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Réflexions sur l’évangile selon Marc

 

F. B. Hole

 

Les Réflexions sur les évangiles et les Actes de F.B. Hole ont premièrement paru en anglais en 1937-1939 dans le périodique « Edification » et en 1940 à 1944 dans le périodique « Scripture Truth ».

 

 

1     Chapitre 1

2     Chapitre 2

3     Chapitre 3

4     Chapitre 4

5     Chapitre 5

6     Chapitre 6

7     Chapitre 7

8     Chapitre 8

9     Chapitre 9

10      Chapitre 10

11      Chapitre 11

12      Chapitre 12

13      Chapitre 13

14      Chapitre 14

15      Chapitre 15

16      Chapitre 16

 

 

 

1                        Chapitre 1

L’auteur de cet évangile est ce Jean, appelé Marc, dont nous parle Actes 15:37, qui avait manqué dans son service, quand il avait accompagné Paul et Barnabas dans leur premier voyage missionnaire, et qui par la suite était devenu entre eux un sujet de discorde. Il avait d’abord manqué lui-même et puis était devenu aussi une occasion de défaillance pour d’autres plus grands que lui. Triste début dans une carrière où il est plus tard si pleinement restauré qu’il devient un instrument utile au Seigneur, dans ce travail éminent qu’est la rédaction de l’évangile qui présente le Seigneur Jésus comme le parfait serviteur de l’Éternel, le vrai prophète du Seigneur.

Il intitule son livre « évangile », ou « bonne nouvelle » de « Jésus Christ, Fils de Dieu » ; ainsi, dès le début, il ne nous est pas permis d’oublier qui est ce parfait serviteur. Il est le Fils de Dieu, et ce fait est encore souligné par les citations tirées de Malachie et d’Ésaïe aux versets 2 et 3, où celui dont le précurseur devait préparer le chemin est présenté comme étant d’origine divine : l’Éternel lui-même. La mission du messager, de celui qui crie dans le désert, marque le commencement même de l’annonce de la bonne nouvelle qu’apporte le Seigneur.

Ce messager, c’est Jean le baptiseur, et dans les versets 4 à 8, nous avons un bref résumé de sa mission et de son témoignage. Le baptême qu’il prêche est le baptême de repentance, en rémission de péchés, et ceux qui s’y soumettent viennent, confessant leurs péchés. Il leur faut reconnaître qu’en eux il n’y a rien de bon. Et donc, comme cela convient tout à fait, Jean se tient entièrement séparé de cette société qu’il lui faut condamner. Ce dont il est vêtu, ce dont il se nourrit, le lieu où il se tient, allant dans le désert, lui font prendre une place de séparation.

Moïse avait donné la loi ; Élie avait accusé le peuple de s’en être détourné, et l’avait appelé à s’y soumettre à nouveau. Jean, bien qu’il vienne dans l’esprit et la puissance d’Élie, ne les exhorte pas à garder la loi, mais plutôt à confesser honnêtement qu’ils l’ont entièrement enfreinte. Cela les prépare pour la suite de son message concernant celui qui est infiniment plus grand, qui est sur le point de venir et les baptisera du Saint Esprit. Le baptême dont il les baptisera sera beaucoup plus grand que celui de Jean, exactement comme sa personne même est bien au-dessus de lui, Jean. Celui qui peut ainsi répandre l’Esprit Saint ne peut être moins que Dieu lui-même.

Le commencement de l’annonce de la bonne nouvelle dans l’œuvre de Jean étant ainsi décrit, nous sommes ensuite amenés au baptême de Jésus, résumé par les versets 9 à 11. Ici, comme dans tout cet évangile, une brièveté et une concision extrêmes caractérisent le récit. Jésus vient de Nazareth, cet endroit humble et méprisé de la Galilée, et se soumet au baptême de Jean, non pas qu’il ait quoi que ce soit à confesser, mais parce qu’il veut s’identifier avec ces âmes qui, par la repentance, font un pas dans la bonne direction. Alors il convient, avant son entrée dans le ministère public, que soit manifestée l’approbation du ciel sur le parfait Serviteur, de peur que ne soit mal interprétée l’humilité dont il fait preuve en se laissant baptiser. L’Esprit descend sur lui comme une colombe, et la voix du Père se fait entendre, rendant témoignage à sa personne et à sa perfection. Le serviteur du Seigneur est lui-même scellé de l’Esprit Saint, la colombe étant l’emblème de la pureté et de la paix. Étant devenu homme, il faut qu’il reçoive l’Esprit lui-même ; bientôt, dans son élévation, il répandra cet Esprit comme baptême sur d’autres. C’est dans la puissance de cet Esprit qu’il s’avance pour servir. Il faut noter également que, pour la première fois, il y a une révélation claire de la divinité comme Père, Fils et Saint Esprit.

La première action de cet Esprit en ce qui concerne le Seigneur nous est présentée aux versets 12 et 13. S’avançant pour répondre à la volonté de Dieu, il faut qu’il soit mis à l’épreuve, et l’Esprit le pousse à cela. C’est ici que pour la première fois nous trouvons le mot « aussitôt », que nous rencontrons si souvent dans cet évangile. Pour être accompli comme il convient, le service doit être caractérisé par une prompte obéissance ; c’est pourquoi nous voyons notre Seigneur comme celui qui n’a jamais perdu un instant dans le sentier où il a servi.

Il faut qu’il soit mis à l’épreuve avant d’entrer dans son ministère public, et cette épreuve a lieu tout de suite. Lorsque le premier homme est apparu, il a vite été mis à l’épreuve par le diable et il est tombé. Le second homme est là maintenant, et lui aussi doit être également mis à l’épreuve par le diable. Seulement, au lieu d’être dans un beau jardin, il est dans le désert — c’est ce qu’avait fait de son jardin le premier homme. Il est avec des bêtes qui sont sauvages, à cause du péché d’Adam. Il est mis à l’épreuve pendant quarante jours, un temps complet de mise à l’épreuve, et il en sort vainqueur, car à la fin de saints anges le servent.

Aucun détail quant aux différentes tentations n’est mentionné ici, simplement le fait que la tentation a eu lieu, dans quelles conditions, et ce qui en est résulté. Le serviteur du Seigneur est pleinement mis à l’épreuve et sa perfection est rendue manifeste. Il est prêt à servir. Aussi, au verset 14, Jean quitte la scène. L’introduction à l’annonce de l’évangile est finie, et sans autre explication nous pénétrons tout de suite dans un bref récit du merveilleux service accompli par le Seigneur.

Son message est décrit comme étant « l’évangile du royaume de Dieu », et un très court résumé de ce qu’il comporte se trouve au verset 15. Dans l’Ancien Testament, il est parlé du royaume de Dieu, en particulier dans Daniel. Au chapitre 9 de ce livre, une certaine période avait été fixée pour la venue du Messie et l’accomplissement de la prophétie. Le temps était accompli et, en lui, le royaume s’était approché. Il appelle les hommes à se repentir, et à croire à l’évangile. C’est en proclamant cela qu’il vient en Galilée. Pour le moment, il est seul dans ce service.

Mais il ne reste pas seul longtemps. Ici et là son message est reçu, et des rangs de ceux qui croient, il commence à en appeler quelques-uns qui doivent être plus étroitement associés à lui dans son service pour devenir à leur tour « pêcheurs d’hommes ». Lui-même est le grand pêcheur d’hommes, comme cela est montré dans les deux circonstances rapportées aux versets 16 à 20. Il sait qui il veut appeler à son service. Voyant les fils de Zébédée, il les appelle aussitôt, et il est dit des fils de Jonas que lorsqu’il les appela, « aussitôt, ayant quitté leurs filets, ils le suivirent ». Comme grand serviteur de Dieu, Jésus a été prompt à adresser son appel ; comme serviteurs placés sous ses ordres, ils ont été prompts pour obéir.

Il vaut la peine de remarquer que ces quatre hommes qui ont été appelés sont diligents dans leur travail. Pierre et André sont occupés à pêcher, Jacques et Jean ne se prélassent pas pendant leur temps de repos, ils raccommodent les filets.

Au verset 16 nous lisons : « il marchait », mais au verset 21, ils entrent. Les hommes qu’il a appelés sont maintenant avec lui, écoutant ce qu’il dit et voyant ses œuvres de puissance. Entrant dans Capernaüm, il enseigne « aussitôt » le jour de sabbat, et ce qu’il dit porte la marque de l’autorité. Les scribes ne faisaient que répéter les pensées et les opinions d’autres personnes, s’appuyant sur l’autorité des grands rabbins des siècles précédents ; aussi est-ce ce signe d’autorité qui étonne les gens. Elle est si évidente qu’ils la remarquent immédiatement. Il est vraiment ce prophète qui a les paroles de l’Éternel dans la bouche et dont Moïse avait parlé en Deutéronome 18:18-19.

Et non seulement il y a en lui autorité, mais aussi puissance, une vraie force active. Cela se manifeste à la même occasion dans la façon dont il s’occupe de l’homme possédé d’un esprit immonde. Sous la dépendance du démon, l’homme le reconnaît comme étant le Saint de Dieu, tout en le voyant comme celui qui est venu pour détruire. Devant cette provocation, le Seigneur se révèle comme le libérateur et non pas le destructeur. C’est le diable qui est le destructeur, et donc le démon, qui est son serviteur, fait ce qu’il peut dans ce sens en déchirant le pauvre homme avant de sortir de lui. Il ne peut garder son emprise sur sa victime en présence de la puissance du Seigneur.

De nouveau les gens sont saisis d’étonnement. Ils voient l’autorité qui s’exprime dans ce qu’il fait, comme ils l’avaient auparavant sentie dans ce qu’il disait, d’où leur double interrogation : Qu’est-ce que ceci ? Qu’est-ce que cette nouvelle doctrine ? Ces deux choses doivent toujours être maintenues ensemble dans le service de Dieu. Ce que l’on dit doit être étayé par ce que l’on fait. Lorsqu’il n’en est pas ainsi ou que, pire encore, nos œuvres contredisent nos paroles, notre service est faible ou vain.

Dans le cas de Jésus, les deux choses sont parfaites. Son enseignement est plein d’autorité et, avec la même autorité, il exige l’obéissance des démons ; de là vient que sa renommée se répand avec une rapidité qui s’accorde à la promptitude avec laquelle il sert Dieu de façon admirable en faveur de l’homme.

Nous n’en avons pas encore fini avec les activités de cette admirable journée à Capernaüm, car le verset 29 nous dit qu’ayant quitté la synagogue ils entrèrent dans la maison de Simon et d’André. Ils font cela « aussitôt », c’est toujours le même mot caractéristique, indiquant la promptitude. Pas de perte de temps pour notre bien-aimé Maître, pas de perte de temps pour ceux qui le suivent maintenant, car ils lui parlent aussitôt (même mot) du besoin qui se trouve dans cette maison. Besoin humain, fruit du péché de l’homme, qui se présente à lui à tout moment. Il se manifeste aussi bien dans la maison de ceux qui sont devenus ses disciples qu’il s’est manifesté dans la synagogue, centre local de leurs rites religieux.

La puissance du démon était bien présente dans le cercle religieux, et la maladie dans le cercle familial. Et Jésus peut répondre largement à ces deux besoins. Le démon quitte l’homme complètement et aussitôt. La fièvre quitte la femme avec la même promptitude ; et il ne faut aucune période de convalescence avant qu’elle reprenne ses tâches ménagères habituelles. Rien d’étonnant si, rapidement, « la ville tout entière est rassemblée à la porte ».

Le tableau présenté aux versets 32 à 34 est très beau. « Le soir étant venu, comme le soleil se couchait », le travail de la journée étant terminé, des foules se rassemblent, apportant un grand nombre de personnes dans le besoin, et il dispense la grâce de sa puissance en guérison. Il ne veut pas qu’aucun témoignage lui soit rendu de la part des puissances des ténèbres. La grâce et la puissance qu’il manifeste sont un témoignage suffisant pour dire qui est celui qui sert parmi les hommes. Dans son évangile, Jean nous dit qu’il y a beaucoup d’autres choses que Jésus a faites et qui n’ont pas été rapportées. Quelques-unes sont indiquées ici sans que des détails soient donnés.

Le récit tel qu’il nous est donné par Marc avance rapidement. Tard dans la soirée, l’œuvre de grâce continue encore et puis, longtemps avant le jour, Jésus se lève et cherche la solitude pour la prière. Nous venons de remarquer l’autorité et la puissance du parfait serviteur de Dieu. Ici nous voyons sa dépendance de Dieu, sans laquelle il ne peut y avoir de vrai service. Il faut que le serviteur reste étroitement attaché au maître, et quoique celui qui sert soit fils, il ne se dispense pas de cette dépendance ; au contraire, il en est l’expression la plus élevée dans son obéissance parfaite. En Hébreux 5:8, nous lisons qu’il apprit l’obéissance par les choses qu’il a souffertes et ce mot, sans aucun doute, s’applique à tout son chemin sur la terre, et pas seulement aux dernières scènes de souffrances d’un ordre plus physique.

Comme cela parle à tous ceux qui servent, si modeste que soit le service ! Sa journée était si remplie d’activités, qu’il consacrait une grande partie de la nuit à la prière, et il était le Fils de Dieu. Notre impuissance est causée principalement par notre insuffisance dans le domaine de la prière individuelle dans le secret.

Les quatre versets suivants, 36 à 39, nous montrent la consécration du serviteur de Dieu. Simon et d’autres semblent avoir considéré sa retraite à l’écart comme un inexplicable excès de modestie ou peut-être comme une perte d’un temps qui était précieux. Tous le cherchaient et il semblait laisser échapper ce flot de popularité grandissante. Mais la popularité n’était en aucune façon ce qu’il poursuivait. Il s’était avancé comme serviteur pour prêcher le message divin et ainsi, sans tenir compte des sentiments de la foule, il continue son service dans les villes de la Galilée. Il se consacre à la mission qui lui a été confiée.

Et maintenant, dans les derniers versets de ce premier chapitre, nous avons un délicieux tableau de la compassion de ce parfait serviteur de Dieu. Un lépreux vient à lui, et il ne peut y avoir, quant à l’aspect physique, de spécimen plus repoussant de l’humanité. Ce pauvre homme ne manque pas de foi, mais elle est imparfaite. Il a foi en la puissance de Jésus, mais des doutes quant à sa grâce. Ce qui nous aurait animés, c’est le dégoût, accompagné d’indignation devant la méconnaissance de nos sentiments bienveillants. Le Seigneur est ému de compassion. Il est mû par elle, remarquez-le bien. Non seulement il regarde cette personne misérable avec un amour plein de compassion, mais il agit. La source profonde de l’amour divin qui est en lui jaillit et déborde. De sa main, Jésus le touche, de ses lèvres il parle, et l’homme est guéri. Il n’était pas vraiment nécessaire qu’il le touche, car le Seigneur a guéri de loin maint cas désespéré. Aucun Juif n’aurait songé à le toucher et à contracter ainsi la souillure. Mais c’est ce qu’a fait le Seigneur. Il était absolument impossible qu’il soit souillé et, s’il a touché le malade, c’est pour exprimer sa compassion autant que sa puissance. Cela confirmait sa parole — « je veux » — et enlevait pour toujours de l’esprit de cet homme tout doute quant à la volonté du Seigneur.

Nous voyons encore une fois comment notre Seigneur ne recherche pas l’enthousiasme des foules, ni la notoriété. Les instructions qu’il donne à l’homme sont destinées à permettre que le témoignage de sa guérison puisse se faire selon ce que Moïse avait prescrit. Mais lui, dans sa grande joie, fait exactement ce qu’on lui avait dit de ne pas faire, de sorte que pendant quelques jours le Seigneur doit éviter les villes et se tenir dans des lieux déserts. Peu de choses suscitent davantage l’intérêt et la passion de l’homme qu’une guérison miraculeuse. Mais le Seigneur recherchait des résultats spirituels. Il y a actuellement des mouvements religieux pour la guérison qui sont à l’origine de beaucoup d’agitation, en dépit du fait que leurs prétendues guérisons ressemblent bien peu à celles qu’opérait notre Seigneur. Les acteurs, dans ces mouvements, ne fuient pas les projecteurs de la publicité, mais y trouvent plutôt leur plaisir.

 

2                        Chapitre 2

Ce chapitre s’ouvre sur une autre œuvre de puissance qui s’accomplit dans une maison particulière quand, après un certain temps, le Seigneur se trouve à nouveau à Capernaüm. Ce qui apparaît ici, c’est une foi caractérisée par la ténacité et, ce qui est assez remarquable, ce n’est pas celui qui souffre qui fait preuve d’une telle foi, mais ses amis. Le Seigneur est en train de prêcher à nouveau la Parole. C’est là son service avant tout ; son travail de guérison ne s’exerce que lorsque l’occasion se présente.

Les quatre amis ont cette sorte de foi qui se rit des impossibilités, qui dit : Cela se fera, et Jésus le voit. Il s’occupe tout de suite du côté spirituel des choses, accordant le pardon des péchés au paralytique. Pour les scribes raisonneurs qui sont présents, ce n’est que blasphème. Il est bien certain qu’ils avaient raison en pensant que personne sinon Dieu ne peut pardonner les péchés, mais ils se trompent entièrement en ne discernant pas que Dieu est présent au milieu d’eux, et qu’il parle dans le Fils de l’homme. Le Fils de l’homme est sur la terre, et sur la terre il a le pouvoir de pardonner les péchés.

Cependant le pardon des péchés n’est pas quelque chose qui est visible aux yeux des hommes ; il faut qu’il soit accepté par la foi dans la Parole de Dieu. La guérison instantanée d’un cas grave d’infirmité corporelle est visible aux yeux des hommes, et le Seigneur accomplit ensuite ce miracle. Ceux qui sont là ne peuvent pas plus délivrer l’homme de la maladie qui le tient prisonnier, qu’ils ne peuvent pardonner ses péchés.

Jésus peut faire les deux choses avec une égale facilité. C’est ce qu’il fait, présentant le miracle accompli dans le corps comme preuve du miracle qui concerne l’âme. Ainsi il met les choses en bon ordre. Le miracle d’ordre spirituel vient en premier lieu, celui qui concerne le corps ne vient qu’après.

Ici encore le miracle est instantané et complet. L’homme qui avait été complètement impotent se lève immédiatement, prend son lit et sort en présence de tous d’une manière qui fait rendre gloire à Dieu par toutes les lèvres. Le Seigneur commande et l’homme n’a qu’à obéir, car la possibilité de le faire lui est donnée en même temps qu’il reçoit le commandement du Seigneur.

Cette circonstance, qui souligne le but spirituel du service qu’accomplissait notre Seigneur, est suivie de l’appel de Lévi, qui nous est connu par la suite comme étant Matthieu le publicain. L’appel de cet homme à suivre le maître nous montre la puissante attraction de la parole de notre Seigneur. C’était une chose que d’appeler d’humbles pêcheurs à quitter leurs filets et leur dur labeur. C’en était une autre d’appeler un homme qui avait de la fortune et la tâche agréable de faire rentrer l’argent. Mais Jésus le fait avec deux mots : « Suis-moi », deux mots qui tombent dans l’oreille de Lévi avec une telle force qu’il se lève et le suit. Dieu veuille que nous sentions la puissance de ces deux mots dans notre cœur.

Quel merveilleux aperçu nous a été accordé du serviteur de Dieu, de sa promptitude, de son autorité, de sa puissance, de sa dépendance, de sa consécration, de ses compassions, de son refus de ce qui est superficiel et démagogique pour s’attacher à ce qui est spirituel et qui demeure, et finalement des puissants attraits de sa personne !

S’étant levé pour suivre le Seigneur, Lévi montre bien vite qu’il est devenu disciple d’une manière pratique. Il reçoit son nouveau maître dans sa maison en même temps qu’un grand nombre de publicains et de pécheurs, manifestant par là quelque chose de l’esprit du Maître. Lui qui était assis au bureau de recette fait montre maintenant de libéralité, afin que d’autres puissent s’asseoir à sa table. Il se met à accomplir cette parole : « Il répand, il donne aux pauvres » (Psaume 112:9), et cela sans qu’on lui dise de le faire. Il a commencé à exercer l’hospitalité envers ceux de son entourage, afin qu’eux aussi rencontrent Celui qui a gagné son cœur.

En cela il est un excellent modèle pour nous. Il a commencé par se dépenser pour les autres. Il a fait la chose qui était le plus à sa portée. Il a rassemblé pour qu’ils rencontrent le Seigneur ceux qui avaient des besoins et qui le savaient, plutôt que ceux qui étaient contents d’eux-mêmes dans leur pratique religieuse. Il a découvert que Jésus est un donateur qui cherche ceux qui sont disposés à recevoir.

Tout ceci est observé par les scribes et les pharisiens, propres justes qui expriment leur désapprobation sous la forme d’une question posée aux disciples de Jésus. Pourquoi Jésus fréquente-t-il des gens aussi vils, aussi dégradés ? Les disciples n’ont pas à répondre, car le Seigneur lui-même répond à ces attaques. Sa réponse est complète et satisfaisante et elle est presque passée en proverbe. Ceux qui se portent mal ont besoin de médecin, et les pécheurs ont besoin du Sauveur. Ce ne sont pas des justes mais des pécheurs qu’il est venu appeler.

Peut-être les scribes et les pharisiens étaient-ils bien versés dans la loi, mais ils ne comprenaient rien à la grâce. Or Jésus était le serviteur de la grâce de Dieu. Et Lévi avait saisi quelque chose de cela. Et nous ? Bien plus que Lévi, nous devrions saisir cela dans la mesure où nous vivons au moment où le jour de la grâce a atteint son plein midi. Cependant il peut nous arriver d’avoir quelque ressentiment contre Dieu parce qu’il est si bon envers des gens que nous aimerions dénoncer comme coupables : c’est ce que fit Jonas dans le cas des habitants de Ninive, et ce que faisaient les pharisiens pour les pécheurs. Le grand Serviteur de la grâce de Dieu est à la disposition de tous ceux qui ont besoin de lui.

La circonstance suivante (versets 18 à 22) montre les contradicteurs encore à l’œuvre. Ils s’étaient plaints du Maître aux disciples et maintenant c’est des disciples qu’ils se plaignent au Maître. Évidemment ils manquent de courage pour dire les choses en face. Cette façon détournée de critiquer est très courante, rejetons-la. Dans les deux cas, les disciples n’ont rien eu à répondre. Quand les pharisiens ont soutenu le caractère exclusif de la loi, c’est Jésus qui s’est opposé à eux en faisant valoir le caractère libéral de la grâce, et c’est Jésus qui les a réduits au silence. Maintenant ils veulent mettre sur les disciples le joug de la loi, et avec force Jésus revendique la liberté de la grâce.

La parabole, ou l’image dont il se sert implique de façon évidente que Lui est l’Époux, la personne importante, au centre de tout. Sa présence gouverne tout et apporte une merveilleuse abondance. Bientôt il sera absent et alors seulement il conviendra de jeûner. Notons cela, car nous sommes en un temps où jeûner est une chose qui convient. Depuis longtemps l’Époux est absent et nous l’attendons. Au moment où le Seigneur parlait, les disciples étaient dans la position d’un résidu pieux en Israël, recevant le Messie à sa venue. Après la Pentecôte, ils ont été baptisés en un seul corps, et ont été établis comme fondement de cette cité qui est appelée « l’Épouse, la femme de l’Agneau » en Apocalypse 21:9. À ce moment-là, ils avaient la place d’Épouse plutôt que celle de fils de la chambre nuptiale. Cette position, c’est la nôtre aujourd’hui. Cela ne fait que rendre encore plus clair qu’il ne nous convient pas de festoyer, mais de jeûner. Jeûner, c’est s’abstenir de choses légitimes pour être davantage consacré à Dieu, et pas simplement s’abstenir de nourriture pendant un certain temps.

Les pharisiens ne pensaient qu’à maintenir intacte la loi. Le danger pour les disciples, comme les évènements l’ont prouvé par la suite, n’était pas tellement cela, mais plutôt d’essayer de mélanger le judaïsme à la grâce qu’apportait le Seigneur Jésus. Le système légal était comme un vieil habit ou une vieille outre. Jésus apportait ce qui ressemblait à un solide morceau de drap neuf, ou à du vin nouveau avec son pouvoir d’expansion. Dans les Actes, nous pouvons voir comment les vieilles formes extérieures de la loi ont cédé devant la puissance débordante de l’évangile.

En vérité, nous voyons cela dans l’incident qui suit immédiatement et qui termine le chapitre 2. De nouveau les pharisiens viennent se plaindre des disciples au Maître. Maintenant, ils sont coupables de ne pas conformer leurs activités à la vieille outre qu’étaient certaines prescriptions concernant le sabbat. Les pharisiens poussaient leur respect du sabbat si loin, qu’ils condamnaient même le fait qu’on froisse des épis de blé dans la main, comme s’il s’agissait d’actionner un moulin. Ils soutenaient une interprétation très rigide de la loi dans ces questions mineures. Ils étaient de ceux qui observaient la loi avec un soin méticuleux, tandis qu’ils considéraient les disciples comme peu zélés.

Le Seigneur reçoit leur plainte et défend ses disciples en rappelant aux pharisiens deux choses. Premièrement ils auraient dû connaître les Écritures, qui rapportent comment il était arrivé à David de se nourrir, lui et ceux qui le suivaient, dans une situation critique. Ce qui normalement n’était pas selon la loi avait été permis en un jour où les choses n’étaient pas normales en Israël, à cause du rejet du roi légitime. 1 Samuel 21 nous en parle. À nouveau les choses ne sont pas normales et le roi légitime va être rejeté. Dans les deux cas, des besoins concernant l’Oint du Seigneur devaient être considérés comme plus importants que des détails qui se rapportaient aux exigences cérémonielles de la loi.

Deuxièmement, le sabbat a été institué pour l’homme et non l’inverse. Donc l’homme passe avant le sabbat et le Fils de l’homme, qui a sous son autorité tous les hommes, selon le Psaume 8, doit nécessairement être le Seigneur du sabbat et, en conséquence, il est habilité à en disposer selon sa volonté. Qui étaient les pharisiens pour contester son droit de le faire, même si Jésus était venu parmi les hommes sous la forme de serviteur ?

Le Seigneur du sabbat était parmi les hommes et on le rejetait. Dans ces circonstances, les préoccupations de ceux qui étaient étroitement attachés au respect de la loi cérémonielle étaient déplacées. Leurs « outres » étaient vieilles et incapables de contenir la grâce débordante et l’autorité du Seigneur. L’« outre » de leur sabbat se perce devant leurs yeux mêmes.

 

3                        Chapitre 3

Cependant les pharisiens n’étaient en rien convaincus, et ils ouvrent à nouveau tout le débat, un peu plus tard, quand, un autre jour de sabbat, Jésus entre en contact avec un besoin de l’homme, dans une de leurs synagogues. Le conflit se déchaîne autour de cet homme qui avait la main desséchée. Ils regardent Jésus, escomptant que leur sera fournie une occasion de l’attaquer. Il relève ce défi qui, quoique inexprimé, se trouve dans leur cœur, en disant à l’homme : « Lève-toi là, devant tous », le mettant ainsi bien en vue pour que tous les assistants soient témoins de ce défi.

Une autre question concernant le sabbat est maintenant soulevée. Par la loi Dieu a-t-il voulu interdire de faire du bien comme de faire du mal ? Le sabbat fait-il d’un acte de miséricorde une transgression ?

