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ÉTUDE  sur  L’ECCLÉSIASTE

 

 

par Henri  Rossier (1919)

 

Tables des matières :

1     Introduction

2     CHAPITRES 1  et  2

2.1      Chapitre premier

2.2      Chapitre 2

3     CHAPITRES 3 à 4

3.1      Chapitre 3

3.2      Chapitre 4

4     CHAPITRES  5  et  6

4.1      Chapitre 5

4.2      Chapitre 5 :13  à  6 :12

4.3      Chapitre 6

5     CHAPITRES 7  à  9

5.1      Chapitre 7

5.2      Chapitre 8

5.3      Chapitre 9

6     CHAPITRES 10 à 12

6.1      Chapitre 10

6.2      Chapitre 11

6.3      Chapitre 12:1-8

6.4      Chapitre 12:9-14

 

1                    Introduction

L’Écclésiaste est le Livre du «Prédicateur». Que ce Prédicateur soit Salomon (voyez chap. 1:2, 12), qui pourrait en douter ? Cependant des savants qui ont l’habitude de mettre tout en doute sauf leur propre science, le nient. Cette négation n’a du reste pas lieu de nous étonner, car aucun homme, fût-il le plus instruit, ne peut comprendre les plus simples pensées de Dieu que par l’Esprit de Dieu. Le croyant ayant reçu cet Esprit qui sonde toutes choses, est capable de comprendre les secrets de la sagesse, le but de Dieu, en nous donnant ces instructions et le profit que nous pouvons en tirer. C’est précisément ce que va faire le Prédicateur : il veut rassembler autour de lui ceux qui ont des oreilles pour entendre, afin de les instruire et de leur communiquer ses expériences.

L’enseignement du Prédicateur a un caractère tout particulier que l’on ne rencontre dans aucun autre livre de la Bible. Le lecteur pourra s’en rendre compte par les considérations suivantes :

Dans la Genèse, nous voyons un homme, le premier Adam, introduit sur la terre, innocent, sans connaissance du bien et du mal, au milieu d’une création sortie belle et très bonne des mains de Dieu, un homme en relation avec son Créateur et sachant qu’il juge toute désobéissance, un homme ayant un esprit capable de comprendre et de goûter tout ce qui l’entoure, un organisme apte à exercer une domination effective sur le monde entier, un coeur enfin capable d’aimer et recevant de Dieu un objet digne de ses affections. Pour être heureux, cet homme n’a qu’à rester dans la dépendance de l’Être souverainement bon qui a mis la Création sous ses pieds. Qu’arrive-t-il ? À la première tentation, cet homme, au lieu de garder la crainte de Dieu, s’enorgueillit, estime comme un objet à ravir d’être égal à son Créateur, agit dans l’indépendance, tombe, et tout son bonheur s’écroule. L’homme, connaissant désormais le bien et le mal, est incapable de faire le bien ; il est devenu esclave du péché. Le monde est ruiné, la mort y est entrée ; le ciel même est fermé à l’homme et le jugement de Dieu est son seul avenir, à moins que la grâce n’intervienne pour le sauver. Telle est, en effet, la seule ressource dont Dieu donne la Révélation à l’homme immédiatement après la chute (Gen. 3 :15).

Comme accomplissement de cette Révélation, voici maintenant un second cas : le second Adam promis entre, non pas sur la scène pure et bonne de la Création où l’homme avait été placé, mais sur la scène de péché et de mort établie par la désobéissance du premier Adam. Il y entre, non pas dans l’innocence du premier homme, mais dans une sainteté parfaite. Il y entre résolument, en pleine connaissance de l’état du monde, avec un but arrêté, avec une sagesse qui ne vient pas faire la désolante constatation de cette ruine et de l’inutilité absolue d’y rien changer, mais qui vient y porter remède. En effet, la sagesse divine apporte par cet homme non pas un soulagement à la misère de l’homme que même la sagesse de Salomon n’aurait jamais pu lui offrir, mais un remède absolu à cette misère, une complète délivrance. C’est que la sagesse de Dieu en Christ n’était pas seulement de source divine, mais qu’elle est la source divine elle-même dans un homme parfait, la source de lumière pour dissiper les ténèbres, la source de vie pour vaincre la mort, la source de purification pour ôter le péché et réconcilier l’homme avec Dieu. Cette sagesse divine dans un homme était à la fois la lumière qui dévoile le mal et l’amour qui y porte remède. De toute éternité, avant aucune création, avant l’existence du mal, avant la chute, cette sagesse avait ses délices avec les fils des hommes (Prov. 8:31) et voulait trouver son bon plaisir en eux. Elle était en parfait accord avec Celui qui l’avait enfantée : «Voici, je viens pour faire ta volonté», dit-elle en entrant dans le monde. Cette sagesse était amour. Quel accueil a-t-elle reçu ? Le «Prédicateur», tout sage qu’il fût, n’a rencontré personnellement dans ce monde ni mauvais vouloir, ni haine. Il n’y a sans doute constaté que vanité, douleur et poursuite du vent, mais ses propres expériences l’assujettissaient lui-même à la vanité de toutes choses. Il n’en fut pas ainsi de la sagesse personnifiée dans l’homme Christ Jésus. Le monde entier s’éleva contre lui, l’accabla sous les injures et les crachats, le cloua sur une croix, parce que l’homme ne pouvait supporter la vérité et ne voulait pas de la grâce, parce qu’il préférait l’esclavage de Satan à la réconciliation avec Dieu. Mais l’acte même par lequel l’homme a rejeté le Christ devient le moyen du salut pour le pécheur ! Ô profondeur des richesses et de la sagesse et de la connaissance de Dieu ! Combien ses jugements sont insondables et ses voies introuvables ! A Lui la gloire éternellement !

L’Écclésiaste nous présente un troisième cas. Nous y voyons un homme, Salomon, non pas innocent comme Adam avant sa chute, mais connaissant le bien et le mal. Cependant cet homme est en relation avec Dieu comme Adam ; comme lui, il possède les premiers rudiments des oracles de Dieu : «la foi en Dieu» et la connaissance du «jugement éternel» (Héb. 5:12 ; 6:1, 2). Seulement il ne nous est pas présenté ici, dans l’Écclésiaste (*), comme ayant reçu une Révélation qui le mette en relation avec l’Éternel, le Dieu de l’alliance (**). Dans ces conditions que nous venons de décrire et où se trouve l’Écclésiaste : connaissance du bien et du mal, et relation avec Dieu sans révélation, la connaissance de Dieu est nécessairement accompagnée de la crainte de Dieu et de la certitude qu’Il doit être un Juge pour tous les hommes. Tel est le tableau moral du Prédicateur ; de fait, sauf la connaissance qu’il possède du bien et du mal, son état ressemble à celui d’Adam avant la chute.

(*) Il en est autrement dans les Proverbes.

(**) Comme ce fut le cas d’Adam après la chute.

Placez maintenant cet homme au milieu d’une création. souillée et gâtée par le péché, accordez-lui une capacité illimitée de jouir de la vie et de toutes les choses bonnes et agréables que le monde contient. Donnez-lui enfin le don d’embrasser toutes choses sous le soleil, une sagesse de source divine qu’Adam n’avait pas, mais confiée à un être faible qu’elle ne peut préserver des plus humiliantes expériences personnelles. Placez devant cet homme la tâche de trouver par la sagesse un moyen de vivre, d’être heureux et de se réjouir dans ce milieu corrompu. Faites-le goûter à toutes les jouissances terrestres, et sonder toutes les choses d’ici-bas : connaissance, pouvoir, richesse, oeuvres de la Création, satisfaction de tous ses désirs ; donnez-lui tout ce qu’on peut acquérir par le travail, faites-le goûter même à la folie (sans abdiquer toutefois la sagesse), afin de connaître aussi ce qu’il y a au fond de celle-là, et si elle peut apporter quelque joie à son âme. Placé dans ce milieu, que deviendra cet homme ? Immense leçon, dont le résultat est d’un côté le malheur le plus complet, le désenchantement, le dégoût de tout, même de la connaissance (car, appliquée aux choses de la terre, au lieu de satisfaire le sage, elle laisse à sa bouche un goût d’amertume dont il ne peut s’affranchir) ; et, de l’autre côté, la certitude qu’en l’absence d’une Révélation il ne peut y avoir de ressource pour l’homme que dans la crainte de Dieu, mais, hélas ! d’un Dieu devant le jugement duquel il faudra paraître à la fin !

Ce livre ne va pas au-delà, quoique le résultat obtenu soit déjà d’une importance capitale (12:13). Arrivé à ce point, il faudra une Révélation pour faire découvrir à l’âme dans ce Dieu Juge un Dieu Sauveur, et lui acquérir enfin un bonheur que ni la sagesse la plus grande, ni la connaissance du Dieu Créateur et Juge ne pouvaient lui donner. Seulement le premier pas est fait, car Salomon lui-même nous enseigne que la crainte de l’Éternel mène à la vie (Prov. 19:23).

Ce que nous venons de dire explique pourquoi le nom de l’Éternel qui s’est révélé comme le Dieu de l’alliance avec Israël, le Dieu qui ne s’était pas seulement fait connaître sous la loi par sa justice, mais aussi par sa bonté et sa miséricorde — avant de se révéler sous l’Évangile comme le Dieu d’amour et de grâce — pourquoi, dis-je, l’Éternel ne paraît pas ici. Salomon le connaissait comme tel dans les Proverbes, car, même quand il y parle de crainte, c’est la crainte de l’Éternel qu’il mentionne ; mais ici, il fait pour ainsi dire abstraction de la connaissance du Dieu de l’alliance, afin d’arriver à sonder ce qu’est le monde en lui-même pour le plus sage, le plus puissant, le plus fortuné des hommes, privé d’une Révélation.

Un autre grand trait distingue le «Prédicateur» du premier Adam avant sa chute. Ce dernier, tant qu’il était sans la connaissance du bien et du mal, ne souffrait pas. Sa vie se passait (combien de temps cela dura-t-il, hélas !) dans la fraîcheur de l’innocence et le bonheur de posséder sans aucune restriction, sauf sur un seul point, tout ce qu’il pouvait désirer des choses visibles. Dans l’Écclésiaste, au milieu des circonstances qui ont suivi la chute, mais avec la faculté de jouir de tout ce que la terre présente à l’homme, la sagesse de Salomon ne lui apporte aucune satisfaction. Tout est rongement d’esprit ; la corruption est mêlée à tout ; un ver est au coeur même du plus beau fruit ; et c’est à la fin d’une longue vie que le Prédicateur affirme ces choses (7:25-29). Dans ces conditions, connaître c’est souffrir, et nous apprendrons cela tout le long de ce livre. Enfin, la sagesse elle-même fait descendre cet homme dans son propre coeur, car Dieu y a mis le monde (3:11) et il découvre là aussi de la folie et de la vanité !

Le Prédicateur, qui connaît Dieu et le craint, exhorte les hommes à le craindre aussi, et applique lui-même cette sagesse à sa propre poursuite du bonheur dans ce monde, mais au lieu de bonheur il ne rencontre que tourment et amertume. Il aurait semblé que, conscient de sa sagesse, il devait y trouver une compensation, mais il ne peut l’obtenir. Non seulement sa sagesse ne peut s’élever au-dessus du milieu dans lequel elle s’exerce, mais elle est elle-même limitée au présent, condamnée à oublier assez du passé pour ne pouvoir le réaliser complètement, et quant à l’avenir, elle se trouve devant une porte fermée que la Révélation seule pourrait lui ouvrir et dont l’au-delà reste un secret pour la sagesse tant qu’elle n’a pas reçu une Révélation. C’est cette porte fermée qui donne si souvent une apparence de rationalisme aux expériences du Prédicateur.

Nous possédons trois livres de Salomon.

