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Première Épître de Pierre

 

F.B. Hole

Le plan a été rajouté par Bibliquest

Table des matières abrégée :

1     Introduction

2     Chapitre 1

3     Chapitre 2

4     Chapitre 3

5     Chapitre 4

6     Chapitre 5

 

Table des matières détaillée :

1     Introduction

2     Chapitre 1

2.1      1 Pierre 1:1-2

2.2      1 Pierre 1:3-4

2.3      1 Pierre 1:5-6

2.4      1 Pierre 1:7-8

2.5      1 Pierre 1:9

2.6      1 Pierre 1:10-12

2.7      1 Pierre 1:13-17

2.8      1 Pierre 1:18-20a

2.9      1 Pierre 1:20b-21

2.10     1 Pierre 1:22-23

2.11     1 Pierre 1:24-25

3     Chapitre 2

3.1      1 Pierre 2:1

3.2      1 Pierre 2:2-3

3.3      1 Pierre 2:4-8

3.3.1       Le Seigneur comme un pierre : 2:4 et 2:6, 7

3.3.2       Pierre en Jean 1

3.3.3       Pierre en Matthieu 16

3.3.4       1 Pierre 2:5-6

3.3.5       1 Pierre 2:7-8

3.4      1 Pierre 2:9-10

3.5      1 Pierre 2:11

3.6      1 Pierre 2:12

3.7      1 Pierre 2:13-17

3.8      1 Pierre 2:18-20

3.9      1 Pierre 2:21-23

3.10     1 Pierre 2:24-25

4     Chapitre 3

4.1      1 Pierre 3:1-7

4.2      1 Pierre 3:8-13

4.3      Parallèle entre les livres de Moïse et 1 Pierre 1 à 3

4.4      1 Pierre 3:14-17

4.5      1 Pierre 3:18

4.6      1 Pierre 3:19-20a

4.7      1 Pierre 3:20b-21

4.8      1 Pierre 3:22

4.9      1 Pierre 3:15-22

5     Chapitre 4

5.1      1 Pierre 4:1-6

5.1.1       1 Pierre 4:1

5.1.2       1 Pierre 4:2

5.1.3       1 Pierre 4:3-4

5.1.4       1 Pierre 4:5-6

5.2      1 Pierre 4:7-11

5.2.1       1 Pierre 4:7

5.2.2       1 Pierre 4:8-9

5.2.3       1 Pierre 4:10-11

5.3      1 Pierre 4:12-16

5.3.1       1 Pierre 4:12

5.3.2       1 Pierre 4:13

5.3.3       1 Pierre 4:14

5.3.4       1 Pierre 4:15-16

5.4      1 Pierre 4:17

5.5      1 Pierre 4:18-19

6     Chapitre 5

6.1      1 Pierre 5:1-7

6.1.1       1 Pierre 5:1

6.1.2       1 Pierre 5: 2-4

6.1.3       1 Pierre 5:5a

6.1.4       1 Pierre 5:5b-7

6.2      1 Pierre 5:8-9

6.3      1 Pierre 5:10-11

6.4      1 Pierre 5:12-14

 

1                        Introduction

Commençons par remarquer certains faits qui caractérisent toute l’épître :

1. Elle est nettement appelée, dans son en-tête, une épître générale (ou catholique), vu qu’elle n’est pas écrite à une assemblée particulière, ni à une personne précise, comme la plupart des autres épîtres.

2. Elle est adressée plus précisément « à ceux de la dispersion », dans les provinces de l’Asie Mineure, mais « élus » — c’est-à-dire que Pierre écrit aux personnes converties de sa propre nation, mais éparpillées dans toutes les régions au nord de la Palestine. Pierre était l’apôtre de la circoncision (voir Galates 2:7-8), mais c’est Paul qui avait traversé ces régions et évangélisé les Juifs tout en apportant l’évangile aux nations ; donc Pierre exerçait son ministère envers eux en leur écrivant.

3. C’est nettement une épître pastorale. Pierre manifeste tout du long des soins de berger pour le bien-être de ceux à qui il écrivait. Il les instruit dans la vérité chrétienne, mais avant même de conclure son introduction et de commencer à les exhorter, il s’arrête pour s’occuper de l’état pratique de leurs âmes, comme en témoignent les v. 13 à 17 au milieu du ch. 1. Dans tout cela, Pierre exécutait bien sa mission de nourrir ou paître les brebis et les agneaux de Christ (Jean 21:15-17).

4. Les choses étant ainsi, il y a un très grand nombre d’allusions aux Écritures de l’Ancien Testament que ses premiers lecteurs connaissaient très bien. On le remarque tout spécialement dans les ch. 1 et 2 où l’apôtre développe la position, la condition et les espoirs qui étaient maintenant les leurs comme chrétiens. Il cite abondamment l’Ancien Testament ; mais au-delà de cela, presque toutes les phrases contiennent une allusion à l’Ancien Testament, et saisir ces allusions aide beaucoup à comprendre l’épître.

 

2                        Chapitre 1

2.1   1 Pierre 1:1-2

En commençant donc notre lecture de l’épître, nous trouvons l’adresse dans les v. 1 et 2. À qui écrit-il ? À « ceux de la dispersion… qui séjournent parmi les nations », des gens qui étaient les témoins vivants du fait que les Juifs avaient perdu leurs anciens privilèges, des gens qui avaient perdu tous les avantages terrestres qu’ils avaient jamais eu (des avantages très grands à l’origine). Mais ceux qui séjournaient et à qui il s’adressait n’étaient nullement la totalité des Juifs dispersés de ces provinces, mais seulement ceux qui, parmi eux, étaient « élus », ou choisis par Dieu.

Trois choses sont mentionnées quant au choix que Dieu avait fait d’eux, en relation respectivement avec le Père, l’Esprit et Jésus Christ. Remarquez les prépositions utilisées :

·        « selon » indique le caractère,

·        « en » indique le moyen utilisé,

·        « pour » indique le but en vue.

 

Le choix que Dieu avait fait d’eux — et de nous, car les Juifs et les nations bénéficient des mêmes bénédictions chrétiennes sur le même fondement, comme le montrent les épîtres de Paul — était caractérisé par la préconnaissance de Dieu comme Père. Quel réconfort ! Combien on est loin du sort aveugle que certains supposent présider à la destinée humaine. L’élection de Dieu n’est jamais capricieuse, et l’idée d’un pécheur désirant sincèrement le salut, et pourtant empêché par un décret contraire, est un cauchemar de la raison humaine et non de l’Écriture. Dieu choisit, connaissant l’issue dès le commencement, et donc Son choix est toujours juste et justifié par ses résultats.

Son choix est rendu effectif par la sanctification [JND traduit ‘sainteté’] de l’Esprit. L’idée de base de la ‘sanctification’ est de ‘mettre à part pour Dieu’, et le Saint Esprit est Celui qui, par un travail intérieur qui donne la vie, met à part celui qui en est le sujet.

Le but en vue est que celui qui est ainsi mis à part devrait être caractérisé par l’obéissance de Christ — c’est-à-dire obéir comme Lui a obéi — et aussi devrait venir sous l’efficace de Son sang dans ce but. Les mots « de Jésus Christ » se rapportent à la fois à l’obéissance et à l’aspersion du sang, mais nous pourrions demander pourquoi on trouve cet ordre, et non pas l’ordre inverse, car n’avons-nous pas besoin de la purification de Son sang avant de pouvoir obéir en aucune manière ? La réponse est, à cause de la référence qu’elle contient aux Écritures de l’Ancien Testament.

Ils appartenaient racialement au peuple qui était la nation choisie par Dieu, en Abraham, et sanctifiée, c’est-à-dire mise à part comme Exode 13:2 le déclare. Lisez Exode 24:3-8, et vous y observerez l’ordre : premièrement l’obéissance à laquelle ils étaient engagés et que la loi exigeait, puis l’aspersion du sang du sacrifice comme ratification. Pierre, s’adressant à des croyants qui étaient très familiers avec cela, observe soigneusement cet ordre, montrant seulement que nous, chrétiens, nous avons ces choses sur un plan bien plus élevé et d’une manière vitale et spirituelle ; et le sang de Jésus Christ, au lieu d’être comme celui d’Exode 24:8 qui avait une force pénale (il indiquait que la mort était le châtiment attaché à la désobéissance aux justes exigences de la loi), il purifie complètement, et est la base juste de toute notre position et de toutes nos relations avec Dieu. Sanctifiés par l’Esprit et aspergés par le sang de Christ,  nous sommes commis à une vie d’obéissance selon le modèle même de Christ. Avec une course si élevée placée devant nous, nous avons certainement besoin que la grâce et la paix nous soient multipliées.

 

2.2   1 Pierre 1:3-4

Le v. 3 débute le message de l’apôtre avec une note frappante de louange envers Dieu, révélé maintenant comme le Dieu et Père du Seigneur Jésus Christ ; le motif de cette louange est qu’Il nous a régénérés pour une espérance vivante par la résurrection de Jésus Christ. De par leur appartenance à Israël, ils avaient eu auparavant des espérances nationales centrées sur un Messie sur la terre, mais la lumière de ces espérances s’était éteinte dans leurs cœurs quand Il était mort rejeté et crucifié entre deux brigands. L’histoire des deux disciples allant à Emmaüs, Luc 24, en est l’illustration. Quand ils eurent les yeux ouverts et Le virent ressuscité, une nouvelle espérance se leva dans leurs cœurs, que rien sur terre ne pouvait éteindre. C’était une espérance vivante parce que centrée sur un Sauveur vivant au-delà du pouvoir de la mort. Les paroles du v. 3 auraient bien pu jaillir de leurs bouches quand ils pénétrèrent dans la chambre haute à Jérusalem pour raconter la nouvelle aux autres disciples après leur voyage de retour de 12 km environ ! Ils étaient comme des hommes nés de nouveau dans un monde nouveau fait d’espoir et d’espérance, par la grande miséricorde de Dieu.

Les espérances d’Israël à leur sortie d’Égypte, étaient centrées sur le pays qui devait leur être donné en héritage. L’espérance chrétienne a aussi un héritage qui s’y rattache, comme le v. 4 le montre, mais quel contraste ici ! La Palestine comme héritage s’est révélée être une triste déception. Le pays lui-même était tout ce qu’il y avait de désirable, mais il pouvait être corrompu, et c’est ainsi qu’il fut rapidement souillé par ceux qui en héritèrent, car ils étaient laissés à leur propre responsabilité. Ainsi, peu à peu il fut perdu, et il disparut. Notre héritage est conservé dans les cieux et se situe donc en dehors de toute possibilité de corruption ; il est sans souillure et inflétrissable (= immarcescible) ; quant à nous, à qui cet héritage est réservé, nous sommes gardés pour lui par la puissance de Dieu. Il n’y aura donc pas d’échappée entre la coupe de l’héritage et nos lèvres.

