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Réflexions sur les Actes des Apôtres

 

F. B. Hole

 

Les Réflexions sur les évangiles et les Actes de F.B. Hole ont premièrement paru en anglais en 1937-1939 dans le périodique « Edification » et en 1940 à 1944 dans le périodique « Scripture Truth ».

 

 

Table des matières :

1     Chapitre 1

2     Chapitre 2

3     Chapitre 3

4     Chapitre 4

5     Chapitre 5

6     Chapitre 6

7     Chapitre 7

8     Chapitre 8

9     Chapitre 9

10      Chapitre 10

11      Chapitre 11

12      Chapitre 12

13      Chapitre 13

14      Chapitre 14

15      Chapitre 15

16      Chapitre 16

17      Chapitre 17

18      Chapitre 18

19      Chapitre 19

20      Chapitre 20

21      Chapitre 21

22      Chapitre 22

23      Chapitre 23

24      Chapitre 24

25      Chapitre 25

26      Chapitre 26

27      Chapitre 27

28      Chapitre 28

 

 

 

1                        Chapitre 1

 

Le début des Actes des apôtres se relie d’une manière très évidente à l’évangile selon Luc. L’un et l’autre sont adressés au même Théophile et, si l’on excepte quelques détails supplémentaires concernant les paroles du Seigneur après Sa résurrection et une présentation un peu différente de Son ascension, le chapitre 1 reprend le récit au point précis où l’évangile s’arrêtait. L’évangile conduit jusqu’à Sa résurrection et Son ascension. Les Actes partent de ces faits glorieux et développent leurs conséquences.

Parlant de son évangile, Luc le décrit comme un « traité... sur toutes les choses que Jésus commença de faire et d’enseigner ». Il vaut la peine de relever le mot « commença ». Il implique que Jésus n’a pas cessé de faire et d’enseigner au moment où il a été élevé au ciel, disparaissant de la vue des hommes. Les Actes nous disent ce qu’il a fait ensuite, en répandant de la part du Père le Saint Esprit pour pouvoir agir par lui dans des apôtres et d’autres serviteurs. De même, en lisant les épîtres, nous apprenons ce qu’il a enseigné par les apôtres au temps convenable. Avant d’être élevé, il a donné aux apôtres les ordres nécessaires « par l’Esprit Saint », alors qu’à ce moment ils ne l’avaient pas encore reçu. Dans son évangile, Luc nous a présenté le Seigneur comme l’homme parfait, agissant toujours dans la puissance de l’Esprit ; nous le voyons dans la même lumière ici dans les Actes.

Pendant quarante jours, il s’était présenté comme Celui qui vit au-delà du pouvoir de la mort ; cela avait fourni plusieurs preuves assurées de sa résurrection. À l’occasion de ces contacts avec ses disciples, il leur avait parlé des choses concernant le royaume de Dieu, et leur avait commandé d’attendre à Jérusalem la venue de l’Esprit. Jean, qui avait baptisé avec de l’eau, avait désigné le Seigneur comme celui qui baptiserait de l’Esprit Saint. Et c’est ce baptême qu’ils devaient recevoir dans peu de jours.

Le Seigneur avait parlé du royaume de Dieu, mais leurs esprits étaient encore occupés de la restauration du royaume pour Israël. Ils ressemblaient en cela aux deux disciples d’Emmaüs, avec cette différence qu’ils savaient maintenant que le Seigneur était ressuscité. Leur question lui fournit l’occasion d’indiquer le programme pour la dispensation qui allait s’ouvrir. Et nous retrouvons ce que nous avons vu en Luc 24 : le Centre du programme n’est pas Israël mais Christ. La venue de l’Esprit donnerait aux apôtres de la puissance, non pas pour travailler à la restauration d’Israël, mais pour être ses témoins — pour rendre témoignage de Christ jusqu’au bout de la terre. Les quatre cercles du témoignage mentionnés à la fin du verset 8 nous donnent une manière de subdiviser ce livre. C’est d’abord le témoignage rendu à Jérusalem et, jusqu’à la fin du chapitre 7, il s’agit de cette ville et de la Judée. Au chapitre 8, c’est la Samarie, au chapitre 9, l’appel de celui qui portera l’évangile aux Gentils et, au chapitre 13, la mission « jusqu’au bout de la terre ».

Il peut sembler qu’il y a une contradiction entre le verset 7 et ce que l’apôtre Paul écrit en 1 Thessaloniciens 5:1 et 2. Mais ce qui est souligné dans cette épître, c’est qu’ils savaient parfaitement ce qui devait arriver quant aux voies de Dieu à l’égard de la terre, tandis qu’ici nous voyons que nous ne pouvons pas savoir quand cela arrivera, puisque le Père a réservé cet aspect à sa seule autorité. Notre affaire est de rendre un témoignage vrai et fidèle à Christ. Il faut arriver au verset 14 du chapitre 15 pour que l’effet de ce témoignage soit établi d’une manière claire.

Ayant dit ces choses, Jésus fut élevé de la terre et une nuée — sans doute celle dont il est parlé en Luc 9:34 — le cacha de devant les yeux des disciples. Mais deux messagers célestes se tinrent à côté d’eux pour compléter la déclaration que le Seigneur venait de leur faire. Leur mission consistait à rendre témoignage d’un Christ glorifié, mais l’espérance placée devant eux était son retour de la même manière qu’il s’en était allé. Son départ n’était pas figuratif, typique ou mystique, mais réel et littéral. De même sa venue sera réelle et littérale.

Dix jours devaient s’écouler avant la venue de l’Esprit, et le reste du chapitre nous relate comment ces jours d’attente furent remplis. Le nombre des disciples à Jérusalem s’élevait à environ cent vingt et leur temps était consacré à la prière et la supplication. Il ne pouvait pas y avoir de témoignage avant le don de l’Esprit, mais ils pouvaient se tenir sur le terrain sûr de la dépendance totale de Dieu, et y demeurer.

En outre, ils pouvaient se référer aux Écritures et en faire l’application à la situation dans laquelle ils se trouvaient, puisque le Seigneur leur avait ouvert l’intelligence pour comprendre, comme nous le voyons en Luc 24. Il est remarquable que Pierre soit celui qui prenne l’initiative à cette occasion, vu qu’il avait péché si gravement quelque six semaines auparavant seulement. Cela montre qu’il avait été complètement restauré par le Seigneur, et il peut alors mettre en relation de cette manière frappante les versets 25 du psaume 69 et 8 du psaume 109. Par « charge de surveillant », il faut entendre « ce service et cet apostolat » dont il est parlé au verset 25 de notre chapitre. Le contenu des versets 18 et 19 n’a bien évidemment pas été prononcé par Pierre ; il s’agit d’une parenthèse dans laquelle Luc nous donne des détails sur la fin horrible de Judas.

Un caractère essentiel de l’apostolat était la connaissance directe du Sauveur ressuscité. Un apôtre devait pouvoir rendre témoignage de lui comme l’ayant vu personnellement dans son état de résurrection ; cela explique la troisième question posée par Paul en 1 Corinthiens 9:1. Paul l’a vu, non pas pendant les quarante jours, mais plus tard dans tout l’éclat de sa gloire. Toutefois, dès le début il devait y avoir les douze témoins apostoliques, et ainsi Matthias fut choisi. Il est recouru à la pratique de l’Ancien Testament consistant à jeter le sort: une direction comme celle qui sera donnée au chapitre 13:2 ne pouvait pas être connue avant le don du Saint Esprit.

 

2                        Chapitre 2

La lecture du chapitre 23 du Lévitique nous montre que, de même que la Pâque parlait prophétiquement de la mort de Christ, la Pentecôte annonçait la venue de l’Esprit dans la puissance duquel « une offrande de gâteau nouvelle » était présentée à Dieu : deux pains des premiers fruits, des croyants tirés tant d’entre les Juifs que d’entre les Gentils, sanctifiés par le Saint Esprit. Et comme ce que la Pâque préfigurait a eu lieu le jour même de Pâque, c’est le jour de la Pentecôte qui a vu la réalisation de ce que la Pentecôte signifiait. Sur Jésus, l’Esprit est descendu comme une colombe ; sur les disciples, il est venu comme le son d’un souffle violent et impétueux et comme des langues divisées de feu. Le vent, perceptible à l’oreille, évoque ce que le Seigneur lui-même a fait et dont il nous est parlé en Jean 20:22 : « Il souffla en eux ». Les langues de feu faisaient appel aux yeux, et étaient absolument uniques. Le vent remplit tout ; les langues se posèrent sur chacun. Nous pouvons lier au premier la puissance intérieure et aux secondes, l’expression de la puissance dans ces « autres langues, selon que l’Esprit leur donnait de s’énoncer ». Lorsque Jésus était ici-bas, on pouvait l’entendre, le voir et le toucher (voir 1 Jean 1:1). Lorsque l’Esprit vint, on l’entendit et on le vit, mais sous cette forme mystérieuse.

Il est important de faire d’emblée la distinction entre d’une part le grand fait de la présence de l’Esprit et, d’autre part, les signes et manifestations de sa présence qui sont très variés. Le premier est le don effectif de l’Esprit auquel il est fait allusion en Jean 7:39 et 14:16 (il est vrai que, comme il ne s’agissait ici que de Juifs, il y a eu une autre occasion, outre celle-ci, où l’Esprit a été répandu sur les Gentils croyants au chapitre 10, verset 45). Venu ainsi, l’Esprit demeure avec les saints pendant toute cette dispensation. Suite à ce don de l’Esprit, ils en furent tous remplis ; l’Esprit avait ainsi le plein contrôle de chacun d’eux. Il faut également distinguer entre le don de l’Esprit et le fait d’être rempli de l’Esprit, puisqu’il est possible de posséder le premier sans avoir le second, comme nous le verrons plus loin. Ici nous trouvons les deux ensemble.

Ceux sur qui l’Esprit descendit étaient des gens qui priaient, imitant en cela leur Seigneur. Ils étaient aussi tous d’un commun accord et par conséquent ils étaient tous ensemble dans un même lieu. Ce lieu n’est pas spécifié ; ce peut très bien avoir été la chambre haute du chapitre 1, mais il est plus vraisemblable qu’il s’agissait d’une cour du temple, tel le portique de Salomon, vu que les foules entendirent ce que l’Esprit donnait d’énoncer. Quoi qu’il en soit, c’était quelque chose de réel et puissant qui ne pouvait demeurer caché. Dans une sphère limitée, c’était l’in-verse de ce qui s’était produit à Babel. Là ce que l’homme dans son orgueil bâtissait avait été arrêté par la confusion des langues ; ici Dieu signalait le début de l’édifice spirituel qu’il construisait en donnant aux hommes la maîtrise des langues et en soumettant celles-ci à un ordre.

Un autre contraste apparaît dans le fait que lors de la construction du tabernacle dans le désert, quand l’Éternel prit possession de son habitation par la nuée de sa présence, il commença aussitôt à parler à Moïse au sujet des sacrifices. La liaison entre Exode 40:35 et Lévitique 1:1 et 2 le montre. Dans notre chapitre, Dieu prend possession de sa nouvelle maison spirituelle par l’Esprit, et de nouveau tout de suite il parle par ses apôtres inspirés. De grandes foules de différents pays entendent « les choses magnifiques de Dieu ».

La perplexité des auditeurs fournit l’occasion de rendre témoignage. Pierre est le porte-parole des onze, qui sont là pour confirmer ce qu’il dit. Et il commence par leur citer le passage qui donne l’explication de tout ce qui s’est passé. Joël avait annoncé que l’Esprit serait répandu sur toute chair aux derniers jours, et ce qui venait de se produire n’en était qu’un accomplissement, et non pas l’accomplissement. L’expression dont Pierre se sert : « C’est ici ce qui a été dit » implique que ce qui avait eu lieu était de la même nature que l’événement annoncé par Joël, mais n’était pas nécessairement la réalisation pleine et complète que la prophétie avait en vue. Jean le Baptiseur avait dit de Jésus : « Celui-là... baptise de l’Esprit Saint » (Jean 1:33). Joël avait annoncé que l’Esprit serait répandu sur toute chair après la repentance d’Israël et la destruction de leurs ennemis. Le jour de la Pentecôte il y en eut une sorte de prémices quand l’Esprit fut répandu sur ceux qui constituaient le noyau de l’Église. Telle était la véritable explication de ce qui s’était produit. Les apôtres n’étaient pas pleins de vin doux mais remplis de l’Esprit.

Pierre ne s’arrête toutefois pas là ; il va montrer pourquoi ce baptême de l’Esprit a eu lieu. Il venait directement de Jésus, exalté maintenant à la droite de Dieu. Nous le verrons au verset 33 ; mais dès le verset 22, Pierre replace en pensée ses auditeurs devant les scènes de la crucifixion, de la résurrection et de l’exaltation du Seigneur. Jésus le Nazaréen avait été, de manière très manifeste, approuvé de Dieu pendant les jours de son ministère, et pourtant ils l’avaient fait périr par la main d’hommes iniques. Il avait été livré « par le conseil défini et par la préconnaissance de Dieu », car Dieu sait tourner la colère de l’homme à sa louange et la faire accomplir ses desseins de bénédiction. Mais cela ne diminue en rien la responsabilité de l’homme. Le verset 23 montre clairement que la souveraineté de Dieu et la responsabilité de l’homme ne sont pas en opposition pour ce qui en est des résultats pratiques, même si en théorie nous avons de la peine à les concilier.

Ce qu’ils ont fait dans leur méchanceté, Dieu l’a anéanti en triomphe. L’opposition entre leurs plans et ceux de Dieu était complète. Cela annonçait leur défaite et leur rejet total le moment venu, d’autant plus que la résurrection avait été prévue par Dieu et prédite par David dans le psaume 16. Or David ne peut pas avoir dit cela de lui-même, car il a été enseveli et à cette époque, l’emplacement de son sépulcre était bien connu d’eux tous. C’est de Christ qu’il parle lorsqu’il dit que son âme n’a pas été laissée en hadès et que sa chair n’a pas vu la corruption. Et cela a eu son accomplissement : non seulement Jésus a été ressuscité, mais il a été élevé dans le ciel.

Comme Homme exalté, Jésus a reçu de la part du Père l’Esprit Saint promis et l’a répandu sur ses disciples. À son baptême, il a reçu l’Esprit Saint pour lui-même comme Homme dépendant ; il reçoit maintenant ce même Esprit Saint pour d’autres comme étant leur Représentant. Lorsque cet Esprit fut répandu, ces autres furent baptisés en un seul corps et furent constitués Ses membres. Nous l’apprenons ailleurs.

Dans les versets 34 à 36, Pierre fait un pas de plus dans son argumentation et la porte à son point culminant. David avait annoncé prophétiquement que son Seigneur serait exalté à la droite de Dieu. David lui-même n’était pas monté dans les cieux, il n’était pas plus ressuscité d’entre les morts. Celui dont il parlait devait occuper le siège de l’administration et de la puissance jusqu’à ce que ses ennemis soient mis pour marchepied de ses pieds. D’où la conclusion qui s’impose : ce qu’ils avaient vu et entendu, l’Esprit répandu, prouve sans doute possible que Dieu a fait et Seigneur et Christ ce Jésus qui avait été crucifié.

Comme Seigneur, il est le grand Administrateur pour Dieu soit en bénédiction soit en jugement. Le fait de répandre l’Esprit était un acte administratif qui a révélé qu’il était le Seigneur.

En tant que Christ, il est le Chef oint de toutes choses, et en particulier de la petite poignée des siens laissés sur la terre. Le fait que pour eux il a reçu du Père l’Esprit avant de le répandre a manifesté qu’il était le Christ.

S’il a été « fait » Seigneur et Christ, cela n’implique nullement qu’il n’ait pas été l’un et l’autre pendant qu’il était ici-bas. Il a toujours été Seigneur et Christ, mais maintenant, comme Homme exalté et glorifié, il était établi officiellement en tant que tel. Quelle nouvelle merveilleuse pour nous, mais combien terrible pour ceux qui s’étaient rendus coupables de sa crucifixion ! Elle ne faisait que confirmer leur condamnation s’ils persistaient dans leur voie.

L’Esprit qui vient de descendre sur les disciples se met maintenant à travailler la conscience de nombreux auditeurs. Commençant à réaliser la situation désespérée dans laquelle la résurrection du Seigneur les a placés, ils sont saisis dans leur cœur et réclament du secours. Pierre indique la repentance et le baptême au nom de Jésus Christ comme étant le chemin pour la rémission des péchés et le don du Saint Esprit ; et au verset 39, il montre que la promesse de Joël s’adresse aux Israélites repentants, à leurs enfants, et aussi à tous ceux qui sont loin : les Gentils. Ainsi l’extension des bénédictions de l’évangile aux Gentils est présentée dans le premier sermon chrétien. La rémission des péchés et le don de l’Esprit englobent toutes les bénédictions chrétiennes.

Il est frappant que Pierre ne mentionne pas la foi. Mais celle-ci est comprise, car celui qui ne croyait pas au Seigneur Jésus ne se serait jamais soumis au baptême en Son nom. La signification du baptême c’est la mort, et par conséquent la rupture avec la vie et les relations anciennes. Or personne n’aurait voulu rompre ses liens avec son ancien genre de vie s’il n’avait pas une foi réelle en Celui qui était le Seigneur de la vie nouvelle. Par plusieurs autres paroles Pierre les conjurait et les exhortait à briser leurs liens et à se sauver ainsi de cette « génération perverse ».

Il y avait de la foi puisque environ trois mille personnes reçurent les paroles de Pierre. Une heure auparavant elles avaient le cœur saisi d’angoisse et tourmenté. Maintenant elles reçoivent l’évangile et rompent leurs liens avec le passé par le baptême. S’étant ainsi séparées de leur nation coupable dans son ensemble d’avoir crucifié son Seigneur, elles viennent s’ajouter aux cent vingt du début, dont le nombre se trouve de ce fait multiplié par vingt-six en un jour. De plus, elles ne s’arrêtent pas à ce premier pas, mais elles sont caractérisées par la persévérance.

Les quatre traits qui sont attribués à ces croyants au verset 42 valent la peine d’être relevés. Ils persévéraient d’abord dans la doctrine, ou l’enseignement, des apôtres. C’est la base de tout. Les apôtres étaient ceux à qui le Seigneur avait dit : « Quand celui-là, l’Esprit de vérité, sera venu, il vous conduira dans toute la vérité » (Jean 16:13). Leur doctrine était par conséquent le fruit de la direction de l’Esprit. L’Église existait maintenant, et elle avait pour première caractéristique sa soumission aux enseignements de l’Esprit par les apôtres. L’Église n’enseigne pas ; elle est enseignée et est soumise à la Parole donnée par l’Esprit.

Ils persévéraient non seulement dans la doctrine des apôtres, mais aussi dans la communion des apôtres. Leur vie pratique et communautaire était ancrée dans la compagnie des apôtres. Auparavant ils avaient tout en commun avec le monde : maintenant leur communion avec le monde a pris fin ; elle a été remplacée par la communion avec le cercle des apôtres – et la communion apostolique est « avec le Père et avec son Fils Jésus Christ » (1 Jean 1:3).

Ils persévéraient également dans la fraction du pain, le signe de la mort de leur Seigneur et aussi, comme nous l’apprenons par 1 Corinthiens 10:17, une expression de communion. Ils avaient ainsi constamment devant eux la mort de leur Seigneur et étaient préservés de retourner à leurs anciennes associations.

Enfin ils persévéraient dans les prières. Ils n’avaient pas de puissance en eux-mêmes ; celle-ci venait tout entière de leur Seigneur dans la gloire et de l’Esprit qui leur avait été donné. Aussi une dépendance continuelle de Dieu était-elle nécessaire pour le maintien de leur vie et de leur témoignage spirituels.

Ces traits distinguaient l’Église primitive et ils devraient caractériser l’Église aujourd’hui. Les points mentionnés dans les derniers versets du chapitre n’ont pas un caractère aussi permanent. Les apôtres, et avec eux les prodiges et les miracles, ont disparu. La vie communautaire chrétienne, telle qu’elle était pratiquée au début, a également cessé d’exister, de même que la persévérance d’un commun accord dans le temple et la jouissance de la faveur de tout le peuple. Cependant c’était Dieu qui dirigeait tout. La vente de leurs biens entraîna une grande pauvreté parmi les saints lors de la famine qui survint quelques années plus tard ; elle devint l’occasion de ce ministère d’assistance de la part des assemblées d’entre les nations (voir Actes 11:27-30) qui a contribué dans une si large mesure à unir les Juifs et les Gentils dans l’Église de Dieu.

Pour le moment il y avait simplicité, joie et unité de cœur, accompagnées de beaucoup de louange montant à Dieu. Et le travail de Dieu, qui consistait à ajouter à l’Église le résidu croyant, se poursuivait.

 

3                        Chapitre 3

Les Actes sont bien un livre historique, mais ils ne donnent pas un simple récit chronologique. Une très grande partie du service apostolique ne s’y trouve pas relaté ; seuls sont mentionnés quelques incidents qui servent à montrer comment l’Esprit de Dieu opérait pour rendre témoignage de Jésus ressuscité et glorifié, et pour conduire les disciples dans la plénitude de la bénédiction chrétienne. Le livre des Actes couvre la période de transition allant du début de l’Église à Jérusalem au rassemblement complet de ceux d’entre les nations.

Ce chapitre 3 s’ouvre sur la guérison de l’infirme qui, boiteux dès le ventre de sa mère, se tenait à la porte du temple, appelée la Belle. Le chapitre suivant nous apprend que cet homme avait plus de quarante ans : il avait passé par la période complète de mise à l’épreuve. Il n’avait pas été guéri par le Seigneur Jésus qui pourtant avait si souvent enseigné dans le temple quand il était ici-bas, mais il l’a été par la puissance de Son nom, maintenant qu’Il était glorifié dans le ciel. Pierre n’avait ni argent ni or, mais il pouvait invoquer le nom de Jésus Christ le Nazaréen, et à l’instant l’homme connut une guérison triomphante. Combien de chrétiens sérieux se préoccupent aujourd’hui principalement de récolter de l’argent et de l’or pour soutenir l’œuvre du Seigneur, et négligent de faire appel à la puissance du nom du Seigneur ! Ne nous sentons-nous pas nous-mêmes repris ?

À cause de son infirmité, l’homme boiteux était soumis à certaines restrictions selon la loi ; maintenant, la grâce l’ayant délivré de son handicap, il pouvait entrer librement dans le temple, et les apôtres qui avaient été les instruments de sa guérison ne pouvaient pas demeurer cachés, puisqu’il les tenait par la main. Cela donne à Pierre l’occasion de rendre témoignage. D’emblée il s’efface de la scène, avec Jean, afin que Jésus glorifié la remplisse.

La hardiesse de Pierre est remarquable. Il accuse le peuple d’avoir renié « le Saint et le Juste », alors qu’il avait lui-même renié son Seigneur peu de semaines auparavant. Ils avaient eu à choisir entre « le Prince [l’Auteur] de la vie » et « un meurtrier », c’est-à-dire quelqu’un qui ôte la vie. Ils avaient mis à mort le premier, lui préférant le second. Mais Dieu avait ressuscité d’entre les morts Celui qu’ils avaient tué et ainsi ils ont été pris en rébellion flagrante contre Dieu. En outre, cet infirme avait retrouvé l’« entière disposition de tous ses membres » par la puissance de ce nom de Jésus Christ, par la foi. Ils ne pouvaient pas voir la gloire de Jésus dans le ciel, mais ils avaient été les témoins du miracle opéré en Son nom sur la terre. La guérison sur la terre était liée à la gloire dans le ciel.

Le verset 17 montre que Dieu était prêt à traiter leur crime odieux comme un péché par ignorance — comme un homicide involontaire, pour lequel il y a la ressource d’une ville de refuge, et non pas comme un meurtre. C’était une réponse directe à la prière du Seigneur sur la croix : « Père, pardonne-leur, car ils ne savent ce qu’ils font ». Par leur acte coupable, Dieu avait accompli son propos en relation avec les souffrances de Christ ; aussi y avait-il encore une offre de grâce pour eux en tant que nation. Pierre leur fait cette offre, présentée dans les versets 19 à 26 de notre chapitre. Tout dépendait de leur repentance et de leur conversion.

Nous ne pouvons pas affirmer que Pierre ait eu à l’esprit le passage d’Ésaïe 35:6 et 7 lorsqu’il parle « des temps de rafraîchissement », mais il semble bien que ces versets aient été dans la pensée de l’Esprit qui parlait par Pierre. Lorsque « le boiteux sautera comme le cerf », alors « des eaux jailliront dans le désert, et des rivières dans le lieu stérile ». Mais tout ce rafraîchissement annoncé par Ésaïe est pour « les rachetés du Seigneur », et pour eux seuls. C’est pourquoi ces temps ne devaient être introduits que par la repentance et une conversion complète ; si elles étaient réalisées, Dieu enverrait Jésus Christ pour apporter ces bénédictions.

On s’est servi à tort de l’expression « rétablissement de toutes choses » pour lui faire dire qu’à la fin Dieu sauverait et restaurerait tout le monde — même le diable. Mais le verset dit : « le rétablissement de toutes choses dont Dieu a parlé.. ». Il s’agit de choses et non de personnes, et de choses dont Dieu avait parlé par ses prophètes dès le commencement. Dieu accomplira chacune de ses paroles et il établira en Christ tout ce qui a failli entre les mains des hommes. Ce temps ne viendra pas avant que Jésus lui-même soit venu et, puisqu’Il est le prophète dont Moïse avait parlé, toutes choses seront rétablies quand il viendra, et tous ceux qui ne l’écouteront pas seront exterminés du milieu du peuple. Il y aura une période de bénédiction telle qu’il n’y en a pas eu depuis le commencement du monde.

Pierre fait donc là, de la part de Dieu, une offre positive : si à ce stade la nation comme telle se repentait et se tournait vers Dieu, Jésus reviendrait et établirait les temps de bénédiction qui avaient été annoncés. Dans le dernier verset de ce chapitre il ajoute encore qu’indépendamment de leur réponse, Dieu avait suscité Jésus et l’avait envoyé pour les bénir, en les détournant de leurs méchancetés. Nous avons tous besoin de ces deux éléments, savoir, premièrement d’avoir nos péchés judiciairement effacés et, secondement, d’être détournés de nos méchancetés, afin que celles-ci perdent leur puissance sur nous.

 

4                        Chapitre 4

Nous trouvons dans les premiers versets la réponse à cette offre, réponse donnée par les chefs de la nation. L’offre était basée sur la résurrection du Seigneur Jésus, ce qui la rendait particulièrement offensante pour les sadducéens et pour les sacrificateurs qui étaient de ce parti. Et ils la rejettent de la manière la plus absolue en faisant arrêter les apôtres. Mais l’œuvre de Dieu se poursuit par un nombre croissant de conversions, comme l’indique le verset 4. Et le lendemain lorsque Pierre comparaît devant le sanhédrin, c’est pour lui une nouvelle occasion de rendre témoignage en répondant aux questions qui lui sont posées au sujet de la puissance et du Nom par lesquels il avait agi.

Le Nom et la puissance étaient ceux de Jésus Christ le Nazaréen qu’ils avaient crucifié et que Dieu avait glorifié. En Lui, le verset 22 du psaume 118 avait eu son accomplissement et Pierre va élargir son témoignage en partant du particulier pour aller au général. La puissance du Nom était manifeste devant leurs yeux dans le cas particulier de l’homme boiteux qui avait été guéri ; elle était la même pour le salut des hommes en général. La guérison physique de l’homme n’était qu’un signe de la guérison spirituelle que le nom de Jésus apporte. Jésus de Nazareth, le méprisé, est la seule porte du salut.

Les versets 13 à 22 montrent de la manière la plus frappante combien le témoignage de Pierre était justifié. Selon les normes du monde, les apôtres étaient des hommes illettrés et du commun, mais ils avaient été avec Jésus et ils avaient de la hardiesse ; et cela impressionne les membres du sanhédrin qui étaient prêts à les condamner. Trois éléments les en empêchent :

·        « Ils n’avaient rien à opposer » (v. 14) ;

·        Ils doivent confesser : « nous ne pouvons le nier » (v. 16) ;

·        Ils ne trouvent pas « comment ils pourraient les punir » (v. 21).