Dans les Proverbes, la Sagesse elle-même, dans laquelle par moments nous reconnaissons Christ, Sagesse éternelle personnifiée, prend le jeune homme pour élève au début de sa carrière. Elle est son Instituteur pour le conduire sous le regard de l’Éternel — du Dieu qui s’est révélé à lui — dans toutes les voies où l’élève peut l’honorer en se détournant «du shéol qui descend». Ainsi le jeune homme, sous la conduite de la Sagesse, rendra pure sa voie en y prenant garde selon la Parole, c’est-à-dire selon la Révélation directe de Dieu.

Dans l’Écclésiaste, rien de semblable, comme nous venons de le voir. La sagesse des Proverbes conduit l’homme vers la lumière ; celle de l’Écclésiaste l’introduit dans les ténèbres de l’homme, au milieu de tout ce qui se passe «sous le soleil».

Il existe de plus, entre ces deux livres, une différence digne d’être notée quand on entreprend d’écrire sur l’Écclésiaste. Les Proverbes se terminent par la louange de la femme vertueuse, forte et sage. Elle est célébrée — c’est presque le dernier mot du livre — parce qu’elle craint l’Éternel et ne recherche ni la grâce, ni la beauté qui ne sont que vanité (Prov. 31:30), aussi le livre ne s’appesantit pas sur cette dernière, car la crainte de l’Éternel caractérise la femme vertueuse et court comme un fil d’or dans la trame du livre tout entier (*). L’Écclésiaste a la crainte de Dieu pour conclusion de tout le livre (12:13), mais seulement après les amères déceptions de celui qui poursuit le bonheur et la joie. Ce n’est donc pas un fil d’or, mais un fil noir qui en traverse toute la trame et ce fil noir est la vanité.

(*) (Prov. 1:7 ; 2:5 ; 8 : 13 ; 10:27 ; 14:26, 27 ; 15:16, 33 ; 16:6 ; 19 : 23 ; 22:4 ; 23:17 ; 31:30.)

Le Cantique des cantiques diffère entièrement des deux livres précédents. D’un bout à l’autre, c’est le chant alterné de l’amour. Il nous parle des relations entre Christ, l’époux, et Israël, son épouse, rétablies sur le pied d’un désir mutuel après que, du côté d’Israël, tout avait manqué et que cette nation «n’avait point gardé sa vigne». L’épouse sait qu’elle est à son Bien-aimé et que son Bien-aimé est à elle. Sa sagesse consiste à connaître l’amour.

Tout ce que nous venons de dire va trouver son développement dans l’Etude que nous désirons entreprendre.

2                    CHAPITRES 1  et  2

2.1   Chapitre premier

Comme nous l’avons dit en commençant, Salomon prend dans ce livre le caractère d’un Prédicateur. Il veut faire profiter ses auditeurs des expériences qu’il a faites au moyen de la sagesse que Dieu lui a donnée. Il ne se contente pas de l’exercer dans le gouvernement de son peuple, car c’était pour cela qu’il l’avait demandée à Dieu (2 Chron. 1:9-12) ; mais il nous est dit qu’il avait reçu de Dieu «de la sagesse et une très grande intelligence, et un coeur large comme le sable qui est sur le bord de la mer. Et la sagesse de Salomon était plus grande que la sagesse de tous les fils de l’Orient et toute la sagesse de l’Égypte. Et il était plus sage qu’aucun homme, plus qu’Ethan, l’Ezrakhite, et qu’Héman, et Calcol, et Darda, les fils de Makhol. Et sa renommée était répandue parmi toutes les nations, à l’entour. Et il proféra trois mille proverbes, et ses cantiques furent au nombre de mille et cinq. Et il parla sur les arbres, depuis le cèdre qui est sur le Liban, jusqu’à l’hysope qui sort du mur ; et il parla sur les bêtes, et sur les oiseaux, et sur les reptiles, et sur les poissons. Et de tous les peuples on venait pour entendre la sagesse de Salomon, de la part de tous les rois de la terre qui avaient entendu parler de sa sagesse» (1 Rois 4:29-34). C’est ce qui avait fait de lui «le Prédicateur».

En outre, toutes choses étaient à sa disposition : tout ce que les richesses pouvaient acquérir, tout ce que la puissance pouvait obtenir, tout ce que la sagesse pouvait sonder et s’approprier. Il avait goûté à toutes les jouissances ; il avait scruté toutes les oeuvres de Dieu et connu les lois par lesquelles est réglée la vie des hommes et l’ordre de l’univers. Il n’avait donc aucune raison de se plaindre du monde (2 Chron. 9:22-24).

 

Dès le début, selon l’usage des Prédicateurs, celui-ci indique son sujet et établit son texte :

«Vanité des vanités, dit le Prédicateur ; vanité des vanités ! Tout est vanité !» (v. 2). Puis, dans toute la suite du Livre il traite ce sujet en détail, pour aboutir enfin à la conclusion, à la somme de toutes les expériences qu’il a faites : «Vanité des vanités, dit le Prédicateur ; tout est vanité» (12:8). Vanité ! un souffle, une ombre qui passe, une existence sans lendemain, la vie de l’éphémère ailée qui dure à peine un jour !

Le verset 3 : «Quel profit a l’homme de tout son labeur dont il se tourmente sous le soleil ?» pose la question qui sera développée sous toutes ses faces dans le cours de ce livre, car celui-ci prend l’homme engagé dans les affaires de la vie, occupé, habitué au travail et à une activité souvent dévorante.

À cette question, les vers. 4-11 nous fournissent la réponse : «Une génération s’en va, et une génération vient ; et la terre subsiste toujours». L’homme, le seul être intelligent, ne dure pas, tandis que le monde dure et que le cours de la nature est immuable. Elle suit des lois fixes, toujours les mêmes et se renouvelant sans cesse. L’esprit se fatigue à suivre ce travail continuel, à voir, à entendre, à connaître ; il en revient toujours au même point : il n’y a rien de nouveau sous le soleil, et même le souvenir des choses qui ont précédé s’efface invariablement.

v. 12-15. Le Prédicateur s’est appliqué à sonder et à comprendre ces choses ; il avait à sa disposition deux moyens pour explorer tout ce qui se fait sous les cieux : un pouvoir royal que nul avant lui ne put égaler, une sagesse d’origine divine qui dépassait toutes les autres. Tous les travaux qui se font sous le soleil ont passé devant ses yeux et son intelligence s’en est rendu compte. Le résultat est que tout est vanité, une poursuite qui ne peut jamais atteindre ce qu’elle cherche à saisir. Trouvez le moyen de saisir le vent ! «Ce qui est tordu ne peut être redressé, et ce qui manque ne peut être compté» : L’obstacle à une connaissance fructueuse, c’est que le mal est là et a tout déformé. Par suite du péché les anneaux de la chaîne des choses sont dispersés. Partout des lacunes sans aucun moyen de combler les vides.

Ainsi, dès le début, le fait que, malgré la régularité de ses lois, le monde est une ruine, devient l’obstacle à toute connaissance et à toute jouissance véritables.

v. 16-18. Les choses étant ainsi : d’un côté la persistance d’un ordre régulier dans la création, de l’autre le désordre amené par le péché, le Prédicateur s’est appliqué à sonder d’une part ce qui est conforme à la sagesse, d’autre part la déraison et la folie qui ont troublé cet ordre, et il a connu que «cela aussi, c’est la poursuite du vent». Mais le bonheur qu’il espérait atteindre par cette connaissance s’est trouvé converti en chagrin et en douleur : «À beaucoup de sagesse, beaucoup de chagrin ; et qui augmente la connaissance, augmente la douleur». Comment le sage pourrait-il se réjouir quand il voit, malgré ce qui subsiste de la merveilleuse création de Dieu, toutes les choses matérielles et morales fanées dans leur beauté et corrompues par le mal ? Or cette expérience atteint tout homme sage. Au milieu du naufrage produit par le péché, l’homme lui-même ne subsiste que comme une triste épave de ses bénédictions passées.

Ainsi donc, tout dans la nature, malgré la régularité des phénomènes, est dans un travail continuel. Il n’y a point de repos pour l’homme — et pour compléter le tableau de son état, la vanité de tout et l’oubli des choses passées le caractérisent. Il est en outre incapable d’y remédier, car il ne peut redresser ce qui est tordu.

2.2   Chapitre 2

Avant de continuer cette étude, souvenons-nous que l’Au-delà et l’Invisible sont entièrement étrangers au Prédicateur et sont considérés ici comme lui étant inconnus, car ils ne peuvent être connus que par une Révélation divine, et le but de l’Esprit de Dieu dans ce Livre est précisément de nous faire considérer tout ce qui «est sous le soleil» en dehors de cette Révélation. Sauf donc la connaissance de Dieu, du Dieu souverain, propre à l’homme qui n’est pas dégradé par l’idolâtrie, le sage ne peut considérer ici que les choses visibles.

v. 1-3. Pour acquérir la connaissance dont il a parlé au chap. 1, le Prédicateur s’est livré à la joie et au bien-être de la vie. Mais voici, le rire s’est trouvé déraison pour le sage, et il a dit à la joie : «Que fait-elle ?» Elle était sans but et sans objet ! Peut-être faudrait-il chercher le bien dans la folie ? N’est-il pas dit dans les Proverbes : «Donnez... du vin à ceux qui ont l’amertume dans le coeur : qu’il boive et qu’il oublie sa pauvreté, et ne se souvienne plus de ses peines» ? (31:6, 7). C’est ce que le sage a essayé de faire, dans la mesure où il ne s’y abandonnait pas et gardait intacte la sagesse que Dieu lui avait donnée. Et voici, tout cela s’est trouvé être la vanité, le vide, sans durée, sans profit pour les hommes.

Alors, v. 4-11, le Prédicateur a essayé de tout ce que peut donner la puissance royale et la fortune. Il a fait de grandes choses : Plaisir des yeux, bonheur de la possession, palais et jardins, embellissement de la nature, culture, soin des troupeaux, intérêt pour l’agriculture et ses produits, un monde de serviteurs et de servantes ; de l’argent et de l’or à foison ; toutes les richesses des provinces affluant dans ses trésors ; la musique et le chant qui élèvent l’âme dans les régions sereines ; la satisfaction des sens dans l’amour terrestre, l’accroissement du pouvoir ; en un mot, tout ce que Salomon pouvait désirer, son faste royal l’a obtenu, et «pourtant, dit-il, ma sagesse est demeurée avec moi». Mais il ajoute : «Je me suis tourné vers toutes les oeuvres que mes mains avaient faites, et vers tout le travail dont je m’étais travaillé pour les faire ; et voici, tout était vanité et poursuite du vent, et il n’y en avait aucun profit sous le soleil».

v. 12-19. La sagesse a, sans doute, et qui pourrait le contester, un avantage sur la folie. Le sage est dans la lumière et voit ; le fou est plongé dans les ténèbres et y marche. Et cependant le sort des deux est le même ! Où est le profit ? La mort arrive, atteignant sage et fou. Le ver destructeur est à la racine de toute jouissance (2:16 ; 3:19, 20 ; 5:15 ; 6:6 ; 9:3). Et remarquons ici que la mort, dans l’Écclésiaste, selon le plan de tout le Livre, ne conduit pas dans l’Au-delà, mais sépare du présent, de tous les fruits du travail, au moment où l’homme va les récolter. Quel est donc le profit ? Aussi le sage s’écrie : «J’ai haï la vie, parce que l’oeuvre qui se fait sous le soleil m’a été à charge, car tout est vanité et poursuite du vent». Il a même «haï tout le travail» auquel il a travaillé sous le soleil. Si au moins son héritier faisait bon usage de ce qu’il lui laissera ! Mais non, le travail du sage devient l’héritage du fou !

v. 20-23. Ces considérations conduisent le Prédicateur à désespérer de tout. Tout le travail le plus captivant, le plus productif de l’homme, ne procure à tous ses jours que douleur et chagrin et lui crée des nuits sans repos pour son coeur. Ainsi de chapitre en chapitre se répète cette plainte désolée, cette constatation toujours renouvelée de la vanité de toute chose, jusqu’à ce qu’enfin le sage ait trouvé le dernier mot de toutes les voies à travers lesquelles Dieu le fait passer.

v. 24-26. Il reste cependant une conséquence du gouvernement de Dieu, c’est qu’Il donne sagesse, connaissance et joie à celui qui lui est agréable ; et qu’il y ajoute encore, comme il le fit pour Salomon, la jouissance matérielle des biens de ce monde : manger, boire et profit de son travail ; tandis que le pécheur est obligé de rassembler et d’amasser pour celui qui est agréable à Dieu. Mais cet ordre établi par le gouvernement de Dieu a-t-il pour l’homme des conséquences durables ? Cela aussi est vanité et poursuite du vent.