 

2.3   1 Pierre 1:5-6

C’est la puissance de Dieu qui nous garde, et non pas notre fidélité ; mais la puissance de Dieu opère à travers la foi. Dans cette affaire, la foi est ce qui est notre part. Dieu est souverain en exerçant Sa puissance, et nous sommes responsables de l’exercice de la foi. Bien des personnes sont perplexes quant à la manière de concilier ces deux choses, la souveraineté de Dieu et la responsabilité de l’homme, et ils considèrent plutôt qu’elles sont tout à fait incompatibles et irréconciliables. Pourtant ici au v. 5, nous les trouvons aller les deux ensemble, préservant le croyant pour le salut qui l’attend au dernier temps. Le salut dont il s’agit ici est futur. C’est la délivrance finale qui attend le croyant à la venue du Seigneur. Cette délivrance finale est une certitude devant nous ; mais nous ne pouvons l’attendre en nous confiant en nous-mêmes, car rien hormis la puissance de Dieu ne peut nous garder ; et nous ne pouvons pas non plus attendre cette délivrance finale dans l’insouciance, car la puissance de Dieu est effective par la foi, de notre côté. Comment alors l’attendons-nous ? Eh bien, avec joie, comme nous le déclare le v. 6, mais une joie tempérée par le poids de nombreuses épreuves. La gloire à venir brillait avec éclat devant la foi de ces premiers chrétiens, et elle les remplissait d’allégresse, si bien qu’ils étaient comme des bateaux aux voiles gonflées par les brises du ciel. D’un autre côté, ils avaient beaucoup de ballast sous forme de lourdes épreuves. Ces épreuves sont permises par l’amour, car elles n’interviennent que « si cela est nécessaire » (1:6). D’une façon ou d’une autre nous en avons tous besoin. Si nous essayons de nous réjouir dans le monde et ses plaisirs, nous avons besoin d’épreuves pour nous détacher du monde en nous arrachant au nid confortable que nous voudrions nous construire ici-bas. Si nous exultons à propos de la gloire à venir, nous avons besoin de ces épreuves comme d’un ballast qui dégrise et stabilise, sinon notre exultation nous déséquilibrerait.

Les lourdes épreuves, cependant, sont  « maintenant, pour un peu de temps » (1:6), tout comme les « délices du péché » qui charment le pauvre mondain  sont « pour un temps » (Héb. 11:25). Bientôt le mondain fera ses adieux à ses plaisirs, et le chrétien à ses épreuves.

 

2.4   1 Pierre 1:7-8

De plus, ces épreuves elles-mêmes sont profitables car elles suscitent en nous — dans notre caractère et dans nos vies — les qualités qui glorifient Dieu. C’est pourquoi le v. 7 déclare que la foi (qui est bien plus précieuse que l’or), testée par le feu de la persécution, sera trouvée tourner à la louange et à l’honneur et à la gloire de Dieu quand Christ apparaîtra. Beaucoup de ceux qui ont courageusement confessé le Seigneur sous l’ardeur de l’épreuve, — allant parfois jusqu’à la mort, — ont pu être tentés de penser que, une fois leur lumière éteinte, tout serait perdu. L’apôtre leur dit qu’au contraire, tout serait trouvé en ce jour-là. Christ apparaissant dans sa gloire, tout ce qui a été à Sa louange et à Son honneur sera mis en lumière et sera manifesté.

Alors Christ apparaîtra, ou sera dévoilé, selon le terme utilisé ici. Actuellement Lui est invisible. Ces exilés de la dispersion n’avaient jamais vu Jésus dans les jours de sa chair, car ils avaient été conduits bien loin du pays de la promesse, et ils ne s’étaient pas trouvé là pour Le contempler. Pourtant ils L’aimaient, et Il était l’Objet de leur foi, et cela les réjouissait d’une joie ineffable et glorieuse.

Nous comme eux, nous n’avons jamais vu le Seigneur, mais la foi est-elle aussi active chez nous ? Rappelez-vous que la foi est le télescope de l’âme, qui amène dans le champ de notre vision spirituelle ce qui est invisible aux yeux mortels. Alors nous voyons Jésus comme une Réalité vivante et brillante, et notre joie est remplie de la gloire de ce qu’Il est, et de l’espérance de ce qu’Il va être, et cela surpasse tout langage humain. En croyant, nous nous réjouissons, et en croyant nous recevons le salut de nos âmes, car le salut d’âme est le but, ou le résultat, de la foi dans le Sauveur ressuscité.

L’amour, la foi, la joie et l’espérance se trouvent toutes au v. 8, même si l’espérance est déduite, et non pas nommée explicitement. Combien l’état spirituel marqué par ces choses est excellent ! Mais tout cela n’est pas produit en étant occupé de son propre état spirituel, mais est produit en étant occupé de Christ lui-même, l’Objet aimé de la vision de la foi.

 

2.5   1 Pierre 1:9

Ceux à qui Pierre écrivait étaient tout à fait familiers avec l’idée d’un salut consistant en une délivrance temporelle, telle que la délivrance d’Égypte de leurs pères ; ils s’étaient attendus à un salut suprême de ce genre à la venue de leur Messie, selon les promesses des prophètes ; mais par la foi en un Christ ressuscité (1:3), un salut d’ordre spirituel concernant leurs âmes les avait atteints, tout en étant extérieurement encore sous la botte de fer de Rome. Les prophètes avaient aussi parlé de ce salut, car le thème de leur témoignage était double : d’abord les souffrances de Christ, et ensuite les gloires qui suivraient. Un résultat immédiat de Sa première venue pour souffrir, était un salut d’âme pour ceux qui croient. Un résultat direct de Sa seconde venue pour régner en gloire, sera que les corps des saints seront sauvés du pouvoir de la mort, et qu’un salut public et universel sera établi pour ceux qui entrent dans Son royaume.

 

2.6   1 Pierre 1:10-12

Trois choses très importantes sont à noter dans les v. 10-12.

·        La réalité de l’inspiration, et son caractère remarquable. Les prophètes exerçaient leur ministère, mais c’était l’Esprit qui était la source de leurs prophéties, orales ou écrites. L’Esprit en eux témoignait par eux, et Il était si réellement la source de leurs oracles qu’ils devaient rechercher diligemment dans leurs propres paroles, et s’enquérir de leur sens profond, seulement pour découvrir que leur pleine signification dépassait la compréhension du temps où ils vivaient, et qu’en réalité ils écrivaient pour l’instruction de saints d’un âge à venir — pour nous.

·        Bien que Christ n’avait pas été manifesté dans les âges passés, pourtant l’Esprit dans les prophètes et parlant par eux, pouvait être appelé « l’Esprit de Christ ». Christ était donc Celui qui parlait par Son Esprit, même dans les jours de l’Ancien Testament. Nous verrons la portée de ceci quand nous considèrerons les v. 8-20 du ch. 3.

·        La grande différence tracée entre la période avant Christ et celle après Christ. La délivrance d’âme, qui est la possession commune des croyants d’aujourd’hui, était, même pour les prophètes de cette période passée, un sujet de recherche ; il en est parlé comme « de la grâce qui vous était destinée », c’est-à-dire qu’elle n’était pas dans la dispensation précédente. De plus, les choses que nous rapportent les apôtres et les autres qui ont prêché l’évangile par le Saint Esprit descendu du ciel, sont les choses qui étaient seulement prophétisées auparavant. Prédites alors par l’Esprit, elles sont présentées maintenant par l’Esprit. L’Esprit était alors dans les prophètes en vue de les inspirer, mais maintenant l’Esprit est descendu du ciel. La période actuelle est marquée par les souffrances de Christ qui ont été accomplies, et par conséquent par la grâce qui est venue, par le salut d’âme qui est réalisé, par les choses dans lesquelles les anges désirent de regarder de près, et par le Saint Esprit qui est descendu du ciel.

 

2.7   1 Pierre 1:13-17

Ayant exposé ces grands faits bénis, l’apôtre passe aux exhortations des v. 13 à 17. La grande avancée qui marque le christianisme comparé au judaïsme entraîne une avancée correspondante dans le caractère de la vie chrétienne et du comportement des chrétiens. Nous sommes maintenant des enfants et invoquons Dieu comme notre Père, mais il nous faut être obéissants. D’un côté, il nous faut être revigorés mentalement, marqués par la sobriété et une espérance confiante (1:13) ; d’un autre côté, nous avons à éviter les convoitises d’autrefois qui nous dominaient quand nous étions dans l’ignorance de Dieu (1:14), et nous avons à être saints dans toute notre conduite comme Dieu lui-même est saint (1:15). La mesure pour toute notre conduite, c’est ce que Dieu a révélé être (1:16). De plus, Celui que nous appelons Père est le juge impartial de l’œuvre de chacun, donc une crainte pleine de révérence nous convient (1:17). Il est le Juge, mais Il est aussi notre Père, et nous sommes donc devant Lui dans une crainte filiale.

 

2.8   1 Pierre 1:18-20a

Ces exhortations, qui jaillissent de la vérité développée dans les v. 1 à 12 (remarquez l’expression « c’est pourquoi » au début du v. 13), sont renforcées par d’autres détails de la vérité exposés dans les v. 18 du ch. 1  à 10 du ch. 2, comme en témoigne l’expression du début du v. 18 (‘sachant que’).

Ils savaient, et nous aussi, que nous sommes rachetés par le précieux sang de Christ. Leurs pères avaient été rachetés avec de l’argent et de l’or — une rédemption en type exécutée sous la loi juive. Parfois de l’argent effectif était donné comme en Exode 30:11-16 et Nombres 3:44-51. Parfois c’était par un sacrifice, comme en Exode 13:13-15 ; et même dans ce dernier cas, de l’argent et de l’or étaient impliqués puisqu’ils étaient nécessaires pour acheter l’animal servant au sacrifice. L’argent et l’or sont les métaux les moins corruptibles, et pourtant ils sont corruptibles. Le prix de notre rédemption a été réellement incorruptible et précieux.

La manière juive de vivre avait dégénéré en une simple affaire de tradition reçue de leurs pères. C’était tout à fait évident aux jours d’Ésaïe (És. 29:13), et en Marc 7:6-13, c’est ce que le Seigneur leur reprocha, citant les paroles d’Ésaïe. Même les choses justes qu’ils faisaient, ils ne les faisaient pas parce qu’elles étaient commandées par Dieu, mais parce que la tradition l’ordonnait. Leur manière de vivre était ainsi devenue corrompue et très offensante pour Dieu. Notre manière de vivre, à nous gens des nations, était purement une vie de ténèbres, une vie dans l’iniquité et la corruption. Cependant, qu’il s’agisse d’eux ou de nous, nous avons été rachetés de notre ancienne manière de vivre par le sang précieux de Celui qui était typifié en Exode 12:3-6 par l’agneau sans défaut et sans tache ; Lui seul a été préconnu, non pas seulement quatre jours avant le sacrifice, mais dès avant la fondation du monde (1:20). Notre rédemption a donc été selon les conseils éternels de Dieu.

2.9   1 Pierre 1:20b-21

L’Agneau de Dieu a été préconnu dans l’éternité, mais manifesté dans le temps. Il est apparu « à la fin des temps » (1:20) — la « consommation des siècles » de Hébreux 9:26 — et cela non seulement comme le Rédempteur, mais aussi comme le Révélateur. Dieu était parfaitement révélé en Lui, de sorte que c’est par Lui que nous croyons en Dieu. Nous ne croyons pas en Dieu à cause des merveilles de la création, ni à cause de la loi donnée par Moïse, ni à cause de visions d’anges, mais à cause de Christ, qui a été mort, mais qui est maintenant ressuscité et dans la gloire (1:21). Notre foi et notre espérance reposent en Dieu qui nous est connu comme Celui qui a ressuscité Christ d’entre les morts, et Lui a donné la gloire. Combien cela s’accorde merveilleusement avec le témoignage de Paul en Romains 4:23-25, et 10:9 !

Il ressort clairement de ceci, que si nous désirons gagner des hommes à la foi en Dieu, nous devons leur présenter Christ — Christ qui a été mort, Christ ressuscité, Christ maintenant dans la gloire. Tout autre thème est vain. Nous pouvons trouver des sujets accessoires ailleurs. Des illustrations utiles peuvent se trouver en abondance dans la création et dans la Providence. Elles peuvent être parfois étayées par les faits ou même les spéculations de la science — bien qu’à l’égard de ces dernières, il faille montrer la plus grande prudence vu qu’elles sont fausses la plupart du temps, comme en témoigne la facilité avec laquelle les générations de spéculateurs qui se suivent mettent de côté les hypothèses (ou : les conjectures) de leurs prédécesseurs. Mais le fait demeure que, si les hommes croient vraiment en Dieu, c’est par Christ qu’ils croient en Lui. Prêchons donc Christ par notre vie, notre bouche ou par écrit.