Lorsque les hommes veulent discréditer une chose quelconque, ils cherchent en général d’abord à la nier si c’est possible. Sinon, ils trouvent un moyen ou un autre de la critiquer, de la dénaturer au besoin. Enfin, si cela ne réussit pas, ils s’en prennent aux personnes impliquées : ils les noircissent et les punissent. Le sanhédrin a recouru à ces trois moyens bien connus, qui ont cependant tous échoué, parce que ces hommes combattaient contre Dieu. Ils ne peuvent que menacer les apôtres et leur enjoindre de ne plus proclamer le nom de Jésus. Pierre rejette leur ordre : Dieu ne leur avait-il pas commandé de prêcher au nom de Jésus ? C’est Lui l’Autorité suprême à qui ils devaient obéir plutôt qu’à eux.

Nous avons ensuite, dans les versets 23 à 27, une belle image de l’Église primitive à Jérusalem. Relâchés par le sanhédrin, les apôtres vont « vers les leurs ». Nous voyons par là que l’Église, à l’origine, était une compagnie distincte et séparée du monde, y compris du monde religieux du judaïsme. Ce point mérite une mention toute spéciale à une époque où le monde et l’Église sont tellement mélangés.

L’Église primitive trouve sa ressource dans la prière. Au milieu des circonstances difficiles, elle se tourne vers Dieu et non pas vers les hommes. Elle aurait pu demander un sanhédrin moins dominé par les sadducéens, plus libéral et plus ouvert, mais les croyants ne se sont pas agités pour l’obtenir ; ils ont simplement recherché la face de Dieu, le Souverain des hommes.

Dans leur prière, ils sont ramenés à la parole de Dieu. Le psaume 2 répand sa lumière sur leur situation. L’interprétation de ce psaume indique qu’il est pour les derniers jours, mais ils en retirent l’application pour leur époque. L’Église primitive était caractérisée par la soumission à la Parole ; elle trouvait dans cette Parole toute la lumière et toutes les directions dont elle avait besoin. C’est là aussi un point très important et instructif.

Ces croyants du commencement étaient encore caractérisés par un souci beaucoup plus grand pour la gloire du nom de Jésus que pour leurs aises et leur confort. Ils demandent non pas que les persécutions et l’opposition cessent, mais qu’ils aient toute hardiesse pour annoncer la Parole et qu’il se fasse des miracles pour la gloire de Son nom. L’Église est le lieu où ce Nom a tout son prix.

En conséquence, il y eut une manifestation exceptionnelle de la puissance de l’Esprit. Ils sont tous remplis du Saint Esprit ; le lieu où ils sont assemblés est ébranlé et la prière par laquelle ils demandaient pour eux une hardiesse particulière est aussitôt exaucée. Plus encore, il leur est accordé ce qu’ils n’ont pas demandé : ils sont tous « un cœur et une âme ». Cela découle évidemment de ce que le « seul et même Esprit » remplissait chacun d’entre eux. Si aujourd’hui tous les croyants étaient remplis de l’Esprit, ils seraient caractérisés par l’unité de cœur et d’esprit. C’est la seule manière de parvenir à une telle unité.

Le trait suivant, mentionné au verset 33, découle de cela. Il y a une grande puissance dans le témoignage que les apôtres rendent devant le monde. L’Église elle-même ne prêche pas mais, pleine de grâce et de puissance, elle soutient ceux qui annoncent la Parole. Alors comme maintenant la prédication est le fait de ceux que Dieu a appelés à ce service ; mais la puissance avec laquelle ils s’en acquittent dépend dans une large mesure de l’état qui caractérise l’Église entière.

Les derniers versets montrent que si un témoigne puissant est rendu à l’extérieur, à l’intérieur on trouve l’amour et la sollicitude. La vie communautaire chrétienne, relevée à la fin du chapitre 2, continue. La distribution se faisait à chacun, « selon que l’un ou l’autre pouvait en avoir besoin ». Il était pourvu non pas aux désirs, mais aux besoins de chacun, de sorte que personne ne manquait de rien. Plus tard, Paul a pu dire : « Je suis enseigné aussi bien à être rassasié qu’à avoir faim, aussi bien à être dans l’abondance qu’à être dans les privations » (Phil. 4:12), mais les saints à Jérusalem à cette époque n’ont pas fait ces expériences. Le fait d’y avoir échappé, alors que Paul a dû les connaître, a-t-il été un avantage pour eux ? La question reste ouverte, bien que nous inclinions à penser qu’ils ont plutôt subi une perte. Quoi qu’il en soit, le geste de Barnabas est très beau ; et l’amour et la sollicitude manifestés dans l’Église d’alors devraient exister aujourd’hui, même si la manière exacte de les exprimer peut varier.

 

5                        Chapitre 5

Ce chapitre s’ouvre sur un incident solennel qui met en évidence un dernier trait caractéristique de l’Église primitive : la puissance de Dieu y exerçait une sainte discipline. Sans aucun doute le cas d’Ananias et de Sapphira est exceptionnel. Lorsque Dieu institue quelque chose de nouveau, il semble qu’il prend soin de signaler sa sainteté en faisant un exemple de ceux qui la défient. Il l’a fait à l’égard de l’homme qui, dans le désert, n’a pas gardé le sabbat (voir Nomb. 15:32-36), comme à l’égard d’Acan lorsque Israël commençait à entrer dans le pays de Canaan (voir Josué 7:18-26) ; il le fait ici à l’égard d’Ananias et de sa femme. Plus tard dans l’histoire d’Israël plusieurs ont violé le sabbat et plusieurs ont pris des biens interdits de Babylone sans subir pareil châtiment ; et dans le cours de l’histoire de l’Église beaucoup ont agi avec dissimulation et ont menti sans être frappés de mort.

Dans ce cas, deux choses mauvaises très proches, la convoitise et la vanité, se cachaient derrière le mensonge. Ananias voulait garder pour lui une partie de l’argent tout en se donnant la réputation d’avoir consacré au Seigneur la somme entière, comme Barnabas l’avait fait. Telle est la pensée de la chair, même chez un saint. Combien d’entre nous n’ont jamais connu dans leur cœur des tentations coupables de ce genre ? Dans ce cas toutefois, Satan était à l’œuvre et, par ce malheureux couple, il lance un défi direct au Saint Esprit présent dans l’Église. Le Saint Esprit relève le défi et manifeste sa présence de cette façon énergique et évidente. Pierre le discerne, lorsqu’il dit à Sapphira : « Comment êtes-vous convenus entre vous de tenter l’Esprit du Seigneur ? »

Ainsi, le défi de Satan n’a fait que servir les intérêts du Seigneur et de Son évangile : les versets qui suivent le montrent. En premier lieu, cet incident provoque une grande crainte chez tous ceux qui en entendent parler et même dans toute l’assemblée. Nous avons ici un élément qui fait grandement défaut dans l’Église aujourd’hui — pour ne rien dire des hommes en général. La crainte de Dieu dans le cœur des saints est une chose très salutaire, et elle est tout à fait compatible avec le sentiment profond de l’amour de Dieu. Paul avait cette crainte dans la lumière du tribunal du Christ (voir 2 Cor. 5:10, 11), mais pour l’incrédule, il ne s’agira pas de crainte, ce sera une terreur positive. Une sainte crainte, venant d’un sentiment profond de la sainteté de Dieu, est très souhaitable.

Puis, comme l’indiquent le début du verset 12 et les versets 15 et 16, la puissance miraculeuse de Dieu exercée par l’intermédiaire des apôtres n’en est pas diminuée. Au contraire elle est accrue puisque la simple ombre de Pierre opère des miracles. La parenthèse des versets 12 à 14 permet de constater qu’après cet incident, on avait de la crainte à se joindre à la compagnie des croyants. Ce n’était cependant pas réellement une perte, car cela arrêtait tout ce qui n’aurait été qu’un mouvement de masse et qui aurait introduit de la fausseté dans l’Église. Le verset 14 montre que la véritable œuvre de Dieu n’a pas été entravée. De simples professants peuvent être ajoutés à l’Église, mais seuls sont ajoutés au Seigneur ceux en qui une œuvre de Dieu s’est opérée pour la vie. Ainsi la triste affaire d’Ananias et de Sapphira a tourné au bien de l’Église, même si, pour l’observateur superficiel, elle peut sembler être un coup dur porté à son avenir.

Après cette intervention particulière de Dieu en bénédiction, nous voyons au verset 17 Satan reprendre l’offensive. Les sacrificateurs et les sadducéens, remplis de jalousie, arrêtent de nouveau les apôtres. Dieu répond en envoyant un ange ouvrir les portes de la prison et libérer ses serviteurs. Le lendemain, lorsque leur fuite est découverte, ils sont une nouvelle fois arrêtés, mais sans violence. Par leurs paroles, les sacrificateurs reconnaissent la puissance de Dieu qui s’est exercée et admettent que Jérusalem a été remplie de l’enseignement des apôtres. Mais ils manifestent la dureté de leur cœur en déclarant : « Vous voulez faire venir sur nous le sang de cet homme ». Ils avaient pourtant dit : « Que son sang soit sur nous et sur nos enfants ! » En fait Dieu allait les prendre au mot et amener ce sang sur eux.

La réponse de Pierre est brève et simple : « Il faut obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes ». Puis une fois encore il résume pour eux leur témoignage et le répète. L’Esprit Saint et eux-mêmes étaient témoins de la résurrection de Jésus qu’ils avaient, eux, mis à mort. Mais Dieu l’avait exalté, non pas pour être en ce moment le Juge qui ferait tomber sur leurs têtes coupables la condamnation, mais comme Prince et Sauveur, afin de donner la repentance à Israël et la rémission des péchés. La repentance, aussi bien que le pardon, est considérée comme un don.

Quoique la grâce et le pardon soient encore le contenu du message de Pierre, les Juifs sont remplis de rage. La grâce suppose le péché et la culpabilité, ce qu’ils n’étaient pas disposés à admettre. Aussi tiennent-ils conseil pour les faire mourir. Satan est meurtrier dès le commencement, et sous son influence, leurs coeurs sont remplis de pensées de meurtre. Mais Dieu a de nombreux moyens de contrecarrer les mauvais desseins des hommes et, dans ce cas, il se sert de la sagesse mondaine du célèbre Gamaliel, celui qui a eu pour disciple Saul de Tarse.

Gamaliel cite deux cas récents d’hommes qui s’étaient levés, «se disant être quelque chose», le genre de personnes auxquelles le Seigneur fait allusion en Jean 10, lorsqu’il parle de ceux qui montent par ailleurs et qui sont des voleurs et des larrons. Ces hommes ont tous péri, et Gamaliel émet la pensée que si Jésus avait été l’un de ces faux bergers, et non pas le vrai Berger d’Israël, son dessein aussi aurait été réduit à néant. L’avertissement de Gamaliel est entendu et les apôtres sont relâchés, mais non sans avoir été battus et avoir reçu l’ordre de mettre fin à leur témoignage.

Le sanhédrin se mettait à faire la guerre à Dieu; les apôtres se réjouissent d’avoir été estimés dignes de souffrir pour le Nom et ils continuent à rendre témoignage avec zèle tant en public dans le temple que d’une manière plus privée, de maison en maison.

 

6                        Chapitre 6

Le grand adversaire, Satan lui-même, était derrière toutes les attaques et les difficultés auxquelles l’Église primitive à Jérusalem devait faire face. C’est lui qui a poussé les sadducéens à user de violence et d’intimidations. C’est lui qui a incliné le cœur d’Ananias au mensonge et a ainsi introduit la corruption, tentant l’Esprit du Seigneur. Mais maintenant que ses premières attaques ont été déjouées, il agit d’une façon plus subtile : il va exploiter les petits différends qui existaient au sein de l’Église elle-même. Les « Hellénistes » mentionnés dans le premier verset de ce chapitre n’étaient pas des Gentils ; c’étaient des Juifs de langue maternelle grecque venus des pays d’où ils avaient été chassés, tandis que les « Hébreux » étaient les Juifs natifs de Jérusalem et de la Palestine.

La première difficulté survenue à l’intérieur de l’Église, et la plus grande — celle causée par Ananias — était en relation avec l’argent. Si la deuxième ne concernait pas l’argent, elle touchait un domaine très proche, puisqu’il s’agissait de la distribution des ressources journalières, conséquence de la mise en commun de toutes choses. Dans le premier cas, le trouble provenait de la volonté d’amasser des biens ; dans le second, il venait de la répartition de l’argent ou de son équivalent. Ceux qui venaient de loin s’estimaient défavorisés par rapport aux indigènes. Le grave incident du chapitre précédent n’avait donné lieu qu’à une petite difficulté, car celle-ci avait été immédiatement réglée dans la puissance de l’Esprit ; tandis que les murmures peu importants de notre chapitre ont créé un très grand problème, comme nous allons le voir. Il en a presque toujours été ainsi dans l’histoire de l’Église : les cas les plus difficiles à régler sont ceux où, à la base, il n’y a pratiquement rien à régler.

C’est un « murmure » qui s’est élevé, mais les apôtres n’ont pas attendu qu’il se transforme en un cri puissant. Ils discernent le but de Satan qui était de les détourner de la prédication de la Parole pour les orienter vers un service social, aussi prennent-ils les mesures nécessaires pour mettre fin à toutes les objections. Ils invitent l’assemblée à choisir, pour s’occuper de cette affaire, sept hommes « qui aient un bon témoignage, pleins de l’Esprit Saint et de sagesse ». Il fallait que leur service soit caractérisé par une sagesse et une honnêteté au-delà de tout reproche.

Dans cette affaire, l’Église devait choisir ceux qui rempliraient ce service ; mais alors il s’agissait de la distribution de fonds et de nourriture qu’elle-même avait fournis. Nous ne voyons jamais que l’Église soit appelée à choisir ou à nommer des anciens, des surveillants ou ministres de la Parole : en effet, les dons de grâce ou dons spirituels dont ceux-ci font part ne leur sont pas donnés par l’Église, mais viennent de Dieu. Leur désignation et leur ordination appartiennent donc à Dieu seul. Paul, s’adressant aux anciens d’Éphèse, leur dit : « L’Esprit Saint vous a établis surveillants ». Dieu désigne ceux qu’il appelle à administrer sa grâce.

Les apôtres continuent ainsi à persévérer dans la prière et dans le service de la Parole. Pour ceux qui sont enseignés, c’est la Parole qui vient en premier (voir 1 Tim. 4:5), car nous ne prierons correctement que dans la mesure où nous sommes instruits dans la Parole. Pour ceux qui servent la prière a la première place, car sans elle, ils ne présenteront pas fidèlement la Parole.

Tout comme la sagesse avait caractérisé les apôtres, la grâce l’emporte dans l’Église. En effet, les sept hommes choisis ont tous des noms qui trahissent une origine grecque plutôt que d’entre les Hébreux, et l’un d’entre eux est qualifié de prosélyte, ce qui sous-entend qu’il venait même d’entre les Gentils. De cette manière la multitude prenait soin de faire taire tous les murmures et toutes les questions, fondés ou non. Les apôtres s’identifient à ce choix en imposant les mains aux sept hommes après avoir prié. L’adversaire derrière la scène était une nouvelle fois mis en échec.

En fait, c’était davantage qu’un échec pour lui : non seulement les apôtres n’ont pas été détournés du service de la parole de Dieu, mais celle-ci connut une forte croissance et il y eut de nombreuses conversions ; même une grande foule de sacrificateurs fut touchée. En outre, l’un des sept, Étienne, devint un instrument spécial de la grâce et de la puissance de l’Esprit de Dieu ; à tel point que le reste de notre chapitre et tout le chapitre 7 nous relatent ce que Dieu a opéré par son moyen jusqu’au moment de son martyre.

La puissance opérant en Étienne est si manifeste qu’elle suscite de l’opposition dans d’autres endroits. Les hommes des différentes synagogues mentionnées dans le verset 9 appartenaient apparemment tous à la classe grecque, comme Étienne lui-même. Face à la puissance de l’Esprit en Étienne, leur habileté à raisonner n’a aucun poids, aussi ont-ils recours au stratagème habituel des faux témoins et de la violence. Au verset 11, ils placent Moïse avant Dieu ; car ils savent bien ce qui est le plus apte à exciter les passions de la foule pour laquelle Moïse, un homme, était plus réel que le Dieu invisible. De même, au verset 13, « le saint lieu » qui était là devant leurs yeux est mentionné avant la loi ; et enfin « les coutumes que Moïse nous a enseignées » étaient probablement ce qui leur tenait le plus à cœur. Ils traînent alors Étienne devant le sanhédrin et l’accusent de blasphémer et de présenter Jésus de Nazareth comme le destructeur de leur saint lieu et de leurs coutumes. Leur accusation avait ceci de vrai que la venue de Jésus avait effectivement marqué un nouveau départ dans les voies de Dieu.

La controverse entre la nation et Dieu était ainsi portée en public. Ils jettent le gant et Dieu relève le défi en remplissant Étienne de son Esprit au point que son visage en est transformé et que tout le monde le voit. Par sa bouche, le Saint Esprit va donner un dernier témoignage contre la nation. Le sanhédrin est mis en accusation devant Dieu par le Saint Esprit s’exprimant par l’homme même qu’ils accusaient.

 

7                        Chapitre 7

L’histoire du peuple a commencé lorsque Dieu appela Abraham à quitter son pays et sa parenté pour se rendre dans le pays qu’il lui montrerait où il deviendrait une grande nation. Cela nous est rapporté en Genèse 12:1-3 ; c’est un événement qui a fait époque. Nous ne pouvons en effet manquer de remarquer que les chapitres 1 à 11 du livre de la Genèse couvrent une période plus longue que celle qui remplit le reste de l’Ancien Testament. L’appel d’Abraham marque un nouveau départ dans les voies de Dieu envers la terre et c’est à ce point qu’Étienne commence son discours.

La Genèse nous dit que l’Éternel apparut à Abraham ; mais Étienne le connaît et parle de lui sous un jour nouveau. L’Éternel qui est apparu à Abraham est le Dieu de gloire, le Dieu de scènes infiniment plus glorieuses que ce que le monde peut offrir, même sous ses aspects les meilleurs et les plus beaux. Cela explique sans doute comment Abraham, par la foi, a pu saisir les choses célestes dont il est parlé en Hébreux 11:10-16. Appelé par le Dieu de gloire, il a eu au moins un aperçu de la cité et du pays où la gloire demeure. Étienne commence son discours par cette note élevée et le termine, comme nous le savons, par Jésus dans la gloire de Dieu.

Le but principal de ce discours remarquable était manifestement d’amener le peuple à la conviction de leur culpabilité, tant celle de leurs pères que la leur, en résistant aux opérations de Dieu par son Esprit tout au long de leur existence. Étienne insiste particulièrement sur ce qui s’est passé chaque fois que Dieu a suscité des serviteurs pour instituer quelque chose de nouveau dans leur histoire. Celle-ci a été marquée par toute une série de tournants, plus ou moins significatifs. Le premier a été l’appel d’Abraham, mais ensuite il y a eu Joseph, Moïse, Josué, David, Salomon; tous sont mentionnés bien qu’Étienne s’attarde davantage sur les trois premiers que sur les trois derniers. Aucun d’entre eux n’a vraiment trouvé d’écho auprès d’eux, et même Joseph et Moïse ont été complètement rejetés au début. Il termine par la septième intervention, qui mettait dans l’ombre toutes les précédentes: la venue du Juste, et c’est Lui qu’ils venaient de mettre à mort.

Étienne montre très clairement que les chefs juifs de son temps ne faisaient que répéter, sous une forme aggravée, le péché de leurs pères. Les patriarches vendirent Joseph en Égypte parce qu’ils étaient «pleins d’envie»; et Matthieu rapporte les efforts que fit Pilate pour relâcher Jésus, «car il savait qu’ils l’avaient livré par envie». Pour Moïse aussi. «Qui t’a établi chef et juge sur nous?» Cette parole qui le fit s’enfuir a été prononcée par l’un de ses frères et non pas par un Égyptien. Sa réjection n’est pas venue de l’extérieur, elle est due aux siens. Pour Jésus, il en a été de même.

Le chapitre 2 de l’Exode ne nous parle pas de la renommée et de la puissance de Moïse à la fin des quarante premières années de sa vie dans les termes du verset 22 de notre chapitre. Il était un homme instruit, puissant dans ses paroles et dans ses actions lorsqu’il lui vint au cœur de s’identifier à son propre peuple, qui était le peuple de Dieu. Après ce pas, il a dû éprouver un choc terrible en voyant qu’il était rejeté par eux. À la parole de l’un d’entre eux, il s’enfuit. Nous lisons en Hébreux 11:27 qu’il ne craignit pas la colère du roi, toutefois il ne put supporter ce refus de la part des siens. Il avait agi dans la conscience de ses capacités exceptionnelles, et maintenant il devait être instruit par Dieu derrière le désert pendant quarante ans pour apprendre que ses capacités n’étaient rien et que la puissance de Dieu était tout. En cela, il est en contraste avec notre Seigneur, bien qu’il en soit un type dans la réjection qu’il a dû connaître.

Leurs pères ont rejeté une nouvelle fois ce Moïse après qu’il les eut délivrés de leur captivité et conduits dans le désert. En le rejetant, c’est en fait l’Éternel qu’ils rejetaient, pour se livrer à l’idolâtrie sous une forme très grossière. Non seulement lorsqu’ils furent dans le pays, mais dans le désert déjà ils étaient négligents à l’égard des sacrifices à l’Éternel et se livraient aux idoles, préparant ainsi la voie de la captivité à Babylone. Dieu avait pourtant encore suscité David, et puis Salomon avait construit le temple. Mais eux se glorifiaient de la maison (voir Jér. 7:4), comme si la simple possession de ces bâtiments garantissait tout, alors qu’en fait Dieu habite dans les cieux des cieux, bien au-delà des plus magnifiques édifices de la terre.

Les dernières paroles d’Étienne (v. 51-53) sont empreintes d’une grande puissance. Elles constituent une sorte d’appendice aux paroles du Seigneur lui-même rapportées en Matthieu 23:31-36, et terminent l’acte d’accusation par la terrible conclusion qu’ils ont livré et mis à mort le Juste. Leur position devant Dieu était fondée sur la loi, et bien qu’ils l’aient reçue par la disposition des anges, ils ne l’avaient pas gardée. La loi transgressée par une idolâtrie flagrante et la mise à mort du Messie : voilà les deux grands chefs d’accusation contre les Juifs, et les deux sont mis en évidence à la fin du discours d’Étienne.

Par la bouche d’Étienne, le Saint Esprit avait complètement retourné la situation et les persécuteurs d’Étienne se trouvent maintenant au banc des accusés au lieu d’occuper les sièges des juges. La manière abrupte dont Étienne termine son récit historique pour prononcer l’accusation de Dieu contre eux doit avoir conféré une puissance toute particulière à ses paroles. Le coup porte ; ils sont remplis de rage.

Une seule personne est calme et c’est évidemment Étienne. Plein de l’Esprit, il a une vision surnaturelle de la gloire de Dieu et de Jésus dans cette gloire ; et il rend aussitôt témoignage de ce qu’il voit. Ézéchiel avait vu « la ressemblance d’un trône » et « une ressemblance comme l’aspect d’un homme, dessus, en haut » (chap. 1:26) ; Étienne, lui, voit non pas simplement une « ressemblance » ou un « aspect », mais l’Homme lui-même debout à la droite de Dieu. Jésus, celui qui a été crucifié, est maintenant l’Homme de la droite de Dieu : il est le puissant Chef par qui Dieu administrera l’univers !

Dans son discours, Étienne avait mentionné que Joseph était devenu le sauveur de ses frères, malgré son rejet par eux, et que finalement, ils avaient tous dû se prosterner devant lui. Il avait aussi rappelé que Moïse, qui avait d’abord été rejeté, était devenu à la fois le conducteur et le libérateur d’Israël. Maintenant il rend témoignage d’un fait semblable mais infiniment plus grand en relation avec Jésus. Le Juste qu’ils ont mis à mort va devenir leur Juge, et à la fin, pour ceux qui le reçoivent, il sera le grand Libérateur. Sa présence dans la gloire en était le gage, et Étienne le voyait là.

Tout à fait incapables de réfuter les paroles d’Étienne ou de leur résister, les chefs juifs se précipitent sur lui pour le mettre à mort, accomplissant ainsi les paroles du Seigneur rapportées en Luc 19:14, où nous lisons qu’après le départ de l’homme noble, ses concitoyens qui le haïssaient envoyèrent après lui une ambassade disant : « Nous ne voulons pas que celui-ci règne sur nous ». Jésus était encore « debout » dans la gloire ; il était prêt à accomplir ce que Pierre avait annoncé au chapitre 3:20, si seulement ils se repentaient. Ils ne se repentent pas, mais scellent violemment leur refus en lapidant Étienne, l’envoyant à la suite de son Maître. Un jeune homme nommé Saul occupe une place importante en relation avec ce meurtre : il consent à cette mort et joue en quelque sorte le rôle de superviseur de son exécution. Ainsi, l’histoire de Saul commence au point où s’achève celle d’Étienne.

Étienne, le premier martyr chrétien, termine sa courte et remarquable carrière comme son Seigneur. Plein de l’Esprit, il a la vision de Jésus dans la gloire. Il n’a rien de plus à dire aux hommes ; ses dernières paroles sont adressées à son Seigneur. Il Lui remet son esprit, et s’étant mis à genoux, il prie pour ses meurtriers. Qui aurait jamais pu prévoir la réponse merveilleuse que lui accorde son Seigneur glorifié : la conversion de Saul, un meurtrier par excellence ? La prière que le Seigneur Jésus fit monter sur la croix pour ses meurtriers a été exaucée par la prédication de l’évangile, en commençant par Jérusalem ; la prière d’Étienne l’a été par la conversion de Saul. Le chapitre 22:20 montre que Saul ne l’a jamais oublié.

 

8                        Chapitre 8

Non satisfaits d’avoir mis à mort Étienne, les chefs religieux déclenchent alors à Jérusalem la première grande persécution contre l’Église ; Saul y a un rôle particulièrement en vue. Comme un loup, il ravage l’assemblée, violant l’intimité des maisons pour s’emparer de ses victimes. Cela entraîne la dispersion des disciples dans les provinces de la Judée et de la Samarie. Or, selon les paroles du Seigneur à ses disciples au chapitre 1, verset 8, ces provinces devaient venir après Jérusalem, mais avant que leur mission ne s’étende jusqu’au bout de la terre. Ainsi nous avons là encore un cas où Dieu se sert de la colère de l’homme pour l’avancement de ses propos. Pourtant, fait remarquable, les apôtres auxquels ce mandat avait été confié font exception à la règle. Ils restent à Jérusalem.

Le récit continue alors sans plus les mentionner pour parler de ceux qui sont allés çà et là, annonçant la Parole, et plus particulièrement de Philippe, un autre parmi les sept. Il descend dans une ville de la Samarie et prêche. La puissance de Dieu l’accompagne et il en résulte une grande bénédiction, comme toujours lorsqu’un serviteur de Dieu marche dans la ligne directe du propos de Dieu. C’est le Seigneur lui-même qui avait semé la semence parmi les Samaritains ; nous le voyons en Jean 4. Ils avaient alors été nombreux à reconnaître qu’Il était véritablement le Christ, et non pas simplement à dire : « Celui-ci n’est-il point le Christ ? » Maintenant Philippe, venant au milieu d’eux, annonce Christ comme Celui qui est mort, ressuscité et glorifié ; il en résulte une riche moisson. Et une grande joie se répand dans cette ville.

Son message étant reçu, Philippe se met à leur annoncer « les bonnes nouvelles touchant le royaume de Dieu ». Et beaucoup sont baptisés. Simon le magicien est l’un d’entre eux ; lui aussi « crut » et fut « baptisé ». Il se trouve en présence d’une Puissance infiniment plus grande que celle des esprits immondes avec lesquels il avait eu affaire auparavant, comme nous le voyons au verset 7.

