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ÉPÎTRE aux ÉPHÉSIENS

 

HAMILTON SMITH

 

TABLE DES MATIÈRES

1     Introduction

2     Le propos de Dieu en Christ — Chapitre 1

2.1      Le propos de Dieu à l’égard des croyants (v. 1-7)

2.2      La révélation de la volonté de Dieu pour la gloire de Christ et la bénédiction de l’Assemblée (v. 8-14).

2.3      La prière que les croyants sachent quelle est l’espérance de l’appel et la gloire de l’héritage (v. 15-23).

3     L’oeuvre de Dieu pour l’accomplissement de son propos — Chapitre 2

3.1          L’oeuvre de Dieu dans le croyant (v. 1-10)

3.2          L’oeuvre de Dieu envers les croyants (v. 11-22)

4     Comment Dieu fait connaître son propos — Chapitre 3

4.1      L’effet de la proclamation de la vérité de l’Assemblée

4.2      La vérité de l’Assemblée donnée à connaître par révélation

4.3      La vérité de l’Assemblée révélée

4.4      La vérité révélée à Paul et annoncée par lui

4.5      Le but de la proclamation de la vérité

4.6      L’effet pratique de la proclamation de la vérité

4.7      La prière que ces vérités soient réalisées dans le croyant

5     La marche du croyant en relation avec l’Assemblée — Chapitre 4:1-16

6     La marche du croyant comme confessant le Seigneur — Chapitre 4:17-32

7     La marche du croyant comme enfant de Dieu — Chapitre 5:1-21

8     La marche du croyant en rapport avec les relations naturelles — Chapitre 5:22 — 6:9

8.1          Femmes et maris

8.2          Chapitre 6 — Enfants et parents

8.3          Serviteurs et maîtres

9     La lutte — Chapitre 6:10-20

9.1      La puissance du Seigneur

9.2      La puissance de l’Ennemi

9.3          L’armure de Dieu

9.3.1             Verset 14 — La ceinture de la vérité.

9.3.2      La cuirasse de la justice.

9.3.3             Verset 15 — Les pieds chaussés.

9.3.4             Verset 16 — Le bouclier de la foi.

9.3.5             Verset 17 — Le casque du salut.

9.3.6             L’épée de l’Esprit.

9.3.7             Versets 18-20 — La prière.

 

1                    Introduction

Que Dieu se soit révélé en grâce à un monde pécheur est une grande faveur et pourtant, il a fait davantage: il a dévoilé aux croyants les conseils secrets de son coeur.

Si nous désirons connaître la bénédiction de ces révélations, il faut nous tourner vers l’épître de Paul aux Éphésiens, où nous trouvons, donné par l’apôtre inspiré, un exposé des conseils de Dieu pour la gloire de Christ et la bénédiction de ceux qui sont destinés à partager sa gloire.

Il est de toute importance de considérer ces deux côtés: d’une part, le conseil de la volonté de Dieu pour tous les croyants, d’autre part, la grâce de Dieu qui apporte le salut pour tous les hommes. En général, nous connaissons mieux sa grâce en salut que les conseils de son coeur. La grâce de Dieu répond à notre condition comme pécheurs et nous devons obligatoirement commencer par ce qui répond à nos besoins; mais les conseils de Dieu révèlent ce qu’il s’est proposé d’opérer pour la satisfaction de son propre coeur. La grâce de Dieu en salut et les conseils de Dieu, tout en étant des bénédictions distinctes, ne peuvent pas être séparées; car la grâce qui sauve notre âme conduit à la gloire qui satisfait le coeur de Dieu.

Dans la révélation des conseils du coeur de Dieu, nous découvrons le caractère vrai, céleste, du christianisme. Nous apprenons que l’Assemblée, bien qu’étant formée sur la terre, appartient au ciel et que, bien que subsistant dans le temps, elle a été prévue dans l’éternité et pour l’éternité.

Le chapitre 1 nous dévoile ces conseils éternels de Dieu pour Christ et son Assemblée en vue de l’éternité.

Le chapitre 2 place devant nous les voies de Dieu pour la formation de l’Assemblée dans le temps, en vue de ses conseils pour l’éternité.

Le chapitre 3 présente le ministère spécial confié à l’apôtre Paul, en relation avec la révélation de la vérité de l’Assemblée.

Les chapitres 4 à 6 constituent la partie pratique de l’épître; une fois instruits des conseils de Dieu, les croyants sont exhortés à marcher en accord avec ces vérités tout au long de leur pèlerinage ici-bas. Si, dans ses conseils, Dieu s’est proposé de déployer sa grâce dans les saints durant l’éternité, il désire à juste titre que l’Assemblée soit, pendant son existence dans le temps, un témoignage à sa grâce, à son amour et à sa sainteté.

2                    Le propos de Dieu en Christ — Chapitre 1

Le premier chapitre de l’épître place devant nous la révélation du propos de Dieu à l’égard de Christ et de son Assemblée. Dans les chapitres suivants, nous découvrirons les voies pleines de grâce de Dieu dans la formation de l’Assemblée. Mais le propos de Dieu en vue de l’éternité nous est d’abord révélé, afin que nous puissions entrer avec intelligence dans ses voies, pendant que nous sommes dans le temps.

 

Après les versets d’introduction, nous trouvons d’abord l’appel de Dieu qui révèle le propos de Dieu à ceux qui composent son Assemblée (v. 3-7). Deuxièmement, nous avons la révélation de la volonté de Dieu pour la gloire de Christ comme Chef de toute la création et la bénédiction de l’Assemblée associée à Christ (v. 8-14). Troisièmement, nous avons la prière de l’apôtre, afin que nous puissions réaliser la grandeur de l’appel de Dieu, la bénédiction de l’héritage et la puissance immense qui accomplit le propos de Dieu et introduit les croyants dans l’héritage.

2.1   Le propos de Dieu à l’égard des croyants (v. 1-7)

Versets 1, 2 — Au moment de révéler les grands secrets de la volonté et du propos de Dieu, l’apôtre prend soin de rappeler aux saints qu’il est «apôtre de Jésus Christ par la volonté de Dieu». Il n’est pas envoyé par l’homme, comme serviteur de l’homme, pour révéler la volonté de l’homme. Il est divinement préparé et envoyé par Jésus Christ, selon la volonté de Dieu, pour révéler la volonté de Dieu.

De plus, il s’adresse aux croyants d’Éphèse comme «saints et fidèles dans le Christ Jésus», montrant par là, dans l’assemblée à Éphèse, une condition spirituelle caractérisée par la fidélité au Seigneur, ce qui les préparait à recevoir ces communications profondes. Il se peut qu’un rassemblement de saints soit marqué par beaucoup de zèle et d’activité et que pourtant il soit en défaut quant à la fidélité au Seigneur. C’est, en fait, la condition dans laquelle cette même assemblée d’Éphèse est tombée quelques années plus tard, de sorte que le Seigneur devra leur dire, malgré leur zèle et leur travail: «J’ai contre toi que tu as abandonné ton premier amour... tu es déchu». À l’époque où l’apôtre écrivait, ils étaient encore, en tant que rassemblement, caractérisés par la fidélité au Seigneur. En outre, à côté d’un bon état d’âme, nous aurons besoin, si l’épître doit nous profiter, de «grâce» et de «paix» de la part de Dieu notre Père et du Seigneur Jésus Christ — ce que l’apôtre désirait pour ces saints.

 

Verset 3 — Après les versets d’introduction, l’apôtre développe tout de suite la bénédiction des croyants selon le propos de Dieu et, par conséquent, leurs bénédictions les plus élevées. Dans ce magnifique passage, nous apprenons la source de toutes nos bénédictions, leur caractère, leur origine et le but que Dieu a en vue en nous bénissant si richement. Pardessus tout, nous apprenons que les propos de Dieu sont accomplis par Christ.

 

La source de toutes nos bénédictions se trouve dans le coeur du Dieu et Père de notre Seigneur Jésus Christ. Dieu a été parfaitement révélé en Christ. Dans sa marche comme Homme au travers du monde, il a manifesté la sainteté et la puissance infinies de Dieu, ainsi que la grâce et l’amour parfaits du Père. C’est au coeur de Dieu le Père révélé ainsi que nous avons le privilège de faire remonter toutes nos bénédictions.

 

Puis nous sommes instruits quant au caractère de ces bénédictions. Le Père nous «a bénis de toute bénédiction spirituelle dans les lieux célestes en Christ». Le petit mot «toute» nous parle de la plénitude de nos bénédictions. Pas une seule des bénédictions dont Christ comme Homme a joui ne nous est refusée. Nous sommes bénis de «toute» bénédiction spirituelle. Malgré tous les avantages extérieurs que la chrétienté professante peut conférer aux hommes, il demeure toujours vrai que les bénédictions chrétiennes sont spirituelles et non pas matérielles comme l’étaient celles de la nation d’Israël. Nos bénédictions ne sont pas moins réelles du fait de leur caractère spirituel. La position de fils, l’acceptation, le pardon — quelques-unes des bénédictions placées devant nous dans ce passage — sont des bénédictions spirituelles qui dépassent les richesses de ce monde, mais qui sont assurées par Christ au plus simple de ceux qui croient en Lui.

 

De plus, la sphère propre de nos bénédictions n’est pas la terre, mais le ciel. Nous sommes bénis «dans les lieux célestes». Sur la terre, nous sommes peut-être pauvres; dans le ciel, nous sommes richement bénis. Toutes ces bénédictions spirituelles et célestes sont en relation avec Christ, et aucune ne provient de notre relation avec Adam. Elles sont «en Christ». Les bénédictions des Juifs étaient temporelles, sur la terre, et dans la lignée d’Abraham; les bénédictions chrétiennes sont spirituelles, célestes et en Christ. À l’opposé des bénédictions terrestres, elles ne dépendent pas de la santé, ni des richesses ou de la position, ni de l’éducation, ni de la nationalité. Elles sont en dehors de tout l’ordre des choses de la terre et elles subsisteront dans toute leur plénitude lorsque notre vie dans le temps aura pris fin et que notre marche sur la terre sera terminée.

 

Verset 4 — Nous apprenons ensuite non seulement la source et le caractère de nos bénédictions, comme venant du coeur de notre Dieu et Père, mais nous trouvons qu’elles ont eu leur origine «avant la fondation du monde». C’est alors, dans l’éternité passée, que nous avons été élus en Christ. Cela implique un choix souverain entièrement indépendant de tout ce que nous sommes en relation avec Adam et son monde, et que rien de ce qui se passe dans le temps ne peut altérer.

 

Bien plus, il nous est accordé de voir non seulement l’origine de nos bénédictions avant la fondation du monde, mais aussi le grand but que Dieu a en vue, après que le monde aura passé. Le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus Christ nous a élus en Christ avant la fondation du monde, afin que dans les siècles à venir nous soyons «devant lui» pour la satisfaction de son coeur — «pour que nous fussions saints et irréprochables devant lui en amour». Si le propos de Dieu est d’avoir un peuple devant lui pour toute l’éternité, il faut qu’ils soient dans une condition qui réponde absolument à ce qu’il est; et pour répondre à ce qu’il est, il faut qu’ils soient comme Lui. Seul ce qui est comme Dieu peut convenir à Dieu. Aussi Dieu veut que nous soyons «saints et irréprochables» et «en amour». C’est là véritablement ce que Dieu est et ce qui a été exprimé en perfection en Christ comme Homme. Il était saint dans son caractère, irréprochable dans sa conduite et, dans sa nature, amour. Dieu veut aussi nous avoir devant Lui dans un caractère qui soit parfaitement saint, dans une conduite à laquelle aucun blâme ne puisse se rattacher et avec une nature qui est amour et peut répondre à l’amour — l’amour de Dieu. Dieu est amour, et l’amour ne peut être satisfait sans une réponse de la part de ceux qui en sont les objets. Dieu s’entourera de ceux qui, comme Christ Homme, répondent parfaitement à son amour, afin qu’il puisse se réjouir en nous et que nous puissions nous réjouir en Lui.

 

Lorsque la foi reçoit ces grandes vérités et en considère le but glorieux, elle se réjouit de tout ce qui a été révélé du coeur de Dieu et de l’efficacité de l’oeuvre de Christ. L’amour du Père est tel et la vertu de l’oeuvre de Christ est telle que, pour toute l’éternité, nous serons devant la face du Père, saints et irréprochables et, par conséquent, dans la jouissance pleine et entière de l’amour divin.

 

Lorsqu’il nous est donné de regarder dans l’éternité et de voir la vaste étendue des bénédictions qui sont en réserve pour nous, ce monde passager — qui souvent nous paraît si grand et important — devient très insignifiant, tandis que le christianisme, vu dans son vrai caractère selon Dieu, devient extrêmement grand et béni.

 

Verset 5 — Il y a, en outre, des bénédictions spéciales auxquelles les croyants sont prédestinés. La prédestination semble toujours avoir en vue ces bénédictions spéciales. Selon l’élection souveraine, les croyants, en commun avec les anges, seront devant Dieu, saints et irréprochables. Mais en plus de ces bénédictions, les croyants ont été prédestinés à la place particulière de fils. Nous sommes introduits dans la même position de relation avec le Père que Christ en tant qu’Homme, de sorte qu’il peut dire: «mon Père et votre Père». Les anges sont des serviteurs devant Lui; nous sommes des fils «pour Lui».

 

Cette position spéciale de relation est «selon le bon plaisir de sa volonté». Ainsi, la bénédiction du verset 5 surpasse la bénédiction du verset 4. Là, c’était l’élection souveraine qui, par grâce, nous rend propres pour Lui; ici, c’est le bon plaisir de Dieu qui prédestine des croyants à la relation de fils.

 

Verset 6 — La manière dont Dieu a agi en nous prédestinant à cette place élevée de bénédiction sera «à la louange de la gloire de sa grâce». Les richesses de la grâce de Dieu nous rendent propres à être devant Lui; la gloire de sa grâce nous met en relation avec Lui, nous ayant rendus agréables dans le Bien-aimé. Si nous sommes rendus agréables dans le Bien-aimé, nous sommes agréés comme le Bien-aimé — avec toute la joie avec laquelle le Bien-aimé a été reçu dans la gloire.

 

Verset 7 — Les versets précédents ont présenté le propos de Dieu pour les croyants; dans ce verset, la manière que Dieu a employée pour que nous puissions avoir part à ces bénédictions nous est rappelée. Nous avons été rachetés par le sang de Christ et nos péchés ont été pardonnés selon les richesses de sa grâce. Les richesses de sa grâce répondent à tous nos besoins comme pécheurs; la gloire de sa grâce répond au bon plaisir de Dieu, de nous bénir comme saints. Un homme riche pourrait combler un mendiant de l’abondance de ses richesses, et ce serait une grande grâce; mais si l’homme riche allait plus loin et introduisait le pauvre dans sa maison, et lui donnait la place de fils, ce ne serait pas seulement de la grâce envers le pauvre, mais ce serait à l’honneur et à la gloire de l’homme riche. Les richesses de la grâce ont répondu aux besoins du fils prodigue et l’ont revêtu d’une robe provenant de la maison du père; la gloire de la grâce lui a donné la place de fils dans la maison. La gloire de la grâce de Dieu a fait des croyants des fils, non des serviteurs.

2.2   La révélation de la volonté de Dieu pour la gloire de Christ et la bénédiction de l’Assemblée (v. 8-14).

Versets 8, 9Non seulement Dieu nous a destinés à la bénédiction dans laquelle nous serons introduits plus tard; et non seulement nous possédons la rédemption de nos âmes et le pardon des péchés selon les richesses de sa grâce, mais cette même grâce a abondé envers nous afin que nous puissions avoir dès maintenant la connaissance de son propos. Dieu nous a fait connaître le mystère de sa volonté pour que nous ayons connaissance du bon plaisir qu’il s’est proposé en lui-même.

 

C’est la volonté de Dieu que l’Assemblée, tandis qu’elle est ici-bas, soit la dépositaire de ses conseils. Dieu veut que nous soyons sages et intelligents à l’égard de tout ce qu’il fait et fera encore, pour son bon plaisir, pour la gloire de Christ et pour la bénédiction de l’Assemblée. Ayant la pensée de Dieu, nous serons gardés dans la tranquillité en présence de l’agitation du monde et nous serons élevés au-dessus d’une scène d’affliction et de péché, car nous connaissons la fin de toutes choses.

 

Dans l’Écriture, un «mystère» n’est pas nécessairement une chose cachée, mais plutôt un secret qui est révélé aux croyants avant qu’il ne soit déclaré publiquement au monde. Dans ce monde, nous voyons l’homme faisant sa propre volonté selon son propre plaisir, d’où tant d’affliction et de confusion. Mais le privilège du croyant est de connaître les secrets de Dieu et de savoir ainsi que Dieu va opérer toutes choses selon son bon plaisir et que, finalement, ses propos triompheront.

 

Versets 10-12Les versets qui suivent placent devant nous ce mystère de Dieu. Nous apprenons qu’il y a deux parties à ce mystère. D’abord, le propos de Dieu pour Christ; puis, ce que Dieu s’est proposé pour l’Assemblée associée à Christ.

 

C’est le bon plaisir de Dieu, pour l’administration de la plénitude des temps, de réunir en un toutes choses dans le Christ. La «plénitude des temps» peut difficilement faire allusion à l’état éternel, car alors Dieu sera tout en tous. Elle semblerait indiquer le monde à venir — le jour millénaire — lorsque le plein résultat des voies de Dieu en gouvernement sera vu dans sa perfection. Tous les principes de gouvernement qui ont été confiés aux hommes dans les différentes époques et dans lesquels ils ont fait si complètement faillite, seront vus en perfection sous l’administration de Christ. La ruine des temps a été vue sous le gouvernement de l’homme; la «plénitude» ou perfection des temps sera vue lorsque Christ régnera. Alors toute chose créée, tout être, dans les cieux et sur la terre, seront soumis à son autorité et à sa direction. Et le résultat sera que l’unité, l’harmonie et la paix prévaudront. Tel est le secret ou le mystère de la volonté de Dieu pour la gloire de Christ.

De plus, c’est le bon plaisir de Dieu que l’Assemblée, associée à Christ, ait part à ce vaste héritage sur lequel Christ sera chef. Au verset 11, l’apôtre dit: «nous avons... été faits héritiers», faisant sans doute allusion aux croyants d’entre les Juifs. La nation juive avait perdu son héritage terrestre en rejetant Christ et en poursuivant sa volonté propre. Le résidu des Juifs, qui croira en Christ, obtiendra un héritage plus glorieux dans le monde à venir, selon le propos de celui qui opère toutes choses selon le conseil de sa volonté. Associés à Christ dans son règne, les croyants manifesteront sa gloire. En ce jour, il sera «glorifié» et «admiré» en tous ceux qui auront cru (2 Thess. 1:10). Le monde et la création entière seront bénis sous Lui. L’Assemblée aura sa part avec Lui. Ces croyants d’entre les Juifs avaient «espéré à l’avance» en Christ. Ils avaient espéré en Christ durant le jour de sa réjection; la nation restaurée croira en lui au jour de sa gloire.

Verset 13 — Le «vous» du verset 13 introduit les croyants d’entre les nations dans la bénédiction de ce glorieux héritage. Ils avaient cru l’évangile de leur salut et avaient été scellés du Saint Esprit de la promesse.

Verset 14 — Le «notre» du verset 14 unit les croyants d’entre les Juifs et d’entre les nations. Ils partagent ensemble ce glorieux héritage. Par l’Esprit, nous jouissons d’un avant-goût de la bénédiction de l’héritage. Cet héritage est une «possession acquise» — le prix en a été le sang précieux de Christ. Toute la création est à lui, car il est le Créateur, et tout est à lui, par achat. Bien que tout ait été acquis, tout n’a pas encore été racheté. Il a acquis l’héritage par le sang; il rachètera l’héritage par la puissance. Lorsque, par sa puissance, il aura délivré toute la création de l’Ennemi, ce sera à la louange de la gloire de Dieu.