3                    CHAPITRES 3 à 4

3.1   Chapitre 3

Après le sujet que le Prédicateur a développé dans les deux premiers chapitres de ce livre, il semble qu’il aborde ici un sujet nouveau.

Aux vers. 1-8, il commence par établir que l’activité humaine est une succession de contrastes, de choses opposées, dont chacune arrive en son temps. Une volonté cachée les dirige. Le péché se montre partout : la mort, la destruction, le meurtre, les ruines, les pleurs, les lamentations, les lapidations, les haines, les guerres. D’autre part une tendance opposée se montre aussi partout ; il y a des brèches restaurées, des douleurs apaisées, des plaies guéries. Toutes ces choses se succèdent ; les temps et les saisons en sont réglés pour maintenir l’équilibre dans ce pauvre monde. Le monde n’est pas, comme on l’enseigne, un mélange de mal et de bien, car il est tout entier «plongé dans le mal» et le constater va être l’expérience du Prédicateur, le monde est une scène de mal, mais qui n’enlève pas à Dieu son privilège de modifier l’ordre des choses en se servant de l’homme pour réédifier ce que lui-même a détruit ou bien pour détruire ce qui était réédifié. Ainsi chaque chose arrive en sa saison.

Il était bien important de constater que si, du côté de l’homme, tout est vanité (2:26), Dieu peut se servir en son temps de l’homme lui-même pour appliquer des remèdes sur les plaies ou pour introduire du bien au milieu du mal.

En résumé, nous trouvons ici un autre aspect du monde qu’aux premiers versets du chap. 1. Là, il nous était parlé du retour régulier de tous les phénomènes de la création, se succédant dans un cercle uniforme qui ne donnait pas lieu à l’apparition d’un phénomène nouveau. Ici, Dieu nous fait assister à une oeuvre de destruction et de reconstruction régulière, dans un monde où, dès le début, le péché a tout gâté, mais où la Providence divine se sert de l’homme pour maintenir l’équilibre actuel tant que l’heure de la destruction finale n’a pas sonné.

v. 9-11. Maintenant la question se présente : Pourquoi toute l’activité très réelle de l’homme ne rapporte-t-elle rien ? La réponse est celle-ci : Au commencement Dieu a fait toute chose belle, puis il a mis l’homme au centre de sa création avec la faculté de la comprendre et de la dominer : «Il a mis le monde dans leur coeur». Le coeur de l’homme est ainsi devenu un «microcosme» au milieu de cette immensité, un petit monde dans lequel se reflète la création tout entière. Maintenant qu’est-il résulté de cette beauté initiale et de tout cet ordre ordonné de Dieu ? Le péché est entré, la création a été gâtée, le monde reste encore dans le coeur de l’homme, mais ce dernier n’est plus capable de concevoir l’ordre selon Dieu, au milieu du désordre produit par le péché : «de sorte que l’homme ne peut comprendre, depuis le commencement jusqu’à la fin, l’oeuvre que Dieu a faite» (v. 11) (*).

(*) Traduire «le monde dans le coeur» par «l’éternité dans le coeur» nous semble, quoique cette traduction ait des défenseurs, en contradiction avec toute la pensée de l’Écclésiaste qui se tient en dehors du domaine spirituel et ne considère que la persistance des choses présentes, avec sa désolante conclusion. Jamais l’éternité dans le coeur ne pourrait amener l’homme à conclure que tout est vanité.

v. 12-17. Devant cette incapacité, produite par le péché, le Prédicateur en revient à ce qu’il a dit au commencement : 1° «Il n’y a rien de bon pour eux, sauf de se réjouir et de se faire du bien pendant leur vie ; et aussi que tout homme mange et boive, et qu’il jouisse du bien-être dans tout son travail : cela, c’est un don de Dieu». Il avait conclu de même au chap. 2:24, et ne le nie pas. Cette jouissance était ordonnée pour l’homme à la création, où Dieu lui avait donné toutes choses pour en jouir. 2° Tout ce que Dieu fait est immuable et demeure. C’est ce que le Prédicateur avait reconnu dès le début (1:4-7). Il n’y a rien à y ajouter, ni rien à en retrancher. Cet ordre complet et magnifique avait pour but que la crainte du Dieu Créateur fût établie dans le coeur de l’homme : «Dieu le fait, afin que, devant Lui, on craigne».

Mais voici (v. 16, 17) que tout est gâté par le péché. Au lieu du bien, la méchanceté est trouvée sous le soleil ; la crainte de Dieu n’existe plus dans le coeur de l’homme ; la justice ne règne pas. Aussi qu’arrivera-t-il ? C’est que Dieu jugera le juste et le méchant.

C’est ainsi que, sans Révélation positive, l’homme sage, placé en face de l’énigme du monde, doit conclure. Cet homme sage connaît Dieu ; le connaissant, il le craint ; le craignant, il sait que Dieu ne peut supporter le mal et doit un jour le juger, où qu’il se trouve, que ce soit chez le juste ou chez le méchant. Il n’est pas besoin d’une Révélation pour cela. La conscience naturelle de l’homme en chute ne le lui dit-elle pas ? Adam se cache devant son juge, un pauvre païen idolâtre cherche à l’apaiser.

v. 18-22. Et maintenant, constatation désolante, qui n’exclut nullement le jugement de Dieu, d’où vient que l’homme suit le même chemin que la bête ? Etait-il soumis primitivement à la mort ? A-t-il un avantage sur la bête ? Non, il retourne à la poussière comme elle. C’est le fruit du péché, comme tout ce que ce chapitre nous présente (voyez Gen. 3:19). La sagesse sans une Révélation ne va pas au-delà de cette pensée. Elle ne saurait dire si l’esprit de l’homme va en haut, et celui de la bête en bas. Cette simple question arrête la sagesse de l’homme qui est incapable de la résoudre. Il ne peut sonder même l’avenir le plus prochain. Dieu l’a ordonné ainsi pour éprouver l’homme et lui faire toucher du doigt la cause de tant de misère et d’ignorance. Il ne reste donc à l’homme qu’à se réjouir «dans ce qu’il fait, car c’est là sa part», devant un avenir dont la vue, sauf le jugement, lui est complètement fermée.

3.2   Chapitre 4

Versets 1-3

Le problème du mal dans le monde et dans le coeur de l’homme se continue encore dans les premiers versets du chap. 4.

Aux v. 1-3, le Prédicateur se tourne pour regarder toutes les horreurs qui se commettent sous le soleil, comme il s’était tourné au chap. 2:12 pour voir la sagesse et la folie. N’avons-nous pas assisté de nos jours aux scènes qui sont décrites ici ? Les oppressions, les larmes et le désespoir des opprimés, la force brutale s’exerçant sur les victimes, et pas de consolateurs... n’avons-nous pas vu toutes ces choses ? Heureux les morts ; plus heureux ceux qui n’ont jamais été ! Ceux-ci du moins n’ont pas vu l’activité du mal se produisant au grand jour ! Hâtons-nous de dire que jamais le chrétien ne s’exprimera de la sorte. Ce n’est pas qu’il ne soit pas rempli d’une sainte horreur du mal, mais il traverse ces choses avec patience, n’attendant du Seigneur aucune réalisation sur la terre des choses qui constituent son espérance. Il vit dans une sphère céleste, entièrement fermée au Prédicateur, car celui-ci avait reçu pour tâche d’apprécier par la sagesse les choses présentes, dans un monde souillé par le péché, afin de montrer si l’on en pouvait retirer quelque profit.

v. 4. Le sage examine ensuite, non pas seulement le travail de l’homme, mais l’habileté qu’il y déploie, et voici, il ne trouve rien dans tout cet effort que la jalousie des uns contre les autres, l’envie de se dépasser et de se surpasser mutuellement pour que le concurrent ne jouisse pas des mêmes avantages. Cela aussi n’est que le fruit du péché ; vanité et poursuite du vent !

Cette pensée le conduit (v. 5-12) à examiner les différentes formes de l’activité humaine dans le monde. Ce qui vient d’être dit n’exclut pas le fait qu’il y a dans cette activité des choses profitables, des principes qui, selon le gouvernement de Dieu, ont d’heureuses conséquences. Qu’est-ce que le sage va découvrir dans ce domaine ? Il rencontre d’abord celui qui a les deux mains vides (v. 5), le paresseux qui se détruit lui-même (cf. És. 49:26). Il voit ensuite (v. 6) la possibilité d’avoir un fruit médiocre de son activité, mais le repos ; il considère enfin celui qui a les deux mains pleines, avec le travail, et la poursuite de ce qu’il ne pourra jamais atteindre.

Aux v. 7, 8, le Prédicateur se tourne de nouveau et découvre la vanité de l’homme qui travaille sans cesse, devient riche et reste seul. Sa vie est sans but ; il n’a ni second, ni fils, ni frère ; il n’a pas un atome de bonheur. Quelle occupation ingrate et vaine !

v. 9-12. En contraste avec cette solitude, car le sage est en mesure d’apprécier tout principe utile et bon dans l’activité humaine, il estime à sa valeur l’association dans le travail en contraste avec le travailleur solitaire dont il vient de parler : «Deux valent mieux qu’un ; car ils ont un bon salaire de leur travail». Ils se relèvent mutuellement, se réchauffent l’un à l’autre à l’heure du repos, se prêtent main-forte dans la lutte et dans la résistance. Mais bien mieux encore, l’homme a besoin d’une triple force, car trois est le chiffre divin. «La corde triple ne se rompt pas vite» (v. 12). Ce chiffre, nous chrétiens, nous l’avons pour la lutte, comme pour le service : «Revêtant la cuirasse de la foi et de l’amour, et, pour casque, l’espérance du salut» (1 Thess. 5:8).

v. 13-16. S’agit-il du gouvernement des hommes, la jeunesse et la pauvreté avec la sagesse sont préférables à la puissance et à l’âge dépourvu d’intelligence et qui ne sait plus recevoir instruction. Cet homme est assimilable à l’esclave et au pauvre revêtu à tort de la dignité royale. Que d’exemples pareils dans l’histoire des royaumes ! Mais même le succès du jeune garçon qui vient après le vieux roi ne dure pas. La faveur du peuple est instable.

Toute la fin de ce chapitre, depuis le v. 5, fait ainsi la part de ce qui peut être moralement profitable dans les affaires humaines, et cependant il conclut, malgré tout, que «cela aussi est vanité et poursuite du vent».

4                    CHAPITRES  5  et  6

4.1   Chapitre 5

Versets 1-12

La partie proverbiale de l’Écclésiaste (*) dans laquelle nous entrons et qui atteindra sa pleine expression dans les chap. 10 et 11 pourrait sembler, à première vue, trahir un manque de suite dans la structure de ce Livre, mais il suffit, pour se convaincre du contraire, de noter que le mot vanité domine aussi bien cette partie proverbiale que le discours du commencement. Toutes les sentences de l’Écclésiaste aboutissent, en effet, à ce mot.

(*) Cette partie proverbiale commence, à proprement parler, au v. 5 du chapitre 4.