Un point remarquable dans cette œuvre en Samarie, c’est que malgré le nombre de personnes qui avaient cru l’évangile et qui avaient été baptisées, aucune n’avait reçu le don du Saint Esprit. L’ordre présenté par Pierre au chapitre 2:38 n’a pas été observé dans le cas des Samaritains. Nous sommes certains que Dieu avait une raison particulière de l’avoir voulu ainsi. Il y a toujours eu une rivalité religieuse entre Jérusalem et la Samarie, comme en témoigne Jean 4 ; et il y aurait eu une forte tendance à transférer cette querelle ancienne dans les conditions nouvelles. Il en serait résulté une Église samaritaine indépendante, sinon rivale de l’Église à Jérusalem et ainsi l’expression pratique de la vérité du « seul corps » aurait été mise en danger avant même d’être révélée. C’est pourquoi ils ne reçurent l’Esprit que lorsque Pierre et Jean furent venus et leur eurent imposé les mains, identifiant par là formellement les apôtres et l’Église à Jérusalem avec ces nouveaux croyants de la Samarie. L’unité de l’Église était préservée.

Le don du Saint Esprit a été la ligne de séparation entre ce qui était réel et ce qui ne l’était pas. Être baptisé n’était pas forcément une preuve de réalité ; le don de l’Esprit l’était. C’est ainsi qu’en Samarie, Simon, baptisé, n’avait pas reçu le Saint Esprit. Les versets 12 et 16 nous montrent que celui qui se faisait baptiser professait par là son entrée dans le royaume de Dieu et son identification au nom du Seigneur Jésus, qu’il reconnaissait comme son nouveau Maître, tout comme autrefois Israël avait été baptisé pour Moïse (voir 1 Cor. 10:2). Simon s’était soumis à tout cela, mais lorsqu’il fut mis à l’épreuve, il apparut qu’il n’y avait pas de réalité en lui. Jamais il n’aurait dit : « Donnez-moi ce pouvoir » s’il l’avait possédé. Et il ne le comprenait pas non plus puisqu’il offre de l’argent.

Quel coup terrible pour Simon, qui jusque-là dominait la population de Samarie par sa magie, de découvrir que la foule possédait maintenant une puissance en présence de laquelle ses actes ténébreux n’avaient plus de valeur ! Ils avaient reçu le don du Saint Esprit et lui était resté en dehors. Il est alors amené à se démasquer en offrant de l’argent aux apôtres. Il veut non seulement acquérir l’Esprit pour lui-même, mais aussi avoir le pouvoir de le transmettre à d’autres par l’imposition des mains. Il calcule sans doute que s’il possédait un tel pouvoir, l’argent investi pour l’acquérir serait un placement très profitable.

Ces versets nous donnent la troisième manifestation de ce mal dans le cercle de ceux qui avaient été baptisés : il y a d’abord eu Ananias ; puis les murmures en relation avec les veuves qui étaient négligées ; et enfin Simon le magicien. Remarquons que chaque fois l’argent est en cause. Dans ce troisième cas, nous voyons le début des efforts de Satan pour transformer la foi pure en Christ en une religion qui rapporte. À Samarie, ce n’était qu’un petit filet d’eau en provenance d’un seul homme. Il ne devait pas tarder à devenir un fleuve, apportant d’immenses richesses à Rome. Dans le système religieux qui y a son siège, tout ce qui est présenté comme un don de Dieu peut être acquis avec de l’argent.

Pierre n’épargne pas Simon le magicien. Il lui dit clairement que cette mauvaise pensée trahissait que son cœur n’était pas droit devant Dieu, qu’il était tout à fait en dehors de la vraie foi de Christ et que lui et son argent périraient. Les paroles de Pierre annoncent sans aucun doute prophétiquement le jugement qui s’abattra à la fin sur le grand système ecclésiastique qui, au cours des siècles, a transformé le christianisme en « religion de l’argent ».

Un rayon d’espoir subsistait pour Simon ; Pierre le lui présente au verset 22. Il pouvait se repentir et alors le pardon lui était encore offert. Remarquons comment, indépendamment de ses paroles, la pensée même de son cœur est caractérisée par la méchanceté — une illustration de ce verset des Proverbes : « Le plan de la folie est péché » (chap. 24:9). Retenu dans l’esclavage de l’argent, il était dans un lien d’iniquité et d’amertume. L’amour de l’argent est « une racine de toutes sortes de maux » ; il est à l’origine d’une grande partie de l’amertume qui remplit la terre. Pierre invite Simon à supplier Dieu ; mais sa réponse, rapportée dans le verset 24, semble indiquer qu’il n’a pas eu la repentance qui l’aurait amené à prier lui-même, et qu’il voulait s’assurer l’intercession de Pierre en sa faveur sans rien avoir à payer. À partir de ce jour, des multitudes ont dépensé d’énormes sommes dans l’espoir d’obtenir l’intercession de Pierre !

Le verset 1 de notre chapitre nous a montré que les apôtres ne s’étaient pas pressés de quitter Jérusalem. Philippe avait été un pionnier dans la Samarie ; mais maintenant que Pierre et Jean sont descendus, ils enseignent la Parole aux convertis et évangélisent aussi plusieurs villages des Samaritains avant de retourner à Jérusalem. Mais le travail de défrichage n’est pas achevé et pour le poursuivre, l’ange du Seigneur s’adresse à Philippe, et non pas aux apôtres.

L’obéissance simple et instantanée de Philippe aux instructions du Seigneur est très remarquable. Il est appelé à quitter le lieu où son travail portait tant de fruits pour se rendre dans la région désertique située au sud-ouest de Jérusalem. Le récit nous montre que dès qu’il entendit : « Lève-toi, et va », Philippe « se levant, s’en alla », bien que ses frères aient pu penser qu’il se fourvoyait et faisait preuve d’excentricité en agissant ainsi. S’il ne savait pas, au départ, quel était le but de ce déplacement, il ne devait pas tarder à le découvrir. En effet, ses pas sont guidés de manière à le placer sur le chemin d’un Éthiopien occupant une position élevée, qui recherchait Dieu. Selon le peu de lumière que cet homme possédait, il avait entrepris un voyage fatigant pour venir à Jérusalem. Il était arrivé trop tard pour retirer quelque bénéfice du temple, car celui-ci n’était plus reconnu comme maison de Dieu. Il arrivait aussi trop tard pour rencontrer le Seigneur qui avait été rejeté et élevé dans le ciel. Néanmoins, il repartait avec un livre important des écritures de l’Ancien Testament ; et sur son chemin de retour, il ne lui manquait plus qu’une seule chose.

C’est pour lui apporter cette seule chose que Philippe est envoyé, car Dieu ne permettrait pas qu’un Éthiopien élève les mains vers lui sans recevoir une réponse. Il avait besoin de la lumière du Nouveau Testament ; or celui-ci n’était pas encore écrit, et Philippe est envoyé pour lui apporter le message du Nouveau Testament. L’Esprit de Dieu dirigeait tout, aussi tout s’ajuste-t-il avec une remarquable perfection. L’Éthiopien venait d’arriver dans sa lecture au milieu d’Ésaïe 53 quand Philippe l’interpelle ; son esprit vif était occupé de la question que ce chapitre soulève immanquablement dans les pensées de tout lecteur intelligent : le prophète dit-il cela de lui-même ou de « quelque autre » ? L’Éthiopien pose sa question ; Philippe part de ce verset pour lui annoncer « JÉSUS ».

Luc résume pour nous dans ce saint Nom tout le message de Philippe à l’Éthiopien ; et c’est facile à comprendre si nous nous souvenons de la manière dont il nous est présenté et est interprété en Matthieu 1:21. Tout ce dont cet homme avait besoin, la lumière et le salut, est en JÉSUS ; et il le trouve pendant que Philippe lui parle ? Ésaïe 53 présente justement Jésus comme la victime expiatoire : le substitut qui a passé par la mort, comme celui dont la vie a été ôtée de la terre. Et l’Éthiopien qui connaissait manifestement quelque chose du baptême et de sa signification, exprime le désir d’être identifié avec Lui dans sa mort.

Dans le baptême, nous sommes « identifiés avec lui... dans la ressemblance de sa mort » (Rom. 6:5), et il estime que rien ne l’empêche d’être identifié de cette manière avec celui en qui il croit maintenant. Le verset 37 doit être omis, n’étant supporté par aucun manuscrit sérieux : mais rien n’empêchait, bien que l’eunuque n’ait pas été un Juif, et ainsi Philippe le baptise.

Voilà comment le premier Gentil a été atteint et baptisé, et qu’il est retourné vers son peuple avec la connaissance du Sauveur. Philippe disparaît de devant ses yeux encore plus rapidement qu’il n’était apparu, mais ayant cru en Jésus, et non pas en Philippe, l’Éthiopien n’en est pas particulièrement troublé : il continue son chemin tout joyeux. Sa foi s’était attachée non pas à Philippe, mais à celui que Philippe avait annoncé. Pour lui ce n’était pas Jérusalem, mais Jésus ; ce n’était pas davantage Philippe, mais Jésus. S’attacher au prédicateur contribue à affaiblir ; s’attacher au Sauveur donne la force spirituelle.

Quant à Philippe, la manière surnaturelle selon laquelle il est transporté à Azot ne le déconcerte nullement. Il se dirige vers le nord en évangélisant les villes sur son passage jusqu’à Césarée. Sept fois dans ce chapitre, il est question d’annoncer la Parole ou de prêcher, et cinq fois nous trouvons dans l’original le mot que nous avons repris dans notre langue : évangéliser. Ce sont les versets 4 (annoncer, voir note c), 12 (annoncer les bonnes nouvelles), 25 (évangéliser), 35 (annoncer) et 40 (évangéliser). Et dans trois de ces cinq cas c’est Philippe qui évangélise. Il n’est ainsi pas surprenant qu’il soit appelé plus tard « Philippe l’évangéliste » (chap. 21:8).

La conversion de l’Éthiopien indique que le temps de la bénédiction pour les Gentils était arrivé. Il est comme l’hirondelle avant-coureur, annonçant la venue de l’été. Le chapitre 9 relate l’appel et la conversion de celui qui sera l’apôtre des Gentils. Comme souvent le choix du Seigneur se fixe sur la personne à laquelle nous nous serions le moins attendus. Le persécuteur des saints va devenir le serviteur par excellence du Seigneur. À cet effet il passe par un chemin exceptionnel. Le Seigneur lui-même s’occupe directement de lui, à l’exclusion de toute intervention humaine dans les choses essentielles.

 

9                        Chapitre 9

Saul est encore rempli de fureur et de menace lorsque le Seigneur l’arrête sur le chemin de Damas et se révèle à lui dans une lumière du ciel qui brille comme un éclair non seulement autour de lui, mais aussi dans sa conscience. Nous trouvons dans ce récit les traits caractéristiques essentiels de toute vraie conversion. Il y a la lumière qui pénètre la conscience, la révélation du Seigneur Jésus au cœur, la conviction de péché dans le « Pourquoi me persécutes-tu ? » et la fin de toute opposition, de tout sentiment de sa propre importance dans l’humble « Que dois-je faire, Seigneur ? » Quand on a trouvé Jésus, que la conscience est touchée, qu’on se soumet humblement à Jésus comme Seigneur, il y a conversion réelle, même si l’âme a encore beaucoup à apprendre. La manière dont le Seigneur a agi envers Paul était éminemment personnelle, aussi ses compagnons de route, bien qu’étonnés, ne comprennent rien à ce qui se passe.

Cette révélation remarquable du Seigneur rend Paul littéralement aveugle à l’égard du monde qui l’entoure. Conduit à Damas, il y passe trois jours qu’il n’oubliera jamais, au cours desquels la signification de la révélation pénètre son âme. Étant aveugle, il n’est distrait par rien et ne se préoccupe même pas de manger ou de boire. Avant de commencer son service, Ézéchiel était resté assis parmi les captifs auprès du fleuve Kebar « stupéfait, là au milieu d’eux, sept jours » (Ézéch. 3:15). Saul n’est resté que trois jours dans cet état à Damas, mais il a passé par des expériences infiniment plus profondes. Les versets 12 à 17 de 1 Timothée 1, nous en donnent une idée. Il a été saisi par l’énormité de sa culpabilité comme « le premier » des pécheurs, mais plus encore par l’immensité de la grâce du Seigneur, par laquelle il a obtenu miséricorde. Au cours de ces trois jours il a passé spirituellement par un processus de mort et de résurrection. C’est alors qu’ont été posés dans son âme les fondements de ce qu’il a exprimé plus tard : « Je suis crucifié avec Christ ; et je ne vis plus, moi, mais Christ vit en moi » (Gal. 2:20).

Au cours de ces trois jours, Saul voit en vision un homme nommé Ananias venir et lui imposer les mains pour qu’il recouvre la vue, et c’est effectivement ce qui a lieu. Ananias arrive pour accomplir ce qui a été communiqué à Saul ; il se présente à lui comme le messager du Seigneur, de Jésus, et lui annonce que non seulement il recouvrirait la vue, mais qu’il allait être rempli de l’Esprit Saint. À ce moment Saul était un croyant, car l’Esprit Saint n’est donné qu’à ceux qui ont cru.

Une fois que l’œuvre essentielle a été opérée dans l’âme de Saul, le Seigneur se sert d’un instrument humain. Deux remarques s’imposent à l’égard de ce serviteur. D’abord, il n’était qu’un disciple, pas spécialement en vue semble-t-il. Il convenait que le seul homme qui devait apporter une aide à Saul soit caractérisé par une grande humilité. Saul avait joué un rôle très important comme adversaire et il allait bientôt avoir une place prééminente comme serviteur du Seigneur. Il a été assisté par un disciple humble et modeste, mais qui se tenait suffisamment près du Seigneur pour recevoir ses instructions et s’entretenir avec Lui. Il en est souvent ainsi dans les voies de Dieu. En second lieu, Ananias habitait à Damas ; il était par conséquent de ceux contre lesquels Saul avait respiré menace et meurtre. Ainsi l’un de ces croyants que Saul n’aurait pas hésité à mettre à mort est envoyé auprès de celui qu’il peut appeler « Saul, frère », pour qu’il recouvre la vue et qu’il soit rempli de l’Esprit Saint. De cette manière extraordinaire Saul reçoit le bien en retour du mal qu’il avait fait.

Les jours pendant lesquels Saul a été aveugle, tant physiquement que mentalement, ont maintenant pris fin : il est baptisé au nom de celui qu’il avait jusque-là méprisé et haï ; et il marche avec ceux qu’il voulait détruire, étant devenu l’un d’eux. Il a été appelé comme « un vase d’élection » ; ainsi son service commence aussitôt. Jésus lui a été révélé comme le Christ et le Fils de Dieu ; et c’est comme tel qu’il l’annonce, prouvant par les Écritures qu’Il est le Christ, à la confusion de ses amis d’autrefois. Ceux-ci se transforment alors rapidement en ennemis acharnés et tiennent conseil ensemble pour le tuer, comme lui-même peu auparavant avait voulu tuer les saints. Il avait eu la pensée d’entrer à Damas entouré d’une certaine pompe comme représentant des autorités à Jérusalem. Il y entre comme un homme humble et aveugle et il en ressort sans aucune dignité, dévalé dans une corbeille, pour échapper à la haine des Juifs.

Dès le début Saul est ainsi amené à passer lui-même par ce qu’il avait fait subir aux autres. De retour à Jérusalem, il est confronté très naturellement à la méfiance des disciples ; ils ne le reçoivent que grâce à l’intervention de Barnabas, qui leur raconte ce que le Seigneur a fait pour Saul et comment celui-ci s’est converti. Barnabas est en quelque sorte la lettre de recommandation de Saul. À Jérusalem, Saul rend ouvertement témoignage ; il entre en conflit avec les Hellénistes, ceux-là même qui portaient une si grande responsabilité dans la lapidation d’Étienne. Maintenant ils sont prêts à mettre à mort celui qui alors avait gardé leurs vêtements. Tout ceci fait partie des voies gouvernementales de Dieu. Le fait que le Seigneur avait manifesté envers lui une telle grâce lors de sa conversion n’empêchait pas que, selon ces voies gouvernementales, il doive moissonner ce qu’il avait semé.

Menacé de mort, Saul doit quitter Tarse, sa ville natale. On peut se demander quand se situe le séjour en Arabie dont il parle en Galates 1:17. Il semblerait que ce soit pendant les « jours en grand nombre » mentionnés au verset 23 de notre chapitre, car Paul dit qu’il est retourné de nouveau à Damas. S’il en est bien ainsi, la fuite de Damas lorsqu’il fut dévalé dans une corbeille par la muraille eut lieu après son retour d’Arabie. Quoi qu’il en soit, c’est son départ pour la lointaine Tarse qui inaugure la période marquée par le calme et l’édification pour les assemblées, période au cours de laquelle celles-ci se multiplièrent.

Le verset 32 nous ramène à l’activité de Pierre ; il nous montre que si l’Esprit de Dieu opérait avec une si grande puissance ailleurs, il n’avait pas cesse pour autant de travailler par ce serviteur. Il y a d’abord eu à Lydde une œuvre remarquable: la guérison d’un paralytique. Puis à Joppé, Pierre est l’instrument de la résurrection de Dorcas; et ainsi plusieurs dans cette ville crurent au Seigneur. C’est alors que Pierre fait un séjour prolongé chez Simon, le corroyeur.

Pendant ce même temps l’Esprit de Dieu avait opéré dans le coeur de Corneille, le centurion romain, et y avait produit la piété et la crainte de Dieu, accompagnées d’aumônes et de prières à Dieu. Le moment était venu d’amener cet homme, et ses amis animés des mêmes sentiments, dans la lumière de l’évangile. Or «les clefs du royaume des cieux» avaient été confiées à Pierre (Matt. 16, 19); et de même qu’il s’en était servi le jour de la Pentecôte pour recevoir les élus d’entre les Juifs, il s’en sert maintenant en faveur de ceux d’entre les Gentils. Notre chapitre relate comment Dieu a appelé et converti l’homme qui allait être l’apôtre des Gentils; le chapitre suivant nous montre comment Pierre va être libéré de ses préjugés et conduit à ouvrir la porte de la foi aux Gentils, préparant ainsi le chemin pour le ministère de l’apôtre Paul.

 

10                  Chapitre 10

Ce chapitre s’ouvre sur le message d’un ange à Corneille, lui disant d’envoyer des hommes à Joppé et de faire venir Pierre. Cela ne suscite aucune difficulté : Corneille obéit immédiatement. Remarquons que l’ange ne fait pas un long discours à Corneille. Le message de la grâce ne peut être transmis correctement que par un homme qui lui-même est un objet de la grâce. Aussi fallait-il faire venir Pierre. Dieu n’avait pas été insensible aux prières et aux aumônes de Corneille : elles exprimaient que son cœur recherchait sincèrement Dieu. Si après avoir entendu l’évangile il avait ignoré son message et était retourné à ses prières et à ses aumônes, cela aurait été différent. Elles ne seraient alors pas « montées pour mémorial devant Dieu ».

La manière dont Dieu prépare Pierre par une extase nous est ensuite rapportée. Là des difficultés surgissent, car Pierre est encore sous l’emprise de pensées judaïques et il faut qu’il en soit délivré. Les auditeurs étaient prêts mais le prédicateur ne l’était pas encore. Nous lisons qu’il « monta sur le toit pour prier » ; il était donc dans l’attitude qui convenait pour recevoir les directives nécessaires. D’une part il y a un homme exercé qui priait et d’autre part un serviteur qui priait. Et les résultats sont remarquables.

La grande toile que Pierre voit, descend d’un ciel ouvert. Elle renferme toutes les espèces de créatures, tant pures qu’impures. Et elle est de nouveau élevée au ciel. Pierre est invité à satisfaire sa faim en mangeant ; il aurait pu le faire en choisissant à cet effet un animal pur. Mais comme ces bêtes étaient toutes mélangées, Pierre refuse. Il lui est dit alors que Dieu peut purifier ce qui est impur — qu’il l’a fait — et que lui, Pierre, ne doit pas tenir pour impur ce que Dieu a purifié. Cela est répété trois fois, pour que Pierre soit bien pénétré dans son esprit de la signification de cette scène. Nous pouvons voir dans cette vision une image appropriée de l’évangile : dispensé depuis un ciel ouvert, il embrasse une multitude, comportant beaucoup de Gentils qui du point de vue cérémoniel étaient impurs, mais qui tous sont purifiés par grâce et finalement élevés au ciel.

Pierre a d’abord des doutes quant à la signification de toute cette scène, car les anciens préjugés meurent lentement ; mais comme il est en perplexité à l’égard de cette vision, l’arrivée des messagers envoyés par Corneille vient clarifier la situation. L’Esprit lui dit distinctement d’aller avec ces hommes et d’apporter ainsi l’évangile à ce Romain exercé. Le Gentil « impur » doit être sauvé.

Au chapitre 8 nous avons vu avec quelle précision Dieu avait conduit Philippe à se joindre au char de l’Éthiopien. Ici nous voyons les serviteurs de Corneille arriver juste au bon moment pour confirmer à Pierre les instructions divines. La chose est de Dieu et Pierre est irrésistiblement poussé à agir.

Arrivés à Césarée, ils trouvent tout prêt dans la maison de Corneille. Lui aussi était conscient que tout procédait de Dieu, aussi ne doutait-il pas que Pierre viendrait, et il avait assemblé plusieurs personnes qui, comme lui, cherchaient Dieu. Le verset 25 nous révèle l’état d’esprit humble et soumis qui caractérisait Corneille. L’hommage qu’il rend est excessif ; ce n’était toutefois pas peu de chose pour le Romain hautain de se jeter aux pieds de l’humble pêcheur galiléen.

Pierre se trouve maintenant en présence d’un grand nombre de Gentils et les premières paroles qu’il adresse à Corneille montrent qu’il a compris l’instruction reçue par la vision. La réponse de Corneille révèle la simplicité avec laquelle il avait reçu le message de l’ange et sa promptitude à obéir. Il avait accepté le doux reproche de Pierre lui disant : « Moi aussi je suis un homme » ; il savait toutefois que Dieu était à l’œuvre et que la réunion devait avoir lieu comme en Sa présence. Par conséquent, il dit de lui-même et de ceux qu’il a rassemblés : « Nous sommes tous présents devant Dieu », prêts à entendre de la bouche du prédicateur « tout ce qui t’a été ordonné de Dieu ». Ils étaient disposés à entendre tout. Combien de personnes veulent bien entendre des paroles agréables et réconfortantes, mais rejettent les déclarations plus exerçantes de l’évangile !

En commençant son message, Pierre mentionne qu’il comprenait maintenant que Dieu agrée toute âme qui le recherche sincèrement, selon la lumière qu’elle possède, indépendamment de la nation à laquelle elle appartient. La grâce de Dieu allait désormais se déverser richement au-delà des frontières d’Israël, bien que la parole annoncée par Dieu touchant Jésus Christ personnellement présent au milieu des hommes n’ait été envoyée qu’aux seuls enfants d’Israël. Mais cette parole avait été largement publiée à travers la Galilée et la Judée, de sorte que Corneille et ses amis, habitant ces contrées, la connaissaient bien. Tout ce qui concernait la vie et la mort de Jésus de Nazareth leur était familier.

Ainsi Pierre pouvait dire : « Vous connaissez la parole ». Il y avait cependant des choses qu’ils ne connaissaient pas ; et ce sont ces sujets d’une importance capitale qu’il va placer devant eux. La mort de Jésus avait été une manifestation publique et tout le monde était au courant de ce qui s’était passé. Sa résurrection n’avait eu que peu de témoins et, d’une manière générale, elle était niée avec l’appui des autorités religieuses, comme nous l’apprend Matthieu 28:11-15. Aussi Pierre annonce-t-il maintenant une nouvelle étonnante : le Jésus qui avait été crucifié a été ressuscité d’entre les morts par une intervention de Dieu ; lui-même et les autres apôtres l’avaient vu, avaient mangé avec lui et avaient reçu le commandement de prêcher au peuple. Dans les versets 42 et 43, Pierre présente ce qu’il a été chargé d’annoncer.

Ces versets nous donnent les deux sujets de sa prédication, deux thèmes qui doivent avoir eu un grand retentissement chez ses auditeurs d’entre les Gentils. Premièrement, le Jésus que les hommes ont crucifié a été établi de Dieu juge des vivants et des morts. Sa crucifixion a été perpétrée tant par les Juifs que par les Gentils. Corneille devait en savoir les détails et connaître certaines personnes qui y avaient participé, si lui-même n’y avait pas joué un rôle. Il était au courant de la honte, du déshonneur et de l’échec apparent de cet Homme. Or, le Jésus méprisé apparaîtra, le moment venu, comme le Juge universel. Le destin de tous les hommes est entre Ses mains. Quelle déclaration surprenante, propre à terroriser tous ses adversaires !

Mais, en second lieu, avant que ce Juge s’asseye sur le trône du jugement, tous les prophètes rendent témoignage que le pardon est offert en son nom. Ce pardon est à la portée de « quiconque croit en lui ». Le pardon au nom du Juge ! Que pourrait-il y avoir de plus décisif et de plus immuable ? Le Juge est devenu le garant des pécheurs, et ainsi celui qui croit en lui reçoit la rémission des péchés, avant que se lève le jour de la grande comparution des vivants et des morts.

Corneille et ses amis crurent. La foi était présente dans leur cœur avant même que le message leur ait été présenté. Dès qu’ils l’entendent, leur foi s’en saisit immédiatement, et Dieu sanctionne ce fait en répandant aussitôt sur eux le don du Saint Esprit. Leur foi a jailli comme un éclair et a été suivie tout de suite par le coup de tonnerre du Saint Esprit. Le Saint Esprit était répandu sur ces croyants d’entre les Gentils, comme il l’avait été au début sur les croyants d’entre les Juifs, avec ensuite le signe des langues. Les deux cas étaient identiques ; aussi « les fidèles de la circoncision » qui étaient venus avec Pierre n’eurent-ils plus aucun doute. Rien n’empêchait que ces Gentils soient baptisés. Si Dieu les avait introduits par le baptême de l’Esprit dans le seul corps, les hommes ne pouvaient pas leur refuser l’entrée par le baptême d’eau parmi les croyants sur la terre.

Il y a cette seule différence entre Actes 2 et notre chapitre, que là les croyants durent d’abord se soumettre au baptême d’eau, pour recevoir ensuite seulement la promesse de l’Esprit. Ils devaient rompre leurs liens avec la masse rebelle de leur nation avant d’être bénis. Ici Dieu répand d’abord l’Esprit, car s’il ne l’avait pas fait, les Juifs avec leurs préjugés auraient fait obstacle à leur baptême et à leur réception. Ainsi Dieu les devance ; en fait tout ce chapitre nous montre que l’ouverture de la porte de la foi aux Gentils procédait de Dieu pour l’accomplissement de Son propos. Il nous indique également qu’aucune loi rigide ne saurait être posée quant à la réception de l’Esprit. Celle-ci résulte toujours de la foi, mais elle peut avoir lieu avec ou sans le baptême, avec ou sans l’imposition des mains des apôtres (voir chap. 19:6).

 

11                  Chapitre 11

Ce chapitre s’ouvre sur le trouble suscité à Jérusalem par les événements qui venaient de se produire à Césarée. Ceux qui étaient encore fortement marqués par le judaïsme reprochent à Pierre ce qu’il a fait. Pierre est alors amené à reprendre le sujet depuis le début et à le leur exposer par ordre afin que tous puissent voir que la chose était distinctement de Dieu. Il est remarquable que l’Esprit de Dieu ait jugé bon de nous laisser le récit fait par Pierre outre celui que nous a donné Luc comme historien dans le chapitre précédent. Cela souligne l’importance de ce qui s’est passé si discrètement dans la maison du centurion romain. C’est un événement qui certes a fait époque.

