité, de paix et de joie. « Parce qu’il est à ma droite, je ne serai pas ébranlé. C’est pourquoi mon cœur se réjouit, et mon âme s’égaie » (v. 8 et 9).

Aux versets 10 et 11, la mort est envisagée sans terreur : « Tu n’abandonneras pas mon âme au shéol... Tu me feras connaître le chemin de la vie ; ta face est un rassasiement de joie, il y a des plaisirs à ta droite pour toujours ». Dieu a par-devers lui un chemin de vie au-delà de la mort, et Il y conduira l’homme pieux. Une félicité éternelle sera sa part, dans la présence de Dieu. Pour celui dont l’Éternel aura été la « portion » sur la terre, sa face, contemplée dans la pleine lumière, sera un inépuisable rassasiement de joie.

 

4.2        Application à Christ

En terminant ce tableau, nous pouvons bien demander : Qui a réalisé cela aussi bien que Christ lui-même ? Mais il y a plus.

Dans son discours aux Juifs le jour de la Pentecôte, Pierre cite les versets 8 à 11 de ce psaume, et les applique à Christ (Act. 2:25 et suivants). Il montre — et ce cas est loin d’être unique dans les psaumes — que les paroles de David dépassaient en fait ce qui le concernait personnellement. Étant prophète, il a dit ces choses « de la résurrection du Christ, en la prévoyant » (v. 31). En effet, David dit : « tu ne permettras pas que ton saint voie la corruption » (v. 10), mais lui-même a vu la corruption. Son corps est retourné à la poussière. Christ seul est celui qui n’a pas vu la corruption, ayant été ressuscité le troisième jour après sa mort. C’est de lui que parle le psaume.

En Actes 13:35-37, l’apôtre Paul utilise la même argumentation à l’appui de la résurrection de Christ.

Si l’on regarde soigneusement le psaume 16, on voit plusieurs autres détails qui ne peuvent s’appliquer rigoureusement qu’à Christ. À qui d’autre qu’à lui serait réservée la place d’honneur à la droite de Dieu (v. 11 — Héb. 1:13) ? Ou encore, David pouvait-il dire de façon absolue : « Je me suis toujours proposé l’Éternel devant moi » (v. 8) ? Dans la vie parfaite de Jésus seul, l’obéissance, le dévouement, la dépendance, la confiance, ont été sans faille.

Il y a dans ce psaume une peinture admirable de ce qui a caractérisé Christ tout au long de sa vie d’homme sur la terre. « Garde-moi, ô Dieu » (v. 1) est l’expression de la parfaite dépendance de celui qui, « étant en forme de Dieu », s’était « anéanti lui-même » en devenant un homme. Et sa confiance en Dieu dès le sein de sa mère sera rappelée au psaume 22.

Ce qui est dit au verset 2 : « Tu es le Seigneur, ma bonté ne s’élève pas jusqu’à toi » reporte nos pensées sur celui qui disait : « Pourquoi m’appelles-tu bon ? Nul n’est bon, sinon un seul, Dieu » (Marc 10:18). Cela correspond à la position d’humilité qu’il avait prise.

Selon le verset 3, Jésus a trouvé ses délices en ceux qui craignaient Dieu. Dans son humilité il n’a pas craint de s’identifier à eux, lorsque, au baptême de Jean, ils confessaient leurs péchés. C’étaient alors « les excellents de la terre ».

Le verset 6 évoque son entière acceptation de la volonté de Dieu, tout au long de son service, même lorsqu’il était incompris et rejeté. « Jésus se réjouit en esprit et dit : Je te loue, ô Père... » et « Oui, Père, car c’est ce que tu as trouvé bon devant toi » (Luc 10:21).

Il vaut la peine de relire ce psaume en pensant à Jésus, celui qui pouvait dire : « Ma viande est de faire la volonté de celui qui m’a envoyé, et d’accomplir son œuvre » (Jean 4:34) ; « Je ne fais rien de moi-même, mais... selon que le Père m’a enseigné, je dis ces choses » (8:28) ; « Je fais toujours les choses qui lui plaisent » (8:29).

 

5         Psaume 17

5.1        Présentation du psaume

Ce psaume est dans le même courant de pensées que le précédent : il est aussi l’expression d’un cœur fidèle qui s’adresse à son Dieu. Il est entièrement personnel, à l’exception des versets 7 et 11, où une collectivité d’hommes pieux est envisagée. La pensée introductive du psaume 16, « Garde-moi », se retrouve ici aux versets 5 et 8. L’Éternel est aussi la portion du fidèle, le trésor de son cœur, puisque, par contraste, il peut parler des « hommes de ce monde, qui ont leur portion dans cette vie » (v. 14). Le dernier verset, quoique peut-être sous une forme un peu plus voilée, reprend le thème du dernier verset du psaume précédent : voir la face de Dieu, dans la gloire, et être rassasié de son image.

Mais le psaume 17 contient des éléments qui ne se trouvaient pas du tout dans le psaume 16. C’est d’abord le cri vers Dieu (v. 1), l’appel au secours (v. 6, 7, 8, 13, 14). Le fidèle est entouré par des adversaires (v. 7), des méchants, des ennemis prêts à l’engloutir (v. 9-14). Et au milieu de « ces méchants » se profile un « méchant » particulier, dans les versets 12 et 13.

Un autre élément très caractéristique est ce qu’on pourrait appeler une déclaration d’intégrité. (Pour ce dernier mot, voir Ps. 26:1 et 11, par exemple). Le psalmiste a une conscience parfaitement pure devant Dieu (v. 3). Son état est celui de la justice pratique, sa bouche dit la vérité, et c’est ce qui lui donne de l’assurance pour demander à Dieu de l’écouter. Conscient d’avoir marché dans la droiture, il peut implorer Dieu pour qu’il lui fasse droit (v. 2). Et il reconnaît humblement que c’est grâce à la garde divine qu’il n’a pas suivi les voies des hommes de ce monde et a marché dans le sentier de Dieu (v. 4 et 5).

 

5.2        Application à David

À n’en pas douter, ce sont les circonstances par lesquelles a passé David qui, historiquement, sont à l’origine de cette prière. Les ardents ennemis qui l’entourent et qui sont prêts à s’élancer sur lui peuvent bien être Saül et ses troupes.

David sait qu’il n’y a pas d’iniquité en lui, qu’il souffre injustement, qu’il n’a rien fait qui motive la haine et la cruauté dont il est victime. Ce qu’il dit à ce sujet à Jonathan ou à Saül lui-même (1 Sam. 20:8 ; 24:12 ; 26:18), il le dit ici à Dieu dans sa prière (v. 1-3). Mais il s’est « gardé des voies de l’homme violent » (v. 4), il n’a pas voulu rendre le mal pour le mal, alors même qu’il en aurait eu l’occasion. C’est à l’Éternel qu’il s’attend pour le protéger (v. 8), mais aussi pour lui faire droit et le venger (v. 2 et 13 — 1 Sam. 24:16 et 13). Sa confiance en Dieu demeure ferme (v. 6, 7).

Dans les versets 7 et 11, on voit la petite troupe de ceux qui s’étaient attachés à David et partageaient ses souffrances (ils nous environnent).

 

5.3        Application à Christ

S’il y a eu sur la terre un juste qui a souffert de la part des méchants, c’est bien Christ. De sorte que l’ensemble de ce psaume nous parle prophétiquement de lui. On peut même dire qu’il s’applique encore davantage à Jésus qu’à David. Ce dernier avait bonne conscience et pouvait parler de sa « justice », mais qu’est-ce que la justice de l’homme aux yeux de Dieu ? Ce n’est qu’une justice relative. Seule celle de Christ a été parfaite. Lui seul a pu dire à Dieu en vérité : « Tu as sondé mon cœur, tu m’as visité de nuit ; tu m’as éprouvé au creuset, tu n’as rien trouvé ; ma pensée ne va pas au-delà de ma parole » (v. 3). Parlant de Celui qui l’avait envoyé, il dit dans l’Évangile de Jean : « il ne m’a pas laissé seul, parce que moi, je fais toujours les choses qui lui plaisent » (8:29).

La deuxième moitié du psaume nous montre le Seigneur entouré d’ardents ennemis qui l’épient, semblables « au lion avide de déchirer, et comme le lionceau qui se tient dans les lieux cachés ». C’est bien ce que les Évangiles nous rapportent. Combien de fois voyons-nous les pharisiens et les chefs des Juifs à l’affût pour surprendre Jésus dans ses paroles, ou pour se saisir de lui et le faire mourir !

Mais l’homme humble et débonnaire, « lorsqu’on l’outrageait, ne rendait pas d’outrage, quand il souffrait, ne menaçait pas, mais se remettait à celui qui juge justement » (1 Pierre 2:23). En vérité, il s’est « gardé des voies de l’homme violent » (v. 4) et s’est attendu à Dieu pour être protégé.

Le psaume n’envisage pas l’heure du « pouvoir des ténèbres » (Luc 22:53), où il a été effectivement permis aux méchants de prendre Jésus et de le crucifier. Mais le verset 15 évoque la résurrection, tout comme le dernier verset du psaume 16. « Je verrai ta face en justice ». À celui qui sur la terre a été « le juste », et y a souffert injustement, le Dieu juste répondra par un acte de justice en l’élevant à sa droite.

 

5.4        Application au chrétien

Dans quelle mesure le chrétien peut-il faire sienne la prière du psaume 17 ?

Il est certain que les expressions de confiance et de dépendance qu’on y trouve sont à leur place dans tous les temps. Mais le chrétien, éclairé par la pleine lumière du Nouveau Testament, ne saurait sans présomption affirmer sa justice pratique et dire à Dieu que, l’ayant éprouvé au creuset, il ne trouve en lui rien à reprendre. La révélation de la parfaite grâce de Dieu qui répond à toutes nos faiblesses s’allie à l’enseignement humiliant du caractère corrompu et incorrigible de notre vieille nature. « Je n’ai rien sur ma conscience, dit Paul, mais par là je ne suis pas justifié » (1 Cor. 4:4). Et il attend le temps où le Seigneur « mettra en lumière les choses cachées des ténèbres, et... manifestera les conseils des cœurs » (4:5). Mais cette défiance de lui-même n’empêche pas l’apôtre de s’exercer « à avoir toujours une conscience sans reproche devant Dieu et devant les hommes » (Actes 24:16). L’apôtre Jean nous montre que cette bonne conscience est nécessaire pour nous donner « de l’assurance envers Dieu » lorsque nous nous approchons de lui dans la prière (1 Jean 3:21, 22).

Donc, si la déclaration d’intégrité — comme nous l’avons appelée — pouvait être à sa place à l’époque de l’Ancien Testament, lorsque la pleine lumière n’avait pas été faite sur le vrai caractère de l’homme, et si elle était parfaitement à sa place dans la bouche du second homme, elle n’est guère concevable dans la bouche du chrétien. En revanche, l’intégrité elle-même, la droiture de cœur, une conscience purifiée par le sang de Jésus et par la confession de nos fautes, sont les caractères nécessaires du chrétien.

N’est-ce pas pour souligner cette nécessité d’un cœur pur, et tout particulièrement lorsqu’on s’adresse à Dieu, que le Seigneur invite ceux qui prient en disant « remets-nous nos péchés » à ajouter « car nous-mêmes aussi nous remettons à tous ceux qui nous doivent » (Luc 11:4) ?

Au verset 4, le fidèle reconnaît l’importance de la parole de Dieu pour être gardé d’imiter les manières d’agir des hommes de ce monde. Dans tous les temps, les fidèles ont à faire contraste avec les « hommes de ce monde, qui ont leur portion dans cette vie » (v. 14). Jésus a dit à ses disciples : « quiconque voudra sauver sa vie la perdra ; et quiconque perdra sa vie pour l’amour de moi, la trouvera » (Matt. 16:25).

Arrêtons-nous encore sur le verset 5 : « Quand tu soutiens mes pas dans tes sentiers, mes pieds ne chancellent point ». Nous éprouvons souvent — du moins, espérons-le — le besoin de demander à Dieu de nous soutenir, afin que nous ne fassions pas de faux-pas. Mais dans quel chemin devons-nous être pour pouvoir faire une telle demande ? Pas dans notre propre chemin, dans un chemin de propre volonté ! Mais dans le sentier de Dieu, dans le sentier où il nous veut !

 

5.5        Application prophétique à Israël

Comme beaucoup d’autres psaumes, celui-ci fournit une description de la situation du résidu fidèle d’Israël au temps de la fin, avant l’établissement du règne millénaire. Il est persécuté par la nation apostate (les méchants, v. 9) et l’antichrist (le méchant, v. 13). Implorant la protection miséricordieuse de Dieu, il peut à juste titre faire appel à son intervention en sa faveur, l’épée du jugement étant ce qui doit amener sa délivrance (v. 13).

 

6         Psaume 18

Ce psaume reproduit, à quelques détails de texte près, le chapitre 22 de 2 Samuel, à la fin de l’histoire du roi David.

 

6.1        Application à David et à Israël

La suscription du psaume montre clairement le cadre dans lequel il a été écrit. David a connu la détresse. Pressé par ses ennemis, il a été très près de la mort. Mais il a crié à son Dieu et a été secouru (v. 4-6).

Dans les versets 7 à 18, les termes employés pour décrire l’intervention divine évoquent la délivrance d’Israël hors d’Égypte. Le langage poétique permet ainsi d’assimiler la délivrance du peuple et celle de son roi, de manière à mettre dans leur bouche une louange commune.

Du verset 19 au verset 26, David rappelle sa justice pratique, sa fidélité à garder la parole de Dieu. Selon son juste gouvernement, Dieu l’a récompensé selon sa justice (v. 20, 24). Ainsi, la délivrance qui lui a été accordée est un témoignage de l’approbation de Dieu : « Il me délivra, parce qu’il prenait son plaisir en moi » (v. 19). Cette pensée — qui peut nous étonner, nous chrétiens, parce que nous n’avons jamais à nous prévaloir de nos mérites — était tout à fait à sa place pour un peuple sous la loi, dans lequel Dieu exerçait un gouvernement direct (à ce sujet, voir par exemple Lév. 26:3-8 ; Deut. 28:1-7).

Aux versets 27 et 30, David n’est plus seul : Dieu sauvera le peuple affligé et sera un bouclier à tous ceux qui se confient en lui. Ils bénéficient de la délivrance que Dieu accorde à leur roi (cf. 20:5).

La fin du psaume, particulièrement depuis le verset 37, évoque la stabilité que Dieu a donnée au règne de David, et sa suprématie sur les nations environnantes. C’est ce qui nous est rapporté historiquement en 2 Samuel 8 et 10:15-19. Ces choses appartenaient au cadre d’un peuple terrestre que Dieu avait établi comme une puissance sur la terre, mais cela ne répond évidemment en rien au caractère du christianisme.

Bien souvent dans les psaumes, la conclusion ou le résumé se trouve dans les premiers versets. C’est le cas ici. « Je t’aimerai, ô Éternel, ma force ! » Quelle belle conclusion ! C’est l’élan du cœur vers Dieu lorsque toute son œuvre se déploie devant les yeux. Et si le psaume est en général au passé, ces versets introductifs sont au présent et au futur. Dieu est celui qui délivre et qui délivrera.

 

6.2        Application à Christ

On peut faire ici la même remarque que pour les deux psaumes précédents : plusieurs versets s’appliquent de façon plus exacte à Christ qu’à David, bien que celui-ci ait exprimé cela pour lui-même.

L’homme parfait des versets 23 et 25, c’est Jésus. En lui seul véritablement, Dieu a trouvé son plaisir (v. 19). Lui seul peut en vérité parler de sa justice et de la pureté de ses mains (v. 20 et 24). Mais, pensée très importante, Dieu l’a récompensé selon ce que méritait sa perfection : « Avec l’homme parfait, tu te montres parfait ; avec celui qui est pur, tu te montres pur ; et avec le pervers, tu es roide » (v. 25, 26). Telles sont les voies d’un Dieu juste. Ce principe, disons-le en passant, rend d’autant plus poignant le « Pourquoi ? » du premier verset du psaume 22.

« Il me délivra, parce qu’il prenait son plaisir en moi » (v. 19). De quoi Jésus a-t-il été délivré ? « Les cordeaux de la mort » (v. 4) l’ont environné d’une manière bien plus réelle que David. Mais, dit-il, « dans ma détresse j’ai invoqué l’Éternel, et j’ai crié à mon Dieu : de son temple, il a entendu ma voix, et mon cri est parvenu devant lui à ses oreilles » (v. 6). « Durant les jours de sa chair », notre Sauveur a « offert, avec de grands cris et avec larmes, des prières et des supplications à celui qui pouvait le sauver de la mort », et il a « été exaucé à cause de sa piété » (Héb. 5:7).

« Tu m’as établi chef des nations » (v. 43), « Dieu... m’a assujetti les peuples » (v. 47) sont des expressions qui nous mènent plus loin. Elles portent nos pensées sur la gloire millénaire de Christ. On peut remarquer que, dans toute leur force, elles ne peuvent s’appliquer qu’à lui. La suprématie d’Israël sur les autres nations, après les victoires de David, était limitée aux pays environnants. Celle de Christ sera universelle, ainsi que les prophètes en témoignent. Nous avons déjà rencontré cette pensée au psaume 2.

Quant à ses ennemis, le psalmiste dit qu’il les a poursuivis, atteints, consumés, transpercés, brisés menu comme la poussière, foulés aux pieds comme la boue des rues (v. 37-42 ; cf. 2 Sam. 22:43). C’est ainsi que seront jugés ceux qui n’auront pas profité du jour de la grâce. On reconnaît ici le caractère dans lequel Jésus apparaît en Apocalypse 19:11-16.

Mais la louange adressée à Dieu par « son oint », dans ce psaume, a encore une autre portée que la délivrance de la mort. Elle est aussi en rapport avec le fait que Dieu l’a ceint de force pour le combat (v. 32, 34, 39), qu’il a courbé sous lui tous ses adversaires (v. 39, 40), qu’il l’a délivré de ses ennemis et de l’homme violent (v. 48). Ceci nous fait voir le Messie identifié à son peuple. Le résidu pieux d’Israël, persécuté au-delà de toute expression pendant la grande tribulation, sera délivré par l’action guerrière de son Messie. Dans les événements qui précèdent cette délivrance, le Messie s’identifie aux siens dans leurs détresses, selon Ésaïe 63:9 : « Dans toutes leurs détresses, il a été en détresse ». C’est d’une même voix qu’ils supplient Dieu d’intervenir. Puis, dans la victoire de leur Roi se trouve leur victoire ; de sorte que leur délivrance est considérée comme sa délivrance, et pour celle-ci, il loue l’Éternel avec son peuple.

 

7         Psaume 20

Ce psaume commence d’une manière un peu mystérieuse. On y entend la voix des fidèles s’adressant à une personne qui n’est pas nommée : « Que l’Éternel te réponde au jour de la détresse ! » (v. 1). Ils expriment le vœu que Dieu intervienne en sa faveur. Mais quelle est la personne à qui ils s’adressent ainsi ? Le verset 5, « Nous triompherons dans ton salut », suggère déjà la réponse. En effet, ceux qui parlent sont intéressés à la délivrance qu’ils appellent, parce qu’ils y trouveront la leur. La clef du psaume se trouve au verset 6 : « Maintenant je sais que l’Éternel sauve son oint ».