2.3   La prière que les croyants sachent quelle est l’espérance de l’appel et la gloire de l’héritage (v. 15-23).

Verset 15 — La prière commence par l’exposé de la condition spirituelle des saints à Ephèse — une condition qui incitait l’apôtre à rendre grâces et à prier sans cesse pour eux. D’une façon très bénie, ils étaient caractérisés par «la foi au Seigneur Jésus... et l’amour... pour tous les saints». Christ étant l’objet de leur foi, les saints devenaient l’objet de leur amour. Il ne peut y avoir de preuve plus grande d’une foi vivante en Christ que l’amour pratique pour les saints. La foi met l’âme en relation avec Christ et, étant en contact avec lui, le coeur va au-devant de tous ceux qu’Il aime. Plus nous nous tiendrons près de Christ, plus nos affections envers ceux qui lui appartiennent s’épancheront.

 

Verset 16 — Ayant entendu parler de leur foi et de leur amour, l’apôtre est contraint de rendre grâces et à prier sans cesse pour ces saints. Si nous ne sommes occupés que des défauts et des manquements de nos frères, nous serons accablés et nous passerons notre temps à nous plaindre des saints. Mais si nous recherchons ce que la grâce de Dieu a produit en eux et si nous en sommes occupés, nous serons pleins de motifs de rendre grâces, sans pour autant être indifférents à ce qui doit être corrigé. L’apôtre n’ignorait jamais ce qui était de Christ dans les saints, sans être jamais indifférent à ce qui était de la chair. Même quant aux saints à Corinthe, chez lesquels il y avait tant de choses à reprendre, il peut rendre grâces pour ce qu’il voyait de Dieu en eux. Dans notre faiblesse, nous sommes enclins à tomber dans un extrême ou dans l’autre. Dans notre souci de manifester de l’amour, nous traiterons peut-être avec beaucoup de légèreté ce qui est mauvais; ou, dans notre opposition à ce qui est mauvais, nous ne discernerons peut-être pas ce qui est de Dieu.

 

L’apôtre avait développé les conseils de Dieu à ces saints et le fait qu’il est contraint de prier témoigne, en soi, de l’immensité de ces conseils. La force du langage humain est insuffisante pour les exprimer et la capacité de l’esprit humain trop faible pour les saisir. L’apôtre comprend que, pour que ces grandes vérités nous touchent, il ne suffit pas de les énoncer. En écrivant à Timothée, il dit: «Considère ce que je dis; car le Seigneur te donnera de l’intelligence». Ainsi, dans cette épître, Paul, conduit par l’Esprit, peut nous révéler les conseils de Dieu, mais il réalise que seul Dieu peut en donner la compréhension. Aussi s’adresse-t-il à Dieu par la prière.

 

Verset 17 — L’apôtre s’adresse au «Dieu de notre Seigneur Jésus Christ» car, dans cette prière, le Seigneur Jésus est vu comme Homme. La prière du chapitre 3 est adressée au Père de notre Seigneur Jésus Christ, car là le Seigneur est considéré comme le Fils. Une autre raison de l’emploi de noms différents dans les deux prières peut être que l’apôtre désire, dans la première prière, que nous connaissions la puissance qui exécute les conseils de Dieu, car le nom de Dieu est lié à juste titre à la puissance; et la seconde prière, concernant l’amour, est adressée de façon tout à fait appropriée au Père.

 

Dans cette prière, Dieu est aussi appelé «le Père de gloire», dans la pensée que la scène de gloire vers laquelle nous nous dirigeons tire son caractère du Père en qui elle a sa source. Son amour et sa sainteté rempliront de gloire ce monde dans lequel Dieu sera parfaitement manifesté. Tandis que le Père est le ressort et la source de la gloire, le Seigneur Jésus, comme homme, est le centre et l’objet de la gloire. En lui, toute la puissance de Dieu est déployée; son nom est au-dessus de tout nom et il est chef sur toutes choses à l’Assemblée.

 

Pour entrer dans les vérités qui forment le sujet de la prière de l’apôtre, nous avons besoin de l’esprit de sagesse et de révélation dans la pleine connaissance de Christ. Toute la sagesse de Dieu et toute la révélation de la volonté de Dieu sont données à connaître en Christ. Aussi avons-nous besoin de la pleine connaissance de Christ pour entrer dans la sagesse de Dieu, la révélation que Dieu a faite de lui-même et de ses conseils.

 

Verset 18 — En outre, la connaissance de Christ, pour laquelle l’apôtre prie, n’est pas une simple connaissance intellectuelle, mais une connaissance de coeur d’une Personne, car il dit: «les yeux de votre coeur étant éclairés». À maintes reprises nous voyons dans l’Écriture, et nous apprenons par l’expérience, que Dieu enseigne par les affections. Il en fut ainsi dans le cas de la femme pécheresse de Luc 7, qui «a beaucoup aimé» et a appris rapidement. Tel fut aussi le cas d’une femme sainte et dévouée, Marie de Magdala, en Jean 20. Son affection pour Christ était apparemment plus active, au jour de la résurrection, que celle de Pierre et de Jean; le Seigneur se révéla à ce coeur aimant et lui donna la magnifique révélation de la position nouvelle de ses frères en relation avec le Père.

 

Après ces demandes préliminaires, l’apôtre expose les trois grandes requêtes de sa prière.

 

Premièrement, que nous sachions quelle est l’espérance de son appel.

Deuxièmement, que nous sachions quelles sont les richesses de la gloire de l’héritage de Dieu dans les saints.

Troisièmement, que nous connaissions la puissance qui opérera le propos de l’appel et introduira les saints dans l’héritage.

L’appel est en haut, en relation avec des Personnes divines dans les cieux. L’héritage est en bas en relation avec les choses créées sur la terre. Comme nous l’apprenons par Philippiens 3:14, l’appel est céleste, de Dieu et en Christ. La source de l’appel est Dieu, aussi en est-il parlé ici comme de «son appel». Il nous est exposé dans les versets 3 à 6 de ce chapitre. Selon l’appel divin, nous sommes bénis de toute bénédiction spirituelle dans les lieux célestes en Christ, nous sommes élus en Christ, par le Père, pour être devant Dieu conformes à lui, «saints et irréprochables devant lui en amour», pour la joie et la satisfaction de son coeur. L’appel nous dit encore que nous serons devant Dieu non pas comme des serviteurs — tels les anges — mais comme des fils devant sa face. De plus, l’appel nous dit que nous serons dans la faveur éternelle de Dieu, agréables dans le Bien-aimé. Enfin, nous apprenons dans l’appel que nous serons à la louange éternelle de la gloire de la grâce de Dieu.

Pour résumer l’appel tel qu’il est présenté dans ces magnifiques versets, il signifie que nous sommes élus et appelés en haut dans les cieux à une bénédiction céleste, pour être comme Christ et avec Christ devant le Père, en relation avec le Père, dans la faveur du Père à toujours et à la louange éternelle de la gloire de sa grâce.

Tel est l’appel au sujet duquel l’apôtre prie, et nous pouvons bien prier aussi qu’il nous soit donné d’entrer dans sa bénédiction et de savoir quelle est «l’espérance de son appel». Ici, l’espérance n’a rien à voir avec la venue du Seigneur. Les saints étant vus dans cette épître comme assis dans les lieux célestes, il n’y a pas d’allusion à la venue du Seigneur. L’espérance est, comme l’a dit quelqu’un, «la pleine révélation dans la gloire éternelle de tout ce à quoi Dieu nous a appelés en Christ, comme fruit de ses conseils dès l’éternité passée».

Deuxièmement, l’apôtre prie pour que nous sachions «quelles sont les richesses de la gloire de son héritage dans les saints». On a dit: «dans son appel, nous regardons en haut; l’héritage, lui, s’étend pour ainsi dire sous nos pieds». L’héritage est présenté dans les versets 10 et 11 de ce chapitre. Nous apprenons là que l’héritage embrasse toutes les choses créées, dans les cieux et sur la terre, dont Christ sera le Chef glorieux. En lui, l’Assemblée obtiendra un héritage, car nous régnerons avec lui. Dans la prière, l’héritage est appelé «son héritage dans les saints». Un royaume ne consiste pas uniquement en un roi et un territoire, mais en un roi et ses sujets. En outre, «les richesses de la gloire de son héritage» seront déployées dans les saints. En ce jour, il sera «glorifié dans ses saints» et «admiré dans tous ceux qui auront cru» (2 Thess, 1:10).

Verset 19 — Troisièmement, l’apôtre demande que nous sachions quelle est la puissance envers nous qui opérera ces grandes choses. Il est parlé de la «grandeur de la puissance» et de son «opération». Elle opère donc envers nous dans le temps présent. C’est «l’excellente grandeur de sa puissance». II y a d’autres puissances et de grandes puissances dans l’univers, mais la puissance qui opère envers nous surpasse toute autre puissance, que ce soit la puissance de la chair en nous ou la puissance du diable contre nous. Quel réconfort de savoir que, dans toute notre faiblesse, il y a l’excellente grandeur d’une puissance envers nous et opérant pour nous!

Versets 20, 21 — De plus, c’est une puissance qui ne nous a pas seulement été révélée dans une déclaration, mais qui s’est déployée dans la résurrection de Christ. Le monde et Satan ont pu montrer le plus grand déploiement de leur puissance — la puissance de la mort — lorsqu’ils ont cloué Christ sur la croix. Puis, après que le diable et le monde eurent exprimé leur puissance à son degré extrême, Dieu a manifesté l’excellente grandeur de sa puissance en ressuscitant Christ d’entre les morts et en le plaçant, comme Homme, dans la position la plus élevée de l’univers, à sa droite même. Christ a été établi, dans cette position d’exaltation, au-dessus de toute autre puissance, qu’il s’agisse des principautés et autorités spirituelles ou des puissances et dominations temporelles. Certains noms sont donnés pour le gouvernement de ce monde et du monde à venir, mais Christ a un Nom au-dessus de tout nom — il est Roi des rois et Seigneur des seigneurs.

Verset 22 — Plus encore, Christ n’est pas seulement au-dessus de toute puissance, mais tout mal sera assujetti sous ses pieds. Telle est l’expression suprême de la puissance qui non seulement nous amènera à partager avec Christ cette place élevée de gloire, mais qui nous accompagne tandis que nous marchons vers la gloire.

Nous apprenons ensuite une autre grande vérité: Celui en qui toute la puissance a été manifestée, qui est placé dans une position au-dessus de toute autre puissance, qui a le pouvoir d’assujettir tout le mal, est Celui qui est donné pour «Chef sur toutes choses à l’Assemblée».

En relation avec toutes les puissances de l’univers, il est placé «au-dessus» de toute puissance. Par rapport au mal, tout est assujetti sous ses pieds. En relation avec l’Assemblée — son corps — il est Chef et Chef pour diriger en toutes choses. Ainsi, c’est le privilège de l’Assemblée de regarder à Christ pour être conduite et dirigée pour toutes choses. En présence de toute puissance contraire et de tout mal, nous avons une ressource en Christ, notre Chef. Il peut certes se servir de dons et de conducteurs pour nous instruire et nous guider, mais c’est au Chef que nous devrions regarder et non pas simplement aux pauvres et faibles vases que, dans sa grâce, il peut juger utile d’employer.

Verset 23 — Dans le verset 22, nous apprenons ce que Christ est à l’Assemblée, ce que la tête est au corps. Au verset 23, nous apprenons ce que l’Assemblée est à Christ, ce que le corps est à la tête. L’Assemblée est la plénitude de celui qui remplit tout en tous. L’Assemblée, comme son corps, sert au déploiement de toute la plénitude de la Tête. Christ doit être manifesté dans l’Assemblée. Rien ne saurait être plus merveilleux que la place que l’Assemblée a en relation avec Christ. On a dit, c’est son corps, «rempli de son amour, plein d’énergie par son esprit, exécutant ses pensées, comme nos corps accomplissent nos pensées et les propos de notre esprit». Hélas! n’ayant pas donné à Christ sa place comme Chef sur toutes choses à l’Assemblée, nous n’avons, comme conséquence nécessaire, pas manifesté la plénitude de Christ.

Dans toute cette belle prière, l’apôtre recherche un effet présent sur la vie des saints. L’appel et l’héritage nous sont assurés, aussi l’apôtre ne demande pas que nous ayons l’espérance et l’héritage, mais que nous sachions ce qu’ils sont. Ainsi la connaissance de ce qui va venir doit avoir un effet actuel sur notre vie et notre conduite, nous délivrant, dans la puissance de la vie de résurrection, de la chair et de toute puissance contraire, et nous séparant, en esprit, du présent siècle.

3                    L’oeuvre de Dieu pour l’accomplissement de son propos — Chapitre 2

 

Le chapitre 1 a placé devant nous les conseils de Dieu pour Christ et l’Assemblée; il se termine par la prière de l’apôtre: que nous connaissions la puissance envers nous par laquelle ces conseils d’amour seront accomplis.

 

Dans le chapitre 2, il nous est accordé d’apprendre d’abord comment la puissance de Dieu opère en nous (v. 1-10); puis, les voies de Dieu envers nous (v. 11-22), pour la formation de l’Assemblée dans le temps, afin d’accomplir Ses conseils pour nous.

3.1   L’oeuvre de Dieu dans le croyant (v. 1-10)

Versets 1-3 — Le chapitre commence par présenter un tableau solennel de la condition et de la position dans lesquelles l’homme était tombé sous l’ancienne création. Les deux premiers versets montrent la condition du monde des Gentils; le verset 3 introduit les Juifs dans ce tableau solennel. «Nous», Juifs, dit l’apôtre, «étions par nature des enfants de colère, comme aussi les autres».

 

Pour Dieu, Juifs et Gentils sont vus comme morts dans leurs fautes et dans leurs péchés, mais comme vivants quant au train d’un monde mauvais, sous la puissance du diable — le chef de l’autorité de l’air. Ainsi l’homme est désobéissant envers Dieu, accomplissant les volontés de la chair et des pensées et, par nature, il est sous le jugement de Dieu.

 

Le Juif, bien qu’étant dans une position de privilège extérieur, a prouvé par ses convoitises qu’il avait une nature déchue et qu’il était sur le même terrain que le Gentil. Tant le Juif que le Gentil sont morts pour Dieu. Dans l’épître aux Romains, nous sommes vus comme étant sous une sentence de mort en raison de ce que nous avons fait — de nos péchés. Ici, nous sommes considérés comme déjà morts aux yeux de Dieu, en raison de ce que nous sommes — en tant qu’ayant une nature déchue. Cette condition de mort n’est toutefois pas une condition d’irresponsabilité, car l’apôtre décrit l’homme comme ayant «marché», comme ayant «conversé» et comme accomplissant ses convoitises. C’est aux yeux de Dieu que l’homme est mort. Mais en ce qui concerne les influences du monde, de la chair et du diable, il est bien vivant. De plus, le diable est devenu le maître de l’homme par sa désobéissance envers Dieu, et la nature déchue que nous avons est le résultat de cette désobéissance — nous sommes fils de la désobéissance.

 

Verset 4 — Si le monde entier est mort aux yeux de Dieu, l’homme n’a aucune possibilité de se sortir lui-même d’une telle condition. Un mort ne peut rien faire quant à Celui aux yeux duquel il est mort. Toute bénédiction pour un mort doit dépendre entièrement de Dieu. Cela ouvre le chemin aux activités d’amour de Dieu. La vérité que l’apôtre présente ici n’est pas tant notre entrée dans ces choses d’une façon expérimentale, que la manière dont Dieu opère, selon son propre amour, pour la satisfaction de Lui-même.

 

Dans les trois premiers versets, nous voyons l’homme agissant selon sa nature déchue, ce qui le place sous le jugement. Dans les versets suivants, nous voyons, dans un contraste absolu, Dieu agir selon sa nature, introduisant l’homme dans la bénédiction. Lorsque l’homme agit selon sa propre nature, il agit sans s’occuper de Dieu, d’après les motifs produits par la convoitise de son propre coeur.

Lorsque Dieu agit selon sa nature, il agit sans s’occuper de l’homme et d’après les motifs d’amour de son coeur. L’amour de Dieu opère en nous alors que nous étions «morts dans nos fautes», non pas lorsque nous avons commencé à devenir conscients de notre misère, ni lorsque nous avons répondu à cet amour.

 

Quatre caractères de Dieu sont placés devant nous: l’amour, la grâce, la miséricorde et la bonté (v. 4-7). L’amour est la nature de Dieu, le ressort de toutes ses actions et la source de toutes nos bénédictions. Si Dieu agit selon l’amour de son coeur, la bénédiction qui en résulte ne peut être mesurée que par son amour. La question, alors, n’est pas quelle mesure de bénédiction va répondre à nos besoins, mais quelle est l’étendue de bénédiction qui va satisfaire l’amour de Dieu. La grâce est l’amour en activité envers des objets indignes et elle s’adresse à tous. La miséricorde est manifestée au pécheur individuellement. La bonté est l’octroi des bénédictions au croyant. Dieu agit alors «à cause de son grand amour», non pas en aucune manière à cause de ce que nous sommes. Qui peut mesurer son «grand amour», et qui peut mesurer la bénédiction qui est selon cet amour?

 

Verset 5 — Cet amour s’exprime d’abord envers nous dans les activités de la grâce qui nous vivifie, en tant qu’individus, avec Christ. Si nous sommes morts, il ne peut y avoir aucun mouvement de notre part vers Dieu. Le premier mouvement doit venir de Dieu. Une vie nouvelle nous a été impartie, mais c’est une vie en association avec Christ. C’est une vie qui, en fait, est la vie de Celui avec qui nous sommes vivifiés. Aussi la condition que nous avons reçue par grâce est l’opposé exact de la condition que nous avions par nature. Nous étions morts aux yeux de Dieu avec le monde par nature, nous sommes maintenant vivants à Dieu avec Christ par grâce.

 

Verset 6 — Mais ce n’est pas seulement notre condition qui est changée; notre position est aussi changée. La vivification est la communication de la vie; la résurrection introduit celui qui est vivifié dans la position des vivants. Cette position est présentée en Christ. Les croyants d’entre les Juifs et d’entre les Gentils sont ressuscités ensemble et assis ensemble dans les lieux célestes dans le Christ. Nous sommes vivifiés «avec Lui», mais nous sommes ressuscités et assis «en Lui». Actuellement, nous ne sommes pas encore ressuscités et assis dans les lieux célestes. Toutefois, nous sommes devant Dieu dans cette nouvelle position dans la Personne de notre représentant. Nous sommes représentés «en Christ».

 

Verset 7 — Ayant atteint la hauteur de la position chrétienne, nous apprenons maintenant le propos glorieux que Dieu a en vue en agissant ainsi envers nous en amour. C’est «afin qu’il montrât dans les siècles à venir les immenses richesses de sa grâce, dans sa bonté envers nous dans le Christ Jésus». Dieu dit, en quelque sorte: «dans les siècles à venir, je montrerai quel est le fruit de l’oeuvre de Christ et quel est le propos de mon coeur». Il est évident que rien, sinon la condition et la position les plus élevées dans lesquelles un homme peut se trouver, ne saurait répondre à des buts si grands. Lorsque les anges et les principautés «verront un pauvre pécheur, et l’Assemblée toute entière, dans la même gloire que le Fils de Dieu, ils comprendront, dans la mesure où cela leur sera possible, les immenses richesses de la grâce qui les a placés là».

 

Versets 8, 9 — Tout est opéré par la grâce de Dieu, et toute bénédiction dont nous jouissons est le don de Dieu. La foi même par laquelle nous recevons le salut est le don de Dieu. Les oeuvres de l’homme n’ont aucun rôle pour assurer cette bénédiction; tout est de Dieu et, par conséquent, il n’y a pas de place pour la vanterie de l’homme.

Verset 10 — Cela conduit à une autre vérité. Non seulement nos oeuvres sont exclues — car Dieu a tout accompli — mais nous sommes aussi son ouvrage et, comme tels, nous faisons partie d’une nouvelle création dans le Christ Jésus. Si toutefois les oeuvres de loi sont exclues, comme moyen de salut, nous ne devons pas en déduire que les oeuvres n’ont point de place dans la vie chrétienne. Il y a, en effet, des oeuvres propres à la position de bénédiction dans laquelle nous sommes introduits, que Dieu a préparées à l’avance, afin que nous marchions en elles. Ces oeuvres nous seront présentées dans la dernière partie de l’épître, où nous sommes exhortés à marcher d’une manière digne de l’appel, et à marcher dans l’amour, à marcher comme des enfants de lumière et à marcher soigneusement (4:1; 5:2, 8, 15).