Le récit de Pierre nous donne naturellement son côté de l’histoire plutôt que celui de Corneille. Cependant il ajoute un détail concernant le message de l’ange à Corneille, qui n’est pas mentionné dans le chapitre précédent. Pierre devait lui dire « des choses » par lesquelles il serait « sauvé », lui et toute sa maison. La loi demande des œuvres à l’homme ; l’évangile apporte des paroles à l’homme, qui, si elles sont reçues, le conduisent au salut. Relevons également que Corneille et ses amis ne sont pas « sauvés » avant d’avoir entendu l’évangile et de l’avoir cru ; et pourtant, sans aucun doute, il y avait eu dans leur cœur un travail de Dieu, qui les avait amenés à le rechercher.

Les versets 15 et 16 nous montrent que, dans le don de l’Esprit à Corneille, Pierre reconnaît un baptême de l’Esprit supplémentaire à celui qui avait eu lieu à Jérusalem au commencement. Dieu faisait à l’égard des croyants d’entre les Gentils ce qu’il avait fait précédemment pour ceux d’entre les Juifs. Il les plaçait les deux sur le même pied ; et qui était Pierre ou qui que ce soit d’autre pour résister à Dieu ?

Le récit clair et direct de Pierre fait taire toute opposition. En fait, la grâce a opéré dans le cœur des opposants et ils sont amenés non seulement à reconnaître que Dieu a donné aux nations « la repentance pour la vie », mais aussi à glorifier Dieu de ce qu’il a fait. Ils considèrent la repentance comme un don de Dieu, tout comme la foi l’est en Éphésiens 2:8.

Avec le verset 19, nous quittons Pierre et reprenons le fil du récit au verset 1 du chapitre 8. Dans l’intervalle nous avons eu le travail évangélique de Philippe, la conversion de Saul qui va être l’apôtre des Gentils, et les activités de Pierre, culminant dans l’ouverture formelle de la porte de la foi aux Gentils. Nous apprenons maintenant que les croyants dispersés par la persécution connaissaient l’évangile, mais n’annonçaient la parole qu’à des Juifs ; tandis que certains d’entre eux qui étaient des Cypriotes et des Cyrénéens, lorsqu’ils arrivent à Antioche, se mettent à prêcher aux Grecs, présentant Jésus comme le Seigneur, car effectivement il est Seigneur de tous. Ainsi ces hommes commencent à évangéliser les Gentils, et c’est bien l’œuvre spécifique que le Saint Esprit avait maintenant en vue. Les résultats sont remarquables. La main du Seigneur est avec ces hommes qui pourtant étaient des gens du commun, et une grande multitude crut et se tourna vers le Seigneur.

C’est ainsi que fut constituée la première assemblée des nations ; l’œuvre prend rapidement une extension telle que l’assemblée à Jérusalem en a connaissance et qu’elle envoie Barnabas les visiter. Arrivé à Antioche, Barnabas discerne tout de suite une véritable œuvre de la grâce de Dieu.

Loin d’être jaloux que Dieu se soit servi d’autres que de lui-même ou des conducteurs à Jérusalem pour cela, il s’en réjouit et, par ses exhortations, consolide le travail. Étant un homme de bien et plein de l’Esprit Saint et de foi, il ne se préoccupe pas de sa propre réputation mais n’a devant lui que la gloire de Christ. De même qu’ils avaient commencé par la foi dans le Seigneur, il les exhorte maintenant à demeurer attachés au Seigneur de tout leur cœur. Pour Barnabas, seule compte l’œuvre de la grâce de Dieu, indépendamment de l’instrument employé. Ah ! si seulement l’esprit de Barnabas avait pu marquer toute l’histoire de l’Église !

Cet homme de bien, Barnabas, est encore caractérisé par un autre trait. Il est manifestement conscient de ses propres limites. Il sent qu’un autre que lui-même doit être l’instrument spécialement employé pour instruire ces croyants d’entre les Gentils ; et ainsi il va chercher Saul. Il semble que Barnabas exhortait et que Saul enseignait ; ils se livrent à ce travail pendant toute une année. Et il est bien significatif que ce soit à Antioche que le nom « chrétien » ait été employé pour la première fois. Remarquons la place qui est donnée à la seigneurie de Christ dans ce récit de l’œuvre à Antioche ; et dans ce lieu où Christ est reconnu d’un cœur vrai et d’une manière conséquente comme Seigneur, les croyants ont une conduite qui amène les observateurs à les appeler chrétiens. Nous verrons au chapitre 26 que ce nom était connu d’Agrippa. 1 Pierre 4:16 nous montre que l’Esprit Saint accepte cette appellation.

À la fin de ce chapitre, nous voyons la liberté avec laquelle les serviteurs de Dieu, tels les prophètes, se déplaçaient dans les différentes assemblées. Les dons dispensés dans l’Eglise doivent être employés d’une manière universelle et non pas simplement locale. C’est ainsi que par Agabus, un prophète de Jérusalem, l’assemblée à Antioche fut avertie qu’une famine allait avoir lieu et qu’elle put prendre les mesures nécessaires pour répondre aux besoins que connaîtraient les saints en Judée. Les croyants d’entre les Gentils eurent ainsi de bonne heure l’occasion de manifester leur amour à l’égard de leurs frères d’entre les Juifs.

 

12                  Chapitre 12

Ce chapitre constitue une sorte de parenthèse. Nous sommes ramenés à Jérusalem pour entendre parler des persécutions qu’Hérode faisait subir aux saints, et des voies de Dieu envers lui. Jacques, le frère de Jean, connaît une mort de martyr. Il était l’un des trois disciples qui ont eu le privilège particulier d’être avec le Seigneur sur la montagne de la transfiguration, à Gethsémané, et dans d’autres occasions. Pourquoi alors le Seigneur n’est-il pas intervenu en sa faveur, comme il le fit pour Pierre ? Le fait est qu’il n’intervint pas et que Jacques a été le premier des apôtres à être mis à mort. Hérode cherchait à s’attirer la faveur des Juifs, tout comme Pilate l’avait fait lorsqu’il avait crucifié le Seigneur ; et constatant que cela était agréable aux Juifs, il fit prendre Pierre. Ainsi une fois encore nous voyons les Juifs dans le rôle qui leur a attiré « la colère... au dernier terme », selon 1 Thessaloniciens 2:14-16.

L’arrestation de Pierre amène l’assemblée à faire monter d’instantes prières. Elles sont adressées à Dieu et non pas à l’homme. Le verset 5 place devant nous d’une manière remarquable les caractéristiques essentielles d’une fervente prière. C’est une prière réelle : elle est adressée « à Dieu ». Une prière en commun : c’est « l’assemblée » qui prie. Une prière précise : elle est « pour lui », non pas dispersée sur mille et une requêtes, mais centrée sur un objet spécial. Une prière fervente et importune : le genre de requêtes qui sont exaucées, selon Luc 18:1 et Jacques 5:16. La prière de l’assemblée a pour résultat qu’un ange descend du ciel pour délivrer Pierre.

Hérode faisait garder son prisonnier par seize soldats, lié de chaînes et derrière des verrous. Il avait probablement eu vent de délivrances précédentes. Toutes ces mesures sont sans effet pour l’ange, et Pierre est libéré. Plusieurs étaient encore assemblés et priaient dans la maison de Marie, mère de Marc et sœur de Barnabas. C’est là que Pierre se rend. Alors qu’ils supplient Dieu de délivrer Pierre, celui qui a été libéré heurte à la porte. Leur prière est exaucée ! Ils ont de la peine à le croire, et en cela ne nous ressemblent-ils pas beaucoup ? La réponse de Dieu dépasse leur foi.

Les Juifs sont frustrés et Hérode est privé de sa proie. Les seules victimes, le lendemain, sont les malheureux soldats responsables d’assurer la garde de Pierre.

Mais si Hérode ne peut plus rien faire contre Pierre, Dieu n’en a pas fini avec Hérode. Ce misérable roi, assis sur son trône, revêtu de ses vêtements royaux, se lance dans un discours pour se glorifier devant les Tyriens et les Sidoniens. C’est un immense succès diplomatique : le peuple lui rend les honneurs dus à « un dieu », et il les accepte. À cet instant, un ange du Seigneur le frappe. Lui, un simple mortel, avait accepté des honneurs dus à Dieu. Aujourd’hui certains puissants de ce monde, des simples mortels, sont très près de l’imiter, et pourtant eux aussi seront peut-être appelés à quitter misérablement la scène de la vie.

Dans ce chapitre, nous voyons l’ange du Seigneur frapper à deux reprises. Il frappe « le côté de Pierre » pour le réveiller. Il frappe Hérode pour le faire mourir sur-le-champ ; en effet, « étant rongé par les vers, il expira ». Il arrive souvent que les vers rongent la chair humaine après la mort, mais dans le cas d’Hérode, c’est avant la mort. On ne peut guère concevoir une fin plus horrible. Dans le cas de Jacques, Hérode est parvenu à ses fins ; dans celui de Pierre, il a été frustré ; Dieu a renversé les rôles, lui redemandant son âme dans une scène de misère et d’agonie indescriptibles.

Le verset 24 offre un contraste frappant. Si d’une part les vers se sont développés et multipliés dans le pauvre corps d’Hérode, d’autre part la parole de Dieu croît et se multiplie dans beaucoup de cœurs. Lorsque Dieu veut renverser un adversaire, il n’a pas de grands efforts à faire : quelques vers lui suffisent pour parvenir à ses fins. La parole de Dieu sert à accomplir son propos de bénédiction dans le cœur des hommes.

Le verset 25 fait suite au dernier verset du chapitre précédent. Barnabas et Saul étaient venus apporter à Jérusalem le don des saints à Antioche ; une fois ce service rempli, ils repartent, emmenant Marc avec eux. Le début du chapitre suivant dirige de nouveau nos pensées sur Antioche et l’œuvre qui s’y poursuit.

 

13                  Chapitre 13

Cette grande assemblée, composée principalement de Gentils, n’avait pas moins de cinq prophètes et docteurs. Leurs noms nous sont donnés ; ils sont très instructifs. L’un d’eux a un surnom laissant supposer qu’il était un noir (Niger signifie Noir), un autre était assez important pour avoir été un frère de lait d’Hérode, Barnabas était un Juif helléniste, Saul avait été un pharisien convaincu, et Lucius était probablement un Gentil. Ainsi dès le début il apparaît clairement que, dans l’assemblée, ni la race ni l’éducation ne sont décisifs, mais le don dispensé d’en haut. Ces hommes servaient non seulement les saints pour les instruire, mais aussi le Seigneur par les actions de grâce, l’intercession et le jeûne. C’est au cours d’une de ces réunions privées que l’Esprit Saint donne des instructions précises, disant que Barnabas et Saul devaient être mis à part pour porter l’évangile aux nations.

Le premier et le dernier d’entre ces cinq hommes sont choisis pour cette mission. Les autres prient pour eux et s’identifient à eux par l’imposition des mains dans le service qu’ils vont entreprendre. Cette imposition des mains n’est pas ce qu’on appelle aujourd’hui « ordination », car les deux hommes choisis exerçaient déjà pleinement leur ministère. L’imposition des mains exprime toujours l’identification. Les autres disent en quelque sorte : « Nous sommes tout à fait avec vous dans votre mission ». Et ils peuvent les laisser aller, dans une pleine communion, sans jalousie ni rivalité.

Même ainsi, c’est en fait l’Esprit Saint qui les envoie, comme l’indique le verset 4. Ils se rendent d’abord à Chypre, le lieu d’origine de Barnabas, accompagné par Marc, le neveu de celui-ci. Arrivés à Paphos, ils sont encouragés de trouver le proconsul de l’île disposé à entendre la parole de Dieu. Mais en même temps, ils ont affaire avec l’opposition de Satan. L’opposition des puissances des ténèbres est un signe encourageant plutôt que l’inverse.

Elymas était un Juif apostat, qui s’était vendu au diable pour le servir ; et il devient le principal adversaire de l’évangile à Paphos. Mais si la puissance de Satan s’exprime en lui, celle de l’Esprit Saint agit en Saul, et il se manifeste d’une manière très frappante et sans équivoque que « celui qui est en vous est plus grand que celui qui est dans le monde » (1 Jean 4:4). Le vrai caractère de cet homme est mis à jour, et la main du Seigneur se pose sur lui en jugement. Il est remarquable que Saul soit employé maintenant pour faire venir sur un autre quelque chose de semblable à ce qui l’avait frappé lui-même. Au bout de trois jours, les écailles étaient tombées des yeux de Saul. « Une obscurité et des ténèbres » tombent sur Elymas, et elles correspondent parfaitement à l’état ténébreux de son esprit. Le proconsul croit, mais c’est l’enseignement du Seigneur qui l’a impressionné plus que le miracle.

À partir de ce point Luc donne à Saul son nouveau nom de Paul (signifiant : Petit) et dès lors aussi nous voyons l’Esprit lui confier une position dominante dans le service et le ministère ; c’est ainsi qu’au verset 13 nous lisons : « Paul et ses compagnons ». Il y a, pensons-nous, une relation voulue entre le changement de nom et le changement de position. Celui qui est Petit devient le Chef ; et nous avons là une illustration des paroles du Seigneur en Matthieu 18:4. Cela aurait-il un rapport quelconque avec le fait que Jean Marc les quitte à ce moment ? nous pouvons nous poser la question. Barnabas, son oncle, était quelque peu mis dans l’ombre.

À Antioche de Pisidie, les chefs de la synagogue offrent aux visiteurs de présenter un message et de nouveau c’est Paul qui saisit l’occasion et parle. Les versets 17 à 41 donnent le compte-rendu de sa prédication, de sorte que nous pouvons nous faire une idée précise de la manière dont Paul présentait l’évangile à un auditoire composé à la fois de Juifs et de prosélytes.

Il commence par leur rappeler que Dieu a choisi leurs pères en Égypte et les a fait sortir du pays ; et à partir de là, il va jusqu’au moment où Dieu choisit David et promit un Sauveur issu de la semence de cet homme. Il leur présente ensuite Jésus comme étant la Semence promise : Jean le Baptiseur en a rendu le témoignage. Maintenant la nouvelle du salut centré sur ce Sauveur était annoncée à tous ses auditeurs, y compris « ceux qui parmi vous craignent Dieu », c’est-à-dire les prosélytes d’entre les Gentils qui étaient là.

Il leur parle ensuite de la mort et de la résurrection de Jésus : de sa mort causée par la méchanceté des Juifs de Jérusalem ; de sa résurrection opérée par Dieu — résurrection attestée largement par des témoins crédibles. Ainsi il leur présente la « bonne nouvelle » sous deux aspects. D’abord la bonne nouvelle que Dieu a accompli sa promesse en suscitant Jésus, allusion à la venue de notre Seigneur dans le monde, selon le psaume 2. Puis secondement, la bonne nouvelle que si les hommes ont condamné Jésus à mort, Dieu l’a ressuscité d’entre les morts, pour ne plus devoir retourner à la corruption. Paul voit une allusion à la résurrection dans « les grâces assurées de David » (És. 55:3), comme aussi dans les paroles bien connues du psaume 16, qu’il cite. La première citation a été écrite au sujet de David, et la seconde par David ; mais ni dans un cas ni dans l’autre l’Esprit de Dieu n’avait réellement David en vue, comme l’indique le verset 36. David ayant, « en sa propre génération, servi au conseil de Dieu » a vu la corruption, et les expressions de son psaume ne pouvaient s’appliquer qu’à Christ.

Maintenant que Paul a ainsi établi la résurrection de Christ, il en vient au point culminant de son message : l’annonce du pardon des péchés par cet Homme ressuscité d’entre les morts. Elle est présentée sous la forme d’un oracle, comme une proclamation divine. Il n’y a pas ici de citation de l’Ancien Testament. « Sachez donc », dit-il. Ils devaient recevoir (connaître) ce qu’il leur annonçait, car en fait c’était Dieu qui parlait par sa bouche. En 1 Corinthiens 2:13, nous voyons que Paul attache l’inspiration du Saint Esprit à ses paroles ; et de ce fait nous n’avons pas d’hésitation à attribuer la même inspiration à ses écrits qui nous ont été préservés dans le Nouveau Testament. Lorsque Paul dit : « Sachez », ceux qui croyaient, savaient (pouvaient connaître). Et nous savons (pouvons connaître) exactement de la même manière quand nous croyons les Saintes Écritures.

Paul ne se limite pas à cette annonce générale de pardon : il déclare aussi le résultat positif qui suit la foi au message évangélique. Par Christ, le croyant est justifié de tout. Personne ne peut être justifié par les œuvres de loi ; par la foi en Christ nous sommes justifiés de tout. Nous sommes délivrés de toute accusation qui pourrait être dressée contre nous et revêtus de « la justice qui est de Dieu, moyennant la foi ». Tout cela dépend de la foi en Christ ressuscité d’entre les morts. C’est par cet Homme, « par Lui ».

Paul termine son message par une parole d’avertissement, et cela s’accorde avec ce qu’il établit en Romains 1:16-18. L’évangile révèle la « justice de Dieu », comme nous venons de le voir au verset 39 de notre chapitre ; mais elle est révélée en contraste avec le sombre arrière-plan de la « colère de Dieu ». D’où les expressions solennelles des versets 40 et 41. La citation que Paul fait de Habakuk 1:5 est très frappante, car le prophète parle clairement des Chaldéens. Mais, bien que l’accomplissement direct de la prophétie les concerne eux, il est évident qu’il y aura un accomplissement final plus vaste dans le jugement du Jour de l’Éternel. « Aucune prophétie de l’Écriture ne s’interprète elle-même ».

Les versets 43-48 montrent que l’évangile est véritablement « la puissance de Dieu en salut à quiconque croit ». Les Juifs et les prosélytes sont les premiers à être touchés. Mais lorsque les Juifs, remplis de jalousie, soulèvent une opposition violente, les apôtres se tournent résolument vers les Gentils pour leur présenter l’offre du salut ; ils trouvent en Ésaïe 49:6 un commandement clair du Seigneur pour le faire. De tout temps, la lumière et le salut pour les Gentils étaient dans le propos de Dieu. De nombreux Gentils croient, et il est ainsi manifesté qu’ils étaient destinés à la vie éternelle. Nous ne savons pas qui est destiné à la vie éternelle, de sorte que nous ne pouvons pas dire à l’avance qui croira. Quand nous rencontrons quelqu’un qui croit véritablement, nous savons aussitôt qu’il est destiné à la vie éternelle.

La Parole est annoncée non seulement à Antioche, mais dans toute la région avoisinante; l’extension de l’oeuvre suscite une persécution telle que Paul et Barnabas doivent s’en aller. Nous pourrions estimer désastreux que ces nouveaux disciples aient dû passer par la persécution et aient perdu ceux qui les enseignaient. Mais le travail qui s’était opéré dans leurs âmes était si profond qu’au lieu d’être déprimés, ils étaient remplis de joie et de l’Esprit Saint. La prospérité représente sans doute souvent pour les disciples un danger plus grand que la persécution.

 

14                  Chapitre 14

À Iconium, la ville où ils s’arrêtent ensuite, l’œuvre est semblable à celle qui s’est faite à Antioche. Les apôtres entrent dans la synagogue ; ils annoncent la Parole, et une grande multitude tant de Juifs que de Gentils croient. De nouveau les Juifs suscitent l’opposition et la persécution, et craignant les émeutes, les apôtres s’enfuient dans d’autres villes.

À Lystre, Paul fait un miracle remarquable. Un homme impotent dès sa naissance est guéri — un miracle qui est le pendant presque exact de celui que Pierre avait opéré (voir chap. 3). Ce dernier avait eu lieu au cœur même du judaïsme ; il avait ouvert une large brèche au témoignage, mais il avait aussi attiré la colère des chefs juifs sur les apôtres. Celui de notre chapitre est fait en présence de païens ; ceux-ci l’interprètent à la lumière de leurs fausses croyances et se seraient livrés à une fête païenne si les apôtres n’avaient pas protesté et saisi l’occasion pour leur annoncer le Dieu vivant et vrai comme le Créateur. Les Lycaoniens voulaient faire exactement ce que Paul accuse les païens de faire lorsqu’il leur reproche, en Romains 1:25, d’avoir « honoré et servi la créature plutôt que celui qui l’a créée, qui est béni éternellement ».

Le verset 19 illustre l’inconstance des hommes. Ceux qui étaient tout prêts à déifier Paul sont en un tour de main dressés contre lui par certains Juifs qui suivaient ses traces ; ils le lapident jusqu’à ce qu’ils le croient mort. Paul passe maintenant par le supplice qui, avec sa participation, avait été infligé à Étienne. Dieu n’était pas intervenu dans le cas d’Étienne, mais il le fait dans celui de Paul. Il ne nous est pas possible de savoir si Paul a été lapidé effectivement jusqu’à ce que mort s’ensuive ou seulement jusqu’à en donner l’apparence : quoi qu’il en soit, son rétablissement presque instantané, son retour à la santé et aux forces ordinaires, est un miracle. Le lendemain il s’en va annoncer l’évangile dans une autre ville, comme s’il ne lui était rien arrivé.

Le voyage des apôtres se termine à Derbe ; il a été marqué par les travaux et les souffrances pour l’évangile. Sur leur trajet de retour, ils se consacrent au travail pastoral, pour fortifier et établir les âmes des disciples dans la foi. Remarquons bien qu’ils ne cachent pas aux croyants les souffrances qu’ils auront à rencontrer ; au contraire ils les préviennent qu’elles sont inévitables. Ils ne leur disent pas que sans doute ils devront traverser quelques afflictions pour entrer dans le royaume de Dieu, mais ils précisent que c’est par beaucoup d’afflictions qu’il nous faut y entrer.

Cette déclaration demeure vraie aujourd’hui. Nous pouvons essayer d’éviter les souffrances, mais sans succès. Si par lâcheté nous nous dérobons au conflit avec le monde, nous nous attirons des difficultés dans nos circonstances journalières ou même nous les introduisons au sein de l’assemblée de Dieu. L’apôtre Paul lui-même a écrit : « Notre chair n’eut aucun repos, mais nous fûmes affligés en toute manière : au-dehors, des combats ; au-dedans, des craintes » (2 Cor. 7:5). Aujourd’hui nous pouvons employer un langage semblable ; seulement que de fois n’avons-nous pas à inverser la seconde partie et à dire que nous avons trop de craintes quant au « dehors » et que, par conséquent, nous sommes trop souvent entraînés dans des combats dans le cercle des saints de Dieu — or c’est « au-dehors, des combats ; au-dedans, des craintes ». Toutefois dans les deux cas, les souffrances sont notre part.

Au cours de leur voyage de retour, ils constatent également que parmi les convertis les plus âgés, il y en avait certains qui manifestaient un caractère propre à l’exercice de la surveillance spirituelle et ils les nomment anciens. Le discernement apostolique était nécessaire pour opérer ce choix, et aussi un véritable esprit de dépendance de Dieu, d’où la prière, et le refus de ce que la chair désire, d’où le jeûne. Et après avoir choisi les anciens de manière à ce que tous les reconnaissent, ils ne remettent pas le reste des croyants entre les mains des anciens. Non, ils « les recommandèrent au Seigneur en qui ils avaient cru ». Chaque croyant est placé dans une relation et une communion directes avec le Seigneur par la foi. Les anciens sont institués non pas pour intercepter la foi des saints, mais pour l’inciter à plus de réalité et à plus de profondeur.

Les apôtres ne passent pas par Chypre au retour, mais d’Attalie ils se rendent directement par mer à Antioche ; là ils réunissent l’assemblée et racontent tout ce qu’ils ont fait. Ce n’était pas l’assemblée à Antioche qui les avait envoyés, mais le Saint Esprit ; toutefois l’assemblée portait un grand intérêt à ces serviteurs qui étaient sortis du milieu d’elle. De leur côté les serviteurs racontent « toutes les choses que Dieu avait faites avec eux ». C’est Dieu qui opérait ; ils n’étaient que les instruments dont il s’était plu à se servir ; et c’est Dieu qui avait ouvert aux nations la porte de la foi. Le premier voyage missionnaire l’a prouvé d’une manière incontestable.

Mais malgré cela, l’accomplissement de leur service n’était en soi pas hors d’atteinte de la critique. À Antioche même, personne ne s’est opposé à eux durant leur long séjour, mais alors la plupart de ceux qui composaient cette assemblée étaient d’entre les nations. Lorsque certains descendirent de la région de Jérusalem, l’enseignement qu’ils apportaient changea tout : selon eux, la circoncision était indispensable au salut ; or Paul et Barnabas ne s’y étaient pas soumis. En lisant la première partie du chapitre 11, nous avons vu que les croyants judaïsants à Jérusalem avaient mis en question la démarche de Pierre quand il avait évangélisé les Gentils en la personne de Corneille et de ses amis. Leur opposition avait été levée et il avait été admis que l’évangile soit annoncé aux Gentils. Mais maintenant, le point soulevé était qu’ils devaient se soumettre à la circoncision pour être sauvés, et que la circoncision devait être selon « la loi de Moïse », c’est-à-dire clairement liée au système légal. Paul et Barnabas s’opposent fermement à cette nouvelle exigence ; et finalement ils montent avec quelques autres à Jérusalem vers les apôtres et les anciens pour cette question.

 

15                  Chapitre 15

Quatorze années se sont écoulées depuis la première brève visite de Paul à Jérusalem trois ans après sa conversion, selon Actes 9:26-29 et Galates 1:18. Tout le chapitre 2 de l’épître aux Galates nous donne l’intelligence de ce qui était en jeu dans la discussion commencée à Antioche et terminée à Jérusalem : rien moins que la vérité et la liberté de l’évangile. Nous voyons aussi que, si même dans notre chapitre il est dit : « ils résolurent » que Paul et quelques autres iraient à Jérusalem, c’est « selon une révélation » que Paul y monta ; c’est-à-dire que le Seigneur lui a clairement révélé qu’il devait y monter. Nous y trouvons encore, que Paul a été conduit à être très ferme dans cette affaire et à ne laisser aucune place aux opposants : il n’a « pas cédé par soumission, non pas même un moment ». Il a pris avec lui Tite, un Grec, et il s’est opposé à ce qu’une contrainte quelconque lui soit imposée quant à la circoncision. L’épître aux Galates montre bien que Paul avait la pleine certitude de ce qu’était la pensée de Dieu à cet égard, mais il lui a été révélé qu’il fallait en référer à Jérusalem pour régler cette question.

Nous voyons manifestement en cela la sagesse et la puissance de Dieu. Si Paul avait cherché à régler le problème et avait agi à Antioche de sa propre autorité apostolique, il aurait facilement pu en résulter une brèche entre lui et les autres apôtres. Mais ainsi, ils parvinrent à la décision d’accorder la liberté aux croyants d’entre les Gentils, dans le lieu même où ils seraient arrivés à la conclusion opposée si Dieu, par son Esprit, n’avait pas eu le contrôle. Mais nous anticipons.

En route vers Jérusalem, les apôtres causent une grande joie à tous les frères en leur parlant de la grâce de Dieu envers les Gentils ; mais c’est à Jérusalem que l’affaire devait maintenant être examinée. Ceux qui voulaient imposer l’observation de la loi aux croyants d’entre les Gentils étaient de la secte des pharisiens. Bien qu’ayant été convertis, ils s’accrochaient encore à leur pharisaïsme. Les apôtres et des anciens sont alors amenés à se réunir officiellement pour considérer la question dans la présence de Dieu.

Après une « grande discussion », Pierre fait une déclaration décisive : il se réfère au cas de Corneille dans lequel il avait été impliqué. Il souligne que le Dieu qui connaît les cœurs avait rendu témoignage à ces croyants d’entre les Gentils en leur donnant l’Esprit Saint, de même qu’il le leur avait donné à eux-mêmes le jour de la Pentecôte. Ces Gentils avaient été purifiés, comme l’indiquait la vision de la grande toile ; Dieu avait purifié leurs cœurs par la foi, et non par un simple lavage cérémoniel. En fait Dieu avait déjà réglé la question par ce qu’il avait opéré pour Corneille. Nous comprenons maintenant pourquoi ce cas occupe une si grande place dans le livre des Actes ; c’est en effet la troisième fois qu’il est évoqué devant nous.