Son oint, dans le sens premier du psaume, c’est David. Le roi et son peuple sont liés. Lorsque « l’Éternel sauvait David partout où il allait » (2 Sam. 8:6, 14), c’est bien tout son peuple qui bénéficiait de la délivrance. On comprend parfaitement le souhait exprimé ici.

Dans le sens prophétique, l’oint, c’est le Messie. Nous retrouvons ici l’association entre le résidu d’Israël et son Messie, que nous avons déjà remarquée dans le psaume 18. Ce cri vers Dieu du verset 1 s’élèvera lorsque les fidèles d’Israël connaîtront la détresse. Leur confiance en l’Éternel, fermement exprimée au verset 7, est fondée sur leur certitude de leur relation avec Christ, et même sur la valeur de son œuvre. C’est ce qu’évoque le verset 3 : « Qu’il se souvienne de toutes tes offrandes, et qu’il accepte ton holocauste ! »

Au verset 9, les choses changent. Si le peuple demande à l’Éternel la délivrance, c’est du roi qu’il attend la réponse à son cri. Ce roi qui, en fait, est un avec l’Éternel.

 

8         Psaume 21

8.1        Présentation du psaume

Ce psaume, composé par David, mais fait pour être chanté par les fidèles de son peuple, est sans doute issu des circonstances personnelles du roi. Objet de la haine et des mauvais desseins de ses ennemis, en danger quant à sa vie, il a fait appel au secours de Dieu et a été exaucé. C’est un motif de louange pour le peuple. Mais les ennemis du roi seront jugés sans miséricorde. Lui-même exécutera ce jugement.

Ce psaume constitue la suite immédiate du précédent. Là, les fidèles demandaient le salut de l’Oint de l’Éternel ; ici, nous les entendons célébrer le salut que Dieu lui a accordé.

Dans la première moitié du psaume, ils s’adressent à l’Éternel. Ils le louent pour ce qu’il a accompli en faveur de son roi. Celui-ci se réjouira dans le salut que l’Éternel lui a accordé. Il a répondu à sa requête et lui a donné le désir de son cœur (v. 2). Il avait demandé la vie, et l’Éternel la lui a donnée, c’est-à-dire qu’il l’a fait échapper à la mort (v. 4). Il l’a entouré de bénédictions qui rejailliront pour d’autres, à toujours (v. 3 et 6). Il l’a couronné de gloire (v. 3 et 5) et l’a rempli de joie (v. 1 et 6).

Dans la deuxième moitié du psaume, le peuple s’adresse au roi lui-même. Il annonce qu’il exécutera le jugement sur ses ennemis, « au temps de sa présence » (v. 9), un jugement qui les détruira de dessus la terre (v. 10). Ce jugement est motivé par leur méchanceté à l’égard du roi, mais leurs mauvais desseins n’ont pas abouti (v. 11).

 

8.2        Application à Christ

Il est hors de doute que ce psaume puisse être appliqué à Christ. David a expérimenté le verset 4 dans le sens que Dieu l’a fait échapper à la mort dont ses ennemis le menaçaient, mais Christ l’a réalisé — et d’une façon combien plus glorieuse — dans sa résurrection. « Dieu l’a ressuscité d’entre les morts et lui a donné la gloire » (1 Pierre 1:21). Il vit « selon la puissance d’une vie impérissable » (Héb. 7:16) — voilà « une longueur de jours pour toujours et à perpétuité ! » (v. 4).

« Tu as mis sur sa tête une couronne d’or fin » (v. 3). « Sa gloire est grande dans ta délivrance » (v. 5). Ces deux versets nous font penser à ce que nous trouvons dans le Nouveau Testament : « Nous voyons Jésus, qui a été fait un peu moindre que les anges à cause de la passion de la mort, couronné de gloire et d’honneur » (Héb. 2:9).

Comme dans le psaume 18, la délivrance du roi ne se limite pas au fait qu’il a été sauvé de la mort, mais comprend la victoire sur l’ensemble de ses ennemis — qui seront aussi ceux de son peuple — et l’établissement de son glorieux règne millénaire.

La deuxième moitié du psaume nous présente, non le Jésus des Évangiles, mais celui de l’Apocalypse, — non l’homme « débonnaire et humble de cœur », mais Celui de la bouche duquel sort « une épée aiguë à deux tranchants », « afin qu’il en frappe les nations » (Apoc. 19:1-16). Bientôt Jésus revendiquera ses droits souverains, si longtemps foulés aux pieds par les hommes. Malheur à ceux qui n’auront pas profité de sa grâce pendant qu’elle était offerte !

Soulignons encore, dans la première moitié du psaume, la louange adressée à Dieu par les rachetés en raison de ce qu’il a fait pour Christ. On retrouve cela, d’une manière remarquable, au psaume suivant (v. 23 et 24).

 

9         Psaume 22

Nous nous bornerons à esquisser les grandes lignes de ce psaume extraordinaire (*).

 

(*) Pour une étude plus complète, on peut vivement recommander la brochure : C’est accompli, Pensées sur le psaume 22, disponible chez l’Éditeur.

 

Le cri par lequel il s’ouvre : « Mon Dieu ! mon Dieu ! pourquoi m’as-tu abandonné... ? » (v. 1), c’est celui que le Seigneur Jésus a poussé « d’une forte voix » depuis la croix, à la fin des trois heures de ténèbres (Matt. 27:45, 46). Ceci fixe d’emblée nos pensées sur Lui. Et lorsque nous lisons le psaume en pensant à Lui, nous découvrons de nombreux traits qui décrivent de façon saisissante la scène de la croix : le Crucifié et ceux qui l’entourent.

David peut bien avoir écrit cela à l’occasion de circonstances personnelles, dans un moment de détresse où il avait l’impression d’être abandonné de Dieu. Mais plus encore que dans les psaumes précédents, ce qu’il dit ici est infiniment plus vrai de Christ que de lui. C’est en fait la seule application juste du psaume.

Les Évangiles nous présentent les faits extérieurs de la crucifixion, les choses que les yeux et les oreilles de tous pouvaient percevoir. Mais ce psaume — comme d’autres, d’ailleurs — évoque ce qui s’est passé dans l’âme de notre Sauveur. L’exposé de cela dans les Évangiles, s’il s’y était trouvé, aurait permis à ses ennemis de tous les temps de fouler aux pieds un secret réservé à ses rachetés. Seuls ceux-ci, lisant les paroles prophétiques et y ajoutant foi, discernent qu’elles leur présentent leur Sauveur. Ils entrent en quelque mesure, si leur cœur n’est pas endurci, dans la compréhension de ses souffrances. Et c’est cela qui nourrit leur adoration.

« Ils ont percé mes mains et mes pieds » (v. 16). C’est la crucifixion, avec les douleurs indicibles qu’elle comporte (v. 14). À cela s’ajoute une soif ardente : « Ma vigueur est desséchée comme un têt, et ma langue est attachée à mon palais » (v. 15).

Autour de la croix, toute l’humanité est représentée, des plus puissants aux plus vils (v. 12 et 16), dans leur mépris et dans leur haine. Ils contemplent sans pudeur celui qu’ils ont exposé à la honte, l’ayant dépouillé de ses vêtements (v. 17, 18).

Jésus ressent tous ces outrages avec une sensibilité parfaite, et il en parle à son Dieu. « Ne te tiens pas loin de moi, car la détresse est proche, car il n’y a personne qui secoure » (v. 11). « Et toi, Éternel ! ne te tiens pas loin ; ma Force ! hâte-toi de me secourir » (v. 19). Mais Dieu ne lui apporte ni soulagement ni réconfort. C’est l’heure de l’abandon. Dieu se tient loin de lui (v. 1, 2).

Pourquoi ?

Tous ceux qui, à travers les âges, se sont confiés en Dieu et ont crié vers lui, ont été secourus (v. 4, 5). Pourquoi Jésus n’est-il pas délivré ? Au psaume 18, nous avons lu : « Il me délivra, parce qu’il prenait son plaisir en moi » (v. 19). «Et l’Éternel m’a rendu selon ma justice, selon la pureté de mes mains devant ses yeux » (v. 24). Dans son juste gouvernement, Dieu rend à l’homme selon son œuvre. Pourquoi ne répond-il pas et n’intervient-il pas en faveur de Jésus ?

Au verset 3, notre psaume indique en quelques mots la réponse : « Et toi, tu es saint, toi qui habites au milieu des louanges d’Israël ». Ce que le psaume ne dit pas, mais qui est sous-entendu, et qui nous donne la clé du profond mystère présenté ici, est révélé ailleurs dans l’Écriture. Nous le trouvons déjà, prophétiquement, dans l’Ancien Testament : « Il a été blessé pour nos transgressions, il a été meurtri pour nos iniquités » ; « il aura livré son âme à la mort,… il aura été compté parmi les transgresseurs,... il a porté le péché de plusieurs » (És. 53:5, 12). Le Nouveau Testament précise : « lui-même a porté nos péchés en son corps sur le bois » (1 Pierre 2:24) ; « Celui qui n’a pas connu le péché, [Dieu] l’a fait péché pour nous » (2 Cor. 5:21).

Jésus est abandonné parce qu’il prend notre place sous le jugement du Dieu saint. Il expie nos péchés. Il est bien remarquable de l’entendre dire au milieu de cette scène : « tu m’as mis dans la poussière de la mort » (v. 15). C’est de la part de Dieu qu’il reçoit tout ce qu’il subit.

Et pourtant, sa confiance en Dieu demeure inébranlable. Il s’est confié en Dieu dès sa naissance (v. 9, 10), et maintenant que Dieu l’abandonne, il continue à se confier en lui. Ses ennemis, au milieu de leurs moqueries, sont forcés de le reconnaître (v. 8 — cf. Matt. 27:43).

Dans les versets 21 et 22, tout change. Son appel au secours reçoit l’assurance d’une réponse. Dans les Évangiles, les trois heures de ténèbres se terminent, et après celles-ci, nous entendons de nouveau le Seigneur s’adresser à Dieu en lui disant « Père » (Luc 23:46). L’abandon a pris fin. En pleine paix, il remet son esprit. Il entre dans la mort afin que soit rendue complète l’œuvre pour laquelle il était venu, et afin de sortir victorieux de la mort.

Le verset 22 : « J’annoncerai ton nom à mes frères, je te louerai au milieu de la congrégation » est cité en Hébreux 2:12, et ce dernier passage nous dit que le Sauveur n’a pas honte d’appeler frères ceux qui sont sanctifiés, ceux que Dieu reconnaît comme des fils amenés à la gloire (v 10, 11), ceux qui actuellement constituent l’assemblée chrétienne. Mais le psaume, aussi bien que sa citation en Hébreux 2, nous enseigne quant à la louange. Tout d’abord, c’est le Sauveur lui-même qui chante les louanges de Dieu ; il le loue à cause de sa délivrance, ainsi que nous l’avons déjà vu au psaume 18. Mais il chante ces louanges « au milieu de l’assemblée ». Il s’associe ceux dont le salut découle du sien.

Ensuite les rachetés sont invités à louer Dieu et à le glorifier. Pour quelle raison ? À cause de leur salut ? Ce n’est pas la chose mentionnée ici, bien que cela soit vrai aussi. « Louez-le... glorifiez-le... car il n’a pas méprisé ni rejeté l’affliction de l’affligé, et n’a point caché sa face de lui ; mais, quand il a crié vers lui, il l’a écouté » (v. 23, 24). Louer Dieu pour la délivrance accordée à Christ, et non seulement pour notre propre délivrance — peut-être est-ce un aspect de notre culte auquel nous devrions être plus attentifs ! Nous sommes si enclins à tout rapporter à nous-mêmes !

La fin du psaume, sur laquelle nous ne nous étendons pas, évoque les sphères successives dans lesquelles les résultats de l’œuvre de Jésus sont goûtés et célébrés : dans l’Israël restauré, et parmi toutes les nations participant à la bénédiction millénaire.

Le psaume 22 a encore un trait distinctif qu’il nous faut remarquer. Contrairement à la plupart des psaumes qui nous parlent prophétiquement des souffrances de Christ, celui-ci ne contient pas le moindre appel au jugement de Dieu contre les hommes qui ont déployé leur méchanceté et leur cruauté contre le Juste. La raison en est simple et profonde. Nous avons ici le psaume de l’expiation. Les hommes entourent la croix et font souffrir le Christ, c’est vrai, mais ils ne sont qu’au second plan. La souffrance suprême endurée par notre Seigneur est celle de l’abandon. Il porte le péché devant le Dieu saint, et subit de sa part tout ce qui est dû au péché. Le résultat, c’est que la base est posée pour qu’un Dieu juste puisse recevoir le pécheur et lui pardonner entièrement. D’autres psaumes, et d’une manière particulière le précédent peuvent parler du jugement divin réservé à ceux qui ont condamné le Juste et l’ont cloué à la croix. Mais le psaume qui, plus que tout autre, nous montre l’expiation, ne pouvait en parler.

 

10    Psaume 23

C’est probablement le plus connu des psaumes. Il n’a guère besoin d’être expliqué, il doit plutôt être savouré. La relation d’intimité et de confiance qu’il exprime, la joie paisible qui s’en dégage, le rendent particulièrement précieux au cœur du croyant.

 

10.1   Le Berger du berger

David, jeune berger, prenait soin de son troupeau. À l’heure du danger il n’hésitait pas à exposer sa vie pour délivrer un mouton de la gueule d’un lion ou d’un ours (cf. 1 Sam. 17:34, 35). Et c’est probablement alors qu’il garde son troupeau qu’il compose ce psaume. Il réalise que lui-même est l’objet des soins de Dieu, comme ses brebis le sont des soins qu’il a pour elles. Ses brebis ont besoin d’être gardées, conduites, protégées, abreuvées, nourries. Il a les mêmes besoins, et l’Éternel, qui est son berger, fait tout cela pour lui.

On peut remarquer que la plupart des verbes du psaume sont au présent. David exprime par là ce que Dieu est ou fait pour lui aujourd’hui, chaque jour. Il y a aussi quatre verbes au futur. Ils expriment la sérénité de la foi qui compte entièrement sur Dieu pour l’avenir. Au verset 4, on trouve un conditionnel et un futur : « Même quand je marcherais par la vallée de l’ombre de la mort, je ne craindrai aucun mal ; car tu es avec moi ». Le croyant sait bien que son chemin peut avoir des étapes difficiles, douloureuses, mais il les envisage paisiblement. Et la suprême ressource pour les franchir, elle, n’est pas exprimée au futur mais au présent : « car tu es avec moi ». C’est un éternel présent, si l’on ose dire ainsi. Cette courte phrase est le centre du psaume.

Le dernier verset contient deux verbes au futur, mais ne comporte plus de conditionnel. Pour le chemin qui reste à parcourir sur la terre, la bonté et la grâce de Dieu seront les ressources pleinement suffisantes. Et le chemin se terminera « dans la maison de l’Éternel ». Il est remarquable de lire cela dans l’Ancien Testament. Il a été révélé à David, bien que ce ne soit pas avec la précision du Nouveau Testament, que l’aboutissement de cette vie de communion avec Dieu, c’est « l’habitation » dans la maison de l’Éternel. Et ce sera « pour de longs jours ». Même si l’expression est moins forte que « pour l’éternité », c’est bien la pensée qu’elle traduit.

 

10.2   Jésus, la brebis parfaite

Lorsque nous lisons le psaume 23, nous nous identifions naturellement à l’auteur, David, qui se signale dans chaque verset par l’un des mots : je, me, moi, etc. Et nous lisons ce texte comme une merveilleuse description de ce que Dieu — ou le Seigneur Jésus — est pour nous.

Mais nous pouvons aussi lire ce psaume en portant notre attention sur la brebis. Et si nous le faisons, nous nous apercevons qu’il nous est difficile de parler comme elle en toute vérité Nous sommes souvent inquiets ou indociles, peu disposés à nous laisser conduire ; nous ne goûtons pas toujours les « eaux paisibles » et les « verts pâturages » que notre Berger met devant nous. Il nous arrive de nous plaindre et de penser que nous « manquons » de beaucoup de choses. Ne devons-nous pas reconnaître — comme le résidu juif le fera plus tard — que « nous avons tous été errants comme des brebis, nous nous sommes tournés chacun vers son propre chemin » (És. 53:6) ?

Qui, sinon Jésus lui-même, a pu réaliser en perfection la confiance et la dépendance envers Dieu qui sont décrites dans ce psaume ? Nous avons remarqué que le psaume 16 nous présente ces caractères de l’homme parfait, mais le psaume 23 ne le fait pas moins.

Le Seigneur Jésus a été parfaitement soumis à son Dieu. Les Évangiles nous le montrent levé longtemps avant le jour, retiré du monde pour prier à l’écart (Marc 1:35 ; Luc 6:12). Il est là, dans la communion avec son Père, recevant tout de lui. Et dans sa journée de service, il ne fera que ce que le Père lui a dit de faire, il ne dira que ce que le Père lui a dit de dire (Jean 5:19, 30 ; 8:28 ; 12:49 ; 14:10). Il a ses eaux paisibles et ses verts pâturages : « Moi, j’ai de la viande à manger que vous, vous ne connaissez pas... Ma viande est de faire la volonté de celui qui m’a envoyé, et d’accomplir son œuvre » (Jean 4:32, 34). Et dans quels « sentiers de justice » ses pieds n’ont-ils pas été conduits, lui qui a souffert de la part des hommes à cause de sa justice !

Le psaume 22 nous a appris qu’il a dû toutefois, à l’heure de la croix, dépasser l’expérience du fidèle au verset 4 du psaume 23. La vallée de l’ombre de la mort a été pour lui un sujet d’effroi. « Maintenant mon âme est troublée ; et que dirai-je ? Père, délivre-moi de cette heure ; mais c’est pour cela que je suis venu à cette heure. Père, glorifie ton nom » (Jean 12:27, 28). Pour que nous, nous puissions dire en vérité : « tu es avec moi », lui a dû être abandonné. Cher Sauveur !

Néanmoins, son œuvre étant achevée, nous le voyons déjà maintenant « dans la maison de l’Éternel », dans la maison de son Père, où Il est allé nous préparer une place, et d’où Il reviendra bientôt (Jean 14:2, 3).

 

10.3   Jésus, le bon Berger

Le chrétien qui lit le psaume 23 identifie l’Éternel à Jésus, celui qui a dit par deux fois en Jean 10 : « Moi, je suis le bon berger » (v. 11, 14). Et c’est de sa part qu’il reçoit tous les soins que le psaume décrit.

Dès le début de son ministère ici-bas, le Seigneur avait été ému de compassion envers les foules, « parce qu’ils étaient las et dispersés, comme des brebis qui n’ont pas de berger » (Matt. 9:36). Israël avait en effet été victime de mauvais bergers, de conducteurs qui l’avaient fourvoyé. Ce sont les chefs religieux — sacrificateurs, anciens, scribes, pharisiens — dont nous avons le triste tableau dans les Évangiles.