 

Les «bonnes oeuvres» dont parle ce verset ne se limitent pas à faire une bonne oeuvre, ce que pourrait faire un homme naturel dont la marche est tout sauf bonne. Ici, les croyants sont vus non seulement comme faisant des bonnes oeuvres, mais comme marchant en elles. En outre, les bonnes oeuvres sont préparées par Dieu et mènent à une marche pieuse.

3.2   L’oeuvre de Dieu envers les croyants (v. 11-22)

Le grand thème du chapitre 2 est la formation de l’Assemblée dans le temps, en vue des conseils de Dieu pour l’éternité. La première partie du chapitre nous révèle l’oeuvre de Dieu en nous individuellement, soit Juifs soit Gentils; la seconde partie présente l’oeuvre de Dieu à l’égard des croyants d’entre les Juifs et d’entre les Gentils en vue de les unir en «un seul corps» et une maison pour être une habitation de Dieu.

 

Versets 11, 12 — Avant d’exposer la position actuelle des croyants en Christ, l’apôtre met en contraste l’ancienne position des Gentils dans la chair avec leur nouvelle position. L’Assemblée est loin d’être l’ensemble de tous les croyants depuis la création du monde; au contraire, dans les temps passés (le temps précédant la croix), il existait une distinction établie de Dieu entre les Juifs et les Gentils, laquelle, tant qu’elle subsistait, rendait impossible l’existence de l’Assemblée.

 

L’apôtre rappelle aux croyants d’entre les nations qu’en ce temps-là, il existait des distinctions très marquées entre les Juifs et les Gentils. Dans les voies de Dieu sur la terre, les Juifs jouissaient, en tant que nation, d’une position comportant des privilèges extérieurs, à laquelle les Gentils étaient tout à fait étrangers. Israël formait un peuple terrestre, avec des promesses terrestres et des espérances terrestres, et avait des relations extérieures avec Dieu. Leur culte religieux, leur organisation politique, leurs relations sociales, de l’acte d’adoration le plus élevé au plus petit détail de la vie, étaient réglés par les ordonnances de Dieu. C’était un immense privilège auquel les Gentils, comme tels, n’avaient point de part. Non pas que les Juifs aient été meilleurs que les Gentils, car, aux yeux de Dieu, la grande masse des Juifs étaient aussi mauvais que les Gentils et certains même pires. D’autre part, il y avait des hommes d’entre les Gentils, tel Job, qui étaient véritablement convertis. Toutefois, dans ses voies sur la terre, Dieu sépara Israël des Gentils et leur donna une position spéciale de privilèges, car même s’ils étaient inconvertis (et c’était le cas de la masse), c’était un immense privilège d’avoir toutes leurs affaires réglées selon la sagesse parfaite de Dieu. Les nations n’avaient pas une telle position dans le monde; elles n’étaient pas reconnues publiquement par Dieu et n’avaient pas leurs affaires réglées par des ordonnances divines. En fait, les ordonnances mêmes qui réglaient la vie des Juifs maintenaient une séparation absolue entre Juifs et Gentils. Les Juifs, par conséquent, avaient une place de proximité extérieure de Dieu, tandis que les nations étaient extérieurement loin.

 

Mais Israël a complètement manqué de répondre à ses privilèges, se détournant de l’Éternel vers les idoles. Ils méprisèrent totalement les commandements et les ordonnances de Dieu qui leur conféraient leur position unique. Ils lapidèrent les prophètes par lesquels Dieu cherchait à parler à leur conscience. Ils crucifièrent leur propre Messie qui était venu au milieu d’eux dans la grâce et l’humilité; et ils résistèrent à l’Esprit Saint qui rendait témoignage à un Christ ressuscité et glorifié. En conséquence, ils ont perdu, pour le temps actuel, leur position spéciale de privilèges sur la terre et ont été dispersés parmi les nations.

 

Verset 13 — La mise de côté d’Israël prépare le chemin au grand changement dans les voies de Dieu sur la terre. Le bref rappel du passé donné par l’Esprit de Dieu dans les versets 11 et 12 rend, par contraste, la position des croyants dans le présent d’autant plus frappante. À la suite du rejet d’Israël, Dieu, poursuivant ses voies, a amené à la lumière l’Assemblée et a ainsi établi une sphère de bénédiction entièrement nouvelle, tout à fait en dehors des cercles des Juifs et des nations.

 

Cette position nouvelle des croyants ne les voit plus comme étant dans la chair, mais en Christ. Ainsi l’apôtre commence à parler de cette position nouvelle par les mots: «Mais maintenant, dans le Christ», et se met à tracer le contraste avec l’ancienne position dans la chair. En relation avec la chair, le Gentil était extérieurement loin de Dieu, et le Juif, bien que proche extérieurement, était moralement aussi éloigné que le Gentil. Parlant aux Juifs, le Seigneur doit dire: «Ce peuple m’honore des lèvres, mais leur coeur est fort éloigné de moi» (Matt. 15:8).

 

L’apôtre entreprend ensuite de montrer comment Dieu a opéré pour former l’Assemblée. D’abord, les croyants ont été «approchés par le sang du Christ», les Gentils étant amenés de la position d’éloignement dans laquelle le péché les avait mis, dans une position de proximité en Christ. Ce n’est pas une simple proximité extérieure, due à des ordonnances et à des cérémonies, mais une proximité vitale, qui est vue en Christ lui-même, ressuscité d’entre les morts et paraissant devant la face de Dieu pour nous. Aussi il est dit: «Dans le Christ Jésus... vous avez été approchés par le sang du Christ». Nos péchés nous maintenaient éloignés; le sang précieux de Christ nous lave de nos péchés et nous approche. Le sang de Christ fait connaître l’énormité du péché qui exigeait un tel prix pour être ôté; il proclame la sainteté de Dieu qui ne pouvait être satisfaite par un prix moindre et révèle l’amour qui pouvait payer ce prix. Ce n’est pas seulement que le croyant peut s’approcher de Dieu, mais, qu’en Christ, il a été approché.

 

Verset 14 — Deuxièmement, les croyants d’entre les Juifs et d’entre les Gentils sont faits un. Personne ne peut surestimer l’importance d’avoir été approché par le sang, mais, pour la formation de l’Assemblée, il faut davantage. L’Assemblée n’est pas simplement constituée d’un nombre de croyants qui ont «été approchés», car cela sera vrai des saints de tous les temps, rachetés par le sang de Christ; elle est formée de croyants d’entre les Juifs et d’entre les nations. Il «en a fait un». Cela, Christ l’a accompli par sa mort. Dans un double sens, «lui... est notre paix». Il est notre paix entre Dieu et le croyant; et il est notre paix entre croyants Juifs et Gentils.

 

Verset 15 — Par sa mort, Christ a aboli «la loi des commandements» qui était la cause de la distance entre Dieu et l’homme et entre Juifs et nations. La loi, tout en promettant la vie à ceux qui la gardaient, condamnait ceux qui la transgressaient. Vu que tous ont transgressé la loi, elle condamnait inévitablement tous ceux qui étaient sous elle et maintenait ainsi les hommes loin de Dieu. De plus, elle élevait une barrière ferme — un mur mitoyen de clôture — entre Juifs et nations. Il ne pouvait pas y avoir de paix, ni entre Dieu et les hommes, ni entre les Juifs et les nations tant que cette barrière existait. À la croix, la condamnation de la loi transgressée a été portée et ainsi, l’inimitié entre les hommes et Dieu et entre les Juifs et les nations, a été ôtée. La paix qui en résulte est présentée en Christ; Lui est notre paix. Nous regardons en arrière, à la croix, et nous voyons que tout ce qui était entre Dieu et notre âme — le péché, les péchés, la malédiction d’une loi transgressée et le jugement — a été entre Dieu et Christ, notre substitut. Nous levons les yeux et voyons Christ dans la gloire avec rien entre Dieu et Christ, sinon la paix éternelle qui a été faite et, par conséquent, rien entre Dieu et le croyant. Notre paix est visible en Christ, qui est «notre paix».

 

De plus, Christ représente les croyants tant d’entre les Juifs que d’entre les nations; il est, par conséquent, notre paix entre nous; nous sommes faits un. À la croix, Christ a entièrement aboli la loi des ordonnances comme moyen de s’approcher de Dieu et a ouvert une nouvelle voie d’accès par son sang. Le Juif qui s’approche de Dieu sur la base du sang en a fini avec les ordonnances juives. Le Gentil est amené de sa position d’éloignement de Dieu, le Juif est écarté de sa proximité dispensationnelle et les deux sont faits un dans la jouissance d’une bénédiction commune devant Dieu que ni l’un ni l’autre n’ont jamais possédée auparavant. Les croyants d’entre les Gentils ne sont pas élevés au niveau des privilèges juifs et les Juifs ne sont pas dégradés au niveau des Gentils; tous les deux sont introduits sur un terrain entièrement nouveau, sur un plan infiniment plus élevé.

 

Troisièmement, les croyants d’entre les Juifs et d’entre les nations sont créés pour être «un seul homme nouveau». Nous avons déjà vu que des deux il «en a fait un», mais cela n’exprime pas la vérité complète de l’Assemblée. Si l’apôtre s’était arrêté là, nous aurions certes vu que les croyants ont été approchés par le sang et faits un, toute inimitié ayant été abolie, mais nous aurions pu rester avec la pensée que nous avons été constitués un groupe dans une heureuse unité. Cela est vrai et béni, mais c’est bien loin de la pleine vérité quant à l’Assemblée. Aussi l’apôtre continue et nous dit non seulement que nous avons «été approchés» et faits un, mais que nous sommes faits «un seul homme nouveau». L’expression «homme nouveau» parle d’une nouvelle sorte d’homme caractérisé par la beauté et les grâces célestes de Christ. Aucun chrétien ne peut présenter à lui seul les grâces de Christ; il faut l’Assemblée entière pour montrer l’homme nouveau.

 

Verset 16 — Quatrièmement, il s’y ajoute la vérité que les croyants sont constitués en «un seul corps». Les croyants, d’entre les Juifs et les nations, ne sont pas seulement unis pour présenter les grâces de l’homme nouveau, Christ caractéristiquement dans toutes ses gloires morales, mais ils sont aussi formés en un seul corps. C’est plus qu’un groupe de personnes dans l’unité; c’est un groupe de personnes dans l’union. Elles sont unies l’une à l’autre par l’Esprit afin d’être un corps sur la terre pour présenter l’homme nouveau. Ainsi, non seulement les croyants d’entre les Juifs et d’entre les nations ont été réconciliés entre eux, mais, en tant que formés en un seul corps, ils sont réconciliés à Dieu. Il ne serait pas en accord avec le coeur de Dieu que les nations soient éloignées, ni que les Juifs soient extérieurement près; mais Dieu peut se reposer avec délices dans la création des croyants d’entre les Juifs et d’entre les nations en un seul corps par la croix qui, non seulement a ôté toute cause d’inimitié entre les croyants Juifs et Gentils, mais aussi toute inimitié envers Dieu.

 

Verset 17 — Toute cette vérité bénie nous a été apportée par la bonne nouvelle de la paix annoncée aux nations qui étaient loin et aux Juifs qui, dispensationnellement, étaient près. Nous pouvons comprendre pourquoi l’annonce de la bonne nouvelle est introduite à ce point, dans un passage qui parle de la formation de l’Assemblée. L’apôtre vient de parler de la croix, car sans la croix, il ne saurait y avoir de prédication et sans prédication, il ne pourrait y avoir d’Assemblée. Christ est considéré comme étant le prédicateur, bien que l’Évangile qu’il annonce soit proclamé par le moyen d’autres.

 

Verset 18 — Il s’y ajoute la vérité bénie que, par un seul Esprit, nous avons les uns et les autres (Juifs et Gentils) accès auprès du Père. La distance n’est pas seulement ôtée du côté de Dieu; elle est aussi enlevée de notre côté. Par l’oeuvre de Christ sur la croix, Dieu peut s’appocher de nous, annonçant la paix; et par l’oeuvre de l’Esprit en nous, nous pouvons nous approcher du Père. La croix nous donne le droit de nous approcher; l’Esprit nous rend capable de faire usage de notre droit et de nous approcher pratiquement du Père. Si l’accès est par l’Esprit, il n’y a alors évidemment pas de place pour la chair. L’Esprit exclut la chair sous toutes ses formes. Ce n’est pas par des édifices, un rituel, des orgues, des choeurs ou par l’intermédiaire d’une classe spéciale d’hommes que nous obtenons l’accès auprès du Père. C’est par l’Esprit, oui, «par un seul Esprit» et ainsi, dans la présence du Père, tout est en harmonie.

 

Nous trouvons donc, dans ce magnifique passage, d’abord les deux classes dont l’Assemblée est composée, ceux qui autrefois étaient extérieurement près et ceux qui autrefois étaient loin. En second lieu, nous voyons que Dieu a approché de Lui ces deux classes de croyants; des deux, il a fait un seul homme nouveau, et il les a réconciliées toutes les deux en un seul corps. Enfin, nous apprenons comment Dieu a accompli cette grande oeuvre — par le sang de Christ, «par la croix», par la prédication, et par l’Esprit.

 

Versets 19-22 — Jusqu’ici nous avons vu l’Assemblée comme le corps de Christ, mais dans les voies de Dieu sur la terre, elle est considérée sous d’autres aspects, dont deux nous sont présentés dans les derniers versets de ce chapitre. D’abord, l’Assemblée est vue comme croissant pour être «un temple saint dans le Seigneur»; ensuite, comme «une habitation de Dieu».

 

Sous le premier de ces deux aspects, l’Assemblée est comparée à un édifice en construction qui croît pour être un temple saint dans le Seigneur. Les apôtres et prophètes forment le fondement, Christ lui-même étant la maîtresse pierre du coin. Tout au long de la dispensation chrétienne, les croyants sont ajoutés, pierre par pierre, jusqu’à ce que le dernier croyant soit amené et que l’édifice complet soit manifesté en gloire. C’est l’édifice dont le Seigneur dit en Matthieu 16: «Je bâtirai mon assemblée, et les portes du hadès ne prévaudront pas contre elle». Christ est celui qui bâtit, non pas l’homme, aussi tout est parfait et seules des pierres vivantes font partie de ce saint édifice. Pierre nous en donne la signification spirituelle lorsqu’il dit que les pierres vivantes sont édifiées une maison spirituelle, pour offrir des sacrifices spirituels agréables à Dieu et pour annoncer les vertus de Dieu (1 Pierre 2:5, 9). En Apocalypse 21, Jean voit en vision l’édifice achevé descendant du ciel, d’auprès de Dieu, resplendissant de la gloire de Dieu. Alors, en effet, de ce glorieux édifice, des sacrifices de louange continuels s’élèveront à Dieu et un témoignage parfait des gloires de Dieu sera rendu à l’homme.

Puis l’apôtre Paul, employant toujours l’image d’un édifice, présente un autre aspect de l’Assemblée (v. 22). Il a d’abord considéré les saints comme étant édifiés et croissant pour être un temple; maintenant il les voit comme formant une maison déjà complète, pour être une habitation de Dieu par l’Esprit. Tous les croyants sur la terre, à n’importe quel moment donné, sont considérés comme étant l’habitation de Dieu. Les croyants d’entre les Juifs et d’entre les nations sont «édifiés ensemble» pour être cette habitation. La demeure de Dieu est caractérisée par la lumière et l’amour; aussi, lorsque l’apôtre en vient à la partie pratique de l’épître, il nous exhorte à marcher «dans l’amour» et à marcher «comme des enfants de lumière» (5:2, 8). La maison de Dieu est ainsi un lieu de bénédiction et de témoignage, un lieu où les saints sont bénis de la faveur et de l’amour de Dieu, et étant bénis ainsi, ils deviennent un témoignage au monde qui les entoure. Dans les Éphésiens, l’habitation de Dieu est présentée selon la pensée de Dieu et, par conséquent, n’y est considéré que ce qui est réel. D’autres passages nous montreront, hélas! comment, entre les mains des hommes, l’habitation a été corrompue, jusqu’à ce qu’enfin nous lisions que «le temps est venu de commencer le jugement par la maison de Dieu» (1 Pierre 4:17).

Nous avons ainsi, dans ce chapitre, une présentation de l’Assemblée sous trois aspects. D’abord, l’Assemblée est considérée comme le corps de Christ, composé de croyants d’entre les Juifs et d’entre les nations, unis à Christ en gloire, formant ainsi un homme nouveau pour la manifestation de tout ce que Christ est comme Homme ressuscité, Chef sur toutes choses. Souvenons-nous que l’Assemblée n’est pas uniquement «un seul corps», mais qu’elle est «Son corps», comme nous le lisons: «l’Assemblée, qui est son corps». Comme son corps, l’Assemblée est sa plénitude, remplie de tout ce qu’il est, afin d’exprimer tout ce qu’il est. L’Assemblée, son corps, doit être l’expression de sa pensée, tout comme nos corps donnent expression à ce qui est dans nos pensées.

Puis l’Assemblée est présentée comme croissant pour être un temple composé de tous les saints de toute la période chrétienne — un temple où les sacrifices de louange montent à Dieu et où les gloires de Dieu sont manifestées aux hommes.

Enfin, l’Assemblée est vue comme un édifice complet sur la terre, composé de tous les saints à un moment donné quelconque, formant l’habitation de Dieu pour la bénédiction des siens et en témoignage au monde.

4                    Comment Dieu fait connaître son propos — Chapitre 3

Nous avons vu que le chapitre 1 présente les conseils de Dieu quant à l’Assemblée, tandis que le chapitre 2 place devant nous l’oeuvre de Dieu dans et envers les croyants pour accomplir ses conseils. Le chapitre 3 développe l’administration de la vérité de l’Assemblée ou comment Dieu a donné à connaître aux nations cette vérité par le moyen de l’apôtre Paul.

En comparant le verset 1 du chapitre 3 au verset 1 du chapitre 4, on voit clairement que le chapitre 3 est une parenthèse. Le chapitre 2 présente la doctrine et le chapitre 4 la pratique découlant de la doctrine. Entre la doctrine et la pratique, nous avons cette importante digression dans laquelle le Saint Esprit place devant nous l’administration spéciale (ou le service) confiée à l’apôtre. Dans le deuxième verset, ce service est appelé «l’administration de la grâce de Dieu» et dans le verset 9, «l’administration du mystère»... Une administration est un service particulier. Ce service était de proclamer l’évangile et de faire connaître la vérité parmi les saints. Dans le cours de cette parenthèse, d’autres grandes vérités en relation avec l’Assemblée nous sont présentées.

 

4.1   L’effet de la proclamation de la vérité de l’Assemblée

 

Versets 1, 2 — L’apôtre nous dit que l’effet immédiat de la proclamation de la vérité de l’Assemblée a été de couvrir celui qui l’annonçait d’opprobre de la part du monde religieux. Cette grande vérité suscita en particulier l’hostilité des Juifs, parce que, non seulement elle considérait Juifs et nations dans la même position devant Dieu — morts dans leurs fautes et dans leurs péchés — mais qu’elle n’élevait nullement les Juifs à une place de bénédiction au-dessus des Gentils. De plus, comme la vérité de l’Assemblée mettait de côté tout le système juif, avec son appel à l’homme naturel par le moyen d’un culte extérieur dans des temples faits de mains, elle suscita l’opposition de ceux qui soutenaient ce système. Alors comme aujourd’hui, le maintien de la vérité de l’Assemblée telle qu’elle a été révélée à l’apôtre Paul, et telle qu’elle a été présentée par lui, implique de l’opprobre et de l’opposition de la part de ceux qui cherchent à maintenir une profession religieuse extérieure ou un système ecclésiastique selon le modèle judaïque.

C’était donc l’accomplissement de ce service spécial, qui consistait à prêcher l’évangile de la grâce de Dieu aux nations, qui excita la malveillance des Juifs et valut la prison à l’apôtre. Selon l’estimation des Juifs, un homme qui osait parler de s’en aller vers les nations ne devait pas vivre (Actes 22:21, 22). Toutefois Paul ne se considérait pas comme un prisonnier des hommes pour quelque méfait, mais comme prisonnier de Jésus Christ à cause de son service d’amour pour faire connaître la vérité aux nations.