 

2.10                      1 Pierre 1:22-23

La rédemption est bien sûr une œuvre accomplie pour nous. Nous avons aussi besoin d’une œuvre opérée en nous. C’est de cela que l’apôtre va parler maintenant (1:22 et suiv.).

La vérité de l’évangile avait amené leurs âmes à la soumission et à l’obéissance dans l’énergie de l’Esprit. Ceci avait opéré une œuvre puissante de purification. Les purifications de la loi avaient consisté en « diverses ablutions », purement extérieures (Héb. 9:10), mais cette nouvelle purification était une purification de l’âme, une rénovation morale avec l’amour comme résultat, car l’amour est aussi naturel à la nouvelle nature que la haine l’est à la vieille nature.

Si le v. 22 présente l’œuvre opérée en eux et en nous selon que l’homme pouvait l’observer et la décrire, le v. 23 nous fait entrer dans le vrai secret de tout cela, selon un point de vue impossible à l’homme, et connu seulement parce qu’il est révélé par Dieu. Nous sommes nés de nouveau.

Il est fait allusion en Ézéchiel 36:25-27 à la nécessité de cette nouvelle naissance pour Israël, quoiqu’en termes voilés. Le Seigneur Jésus parla encore plus fortement de cette nécessité dans Son entretien avec Nicodème en Jean 3. Nicodème aurait dû connaître le passage d’Ézéchiel, et c’est pourquoi le Seigneur lui dit : « Tu es le docteur d’Israël, et tu ne connais pas ces choses ? » L’enseignement du Seigneur est basé sur les paroles d’Ézéchiel, bien qu’Il les ait développées et clarifiées grandement. Même alors, le Seigneur n’abandonna pas tout langage figuratif, et parla encore d’« eau ». Son point principal fut quand même de mettre l’accent sur l’action souveraine de l’Esprit dans la nouvelle naissance. « Ce qui est né de l’Esprit est esprit » (Jean 3:6).

L’épître de Pierre a été écrite dans la pleine lumière du christianisme. Ce n’était plus le Seigneur Jésus sur la terre parlant à Nicodème, mais le même Jésus, ressuscité et glorifié une fois la rédemption accomplie, et parlant aux chrétiens par Son apôtre inspiré. C’est pourquoi, les images sont mises de côté, et le sujet est exposé en toute clarté. Ici, il n’est fait allusion à l’énergie de l’Esprit qu’au v. 22, et l’accent est mis surtout (1:23) sur ce de quoi nous sommes nés (semence incorruptible) et par quoi nous le sommes (vivante et permanente Parole de Dieu).

La vie de la race d’Adam à laquelle nous appartenons, que nous soyons Juifs ou des nations, est complètement corrompue ; sa nature est entièrement mauvaise. Nous avons besoin non seulement d’être rachetés, mais aussi d’être purifiés. L’Esprit de Dieu travaille dans ce but, et nous obéissons à la vérité. Cependant, la réalité intérieure est que l’Esprit se sert de la parole de Dieu d’une façon telle que nous sommes nés de nouveau d’une semence incorruptible. Par conséquent, nous possédons une nouvelle nature, provenant d’une source divine et dépourvue de la moindre tache de corruption. Voici alors une purification des plus profondes et des plus fondamentales, suscitée par l’Esprit de Dieu par l’action de la Parole de Dieu — l’« eau » de Jean 3 et Ézéchiel 36. Il n’est pas difficile de voir combien la figure de « l’eau » est appropriée.

Il est utile de jeter un coup d’œil à 1 Jean 3:9, qui conduit le sujet un pas plus loin. L’expression « né de Dieu » met l’accent sur la source divine d’où nous tirons notre origine. La semence de Dieu demeure en nous et est incorruptible, comme Pierre nous le dit. C’est le caractère essentiel de notre nouvelle nature, comme il sera pleinement manifesté lorsque la dernière trace de la vieille nature sera éliminée de nous à la venue du Seigneur.

 

2.11                      1 Pierre 1:24-25

Revenant à notre passage, nous notons que la parole de Dieu, par laquelle nous sommes régénérés, est vivante et permanente, et en cela elle est en contraste directement avec nous comme enfants d’Adam. « Toute chair est comme l’herbe » qui pousse et se fane rapidement. Toute la gloire de l’homme est comme la fleur de l’herbe, qui se fane et disparaît encore plus rapidement que l’herbe elle-même. La gloire de l’homme disparaît vite, et l’homme lui-même meurt. La parole du Seigneur vit et demeure à toujours, et c’est par elle que nous sommes nés de nouveau [régénérés].

Combien tout cela est merveilleux ! Ce qui est né participe de la nature et du caractère de celui qui l’a engendré. « Ce qui est né de l’Esprit est esprit ». Il est également vrai que ce qui est né de la semence incorruptible est incorruptible, et que ce qui est né de la vivante et permanente parole de Dieu est vivant et permanent. Et cette parole du Seigneur qui demeure éternellement, nous a atteint par le message de l’évangile que nous avons cru. Nous ne serons donc pas surpris quand, au chapitre 2, il sera parlé de nous comme de « pierres vivantes » en rapport avec une « maison » qui est incorruptible et éternelle.

 

3                        Chapitre 2

3.1   1 Pierre 2:1

Les derniers versets du chapitre 1 nous ont montré que la nouvelle naissance qui a lieu dans chaque croyant, a un effet purifiant ; c’est pourquoi le premier verset du chapitre 2 considère comme allant de soi que nous rejetions tous ces traits répugnants qui sont le propre de la chair qui est en nous. Parmi ce qui est spécifié, la malice, l’envie et les médisances concernent spécialement notre relation avec les autres, et elles sont particulièrement mentionnées parce que Pierre va maintenant placer devant nous la vérité qui montre le croyant dans une relation intime avec tous les autres croyants, comme une pierre dans une maison spirituelle, et comme un des membres de la famille sacerdotale. Dans une telle relation, rien ne fonctionnera correctement à moins que ces sortes de mal ne soient mises de côté.

 

3.2   1 Pierre 2:2-3

Cependant, ce n’est pas assez de rejeter le mal, nous devons nous engager dans ce qui est bon. Nous ne devons pas seulement revêtir le bien comme un vêtement extérieur, ou un ornement, mais nous avons à nous en imprégner comme avec une nourriture spirituelle. Il y a « le pur lait intellectuel » de la Parole, adapté aux enfants nouveau-nés, et il nous faut le désirer ardemment. Si nous nous nourrissons de la Parole, nous grandissons. Mais même alors, nous avons encore besoin de la Parole, car elle est de la viande pour les adultes aussi bien que du lait pour les nourrissons, comme Héb. 2:12-14 nous le dit.

Ceci nous fournit une réponse très claire à la question si souvent répétée : Pourquoi certains chrétiens font-ils tant de progrès, et d’autres pratiquement pas ? Parce que certains se nourrissent volontiers et régulièrement d’une nourriture spirituelle pure. Ils régalent leurs âmes de la Parole, que ce soit du lait ou de la viande. D’autres ne s’en nourrissent que peu, et sont à demi affamés spirituellement. D’autres encore, bourrent leurs pensées et leurs cœurs de lectures légères et folles. Certains préfèrent des histoires d’amour sentimentales, éventuellement aromatisées avec un peu d’évangile. De tels croyants ne progressent pas plus spirituellement qu’un enfant ne progresserait physiquement si son alimentation ne consistait qu’en sucreries.

D’autres se mettent à lire d’une manière plus intellectuelle, mais avec un peu d’incrédulité, et ils ne progressent pas plus que ne le ferait un enfant élevé avec de la nourriture solide mêlée de petites quantités de poison.

Nous devons avoir de la nourriture pour nos pensées et nos cœurs. Veillons à nous nourrir de la Parole de Dieu, vu que c’est par la Parole que nous sommes nés de nouveau (régénérés), si toutefois nous avons vraiment goûté que le Seigneur est bon — car tout ceci suppose que nous sommes vraiment convertis, que nous sommes vraiment venus au Seigneur (2:3).

 

3.3   1 Pierre 2:4-8

3.3.1        Le Seigneur comme un pierre : 2:4 et 2:6, 7

Et qui est le Seigneur auquel nous sommes venus, et qu’est-Il ? Il est la « pierre vivante ». C’est un titre remarquable de notre Seigneur. Ce titre le met en avant comme Celui en qui est la vie, qui est devenu homme et qui, par la mort et la résurrection, est devenu le chef et le fondement de cette nouvelle structure que Dieu construit, composée d’hommes qui vivent par Lui et en Lui. Il est la « maîtresse pierre de coin, élue, précieuse » (2:6, 7). Les hommes qui, comme « des pierres vivantes », sont édifiés pour constituer cette « maison » vivante, sont devenus tels en venant à Christ, la Pierre Vivante.

 

3.3.2        Pierre en Jean 1

Il est évident que l’apôtre Pierre n’oublia jamais sa première rencontre avec le Seigneur Jésus, qui nous est relatée en Jean 1, et dans ces versets nous avons une allusion claire à cette rencontre. Jean 1 introduit le Seigneur Jésus comme la Parole, en qui était la vie, qui devint chair afin que, comme homme, Il puisse mourir comme l’Agneau de Dieu, et que, comme ressuscité, Il puisse baptiser du Saint Esprit (Jean 1:1, 4, 14, 29, 33). Alors André amène son frère Simon à Jésus, qu’il reconnaît être le Christ. Le Seigneur Jésus, sachant ce qui était devant Lui, et conscient de tout ce qu’Il était, indépendamment de ce que Simon connaissait ou non du Seigneur, prit instantanément possession de lui et changea son nom en Pierre, qui signifie « une pierre ». C’était comme si le Seigneur lui avait dit : « En venant à Moi avec foi, tu as revêtu la même nature que Moi — malgré que ta foi soit encore partielle et incomplète ».

 

3.3.3        Pierre en Matthieu 16

Pierre n’oublia pas non plus la rencontre suivante relatée en Matthieu 16. À cette occasion, Pierre confessa que le Seigneur Jésus était le Fils du Dieu vivant, ce qui revenait à Le reconnaître comme la Pierre vivante. Le Seigneur Jésus, dans sa réponse, rappela à Simon que son vrai nom était maintenant Pierre, « une pierre », tandis que Lui-même était le Roc ; et que Pierre, comme pierre, ne devait pas rester isolé, mais qu’avec d’autres, ils devaient être édifiés en une église ou assemblée, que Christ appelle la Sienne — Mon assemblée.

 

3.3.4        1 Pierre 2:5-6

Quand le Seigneur Jésus parla ainsi à Pierre, tout était futur, car Il a dit : « je bâtirai ». Maintenant que Pierre écrit à d’autres croyants qui sont aussi venus à Christ, et qui, par-là, sont devenus des pierres vivantes, il peut parler de tous comme d’une chose présente et existante, mais encore incomplète. Il dit au v. 5 : « vous-mêmes aussi … êtes édifiés une maison spirituelle ». Ils formaient une maison spirituelle, mais ce n’était pas une chose achevée, car d’autres pierres vivantes étaient continuellement ajoutées.