En Ézéchiel 34, Dieu fait le procès de ces « pasteurs d’Israël, qui se paissent eux-mêmes » au lieu de « paître le troupeau ». Il leur fait ce reproche : « Vous n’avez pas fortifié les brebis faibles, et vous n’avez pas guéri celle qui était malade, et vous n’avez pas bandé celle qui était blessée, et vous n’avez pas ramené celle qui était égarée, et vous n’avez pas cherché celle qui était perdue ; mais vous les avez gouvernées avec dureté et rigueur » (v. 4). Alors l’Éternel annonce qu’il va lui-même prendre soin de ses brebis (v. 11), « Moi-même je paîtrai mes brebis, et moi je les ferai reposer, dit le Seigneur. l’Éternel. La perdue, je la chercherai, et l’égarée, je la ramènerai, et la blessée, je la banderai, et la malade, je la fortifierai » (v. 15, 16). Mais tout en déclarant qu’il va prendre lui-même en main ce travail de bon berger, l’Éternel annonce : « Et je susciterai sur eux un pasteur qui les paîtra, mon serviteur David : lui les paîtra, et lui sera leur pasteur » (v. 23). Que ces révélations sont remarquables ! D’abord en ce qu’elles nous montrent le cœur de Dieu, et ensuite en ce qu’elles unissent dans une action commune l’Éternel et le Messie. « Je paîtrai mes brebis » et « lui les paîtra » ne sont pas deux choses différentes ! « Moi et le Père, nous sommes un », a pu dire le Seigneur Jésus (Jean 10:30).

Nous avons en Jean 10 l’accomplissement — ou un premier accomplissement — d’Ézéchiel 34. (Tout ce qui, dans ce chapitre, concerne le rassemblement d’Israël d’entre les peuples et son établissement en paix dans sa terre ne sera pleinement accompli que dans le millénium). En contraste avec les mauvais bergers juifs, qui ont chassé dehors l’aveugle-né que Jésus vient de guérir (chap. 9), le Seigneur se présente : « Moi, je suis le bon berger ».

Au début de Jean 10, il est question d’une bergerie hors de laquelle le berger va mener les brebis. Cette enceinte murée, c’est le système du judaïsme. Jésus va en faire sortir les siens, pour les mettre au large. Le troupeau ne va plus être maintenu ensemble par une clôture extérieure, mais par un centre d’attraction : le bon berger qui appelle et conduit ses brebis.

Au verset 16, le Seigneur dit : « Et j’ai d’autres brebis qui ne sont pas de cette bergerie ; il faut que je les amène, elles aussi ; ... et il y aura un seul troupeau, un seul berger ». Ces autres brebis, qui ne sont pas de la bergerie juive, ce sont les croyants d’entre les nations, qui vont être joints aux croyants juifs pour constituer une unité nouvelle en dehors du judaïsme : l’assemblée chrétienne.

« Le bon berger met sa vie pour les brebis » (v 11). C’est la marque la plus forte de son amour pour elles. Il devra non seulement exposer sa vie, comme l’avait fait David (1 Sam. 17), mais il devra la laisser. Il la laissera et la reprendra (v. 17), et sur base de l’œuvre glorieuse qu’Il va accomplir, sur la base de sa mort et de sa résurrection, Il rendra les siens participants de sa vie : « Moi, je leur donne la vie éternelle, et elles ne périront jamais » (v. 28). « Moi, je suis venu afin qu’elles aient la vie, et qu’elles l’aient en abondance » (v. 10) Il ne s’agit pas seulement d’échapper à la mort, ou à la mort éternelle, mais de posséder dès maintenant la vie de Jésus. Sécurité absolue pour ceux qui l’ont reçue ! « Personne ne les ravira de ma main » et « personne ne peut les ravir de la main de mon Père » (v. 28, 29).

Deux fois dans ce chapitre 10 de Jean, le bon Berger dit qu’il connaît les siens (v. 14, 27). Il les connaît personnellement, de sorte qu’« il appelle ses propres brebis par leur nom » (v. 3). Il connaît tout ce qui les concerne, toutes leurs circonstances, tous leurs besoins, toutes leurs faiblesses. Et il prend soin d’elles.

 

10.4   Les brebis du bon Berger

Dès qu’il a dit « Je connais les miens », le bon Berger ajoute : « et je suis connu des miens ». Et le modèle de cette intimité réciproque, c’est : « comme le Père me connaît et moi je connais le Père » (Jean 10:15). Bien sûr nous sommes limités, et toujours caractérisés par la faiblesse, mais nous sommes introduits dans une relation avec le Seigneur dans laquelle nous pouvons croître sans limite dans sa connaissance. Le progrès dans la vie chrétienne, c’est le progrès dans la connaissance du Seigneur Jésus. Lui-même désire cette croissance et « il nous a donné une intelligence afin que nous connaissions le Véritable » (1 Jean 5:20). Désirons avancer vers « l’état d’homme fait » (Éph. 4:13).

Les brebis qui connaissent leur berger « connaissent sa voix » et « écoutent sa voix » (Jean 10:3, 4). La voix de notre Berger, c’est essentiellement dans sa Parole que nous l’entendons. Lisons beaucoup l’Écriture, laissons-nous pénétrer par son enseignement. Qu’ainsi le timbre de la voix de notre Sauveur soit familier à nos oreilles et à nos cœurs ! II y a beaucoup d’autres voix dans ce monde, il y en a même qui cherchent à imiter celle du Berger. Mais si nous connaissons bien celle-ci, nous ne serons pas trompés. Il n’est pas utile — et souvent il est même nuisible — de connaître les voix des étrangers. Le Seigneur dit de ses brebis : « elles ne suivront point un étranger, mais elles s’enfuiront loin de lui, parce qu’elles ne connaissent pas la voix des étrangers » (v. 5).

Connaître le Berger, connaître sa voix, écouter sa voix, nous conduit à le suivre. « Et les brebis le suivent » (v. 4, voir aussi v. 27). Le berger attend de ses brebis qu’elles soient dociles, qu’elles aillent là où lui le veut. C’est lui qui sait ce qui est bon pour elles. Oh ! qu’elles n’aspirent pas à l’indépendance, à suivre leur propre chemin ! Qu’elles lui fassent confiance ! Il les aime.

Dans ce monde, on se moque des gens qu’on appelle des « moutons », de ceux qui se laissent mener par d’autres. Ne soyons pas des moutons, pour suivre aveuglément d’autres moutons, ou de mauvais bergers. Mais assumons avec joie notre position et notre caractère de brebis. À la suite du bon Berger.

 

11    Psaume 24

Le psaume 24 est une vision d’avenir. Il évoque le moment où le Messie entrera en Sion, resplendissant de gloire, apportant la paix et la bénédiction millénaires.

 

11.1   À l’Éternel est la terre et tout ce qu’elle contient — 24:1, 2

Les deux premiers versets déclarent les droits de l’Éternel sur toute la création. Elle est à lui parce qu’il en est le Créateur. De façon générale, dans l’Ancien Testament, le Créateur, c’est Dieu. Fait digne de remarque, le chapitre 1 de la Genèse utilise un pluriel en rapport avec l’action créatrice : « Faisons l’homme à notre image » (v. 26). Et le chapitre 8 des Proverbes, sous une forme mystérieuse, nous enseigne que Dieu avait un « artisan » « à côté de lui » lorsqu’il disposait les cieux et décrétait les fondements de la terre (v. 27-31). Plus tard, de façon parfaitement claire, le Nouveau Testament établira que c’est le Fils de Dieu qui a créé toutes choses : voir Jean 1:3, Colossiens 1:16 et Hébreux 1:2 Le psaume ne va pas si loin. Il affirme les droits du Créateur, de l’Éternel, sur les choses créées.

 

11.2   Qui est-ce qui montera en la montagne de l’Éternel ? — 24:3-6

« La montagne de l’Éternel », ou « la montagne de la maison de l’Éternel », c’est la montagne de Sion, sur laquelle le temple de l’Éternel a été bâti autrefois et sur laquelle il sera reconstruit « à la fin des jours » (És. 2:2, 3). Cette montagne est le symbole de l’autorité de Celui qui régnera en justice, le Messie d’Israël, dont la domination s’étendra sur toutes les nations.

Le verset 3 pose alors la question : Qui pourra s’approcher de cette montagne, et se tenir dans ce lieu saint ? Lors de sa première venue ici-bas, le Seigneur Jésus pouvait être vu à table avec « des publicains et des pécheurs » ; il était comme le médecin venu s’occuper de « ceux qui se portent mal » (Matt. 9:10-l2). C’est ce qui caractérisait sa venue en grâce ; et le jour de sa grâce dure encore ! Mais le psaume 24 nous transporte au temps de sa seconde venue, sa venue en gloire. Plusieurs psaumes nous ont déjà montré le Seigneur écrasant tout ce qui résiste à son autorité (Ps. 2 ; 18 ; 21). D’autres psaumes (notamment le 101) nous le montrent comme ne supportant pas le mal. C’est aussi ce que nous trouvons ici. La maison de l’Éternel est « le lieu de sa sainteté ». Ceux qui sont caractérisés par la justice pratique, ceux qui ont le cœur pur, ceux-là participeront à la bénédiction du règne millénaire. « Telle est la génération de ceux qui Le cherchent » (v. 6). Le verset 4 définit la condition morale du résidu d’Israël. Celui qui « n’élève pas son âme à la vanité », c’est celui qui n’invoque pas les idoles.

Tout ceci suppose, bien entendu, une œuvre de Dieu dans le cœur. Les prophètes en parlent déjà. (Voir par exemple Jérémie 31:33, 34 et Ézéchiel 36:26, 27). C’est aussi ce que suggère l’expression du verset 5 : « Il recevra… justice du Dieu de son salut ». Personne ne se tiendra là sur la base d’une justice obtenue par ses propres mérites, mais d’une justice reçue de la part d’un Dieu sauveur.

Au verset 6, qui sont « ceux qui recherchent ta face, ô Jacob » ? Le remarquable passage d’Ésaïe 2, déjà cité, éclaire ce psaume : « Beaucoup de peuples iront, et diront : Venez, et montons à la montagne de l’Éternel, à la maison du Dieu de Jacob, et il nous instruira de ses voies, et nous marcherons dans ses sentiers. Car de Sion sortira la loi, et de Jérusalem, la parole de l’Éternel » (v. 3). Et dans Zacharie 8, on lit : « Beaucoup de peuples, et des nations puissantes, iront pour rechercher l’Éternel des armées à Jérusalem, et pour implorer l’Éternel... En ces jours-là, dix hommes de toutes les langues des nations saisiront, oui, saisiront le pan de la robe d’un homme juif, disant : Nous irons avec vous, car nous avons ouï dire que Dieu est avec vous » (v. 22, 23).

Ces passages nous montrent qu’après les jugements qui s’abattront sans merci sur une terre corrompue, la bénédiction du Messie s’étendra sur une terre soumise, par l’intermédiaire du peuple juif — ou de ce qu’il en restera. La promesse de Dieu à Abraham : « Et toutes les nations de la terre se béniront (ou seront bénies) en ta semence » (Gen. 22:18) a déjà reçu un merveilleux accomplissement en Christ, la semence d’Abraham, puisqu’il est le salut pour tous ceux qui croient, en toute nation. Mais il y aura encore cet accomplissement littéral de la promesse : la descendance d’Abraham, Israël — ayant au milieu de lui son Roi— sera une source de bénédiction pour la terre entière.

 

11.3   Le roi de gloire entrera — 24:7-10

Les versets précédents ont posé la question : « Qui est-ce qui montera en la montagne de l’Éternel ? » et ont montré qui peut être accepté dans sa présence sainte. Mais avant tout autre, il y en a un qui est parfaitement digne d’entrer en ce lieu. C’est le Roi de gloire. Pour lui, les portes doivent s’élever. Son entrée doit être triomphale.

Mais qui est-il, ce roi de gloire ? C’est le Messie, sans doute, celui qui a été « puissant dans la bataille » — celui qui a été le grand vainqueur dans les combats qui ont conduit à l’assujettissement de toute la terre, et au jugement de tous ceux qui s’élevaient contre Dieu et contre son peuple — mais, plus encore, c’est l’Éternel lui-même.

Dans le psaume 2, l’Éternel dit, en parlant du Messie : « Et moi, j’ai oint mon roi sur Sion » (v. 6). Puis ce roi est reconnu comme Fils : « Tu es mon Fils ; aujourd’hui, je t’ai engendré » (v. 7). L’Éternel et le Messie sont là deux personnes distinctes. Mais ici, au psaume 24, le Messie est l’Éternel lui-même. Dans la même perspective, les psaumes 93 à 99 font entendre ce cri de triomphe : « l’Éternel règne ». Pour les croyants de l’Ancien Testament, ces déclarations devaient être difficiles à saisir. Comment le Messie, fils de David, peut-il être l’Éternel, le Seigneur de David ? C’est la question que Jésus pose aux pharisiens en Matthieu 22:4-5. Tout ceci s’éclaire par la lumière du Nouveau Testament. « Dieu a été manifesté en chair » (1 Tim. 3:16). Jésus Christ est à la fois véritablement homme et véritablement Dieu. « En lui habite toute la plénitude de la déité corporellement » (Col. 2:9). « Lui est le Dieu véritable et la vie éternelle » (1 Jean 5:20).

L’entrée glorieuse du Messie dans la cité royale terrestre, à l’aube du millénium, ayant de par sa dignité personnelle le droit de franchir les portails éternels, reporte nos pensées sur une autre entrée, non moins glorieuse et déjà accomplie, celle de Jésus dans le ciel. « Ayant fait par lui-même la purification des péchés, [Il] s’est assis à la droite de la majesté dans les hauts lieux » (Héb. 1:3). Si le psaume nous parle d’une gloire terrestre future, l’épître aux Hébreux nous parle d’une gloire céleste actuelle. C’est dans le ciel que « Jésus est entré comme précurseur pour nous » (6:20). « Avec son propre sang, [Il] est entré une fois pour toutes dans les lieux saints, ayant obtenu une rédemption éternelle » (9:12). Gardons les yeux fixés sur « Jésus, le chef et le consommateur de la foi, lequel, à cause de la joie qui était devant lui, a enduré la croix, ayant méprisé ta honte, et est assis à la droite du trône de Dieu » (12:2).

 

12    Psaume 40

Ce psaume est un lumineux tableau du Messie. Sa venue dans le monde, son ministère au milieu d’Israël, ses souffrances pour le péché, sa délivrance, passent devant nous en des termes profondément émouvants. Avant de l’aborder en détail, nous nous arrêterons sur la pensée générale des psaumes qui l’entourent.

 

12.1   Le contexte du psaume 40

Les psaumes 38 à 41 placent devant nous un homme pieux qui souffre. Des ennemis forts et nombreux l’accablent, cherchent sa vie, lui tendent des pièges. Ceci n’est pas rare dans ce livre, mais ce que nous avons de caractéristique dans ces psaumes-ci, c’est que le fidèle reçoit toutes ces souffrances comme un jugement de Dieu à cause de ses péchés. Le gouvernement de Dieu sur la terre — d’ailleurs toujours allié à sa sagesse et à sa grâce — peut en effet Le conduire à nous faire rencontrer ici-bas les conséquences de nos manquements. Il s’agit alors de la rétribution que donne un Dieu juste, mais aussi de la discipline qu’un Dieu bon et sage utilise pour parler aux siens, pour les enseigner, pour les former. Heureux celui qui sait en profiter !

Ces psaumes nous présentent les expériences et les sentiments de quelqu’un qui passe par un chemin de grandes douleurs, et qui, du sein de sa détresse, d’une part confesse les péchés qu’il sait être la cause de ses souffrances, mais d’autre part crie à Dieu en se confiant entièrement en sa miséricorde.

Historiquement, ce sont probablement les circonstances de David rapportées en 2 Samuel 11 à 18 qui ont donné naissance à ces psaumes. Mais l’Esprit de Dieu s’en sert pour nous parler des profonds exercices d’âme par lesquels le résidu juif passera aux derniers temps En outre, ceci fournit l’occasion de parler de Christ, celui qui souffrira à cause des péchés de ceux qu’il est venu sauver.

 

12.1.1    Les circonstances de David

David, à la suite de sa grave chute dans l’affaire d’Urie, avait dû entendre le verdict divin par la bouche du prophète Nathan : « L’épée ne s’éloignera pas de ta maison, à jamais parce que tu m’as méprisé » (2 Sam. 12:10). David a confessé son péché, et Dieu le lui a pardonné (2 Sam. 12:13 ; Ps. 51 et 32). Cependant les conséquences de ce péché ont dû arriver, selon le principe du gouvernement de Dieu. Le récit de 2 Samuel nous montre l’exécution du châtiment annoncé, sous des formes extrêmement douloureuses et humiliantes. Plusieurs faits de ces chapitres peuvent être mis en relation avec les psaumes qui sont devant nous. Citons-en deux.

Il y a d’abord la trahison d’Akhitophel (2 Sam. 15:31), dont voici l’écho : « Mon intime ami aussi, en qui je me confiais, qui mangeait mon pain, a levé le talon contre moi» (Ps. 41:9) (*). Il y a aussi la remarquable attitude de David devant Shimhi (2 Sam. 16:5-14). C’est ce qu’exprime le psalmiste : « Je suis devenu comme un homme qui n’entend point et dans la bouche duquel il n’y a pas de réplique. Car je m’attends à toi, Éternel ! Toi, tu répondras, Seigneur, mon Dieu ! » (Ps. 38:14, 15) ; « Je garderai ma bouche avec une muselière pendant que le méchant est devant moi » (39:1 ; voir aussi v. 9). La discipline de Dieu porte ses fruits. Au lieu de ne voir que la méchanceté de ses adversaires, David voit au-dessus d’elle la main de Dieu qui les utilise comme verges, et il se courbe : « L’Éternel lui a dit : Maudis David ! » (2 Sam. 16:10).

 

(*) Le Seigneur cite ce passage comme annonçant la trahison de Judas (Jean 13:18).

 

12.1.2    Les circonstances du résidu

Le peuple d’Israël manifesta, durant les siècles de son histoire, son incapacité à garder la loi de Dieu. Il fut totalement infidèle à l’alliance que l’Éternel avait faite avec lui au Sinaï, et finalement, il combla la mesure de son iniquité en rejetant son Messie. Dieu fit proclamer son salut à toutes les nations et le temps de l’Église fut inauguré. Ce temps dure encore. Lorsqu’il sera achevé, et que l’Église sera au ciel, Dieu s’occupera d’Israël, son peuple terrestre, et réalisera les promesses inconditionnelles qu’il avait faites à ses ancêtres, Abraham, Isaac et Jacob.

Mais la bénédiction que Dieu a promise — la bénédiction du millénium — ne pourra se déverser que moyennant une œuvre morale accomplie préalablement par l’Esprit de Dieu dans les cœurs. De nombreux prophètes annoncent cela. Citons-en quelques passages caractéristiques qui constituent comme le fond historique des sentiments exprimés dans les Psaumes.