Les v. 1-7 poursuivent le cours de pensées présentées dans les v. 5-16 du chapitre précédent, c’est-à-dire qu’ils font la part de ce qui peut être conforme aux pensées de Dieu sous le soleil. Ils nous montrent ce qui appartient à la crainte de Dieu au milieu des vanités de la terre (voyez v. 7). La crainte de Dieu, comme nous l’avons dit, fait partie des buts de l’Écclésiaste. Ce principe est même le seul qui dirige la conduite du sage dans un monde où tout est vanité et poursuite du vent. La nécessité de cette crainte est déjà énoncée au chap. 3:14 ; les derniers mots du Livre nous montreront qu’elle est «le tout de l’homme». C’est, en effet, la seule chose qui doive caractériser l’homme en relation avec Dieu par la foi, sans qu’il ait encore reçu de Lui une Révélation positive.

Nous trouvons donc dans ces premiers versets quels doivent être les rapports de l’homme avec Dieu quand il s’approche de Lui, dans sa maison. Ce qu’il a à faire, en premier lieu, c’est d’écouter ce que Dieu a à lui dire, tandis que les insensés, dans leur ignorance du caractère de Dieu, viennent y offrir des sacrifices sans valeur à Ses yeux. — Nous trouvons ensuite (v. 2, 3) que la crainte de Dieu nous fera user nous-mêmes de peu de paroles devant Celui qui est dans les cieux, tandis que l’insensé fait exactement le contraire. Enfin (v. 4-7) il est nécessaire de s’acquitter d’un voeu, c’est-à-dire de la décision, librement prise, de se dévouer à Dieu et de le servir sans restriction. Il y a péché, après avoir prononcé un voeu, à s’en dédire, donnant pour prétexte que c’était une erreur involontaire devant l’ange (*) qui en a été témoin. L’insensé fait de telles choses ; celui qui craint Dieu ne révoque pas la parole qu’il Lui a donnée. Tous les rapports avec Dieu se résument donc dans ce seul mot : la crainte. Ne pas oublier qu’il y a des vanités, même dans la prétention d’avoir reçu des communications directes de la part de Dieu (des songes) et que souvent le songe, au lieu d’être une communication divine, est le fruit de toutes les occupations du jour (v. 3, 7).

(*) Nous doutons beaucoup qu’il s’agisse ici du souverain sacrificateur, comme on l’a prétendu.

Les v. 8, 9, se relient aux trois premiers versets du chapitre 4. Le sage n’a pas à s’étonner quand il voit le pauvre opprimé et le droit foulé aux pieds, car Dieu prend garde à toutes les injustices qui se commettent dans le monde et il est le Juge suprême (Ps. 11:5).

Les v. 9-17 accentuent de nouveau la vanité des richesses et de l’amour de l’argent en contraste avec la culture du sol. L’augmentation des biens augmente aussi le nombre de ceux qui les mangent. L’homme qui les possède ne jouit jamais du repos, tandis que ce dernier est doux à celui qui travaille dans quelque position matérielle qu’il se trouve.

Tout ce passage, depuis le v. 4 du chap. 4, nous montre donc, à côté du mal et de l’oppression qui règnent dans le monde, certaines conséquences heureuses d’une conduite selon les principes du gouvernement de Dieu.

4.2   Chapitre 5 :13  à  6 :12

Depuis le v. 13 jusqu’à la fin du chap. 6 le Prédicateur reprend le sujet des maux douloureux qu’il a vus sous le soleil au chap. 4:1-3.

Vers. 13-17. — Les richesses sont au détriment de ceux qui les possèdent (ne pas oublier que, pour le Juif, les richesses étaient un signe de la faveur de Dieu) ; ou bien elles périssent et le fils qui devait en hériter n’a rien ; ou enfin le riche les quitte lui-même par la mort et s’en retourne nu, comme lorsqu’il sortit du sein de sa mère. Il naît pour mourir et ce qu’il y a entre la naissance et la mort n’est que ténèbres, chagrin, maladie, rongement d’esprit.

Enfin (v. 18-20) nous rencontrons pour la troisième fois (voyez 2:24, 25 ; 3:12, 13) la conclusion de toutes ces amères et douloureuses expériences : «Voici ce que j’ai vu de bon et de beau : c’est de manger et de boire et de jouir du bien-être dans tout le travail dont l’homme se tourmente sous le soleil tous les jours de sa vie, que Dieu lui a donnés ; car c’est là sa part». Il n’y a pour l’homme que cette courte jouissance présente, car le souvenir de l’homme n’est que celui de la peine et du travail et l’avenir, étant inconnu, ne peut être mentionné. Ce n’est qu’à la fin du Livre que nous voyons à quoi aboutit cette jouissance.

4.3   Chapitre 6

Ce chapitre n’est que la suite du chapitre précédent. Il continue à faire le tableau des maux douloureux que l’on voit sous le soleil.

Vers. 1-6. — On voit tel riche comblé de biens et auquel rien ne manque de tout ce qu’il désire ; mais Dieu ne lui a pas donné le pouvoir d’en manger, tandis qu’un étranger s’en repaît. On voit tel homme avoir une nombreuse postérité et atteindre un âge avancé. Il n’est pas rassasié de biens comme le premier ; et voici, il meurt sans sépulture et il n’a pas même trouvé le repos pour son corps ; il aurait vécu deux milléniums qu’il n’aurait jamais vu le bonheur. Tous, ils finissent par la mort. En vérité, un avorton qui n’a jamais vu le jour a un sort plus heureux que ceux-là (cf. 4:3).

Vers. 7-12. — Le Prédicateur conclut, comme il l’a déjà fait, que tout le travail de l’homme aboutit à une jouissance matérielle sans que son désir soit satisfait. Le sage n’a pas d’avantage sur le fou ; la science de diriger sa vie ne donne pas un avantage sur les autres hommes. À quoi tout cela conduit-il ? La vue vaut mieux que le désir. Ce dernier aussi est vanité et poursuite du vent. La vanité se multiplie avec ses objets ; l’homme lui-même passe comme une ombre et qui lui déclarera... «ce qui sera après lui sous le soleil ?» Car, remarquons-le de nouveau, l’Au-delà invisible est absolument fermé à l’homme dans l’Écclésiaste. Une incertitude absolue l’environne de tous côtés : tout est vanité.

5                    CHAPITRES 7  à  9

5.1   Chapitre 7

Le caractère de plus en plus proverbial des chapitres qui suivent nous oblige à les considérer d’une manière beaucoup plus détaillée.

Ce chapitre introduit un nouveau sujet que l’on pourrait intituler : La conduite de la sagesse dans un monde tel que le péché l’a fait, c’est-à-dire au milieu de ce qui n’est que vanité, douleur et folie.

Dans les v. 1-9, nous voyons qu’il y a dans ce monde des choses qui valent mieux que d’autres. Malgré tout le désordre et la ruine le sage s’appliquera à les rechercher et y trouvera son profit. Nous avons déjà constaté une pensée semblable au chap. 4:9-14. Ici les choses profitables sont beaucoup plus accentuées et se trouvent en opposition directe avec ce que le monde choisit ou préfère. Le sage se trouve nécessairement isolé dans un monde où règne la mort, fruit du péché. Mais cette scène elle-même lui offre des choses meilleures. Elles sont au nombre de sept, chiffre des choses complètes.

1° «Mieux vaut une bonne renommée que le bon parfum». En Prov. 22:1, la bonne renommée parmi les hommes vaut mieux que de grandes richesses ; ici elle est considérée des yeux de Dieu et vaut mieux devant Lui que l’huile parfumée dont étaient oints les sacrificateurs pour accomplir leur service (Ex. 30:23-33). C’est par là que commence l’activité du sage.

2° «Et le jour de la mort que le jour de la naissance». Cette pensée fait suite au n° 1. Arriver au jour de la mort ayant réalisé une réelle consécration à Dieu vaut mieux que l’entrée dans le monde. Deux fois, dans la vie du sage, cette dernière lui avait fait désirer de n’être jamais né (4:3 ; 6:4, 5).

3° «Mieux vaut aller dans la maison de deuil, que d’aller dans la maison de festin, en ce que là est la fin de tout homme ; et le vivant prend cela à coeur». Dans ce monde où la mort domine, la maison où le deuil est entré vaut mieux que celle où règne la joie. Il convient au sage de fréquenter la première, car il s’y trouve en présence de la réalité, de la fin de tout homme, conséquence du péché qui règne dans le monde. Le vivant prend cela à coeur ; il voit où aboutit tout le travail de l’homme sous le soleil ; il ne nourrit pas des espoirs et des projets que la mort peut anéantir.

4° «Mieux vaut le chagrin que le rire, car le coeur est rendu meilleur par la tristesse du visage. Le coeur des sages est dans la maison de deuil, mais le coeur des sots, dans la maison de joie». Assister au chagrin d’autrui, voir les larmes couler, rend le coeur meilleur, le dispose à la sympathie, le pousse à offrir des consolations. Il en est de même, non seulement pour celui qui voit souffrir, mais aussi pour celui qui souffre. C’est par la tristesse du visage que Dieu agit sur le coeur de l’homme pour lui faire trouver des choses meilleures. Disposé ainsi, le coeur des sages est dans la maison de deuil ; c’est le lieu où les affections peuvent être en exercice. Le coeur des sots ne connaît rien de ces bénédictions ; la joie d’un moment leur suffit. Qu’en restera-t-il ? N’est-ce pas le texte même de l’Écclésiaste ? Celui qui mène le deuil est estimé bienheureux par le Seigneur, car il sera consolé (Matt. 5:4) ; et, pour le chrétien une bénédiction descend sur lui de la part du Dieu de toute consolation, et cette consolation est éternelle (2 Thess. 2:16).

5° «Mieux vaut écouter la répréhension du sage, que d’écouter la chanson des sots. Car comme le bruit des épines sous la marmite, ainsi est le rire du sot. Cela aussi est vanité». Les sages profitent des expériences qu’ils ont faites, pour conduire leur prochain dans le droit chemin. Ils ont acquis l’autorité pour reprendre et redresser. Il vaut mieux les écouter et en faire son profit que d’écouter la chanson des sots : sons agréables à l’oreille, mais qui n’ont pas plus de sens que ceux qui les émettent. Le rire du sot ne dure pas ; il s’éteint bien vite comme un feu d’épines sous la marmite ; il ne bruit et ne flambe qu’un instant. Après, tout retombe dans le silence de la mort. Cela aussi est vanité.

6° «Certainement, l’oppression rend insensé le sage, et le don ruine le coeur. Mieux vaut la fin d’une chose que son commencement». Il y a pour le sage deux dangers dans ce monde. D’abord l’oppression qui le rend insensé en le poussant à la révolte, quand il voit toutes les injustices qui se commettent sous le soleil (cf. 4:1-3). Ensuite, danger plus grand encore, le don par lequel le coeur se laisse corrompre et pousser aux pires actions. Tels sont du reste toujours les deux moyens employés par Satan pour perdre les hommes : la violence et la corruption ou la ruse. C’est pourquoi la fin vaut mieux que le commencement. Un coeur qui a eu affaire au mal sans colère et sans révolte, qui a refusé les présents et ne s’est pas laissé séduire, arrive vainqueur au bout de l’épreuve et telle était la fin que Dieu voulait produire (*).

(*) Telle est du moins l’explication de ce passage difficile que nous soumettons au lecteur chrétien.

7° «Mieux vaut un esprit patient qu’un esprit hautain. Ne te hâte pas en ton esprit pour t’irriter, car l’irritation repose dans le sein des sots». Dans toutes ces épreuves, le sage a appris la patience ; il ne s’est pas élevé devant le mal et contre lui. La patience est toujours humble, douce, paisible ; elle sait souffrir ; elle atteint les choses promises (Hébreux 6:15). La patience est le caractère même du Christ. Celui qui est patient ne se hâte ni ne s’irrite.