4.2   La vérité de l’Assemblée donnée à connaître par révélation

Versets 3, 4 — Pour que nous puissions recevoir la grande vérité de l’Assemblée sur une base d’autorité divine, l’apôtre prend soin d’expliquer qu’il a acquis la connaissance du «mystère» de l’Assemblée, non par des communications d’hommes, mais par la révélation directe de Dieu, comme il le dit: «par révélation, le mystère m’a été donné à connaître». Cela répond à une difficulté qui peut surgir en relation avec la vérité du mystère. Lorsque Paul annonçait l’évangile dans les synagogues juives, il invoquait invariablement les Écritures (voir Actes 13:27, 29, 32, 35, 47; 17:2, etc.). et les Juifs de Bérée sont expressément approuvés d’avoir examiné les Écritures afin de voir si la parole prêchée par Paul était en accord avec elles. Mais aussitôt que l’apôtre annonçait la vérité de l’Assemblée, il ne pouvait plus se référer à l’Ancien Testament pour être confirmé. Ses auditeurs auraient sondé en vain les Écritures pour voir si les choses étaient ainsi. L’incrédulité des Juifs faisait qu’ils avaient de la peine à accepter de nombreuses vérités qui se trouvaient pourtant dans leurs Écritures, tel Nicodème qui ignorait la vérité de la nouvelle naissance. Recevoir quelque chose qui ne s’y trouvait pas et qui mettait de côté tout le système juif tel qu’il y était décrit et qui avait été sanctionné par Dieu pendant des siècles, était pour des Juifs une difficulté insurmontable.

 

De nombreux chrétiens ont de la peine à apprécier cette difficulté, du fait que la vérité de l’Assemblée est fortement obscurcie dans leur esprit, ou même totalement perdue. L’Assemblée étant pour eux l’ensemble des croyants de tous les temps, ils sont prompts à trouver ce qu’ils croient être l’Assemblée dans l’Ancien Testament. Que telle a été la pensée d’hommes pieux est amplement prouvé par les titres donnés à divers chapitres de l’Ancien Testament dans certaines traductions. Mais si nous recevons la vérité de l’Assemblée telle qu’elle est présentée dans l’épître aux Éphésiens, nous sommes tout de suite placés en face d’une difficulté qui ne peut être résolue qu’en reconnaissant que la vérité de l’Assemblée est une révélation entièrement nouvelle.

 

Verset 5 — Paul appelle cette grande vérité qu’il a reçue par révélation «le mystère» et encore au verset 4, «le mystère du Christ». En se servant du mot «mystère», l’apôtre ne veut pas donner la pensée de quelque chose de caché — selon l’usage purement humain du mot. Dans l’Écriture, un mystère est une chose qui avait été gardée secrète jusque-là, qui ne pouvait être connue autrement que par révélation et qui, une fois révélée, ne peut être saisie que par la foi. L’apôtre entreprend d’expliquer que ce mystère n’a pas été donné à connaître aux fils des hommes dans les jours de l’Ancien Testament, mais que maintenant, il est révélé aux «saints apôtres et prophètes» du Christ «par l’Esprit». Les prophètes mentionnés dans ce verset ne sont évidemment pas les prophètes de l’Ancien Testament, mais plutôt ceux dont il est parlé au chapitre 2:20. Dans les deux cas, l’ordre est «apôtres et prophètes», non pas «prophètes et apôtres», comme cela aurait été normal s’il s’était agi des prophètes de l’Ancien Testament. En outre, l’apôtre parle de ce qui a été «maintenant» révélé, en contraste avec ce qui avait été révélé autrefois.

4.3   La vérité de l’Assemblée révélée

Verset 6 — Après avoir montré que la vérité de l’Assemblée avait été donnée à connaître par révélation, l’apôtre, dans un bref passage, résume cette vérité de l’Assemblée et explique pourquoi il en est parlé comme du «mystère». II est clair que le mystère n’est pas l’évangile; celui-ci n’avait pas été caché dans d’autres âges, car l’Ancien Testament est plein d’allusions au Sauveur qui devait venir, même si ces allusions étaient bien peu comprises.

 

Quel est alors le mystère? II nous est clairement dit, au verset 6, que cette révélation nouvelle est que les nations «seraient cohéritières et d’un même corps et coparticipantes de sa promesse dans le Christ Jésus, par l’évangile». Les nations et les Juifs sont faits cohéritiers, non seulement dans le royaume terrestre du Christ, mais dans l’héritage qui comprend tant les choses qui sont dans les cieux que les choses qui sont sur la terre. Et de plus, les croyants d’entre les nations sont constitués avec les croyants d’entre les Juifs en un seul corps dont Christ est la Tête dans le ciel. Plus encore, ils sont coparticipants des promesses de Dieu dans le Christ Jésus. Les nations ne sont pas élevées au niveau des Juifs sur la terre, ni les Juifs rabaissés au niveau des nations; les deux sont sortis de leur ancienne position et amenés sur un plan infiniment plus élevé, unis les uns aux autres sur un terrain entièrement nouveau, un terrain céleste, en Christ. Tout cela est opéré par l’évangile qui s’adresse à tous les deux sur un même niveau de culpabilité et de ruine totale. Les trois grands faits dont ce verset parle ont déjà été placés devant nous au chapitre 1. La promesse en Christ comprend toutes les bénédictions développées dans les sept premiers versets de ce chapitre; l’héritage nous est présenté dans les versets 8 à 21 et la vérité du «seul corps», dans les versets 22 et 23.

4.4   La vérité révélée à Paul et annoncée par lui

Verset 7 — Non seulement le mystère a été révélé à Paul, mais Paul a aussi été fait serviteur de la vérité. Le mystère avait aussi été révélé aux autres apôtres (v. 5), mais à Paul a été confié le service spécial d’annoncer cette vérité aux saints. Ainsi c’est seulement dans les épîtres de Paul que nous trouvons la présentation du mystère. La grâce de Dieu avait donné ce service à l’apôtre; la puissance de Dieu le rendait capable d’exercer son don de grâce. Les dons de Dieu ne peuvent être employés que dans la puissance de Dieu.

 

Verset 8 — L’apôtre nous dit encore l’effet que cette grande vérité a eu sur lui. En présence de la grandeur de la grâce de Dieu, il voit qu’il est le premier des pécheurs (1 Tim. 1:15); en présence de l’immense étendue de bénédictions découvertes par le mystère, il se sent moins que le moindre de tous les saints. Plus les gloires qui sont découvertes à notre vision sont grandes, plus nous devenons petits à nos propres yeux. L’homme qui est entré le plus profondément dans ce grand mystère, dans toute son immense étendue, a été celui qui a reconnu qu’il était moins que le moindre de tous les saints.

 

Pour accomplir son ministère, l’apôtre ne proclamait pas seulement la ruine irrémédiable de l’homme, mais les richesses insondables du Christ, des richesses dépassant toute estimation humaine, apportant des bénédictions illimitées.

4.5   Le but de la proclamation de la vérité

Versets 9-11 — La prédication de l’évangile était en vue de la seconde partie du service de Paul — mettre en lumière devant tous le mystère, montrer à tous les hommes comment le conseil de Dieu d’éternité en éternité est réalisé dans le temps par la formation de l’Assemblée sur la terre, et révéler ainsi ce qui jusqu’alors avait été caché en Dieu dès la fondation du monde.

 

De plus, Dieu ne veut pas seulement que tous les hommes soient éclairés quant à la formation de l’Assemblée sur la terre; mais son intention est que, dès maintenant, sa sagesse si diverse soit donnée à connaître à tous les êtres célestes par l’Assemblée. Ces êtres célestes avaient vu la création sortir bonne de la main de Dieu et en contemplant sa sagesse en création, ils avaient chanté de joie. Maintenant, dans la formation de l’Assemblée, ils voient «la sagesse si diverse de Dieu». La création a été l’expression la plus parfaite de la sagesse créatrice, mais dans la formation de l’Assemblée, la sagesse de Dieu est manifestée sous tous ses aspects. Avant que l’Assemblée puisse être formée, la gloire de Dieu devait être revendiquée, les besoins de l’homme satisfaits, le péché ôté, la mort abolie et la puissance de Satan annulée. La barrière entre Juifs et Gentils devait être enlevée, les cieux ouverts, Christ assis comme Homme dans la gloire, le Saint Esprit descendu sur la terre et l’évangile proclamé. Tout cela, et davantage, est inclus, dans la formation de l’Assemblée. Ces buts variés ne pouvaient être atteints que par la sagesse si diverse de Dieu; la sagesse déployée non seulement dans une direction, mais dans toutes les directions. Que l’Assemblée ait failli à ses responsabilités n’a pas non plus changé le fait que, par l’Assemblée, les anges apprennent la sagesse de Dieu. Au contraire, cela ne fait que rendre plus manifeste cette sagesse merveilleuse qui, s’élevant au-dessus des manquements de l’homme, surmontant tout obstacle, introduit enfin l’Assemblée dans la gloire «selon le propos des siècles, lequel il a établi dans le Christ Jésus notre Seigneur».

4.6   L’effet pratique de la proclamation de la vérité

Versets 12, 13 — L’apôtre se détourne de la révélation du mystère pour décrire en quelques mots son effet pratique. Ces merveilles ne sont pas placées devant nos yeux simplement pour être admirées, aussi admirables soient-elles. Le mystère a également un côté très pratique lorsqu’il est bien compris et appliqué. Agir dans la lumière de la vérité nous mettra à l’aise dans le monde de Dieu, mais nous rejettera du monde de l’homme. Tel l’aveugle de Jean 9 qui, rejeté par le monde religieux, se trouve dans la présence du Fils de Dieu, ainsi l’apôtre, emprisonné par l’homme sur la terre, a accès dans la présence du Père dans les cieux.

Le Christ Jésus, celui par qui tous ces propos éternels seront accomplis, est celui par lequel nous avons accès en confiance auprès du Père. Si cette grande vérité nous donne hardiesse et nous met à l’aise dans la présence du Père, elle conduira à des afflictions dans le monde. Paul l’a expérimenté, mais il dit: ne perdez pas courage à cause de mes afflictions. Accepter la vérité du mystère — marcher dans sa lumière — nous placera tout de suite hors du monde religieux. Si nous agissons selon cette vérité, nous rencontrerons aussitôt l’opposition de la profession chrétienne. Ce sera, comme ce fut le cas pour Paul, un conflit continuel, et particulièrement avec tout ce qui judaïse.

De l’opposition, il y en aura nécessairement, car ces grandes vérités minent entièrement l’organisation mondaine de tout système religieux érigé par l’homme. Est-ce que la vérité du mystère que Paul cherchait à faire connaître à tout homme est proclamée du haut des chaires de la chrétienté, dans les conventions religieuses ou même dans les cercles évangéliques? Est-ce que la vérité du mystère, qui implique la ruine totale de l’homme, le rejet complet de Christ par le monde, la séance de Christ dans la gloire, la présence du Saint Esprit sur la terre, la séparation du croyant du monde et l’appel céleste des saints — est-ce que cette grande vérité est proclamée ou mise en pratique dans les églises nationales ou les dénominations religieuses de la chrétienté? Hélas! elle n’a pas de place dans leurs crédos, leurs prières ou leur enseignement. Pis encore, elle est reniée par leur constitution même, leur enseignement et leur pratique.

4.7   La prière que ces vérités soient réalisées dans le croyant

Versets 14-21 — Les grandes vérités développées dans ces chapitres conduisent tout naturellement à la seconde prière de l’apôtre. Dans le deuxième chapitre de l’épître, l’apôtre a développé la grande vérité que les croyants d’entre les Juifs et d’entre les Gentils ont été édifiés ensemble pour être l’habitation de Dieu. Dans le troisième chapitre, l’apôtre a présenté la vérité du mystère, montrant que les croyants, pris aussi d’entre les Juifs et d’entre les Gentils, sont amenés sur un terrain entièrement nouveau pour être un même corps en Christ. Nous apprenons ensuite que ce mystère a été donné à connaître afin que la sagesse si diverse de Dieu soit maintenant manifestée, selon le propos des siècles, lequel Dieu a établi dans le Christ Jésus notre Seigneur (3:10, 11).

Avec ce grand but devant lui, l’apôtre s’adresse par la prière au Père, pour que les saints soient dans une bonne condition spirituelle afin d’entrer dans la plénitude de Dieu. Pour produire cette condition spirituelle dans les saints, nous voyons, dans le cours de la prière, que chacune des Personnes divines est engagée envers les saints. Le Père est la source de toute bénédiction; l’Esprit nous fortifie afin que le Christ habite en nous pour nous remplir de la plénitude de Dieu, afin que Dieu soit glorifié en étant manifesté dans les saints, maintenant et pour l’éternité.

Verset 14 — La prière ayant en vue le propos éternel «lequel a été établi dans le Christ Jésus», elle est adressée au «Père» qui est la source de ces conseils éternels. Pour cette même raison, il n’y a aucune mention de la mort ni de la résurrection dans la prière. Les conseils éternels étaient tous établis avant que la mort n’intervienne et l’accomplissement final de ces conseils, objet de cette prière, sera dans une scène où la mort n’entrera jamais.

 

Verset 15 — Ayant cette nouvelle scène de gloire devant nous, il nous est dit que dans ce monde de bénédiction à venir, toute famille dans les cieux et sur la terre sera nommée du Père. Dans la première création, tous les animaux défilèrent devant Adam qui leur donna un nom établissant les caractères distinctifs qui seraient manifestés dans chaque famille. De même, en relation avec les conseils éternels pour la nouvelle création, toute famille dans les cieux et sur la terre — les êtres angéliques, l’Assemblée dans les cieux et les saints sur la terre — sera nommée du Père, et ainsi chaque famille a son caractère distinctif selon les conseils éternels du Père.

La prière a donc pour objet tout ce qui sera amené à la lumière dans les âges éternels, selon les conseils de Dieu avant la fondation du monde — une scène dans laquelle le Père est la source de tout, le Fils le centre de tout, et où toute famille dans les cieux et sur la terre manifeste quelque gloire spéciale du Père.

Verset 16 — La première requête est que le Père nous donne, selon les richesses de sa gloire, d’être fortifiés en puissance par son Esprit quant à l’homme intérieur. L’apôtre ne dit pas: «selon les richesses de sa grâce», comme dans le chapitre 1:7, mais «selon les richesses de sa gloire», parce que la prière n’est pas en relation avec la satisfaction de nos besoins, mais plutôt avec l’accomplissement des conseils du coeur du Père.

Dans la prière du chapitre 1, la requête est que nous connaissions la puissance de Dieu envers nous; ici, que nous connaissions la puissance en nous pour nous fortifier quant à l’homme intérieur. L’homme extérieur est l’homme visible, naturel, par lequel nous sommes en contact avec les choses de ce monde. L’homme intérieur est l’homme invisible et spirituel, formé par l’oeuvre de l’Esprit en nous et par lequel nous sommes en relation avec les choses invisibles et éternelles. De même que l’homme extérieur doit être fortifié par des choses matérielles de cette vie, l’homme intérieur a besoin d’être fortifié par l’Esprit pour entrer dans les bénédictions spirituelles du monde nouveau des conseils de Dieu.

Verset 17 — La deuxième requête est que le Christ habite, par la foi, dans nos coeurs. Elle résulte de la première, car ce n’est que si nous sommes fortifiés par l’Esprit que Christ habitera dans nos coeurs par la foi. L’effet de l’Esprit, qui est venu d’auprès du Père, opérant dans notre âme, sera de nous remplir des pensées du Père à l’égard de Christ — de nous faire penser au Fils avec le Père.

 

La requête n’est pas que nous soyons fortifiés en puissance pour accomplir quelque miracle ou pour entreprendre quelque tâche ardue, mais qu’une condition spirituelle soit opérée dans notre âme par Christ demeurant dans notre coeur par la foi. La puissance du monde autour de nous, de la chair en nous et du diable contre nous, est si grande que Christ ne pourra avoir sa vraie place dans notre coeur que dans la mesure où nous serons fortifiés par l’Esprit quant à l’homme intérieur.

De plus, l’apôtre demande que le Christ «habite» dans nos coeurs. Nous ne devons pas le traiter comme un visiteur que nous aurions à recevoir en une occasion spéciale, mais comme Quelqu’un qui a une place permanente dans notre coeur. Cela ne peut être que par la foi, car la foi regarde à Christ, et dans la mesure où il sera devant nous comme objet, il aura une habitation dans nos coeurs. Celui qui est le centre de tous les conseils de Dieu deviendra aussi le centre de nos pensées. Comme un autre l’a dit: «L’objet suprême de Dieu devient notre objet suprême». Quels témoins pour Dieu ne serions-nous pas tous, si nos vies étaient gouvernées par un seul objet, Christ! Trop souvent, nous ressemblons à la Marthe d’autrefois, distraite par «beaucoup de service» et en souci et tourmentée de «beaucoup de choses». «Une seule» est nécessaire, avoir Christ comme l’unique objet de nos vies; alors le service et tout le reste suivra sans distraction. Puissions-nous, comme Marie, choisir cette «bonne part»!

Le résultat de l’habitation de Christ dans le coeur est de nous enraciner et de nous fonder dans l’amour. Si Christ, celui en qui et par qui tout l’amour du Père a été révélé, habite dans nos coeurs, il les remplira certainement de la connaissance et de la jouissance de l’amour divin.

 

Verset 18 — L’habitation de Christ dans le coeur ouvre le chemin à la troisième grande requête: que nous soyons «capables de comprendre avec tous les saints quelle est la largeur et la longueur, et la profondeur et la hauteur». Dieu nous enseigne par nos affections, de sorte que pour arriver à cette compréhension, il faut non seulement la foi, mais il faut être «enracinés et fondés dans l’amour». Par l’oeuvre de l’Esprit, Christ habite dans notre coeur par la foi; y habitant par la foi, il remplit notre coeur d’amour et l’amour nous prépare à comprendre. De plus, cet amour nous amène à embrasser «tous les saints», car plus nous jouirons de l’amour de Christ, plus notre coeur s’ouvrira à tous ceux qui sont aimés de Christ.

Puis l’apôtre désire que nous soyons capables de comprendre «quelle est la largeur et la longueur, et la profondeur et la hauteur». Il semblerait que ce soit toute l’étendue du «propos éternel» de Dieu, auquel il a déjà été fait allusion au verset 11. Ce propos éternel embrasse, dans sa largeur, «tous les saints»; dans sa longueur, il s’étend au siècle des siècles; dans sa profondeur, il descend jusqu’à nous dans tous nos besoins, et dans sa hauteur, il nous introduit dans une scène de gloire.

Verset 19 — Toute cette scène de bénédiction nous est assurée par l’amour du Christ — celui qui «a aimé l’Assemblée et s’est livré lui-même pour elle». Aussi, la quatrième requête a pour objet que nous soyons capables «de connaître l’amour du Christ qui surpasse toute connaissance». C’est un amour qui peut être connu et goûté, et pourtant il dépasse toute connaissance. Si nous ne pouvons pas mesurer la hauteur de la gloire d’où Christ est venu, ni sonder la profondeur des afflictions par lesquelles il a passé, nous pouvons encore moins mesurer l’amour qui a opéré pour nous, qui embrasse l’immense armée des rachetés, petits et grands, qui prend soin de nous pendant notre passage dans le temps, et qui va nous introduire dans la demeure de l’amour pour y être avec Lui et comme Lui, pour la satisfaction de son coeur. Un tel amour peut être connu mais reste cependant à toujours un amour «qui surpasse toute connaissance».

La cinquième requête consiste en ceci que nous soyons remplis jusqu’à toute la plénitude de Dieu. La plénitude de Dieu, c’est tout ce que Dieu est en tant que révélé et manifesté en Christ. Le Fils a pleinement fait connaître le Père dans son amour et sa sainteté, dans sa grâce et sa vérité; et l’apôtre désire que nous recevions, dans une pleine mesure, de la plénitude divine, afin qu’elle soit vue dans les saints.