Or une maison existe pour son occupant, et nous sommes donc édifiés ensemble pour être une habitation pour Dieu, — non pas une maison matérielle du genre de celle à laquelle ils avaient été habitués comme Juifs, — mais une maison spirituelle. De plus, là où Dieu habite, Il doit être adoré et donc, par Son œuvre et son commandement, nous sommes pourvus d’une qualité supplémentaire, celle de « sainte sacrificature, pour offrir des sacrifices spirituels, agréables à Dieu par Jésus Christ ». Ces sacrifices spirituels consistent à offrir, « par lui, sans cesse à Dieu un sacrifice de louanges, c’est-à-dire le fruit des lèvres qui confessent son nom » (Héb. 13:15).

Tout vrai croyant est une pierre vivante de cette maison, et un sacrificateur appartenant à cette sainte sacrificature.

Si nous avions approché l’un des fils d’Aaron pour lui demander comment il était devenu sacrificateur, il nous aurait sans doute dit que c’était d’abord par naissance ; puis que, étant né dans la famille sacerdotale, il était entré dans la sacrificature par le lavage d’eau, l’aspersion de sang et l’onction d’huile, selon le commandement d’Exode 29. Nous aussi, nous sommes sacrificateurs de naissance. Étant nés de Dieu, nous sommes sacrificateurs de Dieu. Nous aussi nous avons eu le lavage d’eau par la parole (1:22-23), et nous avons été rachetés par le sang, le précieux sang de Christ (1:19), et nous avons reçu l’Esprit, typifié par l’huile, bien que ce trait particulier ne soit pas placé devant nous dans le passage que nous considérons. Nous sommes venus à Christ (2:4), et nous sommes donc sacrificateurs, de la même manière que les fils d’Aaron étaient sacrificateurs en tant que descendants d’Aaron, et lui étaient ainsi associés dans le service de sacrificateurs.

Tout croyant aujourd’hui est donc sacrificateur. Mais nous devons nous souvenir que c’est une chose d’être sacrificateur, et c’en est une autre de vraiment entrer dans la fonction sacerdotale, et d’exercer cette fonction réellement. Le premier exercice de notre sacrificature est envers Dieu, dans l’offrande du sacrifice de louanges ; ce sont des sacrifices « agréables à Dieu par Jésus Christ », car Il est notre grand souverain sacrificateur, comme l’atteste si bien l’épître aux Hébreux. Tout ce que nous offrons, nous l’offrons par Lui ; et ceci explique que ce soit agréable à Dieu puisqu’Il est Celui qui est choisi et précieux aux yeux de Dieu, selon le v. 6.

 

3.3.5        1 Pierre 2:7-8

Mais il ne faut jamais oublier qu’Il n’est pas élu et précieux, ni acceptable aux yeux de l’homme. Tout au contraire, Il est méconnu et rejeté. Le fait est que l’homme est devenu une créature désobéissante, comme le rappelle le v. 7. Au lieu d’entrer dans les plans de Dieu, il désire poursuivre ses propres plans. Au lieu d’être content de ce que Dieu édifie et d’être appelé à en faire partie comme une pierre vivante, l’homme désire construire un édifice pour son propre compte — un édifice conforme à ses propres idées déchues, et dont le résultat soit à sa gloire. Quand le Seigneur Jésus vint, les hommes essayèrent de Le faire entrer dans leur construction, et n’y réussirent pas. S’Il avait consenti à adopter les idées de l’homme, il en aurait été autrement. Ils auraient été ravis que quelqu’un d’aussi important que Lui soit le supporter du gouvernement romain, de la philosophie grecque et de la religion juive, ou même qu’Il les développe. Venant comme Il le fit, de la part de Dieu, Il dévoilait leur folie, et n’entrait dans aucune de leurs idées. C’était comme s’Il était une pierre de forme si particulière qu’on ne pouvait la faire cadrer avec aucune niche du temple imposant de la renommée humaine. C’est pour cela qu’Il est devenu « la pierre que ceux qui bâtissaient ont rejetée », et « une pierre d’achoppement et un rocher de chute » pour les hommes orgueilleux qui Le rejetaient, tandis qu’Il fut élevé par Dieu au rang de « maîtresse pierre du coin » dans l’édifice divin.

 

3.4   1 Pierre 2:9-10

Par conséquent, nous qui sommes sacrificateurs de Dieu en association avec Lui, nous ne faisons pas plus partie que Lui de l’édifice humain, ni du système-monde de l’homme, bien que nous ayons une autre fonction sacerdotale qui se rapporte directement au monde dans lequel nous passons. Comme le dit le v. 9, nous sommes « une race élue, une sacrificature royale, une nation sainte, un peuple acquis ». Nous sommes ceux que Dieu a choisis, et séparés pour Lui-même. Dans l’ère à venir, le caractère royal de notre sacrificature sera bien plus manifeste que maintenant, mais déjà maintenant nous avons pour mission d’annoncer les louanges, les vertus et les excellences de Dieu dans ce monde désobéissant. Voilà notre service sacerdotal envers l’homme.

1 Corinthiens 6:2 nous dit que, dans l’ère à venir, les saints vont juger le monde. Comme sacrificature royale, nous aurons alors pour mission d’exercer Ses jugements. Nous sommes des sacrificateurs royaux aujourd’hui, mais avec la mission d’exercer Sa justice excellente exprimée en grâce, et d’annoncer Son caractère comme lumière et amour. Ceci, bien sûr, nous le faisons bien davantage par ce que nous sommes, plutôt que par ce que nous disons. C’est le caractère, l’esprit et l’attitude du sacrificateur royal qui comptent tellement.

Certains se sentent-ils enclins à déclarer que c’est une tâche impossible ? Non, elle ne l’est pas ! Difficile peut- être, parce qu’elle ne nous est pas naturelle à nous qui sommes encore des hommes dans la chair ; mais elle est suffisamment naturelle aux sacrificateurs auxquels nous appartenons, qui sont nés de nouveau, qui sont rachetés et en qui l’Esprit habite. Cette tâche est possible, oui, parce que nous-mêmes avons été les objets de la grâce que nous avons maintenant à annoncer aux autres. Nous avons été appelés « des ténèbres à sa merveilleuse lumière ».

On peut bien imaginer l’un de ces Juifs convertis à qui Pierre écrivait, s’écrier alors : « des ténèbres ! Mais Pierre, tu oublies que nous n’avons jamais été des païens plongés dans les ténèbres de l’ignorance comme les autres ! » Et nous, qui avons été élevés dans des conditions d’une civilisation éclairée et christianisée, nous pourrions tenir les mêmes propos. L’apôtre aurait répondu : « Je le sais, mais votre judaïsme était, malgré tout, ténèbres ». Dieu n’était pas pleinement révélé, Il n’était pas « dans la lumière » (1 Jean 1:7), lorsque l’on considère le judaïsme dans sa pureté originelle. Et quand il fut corrompu par une masse de traditions et d’observances des pharisiens, alors oui il fut ténèbres.

Tout était ténèbres pour nous, que nous soyons sortis du judaïsme ou du paganisme, ou d’une chrétienté corrompue et qui se borne à en porter le nom ; mais maintenant nous sommes dans une lumière merveilleuse ; nous sommes le peuple de Dieu, ayant obtenu miséricorde.

Sa merveilleuse lumière ! Est-ce ce que nous ressentons à son égard ? Le monde plonge de plus en plus profondément dans ses ténèbres et son incrédulité. Ses savants, scientifiques et philosophes, remplissent l’air de leurs cris de triomphe au sujet de leurs investigations et de leurs découvertes. Mais en réalité ils sont comme des hommes qui s’accrochent à des ombres fugaces, tandis que leur science est un brouillard qui recouvre tout. Leurs découvertes leur permettent de faire dans le monde beaucoup de choses intelligentes et étranges, mais il ne s’y trouve aucun rayon de lumière sur ce qui est au-delà de la tombe. Et nous voici mis dans la lumière de Dieu pleinement révélé en Christ, dans la lumière de Sa grâce, de Ses propos, de Sa gloire. Étudions-nous ces choses pour devenir de plus en plus éclairés et, par conséquent, lumineux nous-mêmes ?

Par une nuit sans nuages au moment de la pleine lune, nous avons le bénéfice de cet astre qui brille par reflet de la lumière du soleil. Combien est merveilleuse la lumière du soleil qui fait briller si vivement un corps sombre ! Eh bien, le monde est encore dans les ténèbres, car il tourne le dos à Dieu. Nous sommes dans la lumière de Sa vérité et de Sa grâce — la lumière de la connaissance de Lui-même. On se rend compte à quel point cette lumière est merveilleuse quand on voit qu’elle peut faire que des gens obscurs et sans attrait comme nous, puissent annoncer Ses excellences et Le refléter Lui.

Oh ! Puissions-nous être plus pleinement dans la clarté sans nuage de la MERVEILLEUSE LUMIÈRE de Dieu !

 

3.5   1 Pierre 2:11

Au v. 11 du ch. 2, Pierre tourne la merveilleuse lumière de Dieu vers les vies quotidiennes des sacrificateurs saints et royaux auxquels il écrit, en s’adressant à eux comme des « pèlerins (ou : forains selon les versions) et étrangers ».

Ils étaient bien sûr étrangers dans les pays où ils étaient dispersés (1:1), mais ce n’est pas à cela qu’il est fait allusion ici. Tout chrétien est un pèlerin et un étranger, et nous n’avons pas à en être surpris, car du fait même que nous sommes introduits dans une relation si proche et si honorée avec Dieu, il s’ensuit une rupture correspondante d’avec le monde. Le monde est entièrement opposé à Dieu, et nous ne pouvons pas être des deux partis en même temps. Ce doit être l’un ou l’autre. Pour nous, ce qui nous revient, c’est la relation et la communion avec Dieu, et donc le caractère de pèlerins et étrangers dans le monde. Le monde lui-même a commencé avec Caïn, qui était « errant (ou : fugitif) et vagabond » (Gen. 4:12) (*). Nous pouvons résumer le sujet ainsi :

·        Un fugitif est un  homme qui a fui sa maison

·        Un vagabond est un homme qui n’a pas de maison

·        Un étranger est un homme qui est loin de la maison

·        Un pèlerin est un homme en route vers sa maison.

 

(*) note Bibliquest : le monde a commencé plutôt quand Caïn, refusant la sentence de Dieu qui faisait de lui un homme errant et vagabond, s’est établi dans une ville et y a exercé toute l’activité du monde (Gen. 4:17-24).

 

La présence effective de Dieu est la vraie maison, le vrai chez-soi, de nos âmes, et nous sommes détachés du système du monde de sorte que nous y sommes étrangers, bien que nous y soyons laissés pour un temps pour manifester les excellences de Dieu. Pourtant, nous n’errons pas sans but, car nous sommes aussi des pèlerins ; et cela signifie que nous avons un objectif devant nous — un but précis vers lequel nous cheminons.

Le monde est consumé par des convoitises ou désirs charnels, et par conséquent adonné à la satisfaction de ces désirs. Le chrétien a d’autres désirs, d’ordre spirituel, qui ne procèdent pas du tout de la chair, et la seule manière de les entretenir est de s’abstenir des désirs de la chair. C’est une affaire très personnelle.

 

3.6   1 Pierre 2:12

Le v. 12 traite de nos vies en relation avec les autres. Les gens des nations étaient naturellement très critiques vis-à-vis de ces Juifs séjournant parmi eux, et ils étaient disposés à parler contre eux. Quand l’un de ces derniers devenait chrétien, ces Gentils étaient encore plus que jamais disposés à les dénoncer, comme en témoigne la manière dont les chrétiens de nos jours sont dénoncés s’ils donnent au monde la moindre occasion de le faire. C’est pourquoi toute leur manière de vivre devait être juste et honnête. Les Juifs, avec leurs instincts notoirement forts quand il s’agit de faire du profit, pouvaient avoir particulièrement besoin de cette exhortation, mais qui d’entre nous n’en a pas besoin quoi qu’il en soit ? Si nous maintenons la justice, nos adversaires finiront par glorifier Dieu. Il se peut qu’ils le fassent d’une manière qui assurera leur propre bénédiction. Ils le feront certainement quand Dieu les visitera en jugement.