Merveilleux tableau de la vie du sage au milieu de circonstances, fruit du péché, et qui sont toutes faites pour provoquer sa colère, l’irriter ou le séduire. Il traverse un monde dont il connaît bien le caractère, n’y attend que souffrance, mais en est victorieux en suivant des principes diamétralement opposés à tout ce qui dirige les hommes.

v. 10-12. Il n’est pas sage de dire que le temps passé était meilleur que le présent, chose que tous les hommes (non pas les sages) sont toujours portés à penser. Dire cela n’est pas la sagesse, car elle a un jugement clair sur l’état du monde, et ce serait en contradiction avec tout ce que le Prédicateur nous a appris quand il a prononcé le terrible mot «Vanité» sur tout ce qui est sous le soleil depuis la chute. Si tout est perdu et corrompu, il reste une chose aussi bonne qu’un héritage, la possession de la pensée divine. Elle est profitable ; elle met à l’abri, de la même manière que, dans l’ordre des choses humaines, les richesses mettent à l’abri. Elle est, de fait, la seule permanente richesse. Bien plus, elle est une source de vie pour celui qui la possède. Combien plus nous, chrétiens, pouvons-nous dire : «La sagesse fait vivre celui qui la possède», nous qui possédons Christ, la sagesse de Dieu (I Cor. 1:24).

v. 13, 14. «Considère l’oeuvre de Dieu, car qui peut redresser ce qu’il a tordu ? Au jour du bien-être, jouis du bien-être, et, au jour de l’adversité, prends garde ; car Dieu a placé l’un vis-à-vis de l’autre, afin que l’homme ne trouve rien de ce qui sera après lui».

Le sage continue à se mouvoir au milieu d’un monde gâté par le péché. Il y rencontre l’oeuvre de Dieu et le résultat du mal, qui ne peut être redressé et où les choses sont tordues par le péché (1:15). Mais ces choses tordues, Dieu les laisse subsister et en fait usage. Il a mis l’un vis-à-vis de l’autre : le jour du bien-être dont l’homme est invité à jouir et le jour de l’adversité qui le porte à réfléchir. De cette manière, l’homme est laissé dans l’ignorance de ce qui sera après lui. Une pareille conclusion est pleinement d’accord avec le livre de l’Écclésiaste où tout accès aux choses invisibles est caché à l’homme afin qu’il apprenne à voir la vanité des choses qui l’entourent et dont la chute de l’homme a entièrement troublé l’harmonie.

Le v. 15 confirme ce que nous venons de dire : «J’ai vu tout cela dans les jours de ma vanité : il y a tel juste qui périt par sa justice, et il y a tel méchant qui prolonge ses jours par son iniquité». Ces jours de vanité qui ont rempli la vie du sage l’ont amené à voir la contradiction absolue entre ce qui est tordu et ce qui, selon Dieu, aurait dû être. La justice du juste le conduit à la mort ! N’est-ce pas comme une anticipation prophétique de ce que rencontrera Jésus lui-même ? D’autre part il y a tel méchant dont l’iniquité prolonge les jours. La vue du Prédicateur est toujours limitée par ce qui se passe «sous le soleil». Combien les Psaumes, par exemple, diffèrent de cette conception quand ils nous décrivent ce qui attend les méchants !

Les v. 16-18 font suite à ce que nous venons de voir. Le Prédicateur avait parlé de justice et de méchanceté. Il montre maintenant qu’il peut y avoir excès dans les deux directions, et quelles en sont les conséquences. La mesure peut être dépassée quand il s’agit de justice et de sagesse. Ce n’est pas autre chose, dans ce cas, que l’orgueil qui nous fait exagérer ces vertus pour nous rehausser par elles ; or l’orgueil va devant l’écrasement : «Pourquoi, dit le Prédicateur, te détruirais-tu ?» — Mais on peut être méchant à l’excès : une telle pensée est en accord avec ce Livre qui nous dépeint le monde tel que le péché l’a fait et ne substitue pas des principes nouveaux à ce désordre parce qu’il ne suppose pas une Révélation qui les introduise. Ici donc, l’excès de la méchanceté est considéré comme amenant sur l’homme «la mort avant le temps fixé». Quel que soit le triste état du monde, il reste le théâtre du gouvernement de Dieu qui condamne tout excès dans l’homme et lui en fait porter les conséquences, surtout quand sa méchanceté se donne carrière. Combien cela est frappant dans l’état actuel du monde où la méchanceté de l’homme ne connaît plus de bornes. Cet état est le fruit de l’absence complète de crainte de Dieu : «Il est bon que tu saisisses ceci et que tu ne retires point ta main de cela ; car qui craint Dieu sort de tout». Voici la troisième fois que le mot : «craindre Dieu», revient dans ce Livre (voyez 3:14 ; 5, 7), comme la seule chose qui mette l’homme à l’abri du jugement.

v. 19. Après avoir prémuni contre l’excès de sagesse, le Prédicateur en proclame hautement les mérites : «La sagesse fortifie le sage plus que dix hommes puissants qui sont dans la ville». Elle n’est pas seulement une source de vie pour celui qui la possède (v. 12), mais le sage y trouve la force dont il a besoin. Il est gardé par elle contre les attaques de l’ennemi, plus qu’une ville par dix hommes puissants.

Mais, v. 20-24, par la sagesse j’apprends à me connaître. Elle est d’origine divine et me fait savoir ce que Dieu même déclare : «Certes, il n’y a pas d’homme juste sur la terre qui ait fait le bien et qui n’ait pas péché». Et cela concerne aussi bien le sage que les autres hommes. Le sage est-il le seul qui ait fait le bien ? A-t-il écouté de faux rapports ? S’est-il fait maudire par son esclave ? Maîs, combien de fois lui-même n’a-t-il pas maudit les autres ! Combien de fois, quand il a dit : «Je serai sage», la sagesse s’est enfuie loin de lui ? Et comment réparer le mal produit par ce manque de vigilance ?

Aux v. 25-29, le Prédicateur raconte sa propre histoire, une histoire amère, en vérité ! Il s’est appliqué, comme il l’a dit au commencement de son Livre (1:17), à rechercher la sagesse et à connaître que la méchanceté et la folie sont sottise et déraison. La tentation et la séduction sont venues à lui par le moyen de la femme (1 Rois 11:4), et au lieu de lui échapper, lui que Dieu avait si grandement favorisé, a péché et est devenu la proie de la séductrice. Il a été amené à la cruelle constatation, «plus amère que la mort», qu’il n’y a pas «une femme entre elles toutes» qui n’attire les convoitises «comme des filets et des rets», et dont les mains ne soient des chaînes pour retenir captif celui qu’elle a saisi. Et même, quelle insigne rareté de trouver un homme sur la terre qui puisse venir en aide par sa sagesse ou son intelligence : «J’ai trouvé un homme entre mille, mais une femme entre elles toutes, je ne l’ai pas trouvée». — Seulement, si la recherche du sage l’a amené à ces désolantes conclusions, il en a retiré un profit : «Voici, j’ai trouvé que Dieu a fait l’homme droit ; mais eux, ils ont cherché beaucoup de raisonnements» (v. 29). L’homme sorti des mains de son Créateur, au commencement, était droit. Le Prédicateur a montré plus haut que la Création était belle (3:11), et que maintenant tout est tordu (1:15 ; 7:13). La ruine est survenue, non pas du fait de Dieu, mais du fait de l’homme : «Eux, ils ont cherché beaucoup de raisonnements». Tel a été le cas dans le jardin d’Eden quand la femme vit que le fruit de l’arbre était bon à manger et qu’il était un plaisir pour les yeux et que l’arbre était désirable pour rendre intelligent. Que de raisonnements ! Et dès lors il en a toujours été de même.

5.2   Chapitre 8

v. 1. L’expérience dont le Prédicateur vient de parler, expérience si humiliante pour lui, ne diminue en rien la valeur de la sagesse : «Qui est comme le sage ? et qui sait l’explication des choses ? La sagesse d’un homme illumine son visage, et l’arrogance de son visage en est changée». Elle est d’un immense avantage pour l’homme ; il a par elle l’explication des choses qui ont lieu sous le soleil. Elle lui donne une apparence extérieure qui attire et inspire confiance, car la sagesse rend humble et l’humilité se lit sur les traits du visage.

v. 2-4. Il en était ainsi de Salomon. Son autorité était rendue aimable par sa sagesse, mais il était d’autant plus nécessaire de s’y soumettre et de lui obéir. Le roi est le représentant de l’autorité de Dieu pour punir le mal et récompenser le bien. Il est bon de rester en contact habituel avec lui pour être empêché de persévérer dans le mal et être maintenu dans le bien. Dieu lui a confié la puissance, en sorte qu’il fait ce qui lui plaît et ne doit rendre de compte à personne.

v. 5-7. Cette soumission aux ordres de l’autorité met l’homme à l’abri de tout mal. Il est question ici du gouvernement de Dieu confié à l’autorité et considéré dans son principe comme en Rom. 13:1-5. Le sage, lui, va plus loin. Il connaît «le temps et le jugement ; car pour toute chose il y a un temps et un jugement». Il sait que, s’il lui faut obéir et s’il y a un temps pour l’exercice de l’autorité, celui qui l’exerce est responsable à Dieu et que tout viendra en jugement (3:16, 17). En attendant, l’homme, par suite de la misère de son état de péché, est tenu dans l’ignorance de ce qui adviendra et du comment cela adviendra. L’au-delà, comme nous l’avons remarqué si souvent, lui est caché.

v. 8-11. Cependant, si la puissance est confiée au roi, il y a un domaine, celui de l’esprit, sur lequel il n’a aucun pouvoir. Cela est aussi vrai de l’esprit de l’homme que de l’Esprit de Dieu. L’Esprit est libre. Il n’y a pas non plus chez l’homme de pouvoir contre la vie du corps. C’est Dieu qui détermine seul le jour de la mort, malgré toutes les apparences contraires et celui qui croit avoir le dessus par la méchanceté subira un sort où il n’y aura pas pour lui de délivrance. Il y a des temps où l’autorité s’exerce sur les hommes pour leur mal, en contradiction avec ce que nous avons vu au commencement de ce chapitre. Car ce Livre fait toujours ressortir le contraste entre ce que Dieu a établi et ce que l’homme en a fait. De même on voit les méchants s’en aller avec les honneurs des funérailles, tandis que ceux qui avaient fait le bien et s’étaient tenus devant Dieu dans le lieu saint quittaient à la fois cette présence et la mémoire de leurs concitoyens. Remarquez qu’ici, comme partout dans ce Livre, la présence de Dieu se borne à la terre, et qu’un voile est établi entre la mort et ce qui vient après. L’oubli plane sur les morts et le Prédicateur peut s’écrier : Cela aussi est vanité ! Il relie pour ainsi dire ses pensées à sa thèse initiale : «Tout est vanité».

v. 11-14. Il n’y a pas de jugement immédiat sur les méchants (la vérité du jugement est toujours maintenue dans l’Écclésiaste) aussi profitent-ils de cette impunité pour penser au mal et le faire ; comptant sur elle, ils prolongent leurs jours (cf. 7:15), mais tout va bien en fin de compte, pour ceux qui craignent Dieu (cf. 7:18), tandis que le malheur du méchant et sa ruine finale proviennent de l’absence de cette crainte : «Il ne prolongera pas ses jours». Cela semble contredire le v. 12, mais Dieu ne se contredit jamais. Dans le premier cas, il s’agit de l’apparence, le jugement ne s’exerçant pas tout de suite sur le méchant ; dans le second cas, c’est Dieu qui met fin à la vie du méchant quand l’heure de son jugement est venue. Il n’a pas craint la face de Dieu.