Verset 20 — La sixième requête formulée est celle-ci, que tout ce que l’apôtre a demandé dans sa prière pour les saints soit opéré en eux par la puissance de Dieu. Certes Dieu peut faire infiniment «pour nous», comme on le dit souvent. Mais ici, où la pensée dominante de toute la prière est la condition spirituelle des saints, ce n’est pas ce que Dieu peut faire pour nous ou envers nous qui est en vue, mais plutôt son pouvoir et son vouloir d’opérer «en nous», en réponse à ces requêtes, et de le faire au-delà de «tout ce que nous demandons ou pensons».

Verset 21 — La septième et dernière requête a pour objet la gloire de Dieu dans l’Assemblée, dans le Christ Jésus, pour toutes les générations du siècle des siècles. Chaque requête de cette prière conduit à cette pensée magnifique que, pour toutes les générations du siècle des siècles, les saints manifestent la plénitude de Dieu pour être ainsi à sa gloire. Toute la prière montre clairement quel est le désir de Dieu: il veut que ce qui sera vrai des saints dans les siècles éternels, les caractérise déjà pendant leur passage à travers le temps — que tout ce que Dieu est reluise maintenant dans les siens.

5                    La marche du croyant en relation avec l’Assemblée — Chapitre 4:1-16

Les trois derniers chapitres de l’épître constituent la partie pratique dans laquelle l’apôtre exhorte à marcher d’une manière digne des grandes vérités présentées précédemment dans les trois premiers. On remarquera que, comme croyants, nous sommes exhortés à avoir une conduite qui soit en harmonie avec nos privilèges et nos responsabilités dans trois relations différentes.

 

En premier lieu, notre marche doit être en accord avec nos privilèges en relation avec l’Assemblée, comme étant membres du corps de Christ et comme constituant l’habitation de Dieu par l’Esprit Saint (4:1-16).

 

Ensuite, nous sommes appelés à la piété pratique en tant qu’individus qui confessent le nom du Seigneur pendant leur pèlerinage dans un monde mauvais (4:17 à 5:21).

 

Enfin, nous sommes exhortés à être conséquents dans notre marche en rapport avec la famille et les relations sociales qui tiennent à l’ordre de la création (5:22 à 6:9).

 

Verset 1 — À cause de son témoignage à la grâce de Dieu envers les Gentils et à la grande vérité du mystère de l’Assemblée — croyants d’entre les Juifs et d’entre les nations constitués en un seul corps et unis à Christ comme Tête — l’apôtre avait souffert la persécution et l’emprisonnement. II évoque ses souffrances pour la vérité comme un motif pour exhorter les croyants à marcher d’une manière digne de leurs grands privilèges. Notre conduite doit être en accord avec notre appel. Il convient donc que nous en ayons une compréhension claire. Le premier chapitre de l’épître nous a présenté cet appel comme étant selon les conseils de Dieu avant la fondation du monde, sans mentionner dans quelle mesure il a, de fait, été accompli dans le temps ou réalisé dans nos âmes. C’est le propos de Dieu que les croyants soient «saints et irréprochables devant lui en amour» pour son bon plaisir et à sa gloire. Au chapitre 2, nous voyons comment Dieu a opéré pour rendre cet appel effectif dans ce monde dans l’attente de son entier accomplissement dans les âges à venir.

 

Deux grandes vérités sont impliquées dans l’appel de Dieu: d’une part les croyants sont constitués en un seul corps dont Christ est la Tête; d’autre part ils sont «édifiés ensemble, pour être une habitation de Dieu par l’Esprit». En outre, l’épître révèle le propos actuel de Dieu dans ces deux grandes vérités. En relation avec l’Église, vue comme le corps de Christ, nous lisons que son corps est «la plénitude» de Christ (1:23). Au verset 13 de notre chapitre, il est de nouveau parlé de «la plénitude du Christ»; et au verset 19 du chapitre 3, il est question de «la plénitude de Dieu». C’est donc le propos de Dieu que, comme corps de Christ, l’Église manifeste toutes les gloires morales qui constituent le caractère merveilleux de Christ comme Homme — sa plénitude. Puis, comme maison de Dieu, l’Église doit manifester la sainteté, la grâce et l’amour de Dieu — sa plénitude.

 

Tel est donc le privilège élevé auquel nous sommes appelés — représenter Christ en manifestant sa perfection et faire connaître Dieu dans la plénitude de sa grâce.

 

Au chapitre 3, nous apprenons que l’état d’âme qui convient pour réaliser la grandeur de notre appel n’est possible que si Christ habite dans le coeur par la foi et si Dieu «opère en nous». Si Christ a sa place dans notre coeur, nous estimerons comme un grand privilège d’être ici-bas pour manifester son caractère. Si Dieu opère en nous, nous serons heureux de rendre témoignage à la gloire de sa grâce.

 

Christ est au ciel, comme Homme ressuscité, glorifié, tête du corps, et le Saint Esprit, Personne divine, est sur la terre, habitant au milieu des croyants. Conscients de la gloire de Christ et de la grandeur de la Personne qui demeure en nous, il convient que nous marchions d’une manière digne.

 

Versets 2, 3 — L’apôtre résume ici ce qu’est une marche digne de notre appel. Si nous marchons dans la conscience de nos privilèges, pour représenter Christ, et comme étant dans la présence de l’Esprit, nous serons marqués par ces sept caractères — l’humilité, la douceur, la longanimité, le support, l’amour, l’unité et la paix.

 

Le sentiment conscient d’être devant le Seigneur et dans la présence de l’Esprit doit nécessairement conduire à l’humilité et à la douceur. Si ce sont nos frères que nous avons devant nous, nous chercherons peut-être à nous faire valoir, mais avec Dieu devant nous, nous réalisons notre néant. Dans sa présence, nous devrions être caractérisés par l’humilité qui ne pense pas au «moi», et par la douceur qui cède aux autres.

 

L’humilité et la douceur, qui ne font pas cas du moi, mènent à la longanimité et au support d’autrui. Nous expérimentons peut-être parfois que les autres ne sont pas toujours humbles et doux, et cela demandera de notre part la longanimité. Nous aurons peut-être à subir des rebuffades et des insultes, et à supporter ceux qui agissent ainsi. Mais nous sommes avertis que le support doit s’exercer dans l’amour. Il est possible de supporter beaucoup de choses dans un esprit d’orgueil qui traite avec mépris le frère qui a offensé. Si nous avons à garder le silence, faisons-le dans l’amour qui s’afflige d’une conduite blessante.

 

En outre, nous devons user de diligence pour garder l’unité de l’Esprit par le lien de la paix. Il est important de distinguer entre l’unité du corps et l’unité de l’Esprit. L’unité du corps est formée par le Saint Esprit unissant les croyants à Christ et entre eux comme membres d’un seul corps. Cette unité est intangible. Mais il y a aussi «un seul Esprit» qui est la source de tout bien: pensée, parole ou action, de sorte que, dans le corps, une seule pensée devrait régner: celle de l’Esprit.

 

C’est cette unité de l’Esprit que nous devons nous appliquer à garder. On a dit à juste titre: «Nous pouvons individuellement marcher selon l’Esprit, mais l’unité de l’Esprit implique une marche collective».

 

Dans la conscience que nous sommes membres d’«un seul corps», nous réaliserons que nous n’avons pas à marcher simplement en tant qu’individus, mais comme unis les uns aux autres en un seul corps et, comme tels, nous devons nous appliquer à être dirigés par une seule pensée — celle de l’Esprit. Cette unité de l’Esprit n’est pas simplement une uniformité de pensée, ni une unité résultant d’un accord ou de concessions mutuelles, ce qui peut être tout à fait à côté de la pensée de l’Esprit.

 

Les premiers jours de l’Église nous offrent le tableau remarquable de croyants ayant la pensée de l’Esprit. Ils étaient remplis de l’Esprit et, par conséquent, ils étaient «un coeur» et «une âme». Il est évident que cette unité de l’Esprit n’a pas été gardée. Pourtant, l’Esprit est encore là et la pensée de l’Esprit est toujours une, aussi l’exhortation subsiste-t-elle: Réalisant que nous appartenons au seul corps, nous devrions nous appliquer à garder l’unité de l’Esprit. Le seul moyen de la maintenir est, pour chacun de nous, de juger la chair. Si nous laissons la chair se manifester dans nos pensées, dans nos paroles et dans nos actes, elle introduira immédiatement un élément discordant. On a dit: «Le principe de la chair, c’est chacun pour soi. Cela ne mène pas à l’unité. Dans l’unité de l’Esprit, c’est chacun pour les autres».

 

En outre, nous devons nous appliquer à garder l’unité de l’Esprit «par le lien de la paix». La chair ne pense qu’à faire valoir ses droits et à se quereller avec ceux avec lesquels elle n’est pas d’accord. Si nous ne pouvons arriver à un même sentiment quant à la pensée de l’Esprit, sondons patiemment la parole de Dieu sous la direction de l’Esprit, dans un esprit de paix. Si deux croyants ne sont pas de la même pensée, il est évident que l’un d’eux, ou les deux, n’ont pas la pensée de l’Esprit et le danger est qu’ils s’engagent dans une querelle. Combien il est donc nécessaire que l’effort de garder l’unité de l’Esprit soit exercé dans l’esprit de paix qui est le lien qui nous unit. Un autre a dit: «Ce qui vient de l’Esprit est toujours un. Pourquoi ne sommes-nous pas toujours d’accord? Parce que nos propres pensées sont à l’oeuvre. Si nous avions seulement ce que nous avons appris par l’Écriture, nous serions tous un» (J.N.D)..

 

Versets 4-6 — Une question importante surgit naturellement: Quelle est cette pensée de l’Esprit que nous devons nous appliquer à garder? Cela nous est présenté dans les versets 4 à 6. La pensée de l’Esprit est placée devant nous dans ces sept unités: le seul corps, le seul Esprit, la seule espérance, le seul Seigneur, la seule foi, le seul baptême et le seul Dieu et Père de tous. L’Esprit est ici-bas pour établir dans nos âmes ces grandes vérités et les y maintenir. Marcher ensemble à la lumière de ces vérités, nous fera garder l’unité de l’Esprit. Les nier pratiquement ou s’en écarter attentera au contraire à l’unité de l’Esprit. Ces versets nous présentent ainsi les différentes sphères dans lesquelles doit se manifester une marche selon l’Esprit. Cette marche est vue en relation avec le seul corps, le seul Esprit et la seule espérance, dans le cercle de la vie; en relation avec le Seigneur dans le cercle de la profession chrétienne et en relation avec Dieu dans le cercle de la création.

 

Il est de toute importance que nos pensées soient formées par la parole de Dieu, afin que nous discernions ces trois cercles d’unité qui existent réellement aux yeux de Dieu et qu’ainsi nous ayons devant nous non seulement ce que Dieu a devant Lui, mais aussi que nous ayons une juste estimation du grave abandon que la chrétienté a fait de la vérité.

 

L’apôtre dit d’abord: «Il y a un seul corps et un seul Esprit, comme aussi vous avez été appelés pour une seule espérance de votre appel». Ici, tout est réel et vital; c’est le cercle de la vie. Le seul corps est constitué par le seul Esprit et tend vers le seul but la gloire. Cette unité est dans la main de Dieu. Elle ne peut être ni gardée par un effort de notre part, ni rompue par notre manquement; mais nous pouvons perdre la pensée de l’Esprit si nous renions, dans la pratique, ces grandes vérités. Hélas! c’est ce qui s’est produit dans la profession chrétienne, car à la lumière de la grande vérité qu’il y a un seul corps non pas plusieurs — tous les différents corps de croyants qui se sont formés dans la chrétienté sont condamnés, tandis que le seul Esprit condamne tous les arrangements humains par lesquels l’Esprit est mis de côté. En outre, l’église professante s’est installée dans le monde et est devenue le monde et est ainsi la négation de l’espérance céleste de notre appel.

 

Ensuite, il y a un cercle plus large qui comprend tous ceux qui professent Christ comme Seigneur, que leur profession ait ou non de la réalité. C’est le cercle de la profession caractérisé par une seule autorité, le Seigneur, une seule doctrine: la foi, cercle dans lequel nous sommes introduits par un seul baptême. Au Seigneur sont liées l’autorité et l’administration. Reconnaître qu’il y a un seul Seigneur devrait éliminer l’autorité de l’homme et exclure toute action indépendante. Si nous admettons qu’il y a «un seul Seigneur», nous ne pouvons admettre qu’il soit juste, pour une assemblée, d’ignorer la discipline exercée véritablement au nom du Seigneur dans une autre assemblée. Ici encore, par indépendance, nous pouvons passer à côté de la pensée de l’Esprit en reniant, par la pratique, qu’il y a «un seul Seigneur».

 

Enfin, il y a le cercle le plus vaste de tous — le cercle de la création. Il y a un seul Dieu qui est le Père, la source «de tout». De plus, il est bon pour nous de savoir que, quelle que soit la puissance des choses ou êtres créés, Dieu est «au-dessus de tout». En outre, Dieu exécute ses plans «partout»; aussi Dieu peut dire: «Quand tu passeras par les eaux, je serai avec toi, et par les rivières, elles ne te submergeront pas; quand tu marcheras dans le feu, tu ne seras pas brûlé, et la flamme ne te consumera pas» (És. 43:2). Enfin, Dieu travaille dans le croyant pour opérer son propos pour le croyant. Reconnaître ces grandes vérités ne nous amènera pas seulement à rejeter les théories impies des hommes relatives à l’évolution, mais nous encouragera à agir justement dans toutes les circonstances et relations de la vie qui sont en rapport avec l’ordre de la création.

 

Hélas! dans la grande profession chrétienne d’aujourd’hui, nous voyons le reniement pratique de chacun de ces cercles. L’Esprit est mis de côté par les arrangements humains; le seul Seigneur est mis de côté par l’indépendance et le seul Dieu est mis de côté par les raisonnements incrédules.

 

Dans les versets suivants, les exhortations semblent se référer spécialement à chacun de ces cercles. D’abord, nous sommes exhortés comme membres du seul corps dans les versets 7 à 16; puis quant à notre conduite comme reconnaissant le seul Seigneur dans les versets 17 à 32, et enfin, quant aux relations de la vie en rapport avec le cercle de la création dans les chapitres 5 à 6:9.

 

Verset 7 — Ayant posé, dans ces versets d’introduction, la base d’une marche digne de l’appel, l’apôtre parle alors des ressources dont le croyant dispose pour marcher fidèlement en relation avec le premier cercle, le seul corps, et croître dans la ressemblance de Christ, la Tête.

 

L’apôtre parle d’abord du don de grâce: «À chacun de nous la grâce a été donnée selon la mesure du don de Christ». En contraste avec ce qui est commun à tous et dont l’apôtre nous a entretenus, il y a ce qui est donné à «chacun». Le seul Esprit du verset 4 et le seul Seigneur du verset 5 excluent l’indépendance; le «chacun» du verset 7 maintient notre individualité. Tandis que chaque membre a sa fonction spéciale, tous oeuvrent pour l’unité et le bien de tout le corps. Dans le corps physique, les fonctions de l’oeil et de la main sont différentes, pourtant tous les deux agissent en commun pour le bien et l’unité du corps. La «grâce» est le service spécial que chacun a reçu. Ce n’est pas nécessairement un don distinct, mais à chacun une mesure de grâce est donnée afin que chacun puisse servir les autres en amour. Cette grâce est selon la mesure dans laquelle Christ l’a donnée.

 

Verset 8 — En second lieu, pour promouvoir le progrès et la croissance spirituels, l’apôtre évoque les dons distincts. Il introduit le sujet en présentant Christ monté en haut, car ces dons viennent du Christ triomphant et exalté. Une allusion semble être faite à l’histoire de Barak pour illustrer la puissance souveraine de Christ en accordant les dons (Juges 5:12). Lorsque Barak délivra Israël de sa captivité, il emmena captifs ceux qui les avaient emmenés en captivité. Ainsi Christ a triomphé de toute la puissance de Satan et, ayant délivré les siens de la puissance de l’Ennemi, il est exalté en haut et il donne des dons aux siens.

 

Verset 9, 10 — Une parenthèse de deux versets est introduite pour présenter la grandeur de la victoire de Christ. À la croix, il est descendu au plus profond de l’abîme où le péché peut placer un homme. De cet abîme où, comme notre Substitut, il a été fait péché, il est monté à la place la plus élevée dans laquelle un homme peut être élevé — la droite de Dieu.

 

Verset 11 — Ayant emmené captive la captivité en brisant la puissance de l’Ennemi qui nous maintenait dans l’esclavage, Christ agit en puissance et se sert d’hommes comme instruments de sa puissance. Ce n’est pas simplement qu’il donne des dons et nous laisse nous répartir ceux-ci entre nous, mais il donne certains hommes pour exercer les dons. Ce n’est pas qu’il donne l’apostolat, mais il donne des apôtres, et de même avec tous les dons. Ici donc, ce n’est plus la grâce donnée à «chacun»; mais «les uns» et «les autres» donnés pour exercer des dons. D’abord, il a donné les apôtres et les prophètes, et l’assemblée est bâtie sur le fondement des apôtres et des prophètes. Le fondement a été posé et eux ont passé, bien que nous ayons encore le bénéfice de ces dons dans les écrits du Nouveau Testament.

 

Les autres dons, évangélistes, pasteurs et docteurs, sont pour l’édification de l’assemblée après que le fondement a été posé. Ces dons subsistent pendant toute la période de l’histoire de l’Église sur la terre. L’évangéliste vient le premier comme le don par lequel les âmes sont amenées dans le cercle de la bénédiction. Étant introduits dans l’assemblée, les croyants sont mis au bénéfice des dons des pasteurs et des docteurs. L’évangéliste place Christ devant le monde. Le pasteur et le docteur placent Christ devant le croyant. Le pasteur s’occupe des brebis une à une, le docteur expose l’Écriture, On a dit: «Quelqu’un peut enseigner sans être un pasteur, mais vous ne pouvez guère être un pasteur sans enseigner. Les deux choses sont étroitement liées, mais vous ne pourriez pas dire qu’elles sont la même chose. Le pasteur ne donne pas seulement de la nourriture comme le docteur, il paît les brebis ou est leur berger, les conduit çà et là, et prend soin d’elles».

 

On remarquera qu’aucun don de miracles n’est mentionné dans ces versets. Ils ne seraient guère à leur place dans un passage qui parle des ressources du Seigneur pour l’assemblée. Les miracles et les signes ont été donnés au commencement pour attirer l’attention des Juifs sur la gloire et l’exaltation de Christ et sur la puissance de son Nom. Les Juifs ont rejeté ce témoignage et les signes et les miracles ont cessé. Mais l’amour du Seigneur pour son assemblée ne peut jamais prendre fin et les dons qui témoignent de son amour continuent, selon qu’il est écrit: «Car personne n’a jamais haï sa propre chair, mais il la nourrit et la chérit, comme aussi le Christ l’assemblée» (Éph. 5:29).

 

Verset 12 — Après avoir parlé des dons, l’apôtre place devant nous les trois grands buts pour lesquels les dons ont été donnés. Ils sont donnés, premièrement en vue du perfectionnement des saints, c’est-à-dire de l’établissement de chaque croyant dans la vérité. Deuxièmement, ils sont donnés pour l’oeuvre du service, ce qui comprend toute forme de service. Troisièmement, ils sont donnés «pour l’édification du corps de Christ». La bénédiction des individus et l’oeuvre du service ont en vue l’édification du corps de Christ. Tout don, qu’il soit celui d’évangéliste, de pasteur ou de docteur, n’est exercé comme il convient que s’il a pour but l’édification du corps de Christ.

 

Verset 13 — Les versets suivants nous enseignent avec plus de précision ce que l’apôtre entend par le «perfectionnement des saints». Il ne parle pas de la perfection qui sera la part du croyant dans la gloire de la résurrection, mais de ce progrès spirituel dans la vérité et dans la connaissance du Fils de Dieu qui conduisent à réaliser l’unité et à faire de nous des chrétiens pleinement accomplis ici-bas.