On peut rapprocher cette question : « Est-il permis de faire du bien... ou de faire du mal ? », de Jacques 4:17. Si nous savons faire le bien et si nous ne le faisons pas, c’est pécher. Fallait-il que le parfait Serviteur de Dieu, qui connaissait le bien, et qui de plus avait toute la puissance pour le faire, retienne sa main d’agir parce qu’il se trouvait que c’était jour de sabbat ? Impossible !

C’est de cette manière frappante que le saint Serviteur de Dieu justifiait son ministère de grâce, en la présence de ceux qui lui auraient lié les mains par des interprétations rigides de la loi de Dieu. Il est important que nous apprenions la leçon que nous enseigne tout cela, au cas où nous tomberions dans une erreur semblable. La « loi du Christ » est très différente dans son caractère et son esprit de la loi de Moïse ; cependant, de la même façon on peut en faire mauvais usage. Si le joug de Christ, qui est léger et aisé, est tordu pour devenir un fardeau pesant et aussi un véritable obstacle à l’effusion de la grâce et de la bénédiction, cela devient une perversion plus grave que tout ce que nous voyons dans ces versets.

Le cœur des pharisiens était dur. Il était bien sensible à tous les aspects techniques de la loi, mais dur s’il s’agissait d’avoir de la sollicitude pour les besoins de l’homme ou d’avoir quelque sentiment de leur propre péché. Jésus voyait dans quel état affreux ils se trouvaient et il en était affligé, mais il ne retient pas la bénédiction. Il guérit cet homme et les laisse à leur péché. Ils étaient indignés parce qu’il avait enfreint la loi sur un des points auxquels ils tenaient tant. Eux-mêmes sortent pour enfreindre une des plus importantes prescriptions de la loi en tenant conseil pour le faire mourir. Voilà le pharisaïsme !

Devant cette haine meurtrière, le Seigneur se retire avec ses disciples. Nous le voyons, à la fin du chapitre 1, se retirer de tout l’éclat que donne la popularité. Il ne cherche pas à se faire bien voir, il ne désire pas non plus attiser la contestation. Ici nous trouvons le parfait Serviteur agissant exactement comme est exhorté à le faire l’esclave du Seigneur en 2 Timothée 2:24.

Mais sa personne a un tel pouvoir d’attraction que les hommes affluent vers lui, même quand il se retire. Une grande multitude se presse autour de lui ; sa puissance et sa grâce se manifestent de bien des façons, et des esprits impurs reconnaissent en lui le Maître auquel il faut qu’ils obéissent, bien qu’il n’accepte pas leur témoignage. Il apporte la bénédiction aux hommes et les délivre ; cependant il n’attend rien d’eux. D’abord il a à sa disposition sur le lac une petite barque, dans laquelle il peut se retirer loin de la foule qui le presse ; et puis il monte sur une montagne où il appelle à lui seulement ceux qu’il veut, et d’entre eux il en choisit douze destinés à être apôtres.

Ainsi, non seulement il répond à la haine des chefs religieux en se retirant d’eux, mais aussi en appelant les douze qui, le moment voulu, iront poursuivre son service incomparable. Ainsi prépare-t-il l’élargissement du service et du témoignage. Les douze qui ont été choisis doivent être avec lui, et puis, quand leur temps d’instruction et de préparation sera terminé, il les enverra. Cette période d’instruction dure jusqu’au verset 6 du chapitre 6. Au verset 7 de ce même chapitre, nous avons le récit du vrai début de leur mission.

Le fait d’« être avec lui » est d’une immense importance pour celui qui est appelé à servir. Cela est tout aussi nécessaire pour nous que cela l’était pour eux. Ils avaient sa présence et sa compagnie sur la terre. Nous ne l’avons pas, mais nous avons son Esprit qui nous est donné et sa Parole écrite. Ainsi nous est-il permis, dans un esprit de prière, de garder le contact avec lui, et de recevoir cette éducation spirituelle qui seule nous forme pour le servir avec intelligence. Les douze furent d’abord choisis, puis formés, puis envoyés avec la puissance qui leur était accordée. Tel est l’ordre divin, et nous voyons ces choses présentées dans les versets 14 et 15. Ayant appelé et choisi les douze sur la montagne, il revient aux endroits fréquentés par les hommes et se trouve dans une maison. Immédiatement les foules s’assemblent. L’attirance qu’il exerce est irrésistible et l’on exige tant de lui qu’il n’y a pas de temps pour prendre les repas. Aussi la première chose dont sont témoins les douze, quand ils sont avec lui, est cette forte vague d’intérêt, et l’apparente popularité de leur Maître.

Cependant ils voient vite un autre aspect des choses, et en premier lieu que Jésus n’est absolument pas compris de ceux qui sont les plus proches de lui selon la chair. Sans doute sont-ils remplis de bienveillante sollicitude pour lui. Ils ne peuvent comprendre un tel labeur incessant et ils ont le sentiment qu’il convient de le saisir pour l’arrêter comme s’il n’avait plus son bon sens. Jean 7:5 éclaire cette attitude extraordinaire de leur part. Quand le Seigneur est parvenu à ce point de son service, ses frères ne croient pas en lui et apparemment sa mère n’a encore qu’une obscure idée de ce qu’il est vraiment en train de faire.

Mais en deuxième lieu, il y a des ennemis qui deviennent encore plus durs et qui ont encore moins de scrupules. Au verset 6 de notre chapitre, nous avons vu les pharisiens s’allier à leurs adversaires les hérodiens, pour tenir conseil contre lui afin de le faire mourir. Maintenant nous trouvons les scribes qui descendent de Jérusalem pour s’opposer à lui et l’accuser. C’est ce qu’ils font de la manière la plus irréfléchie, attribuant ses œuvres de grâce à la puissance du diable. Il ne s’agissait pas simplement d’outrage grossier, mais de quelque chose de délibéré, inspiré par la ruse. Ils ne pouvaient pas nier ce qu’il faisait, mais ils essayaient de noircir sa réputation. Ils admettaient l’évidente réalité des miracles et puis, volontairement et officiellement, déclaraient que c’étaient les œuvres du diable. Tel était le caractère de leur blasphème, et il convient d’être au clair à ce sujet pour examiner les paroles du Seigneur au verset 29.

Mais pour commencer il les fait venir à lui, et répond par un appel au bon sens. Leur opposition blasphématoire comportait une absurdité. Ils suggéraient en effet que Satan s’était mis à chasser Satan, que son royaume et sa maison étaient divisés contre eux-mêmes. Et si c’était vrai, cela impliquerait la fin de tout ce qui est activité satanique. Satan est bien trop avisé pour agir de la sorte.

Il nous faut admettre, hélas, que nous autres, chrétiens, n’avons pas été trop avisés pour agir de la sorte. La chrétienté est pleine de divisions qui sont proprement suicidaires, et c’est Satan lui-même qui, sans aucun doute, est à l’origine de cela. Sans la puissance du Seigneur Jésus dans le ciel, qui est restée toujours la même, et sans la présence de l’Esprit Saint qui habite dans la vraie Église de Dieu, le témoignage public de la chrétienté serait mort depuis longtemps. Que la foi n’ait pas péri pour disparaître de la terre est à la louange, non de la sagesse des hommes, mais de la puissance de Dieu. Après avoir démontré la folle absurdité de leurs paroles, le Seigneur se met à donner la vraie explication de ce qui s’est passé. Il est celui qui est plus fort que l’homme fort, et maintenant il est en train de piller ses biens en libérant beaucoup de ceux qui ont été emmenés captifs par Satan. Celui-ci est lié lorsque le Seigneur est là présent.

Troisièmement il avertit clairement ces malheureux scribes et pharisiens de l’énormité du péché qu’ils ont commis. Le parfait Serviteur a délivré des hommes de l’emprise de Satan dans la puissance de l’Esprit Saint. Pour éviter de l’admettre, ils taxent l’œuvre du Saint Esprit d’œuvre de Satan. C’est pur blasphème, le blasphème aveugle d’hommes qui ferment les yeux à la vérité. Ils se placent au-delà du pardon, avec comme seule perspective la condamnation éternelle. Ils ont atteint cet affreux état d’endurcissement dans la haine et l’aveuglement qui avait caractérisé autrefois le Pharaon en Égypte, et qui plus tard avait marqué le royaume du nord d’Israël quand la Parole du Seigneur avait été : « Éphraim s’est attaché aux idoles, laisse-le faire » (Osée 4:17). La volonté de Dieu est de laisser faire ces scribes de Jérusalem et cela signifie : pas de pardon, mais condamnation.

Voilà ce qu’était le péché qui ne pouvait être pardonné. Comprenant ce qu’il est réellement,  nous pouvons facilement voir que les personnes qui ont une conscience délicate et qui aujourd’hui sont troublées parce qu’elles craignent de l’avoir commis, sont les dernières qui ont vraiment pu le commettre.

Le chapitre se termine avec l’arrivée des proches dont le verset 21 nous a parlé. Les paroles du Seigneur concernant sa mère et ses frères ont paru à certains inutilement dures. Il y avait certainement en elles une note de sévérité qui était la conséquence de leur attitude. Le Seigneur saisissait l’occasion de donner à ses disciples l’instruction dont ils avaient besoin. Ils l’avaient vu au milieu de beaucoup de labeur et apparemment populaire, et aussi au centre d’une opposition blasphématoire. Maintenant il faut que les disciples aient une démonstration frappante du fait que les relations que Dieu reconnaît et honore sont celles qui ont une base spirituelle.

Autrefois, en Israël, les liens de parenté dans la chair comptaient beaucoup. Maintenant ils doivent être mis de côté, pour faire place aux liens spirituels. Et la base de ce qui est spirituel se trouve dans l’obéissance à la volonté de Dieu ; et pour nous aujourd’hui la volonté de Dieu se trouve enchâssée dans les Saintes Écritures. L’obéissance est la chose fondamentale. Elle est à la base de tout vrai service et il faut qu’elle nous caractérise, si nous voulons être liés au seul vrai et parfait Serviteur. Ne l’oublions jamais.

 

4                        Chapitre 4

Le chapitre précédent se termine par cette déclaration solennelle du Seigneur, que les liens qu’il allait maintenant reconnaître étaient ceux qui avaient une base spirituelle dans l’obéissance à la volonté de Dieu. Cette déclaration a très certainement fait naître dans l’esprit des disciples des questions sur la manière dont ils pourraient savoir quelle est la volonté de Dieu. En commençant ce chapitre, nous trouvons la réponse. C’est par sa parole qu’il nous fait connaître ce qu’il est et ce qu’il a fait pour nous. C’est de ces choses que découle sa volonté pour nous.

Il y a encore de grandes foules rassemblées auprès de lui, si bien qu’il les enseigne en étant sur une barque ; mais c’est à ce moment qu’il commence à parler par des paraboles. La raison nous en est donnée aux versets 11 et 12. Les chefs du peuple l’ont déjà rejeté, comme l’a bien montré le chapitre précédent ; les gens eux-mêmes sont, dans l’ensemble, indifférents, quand ils ne sont pas attirés par la passion du sensationnel, la curiosité, « les pains et les poissons ». Plus tard ils changeront de bord, ils soutiendront les chefs dans leur hostilité meurtrière. Le Seigneur sait cela ; aussi commence-t-il à dispenser son enseignement sous une forme qui le réserve à ceux qui ont des oreilles pour entendre. Il parle au verset 11 de « ceux qui sont dehors ».

Cela montre que déjà une rupture se manifestait et qu’on pouvait distinguer ceux qui étaient dedans de ceux qui étaient dehors. Ceux qui étaient dedans pouvaient voir et entendre, percevoir et comprendre, et ainsi le « mystère » ou le « secret » du royaume de Dieu devenait clair pour eux. Les autres étaient aveugles et sourds, et le chemin de la conversion et du pardon se fermait pour eux. Si l’on ne veut pas entendre, vient un moment où on ne le peut pas. Les gens voulaient un Messie qui leur apporterait prospérité et gloire dans ce monde. Ils n’avaient que faire, comme les événements l’ont montré, d’un Messie qui leur apportait le royaume de Dieu sous la forme mystérieuse de la conversion et du pardon des péchés.

Aujourd’hui nous avons le royaume de Dieu précisément sous cette forme mystérieuse et nous y entrons par la conversion et le pardon, car c’est ainsi que l’autorité de Dieu s’établit dans notre cœur. Nous attendons toujours le royaume dans sa manifestation en gloire et en puissance.

La première parabole de ce chapitre est celle du semeur, de la semence et de ce qui est produit. Ayant dit cette parabole, Jésus conclut par ces mots solennels : « Qui a des oreilles pour entendre, qu’il entende ». Qu’on ait des oreilles pour entendre ou qu’on n’en ait pas, montrerait immédiatement si un homme appartenait à ceux qui sont dedans ou à ceux qui sont dehors. La grande majorité des auditeurs du Seigneur ont évidemment pensé que c’était une jolie histoire agréable à entendre, mais ils ne vont pas plus loin, montrant qu’ils sont dehors. Pour d’autres, comme pour les disciples, cela ne suffit pas. Ils veulent arriver au sens profond de la parabole et s’informent plus avant. Ils appartiennent à ceux qui sont dedans.

Ce que dit le Seigneur au verset 13 montre qu’il faut comprendre cette parabole du semeur, sinon ses autres paraboles ne nous seront pas intelligibles. Elle détient la clef qui ouvre toutes les autres. Le Seigneur Jésus, quand il est venu, a tout d’abord soumis Israël à une épreuve capitale. Allait-on recevoir le Fils bien-aimé et rendre à Dieu le fruit qui était dû sous le régime de la loi ? Il devient évident que non. Eh bien, un second ordre de choses doit alors commencer. Au lieu d’exiger quoi que ce soit de leur part, c’est le Seigneur qui sèmera la parole ; celle-ci, au temps convenable, dans certains cas du moins, produira le fruit désiré. C’est ce que montre cette parabole, et si nous ne saisissons pas ce qu’elle signifie, nous ne comprendrons pas ce que le Seigneur a à nous dire par la suite.

Le Seigneur lui-même est le Semeur, sans aucun doute, et la Parole est le témoignage divin qu’il répand, car le « si grand salut qui a commencé par être annoncé par le Seigneur, nous a été confirmé par ceux qui l’avaient entendu » (Hébreux 2:3). Dans l’évangile selon Jean, nous découvrons que Jésus est la Parole. Ici il sème la parole. Qui pouvait la semer comme lui qui était la Parole ? Mais même quand c’est lui qui sème la parole, tous les grains qu’il sème ne fructifient pas. Dans un cas sur quatre seulement du fruit est produit.

Il est également certain que la parabole s’applique dans ses principes à tous ceux qui sont sortis après le Maître pour semer la parole, comme envoyés par lui, depuis lors jusqu’à aujourd’hui. Donc tout semeur de la semence doit s’attendre à connaître ces différentes expériences comme cela est indiqué dans la parabole. Les serviteurs imparfaits d’aujourd’hui ne peuvent espérer mieux que ce qui a marqué les semailles du parfait Serviteur quand il était sur la terre. La semence était la même dans chaque cas. La différence se trouvait dans l’état du sol sur lequel tombait la semence.

Chez ceux qui ont entendu la parole et sont semblables aux grains tombés le long du chemin, la parole n’a absolument aucune entrée. Leur cœur est comme un sentier où on est passé et repassé. Il n’y a pas même une impression superficielle, et Satan, par ses nombreux agents, ôte la parole. Le cas de ces auditeurs est celui d’une indifférence complète.

Les auditeurs assimilés à des terrains pierreux sont ceux qui sont impressionnables mais superficiels. Ils reçoivent la parole aussitôt avec joie, mais ils ne sont pas du tout sensibles à ce qu’elle implique réellement. Il a été dit, de vrais convertis, qu’ils ont « reçu la parole accompagnée de grandes afflictions, avec la joie de l’Esprit Saint » (1 Thessaloniciens 1:6). Cette affliction, qui avait précédé leur joie, résultait du fait qu’ils avaient été rendus conscients de leur péché, convaincus par l’action puissante de la parole. L’auditeur du terrain pierreux ne connaît pas ce temps d’affliction parce qu’il n’est pas conscient de ses vrais besoins, pour s’établir dans une joie qui n’est que superficielle, et qui disparaît — et lui avec elle — en présence de l’épreuve.

Les auditeurs assimilés à un terrain plein d’épines sont ceux qui sont préoccupés. Le monde remplit leurs pensées. Sont-ils pauvres, ils sont submergés par ses soucis. Sont-ils riches, par ses richesses et les plaisirs qu’apportent les richesses. Ne sont-ils ni pauvres ni riches, ils convoitent d’autres choses. Ils ont réussi à se sortir de la pauvreté, et ils convoitent pour avoir encore plus de ces bonnes choses du monde qui semblent être maintenant à leur portée. Absorbée par le monde, la parole est étouffée.

Les auditeurs semblables aux grains tombés dans la bonne terre sont ceux qui non seulement écoutent la parole, mais la reçoivent et portent du fruit. La terre a subi le travail de la charrue et de la herse. Ainsi a-t-elle été préparée. Cependant, même ainsi, toute bonne terre n’est pas également fertile. Il peut ne pas y avoir la même quantité de fruit, mais il y a du fruit.

Dans tout cela il y avait une grande instruction pour les disciples, il y en a une également pour nous. Bientôt le Seigneur va les envoyer prêcher, et alors eux aussi deviendront semeurs. Il fallait qu’ils sachent que c’était la parole qu’ils devaient semer, et à quoi ils devaient s’attendre quand ils la sèmeraient. Alors ils ne seraient pas trop affectés quand une grande partie de la semence semée semblerait s’être perdue, ou quand, après quelques résultats, au bout d’un certain temps on ne verrait plus rien ; ou même quand, du fruit ayant été produit, il n’y en aurait pas autant qu’ils l’avaient espéré. Si nous savons, d’un côté quel est le but poursuivi, et de l’autre ce à quoi il faut s’attendre, nous sommes grandement fortifiés et affermis dans notre service.

Nous devons nous souvenir que cette parabole s’applique tout autant à la parole qui est semée dans le cœur des saints que dans le cœur des pécheurs. Aussi méditons-la avec des cœurs très exercés quant à la manière dont nous-mêmes nous recevons la parole qu’il nous est donné d’entendre, et aussi quant à la manière dont d’autres recevront la parole que nous leur présenterons.

Dans les versets 21 et 22 suit la courte parabole de la lampe, et puis au verset 23 une autre parole d’avertissement, afin que nous ayons des oreilles pour entendre. À première vue, passer de la semence qui a été semée dans le champ à la parabole de la lampe allumée dans une maison peut paraître bizarre et sans lien apparent. Mais si vraiment nous avons des oreilles pour entendre, nous verrons vite que, dans leur signification spirituelle, les deux paraboles vont bien ensemble et sont liées. Quand la parole de Dieu est reçue dans un cœur exercé et préparé, elle produit du fruit que Dieu apprécie, et aussi de la lumière qui est vue et appréciée des hommes.

Aucune lampe n’est allumée pour être cachée sous un boisseau ou sous un lit. Elle doit rayonner tout autour d’elle à partir du pied de lampe. La deuxième partie du verset 22 est assez frappante : « Et rien de caché n’arrive, si ce n’est afin de venir en évidence ». Le travail de Dieu dans le cœur par sa parole a bien lieu secrètement, et le regard de Dieu discerne le fruit lorsqu’il commence à apparaître. Mais lorsque c’est le moment, cette chose secrète qui a eu lieu doit nécessairement être mise en lumière. Toute vraie conversion est comme une nouvelle lampe qui s’allume.

Le boisseau peut représenter les affaires de la vie, et le lit, les aises et les plaisirs de la vie. On ne doit permettre ni à l’un ni à l’autre de cacher la lumière, comme on ne doit pas permettre aux soucis et aux richesses et aux « autres choses » d’étouffer la semence qui est semée. Avons-nous des oreilles pour entendre cela ? Laissons-nous briller la lumière de notre petite lampe ? Il n’y a rien de caché qui ne sera manifesté ; aussi est-il tout à fait certain que, si une lampe a été allumée, elle doit nécessairement briller. Si rien n’est manifesté, c’est parce qu’il n’y a rien à manifester.

Cette parabole est suivie de l’avertissement qui concerne ce que nous entendons. Les voies de Dieu dans son gouvernement des hommes font partie de ce sujet. De la mesure dont nous mesurerons il nous sera mesuré. Si vraiment nous entendons la parole de telle manière que nous nous en emparions, nous en aurons plus de profit. Sinon nous commencerons à perdre même ce que nous avions. En Luc 8:18, nous avons des déclarations semblables qui se rapportent à la « manière » dont nous entendons. Ici elles se rapportent à « ce que » nous entendons.

L’accent est mis sur : « comment » nous entendons, dans la parabole du semeur, mais « ce que » nous entendons est d’importance au moins égale. Bon nombre se sont vus enlever même ce qu’ils avaient en prêtant l’oreille à l’erreur. Ils ont entendu et entendu très attentivement, mais, hélas, ce qu’ils ont entendu n’était pas la vérité, et les a pervertis. Si, en passant par notre oreille, l’erreur est semée dans notre cœur, elle produira des fruits désastreux, et le gouvernement de Dieu le permettra et ne l’empêchera pas.

Les versets 26 à 29 contiennent la parabole qui concerne le travail secret de Dieu. Un homme sème la semence et, quand la moisson est prête, il se remet au travail en y mettant la faucille pour la récolte. Mais quant à la croissance elle-même de la semence, depuis le début jusqu’à ce que le fruit soit produit, il ne peut rien faire. Pendant de nombreuses semaines il dort et se lève, de nuit et de jour ; les opérations de la nature que Dieu a ordonnées font silencieusement le travail, bien que l’homme ne les comprenne pas. Le : « sans qu’il sache comment » est vrai aujourd’hui. Les hommes ont poussé très loin leurs recherches, mais le vrai comment de ces opérations merveilleuses qui se déroulent dans le grand laboratoire de la nature de Dieu leur échappe toujours.

Il en est de même dans ce que nous pouvons appeler l’atelier spirituel de Dieu et c’est une bonne chose que nous nous en souvenions. Certains d’entre nous tiennent beaucoup à analyser et à décrire exactement ce que sont les opérations de l’Esprit dans les âmes. Ces choses cachées exercent parfois une grande fascination sur notre esprit, et nous voulons saisir complètement tout ce qui se passe. C’est impossible. C’est notre heureux privilège de semer la semence et aussi, au temps convenable, de mettre la faucille et de récolter. Ce que la parole opère dans le cœur des hommes est secrètement accompli par le Saint Esprit. Son travail, bien sûr, est parfait.

L’œuvre de l’homme porte toujours la marque de l’imperfection. S’il arrive qu’il nous soit permis d’être pour quelque chose dans l’œuvre de Dieu, nous apportons l’imperfection dans ce que nous faisons. C’est ce que nous montre la parabole suivante aux versets 30 à 32. Le royaume de Dieu aujourd’hui existe d’une façon vitale et réelle dans l’âme de ceux qui, par la conversion, sont passés sous l’autorité et le contrôle de Dieu. Mais on peut aussi le considérer comme une chose plus extérieure qui se trouvera partout où des hommes font profession de reconnaître Dieu. Le premier est le royaume tel qu’il est établi par l’Esprit. L’autre le royaume tel qu’il est établi par les hommes. Ce dernier est devenu une chose grande et imposante sur la terre, étendant sa protection sur beaucoup d’« oiseaux du ciel ». Et ce que ces oiseaux représentent, nous venons de le voir aux versets 4 et 15 : des agents de Satan.

Cette parabole qui termine la série est pleine d’avertissements pour les disciples, comme les autres ont été pleines d’instruction. Ils sont avec le Seigneur et formés avant d’être envoyés pour leur mission. Nous avons vu au moins sept choses, à savoir que :

1 — Actuellement le travail du disciple est fondamentalement de semer.

2 — Ce qui doit être semé, c’est la parole.

3 — Les résultats du travail du semeur doivent être classés en quatre catégories ; et dans un cas seulement il y a du fruit, et encore est-ce de façon variable.

4 — La parole produit de la lumière aussi bien que du fruit, et cette lumière doit être manifestée publiquement.

5 — Le disciple lui-même est auditeur de la parole aussi bien que semeur de la parole, et à cet égard il doit faire attention à ce qu’il entend.

6 — Le travail de la parole dans des âmes est le travail de Dieu et non le nôtre. Notre travail est de semer et de récolter.

7 — Comme le travail de l’homme participe à ce travail actuel qui est d’étendre le royaume de Dieu, le mal y pénétrera. Le royaume, considéré comme l’ouvrage de l’homme, donnera quelque chose d’imposant et pourtant de corrompu. C’est l’avertissement solennel dont nous avons à faire notre profit.

Il y a eu beaucoup d’autres paraboles exposées par le Seigneur et qui pourtant ne nous ont pas été rapportées. Celles qui ont été exposées et expliquées aux disciples étaient sans doute très importantes pour eux dans leurs circonstances particulières, mais pas de la même importance pour nous. Celles qui nous concernent directement sont rapportées en Matthieu 13.

Avec le verset 34 se terminent les enseignements du Seigneur et, du verset 35 à la fin du chapitre 5, nous reprenons le récit de ses actes merveilleux. Les disciples avaient besoin d’observer attentivement ce qu’il faisait et sa façon d’agir, comme d’entendre les enseignements sortant de ses lèvres ; et nous aussi.

La foule qui a écouté ce qu’il a dit, sans le comprendre, est alors renvoyée, et Jésus et ses disciples passent à l’autre rive. C’est le soir, et Jésus est à la poupe, il dort sur un oreiller. Ce lac est connu pour les tempêtes soudaines et violentes qui l’agitent et l’une d’elles, d’une rare violence, se lève, menaçant de submerger la barque. Satan est « le chef de l’autorité de l’air », et donc nous croyons que sa puissance se trouvait derrière les forces déchaînées de la nature. Immédiatement donc les disciples sont placés devant une épreuve et un défi. Qui est cette personne qui dort à la poupe ?

Satan pouvait-il disposer des forces de la nature au point de faire couler une barque où reposait le Fils de Dieu ? Mais le Fils de Dieu est vu dans son humanité et il dort. Eh bien, quelle importance, vu qu’il est le Fils de Dieu ! L’action de l’adversaire soulevant la tempête pendant qu’il dort est vraiment un défi qu’il lance. Jusqu’alors cependant les disciples n’ont compris ces choses que d’une manière très obscure — et ce n’est même pas sûr. Par conséquent ils sont remplis de crainte, car leurs ressources dans l’art de la navigation sont épuisées. Et ils le réveillent avec un cri d’incrédulité qui est un affront à sa bonté et à son amour, bien que témoignant de quelque foi dans sa puissance.

Le Seigneur se lève immédiatement dans la majesté de sa puissance. Il reprend le vent qui est l’instrument le plus direct de Satan. Il dit à la mer de faire silence et de se taire, et elle obéit. Comme un chien de chasse turbulent se couche humblement à la voix de son maître, ainsi la mer se couche à ses pieds. Il est le Maître absolu de la situation.

Ayant ainsi repris les forces de la nature et la puissance qui se cache derrière elles, Jésus se tourne vers ses disciples pour leur adresser de doux reproches. La foi a une vision spirituelle des choses, et jusque-là leurs yeux s’étaient à peine ouverts, pour discerner qui il était. S’ils avaient tant soit peu saisi ce qu’était sa gloire personnelle, ils n’auraient pas été si craintifs. Ayant été les témoins du déploiement de sa puissance, ils sont encore craintifs et ils se demandent encore quelle sorte d’homme il est. Un homme qui peut commander aux vents et à la mer et les soumettre à sa volonté, n’est évidemment pas un homme ordinaire. Mais qui est-il ? Voilà la question.