À mesure que l’on avance dans l’étude de ce Livre, on voit que la crainte de Dieu est le seul point lumineux au milieu des questions que la sagesse, aux prises avec l’énigme du monde, tel qu’il existe, cherche en vain à résoudre. La vanité consiste ici à ce «qu’il y a des justes auxquels il arrive selon l’oeuvre des méchants, et... des méchants auxquels il arrive selon l’oeuvre des justes». Livrée à elle-même, la sagesse ne peut en découvrir la cause, parce qu’elle est bornée à la sphère des choses visibles. «Cela aussi est vanité».

v. 15-17. Il ne reste donc «rien de bon pour l’homme, sous le soleil, que de manger et boire et de se réjouir» (Voyez 2:24 ; 3:12, 13, 22 ; 5:18 ; 6:7). Conclusion désolante, car où est-ce que cela aboutit ? C’est tout ce qui reste du travail de l’homme. Et l’homme est incapable, malgré tout son travail, de trouver l’oeuvre qui se fait sous le soleil. Il faut donc remettre à Dieu son oeuvre ; l’homme ne peut la comprendre et le sage lui-même est obligé de reconnaître son ignorance !

5.3   Chapitre 9

Les versets 1-12 de ce chapitre tirent la conclusion décourageante de tout ce qui a été dit précédemment.

v. 1-10. L’âme se lasse à suivre les investigations de la sagesse dans les affaires de ce monde. Elle est saisie de l’ennui de vivre. Le juste et le méchant, le pur et l’impur ont le même sort. Il faut mourir. «Le coeur des fils des hommes est plein de mal, et la folie est dans leur coeur pendant qu’ils vivent ; et après cela ils vont vers les morts». Et après cela «l’homme ne connaît ni l’amour ni la haine» ; «leur amour aussi, et leur haine, et leur envie, ont déjà péri, et ils n’ont plus de part, à jamais, dans tout ce qui se fait sous le soleil» (v. 1, 6). Le silence de la nuit les enveloppe ; la sagesse, ne peut pénétrer dans ce domaine, entièrement fermé à l’esprit de l’homme ; d’où la conclusion que mieux vaut encore vivre dans cette misère que de mourir. Un chien (l’être le plus abject) vivant, vaut mieux qu’un lion (l’être noble et fort par excellence) mort. Au moins le vivant sait qu’il doit mourir, certitude amère, mais enfin certitude ; «mais les morts ne savent rien du tout». C’est à de pareilles conclusions que conduit la connaissance humaine la plus élevée. La science sans la Révélation restera toujours incrédule. Elle ne peut rien voir au-delà de la mort. Adieu donc l’activité, le travail, l’amour et la haine, la connaissance et la sagesse. Cependant, et la fin du Livre l’accentuera beaucoup plus fortement que le commencement, deux choses subsistent pour le sage qui est en relation avec le Dieu Créateur : la crainte de Dieu et la certitude du jugement.

Pour le moment, v. 7-10, rien ne reste. Que dis-je ? Il reste la vie d’un jour, cette ombre qui passe, avec les jouissances qu’elle comporte : «Va, mange ton pain avec joie, et bois ton vin d’un coeur heureux ; car Dieu a déjà tes oeuvres pour agréables. Qu’en tout temps tes vêtements soient blancs, et que l’huile ne manque pas sur ta tête. Jouis de la vie avec la femme que tu aimes, tous les jours de la vie de ta vanité... car c’est là ta part dans la vie et dans ton travail auquel tu as travaillé sous le soleil». Et cette invitation à se réjouir n’est-elle pas plus amère encore que le désespoir, venant de la bouche d’un homme dont la sagesse, tout en cherchant à plaire à Dieu, a sondé jusque dans ses derniers replis la vanité de toutes choses ?

 

v. 11, 12. Le sage se tourne de nouveau (voyez 4:1, 7) et voit que toutes les qualités les plus éminentes de la sagesse n’amènent à aucun résultat. Tout se termine par une catastrophe subite et finale.

v. 13-18. Enfin le Prédicateur a vu sous le soleil une sagesse qui, pour lui, a été grande : Grâce à un seul homme pauvre et sage, toute la puissance, toutes les ressources d’un grand roi n’ont pas réussi à anéantir une petite ville sans ressources. Ce pauvre a été le Sauveur et le Libérateur d’êtres sans défense. «Et j’ai dit : Mieux vaut la sagesse que la force» ; mais la sagesse du pauvre, le monde la méprise, et ses paroles ne sont point écoutées. «Personne ne se souvint de cet homme pauvre». — Comme ce court passage nous inonde d’une lumière inattendue ! Il n’y a qu’une sagesse qui puisse délivrer l’homme sans ressource, en proie aux entreprises de Satan qui veut sa perte. Cette sagesse se trouve dans Celui que les Psaumes appellent si souvent le «pauvre». La délivrance est une chose faite, acquise par Lui. Cet appel sera-t-il entendu ? Il faut l’écouter «dans la tranquillité» pour trouver le salut !

6                    CHAPITRES 10 à 12

6.1   Chapitre 10

Il est à remarquer que le sujet proprement dit de l’Écclésiaste se termine avec le chap. 9 et n’arrive à ses Conclusions qu’au chap. 12. La dernière constatation du chap. 9, c’est que l’homme pauvre et sage qui a opéré une grande délivrance a été rejeté et que personne ne s’est souvenu de lui. Comme cela est bien d’accord avec la tristesse du Prédicateur, mais aussi avec tout le plan de l’ouvrage qui ne nous fait pas pénétrer dans l’avenir. Les suites du rejet de l’homme pauvre, qui pour nous, chrétiens, sont les conséquences éternelles de l’oeuvre de Christ, sont ici passées sous silence.

Les chap. 10 et 11 reprennent d’une manière toute particulière, la forme proverbiale, déjà si évidente du chap. 4:5 au chap. 7. Cette forme domine entièrement ici pour nous amener de nouveau à la sentence que «tout ce qui arrive est vanité» (11:8, 10). La leçon spéciale de ces deux chapitres est qu’il y a un enseignement de la sagesse pour la vie pratique, enseignement que l’on ne néglige pas sans courir des risques sérieux.

 

Le chap. 10 a trait tout particulièrement au caractère des rois et de ceux qui sont élevés en dignité. La sagesse prend la mesure de leur valeur morale tout en maintenant chacun à sa place vis-à-vis de leur autorité.

v. 1. «Les mouches mortes font sentir mauvais, elles font fermenter l’huile du parfumeur ; ainsi fait un peu de folie à l’égard de celui qui est estimé pour sa sagesse et sa gloire». Il suffit d’un peu de folie, d’un manque de sagesse insignifiant en apparence, pour ôter toute sa valeur au caractère de celui qui était renommé jusque-là pour sa sagesse dans la direction des hommes. Cette remarque est de tout temps. La carrière d’un homme au pouvoir s’effondre et soulève le dégoût à la suite de quelque décision inconsidérée, contraire à sa sagesse habituelle et à sa bonne renommée. Toute une vie glorieuse est ainsi réduite à néant et considérée comme inutile.

v. 2, 3. «Le coeur du sage est à sa droite, et le coeur du sot, à sa gauche ; et même, quand l’insensé marche dans le chemin, le sens lui manque, et il dit à chacun qu’il est un insensé». Le sage a le coeur placé où il n’est pas d’habitude — à sa droite, afin que l’action suive immédiatement les décisions que le coeur a dictées ; tandis que celui qui manque de sagesse tient son coeur où il se trouve naturellement, ne donne pas à ses pensées un but utile en faisant de son coeur le mobile de ses actions. Même sa conduite habituelle, conduite facile à tous les hommes, trahit la même inconsistance et prouve publiquement sa folie.

v. 4. Maintenant la sagesse s’adresse à son enfant pour lui prescrire l’attitude convenable en présence de l’autorité : «Si l’esprit du gouverneur s’élève contre toi, ne quitte pas ta place ; car la douceur apaise de grands péchés». Ici, c’est le gouverneur qui a tort, comme du reste généralement dans tout ce chapitre. La cause de son irritation n’est pas mentionnée, mais elle nous est présentée comme une chose très mauvaise en présence de laquelle l’enfant de la sagesse a une attitude à prendre. Sera-ce l’indignation contre l’injustice, la revendication de ses droits contre celui qui les foule aux pieds ? Bien au contraire, il n’est besoin que de deux choses. 1° Garder sa place de soumission respectueuse devant une autorité dont les actes sont appelés de «grands péchés». 2° Montrer la douceur, cet état d’âme qui n’insiste pas sur ses droits, mais les abandonne aux mains de celui qui nous fait tort. Rien ne réprime davantage les manifestations de la mauvaise nature. Le chrétien lui-même amasse ainsi des charbons de feu sur la tête de ceux qui lui veulent du mal.

v. 5-7. «Il est un mal que j’ai vu sous le soleil, comme une erreur provenant du gouverneur : le manque de sens est placé dans de hautes dignités, et les riches sont assis dans une position basse. J’ai vu des serviteurs sur des chevaux, et des princes marchant sur la terre comme des serviteurs». Ici le mal est de nouveau du côté de celui qui gouverne. Il ne sait ou ne veut pas choisir les dignitaires qui seraient selon le proverbe anglais : «The right man in the right place». Les places élevées sont confiées aux incapables et le gouverneur agit à sa guise soit par manque de connaissance des hommes, soit par favoritisme, ou pour toute autre cause. Le résultat est que ceux qui, par leur position de fortune seraient plus capables de désintéressement dans la conduite des affaires sont «assis dans une position basse» ; et que les rôles sont intervertis : des serviteurs font montre de leur orgueil et de leur autorité ; des princes ont perdu le rang où ils pourraient être utiles et conduire les autres.

Les v. 8-15 quittent le sujet des rois et des gouverneurs, pour montrer où conduisent les intentions et les voies de l’homme, en contraste avec la sagesse, don de Dieu.

D’abord, les v. 8, 9 traitent des mauvaises et des bonnes intentions dans nos actes envers notre prochain : «Qui creuse une fosse y tombe, et qui renverse une clôture, un serpent le mord. Qui remue des pierres en sera meurtri, qui fend du bois se met en danger». Creuser une fosse, c’est préparer un piège. Combien de fois l’on est pris soi-même au piège où l’on voulait faire tomber les autres (Prov. 26:27). Renverser une clôture, c’est enlever les limites, acte sournois par lequel il sera possible un jour au méchant d’empiéter sur le domaine de son prochain. Le diable en profitera pour détruire celui qui médite de s’agrandir aux dépens d’autrui. — D’un autre côté, les intentions peuvent être louables, mais les résultats dépendent des matériaux que l’on emploie. L’effort ne profitera pas aux autres et nous mettra nous-mêmes en danger.

v. 10. «Si le fer est émoussé, et que celui qui l’emploie n’en aiguise pas le tranchant, il aura des efforts à faire ; mais la sagesse est profitable pour amener le succès». On peut avoir entre ses mains pour s’en servir un instrument émoussé ; il n’est réellement utile et n’exige pas d’efforts pour l’employer si l’on en a aiguisé le tranchant. Ce proverbe ne peut-il pas s’appliquer à la manière dont on se sert de la Parole ? La raison et l’intelligence de l’homme ne font qu’en émousser le tranchant ; c’est la sagesse, don de l’Esprit de Dieu, qui l’aiguise, lui donne son utilité et la fait pénétrer dans la conscience.

On ne peut assez répéter que tous ces Proverbes ont une portée morale et spirituelle et que leur interprétation appartient à la sagesse. La sagesse d’en haut nous les a donnés par l’homme et cette même sagesse les interprète. Nous en avons un exemple ici.

v. 11. «Si le serpent mord parce qu’il n’y a pas de charme, celui qui a une langue ne vaut pas mieux». Ce proverbe a trait à la langue de l’homme. Elle est un serpent qui ne peut être empêché de mordre que par la puissance du charmeur, de l’Esprit qui la tient en bride (Jacq. 3:8).

v. 12-15. «Les paroles de la bouche du sage sont pleines de grâce, mais les lèvres d’un sot l’engloutissent. Le commencement des paroles de sa bouche est folie, et la fin de son discours est un mauvais égarement. Et l’insensé multiplie les paroles : l’homme ne sait pas ce qui arrivera ; et ce qui sera après lui, qui le lui déclarera ? Le travail des sots les lasse, parce qu’ils ne savent pas aller à la ville». Ce passage fait suite aux pensées que nous avons abordées depuis le v. 10. Nous y trouvons de nouveau tout ce que les paroles du sage ont de salutaire en contraste avec les paroles de l’insensé qui le mènent à sa perte ; car elles commencent par la folie et finissent par l’égarement.