 

3.7   1 Pierre 2:13-17

Les v. 13 à 17 développent en détail cette exhortation pour nous. Ces Juifs chrétiens de la dispersion, pouvaient bien être enclins à ne pas aimer un grand nombre de ces autorités des nations qui les dominaient, rois ou gouverneurs, et aussi les nombreuses ordonnances, lois et règlements institués, pour la plupart très différents de ce que Dieu avait donné par Moïse, et auxquels eux et leurs pères avaient été habitués. Pourtant ils devaient se soumettre. Le gouvernement était une institution divine, et ils devaient le reconnaître. C’est pourquoi eux, comme nous, avons à être soumis pour l’amour de Dieu. Le chrétien est bien sûr libre, car il se tient dans la liberté de Christ. Mais il ne doit pas utiliser cette liberté comme « d’un voile pour la méchanceté », pour faire passer en quelque manière sa mauvaise humeur sur les autres ; mais il doit considérer la liberté comme la liberté de servir Dieu, et le service de Dieu requiert la soumission aux autorités établies ici-bas.

Le sujet est résumé de façon concise au v. 17, et nous y trouvons ce qui convient aux « serviteurs de Dieu ». Vis-à-vis de tous les hommes : les honorer. Vis-à-vis des frères, c’est-à-dire des croyants : les aimer. Vis-à-vis de Dieu : Le craindre. Vis-à-vis du roi, le représentant de toute autorité humaine : L’honorer. En accomplissant cela, nous faisons la volonté de Dieu, et nous réduisons au silence les adversaires insensés.

 

3.8   1 Pierre 2:18-20

Ayant donc exhorté tous les croyants à la soumission, l’apôtre, au v. 18, s’adresse plus particulièrement aux serviteurs, aux domestiques. Le terme utilisé ne signifie pas exactement « esclaves », mais plutôt « employés de maison ». Ceux-ci aussi sont sujets à l’autorité, et spécialement aux maîtres qu’ils servent. Ces maîtres peuvent souvent être des gens du monde, au mauvais caractère. Le domestique peut, par conséquent, avoir souvent à souffrir à tort. Il n’y a pas d’honneur pour le chrétien si, souffrant pour avoir mal agi, il le prend patiemment. Telle est la manière divine de penser, bien que de nos jours les gens, y compris les chrétiens, acceptent très mal d’être un peu repris pour leurs fautes. Ce qui plaît à Dieu, c’est d’accepter patiemment de souffrir pour avoir bien agi, et pour avoir agi en conscience envers Dieu (1:19). Rien ne nous est plus difficile naturellement. Quelle indignation nous ressentons quand nos bonnes actions ne servent qu’à nous attirer des ennuis !

 

3.9   1 Pierre 2:21-23

Qu’est-ce qui nous aidera en cela ? Deux choses : d’abord, l’exemple de Christ ; ensuite Son sacrifice expiatoire et ses résultats.

Les v. 21 à 23 nous parlent de la première de ces aides. Personne n’a agi jamais aussi bien que le Seigneur Jésus. Personne autant que Lui n’a jamais été si mal apprécié, rabaissé et persécuté. De plus, Il n’a pas commis de péché, et aucune ruse n’a jamais été dans Sa bouche. Il n’y avait rien en Lui ni dans Sa vie qui justifiât qu’on Le traitât sans considération. Pourtant, personne n’a souffert comme Lui, et personne n’a jamais enduré la souffrance avec autant de douceur et de perfection. Il a accompli la parole d’Ésaïe 53:7 : « Il a été opprimé et affligé, et il n’a pas ouvert sa bouche. Il a été amené comme un agneau à la boucherie, et a été comme une brebis muette devant ceux qui la tondent ; et il n’a pas ouvert sa bouche ». En tout cela Il a été un exemple pour nous, car nous sommes appelés à suivre Ses pas dans Son chemin. Considérer Christ dans toute la gloire de Sa perfection ne peut manquer d’avoir son effet sur nous, rendant nos pensées et nos voies conformes aux Siennes. Si nous sommes appelés à souffrir, nous aussi nous nous en remettrons à Celui qui juge justement, au lieu d’essayer de nous faire justice nous-mêmes.

 

3.10                      1 Pierre 2:24-25

Mais même alors, nous ne sommes pas comme Il était, car nous avons des péchés et Lui n’en avait pas. Nous avions donc besoin du sacrifice expiatoire dont parle le v. 24. Lui qui n’avait pas commis de péché « a porté nos péchés en son corps sur le bois ». C’est quelque chose qui nous dépasse. En cela nous ne pouvons pas suivre Ses traces.

Toutes les parties de ce merveilleux verset méritent un examen attentif de notre part. Lui-même a porté nos péchés, et personne d’autre. Il a porté nos péchés. Ésaïe 53 a dit qu’Il porterait nos langueurs et serait chargé de nos douleurs, mais il a aussi prédit qu’Il serait « blessé pour nos transgressions » et « meurtri pour nos iniquités », et frappé «à cause de la transgression de mon peuple », et son âme livrée « en sacrifice pour le péché ». Ces péchés, c’était les nôtres, car le verset parle précisément de l’œuvre de Christ, non pas vis-à-vis de Dieu à titre de propitiation, mais vis-à-vis du croyant comme portant ses péchés (ses péchés, et non les péchés de tout le monde).

De plus, Il a porté nos péchés en Son corps. Il a été véritablement notre substitut. Nous avions péché dans nos corps, et Lui étant devenu véritablement un homme, à part le péché, Il a porté nos péchés dans Son corps saint en sacrifice pour le péché. Il a accompli cela sur le bois, car c’est exclusivement dans Sa mort que l’expiation a été faite. Il n’a pas porté nos péchés durant Sa vie, mais dans Sa mort, et nous sommes guéris par Ses meurtrissures, comme Ésaïe 53 l’a aussi déclaré.

Mais alors Il a porté nos péchés et nous a délivrés des coups que nos péchés méritaient, non pas pour nous laisser continuer à pécher, mais plutôt pour que nous soyons désormais morts à notre ancienne vie de corruption mondaine, et aux péchés qui en découlent, et que nous vivions maintenant dans la justice pratique, pour que nous soyons délivrés de la pratique des péchés et de la puissance du péché.

Il peut être utile de comparer ce verset avec la vérité exposée en Romains 6. Il s’agit là du péché — le péché comme tyran et maître — et ici des péchés. Là nous avons à nous reconnaître comme morts au péché, et vivants pour Dieu. Ici nous avons à être morts aux péchés et vivants à la justice. Dans les deux cas la croix de Christ est ce dont tout découle ; mais en Romains 6, c’est le croyant qui la prend en compte par la foi dans son expérience. Ici c’est le résultat pratique qui suit. Le croyant conséquent devient comme un homme mort à l’égard de tous les péchés qui lui plaisaient auparavant, et il vit maintenant pour faire la volonté de Dieu, ce qui est la justice pratique. Et ceci à cause du fait que Celui qui est mort pour lui comme l’Agneau du sacrifice, vit maintenant comme le Berger et le Surveillant de son âme. Nous étions vraiment « errants comme des brebis » — une dernière référence à Ésaïe 53, mais maintenant nous avons un Berger vivant pour nous conduire dans les sentiers de justice à cause de Son nom (Ps. 23:3).

 

4                        Chapitre 3

4.1   1 Pierre 3:1-7

Dans les premiers versets du ch. 3, l’apôtre continue l’exhortation à la soumission commencée au v. 13 du ch. 2. En 2:18 il l’appliquait à ceux qui socialement étaient dans une place de sujétion. Maintenant il l’applique à ceux qui ont une place de soumission dans la grande relation naturelle qui est le fondement de toutes les relations humaines.

L’épouse chrétienne a à être soumise à son mari. S’il est croyant, il obéit à la Parole, et elle lui obéit. Un arrangement très excellent et délicieux établi selon la sagesse de Dieu ! Rappelons que soumission ne signifie pas infériorité. Dans des partenariats d’affaires, deux hommes peuvent être associés à parts égales, et pourtant l’un d’eux est reconnu comme l’associé principal qui décide en dernier ressort. Ainsi dans le lien du mariage, l’homme a été, par la création, formé pour être l’associé senior, celui qui a la place dirigeante, et la femme pour avoir la place de soumission, bien qu’elle soit, avec son mari, héritière de la grâce de la vie, et qu’elle partage avec lui ses exercices et ses prières. Si le mari aime et honore sa femme comme cohéritière et associée, et qu’elle l’honore et lui obéit, il en résulte un mariage idéal.

Mais, comme l’indique le premier verset, certaines épouses croyantes peuvent avoir des maris qui, n’étant pas convertis, n’obéissent pas à la parole. Dans ce cas, l’épouse convertie a encore à agir envers lui comme la Parole l’indique. En tout cas, elle doit être une épouse chrétienne et laisser son christianisme briller dans une manière de vivre pure (3:2), évitant les artifices mondains de parure et de vêtements (3:3), manifestant « un esprit doux et paisible qui est d’un grand prix devant Dieu » (3:4), et une soumission à son mari jointe à une activité de faire le bien et à un esprit de calme confiance en Dieu (3:5-6). Bien des maris ont été « gagnés » sans parole, par une telle manière de vivre.

L’« église », dominée par les principes du 20ème siècle peut bien retrancher le mot « obéir » des cérémonies de mariage, mais voyez ce que vous, épouses chrétiennes, vous allez manquer si vous le chassez de vos cœurs et de vos pensées ! Si votre époux est inconverti, vous manquerez la joie de le gagner. Si votre mari est croyant, combien on peut perdre la grâce de la vie et la prière !

 

4.2   1 Pierre 3:8-13

Le v. 8 nous amène à la dernière parole de l’apôtre en rapport avec la soumission. Un esprit de grâce, doux et humble doit caractériser tous les croyants. Nous ne devons jamais céder au mal ou aux récriminations sur le principe d’œil pour œil et dent pour dent, mais d’avoir toujours un esprit porté à bénir, puisque nous recevons la bénédiction de la part de Dieu, et ceci parce que nous sommes placés comme des pèlerins sous Son saint gouvernement. 

Les principes du gouvernement de Dieu vis-à-vis de Son peuple ne changent pas. Quand David écrivait le Psaume 34, c’était la dispensation de la loi, et le peuple de Dieu occupait la place de serviteurs. Aujourd’hui c’est la période de la grâce, et nous sommes devant Dieu comme Ses fils, selon Gal. 3:23 à 4:7. Pourtant l’apôtre Pierre peut citer les paroles de David au Psaume 34 comme s’appliquant également à nous. Nous moissonnons ce que nous semons dans le gouvernement de Dieu ; et la manière de « voir du bien », c’est de « faire le bien », comme les v. 10 à 13 de notre chapitre nous le montrent. Bien des évènements désagréables dans nos vies sont clairement le résultat de notre mauvais comportement. Si nous semions plus de bien, nous récolterions davantage de bien.

 

4.3   Parallèle entre les livres de Moïse et 1 Pierre 1 à 3

Arrivés là, notons la manière remarquable avec laquelle l’apôtre a placé devant nous dans ses grandes lignes la vérité exposée dans les livres de Moïse en type et historiquement.