« Et je vous prendrai d’entre les nations, et je vous rassemblerai de tous les pays, et je vous amènerai sur votre terre ; et je répandrai sur vous des eaux pures, et vous serez purs : je vous purifierai de toutes vos impuretés et de toutes vos idoles. Et je vous donnerai un cœur nouveau, et je mettrai au-dedans de vous un esprit nouveau ; et j’ôterai de votre chair le cœur de pierre, et je vous donnerai un cœur de chair ; et je mettrai mon Esprit au-dedans de vous, et je ferai que vous marchiez dans mes statuts, et que vous gardiez mes ordonnances et les pratiquiez... Et vous vous souviendrez de vos mauvaises voies et de vos actions qui ne sont pas bonnes, et vous aurez horreur de vous-mêmes à cause de vos iniquités et à cause de vos abominations » (Ézéch. 36:24-27 et 31).

Cependant, une telle repentance ne pourra s’opérer qu’au travers de la souffrance. Nous lisons en Zacharie 13:8, 9 : « Et il arrivera dans tout le pays, dit l’Éternel, que deux parties y seront retranchées et expireront ; mais un tiers y demeurera de reste » (c’est le résidu). « Et le tiers, je l’amènerai dans le feu, et je les affinerai comme on affine l’argent, et je les éprouverai comme on éprouve l’or. Ils invoqueront mon nom, et moi, je leur répondrai ; je dirai : C’est ici mon peuple ; et lui, dira : L’Éternel est mon Dieu ». On voit dans ce passage comment, l’ensemble étant ruiné, le résidu prend la place d’Israël pour l’accomplissement des desseins de Dieu.

Plus que cela, ils seront amenés à reconnaître, dans l’humiliation la plus profonde, que celui qu’ils ont rejeté et crucifié était leur Messie : « Et je répandrai sur la maison de David et sur les habitants de Jérusalem un esprit de grâce et de supplications ; et ils regarderont vers moi, celui qu’ils auront percé, et ils se lamenteront sur lui, comme on se lamente sur un fils unique, et il y aura de l’amertume pour lui, comme on a de l’amertume pour un premier-né » (Zach. 12:10).

L’histoire des frères de Joseph nous enseigne les mêmes choses. Si Joseph est un type bien connu de Christ, ses frères en sont un d’Israël qui l’a rejeté. Ce n’est que lorsqu’ils sont dans la détresse, et même faussement accusés, qu’ils reconnaissent leur culpabilité et disent : « Certainement nous sommes coupables à l’égard de notre frère » (Gen. 42:21) et « comment nous justifierons-nous ? Dieu a trouvé l’iniquité de tes serviteurs » (Gen. 44:16).

 

Les psaumes 38 et suivants nous présentent de façon très touchante les sentiments, les angoisses, les cris du résidu, lors des tribulations par lesquelles ils devront passer. Si les prophètes voient de l’extérieur cette merveilleuse restauration, les psaumes nous la font voir de l’intérieur, en nous donnant les expressions mêmes qui se trouveront dans le cœur des fidèles.

Les premiers versets du psaume 38, déjà, montrent quelqu’un qui souffre à cause de ses péchés : « Éternel ! ne me reprends pas dans ta colère, et ne me châtie pas dans ta fureur. Car tes flèches ont pénétré en moi, et ta main est descendue sur moi. Il n’y a rien d’entier en ma chair, à cause de ton indignation ; point de paix dans mes os, à cause de mon péché » (v. 1-3). Le sentiment de sa culpabilité est si fort qu’il en est écrasé : « Car mes iniquités ont passé sur ma tête ; comme un pesant fardeau, elles sont trop pesantes pour moi » (v. 4). Mais cela le conduit à confesser son péché, dans une profonde contrition : « Car je déclarerai mon iniquité ; je suis en peine pour mon péché » (v. 18). Tout en sentant le poids de son péché, il constate qu’il souffre injustement de la part de ceux qui le haïssent sans motif (v. 19) et qu’on lui rend le mal pour le bien, parce qu’il poursuit ce qui est bon (v. 20). L’Éternel est sa seule ressource : « Car je m’attends à toi, Éternel ! » (v. 15), « Hâte-toi de me secourir, Seigneur, mon salut ! » (v. 22).

Aux insultes de ses adversaires, il ne répond pas (38:13-15 ; 39:1, 2, 9). Il laisse Dieu répondre. Bien qu’Il souffre de la part du « méchant », de « l’insensé », il reçoit tout de la part de Dieu : « Je suis resté muet, je n’ai pas ouvert la bouche, car c’est toi qui l’as fait » (39:9), « Quand tu châties un homme, en le corrigeant à cause de l’iniquité, tu consumes comme la teigne sa beauté » (39:11).

Nous pouvons dire avec assurance qu’un tel brisement d’esprit a un grand prix devant Dieu ! Il y a un brisement complet, mais pas de désespoir, pas de découragement. « Et maintenant, qu’est-ce que j’attends, Seigneur ? Mon attente est en toi » (39:7).

Les fidèles du résidu qui liront ces psaumes — car nous pouvons penser qu’ils le feront — trouveront une grande consolation lorsqu’ils arriveront au psaume 40. Ils y découvriront quelqu’un qui a passé par le même chemin de souffrances qu’eux et qui a été délivré. Même si leurs yeux n’ont pas encore été ouverts pour reconnaître que Jésus de Nazareth est leur Messie, et qu’ils l’ont rejeté — en d’autres termes, même s’ils n’ont pas encore réalisé Zacharie 12:10 — ils trouveront dans leurs Écritures le témoignage de quelqu’un qui a connu les mêmes douleurs et les mêmes angoisses qu’eux, et qui a pu s’écrier ensuite : Je me suis attendu à l’Éternel, j’ai eu patience, et j’ai été délivré.

La confession des péchés se retrouve au verset 12 du psaume 40. Comme expression des sentiments du résidu, c’est la confession de ses propres péchés ; pour Christ, qui est volontairement entré dans cette position, c’est la confession des péchés des autres, ces péchés dont il s’est chargé afin de les expier. Le psaume 41 mentionne encore la confession des péchés (v. 4). Il est remarquable de voir que cela s’allie entièrement à la justice pratique, à l’intégrité, à la droiture de cœur devant Dieu (v. 12). On avait déjà cela au psaume 38 (v. 20).

Malgré les similitudes de sujet et d’expressions des quatre psaumes que nous venons de considérer, le psaume 40 présente un caractère à part. On peut dire que son sujet principal est le Messie, tandis que les trois autres peuvent difficilement s’appliquer à lui, à part certains versets. On y trouve plusieurs expressions inconciliables avec sa dignité personnelle d’homme parfait et de Fils de Dieu (par exemple : 38:5, 16 ; 39:1, 4, 12 ; 41:3, 4).

 

12.2   Christ dans le psaume 40

12.2.1    La délivrance et la louange — 40:1-5

« J’ai attendu patiemment l’Éternel ; et il s’est penché vers moi, et a entendu mon cri » (v 1). Il est bien fréquent, dans les psaumes, que le texte ne présente pas un développement chronologique, mais que les premiers versets soient un résumé ou une conclusion de ce qui va être exposé. C’est ce que nous avons ici. Le psaume commence par un témoignage de Christ à la délivrance dont il a été l’objet. Il a supplié l’Éternel : « Hâte-toi de me secourir » (v. 13), « Mon Dieu ! ne tarde pas » (v 17). Ces appels exprimaient son angoisse et sa confiance en Dieu, mais nullement de l’impatience ; il a attendu patiemment le moment où il a plu à Dieu d’intervenir en sa faveur. Il a dû connaitre dans son âme tout ce que suggèrent ces images saisissantes : « le puits de la destruction » et « le bourbier fangeux ». Mais Dieu l’a secouru, l’a fait monter hors de ce puits, hors de ce bourbier, et a mis ses pieds sur un roc.

« Et il a mis dans ma bouche un cantique nouveau, la louange de notre Dieu » (v. 3). L’intervention de Dieu dans une situation qui n’avait jamais eu d’égale, motive un cantique nouveau. Dieu peut être loué comme il n’avait jamais pu l’être auparavant.

Mais Christ n’est pas seul dans cette louange. « Plusieurs le verront, et craindront, et se confieront en l’Éternel » (v. 3). Il y aura des témoins de cette délivrance. Ces « plusieurs », ce sont les croyants qui peuvent regarder la croix de Christ, puis son tombeau, puis la gloire du ciel où il a été reçu. Ils peuvent louer Dieu avec leur Sauveur, comme nous l’avons vu au psaume 22. Ils « craindront » — quel sérieux dans ce terrible chemin par lequel Christ a dû passer ! — et ils « se confieront en l’Éternel ». Ils ont vu comment Dieu a délivré Celui qui s’est confié parfaitement en lui.

Le psalmiste élève alors son âme vers Dieu dans l’adoration. « Tu as multiplié, toi, Éternel mon Dieu, tes œuvres merveilleuses et tes pensées envers nous ; on ne peut les arranger devant toi. Si je veux les déclarer et les dire — elles sont trop nombreuses pour les raconter ». Le plan du salut, l’étendue du salut, les moyens par lesquels le salut a été rendu possible, — tout dans l’œuvre de la croix et dans ses résultats est un sujet d’émerveillement. « Ce que l’œil n’a pas vu, et que l’oreille n’a pas entendu, et qui n’est pas monté au cœur de l’homme ce que Dieu a préparé pour ceux qui l’aiment » (1 Cor. 2:9).

 

12.2.2    L’entrée de Christ dans le monde — 40:6-8

« Au sacrifice et à l’offrande de gâteau tu n’as pas pris plaisir : tu m’as creusé des oreilles ; tu n’as pas demandé d’holocauste ni de sacrifice pour le péché. Alors j’ai dit : Voici, je viens ; il est écrit de moi dans le rouleau du livre. C’est mes délices, ô mon Dieu, de faire ce qui est ton bon plaisir, et ta loi est au-dedans de mes entrailles » (v. 6-8). L’épître aux Hébreux, au chapitre 10, cite tout ce passage et le commente, preuve — si cela était nécessaire — que c’est bien Christ qui est en vue dans le psaume. Les sacrifices ordonnés par Dieu dans la dispensation de la loi sont mis de côté. Ils n’étaient pas réellement agréables à Dieu. Leur seule valeur était de figurer le sacrifice de celui qui allait venir. L’époque de l’épreuve de l’homme étant révolue, Dieu ne demande plus qu’on lui offre sacrifice ou offrande. L’homme s’est montré incapable de garder la loi de Dieu ou de lui apporter quelque chose qui le satisfasse ; alors Dieu manifeste ce qu’Il tenait en réserve dès l’éternité. Pour le salut de sa créature, c’est lui qui fera tout.

« Il est écrit de moi dans le rouleau du livre ». C’est le livre des desseins de Dieu. Il existait bien avant le psaume 40, qui lui fait référence. Ce livre avait pour sujet un homme dont les délices seraient d’accomplir la volonté de Dieu. Non point un descendant d’Adam, dont la volonté demeure toujours insoumise à celle de Dieu, mais un second homme, ayant la loi de Dieu au-dedans de ses entrailles, c’est-à-dire dont les pensées les plus profondes et la volonté sont en parfait accord avec les pensées et la volonté de Dieu.

En commentant le psaume 40, l’épître aux Hébreux ajoute : « Il ôte le premier afin d’établir le second » (10:9). Il y a un changement complet de dispensation. Avec l’entrée de Jésus dans le monde (10:5), l’ancien état de choses est ôté, et un nouveau est établi. Les sacrifices d’autrefois n’ont pu « rendre parfaits ceux qui s’approchent » (10:1). En revanche, c’est par la volonté de Dieu — à laquelle répondait la parfaite soumission de Christ, — « c’est par cette volonté que nous avons été sanctifies, par l’offrande du corps de Jésus Christ faite une fois pour toutes » (10:10).

Christ dit au verset 6 du psaume : « Tu m’as creusé des oreilles ». C’est l’expression de son obéissance ; il écoute ce que celui qui l’envoie a à lui dire (cf. És. 50:4). Mais la version des Septante traduisait cela : « Tu m’as formé un corps », et l’épître aux Hébreux reprend ce texte. Lorsque « Dieu a été manifesté en chair », il y eut une intervention miraculeuse de l’Esprit de Dieu dans le sein de la vierge Marie. Celai qui est « né de femme », « en ressemblance de chair de péché » (Rom. 8:3), avait un corps saint, spécialement formé par Dieu lui-même (Luc 1:35). Il a participé au sang et à la chair (Héb. 2:14), mais il était sans aucune trace de péché.

 

12.2.3    Son ministère en Israël — 40:9, 10

« J’ai annoncé la justice dans la grande congrégation ; voici, je n’ai point retenu mes lèvres, Éternel ! tu le sais » (v. 9). Jésus a été le fidèle témoin de Dieu au milieu de son peuple. L’Évangile de Jean, de façon toute particulière, le présente comme la lumière : « La vraie lumière était celle qui, venant dans le monde, éclaire tout homme » (Jean 1:9). Mais le resplendissement de cette lumière au milieu d’un monde de ténèbres a attiré sur lui la haine : « les hommes ont mieux aimé les ténèbres que la lumière, car leurs œuvres étaient mauvaises ; car quiconque fait des choses mauvaises hait la lumière, et ne vient pas à la lumière, de peur que ses œuvres ne soient reprises » (Jean 3:19, 20). Que d’insultes, d’opprobres, de souffrances, notre Seigneur n’a-t-il pas endurés parce qu’Il disait la vérité qu’Il avait reçue de Dieu !

Le prophète Jérémie, en son temps, avait connu quelque chose de cela : « Je suis un objet de dérision tout le jour, chacun se moque de moi... car la parole de l’Éternel m’a été à opprobre et à moquerie tout le jour » (Jér. 20:7, 8). Il a même subi la prison et la torture à cause de la fidélité de son témoignage. Dans un moment de découragement, il s’était écrié : « Je ne ferai plus mention de lui, et je ne parlerai plus en son nom » — résolution vite abandonnée, heureusement ! La Parole de Dieu ayant été dans son cœur comme un feu brûlant, il fut las de la retenir (Jér. 20:9). Rien de tel dans le cœur du Seigneur ! Il n’a pas retenu ses lèvres.

« Je n’ai point caché ta justice au-dedans de mon cœur ; j’ai parlé de ta fidélité et de ton salut ; je n’ai point célé ta bonté et ta vérité dans la grande congrégation » (v. 10). Justice, fidélité, salut, bonté, vérité : témoignage complet de ce qu’est Dieu !

 

12.2.4    Ses souffrances à cause du péché et ses supplications — 40:11-17

Ésaïe 53 annonce ce double aspect de la mission du Messie : 1° « Par sa connaissance, mon serviteur juste enseignera la justice à plusieurs », 2° « et lui, il portera leurs iniquités » (v. 11). C’est aussi ce que nous trouvons dans le psaume 40. Les versets précédents nous ont montré Christ enseignant la justice à plusieurs, durant les années de son ministère Nous arrivons maintenant à l’heure de la croix, où il va porter leurs iniquités.

« Toi, Éternel ! ne retiens pas loin de moi tes compassions ; que ta bonté et ta vérité me gardent continuellement » (v. 11). Il fait appel aux compassions de Dieu. Oh ! qu’elles ne soient pas retenues loin de Lui, dans cette heure terrible où Il doit entrer dans un abîme de souffrances et d’angoisses, dans ce qu’il a appelé au verset 2 « le puits de la destruction » et « un bourbier fangeux » ! Il avait parlé de la bonté et de la vérité de Dieu dans la grande congrégation. Et maintenant il fait appel pour lui-même à cette bonté et à cette vérité.

« Car des maux sans nombre m’ont entouré ; mes iniquités m’ont atteint, et je ne puis les regarder ; elles sont plus nombreuses que les cheveux de ma tête, et mon cœur m’a abandonné » (v. 12). Des maux sans nombre... un fardeau de douleurs indiciblement lourd ! Voilà ce qui a accablé notre Sauveur ! La cause de ces maux, c’est ce qu’il appelle « mes iniquités ». Elles l’ont atteint, c’est-à-dire que les conséquences qu’elles entraînent selon la justice de Dieu tombent maintenant sur lui. Nous sommes ici devant le profond mystère de la substitution. Le juste, le seul juste que la terre ait porté, s’est chargé de nos iniquités. Il les porte sur lui devant Dieu. Il les confesse comme si elles étaient les siennes. Et Dieu le traitera comme si elles étaient effectivement les siennes ; le jugement de Dieu ne sera nullement atténué à cause de l’excellence personnelle du substitut.

Dieu a les yeux trop purs pour voir le mal (Hab. 1:13). Pour Jésus, l’homme parfait, la vue du péché autour de lui était une souffrance continuelle. Et ici, lorsqu’Il se charge des iniquités de ceux qu’Il est venu racheter, son âme est accablée : « elles sont plus nombreuses que les cheveux de ma tête », « je ne puis les regarder ». Notre Seigneur a suivi ce terrible chemin avec sa perfection humaine jointe à sa perfection divine. Il a passé à travers tout cela avec une sensibilité humaine parfaite, une sensibilité qui n’était pas, comme la nôtre, émoussée par le péché.

Que ces paroles du psaume, que la contemplation de notre Sauveur accomplissant l’œuvre de la croix, nous rendent sérieux à l’égard du péché ! Ne traitons jamais à la légère ce qui a été le motif des souffrances indicibles de Jésus !

« Qu’il te plaise, ô Éternel ! de me délivrer. Éternel ! hâte-toi de me secourir » (v. 13). Soumis à la volonté de Dieu, se confiant entièrement en lui, Il l’appelle à son secours. Mais il faudra que toutes les vagues de la colère de Dieu s’appesantissent sur Lui durant les trois heures de ténèbres ou Il sera abandonné, absolument seul.

Le psaume ne mentionne pas la colère de Dieu, ni l’abandon. Il nous amène très près de cela, en nous présentant ce qui a motivé cette colère et cet abandon : les péchés dont Christ s’est chargé comme étant notre substitut. Nous y voyons comment ce fardeau terrible a pesé sur son âme sainte.

Dans les versets 14 à 16, deux classes de personnes sont présentées. Le regard du Seigneur rencontre d’abord ses ennemis, ceux qui cherchent à le détruire, ceux qui prennent plaisir à son malheur, ceux qui, comme au psaume 35 (v 21), se réjouissent de le voir ainsi humilié et disent : « Ha ha ! ». Il n’appelle pas le jugement de Dieu sur eux, mais Il demande qu’ils soient confus. Ils seront confus, en effet, lorsqu’ils verront que celui qu’ils ont rejeté était le bien-aimé de Dieu, et qu’Il manifestera sa faveur envers Lui en lui accordant une glorieuse délivrance.

Ensuite, les yeux du Seigneur s’arrêtent sur ceux qui cherchent Dieu, sur ceux qui aiment son salut. Ils ont de puissantes raisons de dire : « Magnifié soit l’Éternel ! ». L’œuvre qui est le fondement de leur salut s’accomplit en ce moment. Les pensées de Dieu envers eux (v. 5) se réalisent. En vérité, ils peuvent s’égayer et se réjouir en Dieu.