Aucun disciple ne peut s’avancer pour servir, tant qu’il n’a pas répondu à cette question une fois pour toutes dans son âme. Voilà pourquoi, avant de les envoyer, Jésus doit présenter d’autres témoignages de sa puissance et de sa grâce devant leurs yeux, comme cela nous est rapporté au chapitre 5.

Nous aussi, de nos jours, nous devons être pleinement assurés de savoir qui il est avant d’essayer de le servir. Cette question : « Qui donc est celui-ci ? » est une question qui vraiment requiert notre attention. Tant que nous ne pourrons pas y répondre comme il convient et de façon très claire, il faut que nous nous tenions tranquilles.

5                        Chapitre 5

« Qui donc est celui-ci ? » Lorsque la foi a été amenée à une pleine conviction en répondant à cette question qui concerne le Seigneur Jésus, cela entraîne l’assurance qu’il doit nécessairement être à même de répondre à n’importe quelle circonstance difficile. Cependant, malgré tout, il est bon pour le disciple de le voir vraiment ayant affaire aux hommes et aux peines qu’ils connaissent à cause du péché, dans sa grâce qui délivre. Dans ce chapitre, nous voyons le Seigneur qui manifeste sa puissance et, par là même, continue la formation de ses disciples. Cette formation peut être aussi la nôtre en parcourant le récit qui nous est donné.

Pendant la traversée du lac, la puissance de Satan a été à l’œuvre, cachée derrière la furie de la tempête ; à l’arrivée sur l’autre rive, elle devient tout à fait évidente dans l’homme possédé d’un esprit immonde. Ayant connu la défaite dans ses œuvres les plus secrètes, l’adversaire maintenant lance ouvertement un défi sans perdre de temps, car cet homme rencontre immédiatement Jésus au moment où celui-ci débarque. C’est une sorte d’épreuve-test. Le diable a fait de ce pauvre malheureux une forteresse où il espère tenir bon à tout prix et, dans cette forteresse, il a jeté toute une légion de démons. Si jamais il y a eu un homme qui a été maintenu irrémédiablement captif des puissances des ténèbres, c’est bien lui. Dans son histoire, nous voyons le reflet de la condition où a sombré l’humanité, sous le pouvoir de Satan.

Il « avait sa demeure dans les sépulcres », et les hommes aujourd’hui vivent dans un monde qui devient de plus en plus un vaste cimetière, à mesure qu’une génération après l’autre disparaît dans la mort. Alors « personne ne pouvait le lier », car on avait souvent essayé fers et chaînes, mais en vain. Il n’était pas question de le maîtriser. Ainsi aujourd’hui il ne manque pas de mouvements, de méthodes qui ont pour but de refréner les mauvais penchants de l’homme, de réprimer leurs actions les plus violentes et de soumettre ce monde afin de le rendre agréable et d’y faire régner l’ordre. Mais rien n’y fait.

Alors, avec ce démoniaque, on a essayé autre chose. Et si on changeait sa nature ? Il est dit cependant que « personne ne pouvait le dompter ». Ainsi cette idée s’est-elle révélée inutile et il en a toujours été ainsi. Il n’est pas davantage au pouvoir des hommes de changer leur nature que de lui mettre un frein et de l’empêcher d’agir, « La pensée de la chair... ne se soumet pas à la loi de Dieu, car aussi elle ne le peut pas » (Romains 8:7). Aussi ne peut-elle pas être contrainte. Il est dit encore : « Ce qui est né de la chair est chair » (Jean 3:6), quelles que soient les tentatives pour l’améliorer. Aussi n’est-il pas question de la modifier ou de la changer. « Et il était continuellement, de nuit et de jour, dans les sépulcres et dans les montagnes », toujours agité, criant, toujours malheureux, se meurtrissant avec des pierres, se détruisant lui-même dans sa folie. Quel tableau ! Et il nous faut ajouter, quel tableau caractéristique de l’homme sous la puissance de Satan ! C’était un cas exceptionnel, il est vrai. L’emprise de Satan sur la majorité des hommes se fait d’une manière plus douce et les symptômes sont bien moins prononcés. Ils sont pourtant là. On peut entendre le cri de l’humanité, alors que les hommes se font du tort à eux-mêmes par leurs péchés.

Quand l’homme parle, les mots se forment sur ses lèvres, mais l’intelligence qui est derrière est celle des démons qui le contrôlent. Eux, ils savaient quelle sorte d’homme était le Seigneur, même si d’autres ne le savaient pas. D’un autre côté, ils ne savaient absolument pas à quoi correspondait son service. En vérité, il y aura une heure où le Seigneur livrera ces démons avec Satan leur maître aux tourments, mais tel n’était pas son service à ce moment-là. Encore moins était-ce son service à l’égard des hommes. Au démoniaque Jésus vient apporter, non pas les tourments, mais la délivrance.

Le Seigneur a ordonné aux démons de sortir, et ils savent qu’ils ne peuvent pas résister. Ils sont en présence du Tout-Puissant et ils sont obligés de faire ce qui leur a été ordonné. Il leur faut même demander la permission d’entrer dans les pourceaux qui paissent non loin de là. Les pourceaux, animaux impurs selon la loi, n’auraient pas dû se trouver là. Les esprits étant également impurs, il y a affinité entre eux et les pourceaux, affinité qui a des conséquences mortelles pour ces animaux. Les démons ont mené l’homme à l’auto-destruction en se servant de pierres tranchantes ; avec les pourceaux, l’emprise est immédiate et complète. L’homme est délivré, les pourceaux sont détruits.

Le résultat, en ce qui concerne l’homme lui-même, est merveilleux. Ses errances incessantes sont finies, car il est « assis ». Autrefois il ne portait pas de vêtements, comme Luc nous le dit. Maintenant il est « vêtu ». Ses hallucinations ont cessé, car il est « dans son bon sens ». L’application qu’on peut faire de tout ceci pour l’évangélisation est tout à fait évidente.

Le résultat, en ce qui concerne les gens de la contrée, est cependant tout à fait tragique. Ils montrent un état d’esprit qui laisse douter de leur bon sens, bien qu’aucun démon ne soit entré en eux. Ils n’ont aucune compréhension ou juste appréciation de Christ. En revanche ils s’accommodent fort bien de la présence des pourceaux. Si la présence de Jésus signifie la perte des pourceaux, alors ils préfèrent s’en passer, même si cette présence fait disparaître un démoniaque furieux. Et les voilà qui le prient de s’en aller de leur territoire.

Le Seigneur accède à leur désir et s’en va. Tout cela est une bien grande tragédie, même s’ils ne s’en rendent pas compte à ce moment-là. Suivra une tragédie plus grande encore : le Fils de Dieu sera chassé de ce monde ; et la conséquence, ce sont dix-neuf siècles remplis de mal de toute sorte. Le départ du Seigneur a créé une nouvelle situation pour l’homme qui vient d’être délivré des démons. Naturellement il désire la présence de son Libérateur, mais il apprend que, pour le moment, il doit demeurer à la place où le laisse l’absence de Jésus et témoigner pour lui, particulièrement auprès des siens.

Notre position aujourd’hui est tout à fait semblable. Bientôt nous serons avec Jésus, mais actuellement il nous appartient de témoigner pour le Seigneur là où il n’est pas. Nous aussi nous pouvons raconter aux nôtres quelles grandes choses le Seigneur a faites pour nous.

Ayant retraversé le lac, le Seigneur se trouve immédiatement en présence d’autres cas de misère humaine. En chemin vers la maison de Jaïrus, où est couchée sa fille qui est à toute extrémité, il est arrêté par la femme qui a une perte de sang. Son mal dure depuis douze ans et échappe complètement à la compétence des médecins. Son cas à elle est désespéré, tout comme l’était celui du démoniaque. Lui était irrémédiablement captif d’une foule de démons, elle l’est d’une maladie incurable.

De nouveau, nous pouvons y voir une analogie avec l’état spirituel de l’humanité, et particulièrement avec les efforts d’une âme réveillée, comme cela nous est décrit en Romains 7.

Beaucoup de luttes, beaucoup d’efforts sincères, mais aucun soulagement comme résultat ; c’est plutôt une aggravation de l’état du malade qui décrirait le cas qui nous est présenté ici, jusqu’à ce que l’âme arrive au bout de ses recherches et, après avoir tout dépensé, entende parler de Jésus. Alors, quand elle a cessé tout effort pour obtenir une amélioration et qu’elle est venue à Jésus, lui se révèle être le grand Libérateur.

Dans le cas du démoniaque, nous ne pouvons pas vraiment parler de foi, car il était complètement dominé par les démons. Dans le cas de la femme, nous pouvons seulement parler d’une foi qui est imparfaite. Elle a confiance dans la puissance de Jésus, puissance si grande que même ses vêtements la communiquent. Cependant elle doute de pouvoir parvenir jusqu’à lui. Les foules qui se pressent l’en empêchent et elle ne se rend pas compte à quel point lui, le parfait Serviteur, est à la disposition de tous ceux qui ont besoin de lui. Cependant, la guérison dont elle a besoin, elle la reçoit en dépit de tout. L’accès dont elle a besoin est rendu possible et la bénédiction lui est apportée. Satisfaite de cette bénédiction, elle se serait éloignée furtivement.

Mais il ne doit pas en être ainsi. Elle aussi doit témoigner de ce que la puissance de Jésus a fait, et par là elle doit recevoir une autre bénédiction pour elle-même. La façon qu’a notre Seigneur d’agir envers elle est pleine d’instruction spirituelle.

La parfaite connaissance que Jésus a de toutes choses est révélée. Il sait que de la puissance est sortie de lui et qu’on a touché ses vêtements. Il a posé la question, mais il connaît la réponse, car il se retourne pour voir « celle » qui a fait cela.

Sa question révèle aussi le fait que beaucoup l’ont touché de bien des manières ; cependant personne d’autre n’a fait sortir de lui de la puissance en le touchant. Pourquoi cela ? Parce qu’entre tous, elle seule l’a fait dans la conscience de ses besoins et avec foi. Quand ces deux choses sont là, ce n’est point en vain qu’on est en contact avec Jésus. Bon nombre d’entre nous aimeraient être comme cette femme et souhaiteraient recevoir la bénédiction, sans reconnaître publiquement celui qui les a bénis. Il ne doit pas en être ainsi. Le Seigneur mérite que nous confessions la vérité et que nous fassions connaître sa grâce qui sauve. Dès que la puissance est sortie de lui pour notre délivrance, vient pour nous le moment de témoigner. Et comme l’homme a dû aller dans sa maison vers les siens, la femme doit s’agenouiller à ses pieds en public. Tous deux lui ont rendu témoignage et, notons-le, tout à fait différemment de ce que nous aurions pu attendre. La plupart des hommes trouveraient peut-être que rendre témoignage chez soi est difficile. Pour les femmes ce serait plutôt rendre témoignage en public. L’homme a dû parler à la maison et la femme en présence de la foule. Cependant ce n’est pas à la foule qu’elle s’est adressée, mais à lui.

Comme fruit de sa confession, la femme elle-même reçoit une autre bénédiction : elle reçoit l’assurance définitive, par la parole du Seigneur, que sa guérison est entière et complète. Quelques minutes auparavant, elle a senti dans son corps qu’elle était guérie, et puis elle déclare toute la vérité, sachant ce qui lui était arrivé. C’est très bien, mais pas tout à fait suffisant. Si le Seigneur lui avait permis de s’en aller simplement avec ses bons sentiments et cette connaissance de ce qui lui était arrivé, elle aurait pu être la proie de bien des doutes et de bien des craintes dans les jours suivants. La moindre sensation de malaise aurait fait naître l’inquiétude quant à une rechute éventuelle, mais en l’occurrence elle reçoit la parole définitive de Jésus : « Sois guérie de ton mal ». Voilà qui règle tout, sa parole à lui était beaucoup plus sûre que ses sentiments à elle.

Ainsi en est-il pour nous : quelque chose a été vraiment accompli en nous par l’Esprit de Dieu à la conversion, et nous le savons, et nos sentiments peuvent être des sentiments de bonheur. Mais cependant il n’y a pas une base solide sur laquelle puisse se fonder notre assurance, ni dans des sentiments, ni dans ce qui a été fait en nous. Le fondement solide pour l’assurance se trouve dans la parole du Seigneur. Nombreux sont ceux qui aujourd’hui manquent d’assurance, tout simplement parce qu’ils ont commis l’erreur que cette femme a été sur le point de commettre : ils n’ont jamais vraiment confessé Christ et reconnu ce qu’ils lui devaient. S’ils acceptent de réparer cette erreur, comme l’a fait cette femme, sa parole leur donnera toute assurance.

Au moment même où la femme est délivrée, le cas de la fille de Jaïrus devient plus critique. Arrive la nouvelle de sa mort, et ceux qui ont envoyé le message admettaient que la maladie puisse disparaître devant la puissance de Jésus, mais ils estiment que la mort est un domaine qui lui échappe. Nous avons vu Jésus triompher des démons et de maladie, même quand les victimes ne pouvaient compter sur aucun secours humain. La mort est, de toutes les choses, la plus irrémédiable. Jésus peut-il triompher de cela ? Il le peut et c’est ce qu’il fait.

La manière dont il soutient la foi vacillante du chef de synagogue est très belle. Jaïrus avait été tout à fait confiant que Jésus pouvait guérir, mais maintenant, il s’agit de la mort. C’est la grande mise à l’épreuve de sa foi et aussi de la puissance de Jésus. « Ne crains pas, crois seulement », est la parole qui vient à lui. La foi en Christ ôtera la peur de la mort pour nous comme pour cet homme.

La mort n’était qu’un sommeil pour Jésus ; cependant les pleureuses professionnelles se moquent de lui dans leur incrédulité. Il les met dehors et, en la présence des parents et de ceux de ses disciples qui sont avec lui, il ramène l’enfant à la vie. Ainsi, pour la troisième fois dans ce chapitre, la délivrance est apportée à quelqu’un dont le cas est désespéré à vues humaines.

Mais le commencement du verset 43 s’oppose absolument aux versets 19 et 33. Il ne doit pas y avoir de témoignage, cette fois-ci. Cela s’explique, nous le supposons, par l’incrédulité méprisante qui vient de se manifester. En même temps, le Seigneur montre le plus grand souci pour les besoins en nourriture de l’enfant. Tout comme il en a montré pour les besoins spirituels de Jaïrus quelques instants auparavant. Jésus pensait à la fois à son corps à elle et à sa foi à lui.

 

6                        Chapitre 6

Après ces choses, laissant le rivage de la mer, Jésus va dans la région où il a passé son enfance. Comme il enseignait dans la synagogue, ses paroles étonnent les assistants. Ils reconnaissent parfaitement la sagesse de ses enseignements, et la puissance de ses actes, et cependant cela ne produit aucune conviction, aucune foi dans leur cœur. Ils le connaissaient, lui et ceux qui étaient sa parenté selon la chair (lire v. 3), et cela ne faisait que les rendre aveugles quant à sa réelle identité. Ils ne l’insultent pas par la façon dont ils expriment leur incrédulité, comme ceux qui pleuraient dans la maison de Jaïrus, mais ce n’en est pas moins pure incrédulité, et elle est si grande qu’il s’en étonne.

L’idée qu’ils se font de Jésus est exactement celle des unitaires modernes. Ils sont pleinement convaincus de l’humanité de Jésus, car ils connaissent bien ses origines selon la chair. Ils la voient si clairement que cela les rend aveugles à tout ce qu’il y a au-delà, et ils sont scandalisés en lui. L’unitaire voit l’humanité de Jésus, mais rien au-delà. Nous, nous voyons son humanité, aussi clairement que l’unitaire, mais au-delà nous voyons sa divinité. Cela ne nous trouble pas, que nous ne puissions pas saisir intellectuellement comment les deux choses peuvent se trouver en lui. Sachant que notre esprit est fini, nous n’espérons pas expliquer ce qui comporte l’infini. Si nous pouvions saisir et expliquer, nous saurions que ce que nous comprenons ainsi n’est pas d’essence divine.

Par suite de cette incrédulité « il ne put faire là aucun miracle », sinon qu’il guérit quelques malades qui évidemment avaient foi en lui. Cela souligne ce que nous venons de remarquer à propos du verset 43 du chapitre 5. De même qu’en présence de l’incrédulité grossière et moqueuse le Seigneur a retiré tout témoignage pour lui, de même, en présence de ses compatriotes incrédules, il ne fait aucun miracle.

Or nous pourrions être portés à penser qu’il aurait dû agir tout à fait différemment. Mais les Écritures semblent bien montrer que, lorsque l’incrédulité s’élève à la hauteur de la moquerie, le témoignage s’arrête. Voir Jérémie 15:17 ; Actes 13:41 ; Actes 17:32 jusqu’au premier verset du chapitre 18. Il est également évident que si Jésus de Nazareth était « approuvé de Dieu... par des miracles, des prodiges et des signes » (Actes 2:22), cependant le but principal n’était pas de convaincre l’incrédulité obstinée, mais d’encourager et de fortifier la foi qui était faible. Nous voyons en Jean 2:23-25 que lorsque les miracles de Jésus produisaient la conviction intellectuelle chez certains hommes, lui-même ne se fiait pas à la conviction ainsi produite. De là vient qu’il ne fait pas de grands miracles dans la contrée de Nazareth. Il ne « peut » pas en faire. Il est limité par des considérations morales et non pas physiques. Dans de telles circonstances, il ne convenait pas qu’il y eût des miracles, selon les voies de Dieu ; et Jésus était le Serviteur de la volonté de Dieu.

Mais ce qui convenait, c’était de rendre fidèlement un témoignage clair, et alors « il visitait l’un après l’autre les villages à la ronde en enseignant ». Un grand déploiement de miracles aurait pu produire un changement dans les sentiments et une conviction intellectuelle qui n’auraient été d’aucun profit. L’enseignement soutenu de la Parole signifiait : semer la semence, et de cela il y aurait du fruit qui en vaudrait la peine, comme nous l’avons vu.

Cela nous amène au verset 7 de ce chapitre, où nous lisons que les douze sont envoyés pour leur première mission. Leur période d’apprentissage est maintenant terminée. Ils ont écouté, telles qu’elles sont données au chapitre 4, les instructions du Seigneur, et ils ont été témoins de sa puissance telle qu’elle se manifeste au chapitre 5. Ils avaient également eu cette illustration frappante de la place que doivent occuper les miracles, et du fait que, s’il y a des moments où ils peuvent ne pas convenir, l’enseignement et la prédication de la Parole de Dieu sont toujours de saison.

On ne voit guère de nos jours de miracles et de signes dignes de ce nom ; mais la Parole de Dieu demeure. Soyons reconnaissants que la parole soit vraiment toujours de saison, et soyons diligents pour la semer.

L’envoi des douze est le début d’un prolongement du ministère et du service du Seigneur. Jusque-là, tout avait été entre ses propres mains, avec les disciples comme spectateurs. Maintenant ils devaient agir en son nom. Le Seigneur tout seul peut répondre à tout. Eux ne peuvent pas répondre à tout ; c’est pourquoi ils doivent aller deux par deux. Il y a aide et courage dans le fait qu’on est deux, car là précisément où l’un est faible, l’autre peut être fort, et celui qui les avait envoyés savait exactement comment les appareiller. Être deux est particulièrement utile dans le travail missionnaire ; et ainsi dans les Actes nous voyons Paul qui agit selon cette instruction du Seigneur. Le service est une affaire individuelle, il est vrai, mais même aujourd’hui nous faisons bien d’estimer à sa juste valeur la communion dans le service. « Nous sommes collaborateurs de Dieu » (1 Corinthiens 3:9).

Avant leur départ, il leur est donné pouvoir ou autorité sur toute la puissance de Satan. Il leur est également commandé de se dépouiller même de ce qui semble normalement nécessaire aux voyageurs de ce temps-là. De plus leur message leur est donné. De même que leur maître avait prêché la repentance en vue du royaume (voir chapitre 1:15), ils devaient la prêcher.

Ceux qui servent aujourd’hui ne sont pas envoyés par un Christ qui est sur la terre, mais par un Christ qui est dans le ciel, et ceci amène certaines modifications. Notre message porte essentiellement sur la mort, la résurrection et la gloire de Christ, alors que le leur, dans la nature même des choses, ne le pouvait pas. Ils mettaient de côté ce qui est nécessaire aux voyageurs, vu qu’ils représentaient le Messie sur la terre, qui n’avait rien, mais qui était tout à fait capable de les soutenir.

Nous, nous suivons un Christ qui a été élevé dans la gloire, et en général sa puissance est en exercice pour libérer ses serviteurs de toute dépendance d’appui d’ordre spirituel, plutôt que d’ordre matériel. Cependant, nous pouvons certainement être réconfortés à la pensée qu’il n’envoie pas ses serviteurs sans leur donner de la puissance pour le service qui est placé devant eux. Si nous sommes appelés à chasser les démons, il nous donne la puissance pour le faire. Et si notre service ne consiste pas en cela, mais en quelque chose d’autre, la puissance nous sera aussi donnée pour y répondre.

Eux, comme nous-mêmes, doivent être caractérisés par la plus grande simplicité. Il ne s’agit pas de courir çà et là, de maison en maison pour chercher quelque chose de mieux. Ils sont ses représentants. Lui agissait par procuration par leur moyen ; par conséquent, les rejeter, c’était le rejeter lui. Ceux qui le servent aujourd’hui ne sont pas apôtres, et pourtant, à un degré moindre, la même chose sans aucun doute demeure vraie. Le message de Dieu n’en est pas moins son message, même s’il est donné par des lèvres que marque la faiblesse.

Leur service, que ce soit pour prêcher, chasser les démons ou guérir, produit un tel effet que c’est son nom à lui, et non pas le leur, qui est rendu public, et même Hérode entend parler de sa renommée. Ce misérable roi avait si mauvaise conscience qu’immédiatement il croit que Jean le baptiseur, sa victime, est ressuscité. D’autres croient que Christ est Élie, ou l’un des prophètes d’autrefois. Personne ne sait, car personne n’a l’idée que Dieu puisse faire une chose nouvelle. À ce moment-là, Marc fait une petite digression pour nous raconter, dans les versets 17 à 28, comment Jean a été mis à mort sur l’ordre d’une femme vindicative. Tout méchant qu’il fût, Hérode possédait une conscience qui lui parlait, et nous voyons la ruse magistrale par laquelle le diable s’empare de lui. Le piège est tendu par le moyen d’une jeune femme belle de visage et de taille, d’une femme plus âgée, séduisante, qui rêve de vengeance, ainsi que d’une vanité stupide qui fait que ce malheureux roi fait plus de cas de son serment que de la loi de Dieu. Ainsi cet homme vaniteux et sensuel est, sans qu’il s’en rende compte, poussé jusqu’au meurtre, avec pour fin le jugement éternel. Sa conscience mal à l’aise ne fait naître que des craintes superstitieuses.

Au verset 29, Marc rapporte simplement que les disciples de Jean ont mis dans un sépulcre son corps supplicié. Il n’ajoute pas comme Matthieu qu « ils rapportèrent à Jésus ce qui était arrivé » (Matthieu 14:12). Il continue en relatant le retour des disciples de leur voyage, racontant à leur Maître tout ce qu’ils avaient fait et tout ce qu’ils avaient enseigné. C’est alors que le Seigneur les fait venir à l’écart, dans un lieu désert, pour que, loin de la foule et du service qui les a occupés, ils passent un moment de tranquillité en sa présence. Il est instructif de remarquer que le passage de Matthieu laisse très certainement supposer que les disciples de Jean, affligés, sont arrivés aussi exactement au même moment.

N’oublions jamais qu’une période de repos dans la présence du Seigneur, loin des hommes, est nécessaire après une période où l’on a été occupé du service. Les disciples de Jean sont revenus de leur triste service, affligés, le cœur lourd. Les douze sont revenus de triomphantes rencontres avec la puissance des démons et de la maladie, et probablement tout exaltés par le succès. Les uns et les autres ont besoin de la paix que procure la présence du Seigneur, qui est bonne tout autant pour relever les cœurs abattus, que pour mettre un frein à un enthousiasme exagéré.

Cependant cette période de calme n’est que de courte durée, car les gens cherchent le Seigneur au milieu de la foule, et il ne veut pas se dérober à eux. Le cœur du grand Serviteur se révèle de façon très belle au verset 34, où il nous est dit qu’il est « ému de compassion ». Les voir « comme des brebis qui n’ont pas de berger » ne faisait naître en lui que de la compassion, et non pas, comme si souvent dans notre cas, des sentiments de contrariété ou de mépris. Et il est mû par la compassion qu’il ressentait. Voilà qui est merveilleux.

Sa compassion le pousse à agir dans deux domaines différents. D’abord à s’occuper d’eux quant aux choses spirituelles, puis à subvenir aux besoins de leur corps. Remarquez l’ordre : ce qui est spirituel vient en premier lieu. « Il se mit à leur enseigner beaucoup de choses », bien que ne soit pas rapporté ce qu’il a dit. Puis comme le soir est venu, il calme leur faim. D’après cet exemple, comment faut-il agir ? Si les hommes ont des besoins matériels, il est bon que nous y subvenions, selon qu’il est en notre pouvoir. Mais donnons toujours la priorité à la Parole de Dieu. Les besoins du corps ne doivent jamais prendre le pas sur les besoins de l’âme dans notre service.

Nourrissant les cinq mille, le Seigneur met tout d’abord à l’épreuve ses disciples. Qu’avaient-ils compris du pouvoir qu’il avait de répondre à tous les besoins ? Très peu de chose, semble-t-il, car en réponse à ses paroles : « Vous, donnez-leur à manger », ils pensent seulement aux ressources humaines et à l’argent. Or les ressources d’ordre humain ne sont absolument pas négligées. Elles sont très insignifiantes, mais le Seigneur fait en sorte que sa puissance se déploie en elles. Il aurait pu changer des pierres en pain ou, à la vérité, faire du pain à partir de rien, mais sa façon de faire est d’utiliser les cinq pains et les deux poissons.

Son œuvre s’est continuée exactement de la même manière pendant toute l’époque actuelle. Ses serviteurs possèdent certaines petites choses qu’il se plaît à utiliser. Et de plus il dispense ses libéralités d’une façon bien ordonnée, les gens étant assis en rangées de cent et de cinquante, et il emploie ses disciples à ce travail. Les pieds et les mains qui portent la nourriture aux gens sont ceux des disciples. Aujourd’hui les pieds et les mains des serviteurs sont employés, leur esprit et leur bouche sont mis à sa disposition pour que le pain de vie parvienne aux nécessiteux. Mais la puissance qui produit des résultats est entièrement la sienne. La faiblesse même des instruments employés rend cela manifeste.

Comme parfait Serviteur, Jésus prenait soin de rattacher au ciel tout ce qu’il faisait. Avant que le miracle s’opère, il lève les yeux vers le ciel et il rend grâces. Par là les pensées de la foule sont dirigées vers Dieu, source de tout, plutôt que vers lui, le Serviteur de Dieu sur la terre. Une parole pour nous contenant un principe semblable se trouve en 1 Pierre 4:11. Le serviteur qui dispense de la nourriture spirituelle doit la donner comme venant de Dieu, pour que ce soit Dieu qui soit glorifié en elle, et pas le serviteur.