La Genèse est le livre de l’ÉLECTION. Elle nous montre comment Dieu choisit Abel et Seth, et non pas Caïn ; Sem et non pas Cham ; Abram et non pas Nakhor ; Isaac et non pas Ismaël ; Jacob et non pas Ésaü, Joseph et non pas Ruben, Éphraïm et non pas Manassé. Pierre place devant nous avant tout la grâce de Dieu qui choisit (1:2).

L’Exode est le livre de la RÉDEMPTION. Israël a été racheté hors d’Égypte, et amené à Dieu. Pierre se met à nous dire comment nous avons été rachetés par le précieux sang de Christ, et amenés à Dieu avec notre foi et notre espérance en Lui (1:18-21).

Le Lévitique est le livre de la SACRIFICATURE. Il contient des directives quant aux sacrifices pour guider les sacrificateurs, quant aux usages et à la pureté qui conviennent aux sacrificateurs. Pierre place devant nous la sacrificature chrétienne, sa constitution et ses privilèges (1:22 à 2:10).

Le livre des Nombres est celui du DÉSERT. Il révèle spécialement le voyage d’Israël dans le désert avec toutes ses vicissitudes et ses leçons. Pierre, lui, nous instruit en ce qui concerne notre pèlerinage, et la conduite qui nous convient pendant celui-ci (2:11 à 3:7).

Le Deutéronome est le livre du GOUVERNEMENT DE DIEU. Israël y est averti des conséquences de la désobéissance, et de la récompense de l’obéissance. Nous sommes juste arrivés à la partie de l’épître au chapitre 3 où Pierre nous avertit que, bien que nous soyons comme chrétiens placés dans la grâce de Dieu, nous venons sous Son gouvernement, et nous aurons à rendre compte dans ce cadre.

 

4.4   1 Pierre 3:14-17

Le v. 14 introduit une autre considération. Il se peut bien sûr que nous souffrions à cause de notre propre folie sous le gouvernement de Dieu. Il se peut, d’autre part, que nous recevions de la bénédiction sous le gouvernement de Dieu, et que nous soyons quand même appelés à souffrir pour la justice. S’il en est ainsi, Dieu garantit notre bonheur à travers cette souffrance. Nous n’avons pas à avoir peur des hommes, mais en sanctifiant le Seigneur le Christ dans nos cœurs, nous avons à témoigner avec douceur de la vérité tout en gardant une bonne conscience en vivant saintement.

Remarquez en passant comment le v. 15 montre à l’évidence la vraie force du mot « sanctifier ». Ce n’est pas premièrement « rendre saint », car le Seigneur ne peut être plus saint qu’Il n’est. Il peut cependant être, dans nos cœurs, mis à part dans Sa propre place de gloire et de suprématie et d’autorité. Sanctifier signifie « mettre à part ».

 

4.5   1 Pierre 3:18

Or personne n’a jamais souffert comme Christ. Il est notre Exemple suprême. Mais Ses souffrances, comme le v. 18 les présente, relevaient d’une classe à part et qui nous dépasse complètement, car Il a souffert pour les péchés comme Substitut, le Juste pour les injustes. Le mot « substitution » ne se trouve pas dans notre version de la Bible, mais ce que le mot représente se trouve clairement dans ce verset. Notez le but de Ses souffrances en substitution : « afin qu’il nous amenât à Dieu », c’est-à-dire faisant que nous soyons totalement chez nous en Sa présence, étant dans l’état convenable pour y être. Sommes-nous tous complètement à l’aise avec Dieu, heureux comme chez nous, dans nos cœurs et nos consciences ?

 

4.6   1 Pierre 3:19-20a

Le Seigneur Jésus a souffert pour les péchés jusqu’à la mort, et Il est ressuscité par l’Esprit ou dans l’Esprit, le jour de Sa chair étant achevé. Par l’Esprit Il a aussi prêché avant le déluge à ceux qui sont maintenant des esprits en prison. Ces personnes, qui sont maintenant des esprits en prison, étaient des hommes et des femmes qui marchaient sur la terre au temps de Noé, et Christ en Esprit (ou l’Esprit de Christ) leur parlait par la bouche de Noé. Ils ont été désobéissants, d’où leur emprisonnement actuel en hadès, le monde invisible. L’Esprit de Christ parlait par les prophètes de l’Ancien Testament, selon le v. 11 du ch. 1. Il parla aussi par Noé.

Si l’un de nos lecteurs a des doutes sur l’explication correcte de notre passage, qu’il se tourne vers Éph. 2 et lise les v. 13 à 18. L’ayant fait, il trouvera que le « Il » du v. 16 (auquel le « Il » du v. 17 se réfère) est indubitablement le Seigneur Jésus. Au v. 17 « vous qui étiez loin » représente les Gentils, c’est-à-dire les nations ; « ceux qui étaient près » représente les Juifs. Le passage déclare alors que, ayant enduré la croix, le Seigneur Jésus « est venu, et a annoncé la bonne nouvelle de la paix » aux nations. Quand ? Comment ? Jamais personnellement. Il a fait cela seulement par la bouche des apôtres et d’autres qui étaient remplis de Son Esprit. C’est exactement la même figure de langage qui est utilisée à la fois dans ce passage d’Éph. 2 et dans celui de 1 Pierre 3:18-19.

 

4.7   1 Pierre 3:20b-21

Il résulte de ce témoignage antédiluvien de l’Esprit de Christ que seules huit personnes furent sauvées à travers les eaux du déluge ; une petite poignée vraiment, le plus simple résidu de l’ère précédente. Or le baptême (3:21), qui n’est qu’une figure, a justement cette force. Le déluge a séparé ce petit résidu de la période antédiluvienne pour que, par les eaux de la mort, ils soient dissociés de l’ancien monde et entrent dans le nouveau. Les Juifs convertis auxquels Pierre écrivait étaient exactement dans cette position. Eux aussi n’étaient qu’un faible résidu, et par leur baptême ils étaient dissociés de la masse de leur nation qui était sous la colère et le jugement, pour qu’ils puissent venir sous l’autorité de leur Messie ressuscité et glorifié. Le baptême est en figure la dissociation par le moyen de la mort, et c’est dans ce sens qu’il sauve. Les Juifs comme nation étaient comme un bateau qui sombre ; être baptisé c’était couper formellement le dernier lien avec eux, ce qui signifiait le salut hors de la ruine nationale. D’où les paroles de Pierre en Actes 2:40 : « Sauvez-vous de cette génération perverse ». Qu’est-ce qu’on trouve ensuite ? « Ceux donc qui reçurent sa parole, furent baptisés » (2:41).

Le baptême n’accomplit rien de vital ni d’éternel, car c’est « une figure ». Cependant ce n’est pas un simple lavage cérémoniel comme l’étaient les « baptêmes » ou ablutions juives. C’est plutôt la « réponse » ou « la demande d’une bonne conscience envers Dieu », comme nous le voyons avec l’eunuque et avec Lydie (Actes 8:36 et 16:15). Une bonne conscience l’accepte avec joie, et même le demande, considérant le baptême comme de la fidélité au Seigneur pour être en figure coupé de l’ancienne vie, comme Lui fut effectivement retranché dans la mort, et être ainsi identifié avec Lui.

 

4.8   1 Pierre 3:22

Cependant tout n’est valide que « par la résurrection de Jésus Christ ». Car s’il n’y avait pas réellement et effectivement un nouveau monde de vie et de bénédiction qui nous soit ouvert par Sa résurrection, qui couperait ses liens d’avec l’ancien ? C’est par la résurrection que ces chrétiens ont été régénérés pour une espérance vivante, selon 1:3. Ils voulaient volontiers descendre dans les eaux du baptême, et dire ainsi un adieu formel à leur ancienne position de Juifs qui étaient devant un jugement imminent (voyez 1 Thes. 2:14-16), en raison du vaste cortège de grâce et de gloire et d’espérances vivantes, qui leur étaient révélées et assurées par la résurrection du Seigneur Jésus.

Toutefois, non seulement Christ est ressuscité, mais Il est monté au ciel et est déjà assis à la droite de Dieu, ce qui signifie qu’Il est l’Administrateur désigné de toute la volonté de Dieu. Un puissant homme d’affaires qui a un adjoint très capable agissant pour lui et exécutant ses désirs, en parle souvent comme étant « son bras droit ». Le Seigneur Jésus est véritablement « l’homme de ta droite » dont parle le psalmiste (Ps. 80:17), et nous avons été baptisés pour Lui, et nous sommes venus sous Son autorité. Tous les « anges, et autorités, et puissances » Lui sont soumis.

 

4.9   1 Pierre 3:15-22

Quel grand encouragement pour nous ! Rappelez-vous que tous ces versets 15 à 22 découlent de la pensée qu’il se peut que nous ayons à souffrir pour la justice. C’est juste au moment où les Juifs convertis coupaient leurs liens d’avec le judaïsme en étant baptisé, qu’ils commençaient à souffrir. Mais alors, en étant baptisé pour le Seigneur Jésus, ils venaient sous l’autorité de Celui qui est assis à la place de l’autorité et de l’administration suprêmes, et puisque toutes les puissances lui sont soumises, aucune puissance ne pouvait les toucher sans Sa permission.

Pareillement, quand nous gens des nations convertis, nous coupons nos liens d’avec le monde, nous avons à subir la souffrance, mais nous aussi, nous sommes sous l’autorité suprême de Christ, et nous n’avons rien à craindre.

 

5                        Chapitre 4

5.1   1 Pierre 4:1-6

5.1.1        1 Pierre 4:1

Ceux d’entre vous qui ont suivi avec attention jusqu’ici cette portion de l’Écriture, ont peut-être remarqué que la pensée des souffrances, à la fois de Christ et de ceux qui Le suivent, a tenu une grande place depuis le v. 11 du ch. 2 où nous avons commencé la partie pratique et exhortative de l’épître.

Il est très clair que le chrétien doit s’attendre à souffrir. Sa vie doit être une vie consistant à faire le bien, mais il peut avoir à souffrir pour faire le bien (2:20). Sa vie doit être une vie de justice, mais il peut avoir à souffrir pour la justice (3:14). Le premier verset du ch. 4 revient sur ce sujet, et nous instruit de nous armer pour le conflit, en ayant la pensée que nous aurons à souffrir. C’était l’esprit qui animait Christ. Il a souffert pour nous dans la chair, et cela même jusqu’à la mort (3:18). Il y a bien sûr une différence. Il a souffert pour nous en expiation, ce que nous ne pourrons jamais faire. « Il a souffert lui-même, étant tenté » (Héb. 2:18), parce qu’étant parfaitement saint, la seule pensée du péché lui faisait horreur. Nous souffrons en refusant la tentation et en cessant de pécher, parce que, hélas ! le péché séduit la chair qui est en nous. Si nous satisfaisons la chair, nous ne souffrons pas, mais nous péchons. Si nous refusons la tentation, et que nous en avons fini avec le péché, la chair souffre au lieu d’être satisfaite. Mais c’est juste cette souffrance qui nous incombe.

 

5.1.2        1 Pierre 4:2

Quand nous étions inconvertis, nous vivions en passant notre temps à satisfaire nos désirs naturels sans avoir aucun égard à la volonté de Dieu. Maintenant c’est exactement l’inverse pour nous, comme l’indique le v. 2. Nous ferons bien de nous souvenir que Dieu divise nos vies en deux parties : le passé, et le reste de notre temps dans la chair ; l’heure de la conversion marque la frontière entre deux. Dans la première partie de nos vies, nous accomplissions la volonté des nations qui n’avaient jamais à être soumise à la loi de Dieu. Maintenant nous avons à accomplir la volonté de Dieu, qui nous a été révélée en Christ, non pas simplement par la loi.