Comme nous l’avons déjà fait remarquer, la conclusion ou l’aboutissement du psaume ne se trouve pas à la fin, mais au début. Dans le dernier verset, Jésus se présente comme portant les mêmes caractères que les hommes desquels Il s’était approché dans sa grâce : « Et moi, je suis affligé et pauvre ». Son abaissement L’avait amené vers ceux qui étaient dans la souffrance et la pauvreté. Bon Berger d’Israël, c’est d’eux qu’Il avait pris soin. Mais Il est entré personnellement dans leurs douleurs. « Car vous connaissez la grâce de notre Seigneur Jésus Christ, comment, étant riche, il a vécu dans la pauvreté pour vous, afin que par sa pauvreté vous fussiez enrichis » (2 Cor. 8:9).

Jésus ajoute : « Le Seigneur pense à moi. Tu es mon secours et celui qui me délivre. Mon Dieu ! ne tarde pas ». Sa confiance en Dieu ne faiblit pas. Il sait qu’Il est l’objet de toute la sollicitude et du bon plaisir de Celui dont Il est venu accomplir la volonté. C’est de Lui seul qu’Il attend le secours et la délivrance.

Le psaume se termine en nous présentant Jésus comme le pauvre, et le psaume suivant commence en disant : « Bienheureux celui qui comprend le pauvre ». Dieu veuille que nous soyons de ceux-là !

 

13    Psaume 45

13.1   Ce que les Israélites pouvaient saisir

Des psaumes que vous avons examinés jusqu’ici, c’est le premier qui ne soit pas de David. La suscription indique qu’il est des fils de Coré, famille de Kehathites à laquelle étaient dévolues les fonctions de portiers du sanctuaire (1 Chron. 9:19-22 ; 26:1) ou de chantres (2 Chron. 20:19). Une dizaine d’autres psaumes sont également de leur main, notamment le 88, écrit par le chantre Héman, petit-fils de Samuel.

Contrairement à beaucoup de psaumes, celui que nous avons sous les yeux ne relate pas une expérience personnelle, ne contient aucun appel à l’Éternel, ni ne le célèbre pour une délivrance.

C’est « un cantique du bien-aimé ». C’est une louange, la louange d’un cœur qui est rempli d’une personne, et qui déborde. « Mon cœur bouillonne d’une bonne parole ; je dis ce que j’ai composé au sujet du roi » (v. 1).

Mais qui est ce « bien-aimé », qui est ce « roi » ?

David et Salomon sont certainement dans la pensée du psalmiste, mais il est hors de doute qu’il voit plus loin, et que c’est au Messie lui-même qu’il s’adresse. À qui d’autre pourraient s’appliquer les versets 6 et 7 ?

Plusieurs expressions des versets 1 à 7 évoquent la personne de David. Son nom lui-même signifie « bien-aimé » (1 Sam. 16:13, note). David était « beau » (1 Sam. 16:12,18) ; en plus d’une circonstance, il a usé d’une « grâce » admirable (1 Sam. 24:12 ; 26:10 ; 2 Sam. 9:3 ; 19:22, 23) ; de sa jeunesse à son âge mûr, il était connu comme un « vaillant homme » (1 Sam. 15:18 ; 2 Sam. 17:10). Et durant sa royauté, les peuples ennemis d’Israël sont tombés sous lui (2 Sam. 8). Lorsqu’il était encore jeune, il avait été choisi de Dieu, et de façon très caractéristique, « oint d’une huile de joie au-dessus de ses compagnons » (1 Sam. 16:12, 13).

Mais d’autres expressions du psaume nous font plutôt penser à Salomon. La majesté, la magnificence, les chars, les aromates, l’ivoire, les palais somptueux, les vêtements splendides, correspondent dans les grandes lignes à ce que présente 1 Rois 10. Les flèches aigues dans le cœur des ennemis du roi (v 5), l’exercice d’une justice inflexible, ont marqué le règne de celui qui, dès sa naissance, avait été aimé de l’Éternel, celui que le prophète avait appelé Jedidia, c’est-à-dire bien-aimé de l’Éternel (2 Sam. 12:25). Le verset 9 du psaume mentionne la reine à la droite du roi, et elle est invitée à oublier son peuple et la maison de son père. N’y a-t-il pas là une allusion à la fille du Pharaon, que Salomon avait prise pour femme (1 Rois 3:1) ? Quant au fait que la « fille de Tyr » recherche la faveur du roi (v. 12) cela correspond historiquement à l’attitude de Hiram, roi de Tyr, durant les règnes de David et de Salomon.

Mais les versets 6 et 7 contiennent une révélation extraordinaire, une révélation que souligne l’auteur de l’épître aux Hébreux en citant intégralement ce passage. Le psalmiste s’adresse à Dieu : « Ton trône ô Dieu, est pour toujours et à perpétuité » (v. 6). Puis, continuant de s’adresser à la même personne, il ajoute : « c’est pourquoi Dieu, ton Dieu, t’a oint d’une huile de joie au-dessus de tes compagnons ». Ceci ne devait-il pas être bien mystérieux pour les croyants d’autrefois ? Le roi du psaume 45 est Dieu, mais en même temps Dieu est son Dieu : c’est donc un homme. Nous avons ici une des perles de l’Ancien Testament, un passage qui annonce — comme le psaume 2 — que le Messie, le roi d’Israël, sera à la fois Dieu et homme.

Le psaume contient encore deux échos de cette révélation. Au verset 11, l’épouse du roi est invitée à adorer son époux, ce qui implique sa divinité. Et au verset 17, la louange est d’un niveau qui ne peut guère s’adresser à un autre qu’à Dieu : « Je rappellerai ton nom dans toutes les générations ; c’est pourquoi les peuples te célébreront à toujours et à perpétuité ».

Il est donc évident que le roi pour lequel le psalmiste a composé son cantique est plus que David ou Salomon. Ceux-ci ne sont que des modèles imparfaits, des types, d’un plus grand qu’eux, du roi glorieux que Dieu fera surgir de la descendance de David. Tout ce qu’il y a eu de beauté morale, comme aussi de grandeur et de gloire terrestres en David et en Salomon, le psalmiste, conduit par l’Esprit de Dieu, le reporte sur le Fils de David, le Messie d’Israël, le roi des desseins de Dieu.

 

13.2   La gloire royale de Christ

Il peut être utile de rappeler ici que, dans les récits historiques que l’Écriture en donne, David et Salomon sont des types de Christ. Le premier, tout particulièrement dans le temps de son rejet, puis dans l’établissement du royaume par des jugements guerriers sur ses ennemis ; le second, dans son règne de gloire, de justice et de paix.

Le psaume 45 fixe donc nos regards sur ce « bien-aimé », bien-aimé du Père et bien-aimé de ses rachetés. Que nos cœurs, à l’instar de celui da psalmiste, bouillonnent d’une bonne parole ! Pour cela, il nous faut être occupés de Lui. C’est ainsi que nous pourrons « composer » quelque chose à son sujet, et le Lui présenter à l’heure du culte. Si seulement nos langues avaient pour cela « le style d’un écrivain habile » !

Nous pouvons nous réjouir à la pensée que Celui qui a été autrefois rejeté et crucifié sur la terre sera bientôt honoré de tous. À son humiliation lors de sa première venue doit répondre, selon la justice de Dieu, sa gloire lors de sa seconde venue.

« Tu es plus beau que les fils des hommes » (v. 2). Aux jours de son humiliation, Jésus était tel que le décrit Ésaïe 53 : « il n’a ni forme ni éclat ; quand nous le voyons, il n’y a point d’apparence en lui pour nous le faire désirer » (v. 2 ; cf. 52:14). Et pourtant sa beauté morale a fait de Lui un centre d’attrait pour ceux dont les cœurs avaient des besoins et qui avaient discerné en Lui celui qui seul pouvait y répondre. Mais bientôt, aux jours « du rétablissement de toutes choses », le résidu juif sera encouragé par la voix d’Ésaïe : « Tes yeux verront le roi dans sa beauté » (33:17). Et en même temps, ils « verront Jérusalem, une demeure tranquille » (33:20). Elle aura alors ce caractère.

« La grâce est répandue sur tes lèvres » (v. 2). Luc rapporte que, dès le début du ministre de Jésus, « tous lui rendaient témoignage, et s’étonnaient des paroles de grâce qui sortaient de sa bouche » (4:22). Sa grâce était sans doute davantage une caractéristique de son ministère passé qu’elle ne le sera de son ministère futur. Les versets 3 à 5 du psaume évoquent un guerrier puissant, prêt à utiliser son épée ou son arc et à écraser toute résistance. C’est bien sous ce caractère-là que nous l’ont déjà présenté plusieurs psaumes (cf. 2:9 ; 18:34-48 ; 24:8).

« Ton trône, ô Dieu, est pour toujours et à perpétuité » (v. 6). Le trône de David (identifié au trône de l’Éternel en 1 Chroniques 29:23) avait été l’objet d’une promesse formelle de Dieu : « Ta maison et ton royaume seront rendus stables à toujours devant toi, ton trône sera affermi pour toujours » (2 Sam. 7:16). Cette promesse est rappelée maintes fois dans l’Écriture — par exemple : « J’ai une fois juré par ma sainteté, si jamais je mens à David ! Sa semence sera à toujours, et son trône comme le soleil devant moi » (Ps. 89:35, 36). Ce sont « les grâces assurées de David » (És. 55:3 ; Act. 13:34). L’Ancien Testament nous présente le règne millénaire de Christ comme un état de choses définitif. Il ne va pas au-delà, parce qu’il révèle les desseins de Dieu concernant la terre. C’est ainsi qu’on lit dans Daniel : « Le Dieu des cieux établira un royaume qui ne sera jamais détruit ; et ce royaume ne passera point à un autre peuple » (2:44). « Et on lui donna la domination, et l’honneur, et la royauté, pour que tous les peuples... le servissent. Sa domination est une domination éternelle, qui ne passera pas, et son royaume, un royaume qui ne sera pas détruit » (7:14).

« C’est un sceptre de droiture que le sceptre de ton règne. Tu as aimé la justice, et tu as haï la méchanceté » (v. 6, 7). Dieu trouve son plaisir dans l’homme qui aime le bien et qui hait le mal. « Si tu sépares ce qui est précieux de ce qui est vil, tu seras comme ma bouche » (Jér. 15:19). Si cela est vrai pour tout homme, combien plus pour celui qui exerce l’autorité de la part de Dieu, et qui doit rendre la justice ! Dans ses dernières paroles, le doux psalmiste d’Israël rappelle ce que Dieu lui a dit : « Celui qui domine parmi les hommes sera juste, dominant en la crainte de Dieu » (2 Sam. 23:3). David avait conscience de ses faiblesses et de celles de sa maison, mais il se réjouissait dans Celui en qui ces qualités seraient parfaitement réalisées. C’est Lui qu’exaltent ici les fils de Coré.

 

13.3   L’épouse du roi

Le psaume 45 contient un élément caractéristique que nous n’avons pas encore rencontré dans les psaumes précédents : les relations du roi avec son épouse. Peut-il y avoir un sujet plus cher à son cœur ? Nous sommes ici dans le cadre de l’Israël restauré, de sorte qu’il n’est pas directement question de l’Église, épouse de Christ. Dans les prophètes, l’alliance de l’Éternel avec Israël est souvent présentée sous la figure du lien entre un époux et son épouse (És 54:5 ; Jér. 2:32 ; 3:14 ; Ézéch. 16 ; etc.), lien que l’infidélité du peuple a rompu. Mais Dieu se plaît à annoncer comment il établira avec ce peuple une nouvelle alliance : « Voici, moi, je l’attirerai, et je la mènerai au désert, et je lui parlerai au cœur... Et i1 arrivera, en ce jour-là, dit l’Éternel, que tu m’appelleras : Mon mari » (Osée 2:14-16). « Tu seras une couronne de beauté dans la main de l’Éternel... et de la joie que le fiancé a de sa fiancée, ton Dieu se réjouira de toi » (És. 62:3, 5).

C’est ce que nous avons ici : « la reine est à ta droite, parée d’or d’Ophir » (v. 9), parée de la justice dont son époux l’aura revêtue.

« Et le roi désirera ta beauté, car il est ton seigneur : adore-le » (v. 11). Il n’est pas question dans ce psaume de l’histoire humiliante du peuple d’Israël, ni du travail qui sera nécessaire dans son cœur pour le ramener à l’Éternel. Nous n’avons qu’une scène de gloire et de joie, que le résultat de ce travail divin. De même que le Seigneur Jésus voit dans son assemblée la perle de très grand prix pour laquelle Il a tout donné (Matt. 13:46 — voir aussi Éph. 5:27), de même le Messie d’Israël se réjouira dans la beauté de son épouse terrestre. L’œuvre de la croix n’est pas mentionnée, mais il est bien évident que c’est sur cette unique base que des humains peuvent être rendus agréables à Dieu. Les chrétiens — chose merveilleuse ! — ont été « rendus agréables dans le Bien-aimé » (Éph. 1:6) et l’Éternel dit à Israël : « Je prendrai plaisir en vous comme en un parfum agréable » (Ézéch. 20:41).

 

14    Psaume 69

14.1   Qui parle dans ce psaume ?

Nous avons devant nous un psaume particulièrement émouvant. Cris de détresse, pleurs d’un cœur brisé, isolement complet, confiance en un Dieu qui cache sa face, appels au jugement, louange et anticipation de la délivrance — tout cela passe devant nous, en tableaux successifs ou alternés. Mais qui est celui qui parle dans ce psaume ?

Le verset 26 nous fournit la réponse : « Car ils persécutent celui que toi tu as frappé, et parlent pour la douleur de ceux que tu as blessés ».

Comme beaucoup d’autres, ce psaume décrit prophétiquement — peut-être sur la base d’une expérience personnelle de David — la condition du résidu d’Israël, c’est-à-dire des fidèles de ce peuple que Dieu fera passer par les tribulations au temps de la fin. On les entend confesser l’iniquité de la nation (v. 5), crier à Dieu leur détresse sous l’oppression de leurs ennemis (v 9, 14, 18, 19, etc.), puis anticiper leur délivrance : « Car Dieu sauvera Sion, et bâtira les villes de Juda ; et on y habitera... et ceux qui aiment son nom y demeureront » (v. 35, 36). Ce sont ceux que Dieu a blessés.

Mais ce qui donne un prix immense à ce psaume, c’est qu’il nous présente les sentiments qui ont été dans le cœur de Celui qui a été « frappé de Dieu et affligé, … blessé pour nos transgressions, … meurtri pour nos iniquités » (selon Ésaïe 53:4, 5). Voilà celui que Dieu a frappé. Plusieurs versets du psaume sont expressément cités dans le Nouveau Testament comme s’appliquant à Christ (verset 9 en Jean 2:17 et en Rom. 15:3 ; verset 4 en Jean 15:25), ou comme annonçant le jugement de ceux qui sont coupables de sa mort (versets 22 et 23 en Rom. 11:9, 10 ; verset 25 en Actes 1:20). En outre, le verset 21 « Ils ont mis du fiel dans ma nourriture, et, dans ma soif, ils m’ont abreuvé de vinaigre » a été littéralement accompli par les soldats lors de la crucifixion : « Ils lui donnèrent à boire du vinaigre mêlé de fiel » (Matt. 27:34), et l’Évangile de Jean précise que Jésus dit « J’ai soif », «afin que l’Écriture fût accomplie » (19:28).

Tout, ou presque tout, dans ce psaume, peut être mis dans la bouche du Seigneur Jésus, hormis les appels à la vengeance des versets 22 à 28. Cependant, s’il est vrai que Jésus n’a pas demandé le jugement de ceux qui l’ont crucifié, qu’il a été comme une brebis muette devant ceux qui la tondent, et a intercédé pour ses bourreaux, il n’en demeure pas moins que ceux qui sont coupables de l’avoir mis à mort sont, selon la justice de Dieu, sous le jugement prononcé dans ces versets. C’est ce que confirme la citation des versets 22, 23 et 25 dans le nouveau Testament.

Dans les grandes lignes, le psaume se divise en trois parties, de la façon suivante :

v. 1-21 : détresse, douleur, appels au secours

v. 22-28 : appels à la vengeance

v. 29-36 : anticipation de la délivrance et louanges

La première partie est celle qui concerne particulièrement le Seigneur. C’est surtout sur elle que nous nous arrêterons.

 

14.2   Ô jour d’angoisse, où Dieu cachait sa face !

Les premiers versets nous placent d’emblée devant la détresse de notre Sauveur. Trois images se succèdent pour l’évoquer : « les eaux me sont entrées jusque dans l’âme », « je suis enfoncé dans une boue profonde », « le courant me submerge » (v. 1, 2). Ces trois images sont reprises dans les versets 14 et 15 et là il s’y ajoute encore : « que le puits ne ferme pas sa gueule sur moi ». Quel tableau saisissant que celui d’un homme qui se noie, ou qui s’enlise !

Dans cette angoisse, Jésus s’adresse à Dieu, celui en qui, invariablement, il se confie : « Sauve-moi, ô Dieu ! » (v. 1). Ce n’est pas la paisible confiance de celui dont les yeux sont fixés sur la délivrance prochaine, c’est l’appel au secours de celui qui est étreint par la détresse. Plusieurs fois dans le psaume, nous entendrons encore son cri : « Délivre-moi », « Réponds-moi ».

Dieu se tient pour ainsi dire à distance, aussi s’écrie-t-Il : « Approche-toi de mon âme, sois son rédempteur » (v. 18). « Selon la grandeur de tes compassions, tourne-toi vers moi » (v. 16). Mais Dieu n’intervient pas, il cache sa face. « Ne cache pas ta face de ton serviteur, car je suis en détresse. Hâte-toi, réponds-moi » (v. 17).

Mais la délivrance n’est pas pour maintenant. « Je suis las de crier ; mon gosier est desséché ; mes yeux se consument, pendant que j’attends mon Dieu » (v. 3). Il est dévoré par la soif et ses yeux sont brûlants de larmes. Plus loin, il sera dit comment les hommes ont cherché à étancher sa soif avec une boisson répugnante. Néanmoins sa prière s’adresse à Dieu en un temps agréé (v. 13). Dieu reçoit cette prière — et quel prix n’a-t-elle pas pour Lui ! — mais Il n’y répondra que lorsque le temps sera venu peur cela.

 

14.3   Ils m’ont rendu la haine pour mon amour

Au verset 4, nous trouvons une première mention des ennemis qui le font souffrir, et qui seront mentionnés souvent dans le psaume. « Ceux qui me haïssent sans cause sont plus nombreux que les cheveux de ma tête ; ceux qui voudraient me perdre, qui sont à tort mes ennemis, sont puissants ». À la fin de sa course ici-bas, le Seigneur dit à ses disciples, en soulignant que c’était l’accomplissement d’une parole de l’Ancien Testament : « Ils m’ont haï sans cause » (Jean 15:25). Durant toute sa vie sur la terre, il avait manifesté l’amour pour ses créatures, étant ému de compassion envers les malheureux, et les délivrant. Mais pour nul autre autant que pour lui ne se sont réalisées les paroles du psaume 109 : « ils m’ont rendu le mal pour le bien, et la haine pour mon amour » (v. 5). Jésus avait manifesté la nature divine dans sa plénitude, la lumière aussi bien que l’amour. Or la lumière qu’il faisait resplendir dans ce monde de ténèbres mettait en évidence l’état de corruption de celui-ci. Et, par ceux qui font le mal, la lumière est toujours haïe (Jean 3:20), que ce soit chez le Maître ou chez ses disciples.