La loi était un joug que Dieu avait mis sur le cou des Juifs ; or tant eux que leurs pères avaient trouvé son poids écrasant. Vouloir l’imposer à ceux que Dieu n’y avait jamais asservis, c’était tenter Dieu lui-même. La grâce du Seigneur Jésus Christ est la seule espérance de salut, tant pour les Juifs que pour les Gentils. Le verset 11 est très remarquable. Il n’est pas dit : « Eux, les Gentils, seront sauvés de la même manière que nous, les Juifs », mais, « nous croyons être sauvés de la même manière qu’eux aussi ». Le salut des Gentils ne pouvait être sur aucun autre terrain que celui de la grâce ; et les Juifs devaient venir sur ce même terrain.

Remarquons le beau contraste entre Matthieu 11:29 et le verset 10 de notre chapitre. Le joug écrasant de la loi ne doit pas nous être imposé à nous d’entre les Gentils, mais cela ne veut pas dire que nous n’ayons pas de joug à porter. Nous prenons sur nous le joug aisé et léger de Jésus, venu à nous pour nous révéler le Père.

Par ses paroles, Pierre montre clairement qu’il a appris à fond la leçon qui lui a été enseignée en relation avec Corneille. Il indique comment la question avait été réglée dans ce cas ; et alors Barnabas et Paul peuvent raconter les miracles et les prodiges que Dieu avait opérés parmi les nations. Ici Barnabas est nommé le premier, car étant épargné par la jalousie et l’envie, il pouvait parler plus librement de ce qui avait été fait, par Paul surtout. Ce que Dieu a fait en pratique par eux est en harmonie avec ce qu’Il a établi en principe par Pierre : voilà ce dont ils rendent témoignage.

Après Pierre, Barnabas et Paul, Jacques prend la parole. Il semble avoir occupé une place de responsabilité particulière à Jérusalem ; d’après Galates 2:12, il était connu pour avoir des vues strictes quant au degré d’association entre Juifs et Gentils admis dans l’Assemblée de Dieu. Mais il confirme la déclaration de Pierre, puis montre qu’elle s’accorde avec les prophéties de l’Ancien Testament. Amos avait prédit que des jours viendraient où le Nom de Dieu serait réclamé sur les Gentils. Si nous considérons sa prophétie, nous voyons qu’il parlait de ce qui se réaliserait dans le Millénium, aussi Jacques ne la cite-t-il pas comme si elle était en train de s’accomplir, mais comme s’accordant avec ce qu’ils venaient d’entendre.

La manière dont Jacques résume le témoignage de Pierre vaut la peine d’être relevée. « Dieu a... visité les nations pour en tirer un peuple pour son nom ». Voilà le programme de Dieu pour la dispensation actuelle. L’évangile n’est pas annoncé parmi les nations en vue de les convertir en tant que telles, et de préparer ainsi la terre pour que Christ puisse y revenir ; il y est prêché pour convertir des individus, qui par là sont retirés d’entre les nations pour être Sa possession particulière : « un peuple pour son nom ». C’est un fait absolument fondamental. Si nous sommes dans l’erreur sur ce point, nous le serons quant à tout le caractère de la dispensation dans laquelle nous vivons. Les nations ne se soumettront que lorsque les jugements de Dieu seront sur la terre, comme Ésaïe 26:9 le dit si clairement. L’évangile est envoyé sur la terre pour que les élus d’entre les Juifs et d’entre les Gentils soient appelés ; et ces élus sont l’assemblée de Dieu.

Après avoir établi ce point, Jacques donne ce qu’il juge être la pensée de Dieu sur la question débattue. Son « avis » ou « jugement » est que le joug de la loi ne devait pas être placé sur le cou des croyants d’entre les Gentils, mais qu’il convenait de leur recommander l’observation de certaines restrictions dans des domaines où ils étaient connus pour leur négligence. L’idolâtrie et la fornication étaient considérées comme des péchés, déjà avant la loi ; et Genèse 9:4 montre qu’il en était de même pour manger le sang. Dieu sait dès le début tout ce qu’il développera au cours du temps. L’appel et l’élection des Gentils étaient nouveaux pour eux, mais non pas pour Dieu. Il leur appartenait de suivre Dieu ; quant à Moïse, ses paroles avaient leur place : elles étaient lues dans les synagogues chaque sabbat.

L’avis exprimé par Jacques a l’approbation de tous. Premièrement, Pierre leur a rendu témoignage de ce que Dieu avait fait en relation avec Corneille ; deuxièmement, Barnabas et Paul leur ont raconté ce que Dieu avait opéré au cours de leur voyage missionnaire ; troisièmement, les Écritures, citées par Jacques, leur ont parlé. Ce que Dieu avait dit concordait avec ce que Dieu avait fait. Ils s’étaient assemblés pour rechercher la pensée de Dieu : ils la discernent clairement au travers de sa Parole et de ses œuvres. Et ils sont tous d’accord. Ainsi une question difficile, qui aurait pu diviser l’Église, est réglée et contribue à les unir. À leur arrivée à Jérusalem, Barnabas et Paul étaient des hommes dont le service était contesté et mis en doute. Ils repartent avec une lettre dans laquelle il est parlé d’eux comme « nos bien-aimés Barnabas et Paul ».

Il est aussi dit à leur égard qu’ils sont des « hommes qui ont exposé (dans certaines versions : risqué) leurs vies pour le nom de notre Seigneur Jésus Christ ». Risquer sa vie, c’est la mettre en jeu, tel un joueur qui hasarde son argent en jetant les dés ; exposer sa vie, c’est accepter la mort comme une certitude plutôt que comme un risque. L’Église de Dieu devrait estimer comme un bien-aimé quiconque expose sa vie de cette manière. Cette lettre écrite par des croyants d’entre les Juifs à des croyants d’entre les Gentils est imprégnée d’un bout à l’autre d’un esprit d’amour, de communion et d’unité. Ils peuvent dire : « Il a semblé bon au Saint Esprit et à nous », tant ils étaient convaincus que le Saint Esprit avait dirigé leur décision. Placer les Gentils sous la loi aurait eu pour effet de « bouleverser » leurs âmes.

Tout ceci est d’une grande actualité pour nous aujourd’hui. Des difficultés du même genre se sont présentées parmi les Galates un peu plus tard, et la tentative de mélanger la loi et la grâce n’est pas rare à notre époque. Or cela ne peut se faire sans porter atteinte à la plénitude de la grâce et sans bouleverser les âmes de ceux qui reçoivent un tel enseignement. Les versets 30 à 33 de notre chapitre montrent comment le maintien de la grâce et de la liberté qu’elle apporte a contribué à l’affermissement et à la joie des croyants d’entre les Gentils à Antioche. Judas et Silas aussi, qui avaient été envoyés de Jérusalem, exercent leur ministère prophétique et fortifient les frères. Nous voyons ici la liberté avec laquelle ceux qui avaient un don pouvaient l’exercer dans quelque lieu que ce soit, et dans la présence d’hommes dont le don pouvait être, à bien des égards, supérieur au leur — vu que Paul et Barnabas étaient alors de retour à Antioche.

Quelques jours après, Paul propose à Barnabas d’entreprendre un nouveau voyage pour faire un travail pastoral. Les expressions du verset 36 montrent l’esprit d’un vrai pasteur désirant voir comment vont les croyants. La prospérité des âmes est sa grande préoccupation. Cette excellente suggestion est malheureusement à l’origine de la rupture entre ces deux dévoués serviteurs du Seigneur. Barnabas propose que Marc, son neveu, les accompagne de nouveau. Paul, se souvenant de sa défection, s’y oppose ; et cette divergence d’opinion provoque une telle irritation entre eux qu’ils se séparent, estimant impossible de continuer à travailler ensemble. Barnabas se rend à Chypre, d’où avait débuté leur premier voyage, et Paul part pour l’Asie mineure, région où ce voyage les avait conduits. Paul trouve en Silas un nouveau compagnon ; ils partent après avoir été recommandés à la grâce de Dieu par les frères. Barnabas semble s’en être allé précipitamment, avant que les frères aient eu le temps de prier pour lui.

Il ne nous appartient pas de juger ces éminents serviteurs de notre Seigneur ; mais le récit nous permet néanmoins de déduire que Barnabas a été trop influencé par les relations naturelles et que la sympathie des frères allait à Paul. Toujours est-il que l’irritation et la dispute les séparent, et le Saint Esprit ne le cache pas. Ne considérons pas Paul autrement que comme un homme ayant les mêmes passions que nous. Il n’était pas parfait, contrairement à son Seigneur.

 

16                  Chapitre 16

Au début de ce chapitre, nous retrouvons Paul à Derbe et à Lystre, les lieux où il avait été lapidé. Et c’est dans ces villes qu’il trouve maintenant Timothée, celui qui sera un si grand réconfort pour lui dans les dernières années de sa vie. Quelle belle illustration de la manière dont Dieu, dans son gouvernement, agit en faveur des fidèles ! Ne sommes-nous pas enclins à penser que ce gouvernement s’exerce seulement contre les impies ? Une des plus grandes consolations de Paul a sa source là où il a connu les souffrances.

Or Timothée, étant d’un père grec, n’avait pas été circoncis ; il n’aurait donc pas été reçu dans les cercles juifs. Paul, le sachant, le circoncit ; son attitude ici semble être en contradiction totale avec celle qu’il adopte à l’égard de Tite (voir Galates 2:3-5). Mais dans le cas de Tite, toute la vérité de l’évangile était mise en jeu, tandis que dans celui de Timothée, aucune question ne se posait. Pour Timothée, il s’agissait simplement d’éviter ce qui aurait été un obstacle dans son service pour le Seigneur ; et Paul ne voulait pas maintenir une apparence de constance qui n’aurait été que superficielle. Dieu lui donnait un compagnon dans l’œuvre, et il convenait d’ôter tout ce qui entraverait ses travaux.

Le séjour quelque peu prolongé de Paul en Asie mineure au cours de son deuxième voyage est résumé dans cinq courts versets (v. 4-8). L’apôtre et Timothée se livrent à une œuvre pastorale ; ils traversent des régions où des assemblées avaient déjà été établies précédemment ; ils leur enseignent les ordonnances qui ont été établies lors de la conférence à Jérusalem ; et les assemblées sont affermies et croissent en nombre. Puis ils visitent de nouvelles régions : la Phrygie, la Galatie et la Mysie, et là ils font évidemment le travail d’évangélistes. C’est à ce moment-là que l’apôtre a connu cet accueil si chaleureux des Galates dont il parle dans l’épître qu’il leur adresse (chap. 4:13-15). C’est aussi une époque au cours de laquelle Dieu exerce un contrôle très serré sur ses déplacements. Arrivé en Mysie, il se trouve entre la Bithynie au nord ou nord-est, et l’Asie au sud. Si le chemin avait été ouvert, il aurait été dans les deux directions. Pour ce qui concerne l’Asie, l’Esprit le lui défendit expressément ; pour la Bithynie, l’Esprit ne le lui permit pas : nous avons là, semble-t-il, une indication moins directe, dictée davantage par les circonstances.

Troas est située sur la côte maritime de la Mysie. Paul reçoit là par la vision d’un homme macédonien une indication positive. Ainsi en cinq versets, nous voyons Paul être guidé par Dieu de trois manières différentes, deux fois de façon négative et une fois de façon positive. Cela devrait éclairer ceux d’entre nous qui, ayant le grand désir de recevoir une direction divine, s’attendent à la recevoir de la seule manière qui leur convient.

Paul et ses compagnons, reconnaissant dans la vision une directive de Dieu, obéissent immédiatement. Le verset 11 montre que Dieu permit que les vents leur soient favorables et que la traversée soit très rapide. Nous voyons en effet, au chapitre 20:6, que lorsque des années plus tard ils firent le trajet en sens inverse, il leur fallut cinq jours. À Troas, Luc, l’auteur du livre, semble bien avoir rejoint Paul, car tandis que dans les versets 4, 6, 7 et 8 nous avons partout « ils », dès le verset 10, nous trouvons « nous » ; et ce « nous » est employé dans tout le récit de ce qui s’est passé à Philippes.

Philippes avait le statut de colonie romaine ; aussi l’élément romain y était-il très fort et en conséquence peut-être, l’élément juif faible. Il n’y avait pas de synagogue, mais seulement un lieu en dehors de la ville au bord du fleuve où l’on priait le vrai Dieu. L’apôtre et ses compagnons cherchent ce lieu ; n’y trouvant que quelques femmes assemblées, ils s’asseyent et leur parlent. Ce début ne semblait pas très prometteur, mais Paul était un homme qui reconnaissait et utilisait les petites choses. Il ne se lance pas dans une grande prédication, mais il s’assied simplement et leur parle d’une manière informelle. Cet humble commencement a un aboutissement remarquable. Une assemblée est établie à Philippes ; plus que d’autres elle était remplie de grâce et elle fut un réconfort pour l’apôtre.

L’œuvre commence dans le cœur de Lydie, un cœur que Dieu ouvre. L’expression « qui servait Dieu » indique qu’elle cherchait et était devenue une prosélyte ; maintenant, dans l’évangile que Paul annonçait, elle trouve la substance de ce qu’elle cherchait. Le travail s’opère sans bruit mais est très réel, puisqu’elle est baptisée ainsi que sa maison ; et tout de suite elle s’identifie aux serviteurs du Seigneur en leur ouvrant sa maison.

L’incident suivant est la rencontre avec la servante qui avait ouvert son cœur à quelque ténébreux agent du diable. Elle donne l’apparence d’approuver Paul et ses compagnons. Certains auraient pu en être flattés et dire : « C’est vrai, nous sommes des esclaves de Dieu ; si cela lui fait plaisir de nous faire de la réclame, laissons-la ! » Mais Paul n’est pas aveugle à ce point. Il sait que la recommandation du diable n’est pas un gain, mais une perte ; aussi rejette-t-il son témoignage en commandant au mauvais esprit de sortir d’elle. L’esprit est contraint d’obéir et les maîtres de la servante comprennent que l’espérance de leur gain s’en est allée. Hors d’eux-mêmes, ils traînent Paul et Silas devant les magistrats et formulent leur accusation de manière à dresser les Romains contre eux. La foule se soulève et pousse les magistrats à des actes incontrôlés et contraires à la loi romaine. Il n’y a pas de véritable jugement : ils sont fouettés et jetés en prison.

Dans ces circonstances, même le geôlier use d’une sévérité extrême ; et la nuit tombe sur eux dans cette triste condition. Ont-ils alors été assaillis par le découragement et les doutes et se sont-ils demandé si la vision de l’homme macédonien n’avait pas été un peu trop forcée ? Peut-être, car ils étaient des hommes soumis aux mêmes faiblesses que nous. Quoi qu’il en ait été, leur foi ne tarde pas à triompher, et à l’heure la plus sombre, non seulement ils prient, mais ils chantent les louanges de Dieu. Soudain Dieu intervient, et pas uniquement par le tremblement de terre. Normalement les tremblements de terre ont pour conséquence de coincer complètement les portes au lieu de les ouvrir, et aucun d’entre eux, à moins de sortir tout à fait de l’ordinaire, n’a jamais libéré des prisonniers de leurs liens.

Lorsque la voix de Paul parvient à ses oreilles, le geôlier, connaissant la sévérité des lois romaines à l’égard de la garde des prisonniers, était sur le point de se suicider. Le fait qu’il ait « demandé de la lumière » (v. 29) prouve qu’ils étaient tous dans l’obscurité. Comment Paul savait-il ce que le geôlier allait faire ? Le cri soudain de Paul était évidemment inspiré par l’Esprit de Dieu, et pour le gardien, il est comme la voix de Dieu. L’homme macédonien se manifeste enfin ! Il est tout tremblant : il tombe sur sa face devant ses prisonniers ! Et bientôt il pose la grande question qui depuis lors a été celle de millions de pécheurs convaincus. Il reçoit la réponse immuable qui a apporté la lumière et le salut à d’innombrables âmes.

Nous citons souvent Actes 16:31, mais trop fréquemment nous en omettons les trois derniers mots. Dieu se plaît à identifier l’homme et sa maison et à inclure celle-ci dans son offre de bénédiction. Pourquoi notre foi ne s’empare-t-elle pas plus souvent de ce fait ? Nous avons déjà trouvé dans notre chapitre une femme convertie mentionnée avec sa maison ; maintenant il est question d’un homme converti avec sa maison. Quel encouragement pour tout chef de famille que la grâce de Dieu atteint ; il n’y a pas d’acception de personnes pour Dieu, et ce qu’il est pour un, il l’est pour tous.

Le geôlier croit et, sans aucun délai, manifeste sa foi par ses œuvres. Puis, bien qu’il soit encore nuit, « lui et tous les siens » sont baptisés sur-le-champ. Cela montre très clairement que le baptême n’est pas une ordonnance censée être une confession de foi et qui doit se faire en public. Si tel avait été le cas, une occasion importante aurait été perdue ici. Combien facilement cela aurait pu avoir lieu le lendemain lorsque l’opinion publique aurait été un peu plus favorable à Paul ! Après le tremblement de terre, une grande confusion devait régner dans toute la ville ; mais pour le geôlier et sa maison, les liens avec leur vie précédente avaient été rompus immédiatement. Car le baptême signifie une dissociation, par la mort de Christ.

Lorsque le jour suivant les magistrats reviennent en arrière, Paul saisit l’occasion pour leur montrer qu’eux-mêmes ont été des transgresseurs, vu que lui et Silas sont des citoyens romains. Il ne va pas plus loin ni ne réclame de réparation. Ils sont pourtant relâchés, et ils ont le temps de voir les frères et de les exhorter avant de partir. L’épître aux Philippiens nous permet de voir le développement de l’œuvre après leur départ.

 

17                  Chapitre 17

Luc ne donne pas de détails sur leur passage à Amphipolis et Apollonie, mais va parler de ce qui a eu lieu à Thessalonique. Remarquons que dans ce chapitre nous ne trouvons pas le pronom « nous » ; il est donc possible que Luc, n’ayant pas été aussi impliqué que Paul et Silas dans les troubles survenus à Philippes, soit resté dans cette ville pour aider les croyants.

Selon sa coutume, Paul s’adresse d’abord aux Juifs dans leur synagogue. Le verset 3 nous montre comment il les aborde. Il leur explique, d’après leurs propres Écritures, qu’il fallait que le Messie, lorsqu’il viendrait, souffre et meure, et qu’il ressuscite d’entre les morts. Ceci établi, il était simple de leur prouver que Jésus était bien le Messie. Ainsi en un seul verset, en peu de mots, toute la vérité nous est résumée. Quelle qu’ait été la durée des discours, le problème entier est résumé dans ces quelques paroles ; elles peuvent servir de guide à tous ceux qui, aujourd’hui, s’adressent à des Juifs. Tous ne crurent pas, mais quelques-uns furent persuadés, de même qu’une grande multitude de Grecs qui servaient Dieu et un assez grand nombre de femmes de premier rang.

À Philippes, l’émeute avait été suscitée par des Gentils déçus d’avoir perdu l’espérance de leur gain ; à Thessalonique, des Juifs incrédules sont à l’origine d’une opposition et d’un désordre pires encore. En traitant Paul et Silas de « gens qui ont bouleversé la terre habitée », ils rendent un tribut involontaire à la grande puissance de l’évangile prêché avec le Saint Esprit descendu du ciel. Ils pouvaient s’opposer à la prédication, mais il leur était impossible d’en arrêter la progression.

Cette émeute met fin au service de Paul à Thessalonique, car il servait dans l’esprit de l’instruction du Seigneur, rapportée en Matthieu 10:23. Aussi se rendent-ils maintenant à Bérée, où les Juifs manifestent des dispositions très différentes. Ils font preuve d’ouverture d’esprit et sont caractérisés comme étant « plus nobles » ; après avoir entendu par Paul ce que les Écritures annonçaient, ils se mirent à les examiner diligemment, et plusieurs d’entre eux crurent. Un esprit bien disposé, libre de tout préjugé, et qui reçoit avec bonne volonté la Parole, peut bien être qualifié de noble.

Mais l’hostilité des Juifs de Thessalonique à l’égard de la parole de Dieu est telle qu’ils pourchassent Paul à Bérée ; et face à ces nouveaux troubles, il fuit à Athènes, échappant à ses persécuteurs par une simple ruse. Silas et Timothée restent à Bérée, car alors il est évident que Paul est le principal objet d’animosité. C’est ainsi que pour sa visite à Athènes, le grand centre de la culture et de la sagesse grecques, Paul est tout seul, en ce qui concerne son service.

Athènes était le centre par excellence de la science et de la philosophie grecques ; la ville était aussi remplie d’idoles. La culture humaine la plus élevée et l’idolâtrie la plus grossière peuvent cohabiter tout à fait amicalement. Paul arrive au milieu de cet état de choses, et ce spectacle excite son esprit au-dedans de lui. Bien que ses compagnons ne l’aient pas encore rejoint, il ne peut rester inactif et il commence à rendre témoignage tant aux Juifs qu’aux Gentils. Il attire ainsi sur lui l’attention de certains philosophes, et ces hommes, qui se rattachaient pourtant à des écoles différentes et le traitaient avec mépris, sont suffisamment intrigués pour désirer en entendre davantage. C’est ainsi que Paul a l’occasion de parler devant les intellectuels les plus cultivés de cette époque.

Les versets 18 à 21 nous donnent un aperçu des conditions qui prévalaient à Athènes. Il y régnait une activité mentale intense et une recherche insatiable d’idées nouvelles. Ils « ne passaient leur temps à autre chose qu’à dire ou à ouïr quelque nouvelle », naturellement pas des simples commérages ou bavardages, mais les notions philosophiques les plus évoluées. Aussi lorsque Paul leur annonce « Jésus et la résurrection », ils reçoivent sa prédication comme une grande nouveauté liée à des divinités dont ils n’avaient jamais entendu parler jusque-là. Les épicuriens croyaient qu’on parvenait au bien le plus élevé en satisfaisant ses propres désirs, et les stoïciens qu’on l’atteignait en les réprimant ; mais qu’en était-il de ces nouvelles idées ?

Paul commence son discours sur la colline de Mars (ou Aréopage) en leur reprochant d’être trop superstitieux, d’être « voués au culte des démons ». Parmi leurs innombrables sanctuaires, ils avaient même un autel dédié « au dieu inconnu », pour qu’il n’y ait pas un démon, inconnu d’eux, qui doive encore être apaisé. L’apôtre relève ce point et en fait le thème de sa prédication, car il était parfaitement vrai que le Dieu vivant leur était tout à fait inconnu. Paul leur annonce le Dieu qu’ils ne connaissaient pas ; et l’examen du bref compte rendu de son discours nous indique de quelle manière il place Dieu devant eux. Pour ce qui en était des choses de Dieu, ces Athéniens cultivés étaient tout simplement des païens ; aussi nous est-il montré ici comment l’évangile devrait être présenté à des païens.

Paul commence par parler de Lui comme le Dieu créateur. En tant que tel, Il est à la base de tout. Si nous ne le connaissons pas ainsi, nous ne le connaissons pas du tout. Cela explique pourquoi la théorie de l’évolution opère tant de ravages. Sa principale attraction pour plusieurs est qu’elle leur permet de se passer entièrement de Dieu, ou du moins de le repousser dans un arrière-plan si lointain qu’il ne vaut pas la peine de penser à lui. Paul le met au premier plan du tableau qu’il dresse : non seulement Il a fait le monde, mais aussi toutes les choses qui y sont. Il ne peut pas habiter dans les temples érigés par les hommes ni être adoré comme s’il dépendait de leurs mains. Il est, Lui, le Dispensateur de la vie et de toutes choses. Tous les hommes sont Ses créatures ; Il a fait d’un seul sang toutes les races, et Il a déterminé les temps ordonnés et les bornes de leur habitation.

Ils avaient conservé quelques lueurs de cette vérité, et Paul peut leur citer certains de leurs propres poètes qui ont parlé de l’humanité comme étant la race de Dieu. En cela ils avaient raison. Nous ne devenons enfants de Dieu que par la foi dans le Christ Jésus, mais tous les hommes sont sa race, étant ses créatures. Ainsi, nous ne devons pas concevoir Dieu comme nous étant inférieur ou comme étant une œuvre de nos mains ; et nous devons être ceux qui le recherchent. Son immanence est reconnue dans les paroles : « En lui nous vivons et nous nous mouvons et nous sommes » ; pourtant Paul l’annonce comme Celui qui est transcendant, Celui qui est le Seigneur du ciel et de la terre.

Mais ce Dieu créateur est aussi un Dieu de patience. Les hommes n’ont pas voulu retenir Dieu dans leur connaissance, et les nations sont ainsi tombées dans l’ignorance de Dieu. Pendant un certain nombre de siècles, les Athéniens se sont glorifiés de leur culture et de leur science, et pourtant tout au long de cette période, ils étaient dans « les temps de l’ignorance » — l’ignorance de Dieu — et Paul le leur dit clairement. Mais Dieu a « fermé les yeux sur » ou « passé par-dessus » leur ignorance, usant de patience en vue de ce qu’il allait faire par Christ.

Maintenant Christ est venu, et Dieu se proclame comme un Dieu de juste jugement. Il a établi le jour auquel il prendra les rênes du gouvernement par l’homme qu’il a destiné à cela ; la terre tout entière sera alors jugée et administrée en justice. En vue de ce jour, la repentance est la seule chose qui convient à des hommes injustes, en tous lieux. C’est l’unique échappatoire, c’est pourquoi Dieu l’ordonne.

La preuve de la venue de ce jour du juste jugement a été donnée par la résurrection de l’Homme que Dieu a destiné à cela. Ainsi Paul termine en présentant Dieu comme le Dieu de résurrection. Un événement échappant entièrement à tous les calculs humains s’était produit. Jésus avait été tiré hors de la mort à laquelle l’homme l’avait livré ! Paul avait commencé son service à Athènes en annonçant Jésus et la résurrection parmi les ouvriers sur la place publique; il le termine avec le même sujet lorsqu’il s’adresse aux philosophes sur l’Aréopage.

Les cerveaux actifs de ces penseurs étaient occupés du monde de l’homme, aussi la résurrection était-elle tout à fait hors de leur champ visuel. C’était une absurdité pour la plupart d’entre eux, et ils s’en moquent. D’autres manifestent un peu d’intérêt, mais remettent à plus tard un examen approfondi, ne voyant aucune urgence en la matière. Mais quelques-uns, hommes et femmes, croient et ceux-ci unissent leur destin à celui de Paul. Ces trois classes apparaissent généralement là où l’évangile est annoncé: il y a les moqueurs, ceux qui remettent à plus tard et ceux qui croient.

Le séjour de Paul à Athènes est de courte durée: il n’attend pas plus longtemps l’arrivée de ses compagnons, mais se rend à Corinthe. Il est donc probable que ceux qui ont dit: «Nous t’entendrons encore sur ce sujet» n’en ont pas eu l’occasion.

 

18                  Chapitre 18

Au début de ce chapitre, Paul est à Corinthe, où il rencontre Aquilas et Priscilla. Le décret sévère de Claude a eu pour effet de les placer sur le chemin de Paul, et de cette rencontre sont résultés leur conversion et ensuite leur service qui leur a valu la belle appréciation de Romains 16:3, 4. Dieu a fait tourner pour le bien le décret d’expulsion, faisant en sorte que la colère de l’homme soit à Sa louange ; et nous espérons et prions qu’il opérera de la même manière à l’égard des décrets modernes édictés contre les Juifs. C’est avec ce couple que Paul demeure, et il commence son travail dans la synagogue. Silas et Timothée le rejoignent alors, et le témoignage de Paul devient plus puissant et plus direct. Puis, les Juifs s’opposant, il se tourne vers les Gentils.