La foi dont l’apôtre parle ici est tout l’ensemble de la vérité chrétienne. L’unité n’est pas une unité résultant d’un accord de tous, comme dans un credo, ou une association créée par les expédients des hommes, mais une unité de pensée et de coeur produite par la réception de la vérité telle qu’elle est enseignée par Dieu dans sa Parole. À la foi se lie la connaissance du Fils de Dieu, car en lui Dieu est pleinement révélé et la vérité présentée d’une manière vivante. Tout ce qui porte atteinte à la foi ou déprécie, en quelque manière, la gloire du Fils de Dieu, empêchera le perfectionnement des saints. La connaissance de la foi, telle qu’elle est révélée dans la Parole et manifestée dans le Fils de Dieu, mène à l’état d’homme fait, tel qu’il est présenté dans toute sa plénitude et sa perfection en Christ comme Homme. L’image exprime l’idée de chrétiens pleinement développés et dans toute leur vigueur. Le passage semble avoir en vue tous les saints, car il ne parle pas d’hommes faits, mais de «l’état d’homme fait», impliquant l’idée que tous les chrétiens présentent dans leur ensemble un homme entièrement nouveau. La mesure de la stature de l’homme fait n’est rien de moins que la mesure de la stature de la plénitude du Christ. «La plénitude» présente la pensée d’un état complet. «L’homme fait» n’est rien de moins que la manifestation dans les croyants de toutes les gloires morales de Christ. Tout le passage considère les croyants comme formant un corps destiné à manifester la plénitude du Christ. En outre, la mesure placée devant nous n’est pas seulement que tous les traits de Christ devraient être vus dans les saints, mais qu’ils devraient être vus en perfection. On peut rétorquer que cela ne sera jamais atteint dans les saints ici-bas. C’est vrai, mais Dieu ne peut pas placer devant nous une mesure inférieure à la perfection vue en Christ. Gardons-nous de nous soustraire à ce que Dieu place devant nous et d’excuser nos manquements en disant que la mesure de Dieu est impossible à atteindre.

 

Verset 14 — Comme résultat de cette pleine croissance, nous ne serions plus des petits enfants dans la connaissance chrétienne, exposés, par ignorance, à être «ballottés et emportés çà et là par tout vent de doctrine dans la tromperie des hommes, dans leur habileté à user de voies détournées pour égarer». Hélas, il y en a, dans la profession chrétienne, qui, avec une ruse adroite et consommée, sont prompts à tromper ceux qui sont mal affermis dans la vérité; et avec leur fausse doctrine, il y a, en général, l’emploi de voies détournées pour tromper. Chaque fois que, dans l’histoire du peuple de Dieu, il y a un reniement précis de quelque grande vérité ou qu’une hérésie spéciale est avancée concernant la Personne de Christ, on découvrira que, derrière la fausse doctrine particulière, se cache tout un système d’erreur.

 

Verset 15 — Lorsque des controverses surviennent, le danger est grand d’être «ballottés çà et là» en écoutant celui-ci ou celui-là. Tout autour de nous, nous voyons une chrétienté mélangée et sans vie, impuissante contre la tromperie. Notre seule sauvegarde contre toute erreur réside, non pas dans la connaissance de l’erreur, mais dans le fait d’être «vrais dans l’amour» et d’avoir un Christ vivant devant nos âmes. Si Christ est l’objet de nos affections, toute vérité relative à Christ sera maintenue dans l’amour; il en résultera que nous croîtrons en toutes choses jusqu’à lui, et nous deviendrons moralement semblables à Celui qui occupe nos affections.

 

En outre, Celui à la ressemblance et dans la connaissance duquel nous croissons est la Tête du corps. Toute sagesse, toute puissance et toute fidélité sont dans la Tête. Tout peut être en désordre dans la scène qui nous entoure, mais si nous connaissons Christ comme la Tête, nous réaliserons qu’aucune puissance de l’Ennemi et aucun manquement des saints ne peuvent porter atteinte à la sagesse et à la puissance de la Tête.

 

Verset 16 — Au verset 16, nous passons de ce que le Seigneur, dans sa grâce, fait par le moyen des dons à ce qu’il fait lui-même en tant que Tête du corps. Ce que chaque jointure produit n’est pas l’exercice d’un don, car les dons ne sont pas donnés à chacun, mais tout vrai chrétien a reçu quelque chose de la Tête pour le bénéfice des autres membres du corps. Dans le corps humain, si chaque membre est sous le contrôle direct de la tête, tous les membres fonctionneront ensemble pour le bien de tous. Pareillement, si chaque membre du corps de Christ était sous le contrôle direct de Christ, le corps s’accroîtrait et s’édifierait lui-même en amour.

 

Ainsi, dans le cours de ce passage, la grâce est donnée à chacun (verset 7); il y a des dons spéciaux (verset 11) et il y a ce qui est donné par la Tête à chaque membre pour la bénédiction du corps tout entier (verset 16).

 

Nous pouvons aussi relever la grande place qu’a l’amour dans le cercle chrétien. Nous devons manifester du support les uns envers les autres dans l’amour (verset 2); nous devons être vrais dans l’amour (verset 15) et l’édification du corps doit se faire dans l’amour (verset 16).

 

Tout le passage présente un magnifique tableau de ce que l’assemblée devrait être ici-bas, selon la pensée du Seigneur. Nous ne pouvons pas nous faire une conception juste du christianisme ou de l’assemblée, en regardant à la chrétienté ou à ce qui passe sur la terre sous le couvert du nom de Christ. Pour avoir une idée vraie de l’assemblée selon la pensée du Seigneur, nous devons faire abstraction dans nos pensées de tout ce qui nous entoure et avoir devant nous la vérité telle qu’elle est présentée dans la Parole et manifestée dans le Fils de Dieu.

6                    La marche du croyant comme confessant le Seigneur — Chapitre 4:17-32

Versets 17-19 — L’apôtre nous a exhortés à une marche qui convienne à des croyants en relation avec l’assemblée. Il nous invite maintenant à une marche individuelle qui convienne à ceux qui confessent le Seigneur dans un monde mauvais. Il nous exhorte dans le Seigneur, dont nous confessons le Nom, à ne plus marcher désormais comme le reste des nations. Cela l’amène à donner un tableau sommaire, mais vigoureux, de la condition du monde inconverti des Gentils. Ceux-ci marchent dans la vanité de leurs pensées et poursuivent des choses vaines. Leur entendement est obscurci, ils sont totalement ignorants de Dieu et de la vie qui est selon Dieu. Ils sont dans l’ignorance de Dieu, parce que leurs coeurs sont endurcis par la vie perverse qu’ils mènent. Nous apprenons ainsi que c’est la vie de péché que les hommes mènent qui endurcit le cœur ; que le coeur endurci obscurcit l’entendement; et que l’entendement obscurci fait de l’homme la proie de toute vanité.

 

Versets 20-24 — En contraste avec la vie vaine et ignorante des Gentils, l’apôtre présente la vie qui résulte de la connaissance de la vérité, selon qu’elle est en Jésus. On a relevé que l’apôtre ne dit pas: selon que la vérité est en Christ. Cela aurait introduit les croyants et leur position devant Dieu en Christ. Il emploie le nom personnel, Jésus, pour placer devant nous une marche pratique dans la justice telle qu’il l’a manifestée dans son propre chemin. Comme un autre l’a remarqué: «Il dit Jésus, parce qu’il pense non pas à la position que nous avons en Lui, ni aux résultats de son oeuvre pour nous, mais simplement à son exemple, et Jésus est le nom qui a été le sien comme homme ici-bas dans le monde».

 

La vérité manifestée en Jésus était la vérité quant au nouvel homme, car il est l’expression parfaite du nouvel homme qui porte le caractère de Dieu lui-même — «justice et sainteté de la vérité». La vérité donc, selon qu’elle est en Jésus, est non pas la réformation du vieil homme, ni la transformation de la chair en un homme nouveau, mais l’introduction du nouvel homme, qui est une création entièrement nouvelle, portant le caractère de Dieu. Le premier homme n’était pas juste, mais innocent. Il n’avait pas de mal en lui, ni de connaissance du bien et du mal. Le vieil homme a la connaissance du bien et du mal, mais il choisit l’injustice et se corrompt selon ses convoitises trompeuses. Le nouvel homme a la connaissance du bien et du mal, mais il est juste et, par conséquent, il rejette le mal.

 

La vérité que nous avons apprise en Christ a été manifestée en Jésus. La vérité qui nous a été enseignée et que nous avons apprise de lui, c’est que, dans la croix, nous avons dépouillé le vieil homme et revêtu le nouvel homme. À la lumière de cette grande vérité nous sommes pratiquement dans notre vie journalière renouvelés dans l’esprit de notre entendement. Au lieu de la pensée de la chair, qui est inimitié contre Dieu, nous avons un entendement renouvelé caractérisé par la justice et la sainteté, qui rejette le mal et choisit le bien. Le nouvel homme ne signifie pas le vieil homme transformé, mais un homme entièrement nouveau et le «renouvellement» se rapporte à la vie quotidienne du nouvel homme.

 

L’apôtre ne dit pas que nous devons dépouiller le vieil homme; mais il dit que nous avons «dépouillé le vieil homme». Le vieil homme a connu son sort à la croix et la foi accepte ce que Christ a fait. Nous n’avons pas à mourir au péché, mais à nous tenir nous-mêmes pour morts au péché dans la personne de notre Substitut.

 

Verset 25 — Dans les derniers versets de notre chapitre, l’apôtre applique cette vérité à notre conduite personnelle. Nous devons dépouiller les actions du vieil homme, et revêtir le caractère du nouvel homme. Nous devons dépouiller le mensonge et parler la vérité, nous souvenant que nous sommes membres les uns des autres. Cela étant, il a été très justement dit: «Si je mens à mon frère, c’est comme si je me trompais moi-même». Nous voyons aussi comment la grande vérité que les croyants sont membres d’un seul corps a une portée pratique sur les plus petits détails de la vie.

 

Verset 26 — Nous devons prendre garde de pécher par colère. Il existe une colère juste, mais une telle colère est de l’indignation contre le mal, non pas contre celui qui l’a fait; et derrière une telle colère, il y a de la tristesse à cause du mal. Ainsi, nous lisons au sujet du Seigneur, qu’il regarda les chefs de la synagogue «avec colère, étant attristé de l’endurcissement de leur coeur» (Marc 3:5). La colère de la chair a toujours le «moi» en vue; ce n’est pas de la tristesse à cause du mal, mais du ressentiment contre celui qui a fait le tort. Cette colère charnelle à l’égard de celui qui a mal fait ne conduira qu’à l’amertume qui remplit l’âme de pensées de vengeance. Celui qui entretient de telles pensées se trouve dans une agitation continuelle et, dans ce sens, il laisse le soleil se coucher sur son irritation. La colère contre le mal conduira à une tristesse qui n’a de ressource qu’en se tournant vers Dieu, où l’âme trouve le repos.

 

Verset 27 — Nous sommes prévenus qu’en agissant selon la chair, que ce soit dans la colère ou autrement, nous donnons occasion au diable. Pierre, par sa confiance en soi, a donné au diable l’occasion de le conduire à renier le Seigneur.

Verset 28 — La vie du nouvel homme est en contraste absolu avec celle du vieil homme, de sorte que celui dont la caractéristique était qu’il dérobait, devient une aide pour celui qui est dans le besoin.

Verset 29 — Dans nos conversations, nous ne devons pas parler de choses qui peuvent corrompre l’esprit des auditeurs, mais plutôt parler de ce qui édifie et communique la grâce à ceux qui l’entendent.

Versets 30, 31 — Dans la première partie du chapitre, l’exhortation à une marche digne découle de la grande vérité que les croyants sont collectivement l’habitation de l’Esprit Saint. Ici, il nous est rappelé qu’en tant qu’individus, nous sommes scellés par l’Esprit. Dieu nous a marqués comme étant à lui, pour le jour de la rédemption, en nous donnant l’Esprit. Nous devons veiller à ne pas attrister le Saint Esprit en donnant cours à l’amertume, au courroux, à la colère, la crierie, l’injure ou la malice.

Verset 32 — En contraste avec la médisance et la malice de la chair, nous avons à être bons les uns envers les autres, compatissants, nous pardonnant les uns aux autres dans la conscience de la manière dont Dieu a agi envers nous en nous pardonnant en Christ.

7                    La marche du croyant comme enfant de Dieu — Chapitre 5:1-21

Verset 1 — Dans cette partie de l’épître, les croyants sont vus, non seulement comme reconnaissant qu’il y a un seul Dieu, mais comme étant en relation avec lui, comme ses enfants. Tout le passage nous exhorte à marcher comme il convient à des enfants. Le «donc» du premier verset lie ce passage au dernier verset du chapitre précédent. Dieu a agi envers nous en bonté et en grâce, et maintenant il nous convient d’agir les uns envers les autres comme Dieu a agi envers nous. Nous sommes donc exhortés à être des imitateurs de Dieu «comme de bien-aimés enfants». Nous n’avons pas à chercher à imiter Dieu afin de devenir des enfants, mais parce que nous sommes enfants. Marcher comme de «bien-aimés» enfants implique une marche gouvernée par l’affection. Un serviteur peut marcher correctement dans une obéissance légale, mais il convient à un enfant de marcher dans une obéissance d’amour. Nous ne sommes pas des serviteurs, mais des fils.

Nous ne pouvons pas — et cela ne nous est pas demandé — imiter Dieu dans sa toute-puissance ni dans son omniscience, mais nous sommes exhortés à agir moralement comme Lui. Une telle marche sera caractérisée par l’amour, la lumière et la sagesse; et dans toutes ces choses, nous pouvons être des imitateurs de Dieu. L’apôtre, dans les versets qui suivent, développe cette question de la marche en accord avec ces magnifiques traits moraux. Il parle d’abord d’une marche dans l’amour en contraste avec un monde dominé par la convoitise (v. 1-7). Deuxièmement, il nous exhorte à «marcher comme des enfants de lumière», en contraste avec ceux qui vivent dans les ténèbres (v. 8-14). Enfin, il nous exhorte à «marcher soigneusement, non pas comme étant dépourvus de sagesse, mais comme étant sages» (v. 15-20).

 

Verset 2 — Ainsi d’abord, comme enfants, nous sommes exhortés à marcher dans l’amour. Tout de suite, Christ est placé devant nous comme le grand exemple de cet amour. En lui nous voyons le dévouement de l’amour; il s’est livré Lui-même pour les autres, et ce dévouement monte à Dieu comme un sacrifice de bonne odeur. Un tel amour va bien au-delà des exigences de la loi qui demande qu’un homme aime son prochain comme lui-même. Christ a fait plus, car il s’est livré lui-même à Dieu pour nous. C’est cet amour que nous sommes appelés à imiter, un amour qui nous conduirait à nous sacrifier pour nos frères. Un tel amour, dans sa petite mesure, montera comme il en a été de l’amour infini de Christ, en parfum de bonne odeur à Dieu. L’amour qui a amené l’assemblée à Philippes à répondre aux besoins de l’apôtre a été pour Dieu «un parfum de bonne odeur, un sacrifice acceptable, agréable à Dieu» (Phil. 4:16-18).

 

Verset 3 — L’amour qui se dévoue au bien des autres exclura l’impureté qui satisfait la chair aux dépens d’autrui et la cupidité qui recherche son propre gain. Notre marche doit être comme il convient à des saints. Le modèle de notre conduite n’est pas simplement une marche qui convient à un homme honnête, mais celle qui convient à des saints. Quand il s’agit pour nous de manifester l’amour, c’est «comme de bien-aimés enfants»; quand il faut refuser la convoitise, c’est «comme il convient à des saints».

 

Verset 4 — En outre, la joie passagère que le monde trouve dans la souillure, les paroles folles et les plaisanteries sont inconvenantes chez les saints.

 

Ce qui leur sied, c’est la joie paisible et profonde des actions de grâces, non pas le rire du sot (Eccl. 7:6).

 

Verset 5 — Ceux qui sont caractérisés par l’impureté, la convoitise et l’idolâtrie non seulement seront privés des bénédictions du royaume à venir du Christ et de Dieu, mais étant désobéissants à l’évangile, ils tomberont sous la colère de Dieu. En contraste avec ce présent siècle mauvais, le royaume de Dieu sera une scène où l’amour dominera et dont la convoitise sera exclue. Ce qui sera vrai du royaume à venir devrait marquer la famille de Dieu aujourd’hui.

 

Verset 6 — Nous sommes avertis de ne pas nous laisser séduire par de vaines paroles. Chacun sait que les hommes avec leur philosophie et leur science excusent la convoitise et cherchent à enrober le péché d’un charme poétique et romantique pour lui donner une apparence attrayante. Eh bien! à cause de ces choses, la colère de Dieu vient sur les enfants de la désobéissance. «Les fils de la désobéissance» sont ceux qui ont entendu la vérité, mais l’ont rejetée. Les Juifs aux jours de l’apôtre Paul étaient d’une manière particulière, comme classe, les fils de la désobéissance, mais cela devient rapidement vrai de la chrétienté. Les hommes seront jugés pour leurs mauvaises actions, bien que le péché suprême soit la désobéissance à l’Évangile.

 

Verset 7 — Nous ne devons pas avoir de participation avec de telles gens. Les enfants de Dieu et les enfants de la désobéissance ne peuvent rien avoir en commun.

 

Versets 8-10 — En second lieu, nous étions autrefois ténèbres, maintenant nous sommes lumière dans le Seigneur. Ce n’est pas simplement que nous étions dans la nuit, ne connaissant pas Dieu, mais nous étions caractérisés par une nature qui est ténèbres, car elle trouvait son plaisir en tout ce qui est contraire à Dieu. Maintenant nous sommes participants de la nature divine et cette nature est caractérisée par l’amour et la lumière. Aussi l’apôtre peut dire, non seulement que nous sommes lumière, mais que nous sommes lumière dans le Seigneur. Étant passés sous l’autorité du Seigneur, nous sommes amenés dans la lumière de ce qui convient à sa nature. Nous aimerons ce qu’il aime.

 

Étant lumière dans le Seigneur, nous avons à marcher comme des enfants de lumière, une marche qui consistera en toute «bonté, et justice, et vérité», car ces choses sont le fruit de la lumière. Marchant ainsi, nous éprouverons dans nos circonstances ce qui est agréable au Seigneur et nous reprendrons les oeuvres infructueuses des ténèbres. Quelqu’un a dit: «Un enfant, en observant son père, apprend ce qui lui est agréable et sait ce qu’il désirerait dans les circonstances qui se présentent». C’est de cette manière que nous éprouvons «ce qui est agréable au Seigneur».

 

Versets 11-13 — Nous avons déjà été avertis de n’avoir rien de commun avec ceux qui font le mal; maintenant nous sommes exhortés à n’avoir rien de commun avec les oeuvres des ténèbres. Nous devrions plutôt les reprendre. Parler des choses que la chair peut faire en secret est honteux. La lumière de Christ réprouve le mal qu’elle manifeste. Dans la chrétienté, les gens ne peuvent commettre publiquement les péchés grossiers qui sont pratiqués ouvertement dans le paganisme. La lumière parmi les chrétiens est trop forte. Hélas! dans la mesure où la lumière décline, les péchés s’affichent à nouveau sans retenue.

 

Verset 14 — L’incrédule est mort pour Dieu. Le vrai croyant, s’il ne prend pas garde à ces exhortations, peut tomber dans un état de sommeil dans lequel il ressemble à un mort. Dans une telle condition, la lumière de Christ devient inopérante. L’exhortation qui lui convient est: «Réveille-toi, toi qui dors, et relève-toi d’entre les morts, et le Christ luira sur toi». On a dit, à juste titre: «C’est Christ lui-même qui est la source de la lumière, son expression et sa mesure pour l’âme qui est réveillée».

 

Versets 15-17 — Troisièmement, nous sommes exhortés à marcher avec sagesse. Ayant appris par les quatorze premiers versets que la vraie mesure pour une marche droite est la nature de Dieu — lumière et amour — nous devons tirer profit de cet enseignement et «marcher soigneusement, non pas comme étant dépourvus de sagesse, mais comme étant sages». Dans un monde mauvais, le chrétien aura besoin de sagesse, mais cette sagesse est relative à ce qui est bon. Ainsi, dans une autre épître, l’apôtre peut écrire: «Soyez sages quant au bien, et simples quant au mal» (Rom. 16:19). Notre sagesse se manifestera en ce que nous saisirons l’occasion et comprendrons quelle est la volonté du Seigneur. Les jours sont mauvais et si le diable pouvait agir à sa guise, il n’y aurait jamais un jour ni une occasion pour ce qui est agréable au Seigneur. Pour faire le bien, il nous faut, pour ainsi dire, ravir l’occasion à l’Ennemi. Si nous comprenons la volonté du Seigneur, nous trouverons souvent qu’un mauvais jour peut être transformé en une occasion de faire le bien. Néhémie, par la prière et le jeûne, apprit la volonté du Seigneur concernant son peuple, de sorte que, lorsque l’occasion se présenta, devant le roi Artaxerxès, il la saisit (Néh. 1:4; 2:1-5). Il est possible d’avoir une grande connaissance de ce qui est mal, tout en ignorant la volonté du Seigneur et en restant ainsi «dépourvus de sagesse».