 

14.4   Ma folie et mes fautes

« Ce que je n’avais pas ravi, je l’ai alors rendu » (v. 4). Cette déclaration nous place devant le grand fait de la substitution. Le Seigneur Jésus s’est chargé de nos péchés, il les a fait siens. Il a payé notre immense dette. Devant le Dieu saint, il a répondu de tout ce que nous avions fait et de tout ce que nous étions. « Lui-même a porté nos péchés en son corps sur le bois » (1 Pierre 2:24) ; il a été « fait péché pour nous » (1 Cor. 5:21).

Ce qu’Il n’avait pas ravi — ce que nous, nous avions ravi — et que Lui a rendu n’est-ce pas aussi la gloire de Dieu ? cette gloire que le premier homme et ses descendants ont foulée aux pieds, et que le second homme a rétablie. « Maintenant » dit Jésus, et c’est le maintenant de la croix, « le Fils de l’homme est glorifié, et Dieu est glorifié en lui » (Jean 13:31). C’est à la croix que tout ce qu’est Dieu — en amour, en justice, sainteté, en puissance, en sagesse — a été pleinement manifesté.

« Ô Dieu ! tu connais ma folie, et mes fautes ne sont pas cachées » (v. 5). C’est la suite de la pensée exprimée à la fin du verset 4. La « folie », dans l’Écriture, désigne le caractère moral de l’homme loin de Dieu. Le Seigneur confesse ici ce dont Il s’est chargé à la croix, non seulement les fautes que nous avons commises, mais la source dont elles proviennent. C’est à cause de cela qu’Il doit passer par le chemin d’indicible souffrance décrit ici. Nous avons déjà rencontré cela au psaume 40 : « Mes iniquités m’ont atteint, et je ne puis les regarder » (v. 12). Souvenons-nous toujours que cette folie, ces fautes, ces iniquités, ce sont les nôtres !

Au milieu de sa détresse, le Seigneur pense à ceux qui se confient en l’Éternel, et Il intercède en leur faveur : « Que ceux qui s’attendent à toi ne soient pas rendus honteux à cause de moi ! » (v. 6). Ce spectacle de l’homme pieux qui crie à Dieu et ne reçoit pas de réponse serait de nature à troubler leur foi. Qu’il n’en soit pas ainsi ! À la fin du psaume, lorsqu’il anticipe la délivrance, il loue le non de son Dieu et se réjouit parce que les siens en seront témoins : « Les débonnaires le verront, ils se réjouiront » (v. 32).

 

14.5   L’opprobre m’a brisé le cœur

« Car à cause de toi j’ai porté l’opprobre » (v. 7). Il en avait été ainsi tout au long de sa vie. Sa fidélité à Dieu avait fait de lui un étranger au milieu de son peuple et même parmi les siens : « Je suis devenu un étranger à mes frères, et un inconnu aux fils de ma mère » (v. 8). C’est ce que nous voyons en particulier en Jean 7:3-5. Son zèle pour Dieu n’avait pas été compris et avait attiré sur Lui le mépris et les outrages : « Car le zèle de ta maison m’a dévoré, et les outrages de ceux qui t’outragent sont tombés sur moi » (v. 9). Les disciples se souvinrent de ce passage lorsque Jésus fit un fouet de cordes pour chasser hors du temple ceux qui en avaient fait une maison de trafic (Jean 2:17). Nous avons à suivre le Seigneur dans ce chemin. Ne craignons pas les outrages de ceux qui l’outragent. C’est ainsi que Paul exhorte son enfant dans la foi : « Prends ta part des souffrances, comme un bon soldat de Jésus Christ » (2 Tim 2:3).

Au verset 10, nous trouvons une deuxième mention de l’opprobre, et plus loin, le Seigneur en parle encore deux fois, de sorte que ce psaume peut bien être appelé le psaume de l’opprobre. Au verset 19, Il place ce qui l’oppresse devant son Dieu, de même que ceux qui le font souffrir : « Toi, tu connais mon opprobre, et ma honte, et ma confusion : tous mes adversaires sont devant toi ». Et au verset 20, il fait cette déclaration poignante : « L’opprobre m’a brisé le cœur, et je suis accablé ». Le Créateur, celui qui soutient toutes choses par sa puissance, est là, couvert de honte et de mépris par sa créature, et son cœur en est brisé.

 

14.6   Aucun consolateur

Le Seigneur est oppressé par la haine, les moqueries, les calomnies, les insultes de tous ceux qui l’entourent : « Je leur suis devenu un proverbe. Ceux qui sont assis dans la porte parlent contre moi, et je sers de chanson aux buveurs » (v. 11, 12). Tous, des plus respectés aux plus vils, sont unis dans un sinistre plaisir — ils « prennent plaisir à mon malheur » (Ps. 40:14) ; « dans mon adversité, ils se sont réjouis et se sont rassemblés » (Ps. 35:15).

Dans sa perfection humaine, le Seigneur Jésus aurait désiré goûter la sympathie des siens. C’est ainsi qu’il dit à quelques-uns d’entre eux, à l’heure de Gethsémané : « Mon âme est saisie de tristesse jusqu’à la mort ; demeurez ici et veillez avec moi » (Matt. 26:38). Nous savons qu’ils se sont endormis. Et à l’heure de la croix, « tous le laissèrent et s’enfuirent » (Marc 14:50). Dans le psaume, nous l’entendons dire : « J’ai attendu que quelqu’un eût compassion de moi, mais il n’y a eu personne, ... et des consolateurs, mais je n’en ai pas trouvé » (v. 20).

 

14.7   En un lieu de sûreté

Au verset 13, la délivrance a déjà été entrevue : « réponds-moi selon la vérité de ton salut » Et à la fin du psaume, bien qu’encore dans la douleur, il envisage la portée de ce salut : « que ton salut, ô Dieu m’élève en un lieu de sûreté » (v. 29). Il s’est « anéanti », Il s’est « abaissé », « c’est pourquoi aussi Dieu l’a haut élevé et Lui a donné un nom au-dessus de tout nom » (Phil. 2:9). C’est le motif de son cantique : « je louerai le nom de Dieu dans un cantique, et je le magnifierai par ma louange » (v. 30). Sa délivrance sera un sujet de joie et de louanges pour d’autres : « les débonnaires le verront, ils se réjouiront » (v. 32). « Les cieux et la terre le loueront, les mers et tout ce qui se meut en elles » (v. 34).

 

Ô jour d’angoisse, où Dieu cachait sa face !

Ô jour de honte et de confusion,

Quand tu payas, Seigneur à notre place,

L’immense prix de la rédemption !

 

Tu recherchas amour et sympathie,

Mais nul des tiens ne comprit ta douleur ;

L’un te trahit et l’autre te renie,

Tu ne trouvas aucun consolateur.

 

Tu fus muet dans toutes tes souffrances,

Quand devant toi des ennemis moqueurs

Multipliaient les défis, les offenses ;

L’opprobre alors a déchiré ton cœur.

 

 

15    Psaumes 93 à 100

Nous considérerons globalement cette série de psaumes. Ils ont beaucoup d’éléments communs, quoiqu’on y discerne une certaine évolution : au début, souffrances, appels à la vengeance ; à la fin, cris de joie et louanges. Nous nous arrêterons sur ces psaumes surtout parce qu’ils servent d’introduction au Psaume 101, qui nous parle de Christ homme de façon très claire et très caractéristique.

 

15.1   « L’Éternel règne » — Ps. 93:1

Quatre fois dans les Psaumes 93 à 100, nous entendons l’exclamation : « l’Éternel règne ». Le Psaume 2 nous avait montré l’Éternel et son Oint comme deux personnes distinctes, l’Éternel ayant oint son roi sur Sion (v. 2, 6). Ici le Messie et l’Éternel sont identifiés. Le Messie est l’Éternel lui-même. La divinité de Christ est ainsi affirmée, déjà dans l’Ancien Testament.

La première proclamation « l’Éternel règne » (93:1) introduit cette série de psaumes, et est accompagnée de la déclaration de l’éternité de son être : « Ton trône est établi dès longtemps ; tu es dès l’éternité » (v. 2). Les puissances terrestres « ont élevé leur voix » dans la révolte contre son autorité, mais toutes devront céder devant lui (v. 3, 4). « Car l’Éternel est un grand Dieu, et un grand roi par-dessus tous les dieux » (95:3).

La seconde est au Psaume 96 : « Dites parmi les nations : l’Éternel règne !... Il exercera le jugement sur les peuples avec droiture » (v. 10). Nous apprenons ici que la domination du Messie ne s’étendra pas à Israël seulement, mais au monde entier. Son peuple doit en rendre témoignage parmi les nations.

Les deux autres exclamations introduisent deux pensées dominantes de ces psaumes : « L’Éternel règne : que la terre s’égaie » (97:1) et « L’Éternel règne : que les peuples tremblent » (99:1). Pour les uns, allégresse, cris de joie et chants de triomphe ; pour les autres, crainte et tremblement.

Ces psaumes évoquent le règne millénaire de Christ, plus précisément l’établissement de ce règne, avec la période et les événements qui le précèdent immédiatement. Comme nous l’apprend le Nouveau Testament, l’Église aura été enlevée au ciel auparavant, de sorte que s’il y a des témoins de Dieu sur la terre à ce moment, ce sont les fidèles du résidu d’Israël ou ceux des nations qui auront reçu l’évangile du royaume.

 

15.2   « Dieu des vengeances ! fais luire ta splendeur » — Ps. 94:1

L’établissement du royaume de Dieu sur la terre ne se fera pas en douceur, par une évolution progressive. Le Psaume 94 s’ouvre par un appel au « Dieu des vengeances » : « Élève-toi, juge de la terre ! rends la récompense aux orgueilleux » (v. 1, 2).

Ceux qui constituent le peuple de Dieu ou son héritage (v. 5) sont opprimés et foulés aux pieds. Ils soupirent après la délivrance et s’écrient : « Jusques à quand... ? » (v. 3, 4). Néanmoins ils comprennent que l’épreuve qu’ils traversent est pour leur bien : « Bienheureux l’homme que tu châties, ô Jah ! » (v. 12 ; cf. Ps. 119:67, 71, 75). L’Éternel soutient leur foi et leur dispense ses consolations : « Car l’Éternel ne délaissera point son peuple et n’abandonnera point son héritage » (94:14). Le jour vient, où l’Éternel fera retomber sur les méchants leur iniquité, et les détruira (v. 23).

En attendant, le fidèle peut goûter la bonté de Dieu et, au sein même de son trouble, éprouver la douceur de la communion avec lui : « Si j’ai dit : Mon pied glisse, ta bonté, ô Éternel ! m’a soutenu. Dans la multitude des pensées qui étaient au-dedans de moi, tes consolations ont fait les délices de mon âme » (v. 18, 19). Que Dieu nous accorde de faire nous aussi cette expérience, lorsque nous devons traverser l’épreuve !

 

15.3   « Le jugement retournera à la justice » — Ps. 94:15

Cette terre a connu, hélas ! « le trône d’iniquité, qui fait de l’oppression une loi » (94:20) : ceux qui détenaient l’autorité l’ont utilisée pour opprimer les autres et pour pratiquer sans retenue l’injustice. « Ils se rassemblent contre l’âme du juste, et condamnent le sang innocent » (v. 21). Et le point culminant de cette injustice n’a-t-il pas été la condamnation du Juste par excellence ? Mais sous le sceptre du Messie, « le jugement retournera à la justice » (v. 15) : l’exercice de l’autorité judiciaire sera entre les mains de Celui qui est juste.

Le même thème est repris dans les psaumes suivants : « Il exercera le jugement sur les peuples avec droiture » (96:10). « Poussez des cris de joie devant le Roi, l’Éternel !... Que les fleuves battent des mains, que les montagnes chantent de joie ensemble, devant l’Éternel ! car il vient pour juger la terre ; il jugera le monde avec justice, et les peuples avec droiture » (98:6-9 ; cf. 96:10-13).

La justice et le jugement sont enfin unis : ils sont « la base de son trône » (97:2).

« Les cieux déclarent sa justice, et tous les peuples voient sa gloire » (97:6). Ils célébreront... « la force du roi qui aime la justice », ils loueront celui qui établit la droiture, qui exerce le jugement et la justice en Jacob (99:4).

 

15.4   « Chantez à l’Éternel un cantique nouveau » — Ps. 96:1

Si le Psaume 94 fait entendre les supplications de fidèles encore dans la souffrance, dans les psaumes suivants, les cris de joie et la louange sont les notes dominantes. Les cieux, la terre, la mer, les îles, les champs les arbres, les fleuves, les montagnes, le monde et tous ceux qui y habitent sont invités à se joindre à cette allégresse et à ces chants de triomphe. « Chantez à l’Éternel un cantique nouveau » (96:1 ; 98:1). À ce nouvel état de chose, heureux et glorieux, correspond un cantique nouveau. Ce n’est certes pas le même que celui des rachetés dans le ciel, en Apocalypse 5:9 ; c’est un cantique qui célèbre ce que l’Éternel a fait et établi sur la terre. « Car il a fait des choses merveilleuses : sa droite et le bras de sa sainteté l’ont délivré. L’Éternel a fait connaître son salut, il a révélé sa justice aux yeux des nations. Il s’est souvenu de sa bonté et de sa fidélité envers la maison d’Israël ; tous les bouts de la terre ont vu le salut de notre Dieu » (98:1-3). Son salut, c’est la délivrance qu’il a accordée à son peuple affligé et opprimé. Sa fidélité, c’est l’accomplissement des promesses qu’il a faites depuis l’époque d’Abraham. Sa justice, c’est la justice des siècles de Daniel 9, c’est l’établissement de son règne de justice sur la terre.

Cette louange est bien différente de la louange caractéristique de la période chrétienne. Nous avons aussi des cantiques à chanter, une joie à exprimer, un salut et une justice à célébrer, c’est vrai. Mais nous le faisons dans un monde où Christ ne règne pas, où la justice n’est nullement établie, où les impies et les pécheurs outragent encore le vrai Dieu. Nous avons reçu le salut de nos âmes, nous sommes revêtus de la justice de Christ, notre Sauveur. Nous célébrons l’œuvre merveilleuse de la croix, fondement de notre salut. Comme les fidèles de ces temps futurs dont nous entretiennent ces psaumes, nous avons aussi un témoignage à rendre dans ce monde, mais nous ne pouvons pas encore dire « Poussez des cris de joie vers l’Éternel, toute la terre » (98:4). Satan est encore le « chef de ce monde ». L’évangile de la grâce retire des hommes du présent siècle mauvais (Gal. 1:4), et en fait des étrangers ici-bas (1 Pierre 2:11).

 

15.5   « Il est saint » — Ps. 99:3

Le Psaume 93 déjà pose le principe : « La sainteté sied à ta maison, ô Éternel ! pour de longs jours » (v. 5). Principe permanent, que Dieu réaffirme sous différentes formes dans le Nouveau Testament : « le temple de Dieu est saint, et tels vous êtes » (1 Cor. 3:17 — cf. Éph. 2:21 ; 1 Pierre 1:15, 16 ; etc.).

Trois fois, le Psaume 99 déclare, en parlant de l’Éternel : « il est saint » (v. 3, 5, 9). Comme nous l’avons déjà fait remarquer, ce psaume commence par l’avertissement : « L’Éternel règne : que les peuples tremblent ! ». Le mal sous toutes ses formes est contraire à sa nature. Il ne peut le supporter et se doit de le juger. Alors, « tremblez devant lui, toute la terre » (96:9). L’homme pécheur a tout à craindre de ce Dieu qui va « prendre sa grande puissance », « entrer dans son règne », « détruire ceux qui corrompent la terre » (Apoc. 11:17, 18) et « consumer à l’entour ses adversaires » (Ps. 97:3). Il va revendiquer ses droits longtemps foulés aux pieds, et se manifester comme le « Seigneur de toute la terre », « le Très-Haut sur toute la terre » (97:5, 9).

Le Psaume 99 rappelle les voies de Dieu envers les siens : elles ont été marquées par la sainteté aussi bien que par la grâce. Évoquant l’histoire de Moïse, d’Aaron et de Samuel, le psalmiste dit : « Éternel, notre Dieu ! tu leur as répondu, tu as été pour eux un Dieu qui pardonnait, et prenait vengeance de leurs actes » (v. 8). Le jugement de Dieu commence toujours par sa maison (1 Pierre 4:17).

 

15.6   « Célébrez-le, bénissez son nom » — Ps. 100:4

Cette série de psaumes s’achève par une nouvelle invitation à la joie et à la louange. « Poussez des cris de joie vers l’Éternel, toute la terre !... Entrez dans ses portes avec des actions de grâces, dans ses parvis avec des louanges. Célébrez-le, bénissez son nom ! » (Ps. 100:1, 4).

Nous sommes ici sur un terrain tout différent de celui de l’Église, bien que certains des éléments présentés puissent évoquer dans nos cœurs la louange chrétienne. Nous aussi, nous pouvons entrer dans le sanctuaire de Dieu, pour nous approcher de lui et bénir son nom (Héb. 10:19 ; 13:15). Mais les « lieux saints » dans lesquels nous entrons sont célestes, et nous y entrons en esprit et par la foi.

Ces psaumes, par contre, nous placent dans une scène essentiellement terrestre. L’Éternel, le Dieu d’Israël, manifeste sa gloire sur la terre. Il y revendique ses droits, y exerce son jugement et y établit son règne de justice. Les méchants ont été détruits. Les peuples se sont soumis au Roi. Ils sont invités à se réjouir, à s’approcher de lui et à lui apporter une offrande. « Famille des peuples... rendez à l’Éternel la gloire de son nom ; apportez une offrande et entrez dans ses parvis. Adorez l’Éternel en sainte magnificence ; tremblez devant lui, toute la terre » (96:7-9).

Remarquons en terminant que dans tous ces psaumes, il n’y a pas un mot des souffrances de Christ. Et dans le suivant non plus.

 

16    Psaume 101

Ainsi que nous venons de le voir, les Psaumes 93 à 100 célèbrent l’établissement du règne de justice sur la terre. Le Roi est l’Éternel lui-même. Toute la terre est invitée à se réjouir et à rendre gloire à ce roi, mais aussi à trembler devant lui. Il s’est fait connaître par le salut qu’il a accordé à son peuple et par le jugement qu’il a exercé sur ses ennemis. « Célébrez-le, bénissez son nom ! Car l’Éternel est bon ; sa bonté demeure à toujours, et sa fidélité de génération en génération » (100:4, 5).

Le Psaume 101 nous place dans le même contexte, mais nous présente les sentiments qui habitent le cœur du Roi lui-même.