L’insensé multiplie les paroles, ne prévoit pas les événements, ignore l’avenir, ne connaît pas même le chemin qui le conduirait au lieu où il recevrait la connaissance dont il a besoin. La peine de s’enquérir est une tâche trop lourde pour lui.

Les v. 16, 17 nous ramènent au sujet principal du chapitre. Ils nous parlent du malheur qu’entraîne le gouvernement d’un roi inexpérimenté dont les princes usent de leur haute position pour satisfaire leurs appétits. Puis ils nous présentent le bonheur d’un pays régi par un roi noble dont les princes ne songent à réparer leurs forces que pour les employer au bien de l’État.

v. 18, 19. Par contre, l’inactivité de ceux qui gouvernent amène bientôt la ruine de la maison. Le désir des jouissances matérielles leur fait rechercher l’argent par lequel on se les procure.

v. 20. Cependant l’enfant de la sagesse n’enfreindra jamais le précepte de l’obéissance due au roi et de l’honneur dû à ceux qui ont le privilège de la richesse. Il ne maudira ni l’un, ni les autres, car le bruit s’en divulguerait aisément et parviendrait avec rapidité aux oreilles des puissants.

6.2   Chapitre 11

Ce chapitre continue sous d’autres rapports l’enseignement du chapitre précédent. Il nous montre quelle doit être l’activité d’un fils de la sagesse en présence des voies de la Providence qui lui sont cachées. Ces voix sont représentées par les eaux, les nuées, le vent et la lumière (1, 3, 4, 7), sur lesquels l’homme n’a aucun contrôle et dont la direction lui est inconnue. Aussi entendons-nous cette parole : Tu ne sais pas, tu ne connais pas (v. 2, 5, 6). Et ce chapitre se termine par la seule chose que le jeune homme eût besoin de savoir (v. 9). L’état d’esprit qui nous est décrit dans ce chapitre est en accord avec toute la pensée du Livre : L’homme placé en présence des phénomènes de la Création qui tombent sous ses sens, est incapable d’en saisir les origines et se heurte à chaque instant à l’inconnu, aussi longtemps que Dieu ne lui a pas fait connaître les choses secrètes, dérobées à l’intelligence la plus développée.

Comme nous l’avons vu pour d’autres parties de ce Livre, les sentences de ce chapitre ne se bornent pas à mentionner des faits extérieurs, mais offrent un sens spirituel et caché que l’Esprit seul peut nous révéler et qui s’applique à tous les temps. Le borner au temps et aux circonstances de Salomon serait bien mal comprendre le but et l’application de la parole de Dieu.

De même qu’au commencement du chap. 7, les recommandations qui sont faites ici au fils de la sagesse sont au nombre de sept : un enseignement complet sur ce sujet particulier, enseignement auquel il ne manque rien.

1° «Jette ton pain sur la face des eaux, car tu le trouveras après bien des jours» (v. 1).

L’enfant de la sagesse doit répandre sans distinction et en apparence sans but, son propre pain, ce qui sert à sa nourriture, sur la face des eaux. Ces dernières semblent le milieu le moins approprié pour cela, et l’on pourrait penser qu’en agissant ainsi le sage a perdu son pain. Ce proverbe s’applique manifestement à la Parole. L’état confus du monde ne semble pas fait pour la recevoir ; l’ignorance absolue où nous sommes du lieu où les eaux la porteront, pourrait nous engager à ne pas la répandre indistinctement, mais ce que nous avons à faire c’est de nous confier à la Providence divine, à une volonté qui a son but et sa direction et ne demande pas que nous les connaissions. Elle veut que nous répandions cette Parole de vie sans compter. Il arrivera après bien des jours que cet acte d’obéissance sera récompensé et que nous trouverons à quoi Dieu l’avait destiné. Nous rentrerons en possession de ce que nous avions confié à Celui qui fait échouer sa Parole au bon endroit. Comme toujours, le Prédicateur ne dépasse pas ici un temps terrestre limité et dit : «Après bien des jours». Nous pouvons compter autrement, car nous récoltons pour l’éternité le fruit de la Parole semée dans ce monde, sur la surface des eaux. C’est ainsi que Paul était certain de récolter le fruit de son travail à la venue du Seigneur Jésus. Quoi qu’il en soit, nous trouvons ici le résultat de la confiance en la Providence de Dieu, car comment retrouverions-nous ce que nous avons jeté sur les eaux, si Dieu ne le ramenait pas ?

2° «Donne une portion à sept, et même à huit ; car tu ne sais pas quel mal arrivera sur la terre».

Lorsque nous avons, par contre, à distribuer nous-mêmes, leur nourriture aux hommes, avec l’intelligence de leurs besoins, nous avons à le faire libéralement. Il est évident que cette parole dépasse le sens matériel, comme cela arriva lors de la multiplication des pains. Il faut que les sept, le nombre complet, reçoivent leur portion et, comme pour les 7000 hommes, qu’il y en ait de reste pour un huitième. Une puissance cachée, une puissance divine est seule capable de rassasier les foules et de trouver encore dans ce qui reste la nourriture pour d’autres. Cette activité de notre part, quant au service, est nécessaire, urgente même, car le temps est court ; nous ne savons à quel moment la famine arrivera sur la terre ; le jugement est à la porte, peut-être beaucoup plus proche que nous ne le supposons et alors ceux qui n’ont pas reçu leur portion seront condamnés à périr !

Si, comme nous venons de le voir, le sage est exhorté à mettre indistinctivement ses ressources au service de tous, la sagesse lui enseigne aussi que l’oeuvre de la grâce dépend entièrement de la Providence divine.

3° «Si les nuées sont pleines, elles verseront la pluie sur la terre». En Luc 12:54, 55, la nuée qui verse la pluie sur la terre est l’image de la grâce, comme le vent du midi l’image du jugement. Malgré toute la vanité qui remplit ce pauvre monde, la grâce subsiste. De son côté, Dieu possède des réservoirs qu’il remplit, des sources qui apportent la bénédiction sur la terre. Quelque instrument que Dieu veuille employer dans ce but en faisant de lui un vase d’élection pour les hommes, il n’en reste pas moins vrai que l’oeuvre est entièrement de Lui. Tous les réveils en sont la preuve évidente.

4° «Et si un arbre tombe, vers le midi ou vers le nord, à l’endroit où l’arbre sera tombé, là il sera».

Chaque chose a son but dans les desseins de Dieu. Qu’un arbre tombe vers le midi ou le nord cela peut paraître pur hasard. Non, une volonté inconnue de l’homme a donné la direction à sa chute. Cette protection est retirée à celui qui pouvait en profiter. L’arbre reste où il est tombé. Qui en dira la cause ? Du côté des nuées le bénéfice est visible, du côté de l’arbre le but est caché.

5° «Celui qui observe le vent ne sèmera pas ; et celui qui regarde les nuées ne moissonnera pas. Comme tu ne sais point quel est le chemin de l’esprit, ni comment se forment les os dans le ventre de celle qui est enceinte, ainsi tu ne connais pas l’oeuvre de Dieu qui fait tout» (v. 4, 5).

Le vent et les nuées ne sont pas sous le contrôle de l’homme ; c’est Dieu qui les fait naître. C’est Lui qui fait tout. Nous ignorons le chemin du vent, les mystères de la naissance, vérités qui se relient à ce que nous avons dit au commencement de ce chapitre. Observer, regarder pour connaître le moment favorable aux semailles et à la moisson, c’est perdre le temps de l’action à laquelle Dieu nous appelle. Nous ne sommes que des instruments entre ses mains et nous oserions prétendre contrôler le vent et les nuées ! «Le vent souffle où il veut», dit le Seigneur, «et tu en entends le son ; mais tu ne sais pas d’où il vient, ni où il va : il en est ainsi de tout homme qui est né de l’Esprit». Nous ne connaissons pas «l’oeuvre de Dieu qui fait tout», mais que cela ne nous empêche ni de semer, ni de moissonner.

6° «Le matin, sème ta semence, et, le soir, ne laisse pas reposer ta main ; car tu ne sais pas ce qui réussira, ceci ou cela, ou si tous les deux seront également bons» (v. 6).

Cette sentence se lie intimement à la précédente. Nous avons à semer matin et soir, en temps opposés ; à semer sans distinction de l’heure. L’un ou l’autre — et qui sait ? Dieu le sait — peut-être même tous deux amèneront la moisson attendue. Agir ainsi n’est pas manque de prévoyance, mais simple confiance dans la direction de la Providence, et dépendance de l’action de la grâce.

7° «La lumière est douce, et il est agréable pour les yeux de voir le soleil ; mais si un homme vit beaucoup d’années, et se réjouit en toutes, qu’il se souvienne aussi des jours de ténèbres, car ils sont en grand nombre : tout ce qui arrive est vanité» (v. 7, 8).

Il y a dans ce monde des choses agréables ; le Prédicateur est loin de le nier. On peut se réjouir de la lumière qui les met en évidence et en valeur ; mais à mesure que l’on avance en âge on voit que notre passé a eu des jours de ténèbres en grand nombre. Ainsi l’on repasse soi-même sa vie dont le dernier mot est «Vanité» ; chose inutile, dont rien ne subsiste, qui s’en va sans laisser de trace, ensevelie finalement dans l’oubli ! Cette sentence nous amène au verset suivant.

v. 9. «Réjouis-toi, jeune homme, dans ta jeunesse, et que ton coeur te rende heureux aux jours de ton adolescence, et marche dans les voies de ton coeur et selon les regards de tes yeux ; mais sache que, pour toutes ces choses, Dieu t’amènera en jugement».

Nous avons deux conclusions de tout le Livre de l’Écclésiaste : ce verset forme la première. Nous verrons la seconde aux vers. 13, 14 du chapitre suivant. Combien de fois le Prédicateur n’a-t-il pas répété la maxime qui semble préconiser la jouissance de la vie matérielle et ce que l’homme appelle «la joie de vivre». Au milieu de l’amertume d’un coeur sans illusion, qui voit les plus belles choses de ce monde gâtées, tordues, flétries — par la violence, la corruption, le renversement des lois morales, la légèreté, l’insouciance, la ruse, la folie ; il y a pour l’homme certains biens, certaines jouissances, passagères sans doute, certaines joies, certaines affections, certains objets aimés, comme par exemple, «le chemin de l’homme vers la jeune fille» (Prov. 30:19), qui font la joie du jeune homme dans sa jeunesse. Le Prédicateur dont la sagesse a sondé toutes ces choses, lui dit : «Marche dans les voies de ton coeur et selon les regards de tes yeux (voyez 2:24 ; 3:12 ; 5:18 ; 8:15 ; 9:7), mais …» Il y a un «mais» solennel au bout de ces jouissances : «Sache que, pour toutes ces choses, Dieu t’amènera en jugement». Dieu te demandera compte de chaque jouissance : pour qui et pour quoi as-tu vécu ? Tout ne se borne pas à la terre. Il y a un Dieu, et ce Dieu est un juge ; c’est l’une des vérités fondamentales de l’Écclésiaste. Tu devras paraître devant ton Juge. Ici, pas un mot de la grâce, mais n’est-il pas frappant que ce chapitre qui commence par nous parler en images de la grâce, chose presque unique dans l’Écclésiaste, se termine par le jugement (déjà mentionné au chap. 3:17), jugement dont le Prédicateur parlera encore une fois pour terminer tout son Livre par ce mot terrible.

