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QUE LE SEIGNEUR MARCHE AU MILIEU DE NOUS !

 

Exode 33 et 34:1-9

 

Monard Jacques-André

ME 2000 p. 379-382

Dieu marchera-t-il avec Israël dans sa traversée du désert jusqu’en Canaan ? Enverra-t-il un ange, ira-t-il lui-même ? Voilà les grandes questions soulevées dans ces passages.

Le chapitre 32 nous rapporte la terrible histoire du veau d’or. Dieu est prêt à exécuter son juste jugement contre le peuple qu’il a racheté d’Égypte. Mais avant de l’accomplir, il dit à Moïse : « Et maintenant laisse-moi faire, afin que ma colère s’embrase contre eux, et que je les consume ; et je ferai de toi une grande nation » (v. 10). « Laisse-moi faire » — cette parole a bien de quoi nous étonner ! Dans son immense condescendance, Dieu ne veut pas intervenir en justice sans en parler à celui qu’il traite comme un ami, sans lui donner l’occasion d’intercéder pour le peuple. Et cette occasion, Moïse ne la manque pas. Il n’atténue en aucune façon la culpabilité d’Israël, mais présente à Dieu deux solides arguments fondés l’un et l’autre sur Sa gloire : qu’en diront les Égyptiens ? et qu’en serait-il des promesses faites à Abraham, Isaac et Jacob ? (v. 12 et 13). Et l’Éternel se repent du mal qu’il avait dit qu’il ferait à son peuple. Un châtiment, toutefois, doit s’exécuter sur lui à ce moment-là (v. 28 et 35).

À la fin de ce chapitre 32, l’Éternel dit à Moïse : « Et maintenant, va, conduis le peuple où je t’ai dit. Voici, mon Ange ira devant toi » (v. 34). Le conducteur n’élève aucune objection. La présence d’un ange de Dieu est pour les siens une bénédiction ; elle implique direction et protection. Au chapitre 23 déjà, Dieu avait dit à son peuple : « Voici, j’envoie un ange devant toi, pour te garder dans le chemin, et pour t’amener au lieu que j’ai préparé. Prends garde à toi à cause de sa présence, et écoute sa voix ; ne l’irrite pas ; car il ne pardonnera point votre transgression, car mon nom est en lui » (v. 20-23). Ici aussi l’aspect très solennel de cette présence est rappelé : « Le jour où je visiterai, je visiterai sur eux leur péché » (v. 34). Comment l’homme pourra-t-il se conduire de façon à ne pas irriter l’Éternel ou son messager ?

Au début du chapitre 33, un nouvel élément est introduit : « Et l’Éternel dit à Moïse : Va, monte d’ici, toi et le peuple que tu as fait monter du pays d’Égypte, dans le pays que j’ai promis... et j’enverrai un ange devant toi.., car je ne monterai pas au milieu de toi, car tu es un peuple de cou roide ; de peur que je ne te consume en chemin » (v. 1-3).

C’est « une parole fâcheuse ». Elle amène le peuple à mener deuil et à se dépouiller de ses ornements, en signe d’humiliation (v. 4-6). Et elle va gouverner toute la conduite de Moïse dans ce chapitre.

Tout d’abord, il dresse une tente hors du camp, loin du camp, et l’appelle « la tente d’assignation ». Là sortiront tous ceux qui cherchent l’Éternel. Là tous pourront voir apparaître la colonne de nuée, signe de la présence divine, Dieu montrant ainsi qu’il ne peut plus se trouver au milieu de son peuple (v. 7-11). Ensuite, Moïse poursuit sa fidèle intercession en faveur du peuple.

Son attitude dans cette circonstance est hautement instructive pour nous. D’une part il comprend que le péché du peuple contraint l’Éternel à ne plus être au milieu de lui, et il dresse la tente d’assignation hors du camp. D’autre part il ne peut se résoudre à poursuivre la traversée du désert si Dieu n’est pas avec le peuple. La présence de Dieu est pour lui si indispensable qu’il va déployer toute l’énergie de sa foi pour le fléchir. Il montre tout à la fois un sentiment profond de la sainteté de Dieu, d’un Dieu qui ne peut être associé au péché, et un amour vrai pour le peuple dont il est le berger.

« Et Moïse dit à l’Éternel : Regarde, tu me dis : Fais monter ce peuple ; et tu ne m’as pas fait connaître celui que tu enverras avec moi » (v. 12). Il faut que cette grande question soit tranchée. Qui ira avec nous ? Moïse ajoute : « Et maintenant, je te prie, si j’ai trouvé grâce à tes yeux, fais-moi connaître, je te prie, ton chemin, et je te connaîtrai, afin que je trouve grâce à tes yeux ; et considère que cette nation est ton peuple » (v. 13). Ce n’est pas : le chemin où nous devons marcher. C’est : ton chemin.., le chemin dans lequel toi tu vas marcher, fais-le moi connaître. En d’autres termes : Que vas-tu faire ? Et Dieu se laisse fléchir : « Ma face ira, et je te donnerai du repos » (v. 14). Moïse insiste, comme pour obtenir la confirmation de cette déclaration de Dieu, si essentielle pour lui : « Si ta face ne vient pas, ne nous fais pas monter d’ici ; car à quoi connaîtra-t-on que j’ai trouvé grâce à tes yeux, moi et ton peuple ? Ne sera-ce pas en ce que tu marcheras avec nous ? » (v. 15, 16). Et Dieu confirme : « Je ferai cela aussi dont tu as parlé ; car tu as trouvé grâce à mes yeux, et je te connais par nom » (v. 17).

Il est beau de voir celui qui a donné la loi parler de la grâce. Il s’appuie sur le fait qu’il a trouvé grâce aux yeux de Dieu. Il le sait ; Dieu le lui a dit (v. 12). Il le rappelle à Dieu (v. 13) ; il lui demande d’agir en accord avec cette grâce et désire que le peuple y soit associé (v. 16).

Puis, encore une fois au chapitre suivant, Moïse revient sur la question qui lui tient tant à cœur : « Si j’ai trouvé grâce à tes yeux, Seigneur, que le Seigneur marche, je te prie, au milieu de nous ; car c’est un peuple de cou roide ; et pardonne nos iniquités et nos péchés, et prends-nous pour héritage » (34:9). La raison qu’il invoque ici — « c’est un peuple de cou roide » — est la raison même que Dieu avait donnée pour détruire le peuple (32:9) et pour ne pas marcher avec lui (33:3) ! Moïse est conscient de ce qu’est le cœur de l’homme, et il ne cherche en aucune manière à le dissimuler. Mais il compte sur la miséricorde de Dieu pour s’élever au-dessus de la misère de l’homme.

Quelles leçons pour nous dans ces chapitres ! L’amour de Moïse pour son peuple, son intercession en sa faveur, son sentiment profond de la sainteté de Dieu, sa recherche instante de la présence et de la compagnie de Dieu, son attente en la miséricorde de Dieu, et la hardiesse de sa foi... merveilleusement récompensée.