Dans son sens premier, le psaume est l’expression des sentiments de David, envisageant sa tâche de souverain (*). Il parle à Dieu : « Je chanterai la bonté et le jugement ; à toi, ô Éternel, je psalmodierai. Je veux agir sagement, dans une voie parfaite ; — quand viendras-tu à moi ? — Je marcherai dans l’intégrité de mon cœur au milieu de ma maison » (v. 1, 2). Ces paroles — de même que toute la suite du psaume, qui est au futur — laissent entendre que celui qui les exprime n’est pas encore roi. Mais il sait qu’il va l’être, et il expose devant Dieu les principes selon lesquels il gouvernera. C’est comme la réponse de David à la communication que Dieu lui avait faite : « Celui qui domine parmi les hommes sera juste, dominant en la crainte de Dieu » (2 Sam. 23:3). C’était sans doute le désir du cœur intègre de David de dominer de cette manière, bien qu’il ait dû confesser à la fin de sa vie que sa maison n’avait pas été ainsi avec Dieu (v. 5).

 

(*) Ce psaume a été appelé « le discours du trône ».

 

La place de ce Psaume 101, juste après les Psaumes 93 à 100, est remarquable. Et les principes de gouvernement qui y sont exposés par la bouche du Roi sont les mêmes que ceux qui sont présentés dans les psaumes précédents. De sorte qu’il ne fait aucun doute que ce psaume est l’expression de ce qui remplit le cœur du Messie, tandis qu’il a devant lui la tâche qu’il a reçue de la part de Dieu. Voilà comment il s’acquittera de son administration ! Remarquons qu’ici, ce n’est plus « l’Éternel règne ». C’est un homme qui règne, et cela dans une parfaite crainte de Dieu. C’est « l’homme Christ Jésus », « qui est sur toutes choses Dieu béni éternellement » (1 Tim. 2:6 ; Rom. 9:5).

« Je ne mettrai pas devant mes yeux une chose de Bélial ; je hais la conduite de ceux qui se détournent : elle ne s’attachera point à moi. Le cœur pervers se retirera d’auprès de moi ; je ne connaîtrai pas le mal » (v. 3, 4). Le Roi ne peut voir le mal ; il ne le supporte pas : il le hait et le tient à distance. Même, il détruira ceux qui le pratiquent. La calomnie et l’orgueil, en particulier, lui sont insupportables (v. 5). Ses yeux sont comme ceux de l’Éternel, ils ne peuvent voir le mal, mais se reposent avec faveur sur les fidèles du pays (v. 6). Ce sont eux qui habiteront avec lui, tandis que ceux qui pratiquent la fraude ou profèrent le mensonge ne subsisteront pas devant lui.

Il veut « agir… dans une voie parfaite » (v. 2), et « celui qui marche dans une voie parfaite » aura le privilège de le servir (v. 6).

Le psaume se termine par une déclaration solennelle caractéristique du règne millénaire, mais d’un esprit combien différent de celui de l’époque de la grâce dans laquelle nous vivons : « Chaque matin, je détruirai tous les méchants du pays (ou de la terre), pour retrancher de la ville de l’Éternel tous les ouvriers d’iniquité (v. 8). Dans les siècles qui ont précédé, les pécheurs auront pu faire le mal cent fois et prolonger leurs jours ; parce que la sentence contre les mauvaises œuvres ne s’exécutait pas immédiatement, leur cœur était au-dedans d’eux plein d’envie de faire le mal (Eccl. 8:11, 12). Beaucoup de fidèles, comme Asaph au Psaume 73, ont eu de la peine à comprendre que Dieu puisse ainsi laisser prospérer les méchants. Mais au temps futur dont ces psaumes nous parlent, les choses auront changé : Dieu agira selon sa justice. Et c’est Christ, celui qui, au jour de son abaissement volontaire, s’est laissé mener comme un agneau à la boucherie, c’est lui qui, dans le jour de gloire à venir, exécutera le juste jugement de Dieu.

« C’est lui qui est établi de Dieu juge des vivants et des morts » (Act. 10:42). « Dieu donc, ayant passé par-dessus les temps de l’ignorance, ordonne maintenant aux hommes que tous, en tous lieux, ils se repentent ; parce qu’il a établi un jour auquel il doit juger en justice la terre habitée, par l’homme qu’il a destiné à cela, de quoi il a donné une preuve certaine à tous, l’ayant ressuscité d’entre les morts » (Act. 17:30, 31).

 

17    Psaume 102

Comme l’indique la suscription, ce psaume est la « prière de l’affligé ». Mais il ne s’agit pas d’une affliction ordinaire, c’est « la prière de l’affligé, quand il est accablé ». Et en effet, nous entendons ici ses cris de détresse et ses gémissements. Nous avons devant nous l’homme pieux, qui se confie entièrement en l’Éternel et qui « répand sa plainte » devant Lui, tandis que Celui-ci cache sa face et paraît ne pas répondre. Mais qui est cet affligé ?

À la lumière du Nouveau Testament, nous ne pouvons douter que c’est Christ que l’Esprit a ici en vue, et que ce psaume fait partie de ces écrits des prophètes qui ont rendu « par avance témoignage des souffrances qui devaient être la part de Christ et des gloires qui suivraient » (1 Pierre 1:11). Nous nous arrêterons surtout sur cet aspect-là.

Cependant, de nombreux croyants dans la souffrance, à toutes les époques, se sont certainement approprié ce psaume. Et c’est bien l’un des buts pour lesquels Dieu nous l’a donné. Ils ont trouvé dans les paroles du psalmiste une expression de leur douleur, et un encouragement à répandre eux aussi leur cœur devant un Dieu qui les écoute et qui interviendra pour eux au temps convenable.

Le psaume se compose de trois parties : versets 1-12, 13-22 et 23-28. La seconde partie traite d’un sujet à part : la restauration de Sion. La détresse et l’accablement font place à l’espérance et à la certitude de l’intervention de Dieu pour délivrer son peuple opprimé. La gloire du règne millénaire est anticipée et célébrée.

Après cette vision d’avenir, le psaume revient au thème du début. Les versets 23 et 24 sont d’ailleurs une reprise des versets 11 et 12, dans lesquels le psalmiste met en contraste sa vie qui s’en va et l’existence éternelle de Dieu. Le début et la fin du psaume forment donc un tout, qui est proprement la prière de l’affligé.

 

17.1   Affliction et restauration d’Israël

Il ne faudrait cependant pas penser que la partie centrale, de caractère un peu différent, ne se lie pas à ce qui l’encadre. Au contraire, elle en est la conclusion ou l’aboutissement. Rappelons-nous que, dans leur sens premier, les Psaumes sont un livre prophétique ayant en vue Israël. Et dans ce sens, l’affligé qui répand sa plainte devant l’Éternel, ce sont les fidèles du résidu au temps de la grande tribulation. Ils ont affaire à des ennemis furieux qui les outragent (v. 8), mais sont conscients de souffrir sous le gouvernement de Dieu : « À cause de ton indignation et de ta colère ; car tu m’as élevé haut, et tu m’as jeté en bas » (v. 10). C’est ce que nous avions considéré dans les Psaumes 38 et 39, en étudiant le Psaume 40 (voir en particulier 38:1-4, 18 ; 39:9-11).

Cette partie centrale du psaume nous transporte dans le contexte exact où nous ont amenés les psaumes précédents (93 à 101). Le temps d’user de grâce envers Israël est arrivé (v. 13). Des cieux l’Éternel a regardé la terre et a entendu le gémissement de ceux qui étaient voués à la mort (v. 19, 20). Il aura égard à la prière du désolé (v. 17), et répondra à l’attente de ses serviteurs qui prennent plaisir aux pierres et à la poussière de la ville affligée (v. 14). L’Éternel rebâtira Sion et paraîtra dans sa gloire (v. 16). Le peuple qui sera créé le louera (v. 18), tandis que toutes les nations craindront le nom de l’Éternel, et se rassembleront pour le servir (v. 15, 22). C’est le tableau connu de la restauration d’Israël et de l’introduction du glorieux règne millénaire.

 

17.2   Christ dans le Psaume 102 : Détresse et solitude

Dans ce qui précède le verset 13 et dans ce qui suit le verset 22, nous trouvons des expressions qui, dans toute leur force, ne peuvent s’appliquer qu’à Christ. Elles émeuvent le croyant, lorsqu’il se souvient que c’est à cause de lui, et pour lui, que le Sauveur a connu ce qui est présenté là.

C’est le jour de sa détresse (v. 2). Il adresse à Dieu sa prière, son cri, son gémissement. Dans sa douleur, il a oublié de manger son pain (v. 4). « Car j’ai mangé la cendre comme du pain, et j’ai mêlé de pleurs mon breuvage » (v. 9). Dans un langage imagé, il parle de ses os brûlés comme un foyer, de ses os qui s’attachent à sa chair, de son cœur frappé et desséché comme l’herbe. En termes combien expressifs, il décrit sa solitude : « Je suis devenu semblable au pélican du désert ; je suis comme le hibou des lieux désolés ; je veille, et je suis comme un passereau solitaire sur un toit » (v. 6, 7). Abandon, humiliation ! Ceci nous rappelle la parole de l’évangile : « Alors tous le laissèrent et s’enfuirent » (Marc 14:50).

 

17.3   Ne m’enlève pas à la moitié de mes jours ! — 102:24

Mais ce qui, dans le chemin de douleurs du Seigneur, est particulièrement placé devant nous dans ce psaume, c’est l’amertume de la mort, et de la mort ressentie comme jugement de Dieu. Au verset 3 nous lisons : « Mes jours s’évanouissent comme la fumée ». Au verset 11 : « Mes jours sont comme l’ombre qui s’allonge » — une ombre qui s’allonge, s’estompe et disparaît. Au verset 23 : « Il a abrégé mes jours ». Et au verset 24, nous l’entendons supplier : « Mon Dieu, ne m’enlève pas à la moitié de mes jours ! »

Jésus avait environ trente-trois ans lors de sa mort, moins de la moitié des soixante-dix ans que le Psaume 90 assigne à la vie humaine. Être enlevé à la moitié de ses jours, c’est sans doute pour tout homme une douleur particulière. Mais nous avons davantage ici. L’expression « à la moitié de mes jours » conduit nos pensées sur un verset du Psaume 55 : « Les hommes de sang et de fourbe n’atteindront pas la moitié de leurs jours » (v. 23). Ce retranchement « à la fleur de l’âge » était, selon le gouvernement de Dieu bien connu dans l’Ancien Testament, le signe de sa réprobation particulière. C’est ce chemin-là que notre Sauveur a accepté, alors qu’il était, quant à lui-même, le suprême, ou plutôt l’unique objet de la faveur de Dieu.

Dans le Psaume 102, la mort a le caractère d’un jugement de Dieu : « Il a abattu ma force dans le chemin, il a abrégé mes jours » (v. 23). Et pourquoi ? « À cause de ton indignation et de ta colère ; car tu m’as élevé haut, et tu m’as jeté en bas » (v. 10). Ce verset poignant est en quelque sorte la clé du psaume. Il nous présente le Messie d’Israël, « élevé haut » quant à sa mission, puis subissant, comme substitut, la colère de Dieu. De même qu’on trouve dans Daniel : « le Messie sera retranché et n’aura rien » (9:26).

Nous savons par le Psaume 22 et par les Évangiles que cette colère impliquait l’abandon de Dieu : « Mon Dieu ! Mon Dieu ! pourquoi m’as-tu abandonné ? » C’est le point culminant de sa souffrance à la croix. Notre psaume y fait sans doute allusion au verset 2 : « Ne me cache pas ta face ; au jour de ma détresse, incline vers moi ton oreille ; au jour que je crie, hâte-toi, réponds-moi » (cf. Ps. 69:17). Mais ce qu’il met surtout devant nous, c’est la détresse du Sauveur en face de la mort. L’épître aux Hébreux, elle aussi, nous en parle en termes très forts : « Durant les jours de sa chair », il a « offert, avec de grands cris et avec larmes, des prières et des supplications à celui qui pouvait le sauver de la mort » (5:7). « Les gages du péché, c’est la mort » (Rom. 6:23). « Christ est mort pour nos péchés, selon les Écritures » (1 Cor. 15:3).

 

Que ta mort, ô sainte Victime,

Soit toujours présente à nos yeux !

 

17.4   Tes années sont de génération en génération ! — 102:24

Deux fois, nous l’avons remarqué, ce psaume met en contraste la vie humaine qui s’en va et l’existence éternelle de Dieu. « Mes jours sont comme l’ombre qui s’allonge, et je deviens sec comme l’herbe. Mais toi, Éternel ! tu demeures à toujours » (v. 11, 12). Et au verset 24, on passe sans aucune transition d’une pensée à l’autre : « J’ai dit : Mon Dieu, ne m’enlève pas à la moitié de mes jours !... Tes années sont de génération en génération ! » En lisant le premier chapitre de l’épître aux Hébreux, nous découvrons avec émerveillement que c’est à la Personne même qui a supplié Dieu de ne pas l’enlever à la moitié de ses jours que la glorieuse déclaration est faite : « Tes années sont de génération en génération ». En effet, les versets 25 à 27 du psaume, qui s’adressent évidemment à la même Personne, sont intégralement cités dans l’épître, en témoignage de la divinité du Fils de Dieu. « Tu as jadis fondé la terre ; et les cieux sont l’ouvrage de tes mains ; eux ils périront, mais toi, tu subsisteras ; et ils vieilliront tous comme un vêtement ; tu les changeras comme un habit, et ils seront changés ; mais toi, tu es le Même, et tes années ne finiront pas » (v. 25-27 ; cf. Héb. 1:10-12).

Quelle grandeur dans ce verset 24 ! Quelle révélation extraordinaire ! Celui qui, dans la condition humaine qu’il avait prise, s’est assujetti aux conséquences du péché de ses créatures, et a souffert « les douleurs de la mort » avec une sensibilité humaine parfaite, est en même temps Celui qui vit éternellement, Celui qui a fondé la terre et étendu les cieux, et demeurera le même quand toute cette création disparaîtra.

Le dernier verset du psaume constitue la merveilleuse conclusion aussi bien de la prière de l’affligé que de la louange de Jérusalem. « Les fils de tes serviteurs demeureront, et leur semence sera établie devant toi » (v. 28). Les cieux et la terre ne demeureront pas. Cet ouvrage des mains du Créateur va être « plié comme un vêtement », tandis que Lui-même demeure. (Héb. 1:12). Il est le même éternellement. Mais le Fils de Dieu ayant consenti à donner sa vie pour l’accomplissement d’un autre ouvrage, celui de la rédemption, ceux qui en sont les bienheureux objets demeureront.

 

18    Psaume 109

Comme dans beaucoup d’autres psaumes, nous entendons ici la prière d’un homme pieux, injustement haï et persécuté par des adversaires cruels. Il fait appel au secours de Dieu : « Ne te tais point » (v. 1), « agis pour moi à cause de ton nom ; ... délivre-moi » (v. 21). « Aide-moi, Éternel, mon Dieu ! Sauve-moi selon ta bonté » (v. 26). S’attendant entièrement à l’Éternel, il lui demande de faire tourner en bénédiction les malédictions qui lui sont adressées : « Qu’eux, ils maudissent ; mais toi, bénis » (v. 28). Et dans les derniers versets, il anticipe la délivrance. Sa confiance en l’Éternel lui donne la certitude de l’obtenir : « De ma bouche je célébrerai hautement l’Éternel, et je le louerai au milieu de la multitude ; car il s’est tenu à la droite du pauvre, pour le sauver de ceux qui jugeaient son âme » (v. 30, 31).

En tout ceci, ce psaume est, pour les croyants de tous les temps, un modèle de confiance au sein de la souffrance. Et sans aucun doute, ces sentiments ont été éprouvés en perfection par le Seigneur Jésus.

Mais nous, chrétiens, qui lisons ces lignes, sommes frappés d’y trouver de vibrants appels à la vengeance. Plus de la moitié des versets de ce psaume (v. 6-20 et 29) sont des demandes à Dieu de « récompenser » justement l’oppresseur (presque partout mentionné au singulier). Nous savons que ces sentiments ne conviennent en aucune façon aux disciples de Celui « qui, lorsqu’on l’outrageait, ne rendait pas d’outrage, quand il souffrait, ne menaçait pas, mais se remettait à celui qui juge justement » (1 Pierre 2:23). Le Seigneur a dit : « Aimez vos ennemis, bénissez ceux qui vous maudissent, faites du bien à ceux qui vous haïssent, et priez pour ceux qui vous font du tort et vous persécutent » (Matt. 5:44). Et il en a montré le merveilleux exemple. Sa première parole sur la croix a été : « Père, pardonne-leur, car ils ne savent ce qu’ils font » (Luc 23:34).

Ceci nous montre une fois de plus que nous ne pouvons faire qu’une application limitée du livre des Psaumes à la période de la grâce. Cependant, ces souhaits de malheur, ces imprécations, seront de nouveau à leur place dans le temps futur où le résidu d’Israël souffrira cruellement de la part de l’Antichrist et de la nation apostate qui l’aura reçu. C’est alors que ce psaume aura son entière application. L’Antichrist peut être reconnu dans le « méchant » du verset 2, comme aussi dans celui qui est l’objet des imprécations des versets 6 à 19.

Ce psaume nous parle-t-il prophétiquement de Christ ? Il y a au moins deux raisons de répondre affirmativement.

Bien que les paroles des versets 6 à 20 n’aient nullement été dans la bouche du Seigneur, l’apôtre Pierre cite le verset 8 : « Qu’un autre prenne sa charge », en l’appliquant à Judas Iscariote (Actes 1:20). Ceci évoque la souffrance que Christ a endurée à cause de la trahison de celui dont il avait fait son ami. Le Psaume 55 exprime cette souffrance en termes poignants : « Car ce n’est pas un ennemi qui m’a outragé, alors je l’aurais supporté ; ... Mais c’est toi, un homme comme moi, mon conseiller et mon ami : Nous avions ensemble de douces communications ; nous allions avec la foule dans la maison de Dieu » (v. 12-14). Combien son cœur a été blessé !

Mais ce qui est surtout à remarquer, c’est que certains versets du Psaume 109, non seulement décrivent les souffrances intenses d’un opprimé, mais vont au-delà de ce qu’un croyant pieux peut réaliser. « Ils m’ont entouré de paroles de haine, et ils me font la guerre sans cause. Pour mon amour, ils ont été mes adversaires ; mais moi je me suis adonné à la prière. Et ils m’ont rendu le mal pour le bien, et la haine pour mon amour » (v. 3-5). Pour qui cela a-t-il été aussi vrai que pour le Seigneur Jésus ? À son amour inlassable, manifesté par tant de bonté, de douceur, de dévouement, ont répondu la haine et le mépris. Ses ennemis eux-mêmes, après l’avoir cloué à la croix, ont rendu témoignage à son service d’amour, tout en le provoquant de façon ignoble : « Il a sauvé les autres, il ne peut se sauver lui-même » (Matt. 27:42).

Plusieurs paroles nous rappellent des expressions caractéristiques que nous avons déjà rencontrées dans d’autres psaumes :

 

·         Il dit « je suis affligé et pauvre » (v. 22), comme au Psaume 40 (v. 17).

·         Il parle de sa vie « comme l’ombre quand elle s’allonge » (v. 23), comme au Psaume 102 (v. 11).