Cette parole est très sérieuse et caractéristique. Le sage ne serait pas le sage si, au milieu de la vanité dont il reconnaît que tout est frappé sous le soleil, il ne reconnaissait que, d’une part, l’homme peut être l’instrument de la grâce au milieu du domaine du mal ; d’autre part que, si Dieu semble laisser les choses suivre leur cours sans s’en occuper, il y a un moment où il demandera compte à tout homme de sa vie et de ses moindres actes.

v. 10. «Ôte de ton coeur le chagrin, et fais passer le mal loin de ta chair ; car le jeune âge et l’aurore sont vanité».

Au v. 9, le Prédicateur a parlé au jeune homme de joie et de bonheur ; montrant que tout finit par le jugement. Au v. 10 qui termine ce chapitre, il lui parle d’ôter le chagrin de son coeur et d’éviter le mal à son corps — mais voici que l’enfance et la jeunesse sont vanité, une chose sans but, sans durée, inutile, qui passe sans laisser de trace ! Jugement d’un côté, vanité de l’autre, tel est le sort de l’homme aux yeux de la sagesse. — L’aurore ! Combien le jeune homme se trompe au début de la vie ! Tout est si brillant ! Y a-t-il rien de plus beau qu’un lever de soleil ? Ne promet-il pas toutes les joies pour une longue journée ? Mais au chap. 12, nous allons trouver la fin de la carrière, toutes les désillusions, toutes les déceptions de la vie. Peut-être a-t-elle été longue et très remplie ; elle finit par un cercueil. Le Prédicateur n’est-il pas autorisé à dire, lui qui est arrivé au bout de ses expériences : «L’aurore est vanité ?»

6.3   Chapitre 12:1-8

Après ce verset sérieux sur la vanité du jeune âge, le ton s’élève et devient extrêmement solennel : «Souviens-toi de ton Créateur dans les jours de ta jeunesse, avant que soient venus les jours mauvais» (v. 1). Cette vérité est élémentaire comme du reste tout le cours de ce Livre. Il ne s’agit ici que des rapports de l’homme avec son Créateur, et non des rapports de l’Israélite avec l’Éternel, le Dieu de l’alliance, encore moins des rapports de l’enfant de Dieu avec son Père. Nous avons la vérité la plus élémentaire quant aux relations de l’homme avec Dieu, telle qu’elle nous est présentée en Éph. 4:6 : «Un seul Dieu et Père de tous, qui est au-dessus de tout, et partout». Jeune homme, à ton aurore, n’oublie pas que l’âge de la déchéance arrivera pour toi, quand tout te deviendra difficile et pénible et que, la mort survenant, il faudra que ton esprit «retourne à Dieu» pour lui rendre compte de ta conduite. Cet appel exhorte l’homme, d’un côté, à placer Dieu devant son coeur, dès sa jeunesse, de l’autre à se souvenir de l’extrême fragilité de l’homme, asservi aux conséquences du péché, et au résultat final de ce dernier : la mort et le jugement.

La description des misères du grand âge (v. 2-7) est des plus frappantes. Il a plu à Dieu de nous donner dans sa Parole toutes les formes d’expression que la littérature des peuples aime à employer et se vante de posséder. Nous pouvons ainsi mesurer la distance entre les pensées divines et celles de l’imagination de l’homme. Quelque forme poétique qu’il adopte (ici, c’est l’allégorie) l’Esprit de Dieu, s’élevant jusque dans les régions les plus élevées, reste vrai dans les plus délicates nuances de sa pensée, ce que ne peut jamais l’esprit poétique de l’homme naturel, qui vit de mensonges. Citons ici la merveilleuse poésie lyrique des Psaumes, puis la poésie d’Ésaïe, et les prophètes symboliques qui usent du langage sublime de la poésie éternelle. Mais la parole de Dieu est tout aussi surprenante en d’autres domaines que dans le domaine lyrique. Qu’il s’agisse de pastorale dans la Genèse, de drame lyrique dans Job, d’idylle dans Ruth, des chants guerriers de David et de Débora, d’hymnes d’amour alternés dans le Cantique des Cantiques, de Proverbes et de Sentences poétiques, où pourrons-nous trouver, dans la littérature humaine, quelque chose qui approche de ces productions, en élévation, en puissance, en grâce, en vérité ? Le fait est que, même dans sa forme extérieure, la Parole, dictée par l’Esprit de Dieu, est sans égale. Pourquoi donc n’attire-t-elle pas l’homme ? C’est que la vérité le repousse ; c’est que «les ténèbres ne comprennent pas la lumière !»

Ah ! combien il est nécessaire de se souvenir de son Créateur «avant qu’arrivent les années dont tu diras : Je n’y prends point de plaisir ; avant que s’obscurcissent le soleil, et la lumière, et la lune, et les étoiles, et que les nuages reviennent après la pluie» (v. 1, 2) ; c’est-à-dire avant que l’univers sorti des mains de Dieu et dont la merveilleuse beauté est si captivante, soit devenu indifférent à l’homme vieilli et que toutes choses dans la nature aient pris une teinte neutre et sans éclaircie, pareille aux nuages qui succèdent à la pluie. — Aux jours où les mains tremblent ; où les reins sont courbés ; où la bouche dégarnie ne peut plus mâcher la nourriture ; où les yeux ne distinguent plus clairement les objets ; «où les deux battants de la porte se ferment sur la rue», c’est-à-dire où décroît le besoin d’user de ses lèvres pour parler et se faire entendre hors du cercle de la famille ; où l’oreille est pesante et ne perçoit plus distinctement les bruits qui remplissent la maison (*) ; où le sommeil fuit notre couche que nous quittons au moindre prétexte ; où toutes les paroles deviennent faibles et indistinctes ; où monter une pente devient une fatigue quand le souffle manque ; où toutes ces infirmités combinées rendent la marche difficile et causent de l’appréhension ; où des cheveux blancs couronnent la tête ; quand «la sauterelle devient pesante», c’est-à-dire où l’on manque de ressort pour se lever ou s’asseoir ; où «la câpre est sans effet», c’est-à-dire quand les excitants ne peuvent plus stimuler l’appétit, ni réveiller les sens !

(*) La meule pour moudre le grain. actionnée par deux servantes, était dans la maison et faisait partie des instruments du ménage.

«Car l’homme s’en va dans sa demeure des siècles, et ceux qui mènent deuil parcourent les rues» ! A tous ces signes, on devine que la fin est proche.

«Avant que le câble d’argent se détache, que le vase d’or se rompe, que le seau se brise à la source, et que la roue se casse à la citerne ; et que la poussière retourne à la terre, comme elle y avait été, et que l’esprit retourne à Dieu qui l’a donné» (v. 6, 7). Tous ces signes du déclin montrent que, si «la source et la citerne», les sources de la vie, restent sans changement, les moyens d’en profiter et d’alimenter l’existence manquent désormais. Du côté de l’homme tout se termine enfin par la rupture de ce qu’il y a de plus précieux ici-bas : du mouvement même de la vie dans l’homme. «La poussière retourne à la terre» : c’est la mort, conséquence du péché (3 :20 ; Gen. 3 :19). «L’esprit retourne à Dieu qui l’a donné» ; pensée bien différente de celle de 3:21, mais signifiant simplement ici que l’esprit, séparé du corps, a désormais affaire à Dieu seul.

Et maintenant, comme nous l’avons noté en commençant (chap. 1:2), tout se termine par la parole du v. 8 : «Vanité des vanités, dit le Prédicateur ; tout est vanité !» Telle est la fin de tout quant à l’homme et au monde. Mais il reste encore une conclusion à tirer de ce qui a été dit jusqu’ici : Quelle est la fin de tout quant à Dieu ? C’est à cette question que vont répondre les derniers versets de ce chapitre.

6.4   Chapitre 12:9-14

v. 9, 10. Et d’abord le Prédicateur se décrit lui-même à la troisième personne : Il «était sage». C’est comme tel qu’il a été le Prédicateur. Il a «enseigné la connaissance au peuple» ; il n’a pas parlé à la légère : il a «pesé et sondé». Les proverbes sont «mis en ordre» ; ils forment une suite et des groupements que nous pouvons observer dans le livre des Proverbes, et que nous venons de suivre dans l’Écclésiaste. Il «s’est étudié à trouver des paroles agréables». Je ne pense pas qu’il s’agisse ici de la forme du discours, quoique, dans ce chapitre même, la poésie allégorique soit captivante et force à la réflexion, mais ces paroles, reçues dans le coeur, tout amères qu’elles soient pour l’homme, sont douces au palais comme le miel, parce que ce sont les paroles de Dieu. Bien plus, ce sont des paroles droites, en contraste avec les choses tordues que le monde présente (1:15) ; ce sont aussi des paroles de vérité qui contiennent pour nous la pensée même de Dieu.

Il était bien important de maintenir ces choses en présence du contenu de ce livre qui peut être sujet, pour les «sots», à tant de fausses interprétations. On raconte que les rabbins du premier siècle de notre ère, discutant sur l’autorité divine de l’Écclésiaste, en furent convaincus par les versets que nous venons de citer.

v. 11, 12. De même le Prédicateur fait observer que les paroles des sages sont pareilles aux aiguillons qui activent la marche du bétail et le poussent vers le but — et que les recueils sont «comme des clous enfoncés» (Ésaïe 22:23, 24), capables de soutenir des fardeaux et auxquels sont suspendus toute sorte de pensées précieuses. Malgré leur diversité, ces vérités sont «données par un seul pasteur». Un seul Dieu les a dispensées, un seul Esprit les a dictées, un seul Pasteur s’en sert pour conduire ses brebis dans des sentiers de justice. C’est à ces recueils que le fils de la sagesse doit se tenir. Ils sont capables de l’instruire. Tous les livres des hommes, toute l’étude qu’ils y dépensent, lassent et n’atteignent pas le but. On y «apprend toujours sans parvenir à la connaissance de la vérité». Un seul recueil, la Parole de Dieu, est ferme et rien n’est capable de le faire fléchir, quelque fardeau, quelque tâche qu’on lui confie. — Combien il est important, en terminant ce livre, si méconnu, si mal jugé par les hommes, d’affirmer son origine divine !

v. 13, 14. Voici maintenant, comme nous l’avons remarqué plus haut, «la fin de tout ce qui a été dit» ; la conclusion de tout, quant à Dieu : «Crains Dieu, et garde ses commandements ; car c’est là le tout de l’homme». Il ne lui faut pas autre chose que la crainte de Dieu et l’obéissance. Salomon a parlé beaucoup plus longuement dans ce Livre de la vanité de toutes choses que de ce qu’il nous présente ici comme Résumé de sa prédication, mais en constatant cette vanité il a préparé l’âme à regarder à Dieu, seul objet sûr et immuable pour l’homme. Une fois en Sa présence, le seul désir du fils de la sagesse sera de lui obéir. Il n’existe pas d’autre joie, d’autre ressource, d’autre bonheur, d’autre repos que celui-là «C’est là le tout de l’homme».

«Car Dieu amènera toute oeuvre en jugement, avec tout ce qui est caché, soit bien, soit mal». Pour terminer, le Prédicateur ouvre enfin la porte sur l’avenir, mais, comme nous l’avons vu, sans dépasser la notion du jugement. Cette pensée est salutaire pour le fils de la sagesse. Tout sera manifesté. Rien de caché, soit bien, soit mal, qui ne vienne en évidence. Nous sommes, pour ainsi dire, transportés devant le tribunal de Christ (2 Cor. 5:10), où les mêmes termes sont employés. Les Psaumes expriment plus d’une fois cette pensée au point de vue juif ; par exemple Ps. 11:5 et, dans notre livre, le chap. 3:17.

En terminant, résumons par deux mots le Livre du Prédicateur : Vanité absolue et rongement d’esprit, quand la sagesse, don de Dieu, s’applique à l’appréciation des choses visibles, qu’elle ne réussit pas même à sonder jusqu’au bout. Certitude et repos dans la connaissance de Dieu, qui a pour caractères la crainte de Dieu et l’obéissance.