Nous pouvons aussi tirer encouragement du fait que, lorsque cette grande foule est nourrie, il leur reste beaucoup plus que le peu avec lequel ils ont commencé. Les ressources divines sont inépuisables et le serviteur qui compte sur son maître ne sera jamais à court. De ce point de vue, il y a une très heureuse ressemblance entre les pains et les poissons placés dans les mains des disciples, et la Bible placée dans les mains des disciples aujourd’hui.

Après avoir nourri la foule, le Seigneur envoie immédiatement ses disciples de l’autre côté du lac et se consacre à la prière. Non seulement il rattachait tout au ciel en rendant grâces en présence des hommes, mais il gardait toujours le contact pour lui-même comme serviteur de la volonté divine. C’est dans Jean 6 que nous apprenons qu’à ce moment le peuple est enthousiaste et l’aurait, de force, fait roi. Les disciples auraient pu se laisser prendre à ce piège, mais pas Jésus.

La traversée de la mer fournit aux disciples une nouvelle preuve de l’identité de leur maître. Le vent contraire fait obstacle à leur progression, et c’est péniblement et lentement qu’ils avancent. À nouveau il se montre au-dessus du vent et des flots, marchant sur la mer et pouvant passer à côté d’eux. Ses paroles calment leurs alarmes, et sa présence dans leur barque met fin à la tempête ; et malgré tout, le sens profond de ces choses leur échappe. Leurs cœurs n’étaient pas encore prêts à le comprendre. Néanmoins les gens en général avaient appris à reconnaître le Seigneur et sa puissance. Abondance de besoins lui est présentée, et il y répond avec abondance de grâce.

 

 

7                        Chapitre 7

En commençant ce chapitre, nous voyons se manifester à nouveau l’opposition des chefs religieux. Les disciples, accaparés par le travail, comme nous l’a dit le verset 31 du chapitre précédent, n’observaient pas certaines ablutions traditionnelles, ce qui irritait les pharisiens qui montraient un attachement rigoureux à la tradition des anciens. Le Seigneur relève le défi pour le compte des disciples et répond en mettant à nu, allant au fond des choses, la position pharisaïque. C’étaient des hypocrites, et il le leur dit.

L’essence de leur hypocrisie était qu’ils faisaient profession d’un culte consistant en rites extérieurs, alors qu’intérieurement leur cœur était complètement éloigné. Rien ne compte pour Dieu si le cœur n’est pas droit.

Puis, en accomplissant leurs rites, ils mettaient de côté le commandement de Dieu pour le remplacer par leur propre tradition. Le Seigneur ne fait pas qu’affirmer cela, mais il en donne la preuve en prenant pour exemple la façon dont ils mettaient de côté le cinquième commandement par leurs règles concernant le « corban », c’est-à-dire les choses consacrées au service de Dieu. Sous prétexte de « corban », plus d’un Juif se débarrassait de tous ses devoirs légitimes envers ses parents âgés et pauvres. Et il faisait cela avec une apparence de sainteté, car apparemment n’y avait-il pas plus de piété à consacrer des choses à Dieu plutôt qu’à ses parents ?

Les choses comprises sous le « corban » n’étaient pas des choses que Dieu exigeait. S’il en avait été ainsi, ces exigences auraient dû prévaloir. Il y avait des choses qui pouvaient être consacrées à Dieu si on le voulait, tandis que l’obligation de prendre soin de son père et de sa mère était un commandement formel. La tradition pharisaïque permettait à un homme d’utiliser une ordonnance facultative pour éviter d’observer un commandement formel. Ils pouvaient bien essayer de justifier leur tradition avec des arguments fallacieux qui avaient une apparence de piété, mais le Seigneur les accusait d’annuler la parole de Dieu. Ce qui est écrit en Exode 20:12 était, pour Jésus, « la parole de Dieu ». Il n’y a dans ce passage aucune justification pour cette religiosité tâtillonne qui refuse le titre de « parole de Dieu » à la parole écrite.

Nous croyons que nous serions en droit de dire que toute tradition humaine dans les choses de Dieu va finalement à l’encontre de ce qu’enseigne la parole de Dieu. Ceux qui sont à l’origine de la tradition n’ont probablement pas une telle pensée, mais l’esprit du mal, qui régit tout cela et qui est derrière, a précisément cette intention.

Ayant démasqué les pharisiens comme étant des hommes dont le cœur était éloigné de Dieu et qui ont osé annuler la parole de Dieu, le Seigneur appelle la foule et proclame publiquement la vérité qui coupe à la racine toute prétention religieuse. L’homme n’est pas souillé par le contact avec les choses extérieures, mais c’est en lui-même que siège ce qui souille. Parole dure que celle-là, et seuls ceux qui ont des oreilles pour entendre la recevront.

Les disciples l’interrogèrent à ce sujet en particulier et, du verset 18 au verset 23, nous avons l’explication. L’homme est corrompu dans sa nature. Ce qui vient de son cœur même le souille. De son cœur viennent les mauvaises pensées qui deviennent toutes sortes de mauvaises actions. C’est l’acte d’accusation le plus terrible qui ait jamais été prononcé contre la nature humaine. Rien d’étonnant que le cœur du pharisien soit loin de Dieu, mais quelle chose terrible que des hommes, avec un cœur comme celui-là, déclarent s’approcher de Dieu et l’adorer !

Ces paroles pénétrantes de notre Seigneur coupent à la racine tout orgueil humain, et montrent le peu de valeur de toutes les démarches de l’homme sur le plan religieux comme sur le plan politique, quand elles ne s’occupent que de choses extérieures et laissent le cœur de l’homme tel qu’il est.

Les disciples ne comprenaient encore ces choses qu’à peine, et l’expérience nous montrera que les chrétiens professants sont très lents à les accepter et à les comprendre de nos jours. Mais nous n’irons pas très loin, sauf si nous les comprenons vraiment.

Cependant, c’est une chose de mettre à nu le cœur de l’homme, mais il faut encore autre chose, il faut faire connaître ce qu’est le cœur de Dieu. C’est ce que va faire le Seigneur, comme le montre le reste du chapitre.

Il va aux frontières mêmes de ce pays qui abritait tant d’hypocrisie, et là entre en contact avec une pauvre femme des nations, qui a le plus grand des besoins. La renommée du Seigneur est parvenue à ses oreilles et elle ne veut pas se voir opposer un refus. Cependant le Seigneur la met à l’épreuve par sa petite parabole sur le pain des enfants et les chiens. Sa réponse : « Oui, Seigneur, car même les chiens sous la table mangent des miettes », est heureusement exempte d’hypocrisie. En fait elle dit : Oui, Seigneur, il est vrai que je ne suis pas un enfant du royaume, mais un pauvre chien des nations, sans aucun droit à faire valoir ; pourtant, j’ai confiance qu’il y a assez de puissance en Dieu, et assez de bonté dans son cœur, pour nourrir un pauvre chien comme moi.

Voilà la foi. Matthieu, en vérité, nous dit que le Seigneur l’a appelée une « grande foi », et elle le réjouit. Elle apporte à cette femme tout ce que son cœur désire. Sa fille est délivrée. Combien est grand le contraste entre le cœur de Dieu et le cœur de l’homme ! L’un plein de bonté et de grâce, l’autre plein de toutes sortes de mal. Comme c’est heureux pour nous quand, au lieu d’entretenir l’hypocrisie, nous sommes caractérisés par la droiture et la foi.

Au verset 31, Jésus retourne à nouveau vers les contrées de la mer de Galilée, pour y rencontrer un homme qui est sourd et muet, condition qui, de façon frappante, symbolisait l’état dans lequel se trouvaient les Juifs. La pauvre femme des nations a eu des oreilles pour entendre, et en conséquence sa langue s’est déliée, et a pu prononcer des paroles de foi ; mais eux sont sourds, et n’ont rien à dire.

En guérissant cet homme, le Seigneur accomplit certaines actions qui, sans aucun doute, ont un sens symbolique. Il le tire à l’écart, loin des foules, pour s’occuper de lui en particulier. Ses doigts, symbole de l’action divine, touchent ses oreilles. Ce qui vient de sa bouche touche la bouche du muet. C’est ainsi que s’accomplit l’œuvre, et le sourd-muet entend et parle tout à la fois. S’il y a des oreilles qui s’ouvrent pour entendre la voix du Seigneur, c’est le fruit de l’action divine qui s’opère en secret. Et si une langue peut prononcer la louange de Dieu ou la parole de Dieu, c’est parce que ce qui vient de sa bouche a été amené en contact avec la nôtre.

Rien n’est dit quant à la foi de cet homme. Ce qu’il ressent, il ne peut pas l’exprimer, et d’autres l’ont amené à Jésus. Cependant c’est une grâce pleine et sans réserve qui vient à sa rencontre. Encore une fois c’est un cas où la bonté du cœur de Dieu est manifestée par Jésus.

Évidemment la foule, dans une certaine mesure, est consciente de cela, et dans leur étonnement ils confessent : « Il fait toutes choses bien ». À ce point du récit, ces paroles sont d’autant plus frappantes. Le début du chapitre nous révèle l’homme sous son vrai caractère, et nous trouvons que son cœur est une source d’où ne sort que le mal. Il fait toutes choses mal. Le parfait Serviteur révèle la bonté du cœur de Dieu. Il fait toutes choses bien.

Que de motifs nous avons nous aussi d’être d’accord avec ce verdict !

 

8                        Chapitre 8

Quand les cinq mille ont été nourris, comme cela nous est rapporté dans le chapitre 6, les disciples ont pris l’initiative en attirant l’attention de leur Maître sur les besoins des foules. En cette deuxième occasion, c’est le Seigneur qui prend l’initiative et qui attire l’attention des disciples sur le dénuement des foules, exprimant sa compassion et son souci à leur égard. De nouveau, comme la première fois, les disciples ont simplement l’homme devant eux, et ne pensent qu’à ce qu’il peut faire, ce qui ne répond absolument pas à la situation. Ils n’avaient pas encore appris à mesurer la difficulté en la rapportant à la puissance de leur Seigneur.

C’est pourquoi, l’enseignement que Jésus avait donné, en nourrissant une grande foule avec des ressources matérielles vraiment infimes, est répété. Il y a de légères différences, aussi bien dans le nombre de personnes que dans le nombre de pains et de poissons utilisés, mais pour l’essentiel, ce miracle est une répétition de l’autre, et une fois encore le verset 15 du Psaume 132 est accompli, tandis que la puissance de Dieu se trouve manifestée devant leurs yeux.

Ayant nourri la multitude, Jésus la renvoie lui-même, et immédiatement après, part avec ses disciples pour gagner l’autre côté de la mer, comme la fois précédente. À son arrivée viennent certains pharisiens avec des intentions hostiles, demandant un signe du ciel. En fait, Jésus vient de donner des signes du ciel impressionnants, en la présence de milliers de témoins. Les pharisiens n’avaient aucune intention de le suivre, et donc n’avaient pas été là pour voir le signe pour eux-mêmes ; cependant il y avait un témoignage suffisant, s’ils voulaient l’écouter. Bien sûr le fait est que, d’une part, ils n’avaient aucun désir d’être témoins d’un signe qui authentifiait Jésus et sa mission, et d’autre part, ils étaient incapables de voir et de reconnaître le signe même quand il était manifesté devant leurs yeux. Leur complète incrédulité remplit le cœur du Seigneur de chagrin.

Au verset 34 du chapitre précédent, lorsqu’il était confronté à la faiblesse humaine et à l’infirmité corporelle, Jésus a soupiré. Ici, placé devant l’aveuglement spirituel, il soupire profondément en son esprit. L’infirmité spirituelle est chose beaucoup plus grave que l’infirmité corporelle. Ils étaient les conducteurs aveugles d’une génération aveugle, et qui à tâtons cherchaient un signe. Aucun signe ne leur serait donné, car pour des aveugles, des signes sont inutiles. C’est l’occasion où, comme cela nous est rapporté au commencement de Matthieu 16, le Seigneur leur dit qu’ils savaient discerner l’apparence du ciel, mais pas les signes des temps.

Ne laissons pas là ce sujet comme si c’était quelque chose qui ne concernait que les pharisiens ; dans son principe, il nous concerne nous aussi. Combien de fois le vrai croyant a été troublé et découragé, pensant que Dieu n’a pas parlé, n’a pas agi, n’a pas répondu, alors qu’en réalité il l’a fait ; seulement nous n’avons pas eu des yeux pour voir. Peut-être avons-nous continué à le supplier pour qu’il donne plus de lumière, alors que pendant tout ce temps-là, tout ce qu’il fallait, c’était quelques fenêtres dans notre maison.

Le mobile qui faisait agir ces pharisiens était entièrement mauvais, puisque leur but était de le tenter. Aussi le Seigneur les laisse brusquement et gagne de nouveau l’autre rive qu’il venait de quitter peu de temps auparavant, et les disciples n’ont pas de pain. Ainsi, pour la troisième fois, ils sont en présence du problème soulevé par les cinq mille et les quatre mille qu’il fallait nourrir, mais à une toute petite échelle.

Hélas, les disciples n’affrontent pas dans la force de la foi un problème relativement petit, pas plus qu’ils ne l’ont fait quand il s’est posé dans des proportions plus grandes. Eux également n’avaient pas eu jusqu’ici des yeux pour voir la puissance et la gloire de leur Maître, comme elles avaient été manifestées par deux fois dans la multiplication des pains et des poissons. La foi véritable a une vision pénétrante. Ils auraient dû discerner qui il était, et alors ils auraient regardé non pas à leurs pauvres pains ou à leurs pauvres poissons, mais à Lui, et toutes difficultés se seraient évanouies. Dans les petites crises qui marquent notre propre vie, valons-nous mieux qu’eux ?

L’accusation du Seigneur concernant le levain des pharisiens et le levain d’Hérode ne nous est pas expliquée ici comme dans Matthieu, mais il nous faut noter ce qu’elle signifie. Jésus fait allusion à la doctrine de ces deux factions, qui travaillait comme du levain dans ceux qui venaient d’être placés sous l’influence de l’une ou de l’autre. Le levain des pharisiens était l’hypocrisie, celui des hérodiens était une extrême mondanité. En Matthieu nous lisons ce qui concerne le levain des sadducéens, et il s’agissait de l’orgueil intellectuel qui les amenait à l’incrédulité rationaliste. Rien n’aveugle davantage l’esprit et l’intelligence que ces trois sortes de levain.

L’aveugle de Bethsaïda, dont il nous est parlé dans les versets 22 à 26, illustre exactement l’état des disciples à ce moment là. Quand on amène l’aveugle au Seigneur, celui-ci le prend par la main et le mène hors de la bourgade, le séparant des lieux fréquentés par les hommes, tout comme auparavant il a tourné le dos aux pharisiens, et à ceux qui étaient avec eux. En dehors de la ville, le Seigneur s’occupe de lui, accomplissant son œuvre en deux temps. C’est la seule fois, autant que nous nous en souvenions, qu’il a agi ainsi. Après avoir été touche une première fois, l’aveugle voit « des hommes comme des arbres qui marchent ». Il voit, mais les choses sont terriblement brouillées. Il sait que les objets qu’il voit sont des hommes, mais ils ont l’air beaucoup plus grands qu’ils ne sont en réalité.

Il en était ainsi des disciples ; l’homme avait trop d’importance à leurs yeux. Même quand ils regardaient le Seigneur lui-même, il semblait que, à leurs yeux, son humanité éclipsait sa déité. Ils avaient besoin comme l’aveugle d’être touchés une seconde fois avant de voir toutes choses clairement. La présence du Fils de Dieu parmi eux, dans le sang et dans la chair, a été cette première fois où ils ont été touchés et où en conséquence ils ont commencé à voir. Après sa mort, sa résurrection et son ascension dans la gloire, le Seigneur les a touchés une seconde fois, en répandant son Esprit, comme cela nous est rapporté en Actes 2. Alors ils ont vu toutes choses clairement. Nous pouvons bien prier avec ferveur que notre vision spirituelle ne soit pas celle d’une vue basse et brouillée, de peur que les grands arbres que nous croyons voir ne se révèlent être seulement de faibles petits hommes qui se pavanent. Nous pouvons connaître un tel état, comme la seconde épître de Pierre (1:9) le montre. Et nous sommes inexcusables, puisque le Saint Esprit a été donné.

L’aveugle, une fois guéri, ne devait pas entrer dans la bourgade, ni le dire à personne dans la bourgade ; de plus le Seigneur lui-même se retire maintenant avec ses disciples à Césarée de Philippe, la bourgade la plus septentrionale dans les confins du pays, et très proche de la frontière des nations. Il est évident qu’il commence à se retirer et à retirer le témoignage rendu à sa messianité, de devant ces aveugles et leurs chefs encore plus aveuglés. Ici il soulève auprès de ses disciples cette question de savoir qui il était. Les hommes avaient avancé différentes suppositions, mais tous imaginaient qu’il était quelque prophète d’autrefois, revenu à la vie, tout simplement un homme, et personne ne s’intéressait assez à cette question pour trouver vraiment la réponse.

Alors Jésus interpelle ses disciples. Pierre devient leur porte-parole et répond en confessant qu’il est le Messie, mais ceci provoque seulement une réponse qui probablement les a grandement étonnés, et qui peut nous étonner aussi lorsque nous la lisons aujourd’hui. Il leur enjoint de ne dire à personne qu’il est le Messie et il commence à les instruire de son rejet, de sa mort et de sa résurrection qui doivent arriver bientôt.

Tout témoignage qui lui a été rendu comme Messie sur la terre est maintenant officiellement retiré. Dorénavant il accepte sa mort comme inévitable, et il commence à diriger les pensées de ses disciples vers ce qui, en conséquence, va arriver. Tel est le déroulement régulier des choses sur le plan humain, et cela ne contredit ni ne heurte le côté divin. Il sait dès le départ ce qui est devant lui.

De plus les disciples ne sont encore guère qualifiés pour rendre plus ample témoignage, si cela avait été nécessaire. Pierre, en vérité, a une certaine mesure de discernement spirituel, car il vient de confesser Jésus comme étant le Christ ; cependant l’affirmation que son rejet et sa mort approchent soulève dans cet homme même une véhémente protestation. Pour cela l’esprit de Pierre était gouverné par Satan, et le Seigneur reprend cet esprit de mal qui était derrière les paroles de Pierre. Les pensées de Pierre étaient aux « choses des hommes », et ainsi il est tout à fait comme cet homme dont il nous a été parlé, et qui voyait les hommes comme des arbres qui marchaient. Bien qu’en Jésus il reconnût le Christ, il avait encore des hommes devant lui, et en cela les autres disciples ne valaient pas mieux que lui. Aussi comment pouvait-il aller comme témoin efficace du Christ qu’il reconnaissait ? Rien d’étonnant, après tout, qu’à ce moment Jésus ait enjoint à ses disciples de ne parler de lui à personne.

Nous pouvons nous arrêter ici, chacun de nous, pour bien nous rendre compte que nous ne pouvons pas aller témoigner efficacement, si nous ne connaissons pas vraiment celui à qui nous rendons témoignage, et si nous ne connaissons pas et ne comprenons pas ce que sont les circonstances dans lesquelles nous sommes appelés à témoigner.

Dans les derniers versets de notre chapitre, en présence de la foule, le Seigneur commence à instruire ses disciples des conséquences qui suivraient son rejet et sa mort. Les disciples se voyaient suivre un Messie destiné à être reçu et glorifié sur la terre, mais la réalité était qu’il allait mourir et ressusciter, pour être alors glorifié dans le ciel. Cela entraînait un immense changement dans leurs perspectives d’avenir immédiat. Cela signifiait renoncer à soi-même, prendre sa croix, perdre sa vie dans ce monde, porter l’opprobre en étant identifié avec Christ et ses paroles au milieu d’une génération perverse.

La force de l’expression « se renoncer soi-même » va plus loin que « se sacrifier », qui exprime l’idée de se refuser quelque chose. Le Seigneur ne parle pas simplement de renoncer à quelque chose, mais de dire « non » à soi-même. Également, « prendre sa croix » ne signifie pas seulement supporter les épreuves et les difficultés. L’homme qui en ce temps-là prenait sa croix était mené à l’exécution capitale. C’était un homme qui devait accepter la mort des mains du monde. Dire « non » à soi-même, c’est accepter la mort intérieurement pour son propre esprit ; prendre sa croix, c’est accepter la mort extérieurement des mains du monde. Voilà ce que doit nécessairement signifier être disciple, puisque nous suivons le Christ qui est mort, rejeté de ce monde.

Cette pensée est développée aux versets 35 à 37. Le vrai disciple de Christ n’aspire pas à gagner le monde entier ; au contraire il est prêt à faire la perte de ce monde, et dans ce monde, à faire la perte de sa propre vie, pour l’amour du Seigneur et de son évangile. Le parfait Serviteur que dépeint Marc a donné sa vie pour qu’il y ait un évangile à prêcher. Ceux qui le suivent et sont ses serviteurs doivent être prêts à donner leur vie en prêchant cet évangile. S’ils avaient honte de Jésus maintenant, il aurait honte d’eux dans le jour de sa gloire.

 

9                        Chapitre 9

Ces paroles ont dû être un grand coup pour les disciples, si peu qu’ils en aient saisi la portée. C’est pourquoi le Seigneur, tenant compte de cela dans la tendresse qu’il avait pour eux, se met à leur donner toute assurance nécessaire quant à la réalité de la gloire à venir. Ils avaient espéré que le royaume de Dieu viendrait avec puissance et gloire de leur vivant, et cette illusion étant dissipée, ils risquaient facilement de tirer hâtivement cette conclusion qu’il ne devait pas venir du tout. Alors les trois disciples qui semblent être au premier plan parmi eux sont menés à l’écart sur une haute montagne, afin qu’ils soient témoins de la transfiguration du Seigneur. Là, ils voient le royaume de Dieu venant avec puissance, non pas dans sa plénitude, mais comme un échantillon. Il leur est accordé d’en avoir la vision à l’avance.

Dans le premier chapitre de sa seconde épître, Pierre nous montre l’effet que cette scène a eu sur lui. Il avait été témoin oculaire de la majesté de Christ, et par cela il savait que sa puissance et la promesse de sa venue n’étaient pas une fable ingénieusement imaginée, mais un fait glorieux, et ainsi la parole prophétique était rendue « plus ferme », ou était « confirmée ». Il savait, et nous pouvons savoir, que pas un iota ou un seul trait de lettre de ce qui a été annoncé, concernant la gloire du royaume à venir de Christ, ne manquera.

Cette scène de la transfiguration elle-même était une prophétie. Christ doit être le centre resplendissant de la gloire du royaume, comme il l’a été au sommet de la montagne. Les saints seront avec lui dans des conditions célestes, tout comme l’étaient Moïse et Élie, certains d’entre eux ensevelis puis ressuscités et appelés par Dieu comme Moïse, d’autres enlevés au ciel sans mourir comme Élie. Dans le royaume il y aura également des saints en bas sur la terre, jouissant de bénédictions terrestres dans la lumière de la gloire céleste, comme les trois disciples étaient conscients qu’ils avaient une bénédiction, durant cette brève vision. Cela se passa « après six jours », et six personnes seulement étaient présentes ; donc tout était à une échelle réduite et incomplète, cependant l’essentiel s’y trouvait.

Pierre, prêt à parler comme toujours, laisse échapper ce qu’il croit être un compliment, mais qui en réalité est tout autre chose. Cette scène de gloire ne pouvait pas se prolonger sur la terre, et ni Christ, ni même Moïse et Élie, ne pouvaient être mis dans les limites étroites de tentes terrestres. Mais plus grave que cette erreur était la pensée que Jésus n’était que le premier parmi les plus grands des hommes. Il n’est pas le premier parmi les grands, mais « le Fils bien-aimé » du Père, parfaitement unique, sans aucune commune mesure, au delà de toute comparaison. On ne peut pas, dans la même seconde, parler de quelqu’un d’autre et de lui. Il est à part. C’est ce que déclare la voix du Père, ajoutant que Jésus est celui qu’on doit écouter.

La voix du Père a été très rarement entendue par des hommes. Le Père a parlé au baptême de Christ, et à nouveau maintenant il parle, lors de sa transfiguration, ajoutant cette fois-ci : « Écoutez-le ». Depuis lors, sa voix n’a jamais été entendue par les hommes de façon intelligible. Le Fils est le porte-parole de la divinité et c’est lui que nous devons écouter. Dieu a parlé autrefois par les prophètes, Moïse et Élie ; maintenant il a parlé en son Fils bien-aimé. Cela exclut Pierre, ainsi que Moïse et Élie, ce qui est important quand nous nous souvenons de ce que le système catholique romain a fait de Pierre et de sa prétendue autorité. Dans cette circonstance, Pierre a montré de nouveau qu’il était encore exactement comme l’homme dont la vue était brouillée et qui voyait des hommes comme des arbres qui marchaient.

La voix du Père n’a pas plus tôt exalté son Fils bien-aimé, que toute la vision disparaît, et qu’il ne reste plus que Jésus avec les trois disciples. Les saints disparaissent, mais Jésus reste. Ces mots : « Ils ne virent plus personne, sinon Jésus seul » ont beaucoup d’importance. Si nous tendons vers cela dans notre vie spirituelle, nous ne serons plus semblables à un homme qui voit les hommes tels des arbres qui marchent, mais nous serons comme a été cet homme après avoir été touché une seconde fois, nous verrons toutes choses clairement. Jésus occupera tout notre champ de vision en ce qui nous concerne, et tout ce qui est de l’homme sera éclipsé.

Tout cela a été révélé aux disciples, comme nous le montre le verset 9, en vue d’un temps où sa mort et sa résurrection seront accomplies. C’est seulement alors qu’ils comprendront tout cela, illuminés par le Saint Esprit, et qu’ils pourront efficacement s’en servir pour témoigner. Mais avant, ils ne comprennent même pas ce que « ressusciter d’entre les morts » signifiait vraiment, comme le montre le verset suivant. La résurrection des morts ne les aura pas intrigués de façon particulière ; c’est cette résurrection « d’entre » les morts, qui a eu lieu pour la première fois avec Christ, qui soulève de telles questions. La première résurrection des saints, la résurrection de vie, est du même ordre. N’y en a-t-il pas beaucoup qui s’appellent chrétiens, et qui se posent aujourd’hui bien des questions à ce sujet ?

La question des disciples quant à Élie et l’annonce de sa venue est naturellement née dans leur esprit à la suite de la scène de la transfiguration. Le Seigneur s’en sert pour diriger encore une fois leurs pensées vers sa propre mort. En ce qui concerne la première venue du Seigneur, le rôle d’Élie avait été joué par Jean le baptiseur, et sa mise à mort indiquait bien ce qui devait arriver à celui qui était plus grand que lui et dont il était le précurseur.

La scène sur la haute montagne se termine rapidement, mais il n’en est pas ainsi des scènes de péché, de misère et de souffrance de l’humanité qui remplissent les plaines en bas. Il fallait que, des hauteurs, ils descendent aux abîmes, pour trouver les autres disciples qui ont perdu la bataille et qui sont très inquiets en l’absence de leur Maître. Dès que Jésus apparaît, les foules sont saisies d’étonnement, et tous les regards quittent les disciples affolés pour se porter sur le Maître, serein, et qui, à lui seul, peut répondre à tout. L’instant d’avant, les scribes avaient posé des questions embarrassantes aux disciples ; maintenant c’est Jésus qui interroge les scribes, invite le père troublé à la confiance et montre qu’il suffit à tout.