 

Versets 18-21 — La sagesse donnée de Dieu conduira à la sobriété en contraste avec l’excitation de la nature. Le monde peut susciter une excitation passagère menant à des excès de mal, mais le chrétien a une source de joie en lui, le Saint Esprit. Ayant l’Esprit, nous sommes exhortés à en être remplis. Si l’Esprit n’était pas attristé et s’il pouvait contrôler nos pensées et nos affections, nous constituerions un groupe de personnes entièrement séparées du monde et de ses excitations, qui se réjouiraient ensemble dans une vie totalement inconnue du monde et dans laquelle il ne peut trouver aucun plaisir. Cette vie trouve son expression dans la louange qui jaillit de coeurs se réjouissant dans le Seigneur. C’est une vie qui discerne l’amour et la bonté de Dieu en «toutes choses» quelque éprouvantes que les circonstances puissent être. Aussi rend-elle toujours grâces à Dieu le Père pour toutes choses, au nom de notre Seigneur Jésus Christ. En cela, comme en toute autre chose pour le chrétien, Christ est notre parfait modèle, car quand il était rejeté par Israël, malgré toutes ses oeuvres de puissance, «en ce temps-là», Jésus répondit et dit: «Je te loue, ô Père, Seigneur du ciel et de la terre» (Matt. 11:25).

 

De plus, si nous étions remplis de l’Esprit, nous serions empreints de cet esprit d’humilité et de douceur qui nous amènerait à nous soumettre les uns aux autres dans la crainte de Christ, en contraste avec la suffisance de la chair qui s’affirme et s’arroge la liberté d’agir sans égards pour la conscience des autres.

 

Ainsi les croyants remplis de l’Esprit seront caractérisés d’abord par un esprit de louanges envers le Seigneur; ensuite par la soumission avec actions de grâces à tout ce que le Père permet; enfin, par la soumission mutuelle dans la crainte de Christ.

8                    La marche du croyant en rapport avec les relations naturelles — Chapitre 5:22 — 6:9

Cette partie de l’épître traite de la conduite qui convient aux chrétiens en rapport avec les relations terrestres. L’apôtre parle en premier lieu de la plus intime de ces relations, femmes et maris (v. 22-33), puis des enfants et des parents (6:1-4) et enfin des serviteurs et des maîtres (6:5-9).

 

En tant qu’individus, nous reconnaissons Christ comme Seigneur et les responsabilités liées à chacune de ces relations doivent être assurées dans la crainte du Seigneur. La femme doit être soumise à son propre mari «comme au Seigneur» (v. 22); les enfants doivent obéir à leurs parents «dans le Seigneur» (6:1); les pères doivent élever leurs enfants «sous les avertissements du Seigneur» (6:4); les serviteurs doivent servir «comme asservis au Seigneur» (6:7); et les maîtres doivent se souvenir qu’ils ont un Maître dans les cieux.

8.1   Femmes et maris

Versets 22-25 — Les femmes chrétiennes sont exhortées à se soumettre en toutes choses à leur mari, et les maris chrétiens sont exhortés à aimer leur femme. Les exhortations spéciales ont toujours en vue la qualité particulière dont celui auquel elles s’adressent est susceptible de manquer. La femme est sujette à manquer dans la soumission et il lui est, par conséquent, rappelé que le mari est le chef de la femme, et que sa place est d’être soumise. L’homme est plus prompt que la femme à manquer d’affection, aussi les maris sont-ils exhortés à aimer leur femme.

 

Pour donner tout son poids à la soumission rappelée à la femme et à l’affection demandée au mari, l’apôtre se trouve amené à parler de Christ et de l’Assemblée, et nous apprenons la grande vérité que les relations terrestres ont été formées sur le modèle des relations célestes. Quand Dieu a établi au commencement la relation de mari et de femme, cela a été sur le modèle de ce qui n’existait alors que dans ses conseils : Christ et l’Assemblée. Ainsi, d’une part, la relation d’Adam et Ève l’un envers l’autre, comme mari et femme, devient, dans l’Écriture, la première image de Christ et de l’Assemblée; et, d’autre part, Christ et l’Assemblée servent à illustrer la vraie attitude de maris et de femmes l’un envers l’autre. La femme doit être soumise à son mari, en tant que chef, comme aussi Christ est le Chef de l’Assemblée, et le Sauveur de ces corps mortels. De même, si le mari est exhorté à aimer sa femme, c’est selon le modèle de Christ et de l’Assemblée, car il doit l’aimer «comme aussi le Christ a aimé l’Assemblée».

 

On peut penser que le niveau proposé est très élevé et que ces exhortations demandant à la femme d’être soumise à son mari en toutes choses, et au mari d’aimer sa femme comme aussi le Christ a aimé l’Assemblée, sont très fortes. Mais quelle femme objecterait à être soumise à un mari qui l’aimerait comme Christ a aimé l’Assemblée, et quel mari se lasserait d’aimer une femme qui aurait toujours été soumise comme l’Assemblée devrait l’être à Christ?

 

Le coeur de l’apôtre est si rempli de Christ et de l’Assemblée qu’il saisit l’occasion de ces exhortations pratiques pour exposer d’une manière très parlante les relations éternelles de Christ et de son Assemblée, qu’il nous convient de considérer.

 

Il nous rappelle que «Christ est le chef de l’Assemblée»; que «Christ a aimé l’Assemblée»; et qu’il la nourrit et la chérit. Elle a en lui la tête pour la conduire, le coeur pour la chérir et la main pour répondre à tous ses besoins. Au milieu de toutes les difficultés que nous pouvons rencontrer, notre ressource infaillible est de regarder à Christ notre chef pour obtenir sagesse et direction. Dans toutes nos peines, et toutes les défaillances de l’amour humain, nous pouvons compter sur l’amour immuable de Christ qui surpasse toute connaissance; et dans tous nos besoins, nous pouvons compter sur ses soins et ses ressources.

 

En outre, l’amour de Christ est placé devant nous d’une triple manière. Il y a ce que son amour a fait dans le passé, ce qu’il fait dans le présent et ce qu’il fera encore dans l’avenir. Dans le passé, Christ a aimé l’Assemblée et s’est livré Lui-même pour elle. Non seulement il a renoncé à une couronne royale, aux gloires du royaume et à ses aises terrestres pour suivre un chemin d’humiliation et de douleurs, mais à la fin, il s’est livré Lui-même. Il ne pouvait pas donner davantage.

 

Il n’est pas seulement mort pour nous dans le passé; il vit pour nous dans le présent. Aujourd’hui, il sanctifie et purifie l’Assemblée par le lavage d’eau par la Parole. II s’occupe chaque jour de nous, nous séparant de ce monde mauvais et nous purifiant pratiquement de la chair. Ce travail béni est effectué par l’application de la Parole à nos pensées, à nos paroles et à nos voies.

 

Souvenons-nous qu’il n’a pas d’abord rendu l’Assemblée digne d’être aimée, pour ensuite l’aimer et se livrer pour elle. Il l’a aimée telle qu’elle était, et ensuite, il s’est livré lui-même pour elle, et maintenant il travaille à la rendre propre pour lui-même. D’une manière très précieuse, Dieu a agi selon le même principe quant à Israël. L’Éternel a pu dire à ce peuple: «Je passai près de toi, et je te vis gisante dans ton sang... tu étais nue et découverte. Et je passai près de toi, et je te vis, et voici, ton âge était l’âge des amours; et j’étendis sur toi le pan de ma robe, et je couvris ta nudité... et j’entrai en alliance avec toi... et je te parai d’ornements, et je mis des bracelets à tes mains et un collier à ton cou... et une couronne de beauté sur ta tête... Et tu devins extrêmement belle... Et ta renommée se répandit parmi les nations à cause de ta beauté, car elle était parfaite par ma magnificence que j’avais mise sur toi» (Ézech. 16:6-14). Le temps du besoin pour Israël était pour Dieu le temps d’aimer. Ainsi Christ a aimé l’Assemblée dans toute la profondeur de son besoin et il s’est livré lui-même pour elle; puis, l’ayant acquise, il la purifie et la rend propre pour lui. Nous ne sommes pas satisfaits si l’objet de notre amour n’est pas à notre ressemblance et Christ ne sera jamais satisfait avant que l’Assemblée lui soit parfaitement conforme.

 

Verset 27 — Bientôt, dans son amour, il se présentera l’Assemblée à lui-même «n’ayant ni tache, ni ride, ni rien de semblable, mais afin qu’elle fût sainte et irréprochable». La sanctification présente du v. 26 est liée à la présentation en gloire du v. 27; c’est-à-dire, la condition dans laquelle nous serons présentés à Christ en gloire, «saints et irréprochables», est la mesure de notre sanctification actuelle. Tant que nous sommes ici-bas, nous n’atteindrons pas la mesure de la gloire, mais il n’y a point d’autre mesure. En outre, cette position glorieuse n’est pas seulement la mesure de notre sanctification, mais, comme cela est présenté en perfection en Christ, c’est la puissance de notre sanctification.

 

«La Parole», en nous révélant ce que nous sommes et en nous occupant de Christ dans la gloire, est la puissance purificatrice. La Parole et l’effet sanctifiant de Christ dans la gloire sont liés par le Seigneur dans sa prière: «Sanctifie-les par la vérité; ta parole est la vérité», et Il ajoute: «Et moi, je me sanctifie moi-même pour eux, afin qu’eux aussi soient sanctifiés par la vérité». Le Seigneur s’est mis à part dans la gloire, comme objet pour les siens sur la terre et, étant occupés de Lui, nous sommes transformés en la même image, de gloire en gloire.

 

Hélas! la chrétienté a totalement failli, n’ayant pas marché à la lumière de ces grandes vérités concernant Christ et l’Assemblée. En pratique, elle a cessé de donner à Christ sa place comme Chef et, par conséquent, elle a manqué dans la soumission qui lui est due. Aussi il n’y a guère lieu de s’étonner de l’abandon de ces relations vitales, formées selon le modèle de Christ et de l’Assemblée; abandon qui a conduit, de la part de la femme, à un refus généralisé de la soumission au mari et, de la part du mari, à l’infidélité et au manque d’amour pour la femme. La ruine de la chrétienté, la dispersion des croyants qui a divisé la chrétienté en une multitude de sectes, peuvent entièrement être rattachées à deux maux: les chrétiens professants ont abandonné la place de soumission à Christ qui convient à l’Assemblée, et ont usurpé la place d’autorité appartenant au Chef.

 

Les débuts de ces maux se sont trouvés dans l’assemblée à Corinthe. Là, les chrétiens ont établi des conducteurs à la place de Christ et se sont groupés ensuite en partis soumis aux conducteurs qu’ils s’étaient choisis. Le mal, qui a commencé à Corinthe, s’est pleinement développé dans la chrétienté où le cléricalisme a pratiquement mis de côté la seigneurie de Christ, et où l’indépendance a remplacé la soumission à Christ.

 

Versets 28, 29 — Après avoir présenté, d’une façon si bénie, la vérité de Christ et de l’Assemblée, l’apôtre reprend ses exhortations pratiques. Les maris doivent aimer leurs propres femmes comme leurs propres corps, car ils sont si véritablement un que le mari peut considérer sa femme comme étant lui-même. Comme tel, le mari trouvera sa joie à nourrir sa femme, répondant à tous ses besoins, et à la chérir comme un objet de très grand prix. De nouveau l’apôtre présente Christ et ses soins pour l’Assemblée comme le modèle parfait des soins du mari pour sa femme. Non seulement Christ est mort pour nous dans le passé, et s’occupe de nous dans le présent en vue de l’éternité, mais pendant notre pèlerinage, il veille sur nous et prend soin de nous, nous traitant comme Lui-même. Car «nous sommes membres de son corps, — de sa chair et de ses os». Il pouvait dire à Saul de Tarse, aux jours où celui-ci respirait menace et meurtre contre les saints: «Saul! Saul! pourquoi me persécutes-tu?» On a dit très justement: «La chair d’un homme, c’est lui-même, et Christ prend soin de lui-même en prenant soin de l’Assemblée». Et encore: «Christ ne fait jamais défaut et il ne peut y avoir un besoin dans l’Assemblée de Christ, qui ne trouve sa réponse dans le coeur de Christ».

Versets 31, 32 — Le mari qui aime sa femme, s’aime lui-même et il est appelé à oublier d’autres relations pour être joint à sa femme. L’apôtre cite la Genèse, mais il établit expressément que c’est un grand mystère qui a en vue Christ et l’Assemblée. Christ, comme Homme, a abandonné toutes relations avec Israël selon la chair pour acquérir son Assemblée.

Verset 33 — Néanmoins, dit l’apôtre, tout en cherchant à entrer dans ces vérités éternelles du grand mystère de Christ et de l’Assemblée, que chaque mari, en particulier, aime sa propre femme comme lui-même, et que la femme craigne son mari comme il convient.

8.2   Chapitre 6 — Enfants et parents

Versets 1-3 — On a remarqué que les exhortations, dans l’épître aux Éphésiens, commencent toujours par ceux à qui la soumission est demandée. Les exhortations spéciales sont précédées par une exhortation d’ordre général à se soumettre les uns aux autres (5:21).

 

Les exhortations à la soumission sont particulièrement adressées aux femmes, aux enfants et aux serviteurs, les femmes étant exhortées avant les maris, les enfants avant les parents et les serviteurs avant les maîtres. Cet ordre semble attacher une grande importance au principe de la soumission. Quelqu’un a dit: «Le principe de la soumission et de l’obéissance porte en lui la guérison de l’humanité». Le péché est la désobéissance, et il est entré dans le monde par la désobéissance. Dès lors, l’essence du péché a été que l’homme fasse sa propre volonté et refuse d’être soumis à Dieu. Une femme insoumise amènera la misère dans un foyer; un enfant insoumis sera un enfant malheureux; et un monde non soumis à Dieu ne peut être qu’un monde malheureux et misérable. Ce ne sera que lorsque le monde sera amené à la soumission à Dieu, sous le règne de Christ, que ses souffrances seront guéries. Le christianisme enseigne cette soumission, et le foyer chrétien devrait anticiper quelque chose de la félicité d’un monde soumis au sceptre de Christ.

L’obéissance de l’enfant doit néanmoins être «dans le Seigneur». Cela suppose un foyer gouverné par la crainte du Seigneur et, par conséquent, selon le Seigneur. La citation de l’Ancien Testament, qui lie la promesse de bénédiction à l’obéissance aux parents, montre combien Dieu estimait l’obéissance sous la loi. Bien que, dans le christianisme, la bénédiction soit d’un ordre céleste, dans les voies gouvernementales de Dieu le principe demeure toutefois vrai que le fait d’honorer ses parents amène la bénédiction.

Verset 4 — Les parents ne doivent pas élever leurs enfants selon le principe de la loi qui pourrait les amener à dire à l’enfant: «Si tu n’es pas sage, Dieu te punira»; ils ne doivent pas non plus les élever selon les principes du monde qui ne tiennent aucun compte de Dieu. Si nous les éduquons simplement avec des motifs mondains, pour les armer pour une vie dans le monde, nous ne devons pas être surpris qu’ils dérivent vers le monde. En outre, les parents ont à veiller à ne pas irriter ni provoquer leurs enfants, et à ne pas détruire ainsi, en perdant leur affection, la bonne influence qu’ils doivent avoir sur eux. Leurs affections ne seront conservées et les enfants ne seront gardés du monde que s’ils sont élevés «dans la discipline et sous les avertissements du Seigneur». Ils doivent être élevés comme pour le Seigneur, et comme le Seigneur le ferait.

8.3   Serviteurs et maîtres

Versets 5-9 — Pour que le serviteur chrétien rende l’obéissance à un maître terrestre, il faudra un coeur qui soit droit envers Christ. Ce n’est que comme serviteur de Christ, cherchant de coeur à faire la volonté de Dieu, qu’il pourra servir son maître terrestre «joyeusement». Ce qui est fait joyeusement pour le Seigneur aura sa récompense.

Les maîtres chrétiens doivent être gouvernés par les mêmes principes que les serviteurs chrétiens.

Dans toute sa façon d’agir envers ses serviteurs, le maître doit se souvenir qu’il a lui-même un Maître dans les cieux. Il doit traiter ses serviteurs de la même manière qu’il attend que ses serviteurs le servent. De plus, il doit renoncer aux menaces, n’usant pas de sa position d’autorité pour en proférer.

9                    La lutte — Chapitre 6:10-20

L’épître aux Éphésiens se termine par un passage frappant qui présente la lutte chrétienne. Cette lutte n’est pas l’exercice d’âme que nous pouvons traverser en cherchant à saisir la vérité. Elle suppose que nous connaissons et apprécions les merveilleuses vérités de l’épître, et la lutte naît de l’effort déployé pour garder et maintenir ces vérités face à toutes les puissances contraires.

Dans le cours de l’épître, l’apôtre a placé devant nous notre appel céleste, l’héritage de la gloire à laquelle nous sommes prédestinés, le mystère de l’assemblée et la vie pratique qui découle de ces grandes vérités. Mais dès que nous sommes déterminés à entrer dans nos bénédictions célestes et à marcher en accord avec elles, nous découvrons immédiatement que toute la puissance de Satan est déployée contre nous. Dans sa haine contre Christ, le diable cherche à nous dérober la vérité ou, s’il n’y parvient pas, il cherche à amener du déshonneur sur le nom de Christ et à discréditer la vérité en produisant une défaillance morale chez ceux qui tiennent ferme cette vérité. Plus grande est notre connaissance de la vérité, plus le déshonneur jeté sur Christ sera grand si nous défaillons en laissant agir la chair. Nous devons donc être prêts à affronter la lutte, et plus nous aurons de vérité, plus la lutte sera sévère.

En vue de cette lutte, trois choses sont placées devant nous: en premier lieu, la source de notre force; ensuite, le caractère de l’ennemi contre lequel nous luttons; enfin, l’armure qui nous est fournie pour que nous puissions résister aux assauts de l’Ennemi.

9.1   La puissance du Seigneur

Verset 10 — L’apôtre dirige d’abord nos pensées vers la puissance qui est pour nous, avant de décrire la puissance qui est contre nous. Pour affronter cette lutte, nous devons toujours nous souvenir que toute notre force est dans le Seigneur, c’est pourquoi Paul dit: «Fortifiez-vous dans le Seigneur et dans la puissance de sa force». Nous avons souvent de la peine à réaliser que nous n’avons aucune force en nous-mêmes. Par nature, nous aimerions être forts en nombre, forts en dons ou forts dans la puissance de quelque chef énergique, mais notre seule et vraie force est «dans le Seigneur et dans la puissance de sa force».

 

La prière du premier chapitre place devant nous la grandeur de la puissance de Dieu. Christ a été ressuscité d’entre les morts et placé à la droite de Dieu dans les lieux célestes, «au-dessus de toute principauté, et autorité, et puissance, et domination, et de tout nom qui se nomme, non seulement dans ce siècle, mais aussi dans celui qui est à venir». Eh bien! dit l’apôtre, c’est là «l’excellente grandeur de sa puissance envers nous qui croyons». La puissance qui est contre nous est infiniment plus grande que notre propre puissance, mais la puissance qui est pour nous est une puissance supérieure — elle surpasse toute la puissance qui nous est opposée. En outre, Celui qui a la puissance suprême est Celui qui possède «les richesses insondables» et qui nous aime d’un amour qui «surpasse toute connaissance» (3:8,19).