« Étant parti de là » (v. 7), c’est-à-dire de la synagogue, il poursuit son témoignage dans la maison attenante d’un nommé Juste. Une œuvre de Dieu très marquée et importante s’opère, puisque même le chef de la synagogue se convertit. Dans une vision, le Seigneur encourage Paul à parler avec hardiesse ; il lui donne l’assurance que personne ne mettra les mains sur lui ici, contrairement à ce qui s’était passé ailleurs. Ainsi son service se poursuit pendant dix-huit mois. Il y a bien une tentative de soulèvement contre lui, mais celle-ci reste sans suite, grâce à Dieu, du fait de la froide indifférence de Gallion, le proconsul romain, qui traite toute l’affaire comme une simple dispute de mots et de noms et refuse d’être juge de ces questions. Ainsi Dieu peut utiliser le tempérament d’un gouverneur, aussi bien que le décret d’un empereur, pour servir Ses fins. Paul ne quittera Corinthe qu’un peu plus tard.

Ce long séjour à Corinthe marque la fin du deuxième voyage de Paul. Il part pour Jérusalem et Antioche par Éphèse où il ne s’arrête que courtement, promettant de revenir « si Dieu le veut ». Le chapitre suivant nous montre que Dieu l’a voulu. Au verset 18, nous voyons que Paul observait encore des coutumes juives, en relation ici avec un vœu qu’il avait fait.

À Antioche, il séjourne « quelque temps », expression indiquant une période limitée. Puis il part pour son troisième voyage et se rend d’abord sur le champ de ses travaux précédents pour fortifier les disciples. C’est toujours un service très nécessaire, car il y a tant d’influences qui tendent à affaiblir les croyants. L’histoire de Paul se poursuit dans le premier verset du chapitre suivant ; les versets 24 à 28 sont une parenthèse dans laquelle il est parlé d’Apollos : du plein enseignement qu’il a reçu et de son service béni ; nous y voyons que si Paul est resté très peu de temps à Éphèse, Aquilas et Priscilla y sont demeurés ; et par leur moyen le Seigneur donne à Apollos exactement ce dont il avait besoin.

Apollos avait un don naturel d’éloquence — il parlait avec facilité. Grâce à une étude diligente, il était devenu « puissant dans les Écritures ». Pourtant, à son arrivée à Éphèse il ne connaissait pas exactement ce que Dieu avait fait en Christ. Ses connaissances s’arrêtaient à l’introduction de Jésus par le baptême de Jean. Il enseignait diligemment ce qu’il savait dans la synagogue. En l’entendant, Aquilas et Priscilla voient tout de suite ce qui lui manque; ils exercent alors à son égard le merveilleux service de l’hospitalité pour lui expliquer plus exactement ce qui s’était produit par Christ. Ainsi Dieu s’est servi de ces saints qui n’avaient pas de don public particulier, pour préparer un instrument très doué à sa carrière de serviteur. D’Éphèse, Apollos se rend à Corinthe, où non seulement il convainc de nombreux Juifs, leur démontrant qui est le Christ, mais où aussi il contribue beaucoup à l’avancement des croyants. Qui peut dire quelle part de la récompense attribuée à son service fécond sera portée au crédit d’Aquilas et Priscilla?

 

19                  Chapitre 19

Le début de ce chapitre nous montre Paul arrivant à Éphèse après le départ d’Apollos ; il y trouve certains disciples dans le même état d’ignorance quant au plein message de l’évangile. Ils étaient de vrais « disciples », et ils avaient reçu les faits concernant Christ dans la mesure où ils leur avaient été rapportés. Le Saint Esprit est donné à ceux qui croient « la parole de la vérité, l’évangile de votre salut » (Éph. 1:13). Ils ne l’avaient pas cru, parce qu’ils ne l’avaient pas entendu et, par conséquent, ils n’avaient pas reçu l’Esprit. Comme Apollos, ils n’avaient eu connaissance que des tout premiers éléments, en relation avec Jean le Baptiseur, et ils avaient été baptisés de son baptême. Paul les instruit, ils sont baptisés pour le nom du Seigneur Jésus, l’apôtre leur impose les mains, et alors l’Esprit Saint vient sur eux et ils se mettent à parler en langues et à prophétiser. Une preuve visible est ainsi donnée qu’ils sont maintenant entrés dans l’état chrétien complet.

Paul ne blâme pas ces douze hommes. La transition à la pleine lumière de l’évangile s’effectuait graduellement à cette époque où les communications étaient lentes. Au début du chapitre 6 de l’épître aux Hébreux, le retour à certaines coutumes est condamné. Il est reproché à quelques croyants d’entre les Juifs de n’avoir pas laissé la parole du commencement du Christ pour avancer vers la perfection du plein évangile. Jean, dans son ministère, avait beaucoup à dire sur « la repentance des œuvres mortes », sur les « ablutions » et sur « le jugement éternel », mais lorsque cette épître a été écrite, la pleine vérité quant à Christ avait été répandue et ces croyants auraient dû la recevoir, même si elle ne coïncidait pas avec bon nombre de leurs conceptions judaïques. Nous n’avons aucune excuse pour ne pas avancer vers la perfection.

Maintenant que ces hommes ont reçu la bénédiction, Paul peut tourner son attention vers la synagogue où il avait brièvement rendu témoignage lors de son voyage précédent ; et pendant trois mois il va discourir avec les Juifs pour les persuader de l’évangile. Puis vient le moment où il sent que son œuvre dans cet endroit est terminée. Le résidu selon l’élection de la grâce était manifesté, les autres s’endurcissaient et l’apôtre scelle la séparation en se retirant de la synagogue et en emmenant les disciples avec lui pour poursuivre son service dans l’école de Tyrannus — tout comme à Corinthe il avait quitté la synagogue pour la maison de Juste. Dieu indiquait ainsi clairement qu’il n’établissait pas un nouveau groupe de croyants éclairés parmi les Juifs, mais constituait quelque chose de tout à fait nouveau, embrassant à la fois des Juifs et des Gentils.

Une œuvre évidente et puissante s’opère là, de sorte que Paul reste deux années à travailler dans cette ville. Dieu le soutient par des manifestations miraculeuses de nature particulière, et toute la province est évangélisée. Comme toujours lorsque Dieu opère avec puissance, les œuvres de Satan sont démasquées et de l’opposition surgit. La fin de ce chapitre montre comment cela s’est passé à Éphèse.

La première réaction prend la forme de l’imitation. Les sept fils de Scéva se jugent eux aussi capables de chasser des démons en invoquant le nom du Seigneur Jésus. Mais ils ne le connaissent pas. Il n’est pas leur Seigneur : ils ne peuvent parler de lui que comme « Jésus que Paul prêche », sans lui donner son titre de Seigneur. Le démon montre tout de suite qu’il ne les connaît pas ; il ne se laisse pas abuser par l’usage occasionnel qu’ils font du nom de Jésus. Les sept hommes sont défaits : leur honte est manifestée devant tout le monde et le nom du Seigneur Jésus est magnifié.

Un grand triomphe public a été remporté sur Satan et sur la magie noire par laquelle les hommes cherchent à maintenir le contact avec lui. Beaucoup de ceux qui ont cru sont amenés à confesser qu’ils s’étaient autrefois adonnés à ces pratiques et avaient commis le mal. Plusieurs se détournent de cette mauvaise voie et brûlent, devant tous, les livres qui traitent de ces choses, malgré leur valeur marchande. La parole de Dieu croît et montre sa force, tandis que les agissements sataniques diminuent et sont anéantis. Qu’il est affligeant pour nous de constater aujourd’hui l’attention pour la Parole diminuer et celle pour le spiritisme augmenter !

Dans ces pratiques, Satan aborde les hommes avec toutes les ruses du serpent. À Éphèse, ayant subi une défaite sur ce plan, il recourt à d’autres moyens et se manifeste comme le lion rugissant. Il opère par la cupidité des hommes. Le succès de l’évangile a fait du tort au commerce des orfèvres, et il n’est pas difficile d’essayer de le relancer sous le couvert de zèle pour la réputation de la déesse Diane. Pouvait-on discréditer sa grandeur et anéantir sa magnificence ? Leur souci réel, celui de s’enrichir, était ainsi bien camouflé.

Satan avait réuni les éléments inflammables ; et le cri « Grande est la Diane des Éphésiens ! » est l’étincelle qui va embraser toute la ville. Une terrible émeute éclate ; l’apôtre y fait allusion dans sa seconde épître aux Corinthiens, lorsque parlant de lui et de ses compagnons il dit : « Nous avons été excessivement chargés, au-delà de notre force, de sorte que nous avons désespéré même de vivre » (chap. 1:8). Les Éphésiens excités étaient prêts à exécuter la sentence de mort sur Paul, mais comme il le mentionne dans le verset suivant : « Nous-mêmes nous avions en nous-mêmes la sentence de mort, afin que nous n’eussions pas confiance en nous-mêmes, mais en Dieu qui ressuscite les morts ». Dieu l’a délivré « d’une si grande mort », mais le danger avait évidemment été si pressant que Paul compare sa délivrance à une résurrection d’entre les morts.

Le récit des Actes nous montre comment Dieu se sert des uns ou des autres pour opérer la délivrance : quelques-uns des magistrats de la province d’Asie, Alexandre qui détourne de Paul l’attention, le secrétaire de la ville par son discours diplomatique. La plupart des émeutiers déchaînés ne savaient même pas exactement pourquoi ils s’étaient soulevés, et le secrétaire de la ville leur rappelle que les autorités romaines pourraient retourner la situation contre eux et les accuser de sédition. Il est bien remarquable qu’il puisse dire de Paul et de ses compagnons : ces hommes « ne sont ni des voleurs, ni des blasphémateurs de votre déesse » ; cela montre qu’ils avaient soigneusement évité tout ce qui aurait pu offenser. Ils s’occupaient de prêcher positivement l’évangile plutôt que de travailler négativement à exposer les folies de l’idolâtrie.

Cette grande émeute met fin au service de Paul à Éphèse; il s’en va alors en Macédoine, comme l’indique le premier verset du chapitre 20. Il vaut la peine de lire ici les chapitres 2, versets 12 et 13, et 7, versets 5 à 7 de la seconde épître aux Corinthiens. Ces passages nous montrent que Paul, en route pour la Macédoine, s’est arrêté courtement à Troas, mais que, malgré la porte ouverte pour le service, il a poursuivi son chemin dans sa hâte de retrouver Tite et d’avoir des nouvelles des saints à Corinthe. Il arrive en Macédoine, toujours en proie à l’inquiétude et à l’affliction; mais là Tite le rejoint et le console. Il est ainsi clair que les peines qu’il a connues à Éphèse ont été suivies d’autres peines à Troas et en Macédoine. Cependant, tout cet aspect est passé sous silence dans les Actes. Luc pouvait difficilement parler de ces détails intimes des expériences de l’apôtre; nous les apprenons par les écrits de Paul lui-même.

 

20                  Chapitre 20

Dans les Actes il nous est simplement dit que Paul a beaucoup exhorté les disciples en Macédoine, qu’il est allé en Grèce et que, pour éviter les embûches des Juifs, il est retourné en Asie en passant par la Macédoine. Le verset 4 nous donne les noms de ses compagnons de voyage, bien que ceux-ci aient pris les devants et l’aient attendu à Troas. Dès le verset 5, Luc emploie de nouveau le pronom « nous » : à ce moment, il a donc rejoint le groupe. Une traversée de cinq jours ramène Paul, Luc et les autres à Troas où peu de temps auparavant le Seigneur avait ouvert une porte. Les versets qui suivent montrent qu’ils rencontrent cette fois encore un grand intérêt pour les choses de Dieu dans cette ville.

Paul ne passe à Troas qu’une semaine ; c’est au cours de celle-ci qu’a lieu la réunion mémorable dont nous parlent les versets 7 à 12 ; ils nous donnent une image très belle de la simplicité et du zèle qui caractérisaient cette époque. Les disciples avaient l’habitude de se réunir pour la fraction du pain — la cène du Seigneur — le premier jour de la semaine. Ce n’est pas le sabbat qui avait été choisi, mais le lendemain, le jour de la résurrection du Seigneur, bien que ce n’ait pas été un jour férié comme l’aurait été la veille pour les croyants d’entre les Juifs. Aussi les chrétiens se rassemblaient-ils le soir, une fois la journée de travail achevée. Ils se réunissaient dans une chambre haute : on ne connaissait pas les « églises ». Disposant de très peu de temps, Paul saisit l’occasion pour leur faire un discours ; leur intérêt est si grand qu’ils passent toute la nuit à écouter ses paroles.

Nous pouvons facilement nous représenter la scène : la chambre haute remplie d’auditeurs ; les jeunes assis sur le rebord de la fenêtre ; les nombreuses lampes allumées ajoutant à l’atmosphère oppressante de l’air raréfié de la pièce, la brusque interruption causée par le sommeil et la chute d’Eutyche. Pourtant la puissance de Dieu est si manifestement à l’œuvre que cet incident, au lieu d’interrompre la réunion et de distraire les esprits du message de Paul, touche et affermit les cœurs des auditeurs qui restent jusqu’à l’aube pour écouter. L’apôtre allait maintenant entreprendre son dernier voyage à Jérusalem. La question de savoir si c’était la bonne chose reste ouverte. Mais il est évident que l’Esprit de Dieu agissait par lui comme autrefois. Paul n’a fait aucun miracle plus remarquable que celui-ci. Le récit est marqué par l’absence de tout cérémonial et de toute officialité, mais il est empreint de puissance. Aujourd’hui, dans la chrétienté, le cérémonial prend toute la place et la puissance est absente. Quel sujet de tristesse !

Le jour venu, Paul quitte Troas à pied ; Luc et ses autres compagnons partent par mer et le prennent à Assos. Arrivé à Milet, il fait venir les anciens de l’assemblée d’Éphèse ; sachant qu’il ne les reverrait plus, il veut leur délivrer un message. Cet appel touchant semble se diviser naturellement en trois parties.

Dans la première partie, qui couvre les versets 18 à 27, il passe en revue son propre ministère parmi eux. Il commence par ces paroles : « Vous savez de quelle manière je me suis conduit envers vous tout le temps, depuis le premier jour ». Puis après avoir montré comment il a servi, il continue en disant en quoi avait consisté son service. Dans l’un des aspects comme dans l’autre, il peut bien nous servir de modèle.

D’abord son travail était de servir. Il n’était pas un grand dignitaire ecclésiastique dominant le troupeau de Dieu, mais un serviteur ; il servait certes les saints, mais en le faisant, c’est premièrement le Seigneur qu’il servait, et cela depuis le premier jour et jusqu’au dernier. En outre, il servait en toute humilité ; les chapitres précédents nous l’ont montré. Il n’était pas le genre d’homme qui attend que tout le monde lui fasse place ou le serve : il aidait les autres en travaillant de ses propres mains. Et tout cela, avec des larmes, et au milieu de beaucoup d’épreuves suscitées par les Juifs. Les larmes parlent d’une profonde sensibilité et d’exercices de cœur, tandis que les épreuves évoquent la confrontation perpétuelle aux difficultés et à l’opposition.

Paul, était aussi caractérisé par la fidélité avec laquelle il déclarait la vérité et l’appliquait aux saints. Il ne recherchait pas la popularité facile qu’on acquiert en taisant les choses peu agréables à entendre, mais avait toujours leur profit en vue. En outre, il ne se limitait pas à annoncer publiquement l’évangile, mais il remplissait ce service de maison en maison, un travail beaucoup plus discret, mais souvent combien plus efficace ! Tout ceci montre de quelle « manière » il s’était conduit envers eux. Mais il y a aussi ce dont il parle au verset 24 : sa consécration totale au ministère qui lui avait été confié et à Celui duquel il l’avait reçu. Il avait voué sa vie à ce service et rien ne pouvait l’en détourner, ni la perspective des difficultés ni même celle de la mort. Lorsqu’un serviteur de Dieu allie à sa fidélité une consécration qui ne fléchit pas devant la mort, son ministère sera immanquablement accompagné de puissance.

Il mentionne ensuite trois sujets qui ont marqué son ministère. D’abord, l’évangile qui lui avait été confié : il était appelé à rendre témoignage partout et à tout le monde de « la repentance envers Dieu et la foi en notre Seigneur Jésus Christ ». L’évangile proclame « la grâce de Dieu » qui a été révélée en Christ, dans sa mort pour nos péchés et sa résurrection pour notre justification ; de notre côté, il demande la repentance et la foi. Voilà le sujet constant de sa prédication.

Il avait aussi prêché « le royaume de Dieu », cela non pas parmi « tous », mais parmi « vous tous ». C’est-à-dire que partout il avait prêché le royaume parmi les disciples. Évidemment cela a une portée actuelle. Lorsqu’il annonçait les choses à venir, il parlait sans doute du royaume qui sera établi publiquement ; mais il leur rappelait aussi qu’en recevant Christ comme leur Seigneur, ils étaient déjà placés sous l’autorité de Dieu, et il leur montrait la signification pratique de la soumission à la sainte volonté de Dieu. On peut remarquer que, dans ses épîtres, Paul ne se contente jamais de présenter la vérité abstraitement ; il met toujours l’accent sur la conduite qui, selon la vérité, répond à la volonté de Dieu pour eux.

Puis troisièmement, il leur avait annoncé « tout le conseil de Dieu ». Il les avait amenés dans la lumière de tout ce que Dieu s’est proposé, pour Christ, pour l’Église et pour le monde à venir. Ils ont ainsi eu connaissance de ce qui jusqu’alors avait été gardé secret, et ont vu que Dieu avait des pensées plus élevées que ses propos révélés antérieurement à l’égard d’Israël. C’est ce troisième point de son ministère qui avait soulevé l’opposition furieuse d’un grand nombre de ses auditeurs juifs et qui aboutira finalement à son emprisonnement. Il peut ainsi dire : « Je n’ai mis aucune réserve à vous annoncer ». Si seulement il avait usé d’un peu de retenue en abordant ce sujet de son ministère, son service se serait déroulé beaucoup plus paisiblement et il se serait évité bien des troubles. Car l’introduction des Gentils, selon la vérité de l’Église, fait partie du conseil de Dieu. Il le savait et néanmoins il n’a pas reculé.

Le ministère complet de la parole de Dieu, aujourd’hui, doit embrasser ces trois sujets : l’évangile de Dieu, le royaume de Dieu et le conseil de Dieu.

Dans la seconde partie de son discours (v. 28-31), il exhorte et avertit les anciens d’Éphèse. L’Esprit Saint les avait établis surveillants au milieu du troupeau, qui est l’assemblée de Dieu. Ce troupeau n’était pas le leur, mais celui de Dieu par droit d’achat ; ils devaient le nourrir ou le paître. Mais avant tout, ils avaient à prendre garde à eux-mêmes, car comment celui qui ne veille pas d’abord sur lui-même pourrait-il prendre soin du troupeau ? En outre, ils devaient user de vigilance à l’égard des adversaires, se souvenant que pendant trois ans Paul n’avait cessé de les avertir avec larmes. Est-ce que, faute d’être exercé, ce ministère d’avertissement n’a pas presque complètement disparu ?

Paul met ici les anciens en garde contre deux sources principales de mal : d’abord, les loups redoutables venant de l’extérieur, puis les hommes pervers qui se lèveront d’entre eux-mêmes. Par « loups », l’apôtre entend sans doute ceux qui agissent comme véritables agents du diable, ceux qui, selon les paroles de Pierre, introduisent « des sectes de perdition ». Cette prédiction s’est pleinement réalisée : l’histoire de l’Église en témoigne ; comme aussi du mal opéré par ceux qui se sont levés du milieu des anciens eux-mêmes pour annoncer des doctrines « perverses » ou « perverties ». Ces hommes sont très probablement de vrais croyants, mais qui tordent ce qu’ils annoncent et par là pervertissent la vérité. Ils se présentent comme chefs de partis et centres d’attraction à ceux qu’ils entraînent. Au lieu de conduire à Christ, ils attirent à eux. N’avons-nous pas dans ces paroles de Paul une esquisse de ce que la chrétienté est devenue aujourd’hui ?

C’est pour cette raison sans doute que nous ne trouvons dans les Écritures aucune instruction relative au maintien de la fonction d’ancien d’une manière officielle après le départ de l’apôtre. Si c’est d’entre eux que doivent se lever ces ouvriers d’iniquité, autant reconnaître et accepter avec gratitude ceux que Dieu se plaît à susciter, sans qu’ils soient désignés officiellement. Quant aux hommes qui disent des choses perverses, leur investiture ne ferait que ratifier ce qui est faux.

Dans la troisième partie de son message, Paul indique les ressources qui demeurent malgré tout. Il prononce peu de paroles : elles sont contenues dans un seul verset ; mais leur portée est d’un poids et d’une importance immenses. Notre grande ressource est en Dieu, et non pas dans l’homme. Il ne les recommande pas aux autres apôtres ; il ne pouvait pas les recommander aux anciens puisque c’est à des anciens qu’il s’adresse et que c’est d’entre eux que se lèveraient des ouvriers d’iniquité. Dieu, et Dieu seul, est la ressource des siens. Il a donné sa Parole dans laquelle il se révèle. Autrefois il parlait par Moïse, comme l’Ancien Testament nous le rapporte : il s’agissait là de la Parole de ses exigences envers les hommes. Maintenant, il parle en Christ, dans le Nouveau Testament : et c’est la Parole de sa grâce. C’est à cette Parole que nous sommes spécialement recommandés, car elle a la puissance de nous édifier dans la foi et de nous donner, en puissance et en jouissance spirituelles avec tous les sanctifiés, cet héritage qui nous appartient. L’héritage est à nous par la foi en Christ (voir Actes 26:18), mais il nous est annoncé en puissance par la Parole de sa grâce.

On ne saurait surestimer l’importance de ce verset 32 pour nous aujourd’hui. Dieu et sa Parole demeurent, quoi qu’il arrive. Nulle puissance de mal ne peut toucher Dieu. Il reste et nous pouvons être en relation avec lui par la prière, dans la communion, dans les actions de grâce et dans l’adoration. Sa Parole demeure, car dans sa providence il a veillé sur elle et nous l’a conservée. Elle est certes l’objet d’attaques incessantes de la part de l’ennemi. Trop vite elle a été plus ou moins étouffée par les traditions des Pères ; puis elle a été ensevelie sous une langue étrangère et soustraite au peuple ; maintenant qu’elle est accessible à tout le monde, elle est violemment critiquée et on cherche par tous les moyens à détruire son autorité. Imitant Judas, des hommes éminents l’honorent par un baiser et de belles paroles : « Je te salue, maître dont le langage est sublime ! » mais c’est pour mieux la livrer à ceux qui la dépouilleront de tout vestige d’autorité divine. Et néanmoins elle reste la ressource de tout cœur croyant et obéissant.

Paul termine son discours en mentionnant une nouvelle fois la droiture et la sincérité qui l’avaient caractérisé. Il n’avait pas cherché à s’enrichir, loin de là ! il avait plutôt donné aux autres. Il cite une parole du Seigneur Jésus qui ne se trouve pas dans les évangiles, une parole qu’il avait mise en pratique. Il leur a déjà dit plus haut qu’il ne leur avait rien caché et qu’il les avait enseignés (v. 20), et il leur répète qu’il leur a tout montré. Il mettait en pratique devant eux ce qu’il leur prêchait. Et l’exemple parle avec puissance.

Paul a été appelé à nous servir de modèle à la fois comme saint et comme serviteur. Aussi le discours dans lequel il passe en revue son service nous a-t-il été conservé dans cet écrit inspiré ; et si nous nous mesurons à lui, nous avons bien lieu d’être profondément humiliés. Ayant dit aux anciens tout ce qu’il avait à leur dire, il se met à genoux et prie avec eux ; et ils versent tous beaucoup de larmes. Quelle scène profondément émouvante ! L’expression « couvrir de baisers » employée ici est celle que l’on trouve aussi en Luc 15, lorsque le père court au-devant du fils prodigue et se jette à son cou. Pourtant ne peut-on pas voir un élément de faiblesse dans le fait que ce qui les peinait le plus c’était qu’ils ne le reverraient plus ? N’auraient-ils pas dû être affligés avant tout par la pensée que l’Assemblée de Dieu allait être ravagée par des loups et corrompue par des hommes pervers ?

 

 

21                  Chapitre 21

Le début de ce chapitre nous montre que Luc est toujours avec Paul et ses autres compagnons. Nous allons les suivre dans le voyage qui doit les amener à Jérusalem. À leur arrivée à Tyr, ils cherchent tout naturellement s’il y a des disciples et ils en trouvent quelques-uns. Par ces hommes dont le nom n’est pas mentionné, l’Esprit donne un message à Paul, lui disant de ne pas monter à Jérusalem. Aux Éphésiens, il avait déclaré qu’étant lié dans son esprit, il s’en allait à Jérusalem. Et il est si profondément convaincu en lui-même, qu’il ne reçoit pas l’avertissement qui lui est donné par ces humbles Tyriens. C’est un cas, semble-t-il, où il a laissé ses convictions intimes prendre le pas sur la voix de l’Esprit qui lui venait de l’extérieur. Mais restons-en là ; remarquons seulement, dans la suite du récit, comment Dieu a fait tourner en bien cette erreur — si cela en était une ; toutefois que de difficultés Paul s’est-il attirées ainsi !

À leur départ de Tyr, nous assistons de nouveau à une de ces réunions de prières impromptues et si belles ; et à leur arrivée à Césarée, nous voyons comment s’exerçait l’hospitalité chrétienne à cette époque. C’est Philippe, l’évangéliste du chapitre 8, qui les reçoit. Ses filles avaient un don prophétique ; elles l’exerçaient sans doute selon les instructions scripturaires relatives au service des femmes, et elles nous sont données ici en exemple.

Dans cette ville, le prophète Agabus rend encore une fois témoignage de ce qui attendait Paul à Jérusalem. Nous voyons à nouveau une touchante manifestation de l’affection que les compagnons de Paul et les saints à Césarée lui portaient ainsi que du désir de Paul de laisser sa vie pour le nom du Seigneur Jésus. Incidemment, la manière de procéder lorsqu’il y a une divergence d’opinion qu’on ne peut pas empêcher nous est indiquée. Il convient à tous de se taire, avec le seul désir que la volonté du Seigneur soit faite, quelle qu’elle soit.

Arrivé à Jérusalem, Paul raconte à Jacques et aux anciens « une à une les choses que Dieu avait faites parmi les nations par son service ». L’ayant entendu, ils glorifient le Seigneur, car ils étaient prêts à reconnaître les Gentils en Christ, conformément à ce qui avait été décidé lors de la conférence mentionnée au chapitre 15. Les Gentils ne devaient pas être placés sous le joug de la loi. Mais les croyants d’entre les Juifs devaient-ils observer leurs anciennes coutumes ? C’est une autre question. Les frères à Jérusalem pressent Paul de s’associer avec quatre hommes qui avaient fait un vœu, et cela parce qu’on lui reprochait d’avoir enseigné aux Juifs qu’ils devaient renoncer à leurs coutumes. À leur avis, il convenait qu’il fasse ainsi taire ces rumeurs.

Un autre élément n’était pas étranger à cette suggestion : c’est qu’il y avait alors des milliers de Juifs qui avaient cru en Christ, et ils étaient tous zélés pour la loi. Nous nous serions attendus à ce qu’ils soient zélés pour l’évangile et ses espérances célestes, mais apparemment ils n’avaient pas encore compris le vrai caractère de ce en quoi ils avaient été introduits. C’est à des chrétiens d’entre les Juifs comme ceux-ci que l’épître aux Hébreux a été écrite. Ils étaient « paresseux à écouter » et il fallait qu’on leur enseigne « quels sont les premiers rudiments des oracles de Dieu » ; ils avaient besoin « de lait et non de nourriture solide ». Ils sont par conséquent exhortés à avancer « vers l’état d’hommes faits » (Héb. 5:11 à 6:2).

Le conseil donné à Paul, et qu’il suivit, n’était pas particulièrement fait pour les conduire à l’état d’hommes faits. C’était un expédient pour éviter des troubles, et comme bien souvent, il n’a pas atteint le but proposé. Il a entraîné Paul dans le temple, là où il était le plus probable qu’il trouve ses adversaires. Il est allé au-devant des difficultés au lieu de les éviter. L’émeute soulevée contre lui était fomentée par des Juifs d’Asie, des hommes qui sans doute avaient été impliqués dans le soulèvement qui s’était produit à Éphèse. Ils agissaient ainsi car ils pensaient que Paul avait profané le temple en y introduisant un Éphésien d’entre les Gentils. Leur supposition était évidemment fausse. Non seulement il ne l’avait pas fait, mais lui-même n’était entré dans le temple que parce qu’il pensait désarmer ainsi leurs préjugés ; or cette supposition s’est aussi révélée fausse.