Heureux le saint qui peut apporter quelque chose de la grâce et de la puissance de Christ dans ce monde troublé ! Toutefois, il nous faudra attendre sa venue et le royaume, pour voir pleinement accompli ce que cette scène annonce. Alors seulement il transformera le monde entier, et fera passer son peuple éprouvé et troublé, de la défaite et de l’inquiétude au calme de sa présence, dans une victoire complète et manifestée.

Il y avait eu une manifestation particulière de la gloire de Dieu dans la scène paisible au sommet de la montagne, tandis qu’au pied de la montagne la sombre puissance de Satan s’était déployée avec toute la confusion qu’elle apporte. Un garçon possédé du démon, un père déçu et égaré par la douleur, des disciples abattus après leur échec, des scribes qui ne répugnent pas à exploiter en leur faveur cette circonstance. Le Seigneur arrive au milieu de tout cela et tout est changé.

D’abord il met le doigt là où se trouvait la racine de l’échec. Ils étaient une génération incrédule. La racine était l’incrédulité. Cela était vrai pour ses disciples comme pour les autres. Si leur foi avait pleinement saisi qui il était, ils n’auraient pas été déconcertés par cette épreuve, pas plus que lorsqu’il s’était agi de nourrir les multitudes. Ils étaient encore comme l’homme du chapitre 8, avant de voir toutes choses clairement.

Mais maintenant le Maître lui-même est au milieu d’eux et sa parole est : « Amenez-le moi ». Cependant, lorsque le jeune garçon a été amené, le premier résultat est décevant, car le démon le jette à terre dans des convulsions terribles. Mais tout cela arrive pour servir les desseins du Seigneur, car d’un côté cela ne fait que rendre plus manifeste le terrible état dans lequel se trouvait ce garçon, juste avant qu’il soit délivré, et d’autre part cela sert à mettre en évidence les sentiments et les pensées de ce père angoissé. Son cri : « Si tu peux quelque chose, assiste-nous, étant ému de compassion envers nous », révèle qu’il manque de foi dans la puissance de Jésus, en même temps qu’il n’est pas très sûr de sa bonté.

La réponse de Jésus est : « Le « Si tu peux », c’est : « Crois ! » Ce qui revient à dire : Il n’y a pas de « si », de mon côté à moi, le seul « si » qui intervient ici est de ton côté. Ce n’est pas : « si je peux faire quelque chose », mais « si tu peux croire ». Cela met tout dans la vraie lumière et l’homme le voit en un éclair. En voyant il croit, tout en confessant son incrédulité passée.

Ayant suscité la foi dans cet homme, le Seigneur agit. Son but n’est pas de faire sensation parmi le peuple. Si cela avait été le cas, il aurait attendu que la foule se rassemble. Son but évidemment est d’affermir la foi du père et de tous ceux qui ont des yeux pour voir. Le démon doit obéir, bien qu’il fasse tout le mal qu’il peut avant de relâcher sa proie. Ce déploiement de puissance démoniaque, après tout, ne fait que donner occasion à un plus grand déploiement de puissance divine. Non seulement le garçon est complètement délivré, mais il est aussi délivré pour toujours, puisque le démon reçoit l’ordre de ne plus entrer en lui.

Ayant ainsi manifesté la puissance et la bonté de Dieu, le parfait Serviteur ne recherche pas la popularité parmi les foules, mais se retire dans une certaine maison. Là, dans la tranquillité, ses disciples lui demandent la raison de leur échec, et reçoivent la réponse du Seigneur. Nous ne devrions pas cesser de poser leur question, lorsque nous expérimentons notre faiblesse en présence de l’ennemi. En le faisant, nous recevrons sans aucun doute la réponse même qu’ils ont reçue, comme nous la trouvons au verset 29. Le Seigneur avait déjà déclaré qu’à la racine de leur impuissance, il y avait l’incrédulité. Maintenant il désigne deux autres choses. Non seulement la foi est nécessaire, mais aussi la prière et le jeûne.

La foi indique un esprit de confiance en Dieu, la prière un esprit de dépendance envers Dieu, le jeune un esprit de séparation pour Dieu, sous la forme d’abstinence de choses légitimes. Voilà les choses qui mènent à la puissance dans le service de Dieu. Leurs contraires, incrédulité, confiance en soi, complaisance envers soi-même sont les choses qui amènent à la faiblesse et à l’échec. Ces paroles de notre Seigneur jouent le rôle d’un projecteur sur nos nombreux manquements dans notre service pour lui. Qu’à leur lumière nous considérions nos voies.

Aux versets 30 et 31, nous voyons à nouveau le Seigneur se retirer loin de la foule et instruire ses disciples de sa mort et de sa résurrection prochaines. C’est ce que nous avons vu, pour la première fois, dans les versets 30 et 31 du chapitre précédent.

C’était le prochain grand événement du programme divin, et Jésus commence à le présenter de façon continue à l’esprit de ses disciples, bien qu’à ce moment là ils soient incapables de le comprendre. Leur esprit était encore rempli de l’attente de la venue d’un royaume visible. Aussi sont-ils incapables de concevoir toute idée qui viendrait contredire cela.

L’idée que le royaume de Christ apparaîtrait immédiatement leur souriait, parce qu’ils s’attendaient à y avoir une place d’honneur. Ils le concevaient de façon chamelle, et cela éveillait dans leur cœur des désirs charnels. C’est pourquoi, pendant le trajet qui les mène à Capernaüm, ils se mettent à discuter entre eux pour savoir qui serait le plus grand. La question du Seigneur suffit à les persuader de leur folie, comme le prouve leur silence embarrassé. Cependant il sait tout, car il se met à leur répondre, bien qu’ils ne fassent aucune confession.

Sa réponse se trouve avoir une double portée. D’abord le seul chemin qui mène à la vraie grandeur est celui qui vous fait descendre au plus bas, pour être serviteur de tous. Et les choses étant ainsi, nous pouvons voir comment le Seigneur Jésus est prééminent, même si l’on met à part sa déité. Dans son humanité, il a pris la place la plus humble et est devenu serviteur de tous, d’une manière qui va infiniment au-delà de tout ce qu’a pu faire qui que ce soit. Et très vraisemblablement le premier est celui qui lui ressemble le plus.

En deuxième lieu, il montre que la personnalité du serviteur a peu d’importance : ce qui compte, c’est au nom de qui il vient. Nous avons cette scène belle et touchante où il place d’abord un petit enfant au milieu d’eux, et puis le prend dans ses bras pour bien faire comprendre ce qu’il veut dire. Cet enfant n’est qu’un échantillon insignifiant de l’humanité ; cependant, recevoir un de ces petits enfants, c’était recevoir le Seigneur lui-même et aussi le Père qui l’avait envoyé. Recevoir mille enfants semblables, au nom d’un autre quel qu’il soit, ou sur un tout autre terrain, n’aurait que peu de sens. Le fait est que le Maître est si suprêmement grand que la position relative de ses petits serviteurs ne vaut pas la peine qu’on en discute.

Cet enseignement semble avoir été comme une illumination pour Jean, et avoir aiguillonné sa conscience quant à l’attitude qu’ils avaient eue envers un homme zélé qui agissait au nom de Jésus, bien qu’il ne suivît pas les douze. Pourquoi ne les suivait-il pas, cela ne nous est pas dit, mais il faut nous souvenir que chacun n’avait pas la latitude, s’il le voulait, de se joindre aux douze. Le propre choix du Seigneur décidait de cela. De toute façon, la réponse du Seigneur met tout l’accent sur la valeur de son nom. En agissant au nom de Jésus, l’homme était évidemment pour Christ et non contre lui.

En fait, cette personne, qui n’avait pas été investie de mission officielle, avait fait la chose même que les disciples n’avaient pas réussi à faire : il avait chassé un démon. La charge est une chose, la puissance en est une autre, tout à fait différente. Elles devraient aller ensemble dans la mesure où la charge est une institution dans le christianisme. Mais très fréquemment, ce n’a pas été le cas. Et dans les derniers temps, où des charges ont été instituées de façon non scripturaire, nous voyons bien souvent une personne simple, et qui n’a pas de charge particulière, faire la chose que la personne investie d’une charge n’a pas la puissance de faire. La puissance est dans le Nom, pas dans la charge.

Le verset 41 montre que le plus petit don fait au nom de Christ et pour l’amour de Christ a de la valeur aux yeux de Dieu et recevra sa récompense de ses mains. Le verset 42 nous donne la réciproque : être en piège au plus faible de ceux qui appartiennent à Christ, c’est mériter et recevoir un jugement sévère. Perdre sa vie dans ce monde est une petite chose, comparée à la perdre dans le monde à venir.

Cela mène à ce passage très solennel qui clôt ce chapitre. Quelques-uns des auditeurs ont peut-être pensé que ce qu’avait dit le Seigneur en parlant de pierre de meule était un peu outrancier. Il ajoute des paroles encore plus fortes qui ouvrent la perspective du feu de l’enfer lui-même. Ses pensées, à ce moment-là, évidemment s’élargissaient et vont au-delà de ses disciples, pour s’adresser aux hommes en général, et il montre que toute perte, dans ce monde-ci, est très petite, comparée à la perte de tout ce qui est la vie dans le monde à venir, et au fait que l’on soit jeté dans le feu de la géhenne. La main, le pied et l’œil sont des membres de notre corps qui ont beaucoup de prix et dont on ne se sépare pas facilement, mais la vie dans le siècle à venir n’a pas de prix, et les flammes de l’enfer sont une affreuse réalité.

La vallée de Hinnom, le champ d’immondices à l’extérieur de Jérusalem, où des feux brûlaient toujours et où les vers faisaient continuellement leur travail, était connue sous le nom de la Géhenne. Et ce mot, sur les lèvres du Seigneur, devenait une image qui convenait parfaitement au séjour des perdus. En vérité, l’enfer sera le grand dépotoir de l’éternité, où tout ce qui est irrémédiablement mauvais sera séparé de ce qui est bon, et restera à jamais sous le jugement de Dieu. Ce fait terrible nous est communiqué par la bouche de celui qui a aimé les pécheurs et a pleuré sur eux.

La première déclaration du verset 49 découle de ce que vient de dire le Seigneur. Le feu sonde, consume, purifie. Le sel non seulement assaisonne, mais il conserve. Le feu symbolise le jugement de Dieu, que tous doivent rencontrer d’une façon ou d’une autre. Le croyant doit le connaître comme l’indique 1 Corinthiens 3:13, et par lui il sera « salé », puisque cela signifiera que tout ce qui est bon sera conservé. Les impies y seront soumis dans leur personne, et même ce jugement les salera, c’est-à-dire qu’ils y seront conservés en lui et non pas détruits par lui.

La fin du verset est une allusion à Lévitique 2:13. On a décrit le sel comme le symbole de cette puissance de grâce sanctifiante qui lie l’âme à Dieu et intérieurement la garde du mal. Nous ne pouvons pas présenter notre corps comme sacrifice vivant à Dieu si cette grâce sanctifiante est absente. En vérité le sel est bon, et rien ne pourrait compenser son absence. Il nous faut avoir en nous-mêmes cette sainte grâce qui veut nous juger et nous séparer de tout ce qui est mal. Si chacun veille à l’avoir en lui-même, il n’y aura pas de difficulté à être en paix entre nous.

 

10                  Chapitre 10

Le début de ce chapitre, nous rapproche des dernières scènes de la vie du Seigneur. Il est au-delà du Jourdain, mais près des limites de la Judée, et les pharisiens viennent pour s’opposer à lui, le mettant à l’épreuve. En soulevant des questions sur le mariage et le divorce, ils espéraient l’entraîner dans quelque contradiction avec les commandements donnés par Moïse, et ainsi trouver un point sur lequel l’attaquer. Le Seigneur ne contredit pas Moïse, mais il remonte bien avant lui, à ce qu’avait été la pensée de Dieu au commencement en créant l’homme et la femme. Les pharisiens étaient des observateurs très scrupuleux de la loi de Moïse, mais il leur montre que, dans ce cas, la loi n’était pas l’application de ce qu’était la pensée de Dieu au commencement. Il est important de le remarquer, car cela nous fournit une explication du fait que la loi ne constitue pas la règle de vie pour le chrétien.

La loi se plaçait à un niveau qui était en dessous de la pensée de Dieu. Le Seigneur maintenait cette pensée dans sa plénitude. Le verset 9 élève toute cette question du mariage, du niveau de l’homme et de ses convenances, au niveau de Dieu et de son œuvre. Il s’agit d’une institution divine, et non d’un arrangement humain, c’est pourquoi l’homme ne doit pas y toucher. Si Dieu unit, l’homme ne doit pas séparer.

Ce verset établit un grand principe qui est une vérité d’une portée générale. L’inverse aussi serait vrai, l’homme ne doit pas unir ce que Dieu a séparé. C’est une triste réalité que, depuis que le péché est là, l’homme n’a eu de cesse qu’il ait défait ce que Dieu a fait. C’est vrai pour les choses naturelles, et beaucoup de maux dont nous souffrons viennent de ce que nous avons touché aux choses données de Dieu, même en ce qui concerne la nourriture, etc., bouleversant dans tous les domaines l’équilibre que lui avait établi. Il en est certainement ainsi dans le domaine des choses spirituelles. Maintes difficultés, beaucoup de problèmes d’âme, qu’on aurait pu s’épargner, viennent de la méconnaissance des choses que Dieu dans sa parole a unies ou de celles qu’il a séparées.

Ayant placé devant eux le mariage sous son vrai jour, le Seigneur s’occupe, dans les versets 13 à 16, des enfants. En ce qui les concerne, les disciples partagent les idées habituelles du monde, qui sont loin d’être au niveau des pensées de Dieu. Les disciples jugeaient que les enfants ne méritaient vraiment pas de retenir l’attention du Maître, mais lui pensait bien différemment. Il les reçoit avec joie, les prend dans ses bras, pose les mains sur eux, et les bénit. Il montre aussi que la seule manière d’entrer dans le royaume de Dieu, c’est d’avoir l’état d’esprit et l’état d’âme du petit enfant. Celui qui s’approche de ce royaume comme étant quelqu’un qui a quelque chose à faire valoir, trouve l’entrée fermée. Celui qui vient comme n’ayant rien à faire valoir, peut entrer.

Puis aux versets 17 à 27, nous avons l’enseignement du Seigneur en ce qui concerne nos biens. Et il est frappant de voir comment le mariage, les enfants et les biens se suivent dans ce chapitre, car une part si importante de notre vie dans ce monde est prise par ces trois choses. Toutes trois sont perverties, mal employées entre les mains d’hommes pécheurs. Toutes trois sont mises à la place qui convient dans les enseignements de notre Seigneur.

Celui qui accourt vers Jésus montre beaucoup de qualités louables. Matthieu nous dit qu’il était jeune, et Luc que c’était un chef du peuple. Il était sérieux, plein de révérence, et reconnaissait en Jésus un grand rabbi, qui pouvait montrer aux hommes le chemin de la vie éternelle. Pour lui, il était entendu que cette vie éternelle devait s’obtenir par des œuvres humaines, selon la loi. Évidemment il n’avait aucune idée de la divinité de Jésus, d’où les paroles du Seigneur au verset 18. Celui-ci repoussait l’idée d’être bon à moins d’être Dieu, disant en fait : Si je ne suis pas Dieu, je ne suis pas bon.

Comme le jeune homme lui posait sa question en pensant à la loi, le Seigneur le renvoie à la loi, particulièrement aux commandements qui concernent les devoirs d’un homme envers son prochain. Le jeune homme pouvait prétendre qu’il les avait observés, au moins en ce qui concernait ses actes. Et Jésus, l’ayant regardé, l’aime. Cela montre que lorsqu’il prétend avoir correctement observé les choses que la loi prescrivait, il dit la vérité. C’était une personne tout à fait remarquable dont les traits de caractère, en eux-mêmes, étaient agréables à Dieu. Le Seigneur n’a pas méconnu ces traits de caractère agréables. Il les reconnaît, et considère le jeune homme avec le regard de l’amour.

Cependant, il le met à l’épreuve. Une chose lui manquait, et c’était la foi que Dieu donne, celle qui aurait saisi qui était Jésus et l’aurait amené à prendre la croix et à le suivre ; la foi qui aurait préféré un trésor dans le ciel à un trésor sur la terre. Il espérait que le Seigneur lui indiquerait quelque œuvre de loi par laquelle il pourrait hériter de la vie éternelle ; au lieu de cela, on lui a indiqué une œuvre de foi. Affligé dans son cœur, il s’en va. Il ne possédait pas la foi, aussi il lui est impossible de montrer sa foi par ses œuvres. La même mise à l’épreuve vient à nous. Comment y avons-nous répondu ?

C’est une question d’une portée immense. Comme nous sommes tous lents à renoncer à l’observance de la loi pour avoir Christ, et à la terre pour avoir le ciel ! Rien d’étonnant à ce que le Seigneur parle de la difficulté avec laquelle les riches entrent dans le royaume. Le verset 23 parle de ceux qui « ont des biens » et le verset 24 de ceux qui « se confient dans les richesses ». Le fait est, bien sûr, qu’il est très difficile d’avoir les richesses sans se confier en elles. Par nature nous nous accrochons aux richesses et à la terre. Christ offre la croix et le ciel.

Les disciples, habitués à considérer les richesses comme un signe de la faveur de Dieu, sont tout étonnés de ces paroles. Ils ont le sentiment qu’elles font se dérober sous eux le terrain sur lequel ils se tiennent. Et en vérité c’est bien cela. Et « qui peut être sauvé ? » est une question capitale. Le verset 27 donne une réponse nette : Le salut est impossible pour les hommes, quoique possible pour Dieu. En d’autres termes c’est comme si le Seigneur disait : s’il s’agit de savoir ce que l’homme peut faire, personne ne peut être sauvé, mais s’il s’agit de savoir ce que Dieu peut faire, il n’y a personne qui ne puisse être sauvé.

Nous mettons bien l’accent sur ce mot. Le salut pour les hommes n’est pas improbable, mais impossible. La porte, en ce qui concerne nos efforts, nous est complètement fermée. Dieu a ouvert une autre porte cependant, mais c’est par la mort et la résurrection, vers lesquelles le Seigneur, maintenant, dirige les pensées de ses disciples.

Bien que la mort et la résurrection soient devant l’esprit du Seigneur, la gloire terrestre occupe toujours l’esprit de Pierre, et il trahit cela par la remarque qu’il fait et qui est rapportée au verset 28. Bien sûr il fait allusion à l’épreuve à laquelle le Seigneur vient de soumettre le jeune chef des Juifs. Pierre a le sentiment que si le jeune homme riche a échoué devant cette épreuve, il n’en a pas été de même pour lui et ses compagnons. En effet il a bien ajouté, comme Matthieu le rapporte : « Que nous adviendra-t-il donc ? » Son esprit curieux et impétueux veut voir à l’avance les bonnes choses à venir. La réponse du Seigneur montre qu’en ce temps-ci il doit y avoir un grand gain, quoique avec des persécutions, et dans le siècle qui vient la vie éternelle.

Ce que dit notre Seigneur est illustré par la vie de service de Paul, comme on le voit dans des passages tels que : Actes 16:15 ; 18:3 ; 21:8 ; Romains 16:3, 4 et 23 ; 1 Corinthiens 16:17 ; Philippiens 4:18 ; Philémon 22. Des maisons étaient à sa disposition dans plus d’une ville et beaucoup estimaient que c’était un honneur de jouer auprès de lui le rôle de frère, de sœur, de mère, ou d’enfant. Les persécutions ont certainement été sa part. La vie éternelle dans le monde à venir est là devant lui. Voilà la condition de ceux qui suivent et servent le parfait Serviteur de Dieu.

Ce que nous avons dans le verset 31 a évidemment été prononcé pour avertir et reprendre Pierre. Être au premier plan sur la terre ne signifie pas obligatoirement la première place là-haut. Tout dépend de ce qui, au fond, a poussé à servir. Si Pierre veut faire un marché — tant de consécration pour tant de récompense — rien que cela révèle des mobiles qui ne sont pas les bons. Mais le verset ne dit pas que tous ceux qui sont les premiers doivent nécessairement être les derniers, et tous les derniers les premiers. Paul a dépassé tous ceux de son temps, et qui peut mettre en doute la pureté de ses intentions, ou la réalité de sa consécration à son Seigneur ?

Ce dont Pierre et les autres disciples avaient grand besoin, c’était de réaliser et de comprendre que la mort et la résurrection de leur Maître approchaient rapidement. Dix-neuf siècles après cet événement, c’est ce que nous avons encore grand besoin de réaliser et de comprendre aujourd’hui. Non seulement c’est le fondement de toute bénédiction pour nous, mais cela imprime son propre caractère à toute vie et tout service chrétiens. Aucun service intelligent ne peut être accompli si ce n’est à la lumière de ce que nous avons là.

Les versets 32 à 34 nous donnent la quatrième occasion où le Seigneur a instruit ses disciples au sujet de sa mort et de sa résurrection ; et la requête de Jacques et de Jean, rapportée au verset 37, fournit au Seigneur une cinquième occasion. Leur esprit était encore plein de ce qu’ils espéraient dans un royaume glorieux sur la terre, et ils veulent faire quelque chose qui soit favorable à leurs intérêts dans ce royaume-là. Or le Seigneur Jésus était ici le parfait Serviteur de la volonté de Dieu, et cela entraînait pour lui la coupe des souffrances et le baptême de la mort. Des places d’honneur dans ce royaume à venir seront distribuées à ceux qui auront servi ce merveilleux Serviteur, dans la mesure où ils auront accepté la souffrance et la mort pour l’amour de son nom. Mais quoi qu’il en soit, Jésus ne distribue pas ces places de distinction. Tout cela est laissé à la discrétion du Père, car Jésus garde cette place de Serviteur qu’il a prise. Si nous ne gardons pas la place où nous avons été mis, cette place d’identification à notre Seigneur rejeté, nous ne pouvons pas espérer de considération particulière dans la gloire du royaume.

Cette chasse éhontée aux honneurs que font Jacques et Jean pourrait nous pousser à les blâmer plus que les autres, s’il n’y avait pas le verset 41 qui montre que tous les autres nourrissaient les mêmes désirs égoïstes, et qu’ils ont protesté, non pas parce que les deux disciples avaient fait cette requête, mais parce qu’ils les avaient devancés par leur démarche. Leur contrariété, cependant, ne fait que donner à la parfaite grâce de leur Seigneur une autre occasion de se manifester.

Comme c’était facile, pour les disciples de Jésus, et comme ce l’est encore, d’accepter et d’adopter les critères et les coutumes du monde qui nous entoure, de considérer comme normal de faire ceci ou cela, puisque, apparemment, tout le monde le fait ! Mais notre Seigneur ne se lassera pas de nous dire : « Il n’en est pas ainsi parmi vous ». Les nations ont leurs grands hommes qui exercent leur autorité avec arrogance. Parmi les disciples du Seigneur, la grandeur se manifeste d’une façon tout à fait différente. La vraie grandeur se manifeste en prenant l’humble place de celui qui sert les autres — et qui sert le Seigneur en les servant.

Le Fils de l’homme lui-même est l’exemple insigne d’un tel service. Qui est aussi grand que lui dans la sphère d’où il vient ? « Mille milliers le servaient » (Daniel 7:10). Qui a pris une place aussi humble que lui qui servait les autres ? Qui a accompli son service jusqu’au point de « donner sa vie en rançon pour beaucoup » ? Pour cette seule raison, mise à part toute autre considération, la place de prééminence doit nécessairement être la sienne. Ce sont ceux qui maintenant le suivent de plus près dans un humble service qui seront les premiers en ce jour-là.

Au verset 45, le Seigneur non seulement présente sa mort à ses disciples pour la cinquième fois, mais explique ce qu’elle signifie. Auparavant il avait insisté sur le fait qu’il devait mourir pour que l’esprit des disciples ne soit plus obsédé par l’attente de la venue d’un royaume visible. Maintenant apparaît le pourquoi de sa mort. Il va mourir pour payer la rançon de beaucoup. Nous avons donc ici, de sa bouche même, une déclaration claire que sa mort aura le caractère de substitution et de propitiation. Ici c’est pour « beaucoup », car il est question des résultats effectifs et réels de sa vie donnée en rançon. En 1 Timothée, où il s’agit de la portée, du champ d’action qu’a sa mort, le mot est pour « tous ».

Le Seigneur s’occupait ainsi de ses disciples « alors qu’ils étaient en chemin, montant à Jérusalem » (verset 32). Au verset 46, ils arrivent à Jéricho, et alors commencent les dernières scènes de sa vie. Bartimée, le mendiant aveugle, fournit au Seigneur une occasion remarquable de déployer la miséricorde de Dieu. La miséricorde, c’est ce dont avait grand besoin cet aveugle, alors que ceux qui ne comprenaient pas la miséricorde divine auraient aimé le faire taire. Cependant il reçoit la miséricorde, et bien au-delà de ce qu’il escompte, car non seulement elle lui donne la vue, mais elle l’enrôle comme disciple à la suite de celui qui faisait déborder la miséricorde. La foi de Bartimée se montre en ce qu’il appelle Jésus : Fils de David, alors que d’autres ne parlaient de lui que comme Jésus de Nazareth. Peut-être que sa foi était petite, car elle ne s’élève pas jusqu’à donner au Seigneur le titre élevé de Fils de Dieu ; cependant une petite foi reçoit une réponse abondante aussi sûrement qu’une grande foi. Soyons reconnaissants pour cela.

 

11                  Chapitre 11

Maintenant Jésus approche de Jérusalem. Ses disciples marchent à sa suite, et pas seulement ceux qui avaient passé trois ans en sa compagnie, mais Bartimée aussi qui n’y est peut-être que depuis trois heures. C’est à Béthanie qu’habitaient quelques personnes qui l’aimaient ; et là il trouve l’ânon, pour entrer dans la ville de Jérusalem comme Zacharie l’avait annoncé. Le Seigneur a besoin de cet ânon ; il en connaît le propriétaire et sait qu’il y aura une réponse immédiate à ce dont il a besoin. Il était le serviteur de la volonté de Dieu, et il savait où trouver tout ce qui était nécessaire pour accomplir son service, qu’il s’agisse de l’âne dans ce chapitre, ou de la grande pièce garnie au chapitre 14, ou en d’autres occasions.

Jésus entre dans Jérusalem comme l’avait dit le prophète : « juste », « humble », et « ayant le salut ». Il y a un élan d’enthousiasme éphémère, car les hommes n’ont aucun désir durable de ce qui est juste, et la sainteté ne les attire pas. De plus, le salut qu’ils désiraient était un salut simplement pour la terre : Ils auraient été contents d’être libérés de la tyrannie de Rome, mais n’avaient aucun désir d’être délivrés de l’esclavage du péché. Leurs Hosannas concernaient le royaume de David qu’ils espéraient voir venir, ce qui fait que bien vite s’éteignent leurs cris. Le Seigneur va droit au fond des choses en entrant dans le temple. En ce qui concerne les relations d’Israël avec leur Dieu, c’était le centre de tout ; et c’était là que se manifestait le mieux leur état sur le plan religieux. Rien n’échappe à l’examen du Seigneur, car il est dit qu’« il promena ses regards de tous côtés sur tout ».