 

5.1.3        1 Pierre 4:3-4

Cependant à cause du fait même que nous n’agissons pas comme le monde, nous sommes exposés à l’aversion et à la critique du monde. Ils sont toujours nombreux ceux qui pensent et parlent en mal de ce qu’ils ne peuvent pas comprendre. Le croyant n’a pas à en être troublé, car il y en a Un qui est prêt à juger les vivants et les morts, et les accusateurs auront à se présenter devant Lui.

 

5.1.4        1 Pierre 4:5-6

Or la base de tout jugement sera le témoignage sur Dieu et sur Sa vérité qui aura pu être rendu à ceux qui sont soumis à Son jugement ; autrement dit, la responsabilité de chacun sera mesurée selon le témoignage divin qu’ils auront entendu. L’évangile du v. 6 n’est pas l’évangile chrétien en particulier. C’est juste une bonne nouvelle comme il en a été prêché aux gens à diverses époques dans les temps passés, et qui sont maintenant morts. Cela se réfère en particulier à la bonne nouvelle du salut par l’arche lors du déluge, car l’expression « les morts » se rapporte aux mêmes personnes auxquelles l’apôtre a fait allusion en 3:19-20. Tout au long des âges passés, il y avait aussi la bonne nouvelle d’un Libérateur qui viendrait ; et alors, comme maintenant, la bonne nouvelle a toujours séparé en deux classes les gens qui l’entendent : ceux qui la refusent ou la négligent, et qui auront à subir le jugement comme hommes dans la chair ; et ceux qui la reçoivent et qui par conséquent vivent dans l’esprit en ce qui concerne Dieu. Ceux qui passent ainsi de la mort à la vie en écoutant la Parole de la bonne nouvelle de Christ, ne viennent pas en jugement, comme un autre passage nous l’assure (Jean 5:24).

 

5.2   1 Pierre 4:7-11

5.2.1        1 Pierre 4:7

Or nous, chrétiens, nous avons à nous souvenir que nous sommes arrivés à la fin de toutes choses. Il est évident que Pierre ne voulait pas dire quand il écrivait (environ vers l’an 60 de notre ère) qu’on avait atteint la fin de cette dispensation, mais plutôt que la dispensation de la fin était atteinte, c’est-à-dire « les derniers temps ». Le juge est tout à fait prêt, comme le dit le v. 5. Il se tient « devant la porte » (Jacq. 5:9), prêt à entrer au tribunal et à s’asseoir sur Son trône afin que la séance de jugement puisse commencer. Toutes choses étaient alors tout à fait prêtes pour le jugement au tout début de cette époque où nous vivons, et c’est seulement la grande patience de Dieu qui retient le jugement, comme la seconde épître de Pierre nous le dit. Combien nous devrions donc être sobres et veiller pour prier !

 

5.2.2        1 Pierre 4:8-9

Plus que cela, nous devrions être marqués par un amour fervent entre nous, et par l’utilisation de tous les dons et capacités à la gloire de Dieu, duquel toutes choses procèdent. Le monde est un endroit froid et critique, le cercle chrétien devrait être un lieu d’amour fervent. Quand un tel amour existe parmi les chrétiens avec ferveur, il s’exprime passivement en couvrant une multitude de péchés, et activement dans les dons et l’hospitalité. Il y a, hélas, de nombreux péchés, même parmi les vrais chrétiens. Le monde ennemi se réjouit de publier les péchés des croyants, en les criant sur les toits. L’amour dans le cercle chrétien les ressent comme si c’était les siens propres, et les couvre. Quand un croyant s’occupe à publier les péchés de quelque autre chrétien, il publie par-là sa propre condition charnelle. Beaucoup de croyants feraient très attention à ne pas publier les péchés d’autres croyants qui se réunissent avec eux dans leurs rassemblements ; sommes-nous aussi soigneux à l’égard des croyants qui ne se rassemblent pas avec nous ?

 

5.2.3        1 Pierre 4:10-11

Quoi que nous ayons reçu de la part de Dieu, nous l’avons en dépôt pour le bénéfice de tous les saints. La grâce de Dieu est très diverse et variée. Celui-ci peut parler, un autre peut servir. Celui qui parle doit parler comme oracle de Dieu. Celui qui sert doit le faire comme avec la force que Dieu donne ; et ainsi ceux qui bénéficient soit des paroles soit des services, feront tout remonter à Dieu, et ils Le glorifieront Lui et non pas celui qui a été le moyen ou le canal de ce bienfait. Parler « comme oracle de Dieu » ne signifie pas « selon la parole de Dieu », bien qu’évidemment nous ayons toujours à parler ainsi ; mais cela signifie : parler comme porte-parole de Sa parole. Si un orateur vient nous parler de ce qu’il pense, nous dire quelles sont ses impressions et ce qu’il conçoit, nous finissons par penser qu’il est un homme vraiment merveilleux, et par lui rendre hommage comme à une sorte de héros spirituel. Si inversement, il nous donne juste ce qui est vraiment la Parole de Dieu, nous sommes subjugués, et nous glorifions Dieu, au lieu de glorifier cet homme.

Si l’amour fervent prévaut, nous ne nous donnerons pas seulement l’un à l’autre notre dû, mais nous donnerons aussi à Dieu ce qui Lui est dû. Les choses seront justes dans le cercle chrétien, même si le monde extérieur est très opposé.

 

5.3   1 Pierre 4:12-16

5.3.1        1 Pierre 4:12

Au v. 12, l’apôtre revient au sujet de la souffrance pour le chrétien, et il en parle avec davantage de clarté et avec une prévoyance prophétique. Il y avait là devant ces premiers chrétiens un « feu ardent », et il était même déjà sur eux. Cela devint très vite littéral, comme nous le savons, c’est-à-dire une épreuve par le feu. Ils ne devaient pas le compter comme « quelque chose d’extraordinaire ». Cette remarque nous enseigne que souffrir de la part du monde est quelque chose de normal pour le chrétien. Il se peut que nous ne le réalisions guère, du fait que nous vivons dans un pays de culture et de tolérance chrétiennes. Nous pouvons facilement en venir à considérer comme la normale pour nous d’avoir une vie d’aise et d’amusement dans le monde, et de subir la persécution comme quelque chose de très anormal. Si la persécution nous arrivait dessus, nous nous sentirions affligés et scandalisés.

C’est cette vue fausse des choses, et la mollesse qui fait se retirer devant la dureté des souffrances (2 Tim. 2:3) qui est largement la cause de la grande faiblesse actuelle. Seule une petite minorité de chrétiens dans le monde est prête à prendre fait et cause pour quelque chose, ou à résister contre quelque chose dans le monde. Un faible esprit de complaisance et de compromis est dans l’air. On évite la souffrance, mais la puissance et la joie sont perdues.

 

5.3.2        1 Pierre 4:13

Comment Pierre présente-t-il ce sujet de la souffrance ? Au v. 13, il nous présente l’honneur d’avoir part aux souffrances de Christ, c’est-à-dire d’entrer dans des souffrances qui ont le même caractère que celles que Lui a endurées comme le grand témoin de Dieu dans un monde rebelle., D’après les comptes que fait Pierre, c’est un sujet de réjouissance, et ici il ne fait que prêcher ce que lui-même pratiquait, selon le récit d’Actes 5:41. Nous avons à nous réjouir maintenant, alors que la souffrance est en cours, et ainsi nous serons manifestement des conquérants en face de nos ennemis. Cependant le jour de la gloire de Christ se hâte, et alors nous nous réjouirons avec transports. Nous exulterons, du fait que les souffrances seront terminées et que le jour des récompenses sera arrivé. Les souffrances suprêmes de Christ seront couronnées par Sa gloire suprême. Ce sera notre honneur et notre joie d’avoir part à tous les deux. Qu’est-ce que nous considérerons comme le plus grand honneur en ce jour-là ? Ayons honte de nos cœurs timides et lâches !

 

5.3.3        1 Pierre 4:14

Mais nous n’aurons pas seulement des persécutions dans le monde, mais aussi de l’opprobre, et ceci est souvent le plus difficile à supporter. Supposons que nous soyons environnés d’opprobre, faut-il qu’on s’apitoie spécialement sur nous ? Pas du tout ! Nous sommes déclarés bienheureux et bénis si l’opprobre est « pour » le nom de Christ, ce qui veut dire que le monde nous voit comme Ses représentants. Le Seigneur Jésus fut autrefois dans ce monde le grand représentant de l’Éternel, et c’est à cause de cela qu’Il dût dire : « Les outrages de ceux qui t’outragent sont tombés sur moi » (Ps. 69:9). Ce n’était assurément pas pour Lui un déshonneur, et subir l’opprobre ou les outrages pour le nom de Christ est un honneur pour nous. Les hommes peuvent Le blasphémer et nous outrager, mais nous Le glorifions et l’Esprit qui demeure en nous repose sur nous comme l’Esprit de gloire et de Dieu. De nombreux chrétiens, qui sont passés par un tel opprobre, considèrent après coup de tels moments comme un temps de grande élévation spirituelle et de grande bénédiction.

 

5.3.4        1 Pierre 4:15-16

Nous devons être très attentifs à ne pas souffrir pour avoir mal fait, mais seulement comme chrétiens. Alors nous n’avons pas besoin d’être honteux, car nous pouvons glorifier Dieu à cet égard ou « en ce nom ». L’Esprit de Dieu accepte et sanctionne ici le nom de chrétiens comme s’appliquant aux croyants. Ce nom a été utilisé en premier comme un sobriquet descriptif à Antioche (Actes 11:26). Son usage s’est généralisé plus tard (Actes 26:28), et maintenant il est formellement accepté par l’Esprit de Dieu. Nous pouvons donc l’accepter, et comme chrétiens nous glorifions Dieu comme Christ Lui-même l’a fait.

 

5.4   1 Pierre 4:17

L’apôtre exprime une autre pensée quant aux souffrances, au v. 17. Bien que cette souffrance vienne sur les chrétiens de la part du monde, elle est contrôlée par Dieu pour servir les objectifs de Son gouvernement, duquel l’apôtre nous a parlé au ch. 3. Maintenant, les actions gouvernementales de Dieu s’appliquent spécialement aux Siens. Il est bien sûr le Juge de tous, et tout le monde tombera finalement sous Son jugement. Mais Il tient des comptes à spécialement court terme pour ceux qui sont reconnus être en relation avec Lui, ceux de Sa maison. Quand des manquements surviennent et que le péché envahit le saint domaine de Sa maison, Il commence à faire sentir le poids de Son jugement au moyen de Ses actions gouvernementales.

Cette manière d’agir de Dieu était manifeste aux temps de l’Ancien Testament. Lisez Ézéchiel 8 et 9, et vous verrez. Le jugement devait avoir lieu à Jérusalem, et l’instruction était de « commencer par mon sanctuaire » (9:6). C’est ainsi que cela a commencé dans l’église de Dieu. Ces premiers chrétiens avaient à accepter les feux de la persécution comme permis par Dieu pour purifier Sa maison. Nous savons tous qu’il n’y a rien de tel que la persécution pour éliminer le faux du milieu du vrai.

 

5.5   1 Pierre 4:18-19

Mais si le jugement commence ainsi par la maison de Dieu, si Dieu ne les épargne pas, que va-t-il se passer pour ceux qui ne sont pas du tout en relation avec Lui ? Quelle sera leur fin ? Si le juste est sauvé difficilement, où paraîtront les impies et les pécheurs ? Ce sont des questions terribles qui n’admettent que des réponses d’une terrible importance.