Néanmoins c’est Dieu qui avait la haute main sur tout ce qui se passait. La prophétie d’Agabus s’accomplit. Paul perd sa liberté. Mais le chiliarque romain le met à l’abri de la violence du peuple. Les jours où il pouvait annoncer librement l’évangile sont terminés — sauf peut-être pour une courte période tout à la fin. Nous avons là le début de la période où il devait rendre un témoignage puissant devant la population de Jérusalem ; puis devant des gouverneurs et des rois, et même devant Néron en personne. Dieu sait comment faire tourner la colère de l’homme à sa louange et comment arrêter le reste de la colère (voir Ps. 76:10). Il sait aussi maîtriser les erreurs que ses serviteurs peuvent être amenés à commettre, et s’il ferme devant eux certaines voies de service, c’est pour en ouvrir d’autres qui, par la suite, seront manifestées plus importantes encore. C’est parce qu’il était emprisonné que Paul a écrit ces épîtres inspirées qui depuis près de vingt siècles édifient l’Église.

 

22                  Chapitre 22

Dans tout ce qui arrive à Paul à Jérusalem, il n’est pas difficile de discerner la main de Dieu agissant derrière la scène. Bien que la ville ait été agitée, il s’écoule suffisamment de temps pour que le chiliarque puisse intervenir avant qu’aucun coup fatal ne soit porté. Puis le fait que Paul s’adresse à lui en langue grecque crée une impression favorable : il lui est accordé de parler à la foule en tumulte depuis les degrés de la forteresse. Enfin le choix de Paul de s’exprimer en hébreu pour son apologie lui vaut d’être écouté dans un silence complet et avec attention.

Il est bien remarquable que nous ayons deux récits détaillés de la conversion de Corneille dans les Actes. Au chapitre 10, Luc en parle comme historien ; au chapitre 11, il donne la version de Pierre. Et une troisième mention dans le chapitre 15 relate très courtement ce que Pierre en dit au concile de Jérusalem. De même, nous avons trois récits de la conversion de Paul. Au chapitre 9, Luc s’exprime en historien ; puis il rapporte comment Paul la raconte : au chapitre 22, à ceux de son peuple, et au chapitre 26, aux dignitaires d’entre les Gentils. Les deux conversions ont fait époque et ont une très grande signification. Dans le premier cas, il s’agit de l’appel clair et formel des Gentils, par l’évangile, aux mêmes bénédictions que les Juifs et dans les mêmes termes ; dans le second, c’est l’appel de celui qui avait été le persécuteur-type pour être l’instrument principal de la diffusion de l’évangile parmi les nations dans le monde.

Lorsque nous lisons ce récit du chapitre 22, nous sommes frappés par l’habileté avec laquelle Dieu donne à Paul de s’exprimer. Il commence par retracer ce qu’il avait été dans sa jeunesse, lorsque son mode de vie répondait entièrement à leurs pensées. Il était irréprochable quant à sa généalogie, son éducation, son zèle et la haine qu’il portait aux chrétiens. C’est alors qu’il y avait eu une intervention du ciel, qui manifestement venait de Dieu. Certes toute vraie conversion résulte d’un acte de Dieu, mais généralement par l’intermédiaire d’un instrument humain ; et seule la foi discerne l’acte divin. Dans le cas de Paul, il n’y a pas eu d’instrument humain, mais plutôt quelque chose de tout à fait surnaturel, faisant appel à la fois à la vue et à l’ouïe — une grande lumière et une voix puissante — qui l’a fait tomber sur le sol. Il rapporte ce fait de manière à faire comprendre à ses auditeurs que le changement qui s’était produit en lui, ce changement qui les offensait tant, avait été opéré par Dieu.

La voix qui l’avait arrêté était celle de Jésus ; et c’est dans ce passage que nous est révélé le contenu exact du message adressé par cette voix venue du ciel : « Je suis Jésus le Nazaréen que tu persécutes ». Cette expression n’apparaît ni au chapitre 9, ni lorsqu’il parle à des Gentils au chapitre 26 ; mais elle prend toute sa signification ici où il est en face de Juifs. Ces derniers l’avaient ajoutée à son nom comme marque de mépris et d’opprobre : et maintenant ce Jésus le Nazaréen est dans le ciel !

Que cela nous serve d’avertissement : ne disséquons pas avec rigueur et légèreté les noms et les titres de notre Seigneur — bien qu’il soit très utile de discerner la signification de chacun d’entre eux. Nous nous serions attendus à ce qu’il dise : « Je suis celui qui, dans les jours de ma chair, étais Jésus le Nazaréen », attachant ce nom exclusivement au moment où il était ici-bas. Or il ne dit pas : « J’étais », mais « Je suis ». Il ne se dépouille pas de ses noms, car Il est un et indivisible.

Paul présente sa conversion comme ayant été opérée par Dieu seul, et pourtant il rapporte comment Dieu s’est servi d’Ananias pour lui rendre la vue, et pour lui communiquer l’appel à être un témoin et à être baptisé. Il met aussi l’accent sur le fait que cet Ananias était un membre engagé et très respecté de la communauté juive à Damas. Remarquons que Paul devait à la fois voir le Sauveur glorifié et entendre sa voix. Et c’est de ce qu’il avait vu et entendu qu’il était appelé à rendre témoignage. Aussi lorsqu’il parle de l’évangile qu’il annonce, il le nomme : « l’évangile de la gloire du Christ ».

Relevons aussi que le lavage et la purification des péchés sont liés ici, comme ils l’ont été au chapitre 2:38, et comme ils l’étaient dans le baptême de Jean. Ananias ajoute : « invoquant son nom », pour montrer qu’il parle du baptême chrétien et non pas de celui de Jean. Le baptême revêt une signification toute particulière en relation avec les Juifs ; et cela explique la place prédominante qu’il a eue le jour de la Pentecôte et dans le cas de Paul. Ceux qui rejetaient Christ doivent courber la tête et descendre symboliquement dans la mort, confessant Son nom. Ils montraient par là qu’ils se soumettaient à Celui dont ils ne voulaient pas ; c’est seulement ainsi qu’ils pouvaient être lavés de leurs péchés.

Paul relate ensuite ce qui s’était passé pendant leur première courte visite à Jérusalem, mentionnée au chapitre 9:26. Ni ce chapitre 9 ni Galates 1 ne font allusion à cette vision ; il n’en est parlé qu’ici. Il est remarquable que tant l’apôtre Pierre que l’apôtre Paul aient été en extase ou aient eu une vision quant à leur service envers les Gentils : Pierre, afin d’être amené à passer par-dessus les coutumes juives et à ouvrir le royaume aux Gentils ; Paul, pour qu’il fasse de l’évangélisation l’œuvre de sa vie. Il était ainsi doublement établi que l’introduction des Gentils était selon la volonté et le propos délibérés de Dieu.

En raison de son passé, Paul se sentait particulièrement appelé à évangéliser sa propre nation ; il le dit même au Seigneur, mais seulement pour s’entendre répondre que les Juifs ne recevraient pas le témoignage de ses lèvres et qu’il serait envoyé au loin vers les nations. Il rapporte tout cela au peuple ; et à la lecture de ce récit, nous sentons la persuasion qui se dégageait de ses paroles. Estimait-il qu’au moins quelques-uns de ceux de sa nation devaient être convaincus ? Pourtant la parole du Seigneur prononcée quelque vingt et un ans auparavant demeurait : « Ils ne recevront pas ton témoignage à mon égard ». Et cela avait été confirmé par un message particulier du Saint Esprit lui disant de ne pas monter à Jérusalem. Les paroles du Seigneur étaient en train de se vérifier. La mention que les Gentils étaient devenus les objets de la grâce divine soulève la fureur de ses auditeurs. Ils ne veulent pas recevoir ses paroles. Ils réclament sa mort avec une violence presque incontrôlée. Lorsque Paul accomplit la mission que Dieu lui a confiée envers les Gentils, il a la joie d’être employé pour atteindre le «résidu selon l’élection de la grâce» d’entre son propre peuple; lorsqu’il se détourne de ce service et concentre son attention sur sa nation, ses paroles ne portent pas de fruit en bénédiction.

La fureur de la foule, et ceci malgré l’emploi de la langue hébreue, déconcerte le chiliarque; et à cette époque, la mise à la question par le fouet était le moyen reconnu pour apprendre la vérité. Paul y échappe en mentionnant qu’il est citoyen romain et, sous la main de Dieu, il a ainsi l’occasion d’étendre son témoignage aux principaux de sa nation. Le chiliarque ordonne que le sanhédrin soit convoqué le lendemain.

 

23                  Chapitre 23

Au début de ce chapitre, nous trouvons Paul devant cette auguste cour ; nous nous serions attendus à ce qu’il prononce le discours le plus éloquent et le plus persuasif de sa vie. Mais nous ne trouvons qu’un témoignage réduit à son minimum et une confusion maximale. La première remarque de Paul est mal accueillie, bien qu’elle ait été vraie. Nous acquérons et gardons une « bonne » conscience en exécutant sincèrement et rigoureusement tout ce que cette conscience nous dicte. Le zélateur à la conscience obscurcie ou pervertie commettra les actes les plus outrageants pour préserver sa « bonne » conscience. C’est ainsi que Paul agissait avant sa conversion ; depuis celle-ci, il avait suivi avec sincérité les avertissements de sa conscience, maintenant éclairée et redressée. Cela nous montre très clairement que la conscience n’est pas en elle-même un guide sûr : elle doit être éclairée par la parole de Dieu. Elle n’aura de valeur que dans la mesure où elle sera contrôlée totalement par la Parole.

Irrité par cette déclaration franche, le souverain sacrificateur commande qu’on frappe Paul sur la bouche ; il transgresse ainsi la loi qui stipule qu’un accusé ne devait pas être frappé avant qu’un jugement juste ait été rendu, et alors encore la manière de procéder était indiquée (Deut. 25:1-3). Paul réagit vivement à cette injustice manifeste ; il agissait à bon droit, toutefois il n’était pas admissible de s’adresser en ces termes au souverain sacrificateur. Le sanhédrin avait été convoqué précipitamment et d’une façon informelle ; aussi probablement rien dans son habillement ne permettait-il de le distinguer ; mais Paul reconnaît immédiatement son erreur lorsqu’elle lui est signalée, et il cite le passage qui la condamne. Il ne pouvait pas imiter son Seigneur en demandant comme lui avec une pleine assurance : « Qui d’entre vous me convainc de péché ? »

Paul recourt alors immédiatement à un stratagème très astucieux. Il se présente comme un pharisien, mis en jugement pour l’espérance de la résurrection. Il était sans aucun doute pharisien de naissance et par la première éducation qu’il avait reçue, et la résurrection, sans aucun doute également, est à la base même de l’évangile. Sa déclaration produit l’effet attendu : les pharisiens sont gagnés à sa cause, alors que les sadducéens s’opposent violemment. Ils étaient les uns et les autres des fanatiques, jugeant de toute chose selon le point de vue de leur parti respectif. Les pharisiens, supposant qu’il était l’un des leurs, basculent en sa faveur. Ils n’ont que faire de la vérité et de la justice, seul leur parti compte. N’est-ce pas une pratique très courante aujourd’hui ? Les chrétiens n’en sont pas épargnés. Ne méprisons donc pas l’avertissement qui nous est donné ici.

Tout au long du livre des Actes, les sadducéens se manifestent comme les principaux opposants de l’évangile. Leurs vues matérialistes, qui les amènent à nier la résurrection, n’y sont pas pour rien. C’est ici la dernière fois que nous les trouvons : la tournure subite des événements en faveur des pharisiens les remplit d’une telle fureur qu’ils se livrent à des actes de violence physique, et Paul est presque mis en pièces. Leurs excès se retournent contre eux, car ils forcent le chiliarque à intervenir ; et pour la seconde fois Paul est soustrait au déchaînement de sa propre nation.

Le verset 11 est de toute beauté ! Il ne nous est rien dit des sentiments de Paul, mais le message du Seigneur : « Aie bon courage », laisse supposer qu’il était découragé. Il semble bien que cet épisode de Jérusalem dans son ensemble se situe au-dessous du niveau élevé qui avait caractérisé tout le service de l’apôtre précédemment ; et pourtant il avait certainement rendu témoignage de son Seigneur. Son Maître plein de grâce s’arrête sur ce fait, le reconnaît et lui dit que maintenant il fallait qu’il rende témoignage à Rome – Jérusalem : le centre religieux, Rome : le centre impérial et gouvernemental de la terre à cette époque. Quel rafraîchissement pour l’esprit de Paul !

Le lendemain, plus de quarante hommes trament un complot pour tuer Paul. La nature du serment par lequel ils s’obligent atteste de la férocité de leur haine et laisse supposer qu’ils étaient d’entre les sadducéens qui avaient été privés de leur proie la veille. Les souverains sacrificateurs se rattachaient aussi à ce parti et ils sont tout disposés à tremper dans cette affaire. Ils doivent prétendre vouloir s’informer plus exactement de lui et les quarante hommes sont prêts à le tuer.

Une fois encore la main de Dieu les contrecarre dans leur dessein. Comme toujours dans les Écritures, le récit qui nous est donné est bref et modéré. Nous apprenons que Paul avait une sœur et un neveu à Jérusalem, mais nous ne savons pas comment le jeune homme a eu vent du complot. Dieu a permis qu’il ait connaissance de cette machination bien qu’elle n’ait été ourdie que quelques heures auparavant ; et il lui a aussi donné le courage de la révéler. C’est à Dieu qu’il faut attribuer le fait qu’il ait eu un accès si facile auprès de son oncle, et que la demande de Paul au chiliarque de recevoir son neveu ait été accordée avec tant de courtoisie. Mais il est fort probable que la conduite outrageuse des Juifs a opéré en faveur de Paul dans l’esprit du chiliarque. Ainsi non seulement il écoute le jeune homme, mais il le croit sans hésitation et prend immédiatement des mesures pour faire échouer le complot.

La fin du chapitre nous donne un aperçu de l’efficacité du système militaire romain. Le chiliarque agit avec la plus grande rapidité en décidant d’envoyer Paul au gouverneur civil à Césarée. Il veille aussi à ne prendre aucun risque. Il connaissait la fureur vindicative des Juifs lorsque des affaires touchant leur religion étaient en jeu. Il ne commet ainsi pas l’erreur de sous-estimer le danger. La troupe qui prend Paul en charge devait pratiquement compter cinq cents hommes, une proportion de douze soldats pour un assassin présumé. Le prisonnier est traité avec tous les égards, puisque même des montures sont mises à sa disposition.

 

24                  Chapitre 24

La lettre écrite par Claude Lysias est un document tout à fait caractéristique dans lequel il présente ce qu’il a fait sous la lumière la plus favorable ; mais d’un autre côté elle blanchit totalement Paul de tout mal condamnable ou digne de mort. La seule faute dont il est accusé est « touchant des questions de leur loi ». Ainsi, le premier dignitaire romain devant qui il est traduit est vite convaincu que les accusations portées contre lui concernent sa foi et qu’il n’est coupable en rien quant à sa conduite. Dieu a évidemment veillé à ce que cela soit très clairement établi.

C’est ainsi que malgré leur serment d’exécration, les quarante hommes sont empêchés de mener à bien leur complot. Paul était en sécurité sous la protection puissante de Rome ; et le moment venu, il pourrait défendre sa cause dans une atmosphère plus calme et porter le nom de son Maître devant « les nations et les rois », et aussi devant les fils d’Israël, comme cela avait été prédit à Ananias. Mais il doit d’abord comparaître devant le gouverneur Félix.

L’acte d’accusation de Paul laisse transparaître un amer ressentiment et des préjugés. Le fait que non seulement les anciens mais Ananias lui-même, le souverain sacrificateur, aient jugé nécessaire de descendre pour porter plainte contre lui, montre l’importance de ce cas à leurs yeux. Et puis, ils font appel à un avocat qui, à en juger par son nom, était romain et non pas juif. Ils pensaient sans doute que Tertulle saurait mieux qu’eux comment s’adresser à des Romains et serait plus à même d’obtenir une condamnation. En effet, Tertulle sait s’y prendre et commence par d’abondantes flatteries: ce que l’histoire nous rapporte de l’administration de Félix dément absolument ses paroles. Ensuite il dresse une quadruple accusation contre Paul. Les quatre charges sont vagues, surtout les deux premières: «cet homme est une peste», et «il excite des séditions». Il préfère les accusations vagues, sachant qu’elles sont souvent beaucoup plus difficiles à réfuter que celles qui sont claires.

La troisième et la quatrième accusations sont un peu plus précises. La quatrième: «il a même tenté de profaner le temple» est fausse; le chapitre précédent l’a montré. La troisième est la seule à présenter quelque apparence de vérité. Il s’était manifesté comme meneur parmi les chrétiens, connus par les Juifs comme la secte des Nazaréens. Ils étaient effectivement des disciples du Nazaréen méprisé, mais ils ne constituaient pas à proprement parler une simple nouvelle secte parmi les Juifs. Le livre des Actes a été écrit pour prouver qu’ils n’étaient pas cela, mais plutôt quelque chose de tout à fait nouveau. Le monde ne comprendra jamais une oeuvre authentique de Dieu.

Tertulle s’arrange à présenter la démarche de Lysias sous une lumière défavorable, puisqu’il avait déjoué la violence des Juifs; et les Juifs soutiennent les affirmations de leur avocat. Ils fournissent la substance et se servent comme instruments des Gentils, comme ils l’ont fait dans le cas du Seigneur.

La réponse de Paul est en contraste absolu avec la harangue de Tertulle. Il reconnaît que Félix avait plusieurs années d’expérience en tant que juge parmi les Juifs, mais s’abstient de toute flatterie. Il évite les déclarations vagues, nie explicitement avoir été impliqué dans des disputes ou des émeutes, et fait remarquer qu’il ne s’est pas passé plus de douze jours depuis son arrivée à Jérusalem. Il montre que si ses adversaires ont prononcé de nombreuses accusations, ils n’ont fourni aucune preuve et qu’ils seraient bien incapables de le faire. Puis par une confession simple et claire de ce qui l’avait caractérisé et de ce qui, en fait, était à la base de leur hostilité, il fait ressortir le fondement de l’évangile qu’il prêchait. Pour eux, c’est une hérésie, mais c’est le fondement même de la vérité.

Paul proclame ainsi avec habileté sa foi dans tout ce qui a été écrit dans l’Ancien Testament et montre que toutes les espérances chrétiennes sont basées sur la résurrection, qui a été prouvée en Christ. Et il est tout aussi certain qu’il y aura une résurrection pour les injustes. C’était évidemment une flèche décochée à la conscience de Félix et de tous les auditeurs présents. Personne ne pourra rester au fond du sépulcre pour échapper à la main puissante de Dieu en jugement.

Après avoir exprimé sa foi dans les Écritures et dans la résurrection, Paul affirme que sa conduite a été conforme à ce qu’il croit. Sa conscience est sans reproche ; il n’est monté à Jérusalem que pour remplir une mission de grâce ; et dans le temple, il s’était comporté d’une manière parfaitement ordonnée et correcte. C’étaient les Juifs d’Asie qui étaient à l’origine de l’émeute, et non pas lui ; et maintenant qu’ils avaient l’occasion de présenter leurs accusations contre lui, ils n’étaient pas venus pour le faire.

Pourtant il y avait là des Juifs qui l’avaient vu comparaître devant le sanhédrin ; et Paul savait que ceux-ci n’avaient rien à lui reprocher, sinon sa foi en la résurrection. Il était bien conscient que c’était le parti des sadducéens qui s’acharnait tellement contre lui et l’accusait ; aussi prend-il soin d’établir très clairement devant Félix que le vrai enjeu était sa foi dans la résurrection des morts, résurrection attestée par celle de Christ. Il se peut aussi que Paul ait voulu reconnaître que le cri qu’il avait fait monter devant le sanhédrin n’était pas dépourvu de tout blâme.

Le verset 24 nous apprend que Félix avait une femme juive ; il était par conséquent bien informé et réalise tout de suite que Paul n’avait rien fait de mal. Il ajourne la cour, sous prétexte d’attendre le chiliarque Lysias ; ainsi une nouvelle fois les accusateurs sont frustrés, d’autant plus que, comme nos cours de justice l’exprimeraient, l’ajournement est sine die. En attendant, Paul se voit accorder une mesure de liberté extraordinaire, dans laquelle nous pouvons encore discerner la main de Dieu.

Le récit ne nous montre pas que Lysias soit venu ; en revanche nous voyons Félix et sa femme Drusille convoquer Paul pour une audience privée au cours de laquelle il rend témoignage de la foi en Christ. C’était une occasion exceptionnelle et Paul, connaissant le caractère faible et pervers du gouverneur, met l’accent sur la justice, la tempérance et le jugement à venir. Les versets 16 et 17 de Romains 1 nous montrent très clairement que la justice peut être considérée comme étant un résumé du message de l’évangile. La tempérance ou le contrôle de soi est le résultat produit dans la vie de celui qui le reçoit ; et le jugement à venir est ce qui attend ceux qui le refusent. Ainsi, malgré l’extrême brièveté du rapport qui nous a été conservé du discours de Paul, les trois expressions employées couvrent les faits saillants de l’évangile.

Le message est très puissant et fait trembler Félix ; celui-ci remet pourtant la décision à ce « moment convenable » qui, si souvent, ne se présente jamais. C’est bien ce qui arriva. Deux années se sont écoulées avant que Festus succède à Félix et pendant cette période ils se sont souvent rencontrés, mais rien ne se passe et Félix laisse Paul prisonnier pour gagner la faveur des Juifs. Le véritable obstacle dans le cœur de Félix était son amour de l’argent. Ce cas illustre d’une manière frappante que l’Esprit peut agir avec puissance sur un homme par l’évangile depuis l’extérieur, mais qu’un travail dans le cœur et la conscience à l’intérieur peut être étouffé par l’activité d’une convoitise, tel l’amour de l’argent. Une vraie conversion a lieu lorsque l’œuvre de l’Esprit depuis l’extérieur est accompagnée et reçue par l’œuvre de l’Esprit à l’intérieur.

 

25                  Chapitre 25

Festus arrive et monte trois jours après à Jérusalem. L’hostilité contre Paul est si forte que le souverain sacrificateur et les principaux d’entre les Juifs l’accusent aussitôt et demandent à Festus de faire venir Paul à Jérusalem. Malgré les années qui se sont écoulées, ils sont toujours prêts à accomplir leur serment et à exécuter leur vengeance. Telle est la rancœur religieuse ! Mais Festus refuse et une nouvelle fois les accusateurs de Paul doivent descendre à Césarée. Cette seconde comparution est pratiquement la répétition de la première, comme le montrent les versets 7 et 8. Paul a simplement à rejeter de nombreuses accusations non prouvées. Or le chapitre suivant nous apprend que Festus n’était pas familier avec les coutumes des Juifs. Mais sachant qu’ils étaient un peuple difficile à tenir, il veut gagner leur faveur et suggère que Paul soit envoyé à Jérusalem pour le jugement final.

Nous pouvons discerner la main de Dieu dans ce changement subit de la part de Festus. Au cours de la nuit qui avait suivi l’émeute dans le sanhédrin, le Seigneur était apparu à Paul et lui avait dit qu’il fallait qu’il rende témoignage à Rome ; maintenant il dirige les circonstances de manière à ce que cela se réalise. La suggestion de Festus amène Paul à en appeler à César, un privilège qui lui appartenait en tant que citoyen romain. Paul était conscient que le transfert proposé équivalait à le livrer entre les mains de ses ennemis ; et pourtant Festus savait très bien qu’il n’avait rien fait de mal. Si, pour apaiser les Juifs, Festus commençait à céder à leurs réclamations, il finirait par tout lâcher. L’appel de Paul règle la question. Comme il a fait appel à César, il doit aller à Rome. C’est la troisième occasion où nous voyons Paul revendiquer sa citoyenneté romaine et ici, bien évidemment, cela devait servir à l’accomplissement du propos de Dieu.

La venue d’Agrippa et de Bérénice pour saluer Festus donne à Paul une troisième occasion de rendre témoignage devant des gouverneurs et des rois ; et cette fois nous voyons beaucoup mieux la puissance avec laquelle il présentait la vérité. Même devant Festus précédemment, il n’avait pas omis de mentionner ce qui était au cœur de toute l’affaire ; car lorsque Festus parle à Agrippa de son cas, il déclare que l’objet de la controverse était « un certain Jésus mort, que Paul affirmait être vivant ». Cela montre qu’il avait compris le fait central de l’évangile, bien qu’il ait été un païen n’ayant pas la véritable connaissance. La mort et la résurrection de Christ sont à la base de toute bénédiction, ainsi que la pleine déclaration de l’amour de Dieu. Nous en connaissons quelque chose, alors que lui n’en savait rien. Et pourtant Paul en avait parlé clairement.

Les paroles que Festus adresse à Agrippa, après la convocation de la cour, montrent bien que, pour lui, tout cela demeurait un mystère ; et pourtant il avait compris de quoi il s’agissait. Paul est alors amené et l’audience commence. Festus n’avait rien de certain à écrire à son supérieur, l’empereur à Rome. Il espérait qu’Agrippa, plus familier avec la religion juive, serait capable de l’aider à mieux comprendre ce qui était en jeu, et saurait ce qu’il convenait de dire.

 

26                  Chapitre 26

Cette fois, il n’y a pas de longs préliminaires. Agrippa accorde immédiatement la permission à Paul de parler pour lui-même. Paul peut alors se dispenser de tous les détails d’une défense et en venir directement au message que Dieu lui avait confié, après avoir reconnu qu’Agrippa était expert en la matière, et l’avoir prié de l’écouter avec patience.

Il commence par établir qu’il avait été élevé selon la forme la plus stricte du judaïsme, parmi les pharisiens. Ce dont il était accusé maintenant était en relation avec l’espérance qui avait soutenu Israël depuis les jours où Dieu avait donné sa promesse. Les Juifs gardaient toujours cette espérance, mais Paul soutenait qu’elle avait eu un accomplissement en Christ, et en particulier dans sa résurrection. Ainsi dès le début de son apologie, il donne la première place à la résurrection, celle-ci étant le principal objet du débat. Mais la résurrection dépasse les pensées des hommes, qu’ils soient juifs ou païens ; d’où sa question : « Pourquoi, parmi vous, juge-t-on incroyable que Dieu ressuscite des morts ? » Ce serait tout à fait incroyable s’il s’agissait simplement des hommes ; introduisez Dieu — le Dieu vivant et vrai — et le contraire est incroyable.

Dans ce troisième récit de sa conversion, nous voyons l’apôtre mettre l’accent principalement sur l’opposition obstinée et féroce qui l’avait caractérisé au début. Il était certes « un blasphémateur, et un persécuteur, et un outrageux », comme il le dit à Timothée ; il a été jusqu’à être « transporté de fureur » contre les disciples, et il les persécutait même jusque dans les villes étrangères. Il agissait ainsi, car il était persuadé « qu’il fallait faire beaucoup contre le nom de Jésus le Nazaréen ». C’est en plein midi, alors que le soleil brille de son éclat le plus vif, qu’il fut arrêté sur la route de Damas par une lumière plus éclatante que le soleil et qu’il entendit la voix du Seigneur. La lumière non créée éclipse la lumière créée.

Plusieurs détails intéressants qui n’ont pas été mentionnés dans les récits précédents sont relevés ici. La lumière du ciel fait tomber à terre dans la poussière, non pas seulement Paul, mais tout le groupe. Et puis la voix s’exprime en langue hébraïque. C’est remarquable, car nous avons vu auparavant que les compagnons de Paul, bien qu’ils aient entendu la voix, ne l’avaient pas comprise. C’était dans leur propre langue, et pourtant ils ne comprennent pas. Ils ont été touchés physiquement, mais seul Paul l’a été spirituellement. L’élément essentiel d’une conversion réside non pas dans de grandes visions ou des sons mystérieux, mais dans l’opération vivifiante du Saint Esprit. Jésus n’a été manifesté qu’à Paul, et cela d’une manière telle qu’il le reconnaît comme son Seigneur.