L’incident concernant le figuier a lieu le lendemain matin. Le figuier est une figure d’Israël, et plus particulièrement du résidu de la nation qui avait été rétabli dans la terre de leurs pères et au milieu duquel était venu le Christ. Luc 13:6 à 9 nous le montre. La nation entière avait été la vigne du Seigneur et le résidu restauré était comme un figuier planté dans cette vigne. Le roi étant entré, selon la parole prophétique, le moment suprême de l’épreuve était venu. Il n’y avait que des feuilles. Bien que ce ne fût pas le temps des figues, il aurait dû y avoir beaucoup de figues vertes, promesse d’une fécondité à venir. Le figuier n’était bon à rien, et ne devrait plus jamais porter de fruit.

Suite à cela, aux versets 15 à 19, nous avons ce que fait le Seigneur pour purifier le temple. La pensée de Dieu, en établissant sa maison à Jérusalem, était que ce soit un lieu de prière pour toutes les nations. Si un homme, quel qu’il soit, et à quelque race qu’il appartienne, recherchait Dieu en tâtonnant, il pouvait venir à cette maison et entrer en relation avec lui. Les Juifs l’avaient transformée en caverne de voleurs. Voilà l’effroyable spectacle que rencontre le saint regard de Jésus quand il inspecte la maison de Dieu, le soir précédent.

Sans doute les Juifs auraient donné de bonnes raisons pour permettre de telles abominations : les étrangers n’étaient-ils pas obligés de changer leurs différentes monnaies ? Ne fallait-il pas des colombes pour les plus pauvres qui n’avaient pas les moyens d’offrir un sacrifice plus important ? Mais tout cela avait été ravalé au niveau d’une entreprise lucrative. Celui qui venait de loin chercher Dieu risquait, quand il arrivait au temple, d’être repoussé par la malhonnêteté de ceux qui y faisaient leurs affaires. Terrible situation ! Les gardiens de la maison étaient une bande de voleurs, et le Seigneur le leur dit. Cela met les scribes et les principaux sacrificateurs en fureur et ils décident de le faire mourir.

Depuis bien longtemps, des maux exactement semblables se manifestent dans la chrétienté. C’est une chose terrible à dire, mais la vérité exige que ce soit dit. De nouveau la religion a été transformée en entreprise lucrative, au point que celui qui prétendait vouloir trouver Dieu a souvent été complètement dégoûté. On peut voir cela, sous ses formes les plus outrées, dans le grand système catholique romain, mais on peut le voir ailleurs sous une forme différente. C’est l’erreur de Balaam, et beaucoup s’y abandonnent « pour une récompense », comme nous le dit Jude. Veillons soigneusement à éviter cela. Aujourd’hui la maison de Dieu sur la terre est formée de saints — non pas de pierres mortes mais de pierres « vivantes » — et il faut que nous apprenions comment nous devons nous y conduire : la première lettre de Paul à Timothée nous donne les instructions nécessaires. Dans cette lettre, sont tout à fait remarquables des expressions comme : « n’aimant pas l’argent », « non avides d’un gain honteux » ; « privés de la vérité, ils estiment que la piété est une source de gain... Or la piété avec le contentement est un grand gain ». Si de telles expressions nous gouvernent, nous serons gardés de ce piège.

Comme ils entrent dans Jérusalem, le lendemain matin, ils voient le figuier auquel le Seigneur avait parlé, séché depuis les racines. Le mal qui l’a frappé a agi d’une manière qui n’est pas naturelle ; sinon il aurait séché à partir du haut jusqu’en bas. Ce fait proclame que c’est Dieu qui l’a fait et cela surprend Pierre qui attire l’attention sur ce point, invitant ainsi le Seigneur à faire une double remarque sur ce qui est arrivé.

D’abord il dit : « Ayez foi en Dieu ». La tendance des disciples était d’avoir foi dans les choses visibles, dans le système mosaïque, dans le temple, en eux-mêmes en tant que peuple, ou dans leurs sacrificateurs et dans leurs chefs. Nous avons exactement la même tendance, et ne nous arrive-t-il pas facilement d’accrocher notre foi à des systèmes, à des mouvements ou à des conducteurs doués ? Aussi avons-nous besoin d’apprendre exactement la même leçon, qui est que toutes ces choses-là viennent à manquer, mais que Dieu demeure. Il est fidèle, et il reste comme l’objet de la foi quand une malédiction tombe sur le petit figuier que nous avons chéri. Littéralement l’expression est : « Ayez la foi de Dieu ». C’est comme si le Seigneur nous disait : Comptez fermement sur la fidélité de Dieu, peu importe ce qui peut sécher et disparaître.

Mais cela conduit à ce que le Seigneur dit ensuite concernant la prière, et où l’accent est à nouveau mis sur la foi. « Quiconque dira... et ne doutera pas dans son cœur... mais croira..., tout ce qu’il aura dit lui sera fait ». Les expressions « quiconque » et « tout ce que » en font une déclaration absolue et des plus saisissantes quand nous en mesurons la portée. Mais cela se lie à la prière mentionnée dans le verset qui suit, où nous avons : « Tout ce que vous demanderez... croyez... et il vous sera fait ». Dans ces deux versets, évidemment, il s’agit avant tout de savoir si l’on croit.

Or croire, c’est avoir la foi, et la foi n’est pas simplement quelque chose qui vient de l’homme, une sorte de chimère ou de produit de l’imagination. Le verset 24, par exemple, ne signifie pas qu’il suffit que je réussisse à imaginer que je reçois ce que j’ai demandé pour que je le reçoive effectivement. Mes prières, d’après le verset 24, et mes paroles, d’après le verset 23, doivent être le résultat d’une foi authentique ; et la foi est cette faculté spirituelle en moi qui reçoit la Parole divine. La foi est l’œil de l’âme, qui reçoit et apprécie la lumière divine. Si ma prière est fondée sur une foi intelligente, je croirai que je reçois et je recevrai effectivement ce que je désire. Et il en sera de même de ce que je peux dire, comme nous le trouvons au verset 23.

On pourrait citer des cas dans l’œuvre missionnaire contemporaine qui illustrent le verset 23. Plus d’une fois, dans des contrées païennes, les serviteurs du Seigneur se sont trouvés en présence de tristes cas de possession démoniaque, qui défiaient la puissance de l’Évangile. Avec une pleine foi dans la puissance de l’Évangile, ils ont à la fois prié et parlé. Ce qu’ils ont dit s’est accompli et le démon a été obligé de partir.

Les versets 25 et 26 introduisent une autre condition indispensable. La foi nous amène dans des relations avec Dieu qui sont ce qu’elles doivent être, mais nos relations avec notre prochain doivent être ce qui convient si nous voulons prier et parler, et qu’il y ait des résultats. Ayant été nous-mêmes des objets de miséricorde, à qui il a été tellement pardonné, nous devons être nous-mêmes remplis de cet esprit de miséricorde et de pardon. Sinon nous aurons affaire au gouvernement de Dieu.

Comme le Seigneur, de nouveau à Jérusalem, se promène dans le temple, les principaux sacrificateurs et autres responsables du temple viennent contester l’autorité par laquelle il a agi la veille en purifiant ces bâtiments. Le Seigneur leur répond en leur demandant de se prononcer sur une question préliminaire : le ministère et le baptême de Jean étaient-ils recevables ou non ? Ils réclamaient les lettres de créance du Maître suprême, mais que fallait-il penser de celles de l’humble précurseur ? Il serait bien temps de considérer le problème capital, quand on aurait réglé celui qui était secondaire. Qu’ils tranchent la question en ce qui concerne Jean.

Ils se trahissent par la façon dont ils répondent. Ils n’avaient pas l’intention de se prononcer sur le fond ; pour eux la grande affaire était ce qui pouvait les servir sur le moment, et sur ce point ils se trouvaient enfermés dans un dilemme. Se prononcer d’un côté ou de l’autre les mettrait dans une position difficile. Ils sont assez avisés pour s’en rendre compte et ils décident donc de plaider l’ignorance. Mais ce prétexte ne leur permet plus d’exiger que le Seigneur soumette ses lettres de créance à leur examen rigoureux. Ils proclament leur incompétence dans ce qui était facile et ainsi ne peuvent pas insister pour qu’on se rende à leurs exigences dans ce qui était difficile.

 

« Du ciel ou des hommes ? » telle était la question en ce qui concernait Jean. C’est aussi la question qui se posait au sujet de notre Seigneur lui-même. À notre époque, nous pouvons aller plus loin et dire que cette question se pose pour la Bible. Jean n’était qu’un homme, et pourtant son ministère était du ciel. Le Seigneur était vraiment venu sur la terre, étant né de la Vierge, cependant il était du ciel, comme l’était aussi son ministère incomparable. La Bible est un livre qui nous est donné par des hommes, cependant ce n’est pas une parole d’homme, car ceux qui ont écrit « étaient poussés par l’Esprit Saint » (2 Pierre 1:21).

Lorsque nous avons dans notre âme une conviction qui nous est donnée par Dieu, que la Parole vivante et la Parole écrite sont toutes deux du ciel, leur autorité est bien établie dans notre cœur.

 

12                  Chapitre 12

À la fin du chapitre 11, nous avons entendu les chefs des Juifs plaider l’ignorance. Le baptême de Jean était-il du ciel ou des hommes, ils ne pouvaient pas le dire ; et encore moins pouvaient-ils comprendre le travail et le service de notre Seigneur. Nous ouvrons ce chapitre 12 pour y voir démontré de façon évidente que Jésus connaissait et comprenait parfaitement ces hommes. Il savait ce qui les poussait, ce qu’ils pensaient, et le but qu’ils poursuivaient. Il révèle qu’il sait bien qui ils sont dans une parabole remarquable.

Le premier verset nous parle de « paraboles », et l’Évangile selon Matthieu nous montre qu’alors Jésus en a dit trois. Marc ne rapporte que la deuxième des trois, celle qui annonçait à l’avance ce que ces chefs juifs allaient faire, et quelles en seraient pour eux les conséquences. Dans cette parabole, les « cultivateurs » représentaient les chefs responsables en Israël, et un résumé nous est donné de la manière dont, à travers les siècles, ils avaient refusé toutes les exigences de Dieu.

En parlant d’une vigne, le Seigneur Jésus reprenait une image qui avait été utilisée dans l’Ancien Testament au Psaume 80, en Ésaïe 5, et ailleurs. Dans ce Psaume, le cep représente de façon évidente Israël, et de lui doit sortir « une branche », « un provin » qui est « le Fils de l’homme que tu as fortifié pour toi ». Dans Ésaïe, il est tout à fait clair que Dieu n’a pas retiré de sa vigne ce qu’il était en droit d’attendre. Et voilà que maintenant, bien des années après, nous retrouvons cette histoire. Le maître de la vigne avait fait ce qui lui incombait en fournissant tout ce qui était nécessaire, et la responsabilité quant au fruit reposait sur les cultivateurs à qui la vigne était confiée. Ils n’ont pas été à la hauteur de leur responsabilité, et puis ils se sont mis à nier les droits du Maître et à maltraiter ses représentants. Et finalement ils ont été mis à l’épreuve par la venue du fils du Maître de la vigne. De la même manière, les chefs d’Israël avaient maltraité les prophètes et en avaient tué quelques-uns. Et alors est apparu le Fils, qui est cette branche dont parle le Psaume. Voilà la mise à l’épreuve suprême.

La position des Juifs placés sous la loi est décrite dans cette parabole. Donc la question est de voir s’ils peuvent produire ce que Dieu exige. Ils ne l’ont pas fait. Non seulement il y a eu absence de fruit, mais la présence d’une haine déclarée pour Dieu et ceux qui le représentent, et cette haine a atteint son apogée quand le Fils est apparu. Les chefs responsables étaient poussés par la jalousie et ils voulaient garder tout l’héritage pour eux seuls ; aussi se préparent-ils à faire mourir Jésus. Un ou deux jours avant, ils avaient décidé de le faire mourir, comme nous l’a appris le verset 18 du chapitre précédent. Maintenant le Seigneur leur révèle qu’il connaissait leurs méchantes pensées.

Et il leur montre aussi quelles en seront pour eux les terribles conséquences. Ils seront dépossédés et détruits. Cela s’est accompli historiquement à la destruction de Jérusalem, et sans aucun doute aura plus tard un plein accomplissement qui sera définitif aux derniers jours. Celui qu’ils ont rejeté deviendra la maîtresse pierre du coin de tout ce que Dieu est en train de bâtir pour l’éternité. Quand se réalisera cette prédiction, ce sera, en vérité, une merveille devant les yeux d’Israël.

Cette déclaration que le Maître de la vigne « donnera la vigne à d’autres » est une annonce de ce qui est davantage mis en lumière en Jean 15. D’autres deviendront des sarments du vrai cep et porteront du fruit. Seulement ce ne sera plus en étant sous la loi qu’ils le feront, et ils ne seront pas choisis seulement parmi les Juifs. Les paroles du Seigneur les avertissent que, puisqu’ils l’ont rejeté, Dieu les mettra de côté : d’autres seront assemblés et introduits, jusqu’à ce que, à la fin, celui qu’ils rejetaient domine sur tout. Ils se rendent compte que cette parabole a prononcé contre eux un jugement.

N’osant pas, pour l’instant, mettre les mains sur le Seigneur, ils se lancent dans une attaque verbale contre lui, essayant de le surprendre dans ses paroles. Viennent d’abord les pharisiens associés aux hérodiens. Leur question sur l’argent du tribut est habilement combinée pour que, d’une manière ou d’une autre, Jésus offense les sentiments patriotiques des Juifs ou des Romains. Cependant sa réponse les réduit à l’impuissance. Il les oblige à admettre leur servitude à l’égard de César, en ayant recours à la frappe de leur monnaie. Et ce sont leurs bouches et non la sienne qui déclarent qu’elle était l’image de César. Puis non seulement il donne à leur question la réponse qui est parfaitement évidente, à la lumière de ce qu’ils ont reconnu eux-mêmes, mais cela amène à introduire la question bien plus importante des droits que Dieu avait sur eux. On comprend bien qu’ils soient dans l’étonnement à son sujet.

Nous pouvons remarquer, au verset 14, que ces adversaires rendaient hommage à sa parfaite vérité d’une manière qui allait bien au-delà de tout ce qu’ils pouvaient concevoir, dans le sens le plus absolu ; il était la vérité et enseignait la vérité, sans se laisser détourner par l’homme et son petit univers. Cela n’a pu être dit d’aucun autre serviteur de Dieu. Même Paul a été influencé par des considérations humaines, comme nous le montre Actes 21:20-26. Seul Jésus est le parfait Serviteur de Dieu, et il était si pauvre qu’il a dû demander qu’on lui apporte un denier.

Ensuite viennent les sadducéens, qui lui demandent de démêler l’imbroglio matrimonial qu’ils lui exposent. C’est ce que Jésus fait et il les convainc de leur folie. Mais avant de le faire, il révèle les causes profondes de cette folie. Ils ne connaissaient pas les Écritures — ce qui était de l’ignorance. Ils ne connaissaient pas la puissance de Dieu — ce qui était de l’incrédulité. Leur erreur incrédule reposait sur ces deux piliers. L’incrédulité moderne, qu’on peut apparenter à celle des sadducéens, repose exactement sur ces deux mêmes piliers. Continuellement on cite les Écritures, mais de travers, et on les interprète mal, ou on les mutile et on conçoit Dieu comme s’il n’était pas vraiment le Tout-Puissant, comme si c’était tout simplement un homme ayant seulement des pouvoirs plus grands que nous.

Le Seigneur prouve la résurrection des morts en citant l’Ancien Testament. La chose se trouve de façon implicite en Exode 3:6. Dieu était toujours le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob, des centaines d’années après leur mort. Bien que morts pour les hommes, ils vivaient pour Dieu et cela signifiait qu’ils devaient nécessairement ressusciter. Le fait était là, dans les Écritures. En le niant, le sadducéen démontrait tout simplement son ignorance.

Puisque ce fait se trouvait là dans les Écritures, le Seigneur, conséquent avec son caractère de Serviteur, fait appel aux Écritures et ne l’affirme pas de façon dogmatique en se fondant sur sa propre autorité. Ce qu’il déclare de façon dogmatique se trouve au verset 25, où il indique clairement dans quel état ou dans quelle condition la résurrection nous introduira, allant ainsi au-delà de ce qu’enseignait l’Ancien Testament. Le monde de la résurrection est différent du monde où nous sommes. Les relations terrestres cessent, dans cet état céleste. Nous ne sommes pas destinés à être des anges, mais à être « comme des anges qui sont dans les cieux ». L’immortalité et l’incorruptibilité seront notre part.

Il est donc clair que, dans leur ignorance, les sadducéens avaient soulevé une difficulté qui, en réalité, n’avait pas de raison d’être. Leur déroute était complète.

L’un des scribes qui écoutait s’en rend compte et se risque à soulever une question qui était souvent sujet de discussion entre eux et portait sur l’importance relative des différents commandements. La réponse du Seigneur balaye leurs laborieux raisonnements et disputes de mots quant à l’un ou l’autre des dix commandements, en allant droit à ce qui se trouve en Deutéronome 6:4-5. Il y a là un commandement qui englobe tous les autres. Dieu exige d’être absolument au-dessus de tout dans les affections de ses créatures. S’il en est ainsi, tout le reste prend la place qui convient. Il s’agit du commandement suprême qui gouverne tout.

Dans ce commandement se trouvait un élément de grand encouragement. Pourquoi Dieu se soucierait-il de posséder sans partage l’amour de sa créature ? À cette question la foi répondra en disant : Parce que lui-même est amour. Étant amour, et aimant sa créature, même si elle est perdue dans ses péchés, il ne peut être satisfait sans l’amour de sa créature. Les fils d’Israël ne pouvaient pas arrêter leurs yeux sur la consommation de la loi (2 Cor. 3:13). S’ils avaient pu le faire, c’est ce qu’ils auraient vu.

Pour le second commandement, le Seigneur renvoie le scribe à Lévitique 19:18, autre passage inattendu. Mais évidemment ce commandement découle du premier. Personne ne peut avoir la capacité et le désir d’agir comme il convient avec son prochain, s’il n’est d’abord dans une juste relation avec son Dieu. Mais l’amour est l’essence de ce second commandement tout autant que du premier. Aimer son prochain comme soi-même est la mesure que donne la loi. Seulement, sous la grâce, on peut faire un pas de plus. C’est ce qu’ont fait, par exemple, Aquilas et Priscilla, comme cela nous est rapporté en Romains 16:4. Cependant « l’amour est la somme de la loi » (Rom. 13:10), et cela est dit en rapport avec ce second commandement.

Le scribe sent la force de cette réponse, comme le montrent les versets 32 et 33. La série de questions avait commencé avec cette déclaration : « Maître, nous savons que tu enseignes la voie de Dieu avec vérité ». Cela avait été dit par les pharisiens et les hérodiens dans un esprit d’hypocrisie. Elle se termine avec ce scribe qui dit en toute sincérité : « Bien, Maître, tu as dit selon la vérité ». Cet homme voyait que l’amour qui amènerait au plein accomplissement de ces deux grands commandements était bien plus important que l’offrande de tous les sacrifices que prescrivait la loi. Les sacrifices avaient leur place, mais ils n’étaient qu’un moyen pour arriver à une fin. « L’amour est la fin de l’ordonnance » comme nous le dit 1 Tim. 1:5. La fin est plus grande que les moyens. Ainsi ce scribe approuvait la réponse qui lui avait été donnée.

La réplique du Seigneur au verset 34 est très frappante. Il déclare que cet homme n’est « pas loin du royaume de Dieu », et cela montre deux choses. Premièrement : quiconque s’éloigne de ce qui est extérieur et rituel pour se rendre compte de l’importance de ce qui est intérieur et vital devant Dieu, n’est pas loin de la bénédiction. Deuxièmement : tout important que cela soit, ce n’est pas suffisant pour entrer dans le royaume ; il faut quelque chose de plus. Il faut avoir aussi la disposition d’esprit d’un petit enfant, comme nous l’avons vu en considérant le chapitre 10. Ce scribe était près du royaume, mais il n’y était pas encore entré. Cette réponse, nous semble-t-il, désarçonne cet homme, ainsi que les autres auditeurs, et à cause de cela personne n’ose plus poser à Jésus d’autres questions. Un homme comme ce scribe, bien versé dans la loi de Dieu, était considéré comme étant dans le royaume. Cela allait de soi. Les paroles du Seigneur perturbent leurs pensées. Cependant, parce que ce scribe voyait que Dieu cherche et apprécie ce qui est moral et spirituel, au-delà de ce qui est rituel et charnel, il avait fait un bon bout de chemin en direction du royaume. Romains 14:17 souligne cela en ce qui nous concerne, au moins dans le principe. L’avons-nous pleinement reçu ?

Ses adversaires en ayant fini avec leurs questions, le Seigneur leur pose, à eux, sa question fondamentale sur ce qui est dit au Psaume 110. Les scribes savaient parfaitement que le Messie devait être le Fils de David ; cependant voilà David qui parle de lui comme étant son Seigneur. Parmi les hommes, en ce temps-là, un père ne s’adressait jamais à son fils en ces termes. C’était plutôt le contraire. Le fils appelait son père : seigneur.

Comment le Christ pouvait-il être le Fils de David ? Les scribes avaient-ils tort d’affirmer cela ? Ou alors, pouvaient-ils donner une explication ?

Ils ne peuvent pas donner d’explication. Ils se taisent. L’explication était extrêmement simple ; mais confrontés au Christ, et ne voulant pas, de propos délibéré, reconnaître ses droits, ils se refusent à la voir. Jésus était le Fils de David et David l’appelait Seigneur par le Saint Esprit ; aussi n’y avait-il pas à s’y tromper. L’explication, la voici : le Fils de Dieu devenait le Fils de David selon la chair, comme cela est si nettement déclaré en Romains 1:3. Une fois que la déité de Christ est pleinement reconnue, tout devient simple. Ces versets jettent beaucoup de lumière sur ce qui est dit en 1 Cor. 12:3. « Nul ne peut dire : « Seigneur Jésus », si ce n’est par l’Esprit Saint ».

Le Seigneur avait maintenant répondu à toutes les questions de ses adversaires et leur avait posé une question à laquelle ils n’avaient pas su répondre. S’ils avaient été capables d’y répondre, ils seraient entrés en possession de la clé de toute la situation. La foule prenait encore plaisir à l’entendre, mais les scribes étaient aveugles et, aux versets 38 à 40, le Seigneur met en garde le peuple contre eux. Ceux qui aveuglément se laissaient mener sont mis en garde contre leurs conducteurs aveugles. Les mobiles et les buts véritables des scribes sont démasqués. La Parole de Dieu qui sort de la bouche du Seigneur atteint jusqu’à la division de l’âme et de l’esprit de façon infaillible.

Le péché qui les caractérisait était qu’ils recherchaient leur propre intérêt dans les choses de Dieu. Que ce soit sur la place publique — centre des affaires, à la synagogue — centre religieux, aux repas — cercle social, il fallait absolument qu’ils aient une position dominante, et c’est dans ce but qu’ils portaient des habits qui les distinguaient des autres. Ayant obtenu cette position prééminente, ils s’en servaient pour amasser des biens au détriment des veuves, la partie la plus désarmée de la communauté. Acquérir le pouvoir et l’argent était la fin et le but de leur religion. Ils suivaient « le chemin de Balaam, fils de Bosor, qui aima le salaire d’iniquité » (2 Pierre 2:15). Et ils sont trop nombreux, de nos jours, ceux qui foulent ce mauvais chemin, dont la fin est « une sentence plus sévère ». Le qualificatif, vous le remarquez, n’est pas : « plus longue », comme s’il pouvait y avoir des différences de durée dans le châtiment. Mais il y aura bien des différences quant à la sévérité.

Les adversaires du Seigneur avaient provoqué cette discussion avec leurs questions. Mais c’est lui qui a le dernier mot. Et les mots avec lesquels il clôt la discussion ont dû tomber de ses lèvres avec la force d’un couperet. Calmement, il assume la fonction de juge de toute la terre et prononce leur condamnation irrévocable. S’il n’avait pas été le Fils de Dieu, cela aurait été folie et même pire.

Mais c’est aussi le Fils de Dieu qui s’assied vis-à-vis du trésor du temple et qui regarde les dons de la foule, et c’est avec la même sûreté qu’il apprécie la valeur de ces dons. Une pauvre veuve s’approche — peut-être une veuve qui avait souffert des escroqueries de scribes rapaces — et elle jette au trésor tout le peu qu’elle a. Il ne lui restait que deux pièces de monnaie, les plus petites qui soient, et elle les jette toutes les deux. Selon l’estimation des hommes, son don était absurde et méprisable tant il était petit ; sa présence ne serait pas remarquée et son absence n’aurait pas été ressentie. Selon l’estimation de Dieu, il avait plus de valeur que tous les autres dons réunis. L’arithmétique de Dieu, dans de tels cas, n’est pas la nôtre.

Pour Dieu, les mobiles qui font agir sont tout. Voilà une femme qui, au lieu de faire des reproches à Dieu à cause des méfaits des scribes qui prétendaient le représenter, consacre tout ce qu’elle a au service de Dieu. Cela réjouit le cœur de notre Seigneur.

Il appelle ses disciples, comme nous le rapporte le verset 43, et leur montre cette femme, proclamant la valeur de ce qu’elle a fait. Cela est particulièrement frappant si nous remarquons comment s’ouvre le chapitre 13, car ses disciples désirent lui faire remarquer la grandeur et la beauté des bâtiments du temple. Eux signalent les pierres magnifiques façonnées par le travail de la main de l’homme. Le Seigneur, lui, souligne la beauté morale de ce qu’a fait une pauvre veuve. Il leur dit que leurs grands bâtiments s’effondreront pour devenir des ruines. C’est ce que cette veuve a fait qui sera rappelé dans l’éternité.

Et cependant, cette veuve a donné deux pites au trésor qui recevait les contributions pour l’entretien des bâtiments du temple. Le Seigneur a déjà tourné le dos au temple et prononce maintenant sa condamnation. Elle ne le sait pas ; mais même si son intelligence n’a pas encore saisi cela, son don est accepté et estimé à la mesure du dévouement de son cœur qui l’a poussée à le faire. Quel encouragement !

En faisant un don, elle a Dieu devant elle, et Dieu demeure, alors même que les temples sont détruits. Les choses matérielles, dans lesquelles nous risquons de mettre notre cœur, disparaissent. Dieu demeure.

 

13                  Chapitre 13

L’annonce faite par le Seigneur que le temple devait être complètement détruit introduit ses discours prophétiques. Les disciples ne mettent pas en doute l’accomplissement de ses paroles : ils veulent simplement connaître le temps où elles auront leur accomplissement et, en bons Juifs qu’ils étaient, quel en serait le signe. Sa réponse à leurs questions est très instructive.

En premier lieu, il ne fixe aucune date : toutes les réponses qui concernent le temps, il les donne de manière indirecte. En deuxième lieu, il déborde les perspectives immédiates de leurs questions pour aboutir à l’horizon plus vaste des derniers jours et de son propre avènement en gloire. On trouve cette façon de faire dans beaucoup de prophéties de l’Ancien Testament qui ont été données pour un événement historique proche, qui ont eu effectivement une application directe à cet événement, et qui cependant ont été aussi formulées pour s’appliquer, avec une portée plus étendue encore, à des événements qui doivent arriver au dernier jour. Pour le cas qui nous concerne maintenant, il y a eu un accomplissement dans la destruction du temple par les Romains en l’an 70 de notre ère. Cela ressort plus nettement dans le compte-rendu de ce discours que nous fait Luc. Et cependant, l’accomplissement proprement dit de cette prophétie est lié à la venue du Seigneur. C’est à cette particularité de la prophétie qu’il est fait allusion dans ce que dit Pierre dans sa seconde épître, chapitre 1, verset 20 : « Aucune prophétie de l’Écriture ne s’interprète elle-même ».