 

Autrefois, Gédéon a été préparé pour le combat d’abord par ces paroles: «L’Éternel est avec toi»; ensuite, il a reçu l’injonction : «Va avec cette force que tu as». La famille de Gédéon pouvait être la plus pauvre en Manassé et lui-même être le plus petit dans la maison de son père; mais qu’importaient la pauvreté de Gédéon ou sa faiblesse si l’Éternel, qui est riche et puissant, était pour lui et avec lui (Juges 6:12-15)? De même, plus tard, Jonathan et le jeune homme qui portait ses armes purent affronter une grande armée par la puissance de l’Éternel, car, dit Jonathan, «rien n’empêche l’Éternel de sauver avec beaucoup ou avec peu de gens» (1 Sam. 14:6).

 

De même nous, aujourd’hui, avec les manquements derrière nous, la faiblesse parmi nous et la corruption tout autour de nous, nous avons besoin de réaliser tout à nouveau la gloire du Seigneur, la puissance du Seigneur, les richesses du Seigneur, l’amour du Seigneur et d’avancer dans «la puissance de sa force», avec le Seigneur devant nous.

 

En dehors de Christ, nous n’avons aucune puissance. Le Seigneur peut dire: «Séparés de moi, vous ne pouvez rien faire», mais l’apôtre déclare: «Je puis toutes choses en celui qui me fortifie» (Phil. 4:13). C’est donc seulement quand nos âmes demeurent dans la communion secrète avec Christ, que nous pourrons nous servir de la puissance qui est en Lui. Ainsi, toute la puissance de Satan tendra à détourner nos âmes de Christ et cherchera à nous empêcher de nous nourrir de Lui et de marcher dans la communion avec Lui. Il essaiera peut-être de nous priver de la communion avec Christ par les soucis et les devoirs de la vie de tous les jours, ou par la maladie et la faiblesse du corps. Il peut chercher à se servir des difficultés du chemin, des disputes entre les enfants de Dieu ou des insultes mesquines que nous avons à essuyer, pour nous déprimer dans notre esprit ou nous agiter dans notre âme. Mais si, au lieu de laisser toutes ces choses se placer entre notre âme et le Seigneur, nous en faisons des occasions pour nous rapprocher de Lui, nous apprendrons ce que c’est qu’être forts dans le Seigneur, tout en réalisant notre propre faiblesse; et nous découvrirons le réconfort de ces paroles: «Rejette ton fardeau sur l’Éternel et il te soutiendra» (Ps. 55:22).

9.2   La puissance de l’Ennemi

Versets 11, 12 — Nous sommes d’abord exhortés à nous souvenir que ce n’est pas contre la chair et le sang que nous luttons. Le diable peut certes se servir d’hommes et de femmes pour s’opposer au chrétien et renier la vérité, mais nous devons regarder au-delà des instruments et discerner celui qui les utilise. Une femme, dans la chair et le sang, s’est opposée à Paul à Philippes, mais Paul a discerné le mauvais esprit qui animait la femme et, dans la puissance du nom de Jésus Christ, il est entré en lutte avec la puissance spirituelle de méchanceté, commandant au mauvais esprit de sortir d’elle (Actes 16:16-18).

 

Un vrai disciple, dans la chair et le sang, s’est opposé au Seigneur: Pierre a dit, devant les souffrances du Seigneur: «Seigneur, Dieu t’en préserve», mais le Seigneur, connaissant la puissance de Satan derrière l’instrument, a pu dire: «Va arrière de moi, Satan» (Matt. 16:22, 23).

 

La lutte est donc contre Satan et ses armées, quel que soit l’instrument employé. Les principautés et les autorités sont des êtres spirituels, dans une position de domination, avec le pouvoir d’exécuter leur volonté. Ces êtres peuvent être bons ou mauvais; ici ce sont des êtres mauvais et leur méchanceté semblerait s’exercer dans une double direction. Quant au monde, ils sont les dominateurs de ces ténèbres; quant aux chrétiens, ils sont «la puissance spirituelle de méchanceté qui est dans les lieux célestes». Le monde est dans les ténèbres, dans l’ignorance de Dieu, et ces êtres spirituels dominent et dirigent les ténèbres du paganisme, de la philosophie, de la science faussement ainsi nommée et de l’incrédulité, aussi bien que les superstitions, les corruptions et le courant actuel de la chrétienté. Le chrétien est introduit dans la lumière et est béni de toute bénédiction spirituelle dans les lieux célestes. Le chrétien rencontre donc une opposition à caractère religieux; elle est le fait d’êtres spirituels qui cherchent à le dépouiller de la vérité de son appel céleste, à le séduire dans un chemin qui est un reniement de la vérité ou dans une conduite qui n’est pas en accord avec elle.

 

Nous sommes en outre instruits quant au caractère de cette opposition. Ce n’est pas simplement la persécution ou un reniement direct de la vérité; c’est l’opposition beaucoup plus subtile et dangereuse, décrite comme «les artifices du diable». Un artifice est quelque chose qui paraît beau et innocent et qui pourtant détourne l’âme du sentier de l’obéissance. Combien souvent, dans ces jours de confusion, le diable cherche à conduire ceux qui possèdent la vérité dans quelque sentier détourné lequel, au début, dévie si peu du vrai chemin que quiconque y objecterait paraîtrait trop pointilleux. Il y a une question simple que nous pouvons nous poser chacun à soi-même, par laquelle tout artifice peut être détecté: «Si je poursuis dans cette voie, où me mènera-t-elle?»

 

Lorsque le diable suggéra au Seigneur de transformer des pierres en pain pour satisfaire sa faim, cela paraissait une chose bien innocente; néanmoins c’était un artifice qui aurait conduit hors du sentier de l’obéissance à Dieu, et un reniement de la parole qui disait: «L’homme ne vivra pas de pain seulement, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu».

Pour détourner les croyants de Galatie de la vérité de l’évangile, le diable s’est servi de la loi comme artifice pour les prendre au piège de la suffisance légale. Pour détourner les saints de Corinthe de la vérité de l’assemblée, le diable a employé le monde comme artifice pour les amener à une complaisance charnelle envers soi-même. Pour détourner les saints de Colosses de la vérité du mystère, le diable a eu recours aux artifices des «discours spécieux», de la «philosophie» et de la superstition, pour les prendre au piège de l’exaltation religieuse. Ce sont les mêmes artifices auxquels nous avons à faire face.

9.3   L’armure de Dieu

Verset 13 — Dans cette lutte, une armure humaine ne servira à rien. Nous ne pouvons résister au diable qu’avec «l’armure de Dieu». Les ressources humaines, comme les capacités naturelles et la force du caractère naturel ne seront d’aucune utilité dans cette lutte. La confiance en une telle armure peut nous conduire à livrer combat à l’Ennemi, mais seulement pour subir la défaite. L’apôtre Pierre en a fait l’expérience lorsque, confiant en sa propre force, il est entré dans la lutte, seulement pour tomber devant une servante. Certes, Dieu peut employer à son service les capacités et l’érudition humaines; ici, néanmoins, il ne s’agit pas de ce que Dieu emploie à son service, mais plutôt de ce que Dieu nous a donné comme armes dans la lutte contre les artifices de l’Ennemi. L’Ennemi que nous avons à rencontrer n’est pas la chair et le sang, et les armes de notre guerre ne sont pas charnelles (2 Cor. 10:4).

De plus, dans cette lutte, nous avons besoin de «l’armure complète de Dieu». Si une pièce manque, Satan saura tout de suite détecter son absence et nous attaquer à l’endroit vulnérable.

Enfin, l’armure doit être revêtue. Ce n’est absolument pas parce que nous sommes chrétiens que nous avons automatiquement revêtu l’armure. L’armure est préparée pour le chrétien, mais il lui incombe de la revêtir. Il ne suffit pas de regarder l’armure, de l’admirer ou d’être capable de la décrire; il faut revêtir «l’armure complète de Dieu».

Nous apprenons ensuite que l’armure est nécessaire en vue du «mauvais jour». Dans un sens général, toute la période de l’absence de Christ est un «mauvais jour» pour le croyant. Il y a, toutefois, des occasions où l’Ennemi lance des attaques spéciales contre les enfants de Dieu, cherchant à les dépouiller de vérités particulières. De telles attaques constituent, pour les enfants de Dieu, un «mauvais jour». Pour résister, nous avons besoin de l’armure complète de Dieu. Il est trop tard pour revêtir l’armure quand on est engagé dans la lutte.

Nous avons besoin de l’armure pour «résister» et pour «tenir ferme». Après avoir résisté à l’offensive de l’Ennemi dans une attaque particulière, nous aurons encore besoin de l’armure pour rester sur la défensive. Après avoir «tout surmonté», nous avons encore besoin de notre armure pour «tenir ferme». C’est souvent lorsque nous avons remporté une victoire signalée que nous sommes le plus en danger, car il est plus facile d’enlever une position que de la conserver. Une fois que l’armure a été revêtue, elle ne peut être enlevée en toute sécurité tant que la puissance spirituelle de méchanceté est dans les lieux célestes et que nous sommes sur la scène où Satan déploie ses artifices.

Si nous comptons la prière comme faisant partie de l’armure, nous avons sept pièces distinctes de l’armure.

9.3.1       Verset 14 — La ceinture de la vérité.

Nous devons tenir ferme ayant ceint nos reins de la vérité. Spirituellement, cela parle des pensées et des affections maintenues sous le contrôle de la vérité. En appliquant la vérité à nous-mêmes, et en jugeant ainsi par elle toutes les pensées et tous les mouvements du coeur, nous devrions non seulement être libérés des aspirations internes de la chair, mais nous devrions avoir nos affections formées selon la vérité et avoir ainsi l’esprit d’humilité, nos affections étant fixées sur les choses qui sont en haut.

La première pièce de l’armure fortifie donc l’homme intérieur et règle nos pensées et nos affections, plutôt que notre conduite, nos paroles et nos voies. Souvent, nous faisons de gros efforts pour sauvegarder un comportement extérieur correct les uns vis-à-vis des autres, tandis que, en même temps, nous ne prêtons pas attention à nos pensées et à nos affections. Si nous voulons résister aux artifices de l’Ennemi, il nous faut commencer par être droits intérieurement. Le Prédicateur nous met en garde quant à ce que nous disons avec nos lèvres, quant à ce que nos yeux regardent et quant au chemin que nos pieds empruntent, mais en tout premier lieu, il dit: «Garde ton coeur plus que tout ce que l’on garde» (Prov. 4:23-27). Jacques nous prévient que «si vous avez une jalousie amère et un esprit de querelle dans vos coeurs, ne vous glorifiez pas et ne mentez pas contre la vérité» (Jacq. 3:14). Les querelles entre frères commencent dans le coeur et ont leur racine dans une «jalousie amère». Quand la vérité garde le contrôle des affections, les querelles, la jalousie amère et les autres tristes manifestations de la chair seront jugées et si elles sont jugées, nous serons capables, au mauvais jour, de résister aux artifices du diable.

 

Hélas! trop souvent le mauvais jour nous surprend sans que nous soyons préparés. Nous avons négligé de revêtir la ceinture, de sorte que, s’il survient une provocation soudaine, nous agissons selon la chair, et lorsque nous sommes outragés, nous rendons l’outrage; au lieu de souffrir avec patience, nous menaçons. Veillons à prendre la ceinture et ainsi à marcher d’une manière habituelle avec les pensées et les affections contrôlées par la vérité.

9.3.2       La cuirasse de la justice.

Avec la deuxième pièce de l’armure, nous passons à notre conduite pratique. La justice pratique est exprimée dans le chrétien par une marche en accord avec la position et les relations dans lesquelles il est placé. Nous ne pouvons pas résister à l’Ennemi avec une conscience qui nous accuse d’un mal non jugé dans nos voies et dans nos associations. Nous ne pouvons pas tenir ferme pour la vérité si nous la renions en pratique. Ayant revêtu la cuirasse, et marchant ainsi dans la justice pratique, nous ne craindrons pas lorsque nous serons appelés à rencontrer l’Ennemi au mauvais jour.

9.3.3       Verset 15 — Les pieds chaussés.

La justice pratique conduit à une marche dans la paix. L’Évangile de paix que nous avons reçu nous prépare à marcher en paix au milieu de l’inquiétude du monde. Quand notre coeur est gouverné par la vérité et que nos voies sont pratiquement en accord avec la vérité, nous marchons dans ce monde avec la paix dans l’âme et nous pouvons affronter le mauvais jour dans un esprit de paix et de sérénité. Nous ne serons pas indifférents à l’agitation de ce monde, mais nous ne serons pas affectés ni remplis d’anxiété par les événements. En parlant des hommes naturels, l’Écriture, dit: «ils n’ont point connu la voie de la paix» (Rom. 3:17), mais ceux qui ont les pieds chaussés sont caractérisés par la paix, même au sein de la lutte.

9.3.4       Verset 16 — Le bouclier de la foi.

Aussi nécessaires que soient la ceinture de la vérité pour contrôler nos pensées et nos affections, la cuirasse pour maintenir notre conduite dans la justice pratique et la chaussure pour nous faire marcher en paix au travers de ce monde, il faut encore autre chose pour la lutte: nous avons besoin, «par-dessus tout», du bouclier de la foi pour nous protéger des dards enflammés du méchant. Ici, la foi n’est pas la réception du témoignage de Dieu concernant Christ, par quoi nous sommes sauvés, mais la foi et la confiance journalières en Dieu, qui nous donnent l’assurance que Dieu est pour nous. Sous le poids des diverses épreuves qui nous accablent, que ce soit les circonstances, la maladie, le deuil ou les nombreuses difficultés qui surgissent constamment parmi le peuple de Dieu, nous serons peut-être la cible de l’Ennemi qui cherchera à assombrir notre âme par l’horrible suggestion que, après tout, Dieu est indifférent et qu’il n’est pas pour nous. Dans cette sombre nuit où les disciples durent affronter la tempête sur le lac dont les vagues se jetaient dans la nacelle, Jésus était avec eux, quoique endormi comme s’il était indifférent au danger qui les menaçait. C’était une épreuve pour leur foi. Hélas! n’ayant pas pris le bouclier de la foi, un dard enflammé transperça leur armure et la pensée horrible leur vint qu’au fond, le Seigneur ne s’inquiétait pas d’eux, car ils le réveillèrent et dirent: «Ne te mets-tu pas en peine que nous périssions?» (Marc 4:37, 38).

 

Un dard enflammé n’est pas un désir soudain de satisfaire quelque convoitise venant de la chair en nous; c’est plutôt une suggestion diabolique, venue du dehors suscitant un doute quant à la bonté de Dieu. Satan lança un dard enflammé à Job lorsque, dans sa terrible épreuve, sa femme lui suggéra: «Maudis Dieu et meurs». Job éteignit ce dard enflammé, par le bouclier de la foi, car il dit: «Nous avons reçu le bien aussi de la part de Dieu, et nous ne recevrions pas le mal?» (Job 2:9, 10). Le diable se sert encore des circonstances éprouvantes de la vie pour tâcher d’ébranler notre confiance en Dieu et de nous écarter de lui. La foi emploie ces mêmes circonstances pour se rapprocher de Dieu, et ainsi elle triomphe du diable. Satan peut encore chercher à instiller quelque pensée abominable dans notre esprit, quelque suggestion incrédule dont le poison pénètre dans l’âme et obscurcit l’esprit. De telles pensées ne sont pas repoussées par des raisonnements humains ou en s’appuyant sur des «sentiments» ou des «expériences», mais par la simple foi en Dieu et en sa Parole.

9.3.5       Verset 17 — Le casque du salut.

Avec le casque, le croyant pourra relever hardiment la tête en présence de l’Ennemi. En résistant par la foi aux dards enflammés du méchant, nous découvrons, dans nos circonstances éprouvantes, que Dieu est pour nous et qu’il nous délivre, non seulement des épreuves, mais, comme les disciples dans la tempête, à travers les épreuves. Nous sommes alors à même d’avancer avec courage et énergie, dans la conscience que, quelque faibles que nous soyons en nous-mêmes, Dieu est le Dieu de notre salut et que Christ peut nous sauver entièrement (Héb. 7:25).

9.3.6       L’épée de l’Esprit.

Il est clairement dit que cette pièce de l’armure est la parole de Dieu et, cependant, ce n’est pas la Parole seulement, mais la Parole utilisée dans la puissance de l’Esprit. C’est l’arme offensive par excellence. Si nous n’avons pas revêtu l’armure qui contrôle nos pensées intérieures, notre marche extérieure et qui nous établit dans la confiance en Dieu, nous ne serons pas dans une bonne condition pour manier l’épée de l’Esprit. Quand la parole de Dieu est employée dans la puissance de l’Esprit contre l’Ennemi, elle est irrésistible. Lorsque le Seigneur a été tenté par les artifices du diable, il lui a chaque fois résisté par la parole de Dieu utilisée dans la puissance de l’Esprit. «Il est écrit» a démasqué et vaincu le diable. La parole de Dieu demeurant en nous est notre force, car l’apôtre Jean peut dire des jeunes gens : «Vous êtes forts, et... la parole de Dieu demeure en vous, et... vous avez vaincu le méchant» (1 Jean 2:14).

Quelqu’un a dit: «Notre affaire est d’agir selon la Parole, quoi qu’il puisse s’ensuivre; le résultat montrera que la sagesse de Dieu était en cela». Celui qui se sert de la Parole peut être faible et n’avoir que peu d’intelligence naturelle, mais il éprouvera que la parole de Dieu est vivante et opérante et que, par elle, tout artifice de l’Ennemi se trouve déjoué.

9.3.7       Versets 18-20 — La prière.

Après avoir décrit l’armure et nous avoir enjoint de la revêtir, l’apôtre termine par l’exhortation à prier. L’armure, aussi parfaite soit-elle, n’est pas donnée pour nous rendre indépendants de Dieu. Elle ne peut être utilisée à bon escient que dans l’esprit de dépendance envers Celui qui l’a fournie.

Le Seigneur exhorte les siens à «toujours prier et ne pas se lasser» (Luc 18:1); et Paul veut que «les hommes prient en tout lieu» (1 Tim. 2:8). Ici, nous sommes exhortés à prier «en tout temps». La prière est l’attitude constante de dépendance envers Dieu. En toutes circonstances, en tout lieu et en tout temps, nous devons prier. Mais la prière peut devenir une simple redite; aussi est-elle liée aux «supplications», qui sont le cri pressant de l’âme consciente de son besoin. Elle doit, en outre, être sous la direction de l’Esprit et être accompagnée de la foi qui attend la réponse de Dieu. Lorsque Pierre était en prison, «l’assemblée faisait d’instantes prières à Dieu pour lui», mais manifestement elle manqua quelque peu dans la «vigilance», car lorsque Dieu répondit à leurs prières, ils eurent de la peine à croire que Pierre était libre. De plus, la prière par l’Esprit embrassera «tous les saints»; et pourtant elle s’abaissera au besoin d’un seul serviteur. Aussi l’apôtre exhorte les saints à Éphèse non seulement à prier pour «tous les saints», mais aussi pour lui.

 

Au cours des siècles, les saints ont eu besoin de l’armure de Dieu, mais en ces jours de la fin, alors que «les ténèbres de ce monde» s’épaississent, que «les artifices du diable» se multiplient et que la chrétienté retourne au paganisme et à la philosophie, combien il est de toute importance de prendre l’armure complète de Dieu afin de pouvoir résister au mauvais jour et, «après avoir tout surmonté, tenir ferme».

Tenons donc ferme:

Ayant ceint nos reins de la vérité et étant, ainsi, gardés intérieurement droits dans nos pensées et nos affections;

Ayant revêtu la cuirasse de la justice, afin d’être conséquents dans toute notre vie pratique;

Ayant chaussé nos pieds de la préparation de l’évangile de paix, afin de marcher en paix au milieu d’un monde de discorde, de lutte et de confusion;

Prenant le bouclier de la foi, pour marcher dans la confiance journalière en Dieu;

Prenant le casque du salut et réalisant ainsi que Dieu fait travailler toutes choses à notre bien et à notre salut;

Prenant l’épée de l’Esprit, par laquelle nous pourrons détourner toutes les attaques subtiles de l’Ennemi;

Enfin «priant... en tout temps», afin de pouvoir nous servir de l’armure dans l’esprit de dépendance constante de Dieu.