·         Il souffre l’opprobre (v. 25), comme au Psaume 69 (v. 10, 19, 20).

·         Ceux qui se moquent de lui hochent la tête (v. 25), comme au Psaume 22 (v. 7) et en Matthieu 27 (v. 39).

·         Mais quand son œuvre sera achevée, son Dieu le délivrera, et il le louera « au milieu de la multitude » (v. 30), comme au Psaume 22 (v. 22) et en Hébreux 2 (v. 12).

 

19    Psaume 110

Ce psaume s’applique entièrement et exclusivement à Christ. Il place devant nous le Messie, au jour de sa puissance et de sa gloire à venir. Christ est présenté ici comme « le Seigneur », mais comme une personne distincte de l’Éternel.

Considérons succinctement l’ensemble du psaume, avant de nous arrêter sur les versets 1 et 4, qui contiennent des révélations extraordinaires pour l’Ancien Testament, auxquelles le Nouveau se référera de nombreuses fois.

Nous voyons d’abord Christ élevé dans la gloire céleste et s’asseyant à la droite de Dieu. Il y attend le jour choisi de Dieu pour que sa gloire royale soit publiquement manifestée (v. 1). Lorsque ce jour sera venu, Sion sera le centre terrestre de la présence divine et la source de la force ; les ennemis de Christ seront réduits à l’impuissance et son peuple le servira de plein gré (v. 2, 3).

Cependant, selon le solennel décret de Dieu, celui auquel est confiée la royauté universelle sera en même temps sacrificateur à perpétuité (v. 4). La royauté et la sacrificature, fonctions et dignités entièrement distinctes en Israël autrefois, sont réunies dans la même personne.

Les derniers versets nous le montrent encore à la droite de l’Éternel — car le Seigneur, c’est bien lui, au verset 5 comme au verset 1. Le « jour de sa puissance » (v. 3) est aussi le « jour de sa colère » (v. 5). Dans ce jour qui suivra le temps de la grâce, il jugera, il brisera ses ennemis sans miséricorde (v. 6).

Le dernier verset, « Il boira du torrent dans le chemin, c’est pourquoi il lèvera haut la tête », peut être compris comme une allusion à sa vie d’homme sur la terre. Il n’a jamais été découragé par toutes les douleurs qu’il a subies, parce qu’il trouvait toujours à la véritable source, dans la communion de son Père, le rafraîchissement de son âme. Et ils étaient comme des torrents dans le chemin, ces encouragements particuliers que le Père lui accordait par l’écho que sa grâce trouvait parfois dans le cœur des pécheurs (Luc 7:44 ; Jean 4:32 ; ...).

 

19.1   Fils et Seigneur de David

Lors de la venue de Jésus sur la terre, les Juifs religieux attendaient un Messie, descendant de David, qui « délivrerait Israël » et « rétablirait le royaume pour Israël » (cf. Luc 24:21 ; Act. 1:6). Un jour, le Seigneur mit à l’épreuve les pharisiens en leur citant le premier verset du Psaume 110. Il leur demanda : « Que vous semble-t-il du Christ ? » — Comment se fait-il que David l’appelle Seigneur et qu’il soit son fils ? (Matt. 22:41-45 ; Marc 12:35-37 ; Luc 20:41-44). La portée de ce verset du psaume les dépassait infiniment. Il y avait là, sous une forme cachée, une allusion au grand mystère de l’incarnation. Le Fils de David, un homme, devait être en même temps le Seigneur de David, c’est-à-dire Dieu lui-même. Tel était Jésus. Les pharisiens n’ont pu répondre un mot, eux qui fermaient les yeux pour ne pas voir la gloire divine qui rayonnait de Jésus, l’homme qu’ils haïssaient.

 

19.2   « Assieds-toi à ma droite »

« Assieds-toi à ma droite, jusqu’à ce que je mette tes ennemis pour le marchepied de tes pieds » (v. 1).

Il est sans doute peu de passages de l’Ancien Testament qui présentent « l’homme Christ Jésus » dans une telle majesté. Et c’est peut-être le seul passage qui montre clairement son élévation dans la gloire avant l’établissement de son royaume universel sur la terre.

Le Psaume 16 dit quelle doit être la part du Messie ressuscité. Après la révélation explicite de sa résurrection, au verset 10, le psalmiste s’exclame : « Tu me feras connaître le chemin de la vie ; ta face est un rassasiement de joie, il y a des plaisirs à ta droite pour toujours » (v. 11). Cette place à la droite de Dieu est une place de bénédiction suprême et définitive, mais le psaume ne révèle pas le lien qu’il y a entre cette place et la gloire terrestre du Messie.

Pierre cite ce passage du Psaume 16 dans son discours aux Juifs le jour de la Pentecôte, et il y ajoute le premier verset du Psaume 110 : « Assieds-toi à ma droite, jusqu’à ce que j’aie mis tes ennemis pour marchepied de tes pieds » (Act. 2:35). Les mots « jusqu’à ce que » ne signifient pas que cette position ne soit que pour un temps (cf. Ps. 16:11 ; Héb. 10:12), mais ils indiquent qu’à cette place glorieuse il y a une attente. Un temps doit s’écouler — et il s’est déjà écoulé plus de 1900 ans — jusqu’à ce qu’un grand événement se produise. Dans la période actuelle, Jésus est encore méprisé et rejeté, et il ne revendique rien. Mais le jour de la grâce va bientôt prendre fin. « Les temps ou les saisons que le Père a réservés à sa propre autorité » étant accomplis, le jour et l’heure dont personne n’avait connaissance étant arrivés, on verra « le Fils de l’homme venant sur les nuées, avec une grande puissance et avec gloire » (Act. 1:7 ; Marc 13:32 et 26). Le retour du Seigneur en grâce pour enlever les siens (1 Thess. 4:16, 17) n’est pas évoqué dans le psaume. Il appartient à un autre ordre de révélation.

De façon générale, les prophètes ont rendu « témoignage des souffrances qui devaient être la part de Christ et des gloires qui suivraient » (1 Pierre 1:11). Mais le premier verset du Psaume 110 nous montre qu’après les souffrances, il doit y avoir pour Christ une période de gloire exclusivement céleste, à la droite de Dieu, en attendant le moment où sa gloire sera manifestée sur la terre. Et alors elle sera manifestée, non dans la grâce de son évangile, mais dans le jugement de ses ennemis. Cette attente de Christ est clairement indiquée en Hébreux 10, qui cite aussi le Psaume 110 : « Celui-ci, ayant offert un seul sacrifice pour les péchés, s’est assis à perpétuité à la droite de Dieu, attendant désormais jusqu’à ce que ses ennemis soient mis pour marchepied de ses pieds » (v. 12, 13).

 

19.3   Le Fils de l’homme assis à la droite de Dieu

Devant le sanhédrin réuni pour le condamner, Jésus garda d’abord le silence. Les faux témoignages portés contre lui ne purent lui faire ouvrir la bouche. Mais quand il fut sommé par le souverain sacrificateur de dire s’il était le Fils de Dieu, il déclara : « Je le suis », et ajouta : « vous verrez le Fils de l’homme assis à la droite de la puissance, et venant avec les nuées du ciel » (Marc 14:62). Si la terre le rejetait, le ciel allait l’accueillir. Si son peuple le méprisait, le haïssait, le crucifiait, son Dieu allait le couronner de gloire et d’honneur. Et ce monde qui l’a haï et rejeté le verra un jour sur les nuées du ciel, dans sa gloire de juge (Apoc. 1:7 ; 19:11-16).

À la fin de l’évangile de Marc, nous lisons : « le Seigneur... fut élevé en haut dans le ciel, et s’assit à la droite de Dieu » (16:19). Son service est terminé, il s’assied.

Étienne, devant un sanhédrin frémissant de rage, a les yeux fixés sur le ciel. Il dit : « Voici, je vois les cieux ouverts, et le Fils de l’homme debout à la droite de Dieu » (Act. 7:56). Le Seigneur était, pour ainsi dire, prêt à revenir, si les Juifs avaient reçu le puissant témoignage du Saint Esprit et s’étaient repentis (cf. 3:19-21). Dès lors, dans les Écritures, le Seigneur est présenté assis à la droite de Dieu.

L’Épître aux Hébreux nous rappelle que, selon les institutions du judaïsme, « tout sacrificateur se tient debout chaque jour, faisant le service et offrant souvent les mêmes sacrifices qui ne peuvent jamais ôter les péchés » (10:11). En contraste, Christ « ayant offert un seul sacrifice pour les péchés, s’est assis à perpétuité à la droite de Dieu » (v. 12). Son œuvre de rédemption est parfaite, elle est achevée ; il s’assied (cf. Héb. 1:3 ; 8:1).

En Hébreux 12:2, nous sommes exhortés à fixer « les yeux sur Jésus, le chef et le consommateur de la foi », lui qui est arrivé avant nous au but de la course que nous avons à courir. Et où est-il ? Il est « assis à la droite du trône de Dieu ». « À cause de la joie qui était devant lui, il a enduré la croix, ayant méprisé la honte ». Cette joie est celle du verset 11 du Psaume 16, déjà rappelé.

L’épître aux Éphésiens présente la place de Christ à la droite de Dieu comme celle de l’honneur suprême. « Et il l’a fait asseoir à sa droite dans les lieux célestes, au-dessus de toute principauté, et autorité, et puissance, et domination, et de tout nom qui se nomme, non seulement dans ce siècle, mais aussi dans celui qui est à venir » (Éph. 1:20, 21).

 

19.4   Sous ses pieds

Plusieurs passages nous parlent de ce qui est mis sous les pieds du Christ glorieux. Mais il convient de faire quelques distinctions.

Au Psaume 8, on lit : « Tu l’as fait dominer sur les œuvres de tes mains ; tu as mis toutes choses sous ses pieds » (v. 6). C’est la domination universelle du Fils de l’homme. Il n’est pas question d’écrasement ni d’ennemis ; c’est simplement la domination. Ce passage est cité trois fois dans le Nouveau Testament (1 Cor. 15:27 ; Éph. 1:22 ; Héb. 2:8), et chaque fois avec l’expression « il a assujetti toutes choses sous ses pieds ». Le sens est le même.

En Apocalypse 10, sous la figure « d’un autre ange puissant », le Christ met « son pied droit sur la mer et le gauche sur la terre » (v. 2). Ce tableau évoque le moment où Christ revendiquera ses droits sur toutes choses, prêt à exécuter le jugement. « Le mystère de Dieu va être terminé » (v. 7), le mystère du gouvernement d’un Dieu saint qui a si longtemps supporté le mal sur la terre sans le juger.

Au Psaume 110, ce sont ses ennemis qui sont mis sous ses pieds. Il s’agit de jugement guerrier et pas seulement de domination. C’est ce que nous avons déjà rencontré dans plusieurs psaumes (2:9 ; 18:38 ; 21:8 ; 45:5), et qu’on trouve de façon très caractéristique en Ésaïe 63:3.

En 1 Corinthiens 15, on trouve : « Car il faut qu’il règne jusqu’à ce qu’il ait mis tous les ennemis sous ses pieds : le dernier ennemi qui sera aboli, c’est la mort » (v. 25, 26). Là, il n’est pas question de l’attente de Christ dans la gloire céleste, jusqu’au moment où Dieu met ses ennemis sous ses pieds, comme au Psaume 110, mais de l’action de Christ durant le règne millénaire et dans les temps qui suivront. Dans ce passage, le « jusqu’à » n’a pas pour terme le début du millénium, mais l’introduction de l’état éternel. Ce n’est pas, à strictement parler, une citation du Psaume 110.

 

19.5   Sacrificateur selon l’ordre de Melchisédec

De nombreux psaumes nous présentent le Messie comme le roi qui doit établir l’autorité de Dieu sur la terre. On trouve déjà cela au Psaume 2 : « Et moi, j’ai oint mon roi sur Sion... Demande-moi, et je te donnerai les nations pour héritage, et, pour ta possession, les bouts de la terre » (v. 6, 8). En revanche, le Psaume 110 est probablement le seul qui nous annonce le Christ dans sa fonction de sacrificateur : « L’Éternel a juré, et il ne se repentira point : Tu es sacrificateur pour toujours, selon l’ordre de Melchisédec » (v. 4). C’est aussi de cette manière que le prophète Zacharie présente le Messie : « Voici un homme dont le nom est Germe... Lui, il bâtira le temple de l’Éternel, et il portera la gloire, et il s’assiéra, et dominera sur son trône, et il sera sacrificateur sur son trône » (6:12, 13).

La sacrificature a été instituée en Israël au moment où la loi a été donnée. Les deux choses étaient intimement liées. Aaron, le premier, a été oint comme sacrificateur, puis ses descendants ont hérité du privilège de sa fonction. Ils avaient à offrir des sacrifices, d’abord pour eux-mêmes, ensuite pour le peuple. Le souverain sacrificateur était le chef spirituel d’Israël ; il représentait le peuple devant l’Éternel et l’Éternel devant le peuple. Aaron lui-même est appelé « le chef des sacrificateurs » (Esd. 7:5).

Le Psaume 110 annonce prophétiquement l’introduction d’un autre ordre de sacrificature, dont le type se trouve dans la Genèse, bien avant l’établissement de la sacrificature lévitique. Et c’est par un serment — « l’Éternel a juré, et il ne se repentira point... » — que l’Éternel confère au Roi selon son cœur cette dignité supplémentaire. Melchisédec, que nous voyons apparaître pour un petit moment dans l’histoire d’Abraham, en Genèse 14:18-21, cumulait les fonctions de roi et de sacrificateur. Son nom signifie « roi de justice », et il était « roi de Salem » — ou de Jérusalem —, ce qui veut dire « roi de paix ». Il était en outre « sacrificateur du Dieu Très-haut ». Nous ne savons que fort peu de chose de cet homme remarquable, dont Dieu tait soigneusement toute ascendance ou descendance. L’Écriture « rend témoignage qu’il vit », qu’il est là, au moment opportun, pour accomplir envers Abraham son service de bénédiction.

L’épître aux Hébreux, dont un des buts principaux est de détacher les chrétiens juifs du système de la loi, montre les contrastes entre les bénédictions du christianisme et les éléments du judaïsme. Ceux-ci n’étaient que des types des choses meilleures que le Christ devait introduire. L’auteur de l’épître, qui avait beaucoup à dire concernant Melchisédec (5:11), consacre tout le chapitre 7 à ce sujet. Il part de l’histoire d’Abraham, « lorsqu’il revenait de la défaite des rois » (v. 1). Ceci fixe d’emblée nos pensées sur le temps futur où Christ prendra sa grande puissance et entrera dans son règne. Melchisédec est un type si frappant de Christ qu’il est « assimilé au Fils de Dieu » (v. 3). Incontestablement, il était plus grand qu’Abraham puisqu’il a reçu de lui la dîme (v. 4), et qu’il a béni le patriarche — et « sans contredit, le moindre est béni par celui qui est plus excellent » (v. 7). L’absence d’une quelconque généalogie précédant ou suivant Melchisédec nous fournit le tableau d’une « sacrificature qui ne se transmet pas » (v. 24). Celui qui revêt cette charge « demeure sacrificateur à perpétuité » (v. 3), comme le dit le psaume : « Tu es sacrificateur pour toujours ». Contrairement à Aaron, il « n’a pas été établi selon la loi d’un commandement charnel, mais selon la puissance d’une vie impérissable » (v. 16).

Il est clair que la réalisation complète de ce type est réservée pour un temps futur, le temps où les ennemis de Christ seront mis pour marchepied de ses pieds, et où le « Germe... sera sacrificateur sur son trône » (Zach. 6, 13). Mais l’épître aux Hébreux prend soin de nous dire que nous possédons déjà maintenant « un tel sacrificateur » (v. 26). Il « nous convenait, saint, innocent, sans souillure, séparé des pécheurs, et élevé plus haut que les cieux ». La gloire de sa personne et la valeur de son office de sacrificateur sont, aujourd’hui déjà, ce dont Melchisédec est le type.

« De là vient aussi qu’il peut sauver entièrement c’est-à-dire jusqu’à l’achèvement — ceux qui s’approchent de Dieu par lui, étant toujours vivant pour intercéder pour eux » (v. 25). En dépit de toutes les infirmités qui nous caractérisent, en dépit même des faux pas dont nous laissons les traces sur notre route, grâce à Lui nous atteindrons certainement le but vers lequel nous marchons. Il nous sauvera jusqu’au bout de notre course. Il nous a ouvert l’accès jusqu’à Dieu ; par lui nous nous approchons de Dieu avec une pleine liberté (Héb. 10:19). Et, miséricordieux et fidèle souverain sacrificateur qui sympathise à nos infirmités, il secourt ceux qui sont tentés (2:17, 18 ; 4:14, 15).

La sacrificature selon l’ordre d’Aaron contenait déjà quelques éléments figurant le service de notre « grand souverain sacrificateur », mais l’épître aux Hébreux met surtout en évidence les contrastes entre les deux ordres de sacrificature.

 

19.6   Melchisédec et Abraham

Arrêtons-nous encore un instant sur l’intervention de Melchisédec auprès d’Abraham en Genèse 14:18-21. Elle est pleine d’instruction pour nous.

Le patriarche vient de remporter une victoire, avec ses trois cent dix-huit hommes exercés, contre une coalition de rois. Il est en route pour ramener au roi de Sodome les prisonniers et le butin qui lui ont été pris. Il ne sait pas qu’une tentation particulière l’attend. Le roi de Sodome, en signe de reconnaissance pour le service rendu, va lui dire : « Donne-moi les personnes, et prends les biens pour toi » (Gen. 14:21). Abraham va-t-il se laisser enrichir par le roi de Sodome, roi de cette ville sur laquelle le feu et le soufre vont bientôt tomber du ciel ?

Juste avant la rencontre, Melchisédec intervient et accomplit son service. Tout d’abord il fait apporter du pain et du vin à la troupe fatiguée. Ensuite il bénit Abraham de la part du Dieu Très-haut, possesseur des cieux et de la terre, et bénit Dieu de la victoire qu’il vient d’accorder à Abraham. Le patriarche lui donne la dîme de tout, puis Melchisédec disparaît de l’histoire et de l’Écriture, jusqu’au psaume que nous considérons.

Par le moyen de Melchisédec, Abraham vient de recevoir une nouvelle révélation de Dieu. Ce Dieu qu’il connaît déjà depuis longtemps, et dont la bénédiction lui est assurée, est le Dieu Très-haut, possesseur des cieux et de la terre. Ce Dieu là l’enrichira, personne d’autre ! Et lorsque, un instant plus tard, l’offre généreuse du roi de Sodome lui sera faite, il répondra résolument : « J’ai levé ma main vers l’Éternel, le Dieu Très-haut, possesseur des cieux et de la terre : si, depuis un fil jusqu’à une courroie de sandale, oui, si, de tout ce qui est à toi, je prends quoi que ce soit, ... afin que tu ne dises pas : Moi, j’ai enrichi Abraham ! » (v. 22, 23). Quel exemple pour nous !

Mais plutôt, quel exemple du service de notre Souverain sacrificateur, qui, sachant à quelles tentations nous sommes exposés, nous fortifie pour que nous en soyons victorieux !