En troisième lieu, il fait peser l’importance de la prophétie présentée sur la conscience et le cœur de ses auditeurs. Si leur question est dictée en grande partie par la curiosité, le Seigneur élève tout le sujet à un niveau bien supérieur par ses mots d’introduction : « Prenez garde que personne ne vous séduise ». Le cours des choses que révèle la prophétie va à l’opposé de toute l’attente naturelle des hommes. Ce qui attire chez de faux prophètes, c’est qu’ils prédisent toujours des choses qui répondent aux désirs des hommes et qui paraissent tout à fait raisonnables. Il nous faut être sur nos gardes, car les faux prophètes ne manquent pas aujourd’hui dans les chaires de la chrétienté.

Le premier avertissement, au verset 6, concerne ceux qui viennent, se faisant passer pour le Christ. C’est là que se trouve toujours le centre du conflit. Le diable sait que s’il peut tromper les hommes en ce qui concerne le Christ, il peut les tromper sur tout le reste. Si nous nous trompons sur ce qui est le centre, nous nous trompons forcément sur tout ce qui est autour. Être enraciné dans notre connaissance du vrai Christ nous met à l’abri des séductions de ceux qui sont de faux christs.

Ensuite nous sommes avertis qu’il ne faut pas attendre des temps faciles quant à l’état du monde. On doit s’attendre à des guerres, des troubles parmi les nations et à des perturbations dans l’univers. Il ne faut pas interpréter ces choses comme indiquant la grande conflagration finale, car il ne s’agit que de commencement de douleurs. De plus, il faut que les disciples s’attendent à être confrontés à des difficultés particulières. Ils seront en butte à l’opposition et à la persécution ; ceux qui leur sont le plus proches se tourneront contre eux ; et la haine des hommes doit être le plus souvent leur part. Mais en revanche, comme le Seigneur le montre, ces circonstances adverses deviendront des occasions de rendre témoignage, et ils auront un soutien particulier, une sagesse particulière, donnés par l’Esprit Saint, pour ce qu’ils auront à dire.

Certains ont déduit du verset 10, en le rapprochant de Matthieu 24:14, que le Seigneur ne peut pas venir chercher ses saints tant que l’Évangile n’a pas été apporté à toutes les nations d’aujourd’hui. Mais il ne faut pas oublier que les disciples à qui s’adressait le Seigneur étaient, à ce moment-là, le résidu pieux d’Israël, et qu’ils n’avaient pas encore été baptisés en un seul corps, l’Église. Il ne faut pas oublier non plus que l’« Évangile », dans ce verset, est un terme général qui se rapporte non seulement au message prêché aujourd’hui, mais aussi à cet « Évangile du royaume » dont parle Matthieu, et qui sera annoncé par le résidu pieux qui sera suscité après l’enlèvement de l’Église.

C’est le verset 14 qui nous donne le signe que demandaient les disciples. Daniel parle de l’« abomination qui désole » (12:11) et c’est à quoi il est fait allusion dans notre verset, car ce mot « désolation », nous dit-on, est un mot à sens actif, ayant le sens de : « qui cause la désolation ».

Il doit y avoir l’installation publique d’une idole dans le sanctuaire de Jérusalem — comme cela est annoncé en Apocalypse 13:14-15 — insulte à Dieu des plus grossières. Ce signe indiquera deux choses : d’abord que le temps de détresse particulier, dont parle Daniel 12:1 a commencé. Ensuite que la fin du temps présent et l’intervention de Christ dans sa gloire sont très proches. Le reste du discours du Seigneur traite de ces deux choses. Les versets 15 à 23 traitent de la première ; les versets 24 à 27 traitent de la seconde.

La façon dont s’exprime le Seigneur au verset 19 montre qu’il parle de la grande tribulation, et les versets qui précèdent montrent qu’elle aura son centre et sa plus grande intensité en Judée. Les versets 15 et 16 semblent indiquer qu’elle commencera très soudainement. Une fuite instantanée sera le seul moyen d’échapper pour ceux qui craignent Dieu. La violence de cette tribulation sera telle que, s’il était permis qu’elle se prolonge cela signifierait l’extermination. À cause des élus, cette détresse ne pourra pas se prolonger, mais elle sera brusquement interrompue par l’avènement de Christ. En lisant Daniel 9:27, nous comprenons que cette tribulation commencera au moment où le chef de l’empire romain rétabli fera « cesser le sacrifice et l’offrande », au milieu des sept dernières années. Et ainsi il ne restera que trois ans et demi à s’écouler jusqu’à ce que le Seigneur y mette fin par sa glorieuse apparition.

Par cette tribulation, le diable cherchera à écraser et à exterminer les élus. Mais ce n’est pas tout, comme le montrent les versets 21 et 22. Il y aura à ce moment-là un nombre exceptionnel de faux christs et de faux prophètes qui apparaîtront et par lesquels il cherchera à séduire les élus. Il le ferait « si c’était possible ». Grâce à Dieu, ce n’est pas possible. Les vrais saints sauront que le Christ véritable ne va pas se cacher dans quelque lieu secret, de telle sorte que les hommes doivent dire : « Voici, le Christ est ici, voici, il est là ». À sa venue, il apparaîtra resplendissant dans sa gloire, et tout œil le verra.

Cette tribulation se terminera dans d’ultimes convulsions qui affecteront même les cieux, comme le montrent les versets 24 et 25. Le soleil, la lune et les étoiles sont quelquefois utilisés dans les Écritures comme symboles respectivement du pouvoir suprême, du pouvoir conféré, et des puissances subordonnées ; et il est question ici des « puissances qui sont dans les cieux », comme le montre la fin du verset 25. Pourtant le discours du Seigneur n’est pas marqué par un grand emploi de symboles, comme l’est l’Apocalypse. Aussi pensons-nous qu’il ne faut pas exclure qu’il y aura littéralement des convulsions qui affecteront les corps célestes, d’autant plus que nous savons que le soleil a été vraiment obscurci quand Jésus est mort. L’obscurcissement de ce jour-là servira à faire mieux ressortir l’éclat de son apparition, quand il viendra sur les nuées avec grande puissance et gloire.

La glorieuse apparition du Fils de l’homme sera suivie par le rassemblement de « ses élus ». Ceux-ci ont été mentionnés au verset 20 : il s’agit de ceux qui « persévèrent jusqu’à la fin », et c’est par l’apparition de Christ qu’ils doivent être sauvés. Ces élus sont le résidu pieux d’Israël des derniers jours, car le Seigneur s’adressait à ses disciples qui étaient alors le résidu pieux au milieu d’Israël, et c’est dans ce sens-là, sans aucun doute, qu’ils auront compris ses paroles. Ces élus se trouveront dans toutes les parties de la terre, et les instruments qui serviront à les rassembler seront des anges. Une fois rassemblés, ils deviendront l’Israël racheté qui entrera dans le règne de mille ans. Tout cela doit être distingué de la venue du Seigneur pour ses Saints, comme cela est annoncé en 1 Thessaloniciens 4, où le Seigneur lui-même descendra du ciel et nous rassemblera vers lui.

L’allusion au figuier au verset 28 est une parabole ; nous devons donc nous attendre à y trouver un sens plus profond que celui qui se rattache à une comparaison ou à une illustration. Sans aucun doute le figuier représente Israël, comme nous l’avons vu en lisant le chapitre 11, et donc le bourgeonnement de ses branches indique le commencement du réveil national de ce peuple. L’été représente l’ère de bénédiction millénaire pour la terre. Quand une vraie renaissance nationale commencera pour Israël, alors l’apparition du Christ et le Millénium seront très proches.

Le mot « génération » au verset 30 est évidemment employé dans un sens moral et non pas littéral. Il représente des personnes de même type et de même caractère, comme le Seigneur l’emploie au verset 19 du chapitre 9 et en Luc 11 verset 29. La génération incrédule ne passera pas avant la deuxième venue de Christ, ni même la génération de ceux qui cherchent le Seigneur. La venue du Seigneur signifiera la disparition de la génération méchante, et en même temps le plein accomplissement de toutes ses paroles, qui sont plus fermes et plus durables que toutes les choses créées.

Le verset 32 a présenté beaucoup de difficulté à plus d’un, à cause de l’expression : « ni même le Fils ». Il ne nous est sans doute pas possible de l’expliquer entièrement, mais nous pouvons au moins dire deux choses. D’abord, dans cet évangile, le Seigneur est présenté comme le grand prophète de Dieu, et il s’agit d’une affaire réservée par le Père et qu’il ne lui est pas donné de révéler en tant que prophète. Ensuite, si nous lisons Matthieu 20:23 et Jean 5:30 en les comparant à notre verset, nous verrons que les trois passages sont parallèles mais sur trois plans différents : respectivement donner, savoir et faire. En Matthieu nous avons : « Ce n’est pas à moi pour le donner ». Nous pourrions résumer Marc par : « Ce n’est pas à moi de savoir », et Jean : « Ce n’est pas à moi de faire ». L’incrédulité s’est beaucoup servie de ce qui est dit en Philippiens 2:7 : « Il s’est anéanti lui-même », ou plus littéralement : « Il s’est vidé lui-même », construisant là-dessus cette théorie qu’il s’est dépouillé lui-même de connaissance, pour devenir un Juif avec les idées de son temps ; et ainsi, croient-ils, on peut lui imputer des erreurs sur beaucoup de points. Il s’est bien « vidé de lui-même », car les Écritures disent qu’il l’a fait. Les trois passages que nous avons cités nous donnent l’idée exacte de ce qui était impliqué en cela, et nous amènent à bénir son nom pour son abaissement plein de grâce. La théorie de l’incrédulité voudrait le dépouiller, lui, de sa gloire, et nous, de tout respect pour ses paroles. Paroles qui, il vient de nous le dire, ne passeront jamais.

Les cinq versets qui terminent ce chapitre contiennent un appel très solennel qui devrait nous atteindre tous. Au verset 33 nous avons pour la quatrième fois ces mots : « Prenez garde ». C’est avec ces mots que le Seigneur a commencé son discours. C’est avec eux qu’il le termine. Pendant le discours même, il les a prononcés deux fois (v. 9, 23). Les révélations prophétiques qu’il a données sont toutes faites pour attirer l’attention de notre conscience et influencer notre vie. Il nous prévient pour que nous soyons prémunis. Connaissant l’infaillibilité de ses paroles, mais ne connaissant pas quand sera le temps, ce que nous avons à faire c’est de « veiller », c’est-à-dire de ne pas dormir du tout et d’être très attentifs ; et il nous convient aussi de « prier », car nous sommes une proie facile pour les puissances des ténèbres, et ainsi il nous faut absolument rester dépendants de Dieu. Nous sommes laissés sur la terre pour faire le travail qui nous a été assigné dans un esprit d’attente, ayant devant nous la venue du Fils de l’homme.

La triple répétition du mot : « veillez » dans ces cinq versets, est très frappante. Il faut que nous y apportions une attention toute particulière dans notre esprit, d’autant plus que notre part est de nous trouver aux derniers jours de cette dispensation où sa venue ne peut pas être très lointaine. C’est très facile de succomber aux séductions de ce monde quand notre esprit s’assoupit et n’est plus sur ses gardes. C’est une expression de la plus haute importance que cette expression :

« VEILLEZ », et le dernier verset de notre chapitre montre que certainement elle nous concerne.

 

14                  Chapitre 14

En commençant ce chapitre, nous revenons à des détails historiques, et nous arrivons aux derniers moments de la vie de notre Seigneur. Les versets 1 à 11 nous donnent une introduction très remarquable à ces dernières scènes. Aux versets 1 et 2, une haine pleine de ruse atteint son apogée. Aux versets 10 et 11 est brièvement rapportée la manifestation suprême d’une trahison impitoyable. Et les versets qui séparent ces deux paragraphes racontent l’histoire d’un amour plein de dévouement que témoigne une femme ordinaire. La beauté de ce récit est rehaussée par le fait qu’il se trouve entre ce qui nous est dit d’une telle haine et d’une telle trahison.

La haine des principaux sacrificateurs et des scribes n’avait d’égale que leur ruse ; cependant ils n’étaient que des instruments dans les mains de Satan. Ils disent : « Non pas pendant la fête », mais ce sera pendant la fête. Et encore : « De peur qu’il n’y ait du tumulte parmi le peuple », mais il y aura un tumulte parmi le peuple, seulement ce sera en leur faveur et contre le Christ de Dieu. Ils connaissaient mal le pouvoir du diable auquel ils s’étaient vendus.

Cette femme de Béthanie — Marie, comme nous le savons d’après Jean 12 — ne comprend peut-être pas pleinement elle-même la portée et la valeur de ce qu’elle fait. Elle est probablement poussée par une intuition spirituelle, se rendant compte de la haine meurtrière qui entoure celui qu’elle aime. Elle a apporté son parfum de grand prix et le répand sur Jésus. Son geste est mal interprété par « quelques-uns ». Matthieu nous dit que ce sont des disciples, et Jean ajoute que le traître Judas était à l’origine de cette critique. Ils pensent à l’argent et aux pauvres, mais surtout à l’argent. Le Seigneur prend le parti de cette femme, et cela suffit. Il accepte ce qu’elle a fait et l’estime selon la compréhension qu’il a de ce que cela signifiait, et non selon son intelligence à elle, même si cette femme était, comme nous le pensons, la plus intelligente des disciples. En cela nous pouvons voir l’annonce, pleine de la douceur de la grâce, avec laquelle il passera en revue, à son tribunal, les actes de ses saints.

Son verdict est : « Ce qui était en son pouvoir, elle l’a fait », et c’est un très grand éloge. De plus il annonce qu’il sera parlé de ce qu’elle a fait partout où sera prêché l’évangile. Son nom est connu et ce qu’elle a fait est rappelé par des millions de personnes aujourd’hui, 19 siècles plus tard et tout à son honneur, tout comme aussi Judas est connu, mais à sa honte, et son nom est devenu synonyme de bassesse et de perfidie.

Ces versets d’introduction nous montrent alors que, comme s’approche le moment décisif, chacun apparaît sous son vrai jour. La haine et la perfidie des adversaires deviennent plus noires. L’amour vrai est avivé, bien que personne ne l’exprime comme Marie de Béthanie. Au verset 12, nous passons à la préparation du dernier souper, au cours duquel le Seigneur donne un témoignage bien plus émouvant à la force de son amour pour les siens. Il y a quelques marques de leur amour pour lui, mais ce n’est rien en comparaison de son amour pour eux.

Le Seigneur Jésus n’avait pas de demeure personnelle, mais il savait bien comment se procurer tout ce qui était nécessaire au service de Dieu. Le propriétaire de la grande chambre garnie était sans aucun doute quelqu’un qui le connaissait et le révérait. Les disciples savaient que leur Maître pouvait pourvoir à tout. Ils ne tentent rien de leur propre initiative. Ils regardent simplement à lui pour avoir ses instructions et agissent en conséquence. Ainsi, celui qui n’a pas un lieu où reposer sa tête ne manque pas du logement qui convient pour la dernière réunion avec les siens.

Pendant bien des siècles on avait célébré la Pâque, et ceux qui la mangeaient savaient qu’elle commémorait la délivrance d’Israël de l’Égypte ; il y avait peu d’Israélites, si même il y en avait, qui se rendaient compte qu’elle annonçait la mort du Messie. Maintenant, pour la dernière fois, elle doit être mangée avant de trouver son accomplissement. Ce qui occupait l’esprit des disciples, nous ne le savons pas, mais de toute évidence l’esprit du Seigneur est tourné vers sa mort, et c’est vers elle qu’il tourne leurs pensées en annonçant que celui qui le livrera est parmi eux et qu’il était sous la malédiction. Puis il institue son propre Souper.

La concision caractérise tout le récit de Marc, mais elle n’est nulle part plus marquée que dans la relation qu’il fait de l’institution de la Cène. Cependant tous les éléments s’y trouvent : le pain et ce dont il est le signe ; la coupe, ce qu’elle représente et ce à quoi on peut l’appliquer, ce qui fait qu’elle est désignée par Paul comme étant « la coupe de bénédiction que nous bénissons ». Pour le Seigneur lui-même, le fruit de la vigne — et ce qu’il symbolise, la joie terrestre — est entièrement passé. Plus jamais il n’en boira jusqu’à ce que, dans le royaume de Dieu, il en boive d’une manière tout à fait différente. Toutes les espérances et toutes les joies terrestres qui reposaient sur le fondement ancien sont pour lui fermées.

La leçon que nous avons à retenir est bien en harmonie avec ce que nous avons là. Dieu peut, dans ses dons providentiels pleins de grâce, nous permettre de jouir sur la terre de beaucoup de choses qui sont heureuses et agréables ; cependant toutes nos vraies joies de chrétien ne sont pas d’ordre terrestre, mais céleste.

De la chambre haute, où il a institué son souper, le Seigneur mène ses disciples à Gethsémané. Une hymne (ou psaume) est chantée, les Psaumes 115 à 118 étant, dit-on, la portion des Écritures qui était généralement chantée alors. Pour les disciples, c’était sans doute simplement ce qui se faisait d’habitude ; mais qu’est-ce que cela a dû être pour le Seigneur ? Chanter, alors qu’il s’avançait pour accomplir ce qu’était la Pâque en type, en devenant le sacrifice ; et le Psaume 118, dans ses derniers versets, parle de « lier avec des cordes le sacrifice aux cornes de l’autel ». Il allait vers la souffrance et la mort, lié par les cordes de son amour, et les disciples vers les défaillances, la défaite, la dispersion.

Il les avertit de ce qui les attend, les renvoyant à la prophétie de Zacharie, qui avait annoncé que le berger de l’Éternel serait frappé et le troupeau dispersé. Mais le prophète avait ajouté : « et je tournerai ma main sur les petits » ; c’est ce qui correspond au verset 28 de notre chapitre. Ceux qui étaient ses brebis sur le plan national seraient dispersés, mais « les petits », que Zacharie appelle ailleurs « les pauvres du troupeau », seraient rassemblés encore sur une base nouvelle, dès lors que le Berger serait ressuscité. C’est donc en Galilée et non pas à Jérusalem qu’il doit les rencontrer.

Pierre, sûr de lui, affirme que lui ne bronchera pas, même si cela arrivait aux autres, et il dit cela après la déclaration très explicite du Seigneur qui prévoit sa chute. Les autres ne veulent pas rester en arrière et se lancent dans les mêmes affirmations que Pierre. Cela s’explique par cette rivalité profane qu’il y avait entre eux pour savoir qui serait le plus grand. Marc fait ressortir cela avec une netteté particulière, comme on peut le voir si on compare les versets 29 à 31 avec ce qui est dit aux versets 33 et 34 du chapitre 9, et aux versets 35-37, 41 du chapitre 10. Certainement, Pierre sent que maintenant lui est fournie l’occasion de démontrer, une fois pour toutes, qu’il dépasse tous les autres d’une tête. Et ceux-ci sont bien décidés à ne pas lui laisser prendre l’avantage. Ils doivent se maintenir à sa hauteur. La chute de Pierre semble bien soudaine, mais tout cela nous montre que les racines secrètes de cette chute remontaient loin dans le passé.

Les paroles téméraires de Pierre devaient rapidement être mises à l’épreuve, et tout d’abord à Gethsémané où ils arrivent aussitôt après. À lui et à ses compagnons, il n’est demandé que de veiller une heure. Ils sont incapables de le faire, mais ce n’est qu’à Pierre, qui s’est tellement vanté, que le Seigneur adresse ses paroles de reproche pleines de douceur, employant son nom d’autrefois, Simon. C’est ce qui convient car, à ce moment-là, Pierre n’est pas conséquent avec son nouveau nom, mais il montre plutôt les caractères de la vieille nature qui est encore en lui. Leur Maître est « saisi d’effroi », « fort angoissé », et « saisi de tristesse jusqu’à la mort », et pourtant les disciples dorment, et non seulement une fois, mais à trois reprises.

Sur cet arrière-plan sombre de leur défaillance, brille cependant avec d’autant plus d’éclat la perfection de leur Maître. La réalité de son humanité nous est présentée de façon très frappante aux versets 33 et 34, ainsi que sa perfection. Étant Dieu, il savait, dans une plénitude infinie, tout ce que cela comporterait que de mourir en portant le péché. Il était parfaitement homme, et tout ce qui fait la sensibilité humaine était intact en lui. Notre sensibilité à nous a été émoussée par le péché, mais en lui il n’y avait pas de péché. Il ressentait donc tout dans une mesure cette infinie et c’est ardemment qu’il désirait que cette heure passât loin de lui. Et cependant encore, ayant pris cette place de Serviteur, il est parfait dans sa consécration à la volonté de Dieu et ainsi, bien qu’il désire que la coupe passe loin de lui, il ajoute : « Toutefois non pas ce que je veux, moi, mais ce que tu veux, toi ».

Nous pouvons peut-être tout résumer en disant « qu’étant parfaitement Dieu, il avait la faculté infinie de savoir et de ressentir tout ce que signifiait pour lui cette heure de la mort qui approchait. Étant parfaitement homme, il entrait pleinement dans la tristesse de cette heure-là et ne pouvait faire autrement que de prier que cette coupe passe loin de lui. Serviteur parfait, il se présentait lui-même pour le sacrifice, dans une entière soumission de cœur à la volonté de son Père.

Trois fois notre Seigneur converse ainsi avec son Père, puis il revient pour affronter le traître et sa troupe d’hommes pécheurs. Nous pouvons nous souvenir que trois fois il a été tenté par Satan au désert au début de sa carrière, et il semble certain, bien que cela ne soit pas mentionné ici, que le pouvoir de Satan était aussi présent à Gethsémané, car en sortant de la chambre haute il avait dit : « Le prince de ce monde vient, et il n’a rien en moi » (Jean 14:30). Cela aide aussi à expliquer l’extraordinaire assoupissement des disciples. La puissance des ténèbres était trop grande pour eux, comme elle l’est toujours pour nous, sauf quand nous sommes activement soutenus par la puissance divine. N’oublions pas que non seulement la puissance de Satan incite quelquefois les croyants à commettre de mauvaises actions mais qu’aussi, quelquefois, elle se contente de les endormir.

En disant à Pierre : « l’esprit est prompt », le Seigneur reconnaît évidemment qu’il y avait chez ses disciples ce qu’il pouvait apprécier et estimer. Cependant, « la chair est faible », et Satan, à ce moment même, était terriblement actif, si bien que rien, si ce n’est veiller et prier, n’aurait répondu à la situation. Prenons cela aussi pour nous. Alors que s’approche la fin des temps, l’activité de Satan ne peut que croître et non diminuer, et il nous faut être éveillés, avec toutes nos facultés spirituelles en alerte, et être aussi remplis d’un esprit de prière dans la dépendance de Dieu.

Les versets 42 à 52 nous occupent de l’arrestation de Jésus par la populace envoyée par les principaux sacrificateurs, sous la direction de Judas. Il ne s’agit pas, bien sûr, de soldats romains mais de gens au service du temple et des classes dirigeantes des Juifs. Quel récit ! La foule et sa violence, qu’elle montre par des épées et des bâtons, Judas avec la traîtrise la plus abjecte, qui livre le Seigneur par un baiser, Pierre qui se lance brusquement dans une activité chamelle, tous les disciples qui abandonnent le Seigneur et s’enfuient, un jeune homme inconnu qui tente de suivre, mais qui finit par prendre la fuite, la honte s’ajoutant à sa panique — violence, trahison, fausse activité qui s’égare, peur et honte. Nous le redisons : Quel récit ! Voilà ce que nous sommes quand nous sommes confrontés au pouvoir des ténèbres, sans être en communion avec Dieu.

Quant à Pierre, c’est la troisième étape sur son chemin qui descend. Il s’est d’abord laissé prendre dans cette rivalité qui cause tant de torts, pour avoir la première place parmi les disciples, et qui a abouti à la confiance en soi et à l’affirmation de sa propre importance. Puis c’est son manque de vigilance et de prière qui l’a amené à dormir, alors qu’il aurait dû être éveillé. Troisièmement c’est sa colère et sa violence charnelles, suivies de sa fuite honteuse. La quatrième étape, qui mettra un comble à tout cela, nous la trouvons à la fin de ce chapitre.

Mais, pour le Seigneur Jésus, tout est sérénité dans une soumission parfaite à la volonté de Dieu, comme cela a été exprimé dans les Écritures prophétiques. Sa lumière ne cesse pas de briller sans jamais vaciller :

 

« Fidèle parmi les infidèles

Seule lumière dans les ténèbres ».

 

Les versets 53 à 65 résument pour nous le procès qui se déroule devant les autorités religieuses juives. Tous sont assemblés pour juger le Seigneur, et ainsi la chose se fait, en ce qui les concerne, au vu et au su de tous. Cela montre à l’évidence quelles passions ont été soulevées. Un sanhédrin au complet, et ceci en pleine nuit ! Un feu brûle dans la cour et nous voyons Pierre qui se glisse au milieu des ennemis de son Seigneur, pour se réchauffer un peu.

Il n’est pas question de jugement impartial. Les Juges du Seigneur, avec cynisme, cherchent des témoins qui leur permettront de prononcer contre lui la sentence de mort. Cependant la puissance de Dieu est à l’œuvre derrière la scène. Toute tentative pour imputer à Jésus les accusations forgées contre lui est vaine. Les efforts n’ont pas manqué. Un exemple nous est donné au v. 58, et nous reconnaissons une déformation de ce qu’il a déclaré et qui nous est rapporté en Jean 2:19. Une accusation après l’autre s’effondre, car ces parjures sombrent dans la confusion et se contredisent. C’est comme si Dieu enveloppait leur esprit, d’ordinaire si subtil, d’un brouillard qui les plonge dans le désarroi.

En désespoir de cause, le souverain sacrificateur se lève pour l’interroger, mais à sa première question Jésus ne répond rien. Évidemment, pour la simple raison qu’il n’y a rien à répondre. Lors-qu’on le somme de dire s’il est le Christ, le Fils de Dieu, il répond immédiatement et dit : « Je le suis ». La question et la réponse sont toutes deux bien précises. Là se tient le Christ, le Fils de Dieu, selon qu’il le reconnaît lui-même nettement ; et non seulement cela, mais il affirme qu’en tant que Fils de l’homme, il aura tout pouvoir en sa main et qu’il reviendra du ciel en gloire. En conséquence de cette confession, Jésus est condamné à mort.

Le prophète Michée avait annoncé que le juge d’Israël devrait être soumis au jugement des hommes. C’est ce qui arrive. Cependant, il est tout à fait remarquable que, lorsque le grand Juge est effectivement appelé à être jugé par des hommes, toute tentative pour le condamner sur témoignage humain échoue. Tous ces hommes qui témoignent contre lui tombent dans une confusion totale. On le condamne en se fondant sur le témoignage qu’il s’est rendu à lui-même, et ce faisant ils transgressent eux-mêmes la loi. Il était écrit en Lévitique 21:10 : « Et le grand sacrificateur d’entre ses frères ne découvrira pas sa tête et ne déchirera pas ses vêtements ». Et de cela le souverain sacrificateur ne tient pas compte, tellement il est troublé en présence de sa victime, et emporté par la colère et la haine.