Une fois qu’il eut confessé Jésus comme son Seigneur, il lui fut clairement dit ce qu’il devait faire pour son salut personnel. Les récits précédents nous l’ont appris. Ici seulement nous voyons qu’à ce même moment, le Seigneur lui avait dit tout aussi clairement qu’il l’avait choisi pour faire de lui le serviteur de Sa volonté d’une manière très particulière. Il devait être témoin auprès de tous de ce qui venait de lui être révélé, et d’autres choses qui lui seraient communiquées par le Seigneur. Nous ne trouvons qu’ici le mandat que le Seigneur lui a confié dès le début, et les termes de ce mandat. Ils sont très remarquables et expliquent pleinement la carrière extraordinaire qui a été placée devant nous dans les chapitres précédents.

Selon le propos du Seigneur, il devait être « délivré » ou « retiré » du milieu du peuple et des nations ; c’est-à-dire qu’il devait être séparé à la fois de son propre peuple, les Juifs, et des Gentils, de manière à avoir une place distincte de l’un et des autres. On a souvent dit que les paroles du Seigneur : « Je suis Jésus que tu persécutes » étaient la première mention des saints comme étant Son corps. On nous permettra peut-être d’ajouter que ces paroles sont la première allusion à la place distincte de l’Église, appelée tant d’entre les Juifs que d’entre les Gentils. Paul a commencé par être mis lui-même dans la position où seraient amenés tous ceux qui recevraient l’évangile qu’il était appelé à annoncer.

Mais la fin du verset 17 montre que c’est vers les nations qu’il était spécialement envoyé. Comme nous l’avons relevé plus haut, il a été en bénédiction à de nombreux Juifs tant qu’il a rempli son mandat dans le monde des nations ; ce n’est que quand il s’est détourné de cette mission pour s’adresser à ses frères juifs en particulier qu’il a échoué. Quel avertissement pour nous : notre Maître doit avoir la première place et notre sagesse doit se ranger à son plan pour notre vie et notre service. C’est vers les Gentils qu’il devait aller, « pour ouvrir leurs yeux ».

C’était un tournant dans les voies de Dieu, car jusque-là ils avaient été laissés à eux-mêmes. Ils avaient été dans les ténèbres et l’ignorance, mais maintenant leurs yeux devaient être ouverts.

S’ils avaient effectivement les yeux ouverts par les travaux de Paul, ils se tourneraient des ténèbres et du pouvoir de Satan à la lumière et à Dieu. C’est ce que nous entendons par conversion. Elle doit nécessairement inclure la conviction de péché, car personne ne peut venir dans la lumière de Dieu sans que cette conviction soit produite en lui. La réception du pardon résulte alors de ce « tournant ». Nous pouvons nous réjouir dans le pardon de Dieu et plus encore, nous recevons un héritage que nous partageons avec tous ceux qui sont mis à part pour Dieu. Le pardon est la bénédiction négative de l’évangile, si nous pouvons nous exprimer ainsi, et l’héritage, la bénédiction positive. Le pardon est une perte plutôt qu’un gain : la perte de nos péchés, de la satisfaction en eux, mais aussi du châtiment qu’ils encourent. L’héritage, c’est ce que nous gagnons.

Et tout cela est « par la foi en Moi ». Nous voyons ici comment on parvient à la bénédiction. Non pas par des œuvres, mais par la foi ; et Christ est l’Objet de cette foi. La valeur n’est pas dans la foi, mais dans l’Objet en qui la foi repose. Ainsi dès le moment même de sa conversion, la marche et le ministère à venir de Paul avaient été tracés pour lui ; et une révélation du Seigneur lui avait donné le message qu’il devait annoncer. Ainsi nous avons dans le verset 18 un résumé complet des bénédictions que l’évangile apporte à celui qui le reçoit par la foi. Les yeux de son cœur et de son esprit sont ouverts à la vérité ; il est amené des ténèbres à la lumière, et de la puissance de Satan à Dieu ; ses péchés sont pardonnés et il le sait ; il a une part à l’héritage commun à ceux qui comme lui sont mis à part pour Dieu.

Après avoir reçu ces instructions, Paul avait rempli fidèlement son mandat. Commençant par l’endroit où il se trouvait, puis sortant vers les nations, partout il avait montré aux hommes comment il fallait répondre à l’évangile. Ils devaient se repentir ; ils devaient se tourner vers Dieu ; ils devaient faire des œuvres convenables à la repentance qu’ils professaient. La repentance implique cette introduction dans la lumière qui nous rend capables de voir et de juger notre état de péché, et ensuite de le confesser devant Dieu. Or plus nous sommes conscients de notre péché, moins nous avons confiance en nous-mêmes ; et moins nous avons confiance en nous-mêmes, plus nous apprenons à nous confier en Dieu ; par conséquent, pour nous tourner vers Dieu, il faut d’abord nous détourner de nous-mêmes. Tout ceci est un exercice profond d’esprit et de cœur, de nature plus ou moins secrète, mais s’il est réel, il ne tardera pas à produire les actes et les œuvres qui conviennent. Si ces « œuvres convenables à la repentance » font défaut, nous pouvons être certains que la repentance professée n’est pas réelle. Paul insiste sur ces trois points ; il savait évidemment qu’ils ne sont pas seulement la voie tracée par Dieu pour recevoir les bénédictions de l’évangile, mais qu’ils sont produits par l’évangile quand il est reçu par la foi.

Or c’est précisément cela qui avait suscité une telle animosité de la part des Juifs, car si c’était là le moyen d’entrer dans la faveur de Dieu, les Gentils y avaient accès aussi bien que les Juifs. Mais il montre très clairement à Agrippa que la base de ce qu’il avait prêché était ce qui avait été annoncé par Moïse et les prophètes. Il proclamait les souffrances de Christ, sa résurrection et le fait que, comme Ressuscité, Il apporterait la lumière de Dieu à toute l’humanité : non seulement aux Juifs, mais aussi aux Gentils. Avec quelle clarté le chapitre 49 d’Ésaïe n’établit-il pas ce dernier point, tout comme le chapitre 53 prédit la mort et la résurrection de Christ !

Puis au verset 23, un témoignage éclatant est rendu devant Agrippa, Festus et tous ceux qui sont présents, aux faits glorieux qui sont à la base de l’évangile. Nous pouvons dire en effet que primordialement la prédication de l’évangile est la déclaration de ces faits. Donnons-leur donc la première place lorsque nous annonçons l’évangile ; c’est aussi important aujourd’hui qu’aux jours de Paul. Ensuite, comme nous l’avons vu, le verset 18 indique les bénédictions que l’évangile apporte ; et le verset 20, la manière selon laquelle les bénédictions de l’évangile sont reçues.

Pour le Romain, un païen, la notion de la résurrection était tout simplement incroyable — Paul d’ailleurs en était conscient, comme le montre le début de son discours ; aussi la mention de Christ ressuscité d’entre les morts arrache-t-elle une puissante exclamation à Festus. Combien souvent au cours des siècles n’a-t-on pas accusé les chrétiens de folie ! Nous trouvons ici pour la première fois cette insulte dans la bouche d’un homme du monde. Et pourtant ce n’était pas une vulgaire injure, car Festus était un Romain éduqué. Il attribue la « folie » de Paul à un excès d’étude et de savoir. Mais il ne le tient pas moins pour fou !

La réponse de Paul est émouvante par sa simplicité et sa dignité. Il s’adresse à Festus de la manière qui convient à son rang élevé, puis affirme qu’au contraire il a prononcé « des paroles de vérité et de sens rassis ». Pour Festus ce n’étaient que les élucubrations d’un esprit dérangé, car les dieux qu’il vénérait n’avaient pas de puissance au-delà de la tombe. L’homme faible peut tuer et faire descendre dans le sépulcre — c’est chose facile ; ce n’est que du Dieu vivant qu’il peut être dit : « L’Éternel fait mourir et fait vivre ; il fait descendre au shéol et en fait monter » (1 Sam. 2:6). Efforçons-nous tous d’annoncer l’évangile de telle manière que nos auditeurs puissent reconnaître que nous annonçons des paroles de sobre vérité.

Après avoir répondu à Festus, Paul adresse un appel à Agrippa, qui prétendait croire aux écrits prophétiques et devait donc savoir qu’ils prédisaient effectivement ce que lui, Paul, annonçait. L’appel atteint son but. Il est à craindre, hélas ! que la réponse d’Agrippa n’est pas la confession qu’il était presque convaincu de la vérité de l’évangile, mais plutôt une tentative de rejeter l’effet de l’appel sous le couvert d’une plaisanterie. En effet il dit : « Tu me persuaderas bientôt d’être chrétien ». Ses paroles montrent clairement que le terme « chrétien », attribué pour la première fois à Antioche, était maintenant employé couramment. Il décrivait d’une façon très précise les disciples.

L’élévation morale qui se dégage de la réplique de Paul est très remarquable. Un pauvre prisonnier au milieu de toute la pompe et la magnificence d’une cour souhaite à ses juges de devenir de toutes manières tel qu’il est, hormis ses liens! Les anges qui contemplaient cette scène ont vu un héritier de la gloire éternelle et céleste comparaître devant les misérables de la terre faisant parade pour un bref moment de toute leur prétention. Paul savait cela, comme il savait aussi que pour personne il n’y avait rien de mieux que d’être réellement et complètement tel qu’il était.

Ces paroles mettent un point final à l’audience. Paul a eu le dernier mot; et nous pouvons nous réjouir en constatant comment, rempli de l’Esprit Saint, il se trouve au plein niveau du grand appel qui lui avait été adressé — l’appel qui nous est adressé à nous aussi.

Une fois encore, son innocence est proclamée par l’autorité compétente. S’il n’en avait pas appelé à César, il aurait été libre.

 

27                  Chapitre 27

Alors qu’il était à Éphèse, Paul s’était proposé dans son esprit d’aller voir Rome aussi, et il l’avait dit (chap. 19:21), mais plus important encore, c’était la volonté du Seigneur pour lui : « Il faut que tu rendes témoignage aussi à Rome » (chap. 23:11). Nous venons de voir comment Dieu est intervenu derrière la scène pour que la décision soit prise de faire voile pour l’Italie. Ici de nouveau Luc emploie le pronom « nous », indiquant qu’il est une fois encore au nombre des compagnons de Paul pour ce voyage qui allait être si désastreux, mais qui devait se terminer d’une manière si miraculeuse.

En entendant Agrippa dire que sans cet appel, il aurait pu être relâché, Paul, s’il s’était arrêté aux causes secondaires, aurait pu regretter amèrement d’en avoir appelé à César. Si l’on regarde à Dieu, tout est clair ; et Paul et quelques autres prisonniers commencent leur voyage. Mais bien que ce déplacement ait été selon la pensée de Dieu, cela ne signifie pas pour autant que tout se soit passé facilement et sans heurts. Au contraire, nous voyons dès le début que « les vents étaient contraires » (v. 4). Le fait que les circonstances sont contre nous n’est pas une preuve que nous ne marchons pas selon la volonté de Dieu ; et les circonstances favorables ne veulent pas non plus dire que nous sommes dans le chemin de Sa volonté. Nous ne pouvons pas nous appuyer sur les circonstances pour dire avec certitude quelle est ou quelle n’est pas la volonté de Dieu pour nous.

Les éléments restent contraires et la navigation est laborieuse, « le vent ne nous permettant pas d’avancer » (v. 7) ; la mauvaise saison de l’année était arrivée, et les voyageurs avaient l’habitude de s’arrêter dans les ports hospitaliers. Ils arrivent en un lieu appelé Beaux-Ports, qui en dépit de son nom n’était pas un endroit clément ; et là les opinions divergent. Le patron du navire désire atteindre Phénice, tandis que Paul les avertit qu’ils vont au-devant de revers et de dommage, non seulement pour le navire et son chargement, mais aussi quant à leurs vies. Le centurion romain, responsable des prisonniers, doit décider et, après avoir entendu la voix de la sagesse humaine et de l’expérience nautique d’une part, et celle de l’intelligence spirituelle d’autre part, il tranche en faveur de l’avis du patron du navire.

Sans doute, tout le monde serait parvenu à la même conclusion que le centurion. Et lorsque le vent tourne et se met à souffler doucement du midi, il semble que Dieu cautionne cette décision. Mais de nouveau, nous voyons que les circonstances ne sont pas un guide fiable. Car s’ils lèvent l’ancre, ce n’est que pour être pris dans un vent orageux, le redouté Euroclydon, qui contrecarre tous leurs plans. Ils ont agi par la vue et non par la foi, et il en résulte un désastre. Ils prennent toutes les mesures possibles pour travailler à leur propre salut, mais en vain, de sorte que finalement tout espoir d’être sauvés leur est ôté. Ce récit peut bien être pris comme une sorte d’allégorie, représentant les luttes de l’âme pour la délivrance de la culpabilité ou de la puissance du péché. Tout est inutile jusqu’à ce que Dieu intervienne, d’abord par Sa parole communiquée par Paul, puis par Sa puissance lors du naufrage.

Les navigateurs sont presque morts de faim et tout à fait désespérés quand l’ange de Dieu apparaît à Paul. Une quinzaine de jours se sont écoulés depuis le début de la tempête, et jusque-là Paul n’a pas parlé avec autorité. Mais maintenant, il a reçu un message de Dieu, lui disant qu’il devait comparaître devant César, et que lui et tous ceux qui naviguaient avec lui seraient sauvés. Puisque Dieu a parlé, Paul peut s’exprimer avec autorité et avec l’assurance la plus complète. Après deux semaines de luttes sur une mer démontée, tous ces hommes devaient être déprimés et dans un état d’esprit lamentable. Mais qu’est-ce que les sentiments ont affaire ici ? Dieu avait parlé et par son attitude, Paul proclame : « Je crois Dieu », en dépit de tous les sentiments du monde.

Dans la situation du moment, toutes les apparences aussi étaient contre le message de l’ange. Qu’un petit navire, avec 276 personnes à bord, fasse naufrage et soit détruit, à une époque où les bateaux de sauvetage bienvenus n’existaient pas, et que néanmoins chacun des 276 passagers soit sauvé, paraît incroyable au point d’être déclaré impossible. Mais Dieu a parlé, et Paul fait fi de l’impossibilité ; il peut dire « Cela sera ». En outre sa foi est telle que non seulement il parle dans son cœur, mais qu’il rend témoignage à haute voix devant les 275 autres occupants du navire. Les paroles exactes qu’il prononce sont les suivantes : « La chose arrivera comme il m’a été dit ». Leur délivrance n’avait pas encore eu lieu, mais pour lui, elle était aussi sûre que si elle s’était déjà produite.

On a défini la foi d’une manière très simple : c’est « croire ce que Dieu dit, parce que Dieu le dit », et les paroles de Paul : « Je crois Dieu » le vérifient. Dans le cas présent, les sentiments, la raison, l’expérience, les apparences, tout s’opposait à la déclaration divine, mais la foi accepte ce que Dieu dit, en dépit de toutes les contradictions. La foi dans notre cœur emploie le même langage. Le témoignage de Dieu à notre égard a affaire avec un objet infiniment plus grand qu’un salut seulement temporel ; et il nous est communiqué non par la bouche d’un ange, mais par les saints écrits inspirés qui sont maintenant à notre disposition dans notre propre langue ; à nous de les recevoir de la manière qui convient. Nous croyons simplement Dieu et scellons par là que Dieu est vrai.

Les versets 34 à 36 montrent que l’attitude et les actions de Paul sont en accord avec sa courageuse déclaration de foi. Nous le voyons ainsi mettre en pratique ce sur quoi Jacques met si fortement l’accent dans son épître, savoir que la foi, si elle est vivante, doit s’exprimer par des œuvres. Si, après avoir proclamé sa foi, il était resté déprimé et abattu comme les autres, personne n’aurait prêté beaucoup d’attention à ses paroles. Au contraire, après avoir donné un message de réconfort, il est lui-même très évidemment plein de courage. Il rend grâces à Dieu, il mange et exhorte ses compagnons à faire de même. Ses œuvres confirment la réalité de sa foi et les autres en sont impressionnés. Eux aussi prennent courage et mangent. Les circonstances n’ont pas encore changé, mais eux sont transformés par la confiance de la foi qui remplit leurs cœurs ; elle leur a donné « l’assurance des choses qu’on espère, et la conviction de celles qu’on ne voit pas » (Héb. 11:1). Tout cet épisode illustre d’une manière très belle ce que la foi est et comment elle agit.

Nous voyons aussi de quelle façon la foi est justifiée. Dieu est fidèle à sa parole et tous sont sauvés. Sa promesse s’est réalisée littéralement et exactement et non pas, comme cela arrive si souvent parmi les hommes, d’une façon approximative et avec une précision plus ou moins grande. Nous pouvons le prendre au mot, avec une certitude absolue. Cependant cela ne signifie pas qu’il nous faille être fatalistes et ignorer les mesures de prudence élémentaires. Ce point est aussi illustré dans notre récit. Paul a annoncé que tous seraient sauvés, mais il ne permet pas aux matelots de s’enfuir du navire : leur présence était nécessaire ; et plus tard, lorsqu’ils eurent tous pris suffisamment de nourriture, ils allègent encore davantage le navire en jetant le froment dans la mer. Ils ne restent pas sans rien faire, les bras croisés, comme le fatalisme le réclamerait, mais ils prennent les mesures de prudence qui conviennent, tout en se confiant dans la parole de Dieu. La fin est miraculeuse. Tous sont sauvés, d’une manière ou d’une autre.

 

28                  Chapitre 28

Nous voyons encore la main de Dieu étendue sur Paul et sur ses compagnons, après leur arrivée sur l’île de Malte. Bien que les habitants soient des « barbares » aux yeux des Romains, ils usent d’une bonté exceptionnelle à l’égard des naufragés ; ils sont bientôt amenés à découvrir, par la tournure que prennent les circonstances, que l’un des nouveaux venus n’est pas une personne ordinaire. Paul travaille activement, faisant ce qu’il peut pour se rendre utile, lorsqu’une vipère s’attache à sa main. Les indigènes, superstitieux, interprètent à leur manière l’incident, mais constatant que le résultat attendu ne se produit pas, ils changent d’avis et optent pour la solution opposée. Les conclusions de la superstition ne sont jamais bonnes. Pour Paul, c’était sans doute un bien petit désagrément, en comparaison de tout ce qu’il avait traversé : il en dresse la liste en 2 Corinthiens 11:23-28. Et l’énumération n’était pas complète au moment où il écrivait. Il n’avait, par exemple, pas encore vécu le naufrage dont il est parlé dans notre chapitre. Mais il en avait déjà connu trois auparavant. Il n’y a sans doute pas beaucoup de personnes qui ont survécu à quatre naufrages, même parmi les matelots expérimentés, et Paul n’en était pas un.

Le chef de l’île manifeste de l’intérêt et de la bonté pour les naufragés et leurs besoins ; et Paul peut le récompenser en priant pour son père et en le guérissant. Nous ne voyons pas Paul rendre témoignage, mais par sa prière, tous sont amenés à reconnaître que la puissance en guérison qu’il détient ne lui appartient pas : elle est liée à Dieu. Constatant que la puissance de Dieu est au milieu d’eux, les indigènes n’hésitent pas longtemps à la rechercher pour leurs corps ; et la cherchant, ils la trouvent. Dans la providence de Dieu, après les quinze jours de terrible épreuve, ils connaissent ainsi une période de réconfort pour eux, et même d’honneurs, une période qui dure trois mois. L’apôtre a écrit : « Je sais être abaissé, je sais aussi être dans l’abondance » (Phil. 4:12). Ces trois mois furent un temps d’abondance.

On peut dire la même chose de la fin de leur voyage, lorsqu’ils le poursuivent. Tout se passe favorablement ; à leur arrivée à Pouzzoles, ils trouvent des frères qui prient Paul de demeurer avec eux une semaine, il en résulte une heureuse visite. Il est clair que le centurion responsable a maintenant appris à connaître ses prisonniers ; et il est disposé à accorder à Paul une liberté remarquable. Pendant le reste du trajet sur terre, des frères, ayant entendu dire qu’il arrivait, viennent à sa rencontre ; c’est un grand encouragement pour Paul. Il était un homme spirituel, en communion étroite avec Dieu et dépendant de Lui, mais malgré cela, il ne néglige pas de rendre grâces à Dieu ; et l’amour et la communion de saints, dont la stature spirituelle était probablement de beaucoup inférieure à la sienne, lui font prendre courage. C’est frappant et très encourageant pour nous. Veillons à ne pas mépriser, et à ne pas sous-estimer non plus, la valeur de la communion des saints.

Ainsi Paul arrive à Rome. Ses circonstances sont très différentes de celles qu’il s’était imaginées lorsqu’il avait écrit à l’avance ce qu’il se proposait de faire (voir Rom. 15:22-32), mais par la volonté de Dieu, il est venu avec une certaine mesure de joie, et a connu « la plénitude de la bénédiction de Christ ». La main de Dieu repose encore sur lui, car bien que prisonnier, il lui est accordé d’être dans son propre logement, sous garde, et cela lui donne de la liberté pour servir et rendre témoignage.

Trois jours seulement après son arrivée, il peut convoquer ceux qui étaient les principaux de la colonie juive à Rome et leur parler un peu de son cas. Il dit clairement qu’il ne veut pas porter d’accusation contre sa nation, mais que son seul crime aux yeux des Juifs est en rapport avec « l’espérance d’Israël » ; c’est-à-dire le Messie promis depuis longtemps. Les Juifs de leur côté avouent ignorer tout de ce qui le concerne, mais connaître le Christ que Paul prêche. Pour eux, être chrétien signifie appartenir à une « secte... que partout on... contredit ». Remarquons le partout ; pas seulement parmi les Juifs, mais aussi parmi les Gentils. Le vrai christianisme n’a jamais été populaire et il ne le sera jamais. Il atteint trop profondément les fibres de la nature humaine.

Ils déclarent pourtant vouloir entendre ce que Paul désire leur dire ; et un jour ayant été fixé, plusieurs viennent. Pendant une journée entière, il leur expose la vérité, rend témoignage et cherche à les persuader. Son sujet est le royaume de Dieu et Jésus, celui qui est le centre et le fondement de ce royaume ; et tout ce qu’il expose est fondé sur la loi de Moïse et les prophètes, car ils en avaient parlé en type et l’avaient annoncé. Relevons les trois verbes employés ici.

D’abord il expose les saintes Écritures, montrant ce qu’elles ont à dire et révélant leur puissance. Puis il rend témoignage de Jésus : il leur parle sans doute de ce que lui-même savait personnellement de Sa gloire dans le ciel, et leur montre l’exactitude avec laquelle Il avait accompli tout ce que les Écritures avaient annoncé concernant Sa venue dans l’humiliation. Enfin il cherche à persuader ses auditeurs que tout ce qu’il a dit est la vérité. Paul ne leur annonce pas un évangile « à prendre ou à laisser », comme on l’entend dire ; il laboure avec amour et zèle pour toucher les cœurs de ceux qui l’écoutent, et obtenir d’eux une réponse de foi. Veillons à l’imiter en cela, car souvenons-nous que si seule l’opération du Saint Esprit dans le cœur des hommes est effective, souvent l’Esprit se plaît à utiliser la persuasion des serviteurs de Dieu remplis d’amour et de zèle.

C’est ce qui se produisit. Nous voyons ici que si certains ne crurent pas, d’autres « furent persuadés par les choses qu’il disait ». Il en est presque toujours ainsi lorsque la Parole est annoncée. Ce n’est que dans le livre des Actes, lorsque Pierre prêcha à Corneille, que nous voyons tout le monde se convertir ; mais ce n’est pas habituel, car dans le temps actuel Dieu appelle des élus tant d’entre les Juifs que d’entre les Gentils.

Avant que les Juifs incrédules partent, Paul leur adresse une dernière parole : il leur rappelle le passage d’Ésaïe 6, cité par le Seigneur lui-même en Matthieu 13, et par Jean dans le chapitre 12 de son évangile. Ce triste et terrible processus d’endurcissement et de mort spirituelle avait commencé déjà du temps d’Ésaïe, quelque sept siècles avant Christ. Il était beaucoup plus avancé lorsque Christ était sur la terre ; et maintenant l’étape finale était atteinte. Paul prononce ces paroles réalisant que pendant la période de l’évangile, celle d’Israël comme nation est terminée. En tant que nation, ils sont aveugles et sans intelligence dans les choses de Dieu, mais très engagés quant à celles du monde. Cela n’est évidemment pas en contradiction avec le fait que Dieu appelle encore un résidu selon l’élection de la grâce, comme le dit Romains 11.

Relevons qu’en citant ce passage, Paul dit : « L’Esprit Saint a bien parlé ». Si nous comparons avec Ésaïe 6, nous entendons le prophète dire à l’égard de ce message, en parlant de l’Éternel des armées : « Et j’entendis la voix du Seigneur » ; si nous prenons Jean 12, nous trouvons le commentaire suivant : « Ésaïe dit ces choses parce qu’il vit sa gloire et qu’il parla de lui », et il suffit de lire les versets précédents pour voir que « sa » et « lui » se réfèrent à Jésus. De toute évidence, l’Éternel des armées doit donc être identifié à la fois avec Jésus et avec le Saint Esprit : trois Personnes et cependant un Dieu.

Le verset 28 nous donne les dernières paroles de Paul, d’après le récit des Actes. Elles sont très significatives en ce qu’elles indiquent le point où ce livre nous a conduits. L’apôtre transmet un ultime message de Dieu : savoir qu’en conséquence de l’aveuglement et de la dureté des Juifs, Son salut avait été maintenant envoyé aux Gentils ; et il ajoute : « Eux écouteront ». Cela ne signifie pas que tous le recevront, mais plutôt que, contrairement aux Juifs, il y aura là des oreilles attentives. Grâces à Dieu, cela s’est vérifié au cours des siècles.

Lorsque le Seigneur, s’adressant à la femme syrophénicienne, mentionne les enfants et les chiens, la pauvre femme, comprenant l’allusion, admet n’être qu’un chien d’entre les Gentils, et pourtant elle se réclame de la bonté de Dieu, bonté suffisante pour lui accorder quelques miettes de grâce. Elle a raison : le Seigneur qualifie de grande sa foi et il l’honore en répondant à son désir. Mais ici nous avons quelque chose de plus merveilleux encore. Les enfants ont méprisé et rejeté les bonnes choses qui leur ont été offertes ; et alors non seulement les miettes, mais toute la nourriture est donnée aux chiens. Selon les paroles de Paul en Romains 11, « leur chute est la richesse du monde, et leur diminution, la richesse des nations... leur réjection est la réconciliation du monde ». Cela ne veut pas dire que tout le monde est définitivement réconcilié, mais que Dieu manifeste maintenant sa faveur envers le monde, en offrant son salut à tous les hommes.

Paul est toujours prisonnier, mais il lui est accordé de louer un logement, d’y demeurer et d’y recevoir tous ceux qui désirent le voir. Il a ainsi des occasions de rendre témoignage, et la parole de Dieu n’est pas liée. Pour ce qui en est du livre des Actes, nous laissons Paul ici : il y passe deux ans entiers, prêchant le royaume de Dieu et enseignant les choses qui regardent le Seigneur Jésus Christ, sans empêchement. Dans la providence de Dieu, son jugement est remis à plus tard et ainsi une porte lui est ouverte. Pendant cette période, Onésime s’est converti et d’autres sans doute aussi ; et certaines des épîtres de l’apôtre ont été écrites alors.

L’histoire apostolique se termine avec la fin des Actes des apôtres ; la doctrine apostolique commence avec l’épître aux Romains. Or c’est la doctrine qui nous permet de comprendre la signification de l’histoire ; tandis que celle-ci nous rend capables d’apprécier l’autorité et le poids de la doctrine.