Le juste peut être sauvé difficilement, comme l’illustrent de nombreux passages de l’Ancien Testament, mais il est néanmoins SAUVÉ. Il peut même avoir à souffrir jusqu’à l’extrême, c’est à dire la mort, selon la volonté de Dieu, comme l’indique le v. 19. S’il en est ainsi, il n’a qu’à continuer à faire le bien, et à remettre son âme entre les mains de Dieu, comme « à un fidèle Créateur ». Nous connaissons Dieu non seulement comme le Créateur, mais aussi comme Sauveur et Père. Pourtant nous ne perdons pas le bénéfice de Le connaître comme Créateur, et comme fidèle à Son propre ouvrage.

Combien il est heureux pour nous de connaître Dieu sous ces divers aspects !

 

6                        Chapitre 5

6.1   1 Pierre 5:1-7

Quand les chrétiens passent par des temps de persécution et de souffrance, beaucoup de choses dépendent du fait d’être dans une condition juste et heureuse entre eux. L’apôtre Pierre complète donc ses avertissements quant à la persécution avec quelques mots d’exhortation adressés respectivement aux anciens et aux plus jeunes des disciples. Des frictions peuvent facilement se développer entre eux, comme nous le savons bien.

La tendance à voir se développer les frictions a toujours existée, mais jamais autant que maintenant, vu que la rapidité avec laquelle le monde change n’a jamais été aussi prononcée que dans les dernières décennies. La conséquence en est que de grands changements de pensée et d’habitudes et d’aspect extérieur sont survenus en l’espace d’une seule génération ; il en résulte que les enfants considèrent que leurs parents sont « en retard » et que leurs grands-parents sont tout à fait des antiquités ; et les personnes âgées pensent que les plus jeunes ont des idées révolutionnaires. Si on observait et appliquait les v. 1 à 7 de notre chapitre, toute friction cesserait, et l’harmonie règnerait à l’intérieur de l’église de Dieu, quelles que soient les circonstances extérieures.

 

6.1.1        1 Pierre 5:1

Pierre s’adresse d’abord aux anciens comme étant les plus responsables. Il s’agissait d’hommes reconnus comme ayant la fonction d’ancien, et non pas simplement des chrétiens avancés en âge. Il revendique le droit de les exhorter vu qu’il est un ancien, et plus que cela : un témoin des souffrances de Christ. Il pouvait rendre témoignage à ces souffrances, car il les avait vues, ayant été avec Lui pendant les jours de Sa chair. Il avait pensé une fois pouvoir facilement partager ces souffrances, y compris jusqu’à la prison et à la mort, et nous connaissons tous la douloureuse chute dans laquelle sa confiance en lui l’a entraîné. Cependant s’il avait alors manqué, le Seigneur dans Sa grâce lui avait indiqué qu’il y participerait en une certaine mesure avant que sa course ne se termine (voir Jean 21:18-19). Ici il parle simplement de lui-même comme d’un participant « à la gloire qui va être révélée » comme étant le fruit de la grâce.

 

6.1.2        1 Pierre 5: 2-4

Sa seule exhortation aux anciens est de « nourrir », ou « paître le troupeau de Dieu ». Le Saint Esprit donne donc exactement la même injonction aux anciens par la bouche de Paul en Actes 20:28, et par la plume de Pierre ici. Les anciens devaient exercer vis-à-vis de leurs jeunes frères tous les soins d’un berger envers son troupeau. Seul l’épanchement de l’amour divin dans leurs cœurs produirait la surveillance vigilante que de tels soins exigent, et il est bon pour les jeunes croyants de voir dans les soins de leurs frères plus âgés une expression de l’amour de Christ, le Souverain Pasteur, qu’Il récompensera à Sa venue.

Il est très important que l’« ancien » exerce son autorité spirituelle d’une manière juste et dans un esprit juste ; de là les trois choses stipulées aux v. 2 et 3. Il doit exercer son service volontairement, de bon gré, et quant à lui-même, être un modèle pour le troupeau. Le Saint Esprit, qui a inspiré ces paroles, prévoyait la tendance qu’il y aurait à entreprendre un tel service soit par contrainte soit par appât du gain, soit par désir de pouvoir et d’influence. L’histoire de l’église témoigne combien ces paroles étaient nécessaires, et elle raconte comment de simples anciens ou surveillants des jours apostoliques furent graduellement magnifiés en « princes de l’église », dominant sur le peuple de Dieu comme s’il s’agissait de leurs propres possessions. On s’étonne, au vu de ce v. 3, que certains de ceux qui professent être évêque (= surveillant) chrétien puissent s’appeler, ou souffrir qu’on les appelle « monseigneur ».

 

6.1.3        1 Pierre 5:5a

Les plus jeunes croyants d’entre nous doivent être particulièrement attentifs au v. 5. Il se peut que l’ancien soit bien disposé et prêt à exercer la surveillance, et il se peut qu’il accomplisse ce qu’il enjoint aux autres de faire pour être lui-même un exemple ; mais tout cela sera vain si les plus jeunes ne sont pas préparés à l’écouter et à lui être soumis. Nous supplions tous les jeunes chrétiens, — bien qu’ils puissent être beaucoup plus avancés dans certaines branches de la découverte et de la connaissance humaines, et que la vieille génération soit facilement dépassée dans ces choses, — qu’ils se souviennent qu’il n’y a pas de telles avancées dans la révélation de la vérité de Dieu. Par conséquent, la maturité spirituelle ne peut encore se gagner que comme le fruit d’années bien passées à l’école de Dieu, c’est-à-dire à l’étude de Sa parole, accompagnée par la vie, l’expérience et le service chrétiens. Le jeune chrétien peut en effet avoir un zèle, une énergie et une endurance supérieurs, et éventuellement des facultés mentales supérieures ; or même dans de telles conditions il sera plus efficace pour servir son Maître s’il est soumis aux directives mûres et sages d’un ancien, qui peut lui être franchement inférieur à bien des égards.

 

6.1.4        1 Pierre 5:5b-7

Tout ceci sera facile si l’humilité d’esprit prévaut. Tous doivent être revêtus d’humilité dans leurs relations réciproques. La personne à l’esprit humble n’est pas arrogante, et ne se heurte donc pas facilement aux autres. Encore mieux, il ne se heurte pas à Dieu, car Dieu résiste aux orgueilleux, tandis qu’Il donne la grâce aux humbles. La puissante main de Dieu est sur les Siens pour les éduquer, et souvent dans des conditions très douloureuses, comme c’était le cas dans les persécutions de ces premiers chrétiens ; pourtant nous devons nous incliner sous Sa main, et le moment venu, nous serons élevés. En attendant, nous devons rejeter tous nos soucis que ce pénible état de choses peut produire, et les rejeter sur Lui dans la pleine assurance qu’Il a soin de nous.

 

6.2   1 Pierre 5:8-9

Bien que, comme croyants, nous ayons le privilège de prendre toutes nos épreuves, y compris nos persécutions, comme rattachées à « la puissante main de Dieu », pourtant nous ne devons pas méconnaître le fait que le diable peut y être pour quelque chose. Le cas de Job dans l’Ancien Testament l’illustre, et le fait est reconnu ici. Dans la persécution des saints, le diable rôde autour d’eux comme un lion rugissant, cherchant à faire défaillir notre foi. Si la foi n’est qu’un simple éclairage mental, une conviction intellectuelle et non pas une confiance du cœur, elle défaille et le lion rugissant nous dévore. Nous avons donc à être sobres et vigilants. Nous devons reconnaître que le diable est notre adversaire, et qu’il faut lui résister dans l’énergie d’une foi vivante qui s’accroche à la foi qui nous est révélée en Christ, nous rappelant aussi que si nous goûtons la souffrance, nous  partageons seulement le lot commun de nos frères dans le monde.

 

6.3   1 Pierre 5:10-11

Le « mais » qui ouvre le v. 10 nous élève de la plus glorieuse manière hors de l’atmosphère ténébreuse du monde avec ses persécutions et ses épreuves et le pouvoir de Satan. Nous sommes soudainement transportés par la pensée en présence du « Dieu de toute grâce ». Sommes-nous conscients d’avoir besoin de la grâce d’une infinie variété de manières ? Eh bien ! Il est le Dieu de toute grâce. Les puissances du monde et le diable peuvent être contre nous, mais il nous « a appelés à sa gloire éternelle dans le Christ Jésus », et rien ne fera échouer Son propos. Il permettra que nous souffrions « un peu de temps », mais même cela Il le contrôlera. C’est comme s’Il prenait en main la souffrance, et l’utilisait comme un matériau pour tisser un modèle ou dessin de Son choix concernant nos caractères et nos vies ; et ainsi il la fait contribuer au perfectionnement, à l’affermissement, à la fortification et à l’établissement de nos âmes.

Quant à Son propos pour nous, Il nous a appelés à Sa gloire éternelle. Quant à Ses actions en discipline à notre égard, il contrôle même les activités de l’adversaire contre nous, pour notre perfectionnement spirituel et notre affermissement. La grâce, toute la grâce se montre avec éclat à la fois dans Son propos et dans Ses actions. Qui n’attribuerait pas la gloire et la domination, aux siècles des siècles, à Quelqu’un comme Lui ?

 

6.4   1 Pierre 5:12-14

Les trois derniers versets nous donnent les mots de conclusion de Pierre. Il est intéressant de trouver Silvain (ou : Silas), et Marc mentionnés ici, tous deux étant des frères en relation intime avec l’apôtre Paul, vu que la dernière partie du v. 12 est une allusion évidente au travail de l’apôtre Paul.

Rappelons-nous que ces chrétiens Juifs dispersés avaient été évangélisés par Paul et ses compagnons. S’ils se tenaient dans la grâce, c’était le fruit de ses travaux, et la grâce dans laquelle ils étaient leur avait été ouverte par son ministère. Maintenant Pierre est conduit à leur écrire dans l’exercice de sa mission d’apôtre pour les Juifs, témoignant de la grâce de Dieu, et ainsi confirmant que la grâce dans laquelle ils étaient était « la vraie grâce de Dieu ». Quand nous nous rappelons l’épisode d’Antioche où Pierre et Paul s’étaient heurtés assez fortement sur des questions touchant la loi et la grâce, et où Paul avait dû s’exclamer : « Je n’annule pas la grâce de Dieu » (Gal. 2:21), alors que Pierre adoptait une ligne d’action qui menaçait de le faire, nous pouvons nous réjouir de noter combien ils étaient maintenant en plein accord. Nous trouvons un heureux esprit de concorde du même genre à la fin de la seconde épître (3:15, 16).

N’oublions jamais que nous sommes dans la grâce — la vraie grâce de Dieu. Toutes nos relations avec Dieu sont basées sur cette grâce. Il a commencé avec nous en grâce par notre conversion à Lui-même. Il continue avec nous sur le pied de la grâce à travers toutes les vicissitudes de notre vie et de notre service chrétiens. Il finira en grâce, sauf qu’il n’y a pas de fin, car nous entrerons dans Sa gloire éternelle comme appelés à cette gloire et introduits en elle par le « Dieu de toute grâce », comme le v. 10 nous l’a dit.

Nous ne risquons donc pas de négliger le début et la fin autant que la course chrétienne entre deux. C’est maintenant, au milieu des manquements et des difficultés de notre pèlerinage que nous avons besoin d’un sens permanent de la grâce qui nous porte, la grâce dans laquelle nous sommes. Bientôt, comme le dit un cantique :

La grâce couronnera toute l’œuvre,

dans les jours d’éternité ;

Elle a posé dans le ciel la pierre de faîte,

et elle mérité bien la louange.