Cette tempête de haine s’abat sur le Seigneur dès qu’ils ont découvert un prétexte pour le condamner ; mais avec leurs soufflets et leurs crachats, ils ne font, sans s’en rendre compte, qu’accomplir les Écritures. Cette parodie de procès devant le sanhédrin se termine par des scènes de désordre, exactement comme la confusion avait marqué leurs premiers débats — confusion mise d’autant plus en évidence par sa présence, pleine de sérénité, au milieu d’eux. Les seules paroles que le Seigneur prononce, dans le récit de Marc, sont rapportées au verset 62.

Les versets 66 à 72 nous font voir dans une parenthèse jusqu’où aboutit enfin la défaillance de Pierre. Nous avons déjà vu les premières étapes qui l’ont amené là. Le voilà maintenant en train de se chauffer en compagnie de ceux qui servent les adversaires de son Seigneur, et, à trois reprises, il le renie. Satan est derrière la scène, comme Luc 22:31 nous le montre, et c’est ce qui explique la manière habile dont ces différents serviteurs, par leurs remarques, l’empêchent de se dérober. La première servante affirme qu’il a été « avec » Jésus. La seconde qu’« il est de ces gens-là », voulant évidemment dire par là qu’il est l’un de ses disciples. C’est ce qu’affirme à nouveau le troisième serviteur, qui prétend en avoir la preuve dans sa manière de s’exprimer, et il semble qu’il s’agisse d’un parent de ce Malchus dont Pierre avait coupé l’oreille, comme le rapporte Jean.

À mesure que Pierre voit le filet d’accusations, avec ses mailles fines, se resserrer autour de lui, ses dénégations deviennent plus violentes ; d’abord, il fait celui qui ne comprend pas ; ensuite, il oppose un démenti formel ; et enfin il déclare qu’il ne connaît même pas le Seigneur, « et il se met à faire des imprécations et à jurer ». Les autres n’étaient pas disposés à accepter qu’il déclare ne pas être disciple de Jésus, mais ils ont dû être convaincus, par les tristes œuvres qu’il accomplissait que Jésus est vraiment pour lui un inconnu. Méditons cet avertissement que nous donne la conduite de Pierre, et veillons à avoir la foi qui s’exprime par des œuvres qui la reflètent.

Mais si Satan est à l’œuvre en ce qui concerne Pierre, le Seigneur l’est aussi, comme nous le montre Luc 22:32. Il a prié pour lui et le Seigneur fait que, dans l’esprit enfiévré de Pierre, reviennent les paroles mêmes de l’avertissement qui a été donné. Lorsqu’il s’en souvient sa conscience est réveillée ; il est amené à verser des larmes, et dans ce travail qui s’opère dans son cœur et sa conscience, se trouve le point de départ de sa restauration. Quand il est permis qu’un saint fasse une chute semblable et que son péché devienne public et fasse scandale, nous pouvons être sûrs que ce péché a des racines cachées qui remontent dans le passé. Nous pouvons bien être sûrs que le chemin du retour vers une guérison complète ne se fait pas en un instant.

 

15                  Chapitre 15

Le premier verset de ce chapitre reprend le fil du récit au verset 65 du chapitre 14. Les Romains avaient ôté aux Juifs le droit de prononcer la peine de mort et seul le représentant de César était habilité à le faire. Les chefs religieux savaient donc qu’il fallait faire comparaître Jésus devant Pilate et réclamer la peine de mort avec des motifs qui lui sembleraient fondés. Le verset 3 nous dit qu’ils « l’accusaient de beaucoup de choses », mais Marc ne nous dit pas de quoi il s’agissait. Nous sommes cependant frappés par la manière dont une expression revient sans cesse dans la première partie de ce chapitre : « Le roi des Juifs » (versets 2, 9, 12, 18, 26). Luc nous rapporte expressément qu’ils disaient que Jésus « défendait de donner le tribut à César, se disant lui-même être le Christ, un roi ». C’est ce qui semble être sous-entendu dans le bref récit de Marc, bien que ce ne soit pas d’une manière précise.

De nouveau, devant Pilate, le Seigneur confesse qui il est. Sommé de dire s’il est le roi des Juifs, il répond simplement : « Tu le dis », ce qui revient à dire : « Oui ». Pour le reste, de nouveau il ne répond rien, parce qu’il n’y a rien à répondre aux accusations extravagantes des principaux sacrificateurs. Il vaut la peine de remarquer que Marc ne rapporte que deux paroles de notre Seigneur devant ses juges. Devant la hiérarchie juive, il confesse lui-même qu’il est le Christ, le Fils de Dieu et le Fils de l’homme. Devant le gouverneur romain, il confesse qu’il est le roi des Juifs. Aucun témoignage ne peut être retenu contre lui. Il est condamné à cause de ce qu’il est et il ne peut se renier lui-même.

De plus, Pilate était suffisamment averti pour discerner ce qu’il y avait à la racine de toutes ces accusations. « Il savait que les principaux sacrificateurs l’avaient livré par envie », d’où sa vaine tentative pour amener la multitude à penser à Jésus, quand il s’agit du prisonnier qu’on devait relâcher. L’influence des sacrificateurs sur le peuple est cependant trop forte pour lui, et par conséquent, voulant plaire à la foule, Pilate renie tout sens de la justice qu’il pourrait avoir. Il relâche Barabbas, rebelle et meurtrier, et ayant fait fouetter Jésus, il le leur livre pour être crucifié.

La voix du peuple l’a emporté sur la meilleure appréciation des choses qu’a le représentant de César. En d’autres termes, à cette occasion, l’autocratie a abdiqué en faveur de la démocratie et c’est le vote populaire qui en a décidé. Un vieux proverbe latin dit que la voix du peuple est la voix de Dieu. Ce qui s’est passé à la crucifixion du Seigneur dément absolument ce proverbe. Ici la voix du peuple est la voix du diable.

Les versets 16 à 32 nous décrivent d’une manière très réaliste les terribles circonstances qui entourent la crucifixion. Toutes les classes de la société sont unies contre le Seigneur. Pilate l’a déjà fait fouetter. Les soldats romains se moquent de lui de manière aussi cruelle que méprisante. Les gens du commun — simples passants — l’invectivent. Les sacrificateurs se moquent de lui avec leurs sarcasmes. Les deux brigands crucifiés, qui représentent les criminels, le rebut même de l’humanité, l’insultent. Qu’ils soient de noble extraction ou d’humble naissance, tous, Juifs et gentils, sont impliqués. Et pourtant, en définitive, tous contribuent à accomplir les Écritures, quoiqu’ils le fassent, sans aucun doute, à leur insu.

C’est particulièrement frappant dans le cas des soldats romains, des hommes qui ignoraient l’existence des Écritures. Le verset 28 relève que la crucifixion des brigands de chaque côté était l’accomplissement d’Ésaïe 53:12, mais ils ont fait beaucoup d’autres choses qui accomplissaient aussi la Parole. Par exemple, son visage devait être « défait plus que celui d’aucun homme » (Ésaïe 52:14), et il y a eu un accomplissement de cela avec la couronne d’épines et les coups. Le juge d’Israël devait être « frappé avec une verge sur la joue » d’après Michée 5:1 : c’est ce qu’ont fait les soldats, comme le montre le verset 19 de notre chapitre. Le verset 24 rapporte comment ils ont accompli le verset 18 du Psaume 22. « Ils ont mis du fiel dans ma nourriture, et, dans ma soif, ils m’ont abreuvé de vinaigre », dit le Psaume 69, verset 21. Et c’est également ce qu’ont fait les soldats, bien que l’accomplissement de cette prophétie ne soit pas rapporté ici, mais dans Matthieu. Nous pensons que nous sommes fondés à dire qu’au moins 24 prophéties ont été accomplies dans cette journée de 24 heures où Jésus est mort.

Tous les hommes, à ce moment-là, se présentent sous l’aspect le plus noir et, dans ces versets, nous ne lisons pas que Jésus ait dit quoi que ce soit. C’est exactement comme le prophète l’avait dit : « Comme une brebis muette devant ceux qui la tondent, il n’a pas ouvert sa bouche ». C’est l’heure de l’homme et l’apogée de la puissance des ténèbres. La perfection du saint Serviteur de l’Éternel se manifeste en ce qu’il souffre en silence tout ce qu’il endure de la main des hommes.

Les souffrances que le Seigneur Jésus a endurées de la main des hommes ont été très grandes, et cependant cela devient relativement insignifiant si nous nous mettons à considérer ce qu’il a enduré de la main de Dieu, quand il était la victime, étant fait péché pour nous. Pourtant tout ce sujet, d’une importance tellement plus grande, est condensé par Marc en deux versets : les versets 33 et 34 ; tandis que le récit qu’il fait de ce qui est de moindre importance comprend 52 versets (du verset 53 du chapitre 14 au verset 32 du chapitre 15). C’est que, bien sûr, ce qui est le moins important peut se décrire, tandis que ce qui est le plus important ne peut pas l’être. Les ténèbres qui descendent à midi cachent au regard de l’homme le décor même de cette scène.

Tout ce qui peut être raconté d’un point de vue historique, c’est que, pendant trois heures, Dieu a mis le silence de la nuit sur la terre, et qu’il a ainsi rendu les yeux des hommes aveugles, et qu’à la fin de ces heures, Jésus a poussé ce cri d’angoisse qui avait été écrit comme prophétie mille ans plus tôt, au verset 1 du Psaume 22. Celui qui est saint et qui porte le péché est abandonné, car il faut que Dieu juge le péché et le bannisse irrévocablement de sa présence. Ce bannissement complet et éternel, c’est nous qui le méritions, et il tombera sur tous ceux qui meurent dans leurs péchés. Lui, il l’a pleinement enduré, mais comme il possédait la sainteté, l’éternité, l’infini de la déité dans sa plénitude, il a pu en sortir au terme de ces trois heures. Cependant ce cri, sorti de sa bouche à ce moment-là, montre qu’il en a ressenti toute l’horreur, et la mesure avec laquelle il pouvait tout ressentir était infinie.

Ce qu’il a souffert de la main de l’homme ne doit pas être estimé comme peu de chose. Hébreux 12:2 dit : « Qui a enduré la croix, ayant méprisé la honte », mais il faut noter la différence entre la honte et la souffrance. Plus d’un homme, physiquement courageux, ressentira la honte plus que la souffrance. Le Seigneur a ressenti la souffrance, mais il a méprisé la honte dans la mesure où il était infiniment au-dessus, et il savait qu’il était, selon Ésaïe 49:5, « glorifié aux yeux de l’Éternel ». Nous croyons que l’on peut dire qu’il n’a jamais été plus glorieux aux yeux de Dieu qu’au moment où il souffrait sous le jugement divin comme celui qui porte le péché. C’est le paradoxe de la sainteté et de l’amour divins !

L’effet qu’a produit ce cri sur ceux qui sont là présents nous est donné aux versets 35 et 36. On voit mal comment ils auraient vu une allusion à Élie dans les paroles de Jésus s’ils n’avaient pas été juifs. Mais alors quelle profonde ignorance ils montrent, en ne reconnaissant pas ce cri qui monte vers Dieu et qui se trouvait enchâssé dans leurs propres Écritures !

Ce qui concerne la mort même de Jésus est donné par Marc de la manière la plus brève. Il expire et remet son esprit entre les mains de Dieu immédiatement après avoir crié d’une forte voix. Ce qu’il a dit est rapporté dans Luc et dans Jean. Ici nous est simplement indiquée la manière dont il l’a dit. Il n’y a pas eu peu à peu affaiblissement des forces pour que ses dernières paroles ne soient plus qu’un faible chuchotement. L’instant d’avant il crie d’une forte voix, l’instant d’après il est mort. Sa mort a été surnaturelle d’une façon si manifeste, qu’elle impressionne grandement le centurion qui était de service et qui observait la scène. Quel qu’ait pu être dans son esprit le sens exact de ses paroles, il a dû au moins sentir qu’il était témoin de quelque chose de surnaturel. Nous souscrivons à ce qu’il a dit, et nous disons de la manière la plus absolue : « Certainement cet homme était Fils de Dieu ».

Témoignage est aussi rendu à la vérité de ces paroles par le fait que le voile du temple se déchire. Ce grand événement semble avoir eu lieu au moment même de la mort de Jésus. C’est la main divine qui le déchire, car une main humaine aurait été obligée de le déchirer depuis le bas jusqu’en haut. Tout le système minutieux des types institué en Israël concernant les sacrifices et le temple, tout, à l’avance, annonçait la mort de Christ et lorsque cette mort est accomplie, la main divine déchire le voile du temple pour signifier que le temps des types a pris fin, et que le chemin pour entrer dans le lieu très saint est révélé.

En cas de besoin, Dieu a toujours en réserve un serviteur qui s’avancera pour accomplir sa volonté. Des pierres crieraient ou seraient dressées pour devenir des hommes, si Dieu en avait besoin en cas de difficulté ; mais cela n’arrive jamais, car jamais Dieu ne se trouve en difficulté. Il a toujours un homme en réserve, et Joseph est cet homme à cette occasion. Ce disciple timide et secret est soudain rempli de courage et affronte Pilate hardiment. Il est l’homme qui est né dans ce monde pour accomplir en son temps la parole prophétique d’Ésaïe 53. 9, « avec le riche dans sa mort » ; et après qu’il l’a accomplie, on n’entend plus du tout parler de lui. Il a manqué l’occasion de réaliser la communion avec Christ quand celui-ci était vivant, mais cette communion, il l’a réalisée quand Christ était mort. Voilà qui est remarquable, car c’est exactement le contraire de ce qu’ont fait les disciples. Ils s’étaient associés à Jésus pendant sa vie, et ils ont manqué misérablement quand il est mort. La défaite apparente de Jésus a eu pour effet d’enhardir Joseph. Cela a ravivé sa foi, comme s’embrasent soudain les braises d’un feu qui couve. Il « attendait le royaume de Dieu » et nous pouvons être sûrs qu’au jour du royaume, la foi et les œuvres de Joseph ne seront pas oubliées par Dieu. Cette foi qu’il a est précisément celle dont nous avons besoin aujourd’hui, une foi qui s’enflamme quand la défaite semble certaine.

Ce qu’a fait Joseph a incidemment pour effet d’attirer l’attention de Pilate sur le caractère surnaturel de la mort de Christ. Personne ne pouvait lui ôter la vie, il l’a laissée de lui-même, et au moment convenable, quand tout a été accompli. Pour les deux brigands, comme nous le savons, la mort a été beaucoup plus lente ; l’agonie s’est prolongée encore pendant des heures et elle a dû être abrégée par des moyens cruels. Pilate s’étonne, mais, après confirmation que Jésus est déjà mort, il cède à la requête de Joseph. Ainsi s’accomplit la volonté de Dieu, et à partir de ce moment-là, le corps saint du Seigneur est ôté des mains des incrédules. Des mains guidées par la foi et l’amour lui rendent les derniers devoirs et le déposent dans le tombeau. Il y a aussi des femmes, attachées au Seigneur, qui sont restées là comme témoins, alors que même les disciples ont disparu, et elles voient où on l’a mis.

16                  Chapitre 16

L’amour et la foi, c’est évident, sont là, mais leur foi est encore lente et sans intelligence quant à la résurrection du Seigneur. Même ces femmes dévouées ne pensent qu’à embaumer son corps, comme le montrent les premiers versets de ce chapitre. Mais ce manque de discernement qui les caractérise ne fait que mettre en valeur ce qu’il y a d’irréfutable dans ces preuves, qui finalement leur imposent la conviction que le Seigneur est ressuscité. Comme le soleil se lève, le premier jour de la semaine, elles sont au sépulcre pour découvrir seulement que la grosse pierre qui ferme l’entrée a été roulée. Elles entrent et ne trouvent pas le corps saint du Seigneur, mais un ange, ayant l’apparence d’un jeune homme.

Matthieu et Marc parlent d’un ange. Luc et Jean parlent de deux. Ceci ne représente, bien sûr, aucune difficulté, puisque les anges apparaissent et disparaissent à volonté. L’ange qui apparaît aux femmes effrayées sous la forme d’ « un jeune homme vêtu d’une robe blanche » était apparu un peu avant aux gardiens comme quelqu’un dont l’aspect était « comme l’éclair, et le vêtement blanc comme la neige », si bien qu’une sorte de paralysie s’était emparée d’eux. Il apparaissait sous un aspect au monde et sous un autre tout différent aux disciples. Il savait faire la distinction. Il savait que ces femmes cherchaient Jésus, même si elles croyaient que Jésus était toujours dans la mort. Ignorantes, elles l’étaient. Cependant elles l’aimaient, et cela changeait tout.

Pourtant le témoignage des anges n’a pas grand résultat sur le moment. Sans doute fait-il sur elles une forte impression, mais celle-ci se traduit surtout par la peur, le tremblement, la stupéfaction. Il ne produit pas cette calme assurance de la foi qui ouvre la bouche pour témoigner aux autres. Elles ne pouvaient pas encore s’approprier ces paroles : « J’ai cru, c’est pourquoi j’ai parlé » (Psaume 116:10 ; 2 Cor. 4:13). Bientôt elles partageront cet « esprit de foi » qu’ont possédé Paul et le Psalmiste, mais ce sera quand elles seront personnellement mises en contact avec le Christ ressuscité.

L’Écriture indique clairement que les anges ont un ministère à accomplir en faveur des saints, comme en témoigne Héb. 1:14. Leur ministère, quand il s’adresse aux saints, n’est pas fréquent, et provoque généralement une grande frayeur chez ceux qui en sont les objets, comme c’est le cas ici. Leur message pourtant est très clair. « Il n’est pas ici » en est la partie négative, et c’est ce que les femmes peuvent vérifier par elles-mêmes. La partie positive c’est : « Il est ressuscité ». Cela, elles ne peuvent pas le vérifier à ce moment-là, et en conséquence il ne semble pas qu’elles soient profondément convaincues.

Suit, aux versets 9 à 14, un bref résumé des trois apparitions marquantes du Seigneur ressuscité, dont nous avons un récit plus détaillé dans les autres évangiles.

Il y a d’abord l’apparition à Marie de Magdala, qui nous est donnée avec tellement de détails dans l’évangile selon Jean. Elle a été la première à voir vraiment le Seigneur ressuscité. Marc ne permet aucun doute à ce sujet. Cela a son importance, car cela montre que le Seigneur a d’abord pensé à celle dont le cœur est peut-être plus accablé que tout autre, parce qu’elle a perdu le Seigneur. En d’autres termes, l’amour a les premiers droits à l’attention de Jésus. En conséquence, elle croit vraiment et peut donc parler pour témoigner devant les autres. Pourtant, ses paroles n’ont que peu d’effet. Les autres aiment vraiment le Seigneur, car ils sont dans le deuil et pleurent, et la profondeur même de leur chagrin les rend insensibles à tout témoignage qui ne les amène pas à le voir lui-même de leurs propres yeux.

Il y a ensuite son apparition aux deux qui s’en vont aux champs, ce qui nous est donné avec tant de détails dans Luc. Ceux-là ne l’ont pas renié comme Pierre, mais ils ont tellement perdu courage qu’ils s’en vont à la dérive, sans but, loin de Jérusalem, comme s’ils voulaient tourner le dos à un endroit qui n’évoquait pour eux que des espoirs déçus, une perte et une déconvenue des plus tragiques. La vue d’un Christ ressuscité leur fait faire demi-tour et les ramène vers leurs frères avec cette bonne nouvelle. Pourtant, cela ne vient pas à bout de l’accablement des autres, qui se refusent à croire. Et c’est une bonne chose pour nous qu’il en ait été ainsi. La résurrection nous transporte en dehors du présent ordre de choses, et la résurrection du Seigneur est un fait d’une portée si considérable qu’il faut absolument qu’il soit établi par de multiples preuves irrécusables.

Troisièmement, son apparition aux onze. Il se peut fort bien que ce ne soit pas une de ces occasions qui nous sont données de façon plus détaillée en Luc et en Jean, car il est dit : « Comme ils étaient à table ». Prenez le récit de Luc par exemple. On conçoit mal que le Seigneur ait demandé : « Avez-vous ici quelque chose à manger ? » s’ils avaient été à table. La présence de nourriture aurait été trop évidente. Il se peut donc que ce soit une occasion qui n’a pas été rapportée dans les autres évangiles. À cette occasion-là, il leur fait bien sentir leur incrédulité en leur faisant des reproches, et pourtant, malgré tout, il leur confie une mission.

Il est remarquable de voir comment ces missions, qui sont rapportées dans les quatre évangiles, différent l’une de l’autre. Ce qui nous est dit en Actes 1:3 nous amène à comprendre pourquoi. C’est souvent, pendant les quarante jours, qu’il est apparu à ses disciples, parlant des choses qui regardent le royaume de Dieu. Évidemment, pendant cette période, il leur a présenté leur mission selon différents points de vue, et Marc nous donne l’un d’eux. On peut bien s’étonner qu’après avoir été obligé de leur reprocher leur incrédulité, il les envoie prêcher l’Évangile afin que d’autres croient. Cependant, après tout, celui qui, par dureté de cœur, s’est obstiné dans l’incrédulité est, lorsqu’il a été lui-même complètement gagné, un précieux témoin pour d’autres.

Le champ d’application de cette mission qui est d’annoncer l’Évangile est on ne peut plus vaste. C’est « le monde entier » et non pas seulement le petit territoire d’Israël. De plus, l’évangile doit être prêché à « toute la création » et pas seulement aux Juifs. C’est, en d’autres termes, pour tout le monde et partout. La bénédiction à laquelle amène cet Évangile est spirituelle dans sa nature, car il apporte le salut quand la foi est là et qu’on se soumet au baptême. Il ne nous faut pas transposer les mots baptisés et sauvés et dire : « Celui qui croit et qui est sauvé sera baptisé ».

Dans aucun passage de la Parole le baptême n’est lié à la justification ou à la réconciliation, mais il y a d’autres passages qui rattachent le baptême au salut. C’est parce que le salut est un mot qui comprend beaucoup de choses et dont la portée inclut la délivrance pratique du croyant, qu’il soit juif ou gentil, par rapport à tout le système de ce monde dans lequel il était autrefois plongé. Ses liens avec le système de ce monde doivent être coupés, et le baptême montre le fait que ces liens sont coupés, qu’il y a, en un mot, « dissociation ». Celui qui croit à l’évangile et accepte la rupture des liens avec ce monde qui le tenait captif, est un homme sauvé. Quelqu’un peut bien dire qu’il croit, et même le dire en vérité, cependant, s’il ne veut pas se soumettre à cette rupture des liens d’autrefois, on ne peut pas parler de lui comme de quelqu’un qui est sauvé. Le Seigneur connaît ceux qui lui appartiennent, bien sûr, mais c’est une autre question.

Quand il est question de « condamnation », le baptême n’est pas mentionné. C’est très significatif. Cela montre sur quel terrain repose la condamnation. Même si quelqu’un est effectivement baptisé, mais ne croit pas, il sera condamné. L’ordonnance extérieure est prescrite par le Seigneur de façon claire, mais elle ne peut être administrée que s’il est fait profession de foi ; et la profession, comme nous ne le savons que trop bien, n’est pas synonyme de possession. Le salut n’est pas effectif indépendamment de la foi. Pierre peut bien nous dire : « Le baptême vous sauve aussi maintenant » (1 Pierre 3:21), mais notez qu’il s’agit de « vous » et que ce « vous » représente des croyants.

Les versets 17 et 18 ont fait l’objet de beaucoup de controverses acharnées. Les signes miraculeux qui y sont mentionnés accompagnent, selon certains, ceux qui prêchent l’Évangile, et il conviendrait qu’ils soient vus, sans restriction aucune, de nos jours. Il est peut-être utile de faire remarquer deux ou trois points.

En premier lieu, ces signes doivent accompagner non pas ceux qui prêchent, mais ceux qui croient.

En deuxième lieu, le Seigneur déclare que ces signes se manifesteront sans qu’il y ait de conditions préalables pour celui qui prêche. Il n’est pas stipulé qu’il doit faire l’expérience d’un « baptême de l’Esprit » particulier, comme on l’affirme souvent. Si des hommes croient, ces signes les accompagneront ; c’est ce que dit le Seigneur. Tout ce qu’on pourrait déduire de leur absence, c’est que personne n’a vraiment cru.

En troisième lieu, il y a des mots qui n’apparaissent pas dans cette déclaration, et certains, dans leur esprit, semblent les y trouver dans la lecture qu’ils en font. Il n’est pas dit que ces signes accompagneront tous ceux qui croient, en tout lieu et en tout temps. Si c’était le cas, nous serions forcés d’en venir à la conclusion qu’aujourd’hui, pratiquement personne n’a cru à l’Évangile : nous n’y avons même pas cru nous-mêmes !

Ces paroles de notre Seigneur, bien sûr, ont eu leur accomplissement. Sur les cinq signes mentionnés, nous pouvons en indiquer quatre qui ont eu lieu et qui sont rapportés dans le livre des Actes. Pour le cinquième, « boire quelque chose de mortel, sans que cela nuise », nous n’avons aucun témoignage et cependant il n’y a pas l’ombre d’un doute que cela soit arrivé. Le Seigneur a dit que cela arriverait et nous le croyons. Sa Parole nous suffit. Il donne les signes selon son bon plaisir, et quand il voit qu’ils sont nécessaires.

Les deux versets qui terminent notre évangile sont d’une extrême beauté. Nous nous souvenons qu’il a placé devant nous notre Seigneur sous le caractère du grand prophète qui nous a pleinement apporté la Parole de Dieu, du parfait Serviteur qui a pleinement accompli la volonté de Dieu. Tout a été rapporté avec une concision frappante, comme il convient à une telle représentation de sa personne. Et maintenant, à la fin, avec la même brièveté, est placé devant nous le terme de cette merveilleuse histoire. Le Seigneur, ayant communiqué aux disciples tout ce qu’il désirait, « fut élevé en haut dans le ciel et s’assit à la droite de Dieu ».

Sur la terre il avait été rejeté, mais il a été reçu dans le ciel. Ses œuvres sur la terre avaient été refusées, et maintenant il s’assied à une place qui parle d’un gouvernement et d’un pouvoir auxquels on ne saurait résister. Mais il est indiqué qu’il a été « élevé » et ainsi l’accent est mis sur le fait que sa réception et sa séance à la droite de Dieu sont la conséquence d’un acte de Dieu. Sur la terre le Serviteur parfait a bien pu être rejeté, mais par l’acte souverain de Dieu, il prend cette place d’autorité, où rien n’empêchera sa main d’accomplir le bon plaisir du Seigneur.

Le dernier verset indique dans quelle direction se déploie l’activité du Seigneur dans le temps actuel. Il ne s’occupe pas encore de la terre rebelle pour la gouverner en justice. Il le fera quand l’heure sonnera pour cela, selon les desseins de Dieu. Aujourd’hui, les pensées du Seigneur sont tournées vers la propagation de l’Évangile, comme il venait de le leur dire. Ses disciples sont bien allés prêcher sans observer ni frontières ni limites, mais la puissance qui a rendu efficaces leurs paroles et leurs travaux était la puissance du Seigneur lui-même et non la leur. Là-haut, de son trône élevé, il a coopéré avec eux, et leur a donné les signes qu’il avait promis, comme cela est rapporté aux versets 17 et 18. Il a donné ces signes pour confirmer la Parole, et cette confirmation était particulièrement nécessaire lorsque la Parole a commencé à être proclamée.

Bien que les signes mentionnés aux versets 17 et 18 ne se voient que rarement de nos jours, des signes accompagnent bien encore la prédication, signes du domaine moral et spirituel, des caractères et des vies qui sont entièrement transformés. Le parfait Serviteur, à la droite de Dieu, est toujours à l’oeuvre.